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Les petites expos du Réseau Culturel
L’instauration inattendue de la République enavril 1931 ouvre la voie à des réformes ambitieuses - séparation de l’Église et del’État, laïcité, projets de réforme agraire … - qui affectent en profondeur la vie desEspagnols. L’ordre politique existant est bouleversé, provoquant l’hostilité croissantedes classes possédantes et du clergé contrele nouveau régime, tandis que les massesrurales et ouvrières peinent à se reconnaîtredans un gouvernement jugé trop timoré etincapable de traduire en actes les aspirationsà un changement radical.
Cette fragilité de la Républiqueest aggravée par le contexteextérieur peu favorable à l’essor de la démocratie et parles changements de majoritéen 1933 et 1936 qui opposentl’Espagne légaliste à l’Espagnerebel le dans des luttes sanglantes, comme en 1934dans les Asturies. La guerrecivile qui éclate en juillet 1936 et qui va durer 32 moisachève de précipiter laRépublique et de contraindredes milliers d’Espagnols à fuirvers la France pourchassés parles armées de Franco.
Les zones de combats (1936).>©
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Bombardement des civils à Lleida (Lérida) enCatalogne (1937).
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Proclamation de la République dansles rues de Madrid (1931).
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L’improvisation du gouvernementfrançais conduit à l’installation précipitée des réfugiés sur des airesde rassemblement, notamment àAmélie-les-Bains, Latour-de-Carol,Osseja et Prats-de-Mollo, avantqu’un triage sélectif ne s’organiseentre les individus valides et les autres, ces derniers étant pris en charge par les municipalitésréquisitionnées, comme à Prats.
La retirada dans les Pyrénées-Orientales
en 1939La retirada a Catalunya Nord el 1939
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Repos des soldats de la retirada entre La Preste etPrats-de-Mollo.
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L’exode massif des Républicains espagnolsvers la France, connu sous le nom de retirada, est avant tout une tragédiehumaine, car il se produit au cœur de l’hiver, dans des conditions de dénuementextrêmes, comme la conclusion d’uneguerre meurtrière qui contraint à l’exilforcé près de 500 000 personnes entre lafin janvier et la mi-février 1939.Les autorités françaises, qui n’ont pas suou voulu anticiper cette avalanche prévisible, ne se décident que tardivementà rouvrir une frontière fermée depuis juin1938, d’abord uniquement aux civils et auxblessés, puis enfin aux militaires qui s’agglutinent aux portes de la France.
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Les “camps sur la plage” :Argelès et Saint-Cyprien Els « camps sobre la platja »: Argelers i Sant Cebrià
Le camp d’Argelès aux premiers jours.> Le camp d’Argelès aux premiers jours.> Camp d’Argelès.>
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Affiche d’entraide enfaveur des Républicainsespagnols.
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Les hommes valides, mais aussi desfemmes et des enfants, sont dirigés vers les “camps sur la plage”improvisés d’Argelès-sur-Mer et deSaint-Cyprien. Par dizaines de milliers, ils se retrouvent parqués surle littoral roussillonnais, épuisés,après une marche de plusieurs dizaines de kilomètres, sans autrehorizon que la mer et les barbelésinstallés en toute hâte. Il n’y a ni abrisen dur, ni sanitaires, ni douches, et lesinternés ne peuvent compter que sureux-mêmes. Les plus chanceux ontdes couvertures ou bénéficient d’unetente, les autres creusent des trousdans le sable pour s’abriter du vent etdu froid.
Les premiers baraquements en boisn’arrivent qu’après plusieurs semaineset ne permettent pas d’accueillir la totalité des internés (77 000 et 95 000 Espagnols recensés à Argelès et Saint-Cyprien en mars 1939). Lesconditions d’hygiène précaires sont àl’origine de nombreuses maladies etaussi de décès. Malgré cela, une trèsgrande majorité des réfugiés refuse derentrer en Espagne.
Le camp de St-Cyprien.>©
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En mars 1939, le gouvernement français décide d’ouvrir de nouveaux « camps de concentration »,selon la terminologie officielle,notamment dans l’Aude (Bram), lesPyrénées-Orientales (Le Barcarès)et l’Hérault (Agde). Ces camps, inaugurés avec les honneurs, sevoient dotés de baraquements etd’équipements sanitaires, sous lecontrôle vigilant des forces de l’ordre. L’internement y est pensécomme une solution durable car oncraint tout autant la dispersion des étrangers que la « Cinquièmecolonne ». D’autres camps plus petitssont aménagés pour les femmes, les enfants et les « intellectuels » à Couiza et Montolieu dans l’Aude.
Les « éléments jugés dangereux » sont,quant à eux, internés dans des campsspéciaux. Le château de Collioure esttransformé en prison dès mars 1939 etdevient le premier camp disciplinairedestiné aux réfugiés d’Espagne. Rieucros(Lozère), qui a le triste privilège d’avoirété le premier camp de concentrationfrançais pour étrangers (novembre 1938),“accueille” pendant quelques mois brigadistes et miliciens républicains,jusqu’à l’ouverture du camp du Vernetd’Ariège. En octobre 1939, le « Centre deRassemblement » de Rieucros devientun camp pour femmes politiquementsuspectes.
Un internement qui s’installe dans
la durée : Bram, Le Barcarès, Agde
Construction des baraques du camp deBram (Aude).
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Camps de rassemblement et d’internement français pour étrangers (1939-1940)
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Un internament que s’instal·la dins la durada : Bram, El Barcarès, Agde
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Le camp de RivesaltesEl camp de Ribesaltes
Camp de Rivesaltes en 1942.>©
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Le camp de Rivesaltes - initialement camp Joffre,créé en 1938 par l’armée française pour y héberger etinstruire les troupes en provenance d’outre-mer - est, avec ses 16 îlots et ses150 baraques dispersées sur6 0 0 h e c t a re s , u n l i e u idéal pour y abriter les républ icains espagnols .Comme à Bram, il « accueille »
dès mars 1939 des milliers de réfugiés, notamment des militaires catalans. En janvier 1941, il devient sous Vichy le « Centre d’Hébergement de Rivesaltes »et reçoit aussi bien les juifs (allemands pour la plupart) et les tsiganes que les « Rouges » espagnols, en priorité les familles. Les conditions de vie y sont épouvantables : l’insalubrité chronique, la faim, les mauvais traitements sont lacause d’une forte mortalité, notamment chez les enfants en bas âge. En août1942, le camp devient “Centre National de Rassemblement des Israélites”, première étape de la déportation vers Auschwitz/Birkenau, via Drancy.Espagnols et tsiganes sont transférés vers les camps de Gurs et du Saliers. Ennovembre 1942, les troupes allemandes envahissent la zone libre. Le camp estfermé le 25 novembre et devient un camp militaire allemand jusqu’en aôut 1944.
Les vestiges du camp de nos jours où un Musée Mémorialest en phase de préfiguration.
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Malgré le retour en Espagne de nombreux réfugiés, le nombre des Espagnolsexpatriés atteint toujours des proportions impressionnantes, pour se situer entre250 000 et 300 000 en avril 1939, et représente du même coup une dépense considérable pour l’État français, en dépit de conditions d’accueil plus quemédiocres. C’est pourquoi on décide la création des Compagnies de TravailleursÉtrangers (CTE) qui ont pour but d’enrôler tous les hommes étrangers valides âgésde 20 à 48 ans au service de l’économie nationale (agriculture, mines, chantiers forestiers), comme à Agde, Bram et Rivesaltes.
Après l’entrée en guerre, les CTEregroupent près de 55 000 Espagnolset vident ainsi les campsdurant plus ieurs mois (275 000 mi-février ; 4 651 ennovembre) jusqu’à la défaitede juin 1940. L’instauration du régime deVichy a pour conséquencede remplir à nouveau lescamps avant que les « Rouges espagnols »soient à nouveau forcés de servir l’« Étatfrançais » au sein desG ro u p e m e n t s d eTravailleurs Étrangers(GTE) en octobre 1940.
La mise en œuvre du travail forcé : des CTE aux GTE
La instauració del treball forçat : CTE a les GTE
Travailleurs étrangers réquisitionnés parmi par les allemands pour construire des moyens de communication et des structures défensives.
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Inauguration d’un abri pour sous-marins (1943).>©
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La Maternité Suisse d’ElneLa Maternitat suïssa d’Elna
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Tandis que les Espagnols républicainsconnaissent l’enfermement des campset que la Troisième République française menace de s’effondrer, une ancienne volontaire de l’aidehumanitaire suisse en Espagne,Elisabeth Eidenbenz, décide de fonderen 1939 une maternité à Elne, près dePerpignan, après avoir occupé le château de Brouilla avec un autrevolontaire suisse, Karl Ketterer.Jusqu’en juin 1940, puis sous le régime
de Vichy jusqu’en 1944, la « Maternité Suisse » va permettre à des femmes originaires de onze pays, notamment d’Espagne, de mettre au monde près de600 enfants en toute sécurité, loin des « camps d’accueil » où elles étaientinternées, avec le soutien d’organisationshumanitaires suisses, américaines et françaises au titre de la Croix Rougesuisse. La « Maternité Suisse » contribuadu même coup à sauver des centaines denouveaux-nés et d’enfants menacésd’une mort certaine, en accueillant les femmes qu’Elisabeth Eidenbenz vachercher elle-même dans les camps oucelles qui parviennent jusqu’à elle clandestinement.
Mères et enfants sur le perron de la Maternité.>©
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Hormis les « éléments dangereux » quidemeurent prisonniers des camps disciplinaires, au Vernet d’Ariège ou àGurs (Pyrénées-Atlantiques), ou desmalades, dont on ne sait que faire, quivégètent dans les autres camps,comme à Bram, jusqu’à sa fermeture enfévrier 1941, la vie des Républicainsespagnols s’inscrit dans le cadreadministratif contraignant imposé parVichy aux étrangers. On ne tolère leur présence qu’en raison des trèsimportants besoins de main d’œuvresuscités par l’emprisonnement enAllemagne des soldats français (1,8 million). Les Espagnols républicains,engagés à titre individuel ou dans lecadre des GTE (de 18 à 55 ans), partici-pent ainsi activement à l’effort écono-mique en temps de guerre, soucieux pour la plupart de ne pas fairede vagues afin de regrouper leurs familles encore dispersées. Pourtant, la répression contre les « Rouges espagnols » conduit nombre d’entreeux à braver la surveillance policière età reprendre le combat contre le fascismeau sein des premiers mouvements derésistance.
La vie quotidienne des Républicains
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Dessins réalisés par des prisonniers du camp deVernet (Ariège)
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Les Républicains espagnols dans
la résistance régionaleEls Republicans espanyols en la resistència regional
C’est dans les camps et lesGTE, nombreux dans l’Aude,le Gard, l’Hérault et lesPyrénées-Orientales, que sereconstituent les anciennessolidarités anarchistes etcommunistes, et que se forment les premiers noyauxde résistance. Loin des agglomérations, les chantiersforestiers ou industrielsconstituent des structuresidéales à l’organisation clandestine, comme à laGrand-Combe, Carcassonne,Prades ou Rivesaltes. Danstoute la région naissent desgroupes de guérilleros affiliés à Reconquista deEspaña (1941), puis à la UNE(1942), mais beaucoup choisissent aussi de rejoindreles FFI au sein des FTP-MOIou d’autres mouvements
comme Combat. Les Républicains espagnols participent ainsi activement à l’organisation des maquis, à l’accueil des réfractaires et surtout aux actions deguérilla contre la police de Vichy et les troupes allemandes, avant deprendre part de façon décisive à la libération du Languedoc : dansle Gard, lors de la bataille de la Madeleine ; dans l’Hérault, àMontpellier ; dans l’Aude, à Carcassonne et enfin dans lesPyrénées-Orientales à Prades, Céret et Perpignan.
Résistants espagnols des Pyrénées (1944).>©
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Affiche de propagande allemande.>©
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