De Geer van velDe

à rinekeDijkstra

Un panorama de l’art

néerlandais dans les

collections des Frac

a

8 Lily van der Stokker

11 Daan van Golden

12 Geer van Velde

15 Carel Visser

16 Piet Moget

19 Marian Breedveld

20 Meschac Gaba

23 Atelier Van Lieshout

24 Krijn de Koning

26 OMA

28 Aernout Mik

31 Rineke Dijkstra

32 Marlene Dumas

35 Paul Kooiker

36 Stanley Brouwn

5

L’exposition De Geer van Velde à Rineke Dijkstra – Un panorama de l’art néerlandais dans les collections des Frac réunit 84 œuvres de 26 artistes. Au total, 15 Frac participent à ce projet. Pour cette brochure, nous avons choisi de représenter chaque collection par un artiste.

Cette sélection vise également à rendre visible la diversité des géné-rations et des champs artistiques présents dans l’exposition : des-sin, photographie, design, vidéo et architecture. L’exposition et cette publication mettent en avant la richesse des collections des Frac et la vigueur de la création contemporaine néerlandaise.

Frac participant : Frac Alsace ⁄ Frac Auvergne ⁄ Frac Bretagne Frac Bourgogne ⁄ Frac Centre ⁄ Frac Corse Frac Franche-Comté ⁄ Frac Haute-Normandie Frac Île-de-France ⁄ Frac Languedoc-Roussillon Frac Limousin ⁄ Frac Nord-Pas de Calais Frac des Pays de la Loire ⁄ Frac Picardie Frac Poitou-Charentes

Artistes et architectes présentés : Bas Jan Ader ⁄ Maarten Baas ⁄ Rob Birza ⁄ Marian Breedveld Stanley Brouwn ⁄ Tom Claassen ⁄ Rineke Dijkstra Marlene Dumas ⁄ EZCT Architecture & Design Research Meschac Gaba ⁄ Daan van Golden ⁄ Hella Jongerius Krijn de Koning ⁄ Paul Kooiker ⁄ Rem Koolhaas Joep van Lieshout ⁄ Aernout Mik ⁄ Piet Moget ⁄ Marc Mulders Arno Nollen ⁄ Jan J. Schoonhoven ⁄ Lars Spuybroek Lily van der Stokker ⁄ Geer van Velde ⁄ Carel Visser Kees Visser ⁄ herman de vries ⁄ Marcel Wanders

Commissariat : Marieke Wiegel ⁄ Marlise van der Jagt

6 7

les FonDs réGionaux D’art contemporainLes Frac ont été créés en 1982 dans le cadre de la politique de décen-tralisation mise en place par l’État avec les Conseils régionaux, pour permettre à l’art d’aujourd’hui d’être présent dans chaque région de France. Leur mission première est de constituer une collection - soit par l’achat d’œuvres préexistantes, soit par la production de nouvel-les - de les diffuser auprès de différents publics et d’inventer des formes de sensibilisation à la création actuelle. Les Frac reposent sur une collaboration originale entre l’État et les 23 Régions qui accueillent un Frac. Les œuvres qui constituent leurs collections sont pour l’essentiel postérieures à 1960 et réalisées par des artistes représentatifs de la création française et internationale. Les Frac suscitent beaucoup d’intérêt auprès des acteurs de la scène inter-nationale car ils proposent un modèle d’association inédit entre les collectivités territoriales et l’État. En lien avec la constitution d’une collection et de sa diffusion, les résidences d’artistes, les invitations de critiques d’art ou d’artistes issus d’autres domaines artistiques et les publications font également partie des activités des Frac.

L’association Platform, créée en 2005, réunit 21 Frac qu’elle met en lien pour mutualiser leurs expériences et promouvoir leurs spécificités.Développant leur réseau en France et à l’étranger, elle organise des projets de grande envergure pour diffuser leurs collections et les ouvrir à d’autres scènes.

Un second volet de l’échange entre les Frac et les Pays-Bas, à l’ini-tiative de l’Institut Néerlandais et de Platform, Regroupement des Fonds régionaux d’art contemporain, aura lieu, en 2012/2013, dans un ou plusieurs importants musées aux Pays-Bas, avec une sélection d’œuvres internationales issue des collections des Frac.

De Geer van velDe à rineke Dijkstra Un panorama de l’art néerlandais dans les collections des Frac*

En qualité de responsable des expositions à l’Institut Néerlandais, j’ai eu à diverses reprises des contacts avec les Frac. Je savais que des expositions de qualité étaient organisées dans les régions françai-ses, mais ce que j’ai découvert alors, c’est qu’elles possèdent toutes des collections d’art contemporain internationales de haut niveau. À l’étranger, on pense souvent qu’en France, l’art et la culture sont encore fortement centralisés. Fait remarquable, depuis la création des collections des Frac à partir de 1982, des collections et des expositions sont diffusées auprès du public dans chaque région française.

L’objectif de cette exposition n’est pas uniquement d’offrir une meilleure compréhension de l’état actuel de l’art contemporain aux Pays-Bas, mais également de rendre hommage à la qualité, à la diver-sité et au caractère international des collections des Frac.

En effet, tout comme l’art, ces collections ne s’arrêtent pas aux frontières. L’initiative prise par l’Institut Néerlandais d’organiser aux Pays-Bas une exposition d’œuvres des Frac, s’inscrit parfaite-ment dans leur politique d’échanges et de collaborations avec des partenaires étrangers.

Pour l’exposition De Geer van Velde à Rineke Dijkstra – Un panorama de l’art néerlandais dans les collections des Frac, l’IN a collaboré étroitement avec les différents Frac et avec Platform – l’association de promotion et d’accompagnement des Frac – et nous sommes reconnaissants de l’enthousiasme avec lequel ils ont participé à ce projet.

Marieke Wiegel – chargée de la programmation des expositions

*Fonds régionaux d’art contemporain

8

lily van Der stokker • 1954 Bois-le-Duc, Pays-Bas

Lily van der Stokker est une artiste inscrite dans la postérité du Pop Art, féministe et conceptuelle, qui peint des petits nuages roses et des fleurs naïves en joyeux tons pastel. À première vue, on pourrait penser que son œuvre est le résultat d’un hasard éphé-mère. Cependant, l’artiste choisit avec une précision minutieuse les couleurs, lignes et annotations dans les peintures murales, wall drawings, et dessins au feutre sur papier.

Même lorsque ses dessins comportent des messages négatifs, tels que My stomach doesn’t work any more, ils ont une signification positive. L’œuvre de Lily van der Stokker traite de l’optimisme.

En 1989, la première fois que son galeriste Hudson, à New York, voit ses dessins, il lui dit qu’ils lui rappellent les emballages de serviet-tes hygiéniques. Ce qui dit déjà tout, c’est que Lily van der Stokker prend sa réflexion comme un compliment décapant. En principe, ses dessins ne sont rien de plus qu’un portrait de notre vie quotidienne. Une vie dans laquelle nous bataillons tous les jours avec les problè-mes fastidieux que l’artiste réussit à exprimer en une seule phrase. La peinture murale Interesting good things est exposée dans le hall d’entrée de l’Institut Néerlandais. Une introduction ironique au reste de cette exposition des Frac.

Lily van der Stokker travaille à Amsterdam et à New York ; son œuvre est largement représentée dans plusieurs Frac : Frac Aquitaine, Frac Bourgogne, Frac Nord-Pas de Calais et Frac Poitou-Charentes.

Interesting good things, 1993 Peinture sur mur, 220 x 270 cmCollection Frac Poitou-Charentes

11

Daan van GolDen • 1936 Rotterdam, Pays-Bas

Dans cette exposition, les deux œuvres de Daan van Golden pren-nent pour point de départ des motifs existants. Pour Étude d’après Pollock, il s’agit d’un tableau de Jackson Pollock et pour Heerenlux, d’un motif trouvé sur un papier d’emballage japonais. Depuis les années soixante, Van Golden applique une méthode qui consiste à abstraire des dessins trouvés. En reproduisant ces motifs, par exem-ple des feuilles, des fruits ou des tableaux d’autres artistes et en agrandissant certains détails, Van Golden évoque aussi l’idée d’une production en séries, ce qui est le propre du minimalisme. Ce contrôle de la forme, de la couleur et du format des reproductions abstraites crée une différence substantielle entre l’original et la copie.

Heerenlux est le titre d’une série de tableaux dans lesquels Daan van Golden a agrandi en plusieurs formats un motif issue d’un papier d’emballage trouvé à Tokyo. En même temps, Heerenlux est la marque de peinture qu’il a utilisée pour cette série. Le titre renvoie ainsi au double sens de l’œuvre : le motif est d’abord abstrait, puis reproduit, tout en étant transformé en tableau. La laque est appliquée en une couche fine et uniforme. Pour Daan van Golden, ce processus de fabri-cation est aussi important que le résultat final.

L’artiste utilise des techniques (laque, peinture à l’huile sur toile, sérigraphie, photographie et collages) variées et des sujets divers. Il a représenté les Pays-Bas à plusieurs reprises à la Biennale de Venise et son œuvre est présente dans diverses collections de Frac : Frac Bretagne, Frac Nord-Pas de Calais et Frac Franche-Comté.

Heerenlux, 2003 Crayon, laque et huile sur toile, 80 x 40 cmCollection Frac Franche-Comté

12

Geer van velDe• 1898 Lisse, Pays-Bas ⁄ 1977 Cachan, Val-de-Marne, France

Geer van Velde, né aux Pays-Bas mais qui a travaillé en France, recherchait dans son œuvre une pureté métaphysique par l’utilisa-tion de formes géométriques et de couleurs atmosphériques. Après des débuts difficiles, l’œuvre de Geer van Velde fut de plus en plus appréciée dans les années soixante grâce à quelques expositions en France et à l’étranger, dans lesquelles les tendances de l’après-guerre étaient évaluées. Quoique l’œuvre de Geer van Velde présente des affinités avec l’École de Paris, les critiques d’art français se plaisent à y reconnaître une atmosphère typiquement nordique.

Son œuvre entière peut être décrite comme relevant d’un expres-sionnisme abstrait, mâtiné de constructivisme, et elle s’inscrit dans la tradition de l’art français, prolongeant le cubisme de Braque et de Picasso en une abstraction novatrice.

Au début des années soixante, Geer van Velde a séjourné pendant quelques mois à Port-la-Nouvelle, sur la côte méditerranéenne, chez son ami Piet Moget, dont cette exposition montre aussi un tableau (à son tour influencé par Geer van Velde). L’œuvre de ces deux artistes comporte la même couleur atmosphérique.

Dans Composition, nous reconnaissons un phare, la lumière diffu-sée par le phare, un bateau et une figure assise. La concentration sur la matière et l’immobilité du paysage a presque quelque chose d’oriental. Geer van Velde a d’ailleurs affirmé un jour qu’il appliquait la formule du peintre chinois Tong Ki Tchang : « Il faut vivre un bambou, jusqu’à oublier le bambou, avant de peindre le bambou. »

Composition, 1962Huile sur toile, 162 x 162 cmCollection Frac Île-de-France

15

carel visser•1928 Papendrecht, Pays-Bas

Carel Visser est considéré comme l’un des principaux sculpteurs constructivistes néerlandais. C’est dans les années quarante, en bri-colant dans l’entreprise de bâtiment de son père, que Visser apprend le travail du bois et la soudure. Il y réalise ses premiers objets avec divers matériaux, représentant des chevaux et des oiseaux, mais aussi des formes abstraites. Pourtant, au départ, Visser n’envisage pas d’embrasser une carrière de sculpteur. De 1948 à 1949, il com-mence par étudier l’architecture à l’École Polytechnique de Delft, puis il poursuit jusqu’en 1951 des études de sculpture à l’Académie Royale des Beaux-Arts de La Haye. Après un voyage d’études en Angleterre et en France, il s’installe à Amsterdam en 1952. Au début, il crée des sculptures d’oiseaux stylisés, en acier, et sa première exposition monographique a lieu en 1954 à la Galerie Martinet, à Amsterdam. À partir de 1957, son œuvre devient plus abstraite et elle se caracté-rise également par l’utilisation d’une multitude de matériaux tels que pneus, fûts de mazout, pare-brises de voitures et acier inox. Dans les années soixante et soixante-dix, Carel Visser découvre un nouveau procédé pour fixer les matériaux les uns aux autres.

Les deux œuvres de cette exposition datent des années soixante-dix et montrent comment le sculpteur a réussi à déconnecter durable-ment les divers éléments les uns des autres. Pushing comme Appui sont toutes deux réalisées avec du métal en feuilles. Les éléments en acier sont empilés ou juxtaposés, ce qui permet une multitude de combinaisons. Dans Pushing, les éléments sont accolés harmo-nieusement tandis que dans Appui, ils exercent une pression les uns sur les autres.

Pushing, 1977Métal, 25 x 140 x 86 cmCollection Frac Limousin

16

piet moGet• 1928 La Haye, Pays-Bas

Au début de sa carrière de peintre, dans les années quarante, Piet Moget travaille dans la tradition hollandaise. Il peint surtout la réa-lité du paysage hollandais et son style correspond à celui de l’École de La Haye.

Après la guerre, il entre à l’École des Beaux-Arts de La Haye et ses principales sources d’inspiration sont l’œuvre de Monet et de Picasso.

Jusqu’en 1952, il voyage dans toute l’Europe et finit par s’installer définitivement en France, à Port-la-Nouvelle. Sa première rencontre avec Geer van Velde date de la même année. Piet Moget considère cet artiste comme son père spirituel, car il lui montre dans quelle voie s’engager et comment élargir sa vision. De plus, il lui apprend comment appréhender la lumière méditerranéenne.

À partir de 1956, Piet Moget prend l’habitude d’aller peindre sur le quai à Port-la-Nouvelle avec une petite camionnette. Il est frappé par l’intensité de la vue qui s’offre à lui et le thème central de sa peinture devient alors le canal, la digue, la mer, le ciel, la lumière et l’espace. Depuis déjà cinquante ans, ces éléments caractérisent invariablement son œuvre.

Sans titre, 1976-1984Huile sur toile, 195 x 195 cmCollection Frac Languedoc-Roussillon

18 19

marian christine BreeDvelD• 1959 La Haye, Pays-Bas

Dans les tableaux de Marian Breedveld, le processus, le résultat, la matière et la représentation abstraite revêtent tous la même impor-tance. Lorsqu’elle commence une œuvre, elle pose à l’horizontal les toiles initialement blanches. Elle applique la peinture à l’huile sur la toile par touches systématiques et répétitives, couche sur couche, mouillé sur mouillé. Cette technique accroît la concentration sur le travail, tandis que la profondeur et l’effet prolongé dans le matériau suscitent un sentiment d’infinité temporelle et spatiale. En même temps, la présence matérielle, presque physique, sirupeuse, de la peinture, ramène le spectateur dans la réalité tangible. Bien que son travail ne comporte ni point de fuite ni représentation, l’image offerte engendre une suggestion de profondeur et crée une illu-sion de paysages ou d’espaces atmosphériques. Durant une brève période dans les années quatre-vingt-dix, les toiles déjà assez sculpturales de Marian Breedveld, où la peinture pâteuse déborde souvent du cadre, deviennent véritablement des sculptures, des objets modelés. Les bords s’intègrent alors au tableau et on assiste à la naissance comme naturelle de cubes que l’artiste ne travaille plus uniquement au pinceau mais aussi à la main. Marian Breedveld considère ces cubes, dont l’un fait partie de la collection du Frac Auvergne, comme la source de son travail ultérieur et comme point d’articulation de son œuvre.

Marian Breedveld a grandi à Bruxelles et étudié aux Ateliers ’63 à Haarlem.

Sans titre, 1997Huile sur toile, 45 x 75 cm Collection Frac Auvergne

20

meschac GaBa• 1961 Cotonou, Bénin. Vit et travaille aux Pays-Bas

Meschac Gaba a travaillé au Bénin comme artiste peintre autodi-dacte jusqu’à son arrivée aux Pays-Bas en 1996. Après avoir suivi l’enseignement de l’École Nationale des Beaux-Arts d’Amsterdam de 1996 à 1998, il décide de rester aux Pays-Bas.

Dans son œuvre, l’artiste réfléchit sur des thèmes interrogeant l’équi-libre et le déséquilibre interculturels. De 1997 à 2002, Meschac Gaba a travaillé à l’élaboration de son Musée Africain d’Art Contemporain. Dans cette installation, l’artiste crée un musée imaginaire constitué de 12 espaces différents réalisés pour la première fois dans 12 lieux différents de la planète. En 1997, Gaba présente le premier espace, Draft Room, à l’École nationale des Beaux-Arts d’Amsterdam. Le douzième et dernier espace, intitulé Humanist Space, est présenté à la Documenta XI de Cassel. La participation de Gaba à Cassel atteint l’objectif final de ce projet : la reconnaissance que le continent afri-cain n’est plus un « continent obscur » sur le plan de l’art contempo-rain et la confirmation que l’art africain contemporain a réussi à se libérer des clichés occidentaux qui le cantonnaient jusque là dans le spiritualisme, l’ethnographie et le ritualisme.

Abalone, le titre de l’œuvre exposée ici, est le nom d’un jeu stratégique où s’affrontent habituellement deux joueurs avec des billes noires et blanches, sur un hexagone. L’artiste en a créé une nouvelle version où les pions sont tous de la même couleur, gris métallique. Le jeu devient ainsi extrêmement compliqué et l’affrontement final impossible.

Abalone, 2002Bois, métal doré, 62 x 46 cmCollection Frac Corse

23

atelier van lieshout• Atelier fondé en 1995 à Rotterdam (Pays-Bas) par Joep van Lieshout, 1963 Ravenstein, Pays-Bas

En 1995, Joep van Lieshout fonde l’Atelier van Lieshout, AVL, une cor-poration artistique située dans le port de Rotterdam et dont l’œuvre est un hybride de sculpture, design et architecture.

N’ayant aucune confiance en la société actuelle, Joep van Lieshout crée un univers parallèle, utopique – qui évoque les hippies – et il réalise des œuvres ayant vocation à nous protéger. La série de des-sins de 1998 de la collection du Frac Alsace montre des scènes de cet univers. C’est un monde autarcique et autonome dans lequel ses habitants ne sont pas tributaires de notre société actuelle, bureau-cratique et peu fiable. L’installation Mini Capsule sert de refuge, d’abri sûr où l’on peut se retirer du monde. Cette œuvre, renvoie au Work Skull. Ces petits abris sont conçus pour servir de lieu de retraite ; on y lit, dort, fait l’amour et on s’y protège du vacarme infernal de notre monde, pour en ressortir ensuite tout revigoré.

Autocraat, 1998 Aquarelle sur papier, 64 x 98 cmCollection Frac Alsace

24

krijn De koninG• 1963 Amsterdam, Pays-Bas

L’architecte et plasticien Krijn de Koning étudie aux Ateliers 63 à Haarlem et à l’Institut des Hautes Études de Paris. La majeure partie de l’œuvre de Krijn de Koning se compose d’œuvres temporaires réalisées in situ qui bouleversent la perception d’un espace. En soi, les matériaux et les constructions sont simples et les couleurs souvent primaires.

Le principal objectif de l’art de Krijn de Koning est de proposer au public une perception différente de son environnement. Multiple, l’œuvre exposée ici, se compose comme son nom le suggère de treize éléments distincts de bois peint en rouge. La seule règle pour l’ins-tallation des treize éléments prescrit que chaque pièce en jouxte une autre afin que les éléments forment un tout. Cette sculpture ou installation devient ainsi vivante et variable. L’œuvre s’adapte au lieu où elle est exposée, elle est variable au sens où elle peut être transparente ou bien compacte, tout en modifiant, en même temps, l’espace d’exposition.

En 2007, l’artiste a reçu le Prix Sikkens, une récompense auparavant décernée à d’illustres artistes tels que Le Corbusier et Donald Judd.

Multiple, 2001 (été)Ensemble de treize éléments, sculpture modulaire, bois peint et vernis, dimensions totales variablesCollection Frac Bretagne

26 27

oma Rem Koolhaas, commence sa carrière en tant que journaliste et scé-nariste. De 1968 à 1972, il étudie à l’Architectural Association School de Londres, où il se distingue rapidement comme un jeune architecte talentueux et novateur. De 1973 à 1976, il travaille essentiellement à New York. C’est là qu’il entreprend la préparation d’un livre qui analyse l’impact de la culture métropolitaine sur l’architecture : New York Délire : Un manifeste rétroactif pour Manhattan, publié en 1978 à New York, Londres et Paris. Pendant la préparation de cet ouvrage, Rem Koolhaas travaille aussi sur divers projets théoriques, notam-ment sur New Welfare Island pour lequel il remodèle la moitié sud de Roosevelt Island à Manhattan.

Les dessins pour New Welfare Island, dont l’un est exposé ici, sont réalisés par Zoe Zenghelis et sont également parus dans New York Délire. Cette exposition présente également des maquettes et des-sins du projet La Défense de Rem Koolhaas datant de 1991, du projet interactif et temporaire FreshH2O eXPO ou Pavillon de l’Eau douce qui a été construit en 1997 sur l’île de Waterland Neeltje Jans, en Zélande, et on y verra aussi une chaise de l’architecte Jelle Feringa. Toutes ces œuvres sont le résultat de la politique spécifique d’acquisition du Frac Centre qui, parallèlement à l’art contemporain, se concentre aussi sur l’architecture de recherche, des années cinquante à aujourd’hui.

New Welfare Island (peint par Zoe Zenghelis), 1975Peinture acrylique, gouache sur papier, 40 x 101,5 cmCollection Frac Centre

28

aernout mik• 1962 Groningue, Pays-Bas

Aernout Mik passe sa jeunesse à Groningue où il étudie à l’Acadé-mie Minerva de 1983 à 1988. En 2000, il réalise sa première expo-sition personnelle, intitulée Primal gestures, minor roles, au Van Abbemuseum d’Eindhoven.

Curieusement, Aernout Mik ne se considère pas lui-même comme un vidéaste, mais il envisage plutôt son travail dans un contexte plus vaste, comme un mélange de sculpture, d’architecture, de perfor-mance et de vidéo. La relation entre la vidéo (qu’il n’appelle délibé-rément pas « film ») et l’architecture est toujours déterminante, qu’il s’agisse du décor dans la vidéo ou bien du dispositif au sein duquel elle est présentée, par exemple, dans la vidéo Fluff, une salle de séjour meublée. Dans cette dernière, œuvre pour laquelle Aernout Mik a reçu le Prix Sandberg en 1997, nous voyons un groupe d’hommes dans un entrepôt de meubles. Leurs mouvements sont ceux de robots et d’automates gesticulant sans but. Comme on les bombarde parfois de pâte à modeler, l’ensemble acquiert une dimension burlesque.

Dans cette vidéo, Aernout Mik veut clairement nous faire remarquer la banalité du comportement humain et l’interchangeabilité des divers personnages. La plupart de ses vidéos sont silencieuses et deviennent ainsi de véritables tableaux vivants. Durant cette expo-sition, deux œuvres d’Aernout Mik (1962) sont montrées dans le sous-sol : Fluff de la collection du Frac Haute- Normandie et 3 Laughing and 4 Crying de la collection du Frac Limousin.

Fluff, 1996Film 16 mm transferé sur DVD-Rom, couleur muet. Caméra : Marjoleine BoonstraCollection Frac Haute-Normandie

31

rineke Dijkstra• 1959 Sittard, Pays-Bas

Rineke Dijkstra a commencé sa carrière comme photographe free-lance pour la presse féminine de luxe, mais à partir du milieu des années quatre-vingt-dix, elle s’est principalement consacrée à son œuvre d’artiste. Dans ses photographies, l’important, c’est la tension entre la retenue et l’ouverture, et les phases de transition dans la vie humaine. Dijkstra parvient à révéler les caractéristiques authenti-ques, inconscientes et uniques des sujets de ses images : un geste, un regard, une attitude.

Rineke Dijkstra a acquis une renommée internationale avec ses impressionnantes séries de portraits. La plus célèbre est la remar-quable série intitulée Strandportretten, qui se compose d’images sobres, prises de face, d’adolescents à la plage aux États-Unis, aux Pays-Bas, en Belgique, en Pologne et en Ukraine. Les points communs de ces séries sont la nudité du décor, la position légèrement basse de l’appareil photographique et l’utilisation d’un flash.

L’attitude et le regard du jeune garçon, photographié le 11 août 1993 à la plage d’Odessa, montre son hésitation et son manque d’assurance. Sa contenance évoque la solitude existentielle de ces préadolescents qui se trouvent dans une phase de transition : de l’enfance à la quasi maturité. Le regard de l’enfant est vide, impas-sible, ses yeux ne trahissent aucun rêve ni espoir. C’est un art du portrait photographique qui montre la beauté des enfants, non pas dans l’ostentation mais dans l’intimité qui nous permet de pénétrer droit dans leur âme.

Odessa, Ukraine, 11 août 1993, 1993Photographie couleur, 154 x 130 cmCollection Frac des Pays de la Loire

32

marlene Dumas• 1953 Le Cap, Afrique du Sud

Marlene Dumas, qui jouit d’une grande renommée internationale, naît en 1953 dans un domaine viticole proche du Cap, en Afrique du Sud, et travaille depuis plus de trente ans à Amsterdam. Les dessins forment un corpus important de son œuvre. Il s’agit souvent d’es-quisses rapides qui canalisent un flot de pensées et d’associations d’idées de l’artiste.

Pour la série The Politics of Geometry versus the Geography of Politics, Marlene Dumas transforme des photos en dessins, abordant ce fai-sant ses thèmes favoris : le colonialisme, le racisme, le sexisme et l’injustice sociale. Autant de thèmes qu’elle résume par le titre The Politics of Geometry versus the Geography of Politics.

Le dessin intitulé After the Woman of Algiers de 2001, se base sur une photographie en noir et blanc prise en 1960 qui montre les atrocités de la guerre civile en Algérie. L’artiste a découvert cette photo en 2001, lors de sa publication dans un journal néerlandais. On y voit une jeune femme maintenue par deux soldats. Son corps nu est censuré par deux bandeaux noirs. L’artiste ne divulgue ni l’identité de la jeune femme ni celle des soldats. En donnant à ce dessin le même titre que celui d’œuvres d’Eugène Delacroix et de Pablo Picasso représentant des femmes orientales exotiques, Dumas nous incite à réfléchir à la signification de l’orientalisme à notre époque.

The Politics of Geometry versus the Geography of PoliticsAfter the Woman of Algiers, 2001Lavis d’encre de chine et medium acrylique sur papier satiné à bord frangé, 44,9 x 35,5 cmCollection Fonds régional d’art contemporain de Picardie

34 35

paul kooiker• 1964 Rotterdam, Pays-Bas

Paul Kooiker appartient à la jeune génération de photographes ayant participé ces dernières années à l’essor extraordinaire de la photogra-phie néerlandaise. Il a étudié à l’Académie Royale des Beaux-Arts de La Haye et à l’École Nationale des Beaux-Arts d’Amsterdam. En 1996, il remporte le Prix de Rome de la photographie aux Pays-Bas, et, treize ans plus tard, le Prix A. Roland Holst pour l’ensemble de son œuvre.

Dans son travail, Paul Kooiker étudie les différents aspects du regard porté sur soi comme sur autrui : le voyeurisme, la honte et la dis-tance. Le titre de la série Hunting and Fishing renvoie à la nature et à la chasse. La série complète montre des jeunes femmes nues en pleine nature qui semblent épiées par l’appareil photographique. La plupart d’entre elles sont photographiées de dos, comme si elles étaient traquées, impression augmentée par le flou des clichés. On a l’impression que celui qui s’approche subrepticement de cette proie doit sans doute être un chasseur / photographe / épieur mâle. Dans cette œuvre, Paul Kooiker étudie l’ancienne relation entre le modèle et l’artiste, l’observateur et l’observé. Cette série est humoristique, légèrement érotique et réalisée dans des teintes estivales.

Untitled (from Hunting and Fishing, p. 28), 1999Impression jet d’encre contrecollée sur aluminium, 115 x 95 cmCollection Frac Nord-Pas de Calais

36 37

stanley BrouWn• 1935 Paramaribo, Guyane hollandaise

L’œuvre de Stanley Brouwn s’articule autour de la mesure : mesure d’un pas, d’une promenade, d’un corps, des rapports des individus entre eux et des individus à l’espace où ils se trouvent.

Autodidacte, Stanley Brouwn est considéré comme l’un des princi-paux artistes conceptuels. Il est resté cependant méconnu, et ce depuis les années soixante, car il refuse de divulguer la moindre information sur sa vie privée. Il n’a jamais assisté à l’inauguration de ses propres expositions et ne veut pas que ses œuvres soient reproduites sous forme d’imprimé.

En 1959, Brown réalise sa première œuvre, déterminante pour le reste de sa carrière : à Amsterdam, il dépose dans les rues des feuilles de papier où les empreintes des passants sont immortalisées, soulevant ainsi des questions sur la destination de ces individus ainsi que sur leurs relations.

L’œuvre 1000 steps, 1 10000, on 1 m, du Frac Bourgogne, est représen-tative du travail qu’il réalise en 1976. Le papier devient lui-même un instrument de mesure, en l’occurrence, la feuille mesure 1 mètre de longueur. Dans cette œuvre, Brouwn nous met face à la conversion d’une distance en une autre. L’œuvre de Brouwn étudie le besoin humain de conventions (étalons de longueur) d’une part, et d’ex-périence personnelle (mesures métrées à l’aune de chaque corps individuel) d’autre part.

remerciements

Nous souhaitons remercier les directeurs et les équipes des

Frac Alsace Frac Auvergne Frac Bretagne Frac Bourgogne Frac Centre Frac Corse Frac Franche-Comté Frac Haute-Normandie Frac Île-de-France Frac Languedoc-Roussillon Frac Limousin Frac Nord-Pas de Calais Frac des Pays de la Loire Frac Picardie Frac Poitou-Charentes Platform, Regroupement des Fonds régionaux d’art contemporain, coordonné par Marie-Cécile Burnichon

www.institutneerlandais.com www.frac-platform.com

38

Crédits photographiques : Couverture ≥ © Rineke Dijkstra, Odessa, Ukraine, 10 août 1993, photographie couleur, 154 x 130 cm. Collection Frac des Pays de la Loire ⁄ Page 2 ≥ Mini Capsule (détail), 2002. Installation, bois et résine, 160 x 125 x 270 cm. Collection Frac Alsace ⁄ Page 4 ≥ Marlène Dumas, Two of a kind (détail), 1994, lavis de gouache et encre de chine sur papier, 96 x 48,2 cm. Collection Fonds régional d’art contemporain de Picardie ⁄ Page 9 ≥ © Lily van der Stokker. Photo : Christian Vignaud ⁄ Page 10 ≥ © Daan van Golden ⁄ Page 13 ≥ © Adagp ⁄ Page 14 ≥ © Frederic Magnoux ⁄ Page 17 ≥ © Piet Moget © Frac Languedoc-Roussillon ⁄ Pages 18 ≥ © Marian Christine Breedveld. Photo : Galerie Bernard Jordan ⁄ Page 21 ≥ © Ilya Rabinovich ⁄ Page 22 ≥ © Atelier Van Lieshout. Photo : Klaus Stöber ⁄ Page 25 ≥ © Krijn de Koning. Crédit photographique : Hervé Beurel © D.R ⁄ Pages 26, 27 ≥ © OMA. Photo : Olivier Martin-Gambier ⁄ Page 29 ≥ © Aernout MIK. Photo : Galerie Gebauer ⁄ Page 30 ≥ © Rineke Dijkstra ⁄ Page 33 ≥ © Dumas Frac Picardie – André Morin ⁄ Page 34 ≥ © Paul Kooiker © D.R ⁄ Page 39 ≥ Mini Capsule (détail), 2002. Installation, bois et résine, 160 x 125 x 270 cm. Collection Frac Alsace

Auteurs ≥ Marlise van der Jagt, Marieke Wiegel ⁄ Traduction ≥ Annette Eskénazi ⁄ Coordination éditoriale ≥ Peter de Rijck, Marie-Cécile Burnichon, Marieke Wiegel, Marlise van der Jagt ⁄ Graphisme ≥ Wijntje van Rooijen & Pierre Péronnet ⁄ Impression ≥ Imprimerie du Marais

De Geer van velDe à rinekeDijkstraUn panorama de l’art néerlandais dans les collections des Frac

Exposition du 23 septembre au 7 novembre 2010 Tous les jours sauf lundi de 13h à 19h

Institut Néerlandais 121 rue de Lille 75◊◊7 ParisT ◊1 53 59 12 4◊ ⁄ F ◊1 45 56 ◊◊ 77institutneerlandais.cominfo@institutneerlandais.com