daumet, testamentos

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Daumet, Georges. Mmoire sur les relations de la France et de la Castille de 1255 1320. [1913].

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GEORGES

DAUMET

Arthiviste honoraire aux Archives Nationales

MEMOIRE SUR LES

RELATIONS

DE ET DE

LA

FRANCE

LA

CASTILLE

de

1255

1320

FONTEMOING & Cle 4, RUE LE GOFF, 4 PARIS

MEMOIRE SUR LES

RELATIONS

DE ET DE

LA

FRANCE

LA de

CASTILLE 1255 1320

GEORGES

DAUMET

Archivistehonoraireaux ArchivesNationales

MMOIRE SUR LES

RELATIONS

DE ET DE

LA

FRANCE

LA de

CASTILLE 1255 1320

FONTEMOING ET Cie 4, RUE LE GOFF, 4 PARIS

A

Monsieur

ALFRED

MOREL-FATIO,

D MEMBREE L'INSTITUT, D PROFESSEURU COLLGE E FRANCE. A

EN

TMOIGNAGE

DE SINCRE

GRATITUDE

AVANT-PROPOS

Le prsent des relations rgnes

a pour objet d'exposer l'histoire de la France et de la Gastille depuis les de saint Louis et d'Alphonse le Savant d'une

mmoire

XI part, jusqu' ceux de Philippe le Long et d'Alphonse de l'autre, soit pendant annes environ. soixante-cinq Les dates qui marquent le commencement et la fin de cette : pas t choisies arbitrairement elles dlimitent une priode sur laquelle nous possdons assez nombreux et assez prcis des renseignements pour qu'on ments avec essayer suite. quelque puisse d'en Il n'en retracer va les vnepas de mme si antrieurement tude n'ont

En effet, pour les ges prcdents. saint Louis l'influence s'tait fait sentir au franaise si ds la fin du XIe sicle notamment, del des Pyrnes, des moines de Cluny et de Gteaux avaient pris tche, du Saint-Sige, de rformer sous l'inspiration l'glise avaient castillane 1, si, venus leur suite, nos architectes 1. Cf. Marcel Robin, Bernard de la Sauvetat, abb de Sahagun et premier archevquede Tolde (Positions des thses de l'Ecole des Chartes, anne 1907).

II difi sur le sol de la pninsule Ibrique des monuments de leur art est encore visible 1, les rapports o l'empreinte des souverains avec les princes des divers captiens la Gastille taient demeurs fort qui formrent espacs, se bornant la conclusion d'alliances de famille. tats En tait 1152 ou devenue fille d'Alphonse 1153, Constance, VII, la seconde femme de Louis VII 2; le

23 mai 1200, une fille d'Alphonse VIII, celle qui devait tre la grande Blanche de Gastille, avait pous le futur III qui runit dfiniLouis VIII, et plus tard Ferdinand tivement les royaumes de Gastille et de Lon, le conqurant de Sville et de Gordoue, s'tait mari une princesse la maison de France 4. Mais les deux apparente monarchies sans dans des sphres diffrentes se dveloppaient en contact sur le terrain entrer politique ; les elles-mmes engages l'occasion de ces

ngociations

mariages n'ont point ou presque point laiss de traces dans les archives et l'on en connat vraisemblablement prsente tout ce qu'on en pourra jamais savoir. notre expos au rgne de Philippe de Nous arrterons des deux couronnes Valois parce qu'alors les relations l'heure 1. Cf. Histoire de l'art, publie sous la direction d'Andr Michel (Paris 1906 in-4), t. II, 1er partie pp. 105 et suiv. 2. Cf. Henrique Florez, Memorias de las reynas catholicas (Madrid, 1790,2 vol in-4), t. I, pp. 285 et 286. 3. Sur les ngociations et la conclusion de ce mariage, cf. lie Berger, Histoire de Blanchede Castille (Paris, 1895, in-8), pp. 6 et suivantes. 4. Ferdinand III, veuf en 1235de Batrice de Souabe, pousa en 1237 Jeanne, fille de Simon,comte de Dammartin et de Boulogne, et de Marie, comtesse de Ponthieu. Celle-citait par sa mrela petite-fille de LouisVII.

II[ nettement de caractre : une amiti banale changent en quelque sorte et sans grande se substitue porte, une vritable alliance offensive et dfensive qui fait de l'un et de que les souverains se transmettent avec l'hritage royal pays durant prs d'un sicle et demi. Une pareille continuit de vues chez les hommes qui dirigrent ce laps pendant partie l'autre de temps la politique extrieure des deux tats fait remarquable et il a dj paru intressant miner dans le dtail la srie des traits d'alliance rale et des accords particuliers pour un but au cours d'une priode dont est un d'exades traditions

gndtermin 1

l'avnequi furent conclus ment des Rois Catholiques marqua le terme. Le mariage de Ferdinand et d'Isabelle et la runion de leurs en effet la bonne entente royaumes rompirent qui s'tait jusqu'alors maintenue sans nuages : la presque Castille allait confondre ses intrts dsormais avec ceux de l'Aragon Louis XI sur le rivalit effacer lane. L'alliance naissance dont qu'aprs nous parlons n'avait d'un d'ailleurs grave pris conflit aux ambitions de qui se heurtaient bientt Roussillon; aprs, l'ardente de la France et de l'Espagne en Italie devait souvenir de l'ancienne amiti franco-castil-

tout

l'apaisement

1. Cf. notre tude sur l'alliance de la France et de la Castille au XIVe et au XVe sicles (Paris, 1898, in-8, fascicule CXVIII de la Bibliothque del'coledes Hautes-tudes).

T- IV de succession, dans le dernier par une question et du XIIIe sicle, entre la dynastie captienne quart ici celle qui rgnait en Castille. On essaiera d'exposer soulev les causes et la de cette solution longue querelle, ses phases diverses avec le secours qui lui fut donne; il sera galequi nous sont parvenus, les conventions le Savant cette passes par en vue du mariage

des documents ment

d'tudier possible saint Louis et Alphonse de leurs enfants avant

et de trouble, priode suivre les ngociations qui, la concorde une fois rtablie, entre leurs successeurs pour rapprocher s'engagrent liens de famille les deux maisons par de nouveaux royales. On atteindra ainsi Valois, au dbut de sa lutte et trouva un alli en Castille. o Philippe de l'poque chercha contre l'Angleterre,

Sceau d'Alphonse X

I PROJET DE MARIAGE ELNTREE PRINCELOUIS L ET L'INFANTEBRENGRE

La premire ngociation entre les couronnes de France et de Castille qui ait laiss une trace dans les archives, date de 1255 ; elle se rapporte un projet qui ne tendait rien moins qu' placer sous un mme sceptre les deux royaumes et raliser une union beaucoup plus complte que celle rve plus tard par Louis XIV et exprime par le mot qu'on lui attribue : Il n'y a plus de Pyrnes . de ces pourparlers, Qui prit l'initiative Alphonse X le Savant ou saint Louis? On ne saurait le dire avec certitude. Notons suivirent seulement avec Le Nain de Tillemont qu'ils de prs la solution de certaines difficults qui leves entre la Castille et l'Angleterre s'taient au de la Gascogne, difficults sujet de la possession qui prirent fin par le mariage du fils et hritier prsomptif de Henry III avec la soeur consanguine X, d'Alphonse Doina Leonor'. Le jeune prince anglais s'tait l'infante 1. Fille de saint Ferdinand et do Jeanne de Ponthieu. La contestation souleve entre la Castille et l'Angleterre datait d'assez loin : elle avait pour origine le mariage, clbr en 1170, d'Alphonse VIII avec Aliner,fille de Henry II Plantagenet qui apportait en dot la Gascogne(cf. Florez, Rgnas cathlicas, t. I, pp. 398 400); de 1201 1208, le roi do Castille fit la guerre Jean sans Terre pour revendiquer ses droits; un 1

2 rendu

LE PRINCELOUISET L'NFANTE BRENGRE

Burgos, le accueilli solennellement en Espagne; 18 octobre 1254, le nouvel poux, aprs la crmonie l'ordre de la avait reu de son beau-frre nuptiale, Chevalerie, et en vertu d'un trait dat du 1er novembre, le diffrend relatif la Gascogne avait t clos par une la marie tant cense apporter diplomatique, contests 2. en dot les territoires Saint Louis voulut-il, comme le prtend son historien, ruiner les grandes esprances3que le roi d'Angleterre fiction fondait rant avec la Castille, son tour les liens d'amiti et de parent sur sa rconciliation en resserqui attaX ? C'est

dj sa maison celle d'Alphonse du saint douteux, car ce que l'on connat des sentiments ou toute ide d'une roi, doit faire carter jalousie d'une mfiance quelconque, mme dans le domaine de chaient on sait qu'il chercha constamment politique; mme rtablir la concorde parmi ses voisins, quelquefois au dtriment de ses propres intrts 1. Sans ressentir la du dpit en apprenant l'arrangement conclu par deux

arrangement intervint entre eux (cf. lie Berger, Histoire de Blanchede Castille,pp. 12 et 13), mais la querelle longtemps assoupie se rveilla en 1253 (cf. Mondjar, Memorias historicas del rei D. Alonso et Sabio, Madrid, 1777,in-4, pp. 103et suivantes; Le Nain de Tillemont, Histoire de saint Louis, d. de la Socit d'Histoire de France, t. VI, pp. 1 et suivantes). 1. Florez, Reynas cathlicas, t. I, pp. 478 et 479. 2. Rymer, Fozdem,convenliones... . E., t.I, pars I, p. 310 (Carta Alfonsi R rgis Castellae tam de conferendo cingulum militare Edwardo primogenito Henrici III, rgis Angliae,quam de relaxacione juris sui ad regnum Vasconiae,sigillata cum sigillo de auro et signala et confirmata per omnes barones Castelloenominatim). 3. Le Nain de Tillemont, op. cit., t. IV, p. 68. 4. Cf. lie Berger, Introduction du tome IV des Layettes du Trsor des Charles (Paris, 1902 in-4).

LE PRINCELOUISET L'INFANTEBERENGERE

3

de bons rapports1 , princes avec lesquels il entretenait il voulut travailler la ralisation pour son compte de la paix gnrale en qu'il souhaitait passionnment, formant taient tienne. plusieurs des projets susceptibles sa race et une autre Si par des qui, mme trs longue chance, d'amener une union intime entre famille mariages devenaient chrroyale de l'Europe heureusement combins,

dynastie, pour l'ayenir. s'engagrent le but de

royaumes on diminuerait

Or, en entre saint leurs marier

d'une mme l'hritage d'autant les chances de conflits des pourparlers 1255, lorsque Louis

ce genre n'avait rien avait un fils, celui de Castille ne possdait que deux filles dont l'ane devait lui succder, s'il ne lui naissait point d'hoir mle. Le prince captien et l'inun jour espagnole une fois maris, recueilleraient chacun de leur ct ce que possdaient leurs pres, sur l'hritage et leur descendance ainsi doubl. rgnerait Sans doute les royaumes runis de la sorte sous une fante mme main n'auraient aucune ni d'intrts, pas mme une point de contact quelconque; de race, de langue, frontire commune ni un mais peu importait aux affinit

et Alphonse X dans une combinaison de enfants, de chimrique : le roi de France

1. Quoique la paix dfinitive n'ait pas t encore conclue avec l'Angleterre elle le fut seulement par le trait de Paris en 1258 Henry III, aprs avoir rprim la rvolte de la Gascogne, demanda saint Louis et obtint la permission de traverser la France pour rentrer dans ses tats. Le roi vint sa rencontre jusqu' Chartres, le conduisit Paris et lui offrit l'hospitalit au chteau de Vincennes au mois de dcembre 1254. Une nouvelle trve fut tablie l'anne suivante. (Cf. Wallon, Saint Louis et son temps, Paris, 1876, in-8, t. n, p. 348.)

4 hommes

LE PRINCELOUISET L'INFANTEBERENGERE

du moyen-ge les ides de nationaauxquels territoriale lit et de centralisation qui nous sont famiOn voyait alors lires restaient tout fait trangres. encore les populations les et l'on vit bien longtemps plus diverses, les pays les plus diffrents, spars souvent par des espaces considrables, gouverns par un mme runis ou diviss suivant le caprice des souverain, et pour qu'on ne taxe pas d'irralisables d'absurdes les ides qu'changrent X et Alphonse de leurs ambassadeurs saint Louis par l'intermdiaire en l'anne 1255, constatons tout engagement, qu'avant le roi de France demanda et obtint qu'un acte solennel successions. Cela dit

les droits de la princesse qu'il voulait fiancer proclamt son fils an. Le 5 mai, alors qu'il rsidait Palencia1, dclara en effet que l'hritage Alphonse royal, la des particuliers, ne se divisait pas entre tous les enfants sans acception de sexe, mais qu'au il passait intgralement contraire suivant la coutume au premier n s'il existait des enfants mles, d'Espagne ou l'ane masculin; au cas o le souverain laissait des enfants des deux sexes, le premier des fils par ordre de naissance obtenait le trne Le roi de Castille n'ayant cette poque paternel. et Batrice 2, de son union que des filles, Brengre avec Yolande d'Aragon, il avait fait reconnatre l'ane des filles dfaut d'hoir diffrence de ceux

1. Archives nationales, J. 601, n 25, pice justificative, n 1. 2. L premire tait ne avant le 6 dcembre 1253 et la seconde en dcembre 1254 (Florez,.op. cit., t. II, p. 518).

LE PRINCELOUISET L'INFANTEBRENGRE comme hritire de ses droits et de ses tats : il avait

5

cet effet convoqu Tolde les prlats de son royaume, les barons avec les dlgus des cits et des villes et leur de jurer fidlit l'infante avait ordonn Brengre, comme leur future reine, au cas o lui-mme dcdevoulu De plus, il avait fils lgitime. que la mention du serment ainsi solenl'acte qui contenait muni du sceau de la reine nellement prt l'infante, Yolande 1, de ceux de son oncle D. Alfonso, comte de Molina'2, de ses frres D. Enrique 3, D. Felipe, archelu de vque lu de Sville4 , D. Sancho I, archevque rait sans et D. Manuel 6, des vques de son chancelier, et du notario mayor de CasBurgos, de Palencia comme fianc de Brengre, tille, ft remis Louis, recueillir un des droits ventuels qu'il pourrait garantie Tolde"', jour. Les furent dbattues mariage et arrtes en France quelques mois aprs : Alphonse X lu avait accrdit auprs de saint Louis l'archevque notre pays puisqu'il de Tolde, son frre, qui connaissait conditions du futur 1. Yolande, reine de Castille, fillede Jaime I, roi d'Aragon et d'Yolande de Hongrie. 2. D.Alfonso, comte de Molina, fils d'Alphonse IX, roi de Lon, et de Brengre, reine de Castille, frre de saint Ferdinand. Il fut le pre de Marie de Molina qui pousa Sanche IV, roi de Castille; il mourut en 1272. 3. D. Enrique, 4e fils de saint Ferdinand et de Batrice de Souabe n avant 1230, mort en 1303 ou 1304. 4. D. Felipe, 5e fils de saint Ferdinand et de Batrice de Souabe, renona l'tat ecclsiastique et se maria, mort en 1275. 5. D. Saneho, 6e fils de saint Ferdinand et de Batrice de Souabe, mort en 1262. 6. D. Manuel, 7e fils de saint Ferdinand et de Batrice de Souabe, mort en 1283.

6 avait tait

LE PRINCELOUISET L'INFANTEBRENGRE tudi l'Universit de Paris. Ce haut personnage archidiacre de la

de matre Vivian, accompagn D. Garcia mtropole de la Castille, et de deux chevaliers de Cardena. Martinez de Toledo et D. Rodrigo Fernandez outre la mission qui lui tait spcialement L'ambassade, assigne y saluer en France, devait se rendre

III; elle y passa Henry et Mathieu de Paris consacre son sjour septembre malveillantes 1. Londres quelques lignes extrmement le chroniqueur, on ignorait le but de la visite D'aprs mais le bruit courait qu'ils n'avaient de ces trangers, accompli ce voyage que pour se faire donner des cadeaux l'habitude de distribuer par le roi qui avait d'ailleurs

en Angleterre pour en effet au mois de

des gens indignes les richesses qu'il obtenait largement ses sujets. L'archevque de Tolde tait en pressurant un anneau l'index et encore trs jeune, il portait il logea au bnissait le peuple mass sur son passage; le pav Temple dont il fit orner richement avec des tapis et des peaux; sa suite tait sans ordre et il menait avec lui un petit d'une apparence vulgaire; de palefrois, mais en revanche, de nombre beaucoup mules. Le roi d'Angleterre, ajoute Mathieu, tout glorieux contract du mariage par son fils avec une nagure Nouveau princesse de Castille, avait expressment ordonn qu'on

1. MathaeriParisiensis chronica majora, d. Henry Richards Luard, t. v, p. 509. Le chroniqueur se trompe lorsqu'il dit que cette visite inspira des inquitudes saint Louis qui demanda aussitt aprs pour son fils la main d'une infante. D'aprs Mathieu de Paris lui-mme, l'ambassade ne vint en Angleterre que dans l'octave de la Nativit de la Sainte Vierge (8 septembre) ; les conditions du mariage de Louis et de Bren gre taient arrtes depuis le 20 aot.

LE PRINCELOUISET L'INFANTEBEBENGERE ret avec honneur les envoys espagnols 1, mais ceux-ci, bien loin de montrer les mmes gards leurs htes, insultrent livrant sans et raillrent les citoyens

7

l'ivrognerie vergogne On ne sait s'il faut prendre la lettre cette diatribe d'un crivain passionn et si les ambassadeurs d'Alphonse X avaient

se Londres, et la dbauche.

de

comme ils choqu les Parisiens mais le rsultat de dit-on, les Londoniens, offensrent, demeure fix dans un acte 2 qui fut dress leur ngociation le vendredi c'est-qui suivit la fte de l'Assomption, dire le 20 aot 1255, en prsence du roi de Navarre Thibaut de Bourges, des vques IV, de l'archevque et d'Auxerre, de l'abb de Sainte-Genevive d'vreux, et d'un certain nombre de chevaliers et d'ecclsiastiques. que les parties remplir dans le cas o le mariage projet s'engageaient clbr : il s'en fallait en effet que serait rellement le fianc prochainement, anne (il tait n'ayant pas encore achev sa douzime tant de dix n le 21 septembre 1243) et Brengre ans plus jeune (elle tait ne avant le 6 dcembre 1253) 3. outre l'acte de Palencia Le roi de France, qui tait l'union pt dpos dans le Trsor des Chartes, recevait une nouvelle se consommer Ce document numrait les conditions

1. Henry III avait, en effet, donn des ordres ds le 25 juillet pour que, les caves du Nouveau Temple fussent garnies de quatre tonneaux de bon vin et pour qu'on prpart du gibier l'usage des ambassadeurs castillans ; il fit dfense tous d'offenser ou d'injurier ceux-ci sous peine d'emprisonnement et de confiscation (Rymer, Foedera, conventiones... R. E., t. I, pars I, p. 325). 2. Arch. nat., J. 599, n 4. Layettes du Trsor des Charles,t. III, p. 253, col. 2, n 4192. 3. Florez, op. cit., t. II, p. 518.

8 assurance

LE FRINCELOUISET L'INFANTE BRENGRE que sa future bru se trouvait actuellement

en possession des droits les plus formels la couronne avec son poux de Castille, couronne qu'elle porterait et qui passerait ces aprs sa mort leurs descendants; dans son l'hritage paternel tait l'ane et que la coupuisque Brengre intgrit tume espagnole n'admettait point le partage de la succession royale. Mais ces avantages taient suspendus la condition que le roi de Castille n'et pas de fils lgidroits time, au moment de sa mort, l'infante devant recouvrer au cas o ce frre dctoutefois sa qualit d'hritire derait lui-mme sans postrit. Elle apportait en dot un royaume, mais ce royaume pouvait lui chapper par le hasard recevrait d'argent plus des naissances, et alors, simple princesse, elle de son pre une somme de 30.000 marcs dont le paiement devait tre garanti par le matre les du s'tendaient sur

de l'poque, puissants banquiers de Jrusalem, et serait Temple et celui de Saint-Jean effectu dans l'anne mme qui suivrait l'arrive au la couronne. monde du frre destin ceindre On que Brengre serait leve la cour dans un dlai de cinq ans de France : on l'y conduirait fte de la courir la prochaine qui commencerait Toussaint. Saint Louis qui promettait par serment, ainsi que la reine Marguerite, son fils d'engager dcidait aurait atteint lorsqu'il l'ge de son ct constituer sa bellelgal, s'engageait la ville de Senlis et tout fille un douaire comprenant dans le comt de Beaumont-surce qui lui appartenait pouser la jeune infante en outre

MORTDU PRINCE LOUIS Oise, le revenu tournois. Le ne devant pas tre infrieur

9 5.000 livres

ainsi prpar de longue main ne fut mariage jamais clbr : en effet, le prince Louis mourut Paris en 1259. D'ailleurs, mois seulement quelques aprs l'tablissement du contrat la qu'on vient d'analyser, reine d'un fils, D. Fernando1; l'infante Brengre ainsi le droit la couronne perdit Elle vcut dans la qu'elle avait jusqu'alors possd. retraite et fonda le monastre de Santa Clara Toro 2 o elle fut inhume; la date de sa mort n'est pas connue 3. accoucha 1. Le 23 octobre 1255. 2. Toro, chef-lieu de district judiciaire de la province de Zamora. 3. Florez, op. cit., t. II, p. 518. de Castille

II MARIAGE L'INFANTD. FERNANDO LA CERDA DE DE ET DE BLANCHE FRANCE DE

A ce premier projet d'union familiale entre les maisons de France et de Castille que la mort venait de rompre, un autre succda quelques annes plus tard. Mais il ne tre question cette fois d'un mariage pouvait ayant une mme dynastie pour effet de placer ventuellement la tte des deux royaumes, puisque dans l'un comme dans l'autre la succession en ligne masculine tait Il s'agissait de marier l'hritier d'Alphonse .X une des filles de saint Louis. Avant de donner le dtail cette occasion, ouvertes signalons ngociations dans le Trsor des Chartes d'un acte 1 du la prsence roi de Castille, dat de Sigenza le 5 mai 1256 : c'est une des Garcia archidonne Perez, gnrale procuration reladiacre du Maroc, pour traiter toutes les questions l'Empire tives la succession qui, on le sait, avait au dbut de cette mme anne. t offerte Alphonse Il est permis de supposer que Garcia Perez, se rendant en le roi du traversa la France et qu'il entretint Allemagne, dessein qu'avait form son matre de tenter d'obtenir assure.

1. Arch. nat., J. 600, n18, pice just. n II.

ET DE D. FERNANDO BLANCHE FRANCE la couronne

11

et que c'est pour cette raison impriale des pouvoirs confrs ce personnage qu'un exemplaire fut remis la chancellerie o il demeura conserv. L'infant D. Fernando sique assez curieuse Cerda qui passa ses descendants, premier enfant mle tait n VallaX et d'Yolande d'Alphonse d'Aragon, dolid qui une particularit avait fait donner le surnom phyde La

le jour de saint Servand 1255 et (23 octobre) avait t baptis la Veille de la Toussaint (31 octobre) 1. Blanche de France qu'on lui destinait pour femme, tait plus ge que lui de trois ans environ, puisqu'elle avait chang dj des vues au sujet de ce mariage, 1266 le projet Iorsqu'en prit dfinitivement corps. Le 10 mai, le roi de Castille dsigna les personnages qui allaient se rendre en France afin de demander Blanche d'tre : c'taient lu officiellement pour l'infant, la main de un religieux franciscain qui venait de Cadix, Juan et un Martinez, le titre de portero mayor de la sans doute Henri d'origine italienne le Toscan. leur Alphonse vu le jour Jafa en 1252. Les souverains avaient sans doute

vque chevalier qui avait cour impriale et qui tait l'appelait puisqu'on donnait les pouvoirs arrter les conditions

les plus tendus pour discuter et de la future union, fixer le chiffre

de la dot de la princesse et celui du douaire ainsi que le mode de paiement de ces sommes ; ils taient autoriss prter au nom de leur matre tous les serments nces1. Arch. nat., J. 599, n 9. Layettes du Trsor des Chartes, t. II, p. 372, col. 1, n 5559.

12 saires

DE D. FERNANDO BLANCHE FRANCE ET des engagements que cette occasion 1. De son. ct, D. Fernando, avec l'approbation la sret

pour confirmer celui-ci contracterait

le mme

jour, l'infant de son pre, confiait l'vque de Cadix et son comle soin d'changer sa place les. paroles du pagnon, ds lors comme sa prsent avec Blanche qu'il acceptait que saint Louis

lgitime pouse 2. Ce fut Saint-Germain-en-Laye

Le 28 septembre 12663, reut les ambassadeurs'castillans. sur tous les points, les parties tant tombes d'accord les conditions du futur mariage furent mises par crit en prsence du lgat pontifical Simon de Brie, le futur de Rouen 4, des yques Martin IV, de l'archevque et Henri le d'vreux 5 et d'Auxerre 6. Juan Martinez t en vertu des pouvoirs Toscan, qui leur avaient D. Fernando pouconfrs, promettaient que l'infant atteint serait Blanche ds qu'il aurait l'ge lgal ; le cette promesse devant renouvellerait fianc lui-mme; les dlgus du roi de France envoys cet effet en ensuite un procureur spcial Espagne ; il commettrait auprs de la jeune princesse et recevrait qui se rendrait au mariage; son consentement Blanche, accompagne X et de son futur poux d'ambassadeurs d'Alphonse 1. Arch. nat, J. 599, n 5. Layettesdu Trsor des Charles, t. IV, p. 172 col .2, n 5153. 2. Arch. nat., J. 599, n 5 bis, pice just. n III. 3. Achery, Spicilegium. dition in-fol., t. m, p. 662 et Arch. nat., J. 915, n 6, pice just., n IV. 4. Eudes Rigaud. 5. Raoul IV de Chevry 6. Guy II de Mello

D. FERNANDO BLANCHE FRANCE ET DE serait aurait alors lieu mene

13

s'accomplir Castille fournissant

Logrono o la crmonie nuptiale dans un dlai de huit jours. Cela devait ds que le prince serait pubre, le roi de un acte

pour certiauthentique fier l'ge de son fils. Le chiffre du douaire tait fix sur les revenus de rente assigns 24.000 maravdis de Navarrete de Logrono, des chteaux 1, de Belorado 2 et de Najera 3, de Santo Domingo de la Calzada 4 et de Burgos, ailleurs s'il le fallait pour parfaire cette somme. 10.000 livres tournois Quant la dot, elle se monterait aux personnages que le roi comptant cet effet. On stipulait de Castille dputerait galement avant l'pouse, celle-ci qu'au cas o le mari dcderait en France, en repreaurait toute libert de retourner son douaire. nant sa dot, mais en conservant Enfin, de solliciter du Saint-Sige la Alphonse X se chargeait et serait paye du pour la clbration qui tait ncessaire au quatrime les fiancs tant parents degr mariage, l'un et l'autre descendant VIII, d'Alphonse canonique, roi de Castille 5. dispense 1. Navarrete, prov. et dist. jud. de Logrono. 2. Belorado, chef-lieu de dist. jud. de la prov. de Burgos. 3. Najera, chef-lieu de dist. jud. de la prov. de Logrono. 4. Santo Domingo de la Calzada, chef-lieu de dist. jud. de la prov. de Logrono. Alphonse VIII 5 Blanche Brengre de Castille Saint Ferdinand Saint-Louis Alphonse X Blanche. D. Fernando de la Cerda

14 Cette

D. FERNANDO BLANCHE FRANCE ET DE

dispense fut obtenue peu aprs : une bulle de Clment IV, date de Viterbe le 10 janvier 1267, accorda la permission demande 1, permission qui fut renouvele le 9 aot vant, clbrer n'aurait 12682, on ne sait pourquoi. le Souverain Pontife autorisa son mariage avec l'infant Le 9 octobre Blanche lorsque sui faire celui-ci

plus que quatre mois attendre pour parvenir l'ge lgal 3. On n'usa point de cette dernire faveur et l'on attendit la majorit matrimoniale du fianc pour faire les dernires auparavant, furent remplies. Le 3 juin 1269, un chanoine nomm Guillaume de Chtellerault reut de saint Louis pleins pouvoirs pour contracter ration la crmonie; formalits de Reims la fille de

mariage par paroles du prsent de la Cerda 4. Les lettres taient qui l'accrditaient munies des sceaux de l'vque du d'Albano 5, lgat de l'archevque de Rouen, des vques Saint-Sige, d'Auxerre et de Bayeux 6. Il fut reu Tolde, et le 13 juillet on rdigea trois actes solennels pour constater des promesses : le premier au nom du roi l'change Alphonse X 7, le second au nom de l'infant D. Fernando 8, aux noms des prlats le troisime pris pour tmoins 1. Layelles du Trsor des Charles, t. IV,p. 203, n 5241. 2. Ibidem, p. 279, n 5403. 3. Ibidem, p. 284, n 5416. 4. Arch. nat., J. 599, n 8 . Layettes du Trsor des Charles, t. IV, p. 371, col. 1, n 5556. 5. Raoul de Chevrires. 6. Eudes II de Lorris. 7. Arch. nat., J. 599, n 7. Layettes du. Trsor des Charles, t. IV, p. 370, col .1, n 5555. 8. Arch. nat., J. 599, n 8 1, pice just. n v.

par procuavec D. Fernando

D. FERNANDO BLANCHE FRANCE ET DE

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D. Sancho II, archevque de Tolde, beauqui taient frre du roi 1, et son chancelier, de Lon> l'vque D. Martin Fernandez, de Palencia, D. Alfonso l'vque et l'vque de Calahorra, D. Vivian 2. Le mme jour, on rdigea le certificat qui devait tre port en France aurait sa quatorpour attester que l'infant accompli zime Une Tolde paroles ses pre anne le 23 octobre 12693. crmonie celle qui s'tait analogue passe devait avoir lieu en France pour l'change des du prsent ; le 23 juillet, avec l'autorisation de

et mre, en prsence de tmoins, D. Fernando : matre dsigna les mandataires qui le reprsenteraient de Niebla et un chevalier, Fernando Garcia, archidiacre D. Garcia Jofr 4. Quoique aucun document n'en fource fut sans doute ces personnisse la preuve certaine, en Espagne la nages qu'on confia la mission d'amener jeune d'une princesse. manire La chronique X qui indique d'Alphonse inexacte la date du mariage 5, rapporte fut accompagne par son frre Philippe, plus tard monter sur le trne cortge de prlats et de seigneurs. averti de leur approche, il quitta mois

que Blanche qui devait quelques

et par un nombreux le roi fut Lorsque

1. D. Sancho II, 4e fils de Jaime I, roi d'Aragon ; il fut successivement archidiacre de Belchite (prs de Saragosse), abb de Valladolid et archevque de Tolde; tu dans un combat contre les Maures en 1275. (Cf. Prospero de Bofarull, Los condes de Barcelona, Barcelone, 1836, in-8, t II, p. 236. 2. Arch. nat., J. 599, n 6, pice just. n VI. 3. Arch. nat., J. 599, n 9. Layettes du Trsor des Charles, t. IV, p. 372, col. 1, n 5559. 4. Arch. nat., J. 599, n 82. Layettes... t. IV, p. 373, col. 1, n 5561. 5. Crnica de D. Alfonso X, dans les Cronicas de los reyes de Castilla (coll. Rivadeneyra), t.I, p. 13.

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D. FERNANDO BLANCHE FRANCE ET DE

Burgos et alla recevoir ses htes Logrono, escort de et ses beaux-frres, le prince d'Angleterre Edouard, D. Pedro d'Aragon, l'infant de ses frres et de ses fils. Les deux cortges se fondirent en un seul et l'on revint Burgos o la crmonie fut clbre le 30 novembre 1. confra la ChevaLe jour de son mariage, D. Fernando lerie ses frres cadets D. Juan et D. Pedro, tandis dans l'ordre de que celui qui le suivait immdiatement la naissance, D. Sancho, se drobait cet honneur en se retirant dans la maison de son oncle, l'infant d'Aragon. du caracmanifestation C'tait la premire publique de D. Sancho, s'affirmer plus tard, el bravo . tre La dot de Blanche mme lation caractre dont les traits devaient de farouche et lui mriter n'avait le surnom

de la clbration

point t paye au moment du mariage, malgr une stipu1266 ; elle fut du 31 mars de roi de Castille nomm Pedro

formelle insre dans le trait de compte seulement en 1270. Deux actes cette anne, rdigs Burgos au nom du un notaire et de son fils confrrent

Cabeon les pouvoirs ncessaires pour toucher la somme de 10.000 livres promise par le contrat 2. A Paris, le reconnut avoir touch 9 juin 1270, ce personnage l'argent et en donna quittance 3.

1. Une mention qui se trouve dans les Memorias de Cardena (cite par Florez, op. cit. t. II, p. 522), fixe les dates suivantes d'une manire prcise : entre d'Alphonse X Burgos, le mercredi 27 novembre; entre de la fiancele 28 ; clbration du mariage le 30, fte de saint Andr. 2. Arch. nat., J. 599, nos 10 et 10 bis. Layettes, t. IV, p. 426, col. 2, n 5653. 3. Arch. nat., J. 599,n 10 ter. Layettes,t. IV,p. 447, col. 2, n 5704.

III DE MORTDE D. FERNANDO LA CERDA

Quand saint Louis mourut Tunis, le 25 aot 1270, le sort de la seconde de ses filles, Blanche, semblait avait pous l'hritier assur puisqu'elle heureusement deux du royaume de Castille. De ce mariage, naquirent fils qui paraissaient destins, l'un dfaut de l'autre, continuer en Espagne sur un trne la ligne captienne. ne devaient point raliser les prviMais les vnements sions qu'on pouvait alors raisonnablement faire. de la Cerda mourut En effet, l'infant D. Fernando mois de juillet ou d'aot 1275 Ciudad inopinement.au alors Villa Real, la suite d'une qu'on appelait dans sa vingtime anne 1. Il y maladie qui le terrassa assez nombreuses fussent attendait que des troupes rassembles pour se mettre leur tte et se diriger vers une attaque afin de repousser des Marol'Andalousie, Real cains qui avaient travers le dtroit de Gibraltar sous

1. Le mois d'aot est indiqu par la CrOnicade D. Alfonso X (d. cit., p. 51, col. 1); d'aprs les Anales Toledanos III, l'infant mourut le 25 juillet ; Jofr de Loaisa fixe sa mort au 24 de ce mois, veille de la fte de l'aptre saint Jacques (Chronique des rois de Castille, d. Morel Fatio, 13). 2

18 la conduite D. Fernando

MORTDE L'INFANTD. FERNANDO de leur roi Abou-Yousouf. Avant de mourir, l'ambition qui

sans doute qui connaissait son ami dvorait son frre cadet, avait recommand vassaux D. Juan Nunlez de Lara, un des plus puissants de Castille, de veiller sur les enfants de la couronne ' ; il lui avait confi spcialequ'il allait laisser orphelins qui la succesment l'ducation de l'an Alphonse, devoir choir un jour. D. Juan sion royale semblait Nunez avait promis de faire tous ses efforts pour que cet enfant tenu ne ft parole aurait de son hritage, et il point frustr si la mort ne l'avait frapp son tour

bientt aprs. La situation

du royaume tait alors des plus critiques : en effet, le roi avait quitt ses tats pour s'en aller Beaucaire confrer avec le pape Grgoire X et tcher d'obtenir reconnt ses droits l'Empire 2 ; l'arme qu'il fois chrtienne de la frontire, vaincue une premire o D. Nuno Gonzalez de Lara avait dans une bataille de subir cija un nouvel trouv la mort 3, venait avait t tu 4. Le de Tolde l'archevque le Savant, D. Sancho, second fils d'Alphonse ayant Burgos ce qu'il avait pu de troupes, se mit rassembl chec et 1. Crnica, d. cit., p. 51. 2. Pour rejoindre Grgoire X, le roi de Castille devait traverser des territoires appartenant Philippe le Hardi et y sjourner ; il demanda l'autorisation de le faire et l'obtint, mais la condition de n'tre point accompagn d'hommes d'armes. Alphonse le Savant fut choqu par cette restriction et s'en plaignit au Pape qui intervint auprs du roi de France ; finalement on permit Alphonse de se faire escorter de ses gardes (Histoire du Languedoc, nouvelle dition, t. IX,p. 47). 3. Crnica, d. cit., p. 49. 4. Ibidem, p. 50.

MORTDE L'INFANTD. FERNANDO en route

19

Maures et la lorsqu'il apprit les succs des mort de son frre ; il se hta de gagner Ciudad Real. Il le chef d'une des plus hautes maisons de y rencontra la noblesse castillane de ses domaines, qui, par l'tendue faisait figure de souverain indpendant quoique nominalement vassal du roi, D. Lope Diaz de Haro, et le des projets ambitieux prit, sans tarder, pour confident de forque le trpas inopin de son frre lui permettait mer : profiter du danger public pour s'imposer, se faire hritier du trne, lui qui tait proclamer prsomptif en ge de combattre, en ngligeant les droits de ses enfants peine sortis du berceau, neveux, qui ne rendre aucun service au longtemps D. Lope accueillit favorablement ces ouverroyaume. tures : il lui parut que s'il aidait D. Sancho dans son pourraient entreprise, influence matriels libralement il acquerrait prpondrante, que ne manquerait un pour sans le prochain rgne une les avantages compter pas de lui dispenser de

qui il aurait rendu un si prince minent service ; il savait de plus que D. Juan Nufez de Lara avait t charg de l'ducation du jeune Alphonse de la Cerda et il prvoyait que si l'ordre de succession amenait celui-ci rgner un jour, la maison de Lara de toutes les faveurs royales au dtriment des jouirait relgus au second sa famille le dcidrent Haro promit comme de seconder hritier et celui de rang. Son intrt lier partie avec l'infant, il ses desseins, de lui jurer fidlit

et les conseils

la de couronne, d'exhorter ses vassaux des villes se dclarer pour lui ; en retour,

20 D. Sancho

MORTDE L'INFANTD. FERNANDO

ses fins, favoriser s'il arrivait s'engagea, le plus D. Lope de telle manire qu'il serait l'homme du royaume et le plus honor. considrable que cette sorte de march fut conclu, l'inconseiller, commena fant, sur l'avis de son principal et les se rendre populaire parmi les riches-hommes Ciudad Real et rassembls chevaliers qui s'taient Aussitt de la Cerda, par la mort de D. Fernando qui dconcerts Avec une un chef pour entrer en campagne. attendaient dcision rare chez un homme si jeune, D. Sancho sut dans les l'autorit d'un matre ; s'intitulant prendre il actes publics fils an et hritier du roi Alphonse, en se portant son pre absent effectivement suppla la dfense des places les et en assurant la frontire Il se rendit ensuite cija et Cordoue. plus menaces, d'une flotte destine et pressa l'armement et empcher croiser dans le dtroit de Gibraltar que marocains des secours les envahisseurs reussent Sville d'Afrique. tardrent favorable. arme et opportunes ne nergiques un rsultat pas amener pour les Castillans une lui Abou-Yousouf devant voyant Ces mesures

devint plus craintif et fit prudemment nombreuse, sur Algeciras. retraite X tentait ce temps, Pendant vainement, Alphonse de Beaucaire, d'obtenir dans les confrences l'appui du la couronne impSaint-Sige pour ses prtentions riale ; dcourag par le mauvais succs de ses efforts et d'ailleurs le pril o se trouvait apprenant la mort de son beau-frre l'archevque son royaume, de Tolde et

MORTDE L'INFANTD. FERNANDO

21

en Espagne. celle de son fils an, il se dcida retourner fournies par son historioLes donnes chronologiques et ont t avec graphe officiel sont peu vraisemblables en Castille, il sut raison critiques1. Quand il rentra tait conjur, grce que tout pril imminent la dcision et l'nergie dont son fils cadet avait fait de enclin la paix, il se contenta preuve ; toujours du Maroc et de Grenade conclure avec les souverains une trve de deux ans. enfin 1. Crnica, d. cit., p. 52, col. 2. Mondjar indique les raisons fort plausibles qui ne permettent pas d'ajouter foi au rcit de cette chronique, suivant lequel Alphonse X aurait travers une partie du royaume de Valence avant de rentrer dans ses tats (Memorias del rei D. Alonso el Sabio, p. 328).

IV. LA SUCCESSION CASTILLE DE

C'est

rejoignit contre les Maures, formaient qui avaient fait campagne de lui un imposant autour cortge ; tous, D. Lope Diaz de Haro avait donn pour mot d'ordre de rclamer auprs l'infant X la reconnaissance d'Alphonse comme hritier de la couronne. solennelle Lui-mme de se

Camarena, prs de Tolde, son pre 1. Les riches hommes

que D. Sancho et les chevaliers

et de vanter la conchargea de formuler cette requte duite d'un prince son jeune ge 2, avait qui malgr montr toutes les qualits d'un chef ; il engagea donc le roi profiter du grand concours de nobles qui se trouvaient assembls hommage auquel ts des cits et des villes. de l'affection qu'il portait pleine pour faire seraient appels son fils un prter souscrire les dputout en protestant et tout en rendant donner une

Alphonse, au prince

ses mrites, justice rponse immdiate.

se refusa

1 Crnica, d. cit., p. 52, col. 2. Camarena, prov. de Tolde, distr. jud. de Torrijos. 2. L'infant D. Sanchotait n le 12 aot 1258 (Cf. Florez, op. cit., t. II, p.524) : il avait donc 17ans en 1275.

LA SUCCESSION CASTILLE DE Il n'est embarras pas douteux en se voyant qu'il ainsi prouva un trs

23

press aussi grave que celle de sa propre succession. question Si l'on ne peut penser avec Mariana 1 qu'il fut choqu de voir avec quelle hte on prtendait rgler ce qui se sa mort, la reconnaissance passerait aprs puisque solennelle de l'hritier de la couronne prsomptif n'tait croire qu'on moins en Castille, il est permis de de l'acte pas sur la gravit qu'il ne se mprit de lui et qu'il voulut se donner au rclamait point texte de loi, aucun appuyer pour du trne. La un fait inusit

grand de rsoudre une

le temps de la rflexion. En fait, il n'existait alors aucun mme dans sur

prcdent dsigner lgislation

quoi l'on se put un cas semblable l'hritier

encore en vigueur cette wisigothique ce qu'on appelle en droit la reprsenpoque, ignorait de l'infant tation ; elle tait donc favorable aux ambitions D. Sancho. Mais cette lgislation s'appliquait-elle la succession royale? Il faut croire qu'on en douta 2; autrement, ne se serait la question X point pose ; Alpfionse sans retard la lgitimit n'aurait pas hsit proclamer des droits assurs, de son n'aurait ses droits fils, et celui-ci, sachant pas mis tant d'ardeur les voir publis.

1. Mariana, De rebus hispanicis (Mayence, 1605, p. 585) ..quod initio Alfonsus aegretulit se superstite de regni successione intempestive agi... 2. Alphonse X lui-mme, dans le recueil des lois qu'il rdigea sous le nom de Las Siele Partidas, avait insr une disposition qui tait dfavorable aux prtentions de D. Sancho : Que si el fijo mayor (del rey) muriesse antes que heredasse, si dejasse fijo o fija, que oviesse de su muger lgitima, que aquel o aquella lo oviesse e non otro ningno. (Loi 2, tit. 15. part II).

24 Peut-tre

LA SUCCESSION CASTILLE DE le roi de Castille se sentait-il

implicitement li par les actes souscrits lors du mariage de l'infant D. Fernando avec la fille de saint Louis. Nous disons pas un des documents qui. furent ne contient cet gard de stipulation on peut considrer comme cerNanmoins, expresse. tain que le roi de France en donnant Blanche l'hritier avait entendu dsign du trne de Castille, que les enfants natre de cette union, ceindraient leur tour la couronne. Un seul cas avait t prvu dans les traits : implicitement, rdigs alors poux et n'aurait ; aucun lien ne l'attachant point plus ds lors l'Espagne, elle pourrait rentrer dans sa patrie en sa dot et en gardant son douaire ou une reprenant valeur Les rdacteurs de la convention quivalante. du 28 septembre 1266 avaient nglig de stipuler ce se passer si D. Fernando mourait avant qui devrait d'avoir enfants : ce rgn et laissait un ou plusieurs si improbable qui paraissait qu'on n'avait pas song en tenir compte tait, dix ans aprs, un fait accompli. A ne considrer donc que la lettre des instruments diplomatiques, Alphonse X n'tait point oblig de rsers'il ngligeait ver les droits de ses petits-fils. Toutefois, recevoir des rclamations fort de le faire, il s'exposait le Hardi qui n'accepde la part de Philippe fussent terait vraisemblablement pas que ses neveux En sacrifiant les infants de la Cerda, il dpouills. courait donc un danger presque certain, celui d'une srieuses rupture avec la France. celui o Blanche de postrit survivrait son car

LA SUCCESSION CASTILLE DE Mais il y avait sr plus D. Sancho avoir mme rentrait un pril plus certain encore celui de mcontenter imminent,

25 et coup l'infant

et ses partisans. Le roi de Castille ne pouvait de doutes cet gard : il se sentait diminu luipar l'chec dans son prtentions avec une royaume trouvait une puissance et avait de ses il impriales, autorit trs nouvelle qui son absence. et

il y affaiblie, s'tait constitue Son fils dont

grandi pendant il connaissait le caractre

audacieux

s'tait rvl dans le danger public comme indpendant un chef capable et assez habile pour se concilier la faveur qui tait cette poque la seule force les esprances d'un organise de la nation. En trompant et de vassaux toujours jeune homme ambitieux prts la rvolte, on dchanerait invitablement la guerre civile et Alphonse ne se croyait mer la rbellion 1. Les conseillers pas assez fort pour rpride la noblesse

de leurs qu'il runit pour s'clairer avis montrrent d'abord une grande mais hsitation, l'infant D. Manuel son frre 2 s'tant formellement en faveur de D. Sancho, entrana l'avis du prononc plus grand nombre et finalement la dcision du souve-

1. Mariana pense que c'est la crainte d'une rvolte plus que toute autre raison, qui dtermina Alphonse X accder aux demandes que D. Lope Diaz de Haro lui avait adresses en faveur de D. Sancho : " Vicit sane reipublicas utilitatis respectus et tranquillitatis studium ; neque enim Sanctius si repulsam tulisset quieturus videbatur... (De rbus Hispanicis, d. cit., p. 585). 2. L'infant D. Manuel, dernier fils de saint Ferdinand et de Batrice de Souabe, pousa successivement Da Constanza, fille de Jaime Ier, roi d'Aragon et Batrice de Savoie ; il est le pre de D. Juan Manuel, un des plus anciens prosateurs castillans, l'auteur du Conde Lucanor.

26 rain. Celui-ci

LA SUCCESSION E CASTILLE D alors Sgovie et sur son ordre, les riches-hommes, les dputs des cits et son fils se rendit

les infants, des villes du royaume y prtrent hommage en qualit d'hritier de la couronne.

Alphonse croyait assurer ainsi son repos et la tranquillit de ses tats, mais il devait apprendre bientt ses dpens que D. Sancho n'tait point d'humeur attendre mourt le pouvoir. pour exercer patiemment qu'il d'un fils ingrat, le roi de Castille allait prouver que l'acte auquel il venait ne recevait mme pas une approbation de consentir unanime parmi ses vassaux, causait de graves discordes Avant mme de devenir dans gre. sa propre famille et provoquait une guerre tranla victime

V PHILIPPE III ET ALPHONSE X

La chronique la convocation mais sans

officielle du rgne d'Alphonse X rapporte des Corts de Sgovie l'anne 1276, indication de mois ; les annalistes adresses rclamations par ne sont pas plus dont la date est

aucune

franais Philippe

des qui parlent le Hardi au roi de Gastille

des documents prcis. En revanche, certaine 1276, prouvent que ds le mois de septembre de castillans favorables l'infant seigneurs plusieurs du venus se mettre la disposition la Cerda taient les prparatifs roi de France 1 et qu'au milieu d'octobre militaires de celui-ci taient assez avancs pour inquiter de maintenir la paix le Saint-Sige, soucieux toujours entre deux princes chrtiens 2. On doit donc placer dans les premiers mois de l'anne en 1276 la tenue des Corts de Sgovie et la venue d'une ambassade Espagne l'exhrdation ter contre La Crnica ne mentionne franaise charge de d'Alphonse fait de protesla Cerda. qui nous

pas ce dernier

1. Arch. nat. J. 600, nos13, 13 bis et 13 ter. 2. Annales ecclesiastici,d. Theiner, t. XXII, p. 383.

28 est attest

X PHILIPPE III ET ALPHONSE

et dont la franais par les historiographes la ralit : contraint d'admettre simple vraisemblance ou officieuseofficiellement le Hardi apprend Philippe de ment que ses neveux sont carts de la succession leur tout aeul ; il s'en naturellement une plainte armes. montre amen et une surpris faire et offens ; il est au roi de porter avant d'en

Castille

protestation

appeler aux de Aussi est-ce tort, croyons-nous, que le marquis 1 a trait de fable le rcit de Guillaume de Mondjar Alphonse X d'un ambassal'envoi Nangis relatant ou le grand Bouteiller Jean de Brienne deur franais, d'Acre, que des liens de parent et de vassalit unissaient au roi de Castille 2. Mondjar se montre surtout scandalis la pense que Jean d'Acre ait pu se charger de prsenter suzerain des remontrances et son cousin. un prince L'objection au contraire, N'est-il pas raisonnable, roi de France choisit ce grand officier comme son porteavec la en raison de ses attaches paroles prcisment mme du messager Castille, que la personne pensant assurerait meilleur accueil au message? Mais s'il ne parat pas possible de nier l'envoi d'une ambassade franaise charge de protester contre l'acte qui tait son semble purile. de croire que le

1. Mondjar, op. cit., p. 381. 2. Jean de Brienne dit d'Acre, tait Bouteiller de France en 1258 ; il mourut en 1296. Son pre tait Jean de Brienne, roi de Jrusalem, et sa mre Brengre tait la soeur de saint Ferdinand, roi de Castille. (Cf. P. Anselme, Histoire gnalogique et chronologiquede la maison de France, t. VIII, p. 518).

PHILIPPE III ET ALPHONSEX de Sgovie Castille sur et de sa tenter de faire on n'est revenir le roi

29 de

pas oblig d'accepter dans leur intgralit de les rcits de Guillaume et des chroniqueurs Nangis qui se font ses chos 1. Ils racontent que les demandes prsentes par l'envoy de Philippe III furent rejetes, refusa de reconnatre les droits ne voulut le Savant qu'Alphonse des infants de la Cerda, les laisser aller en France,

dcision,

pas davantage mais qu'il finit par permettre Blanche d'accompagner le Bouteiller et de rejoindre son frre. Si l'on en croyait ces rcits, peine la princesse et l'ambassadeur se seraient-ils mis en route, X regrettant qu'Alphonse d'avoir cd mme sur ce point, les aurait fait pourlui ft ramene de suivre, ordonnant que sa belle-fille gr ou auraient force ; mais Jean d'Acre et sa compagne fait telle diligence seraient qu'ils parvenus franchir la frontire de Navarre avant d'tre rejoints. dont le Bouteiller tait charg ait Que la ngociation cela ne peut faire de doute ; son chec fut plus encore que ne le dit Guillaume de Nangis, complet car le roi de France n'obtint mme pas la satisfaction chou, de se voir rendre qu'il n'est pas vraisemblable que celle-ci ait consenti abandonner dans une cour hostile ses enfants en bas ge, nous avons la preuve demeura encore en Castille et ne regagna sa qu'elle patrie qu'aprs Il n'y a donc, avoir sjourn quelque temps en Aragon. retenir des renseignements semble-t-il, sa soeur. Outre de

1. Historiens de France, t. XX,p. 499 et XXI,pp. 92 et 93.

30 donns

X PHILIPPEIII ET ALPHONSE

qu'un seul fait : la venue par ces chroniqueurs d'un ambassadeur en Espagne qui avait pour mission de rclamer l'hritage royal pour les neveux du roi de au moins que France, et, en cas de refus, de demander ceux-ci Castille. N'ayant les droits saient et leur mre fussent autoriss qu'on droits quitter la

rien obtenu, et voyant de l'infant de la Cerda,

mconnaissait qui lui parais-

III ne pouvait faire incontestables, Philippe la lutte. Il devait s'y autre chose que se prparer rsoudre d'autant plus volontiers qu'il avait de bonnes trouverait raisons de penser que son action militaire en Castille dsignation la couronne parti voyait s'tait acquis grande part mme un appui chez les seigneurs que la de de l'infant D. Sancho comme hritier avait mcontents. Il savait que tout un avec dplaisir et jalousie le crdit que D. Lope Diaz de Haro en prenant une si au choix du successeur X. Ce d'Alphonse

parti, dirig par certains membres de la famille de Lara, la rivale de celle de Haro, paraissait dispos soutenir de la Cerda et par les armes les droits d'Alphonse seconder par consquent On possde le texte les efforts de Philippe le Hardi. des contrats en vertu desquels de ces seigneurs au service du roi se mirent quatre de France. Le plus considrable d'entre' eux tait D. Juan Nufiez de Lara, IIe du nom 1, qui s'intitulait firement vassal de Notre-Dame et outre de nombreux

1. Salazar y Castro, Historia genealogicade la Casa de Lara (Madrid, 1696-1697,in-4), t. m, pp. 131 et suiv.

PHILIPPE III ET ALPHONSE X fiefs, tenait encore du chef de sa femme la ville d'Albar-

31

razin 1, place forte situe aux confins la Castille et dont les deux royaumes

suzerainet. Il tait qui l'infant D. Fernando de la Cerda, sur le point de de ses fils et qui tait mourir, avait confi les intrts mort lui-mme les peu de temps aprs avoir rendu derniers devoirs ce prince 2. Se rangeant au parti que son pre aurait s'il et le seigneur suivi, vcu, d'Albarrazin entranant avec lui son oncle migra, D. Nuno Gonzalez de Lara, IIIe du nom 3, et un personnage de moindre ligne appel D. Fernando Yanez de Valverde 4. Tous trois se trouvaient Angoulme au mois de septembre le roi 12765, et y rencontrrent vers les Pyrnes ; ils se joiqui se dirigeait son arme. Philippe assura chacun d'eux gnirent un traitement son rang. En change proportionn captien de la prestation de l'hommage toucher lige, ils devaient d'abord des revenus dont ils jouissaient l'quivalent dans

de l'Aragon et de se disputaient la fils de ce D. Juan Nunez de Lara I

patrie et qui se montaient respectivement 14.000 livres tournois pour D. Juan Nunez, 8.000 li1. Albarrazin, chef-lieu de dist. jud. de la province de Teruel. 2. Cefut lui qui conduisit au monastre de las Huelgas.prs de Burgos, le corps de l'infant D. Fernando (Cronica de D. Alfonso X, d. cit., p. 51). 3. Salazar, op. cit., t. III, pp. 112 et suiv. 4. D. Fernando Yanez de Valverde s'attacha la fortune de D. Juan Nufiez de Lara, et fut tu au mois de mai 1299 dans un combat livr Alfaro (J. de Loaisa, d. cit., p. 45). 5. Arch. nat., J. 600, nos 13, 13 bis, 13 ter, pices just., nosvu et VIII. Le contrat par lequel D. Fernando Yanez de Valverde se mit au service du roi de France a t publi par Francisque Michel, Histoire de la guerre de Navarre, par Guillaume Anelier (Collection des documents indits), p. 624, note 1.

leur

32 vres

X PHILIPPE III ET ALPHONSE

pour D. Nuno Gonzalez et 300 livres seulement Tous reurent pour D. Fernando Yanez de Valverde. Angoulme des acomptes se montant respectivement 3.000, 1.500 et 100 livres 1. . Le premier s'engageait conduire l'arme 300 chele second 106 et le troisime 10 ; les uns et valiers, les autres en feraient la guerre en leurs frais en Castille, en Navarre, Aragon, dans le comt de Toulouse en Gascogne, Portugal, et les terres voisines, pendant une priode dtermine, quarante jours ou trois mois ; ce laps de temps coul, le roi de France octroierait chacun des chevaliers des gages de 7 sous 6 deniers par jour, mais les deux Lara seraient personnellement mieux D. Juan Nunez touchant 100 sous et pourvus, son oncle 60. On ne saurait exactement apprcier du contingent l'importance espagnol qui vint ainsi se o ranger sous les bannires franaises, car au moment dont nous parlons furent rdiges, les conventions les dclaraient migrs qu'ils serviraient provisoirement avec autant de compagnons recruter qu'ils en pourraient et nous ignorons s'ils parvinrent dans la suite complter les effectifs Nunez D. Juan Nous savons seulement prvus. que et D. Fernando de Valverde Yanez

1. Arch. nat., J. 474, ns 42, 41 et 46. G. de Nangis (Historiens de France, t. XX, p. 499) mentionne la venue en France de D. Juan Nunez de Lara et l'accueil qui lui fut fait : il l'appelle Jean Monge. Un anonyme dont l'oeuvre est publie dans le mme recueil (t. XXI, p.93) le nomme Jean Loigne et ajoute que chaque anne le roi lui donnait une grosse somme d'argent qu'il louchait au Temple, Paris. Enfin l'auteur de l'Hisioria salirica regum,regnorum et summorum pontificum(ibid., t. XXII, p. 14), note que deux barons d'Espagne, partisans des infants de la Cerda recevaient du roi de France 15.000livres tournois.

II

1et 2. 3. 4. 5.

Autre Sceau Sceau Sceau

sceau de D. de D. de D.

d'Alphonse X. Sancho, infant de Castille, archevque-lu Fernando Perez Ponce. Juan Nunez de Lara, seigneur d'Albarrazin.

de Tolde.

X PHILIPPE III ET ALPHONSE furent

33

en Navarre au commencement de employs l'anne 1277, ainsi que D. Nuno Gonzalez, qui reut Estella, le 19 avril, une avance de 2.666 livres tournois sur sa pension 1. castillan dont Un autre personnage assez frquemment dans les chroniques, 13 sols 6 deniers le nom parat D. Fernando

Perez Ponce 2, devint aussi mais un peu plus tard seuledu roi de France : moyennant ment, le pensionnaire de rente qu'il toucherait 3.000 livres tournois Paris au Temple, en trois termes gaux, combattre lige et s'engageait il prtait pour toute personne, l'exception de des infants seigneur la Cerda. Son service se limitait une dure de quarante anne ; le nombre des chevaliers jours chaque qu'il mnerait avec lui n'tait point fix. Pass ce terme de une paye journalire de quarante jours, il recevrait 25 sous tournois, gnie toucheraient tenu de remplacer tandis que les chevaliers de sa compa7 sous 6 deniers, sans que le roi ft les chevaux tus ou blesss 3. l'hommage son nouveau

1. Cf. Ch. V. Langlois, Le rgne de Philippe III le Hardi, (Paris, 1887, in-8), Catalogue des mandements, p. 398. Arch. nat., J. 474, n 43. 2. Ce personnage fut le premier de sa race ajouter son nom celui de Lon; sa mre, Doua Aldonza Alonso tait fille naturelle d'Alphonse IX, roi de Lon. Rappel en Castille par l'infant D. Sancho, lorsque celui-ci se rvolta contre son pre, il rompit bientt avec cet infant et rentra en grce auprs d'Alphonse X dont il fut un des excuteurs testamentaires; sous le rgne de Sanche IV, il exera la charge d' adelantado mayor d'Andalousie (Salazar de Mendoza, Origen de las dignidades seglares de Caslilla y Lon,Tolde 1618,in-4, fol. 82verso. Florez, op. cit., t. I, p. 389). Crnica, d. cit., p. 61, col.l et 63, col. 1. 3. Arch. nat., J. 624, n 11 (juillet 1277),pice just, n X; D. Fernando Perez Ponce reut Nemours, le mardi 6 juillet 1277, un acompte de 700 livres tournois (ibid., J., 474, n 48); le 1er fvrier 1278, il toucha un des termes de sa pension, soit 1.000livres (ibid., J., 474, n 49). 3

34

X PHILIPPE III ET ALPHONSE

Les seigneurs de la maison de Lara dont nous venons avait entrans de parler et ceux que leur exemple mis au service du roi captien s'taient parce qu'ils de voir les fils de D. Fernando taient mcontents de( de la succession royale ; mais il est artisan de la dsignation de voir le principal singulier de D. Sancho comme hritier de la couronne accepter son tour, peu de temps aprs, les subsides de Philippe la Cerda exclus la guerre le Hardi, alors que ce prince avait entrepris but de faire contre le roi de Castille dans l'unique reconnatre les droits de ses neveux. Or, des documents ne peut donner lieu aucun doute, dont l'interprtation prouvent que D. Lope Diaz de Haro, seigneur de Biscaye, du roi devint au cours de l'anne 1277 le pensionnaire : il tait prsent Estella 1 l'poque de la de France dates du jour de cette Pentecte et par trois quittances avoir reu en prt d'Eustache fte (16 mai), reconnaissait de Navarre, une somme de Beaumarchais, gouverneur un clerc attach de 750 livres tournois 2; plus tard, en son nom 5.534 livres son service, touchait Pampelune de sa suite ; il pour ses gages et ceux des chevaliers laissait la chancellerie royale deux reus dats l'un mme du 12 juillet de cette l'autre du 11 juin, de ces pices comptables anne 12773. De l'existence Avant de se rendre en France, ce personnage avait travers la Navarre : Pampelune, le 21 mai 1277, il avait obtenu du gouverneur Eustache de Beaumarchais un prt de 100 livres tournois, sans doute pour continuer sa route (ibid., J., 6I4B, n 320). 1. Estella, chef-lieu de dist. jud. de la prov. de Pampelune. 2. Arch. nat., J. 614B, nos 319, 330 et 341. 3. Ibidem, J. 614 B, nos 318 et 322.

X PHILIPPE III ET ALPHONSE

35

bien en rgle, il faut conclure que le seigneur de Biscaye s'tait brouill avec Alphonse le Savant pour un motif qui nous demeure inconnu et qu'il avait, suivant une dans l'Espagne du moyentrs rpandue coutume un prince qui n'tait son hommage ge, transport le servir moyenpas son suzerain naturel, s'engageant une priode dtermine. nant une solde fixe pendant Le contrat par lequel D. Lope Diaz se lia en 1277 avec Philippe III n'a pas t conserv, mais nous en possdons un autre d'une poque un peu postrieure qui ne doit pas tre fort diffrent du premier et qui porte la date du 13 octobre 1281 1. En prsence de Jean de Nele 2, Imbert de Beaujeu, comte de Ponthieu et du conntable vassal du roi de France le seigneur de Haro s'avouait de faire campagne pour lui chaque anne et promettait o l'on voudrait durant quarante l'emjours, partout ployer, la tte de 300 chevaliers et cela pendant trois au Temple, Paris, une pension de ans ; il toucherait 14.000 livres tournois ; s'il tait retenu l'arme au del 100 sous par jour du terme convenu, on lui allouerait de solde et 7 sous 6 deniers chacun des chevaliers tout cheval perdu devant tre remde sa compagnie, bours au prix de 500 sous. Et ce n'tait pas seulement III en personne que D. Lope s'engageait Philippe ainsi servir : c'tait encore, selon les circonstances de son nouveau suzerain, le fils et avec la permission 1. Arch. nat., J. 613, n 18, picejust., n XVII. 2. Jean de Nelle, seigneur de Falvy, tait le second mari de Jeanne, comtesse de Ponthieu et d'Aumale, laquelle avait pous en premires noces saint Ferdinand, roi de Castille.

36

X PHILIPPE III ET ALPHONSE

an du roi captien fianc la jeune reine de Navarre et mme les princes de la Cerda s'ils venaient recouvrer leur libert. On voit que le seigneur de Biscaye ne se fidlit au parti de piquait pas d'une inbranlable soutenu qu'il avait si chaudement suivante Il devait d'ailleurs nagure. oprer l'anne de front sans plus de scrupules un nouveau changement et se ranger aux cts de ce mme infant lorsque celuici se rvolterait contre l'autorit paternelle 1; dans la de tout accord adversaire suite, il se montra l'opinitre entre la France et la Castille et finit par' payer d'une l'infant D. Sancho mort tragique le prix de ses multiples trahisons Le roi de France, on le voit, avait rencontr chercher 2. sans les

des allis dans le camp de son adversaire : la haute noblesse de Castille tout prtexte alors tait bon pour se rvolter contre l'autorit royale, sans en l'espce les livres qu'exeraient dont on savait Philippe le Hardi bien pourvu. Alphonse X ne pouvait lutter avec de pareilles armes ni esprer se former un parti parmi les grands feudacompter tournois taires de la monarchie captienne constitue. Nous savons pourtant sa cause dj fortement qu'il ne ngligea pas l'un de ces seigneurs l'attrait

qui subissaient regret la domination leur indpendance franaise, ayant perdu la suite de la guerre albigeoise et se voyant dsormais tenus en tutelle du pouvoir par les reprsentants 1. Cronica, d. cit., p. 61 ,col. 1. 2. Voy. plus bas, chap. XI.

l'occasion de gagner de la rgion mridionale

PHILIPPE III ET ALPHONSE X

37

de Narbonne 1, issu d'une royal. Aimeri IV, vicomte branche de la maison de Lara, appartenait cette cat; le hasard voulut qu'il ret dans gorie de mcontents ses domaines le roi de Castille en 1275 lorsque celui-ci revenait vicomte, troisime cacha des confrences entre eux de Beaucaire se nourent ; des liens d'amiti et on dcida que la soeur du

l'infant D. Pedro, Marguerite, pouserait fils d'Alphonse. Il est probable ne qu'Aimeri d'amertume point son hte les sentiments

qu'il prouvait ; celui-ci n'oublia point la confidence, et aprs sa rupture avec Philippe III, eut l'ide d'utiliser la rancune du seigneur d'exciter ce de Narbonne, dernier la rvolte, esprant vassaux que d'autres la couronne de France dans le Midi suivraient de cet

exemple ; il se flattait de faire natre ainsi une diversion dont il tirerait profit. Au cours de l't de 1276, deux agents du roi de Castille qui passaient par Narbonne pour se rendre la cour pontificale, s'abouchrent avec le vicomte et lui offrirent l'alliance de leur matre diffrentes de Tolde contre le souverain lui faisant captien, celle de l'archevch nomm de Guillaume Narbonne, notamment promesses, pour un frre d'Aimeri Le seigneur impressionn par les pas la force de carac l'glise.

qui se destinait sans doute trs recevait, n'eut

propositions

qu'il

1. L'pisode de la trahison d'Aimeri de Narbonne et de ses frres a fait l'objet d'un trs intressant mmoire d'Auguste Molinier que nous rsumerons ici; il forme la note XXXIX tome X de la nouvelle dition de du l'Histoire du Languedoc(pp. 409 et suiv. V. aussi ibidem, t. IX, pp. 83 et 94).

38 tre ncessaire

PHILIPPE III ET ALPHONSE X

: il fut mme pour les garder secrtes assez imprudent et maladroit pour les dcouvrir son frre cadet, Amauri, qui dpouill par lui d'une notable de l'hritage nourrissait portion paternel, de son an des sentiments de jalousie fort l'gard voisins de la haine. Malgr leurs dsaccords familiaux, les trois frres s'entendirent pour entrer dans les vues X : ils lui envoyrent Vitoria o il rsidait d'Alphonse alors (fvrier 1277), un messager charg de poursuivre la ngociation. Le souverain espagnol demanda que le et ses frres s'engageassent seigneur de Narbonne par des lettres scelles de leurs sceaux le soutenir envers et contre tous et particulirement contre Philippe le Hardi ; il exigea en outre qu'ils leur confirmassent promesse par serinent. A la fin de mars, un clerc attach la personne du roi de Castille arriva Narbonne, le texte du trait et muni des pouvoirs apportant ncessaires le serment des conjurs. pour recevoir Ceux-ci commenaient trembler en songeant aux consmais en quences possibles de leur action : ils jurrent, prenant et en choisissant prcautions pour cette crmonie le jardin isol d'un couvent accomplir situ sur les bords de l'Aude. Entre eux se glissaient les sentiments d'une dfiance dj rciproque qui clatrent en forme faisaient il fallut lorsque vint le moment la teneur le Savant. de mettre des Pour par crit qu'ils l'acte, authentique Alphonse promesses rdiger subalternes maintes

des prendre pour confidents qui demeurrent o on. les entraeffrays de la complicit

X PHILIPPE III ET ALPHONSE nait un ; ce fut bien autre

39

messager qui scell des trois frres. Plusieurs serviteurs se drobrent une mission o ils sentaient leur qu'ils risquaient tte ; on finit par en trouver un qui se dvoua, mais t mis dans le secret pour qu' trop de gens avaient la longue l'affaire ne s'bruitt pas. Quoique les vnements se soient drouls de telle manire qu'Alphonse X ne jugea pas utile de faire appel au concours du vicomte et leurs complices infrieurs de Narbonne, les conjurs ne parvenaient frre cadet Amauri, pas se rassurer. sans doute du vicomte, plus timor que les autres, contre son an, se dcida pouss aussi par sa rancune dvoiler le complot au roi de France, esprant que son donc s'tait aveu lui assurerait l'indulgence. spontan Paris la fin de mars 1282 et raconta Il vint ce qui vue le

chose quand il s'agit de dsigner en Castille porterait l'engagement

le Hardi fit garder pass. Philippe et envoya sans retard deux de ses chevaliers dlateur une enqute sur place. Aimeri fut arrt : procder il nia et prtendit avec la que ses ngociations Castille concernaient exclusivement le mariage de sa soeur avec l'infant D. Pedro 1. Il avait eu le temps d'avertir son frre l'acte qui prit soin de dtruire man d'Alphonse X. C'tait la seule preuve matrielle de la trahison. dura longtemps, car les tL'enqute moins entendus par que les des dlgus du roi de France vagues n'apportaient renseignements assez Guillaume tout

1. Le mariage de l'infant D. Pedro et de Marguerite de Narbonne avait t clbr Burgos en 1281 (Florez, op. cit., t. II, p. 525).

-50

PHILIPPE III ET ALPHONSE X dans ses dngations. n'avait mme pas eu

et le principal accus persistait Comme en dfinitive le complot un commencement d'excution,

crut sage Philippe de ne point exciter le mcontentement de ses vassaux du Midi en frappant un des leurs : il pardonna, et le 11 septembre 1284 fit largir le vicomte de Narbonne qui ses domaines furent restitus. Le roi confisqus n'eut pas d'ailleurs Aimeri se montra pendant campagne de l'arme se repentir de sa clmence car dans la suite dvou sa cause : retraite en 1285 la qui termina ce seigneur sauva les dbris opportun mois de

la dsastreuse

de Catalogne, au moment franaise en occupant et en gardant les dfils des Pyrnes. On peut considrer comme certain qu'au

III avait rsolu de faire la septembre 1276, Philippe guerre au roi de Castille et que son arme cheminait Suivant Guillaume de Nangis 1, dj vers la frontire. seul guide qu'aprs dement qui s'offre nous, il ne prit avoir, une fois encore, offert cette un dcision accommo-

son adversaire. Sur l'avis de son conseil, il Alphonse X des messagers de lui envoya chargs : il exigeait qu'on lui remt les signifier un ultimatum infants de la Cerda et qu'on assurt Blanche le douaire auquel elle avait droit d'aprs les termes de la convention souscrite au moment de son mariage ; en cas de la guerre en Castille. Ces demandes refus, il porterait t repousses avec hauteur, les ambassadeurs ayant 1. Historiens de France, t. XX,p. 500.Langlois, op. cit., pp. 104et suiv.

X PHILIPPE III ET ALPHONSE

41

franais dfirent Alphonse le Savant et lui annoncrent que ses tats seraient sous peu envahis. ds du conflit paraissant Toute solution pacifique ses de rassembler III s'occupa lors carte, Philippe des seigneurs dont : outre le duc de Bourgogne, troupes comme le duc de Brabant, de l'Empire vinrent les comtes de Bar, de Juliers et de Luxembourg se ranger sous ses bannires. Aprs avoir pris SaintDenis l'oriflamme royal, l'arme se dirigea sur Orlans, puis par le Berry et le Poitou gagna les terres de Gascogne des ambassaon rencontra et de Barn 1. En chemin, les fiefs relevaient deurs de X qui n'taient d'Alphonse point chargs au contraire rpondre paroles de paix, mais venaient au dfi port leur matre par un autre dfi. Ils ne furent

dit le chroniqueur, admis, auprs de Philippe, en termes qu'au bout de sept jours et s'exprimrent le roi, sans s'mouvoir, rpliqua menaants auxquels qu'il entendait s'il le pouvait L'arme se rendre jusqu'en en Navarre Castille 2. et de l, pousser

et grossissant parvint avanant toujours aux premiers et se concentra contreforts des Pyrnes au Sauveterre de Barn 3. Elle tait considrable, dire de Guillaume de Nangis, tel point qu'on prouva 1. On peut, d'aprs les itinraires des rois de France, publis au tome XX des Historiens de France (p. 427), tablir que Philippe III tait Paris le 19 juillet, qu'au mois d'aot il passa Montargis, Lorris, Orlans et Beaugency, en septembre Tours, Mirebeau-en-Poitou et Angoulme ; en novembre, il est Mont-de-Marsan et regagne Paris en dcembre. 2. Guill.de Nangis dans Historiens de France, t. XX,p. 505. 3. Sauveterre, Basses-Pyrnes, chef-lieu de canton de l'arrondissement d'Orthez.

42 bientt

PHILIPPE III ET ALPHONSE X

les plus graves difficults pourvoir la nourriture de tant d'hommes et de tant de chevaux. De plus, la saison dj avance et la temprature rigoureuse ne permettaient dans une point qu'on s'engaget Le conseil du roi fut d'avis de ne rgion montagneuse. les oprations anne-l pas pousser plus loin cette militaires et l'on se dcida licencier les troupes 1. Sans doute une campagne d'hiver et t impossible, mais de plus, les nouvelles reues de Navarre justifiaient un ajournement. dont ce pays Les vnements tait l'attention de retenir Philippe III beaucoup plus que l'affaire de la succession de Castille. La reine de Navarre encore mineure tait devaient une protge de la France et on l'avait fiance en 1275 de la couronne se l'hritier ; ses intrts captienne confondaient donc avec les ntres 2. Le roi avait d rcemment envoyer des troupes et un de ses meilleurs de Beaumarchais, snchal de Touofficiers, Eustache louse, pour rtablir l'ordre en Navarre et restaurer l'autorit de la jeune princesse. Il est certain que l'arme conBarn duite par Philippe le Hardi en personne jusqu'en destine combattre tait non seulement Alphonse X, mais encore dompter les Navarrais au cas o Beaumarchais malgr le secours de Robert d'Artois et chou. russi avec les seules Or ceux-ci avaient pleinement forces mises leur disposition 3. C'tait dj un rsul1. G. de Nangis, loc. cit. 2. Trait d'Orlans. Cf. ch. v. Langlois, op. cit., p, 98, 3. Ibidem, pp. 99, 101 104, le thtre

PHILIPPE III ET ALPHONSE X tat

43

En outre, on savait que le roi de Casimportant. tille se montrait plus conciliant que prcdemment. Les vnements de Navarre l'intressaient aussi, car il mditait dans le pays Vitoria jusqu' de la rpression de s'agrandir de ce ct et avait mme un parti sa dvotion 1. Il s'tait avanc pour le soutenir, l'avait dconcert la promptitude et il n'ignorait point des Pyrnes la tte mais

que Philippe campait aux pieds d'une puissante arme. Il crut donc bon de ngocier, et fit demander une entrevue au comte d'Artois. Celui-ci de son souverain et les pouvoirs ayant obtenu l'agrment s'ouvrirent ncessaires des confrences pour traiter, Vitoria deux Outre dans le couvent traits qui furent des Frres Mineurs. Il en rsulta 1276. rdigs le 7 novembre tablissant entre la Castille et

les dispositions la Navarre une trve qui devait durer jusqu' la majorit de Jeanne, et consacrait hritire de ce royaume, la restitution dont les Navardes chteaux rciproque rais et les Castillans le premier de ces s'taient empars, traits 2 consentait

Alphonse X par en remettre

le choix de son successeur. Quels taient ses question sur cette de son sentiments personnels question toute la fin de son rgne? hritage qui devait troubler Il est impossible de le dire. Nous avons vu qu'il avait 1. Cf. Langlois, op. cit., pp. 97 et 101. En 1274,l'infant D. Fernando avait assigViana, (ibidem, p. 97 et Fr. Michel, Histoire de la guerre de Navarre dans la coll. des documents indits, p. 381) et confirm les privilges de la ville de Mendavia comme si cette localit faisait partie du domaine castillan (Arch. nat., J. 915, n 2). 2. Arch. nat., J. 599, n 12, publi par Francisque Michel op. cit., p. 651.

44 longuement les grands D. Sancho bien

PHILIPPE III ET ALPHONSE X que les prlats, et les reprsentants des villes reconnussent comme l'hritier de la couronne ; il semble hsit avant d'ordonner

et forc, qu'il ne l'ait fait qu' regret, contraint comme s'il et senti qu'il y avait injustice dpouiller entirement ses petits-enfants. Mais il tait dj fascin en quelque sorte par son fils qui dans la suite le domina compltement. Esprit suprieur, intelligence exceptionnellement ouverte et d'un savoir remarquable pour son poque, le roi de Castille tait dou du caractre le plus faible. En prsence de D. Sancho, imprieux et ne voulant s'explique : ainsi flchissait cder, sa volont la roideur de ses rponses aux demandes aux rien

d'explications, qui lui avaient Lorsqu'il fluence

d'accommodement propositions t portes de la part du roi de France. se trouvait seul et qu'il l'inchappait de D. il cherchait volontiers les Sancho,

une querelle irritante moyens de terminer qui n'tait seulement d'ordre mais sur laquelle point intrieur, se greffaient encore des difficults avec un autre pays. Nous le verrons dans la suite essayer de donner une aux infants de la Cerda vincs, mais compensation celui-ci voulait l'hritage jamais son fils ne le lui permt; et tout l'hritage il refusait d'en abandonner paternel, X fut part ses neveux. Quand Alphonse las de cder et qu'il prtendit rgler enfin ce conflit, D. Sancho se rvolta et tenta de dtrner son pre. En 1276, les choses n'en taient pas venues encore et il s'agissait cette extrmit seulement de fournir la moindre

X PHILIPPE III ET ALPHONSE une satisfaction

45

le Hardi en donnant une Philippe du forme plus rgulire la dsignation de l'hritier faire tous ses efforts pour que trne. Le roi s'engageait les serments de fidlit et d'hommage prts par les barons de Castille l'infant D. Sancho fussent et pour que D. Sancho lui-mme renont t faites nagure Sgovie ; messes qui lui avaient courir dans un dlai d'une anne qui commencerait la prochaine fte de Nol, les Corts seraient convoet on discuterait elles on exposerait ques et devant les droits respectifs de D. Sancho et des infants de la dans Cerda ; Philippe III pourrait se faire reprsenter cette assemble par quelques hommes sages et instruits et de tous diplomatiques qui, l'aide d'instruments la cause des jeunes de droit, plaideraient arguments princes ; le roi de Castille aurait soin de dsigner des sur d'clairer ces avocats capables juristes espagnols les lois et les coutumes raient donc en pleine la sentence rendue, Alphonse X la tiendrait pour excucomme hritier celui que la voix de toire et prendrait l'lite de ses sujets aurait dsign, soit son petit-fils, soit son fils. De son ct, Philippe le Hardi promettait de respecter la dcision prise, quelle qu'elle ft, et renonait rien rclamer ou en appeler une autorit suprieure, celle du Saint-Sige par exemple. Mais il fallait pas de se dpouilprvoir le cas o D.Sancho n'accepterait ler des droits qu'il avait solennellement reus Sgovie et o les seigneurs qui lui avaient fait hommage comme futur du pays. Les Corts connaissance de cause prononce: une fois annuls aux pro-

46

PHILIPPE III ET ALPHONSE X rvoquer leurs serments : et les prlats de Gastille qui n'avaient point fidlit

roi ne consentiraient alors, les barons pas encore jur

l'infant, seraient, appels de la Cerda. entre lui et le fils de D. Fernando prononcer Un second trait 1 conclu comme le premier Vitoria, le 7 novembre 1276, accordait une amnistie aux seirvolts contre leur navarrais qui s'taient gneurs ls remettre souveraine ; le roi de France s'engageait en possession de leurs biens tandis que le roi de Castille, D. Juan Nunez de Lara et de son ct, pardonnerait suivi dans son migration ceux qui l'avaient ; ces X des revenus gaux derniers recevraient d'Alphonse perdus en attendant qu'on pt les qu'ils avaient de terres d'une valeur quivalente. Le lendegratifier Perez de Harana, main 8 novembre, Enrique dlgu ceux cet effet par le roi de Castille, jura sur les vangiles fidlement les conventions que son matre observerait de Philippe III et qu'il passes avec les reprsentants lui-mme serment de s'y conformer 2. prterait et ceux qui l'avaient Le comte d'Artois assist cette dans

ne pouvaient se flatter d'avoir remngociation : si l'on considre le fond port un succs diplomatique des choses, il est ais de reconnatre qu'ils avaient essentiels sans rien recevoir cd sur tous les points 1. Arch. nat., J. 600, n 4, publi par F. Michel, op cit., p. 653. 2. Arch. nat., J. 599, n 11, pice just. n IX. Enrique Perez de Harana, originaire de Biscaye, figure dans les diplmes d'Alphonse X, tantt avec le titre de portero mayor ,tantt avec celui de repostero mayor qui correspond celui de matre d'htel (Salazar de Mendoza, Origen de las dignidades seglares de Castilla y Lon, Tolde, 1618,in-4, fol.; 76 verso).

X PHILIPPE III ET ALPHONSE

47

en change. Les articles de ces traits de Vitoria taient du roi de Castille. Ils lui l'avantage sans exception savoir la scuen effet un profit immdiat, assuraient trve rit de sa frontire puisqu'une septentrionale sous la de longue dure tait conclue avec la Navarre garantie Castille, la succession de roi de France. Quant le Savant tout, gagnait puisque Alphonse la dcision des Corts respecter s'engageait du ses neveux tait des plus que conditions de ; or si la runion car on la douteuse,

Philippe mme dfavorable cette pouvait assemble subordonnait sigerait, march des

sans prvoir elle ratifierait discussions

on invraisemblables, cas mme o elle peine qu'au faisant l'acte de Sgovie, bon

et des plaidoiries juridiques rendue par les prlats et les d'avocats. Et la sentence au barons point encore prt serment qui n'avaient aucune valeur pratique, fils d'Alphonse X, ne prendrait car ces barons et ces prlats ne formaient qu'une minofut sincre en Si le roi de Castille rit impuissante. imaginant pour but rement et s'il n'eut pas seulement procdure de gagner du temps, il s'illusionnait singulisur le pouvoir qu'il possdait ; il lui aurait fallu cette

amener son et d'autorit pour d'nergie beaucoup des droits acquis et pour imposer ses fils renoncer avec la de juger la cause pendante vassaux l'obligation srnit En lettre tribunal impartial. restrent les conventions de Vitoria somme, III ne les ratifia point et l'tat morte : Philippe persista entre la France et la Castille. d'un

de guerre

VI LA REINE YOLANDE ARAGON EN

la dsignation de l'infant D. Sancho Cependant, comme hritier de la couronne de Castille prsomptif ne laissait de troubler aussi les relations des pas membres de la famille royale. qui son mari avait donn par sa 1 ne conduite prive de nombreux sujets de plainte put se rsigner voir ses petits-fils de leur hridpouills tage ; craignant rsolut de les que leur vie ft en danger, elle soustraire aux mauvais de desseins D. Sancho qu'elle supposait capable de tout oser pour la couronne. s'assurer Sous prtexte de se rendre ville qui lui appartenait la Guadalajara, 2, elle quitta mme La reine Yolande

avec elle sa bru Blanche de France et cour, emmenant les deux jeunes infants de la Cerda. Son intention secrte tait de chercher un refuge auprs du roi d'Aragon son frre, qu'elle prvint de sa prochaine arrive ; par Hita, Atienza et Siguenza 3, elle gagna la frontire et la 1. Cf. Florez, op. cit., t. II, pp. 537 et suiv. 2. Nous savons- par la chronique de Jofr de Loaisa (d. cit., p. 23) qu'elle rsida quelque temps au monastre bndictin de Sopetran (prov. de Guadalajara). 3. Hita, prov. de Guadalajara, dist. jud. de Brihuega ; Atienza, cheflieu de dist. jud. de la prov. de Guadalajara ; Siguenza,idem.

LA REINE YOLANDE ARAGON EN franchit heureusement en dpit des ordres

49 tardifs

X avait donns qu'Alphonse pour empcher qu'elle ne sortt du royaume'. se passaient Ces vnements III dans les premiers 1277. Pierre jours de janvier vint au-devant Ariza et les des fugitifs d'Aragon conduisit Calatayud 2. Dans une lettre qu'il adressa alors l'vque de Sgovie 3, il expliqua qu'il avait de voulu donner asile sa soeur et aux 'petits-enfants celle-ci qui ne se trouvaient plus en sret en Castille 4. La fuite de la reine, suivant de prs l'migration des avec la France, porta seigneurs de Lara et la rupture son comble l'irritation il craignait en effet quelque d'Aragon de deux perpourquoi, aprs s'tre veng cruellement dont l'un tait son propre frre, qu'il soupsonnages onnait d'avoir conseill ou favoris la retraite d'Yolande \ l'inimiti de son il mit tout en oeuvre pour dsarmer voisin. que dispos prendre les armes en faveur des infants de la Cerda, de Castille mais il ne lui dplaisait pas que le royaume 1. Crnica, dit. cit., p. 53. 2. Ariza, prov. de Saragosse, dist. jud. d'Ateca ; Calatayud, chef-lieu de dist. jud. de la prov. de Saragosse. 3. Fernando Velasquez, vque de Sgovie, mourut le 20 janvier 1277. 4. Zurita, Anales de Aragon, t. I, fol. 228 verso. 5. Zurita (ibidem) et Mondjar (op. cit., p. 345) pensent que l'infant D. Fadrique et Simon Ruiz de los Cameros qui prirent, l'un touff, l'autre brl, avaient conseill la reine de se retirer en Aragon, La Crnica (p. 53, col. 2), mentionne le supplice de ces deux personnages sans faire connatre les griefs d'Alphonse X : " ... porque el rey sopo algunas cosas del infante D. Fadrique su hermano de D. Ximon Ruiz... Celui-ci n'tait au fond rien moins et l'inquitude X : d'Alphonse le roi que sa femme ne pousst acte d'hostilit contre lui. C'est

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LA REINE YOLANDE ARAGON EN

et il se montra ft troubl par une querelle dynastique, assez habile pour garder sous sa main ceux qui pouau trne que D. Sancho se flattait vaient prtendre Pierre III se servirait des fils de Blanche de d'occuper. sur le roi de Castille ; pour prendre ses avantages lui-mme et ses successeurs dans la suite, devaient, selon leurs intrts du moment, tantt retenir les infants de la Cerda soutenir dans leurs une troite les aider prtentions 1277, Alphonse pour eu lieu tantt captivit, la couronne. France

Ds le mois de mars des ambassadeurs le dpart

en Aragon de la reine avait

X envoya donc 1: exposer ses griefs

et c'tait volont, de grands troubles pressa fermer de la dgager frontire s'y

de sa au mpris un vnement de causer susceptible dans le royaume. Pierre III s'emsa responsabilit de ses tats : il ne aucun pouvait de ceux

qui voulaient neveux moins

rfugier, sa soeur et ses petitstout d'ailleurs qu' d'autres; s'arrangerait aisment, attendu que la reine n'avait point eu le dessein de mcontenter son poux ; elle avait t gare de la mort de son fils par le chagrin qu'elle ressentait D. Fernando et de celle de son frre l'archevque de Tolde 2, survenues coup sur coup; il tait naturel que pour la consoler, on laisst auprs d'elle ses petits-fils en Aragon. pendant qu'elle sjournerait Les ngociations qui commencrent alors entre la

1. Zurita, op. cit., t. I, fol. 230 recto. 2. D. Sancho II, archevque de Tolde, avait t tu en 1275 dans un combat contre les Maures.

LA REINE YOLANDE ARAGON EN Castille

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et l'Aragon et qui tranrent derniers jusqu'aux mois de 1278 sont entoures de mystre. Du ct elles furent conduites D. Sancho, castillan, par l'infant sinon l'insu d'Alphonse X comme le prtend la Crnica 1 le texte d'une lettre adresse le puisqu'on possde 2 mars 12782 par Pierre III au souverain de Castille o il est fait allusion ces ngociations, du moins avec une trs grande indpendance de la part de l'infant. Il tait en termes affectueux avec personnellement son oncle. Que promit-il celui-ci pour prix de ses bons offices? On ne le sait. Toujours est-il qu'ils finirent et que le roi d'Aragon par s'entendre qui ne tenait garder sa soeur auprs de lui, pas particulirement celles de son neveu pour engager joignit ses instances la reine retourner en Castille. Par contre, il tenait essentiellement conserver en son pouvoir les infants de la Cerda : il refusa de les rendre, mais s'engagea sans doute les mettre en sret afin qu'ils ne pussent passer dessus en tout. France, ce que D. Sancho Yolande, persuade par suivre ce dernier fils, consentit aprs que les frais de son sjour en Aragon eurent t solds avec des fonds qui taient destins un tout autre usage 4; avait en vain rclams ses petits-fils furent qu'elle derrire gards vue en attendant qu'on les enfermt 1. Crnica, d. cit., p. 55, col. 1. 2. Mmorial histrico espahol, t. I, p. 325. 3. Cf. une lettre de Pierre III Yolande, date du 12 juin 1279 (Ibidem, t II, p. 3). 4. Crnica, d. cit., p. 55, col. 1 et 2 parson frre 3 et son redoutait

32 les solides

LA REINE YOLANDE N ARAGON E murailles du chteau de Jtiva 1. La malheu-

reuse Blanche

de France

abandonne

et spare de ses enfants n'eut plus le Hardi ; elle auprs de Philippe que de se rfugier ses fils au roi d'Aragon recommanda qui, par une lettre date du 26 novembre 1278, s'engagea hypocriavec les tenir auprs de lui et les traiter tement et comme les gards qu'il leur devait comme parent ami 2. Sa sollicitude voulut pas leur endroit tait telle exposer leur sant aux fatigues l'hiver, lorsque le roi de France le pria, voyage pendant quelques annes plus tard, de les amener l'entrevue qu'il devait avoir avec lui 3. Le pape Martin IV n'eut pas plus de succs en 1281 : Pierre III donna cette fois une raison de la politique pour ne pas se rendre aux instances du Pontife qui le priait de laisser ces enfants rejoindre la seule consolation 4. leur mre dont ils taient tire 1. Les infants de la Cerda furent enferms Jativa en 1281 (Zurita, op. cit., t. I, fol. 236 recto). 2. Mmorial histrico,t.I, p. 249. 3. Ibidem, t. II, p. 16 (Lettre du 13 janvier 1280). 4. Ibidem, t. II, p. 51. (Lettre du 6 dcembre 1281). Le roi d'Aragon assurait au Pape qu'il prenait grand soin des deux jeunes princes; il prtendait que s'ils taient remis au roi de France, celui-ci se montrerait plus exigeant pour faire la paix avec le roi de Castille; dans l'intrt du rtablissement de la concorde entre les deux souverains auquel le SaintSigetravaillait, il valait mieux, disait-il, que les infants de la Cerda demeurassent en Aragon. Ils taient en ralit squestrs et privs de communications directes avec leur mre. En 1285, un missaire de Blanche fut surpris au moment o il essayait de s'approcher des princes. Pierre III crivit sa nice pour se plaindre de ce que son envov se ft dissimul et pour lui faire savoir sa ferme volont que tous les messages qu'elle adresserait ses fils,