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VERMOREL (CC BY-NC-ND 2.0)
UNIVERSITE CLAUDE BERNARD-LYON I
U.F.R. D'ODONTOLOGIE
Année 2015 THESE N° 2015 LYO 1D 014
T H E S E
POUR LE DIPLOME D'ETAT DE DOCTEUR EN CHIRURGIE DENTAIRE
Présentée et soutenue publiquement le : 07/07/2015
par
Vermorel Benoit
Né le 22 mars 1985, à Roanne (42)
_____________
Les matériaux dans le traitement des perforations : M.T.A®, Biodentine®, Hydroxyde de
calcium
______________
JURY
M. FARGES Jean-Christophe Président
M. FUSARI Jean-Pierre Assesseur
M. SELLI Thierry Assesseur
M. GOUJAT Alexis Assesseur
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ET CLINIQUES Mme Florence CARROUEL
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A NOTRE PRESIDENT DU JURY DE THESE,
Monsieur le professeur Jean-Christophe FARGES
Professeur des Universités à l'UFR d'Odontologie de Lyon
Praticien-Hospitalier
Docteur en Chirurgie Dentaire
Docteur de l'Université Lyon I
Responsable de la sous-section Sciences Biologiques
Habilité à Diriger des Recherches
Nous vous remercions de l’honneur que vous nous faites en acceptant de présider le jury de
cette thèse.
Veuillez trouver ici l’expression de notre profond respect pour votre enseignement et
l’ensemble de vos travaux.
Cette thèse témoigne de notre considération.
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A NOTRE JUGE,
Monsieur le Docteur Jean-Pierre FUSARI
Maître de Conférences à l'UFR d'Odontologie de Lyon
Praticien-Hospitalier
Docteur en Médecine
Nous vous remercions de que vous nous faites en acceptant de siéger dans le jury de cette
thèse.
Nous vous remercions également pour la qualité de vos enseignements.
Cette thèse témoigne de notre considération.
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A NOTRE DIRECTEUR DE THESE,
Monsieur le Docteur Thierry SELLI
Maître de Conférences à l'UFR d'Odontologie de Lyon
Praticien-Hospitalier
Docteur en Chirurgie Dentaire
Responsable de l'Unité Fonctionnelle d'Odontologie Conservatrice - Endodontie
Nous vous remercions de l’honneur que vous nous avez fait en acceptant de diriger cette
thèse.
Nous savions qu’en faisant appel à vous nous pourrions compter sur votre disponibilité, votre
dynamisme et votre rigueur qui nous ont séduits lors de ces années passées au centre de soin.
Cette thèse témoigne de notre considération, de notre reconnaissance et de notre gratitude.
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A NOTRE JUGE,
Monsieur le docteur Alexis GOUJAT
Assistant hospitalo-universitaire au CSERD de Lyon
Docteur en Chirurgie Dentaire
Nous vous remercions de l’honneur que vous nous faites en acceptant de siéger dans le jury de
cette thèse.
Nous vous remercions également pour la qualité de vos enseignements.
Cette thèse témoigne de notre considération.
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SOMMAIRE
Introduction…………………………………………………………………………………………...1
I. Les différents types de perforation………………………………………………………………..2
I.1 généralités sur les perforations………………………………………………...…………...2
I.1.2 Les perforations d’origines iatrogéniques ………………………………………2
I.1.2.1 Lors d’un traitement endodontique……………………………………………2
I.1.2.2 Lors de la désobturation canalaire…………………………………………….3
I.2 Localisation des perforations………………………………………………………………4
I.2.1 Perforation inter-radiculaire…………………………………………………….4
I.2.2 Perforation du tiers apical………………………………………………………4
I.2.3 Perforation du tiers coronaire et moyen………………………………...…..…..5
I.2.4 Perforation par stripping………………………………………………………..5
I.3 Les facteurs influençant le traitement et le pronostic des perforations………….………..6
I.3.1 La localisation de la perforation………………………………………………..6
I.3.2 La forme et la taille de la perforation…………………………………………..6
I.3.3 L’ampleur de l’infection…………………………………………………….….7.
I.3.4 discussion……………………………………………………………………….7
II. Les différents matériaux utilisés………………………………………………………..………..7
III. Hydroxyde de calcium…………………………………………………………………….……..8
III.1 Les propriétés de l’hydroxyde de calcium……………………………………………….8
III.1.1. Généralités…………………………………………………………….……...8
III.1.2.Action antimicrobienne…………………………………………….................9
III.1.3 Action anti-inflammatoire……………………………………………………10
III.1.4. Action hémostatique………………………………………………………....10
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III.1.5 Actions sur les tissus…………………………………………………………10
III.1.6 Applications cliniques………………………………………………………..10
III.2 Utilisation de l’Hydroxyde de calcium………………………………………………….12.
III.2.1 Préparation de l’hydroxyde de calcium……………………………………....12
III.2.1.1 Préparation magistrale……………………………………………...12
III.2.1.2 Préparations commerciales…………………………………………12
III.2.1.3 Préparations durcissantes……………………………………….…..13
III.2.2 Contre-indications …………………………………………………………....13
III.2.3. Etude BRAMANTE et BERBERT…………………………………………..13
III.2.4. Application clinique…………………………………………………………15
IV. Le Minéral Trioxyde Aggregate®................................................................................................18
IV.1 Composition………………………………………………………………………....….18
IV.2 Préparation du M.T.A® …………………………………………………………...…....18
IV.3 Propriétés physico-chimique …………………………………………………... ……...18
IV.4 Propriétés biologique…………………………………………………………………...19
IV.4.1 Biocompatibilité……………………………………………………………...19
IV.4.2 Activité antimicrobienne……………………………………………………..20
IV.5 Applications cliniques………………………………………………………………..…20
IV.5.1 Perforation du plancher pulpaire……………………………………………..20
IV.5.2 Perforations du tiers coronaire et du tiers moyen………………………….…24
IV.5.3 Perforations du tiers apical…………………………………………………..28
IV.5.4 Perforation par « stripping »…………………………………………………29
V. La Biodentine®
…………………………………………………………………………….…..…29
V.1 Composition………………………………………………………………………….…29
V.2 Propriétés physiques …………………………………………………………………...30
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V.2.1 Résistance à la dissolution…………………………………………….............30
V.3 Propriétés chimiques………………………………………………………………..……32
V.3.1 Propriété anti bactérienne ………………………………………………….…32
V.4 Préparation de Biodentine® et indication clinique……………………………………....34
V.4.1 Préparation de la Biodentine®……………………………………………..….34
V.4.2 Indication de la Biodentine®……………………………………………….…34
V.5 Cas clinique ……………………………………………………………………….…....34
V.5.1.Introduction……………………………………………………………….….34
V.5.2.Réparation d’une perforation iatrogène du plancher pulpaire au cours d’un
retraitement ……………………………………………………………………….…………35
V.5.3.Réparation d’une perforation récente survenue au cours du traitement
endodontique initial d’une dent nécrosée…………………………………………….……...37
IV. Conclusion ………………………………………………………………………………….…..40
Bibliographie………………………………………………………………………………………..42
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1
Introduction
La perforation est une communication, pathologique ou iatrogène, entre l'espace
endodontique et le desmodonte. Laissée sans traitement, la mise en communication entre le
réseau canalaire et le parodonte aboutit à une inflammation provoquée par des bactéries et à
une perte des tissus de soutien de la dent, comme cela se produit pour des lésions apicales.
Dans une première partie, nous analyserons les différents types de perforations que nous
pouvons rencontrer dans notre exercice clinique.
Nous verrons ensuite quels matériaux sont utilisés aujourd’hui pour les traiter ainsi que leurs
propriétés et leurs manipulations.
Enfin, nous discuterons de leur complémentarité et de l’évolution des techniques mises en
œuvre pour guérir ces lésions.
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2
I. Les différents types de perforation (1)
I.1. Généralités sur les perforations
D’après les publications de Pertot WJ (1), il existe différents processus provoquant des
perforations dentaires. Celles-ci sont soit d’origine pathologique, provoquées par des lésions
carieuses, soit d’origine iatrogénique, conséquence d’une erreur lors de la manipulation
d’instruments endo-canalaires.
I.1.1 Les perforations d’origines pathologiques
Ces perforations sont souvent le résultat d’un développement carieux ayant entrainé un
curetage intempestif de celles-ci, aboutissant à une effraction pulpaire sur les dents vivantes
de l’adulte et de l’enfant (fig.1)
Fig.1. Effraction pulpaire
I.1.2 Les perforations d’origines iatrogéniques
I.1.2.1 Lors d’un traitement endodontique
Elles interviennent très souvent lors de la réalisation d’un traitement endodontique. En
effet, la réalisation de la cavité d’accès et la recherche des canaux peuvent être des gestes mal
maitrisés et entrainer des perforations au niveau du plancher de la dent et des racines (fig 2).
Effraction pulpaire
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3
Fig.2. Perforation radiculaire
Fuss Z,Trope M. Root perforations: classifications and treatment choices based on prognostic
factors. Endod Dent Traumatol.1996 ; 12 : 255-264.
I.1.2.2 Lors de la désobturation canalaire
Une désobturation mal exécutée avec des instruments trop rigides peut nous faire dévier
de l’axe de la racine et provoquer une perforation de celle-ci (fig 3).
Fig.3. Perforation lors d’une désobturation canalaire
Fuss Z,Trope M. Root perforations: classifications and treatment choices based on prognostic
factors. Endod Dent Traumatol.1996 ; 12 : 255-264.
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4
I.2 Localisation des perforations
I.2.1 Perforation inter-radiculaire
Dans ce type de perforation (fig.4), la furcation de la dent est atteinte lors de
l’élimination des matériaux de la chambre pulpaire.
Fig.4. Perforation inter-radiculaire
I.2.2 Perforation du tiers apical
La perforation du tiers apical (fig.5) est souvent le résultat d’un instrument qui a mal été
guidé dans le canal, transperçant la racine et provoquant généralement une perforation de
faible diamètre.
Fig.5 Perforation du tiers apical
Perforation inter- radiculaire
Perforation du tiers apical
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5
I.2.3 Perforation du tiers coronaire et moyen
Dans ce cas, deux types de perforations existent :
soit elles sont supra-crestales (fig.6) et seront integrées dans la restauration en ayant
préalablement réalisé une élongation coronaire pour respecter l’espace biologique.
Fig.6. Perforations supra-crestales
soit elles sont infra-crestales et seront traitées par d’autre moyen que nous
énumèreront plus tard.
Fig.7 Perforation infra-crestal
I.2.4 Perforation par stripping
C’est une perforation latérale obtenu par une sur-instrumentation dans les canaux.
Ceux-ci abrasent les parois jusqu’à avoir une perforation ovalaire (fig.8).
Perforations supra-crestales
Perforation infra-crestal
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6
Fig.8. Perforation par stripping
I.3 Les facteurs influençant le traitement et le pronostic des perforations (2)
D’après l’étude de Fuss.Z, Trop.M (2), différents facteurs influencent le pronostic des
perforations.
I.3.1 La localisation de la perforation
Plus une perforation est coronaire, plus il sera simple de la traiter avec des matériaux
conventionnels d’obturations (type amalgame de cuivre, CVI).
Les perforations infra-crestales seront plus compliquées à soigner à cause de la prolifération
épithéliale qu’elles engendrent.
I.3.2 La forme et la taille de la perforation
Une perforation de faible dimension et ronde au niveau de la furcation sera plus simple
à soigner qu’une perforation de forme ovalaire sur la paroi latérale d’une racine (fig9).
Fig.9. Perforation au niveau de la furcation et de la paroi latérale de la racine
Perforation par stripping
Perforation de la furcation
Perforation latérale
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7
I.3.3 L’ampleur de l’infection
Plus l’infection est ancienne et contaminée par des bactéries anaérobies plus il sera
difficile de la juguler.
I.3.4 discussion
Il existe donc différents types de perforations provoqués soit par des lésions carieuses
soit par la main de l’homme. Suivant leurs emplacements, leurs formes et leur gravités
différents types de matériaux seront utilisés. Nous allons donc les énumérer ci-dessous.
II. Les différents matériaux utilisés (3)
La littérature fait état d’un grand nombre de matériaux différents qui ont été utilisés
pour la fermeture des perforations et pour les obturations apicales a retro.
Parmi ceux-ci, on peut citer :
Les amalgames de cuivre :
Ce sont des amalgames basés sur la composition définie par BLACK (1896). (65 % en
poids d’argent, 29% d’étain, moins de 6% de cuivre)
La poudre d’alliage est constituée d'argent, d'étain, de cuivre et d’une fraction de zinc. Elle est
associée avec un métal liquide qui est le mercure.
L’argent (40 à 70 %) se combine avec le mercure pour former la matrice et procure la
résistance mécanique. L’étain (22 à 30 %) facilite l'amalgamation, donne une plus grande
plasticité, réduit l'expansion et le temps de prise. Le cuivre peut se combiner avec l'étain
l'empêchant de se lier avec le mercure. Le zinc (toujours inférieur à 2 %) a un rôle de
désoxydant durant la coulée.
Les ciments à base d’oxyde de zinc-eugénol
Ils sont obtenus, pour ceux à scellement définitif, par malaxage d’oxyde de zinc avec
de l’eugénol (C10H12O2), dérivé de l’essence de girofle.
La poudre est composée de :
70 à 85 % d’oxyde de zinc (ZnO) et d’oxyde de magnésium (MgO)
15 à 28 % de résine de type colophane
silice (SiO2)
sels de zinc : stéarate de zinc, acétate de zinc (accélérateur) et sulfate de zinc
Le liquide est constitué de :
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8
85 % d’eugénol (C10H12O2)
15 % d’huile d’olive : adoucissant (correcteur de goût), plastifiant
alcool = accélérateur
parfois acide acétique comme accélérateur
baume du Canada ou du Pérou polyterpène (C10H16)
Les ciments verre ionomères
Ce sont des polyacrylates complexes. Leurs propriétés sont comparables à celles des
ciments polyacryliques. Ils ont été également utilisés comme ciment de scellement en raison
de l’adhérence de l’acide polyacrylique sur les tissus dentaires de base.
La poudre se compose de :
34% fluorure de calcium (CaF2)
30% silice (SiO2)
16% alumine (Al2O3)
10% phosphate d’alumine (AlPO4)
5% cryolithe (Na3AIF)
5% trifluorure d’aluminium (AlF3)
Le liquide est une solution aqueuse à 50 % de copolymère d’acide polyacrylique associée
pour 45 à 50% à:
de l’acide itaconique (durcisseur)
de l’acide tartrique (accélérateur de la prise)
de l’acide maléique (durcisseur).
Les inconvénients essentiels de ces matériaux sont d’une part le manque d’étanchéité et leur
toxicité et d’autre part leur sensibilité au regard de l’humidité. De nos jours, les trois
principaux matériaux utilisés pour combler les perforations dentaires sont l’hydroxyde de
calcium, le Minéral Trioxyde Aggrégate (MTA®
) et la Biodentine® que nous allons détailler
ci-dessous.
III. Hydroxyde de calcium (3)
III.1. Les propriétés de l’hydroxyde de calcium
III.1.1. Généralités
L’utilisation de l'hydroxyde de calcium en endodontie a été popularisée dès 1966 par
Frank. Depuis, ce matériau est considéré comme une référence dans le traitement des
perforations et de nombreuses études, ont permis de découvrir ses multiples propriétés et d’en
connaitre les limites thérapeutiques.
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9
Tout d’abord développons rapidement ses quelques propriétés chimiques et physiques :
Elle a pour formule Ca(OH)2 par réaction entre de la chaux vive et de l’eau (réaction
exothermique).
Elle est instable et se transforme en carbonate de calcium CaCO3 au contact de gaz
carbonique
A une densité de 3.3, un poids moléculaire de 74.08 g/mol, un point de fusion à
2750°C
Peu soluble dans l’eau (1.19g/l à 25°C)
pH élevé proche de 12.4
Il est à noter que du fait de ce pH très alcalin, l’hydroxyde de calcium est très agressif pour les
tissus mais ceci est compensé par sa faible solubilité empêchant sa diffusion alcaline toxique.
Un élément clé de l’efficacité de l’hydroxyde de calcium est sa dislocation en ions calciques
Ca2+
et hydroxyles OH- dans le milieu où il est placé.
On détaillera plus loin ses diverses présentations cliniques ainsi que ses nombreuses actions
utiles en endodontie.
III.1.2.Action antimicrobienne
L’action antimicrobienne de l’hydroxyde de calcium est multifactorielle.
Elle s’exerce dans un premier temps par alcalinisation du milieu environnant lors de la
libération d’ions hydroxyle (OH-) (4), (5), (6).
L’effet des ions hydroxyles est multiple :
modification de la membrane cytoplasmique des bactéries entrainant un trouble dans
le transfert des nutriments (7)
déstabilisation de la conformation spatiale des enzymes bactériennes d’où perturbation
de leur métabolisme et division cellulaire (8, 9)
division de l’ADN (7)
mise en route des systèmes complexes pour tenter de neutraliser le milieu très alcalin
produit par l’hydroxyde de calcium (7).
Par conséquent, les bactéries directement en contact avec l'hydroxyde de calcium sont
rapidement détruites (9, 10).
Un autre effet observé de l’hydroxyde de calcium est la neutralisation les endotoxines
bactériennes (11) ainsi que le rôle de barrière physique contre la pénétration bactérienne (12,
7).Une dernière action antimicrobienne serait créée par absorption du gaz carbonique,
nutriments essentiel des bactéries anaérobies, par l’hydroxyde de calcium.
La période nécessaire pour avoir un effet optimum antibactérien est toujours sujet à
controverse (13, 9, 14, 15, 10). Elle peut, selon les auteurs, s'étendre d'une semaine (16) à
trois mois (17). L'association d'une instrumentation mécanique, d'une irrigation renouvelée et
appropriée ainsi qu'une médication intra-canalaire temporaire à l'hydroxyde de calcium
diminue la charge bactérienne intra-canalaire (13). Mais il est essentiel de comprendre qu’une
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10
stérilisation complète de l’endodonte est impossible à cause de niches bactériennes
difficilement atteignable à l’intérieur des canalicules.
En conclusion, l'action de l'hydroxyde de calcium se fait essentiellement sur la membrane
bactérienne. Les modifications peuvent être réversibles ou non et s'opèrent aussi bien sur les
bactéries aérobies, que sur les bactéries anaérobies gram positif ou gram négatif (8).
III.1.3. Action anti-inflammatoire (18), (19), (10)
Cette action anti-inflammatoire est permise par la création des ions hydroxyles et
calciques.
Tout d’abord l’alcalinisation du milieu par les ions hydroxyles tamponne l’acidose
inflammatoire (18).
L’apparition d’ions calcium va permettre par deux mécanismes différents de limiter
l’inflammation environnante (19, 10) :
contraction des sphincters pré-capillaires et diminution perméabilité plasmatique
apportant les facteurs inflammatoires
favorise l’activation du complément impliqué notamment dans l’immunité innée.
III.1.4. Action hémostatique (6)
L’hydroxyde de calcium induit une hémostase locale par sa libération de calcium
indispensable à l’agrégation plaquettaire et au fonctionnement de facteurs de coagulation
vitamine K dépendant.
Ci-dessus nous avions notés la contraction des sphincters pré capillaires comme effet des ions
calcium dans l’action anti inflammatoire mais il aide également à l’hémostase en diminuant
l’apport sanguin et favorisant une ischémie locale permettant la coagulation. Donc
l’hémorragie présente lors de plaies pulpaires, résorption apicale ou tissu de granulation est
stoppée en contact d’hydroxyde de calcium (20).
III.1.5. Action sur les tissus (3)
L’hydroxyde de calcium va initier un substrat de minéralisation lors de son action
coagulante. En effet, le tissu lésé par l’ischémie de contact va permettre via les fibroblastes la
minéralisation du tissu fibro-cicatriciel. Attention il est à noter que le calcium permettant cette
minéralisation ne provient pas du matériau mais de la vascularisation pulpaire.
III.1.6 Applications cliniques
L’action antimicrobienne est démontrée par les études suivantes :
Sjögren U, Figdor D, Spangberg L, Sundqvist G . The antimicrobial effect of calcium
hydroxide as a short-term intracanal dressing. International Endodontic Journal 1991; 24:119-
125
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11
Introduction
Des résultats ont montré que l’utilisation de l’hydroxyde de calcium, dans les racines
infectées, provoquait une disparition des bactéries. Cette étude a révélé en combien de temps
le taux de bactérie diminue au contact de l’hydroxyde de calcium.
Le but est de montrer l’effet bactéricide sur un cours laps de temps.
Matériel et Méthode
Trente dents ont été utilisées pour cette étude.
Toutes les dents présentent une nécrose pulpaire et une image péri-apicale. Après la
préparation et la désinfection des différents canaux, de l’hydroxyde de calcium est introduit
dans les racines.
Deux groupes distincts ont été formés. Un groupe de 12 dents où l’hydroxyde de calcium est
introduit pendant 10 minutes et un groupe de 18 dents où la pâte restera pendant 7 jours.
Résultats
Initialement, les dents infectées présentaient un nombre de bactérie avoisinant les 6,5 x103.
Après 10 minutes passées dans l’hydroxyde de calcium, leur nombre est passé à 102.
Après 7 jours, leur nombre devient insignifiant.
Conclusion
Il y a bien un effet bactéricide de l’hydroxyde de calcium qui s’exerce au bout de 10 minutes
d’application et qui devient totalement effectif au bout de 7 jours.
La deuxième étude est réalisée par : Lima R.K.P, Guerreiro-Tanomaru J.M,Faria-Junior
N.B et Tanomaru-Filho M , effectiveness of calcium hydroxyde-based intracanal medicament
against Enterococcus faecalis.Intern.Endod.J.2012 ;45 :311-316
Introduction
Le but de cette étude est d’évaluer l’effet antimicrobien de l’hydroxyde de calcium contre
Enterococcus faecalis.
Matériel et méthode
106 racines de dents humaines ont été contaminées par E.faecalis et placées pendant 21 jours
dans un environnement micro-aérophile (environnement ayant une concentration d’oxygène
inférieur à celle de l’air).
Les dents ont été divisées en 10 groupes :
G1 : les dents sont en contact avec de l’hydroxyde de calcium pendant 7 jours.
G2 : les dents sont en contact avec de l’hydroxyde de calcium pendant 14 jours
G3 : les dents sont en contact avec de l’hydroxyde de calcium et du CMCP
(paramonochlorophenol camphré) pendant 7 jours
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12
G4 : les dents sont en contact avec de l’hydroxyde de calcium et du CMCP
(paramonochlorophenol camphré) pendant 14 jours
G5 : les dents sont en contact avec de l’hydroxyde de calcium et de la chlorhexidine (CHX) a
0.4% pendant 7 jours
G6 : les dents sont en contact avec de l’hydroxyde de calcium et de la chlorhexidine a 0.4%
pendant 14 jours
G7 : les dents sont en contact avec de l’hydroxyde de calcium et de la chlorhexidine a 1%
pendant 7 jours
G8 : les dents sont en contact avec de l’hydroxyde de calcium et de la chlorhexidine a 1%
pendant 14 jours
G9 : groupe contrôle avec préparation des canaux sans médication
G10 : groupe contrôle sans préparation des canaux ni médication
Résultat/conclusion
Toutes les dents associées aux médicaments ont provoquées une réduction de la quantité E.
faecalis.
On notera que les groupes hydroxyde de calcium + CMCP (14 jours) et hydroxyde de calcium
+ CHX (7 et 14 jours) ont obtenu les meilleurs résultats concernant la diminution d’E.faecalis.
III.2 Utilisation de l’Hydroxyde de calcium (3)
III.2.1 Préparation de l’hydroxyde de calcium (4), (8), (21)
III.2.1.1 Préparation magistrale
Pour une préparation magistrale, l'hydroxyde de calcium est employé pur.
C’est une poudre blanche très fine qui sera mélangée avec de l’eau stérile puis asséchée avant
son introduction dans le canal grâce à un instrument ressemblant à un porte-amalgame
spécifiquement réservé à cet usage. La dernière étape est celle de la condensation à l’aide
d’un fouloir à canaux (21).
Ces préparations gardent un pH élevé et permettent une libération rapide des ions hydroxyles
ce qui leur confère une activité antimicrobienne importante (4, 8).
L’utilisation de cette préparation convient pour les coiffages pulpaires, les pulpotomies, le
traitement des dents matures et immatures nécrosées, des résorptions internes et externes
inflammatoires.
III.2.1.2 Préparations commerciales (8), (22)
Ces préparations endo-canalaires sont de composition fluide : elles correspondent à des
solutions colloïdales, c'est-à-dire composées d'un solide dispersé dans un liquide.
Elles sont conditionnées en seringues, carpules ou compules puis souvent propulsées dans le
canal à l'aide d'un Lentulo®.
Le principal intérêt est un usage aisé, notamment dans les canaux étroits.
Il en existe un nombre important et varie en fonction de la concentration d’hydroxyde de
calcium et du liquide associé, autrement appeler vecteur.
VERMOREL (CC BY-NC-ND 2.0)
13
Ce dernier influence la vitesse de libération des ions calcium et hydroxyles dans le milieu.
On peut classer les vecteurs en composés aqueux, visqueux ou graisseux (8, 22).
Si le praticien souhaite une libération ionique rapide (dent nécrosée ou traumatisée), une pâte
à vecteur aqueux est le meilleur choix. Ce type de pâte est commercialisé sous divers nom :
Calxyl®, le Pulpdent
®, le Calcipulpe
® ou l'Hydrocalcine
®.
Si le praticien souhaite une diffusion lente, progressive, uniforme et sans augmentation
excessive du pH (apexification, résorption, perforation), il doit privilégier une pâte avec un
vecteur visqueux (glycérine ou polyéthylene glycol), tel le Calen®.
III.2.1.3 Préparations durcissantes (3)
Et enfin, il existe un dernier type de préparation de l’hydroxyde de calcium : les
préparations durcissantes.
Commercialisées entre autres sous nom Dycal®, Life
® ou Ultrablend
®, elles se présentent sous
la forme d'une base et d'un catalyseur ou d'une pâte photopolymérisable.
Leur principal avantage est une facilité d’emploi notamment lors de coiffages directs.
En revanche leurs difficultés d’élimination de par leur prise rapide et leur durcissement par
estérification, les rendent impossible en usage endo-canalaire.
III.2.2 Contre-indications
L’hydroxyde de calcium est contre-indiqué dans les cas extrêmes de fractures, de
perforations et de lésions péri-apicales au pronostic très réservé.
En matière d’apexification, si l'hydroxyde de calcium possède de nombreuses propriétés et
donne d'excellents résultats, quelques inconvénients sont quand même à déplorer.
D’une part la longueur du traitement nécessitant de nombreuses séances réparties
sur une période de 3 à 24 mois impliquant de ce fait une coopération et une motivation
importantes du patient. Et d’autre part, des problèmes de réinfections pendant la durée de
l’apexification en raison du manque d’étanchéité d’une obturation temporaire prolongée.
III.2.3. Etude BRAMANTE et BERBERT(23)
Afin de prouver l’efficacité de l’hydroxyde de calcium pour combler les perforations
dentaires, nous citerons l’étude de : Bramante M et Berbert A. Influence of time of calcium
hydroxide iodoform. Paste replacement in the treatment of root perforation. Braz dent J.
1994 ; 5(1) :45-51.
Introduction
Beaucoup de matériaux ont été utilisé pour soigner les perforations des racines, le but de cette
étude est d’évaluer la réponse histologique des tissus racinaires en présence d’hydroxyde de
calcium.
Matériel et Méthode
VERMOREL (CC BY-NC-ND 2.0)
14
72 prémolaires mandibulaires et maxillaires de chien adulte ont été utilisées. Les dents ont été
obturées avec de la gutta percha, puis elles ont toutes été perforées au niveau de la furcation
(figure 11).
.
Fig.10. Bramante M et Berbert A. Influence of time of calcium hydroxide iodoform. Paste
replacement in the treatment of root perforation. Braz dent J. 1994 ; 5(1) :45-51
Ces perforations ont ensuite été comblées avec de l’hydroxyde de calcium compressé par un
coton. Huit groupes de dents ont été formés en fonction du renouvellement de la pâte au fil
du temps (voir figure 11).
Fig.11. Bramante M et Berbert A. Influence of time of calcium hydroxide iodoform. Paste
replacement in the treatment of root perforation. Braz dent J. 1994 ; 5(1) :45-51
VERMOREL (CC BY-NC-ND 2.0)
15
Résultats
Pour les groupes F et B où l’hydroxyde de calcium a été changé à 7 pour le groupe B, et 7 et
15 jours pour le groupe F, on remarque une grande réparation des tissus avec très peu de
réaction inflammatoire. La destruction osseuse est limitée et un pont de cément se forme.
Pour les groupes A, C, D, H, G, E, une forte inflammation est présente et une nécrose osseuse
apparait.
Conclusion
Ces résultats montrent que le pronostic le plus favorable à une réparation de la dent par
induction de cément apparait lorsque l’on remplace l’hydroxyde de calcium à 7 et 15 jours.
III.2.4. Application clinique (24)
Ce cas clinique a été effectué d’après les travaux de Hasnaa S,Bouchra B.Journal de
l’ordre des dentistes du Québec. 2010 ;46 :6
Il s’agit de Yazid, âgé de 10 ans, s’étant présenté avec une cellulite génienne basse chronique
et une adénopathie sous-mandibulaire droite en rapport avec la 46.
La radiographie rétroalvéolaire montre des lésions périapicales et interradiculaires (voir
fig.12)
Bien que la conduite à tenir, devant des cas pareils, est généralement l’extraction de la dent
causale, une tentative de conservation de la 46 a été envisagée pour plusieurs raisons :
- le rôle que joue la dent de six ans dans le système stomatognathique,
- l’âge et la coopération de l’enfant,
- la motivation des parents et
- l’état des autres dents de six ans qui étaient saines.
Il a donc été entrepris une thérapeutique endodontique à l’hydroxyde de calcium.
Le traitement conservateur a nécessité un nettoyage mécanique et chimique des canaux afin
de réduire considérablement le nombre de bactéries et d’amorcer le processus de guérison.
Le renouvellement de l’hydroxyde de calcium a été assuré jusqu’à l’obtention de canaux secs,
sans odeur, et jusqu’à la disparition de la douleur.
L’obturation coronaire provisoire, entre les séances de renouvellement de l’hydroxyde de
calcium, a été réalisée au verre ionomère.
L’obturation définitive à la gutta-percha a été effectuée après un délai de 10 mois,
secondairement à l’obtention d’une disparition de la radioclarté périapicale et interradiculaire
et la réapparition de la lamina dura (voir fig.14, 15, 16, 17). Une couronne pédodontique a été
VERMOREL (CC BY-NC-ND 2.0)
16
réalisée pour assurer une bonne étanchéité coronaire et pour éviter le risque d’une éventuelle
fracture dentaire. FI
GU
Fig.12. |Radiographie rétroalvéolaire de la 46 montrant
une lésion périapicale et interradiculaire très importante.
Hasnaa S,Bouchra B.Journal de l’ordre des dentistes du Québec.2010 ;46 :6
Fig.13. Radiographie rétroalvéolaire de contrôle de l’obturation
à Ca(OH)2 après six mois du début de traitement
Hasnaa S,Bouchra B.Journal de l’ordre des dentistes du Québec.2010 ;46 :6
VERMOREL (CC BY-NC-ND 2.0)
17
Fig.14. Radiographie rétroalvéolaire de contrôle de l’obturation
à Ca(OH)2 après huit mois du début de traitement. Noter la régression nette des lésions.
Hasnaa S,,Bouchra B.Journal de l’ordre des dentistes du Québec.2010 ;46 :6
Fig.15. Radiographie rétroalvéolaire de contrôle de l’obturation définitive à la gutta-percha
de la 46 après 10 mois du début de traitement.
Hasnaa S,,Bouchra B.Journal de l’ordre des dentistes du Québec.2010 ;46 :6
Fig.16. Radiographie rétroalvéolaire de contrôle la couronne
Pédodontique sur la 46. Noter la disparition totale des lésions.
Hasnaa S,,Bouchra B.Journal de l’ordre des dentistes du Québec.2010 ;46 :6
En conclusion, le traitement des lésions péri-apicales et inter-radiculaires repose sur la
qualité de la préparation mécanique et chimique des canaux radiculaires, sur la mise en place
d’une médication temporaire à base d’hydroxyde de calcium et sur l’obturation définitive
hermétique. Quel que soit le cas, un suivi clinique et radiologique est indispensable jusqu’à la
régression totale des lésions.
VERMOREL (CC BY-NC-ND 2.0)
18
IV.Le MINERAL TRIOXYDE AGGREGATE®
En 1993, l’équipe de Torabinejad a étudié, le Mineral Trioxyde Aggregate (M.T.A®),
nouveau matériau cherchant à combler les principaux inconvénients de l’hydroxyde de
calcium tout en gardant ses qualités.
Il a depuis fait l'objet de nombreuses recherches et a reçu l'approbation de l'US Food and
Drug Administration dès 1998.
IV. 1 Composition
Ce matériau est dérivé du ciment de Portland, ( CaO Al2O 3 SiO2) utilisé dans le
bâtiment.
La composition chimique du M.T.A® est la suivante :
une phase cristalline composée de calcium (87%), de silice (2.4%), d’oxygène (0.53%)
et une phase amorphe composée de calcium (33 %), de phosphate (49 %), de carbone
(2%), de chlorure (3 %), de silice (6 %).
Tout cela permet de définir le M.T.A®
comme un silicate de calcium auquel on a ajouté de
l’oxyde de bismuth pour le rendre radio-opaque.
IV.2 Préparation du M.T.A® (25, 26)
Le Pro Root M.T.A® se présente sous la forme d'une poudre grise, commercialisés en
sachet pré dosé, constituée de fines particules hydrophiles et doit être conservé à l'abri de
l'humidité.
Depuis 2002, il se présente en poudre blanche, c’est-à-dire sans fer limitant ainsi les
colorations. Il est à noter que la plupart des études ont été réalisés avec la première version de
la poudre.
La préparation du M.T.A® se fait par mélange avec de l'eau stérile, dans un rapport de trois
pour un de manière lente afin de faciliter sa mise en place.
Le M.T.A® doit être préparé immédiatement avant son utilisation.
Si le praticien attend plus de 5min avant son utilisation le matériau se déshydrate et prend la
consistance de sable sec.
La réaction de prise résulte de l'hydratation de la poudre formant un gel colloïdal qui se
solidifie en donnant une structure dure. Ce temps de prise du M.T.A® est en moyenne de
2h45.
Selon les indications cliniques, sa manipulation n'est pas toujours aisée.
Le mm-MTA®
commercialisé par Micro Méga est conditionné en capsule contenant la poudre
et le liquide. Le mélange se fait donc à l’aide d’un vibreur-mélangeur permettant ainsi une
manipulation plus aisée.
IV.3.Propriétés physico-chimiques
VERMOREL (CC BY-NC-ND 2.0)
19
Tout d’abord, le pH du M.T.A® va varier en fonction du temps (26) pour enfin se
stabiliser à 12.5 après 3h de reconstitution, ce qui équivaut à la valeur du pH de l’hydroxyde
de calcium.
La résistance à la compression du M.T.A® atteint 40 MPa après 24h de prise mais reste
inférieure à celle des différents matériaux connus et donc ne permet pas de l’envisager comme
matériau de restauration occlusal (26). En revanche, il reste effectif pour les obturation a
retro.
La radio-opacité du M.T.A® est supérieure à la dentine afin de l’en différencier. Ceci est dû à
l’adjonction d’oxyde de bismuth dans sa composition (26).
Une des propriétés importantes du MTA® est l’absence de solubilité dans l’eau, après 21
jours, c’est-à-dire à la prise finale du matériau (26), indispensable pour biocompatibilité et son
maintien en milieu buccal.
L'analyse des différentes études sur le M.T.A® montre qu’il présente une meilleure qualité
d’adaptation marginale aux parois dentaires que celle des matériaux habituellement utilisés
(IRM®, amalgame, Super EBA
®).
Cette propriété est associée à celle indispensable à tester : l’étanchéité.
Celle procurée par le M.T.A® s’est révélée lors des différents tests (27, 28, 29, 30, 31, 32,
33,34) de qualité supérieure aux autres matériaux.
Cette étanchéité serait liée à sa nature hydrophile entrainant une prise lente sans contraction.
Elle n’est également pas perturbée par la présence d'humidité, ni de sang, indispensable au vu
de son futur environnement de vie qui est la cavité buccale.
IV.4 Propriétés biologiques
IV.4.1 Biocompatibilité
Différentes études in vitro et sur animaux (35, 36) laissent supposer que le M.TA®
présente un degré de toxicité faible par rapport aux autres matériaux utilisés. Dans certains cas
il a même été retrouvé une grande adhérence des cellules environnantes sur le biomatériau
évoquant une très bonne biocompatibilité et une absence de cytotoxicité.
Kettering et coll. (37) n'ont pas mis en évidence de pouvoir mutagène pour le M.T.A®
ni pour
les autres matériaux testés (IRM®, Super EBA
®).
Sur des tests d’implantation chez l’animal, il a été découvert une caractéristique équivalente
entre M.T.A® et l’hydroxyde de calcium : présence d’un tissu minéralisé entre le matériau et
la dentine sous-jacente (38).
Ce néo-cément créé par la présence du M.T.A® est d’origine encore incertaine mais
réellement différente de l’hydroxyde de calcium : il n’y a pas de nécrose de coagulation.
Diverses hypothèses se sont établies au fil du temps : action de cytokines en direction cellules
osseuses stimulé par le matériau, faible cytotoxicité favorisant le dépôt de cément, voire de
VERMOREL (CC BY-NC-ND 2.0)
20
précipitation de phosphate de calcium par libération d’ions de silicium dans l’environnement
direct du matériau.
Il est à noter également une réponse inflammatoire significativement plus faible avec M.T.A®
que l’amalgame, le super-EBA® et l’IRM
®.
Les auteurs ont en outre cherché à connaître la réponse cellulaire en présence de ce matériau
afin de comprendre notamment la formation du cément et d'os à la surface du M.T.A®
L'analyse des études montre également une capacité du M.T.A® à former un nouveau
ligament parodontal et une apposition de tissu osseux car :
• les ostéoblastes sont capables d'adhérer et de croître sur le M.T.A®
(39, 34),
• et le M.T.A® induit l'expression de cytokines, d'ostéocalcines et de phosphatases alcalines
impliquées dans le remaniement osseux (39).
IV.4.2 Activité antimicrobienne
Les résultats de différentes études (5, 40) montrent que le M.T.A®
n'est pas efficace
contre les bactéries anaérobies strictes mais présente bien une action antibactérienne sur celles
facultatives, comme les autres matériaux connus. Cette propriété est probablement liée à son
pH élevé et à la diffusion de substances par le M.T.A®.
Ainsi, toutes ses études in vitro et sur animaux montre un matériau tenant ses promesses mais
en absence d’études cliniques prospectives, il reste important de s’appuyer sur des cas
cliniques afin de contrôler toutes ses compétences in vivo sur humains.
IV.5 Applications cliniques
IV.5.1 Perforation du plancher pulpaire
Ces applications cliniques sont réalisées d’ après les travaux de Pertot W.J Perforation :
possibilités actuelles de traitement. L’information dentaire 2010 ; 22 :109-116 (1)
Après la pose de la digue et le réajustement de la cavité d’accès, les entrés canalaires et la
perforation sont localisées (fig. 17 et 18).
Il est recommandé de préparer et d’obturer les canaux avant d’obturer la perforation, ce qui
contribue à la désinfection de la perforation par l’hypochlorite qui inonde la cavité d’accès
pendant la mise en forme canalaire.
Les canaux sont mis en forme sous irrigation abondante d’hypochlorite de sodium, puis
obturés à la gutta percha, en prenant soin d’éviter la fusée de ciment de scellement dans la
perforation (fig. 20).
VERMOREL (CC BY-NC-ND 2.0)
21
Fig.17. Radiographie pré-opératoire d’une molaire mandibulaire
Présentant une perforation du plancher pulpaire provoquée lors de la recherche des canaux.
Pertot W.J Perforation : possibilités actuelles de traitement
L’information dentaire 2010;22:109-116
Fig.18. Vue de la cavité d’accès avec la perforation lors de la dépose du pansement.
Pertot W.J Perforation : possibilités actuelles de traitement
L’information dentaire 2010;22:109-116
La perforation est alors obturée au ProRoot MTA®. La poudre de ce dernier est mélangée
avec de l’eau jusqu’à obtenir un mélange ferme. Le matériau est chargé dans le MTA Gun®,
porte matériau ressemblant à un porte-amalgame, avec des embouts interchangeables, courbé
ou droit, de différents diamètres (fig.19). Le porte-MTA est chargé quelques instants avant
VERMOREL (CC BY-NC-ND 2.0)
22
l’utilisation, au risque de ne plus pouvoir expulser le matériau qui durcit et reste bloqué à
l’intérieur.
Fig.19. Embout à mémoire de forme, pouvant être courbé à la convenance du praticien,
et piston en peek.
Pertot W.J Perforation : possibilités actuelles de traitement
L’information dentaire 2010;22:109-116
Le ProRoot MTA®
est déposé dans la perforation et délicatement amené au contact des tissus
parodontaux, soit avec un fouloir, soit avec un cône de papier utilisé à l’envers (fig.20).
Le fouloir utilisé doit avoir approximativement le même diamètre que celui de la perforation
afin de permettre de tasser le matériau contre les tissus. S’il est trop fin, le matériau risque
d’être repoussé dans l’espace inter-radiculaire. La perforation obturée, une boulette de coton
humide bien essorée est mise en place au contact du matériau et la cavité d’accès est scellée à
l’aide d’un pansement provisoire (fig.21).
Fig. 20. Le MTA® est mis en place dans la perforation et tassé doucement
VERMOREL (CC BY-NC-ND 2.0)
23
à l’aide d’un fouloir et de pointes papier sectionnées.
Pertot W.J. Perforation : possibilités actuelles de traitement
L’information dentaire 2010;22:109-116
Fig 21. Radiographie postopératoire immédiate.
Pertot W.J. Perforation : possibilités actuelles de traitement
L’information dentaire 2010;22:109-116
Fig.22. Radiographie 6 mois postopératoires.
Pertot W.J. Perforation : possibilités actuelles de traitement
L’information dentaire 2010;22:109-116
Après le durcissement du matériau (environ trois heures), la reconstitution coronaire étanche
est programmée dans les meilleurs délais (fig.22).
Si les canaux ne peuvent pas être traités dans la séance (par exemple dans le cas de suintement
contre-indiquant l’obturation canalaire), la perforation doit être obturée. Le traitement des
canaux sera alors achevé lors d’une séance ultérieure.
VERMOREL (CC BY-NC-ND 2.0)
24
IV.5.2 Perforations du tiers coronaire et du tiers moyen
Si la perforation est supracrestale, elle sera intégrée dans la restauration, après
élongation coronaire, afin de recréer un espace biologique si nécessaire.
Si la perforation est en communication avec le sulcus, l’intervention par abord coronaire avec
utilisation du MTA® n’est pas le traitement de choix, car le matériau, exposé à
l’environnement oral, sera délité.
Si la perforation est infracrestale, et sans communication avec le sulcus, elle doit être obturée
par voie coronaire avec du ProRoot MTA®.
Le choix de la procédure dépend de la dimension de la perforation, de sa localisation, de la
présence ou non d’un ancrage radiculaire. Le canal est dans un premier temps localisé, mis en
forme et nettoyé. La perforation est également nettoyée si nécessaire (fig.23, 24)
Fig.23. Radiographie préopératoire d’une prémolaire mandibulaire présentant une
perforation vestibulaire au niveau du tiers moyen de la racine, avec dépassement de matériau
d’obturation dans le parodonte.
Pertot WJ. Perforation : possibilités actuelles de traitement
L’information dentaire 2010;22:109-116
VERMOREL (CC BY-NC-ND 2.0)
25
Fig.24. Après réajustage de la cavité d’accès et élimination du matériau d’obturation du
trajet de la perforation (flèche rouge), le canal en position linguale (flèche bleue) a été
retrouvé puis mis en forme et nettoyé.
Pertot W.J. Perforation : possibilités actuelles de traitement
L’information dentaire 2010;22:109-116
Après le séchage du canal, le cône de gutta préalablement ajusté au niveau apical est enduit de
ciment et inséré dans le canal (fig.25), sectionné sous le niveau de la perforation, puis
compacté, assurant ainsi l’obturation de la partie apicale du canal (fig. 26).
Fig.25. Un cône de gutta est ajusté au niveau apical
Pertot W.J. Perforation : possibilités actuelles de traitement
L’information dentaire 2010;22:109-116
VERMOREL (CC BY-NC-ND 2.0)
26
.
Fig.26. Après séchage du canal, le cône de gutta est enduit ciment de scellement, sectionné
plus bas que le niveau de la perforation et compacté à chaud.
Pertot W.J. Perforation : possibilités actuelles de traitement
L’information dentaire 2010;22:109-116
Le ProRoot MTA®
est déposé dans la perforation (fig.27), et délicatement amené au contact
des tissus parodontaux, soit avec un fouloir, soit avec un cône de papier utilisé à l’envers (fig.
28). Comme lors de l’obturation d’une perforation du plancher, le but n’est pas d’obtenir une
étanchéité en compactant le matériau comme s’il s’agissait de gutta percha, mais de l’amener
au contact des tissus. La manœuvre est répétée avec une ou deux doses supplémentaires de
matériau jusqu’à obturation complète de la perforation, ce qui peut être vérifié par une
radiographie de contrôle (fig 29 et 30).
Fig.27. Après séchage de la perforation à l’aide d’un cône en papier stérile dont la pointe a
été émoussée, le MTA est déposé dans la perforation avec le MTA Gun.
Pertot W.J. Perforation : possibilités actuelles de traitement
L’information dentaire 2010;22:109-116
VERMOREL (CC BY-NC-ND 2.0)
27
Fig.28. Le MTA est amené au contact des tissus à l’aide d’un fouloir de condensation
verticale et légèrement tassé.
Pertot W.J. Perforation : possibilités actuelles de traitement
L’information dentaire 2010;22:109-116
Fig.29. Radiographie postopératoire immédiate.
Pertot W.J. Perforation : possibilités actuelles de traitement
L’information dentaire 2010;22:109-116
VERMOREL (CC BY-NC-ND 2.0)
28
Fig.30. Radiographie de contrôle 18 mois postopératoires.
Noter la disparition d’une partie du ciment de scellement ayant dépassé dans le parodonte.
Pertot W.J. Perforation : possibilités actuelles de traitement
L’information dentaire 2010;22:109-116
IV.5.3 Perforations du tiers apical
Le traitement par voie coronaire des perforations localisées dans le tiers apical de la
racine est techniquement difficile.
En effet, la perforation est souvent le résultat d’une butée mal négociée et l’instrument se
trouve guidé par la trajectoire de la perforation, dans laquelle il a tendance à se placer plus
facilement que dans le canal. Néanmoins ces perforations sont souvent de faible diamètre
comparées aux perforations coronaires.
En fonction de son diamètre, une perforation apicale, peut être traitée soit comme un canal
latéral, soit comme un canal supplémentaire. Dans les deux cas, le vrai canal est recherché en
précourbant une lime manuelle en acier de petit diamètre. Une fois retrouvé et perméabilisé,
le canal est mis en forme sur toute sa hauteur et nettoyé sous irrigation abondante.
Si la perforation est de très faible diamètre, seul le canal principal préparé sera obturé. La
perforation, quant à elle, sera obturée par les pressions hydrauliques lors de l’obturation du
canal principal, à l’instar d’un canal latéral.
Si la perforation est d’un diamètre plus important, la longueur de la perforation sera mesurée
et le faux canal sera mis en forme et obturé comme s’il s’agissait d’un canal supplémentaire.
Si le canal initial ne peut pas être négocié, la longueur de la perforation est mesurée à l’aide
d’un localisateur d’apex, préparée et obturée, comme s’il s’agissait d’un canal normal.
VERMOREL (CC BY-NC-ND 2.0)
29
Une intervention chirurgicale avec obturation canalaire a retro peut être indiquée dans un
second temps si une évolution clinique ou radiologique défavorable est manifeste.
IV.5.4 Perforation par « stripping »
Le « stripping » est une perforation latérale, généralement interradiculaire, provoquée
par l’abrasion de la paroi radiculaire lors des manœuvres instrumentales.
La destruction dentinaire ressemble à une déchirure ovalaire, avec des parois irrégulières et
fines. En l’absence de traitement, la destruction progressive de l’os alvéolaire interradiculaire
est inévitable et conduit à la perte de la dent à plus ou moins long terme.
La tentative de traitement peut se résumer comme suit : le canal est obturé, en ajustant un
cône de gutta au niveau apical et en le sectionnant sous le niveau du stripping, puis en le
compactant. Le reste du canal, ainsi que le « stripping » sont obturés au ProRoot MTA®.
V.La Biodentine®
(41), (42), (43)
Dernier né des ciments à base de silicate de calcium, la Biodentine® possède des
propriétés mécaniques similaires à la dentine.
Après dix années de recherches, elle a été créée pour pallier les inconvénients de l’hydroxyde
de calcium, « gold standard » des matériaux odontologiques.
V.1 Composition (41)
Comme la plupart des matériaux, la Biodentine® se présente en deux parties : une
poudre encapsulée et un liquide contenu dans un flacon unidose.
Exprimé en pourcentage pondéral, la poudre se compose de 70% de silicate tricalcique
((CaO)3SiO2 abrégé C3S), de plus de 10% de carbonate de calcium (CaCO3) et de plus de 5%
d’oxyde de zirconium (ZrO2). Ce dernier servant de radio-opacifiant.
Le liquide comporte pour sa part plus de 15 % de chlorure de calcium utilisé comme
accélérateur de prise, et de l’eau, servant au transport des espèces ionisés.
En somme, la Biodentine® est un silicate de calcium hydraté se différenciant en cela de la
dentine composée elle de phosphate de calcium (Ca10(PO4)6(OH)2).
Autre différence majeure de la Biodentine® est son absence d’alumino-silicates présent dans
les autres ciments comme ProrootM.T.A®. On reviendra plus tard sur l’intérêt de cette
différence.
VERMOREL (CC BY-NC-ND 2.0)
30
V.2 Propriétés physiques (86)
La mise au point de ce biomatériau a nécessité le développement d’une nouvelle
technologie, l’Active Biosilicate Technology, qui correspond à une maîtrise parfaite des
compositions, des structures minérales et de la granulométrie des composants de base lui
permettant ainsi d’atteindre des propriétés physico-chimiques élevées.
D’ après les travaux de Richard.G Université Denis Diderot Paris 7, la Biodentine®
doit avoir
des propriétés mécaniques en laboratoire bien précises. On retrouve notamment :
Une microdureté à 90 HVN à 1 mois
Porosité diminuant avec le temps
Une flexion 3 points à 34,5Mpa dès 2h de pose
Une étanchéité très satisfaisantes quel que soit traitement de surface, avec préférence
pour les systèmes adhésifs auto-mordançant à solvant éthanol-eau.
Apparition d’un « mineral tag » sorte de croissance cristalline au sein des tubules
dentaires augmentant les valeurs d’adhésion et d’étanchéité.
Les principales propriétés mécaniques de la Biodentine® sont proches de celles de la dentine
que voici:
Module d’élasticité : 18,3 GPa
Résistance en traction : 98,7 MPa
Résistance à la compression : 297MPa
Dureté : 90 HVn
La prise rapide de la Biodentine®
est un de ses atouts majeurs. Elle est due entre autre à un
accélérateur de prise inclut dans liquide de reconstitution, et par son absence d’alumino -
silicates dans sa composition (cf V.1).
En dernier lieu, nous évoquerons en détail sa résistance à la dissolution.
V.2.1 Résistance à la dissolution (41)
Une des principales propriétés, qui détermine la durabilité des ciments dans la cavité
orale, est la résistance à la dissolution et à la désintégration en milieu acide et salivaire.
La cavité buccale peut avoir des conditions de pH acide liées à l’ingestion de nourriture acide
ou bien à la suite de la désintégration de ces aliments (notamment polysaccharides) par les
bactéries de la plaque dentaire.
L’équipe du Dr J. Dejou et I. About de la faculté de Marseille a mesurée l'érosion de la
Biodentine®, selon la norme ISO 9917 modifiée par Nomoto et coll (Dent Mater 2001; 2003),
dans une solution d'acide (pH 2,74), mais également dans un milieu salivaire reconstitué
défini par Fusayama et modifié par Meyer (pH 5,3). Ils ont mesuré la perte de hauteur du
VERMOREL (CC BY-NC-ND 2.0)
31
ciment régulièrement pendant 7 jours sur les échantillons placés dans des moules en PMMA
avec des dimensions définies.
Les concentrations en Si, Ca, Zr et carbonate inorganique relarguées ont été mesurées dans la
solution pendant 4 semaines afin d'étudier l'éventualité d'une dissolution du ciment. Puis sa
surface a été examinée au microscope à balayage à la fin de cette période.
Durant toute la durée de l'expérimentation, le ciment s’est érodé de façon quasi linéaire
(Fig.31) avec au bout de 7 jours une profondeur érodée moyenne de 209 μm.
Comparé aux résultats rapportés dans la littérature avec d’autres ciments de restauration à
base d’eau, tel que le Fuji II®
et le Ketac Fil®, on constate que le Biodentine
® est celui qui
présente la plus faible érosion (Nomoto et McCabe ; Dent Mater 2001).
Fig.31. Comparaison de la profondeur d'érosion acide du Biodentine® et de 2 CVI.
Colon P, Dejou.J, Grosgogeat.B.et col. Biodentine®: vers une dentine synthétique en
capsule. Le cercle dentaire. 2010;42 :4-7
Aucune érosion n'a été constatée en milieu salivaire reconstitué.
Au contraire, une augmentation de la hauteur du ciment, correspondant à la formation d'un
dépôt à sa surface a été observée. Mais celle-ci n’est pas régulière dans le temps (Fig.32).
VERMOREL (CC BY-NC-ND 2.0)
32
Fig.32. Évolution de la hauteur du Biodentine®
(μm) en fonction de la durée d'incubation
dans la salive reconstituée.
Colon P, Dejou.J, Grosgogeat.B.et col. Biodentine®: vers une dentine synthétique en
capsule. Le cercle dentaire. 2010;42 :4-7
En présence d'un milieu salivaire reconstitué, aucune érosion n'est obtenue mais un dépôt de
cristaux ayant la composition d'apatites est observé à la surface du Biodentine®. Ce dépôt de
cristaux d'apatites peut jouer un rôle important en améliorant l'étanchéité des restaurations en
milieu salivaire.
V.3 Propriétés chimiques
V.3.1 Propriété anti bactérienne (41)
Grosgogeat.B Université de Lyon 1 a réalisé une étude sur l’influence de ces variations
sur la croissance de souches bactériennes représentatives de la sphère orale.
L’étude est multicentrique randomisé sur 232 cas avec un témoin qui est la résine Z100.
Matériel et méthodes :
Des pastilles de ciments verre ionomère (Ionofil Molar AC Quick®, Ketac-Fil Plus
Aplicaps®), de ProRootMTA
® et de Biodentine
® sont préparées.
Cinq souches bactériennes fournies par l’Institut Pasteur ont été retenues : Streptococcus
mutans, Enterococcus faecalis, Actinomyces naeslundii, Lactobacillus casei et Fusobacterium
nucleatum. L’activité antibactérienne est étudiée par des tests d’inhibition de croissance en
gélose et en milieu liquide.
Dans le premier cas, la pastille est déposée dans une gélose ensemencée et le diamètre
d’inhibition autour du matériau est relevé après 24 à 72h d’incubation à 37°C.
VERMOREL (CC BY-NC-ND 2.0)
33
Dans le second cas, la pastille est immergée dans une suspension bactérienne, des
prélèvements sont effectués à 4 et 24h puis placés en gélose afin de procéder au comptage
des « unités formant colonies »
Résultats :
L’inhibition en gélose (voir fig.33) montre que tous ces ciments sont actifs sur A. naeslundii.
En revanche, les CVI sont antibactériens sur F. nucleatum tandis que les ciments calciques le
sont sur L.casei (Fig. 1).
Aucun effet sur E. faecalis et S. mutans n’a été relevé.
Les tests d’inhibition de croissance en milieu liquide montrent qu’aucun des ciments étudiés
n’est biocide. Il est observé un effet sur la croissance de l’ensemble des souches bactériennes
pendant 4h mais qui n’est pas prolongé jusqu’à 24h, excepté pour L.casei.
Fig.33. Test de diffusion en gélose
Colon P, Dejou.J, Grosgogeat.B.et col. Biodentine®: vers une dentine synthétique en
capsule. Le cercle dentaire. 2010;42 :4-7
VERMOREL (CC BY-NC-ND 2.0)
34
Discussion/ Conclusion :
Les résultats permettent de s’orienter vers un effet pH-dépendant sur certaines souches
bactériennes.
V.4 Préparation de Biodentine® et indications cliniques (42)
V.4.1. Préparation de la Biodentine®
Biodentine®, commercialisée par les laboratoires Septodont et Zizine, se présente sous
la forme d’une capsule contenant une poudre, et d’un flacon unidose contenant le liquide.
La poudre est malaxée avec le liquide dans la capsule à l’aide d’un vibreur pendant 30
secondes.
Une fois mélangée, Biodentine® durcit en 12 minutes.
La consistance de Biodentine® rappelle celle d’un ciment oxy-phosphate de zinc.
V.4.2. Indications de Biodentine®
Biodentine® peut être utilisée aussi bien dans la couronne que dans les racines en tant
que dentine de substitution.
En endodontie, elle permet de réparer les perforations des parois canalaires ou du plancher,
d’obturer les résorptions externes ou internes, de réaliser l’apexification des dents immatures
en une visite et réaliser des obturations canalaires a retro en chirurgie endodontique.
En résumé, Biodentine®
est à la fois une dentine de substitution et un ciment destiné à
conserver la vitalité pulpaire et à stimuler la formation de tissu calcifié (dentine réactionnelle
ou de dentine réparatrice).
Différentes études cliniques sont en cours d’évaluation, c’est donc sur des cas cliniques que
nous devons nous appuyer pour le moment afin de vérifier les compétences de Biodentine®.
V.5 Cas clinique (43)
V.5.1.Introduction
Proposés initialement pour l’obturation des cavités rétrogrades en chirurgie
endodontique avec le MTA®, les ciments aux silicates de calcium sont progressivement
devenus les matériaux de premier choix pour le remplacement de tout type de perte de
substance dentinaire mettant en communication le système canalaire et le ligament
parodontal.
VERMOREL (CC BY-NC-ND 2.0)
35
Les principaux inconvénients de cette classe de matériaux étaient jusqu’à présent leur
cinétique de prise lente et une réelle difficulté de manipulation qui compliquaient la
réalisation d’actes déjà techniquement difficiles.
Le ciment Biodentine®
s’inscrit dans une démarche de simplification des procédures
cliniques. La modification de la composition de la poudre, l’adjonction d’accélérateur de prise
et de plastifiant dans la solution de mélange, ainsi que la présentation en capsule prédosée à
mélanger en vibreur contribuent à l’amélioration des propriétés mécaniques initiales de cette
classe de matériau et à faciliter sa manipulation.
V.5.2.Réparation d’une perforation iatrogène du plancher pulpaire au cours d’un
retraitement
Ces applications cliniques sont réalisées d’après les travaux de Bronnec F.
Biodentine® pour le traitement des perforations, l'apexification et l'obturation a retro.
Information dentaire.2012 ;7:20-24
Une patiente consulte pour avis à la suite d’une complication survenue au cours d’une
tentative de retraitement.
La dent n° 26 présente une symptomatologie desmodontale et la radiographie (fig.34 et 35)
montre des lésions apicales au niveau des racines mésio-vestibulaire et palatine en rapport
avec un précédent traitement de qualité insuffisante, ainsi qu’une image radio-claire au niveau
de la furcation sans perte d’attache associée.
Le délabrement coronaire étant important, l’obturation provisoire est déposée pour évaluer la
valeur des structures résiduelles.
Le diagnostic d’une perforation iatrogène du plancher pulpaire est posé à ce stade.
En accord avec la patiente, il est décidé de tenter la conservation de la dent en réparant la
communication endo-parodontale.
Le retraitement est réalisé en deux visites avec mise en place d’une médication intra-canalaire
en inter séance.
Après désobturation et préparation canalaire, le site de la perforation est nettoyé avec des
inserts ultrasonores et une obturation canalaire à l’hydroxyde de calcium est mise en place
afin de réduire l’inflammation parodontale.
Sept jours plus tard, la dent est asymptomatique et le séchage des canaux peut être réalisé.
Il est décidé de débuter la séance par la réparation de la perforation en raison du risque de
contaminer celle-ci avec le ciment endodontique lors de l’obturation canalaire.
Les orifices canalaires sont isolés à l’aide de boulettes de coton puis la perte de substance
dentinaire est obturée avec deux apports de Biodentine® à l’aide d’un porte amalgame. Le
matériau est adapté à la cavité avec une boulette de coton sans compression.
Après durcissement, les excès sont éliminés avec une curette avant de retirer les boulettes de
coton et de terminer l’obturation canalaire dans la même séance.
VERMOREL (CC BY-NC-ND 2.0)
36
À la fin de celle-ci, le matériau complètement dur est retouché à la fraise pour recréer la
forme convexe du plancher pulpaire en vue de la future reconstitution corono-radiculaire (voir
fig 36).
La bague de cuivre est déposée et remplacée par une coiffe métallique provisoire scellée au
CVI. À trois mois (voir fig.37), la dent est asymptomatique cliniquement et la radiographie
objective la guérison des lésions apicales et de la furcation.
Fig.34. Radiographie initiale.
Bronnec F. Biodentine® pour le traitement des perforations, l'apexification et l'obturation a
retro. Information dentaire.2012 ;7:20-24
Fig 35. Vue sous microscope du site de la perforation.
Bronnec F. Biodentine® pour le traitement des perforations, l'apexification et l'obturation a
retro. Information dentaire.2012 ;7:20-24
Fig 36. Réparation de la perforation avant obturation canalaire.
VERMOREL (CC BY-NC-ND 2.0)
37
Bronnec F. Biodentine® pour le traitement des perforations, l'apexification et l'obturation a
retro. Information dentaire.2012 ;7:20-24
Fig.37. Radiographie à 3 mois montrant la cicatrisation en cours des lésions.
Bronnec F. Biodentine® pour le traitement des perforations, l'apexification et l'obturation a
retro. Information dentaire.2012 ;7:20-24
V.5.3.Réparation d’une perforation récente survenue au cours du traitement endodontique
initial d’une dent nécrosée (43)
Un patient consulte en urgence sur le conseil de son chirurgien-dentiste traitant qui ne
comprend pas l’origine d’un saignement survenu au cours de la recherche du canal mésio-
vestibulaire sur une 47.
La dent n’est pas symptomatique, le sondage du sulcus est normal. L’examen des
radiographies (voir fig.38) montre une image de lésion apicale, la fusion des racines mésiale
et distale de cette seconde molaire laisse suggérer une configuration canalaire en forme de « C
».
Après retrait de l’obturation provisoire et reconstitution coronaire pré-endodontique, la cavité
d’accès est réaménagée afin de visualiser les orifices canalaires : le diagnostic d’une
perforation accidentelle du plancher est posé (voir fig.39). La dent étant peu délabrée, il est
décidé de réaliser la préparation canalaire complète du système endodontique avant de gérer
la communication endo-parodontale.
Le site de la perforation, étant à distance des orifices canalaires, il a été choisi d’obturer le
système endodontique avant de réparer la perte de substance dentinaire. Un apport de
Biodentine® a été mis en place au porte-amalgame et adapté contre la paroi à l’aide d’une
boulette de coton (voir fig 40). Après durcissement, les excès ont été éliminés à la curette, la
cavité d’accès obturée sur 3 mm avec un CVI recouvert d’un composite. Une radio de
contrôle a été effectuée 1 an plus tard pour vérifier la guérison de la lésion (voir fig 41).
VERMOREL (CC BY-NC-ND 2.0)
38
Fig.38. Radiographie initiale montrant une lésion parodontale d’origine endodontique
Bronnec F. Biodentine® pour le traitement des perforations, l'apexification et l'obturation a
retro. Information dentaire.2012;7:20-24
Fig.39. Vue sous microscope opératoire du site de la perforation.
Bronnec F. Biodentine® pour le traitement des perforations, l'apexification et l'obturation a
retro. Information dentaire.2012;7:20-24
VERMOREL (CC BY-NC-ND 2.0)
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Fig.40.Vue sous microscope du matériau en place après durcissement et radiographie de
contrôle.
Bronnec F. Biodentine® pour le traitement des perforations, l'apexification et l'obturation a
retro. Information dentaire.2012;7:20-24
Fig.41. Radiographie de contrôle à 1 an montrant la guérison de la lésion initiale (la dent de
sagesse en désinclusion aurait dû être extraite, la restauration coronaire d’usage n’est
toujours pas en place).
Bronnec F. Biodentine® pour le traitement des perforations, l'apexification et l'obturation a
retro. Information dentaire.2012;7:20-24
VERMOREL (CC BY-NC-ND 2.0)
40
VI. Conclusion
Ainsi, après l’étude de ces trois matériaux, nous pouvons dire que l’hydroxyde de
calcium est le matériau le plus ancien avec le recul clinique le plus important.
Le M.T.A®, à base de silicate de calcium, utilisé depuis plus de vingt ans présente également
un bon recul scientifique et clinique confirmant sa biocompatibilité.
Dernier né de ces biomatériaux, la Biodentine® a en revanche peu de recul scientifique mais
présente des résultats cliniques encourageants.
Tous ces matériaux ont leurs points forts et leurs faiblesses. C’est pour cela que leur
utilisation correspond à des indications endodontiques précises.
La première propriété indispensable à un bon biomatériau est son effet anti-bactérien :
L’hydroxyde de calcium a une action anti bactérienne étudiée et efficace de 7 à 14
jours, entrainant une disparition quasi complète des bactéries anaérobies et provoquant
un recul significatif d’E. faecalis. C’est le matériau de référence en cas de risque
infectieux majeur.
Le M.T.A®
, par l’élévation du pH environnemental qu’il provoque, possède
également une activité anti-bactérienne, celle-ci reste cependant limitée aux bactéries
facultatives son action est donc moins importante que celle de l’hydroxyde de calcium
La Biodentine® possède des effets bactéricides notamment sur A. naeslundii et L.
Casei mais aucune sur E. faecalis, la plus virulentes de toutes.
On en conclu alors que pour les perforations engendrant une infection importante, le praticien
doit obligatoirement passer par une étape utilisant l’hydroxyde de calcium afin de contrer le
plus possible celle-ci.
Secondairement, l’étanchéité, autre propriété principale, est inégale sur ces trois matériaux :
L’hydroxyde de calcium ne dure pas dans le temps, il devient friable et poreux
induisant ainsi un réensemencement bactérien.
Le M.T.A®
présente quant à lui une étanchéité très bonne due à sa faible expansion en
milieu humide.
La Biodentine® est la plus étanche des 3 puisqu’un dépôt d’apatite se forme à sa
surface.
Donc pour un effet durable dans le temps, le praticien doit s’orienter sur l’utilisation de la
Biodentine® ou du M.T.A
®.
Enfin, la manipulation par le praticien joue un rôle prépondérant dans le choix d’un matériau.
Ces trois matériaux sont tous différents et on observe une réelle évolution pour l’amélioration
de leur manipulation et de leur temps de prise.
VERMOREL (CC BY-NC-ND 2.0)
41
L’hydroxyde de calcium est facile à insérer dans les canaux via un embout applicateur
fournit avec la seringue ou grâce à un Lentulo®. Son utilisation nécessite plusieurs
séances répartie sur 3 à 24 mois.
Le M.T.A®
est lui un peu plus contraignant car le praticien ne dispose que de 5 min
après reconstitution pour l’insérer dans les canaux et son temps de durcissement est
généralement de 3h. Ce matériau s’utilise avec des instruments qui lui sont propres.
La Biodentine® est de prise plus rapide (environ 12 min) permettant d’obturer la dent
en une séance. Sa manipulation est plus simple que le M.T.A® et n’a pas besoin
d’instruments spécifiques
Dans le cadre de traitement de perforations du tiers apical, du tiers moyen et du tiers
coronaires, le M.T.A® et la Biodentine
® sont tous les deux recommandés car ils ont une
efficacité prouvée et supérieur à l’hydroxyde de calcium. Seule leur différence de
manipulation permettra au praticien de choisir entre ces deux matériaux.
Au final, on observe qu’aucun de ces trois matériaux ne surpasse l’autre mais qu’il est
préférable de les prendre dans leur ensemble, de les utiliser comme complément les uns des
autres en fonction de la situation clinique.
Tableau récapitulatif
Hydroxyde Calcium M.T.A® Biodentine®
Temps de manipulation
Supérieur aux autres pour tous les types de perforations
Etanchéité et érosion Efficace pour toutes les perforations
Efficace pour toutes les perforations
Temps de prise Supérieur aux autres pour tous les types de perforations
Action anti bactérienne
Pour un traitement préalable à tous types de perforations présentant une infection
Efficace sur un plus grand nombre de bactéries pour tous les types de perforations
Recule scientifique Efficacité prouvée sur toutes les perforations
VERMOREL (CC BY-NC-ND 2.0)
42
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VERMOREL (CC BY-NC-ND 2.0)
N° 2015 LYO 1D 014
VERMOREL Benoit– Les matériaux dans le traitement des perforations : M.T.A®, Biodentine
®,
Hydroxyde de calcium (Thèse : Chir. Dent. : Lyon : 2015.014) N°2015 LYO 1D 014
Les matériaux utilisés dans le traitement des perforations dentaires sont aux nombres de trois.
L’hydroxyde de calcium qui a le recul clinique le plus important, le M.T.A® qui a cherché à combler
les principaux inconvénients de l’hydroxyde de calcium et la Biodentine®
dernier né des ciments à base
de silicate de calcium qui possède des propriétés mécaniques similaires à la dentine. Ces trois matériaux
possèdent des propriétés physiques et chimiques différentes qui leur permettront, en fonction des
situations, de soigner les différentes perforations dentaires.
Rubrique de classement : ODONTOLOGIE
CONSERVATRICE
Mots clés :
-Hydroxyde de calcium
-Biodentine
-M.T.A
Mots clés en anglais :
-Calcium Hydroxide
-Biodentine
-M.T.A
Jury :
Président : Assesseurs :
Monsieur le Professeur Jean-Christophe FARGES Monsieur le Docteur Jean-Pierre FUSARI Monsieur le Docteur Thierry SELLI Monsieur le Docteur Alexis GOUJAT
Adresse de l’auteur :
VERMOREL Benoit 7 impasse Gabriel Faure 42230 ROCHE LA MOLIERE
VERMOREL (CC BY-NC-ND 2.0)