contextualiser la valeur de l'entreprise a l'aide des

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HAL Id: halshs-00581184 https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-00581184 Submitted on 30 Mar 2011 HAL is a multi-disciplinary open access archive for the deposit and dissemination of sci- entiïŹc research documents, whether they are pub- lished or not. The documents may come from teaching and research institutions in France or abroad, or from public or private research centers. L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est destinĂ©e au dĂ©pĂŽt et Ă  la diïŹ€usion de documents scientiïŹques de niveau recherche, publiĂ©s ou non, Ă©manant des Ă©tablissements d’enseignement et de recherche français ou Ă©trangers, des laboratoires publics ou privĂ©s. CONTEXTUALISER LA VALEUR DE L’ENTREPRISE A L’AIDE DES INFORMATIONS FINANCIERES Charlotte Disle To cite this version: Charlotte Disle. CONTEXTUALISER LA VALEUR DE L’ENTREPRISE A L’AIDE DES INFOR- MATIONS FINANCIERES. ComptabilitĂ© et Connaissances, May 2005, France. pp.CD-Rom. halshs- 00581184

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Page 1: CONTEXTUALISER LA VALEUR DE L'ENTREPRISE A L'AIDE DES

HAL Id: halshs-00581184https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-00581184

Submitted on 30 Mar 2011

HAL is a multi-disciplinary open accessarchive for the deposit and dissemination of sci-entific research documents, whether they are pub-lished or not. The documents may come fromteaching and research institutions in France orabroad, or from public or private research centers.

L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, estdestinĂ©e au dĂ©pĂŽt et Ă  la diffusion de documentsscientifiques de niveau recherche, publiĂ©s ou non,Ă©manant des Ă©tablissements d’enseignement et derecherche français ou Ă©trangers, des laboratoirespublics ou privĂ©s.

CONTEXTUALISER LA VALEUR DEL’ENTREPRISE A L’AIDE DES INFORMATIONS

FINANCIERESCharlotte Disle

To cite this version:Charlotte Disle. CONTEXTUALISER LA VALEUR DE L’ENTREPRISE A L’AIDE DES INFOR-MATIONS FINANCIERES. ComptabilitĂ© et Connaissances, May 2005, France. pp.CD-Rom. ïżœhalshs-00581184ïżœ

Page 2: CONTEXTUALISER LA VALEUR DE L'ENTREPRISE A L'AIDE DES

CONTEXTUALISER LA VALEURDE L’ENTREPRISE A L’AIDE DESINFORMATIONS FINANCIERES

Charlotte DISLE, Docteur, ATER, UniversitĂ© Pierre MendĂšs France, CERAG, UMR 5820,150 rue de la chimie, BP47 38040 GRENOBLE CEDEX 09, [email protected]Ă©sumĂ©

La prise en compte du contexte de l’entreprise

permet de rendre compte des conditions de

pertinence des chiffres comptables en matiĂšre

d’évaluation. La prĂ©sente recherche propose de

considérer et de mesurer le niveau technologique,

les opportunités de croissance et les phases du cycle

de vie Ă  partir des informations financiĂšres.

Mots clés

Chiffres comptables, approche contextuelle, valeur,

niveau technologique, opportunités de croissance,

phases du cycle de vie, analyse factorielle,

indicateurs, normes comptables

Abstract

The consideration of the firm contextual informs on

the condition of the value relevance of accounting

information. This research investigates to take the

technical level, the growth opportunity and the life

cycle stage into account by accounting information.

Key words

Accounting information, contextual approach,

value, technical level, growth opportunity, life cycle

stage, factoring analysis, proxy, accounting

standards

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CONTEXTUALISER LA VALEURDE L’ENTREPRISE A L’AIDE DESINFORMATIONS FINANCIERES

Charlotte DISLE, Docteur, ATER, UniversitĂ© Pierre MendĂšs France, CERAG, UMR 5820,150 rue de la chimie, BP47 38040 GRENOBLE CEDEX 09, [email protected]Ă©sumĂ©

La prise en compte du contexte de l’entreprise

permet de rendre compte des conditions de

pertinence des chiffres comptables en matiĂšre

d’évaluation. La prĂ©sente recherche propose de

considérer et de mesurer le niveau technologique,

les opportunités de croissance et les phases du cycle

de vie Ă  partir des informations financiĂšres.

Mots clés

Chiffres comptables, approche contextuelle, valeur,

niveau technologique, opportunités de croissance,

phases du cycle de vie, analyse factorielle,

indicateurs, normes comptables

Abstract

The consideration of the firm contextual informs on

the condition of the value relevance of accounting

information. This research investigates to take the

technical level, the growth opportunity and the life

cycle stage into account by accounting information.

Key words

Accounting information, contextual approach,

value, technical level, growth opportunity, life cycle

stage, factoring analysis, proxy, accounting

standards

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Un des rĂŽles de la comptabilitĂ© est d’informer sur la valeur de l’entreprise. Cependant, lalittĂ©rature souligne la faiblesse de la pertinence1 des chiffres comptables. Une nouvelle voie derecherche consistant Ă  considĂ©rer le contexte des entreprises peut permettre de mieuxapprĂ©hender la situation de la firme Ă  l’aide des Ă©tats financiers. La prĂ©sente recherche dĂ©finitet examine l’intĂ©rĂȘt d’une approche contextuelle. De plus, cette Ă©tude essaie d’offrir unesolution concrĂšte pour dĂ©finir des indicateurs du contexte. Il n’y a pas de vĂ©ritables bases dedonnĂ©es ni de consensus pour dĂ©finir les Ă©lĂ©ments contextuels. Nous proposons de lesapprĂ©hender Ă  l’aide des chiffres comptables car ceux-ci prĂ©sentent une informationdisponible et fiable. La premiĂšre section de l’étude tente de rĂ©pondre aux questions suivantes :Pourquoi contextualiser la valeur de l’entreprise ; en quoi consiste une approche contextuelleet quels Ă©lĂ©ments contextuels considĂ©rer ? La deuxiĂšme section prĂ©sente des mĂ©thodologiespermettant de dĂ©finir empiriquement les Ă©lĂ©ments contextuels suivants : le niveautechnologique, les opportunitĂ©s de croissance et les phases du cycle de vie.`

1.Pourquoi contextualiser la valeur de l’entreprise ?

1.1 Principes d’une approche contextuelle

Nous pensons que les chiffres comptables ne peuvent constituer une source d’informationspertinentes quelles que soient les caractĂ©ristiques des entreprises qui les publient. En outre, ilapparaĂźt difficile qu’un systĂšme d’information gĂ©nĂ©ral puisse reflĂ©ter avec le mĂȘme degrĂ© depertinence toutes les rĂ©alitĂ©s des entreprises. L’approche contextuelle propose d’intĂ©grer lesĂ©lĂ©ments caractĂ©ristiques de l’entreprise et de son environnement. La prise en compte ducontexte doit permettre de rendre compte des conditions de pertinence des chiffres comptablesen matiĂšre d’évaluation. L’approche contextuelle correspond Ă  une nouvelle voie de rechercheproposĂ©e par la littĂ©rature sur la pertinence des chiffres comptables et Ă  une approche dĂ©jĂ exploitĂ©e par d’autres compartiments des sciences de gestion. De plus, elle permet deconsidĂ©rer l’entreprise en tant qu’entitĂ© Ă©conomique et rĂ©alitĂ© complexe.

1.1.1 Une voie de recherche reconnue

Comme nous l’avons soulignĂ©, les Ă©tudes apprĂ©ciant la pertinence des chiffres comptablesaffichent en gĂ©nĂ©ral des rĂ©sultats modestes. LEV (1989) soulevait dĂ©jĂ  cette interrogation et sedemandait si ces faibles rĂ©sultats provenaient de problĂšmes d’ordre mĂ©thodologique ou de lanon-pertinence des variables envisagĂ©es. A la mĂȘme pĂ©riode, PATELL (1989) indiquaitclairement, que « l’erreur de mesure est fortement contextuelle »2. Les derniĂšres revues delittĂ©rature examinant les perspectives de recherches en comptabilitĂ© proposent de considĂ©rer lecontexte des entreprises pour amĂ©liorer la relation entre les chiffres comptables et la valeur.Ainsi, KOTHARI (2001) suggĂšre que les nouvelles recherches doivent :- ApprĂ©cier les dĂ©terminants Ă©conomiques comme la concurrence, la technologie,

l’efficacitĂ© du gouvernement d’entreprise, les politiques de rĂ©munĂ©ration et d’incitations ;

1 Nous entendons la notion de pertinence selon l’acceptation anglo-saxonne (value relevance). L’étude de lapertinence consiste Ă  examiner si les informations comptables prĂ©sentent une relation significative avec la valeurde l’entreprise.2 « (
) the term « measurement error » is highly contextual » (PATELL, 1989)

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- Analyser les dĂ©terminants du processus autorĂ©gressif (LIM)3 en considĂ©rant lescaractĂ©ristiques de l’entreprise, les caractĂ©ristiques de l’industrie d’appartenance, lesvariables macroĂ©conomiques et les variables institutionnelles internationales.

De mĂȘme, BEAVER (2002) souligne des perspectives de recherche dans la mĂȘme voie. Il meten Ă©vidence l’apport de la prise en compte du contexte pour l’étude empirique du modĂšle deFELTHAM et OHLSON (1995) et plus gĂ©nĂ©ralement pour la relation entre les chiffrescomptables et la valeur. « Les Ă©tudes empiriques appliquĂ©es au modĂšle de FELTHAM etOHLSON appliquent souvent une thĂ©orie comptable contextuelle (
) pour Ă©tablir lesprĂ©visions empiriques. Une telle richesse contenue dans le contexte peut aider Ă  complĂ©terune partie des informations omises par les reprĂ©sentations parcimonieuses du modĂšle deFELTHAM et OHLSON. Lorsqu’est adjointe l’approche contextuelle, la combinaison de lamodĂ©lisation parcimonieuse et de la richesse contenue dans le contexte fournit une base richepour les tests empiriques. »4. Il ajoute que : « les fondements thĂ©oriques des recherches sur lapertinence des informations comptables est une combinaison d’une thĂ©orie d’évaluation etd’élĂ©ments comptables contextuels qui permettent aux chercheurs de prĂ©dire comment lesvariables comptables sont reliĂ©es Ă  la valeur marchande des titres. (
) Les modĂšlesd’évaluation constituent la moitiĂ© du travail. Les Ă©tudes sur la pertinence des chiffrescomptables intĂšgrent typiquement les Ă©lĂ©ments comptables contextuels pour prĂ©dire larelation entre les variables comptables et la valeur de marchĂ©. »5. Enfin, il indique que« bien que l’absence de cadre gĂ©nĂ©ral comptable puisse heurter certains chercheurs (oud’autres), les chercheurs peuvent utiliser des informations contextuels comptables afind’amĂ©liorer la prĂ©vision de la relation valeur - chiffres comptables »6.Enfin, DUMONTIER et RAFFOURNIER (2002) font le mĂȘme constat au niveau desrecherches europĂ©ennes. Ces auteurs soulignent que les derniĂšres recherches en comptabilitĂ©proposent de :- Prendre en compte l’influence d’autres informations afin de dĂ©finir les conditions dans

lesquelles les entreprises crĂ©eront des richesses futures. Par exemple, des approchesconditionnelles prĂ©sentent l’intĂ©rĂȘt de considĂ©rer des coefficients de rĂ©gression qui varientselon l’industrie de l’entreprise et l’état de l’économie ;

- IntĂ©grer d’autres informations car les informations comptables ne parviennent pastotalement Ă  reflĂ©ter la valeur de l’entreprise.

Ces auteurs indiquent que les prochaines recherches devraient adopter une approchecontextuelle afin de mieux comprendre la pertinence des chiffres comptables. « Une autrelimite des Ă©tudes d’association est qu’elles se concentrent essentiellement sur le rĂ©sultat sansanalyser la pertinence des autres chiffres comptables. Pourtant, plusieurs informations

3 Le ModĂšle d’information linĂ©aire (LIM) correspond Ă  une partie de la formalisation de la valeur par les chiffrescomptables proposĂ©e par OHLSON (1995).4 « Empirical studies applying the F-O framework often append a contextual accounting theory (
) to guidethe empirical predictions. Such contextual richness can help fill in some of the substance omitted from theparsimonious F-O representations. Once these contextual theories are appended, the combination ofparsimonious modeling and contextual richness provides a rich basis for empirical testing. » (p459) (BEAVER,2002)5 « the theorical foundation of value relevance studies is a combination of a valuation theory plus contextualaccounting arguments that allow researchers to predict how accounting variable relate to the market value ofequity. (
) the valuation assumption is only the half the story. Value-relevance studies typically incorporatecontextual accounting arguments to predict the relation between accounting variables and market value. », p.4626 « Although the lack of a general theory of accounting can frustrate researchers (and others), researchers canuse contextual accounting arguments to aid in predicting valuation – accounting number relations », p. 462

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comptables autres que le rĂ©sultat peuvent aider les investisseurs Ă  dĂ©terminer les Ă©vĂ©nementspertinents en termes d’évaluation qui peuvent affecter l’entreprise. Ces chiffres devraient ĂȘtreplus largement explorĂ©s. Puisque leur pertinence est probablement reliĂ©e Ă  l’environnementde l’entreprise, les recherches futures devraient se concentrer sur la pertinence de donnĂ©escomptables spĂ©cifiques dans diffĂ©rents contextes qui caractĂ©risent les entreprises. »7. Ainsi, l’approche contextuelle apparaĂźt, dans le cadre des recherches sur la pertinence deschiffres comptables, comme une voie de recherche permettant d’apprĂ©cier dans quellecondition les chiffres comptables sont susceptibles d’ĂȘtre pertinents et d’apprĂ©hender la valeurde l’entreprise dans sa globalitĂ©.

1.1.2 La valeur de l’entreprise : une rĂ©alitĂ© contextuelle

BERNARD (1989) observe que "la limite premiĂšre de la littĂ©rature existante est le peud'explications fournies sur le message Ă©conomique vĂ©hiculĂ© par les diffĂ©rents indicateursĂ©tudiĂ©s, et sur la façon dont ce message peut varier selon les situations Ă©conomiques"8.BROWN (1998) propose de dĂ©velopper une approche contextuelle de l'analyse financiĂšre etindique, en outre, que "cette approche reconnaĂźt l'importance de l'analyse Ă©conomique etindustrielle pour Ă©valuer les chances de succĂšs d'une entreprise. De plus, elle reconnaĂźt lesavantages et les limites des Ă©tats financiers et se prĂ©serve d'une utilisation aveugle de ceux-cisans juger prĂ©alablement de leur pertinence"9.Un des objectifs de la comptabilitĂ© est d’offrir une image de l’entreprise ; nĂ©anmoins, Ă chaque entreprise correspond une rĂ©alitĂ© particuliĂšre. L’entreprise est une entitĂ© Ă©conomiquesinguliĂšre ; la comptabilitĂ© est au contraire un cadre gĂ©nĂ©ral qui vise Ă  reflĂ©ter les situationspatrimoniales et les opĂ©rations effectuĂ©es durant l’exercice comptable des diffĂ©rentesentreprises. Aussi, un paradoxe apparaĂźt entre le caractĂšre gĂ©nĂ©ral et rigide du cadre comptableet le caractĂšre spĂ©cifique et divers de la rĂ©alitĂ© des entreprises. Nous pouvons donc nousdemander si la comptabilitĂ© permet de reflĂ©ter les diverses spĂ©cificitĂ©s de chaque entreprise ets’il n’est pas intĂ©ressant d’apprĂ©cier l’information apportĂ©e par les chiffres comptables selondes contextes spĂ©cifiques. Par exemple, un mĂȘme niveau de rĂ©sultat pour deux entreprises deniveau technologique, de croissance, de taille
 diffĂ©rents n’a certainement pas la mĂȘmesignification en termes de valeur.Par ailleurs, il convient pour apprĂ©hender complĂštement la valeur de l’entreprise de considĂ©rerles caractĂ©ristiques de l'entreprise ou de l'industrie et les clĂ©s des performances de l'entreprisepour une pĂ©riode donnĂ©e. Une observation du Commissariat gĂ©nĂ©ral du plan, concernantl'appel d'offres "L'entreprise et l'Economie de l'ImmatĂ©riel", indique que les analystes ont Ă©tĂ©conduits progressivement Ă  rĂ©envisager les mĂ©canismes dĂ©terminants de la croissance et Ă redĂ©finir les critĂšres de la performance Ă©conomique. Les chiffres comptables traditionnels ne

7 « Another limitation of associations studies is that they concentrate mainly on bottom-line earnings withoutanalysing the value relevance of other accounting data. Yet, several accounting numbers other than earningscan help investors perceive the value – relevant events that have affected the firm. Those number should be moreextensively explored. Since their value – relevance is likely to be related to the firm environement, futureresearch should concentrate on the value – relevance of specific accounting data under various contexts thatcharacterise firms. » (p 33) (DUMONTIER et RAFFOURNIER, 2002)

8 « The primary deficiency of the existing literature is that too little thought has been given to what economicmessage could be conveyed by a given disclosure, and how that message may vary across situations »(BERNARD, 1989)9 « This approach recognizes the importance of economic and industry analysis in assessing an individual firm'sprospects for success. In addition, it recognizes the benefits and limitations of financial statements, and avoids ablind use of them without first passing judgment on their relevance. » (BROWN, 1998)

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permettraient pas Ă  eux seuls de reflĂ©ter la rĂ©alitĂ© complexe de l’entreprise ; l’appel Ă  d’autresvariables permettrait de considĂ©rer d’autres Ă©lĂ©ments de la valeur de l’entreprise. L’appel auxautres sciences de gestion et l’enrichissement de l’approche comptable peuvent permettre demieux considĂ©rer tous les Ă©lĂ©ments constitutifs de la valeur de l’entreprise.

1.1.3 Les approches contingentes de l’entreprise

BOWEN et SHORES (2000) proposent d’exploiter la littĂ©rature des thĂ©ories de l’organisationet de la stratĂ©gie pour dĂ©finir les composants du contexte Ă©conomique qui sont probablementliĂ©s Ă  la crĂ©ation de richesse de l’entreprise. C’est plus particuliĂšrement la thĂ©orie de lacontingence qui s’est appliquĂ©e Ă  intĂ©grer l’influence du contexte sur l’organisation. Au dĂ©butdes annĂ©es 1960, les thĂ©ories contingentes (contingency theory) se dĂ©veloppent et visent Ă intĂ©grer l’influence des caractĂ©ristiques de l’entreprise et de l’environnement surl’organisation de l’entreprise. FondĂ©e essentiellement sur les travaux de WOODWARD(1965) et LAWRENCE et LORSCH (1973), la thĂ©orie contingente indique que l’entreprisedoit s’adapter aux caractĂ©ristiques du milieu dans lequel elle Ă©volue. L’efficacitĂ© del’organisation rĂ©sulte de l’adĂ©quation entre la situation et la structure de l’entreprise. Iln’existe pas de structure idĂ©ale. Dans certaines situations, telle structure est efficace ; dansd’autres, une structure diffĂ©rente est performante. La thĂ©orie de la contingence dĂ©montre quele contexte de l’entreprise conditionne la forme d’organisation de l’entreprise, qu’on ne peutpas dĂ©finir une structure d’organisation optimum pour l’ensemble des entreprises et que toutesles structures d’organisation ne sont pas efficaces. Cette approche vise alors Ă  dĂ©terminer lesfacteurs qui poussent Ă  choisir une structure donnĂ©e. D’autres thĂ©ories des organisations sesont par la suite Ă©galement intĂ©ressĂ©es Ă  l’influence du contexte.Il apparaĂźt intĂ©ressant d’appliquer l’approche de la contingence au niveau de la rĂ©flexion ducontenu informatif des chiffres comptables. Nous pouvons, en outre, envisager d’étudier laquestion suivante : Est ce que les informations comptables sont identiquement pertinentespour reflĂ©ter toutes les rĂ©alitĂ©s des entreprises ? La comptabilitĂ© offre un systĂšmed’information permettant d’évaluer les entreprises. Cependant, les entreprises relĂšvent derĂ©alitĂ©s diffĂ©rentes. Ainsi, l’approche contextuelle se justifie par le fait que les chiffrescomptables ne sont pas identiquement pertinents pour toutes les entreprises. Il convient alorsde dĂ©finir les Ă©lĂ©ments contextuels intĂ©ressants Ă  considĂ©rer pour examiner les conditions depertinence des chiffres comptables.

1.2 DĂ©finition du contexte

1.2.1 Un contexte pertinent

Le contexte, terme tirĂ© du mot latin contexere qui signifie tisser ensemble, a pour dĂ©finitiongĂ©nĂ©rale : « ensemble des circonstances qui accompagnent un Ă©vĂ©nement » (Petit Larousse).L’approche contextuelle de l’entreprise vise donc Ă  prendre en compte l’environnement et lescaractĂ©ristiques de l’entreprise. Nous choisissons de limiter la dĂ©finition du contexte Ă  la priseen compte des Ă©lĂ©ments caractĂ©ristiques de l’entreprise. Les caractĂ©ristiques de l’entreprisesont de plusieurs ordres : caractĂ©ristiques financiĂšres, organisationnelles, culturelles
Leconcept de contexte est une notion large. On peut ainsi penser, dĂšs lors que tout Ă©lĂ©ment peutamener Ă  dĂ©finir un contexte spĂ©cifique, que tout est contextuel. Notre devons donc dĂ©finir lesĂ©lĂ©ments contextuels qui conditionnent significativement la pertinence des chiffrescomptables. LEV (1989) souligne que les Ă©lĂ©ments contextuels pris en compte doivent avoir

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une influence qui a du sens. L’approche contextuelle invite Ă  rĂ©pondre aux questionssuivantes :- Est-ce que les Ă©lĂ©ments contextuels considĂ©rĂ©s influencent la pertinence des chiffres

comptables ?- Permettent-ils de mieux rendre compte de la rĂ©alitĂ© de l’entreprise ?

1.2.2 Contexte comptable et extra comptable

Le contexte doit permettre de mieux apprĂ©hender la pertinence des chiffres comptables.NĂ©anmoins, par leur signe, leur niveau, leur variation ou leur nature, les informationscomptables vĂ©hiculent Ă©galement des informations sur le contexte de l’entreprise. Ainsi, uneentreprise affichant un rĂ©sultat nĂ©gatif peut signifier que son activitĂ© ne lui permet plus decrĂ©er de richesse ou au contraire qu’elle va en crĂ©er dans l’avenir. De plus, les rĂšglescomptables en reflĂ©tant une certaine apprĂ©ciation de la rĂ©alitĂ© de l’entreprise concourent Ă l’apprĂ©ciation du contexte Ă  travers les chiffres comptables. Ainsi, aujourd’hui lesnormalisateurs s’intĂ©ressent davantage Ă  l’enregistrement des Ă©lĂ©ments incorporels. CesĂ©lĂ©ments sont de plus en plus essentiels dans le processus de crĂ©ation de valeur des entreprisescontemporaines. Les chiffres comptables sont le rĂ©sultat d’une rĂ©alitĂ© objective del’entreprise. Aussi, il nous apparaĂźt plus intĂ©ressant d’adopter une dĂ©marche qui vise Ă  dĂ©finirles contextes gĂ©nĂ©raux dont rĂ©sultent les chiffres comptables, soit le contexte extra comptablede l’entreprise. Si nous reprenons l’exemple de l’entreprise dĂ©ficitaire, nous ne considĂ©ronspas directement le signe du rĂ©sultat, mais nous dĂ©finissons les cas oĂč un rĂ©sultat nĂ©gatif peutapparaĂźtre et quels sont leurs sens. Nous apprĂ©hendons le contexte sans considĂ©rer directementdes particularitĂ©s comptables comme le signe du rĂ©sultat, la nature du rĂ©sultat... Le « contexteextra comptable » cherche ainsi Ă  considĂ©rer des Ă©lĂ©ments permettant de mieux prendre encompte les rĂ©alitĂ©s traduites par les chiffres comptables. Par la suite, nous utilisons le terme contexte pour dĂ©signer le contexte extra comptable, saufprĂ©cision. De plus, nous entendons le contexte comme les Ă©lĂ©ments extra comptablescaractĂ©ristiques de l’entreprise permettant de mieux reflĂ©ter ses rĂ©alitĂ©s objectives, de donnerdu sens aux chiffres comptables qu’elle publie et de rendre compte des conditions de leurpertinence.

1.2.3 Quels contextes ?

Il convient de justifier le choix des contextes qu’il est opportun de considĂ©rer. En effet, uneentreprise est unique et de nombreux Ă©lĂ©ments spĂ©cifiques concourent Ă  la formation de seschiffres comptable et Ă  leur contenu informatif. L’approche contextuelle ne doit en effet pasaboutir Ă  une Ă©tude spĂ©cifique de chaque entreprise. Par ailleurs, nous ne rĂ©duisons pas lacontextualisation de l’entreprise Ă  la simple considĂ©ration des caractĂ©ristiques sectorielles del’entreprise. Nous suggĂ©rons de considĂ©rer le niveau technologique, les opportunitĂ©s decroissance et les phases du cycle de vie de l’entreprise. D’une part, ces Ă©lĂ©ments contextuelspermettent de caractĂ©riser en grande partie les entreprises. D’autre part, leur prise en compteoffre la possibilitĂ© de considĂ©rer des situations dans lesquelles la pertinence des chiffrescomptables est susceptible d’ĂȘtre altĂ©rĂ©e : difficultĂ©s d’enregistrement des Ă©lĂ©mentsincorporels, caractĂšre transitoire du rĂ©sultat, impact du signe du rĂ©sultat et influence duprincipe de prudence.La part et le poids des Ă©lĂ©ments incorporels diffĂšrent selon le niveau technologique del’entreprise. Or si ces dĂ©penses sont mal apprĂ©hendĂ©es par la comptabilitĂ©, elles grĂšvent lapertinence des chiffres comptables. Le niveau technologique permet ainsi d’identifier les

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situations oĂč les chiffres comptables sont plus particuliĂšrement affectĂ©s par des difficultĂ©sd’enregistrement comptable. Les opportunitĂ©s de croissance correspondent aux possibilitĂ©spour l’entreprise d’accroĂźtre ou de moderniser son activitĂ© ou de dĂ©velopper de nouvellesactivitĂ©s. Leur prise en compte permet de considĂ©rer l’impact sur la pertinence des chiffrescomptables induit par la moindre persistance des chiffres comptables. Les phases du cycle devie apprĂ©hendent les diffĂ©rents Ă©tats de dĂ©veloppement de l’entreprise et nous renseignentalors sur les caractĂ©ristiques attendues de l’entreprise lors des ces phases. Nous tenons plusparticuliĂšrement compte de l’information concernant la nature des rĂ©sultats selon les phasesdu cycle de vie ; cette caractĂ©ristique influençant le contenu informatif des chiffrescomptables (voir DISLE 2004).

2. Comment contextualiser la valeur de l’entreprise ?

2.1 Echantillon

Nous proposons de dĂ©finir des critĂšres et une classification pour spĂ©cifier empiriquement lestrois Ă©lĂ©ments contextuels envisagĂ©s : niveau technologique, opportunitĂ©s de croissance etphases du cycle de vie. Pour ce faire, nous nous basons sur un Ă©chantillon constituĂ© de 5 978 Ă 7 092 entreprises par annĂ©e sur la pĂ©riode 1993 Ă  2002. Nous Ă©tudions 66 764 observationssur l’ensemble de la pĂ©riode d’étude. Le tableau n° 1 dĂ©crit l’effectif de l’échantillon sur lapĂ©riode Ă©tudiĂ©e.

2.2 Mesure du niveau technologique

2.2.1 Principes

Le niveau technologique est communĂ©ment dĂ©fini dans les recherches prĂ©cĂ©dentes selon deuxtypes d’approches. Il peut ĂȘtre apprĂ©hendĂ© par l’appartenance Ă  certains secteurs industrielsspĂ©cifiques qui sont considĂ©rĂ©s de façon a priori des secteurs de haute technologie. Une autreapproche consiste Ă  dĂ©finir le niveau technologique Ă  l’aide de donnĂ©es caractĂ©ristiques decelui-ci. Les variables gĂ©nĂ©ralement considĂ©rĂ©es sont les dĂ©penses en R&D de l’entreprise oudu secteur, la publication d’information sur les dĂ©penses en R&D, les informations sur lesbrevets de l’entreprise
 La premiĂšre mĂ©thode prĂ©sente l’inconvĂ©nient d’ĂȘtre uneclassification arbitraire qui n’est pas basĂ©e sur un critĂšre objectif. La limite principale de ladeuxiĂšme approche est que les Ă©chantillons disposent souvent de peu d’informations sur larecherche et dĂ©veloppement et que cette variable dĂ©pend des pratiques comptables appliquĂ©es(dans le cadre europĂ©en). Nous proposons de retenir une classification sectorielle basĂ©e surplusieurs variables reprĂ©sentatives du niveau technologique.

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TABLEAU N°1 : ECHANTILLONS D’ETUDE

Années 93 94 95 96 97 98 99 00 01 02

Echantillon original 9 460 9 460 9 460 9 460 9 460 9 460 9 460 9 460 9 460 9 460

Echantillon « des actives » 9 282 9 218 9 151 9 056 8 914 8 767 8 590 8 368 8 100 7 783

Echantillon SIC 9 277 9 215 9 148 9 053 8 911 8 764 8 587 8 365 8 097 7 780

Division H, J, K 2 185 2 164 2 154 2 127 2 095 2 057 2 005 1 956 1 888 1 802

Echantillon d’étude 1

- DĂ©finition du NT -7 092 7 051 6 994 6 926 6 816 6 707 6 582 6 409 6 209 5 978

Echantillon d’étude 2

- DĂ©finition des OC -1 923 2 250 2 294 2 241 2 693 2 753 2 653 2 495 2 249 434

Echantillon d’étude 3.1

- DĂ©finition des Start Up -- - - - 34 363 419 639 714 -

Echantillon d’étude 3.2

- DĂ©finition des autres phases

-

- - - - 1 858 1 678 1 737 1 857 1 660 -

L’échantillon original comprend l’ensemble des entreprises disponibles sur la base de donnĂ©es ThomsonAnalytics pour chaque annĂ©e de la pĂ©riode d’étude, tous secteurs confondus.L’échantillon « des actives » contient les entreprises exerçant une activitĂ© au 1er janvier de l’annĂ©e d’étude.L’échantillon SIC est constituĂ© des entreprises actives pour lesquelles nous disposons d’informations sur la SIC.Les entreprises de la division H soient les entreprises du secteur financier et de l’assurance, les entreprises de ladivision J soient les administrations publiques et les entreprises de la division K soient les entreprisesinclassables en termes de secteur, sont retirĂ©es de l’échantillon SIC formant ainsi l’échantillon d’étude 1.L’échantillon d’étude 2 correspond aux entreprises de l’échantillon d’étude 1 pour lesquelles nous disposonsdes informations sur les variables permettant de dĂ©finir les opportunitĂ©s de croissance et pour lesquelles lesratios de capitalisation sont positifs.L’échantillon d’étude 3.1 correspond aux entreprises cotĂ©es sur les marchĂ©s de croissance. Afin de dĂ©finir laphase de dĂ©marrage, il convient de disposer d’informations sur les marchĂ©s de croissance europĂ©ens. CesmarchĂ©s se sont dĂ©veloppĂ©s Ă  partir de 1997. Aussi, notre pĂ©riode d’étude ne peut commencer qu’à partir decette annĂ©e. De plus, par manque d’information, les entreprises de l’annĂ©e 2002 ont Ă©tĂ© ĂŽtĂ©es de l’analyse.L’échantillon d’étude 3.2 correspond aux entreprises de l’échantillon d’étude 3.1 pour lesquelles nousdisposons des informations sur les variables permettant de dĂ©finir les phases du cycle de vie. Par cohĂ©rence,nous avons considĂ©rĂ© la mĂȘme pĂ©riode pour apprĂ©hender la phase de Start Up et les autres phases.Nous distinguons trois Ă©chantillons d’études car la dĂ©finition des diffĂ©rents Ă©lĂ©ments contextuels nĂ©cessite desinformations diffĂ©rentes. Nous avons choisi de ne pas Ă©tudier le mĂȘme Ă©chantillon (Ă©chantillon pour lequel ondisposerait de toutes les informations nĂ©cessaires pour la dĂ©finition de l’ensemble des Ă©lĂ©ments contextuels) afinde ne pas rĂ©duire les Ă©chantillons d’étude et de ne pas les biaiser.

2.2.2 CritĂšres : indicateurs du niveau technologique

Parmi les variables envisageables : dĂ©penses en R&D, nombre de brevets dĂ©posĂ©s, faisabilitĂ©technologique, 
 il nous semble qu’une information directe sur les dĂ©penses en R&D est lavariable la plus satisfaisante d’un point de vue thĂ©orique et empirique. La Recherche etDĂ©veloppement (R&D) se dĂ©finit comme un processus rationnel qui assure la transformationet l’application de la connaissance Ă  la rĂ©alisation technique. Les activitĂ©s de R&D permettantde diffuser le progrĂšs technique sont donc logiquement considĂ©rĂ©es pour apprĂ©cier le niveautechnologique de l’entreprise. Il peut cependant exister un dĂ©calage important entre lesdĂ©penses en R&D et les bĂ©nĂ©fices escomptĂ©s. De plus, les bĂ©nĂ©fices escomptĂ©s des R&D sontparfois difficiles Ă  apprĂ©hender. Le brevet peut alors permettre d’apprĂ©cier le rĂ©sultat de laR&D. Cet indicateur prĂ©sente nĂ©anmoins quelques problĂšmes : tous les projets de R&D nesont pas brevetĂ©s et tous les brevets n’ont pas la mĂȘme portĂ©e technique ni la mĂȘmesignificativitĂ© Ă©conomique (GRILICHES - 1990 et HALL et al. - 2000). Par ailleurs, beaucoupd’inventions ou innovations sont introduites longtemps aprĂšs le brevet alors que d’autres

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apparaissent avant le brevet (HIRSCHEY et al - 1998). Nous choisissons de dĂ©finir le niveautechnologique Ă  partir des dĂ©penses en R&D. L’information sur la R&D des entreprises estpeu disponible ; nous proposons de considĂ©rer la R&D du secteur de l’entreprise pourapprĂ©cier son niveau technologique10. Les secteurs sont apprĂ©hendĂ©s selon la StandardIndustry Classification (SIC) Ă  deux chiffres11.Nous considĂ©rons trois critĂšres pour caractĂ©riser les dĂ©penses de R&D sectorielles : l’intensitĂ©de l’activitĂ© de R&D du secteur, la publication des dĂ©penses en R&D du secteur et laprogression de l’activitĂ© de R&D du secteur. L’intensitĂ© de l’activitĂ© de R&D du secteur estmesurĂ©e par la moyenne des dĂ©penses en R&D rapportĂ©es au chiffre d’affaires de chaquesecteur. Ce ratio est calculĂ© Ă  partir des dĂ©penses des R&D des entreprises du secteur quidivulguent de l’information sur la R&D. Ce critĂšre s’avĂšre insuffisant dans le cas de secteursn’informant pas sur leur activitĂ© de R&D. Nous considĂ©rons Ă©galement la publication desdĂ©penses en R&D pour chacun des secteurs. Celle-ci est mesurĂ©e Ă  travers le nombred’entreprises publiant leurs dĂ©penses de R&D dans un secteur rapportĂ© au nombred’entreprises de ce secteur. Selon l’étude de DUMONTIER et BAH (2001), les secteurs dontles dĂ©penses en R&D sont faibles et qui divulguent le moins d’informations sur la R&D sontconsidĂ©rĂ©s de basse technologie. Inversement, ceux qui communiquent davantage sur la R&Dtout en prĂ©sentant un faible niveau de R&D ne sont pas pris en compte dans l’étude.Cependant, nous pouvons aussi penser qu’un secteur qui affiche de faibles dĂ©penses en R&Dmais aussi un fort taux de publication tĂ©moigne alors d’autant plus d’un faible niveautechnologique. Plus l’information est divulguĂ©e, plus l’intensitĂ© de R&D, Ă©tablie sur lesinformations disponibles, reflĂšte les pratiques des secteurs. Il semble cependant que ce cas soitplutĂŽt marginal. La caractĂ©risation du niveau technologique des entreprises prĂ©sentant unefaible intensitĂ© en R&D n’est pas clairement dĂ©finie. La prise en compte de la publication desdĂ©penses en R&D du secteur ne permet pas non plus de conclure de façon nette sur le niveautechnologique. Nous proposons de considĂ©rer un troisiĂšme critĂšre : la progression desdĂ©penses en R&D. Celle-ci correspond Ă  la variation de l’intensitĂ© de R&D du secteur. NouscaractĂ©risons les secteurs qui affichent de faibles dĂ©penses en R&D Ă  partir de la publicationet du signe de la variation de ces dĂ©penses. Si la communication en matiĂšre de R&D est faibleet que les dĂ©penses en R&D diminuent, nous caractĂ©risons le secteur de basse technologie. Sila publication est Ă©levĂ©e et que les dĂ©penses en R&D augmentent, nous caractĂ©risons lesecteur de haute technologie.

2.2.3 Classification : dĂ©finition des groupes d’entreprises de haute et de bassetechnologie

Comme les Ă©tudes prĂ©cĂ©dentes, nous considĂ©rons de haute technologie les secteurs dontl’intensitĂ© de l’activitĂ© de R&D est supĂ©rieure Ă  5 %. Pour les secteurs dont l’intensitĂ© del’activitĂ© de R&D est infĂ©rieure Ă  5 %, la classification est moins nette. Nous tenons compte

10 Comme le souligne VAUBOURG (2002), cette dĂ©marche prĂ©sente cependant des limites. Une entrepriseappartenant Ă  un secteur de haute technologie n’est pas forcĂ©ment elle-mĂȘme de haute technologie. NĂ©anmoins,nous pouvons penser que les dĂ©penses en R&D de l’entreprise sont corrĂ©lĂ©es avec celles de son secteur. LEV etSOUGIANNIS (1996) mesurent un coefficient de corrĂ©lation de 0,65 pour 4 secteurs sur 6. LEV etSOUGIANNIS (1996) et VAUBOURG (2002) soulignent de surcroĂźt que les problĂšmes d’enregistrement deR&D qui peuvent apparaĂźtre au niveau de l’entreprise (absence ou mauvaise comptabilisation) sont attĂ©nuĂ©s auniveau sectoriel.11 Nous avons Ă©galement envisagĂ© d’autres classifications sectorielles (General Industry Classification, DowJones Industry Group). Il apparaĂźt cependant que la SIC nous fournit une dĂ©finition des niveaux technologique laplus robuste.

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des deux autres critĂšres : la progression de l’intensitĂ© de l’activitĂ© de R&D et la publicationdes dĂ©penses en R&D. Les entreprises sont caractĂ©risĂ©es selon le signe de la variation del’intensitĂ© de R&D et selon la position du ratio caractĂ©risant la publication des dĂ©penses enR&D (segmentation en quintile). Un secteur affichant des dĂ©penses en R&D infĂ©rieures Ă  5 %, avec un haut niveau de publication des dĂ©penses en R&D et connaissant une progressionpositive de son activitĂ© de R&D est considĂ©rĂ© de haute technologie. Inversement, uneentreprise appartenant Ă  un secteur affichant des dĂ©penses en R&D infĂ©rieures Ă  5 %, avec unfaible niveau de publication des dĂ©penses en R&D et connaissant une baisse de son activitĂ© deR&D se caractĂ©rise par un faible niveau technologique. Dans les autres cas, nous considĂ©ronsqu’il n’est pas possible de juger du niveau technologique. Ces secteurs inclassables sontexclus de l’analyse. Le tableau n° 2 rĂ©capitule les critĂšres et la mĂ©thodologie de classification.

TABLEAU N°2 : DEFINITION DES GROUPES DE HAUTE ET BASSE TECHNOLOGIE

- CLASSIFICATION ANNUELLE -CritĂšres de classification

Intensité R&D Progression R&D Publication R&D

Classification

≄ 5 % Non-prise en compte Non-prise en compte Haute technologie

< 5 % Positive 4e interquartile Haute technologie

NĂ©gative 1er interquartile Basse technologie

Positive 1er, 2e et 3e interquartile Inclassable

NĂ©gative 2e, 3e et 4e interquartile Inclassable

Le 1er quartile comprend le quart des entreprises dont la fréquence de publication est la plus faible.

Cette analyse est effectuĂ©e pour chaque secteur et pour chaque annĂ©e sur toute la pĂ©rioded’étude. Nous considĂ©rons que le niveau technologique du secteur doit ĂȘtre identique pourl’ensemble de la pĂ©riode Ă©tudiĂ©e. Nous proposons, alors, de dĂ©finir un niveau technologiquegĂ©nĂ©ral sur l’ensemble de la pĂ©riode pour chacun des secteurs. Pour ce faire, nous apprĂ©cionsl’occurrence de la classification annuelle sur la pĂ©riode d’étude. Ce calcul consiste Ă  rapporterle nombre d’annĂ©es oĂč le secteur est de haute technologie ou de basse technologie au nombred’annĂ©es de la pĂ©riode d’étude. Un secteur est dĂ©fini de haute technologie s’il n’est jamaisqualifiĂ© de basse technologie sur la pĂ©riode et s’il se rĂ©vĂšle de haute technologie pour 80 % dela pĂ©riode12. La dĂ©finition des entreprises de basse technologie n’étant pas si nette, nousproposons de considĂ©rer trois dĂ©finitions :- (1) Un secteur est dĂ©fini de basse technologie s’il n’est pas considĂ©rĂ© de haute technologie

sur l’ensemble de la pĂ©riode (selon la dĂ©finition ci-dessus) ;- (2) Un secteur est dĂ©fini de basse technologie s’il n’est pas considĂ©rĂ© de haute technologie

pour aucune des annĂ©es d’études ;- (3) Un secteur est dĂ©fini de basse technologie s’il n’est pas considĂ©rĂ© de haute technologie

pour aucune des annĂ©es d’études et s’il se rĂ©vĂšle de basse technologie13 pour 60 % de lapĂ©riode.

Le tableau n°3 prĂ©sente la classification gĂ©nĂ©rale trouvĂ©e pour l’ensemble de la pĂ©riode. Celle-ci est Ă©tablie sur une pĂ©riode de 10 annĂ©es (1993/2002), en considĂ©rant une classification Ă partir des codes SIC Ă  deux chiffres et selon la dĂ©finition la plus stricte des entreprises debasse technologie (dĂ©finition 3). La classification opĂ©rĂ©e semble cohĂ©rente. En effet, la nature

12 Pour ĂȘtre de haute technologie, le secteur ne doit jamais ĂȘtre dĂ©fini de basse technologie pour chacune desannĂ©es et au moins considĂ©rĂ© de haute technologie huit annĂ©es (pĂ©riode d’étude de 10 annĂ©es).13 Nous avons choisi un seuil d’occurrence plus faible pour la dĂ©finition des secteurs de basse technologie car ladistinction entre le groupe basse technologie et inclassable est moins nette que la frontiĂšre entre le groupe hautetechnologie et inclassable.

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des secteurs d’activitĂ© ainsi classĂ©s semble logique et correspond Ă  ce qu’on aurait puimaginer a priori. Les secteurs de haute technologie sont des secteurs de l’industrie chimique,Ă©lectronique ou Ă©lectrique et de services comme la santĂ©. Les secteurs de basse technologiesont des secteurs de l’agriculture, sylviculture ou pĂȘche, de transports, commerces de dĂ©tails etautres services gĂ©nĂ©raux comme les services juridiques, sociaux ou culturels.

TABLEAU N°3 : COMPOSITION SECTORIELLE DES SOUS-ÉCHANTILLONS

D’ENTREPRISES DE HAUTE ET BASSE TECHNOLOGIE

Niveau technologique Code SIC(Ă  2 chiffres)

Secteur

Basse Technologie

1 Productions agricoles, rĂ©coltes7 Services aux productions agricoles8 Sylviculture9 Chasse et pĂȘche10 Extraction de mĂ©taux15 Entrepreneurs de bĂątiments gĂ©nĂ©raux16 Construction lourde, BĂątiment24 Charpente et menuiserie41 Transports urbains de voyageurs42 Transports routiers entreposage44 Transports par eau45 Transports par air46 Canalisations exceptĂ©es gaz naturel54 Magasin d’alimentation55 Concessionnaire et stations services58 Restauration et bar59 Vente aux dĂ©tails divers70 HĂŽtels et autres hĂ©bergements touristiques72 Services personnels75 RĂ©parations de vĂ©hicules automobiles, services et stationnement76 RĂ©parations diverses, services78 Films cinĂ©matographiques79 Divertissement et services rĂ©crĂ©atifs81 Services juridiques83 Services sociaux84 MusĂ©e, botaniques, jardins zoologiques86 ActivitĂ©s associatives89 Services, NEC

Haute Technologie

28 Produits chimiques et dĂ©rivĂ©s35 Machines industrielles et Ă©quipements36 Electroniques et autres Ă©quipements Ă©lectroniques38 Instruments et produits connexes73 Services pour les entreprises80 Services de santĂ©87 Services de gestion et d’engineering

La dĂ©finition des entreprises de basse technologie est Ă©tablie Ă  partir des donnĂ©es de l’ensemble de la pĂ©riode etselon la dĂ©finition (3) des entreprises de basse technologie.Apparaissent en grisĂ© les secteurs Ă©galement considĂ©rĂ©s de basse technologie si on applique une dĂ©finition pluslarge (dĂ©finition 1).

2.3 Mesure des opportunités de croissance

2.3.1 Principes

LittĂ©ralement, une opportunitĂ© renvoie Ă  un Ă©vĂ©nement favorable et propice Ă  venir. LesopportunitĂ©s de croissance correspondent aux Ă©ventualitĂ©s pour l’entreprise d’accroĂźtre sonactivitĂ© dans le futur. La littĂ©rature assimile souvent les opportunitĂ©s de croissance et lesopportunitĂ©s d’investissement. Nous considĂ©rerons Ă©galement ces deux termes similaires

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puisque l’entreprise doit dĂ©velopper des investissements pour capturer les opportunitĂ©s decroissance. Par ailleurs, les entreprises innovantes ou de haute technologie sont Ă©galementsouvent assimilĂ©es Ă  des entreprises bĂ©nĂ©ficiant d’opportunitĂ©s de croissance, cependantl’innovation ou la technologie ne sont pas les seuls Ă©lĂ©ments Ă  l’origine de telles opportunitĂ©s.Ainsi, l’entreprise peut assurer son dĂ©veloppement futur en rĂ©alisant des investissementsdiffĂ©renciĂ©s, en mettant en place des barriĂšres Ă  l’entrĂ©e pour assurer une position dominanteet profiter de rentes de situation, en dĂ©veloppant des Ă©conomies d’échelle
De façon gĂ©nĂ©rale,une opportunitĂ© de croissance s’analyse comme une option sur des investissements rentables Ă venir. ConcrĂštement, elle vient aussi bien de projets d’innovation que de projets d’extensionou de modernisation des capacitĂ©s de production. Elle vient aussi de la possibilitĂ© delancement de nouveaux produits, de croissance externe et de consolidation des moyens ouremplacement des actifs existants
 (KESTER, 1984, GAVER et GAVER, 1993).L’ensemble des opportunitĂ©s de croissance constitue l’Eventail des OpportunitĂ©sd’Investissement, dĂ©signĂ© par le sigle EOI14 et les entreprises bĂ©nĂ©ficiant d’EOI sont qualifiĂ©esde valeurs de croissance.Par dĂ©finition, les opportunitĂ©s de croissance sont difficilement Ă©valuables car elles sontinobservables et non informĂ©es dans les Ă©tats financiers. Il convient donc de dĂ©finir desvariables subrogatoires pour les apprĂ©cier. Mais, comme le soulignent GAVER et GAVER(1993), il n’existe pas de vĂ©ritables consensus dans la littĂ©rature quant Ă  la dĂ©finition de cesindicateurs : « Les opportunitĂ©s d’investissement sont inobservables et aucun consensus ne sedĂ©gage de la littĂ©rature comptable et financiĂšre au sujet d’un proxy appropriĂ©. »15.DiffĂ©rentes mesures sont communĂ©ment proposĂ©es : valeurs de marchĂ© rapportĂ©es Ă  desmesures comptables ou inversement, coefficients de capitalisation des bĂ©nĂ©fices et indicateurssimilaires, intensitĂ© en R&D, mesures de risques etc. Chacune de ces mesures permet Ă  safaçon de prendre en compte les opportunitĂ©s de croissances et chacune prĂ©sente des avantageset des inconvĂ©nients (voir DISLE 2004). La plupart des Ă©tudes utilise une seule mesure,notamment les ratios de capitalisation. NĂ©anmoins, comme le soulignent GAVER et GAVER(1993), chaque mesure est insatisfaisante16. L’étude d’ADAM et GOYAL (2002) proposed’étudier la performance de diffĂ©rents proxies Ă  l’aide d’une analyse de rĂ©gression17. Le ratiode capitalisation des actifs apparaĂźt comme le meilleur proxy. Il prĂ©sente le meilleur contenuinformatif relatif et marginal, mĂȘme s’il sous-estime les opportunitĂ©s de croissance. Le ratiode capitalisation des fonds propres et le PER sont eux aussi corrĂ©lĂ©s aux opportunitĂ©s decroissance mais ils ne contiennent pas d’informations supplĂ©mentaires par rapport au ratios decapitalisation. L’intensitĂ© d’investissement n’est pas reliĂ© de façon significative auxopportunitĂ©s de croissance. Un facteur commun dĂ©fini Ă  partir d’une analyse factorielle nefournit pas un meilleur proxy. GAVER et GAVER (1993) puis PIOT (2001) proposentnĂ©anmoins une analyse factorielle des diffĂ©rentes mesures des opportunitĂ©s de croissance pour

14 Traduction de l’expression Investment Opportunity Set (IOS) adoptĂ©e par la littĂ©rature anglo-saxonne.15 « The investment opportunity set is unobservable and no consensus has emerged in the accounting and financeliteratures concerning an appropriate proxy variable. », p130, GAVER et GAVER (1993)16 « Les opportunitĂ©s de croissance sont par nature inobservables et certainement imparfaitement mesurĂ©es parune seule variable subrogatoire empirique. » « The investment opportunity set is inherently unobservable and islikely to be imperfectly measured by any single empirical proxy. », p 133, GAVER et GAVER (1993)17 Les auteurs proposent d’étudier le secteur particulier des mines car pour ce secteur la SEC oblige lesentreprises Ă  publier la nature, la grandeur et la qualitĂ© des gisements. Ainsi il est possible par une approche enoption rĂ©elle de valoriser les opportunitĂ©s de croissance. A partir de la valeur estimĂ©e des opportunitĂ©s decroissance, l’étude apprĂ©cie le contenu informationnel relatif et marginal des diffĂ©rents proxies Ă  l’aide derĂ©gressions.

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dĂ©terminer un index synthĂ©tisant l’influence commune de l’ensemble des facteurs. GAVER etGAVER (1993) dĂ©finissent un facteur construit sur six variables : ratio de capitalisation desactifs et des fonds propres, intensitĂ© en R&D, risque de l’entreprise et nombre de fondsmutuels de croissance dans lesquels apparaĂźt l’entreprise. PIOT (2001) dĂ©termine deuxfacteurs Ă  partir de quatre mesures : ratio de capitalisation des actifs et des fonds propres,risque d’exploitation et risque total et spĂ©cifie un index Ă  partir du premier facteur dĂ©fini surles quatre mesures et reprĂ©sentant essentiellement les ratios de capitalisation et dans unemoindre mesure le risque total18. A partir de ces indices, les entreprises sont classĂ©es en deuxgroupes : entreprises bĂ©nĂ©ficiant ou non d’opportunitĂ©s de croissance en dĂ©coupantl’échantillon en quantile19 ou Ă  l’aide d’une analyse typologique.Nous proposons de considĂ©rer l’ensemble des mesures prĂ©citĂ©es ci-dessus. A partir de cesmesures, nous dĂ©finissons des indicateurs synthĂ©tiques Ă  l’aide d’une analyse factorielle etidentifions les entreprises bĂ©nĂ©ficiant d’opportunitĂ©s de croissance en les classant Ă  partir desindicateurs dĂ©terminĂ©s.

2.3.2 CritÚres de mesure : indicateurs des opportunités de croissance

Le tableau n° 4 rĂ©capitule les variables envisagĂ©es et prĂ©cise leurs dĂ©finitions. Nousenvisageons de dĂ©finir un indicateur agrĂ©gĂ© des opportunitĂ©s de croissance Ă  l’aide d’uneanalyse factorielle20. Nous rĂ©sumons ci-aprĂšs les Ă©tapes et les rĂ©sultats de la dĂ©finition desindicateurs de croissance (voir tableau n° 5). Les opportunitĂ©s de croissance se dĂ©finissent Ă partir de trois indicateurs : l’intensitĂ© d’investissement, le ratio de capitalisation et le risqueĂ©conomique et financier. Le premier facteur regroupe les variables reflĂ©tant les dĂ©penses eninvestissement. L’indicateur intensitĂ© d’investissement est dĂ©fini selon les annĂ©es par l’un desdeux ratios investissement sur actifs ou chiffre d’affaires ou conjointement par les deux ratios.Le deuxiĂšme facteur caractĂ©rise les ratios de capitalisation. Il s’exprime selon les annĂ©es, autravers du ratio de capitalisation des actifs ou / et du ratio de capitalisation des bĂ©nĂ©fices. LetroisiĂšme facteur permettant de dĂ©finir les opportunitĂ©s de croissance est le risque Ă©conomiqueet financier. Selon les annĂ©es, cet indicateur est formĂ© du seul risque Ă©conomique ouĂ©galement du risque financier.

18 Les deux facteurs expliquent 75 % de la variance ; le premier facteur explique la moitiĂ© de la variance etsynthĂ©tise l’influence essentiellement des ratios valeur de marchĂ© et valeur comptable et de façon moinssubstantielle l’influence du risque totale ; le deuxiĂšme facteur caractĂ©rise essentiellement le risque d’exploitation.19 Par exemple, pour GAVER et GAVER (1993), considĂ©ration du premier et dernier quintile et pourPIOT (2001), dĂ©composition de l’échantillon Ă  partir de la mĂ©diane.20 La dĂ©finition de l’indicateur doit ĂȘtre identique pour l’ensemble des annĂ©es. Nous avons menĂ© l’analysefactorielle pour chacune des annĂ©es de la pĂ©riode Ă©tudiĂ©e et pour la pĂ©riode dans son ensemble. Les indicateursse sont avĂ©rĂ©s identiques.

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TABLEAU N° 4 : INDICATEURS DES OPPORTUNITÉS DE CROISSANCE

Variables Mesures Items Thomson AnalyticsRatio de capitalisation Ratio de capitalisation des actifs

Ratio de capitalisation des bénéficesPrice to book ratio closePER ratio close

IntensitĂ© de l’activitĂ©d’investissement

Investissement (en immo.) par ventesInvestissement (en immo.) par actifs

Capital expenditure / salesCapital expenditure / total assets

Risque (1) Risque Ă©conomique

Risque financier

σ (return on assets) ouσ (return on invested capital)σ (return on equity)

Performances prévisionnelles (2) Prévision du taux de rentabilitéfinanciÚre moyen

ib. ROE mean curr FYR1 (prévisionannuelle de la rentabilité financiÚre)

(1) L’écart -type est calculĂ© sur une pĂ©riode de 6 ans : l’annĂ©e d’étude et les cinq annĂ©es prĂ©cĂ©dentes.(2) Les performances prĂ©visionnelles sont fournies par IBES et sont rĂ©coltĂ©es dans la base de donnĂ©es deThomson Analytics. Cette variable a par la suite Ă©tĂ© Ă©cartĂ©e, car nous ne disposions pas assez d’informations.

TABLEAU N° 5 : ETAPES ET RESULTATS DE L’ANALYSE FACTORIELLE PERMETTANT DE DEFINIR LES INDICATEURS DES EOI

Contraintes MĂ©thodes et critĂšresChoix de la mĂ©thoded’analyse factorielle

‱ Etude de l’objectif de l’analyse ‱ Application de l’ACP permettant derĂ©sumer les critĂšres

Conditions d’applicationpropres aux variables etindicateurs statistiques àrespecter21

‱ Nombre d’observations supĂ©rieur de30 Ă  50 au nombre de variables

‱ Matrice de corrĂ©lation‱ Test de sphĂ©ricitĂ© de BARTLETT‱ Test de KAISER, MEYER etOLKIN

‱ 2 200 entreprises - annĂ©e en moyenne > 7variables dĂ©finissant les opportunitĂ©s decroissance‱ Coefficients satisfaisants‱ Signification : 0,000‱ Indice KMO > 0,5

DĂ©termination du nombre defacteurs Ă  retenir22

‱ Rùgle de KAISER‱ Courbe des valeurs propres‱ Restitution minimum

‱ Valeur propre > 1 ➝ 3 facteurs‱ Screen test ➝ 3 facteurs‱ Variance expliquĂ©e > 50 % ➝ 3 facteurs

Structure des facteurs23 ‱ QualitĂ© de reprĂ©sentation desvariables‱ Rotation des axes

‱ Coefficient d’extraction > 0,5 – VĂ©rifiĂ©e leplus souvent‱ Varimax

InterprĂ©tation24 ‱ Etude des scores factoriels‱ Etude de la composition desfacteurs et de la signification desfacteurs

‱ Scores factoriels > 0,5 – trĂšs significatifs‱ DĂ©finition de trois facteurs :- IntensitĂ© d’investissement- Ratio de capitalisation- Risque Ă©conomique et financier

ValiditĂ© ‱ ValiditĂ© interne, qualitĂ© globale,qualitĂ© propre Ă  chaque variable‱ ValiditĂ© externe

‱ Respect des conditions et test statistiques

‱ CohĂ©rence des facteurs obtenus (littĂ©rature)

2.3.3 Classification : dĂ©finition des groupes d’entreprises Ă  fortes opportunitĂ©s decroissance et Ă  faibles d’opportunitĂ©s de croissance

Nous appliquons une classification basĂ©e sur des hypothĂšses concernant la position desindicateurs des opportunitĂ©s de croissance. Nous segmentons l’échantillon en deux groupes -les entreprises bĂ©nĂ©ficiant d’opportunitĂ©s de croissance et les firmes n’en bĂ©nĂ©ficiant pas - Ă partir des mĂ©dianes des scores factoriels des indicateurs. Nous considĂ©rons conjointement lestrois facteurs et proposons deux segmentations :

21 Les conditions sont respectĂ©es pour chacune des annĂ©es Ă©tudiĂ©es22 Le nombre de facteur dĂ©terminĂ© est le mĂȘme pour chacune des annĂ©es Ă©tudiĂ©es.23 La structure des facteurs est identique pour chacune des annĂ©es Ă©tudiĂ©es.24 On retrouve les mĂȘmes facteurs pour chacune des annĂ©es Ă©tudiĂ©es ; la composition est nĂ©anmoins pas toujoursidentique.

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- Selon une segmentation stricte, les entreprises dont les scores factoriels des troisindicateurs sont supĂ©rieures Ă  la mĂ©diane sont supposĂ©es bĂ©nĂ©ficier d’opportunitĂ©s decroissance, inversement si les scores factoriels sont infĂ©rieurs ;

- Selon une segmentation moins stricte, on admet qu’une entreprise bĂ©nĂ©ficied’opportunitĂ©s de croissance si les scores factoriels de deux indicateurs sont supĂ©rieurs Ă la mĂ©diane. De mĂȘme, on considĂšre qu’une entreprise ne bĂ©nĂ©ficie pas d’opportunitĂ©s decroissance si les scores factoriels de deux indicateurs sont infĂ©rieurs Ă  la mĂ©diane.

2.4 DĂ©finition des phases du cycle de vie

2.4.1 Principes

Il n’y a pas de consensus ni de mĂ©thodes opĂ©rationnelles clairement dĂ©finies pour dĂ©terminerles phases du cycle de vie de l’entreprise. Les diffĂ©rentes mĂ©thodologies partent cependant dumĂȘme constat : « le concept de cycle de vie intĂšgre une sĂ©rie de caractĂ©ristiques financiĂšresdes entreprises propres Ă  la phase du cycle de vie. (
) Ainsi, les caractĂ©ristiques financiĂšresassociĂ©es aux phases du cycle de vie sont utilisĂ©es pour classer les entreprises, par annĂ©e,selon leurs phases du cycle de vie. »25. Nous proposons de distinguer les entreprises selonquatre phases : dĂ©marrage ou start-up, croissance, maturitĂ© et dĂ©clin. Nous dĂ©finissons cesphases en deux temps. Nous dĂ©terminons dans un premier temps de façon singuliĂšre lesentreprises en phase de dĂ©marrage. Les entreprises cotĂ©es sur les marchĂ©s boursiers destinĂ©saux start-up sont censĂ©es ĂȘtre en phase de dĂ©marrage. Dans un second temps, nousdĂ©terminons les autres phases. Pour ce faire, nous considĂ©rons les variables Ă©voquĂ©es par lalittĂ©rature pour caractĂ©riser les phases du processus de dĂ©veloppement des entreprises. Afin dedĂ©finir des indicateurs agrĂ©gĂ©s, nous appliquons une analyse factorielle. Puis, nousdĂ©terminons les phases en Ă©tablissant des hypothĂšses sur la position des indicateurs selon lesphases.

2.4.2 Définition des entreprises en phase de démarrage

Nous dĂ©finissons de façon distincte la phase de dĂ©marrage. BLACK (1998) propose deconsidĂ©rer l’ñge pour distinguer les entreprises Start Up. Nous proposons de ne pas utilisercette variable. Le concept de cycle de vie n’induit pas que l’entreprise va suivre de façoncontinue et hiĂ©rarchique les diffĂ©rentes phases du cycle. Ainsi, aprĂšs un dĂ©clin de son activitĂ©principale, une entreprise peut se relancer dans une activitĂ© Ă  fort potentiel de dĂ©veloppement.Cette firme peut ĂȘtre considĂ©rĂ©e en phase de dĂ©marrage alors qu’elle existe depuis plusieursannĂ©es. Inversement, une entreprise dans ses premiĂšres annĂ©es n’est pas forcĂ©ment en phasede dĂ©marrage. Il se peut que son activitĂ© ne dĂ©marre jamais et qu’elle soit directement endĂ©clin, par exemple. Il convient de ne pas confondre premiĂšres annĂ©es de vie de l’entreprise etphase de dĂ©marrage. Nous proposons de dĂ©finir les entreprises en phase de dĂ©marrage commeles entreprises cotĂ©es sur les marchĂ©s boursiers destinĂ©s essentiellement Ă  des sociĂ©tĂ©s dehaute technologie et Ă  des sociĂ©tĂ©s en pleine expansion qui souhaitent franchir un nouveauseuil de croissance. Par exemple, en France, le Nouveau marchĂ©, ouvert en fĂ©vrier 1996, estun marchĂ© qui s’adresse Ă  des sociĂ©tĂ©s europĂ©ennes, jeunes, innovatrices, Ă  fort potentiel decroissance et qui ont un besoin de capitaux important pour financer leur dĂ©veloppement. LeNouveau marchĂ© fait partie du rĂ©seau Euro-NM regroupant ses principaux Ă©quivalents

25 « The life cycle concept captures a common set of financial characteristics for firm in a life cycle stage. (
)Financial characteristics associated with corporate life-cycle stages are used to classify firm-years into life-cycle stages », BLACK, 1998, p3 et 4

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europĂ©ens comme le Neuer Mark (nouveau marchĂ© allemand26) ou le Nmax (nouveau marchĂ©hollandais). L’information sur les entreprises cotĂ©es sur les marchĂ©s de croissance a Ă©tĂ©obtenue auprĂšs de chacune des places financiĂšres des diffĂ©rents pays.

2.4.3 Définition des entreprises en phase de croissance, maturité et déclin

2.4.3.1 CritĂšres : indicateurs des phases du cycle de vie

Nous considĂ©rons les variables envisagĂ©es par PASHLEY et PHILIPPATOS (1990),ANTHONY et RAMESH (1992) et les caractĂ©ristiques des phases du cycle de vie mises enĂ©vidences par BLACK (1998). Nous avons choisi de ne pas prendre en compte de variablesstructurelles comme la taille ou l’ñge car nous pensons que ces variables sont plusdifficilement interprĂ©tables. Le tableau n° 6 prĂ©sente les variables considĂ©rĂ©es.

TABLEAU N° 6 : VARIABLES CARACTERISTIQUES DES PHASES DU CYCLE DE VIE

Variables Mesures DĂ©finition Thomson Analytics‱ Structure financiĂšre‱ Structure financiĂšre‱ CapacitĂ© de remboursement

‱ LiquiditĂ©

‱ Poids dettes CT‱ Levier financier‱ Poids des charges d’intĂ©rĂȘts

‱ Ratio de liquiditĂ©

‱ (Total debt – total LT debt) / total debt‱ Total debt / common equity‱ Interest expense on debt / Earningbefore interest and taxes‱ Current ratio

‱ Distribution des dividendes ‱ RapportĂ© au rĂ©sultat et au titre ‱ Dividend payout per share‱ ∆ RĂ©sultat net‱ ∆ RĂ©sultat d’exploitation

‱ ∆ Marge nette‱ RentabilitĂ© Ă©conomique‱ RentabilitĂ© Ă©conomique‱ RentabilitĂ© financiĂšre

‱ Croissance du rĂ©sultat net‱ Croissance du rĂ©sultatd’exploitation‱ Croissance de la marge nette‱ Rendement de l’actif‱ Rendement sur capitaux investis‱ Rendement des fonds propres

‱ Net income 1 year growth‱ Operating income 1 year growth

‱ Net margin 1 year growth ‱ Return on assets‱ Return on invested capital‱ Return on equity per share

‱ ∆ Chiffre d’affaires‱ PĂ©nĂ©tration du marché‹ ∆ PĂ©nĂ©tration du marchĂ©

‱ Croissance du chiffre d’affaires‱ Part de marché‹ Croissance relative de la part demarchĂ©

‱ Sales 1 year growth‱ Sales / industry sales‱ Sales 1 year growth / industry sales 1year growth

‱ Part de la main d’Ɠuvre‱ Part des actifs‱ GĂ©nĂ©ration de flux

‱ Ventes par employé‹ Ventes par actif‱ Flux gĂ©nĂ©rĂ© par ventes

‱ Sales per employee‱ Sales / assets‱ Cash flow / sales

‱ Investissement en immo.‱ Investissement en immo.‱ Investissement en incorporels

‱ Investissements (immo) par ventes‱ Investissements (immo) par actif‱ Part des incorporels dans les actifs

‱ Capital expenditure / sales‱ Capital expenditure /assets‱ Intangibles / Total assets

A l’aide d’une analyse factorielle, nous proposons de dĂ©terminer des facteurs synthĂ©tiques.Les indicateurs doivent logiquement ĂȘtre communs pour les diffĂ©rentes pĂ©riodes. Nouseffectuons l’analyse sur l’ensemble de la pĂ©riode d’étude27. Celle-ci est mise en Ɠuvre souscertaines conditions et Ă  travers des Ă©tapes prĂ©sentĂ©es dans le tableau n° 7.

26 Avant sa disparition en 2003.27 Des analyses factorielles effectuĂ©es distinctement sur les diffĂ©rentes annĂ©es de la pĂ©riode d’étude ont conduit Ă des rĂ©sultats similaires.

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TABLEAU N° 7 : ETAPES ET RESULTATS DE L’ANALYSE FACTORIELLE PERMETTANT DE DEFINIR LES INDICATEURS DES PHASES DE CYCLE DE VIE

Contraintes MĂ©thodes et critĂšresChoix de la mĂ©thoded’analyse factorielle

‱ Etude de l’objectif de l’analyse ‱ Application de l’ACP permettantde rĂ©sumer les critĂšres

Conditions d’applicationpropres aux variables etindicateurs statistiques àrespecter

‱ Nombre d’observations supĂ©rieur de30 Ă  50 au nombre de variables‱ Matrice de corrĂ©lation‱ Test de sphĂ©ricitĂ© de BARTLETT‱ Test de KAISER, MEYER et OLKIN

‱ 6 480 entreprises - annĂ©e enmoyenne > 21 variables dĂ©finissantles EOI‱ Coefficients satisfaisants‱ Signification : 0,000‱ Indice KMO = 0,520 > 0,5

DĂ©termination du nombrede facteurs Ă  retenir

‱ RĂšgle de KAISER‱ Courbe des valeurs propres‱ Restitution minimum‱ InterprĂ©tabilitĂ©

‱ Valeur propre > 1 ➝ 7 facteurs‱ Screen test ➝ 7 facteurs‱ Variance expliquĂ©e > 50 % ➝ 5facteurs‱ Prise en compte de 9 facteursinterprĂ©tables

Structure des facteurs ‱ QualitĂ© de reprĂ©sentation des variables

‱ Rotation des axes

‱ Coefficient d’extraction > 0,5 –Seul une variable a un coefficient <0,5 (=0,437) mais s’interprùte trùsbien avec les autres variables.‱ Varimax

InterprĂ©tation28 ‱ Etude des scores factoriels

‱ Etude de la composition des facteurs etde la signification des facteurs

‱ Scores factoriels > 0,5 – trĂšssignificatifs‱ DĂ©finition de neuf facteurs :- Croissance du rĂ©sultat- RentabilitĂ©- Performance- IntensitĂ© d’investissement- Croissance du chiffre d’affaires- Structure financiĂšre court terme- CapacitĂ© de remboursement- Dividendes- Structure financiĂšre long terme

ValiditĂ© ‱ ValiditĂ© interne, qualitĂ© globale,qualitĂ© propre Ă  chaque variable‱ ValiditĂ© externe

‱ Respect des conditions et teststatistiques‱ CohĂ©rence des facteurs obtenus(littĂ©rature)

Les variables investissement en Ă©lĂ©ments incorporels, chiffre d’affaires par actif, flux deliquiditĂ© rapportĂ© aux chiffres d’affaires, croissance du rĂ©sultat d’exploitation et rentabilitĂ© suractifs ont Ă©tĂ© retirĂ©es de l’étude car elles prĂ©sentaient une faible qualitĂ© de reprĂ©sentation(<0,529) ou perturbaient l’analyse et rendaient difficile l’interprĂ©tation des facteurs. La variablepĂ©nĂ©tration du marchĂ© a Ă©tĂ© conservĂ©e malgrĂ© un coefficient d’extraction lĂ©gĂšrement infĂ©rieurĂ  0,5 car cette variable forme avec d’autres Ă©lĂ©ments un facteur interprĂ©table et reconnu pourdĂ©finir les phases du cycle de vie. Enfin, nous avons choisi de considĂ©rer neuf facteurs plutĂŽtque sept car ces facteurs sont prĂ©sents dans la littĂ©rature et ont du sens pour expliquer lesphases du cycle de vie. L’analyse factorielle est trĂšs satisfaisante puisque les facteurs dĂ©finispermettent d’expliquer environ 78 % de la variance. Neufs indicateurs permettent dedistinguer les phases du cycle de vie de l’entreprise (voir tableau n° 7) :- Croissance du rĂ©sultat : ce facteur est composĂ© des variables croissance annuelle du

résultat net et croissance annuelle de la marge nette. La croissance du résultat est un des

28 On retrouve les mĂȘmes facteurs pour chacune des annĂ©es Ă©tudiĂ©es ; la composition est nĂ©anmoins pas toujoursidentique.29 Test KMO, voir annexe n° 6.1

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facteurs essentiels pour définir les phases du cycle de vie (score factoriel = 0,979). Cefacteur a été évoqué par la littérature ;

- RentabilitĂ© : ce facteur est composĂ© des variables rentabilitĂ© Ă©conomique et financiĂšre ;citĂ© aussi dans d’autres Ă©tudes. C’est Ă©galement un des facteurs essentiels dans ladĂ©finition des phases du cycle de vie (score factoriel = 0,969) ;

- Performance : sont regroupĂ©es sous ce facteur, les variables informant sur le chiffred’affaires, la productivitĂ© salariale et la pĂ©nĂ©tration du marchĂ©. Il regroupe ainsi diffĂ©rentsfacteurs envisagĂ©s dans la littĂ©rature : taille, capacitĂ© productive et positionconcurrentielle ;

- IntensitĂ© d’investissement : ce facteur est composĂ© de deux variables mesurant lesinvestissements : les dĂ©penses en investissement rapportĂ©es aux actifs et aux chiffresd’affaires ;

- Croissance du chiffre d’affaires : sont comprises dans ce facteur la croissance annuelleabsolue du chiffre d’affaires et la croissance annuelle relative du chiffre d’affaires, c’est-Ă -dire rapportĂ©e Ă  la croissance du chiffre d’affaires des entreprises du secteur del’entreprise. Ce facteur a Ă©tĂ© utilisĂ© par d’autres Ă©tudes (ANTHONY et RAMESH, 1992ou BLACK, 1998) pour dĂ©finir en partie les phases du cycle de vie des entreprises ;

- Structure financiÚre court terme : ce facteur correspond à la combinaison du ratio deliquidité et du poids des dettes court terme. Ces deux variables agissent en sens inversepour définir cet indicateur ;

- CapacitĂ© de remboursement : ce facteur est dĂ©fini par une seule variable soit le ratiocharges d’intĂ©rĂȘts sur rĂ©sultats avant impĂŽts et charges ;

- Dividende : cet indicateur est Ă©galement dĂ©fini Ă  l’aide d’une seule variable soit lesdividendes rapportĂ©s au rĂ©sultat. D’autres Ă©tudes se sont basĂ©es en partie sur la politiquede dividendes pour dĂ©finir les phases des cycles de vie des entreprises ;

- Structure financiùre long terme : ce facteur s’exprime à travers le levier financier.

2.4.3.2 Classification : Définition des entreprises en phase de croissance, maturité et déclin

Nous dĂ©finissons les phases de croissance, maturitĂ© et dĂ©clin Ă  partir des facteurs dĂ©terminĂ©s Ă l’aide de l’analyse factorielle. Nous effectuons cette typologie pour chaque annĂ©e de lapĂ©riode d’étude car une entreprise peut changer de phases au cours de la pĂ©riode. Nous avonsadoptĂ©, tout comme ANTHONY et RAMESH (1992), une classification des entreprises Ă partir de la position des variables caractĂ©ristiques des phases. Cette dĂ©marche est intĂ©ressantecar elle repose sur des hypothĂšses Ă©laborĂ©es Ă  partir de constats et de rĂ©sultats mis en Ă©videncepar des Ă©tudes antĂ©rieures. Nous supposons que :- Une entreprise en phase de croissance affiche le plus haut taux de croissance du rĂ©sultat et

du chiffre d’affaires et que le niveau de performance (taille, capacitĂ© productive, positionconcurrentielle) est le plus Ă©levĂ© comparativement aux autres phases. Elle s’illustre par unniveau de rentabilitĂ©, une intensitĂ© d’investissement, une capacitĂ© de remboursement etdes ratios de structure financiĂšres positifs mais infĂ©rieurs Ă  ceux qu’elle peut connaĂźtre enphase de maturitĂ©. Elle ne distribue pas de dividendes.

- Une entreprise en phase de maturitĂ© affiche dans l’ensemble des indicateurs positifs etmoyens. Durant cette phase, l’entreprise connaĂźt une croissance de son rĂ©sultat et de sonchiffre d’affaires ainsi qu’un niveau de performance et de rentabilitĂ© positif mais infĂ©rieurĂ  ceux qui sont connus en phase de croissance. Par contre, elle connaĂźt ses meilleursconditions en matiĂšre de structure financiĂšre et de capacitĂ© de remboursement. Elle

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dĂ©veloppe une politique de distributions de dividendes. Cependant, une entreprise maturene rĂ©alise plus d’investissement.

- Une entreprise en phase de dĂ©clin prĂ©sente les indicateurs les plus dĂ©favorables. LarentabilitĂ©, la croissance du rĂ©sultat et du chiffre d’affaires ainsi que la capacitĂ© deremboursement peuvent ĂȘtre nĂ©gatifs. Le niveau de performance et les ratios de structurefinanciĂšre demeurent positifs mais sont les plus faibles que peut connaĂźtre l’entreprise. Lafirme dĂ©sinvestit et ne distribue pas de dividendes.

Les entreprises sont classĂ©es selon la position des scores factoriels par rapport aux quantilesd’ordre 1/3 et 2/3 des scores factoriels pour chaque annĂ©e de la pĂ©riode d’étude30 et pourchacune des entreprises. Nous considĂ©rons cinq facteurs sur neuf31. Le tableau n° 8 prĂ©cise noshypothĂšses sur la position des indicateurs en terme de quantile. Nous classons les entreprises Ă partir de l’ensemble des positions des facteurs. Une entreprise est catĂ©gorisĂ©e dans une phasede cycle de vie donnĂ©e si au moins trois des indicateurs sur cinq sont caractĂ©ristiques de laphase32.

TABLEAU N° 8 : POSITION DES SCORES FACTORIELS SELON LES PHASES DU CYCLE DE VIE

Croissance Maturité Déclin

Croissance du résultat Q3, Q4 Q2 Q1

Rentabilité Q2 Q3, Q4 Q1

Performance Q3, Q4 Q2 Q1

IntensitĂ© d’investissement Q3, Q4 Q2 Q1

Croissance du chiffre d’affaires Q3, Q4 Q2 Q1

Q1 : quantile d’ordre 1/3 ; Q2 : quantile d’ordre 2/3 des scores factoriels sur 5 annĂ©es

La valorisation de l’entreprise Ă©tant conditionnĂ©e par les caractĂ©ristiques de celle-ci,l’approche contextuelle souligne que la pertinence des chiffres comptables est influencĂ©e parle contexte de l’entreprise. L’application de cette approche nĂ©cessite de dĂ©finir empiriquementdes Ă©lĂ©ments contextuels. Nous proposons de considĂ©rer le niveau technologique, lesopportunitĂ©s de croissance et les phases du cycle de vie et de les apprĂ©hender Ă  l’aide dediffĂ©rentes informations comptables : dĂ©penses en R&D, montant des investissements, ratiosde capitalisation, niveau de risques, croissance du chiffre d’affaires, niveau de dettes et defonds propres
 Cette Ă©tude a pour intĂ©rĂȘt de proposer des mĂ©thodologies empiriques pourdĂ©finir les Ă©lĂ©ments contextuels de l’entreprise. De plus, cette Ă©tude corrobore une dĂ©marcheappliquĂ©e en pratique par les professionnels en matiĂšre d’évaluation. Enfin, cette recherches’inscrit dans l’évolution actuelle de la comptabilitĂ©. En effet, les Ă©tats financiers visent Ă offrir d’autres informations pour mieux contextualiser l’entreprise et ainsi mieux mesurer savaleur. NĂ©anmoins, cette recherche n’est pas exempte de limites. L’approche contextuelle estliĂ©e au choix des Ă©lĂ©ments contextuels considĂ©rĂ©s, Ă  la pertinence des indicateurs des Ă©lĂ©mentscontextuels ainsi qu’aux mĂ©thodologies de classification.

Références bibliographiques

30 La pĂ©riode d’étude est rĂ©duite Ă  cinq ans car nous considĂ©rons la pĂ©riode utilisĂ©e pour dĂ©finir la phase dedĂ©marrage : 1997-2001.31 Les cinq facteurs permettent d’expliquer plus de 50 % de la variance. De plus, ceci permet de ne pas ĂȘtre enprĂ©sence de groupes qui prĂ©sentent des caractĂ©ristiques de diffĂ©rentes phases ou de rĂ©duire la taille des groupes.32 Une classification plus stricte consiste Ă  classer une entreprise dans une phase de cycle de vie donnĂ©e sil’ensemble des indicateurs sont caractĂ©ristiques de la phase. Cette approche est plus juste mais nous conduit Ă dĂ©finir des Ă©chantillons trop restreints.

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