conseil de la cooperation culturelle

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Strasbourg,le 7 octobre 1999 CC-Cult (99) 33A (French only) CONSEIL DE LA COOPERATION CULTURELLE PROGRAMME EUROPEEN D'EXAMEN DES POLITIQUES CULTURELLES NATIONALES LA POLITIQUE CULTURELLE EN ROUMANIE RAPPORT NATIONAL Octobre 1999

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Page 1: CONSEIL DE LA COOPERATION CULTURELLE

Strasbourg,le 7 octobre 1999 CC-Cult (99) 33A(French only)

CONSEIL DE LA COOPERATION CULTURELLE

PROGRAMME EUROPEEND'EXAMEN DES POLITIQUES CULTURELLES NATIONALES

LA POLITIQUE CULTURELLEEN ROUMANIE

RAPPORT NATIONAL

Octobre 1999

Page 2: CONSEIL DE LA COOPERATION CULTURELLE

2

Table des matiĂšres

Page

QU'EST-CE QUE LA CULTURE ROUMAINE ?













. 05

PREMIÈRE PARTIE : DÉFINITION DE LA STRATÉGIE 









 16

I. Les programmes du gouvernement et le domaine de la culture 






.. 17

II. La culture dans le systùme de l’administration publique de Roumanie 


.. 20

III. Principes fondamentaux de la stratégie générale du ministÚre de la Culture 
. 25

IV. L’initiative privĂ©e 























 44

DEUXIÈME PARTIE: L’ETAT DES CHOSES 














.. 48

I.. En quĂȘte d’une lĂ©gislation rĂ©aliste et stimulante 











 49

II. Institutions du spectacle 




















. 60

III. Le dĂ©veloppement de l’audiovisuel en Roumanie 










. 71

IV. Les livres et les bibliothùques ........................................








 94

V. Le cadre de manifestation de l’art roumain contemporain 







 108

VI. Interculturalité et culture des minorités 














. 119

VII. Le patrimoine culturel 





















 129

VIII. L’éducation permanente – Les centres et les foyers culturels ........................
 140

IX. Relations internationales 











.








 147

ANNEXES 




























.. 156

Page 3: CONSEIL DE LA COOPERATION CULTURELLE

3

Ont participĂ© Ă  l’élaboration de ce texte :

M.Petre GURAN, Chercheur, Institut des Ă©tudes sud-est europĂ©ennesMme Delia MUCICA, SĂ©cretaire gĂ©nĂ©rale au ministĂšre de la CultureM.Eugen VASILIU, SĂ©nateur; PrĂ©sident de la Commission culture, arts et mĂ©dia du SĂ©natM.Virgil NITULESCU, Conseiller, Commission pour la culture de la Chambre des DĂ©putĂ©sM.Horea MURGU, Professeur universitaireM.Horia MATEI, Historien; professeur universitaireM.Gheorghe BULUTA, Chercheur; BibliothĂšque « Sadoveanu »-BucarestM.Adrian GUTA, Professeur universitaireM.Liviu RUS, Directeur de l’Institut interculturel de TimisoaraM.Dan MATEI, Directeur, Institut de la mĂ©moire culturelleM.Ioan DRAGAN, Centre de recherches de l’AcadĂ©mie RoumaineM.Vladimir SIMON, Directeur gĂ©nĂ©ral, Direction gĂ©nĂ©rale des Relations internationales du ministĂšre de la CultureM.Radu VALTER, version française

On a utilisĂ© des donnĂ©es du Premier Sondage d’opinion sur la consommation culturelle rĂ©alisĂ©,en 1998, Ă  l’initiative du ministĂšre de la Culture, par l’Institut de Marketing et des Sondages(IMAS), dirigĂ© par M.Alin TEODORESCU.

Ce Rapport s’inscrit dans le cadre du Programme “Evaluation des politiques culturelles nationales” du Conseil de l’Europe (Division des politiques et de l’action culturelles) et a Ă©tĂ© lancĂ© et rĂ©alisĂ© par la, Direction gĂ©nĂ©rale des Relations internationales du ministĂšre de la Culture, le DĂ©partement pour l’intĂ©gration europĂ©enne –Directeur gĂ©nĂ©ral: M.Vladimir SIMON; chargĂ©e de mission: Mlle Dorina BODEA-sous la coordination de Mme Maria BERZA, secrĂ©taire d’Etat, approuvĂ© et soutenu par Ion CARAMITRU, ministre de la Culture.

On a pris en compte dans cette version finale du Rapport toutes les observations et lesrecommandations de spécialité des directions du ministÚre de la Culture, pour lesquelles nousleur remercions:

Direction Générale des Etablissements, Centres et Inspectorats pour la Culture:directrice générale, Mme Adriana TANASESCUDirection de la Culture Ecrite et des BibliothÚques: directrice, Mme Ana ANDREESCU Direction Générale du Patrimoine Culturel National:Directeur général, M.Sergiu NISTORDirection des Minorités Nationales:directeur, M.Carol KonigDirection des Arts Visuels:directrice, Mme Simona TANASESCUDirection Générale des Arts du Spectacle:directeur général, M.Vladimir POPESCU-DEVESELUDirection des Ressources FinanciÚres, Développement: directrice, Mme Georgeta BUTNARIU

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Politiques et stratégies culturelles

«/.../ Pour ce qui est de la culture crĂ©atrice, la sociĂ©tĂ© roumaine ne se rend encore pas compte de l’importance du problĂšme, car elle ne comprend pas l’insigne valeur de la fonction et de la force sociale de l’intelligence./.../

Les principes qui devront nĂ©cessairement se trouver Ă  la base d’unepolitique d’Etat de la culture et qui se dĂ©gagent du bref exposĂ© prĂ©sentĂ© nesauraient ĂȘtre les suivants :

1.La culture supĂ©rieure crĂ©atrice ne peut ĂȘtre dissociĂ©e de la culture du peuple

2.La culture ne peut ĂȘtre imposĂ©e d’en haut ; elle est une affairepersonnelle et doit donc vivre dans une atmosphĂšre de libertĂ©, de spontanĂ©itĂ© et de caractĂšre national

3.La culture doit s’édifier sur les caractĂ©ristiques nationales qui devront ĂȘtre examinĂ©es par la mĂ©thode de la monographie sociologique

4.Les institutions d’Etat qui ont la responsabilitĂ© d’organiser la culturenationale doivent bĂ©nĂ©ficier d’une trĂšs large autonomie

5.De telles institutions ne peuvent se donner comme but de créer la culture,mais seulement les conditions favorables à son développement, décelant,stimulant et organisant la collaboration de tous les éléments culturels du pays/.../ »

DIMITRIE GUSTI«La politique de la culture et l’Etat culturel»ConfĂ©rence donnĂ©e le 10 juin 1928 dans le cycleorganisĂ© par l’Institut social roumain au sujet de laPolitique culturelle

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QU’EST-CE QUE LA CULTURE ROUMAINE ?

Y-a-t-il de rĂ©ponse Ă  une telle question ? Non! C’est pourtant la questionobsĂ©dante de toute petite culture,. de toute culture nationale. A-t-elle unespĂ©cificitĂ©? Quelle est son originalitĂ©? Quel est finalement son rapport avec laculture universelle? Cette dichotomie, culture nationale / versus / cultureuniverselle, hante les esprits des Roumains depuis leur Ăąge scolaire, car les objetsd’études comprennent tous cette distinction: littĂ©rature roumaine - littĂ©ratureuniverselle, histoire roumaine - histoire universelle, gĂ©ographie roumaine -gĂ©ographie universelle.

En Ă©valuant aujourd’hui les politiques culturelles de l’Etat roumain serait-on en mesure d’objectiver une telle perspective ? Celle-ci est-elle nĂ©cessaire pourprĂ©parer une bonne politique culturelle?

Par consĂ©quent dans cette introduction on va analyser le rapport national- universel dans la culture roumaine. Un deuxiĂšme aspect important sera laliaison entre le rĂ©gime politique et la politique culturelle, ainsi qu’une certaineindĂ©pendance de la culture par rapport aux politiques culturelles idĂ©ologiques.

La participation de l’espace politique roumain à la culture byzantine tardive et à la culture postbyzantine

Les premiers tĂ©moignages de l’appartenance de l’espace politique roumainĂ  la culture byzantine datent du XIVe siĂšcle. Ce fait met en lumiĂšre lacorrespondance Ă©troite entre le rĂ©gime politique et la forme de la culture. Tandisque SĂąn Nicoara, l’église catholique de Curtea de Arges , datant du XIVe siĂšcle,n’est plus qu’une ruine, SfĂąntul Nicolae Domnesc, chapelle palatine et cathĂ©dralemĂ©tropolitaine dans la mĂȘme ville et du mĂȘme siĂšcle, a survĂ©cu aussi bien quel’orientation politique qu’elle reprĂ©senta. Du choix politique des princes de laValachie et de la Moldavie au XIVe siĂšcle, qui fut Ă©galement ecclĂ©siastique et spirituel1, rĂ©sulte la premiĂšre culture roumaine2. Cette culture est l’oeuvre de lafoi chrĂ©tienne dans sa forme byzantine, exprimĂ©e en langue slave. A l’époque, laoikumene byzantino - slave connaissait dĂ©jĂ  des diffĂ©rences sensibles, quin’étaient peut-ĂȘtre pas irrĂ©conciliables, d’avec la christianitas latine. Celan’implique pas de voir dans la diffĂ©rence des cultures Ă  l’ouest et Ă  l’est del’Europe simplement une consĂ©quence de cette dĂ©chirure de la chrĂ©tientĂ©, celle-ci

1 Il s’agit de la crĂ©ation au XIVe siĂšcle des metropolies de Curtea de Arges en Valachie et de Suceava enMoldavie sous l’autoritĂ© du patriarcat de Constantinople, ce que signifie la confirmation ecclĂ©siastique del’appartenance au christianisme oriental.2 Daniel Barbu, Byzance, Rome et les Pays Roumains. Essai sur la production politique de la foi, Studia Politica 2,Bucure[ti, 1998, passim

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ayant été depuis longtemps repoussé au niveau de détail par les circonstancespolitiques ultérieures et surtout celles récentes3.

L’entrĂ©e de l’espace politique entre les Carpathes, le Danube et le Dnjestre(les Etats mĂ©diĂ©vaux de la Valachie et de la Moldavie) dans la sphĂšre d’influencepolitique et culturelle de l’Empire romain d’Orient, ainsi que l’entrĂ©e de l’espacepolitique Ă  l’intĂ©rieur des Carpathes (le voĂŻvodat de Transylvanie) dans la doublesphĂšre d’influence politique et culturelle du premier et du Royaume apostoliquede Hongrie, reprĂ©sentent l’unique et dĂ©finitive intĂ©gration de ces rĂ©gions Ă l’Europe politique4 et culturelle. La participation constante des Pays Roumains,Moldavie, Transylvanie et Valachie, au jeu politique europĂ©en, a Ă©tĂ© biendĂ©montrĂ©e par l’historiographie roumaine du dernier siĂšcle. La crĂ©ation culturelleau Moyen Âge tĂ©moigne d’une part d’un enracinement spirituel, il s’agit du christianisme oriental d’expression slave, mais aussi d’une conscience forted’appartenance Ă  la latinitĂ©. Par ces deux dimensions, elle s’avĂšre europĂ©ennetout en Ă©tant diffĂ©rente du main stream culturel occidental.

Dans l’évaluation de cette diffĂ©rence culturelle, depuis le XIXe siĂšcle uncourant important de l’historiographie roumaine5 s’est attachĂ©e Ă  dĂ©noncer unmoment d’éclipse de la Valachie et de la Moldavie du concert europĂ©en: c’est l’époque phanariote. Entre 1712, pour la Moldavie, 1716, pour la Valachie6, et 1821, l’Empire ottoman a imposĂ© comme princes des deux Pays Roumains desGrecs, habitants du quartier Phanar de la capitale ottomane. Ceux-ci avaient presque le statut de fonctionnaires ottomans et Ă©taient considĂ©rĂ©s en tout cas plusfidĂšles Ă  l’Empire que les princes du pays. Leur domination apporta aussi lesmodes vestimentaires et alimentaires orientales, une prĂ©sence plus importante depopulations turque et grecque dans les deux pays et par cela une influencelinguistique significative.

La rĂ©volution nationale au XIXe siĂšcle a eu comme cible, successivement,en fonction des circonstances politiques, les Phanariotes et les Turcs. Le point d’accusation a Ă©tĂ© les moeurs instaurĂ©es par ceux-ci. Le tribut lourd et laparticipation militaire que demandaient l’Empire ottoman et le fait que le trĂŽneĂ©tait achetĂ© avec des fortes sommes par les divers prĂ©tendants phanariotes, dont l’intĂ©rĂȘt pouvait ĂȘtre l’enrichissement, ont crĂ©Ă© une pression fiscale pesante. Enplus, l’administration du pays se faisait par des acolytes du prince en place, qui

3 La contribution de Samuel P. Huntington au sujet des lignes de conflits Ă  l’intĂ©rieur de l’Europe nous est connu.NĂ©anmoins on la rejĂšte sans pouvoir se pencher sur la rĂ©futation. Pourtant les principaux arguments apparaĂźtronsau long du texte.4 Daniel Barbu, Byzance, Rome et les Roumains. Essai sur la production politique de la foi au Moyen Âge, StudiaPolitica 2, Bucure[ti, 1998, p. 143 - 159, le chapitre “La Valachie et le Concile de BĂąle”, dans lequelle l’auteurdĂ©couvre une participation roumaine Ă  ce qu’il appelle la derniĂšre grande assemblĂ©e paneuropĂ©enne du MoyenÂge.5 L’oeuvre reprĂ©sentative de ce courant: Pompiliu Eliade, L’influence française sur l’esprit public en Roumanie,thĂšse de doctorat soutenue Ă  Paris dans les annĂ©es ‘90 du XIXe siĂšcle.6 Ces dates reprĂ©sentent une realitĂ© institutionnelle, moins importantes pour la signification morale et culturelle del’époque phanariote.

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leur vendaient les diverses charges administratives. Ainsi les Phanariotes,symboles de la malhonnĂȘtetĂ© et des prĂ©varications les plus diverses, sont devenusles ennemis par excellence de l’europĂ©anitĂ© des Roumains.

La politique impĂ©riale russe d’annexions territoriales aux dĂ©pens del’Empire ottoman et les abus lors des occupations militaires russes des PaysRoumains aux XVIIIe et XIXe siĂšcles, ont crĂ©Ă© le deuxiĂšme ennemi del’europĂ©anitĂ© des Roumains: l’Empire “asiatique” des Tsars. Par voie deconsĂ©quence, l’hĂ©ritage slave, trĂšs important dans la langue roumaine, est devenu la cible des linguistes latinisants.

L’alliance de ces deux thĂšmes a conclu Ă  un rejet assez gĂ©nĂ©ralisĂ© del’Ancien RĂ©gime, Moyen Âge7 compris, avec le modĂšle culturel que celui-ciavait dĂ©veloppĂ©. Pourtant en 1937 l’ouvrage de l’historien Nicolae Iorga Byzance aprĂšs Byzance, formule qui a fait une grande carriĂšre dans l’historiographieuniverselle, ouvre la voie Ă  une nouvelle Ă©valuation des Phanariotes, dans uncontexte de rĂ©cupĂ©ration du Moyen Âge roumain. N. Iorga dĂ©montre dans sonlivre que la culture roumaine du Moyen Âge jusqu’à la fin de l’époque desPhanariotes fait partie d’un paradigme culturel qui s’étend pour certaines Ă©poquesde la Mer Blanche jusqu’au Mont SinaĂŻ, de TrĂ©bizonde jusqu’à San Giorgio deiGreci Ă  Venise (pourquoi pas jusqu’à TolĂšde par Domenikos TheotokopoulossurnommĂ© El Greco?) C’est une culture qui s’exprime Ă  travers les oeuvresd’AndreĂŻ Roublev, par la redĂ©couverte du platonisme dans les universitĂ©sitaliennes, par l’école artistique crĂ©toise, les fresques extĂ©rieures de la Bucovine(rĂ©gion du nord de la Moldavie) et le monastĂšre de Vacaresti, fondation du premier prince phanariote, Nicolas Mavrocordat8.

MalgrĂ© cela et contre cela, on pourrait dire que la culture roumainemoderne est nĂ©e avec un double complexe: d’ĂȘtre infĂ©rieure et non-europĂ©enne.

Le complexe d’infĂ©rioritĂ© et la dĂ©nonciation de ce complexe

Au dĂ©but du XIXe siĂšcle, les Roumains se trouvent sous le rĂ©gimephanariote en Moldavie et Valachie, sous l’administration autrichienne et ladomination fĂ©odale hongroise en Transylvanie. L’émancipation nationale est ainsi le phĂ©nomĂšne politique fondamental de l’histoire des Roumains dominant toute manifestation culturelle. Pour les Transylvains, l’émancipation nationaleavait tout d’abord un aspect social. La population roumaine Ă©tait dans sa grandemajoritĂ© rurale et asservie jusqu’à la fin du XVIIIe siĂšcle. La confession desRoumains, l’orthodoxie, non-reconnue jusqu’au dĂ©but du XVIIe siĂšcle, continuad’ĂȘtre marginalisĂ©e sous l’administration autrichienne. Par contre, la crĂ©ation

7 Le Moyen Âge dans les PrincipautĂ©s Roumaines s’étend jusqu’à la fin du XVIIe siĂšcle.8 Le monastĂšre de Vacaresti a Ă©tĂ© rasĂ© par les bulldozers de Ceasescu dans le plan de “systĂ©matisation de la ville”,dont furent victimes plus d’un tiers des anciens quartiers de Bucarest.

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d’une Ă©glise de rite oriental unie Ă  Rome en 1701 nourrissait l’espoir desRoumains d’affirmer une dignitĂ© nationale.

Ainsi, pour les Roumains de Transylvanie, l’émancipation nationale est vue comme le rĂ©veil d’un sommeil millĂ©naire dĂ» aux “ennemis barbares”9,ennemis de la civilisation, Ă  laquelle les Roumains s’attachent par voiegĂ©nĂ©alogique (descendants de la colonisation romaine). Le mouvement intellectuel L’école transylvaine (Scoala ardeleana) dĂ©veloppe tout unprogramme de sciences nationales, dont la tĂąche est de dĂ©montrerlinguistiquement et historiquement la latinitĂ© du peuple roumain. La bourgeoisieroumaine, encore minoritaire dans les villes de la Transylvanie au XIXe siĂšcle,continua la tradition intellectuelle de ce mouvement. Cette bourgeoisie,directement en conflit avec l’administration hongroise depuis la crĂ©ation de ladouble monarchie des Habsbourg (1867), regardait vers Vienne et l’empereurcomme un sauveur et s’intĂ©gra culturellement dans la Mitteleuropa. Ce fut moinsle cas pour la majoritĂ© paysanne de Transylvanie, dont Ă©mergea une nouvellegĂ©nĂ©ration du mouvement national (Ion Slavici, George Co[buc, Octavian Goga)qui commença Ă  regarder de l’autre cĂŽtĂ© des Carpathes, oĂč s’était formĂ© un Etat national, indĂ©pendant, depuis 1877.

La mĂȘme image d’un rĂ©veil domine Ă  peu prĂšs la renaissance nationale enMoldavie et Valachie. Les conflits turco-russe apportent pour les deux PrincipautĂ©s l’espoir de l’affranchissement de la souzerainetĂ© ottomane mais, enmĂȘme temps, le danger d’une occupation russe. Dans ce contexte les pouvoirsoccidentaux, spĂ©cialement la France, sont le seul alliĂ© durable.

AlliĂ© et modĂšle politique, la France est Ă©galement un modĂšle culturel. Laformation professionnelle des Ă©lites moldaves et valaques en France est le creuset de la politique modernisatrice des PrincipautĂ©s roumaines. L’adoption des valeurspolitiques des successives rĂ©volutions europĂ©ennes prend moins de deux dĂ©cennies (de 1848 Ă  1866): systĂšme constitutionnel et parlementaire, libertĂ©individuelle, enseignement public national, sĂ©cularisation de l’état civil, commepremiĂšre Ă©tape de la sĂ©paration de l’Eglise et de l’Etat10, suivie d’uneexpropriation des biens de l’Eglise. A la fin du XIXe siĂšcle, les Ă©litesaristocratiques et bourgeoises du royaume de Roumanie (aprĂšs l’unification de laMoldavie avec la Valachie en 1859, la proclamation de l’indĂ©pendance en 1877 et celle du royaume en 1882) partagent la mĂȘme formation et les mĂȘmes valeursspirituelles et politiques que les pays occidentaux. Les seules obsessions de cesgĂ©nĂ©rations de constructeurs de la Roumanie moderne, ou de la Roumanie tout court, qui se prolongent jusqu’à la fin de la premiĂšre guerre mondiale, sont d’introduire les acquis de la civilisation europĂ©enne et de rattraper un retard par

9 Il s’agit du poĂšme RĂ©veille-toi, Roumains (Desteapta-te, RomĂąne) du poĂšte Andrei Muresanu de la gĂ©nĂ©ration de1848, interdit sous le communisme, aujourd’hui hymne national de la Roumanie.10 La seconde Ă©tape de ce processus, c’est-Ă -dire l’émancipation de l’Eglise de sous la tutelle de l’Etat, ne s’est pasproduite jusqu’aujourd’hui.

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rapport aux nations civilisĂ©es11. L’effort de formation d’une culture nationaleconsistait en une adaptation des modĂšles europĂ©ens, appelĂ© aussi effort desynchronisation. L’avocat extrĂȘme de cette tendance fut le critique littĂ©raireEugen Lovinescu, qui publia son Histoire de la civilisation roumaine en 1927.Pour lui l’imitation est la seule chance des Roumains de parvenir Ă  lacivilisation: “Si la direction du sens - de haut en bas - constitue le premier aspect de l’imitation, son caractĂšre d’intĂ©gralitĂ© en est le deuxiĂšme.”12, et lecosmopolitisme la seule marque de civilisation. Ce fut a peu prĂšs le credo culturelen Roumanie de cette Ă©poque.

Le point de dĂ©part de ce type d’analyse est le caractĂšre barbare, doncinfĂ©rieur des rĂ©alitĂ©s roumaines. Le prĂ©dĂ©cesseur d’Eugen Lovinescu sur cetteligne de pensĂ©e est le grand boyard Dinicu Golescu, qui publiait en 1824 sesimpressions d’un voyage dans l’Empire autrichien. Dans ses commentaires ilcondamne les moeurs politiques de la Valachie du moment, oĂč les exactionsfiscales et la corruption administrative faisaient scandale, et il fait l’éloge del’égalitĂ© devant la justice du riche et du pauvre, du caractĂšre absolu de la loi, et de l’incorruptibilitĂ© du fonctionnaire. La comparaison de l’état social en Valachied’avec celui des rĂ©gions occidentales qu’il avait visitĂ©es, ne pouvaient queconvaincre le boyard valaque de la supĂ©rioritĂ© de la civilisation europĂ©enne. Ilsuit la lignĂ©e des rapports envoyĂ©s par des groupes de boyards moldaves et valaques aux cours europĂ©ennes Ă  la fin du XVIIIe siĂšcle, qui demandaient uneplus grande autonomie des deux PrincipautĂ©s et protestaient contre les injusticesque subissait le pays. Dinicu Golescu est, en fait, lui-mĂȘme, l’exemple d’uneforme “orientale” - il s’habillait encore mĂȘme Ă  l’orientale dans son voyageoccidental - exprimant un contenu “occidental”.

A la suite de Dinicu Golescu, dont les fils seront des rĂ©volutionnaires de1848, les successives gĂ©nĂ©rations de modernisateurs verront “la civilisation” dansl’Europe de l’Ouest, c’est-Ă -dire dans le progrĂšs technique et social, qu’ellereprĂ©sente. A partir de ce constat, ils forgĂšrent le rejet presque complet desformes culturelles de la Byzance aprĂšs Byzance. Musique, architecture, peinturefurent une imitation, parfois de gĂ©nie, souvent de mauvaise qualitĂ© du classicismeeuropĂ©en. Les chanteurs des Ă©glises bucarestoises imitĂšrent dans les chantsliturgiques des arias de bel canto entendues chez les troupes ambulantes quidonnaient des spectacles Ă  Bucarest13.

Cette atmosphĂšre dans laquelle naquit la culture roumaine moderne a crĂ©Ă©le thĂšme de l’infĂ©rioritĂ©, de la barbarie et du commencement Ă  zĂ©ro de celle-ci au sein de la jeune nation. Au XIXe siĂšcle, il n’y a pas eu de vraie lutte “des anciens

11 Ces expressions appartiennent Ă  l’époque.12 La citation est choisie et traduite par Roxana Sorescu dans l’article “L’Europe - une idĂ©e rĂ©currente de la cultureroumaine moderne”, New Europe College Yearbook 1994 - 1995, Humanitas, Bucarest, 1998, de E. Lovinescu,Istoria civiliza]iei romĂąne moderne, Editura Stiintifica, 1972, p. 6713 Scrisori ale lui Ion Ghica c\tre Vasile Alecsandri, Bucure[ti, 1884, p. 53

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et des modernes”. La thĂ©orie des formes sans fond, formulĂ©e par l’écrivain, leprofesseur de philosophie et l’homme politique conservateur Titu Maioresu, est une critique du rythme de l’adaptation des formes de la civilisation occidentale Ă la sociĂ©tĂ© roumaine. Tout le groupe des conservateurs autour du cercle littĂ©raire“Junimea”, crĂ©Ă© dans les annĂ©es 1870 Ă  Jassy, Ă©tait constituĂ© de rĂ©volutionnairesde 185914. A la fin du XIXe siĂšcle, il n’y a plus de reprĂ©sentation officielle d’uneautre forme de culture que celle des modernisateurs.

Continuité et rupture dans la culture roumaine

Les cultures roumainesL’homme politique, Constantin Argetoianu (1871-1950), Ă©crivait ses

mĂ©moires vers 1930. Le premier volume raconte sa vie jusqu’en 1888, un tableau vif et critique de la sociĂ©tĂ© roumaine d’alors. Le va-et-vient entre “alors” et “maintenant” n’a que peu de nostalgie, beaucoup d’ironie et le permanent constat que la pauvretĂ©, la misĂšre, le primitivisme “d’alors” a Ă©tĂ© remplacĂ© par lacivilisation urbaine de “maintenant”15. En Ă©voquant son enfance et sonadolescence, l’auteur, fils de boyard, nĂ© Ă  la propriĂ©tĂ©, formĂ© Ă  Craiova et Bucarest dans les meilleures Ă©coles, ne fait mention de religion qu’à une seuleoccasion, pour dĂ©noncer parmi les pratiques populaires hĂ©rĂ©tiques (en roumaineresuri) les intercessions, priĂšres adressĂ©es Ă  la Vierge et aux saints, et les priĂšrespour les morts.

D’une vingtaine d’annĂ©es plus jeune que C. Argetoianu, Nichifor Crainic,thĂ©ologien laĂŻque et occasionnellement homme politique, Ă©crivait ses mĂ©moiresvers 1945. Celui-ci, fils d’un paysan illettrĂ© de la plaine du Danube, promoteurd’un courant de pensĂ©e spiritualiste et opposĂ©e Ă  la Garde de Fer, Ă©voque, Ă©gorgĂ©d’émotion un univers enfantin coincĂ© entre l’humilitĂ© sociale, dont il ne prit conscience qu’adulte, et l’espace magique de la culture paysanne, oĂč la divinitĂ©est la rĂ©alitĂ© la plus immĂ©diate et la plus constante.

Ce parallĂšle montre plus que deux individus diffĂ©rents. Il montre deux mondes diffĂ©rents. Nichifor Crainic exprime la culture du village dont le XIXesiĂšcle avait Ă  peine fait mention en tant que source d’inspiration pour la nouvelleculture nationale. L’attitude de Vasile Alecsandri, collectionneur de folkloreroumain, par rapport aux poĂšmes qu’il recueille est significative: il les corrigetacitement et leur donne une forme littĂ©raire. Le village inspire le poĂšte, mais necrĂ©e pas lui-mĂȘme.

La croissance dĂ©mographique du monde rural et la gĂ©nĂ©ralisation del’enseignement national au XXe siĂšcle, imposa sur la scĂšne de la culture

14 En janvier 1859 fut rĂ©alisĂ©e l’union de la Valachie et de la Moldavie sous un prince Ă©lu par les assemblĂ©esconstituantes des deux pays. L’atmosphĂšre de ce courageux acte politique - la Russie et la Turquie s’opposaient - ,ainsi que les consĂ©quences ont eu une dimension rĂ©volutionnaire.15 Son ironie l’aidait Ă  dĂ©crire aussi le progrĂšs enregistrĂ© par la corruption en passant d’une Ă©poque Ă  l’autre.

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roumaine l’éternel oubliĂ© de l’histoire: le paysan. Le refus de Constantin Noica,au nom des Roumains, d’ĂȘtre culturellement “les Ă©ternels paysans de l’histoire”est une rĂ©action Ă  l’apparition massive et Ă©nergique du paysan dans la cultureroumaine. Pourtant, cette apparition ne datait que de la fin du XIXe siĂšcle. Dansles annĂ©es 1890 apparaissent les collections de lĂ©gendes et de coutumespopulaires de Simion Florea Marian, en 1905 est crĂ©Ă© le musĂ©e destinĂ©e Ă  lacrĂ©ation paysanne par Alexandre Tsigara - Samurcas et Ă  la mĂȘme Ă©poques’affirme la grande poĂ©sie du village de George Cosbuc et de Octavian Goga. Surle plan politique, ce phĂ©nomĂšne est accompagnĂ© par la formation d’un PartiPaysan, dont le chef s’obstinera tout au long de sa carriĂšre de ne porter que lesvĂȘtements traditionnels de son village. La nation aristocratique Ă©clairĂ©e du XIXesiĂšcle est remplacĂ©e par la nation paysanne. Bien que l’enseignement national ait accompli sa tĂąche de mĂ©tamorphose des ressortissants du village en intellectuelseuropĂ©ens, le conflit entre le cosmos magico - religieux de l’enfance au village et le monde cartĂ©sien de la maturitĂ©, perçu d’abord Ă  l’intĂ©rieur de la personnemĂȘme, ne tarda d’apparaĂźtre, dĂ©bouchant finalement sur une forme politiqued’hostilitĂ© Ă  la modernitĂ©. Le dernier Ă©pisode, grotesque et cruel, du conflit entrela culture de la modernitĂ© et la culture du village fut la collectivisation forcĂ©e del’agriculture, dĂ©chaĂźnant une violence extrĂȘme, continuĂ©e par l’urbanisationforcĂ©e du village, imposĂ©e Ă  partir de 1948 par le pouvoir communiste.

Certains intellectuels ont pu voir dans l’annĂ©e 1948 l’accomplissement parfait et mĂȘme rĂȘvĂ© de 1848: rattraper le retard de dĂ©veloppement social et culturel par rapport Ă  l’Europe occidentale car, en 1948, l’idĂ©al communiste Ă©tait encore considĂ©rĂ© par une assez large partie de l’intellectualitĂ© europĂ©enne commece qu’il y avait de plus progressiste dans le monde. Dans cette logique, onpourrait dire que la Roumanie, ce « terrain de barbarie au XVIIIe siĂšcle »,s’intĂ©grait Ă  l’avant-garde politique et culturelle de l’Europe!

Le laboratoire social, instaurĂ© Ă  la suite de la date mentionnĂ©e, condamnala culture national-bourgeoise comme dĂ©cadente et ennemie du peuple et laculture du village comme obscurantisme et superstition. Elles furent remplacĂ©espar le rĂ©alisme socialiste et par la culture unifiĂ©e de l’homme nouveau. Lanouvelle sociĂ©tĂ©, en voie vers la rĂ©alisation intĂ©grale du communisme, s’appelaSociĂ©tĂ© Socialiste MultilatĂ©ralement DĂ©veloppĂ©e.

D’autres intellectuels ont pourtant dĂ©noncĂ© le communisme commemensonge. Le rĂ©gime instaurĂ© en 1948, ou mĂȘme 1945 par l’ArmĂ©e Rouge, n’est qu’une invasion asiatique, que l’Europe aurait dĂ» refouler, selon une opinion trĂšsrĂ©pandue parmi les Roumains, comme elle avait anĂ©anti l’autre barbarie, interne,le nazisme. Le tĂ©moignage du philosophe et Ă©crivain I.D. SĂąrbu, condamnĂ© au domicile obligatoire dans la ville de Craiova, Ă©voque la derniĂšre rupture Ă l’intĂ©rieur de la conscience roumaine: “Je suis de nation Yalta, de religion Yalta,d’idĂ©ologie Yalta, de morale Yalta. Je me sens infiniment plus solidaire desPolonais, des TchĂšques, des Hongrois et des Allemands qui souffrent comme

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moi, que de mes frùres roumains appartenant à la “nomenklature” et à lanouvelle bourgeoisie phanariote16.”17

La “trahison de l’Occident” est la fin d’une Ă©clatante histoire d’amour,commencĂ©e il y a deux siĂšcles par les cris d’admiration du boyard en habitsorientaux voyageant Ă  travers l’Empire autrichien, Dinicu Golescu. Elle est vuecomme une aliĂ©nation, comme une rechute dans la barbarie et l’asiatisme, quidĂ©chire la sociĂ©tĂ©, par des clivages politiques, sociaux et culturels, mais aussi laconscience individuelle (les films Le chĂȘne et Trop tard de Lucian Pintilie ou Etat de fait de Stere Gulea). Ce thĂšme se mĂȘle aujourd’hui Ă  la rĂ©flexion surl’identitĂ© nationale. Ainsi, le nouveau bouillonnement culturel dans un Etat libĂ©ral-dĂ©mocrate, membre du Conseil de l’Europe, est encore dominĂ© par laquĂȘte, spĂ©cifique Ă  beaucoup de nations europĂ©ennes, d’un compromis entrel’identitĂ© nationale et l’appartenance europĂ©enne, faux problĂšme des culturesdites “nationales” en Europe.

La synthĂšse roumaine

La culture nationale, comme l’enseignement national, le service militairenational, les institutions politiques nationales, le drapeau et l’hymne nationaux,sont des instruments d’un nouveau projet politique, qui remplaça, Ă  l’ñgemoderne, les monarchies de droit divin. Tous ces instruments Ă©taient conçus pourrecrĂ©er la solidaritĂ© capable de bĂątir un Etat aprĂšs la chute des couronneseuropĂ©ennes, principe de solidaritĂ© jusqu’alors. Ainsi, construction nationale est le meilleur terme pour dĂ©signer le phĂ©nomĂšne.

Si dans l’Europe de l’ouest la construction nationale fut plutĂŽt rassemblante ( le cas de l’Italie et de l’Allemagne), en Europe centrale et orientale elle dĂ©chaĂźna un Ă©clatement national, qui continue encore de nos jours(Ă©clatement des Empires au profit des Etats nationaux, sĂ©cession des minoritĂ©snationales Ă  l’intĂ©rieur des Etats nationaux, interminables guerres des enclavesethniques). A l’intĂ©rieur de cette rĂ©alitĂ©, dĂ©finir l’identitĂ© nationale est un dĂ©fi Ă  laraison. TantĂŽt la langue, tantĂŽt la religion sont les critĂšres de diffĂ©renciation despopulations ayant fait un bon chemin historique ensemble. TantĂŽt, ni l’une nil’autre ne sont source de diffĂ©rence, et la construction d’un Etat est dĂ»e au hasarddes frontiĂšres tracĂ©es arbitrairement jadis (par exemple la Bessarabie, qui est aujourd’hui la RĂ©publique IndĂ©pendante de Moldavie et l’Ex-RĂ©publiqueYougoslave de MacĂ©doine). Par ailleurs, la formation de nouvelles Ă©litespolitiques a crĂ©Ă© une soif d’Etat, qui est la seule raison de l’apparition d’une

16 “Bourgeoisie phanariote” est une mĂ©taphore qui dĂ©signe la couche de serviteurs d’une occupation Ă©trangĂšre,sanguinaire et corrompue. Elle est l’Equivalent de “bourgeoisie rouge”. L’intĂ©rĂȘt pour nous de cette formule est d’observer la force d’une image polĂ©mique du XIXe siĂšcle, pour beaucoup injuste du point de vue historique.17 La citation est choisie et traduite par Roxana Sorescu dans l’article “L’Europe - une idĂ©e rĂ©currente de laculture roumaine moderne”, New Europe College Yearbook 1994 - 1995, Humanitas, Bucarest, 1998, de I.D.SĂąrbu, Jurnalul unui jurnalist faa\ jurnal, vol. 2, Scrisul romĂąnesc, Craiova, 1993, p. 250

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nouvelle nation. En ajoutant Ă  cela l’interfĂ©rence des intĂ©rĂȘts internationaux comme facteur de la construction nationale, on arrive facilement Ă  la conclusionqu’une identitĂ© culturelle connaĂźt d’autres cadres que les frontiĂšres et les critĂšresde la nation.

Pourtant, le titre de ce sous-chapitre avait l’air de vouloir exprimer unespĂ©cificitĂ© de la culture roumaine. La formule appartient encore une fois Ă l’historien de gĂ©nie Nicolae Iorga. Elle fait rĂ©fĂ©rence Ă  un phĂ©nomĂšne datant desXVIe - XVIIe siĂšcles, quand, dans chacun des Pays Roumains, sont apparus desstyles architecturaux dĂ©finis et diffĂ©renciĂ©s. L’essence de ce phĂ©nomĂšne est lacapacitĂ© d’intĂ©grer des influences proches ou lointaines assez diverses (legothique, la renaissance italienne, le baroque, les arabesques, les travaux en stucd’origine armĂ©nienne, des motifs turques, persans ou caucasiens) Ă  unemanifestation artistique cohĂ©rente. Aux Ă©volutions sur le plan artistiquecorrespond l’apparition de la langue littĂ©raire roumaine, qui devint au XVIIesiĂšcle la langue des chroniques, des textes liturgiques, des romanshagiographiques ou populaires. L’art de l’époque autour du rĂšgne de ConstantinBrancovan (arta brĂąncoveneasca) a Ă©tĂ© une expression particuliĂšrement rĂ©ussitede cette synthĂšse roumaine, par la capacitĂ© d’ĂȘtre unitaire en englobant un grandnombre de monuments.

Le projet d’un ensemble de musĂ©es installĂ©s dans les palais de ConstantinBrancovan, conçu rĂ©cemment par le rĂ©gisseur et collectionneur d’art Dan Nasta,redĂ©couvre la force fĂ©condatrice du moment de grĂące Brancovan. Il met Ă  jourdans la synthĂšse artistique de cette Ă©poque la rencontre de la richesse desinfluences Ă©voquĂ©es avec un style traditionnel, qui descend dans ses traitsfondamentaux jusqu’à l’art paysan, qui est la forme la plus universelle de laculture, car elle rejoint, Ă  raison de la force conservatrice existentielle du monderural, les premiĂšres formes de l’expression artistique de l’homme.

L’oscillation des motifs ornementaux entre les tapis ou la poterie paysanneet les objets cultuels, le mobilier et la dĂ©coration des Ă©glises et des palais del’époque du prince Brancovan devient un laĂŻt-motif de la synthĂšse roumaine dont Dan Nasta dĂ©montre la continuitĂ© jusqu’à la fin du XXe siĂšcle. MalgrĂ© lapression idĂ©ologique du communisme, la majoritĂ© de la crĂ©ation artistique devaleur a mis Ă  l’oeuvre un dosage Ă©quilibrĂ© d’influences occidentales et orientalessur le canevas d’un contact subtil entre la haute culture et la culture paysanne18.

En Ă©tendant la valeur suggestive de la formule synthĂšse roumaine, onpourrait voir dans celle-ci la participation des sociĂ©tĂ©s valaque, moldave et mĂȘmetransylvaine - si on pense aux Ă©glises en bois de Maramures - , malgrĂ© unenracinement rĂ©gional fort, Ă  la culture europĂ©enne. Cette synthĂšse roumaine

18 Le projet prĂ©voit l’amĂ©nagement d’un circuit de trois musĂ©es: “Les palais de Brancovan aux portes deBucarest”, Ă  Mogosoaia une collection d’art brancovan, Ă  Potlogi une collection d’art contemporain exprimant lasynthĂšse roumaine, Ă  Floresti - Stoenesti une exposition d’art paysan. Dans les dĂ©pendances des palais sont prĂ©vusdes manifestations de vie quotidienne du XVIIe siĂšcle: art culinaire, art vestimentaire, attelages.

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n’est pas simplement une relique du passĂ©, comme on pourrait le dire de laByzance aprĂšs Byzance, mais ce qui est vivant dans les hommes de ces terres del’Europe orientale, ce qui tient Ă  leur sensibilitĂ© et surtout Ă  leur comprĂ©hensiondu monde. Ce n’est ni byzantinisme, ni folklore, ni orthodoxie, ni mystique, nilatinitĂ©, ni slavisme, mais la rencontre de tout ceci, rencontre qui a Ă©tĂ© souvent conflictuelle, mais finalement fĂ©conde. Ce n’est pas la perfection de la formulequi assure la rĂ©ussite de la synthĂšse, mais l’expĂ©rience commune des peuples, lanĂ©cessitĂ© d’assurer leur coexistence par un langage commun lorsque les languesdiffĂšrent.

Comme pour la distinction entre la dimension nationale et celle universellede la crĂ©ation culturelle de la sociĂ©tĂ© roumaine, la question de savoir s’il y acontinuitĂ© ou rupture dans son dĂ©veloppement culturel ne trouve pas de rĂ©ponses.Comme on a pu voir dans le premier chapitre, les changements politiques et sociaux dans les PrincipautĂ©s Roumaines influencĂšrent fortement le modĂšleculturel. Ainsi, certains auteurs du XIXe siĂšcle mĂšnent une rĂ©flexion sur leurĂ©poque, qu’on peut voir comme le correspondant de la synthĂšse dans le domaineartistique. Cette rĂ©flexion porte sur le contenu et la signification destransformations sociales et politiques, elle est d’une certaine façon une synthĂšsede l’ancien et du moderne. La correspondance de Vasile Alecsandri et Ion Ghica,qu’ils publiĂšrent entre 1879 et 1883 dans la revue Convorbiri literare, donnel’exemple d’un jugement clairvoyant au sujet de la “barbarie” des habitudes, descoutumes, du mode de vie des peuples balkaniques et des Roumains aussi. Apropos de l’arrestation de Hiotoglu par le bey de Samos19, qui met en lumiĂšre desmoeurs balkaniques, Vasile Alecsandri conclut par le commentaire suivant :“Les Orientaux n’ont pas l’habitude d’attacher une parole d’honneur (soulignĂ© et en français dans le texte) Ă  leurs promesses; ils disent simplement pola cala engrec, ou peki en turc, c’est-Ă -dire un simple bien en roumain, et mĂȘme si cesmĂȘmes mots leur abrĂ©geraient la vie, ils se mĂ©fient de les enfreindre. Chez nousaussi d’antan les engagements Ă©taient respectĂ©s avec piĂ©tĂ©, mais depuis que noshabitudes ont Ă©tĂ© greffĂ©es par la parole d’honneur, la greffe a corrompu en partiel’ancienne et pure simplicitĂ©.”20.

L’éloge de la figure du prince de la Valachie GrĂ©goire IV Ghica dans lapremiĂšre lettre de Ion Ghica ou l’évocation de l’hĂ©tĂ©rie et de la rĂ©volte de TudorVladimirescu par le mĂȘme ou encore la rĂ©futation de l’image grotesque et injuste

19 Alecsandri Ă©voque la rencontre des deux hĂ©ros, exprimant son admiration pour la beautĂ© morale de cetteconfrontation. Hiotoglu accepte de se rendre. Alors Ion Ghica lui donne rendez-vous Ă  Vathy au bord de la merdans deux semaines pour l’emmener Ă  Constantinople. “Ce n’est pas ton arme qui m’apaise mais ton courage faceĂ  moi. Tu es vaillant et chrĂ©tien comme moi, je te salue. Quand ton temps sera de partir je serai au bord de la merĂ  Vathy.20 “Orientalii nu au obicei sa anine un parole d’honneur la promiterile lor; ei zic un simplu pola cala pe greceste,sau un peki pe turceste, adica un simplu bine pe romĂąneste, si chiar daca aceste cuvinte le-ar scurta viata, ei seferesc de a le calca. si pe la noi in vremile de demult se tineau legaturile cu sfintenie, insa de cĂąnd obiceiurilenoastre s-au altoit cu parole d’honneur , altoiul a corupt in parte veche si curata lor simplitate. ” (“Printului IonGhica de V. Alecsandri ” , introducere la Scrisori ale lui Ion Ghica ctre V. Alecsandri, Bucuresti, 1884)

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dont furent comblĂ©s les Phanariotes par le grand logothĂšte Nicolas Soutzo21, endĂ©nonçant une fausse rivalitĂ©s entre deux nations balkaniques, les Roumains et les Grecs, sont des traces de luciditĂ© dans une culture submergĂ©e par lenationalisme agressif. Valoriser le “balkanisme”, que l’opinion communecondamne jusqu’à aujourd’hui comme le pire des pĂ©chĂ©s, dans la cultureroumaine est le mĂ©rite de I.L. Caragiale et de son fils Mateiu Caragiale.

Nichifor Crainic lui-mĂȘme ou Dumitru Staniloaie s’attachent au XXesiĂšcle Ă  un autre filon de continuitĂ©, celui du mouvement de la philocalie, c’est-Ă -dire du rĂ©veil spirituel Ă  l’intĂ©rieur du monachisme oriental, mouvement quitrouva refuge dans les monastĂšres de la Valachie et de la Moldavie sous ladirection de Saint PaisĂŻj Velitchkovski. Si la postĂ©ritĂ© de Saint PaĂŻsij sur le solrusse, reprĂ©sentĂ©e par le mouvement des starets Ă  Optino et ailleurs, ayant unproche contact Ă  l’intellectualitĂ© russe, dĂ©boucha sur la crĂ©ation littĂ©raire d’unDostoiĂ©vski, la postĂ©ritĂ© roumaine, presque Ă©teinte avec la mort de Calinic deCernica autour de 1860, connaĂźt une renaissance surprenante dans les annĂ©esaprĂšs la deuxiĂšme guerre mondiale par le groupe des intellectuels Le Buisson ardent. RassemblĂ©s autour du starets Ioan, qui s’était rĂ©fugiĂ© de Russie, lesmembres du groupe se rencontraient au monastĂšre Saint Antim encore dans lesannĂ©es du communisme. Ce groupe fut la cible d’un grand procĂšs politique quidĂ©nonçait le complot de l’obscurantisme et de la mystique. Cela n’empĂȘcha quel’intĂ©rĂȘt de ces intellectuels pour la rencontre entre culture et spiritualitĂ© eut desĂ©chos dans la poĂ©sie et la prose de Vasile Voiculescu, dans la poĂ©sie de DanielTurcea et mĂȘme Ioan Alexandru, dans la peinture de Paul Gherasim, HoriaBernea ou Sorin Dumitrescu auxquels s’ajoutent les autres membres du groupePrologue.

Continuant une tradition diaphane, à peine perceptible sous des couches decultures officielles successives - nationalistes ou communistes - la haute cultureroumaine continue discrÚtement à témoigner de ce don de synthÚse qui donne àune création la seule dimension dont elle a besoin: la valeur.

21 Mémoires du prince Nicolas Soutzo, Grand-logothÚte de Moldavie, 1789 - 1871, publié par P. Rizos, Vienne,1899

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PREMIERE PARTIE :

DEFINITION DE LA STRATEGIE

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I. LES PROGRAMMES DU GOUVERNEMENT ET LE DOMAINE DE LA CULTURE

OBJECTIFS GENERAUX

A divers moments, lors d’un bilan ou d’une Ă©valuation de l’ensemble de son activitĂ©, lepouvoir d’avant 1996 s’est rĂ©fĂ©rĂ© au « lourd hĂ©ritage » qui avait constituĂ© son point de dĂ©part en 1990 ; ce qui a Ă©tĂ© vrai dans une certaine mesure .Mais la question n’est pas lĂ , le problĂšmeest de savoir ce que l’on a entrepris afin de neutraliser cet hĂ©ritage. En ce qui concerne leministĂšre de la Culture, on peut affirmer sans crainte de se tromper que, dans l’intervalle 1990-1996, il s’est constituĂ© en un vĂ©ritable bastion de la rĂ©sistance au changement et Ă  la rĂ©forme ; de la sorte, la culture reprĂ©sente, vraisemblablement, le domaine oĂč nt eu lieu les moindresmutations.

Si, immĂ©diatement aprĂšs le grand changement de dĂ©cembre 1989, pendant presquedeux ans , la vie politique mais aussi les pressions exercĂ©es par la sociĂ©tĂ© ont menĂ© Ă  unedĂ©centralisation forcĂ©e, pour laquelle ni les mentalitĂ©s ni les institutions n’étaient prĂ©parĂ©es, onassiste, aprĂšs 1993, Ă  une tentative de recentralisation tout aussi artificielle et dĂ©pourvue deconsĂ©quences bĂ©nĂ©fiques ( les thĂ©Ăątres, les bibliothĂšques, les musĂ©es, les maisons d’éditions,les publications sont de nouveau subordonnĂ©s aux autoritĂ©s centrales.

Le seul « changement » dans le cadre du ministĂšre de la Culture a Ă©tĂ© la succession desministres ; par contre- symptomatiquement pour le choix du statu quo – la rigiditĂ© desanciennes structures au sein du ministĂšre , aussi bien que dans le territoire, a Ă©tĂ© parfaitement Ă©vidente.

Dans la pĂ©riode en discussion, le ministĂšre de la Culture a parlĂ© de dĂ©centralisation (Ceausescu en avait aussi parlĂ© ), mais la maniĂšre dont on a appliquĂ© cette « dĂ©centralisation »n’a Ă©tĂ© qu’une forme plus subtile de centralisme et de contrĂŽle.Il va de soi que les structuresqui ont rĂ©alisĂ© la « dĂ©centralisation » sous la dictature devaient considĂ©rer « la nouvelledĂ©centralisation » de la mĂȘme façon. Et, justement, ce que le ministĂšre de la Culture a accomplidans les annĂ©es en question ne reprĂ©sentait qu’une nouvelle centralisation . Nous n’en donnonsqu’un seul exemple , Ă  savoir la DĂ©cision du gouvernement n° 1287 concernant les rĂšglementsde fonctionnement des Ă©tablissements culturels.

Cette nouvelle centralisation a consolidĂ© une structure bureaucratique inspirĂ©e par laclientĂšle politique (la condition de l’intĂ©gration politique a Ă©tĂ© assidĂ»ment poursuivie ),structure qui donnait naturellement naissance Ă  la corruption ; ce fut , par exemple, le cas descommandes de l’Etat rĂ©alisĂ©es prĂ©fĂ©rentiellement .

Ceux-ci Ă©tant les leviers utilisĂ©s par l’ancien pouvoir –on se rĂ©sume ici Ă  l’exemple du ministĂšre de la Culture- la consĂ©quence fut l’accĂšs limitĂ© des spĂ©cialistes , des lettrĂ©s, desunions de crĂ©ateurs au processus de l’établissement et d’élaboration des dĂ©cisions au niveau macroculturel et l’adaptation des politiques culturelles.

Ainsi s’explique pourquoi les programmes et les projets culturels rĂ©alisĂ©s ont souvent Ă©tĂ© insignifiants ou mĂȘme cantonnĂ©s au niveau des manifestations d’amateurs du genre « Ode Ă la Roumanie ».Ainsi s’explique Ă©galement l’absence d’appĂ©tence pour des programmes et desprojets d’anvergure , autres que ceux Ă  connotation faussement festive ou Ă  une apparitionĂ©phĂ©mĂšre.

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En mĂȘme temps, rien de significatif n’a pas Ă©tĂ© rĂ©alisĂ© pour l’intĂ©gration de laRoumanie dans les programmes culturels de l’Union EuropĂ©enne.La consĂ©quence en a Ă©tĂ© laparticipatin limitĂ©e de la Roumanie aux Ă©changes de valeurs culturelles europĂ©ennes, samarginalisation ainsi que la perte d’importantes sources de financement qui auraient pu ĂȘtrebĂ©nĂ©fiques au dĂ©veloppement culturel du pays.

Au niveau lĂ©gislatif, le ministĂšre de la Culture a Ă©laborĂ© et le Parlement (ou, selon lecas, le gouvernement) a adoptĂ© des rĂ©glementations insuffisantes pour le dĂ©veloppement culturel, rĂ©glementations figurant dans des actes normatifs confus et qui donnaient prise Ă l’immixtion d’intĂ©rĂȘts partisans –soit politiques (clairement exprimĂ©s) soit d’autre nature.

Le ministĂšre de la Culture a pratiquĂ© une passivitĂ© manifeste par rapport Ă  la nĂ©cessitĂ© –formulĂ©e de maniĂšre impĂ©rative- de repenser le statut des crĂ©ateurs d’art et des artistesinterprĂštes, catĂ©gories considĂ©rĂ©es comme marginales par l’ancien rĂ©gime communiste (exception faite pour les fidĂšles serviteurs du rĂ©gime) , conformĂ©ment Ă  l’idĂ©ologie de ladictature du prolĂ©tariat.Or, la modification de la modalitĂ© de considĂ©rer le crĂ©ateur de valeursculturelles dans la sociĂ©tĂ© – modalitĂ© gĂ©rĂ©e et soutenue officiellement –aurait pu donner plustĂŽt une impulsion Ă  la rĂ©forme de la culture , Ă  la rĂ©forme de la maniĂšre de concevoir le rĂŽle dela culture dans la sociĂ©tĂ© en gĂ©nĂ©ral et dans la formation de la spiritualitĂ© et des mentalitĂ©s,pour l’élĂ©vation de la conscience sociale/civique.

A l’exception des rĂ©gimes totalitaires, les gouvernements ne sauraient dĂ©terminerdirectement (ou que ce soit dans le monde)la culture d’un peuple, mais ils ont la pssibilitĂ© del’influencer –de maniĂšre bĂ©nĂ©fique ou malĂ©fique- en favorisant ou pas le sens de sondĂ©veloppement.La pĂ©rennitĂ© de la culture n’est assurĂ©e que par son dĂ©veloppement , de sorteque toute menace Ă  l’adresse de ce dĂ©veloppement ultĂ©rieur signifie une menace explicitecontre sa survie.

Le concept de dĂ©veloppement culturel, improprement utilisĂ© parfois en un sensstrictement quantitatif, se rĂ©fĂšre, en fait, Ă  une rĂ©alitĂ© fort complexe concernant le devenirhumain, manifestĂ© dans le cadre d’un processus actif , sur la toile de fond duquel l’homme nese borne pas Ă  ĂȘtre rĂ©ceptif, Ă  percevoir et Ă  accumuler ; en vertu de son accĂšs illimitĂ© et de sapleine libertĂ© d’option, il assume ou rejette l’essence d’un message culturel.A la limite, laculture d’un peuple exprime son niveau de conscience, matĂ©rialisĂ© non seulement dans desprincipes thĂ©oriques de morale ou de religion, mais dans la rĂ©ponse qu’il donne Ă  l’impact immĂ©diat de la rĂ©alitĂ© dans son ensemble, rĂ©alitĂ© qui prĂ©sentesouvent des aspectscontradictoires.Il y est Ă©videmment question du cĂŽtĂ© participatif du dĂ©veloppement culturel.

Le dĂ©veloppement culturel- concept retenu par la communautĂ© internationale et formulĂ©en mĂȘme temps en tant que dimension culturelle du dĂ©veloppement –reprĂ©sente la synthĂšse detous les objectifs assumĂ©s par le gouvernement et transfĂ©rĂ©s au ministĂšre de la Culture.

Dans les documents Ăš caractĂšre de programme Ă©mis par le gouvernement, la dimensionculturelle du dĂ©veloppement –identifiĂ©e comme indicateur important de la qualitĂ© de vie – serattache aux objectifs suivants :

- la crĂ©ation des conditions propices au plus large accĂšs des citoyens aux productionsculturelles du pays et de l’étranger ;

- l’encouragement du dĂ©veloppement spirituel des collectivitĂ©s pour leurprĂ©servation, indĂ©pendemment des critĂšres sur lesquels elles sont constituĂ©es ;

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- la crĂ©ation des conditions d’affirmation, de conservation, de dĂ©veloppement et demise en valeur de la culture des minoritĂ©s nationales de Roumanie ;

- la stimulation de la crĂ©ativitĂ© culturelle, Ă  savoir le prĂ©sent explicite, dans toute ladiversitĂ© de ses formes – de la rĂ©alisation d’une oeuvre d’art ou d’un acte de culturejusqu’à l’aboutissement d’une accumulation gĂ©nĂ©rale Ă  mĂȘme d’assurer l’élĂ©vationĂ  un nouveau niveau culturel ; celui-ci, objectif de tout gouvernement, reprĂ©sente ensoi une rĂ©alitĂ© incontestable , mais malaisĂ©ment quantifiable , ce qui confirme quela culture est un domaine oĂč les donnĂ©es exactes et les chiffres ne sont quepartiellement Ă©loquents ;

- l’affirmation, la conservation et la mise en valeur des traditions populaires deculture et de civilisation , ainsi que du patrimoine culturel, ce qui – il faut lecomprendre – ne signifie pas une simple « toile de nature morte », mais le prĂ©sent implicite, Ă  mĂȘme d’assurer des repĂšres et des arguments pour diffĂ©rentes directionsde dĂ©veloppement culturel ;

- la pratique du dialogue et de l’échange de valeurs spirituelles avec les autrescultures du monde et tout d’abord –il va de soi- avec la famille europĂ©enne ; en cesens, le gouvernement est particuliĂšrement attentif Ă  stimuler la pĂ©nĂ©tration desvaleurs communautaires europĂ©ennes dans la spiritualitĂ© roumaine, valeurs jusquehier presque inconnues au peuple roumain ; en tout cas, l’intĂ©gration europĂ©enne,tout comme celle euro-atlantique suppose, en dehors du souhait unanime,couramment exprimĂ©, un engagement actif.

DĂšs sa formation en 1996, le gouvernement a Ă©valuĂ© ( dans le « Programme de base de macrostabilisation et de dĂ©veloppement de la Roumanie jusqu’à l’an 2000 »), lasituation dans le domaine de la culture, concluant qu’il n’existe pas une crise de la cultureroumaine (malgrĂ© de nombreuses voix qui soutenaient le contraire).Il existe pourtant –et c’est lĂ  une rĂ©alitĂ© fort dure- une crise de l’administration culturelle ; c’est justement par rapport Ă cette rĂ©alitĂ© qu’on doit identifier des solutions pertinentes.

Dans ces conditions, la nĂ©cessitĂ© s’est imposĂ© de restructurer le systĂšme institutionnel.Ils’agit d’un processus trĂšs complexe dans le cadre duquel on a fait des pas importants , mais qui–il faut le reconnaĂźtre- est loin d’ĂȘtre achevĂ©.Il y a eu pas mal d’efforts et d’incertitude –ce qipeut ĂȘtre normal pour tout dĂ©but- il y a eu la rĂ©sistance mĂȘme du systĂšme en question et il y aeu aussi les entraves lĂ©gislatives, c’est-Ă -dire tout un rĂ©seau de rĂ©glementations crĂ©Ă©eseffectivement dans le but de maintenir ledit systĂšme.MĂȘme dans le cadre lĂ©gal del’organisation et du fonctionnement du ministĂšre de la Culture, Ă  savoir le principal mandatairedu gouvernement pour le domaine en question, Ă©tait insuffisant et parfois impropre par rapport Ă  l’objectif concernant la dimension culturelle du dĂ©veloppement , tel qu’on l’a assumĂ©actuellement.

Dans ce contexte paraissait en mars 1998 la DĂ©cision du gouvernement n° 134 surl’organisation et le fonctionnement du ministĂšre de la Culture.Y sont identifiĂ©s les principesfondamentaux selon lesquels le ministĂšre de la Culture doit Ă©laborer les stratĂ©gies du domainerespectif, ainsi que les politiques destinĂ©es Ă  les soutenir.

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II. LA CULTURE DANS LE SYSTEME DE L’ADMINISTRATION PUBLIQUE DE ROUMANIE

1. Le systùme de l’administration publique en Roumanie

Le systĂšme tout entier de l’administration publique de Roumanie est organisĂ© sous laforme d’une structure mixte hiĂ©rarchique-fonctionnelle.

La multitude des autoritĂ©s administratives de l’Etat et des collectivitĂ©s locales a imposĂ©l’organisation de l’administration publique Ă  partir de deux critĂšres :

- le critĂšre territorial – (auquel correspond la structure hiĂ©rarchique)- le critĂšre de la compĂ©tence matĂ©rielle ou le critĂšre fonctionnel (auquel correspond lastructure fonctionnelle)

ConformĂ©ment au premier critĂšre, la compĂ©tence des autoritĂ©s centrales couvre leterritoire tout entier du pays , tandis que la compĂ©tence des autoritĂ©s locales est limitĂ©e Ă  l’unitĂ©administrative-territoriale oĂč ces autoritĂ©s fonctionnent.

Pour ce qui est du second critĂšre, le gouvernement, les conseils locaux et les mairesreprĂ©sentent des autoritĂ©s ayant une compĂ©tence gĂ©nĂ©rale dans tous les domaines d’activitĂ© ,dans les limites Ă©tablies par le principe de la compĂ©tence territoriale mentionnĂ©e plus haut .Al’encontre de la compĂ©tence gĂ©nĂ©rale que le lĂ©gislatif confĂšre aux autoritĂ©s en question, lacompĂ©tence matĂ©rielle dans certains domaines ou secteurs spĂ©cifiques d’activitĂ© est exercĂ©, au niveau du pays tout entier, par les ministĂšres ou autres organes centraux spĂ©cialisĂ©s. En mĂȘmetemps, au niveau des unitĂ©s administratives territoriales fonctionnent des structures quiexercent la compĂ©tence matĂ©rielle de spĂ©cialitĂ©.Au niveau local, les services publicsdĂ©centralisĂ©s des ministĂšres assurent la corroboration et l’harmonisation des politiquesnationales avec celles locales dans leurs domaines d’activitĂ©.

ConformĂ©ment Ă  ces critĂšres, le ministĂšre de la Culture est donc l’organe spĂ©cialisĂ© del’administration publique centrale et exerce, en vertu de sa compĂ©tence matĂ©rielle, desattributions de spĂ©cialitĂ© sur l'ensemble du territoire du pays.

2. Les fonctions et les compétences du ministÚre de la Culture

Pour accomplir ses fonctions et ses compĂ©tences, le ministĂšre de la Culture, en tant quepartie du systĂšme de l’administration publique se situe dans une structure spĂ©cifique derelations avec les autres composantes du systĂšme :

-subordination hiĂ©rarchique par rapport au gouvernement-collaboration avec les autres ministĂšres et organes centraux de spĂ©cialitĂ©-collaboration avec les autoritĂ©s publiques locales –conseils dĂ©partementaux,municipaux, urbains et communaux et maires.

La fonction de réglementation

En tant qu’autoritĂ© habilitĂ©e Ă  rĂ©glementer, le ministĂšre de la Culture Ă©labore leprogramme lĂ©gislatif spĂ©cifique dans ses domaines de compĂ©tence matĂ©rielle.En mĂȘme temps,il participe aux activitĂ©s visant Ă  finaliser et Ă  donner l’avis aux actes Ă©laborĂ©s par les autresautoritĂ©s publiques.

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La fonction de représentation

Dans l’accomplissement de sa fonction de reprĂ©sentation, le ministĂšre de la Culturecollabore avec le ministĂšre des Affaires EtrangĂšres, conformĂ©ment aux compĂ©tencesspĂ©cifiques Ă  chacun afin de fonder les dĂ©marches concernant la signature, la conclusion,l’adhĂ©sion et/ou la ratification d’accords, de conventions ou de traitĂ©s bilatĂ©raux ou multilatĂ©raux dans le domaine de la culture.

De mĂȘme, le ministĂšre de la Culture reprĂ©sente l’Etat roumain auprĂšs des organisationsou des organismes europĂ©ens ou internationaux ayant des activitĂ©s dans ses domaines decompĂ©tence matĂ©rielle.

Les fonctions d’organisation et de coordination

Dans l’exercice de ses fonctions d’organisation et de coordination, le ministĂšre de laCulture est chargĂ© d’appliquer le programme de gouvernement et la stratĂ©gie gĂ©nĂ©rale dans ledomaine de la culture.

Par consĂ©quent, le ministĂšre de la Culture organise l’exĂ©cution et l’application des actesnormatifs selon le principe de la lĂ©galitĂ© , conformĂ©ment auquel les normes juridiques sont lesseules obligatoires dans l’activitĂ© de l’administration publique.

De mĂȘme, le ministĂšre de la Culture coordonne l’élaboration et la rĂ©alisation desstratĂ©gies sectorielles, des politiques soutenant ces stratĂ©gies, des programmes culturelsinternationaux auxquels participe la Roumanie.

Le ministĂšre de la Culture est chargĂ© d’assurer , par son systĂšme d’institutionspubliques directement subordonnĂ©es, les conditions spĂ©cifiques pour la communicationpublique de l’acte crĂ©ateur et pour la satisfaction des exigences culturelles gĂ©nĂ©rales de lacollectivitĂ© nationale, en corrĂ©lation avec les particularitĂ©s et le caractĂšre spĂ©cifique desaspirations et des exigences des communautĂ©s locales.

En mĂȘme temps, le ministĂšre de la Culture coordonne l’élaboration et lefonctionnement de certains mĂ©canismes administratifs, juridiques et financiers de nature Ă permettre l’harmonisation et la synchronisation des programmes et des projets culturelsproposĂ©s par les institutions publiques de la culture, indĂ©pendamment de leur subordination,avec ceux du secteur privĂ©.

Dans l’exercice des mĂȘmes fonctions, le ministĂšre de la Culture assure les conditionsrequises par le soutien et la protection de la crĂ©ation contemporaine, des traditions et del’hĂ©ritage culturel , par leur introduction dans le circuit international de valeurs, ainsi que par lalibre circulation des crĂ©ateurs d’art, des artistes interprĂštes et de leurs oeuvres ou prestationsartistiques.

La fonction de contrĂŽle

Par la fonction de contrĂŽle s’effectue l’application et le respect du principe de lalĂ©galitĂ©, de sorte que soit assurĂ©s la cohĂ©rence des actes et des faits administratifs, encorrĂ©lation avec la rĂ©alisation des paramĂštres acceptables d’efficience.

D’autre part, comme on le sait, une administration performante, capable et responsablene saurait fonctionner en l’absence des critĂšres spĂ©cifiques de performance appliquĂ©s par les

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spĂ©cialistes du systĂšme.Par consĂ©quent, une dimension essentielle de la fonction de contrĂŽle serĂ©fĂšre Ă  l’évaluation des performances individuelles ainsi qu’à celles du sous-systĂšme (leministĂšre, ses services dĂ©centralisĂ©s et les institutions publiques de la culture subordonnĂ©es) .

En mĂȘme temps, par l’exercice de la fonction de contrĂŽle on peut rĂ©aliser l’évaluationet l’analyse des dysfonctionnements au niveau du ministĂšre, de ses services dĂ©centralisĂ©s et desinstitutions publiques subordonnĂ©es et on peut identifier les solutions capables d’y remedier.

3. L’organisation du ministùre de la Culture

Le ministĂšre de la Culture a Ă©tĂ© crĂ©Ă© en dĂ©cembre 1989 par l’un des premiers dĂ©crets-lois du nouveau pouvoir instaurĂ© en Roumanie.(le DĂ©cret-loi n° 12/28 dĂ©cembre 1989 Ă©mis parle CFSN).

Le long des annĂ©es, le ministĂšre de la Culture a connu plusieurs rĂ©organisations et restructurations, dont certaines ont dĂ©terminĂ© l’apparition de graves dysfonctionnements dansl’activitĂ© en ce domaine.Il est principalement question de la maniĂšre dont ont avait conçu laplace et le rĂŽle des services publics dĂ©centralisĂ©s du ministĂšre, de la recentralisationadministrative par le transfert des institutions culturelles publiques d’intĂ©rĂȘt dĂ©partemental enla subordination du ministĂšre , ainsi que de la perpĂ©tuation de certaines structuresbureaucratiques pyramidales , genre « centrales industrielles » , dans le domaine des maisonsd’édition, dans celui de la diffusion et des centres de la culture du pays (Romlibri, la RĂ©gieautonome « Arcadia », la Maison de la presse et de l’édition « Cultura Nationala » , le Centrepour l’Administration et la protection du patrimoine culturel).

1997 est l’annĂ©e oĂč le rĂŽle du ministĂšre a Ă©tĂ© mieux dĂ©fini .En mars 1998, par laDĂ©cision du gouvernement n° 134, le ministĂšre de la Culture a Ă©tĂ© rĂ©organisĂ© de sorte que lanouvelle structure fonctionnelle et organisationnelle permette l’application de la stratĂ©giegĂ©nĂ©rale du ministĂšre , la rĂ©alisation de la stratĂ©gie sectorielle et le dĂ©ploiement de sesprogrammes nationaux.La rĂ©vision de la structure organisationnelle du ministĂšre a tout d’abordreprĂ©sentĂ© la reformulation , dans un nouveau cadre institutionnel, des attributions et desresponsabilitĂ©s dans le domaine de la culture.

La structure des services de spĂ©cialitĂ© a Ă©tĂ© modifiĂ©e de sorte que les attributions et lescompĂ©tences de chacun favorisent la rĂ©alisation des prioritĂ©s Ă  court et Ă  moyen terme ,conçues pour l’application de la stratĂ©gie culturelle du ministĂšre .En mĂȘme temps, les servicesfonctionnels ont Ă©galement Ă©tĂ© rĂ©organisĂ©s pour qu’ils assurent la base logistique et lesressources nĂ©cessaires Ă  l’application des objectifs du ministĂšre.

Dans un autre sens, la rĂ©forme signifie le changement de la mentalitĂ© du personnel, demaniĂšre qu’elle permette, d’une part, la reformulation des prioritĂ©s et, d’autre part, laparticipation Ă  l’effort gĂ©nĂ©ral de mise en pratique des nouvelles stratĂ©gies.La rĂ©forme signifieaussi la formation professionnelle du personnel pour qu’il puisse contribuer au management des programmes et des projets culturels proposĂ©s par le ministĂšre ou auxquels ce dernierparticipe.

La rĂ©forme structurelle au niveau du ministĂšre de la Culture peut ĂȘtre dĂ©crite demaniĂšre systĂ©matique comme il suit :

- la fusion de certaines directions fonctionnelles (des ressources financiÚres et du développement) et la création de nouvelles directions de spécialité (des arts visuelset des prgrammes et projets culturels) ;

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- la rĂ©organisation de certaines directions de spĂ©cialitĂ© (la direction qui assumait lacharge des institutions de spectacle s’est transformĂ©e en une direction gĂ©nĂ©rale desarts du spectacle, avec deux directions distinctes, celle des institutions de spectacleet celle des festivals et des concours ; la direction qui assumait la responsabilitĂ© desrelations culturelles internationales s’est transformĂ©e en direction gĂ©nĂ©rale desrelations internationales , avec deux directions dstinctes, celle d’intĂ©grationeuropĂ©enne et celle de coopĂ©ration bilatĂ©rale ; la direction gĂ©nĂ©rale qui assumait lacharge des programmes culturels fut rĂ©organisĂ©e en une direction gĂ©nĂ©rale desĂ©tablissements, des centres et des inspectorats de la culture, avec deux directionsdistinctes, celle des Ă©tablissements et des centres de la culture du pays et del’étranger et, respectivement, celle des inspectorats de la culture) ;

- la crĂ©ation de quelques directions spĂ©cialisĂ©es (une direction de la lĂ©gislation et dessynthĂšses , avec des attributions exclusives dans l’élaboration des actes normatifsproposĂ©s par le ministĂšre ; une direction du management et des relations avec lasociĂ©tĂ© civile qui s’occupe , entre autres, de l’information et de la communicationavec les structures de la sociĂ©tĂ© civile) ;

- l’organisation d’un service spĂ©cialisĂ© pour les relations publiques et la presse, quiassume en gĂ©nĂ©ral la revue quotidienne des plus importants journaux et despublications culturelles ;

- la rĂ©duction du nombre des employĂ©s de 260 Ă  247 , dans les conditions oĂč l’application de la nouvelle stratĂ©gie implique un volume accru de travail, exigĂ© parles nouveaux thĂšmes et domaines ;

- la modification de la structure d’ñge du personnel, par l’engagement de 72 jeunesgens de moins de 35 ans, dont 52 aux Ă©tudes supĂ©rieures.

4. Les services dĂ©concentrĂ©s du ministĂšre de la Culture – Structure, rĂŽle, fonctions

A l’encontre des services dĂ©centralisĂ©s d’autres ministĂšres, les inspectoratsdĂ©partementaux de la culture ont eu, dans l’intervalle 1990-1997 , un rĂŽle assez confus, avecdes fonctions insuffisamment dĂ©finies et parfois contradictoires.A cette situation a contibuĂ©aussi l’imprĂ©cision des actes normatifs ayant une incidence sur ce domaine, ainsi que certaineserreurs matĂ©rialisĂ©es, entre autres, dans la DĂ©cision du gouvernement n° 811/1992 surl’organisation et le fonctionnement du ministĂšre de la Culture conformĂ©ment Ă  laquelle lesattributions du ministĂšre Ă©taient accomplies, au niveau dĂ©partemental, par les conseillers-en-chef territoriaux. De la sorte, les inspectorats Ă©taient formellement supprimĂ©s en tant quepersonnes morales. Du point de vue lĂ©gal, cette erreur n’a Ă©tĂ© Ă©liminĂ©e qu’en 1995, par laDĂ©cision du gouvernement n° 710, mais certaines de ses consĂ©quences persistent jusqu’à cejour. La situation a Ă©tĂ© aggravĂ©e par l’absence, jusqu’en mars 1998, de la structureorganisationnelle du ministĂšre de la Culture d’une direction spĂ©cialisĂ©e chargĂ©e de coordonnerde façon efficace et cohĂ©rente l’activitĂ© de ces organes de spĂ©cialitĂ© de l’administrationpublique.

Dans le mĂȘme laps de temps, (1994-1995), on a confĂ©rĂ© aux inspectorats de la culturedes attributions et des compĂ©tences concernant la protection du patrimoine culturel national ,attributions et compĂ©tences qu’ils devaient exercer par les offices dĂ©partementaux du patrimoine ; mais le lĂ©gislateur avait omis le fait que lesdits offices n’étaient –et ne sont toujours pas- des services fonctionnels dans le cadre des musĂ©es dĂ©partementaux, appartenant donc au sous-systĂšme de l’administration publique locale.

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Par la derniĂšre rĂ©organisation du ministĂšre de la Culture ont Ă©tĂ© Ă©tablis le rĂŽle et lesprincipales attributions des inspectorats dĂ©partementaux de la culture et a Ă©tĂ© crĂ©Ă©e unestructure spĂ©cialisĂ©e qui s’emploie Ă  coordonner l’activitĂ© de ces services dĂ©centralisĂ©s du ministĂšre.Les attributions et les compĂ©tences des inspectorats ont Ă©tĂ© Ă©tablies en corrĂ©lationavec les dispositions de la lĂ©gislation sur l’activitĂ© de l’administration publique locale.

A présent, conformément aux dispositions de la Décision du gouvernement n°134/1998 , les inspectorats départementaux et celui de la ville de Bucarest ont principalement les attributions et les compétences ci-aprÚs :

- l’élaboration des stratĂ©gies culturelles locales en partenariat avec les autoritĂ©spubliques locales, avec les institutions publiques et avec les organisations non-gouvernementales ;

- la participation Ă  la conception et Ă  l’application des stratĂ©gies culturellesspĂ©cifiques de la zone respective ;

- l’impulsion et le soutien financier des plus performants projets culturels proposĂ©spar des institutions publiques ou des organisations non –gouvernementales ;

- l’évaluation de commun accord avec les autoritĂ©s publiques locales de l’activitĂ© desinstitutions publiques de la culture ;

- l’évaluation des aspirations et des exigences culturelles des diffĂ©rentescommunautĂ©s locales, dans le but d’établir des stratĂ©gies cohĂ©rentes Ă  mĂȘme desatisfaire ces aspirations.

En derniĂšre analyse, la rĂ©organisation des inspectorats peut ĂȘtre dĂ©crite comme ilsuit :

- la sphÚre de leurs compétences et attributions a été harmonisée avec les dispositionsdu cadre juridique général ;

- conformément à la loi, ont été occupés, par concours, les postes de conseiller enchef et de conseillers dans 35 inspectorats ;

- conformĂ©ment aux dispositions lĂ©gales, a Ă©tĂ© crĂ©Ă© l’inspectorat de la culture du dĂ©partement de Ilfov;

- dans 11 inspectorats ont été occupés, par concours, les postes de conseillers pourdes problÚmes concernant la protection du patrimoine culturel national , ce qui porteà 27 le nombre actuel de conseillers avec cette spécialité ;

- le nombre total des salariés des inspectorats à été réduit de 5%.

Il convient de souligner que, conformĂ©ment Ă  la conception de la restucturationadministrative et institutionnelle prĂ©conisĂ©e par le ministĂšre de la Culture, les inspectoratsdĂ©partementaux de la culture seront rĂ©organisĂ©s par l’intĂ©gration des offices dĂ©partementaux pour le patrimoine culturel national .

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III. PRINCIPES FONDAMENTAUX DE LA STRATEGIE GENERALE DU MINISTERE DE LA CULTURE

1. Prémices

La nĂ©cessitĂ© de la restructuration de l’administration centrale et de la rĂ©organisation del’activitĂ© du ministĂšre de la Culture a Ă©tĂ© dĂ©terminĂ©e par la nouvelle stratĂ©gie de ce ministĂšre,qui affirme que :

-l’accùs et la participation à la vie culturelle sont des droits fondamentaux de chaqueindividu ;

-le but des politiques culturelles est l’amĂ©lioration de la qualitĂ© de la vie pour tous lesmembres de la sociĂ©tĂ© et, par consĂ©quent, la culture reprĂ©sente une dimensionessentielle du dĂ©veloppement ;

-la créativité culturelle est une source essentielle du progrÚs humain ;

-l’adaptation des politiques culturelles et des stratĂ©gies sectorielles est une action departeneriat avec la sociĂ©tĂ© civile.

Par sa nouvelle stratĂ©gie gĂ©nĂ©rale, le ministĂšre de la Culture s’emploie Ă  appliquerl’article 30 de la Constitution de la Roumanie, l’article 27 de la DĂ©claration Universelle desDroits de l’Homme et l’article 15 du Pacte International concernant les droits Ă©conomiques ,sociaux et culturels ainsi que des autres documents internationaux reconnus par la Roumanie,dans lesquels on se rĂ©fĂšre au domaine de la culture et de la crĂ©ation artistique.

2. Directions

La stratĂ©gie gĂ©nĂ©rale Ă©tablie par le ministĂšre de la Culture dĂšs le dĂ©but de l’annĂ©e 1997 vise, de maniĂšre prioritaire, Ă  favoriser les conditions susceptibles de satisfaire aux exigenceset aux aspirations culturelles de l’individu, des communautĂ©s locales et de la communautĂ©snationale.

Au ministĂšre de la Culture sont subordonnĂ©s 70 institutions publiques de la culture,dont 3 sont intĂ©gralement financĂ©es par les allocations budgĂ©taires, 48 bĂ©nĂ©ficient desubventions budgĂ©taires destinĂ©es Ă  arrondir leurs propres revenus, le reste fonctionant enrĂ©gime extrabudgĂ©taire.Les institutions qui bĂ©nĂ©ficient de subventions budgĂ©taires sont desinstitutions thĂ©Ăątrales et musicales, des musĂ©es et des centres de culture.Le soutien financierreprĂ©sente une nĂ©cessitĂ© tant que les ressources financiĂšres des autoritĂ©s publiques locales nesont pas suffisantes pour assurer la continuitĂ© d’un fonctionnement adĂ©quat de ces institutions.La disparition ou la diminution de l’activitĂ© de telles institutions aurait pour rĂ©sultat unerĂ©duction sĂ©vĂšre de l’offre culturelle adressĂ©e aux gens et aux communautĂ©s, rĂ©ductionentraĂźnant des effets nĂ©gatifs particuliĂšrement durs. Par consĂ©quent, le ministĂšre ne peut procĂ©der que graduellement au transfert de ces institutions dans la subordination des autoritĂ©spubliques locales, et ceci aprĂšs un examen et une analyse approfondie des possibilitĂ©s rĂ©ellesdont ces autoritĂ©s disposent pour maintenir l’offre culturelle, pour la dĂ©velopper et ladiversifier.

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En mĂȘme temps, le ministĂšre de la Culture soutient financiĂšrement des projets et desprogrammes culturels proposĂ©s par des institutions publiques subordonnĂ©es aux autoritĂ©slocales ou par des diffĂ©rentes organisations non-gouvernementales.

Ces dĂ©penses effectuĂ©es du budget allouĂ© au ministĂšre ont augmentĂ© tant en chiffresabsolues qu’en chiffres comparables au cours des annĂ©es 1997 et 1998 , comme on peut le voirdans le tableau ci aprĂšs (en millions de lei).

1996 1997 1998Dépenses totales 165369 353151 569893A.Total des dépensespour des activitésculturelles, dont :

94896 276524 428697

Financement desprogrammes et desprojets culturels

14721 19805 48300

Subventionsaccordées aux livreset aux périodiques

5210 8179 10690

DĂ©penses pour larecherche, laconservation et larestauration

11000 145500 215000

Subventionsdestinées aux programmes desinstitutions de laculture

42000 56000 85000

DĂ©penses pour desacquisitions

2982 4445 12652

Subventions pour desaquisitions

7315 19759 30000

Contributions Ă  desorganismesinternationaux

2016 4837 9854

Objectif :laBibliothĂšqueNationale

9550 14986 14500

Le MĂ©morial deSighet

B.TOTAL desdépenses destinéesaux salaires

12106

2000

8431

2700

14098

De la mĂȘme sphĂšre d’activitĂ© font Ă©galement partie d’autres programmes et stratĂ©giessectorielles du ministĂšre .

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En plus, en 1998, toutes les institutions publiques de la culture ont Ă©tĂ© – de mĂȘme quedes institutions d’enseignement et des organisations non-gouvernementales –intĂ©grĂ©es dans lesystĂšme national de la formation permanente, ce qui leur confĂšre des possibilitĂ©s Ă©ducatives –formatives pour tous les citoyens.

Comme on peut le constater , le souci de satisfaire aux exigences et aux aspirationsculturelles de l’individu et des communautĂ©s reprĂ©sente une prioritĂ© absolue de l’agenda du ministĂšre.

Dans le mĂȘme sens, le ministĂšre de la Culture considĂšre que l’adĂ©quation du cadrelĂ©gislatif aux rĂ©alitĂ©s de la vie sociale constitue une dimension essentielle de la rĂ©forme.ParconsĂ©quent, l’élaboration d’un nouveau cadre normatif en ce qui concerne l’organisation et lefonctionnement de certaines catĂ©gories d’institutions publiques , dont le principal but est justement celui de rĂ©pondre aux exigences culturelles du public – bibliothĂšques et musĂ©es- fut insĂ©rĂ© comme prioritĂ© dans le Programme de gouvernement (« Le Programme de base demacrostabilisation et de dĂ©veloppement de la Roumanie jusqu’à l’an 2000 »).Ces deux projetsde loi ont Ă©tĂ© finalisĂ©s Ă  la fin de l’annĂ©e 1998 et ont dĂ©jĂ  Ă©tĂ© transmis pour d’éventuellesobservations et suggestions aux autre ministĂšres intĂ©ressĂ©s.Ces deux projets complĂštent lenouveau cadre normatif proposĂ© par le ministĂšre pour la protection du patrimoine culturelnational, dans la plus large acception du terme.

Afin de donner satisfaction aux aspirations lĂ©gitimes des communautĂ©s en matiĂšreculturelle, les principales directions d’action du ministĂšre sont :

- l’impulsion , le soutien et la protection de l’acte crĂ©ateur ;

- la protection et la stimulation de l’identitĂ© culturelle des minoritĂ©s nationales ;

- la stimulation et la protection des traditions et de la création populaire;

- la protection et la mise en valeur du patrimoine culturel national;

- le dĂ©veloppement des relations culturelles dans le but de conserver, de stimuler et d’exprimer l’identitĂ© culturelle des communautĂ©s roumaines de l’étranger ;

- le dĂ©veloppement des relations culturelles de la Roumanie avec d’autres pays et avec les organismes europĂ©ens et internationaux.

L’ensembles de ces objectifs constitue la base thĂ©orique qui a servi de fondement aux stratĂ©gies sectorielles du ministĂšre de la Culture.Chacun de ces objectifs sera prĂ©sentĂ© dans unesection Ă  part.

3. Caractéristiques

Mettant Ă  profit l’expĂ©rience accumulĂ©e au cours de l’annĂ©e 1997, le ministĂšre de laCulture a formulĂ© - dans l’application des Ă©lĂ©ments de la stratĂ©gie gĂ©nĂ©rale Ă©noncĂ©s plus haut -les principes fondamentaux consacrĂ©s par l’acte normatif concernant son organisation et sonfonctionnemment (la DĂ©cision du gouvernement n° 134/1998). Les voici:

La liberté de création

La libertĂ© de crĂ©ation , d’expression artistique et de communication publique des

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oeuvres et des prestations artistiques reprĂ©sente non seulement un droit fondamental del’individu, reconnu et garanti par la Constitution de la Roumanie, mais Ă©galement un Ă©lĂ©ment essentiel du progrĂšs humain.

L’autonomie de la culture et de l’art

l’autonomie des institutions de la culture pour ce qui est de l’élaboration et du dĂ©roulement des programmes et des projets culturels ne saurait ĂȘtre limitĂ©e ou censurĂ©e selondes critĂšres politiques, ethniques, religieux ou destinĂ©s Ă  satisfaire certains intĂ©rĂȘts de groupe.

La priorité de la valeur

Le ministĂšre de la Culture soutient et stimule l’application des critĂšres spĂ©cifiquesd’évaluation et de sĂ©lection , l’affirmation de la crĂ©ativitĂ© et du talent ainsi que l’introductiondans le circuit national et international des oeuvres et des prestations artistiques de valeur.

L’égalitĂ© des chances en matiĂšre de culture

Par l’harmonisation des politiques culturelles au niveau national avec celles au niveau local, on assure l’accĂšs et la participation - libre et autant que possible large- de tous lesindividus Ă  la culture ainsi que le dĂ©veloppement de la vie spirituelle des collectivitĂ©s danstoute leur diversitĂ©.

L’identitĂ© culturelle dans le circuit mondial des valeurs

Le ministĂšre de la Culture est chargĂ© de protĂ©ger et de mettre en valeur l’hĂ©ritageculturel , de soutenir et de promouvoir l’expression et la diffusion, dans le pays et Ă  l’étranger,des valeurs de la spiritualitĂ© nationale et de favoriser la circulation Ă  l’intĂ©rieur du pays desvaleurs de la culture universelle.

4. Les mécanismes de mise en place

La rĂ©alisation des directions prioritaires d’action Ă©noncĂ©es ci-dessus a exigĂ©l’élaboration de politiques de soutien -sur le plan lĂ©gislatif , administratif et financier- de lastratĂ©gie gĂ©nĂ©rale du ministĂšre de la Culture.Les voici:

- la décentralisation administrative- la réorganisation et la restructuration institutionnelle;- le partenariat avec les autorités publiques locales;- le partenariat avec les structures de la société civile;

4.1. La décentralisation administrative

La politique de dĂ©centralisation administrative est une dimension importante de lastratĂ©gie gĂ©nĂ©rale Ă©laborĂ©e dans les conditions de la transition, Ă  savoir du passage d’unesociĂ©tĂ© hypercentralisĂ©e Ă  une sociĂ©tĂ© oĂč fonctionne le principe de l’autonomie locale Ă  mĂȘmede rĂ©pondre aux nĂ©cessitĂ©s et aux intĂ©rĂȘts des collectivitĂ©s locales.

Dans le domaine de la culture, la décentralisation administrative suppose le transfert des compétences et des attributions , concernant certaines institutions publiques de la culture,du ministÚre aux autorités publiques locales.

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Comme on le sait, en 1994, par la DĂ©cision du gouvernement n° 442, les institutionspubliques de la culture au niveau dĂ©partemental -les bibliothĂšques publiques, les musĂ©es, lescentres de conservation et de valorisation de la tradition et de la crĂ©ation populaire , lesensembles folkloriques professionnels - ont Ă©tĂ© transfĂ©rĂ©es de la subordination des conseilsdĂ©partementaux Ă  celle du ministĂšre de la Culture.Cette dĂ©centralisation a entraĂźnĂ© une sĂ©ried’effets nĂ©gatifs, dont:

- l’accroissement de la pression financiùre sur le budget de l’Etat;

- des dysfonctionnements dans l’activitĂ© de spĂ©cialitĂ© de ces institutions publiqueslocales de la culture, Ă  cause de l’établissement “par le centre” des allocationsbudgĂ©taires et du nombre maximum admis d’emplois;

- des tensions entre le ministÚre de la Culture et les autorités publiques locales ,transformées en certains cas en litiges juridiques ;

- la limitation dans certains cas de l’autonomie fonctionnelle et de dĂ©cision desrespectives institutions;

- l’impossibilitĂ© d’un contrĂŽle financier adĂ©quat quant Ă  la gestion des fonds publicsallouĂ©s.

Tenant compte de ces effets nĂ©gatifs et animĂ© par la volontĂ© de satisfaire de maniĂšreadĂ©quate aux exigences et aux nĂ©cessitĂ©s culturelles des communautĂ©s locales, le ministĂšre dela Culture a Ă©laborĂ© l’un de ses premiers actes normatifs de 1997 (la DĂ©cision du gouvernement n° 6) par lequel les compĂ©tences concernant les institutions transfĂ©rĂ©es du ministĂšre de laCulture aux autoritĂ©s publiques locales.

Ces actes normatifs a permis de rĂ©tablir la situation de droit, de crĂ©er des conditionsconcrĂštes pour l’application du principe de l’autonomie locale et de diminuer la pressionfinanciĂšre sur le budget du ministĂšre.Dans le mĂȘme temps, dĂ©grevĂ© de ce type de chargesfinanciĂšres, le ministĂšre de la Culture a eu la possibilitĂ© de soutenir financiĂšrement desprogrammes et des projets culturels demandĂ©s par les communautĂ©s locales.

Un autre aspect de la politique de dĂ©centralisation est celui du transfert de certainesattributions qui, traditionnellement, revenaient au ministĂšre de la Culture, Ă  la compĂ©tence desautoritĂ©s publiques locales. Par exemple, l’approbation des plans et des taxes de scolarisationaux Ă©coles populaires d’art relevait , conformĂ©ment Ă  certains actes normatifs Ă©mis avant 1989,de la compĂ©tence du ministĂšre de la Culture .Par l’Ordonnance du gouvernement n° 9/1996, laLoi concernant l’administration publique locale et la Loi des finances publiques , lesdits actesnormatifs Ă©taient implicitement abrogĂ©s, la compĂ©tence en la matiĂšre revenant, par voie deconsĂ©quence, aux autoritĂ©s dĂ©partementales dans la subordination desquelles fonctionnaient cesinstitutions. Mais, malgrĂ© tout, c’est Ă  peine en 1998 et aprĂšs de nombreuses dĂ©marches que cescompĂ©tences furent dĂ©finitivement transfĂ©rĂ©es aux autoritĂ©s publiques dĂ©partementales.

Une dĂ©marche similaire a Ă©tĂ© Ă©galement effectuĂ©e par le ministĂšre de la Culture pour cequi est des compĂ©tences concernant l’élaboration et l’approbation des rĂšglementsd’organisation et de fonctionnement des Ă©tablissements culturels -foyers culturels, maisons dela culture, universitĂ©s populaires, Ă©coles populaires d’art et centres de conservation et devalorisation de la tradition et de la crĂ©ation populaire.Le cadre normatif en vigueur exigeait queces responsabilitĂ©s soient exercĂ©es par les autoritĂ©s publiques locales , mais ce ne fut qu’en1998 que ces derniĂšres commencĂšrent Ă  assumer ces responsabilitĂ©s.

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D’autre part, le ministĂšre de la Culture continuera d’exercer ses attributions et sescompĂ©tences spĂ©cifiques relevant de sa fonction de rĂ©glementation et de coordination gĂ©nĂ©raledu domaine.Le ministĂšre s’est engagĂ© et s’engagera Ă  l’avenir aussi Ă  Ă©tablir la place et le rĂŽlede ces institutions, pour harmoniser les politiques culturelles locales avec celles nationales,pour appliquer les stratĂ©gies sectorielles , pour diversifier l'offre culturelle au niveau local et pour former et satisfaire les aspirations des membres des collectivitĂ©s locales.

La politique de dĂ©centralisation reprĂ©sente une prioritĂ© du ministĂšre de la Culture pourl’étape ultĂ©rieure. En ce sens, un projet de DĂ©cision du gouvernement a Ă©tĂ© dĂ©jĂ  Ă©laborĂ© pour letransfert de trois thĂ©Ăątres subordonnĂ©s au ministĂšre Ă  la subordination et Ă  l’autoritĂ© du ConseilGĂ©nĂ©ral de la municipalitĂ© de Bucarest .Ce projet parcourt dĂ©jĂ  le circuit final des avis.

Dans l’étape suivante, en fonction de l’accord des autoritĂ©s publiques locales et tenant compte de leurs ressources budgĂ©taires , un important nombre d’institutions publiques de laculture seront transfĂ©rĂ©es de la subordination du ministĂšre de la Culture Ă  celle des autoritĂ©spubliques locales. De la sorte, on pourra assurer la participation rĂ©elle des communautĂ©slocales Ă  l’adaptation des politiques culturelles locales, ainsi que l’engagement plus ferme decelles-ci Ă  la configuration de l’offre culturelle, afin de rĂ©pondre aux exigences et aux nĂ©cessitĂ©s exprimĂ©es.

4.2. La réorganisation et la restructuration institutionnelle

SimultanĂ©ment avec la rĂ©organisation des directions et de son propre personnel, ainsique de ses services dĂ©centralisĂ©s, le ministĂšre de la Culture a Ă©laborĂ© un programme gĂ©nĂ©ral derestructuration des institutions subordonnĂ©es, programme conçu Ă  partir de l’analyse descompĂ©tences et des attributions de ces derniĂšres et par lequel il a envisagĂ© de redĂ©finir le rĂŽle et les fonctions de ces institutions ainsi que de les intĂ©grer de maniĂšre systĂ©mique , de rendre plusfluide le circuit informationnel et dĂ©cisionnel et de rĂ©aliser une activitĂ© performante.

La politique de restructuration institutionnelle adoptĂ©e par le ministĂšre de la Culture aeu tout d’abord pour but de satisfaire les exigences de la population par l’offre culturelleproposĂ©e par ces institutions.

On a constatĂ© que dans certains secteurs d’activitĂ© une conception centraliste et paternaliste -Ă©tatiste continuait d’ĂȘtre dominante, sans tenir compte de ce que, parallĂšlement,avaient fait leur apparition et se dĂ©veloppaient dĂ©jĂ  dans un rythme fort alerte des structuresprivĂ©es, dont la rĂ©action aux exigences du marchĂ© culturel et du marchĂ© en gĂ©nĂ©ral Ă©tait plusrapide et plus adĂ©quate.

4.2.1 A partir de ces considérations, le ministÚre de la Culture a décidé de procéder , dans une premiÚre étape, à:

- la réorganisation du systÚme éditorial;- la réorganisation du systÚme des revues et des publications culturelles;- la réorganisation du systÚme de la dffusion du livre;- la restructuration de la Régie Autonome des Imprimeries;- la réorganisation de la BibliothÚque Nationale de Roumanie et la réavtualisation du cadre général de fonctionnement des bibliothÚques publiques;- la réorganisation et la restructuration de certaines institutions publiques (subordonnéesau ministÚre de la Culture) aux activités dans le domaine de la protection et de la miseen valeur du patrimoine culturel ( le CAPPC, le Centre de la culture de Bran, leCIMEC, les Archives Nationales du Film).

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a. La réorganisation du systÚme éditorial

DĂ©ployĂ©e par Ă©tapes successives, cette rĂ©organisation a commencĂ© en mai 1997 , desorte que par la DĂ©cision du gouvernement n° 238 les relations entre les maisons d’édition -institutions publiques et le ministĂšre de la Culture s’établissent directement, le passageintermĂ©diaire par la Maison de la Presse et de l’Edition “Cultura Nationala”n’étant plusnĂ©cessaire.Il convient de mentionner que jusqu’alors cette derniĂšre Ă©tait l’institution publiquepar l’intermĂ©diaire de laquelle Ă©taient conclus et exĂ©cutĂ©s les contrats entre les maisonsd’édition et le ministĂšre pour le dĂ©roulement des fonds reçus Ă  titre de “commande d’Etat“,fonds qui reprĂ©sentaient un appui financier destinĂ© Ă  soutenir des programmes et des projetsĂ©ditoriaux d’importance nationale.

Lors des annĂ©es 1997 et 1998, les maisons publiques d’édition subordonnĂ©es au ministĂšre de la Culture furent rĂ©organisĂ©es en tant que sociĂ©tĂ©s commerciales dont le capitalappartenait intĂ©gralement Ă  l’Etat; ceci reprĂ©sentait une premiĂšre Ă©tape sur la voie de leurprivatisation.Cette nouvelle forme juridique d’organisation de l’activitĂ© Ă©ditoriale a contribuĂ©Ă :

- rendre plus efficace l’activitĂ© spĂ©cifique, en leur offrant la possibilitĂ© de rĂ©pondrede maniĂšre performante aux signaux venus du marchĂ© du livre;

- redimensionner les budgets de revenus et de dépenses , par la réduction des frais degestion;

- repenser les programmes et les plans Ă©ditoriaux , ce qui a conduit Ă  l’apparition decertains livres importants pour la culture roumaine et universelle;

- Ă©tablir des relations de collaboration et non pas de subordination avec le ministĂšrede la Culture ; ces derniers avaient donnĂ© naissance Ă  de multiplesdysfonctionnements dans l’activitĂ© des maisons d’édition.

De la sorte, Ă  la fin de 1998, toutes les maisons d’édition -institutions publiques avaient changĂ© leur statut juridique, Ă  l’exception de la maison d’édition “Junimea” de Iasi. Al’intention de cette derniĂšre, sur l’initiative du Conseil Local de la municipalitĂ© de Iasi, a Ă©tĂ©Ă©mise une DĂ©cision du gouvernement par laquelle cette institution Ă©tait transfĂ©rĂ©e sous lasubordination de l’autoritĂ© publique locale. De cette façon, entre les maisons d’édition et leminisĂšre de la Culture il n’y a plus de relations de subordination administrative, mais desrelations de partenariat et de collaboration pour la rĂ©alisation de programmes et de projetsĂ©ditoriaux complexes.

b. La réorganisation du systÚme des revues et des publications culturelles

Il s’agit toujours d’un processus rĂ©alisĂ© par Ă©tapes successives.

Dans une premiĂšre Ă©tape, les rĂ©dactions des publications culturelles, dont l’éditeur Ă©tait le ministĂšre de la Culture - publications qui fonctionnaient dans la structure de la Maison de laPresse et de l’Edition “Cultura Nationala” -, ont Ă©tĂ© rĂ©organisĂ©es par la DĂ©cision du gouvernement n° 238/1997 , devenant des institutions publiques Ă  personnalitĂ© juridique,subordonnĂ©es au ministĂšre de la Culture.

Y furent rĂ©organisĂ©es de la sorte 13 publications culturelles ( “Contemporanul “ ,“Literatorul”, “Tribuna”, “Manuscriptum”, “Desteptarea Aromanilor”, “Moftul Roman”,“Albina”, “Teatrul Azi”, “Universul Cartii”, “A Het”, “Korunk”, “Muvelodes”, “Vilnie

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Slovo”).Il convient de remarquer que, de leur nombre, 5 sont des publications dans les languesdes minoritĂ©s nationales.

Les rĂ©dactions des publications Ă  caractĂšre mĂ©thodique (“Revista Muzeelor”,“Biblioteca”, “Revista Monumentelor Istorice”, “Buletinul CNS”) ont Ă©tĂ©, par la mĂȘmeDĂ©cision du gouvernement , retirĂ©es de la structure de la Maison de la Presse et de l’Edition“Cultura Nationala” et rĂ©organisĂ©es en tant qu’unitĂ©s sans personnalitĂ© juridique dans le cadred’institutions publiques de la culture subordonnĂ©es au ministĂšre.

A prĂ©sent, aprĂšs des consultations avec les rĂ©dactions de ces publications Ă  caractĂšremĂ©thodique et aprĂšs l’analyse de leur situation financiĂšre , le ministĂšre de la Culture a dĂ©cidĂ©de transformer les revues “Biblioteca” et “Revista Muzeelor” en institutions avec personnalitĂ©juridique.

c. La réorganisation du systÚme de diffusion du livre

Cette action reprĂ©sente un pas important dans l’édification d’un nouveau systĂšme, plusflexible et plus efficace, de l’accĂšs du lecteur aux livres et aux publications culturelles.

La Maison de la Presse et de l’Edition “Cultura Nationala” , institution publique de laculture, a Ă©tĂ© crĂ©Ă©e en 1993 par la fusion de deux institutions publiques -Romlibri et ISIAP-avec la RĂ©gie Autonome de Diffusion du Livre “Arcadia”.Le but dĂ©clarĂ© de cetterĂ©organisation a Ă©tĂ© de pratiquer, par des mĂ©canismes de type administratif, le contrĂŽle del’activitĂ© de diffusion du livre et d’autres biens culturels, activitĂ© qui, selon certaines opinions,aurait, dans d’autres conditions, abouti Ă  la faillite.La rĂ©organisation d’une rĂ©gie autonome entant qu’institution publique aux activitĂ©s dans le domaine de la diffusion du livre et d’autresbiens culturels a crĂ©Ă© de nombreux problĂšmes, dont:

-la bureaucratie de l’activitĂ© de diffusion du livre, activitĂ© entiĂšrement Ă©conomique;- la gestion dĂ©fectueuse des ressources financiĂšres;- la conclusion de contrats dĂ©savantageux qui ont entraĂźnĂ© des blocages financiers,l’importantes pertes , tout comme de nombreux litiges solutionnĂ©s Ă  grands frais parles tribunaux.

Par la DĂ©cision du gouvernement n° 617/1998, la Maison de la Presse et de l’Edition“Cultura Nationala” a Ă©tĂ© rĂ©organisĂ©e en sociĂ©tĂ© commerciale dont le capital appartient intĂ©gralement Ă  l’Etat. Dans le capital social de cette sociĂ©tĂ© ont Ă©tĂ© intĂ©grĂ©es 62 librairies, afinde couvrir les pertes que la sociĂ©tĂ© devait rĂ©cupĂ©rer dĂšs sa constitution. On pourra crĂ©er de lasorte un systĂšme national de diffusion du livre Ă  mĂȘme de rĂ©pondre aux signaux venus du marchĂ© et aux exigences sociales dans ce domaine.

d.La restructuration de la RĂ©gie autonome des imprimeries

La mesure de restructurer la RĂ©gie autonome des imprimeries reprĂ©sente larĂ©organisation du dernier des trois chaĂźnons - demeurĂ©s sous l’autoritĂ© du ministĂšre - quiconcourent Ă  la production du livre: l’impression , l’édition , la diffusion.

AprĂšs des analyses et des Ă©tudes de faisabilitĂ© par lesquelles ont Ă©tĂ© identifiĂ©esdiffĂ©rentes modalitĂ©s de rĂ©organisation , on a adoptĂ© la solution de transformer la RĂ©gieAutonome des Imprimeries en Compagnie Nationale des Imprimeries. Le projet de DĂ©cision du gouvernement a dĂ©jĂ  obtenu l’avis de tous les ministĂšres ayant des compĂ©tences en la matiĂšreet a Ă©tĂ© transmis au gouvernement pour qu’il soit adoptĂ©.

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e. La réorganisation de la BibliothÚque Nationale de Roumanie et la réactualisation du cadre général de fonctionnement des bibliothÚques publiques

La rĂ©organisation de la BibliothĂšque Nationale de Roumanie (BN) a tenu compte du fait que la BN est l’institution publique qui doit assurer dans ce domaine, au niveau national, lacoordination mĂ©thodologique du systĂšme tout entier des bibliothĂšques publiques, l’élaborationet la rĂ©alisation des instruments spĂ©cialisĂ©s de rĂ©fĂ©rence (la Bibliographie Nationale, parexemple) .La BibliothĂšque Nationale doit Ă©galement ĂȘtre le principal centre d’échange entre lesbibliothĂšques sur le plan interne et international ; en mĂȘme temps, elle a, conformĂ©ment Ă  laloi, l’obligation d’exercer les fonctions de dĂ©pĂŽt lĂ©gal.

L’activitĂ© de la BibliothĂšque Nationale de Roumanie a Ă©tĂ© rĂ©organisĂ©e dans les annĂ©es1997-1998 par:

- la modification de l’organigramme de l’institution : certains services non-fonctionnels et non-performants ont fusionnĂ© ou ont Ă©tĂ© divisĂ©s, selon le cas; denouveaux services ont Ă©tĂ© crĂ©Ă©s afin d’assurer la cohĂ©rence et la performance du complexe d’activitĂ©s spĂ©cifiques tout entier;

- le transfert Ă  la BibliothĂšque, Ă  partir de 1998, de la charge de financer, contracter,coordonner et contrĂŽler les travaux en cours de l’immeuble dont la BibliothĂšqueNationale sera le bĂ©nĂ©ficiaire;

En 1997, la BibliothĂšque Nationale a Ă©tĂ© gravement affectĂ©e par la rĂ©duction de 48postes conformĂ©ment Ă  la Loi du Budget d’Etat.

Une mention spĂ©ciale doit ĂȘtre faite quant au systĂšme des bibliothĂšques publiques.A lademande et avec le concours des spĂ©cialistes des bibliothĂšques dĂ©partementales et locales, leministĂšre de la Culture a Ă©laborĂ© un rĂšglement-cadre d’organisation et de fonctionnement deces institutions culturelles, rĂšglement publiĂ© dans le Moniteur Officiel de Roumanie ennovembre 1998.

Le rĂšglement-cadre permettra, jusqu’à l’apparition de la Loi des bibliothĂšquespubliques, un meilleur fonctionnement de celles-ci.Le ministĂšre de la Culture a pris en charged’élaborer ce rĂšglement-cadre parce que, d’un cĂŽtĂ©, les bibliothĂšques publiques donnent accĂšsau public Ă  l’information , Ă  la culture , satisfaisant ainsi l’une de ses nĂ©cessitĂ©s essentielles et,d’un autre cĂŽtĂ©, les actes normatifs concernant le systĂšme de ces institutions sont devenus pourla plupart caducs, mĂȘme s’ils ne sont pas expressĂ©ment abrogĂ©s.

f. La réorganisation et la restructuration de certaines institutions publiques (subordonnées au ministÚre de la Culture) aux activités ayant trait à la protection et à la mise en valeur du patrimoine culturel national (le CAPPC, le Centre de la culture de Bran, le CIMEC, les Archives Nationales de Film)

Pour la restructuration et la réorganisation de ces institutions on a envisagé:

- l’efficacitĂ© accrue de leur activitĂ© et l’augmentation des standards de l’offre culturelle;- la gestion plus judicieuse des fonds et du patrimoine dont ces institutions disposent.

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1. Le Centre de l’Administration et de la protection du patrimoine de la culture (leCAPPC) , institution publique du type “centrale industrielle” , a Ă©tĂ© restructurĂ© en deux Ă©tapes:

- par un Ordre du ministĂšre de la Culture, les centres culturels ont Ă©tĂ© transfĂ©rĂ©s de lasubordination de cette institution Ă  celle du ministĂšre de la Culture, de la sorte a Ă©tĂ©rĂ©tablie la situation de droit consacrĂ©e par la DĂ©cision du gouvernement concernant l’organisation et le fonctionnement du ministĂšre;

- la rĂ©organisation de l’activitĂ© de protection du patrimoine culturel national par lasuppression de ladite institution en mars 1998 (la DĂ©cision du gouvernement n°134) et le transfert Ă  une nouvelle institution( l’Office National pour la Protectiondu Patrimoine -l’ONPP) des seules attributions ayant un rapport direct avec laprotection du patrimoine culturel national;

A prĂ©sent, l’ONPP a limitĂ© ses principales charges Ă  :

- contracter les Ă©tudes techniques et les travaux de recherche -restauration -conservation des monuments historiques;

- dĂ©rouler les fonds allouĂ©s du budget de l’Etat pour ces activitĂ©s;- vĂ©rifier la modalitĂ© dont sont Ă©xecutĂ©s les travaux de recherche, les Ă©tudes

techniques , la restauration et la conservation pour lesquelqs ont été conclus descontrats.

Les attributions concernant le financement, la coordination, la vĂ©rification et le contrĂŽledes Ă©tudes techniques et des travaux de recherche- de restauration- de conservation entreprisaux immeubles oĂč fonctionnent des institutions publiques d’intĂ©rĂȘt national ont Ă©tĂ© transfĂ©rĂ©esĂ  ces institutions.

Le financement, la coordination , la vérification et le contrÎle des investissements au nouvel immeuble de la BibliothÚque Nationale de Roumanie ont été transférés à cetteinstitution, bénéficiaire de ces investissements publics.

2. Le Centre de la Culture de Bran a été réorganisé en 1998 par la fusion avec leMusée de Bran. On réalise de la sorte:

- une gestion efficace des fonds publics , en renonçant à maintes dépenses de natureadministrative;

- l’élimination des parallĂ©lismes dans l’activitĂ© des deux institutions publiquesd’intĂ©rĂȘt national, situĂ©es dans un mĂȘme espace et ayant bon nombre de chargessimilaires;

- l’utilisation plus efficace et plus judicieuse des ressources humaines et du patrimoine se trouvant sous l’administration des deux institutions.

3. Le Centre d’informatique et de mĂ©moire culturelle (le CIMEC) est devenu l’Institut de la mĂ©moire culturelle , ce qui reflĂšte sa transformation (ayant lieu ces derniĂšres annĂ©es) d’uncentre de traitement informatique des donnĂ©es culturelles - pour le patrimoine culturel nationalen particulier - et de diffusion de l’information culturelle Ă  l’intention des spĂ©cialistes tout comme Ă  l’intention du public, institution qui utilise surtout les nouvelles technologies de lacommunication.

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Cet institut reprĂ©sente Ă  ce jour le principal fournisseur de l’information culturelleroumaine sur l’Internet.

4. Les Archives Nationales du Film - la CinémathÚque Roumaine

Par l’Ordonnance d’urgence du gouvernement n°.67/1997 concernant la rĂ©organisationdu Conseil National de la CinĂ©matographie, les Archives Nationales de Film ont Ă©tĂ© transfĂ©rĂ©essous la subordination du ministĂšre de la Culture. Par la DĂ©cision du gouvernement n°337/1998, les Archives ont Ă©tĂ© rĂ©prganisĂ©es en tant qu’institution culturelle publique sous lenom de “Archives Nationales du Film - la CinĂ©mathĂšque Roumaine”.

Cette nouvelle forme d’organisation fut le point de dĂ©part du processus d’harmonisationavec les principes gĂ©nĂ©raux qui rĂ©gissent l’activitĂ© des institutions similaires d’autres payseuropĂ©ens. En ce sens, les Archives Nationales du Film ont non seulement la fonction deconservation et de restauration du matĂ©riel filmique et des annexes, mais aussi des fonctions derecherche, de mise en valeur de ce matĂ©riel et de communication publique par ses moyensspĂ©cifiques des rĂ©sultats des recherches.

4.2.2 Dans cette mĂȘme pĂ©riode, une autre direction prioritaire de la politique de restructuration institutionnelle du ministĂšre de la Culture a eu pour but l’élaboration des projets de loi Ă  mĂȘme d’instaurer un nouveau cadre administratif , organisationnel et scientifique pour la protection du patrimoine culturel national.

Des biens classĂ©s - ou susceptibles de le devenir- dans la catĂ©gorie juridique du“patrimoine culturel national” se trouvent tant sous l’administration et la conservation denombreuses institutions publiques, spĂ©cialisĂ©es ou non, que dans la propriĂ©tĂ© de diversescatĂ©gories de personnes morales de droit privĂ© ou dans la propriĂ©tĂ© de personnesphysiques.D’autre part, l’activitĂ© concernant l’étude technique - la restauration- la conservationest rĂ©alisĂ©e surtout pour ce qui est des monuments historiques, par des personnes morales dedroit privĂ©.

Il s’est, donc, avĂ©rĂ© nĂ©cessaire de crĂ©er un cadre lĂ©gislatif destinĂ©, d’une part, Ă rĂ©organiser et Ă  ordonner le systĂšme des institutions publiques ayant des activitĂ©s dans cedomaine (bibliothĂšques publiques, musĂ©es et collections publiques, autres institutionsspĂ©cialisĂ©es) et, d’autre part, Ă  Ă©tablir les normes gĂ©nĂ©rales et scientifiques pour la protection et la mise en valeur des biens de cette catĂ©gorie.

L’effort lĂ©gislatif du ministĂšre de la Culture s’est concrĂ©tisĂ© dans le parachĂšvement desprojets de loi ci-aprĂšs , qui se trouvent dĂ©jĂ  en train d’obtenir les avis des autres ministĂšresintĂ©ressĂ©s:

- la Loi des bibliothÚques publiques- la Loi des musées et des collections publiques- la Loi du patrimoine culturel national mobile- la Loi des monuments historiques.

DÚs que le Parlement aura voté ce paquet de projets législatifs, on pourra entamer laréorganisation et la restructuration institutionnelle du systÚme des bibliothÚques publiques, desmusées et des collections publiques ainsi que des autres institutions publiques ayant desactivités dans ce domaine.

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4.2.3. Par le programme PHARE ont été approuvés des fonds pour la culture dans le cadre du programme La dimension culturelle de la démocratie lancé par le ministÚre de la Culture.

Dans ce programme, qui se dĂ©roulera sur une pĂ©riode de deux ans, avec un budget de 2 millions d’euros, est incluse la rĂ©forme institutionnelle pour laquelle seront allouĂ©s 1,15millions d’euros.

En ce sens, on envisage principalement de dĂ©centraliser l’administration culturelle et deredĂ©finir ses responsabilitĂ©s, y compris la restructuration de certains systĂšmes institutionnels et la formation de managers culturels.Le ministĂšre de la Culture se propose, dans le cadre de ceprogramme, de restructurer les centres de la culture subordonnĂ©s , de redimensionner lesactivitĂ©s de certaines institutions publiques, ainsi que de repenser la stratĂ©gie et les fonctions du Centre d’instruction et de formation du personnel des Institutions de la culture.

Il convient d’y prĂ©ciser que le systĂšme de l’enseignement universitaire n’offre pas lapossibilitĂ© d’une rĂ©elle spĂ©cialisation dans le domaine du management culturel , du marketinget du lancement des projets culturels ou dans d’autres domaines spĂ©cialisĂ©s et spĂ©cifiques de laculture. C’est pourquoi l’identification des meilleures modalitĂ©s pour l’instruction et laformation de spĂ©cialistes dans ces domaines reprĂ©sente un important Ă©lĂ©ment de la stratĂ©giegĂ©nĂ©rale du ministĂšre de la Culture ; car, en l’absence de tels spĂ©cialistes on ne saurait rĂ©aliserune authentique restructuration institutionnelle.

Loin d’ĂȘtre achevĂ©s, la rĂ©organisation et la restructuration institutionnelle sont desprocessus continus, parce que repenser les structures et redĂ©finir les relations fonctionnellesentre ces institutions et Ă  l’intĂ©rieur de ces institutions doit avoir comme finalitĂ© de satisfaireaux exigences culturelles en incessant changement.

4.3. Le partenariat avec les autorités publiques locales

Ayant comme point de dĂ©part la nĂ©cessitĂ© de l’harmonisation des politiques culturellesnationales avec celles locales et de l’application du principe de l’autonomie locale, le ministĂšrede la Culture a oeuvrĂ© dans la pĂ©riode 1997-1998 pour l’établissement de rapports decollaboration aussi efficaces que possible avec les autoritĂ©s publiques locales.

En mĂȘme temps, l’élaboration des projets concernant ces politiques et stratĂ©gies ainsique leur implĂ©mentation doit se donner pour but de satisfaire aux exigences culturelles descommunautĂ©s locales et de maintenir l’équilibre entre les divers Ă©lĂ©ments de la vie culturelle.Enfin, il s’impose que les politiques culturelles soient intĂ©grĂ©es dans les stratĂ©gies gĂ©nĂ©rales dedĂ©veloppement Ă©laborĂ©es par les autoritĂ©s locales dans la subordination desquelles fonctionnent la plupart des institutions publiques de la culture.

Partant de ces prĂ©misses, le ministĂšre de la Culture a d’abord envisagĂ© dans sadĂ©marche le dĂ©veloppement et la diversification de l’offre culturelle adressĂ©e aux communautĂ©s locales.

Dans le cadre de sa politique de partenariat, le ministĂšre de la Culture a fait un premierpas important dĂšs le dĂ©but de 1997 lorque, par la DĂ©cision du gouvernement n° 6, il a reconnu aux autoritĂ©s publiques locales le droit d’intervenir et de dĂ©cider en ce qui concerne lesinstitutions publiques de la culture d’intĂ©rĂȘt dĂ©partemental.

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Dans la pratique, en 1997-1998, cette politique a surtout visĂ© l’amĂ©lioration del’activitĂ© des institutions publiques de la culture d’intĂ©rĂȘt local subordonnĂ©es aux autoritĂ©spubliques locales, par:

- une meilleure flexibilitĂ© du cadre juridique par l’amĂ©lioration du systĂšme decofinancement des programmes et des projets culturels:

a) dans ce sens, l’Ordonnance du gouvernement n° 51/1998, Ă©laborĂ©e par le ministĂšrede la Culture, a envisagĂ© la rĂ©glementation du cofinancement tant du budget del’Etat que des budget locaux des dĂ©penses nĂ©cessaires au dĂ©roulement de certainsprogrammes et projets culturels importants pour les communautĂ©s locales; de lasorte, on peut couvrir les frais de publicitĂ©, de location d’équipements, leshonoraires et les rĂ©munĂ©rations des titulaires des droits d’auteur et des droitsconnexes, ou l’attribution de certains prix;

b) la possibilitĂ© du financement par les budgets locaux de certains programmesdestinĂ©s au domaine de l’éducation permanente;

- le transfert de certaines compĂ©tences concernant des institutions publiques d’intĂ©rĂȘt local du ministĂšre de la Culture vers les autoritĂ©s publiques locales , partant del’importance et de la nĂ©cessitĂ© que l’autoritĂ© publique locale accomplisse l’une deses principales obligations, Ă  savoir la gestion adĂ©quate des intĂ©rĂȘts et la satisfactiondes exigences culturelles des communautĂ©s locales.

L’amĂ©lioration de la collaboration entre le ministĂšre de la Culture et les autoritĂ©spubliques locales est Ă©galement redevable Ă  l’activitĂ© des inspectorats dĂ©partementaux de laculture qui, dans la plupart des cas, ont rĂ©ussi Ă  Ă©tablir et Ă  entretenir un dialogue concret avecces autoritĂ©s, ce qui a abouti Ă  l’élimination de certaines tensions et Ă  la fluiditĂ© du circuit informationnel.

Une autre dimension du partenariat lancé par le ministÚre de la Culture est représentépar le soutien financier de certaines activités pour lesquelles les autorités publiques locales nedisposaient pas de ressources suffisantes.

Il convient d’y mentionner en ce sens le Programme national d’acquisition de livres et de publications culturelles pour les bibliothĂšques publiques, en vertu duquel lescommunautĂ©s locales ont eu accĂšs Ă  la culture Ă©crite.

De mĂȘme, pour le financement par le ministĂšre de la Culture - dans le cadre du Programme national pour la protection des monuments historiques - de l’élaboration desĂ©tudes techniques et des travaux de recherche - restauration-conservation , entrepris aux monuments historiques relevant de diverses unitĂ©s administratives territoriales.

Dans le but d’une gestion adĂ©quate des exigences et des nĂ©cessitĂ©s culturelles descollectivitĂ©s locales et de l’harmonisation des politiques au niveau national avec celles au niveau local, le ministĂšre de la Culture s’est proposĂ© d’identifier des “zones-pilote”(Hunedoara, Arges et Botosani) afin d’y rĂ©aliser une meilleure efficacitĂ© de la collaborationentre ses services dĂ©centralisĂ©s et les autoritĂ©s publiques locales pour:

- l’élaboration des stratĂ©gies locales en vue de la diversification de l’offre culturelledes institutions publiques;

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- l’allocation, des budgets locaux, de ressources financiĂšres suffisantes pour assurerle bon fonctionnement de ces institutions ainsi que le dĂ©roulement de programmeset de projets culturels performants, des programmes d’éducation permanente;

- la rĂ©alisation d’un partenariat culturel rĂ©gional , y compris pour la conclusion deprotocoles ou d’accords de collaboration avec des institutions ou des organisationsnon-gouvernementales des communautĂ©s roumaines vivant sur le territoire des paysvoisins;

- l’établissement , de commun accord avec les autres services dĂ©centralisĂ©s desministĂšres, de certaines dĂ©marches et mesures cohĂ©rentes pour la protection et lamise en valeur du patrimoine culturel national;

- le lancement sur le plan international de projets Ă  mĂȘme de mettre en valeur lecaractĂšre spĂ©cifique et les particularitĂ©s culturelles des communautĂ©s locales;

Au cours de l’annĂ©e 1998, le ministĂšre de la Culture a pris l’initiative de constituer unecommission , formĂ©e de reprĂ©sentants dĂ©signĂ©s par les autoritĂ©s publiques locales, par le DAPLet le ministĂšre de la Culture, ayant pour but l’élaboration d’une stratĂ©gie Ă  court terme pour larĂ©vitalisation de l’activitĂ© des bibliothĂšques publiques et des Ă©tablissements publics de laculture afin de dĂ©velopper et de diversifier l’offre culturelle.

4.4. Le partenariat avec les structures de la société civile

En appliquant sa stratĂ©gie gĂ©nĂ©rale, le ministĂšre de la Culture a formulĂ© le principeselon lequel l’adaptation des politiques culturelles est une action de partenariat avec la sociĂ©tĂ©civile qui, par ses diverses structures, reprĂ©sente non seulement un consommateur-bĂ©nĂ©ficiairedes rĂ©sultats de ces politiques et stratĂ©gies, mais Ă©galement un crĂ©ateur de l’offre culturelleadressĂ©e Ă  la communautĂ©.

4.4.1 Le partenariat avec des organisations non-gouvernementales

Dans sa politique de partenariat avec les structures de la sociĂ©tĂ© civile, le ministĂšre de laCulture a soutenu par des moyens financiers et logistiques des programmes et des projetsĂ©laborĂ©s et/ou dĂ©roulĂ©s par des organisations non-gouvernementales.Ces programmes et projetsoffrent un large Ă©ventail d’initiatives culturelles, adressĂ©es pour la plupart aux communautĂ©slocales, dont la vie culturelles se trouve enrichie de la sorte.

Il convient toutefois de souligner que, dans la majoritĂ© des cas, les projets Ă©laborĂ©s parles structures de la sociĂ©tĂ©s civile viennent Ă  complĂ©ter l’offre culturelle des institutionspubliques , les cas de superposition ou de double emploi Ă©tant rares.

La diversification de l’offre culturelle adressĂ©e aux communautĂ©s locales par lepartenariat Ă©tabli entre le ministĂšre de la Culture et la sociĂ©tĂ© civile peut aisĂ©ment ĂȘtre mise enĂ©vidence si l’on analyse les programmes et les projets culturels soutenus par le ministĂšre.Ainsi,par exemple, par les projets culturels visant le soutien de la crĂ©ation et des arts interprĂ©tatifs ,une offre culturelle plus riche se fit jour lĂ  oĂč ne fonctionnaient pas des institutions publiqueslocales ayant cet objet.

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De mĂȘme, presque tous les projets dĂ©roulĂ©s dans le cadre des programmes visant Ă soutenir et Ă  protĂ©ger l’identitĂ© culturelle des minoritĂ©s nationales et qui ont bĂ©nĂ©ficiĂ© del’appui financier du ministĂšre de la Culture ont Ă©tĂ© Ă©laborĂ©s et/ou dĂ©ployĂ©s en coopĂ©ration avecdes organisations non-gouvernementales.

DerniÚrement, cette relation de partenariat avec la société civile a été enrichie par lacooptation des autorités locales;y fut réalisée de la sorte la triade ministÚre de la Culture (y compris ses services décentralisés et les institutions publiques subordonnées au ministÚre) -autorités locales (y compris les institutions publiques de la culture qui leur sont subordonnés) -société civile.

Le ministĂšre de la Culture, ses Les autoritĂ©s publiquesservices dĂ©centralisĂ©s et son locales et leur systyĂšmesystĂšme d’institutions publiques d’institutions publiques

de la culture

Les structures de la société civile

4.2.2. Le partenariat avec les organisations professionnelle des crĂ©ateurs d’art et des artistes interprĂštes

Conscient de l’apport essentiel des crĂ©ateurd’art et des artistes interprĂštes au dĂ©veloppement culturel de la sociĂ©tĂ© et au maintien d’une dynamique crĂ©ative , le ministĂšre dela Culture a mis en oeuvre un partenariat actif avec leurs organisations professionnelles.Cepartenariat s’est matĂ©rialisĂ© dans l’organisation en commun d’évĂ©nements culturelsd’exception, dont La Semaine internationale de la musique nouvelle, les Foires internationales annuelles du livre, les Prix UNITER, les Prix de la fondation “Jora”.

D’autre part, afin de rĂ©aliser la participation des crĂ©ateurs d’art et des artistes interprĂštesĂ  l’activitĂ© visant Ă  dĂ©finir et Ă  mettre en pratique les stratĂ©gies culturelles, le partenariat du ĂčinistĂšre de la Culture avec leurs organisations professionnelles s’est concrĂ©tisĂ© dans saDĂ©claration commune concernant le Statut des crĂ©ateurs d’art et des artistes interprĂštes de Roumanie , signĂ©e en novembre 1998.

Y ont adhĂ©rĂ©: l’Alliance nationale des Unions de crĂ©ateurs de Roumanie ( ANUC),l’Association des artistes photographes de Roumanie (AAF), l’Association des Ă©crivainsprofessionnels de Roumanie ( ASPRO), l’Association “Reflex” (crĂ©ateurs multimedia), laFondation ARTEXPO, l’Union des FĂ©dĂ©ration europĂ©ennes de la caricature, la Filiale“Romania”, l’Union de crĂ©ation interprĂ©tative des musicien de Roumanie (UCIMR), l’Uniondes marionnettistes de Roumanie (UNIMA).Le document demeure ouvert Ă  d’autresorganisations ayant des activitĂ©s dans ce domaine.

Dans la forme adoptĂ©e par tous les signataires, la DĂ©claration constitue une premiĂšre Ă l’échelle internationale et elle comporte:

- la mise en pratique du principe selon lequel l’adaptation des politiques culturelles est une action relevant du partenariat avec la sociĂ©tĂ© civile dans le contexte oĂč,dans une structure dĂ©mocratique, la sociĂ©tĂ© civile gagne toujours en importance;

- la focalisation sur un plan d’action formulĂ© et appliquĂ© en commun avec lesorganisations non-gouvernementales des crĂ©ateurs d’art et des artistes interprĂštes,plan destinĂ© Ă  soutenir ces derniers;

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- l’intĂ©gration des politiques culturelles dans la stratĂ©gie durable de dĂ©veloppement et la crĂ©ation d’un cadre Ă  long terme de la mise en oeuvre despolitiques culturelles dans les domaines de l’éducation, de l’information et de larecherche.

La plate-forme commune qui se trouve Ă  la bese de l’adhĂ©sion Ă  la DĂ©claration rĂ©sidedans les idĂ©es et les principes prĂ©sentĂ©s dans la Recommandation concernant le Statut del’artiste (UNESCO, Belgrade 1980), dans la DĂ©claration finale du CongrĂšs mondial surl’application de la Recommandation concernant le statut de l’artiste (UNESCO, Paris, 1997),ainsi que dans la rĂ©solution de la ConfĂ©rence intergouvernementale Politiques pour le dĂ©veloppement dans le domaine de la culture et des mass-media (UNESCO, Stockholm,1998). Dans ce contexte, les signataires de la DĂ©claration ont considĂ©rĂ© que le changement d’optique quant Ă  la place et au rĂŽle des crĂ©ateurs d’art et des artistes interprĂštes na saurait ĂȘtrerĂ©alisĂ© que par un partenariat actif , Ă  mĂȘme de sensibiliser tous les segments de la sociĂ©tĂ©relativement Ă  la nĂ©cessitĂ© de rĂ©former le cadre Ă©conomique, social et lĂ©gislatif.

4.4.3 .Le dialogue social avec les syndicats

Un autre volet , particuliÚrement important pour le MmnistÚre de la Culture, du partenariat avec la société civile est représenté par la relation de collaboration avec lessyndicats des institutions publiques de la culture.

Par consĂ©quent, pour Ă©tablir certains points de vue sur les projets d’actes normatifsayant des incidences dans le domaine des salaires ou de la protection sociale, le ministĂšre aconsultĂ© les reprĂ©sentants syndicaux, leurs observations et propositions Ă©tant, dans la plupart des cas, adoptĂ©es.

MalgrĂ© cela, on peut constater un certain Ă©cart entre les positions de principe des deux partenaires du dialogue en ce qui concerne le rythme et l’ampleur de la rĂ©formeinstitutionnelle.Ainsi, certains syndicats reprĂ©sentatifs (particuliĂšrement ceux des artistesinterprĂštes)se son prononcĂ©s contre l’application des principes stipulĂ©s par la Loi n° 154/1998ayant trait au systĂšme d’établir les salaires de base dans le secteur budgĂ©taire.

En 1998, le ministĂšre de la Culture a repris les discussions interrompues en 1997 visant Ă  Ă©tablir des points de vue communs en ce qui concerne le contenu d’un contrat collectif detravail au niveau des « branches » professionnelles. On a, dĂšs le dĂ©but, constatĂ© que dans la« branche » de la culture les diffĂ©rences de perspective quant au contenu des relations socio-professionnelles et des rapports de travail sont trĂšs grandes, de sorte que les solutionssusceptibles d’ĂȘtre appliquĂ©es dans certains domaines (bibliothĂšque, musĂ©es) ne sont pasacceptables dans d’autres domaines, surtout dans celui des arts interprĂ©tatifs. MĂȘme dans lecadre de ce dernier domaine, les solutions proposĂ©es pour les ensembles professionnelsmusicaux (orchestres symphoniques, choeurs, orchestres de musique savante) ne peuvent ĂȘtretransfĂ©rĂ©es tale quale dans le domaine du spectacle.Par consĂ©quent, si l’homogĂ©nĂ©itĂ© et lastabilitĂ© sont des exigences essentielles pour la performance d’un ensemble musical ou choral,cette chose n’est pas entiĂšrement valable dans le domaine du thĂ©Ăątre, par exemple, oĂč laperformance individuelle est un Ă©lĂ©ment de rĂ©fĂ©rence auquel concourent Ă©galement, entreautres, la possibilitĂ© d’une mobilitĂ© accrue des artistes , des metteurs en scĂšne ou desscĂ©nographes.

D’autre part, au cours des discussions , se firent jour diverses orientations en ce quiconcerne le contenu d’un contrat collectif de travail Ă  mĂȘme d’ĂȘtre appliquĂ© dans des

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institutions tellement diffĂ©rentes. La solution d’une nĂ©gociation des clauses spĂ©cifiques Ă  undomaine ou Ă  un type d’institution avec chacun des syndicats reprĂ©sentatifs n’a pas Ă©tĂ©soutenue que par certains syndicats, cependant que la solution des nĂ©gociations en commun detoutes les clauses n’a pas Ă©tĂ©, elle non plus, acceptĂ©e par la majoritĂ©.

Pour toutes ces raisons, ainsi que pour des motifs de nature conjoncturelle, au cours del’annĂ©e 1998 on n’est pas parvenu Ă  l’accord nĂ©cessaire Ă  la conclusion du contrat collectif detravail au niveau des branches professionnelles.

5. Optimisation de la démarche culturelle

On constate , donc, que pour mettre en oeuvre la stratĂ©gie gĂ©nĂ©rale, les principaux objectifs et directions d’action Ă©laborĂ©s par le ministĂšre de la Culture , l’harmonisation desactivitĂ©s fonctionnelles et spĂ©cifiques a Ă©tĂ© nĂ©cessaire, tout comme il a Ă©tĂ© nĂ©cessaire deredimensionner certaines d’entre elles.

C’est ainsi que, dĂšs 1997, mais surtout Ă  partir de 1998, on a envisagĂ© :

- une plus adéquate et plus judicieuse gestion des ressources financiÚres.

Dans ce but, le budget allouĂ© au ministĂšre de la Culture a Ă©tĂ© dĂ©falquĂ© par directions et services.On a ainsi obtenu plus de responsabilitĂ© de chaque service pour ce qui est del’utilisation de l’argent publique.

De mĂȘme, on en a renforcĂ© la responsabilitĂ© dĂ©cisionnelle en ce qui concerne lasĂ©lection et le soutien financier de certains programmes et projets culturels;

- une meilleure gestion des ressources humaines

Comme on l’a dĂ©jĂ  mentionnĂ©, plus de 30% du personnel du ministĂšre de la Culturesont des jeunes de moins de 35 ans. Certains d’entre eux ont bĂ©nĂ©ficiĂ© de stages de formation et de bourses de spĂ©cialisation. Ce pourcentage rĂ©pond en Ă©gale mesure Ă  l’accomplissement dedeux desiderata essentiels de toute administration performante : le renouvellement permanent du personnel, corrĂ©lĂ© avec la stabilitĂ© dans le travail.

MalgrĂ© cela, le niveau trĂšs rĂ©duit des salaires, immotivĂ© et non-attractif , met en dangerles efforts faits pour le renouvellement du personnel spĂ©cialisĂ©. Or, comme on le sait, c’est justement ce groupe d’ñge qui fournit non seulement une activitĂ© performante, mais- ce qui est plus important –le changement de mentalitĂ© encore si nĂ©cessaire dans l’administrationpublique.

Ce qui est confirmĂ© par le fait que tant en 1997 qu’en 1998 on n’a pas rĂ©ussi Ă  occuperintĂ©gralement les postes existants, tel qu’on peut le voir du tableau suivant :

CatĂ©go-riesd’institu-tions

1996 1997 1998

approuvés

existants approuvés existants approuvés existants

Budgé-taires

3722 3606 1143 1034 1029 963

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Subven-tionnés

10799 10216 7100 6574 7230 6656

A noter aussi que les donnĂ©es de l’annĂ©e 1996 incluent Ă©galement les employĂ©s desinstitutions dĂ©partementales (3699) qui, par la DĂ©cision du gouvernement n° 422/1994 avaient Ă©tĂ© transfĂ©rĂ©es sous la subordination du ministĂšre de la Culture jusqu’au dĂ©but de 1997, lorsquecette disposition fut abrogĂ©e par la DĂ©cision du gouvernement n° 6/1997.

1996 1997 1998Le salaire moyenen lei 340500 679560 1141000

Un objectif essentiel dans le domaine des ressources humaines a Ă©tĂ© reprĂ©sentĂ© par lamodification de certains actes normatifs, modification destinĂ©es Ă  corriger et Ă  complĂ©ter desdispositions lĂ©gales dans le sens de corrĂ©ler le niveau des salaires et l’intĂ©gration dans desgroupes de travail des salariĂ©s des institutions publiques avec la difficultĂ© et les exigences du travail effectivement dĂ©ployĂ©.

On a Ă©galement continuĂ©, mĂȘme si ce ne fut pas au niveau d’efficacitĂ© requis, leperfectionnement et la formation de spĂ©cialistes pour des activitĂ©s spĂ©cifiques faisant partie dela sphĂšre de compĂ©tence matĂ©rielle du ministĂšre de la Culture.Les stages et les cours organisĂ©sen 1998 par le Centre d’Instruction et de Formation du Personnel des Institutions de Cultureont eu la structure et la participation ci-dessous:

Le nom du cours ou du stage Nombre de participantsLes éléments de base de la restaurationscientifique

170

Les éléments de mase de labibliothÚconomie

592

L’initiation dans l’utilisation desordinnateurs personnels

25

L’animation culturelle 70Les Ă©lĂ©ments de base de la musĂ©ologie 95Les Ă©lĂ©ments de base de la conservationscientifique

86

Une autre initiative du ministĂšre de la Culture a envisagĂ© l’insertion dans lanomenclature des fonctions et des mĂ©tiers de certaines spĂ©cialitĂ©s caractĂ©ristiques au domainede la culture. Ces efforts n’ont pas encore donnĂ© de rĂ©sultats. Mentionnons Ă  titre d’exempleque bien que 200 des 250 archĂ©ologues de Roumanie dĂ©ployent leur activitĂ© dans des musĂ©es,cette catĂ©gorie socio-professionnelle ne figure pas expressĂ©ment dans aucun des actesnormatifs concernant les salaires du personnel des institutions publiques. Cette situationanormale est aussi une consĂ©quence de ce qu’une telle spĂ©cialisation ne figure pas au niveau des institutions d’enseignement supĂ©rieur .Dans le mĂȘme sens, il convient de signaler l’absencede certaines fonctions de spĂ©cialitĂ© du domaine du marketing et du lancement de l’offreculturelle des institutions publiques (thĂ©Ăątres, musĂ©es etc.).

Comme on le sait, le changement de mentalitĂ©s, tout paticuliĂšrement dans un domainetellement sensible, reprĂ©sente un processus de longue durĂ©e et qui dĂ©termine une authentiquerĂ©sistence de la culture vis-Ă -vis de toute rĂ©forme. MalgrĂ© tous ses efforts, le ministĂšre de laCulture n’a pas encore rĂ©ussi Ă  sensibiliser ni les autoritĂ©s compĂ©tentes, ni ses partenaires dedialogue social quant Ă  la nĂ©cessitĂ© d’adopter un systĂšme de rĂ©munĂ©ration Ă  mĂȘme d’excepterl’acte de culture de sous l’incidence de la rĂ©glementation gĂ©nĂ©rale en fait de salaires.

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Par consĂ©quent, l’application du principe de la dĂ©fonctionnarisation du personnel despĂ©cialitĂ© des institutions culturelles, principe acceptĂ© et reconnu par bon nombre de payseuropĂ©ens, demeure toujours au niveau des desiderata;

- de nouvelles rĂ©glementations dans le domaine de la culture, en vue de l’harmonisation avec le cadre juridique gĂ©nĂ©ral et avec la lĂ©gislation eurpĂ©enne et communautaire en la matiĂšre.

Les transformations rapides qui ont eu lieu dans la lĂ©gislation roumaine lors desderniĂšres annĂ©es , ainsi que l’amĂ©lioration du cadre juridique gĂ©nĂ©ral ont dĂ©terminĂ© un effort soutenu du ministĂšre pour :

a) obtenir plus de flexibilité dans les réglementations spécifiques du domaine de laculture

b) une rĂ©glemntation unitaire des rapports sociaux dans le domaine de la culturec) l’amĂ©lioration et la modification des actes normatifs – Ă©mis antĂ©rieurement – ayant des incidences dans le domaine de la culture

d) l’harmonisation avec la lĂ©gislation europĂ©enne et communautairee) la ratification de certaines conventions internationales spĂ©cifiques au domaine de laculture

En 1997, le ministĂšre de la Culture a pris l’initiative de 32 dĂ©cisions du gouvernement,de 2 ordonnances d’urgence , de 3 ordonnances du gouvernement et de 4 lois.

Dans cette pĂ©riode a Ă©tĂ© finalisĂ© un paquet d’initiatives lĂ©gislatives dĂ©finitoires pour lastratĂ©gie gĂ©nĂ©rale du ministĂšre de la Culture : les projets de loi dĂ©jĂš mentionnĂ©s concernant lepatrimoine culturel national, les musĂ©es et les collections publiques;

- une nouvelle maniùre d’aborder la politique des investissements et des acquisitions publiques

Puisque l’activitĂ© performante des institutions publiques de la culture et la croissancedes standards de l’offre culturelle dĂ©pendent tout d’abord de leur infrastructure et de leur basematĂ©rielle, en 1997-1998 la politique d’investissements et de dotations menĂ©e par le ministĂšrede la Culture a envisagĂ© de :

a) accorder plus de responsabilitĂ© aux institutions dont les Ă©difices font l’objet detravaux ayant un caractĂšre d’investissements pour ce qui est de l’exĂ©cution et du contrĂŽle des dits travaux ;

b) repenser la politique d’investissements et de dotations destinĂ©s aux institutionspubliques de la culture, par l’acquisition avec prioritĂ© de biens culturels,d’équipements spĂ©cifiques (orgues d’éclairage, instruments musicaux, installationsde sonorisation, Ă©quipements contre l’effraction et l’incendie etc.) et des moyens detransport appropriĂ©s ;

c) rĂ©orienter la politique d’investissements et de dotations pour le ministĂšre de laCulture et pour ses services dĂ©centralisĂ©s , de sorte que soit rĂ©alisĂ©e une activitĂ©performante et plus efficiente dans l’administration publique (ordinateurs,bureatique et mobilier spĂ©cifique etc.)

d) accorder un soutien réel et actif aux programmes et aux projets culturelsperformants.

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Afin d’étayer ses propres programmes d’activitĂ© ainsi que pour Ă©valuer les programmeset les projets prĂ©sentĂ©s par des institutions publiques ou par des structures de la sociĂ©tĂ©s civile,le ministĂšre de la Culture a constituĂ© des commissions de spĂ©cialistes pour presque toutes sesdirections prioritaires d’action.

A l’heure actuelle, auprĂšs du ministĂšre de la Culture fonctionnent : la Commissionnationale des monuments historiques, la Commission nationale des musĂ©es et des collections,la Commission nationale pour la culture Ă©crite, la Commission pour les acquisitions de livres et de publications destinĂ©s aux bibliothĂšques publiques, la Commission pour les publicationsculturelles, la Commission pour les monuments du Forum public, la Commission pour lesacquisitions d’oeuvres d’art, la Commission musicale.

Comme on l’a dĂ©jĂ  mentionnĂ©, le ministĂšre de la Culture soutient financiĂšrement desprogrammes et des projets culturels proposĂ©ssoit par des institutions publiques, soit pardiverses structures de la sociĂ©tĂ© civile. Ce soutien n’est accordĂ© qu’aux programmes et aux projets performants, aprĂšs avoir Ă©tĂ© Ă©valuĂ©s et sĂ©lectionnĂ©s par des spĂ©cialistes .Dans ce sens, ilconvient de rappeler l’initiative du ministĂšre de la Culture concrĂ©tisĂ©e dans l’Ordonnance du gouvernement n° 51/1998 concernant l’évaluation du systĂšme de financement des programmeset des projets culturels.L’application des dispositions de cet acte normatif a rendu possible,entre autres, le dĂ©roulement du Festival International « George Enescu ».

Enfin, pour l’application de la DĂ©cision du gouvernement no .133/1998 et de laDĂ©cision du gouvernement n° 134/1998 a Ă©tĂ© constituĂ©e une commission interministĂ©rielle,formĂ©e de reprĂ©sentants du ministĂšre de la Culture et du ministĂšre des Affaires Ă©trangĂšres,commission habilitĂ©e Ă  Ă©valuer et Ă  sĂ©lectionner les programmes et les projets des Centresculturels de Roumanie Ă  l’étranger. On confĂšre de cette maniĂšre la cohĂ©rence requise despolitique de diffusion de la culture roumaine Ă  l’étranger.

IV. L’INITIATIVE PRIVEE

1. Sociétés commerciales à capital privé

L’initiative privĂ©e s’est matĂ©rialisĂ©e dĂšs le dĂ©but de 1990 dans la crĂ©ation de maisonsd’édition, de publications ou d’imprimeries, en tant que sociĂ©tĂ©s commerciales Ă  capitalintĂ©gralement privĂ©. Des librairies , des agences d’impresarios, des galeries d’art , desmagasins pour la commercialisation des biens culturels, voire des compagnies thĂ©Ăątrales s’y sont ajoutĂ©s le long des annĂ©es.

Jusqu’à l’entrĂ©e en vigueur de la nouvelle DĂ©cision du gouvernement n° 134/1998concernant la rĂ©organisation de l’activitĂ© et du fonctionnement du ministĂšre de la Culture, cedernier continua d’exercer, parmi ses attributions, celle d’autoriser la crĂ©ation de toutes cessociĂ©tĂ©s commerciales.RĂ©manence du centralisme et du paternalisme, cette attribution n’était plus de mise dans le contexte des normes juridiques en vigueur. Par consĂ©quent, en appliquant strctement le cadre juridique existant, le ministĂšre de la Culture n’est plus habilitĂ© Ă  autoriseret/ou Ă  attester que les activitĂ©s commerciales ayant pour objet les biens culturels (attributionsĂ©tablies par l’Ordonnance du gouvernement n° 68/1994 et qui visent principalement Ă empĂȘcher l’exportation illicite de biens culturels).

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A ce jour, au ministĂšre de la Culture sont enregistrĂ©es en tant que sociĂ©tĂ©scommerciales Ă  capital privĂ© plus de 3350 maisons d’édition, 561 imprimeries, 679 librairies,583 agences d’impresarios, 79 magasins pour le commerce de biens culturels.

Au cours des derniĂšres annĂ©es ont toutefois Ă©tĂ© crĂ©Ă©es, pour certains domainesd’activitĂ© , un nombre plus rĂ©duit de telles sociĂ©tĂ©s commerciales –comme possible effet d’unesursaturation du marchĂ© avec ce type d’offre – ainsi qu’on peut le voir dans le tableau ci-dessous :

Sociétéscommerciales

1996 1997 1998/24 III Total

Maisons d’édition 264 198 62 524Imprimeries 37 48 2 87Librairies 44 28 4 76Magasins pour lacommercialisationde biens culturels

6 18 5 29

Agencesd’impresarios

68 46 5 119

En mĂȘme temps, on constate une tendance de fusion ou d’association , sous diffĂ©rentesformes, de ces sociĂ©tĂ©s commerciales afin de faire face aux pressions du marchĂ©. Ainsi, desgroupes Ă©ditoriaux importants ont fait leur apparition, tout comme des systĂšmes de diffusiondisposant d’un authentique potentiel compĂ©titif sur le marchĂ© interne du pays tout entier.

Bon nombre de ces sociĂ©tĂ©s commerciales lancent une offre culturelle de trĂšs bonnequalitĂ©, devenant des Ă©lĂ©ments de rĂ©fĂ©rence du marchĂ© culturel roumain ainsi que de solidespartenaires du ministĂšre de la Culture pour ce qui est de l’application de sa stratĂ©gie culturelle.Par consĂ©quent, nombre de programmes Ă©ditoriaux sĂ©lectionnĂ©s par la commission despĂ©cialitĂ© du ministĂšre de la Culture appartiennent Ă  des maisons d’édition –sociĂ©tĂ©scommerciales Ă  capital intĂ©gralement privĂ©.

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2. Organisations non-gouvernementales

Un autre Ă©lĂ©ment qui concourt Ă  la configuration de l’offre culturelle est reprĂ©sentĂ©e parles organisations non-gouvernementales , personnalitĂ©s juridiques de droit privĂ©, sans but lucratif, crĂ©Ă©es en vertu de la Loi no .21/1924.

Si, du point de vue de la forme juridique, ces organisations sont soit des associations,soit des fondations, en ce qui concerne leurs principaux buts et l’objet de leur activitĂ© il est pratiquement impossible d’en rĂ©aliser une typologie.

La plupart de ces organisations non-gouvernementales assument par leur statut un trĂšslarge Ă©ventail d’activitĂ©s culturelles .

Bien qu’en 1997 leur nombre ait augmentĂ© par rapport Ă  1996, en 1998 leur nombre ait augmentĂ© par rapport Ă  1996, en 1998 le nombre des fondations, des associations, des clubs,des ligues etc. culturels se rĂ©duisait Ă  peu prĂšs Ă  la moitiĂ© par rapport Ă  l’annĂ©e prĂ©cedente – telqu’on peut le voir dans le tableau ci-aprĂšs :

L'attitude quant a la privation dans la culture (%)

47

24

3634

16

29

21

363433

45

41

37

42 4143

35

42

7

16

12

17

25

12

19

810

12

15

12 12

17 18 18

21

15

0

5

10

15

20

25

30

35

40

45

50

biblio

thequ

es

maison

s d'Ă©d

ition

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es

salle

s de c

inéma

maison

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regist

remen

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inémato

graph

ique

orche

stres

symph

oniqu

es

ensa

mbles d

e mus

ique e

t dan

ses p

opula

ires

Tout publiques Certaines publique Toutes privates

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Organisationsnon gouverne-mentales

1996 1997 1998 Total

Fondations 437 610 370 1417Associations,clubs, sociétés,etc.

217 253 113 583

Total 654 863 483 2000

Au total, le nombre d’organisations non-gouvernementales ayant une activitĂ© culturelle,dont la crĂ©ation ait Ă©tĂ© autorisĂ©e par le ministĂšre de la Culture en vertu de la Loi n° 21/1924 est,pour toute la pĂ©riode 1990-1998, de 2880 ; de leur nombre, 1781 sont des fondations.

Cependant, la plupart de ces organisations n’ont pas Ă©laborĂ© des programmes ou desprojets intĂ©ressants et, par consĂ©quent, elles n’ont pas sollicitĂ© au ministĂšre de la Culture dessoutiens financiers.

D’autre part, on peut constater qu’il y a un groupe d’organisations non-gouvernementales qui manifestent un intĂ©rĂȘt constant et assidu pour divers domaines de lacrĂ©ation et de l’interprĂ©tation.

Ces organisations non-gouvernementales sont, par consĂ©quent, devenues despartenaires traditionnels du ministĂšre de la Culture , avec lequel elles rĂ©alisent en commun desprogrammes et des projets d’une haute valeur culturelle.

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DEUXIEME PARTIE :

L’ETAT DES CHOSES

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I. EN QUETE D’UNE LEGISLATION REALISTE ET STIMULANTE

La législation communiste

a) Contradictions, réglementation excessive, anomie

Comme toute dictature qui, de par sa nature, doit inventer des rĂšgles de dĂ©veloppement social gouvernĂ©es par l’arbitraire - Ă  la place de celles naturelles, caractĂ©ristiques de la sociĂ©tĂ©dĂ©mocratique et de l’économie de marchĂ© - la dictature communiste de Roumanie a Ă©tĂ©, elleaussi, minĂ©e par une multitude de contradictions, car la vie sociale s’avĂšre toujours beaucoupplus complexe que celle contrainte Ă  se soumettre Ă  des modĂšles d’inginĂ©rie sociale vouĂ©s al’échec dĂšs leur naissance.Visant le changement de la sociĂ©tĂ© selon un modĂšle abstrait, celui“marxiste - lĂ©niniste” - d’une part - et selon un modĂšle Ă©tranger (soviĂ©tique ou chinois lors dela rĂ©volution culturelle), d’autre part, les communistes roumains furent obligĂ©s Ă  dĂ©ployer ungigantesque travail de rĂ©glementation afin d’aboutir au dĂ©mantelement d’un systĂšme lĂ©gislatifamplement et radicalement modernisĂ© pendant l’époque d’éclosion gĂ©nĂ©rale de la sociĂ©tĂ©roumaine inaugurĂ©e par la rĂ©volution de 1848 et Ă©touffĂ©e lors de l’instauration du rĂ©gimeautoritaire royal en 1938. Le rĂ©gime communiste s’est employĂ© Ă  Ă©liminer toute “tacheblanche” du champ lĂ©gislatif roumain, ce qui a conduit Ă  l’élaboration d’une foule d’actesnormatifs; ceux-ci finissaient par se contredire, car personne ne pouvait plus controler unprocessus qui se dĂ©veloppait Ă  l’instar d’un cancer et qui n’était plus rien que l’expression du bon plaisir du dictateur. A cause de cette prolifĂ©ration des lois, mais aussi Ă  cause del’hypocrisie spĂ©cifique Ă  la lĂ©gislation communiste ( la Constitution, par exemple, Ă©tait chaquejour transgressĂ©e de maniĂšre flagrante) , vers la fin de l’époque dictatoriale on se trouvait dansun vĂ©ritable Ă©tat d’anomie: l’unique loi observĂ©e Ă©tait celle dictĂ©e verbalement par le chefhiĂ©rarchique ( en l’absence d’une sociĂ©tĂ© civile et d’autoritĂ© autonomes, chaque individu, saufle dictateur, avait un chef).

Anticulture, censure et centralisme

Un autre Ă©lĂ©ment constant de la lĂ©gislation communiste roumaine a Ă©tĂ© l’anti-intellectualisme. Depuis la discrimination appliquĂ©e Ă  ceux dont les parents Ă©taient desintellectuels et qui, jusqu’au dĂ©but des annĂ©es ’60, n’avaient pas le droit de se prĂ©senter au concours afin d’effectuer des Ă©tudes universitaires, sauf pour un nombre restreint de places (lesautres catĂ©gories sociales Ă©tant nettement favorisĂ©es) et jusqu’à l’interdiction de dĂ©tenir unebanale machine Ă  Ă©crire Ă  dĂ©faut d’une autorisation accordĂ©e par la milice, tout l’effort normatif de la pĂ©riode communiste etait infestĂ© par l’antiintellectualisme comme par un virus.Depuis le dĂ©cret pour la rĂ©forme de l’enseignement (175/1948) et jusqu’au DĂ©cret du Conseild’Etat concernant les normes unitaires de structure pour les rĂ©dactions des journaux et desrevues (140/1974), depuis la DĂ©cision du Conseil des ministres concernant l’enrĂ©gistrement, lefonctionnement et la dĂ©tention des moyens d’imprimerie, des outillages destinĂ©s aux confections en papier et en carton, ainsi que des outillages des ateliers de reliure (520/1961) et jusqu’à la DĂ©cision du Conseil des ministres au sujet des mesures Ă  prendre afin de rĂ©duire laconsommation du papier et du carton (521/1974), on peut dire que la plupart des loiscommunistes Ă©taient dirigĂ©es, directement ou indirectement, contre la culture et en mĂȘme

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temps contre les crĂ©ateurs de culture. Ceci Ă©tait vrai surtout pour les lois qui ( si l’on se guidait d’aprĂšs leurs titres) auraient du protĂ©ger et encourager la culture.22

ExtrĂȘmement rares furent les lois datant d’avant la main-mise des communistes sur lepouvoir par la force ( le 6 mars 1945) et par la fraude (le 19 novembre 1946) a avoir Ă©chappĂ© Ă cette abĂ©rante vague lĂ©gislative: ce furent celles considĂ©rĂ©es trop peu dangereuses pour etreexpressĂ©ment abrogĂ©es, vu que de toute facon on ne les observait point. Un exemple: la loi despersonnes morales (21/1924), conformĂ©ment Ă  laquelle, pour crĂ©er une organisation non-gouvernamentale l’arrĂȘt d’un juge Ă©tait suffisant. Le rĂ©gime communiste n’a pas abrogĂ© cetteloi, mais il ne l’a pas observĂ©e non plus, allant jusqu’à l’absurditĂ© d’imposer, pour lareconnaissance d’une association telle que celle des cuisiniers et des patissiers de Roumanie,une DĂ©cision du Conseil des ministres (850/1971)! Certes, la libre association n’a jamais existĂ©sous le rĂ©gime communiste. Qui plus est, l’association avait toujours pour point de dĂ©part lavolontĂ© du pouvoir: la crĂ©ation de n’importe quelle organisation - un simple cĂ©nacle littĂ©raire,par exemple - sur l’initiative de plusieurs personnes sans avoir l’agrĂ©ment du pouvoircommuniste, Ă©tait inconcevable. Tout comme l’AcadĂ©mie Roumaine fut supprimĂ©e pour luisubstituer l’AcadĂ©mie de la RĂ©publique Populaire Roumaine - ce qui n’était pas un simplechangement de nom - la SociĂ©tĂ© des Ă©crivains de Roumanie fut supprimĂ©e et remplacĂ©e parl’Union des Ă©crivains de Roumanie ( le 27 mars 1949) dont l’existence Ă©tait gouvernĂ©e par leDĂ©cret (267/ 1949) qui reconnaissait ladite Union en tant que personne morale d’utilitĂ©publique; un moule pareil oĂč devaient entrer les Ă©crivains a Ă©tĂ© appliquĂ© Ă  toutes les catĂ©goriesde crĂ©ateurs - artistes, cinĂ©astes, architectes, compositeurs, etc- Ă©tant spĂ©cifiĂ© que l’exerciced’une profession comme celle d’écrivain, par exemple, n’était pas reconnue si elle se rĂ©alisait en dehors de l’association professionnelle. Et celle-ci Ă©tait la seule, dans tout le pays (c’était laraison de s’appeler “union”).

La vocation des communistes Ă  l’uniformisation agissait contre l’esprit crĂ©ateur, ce quitrouvait toujours une correspondance dans la lĂ©gislation et qui se traduisait implicitement parl’application d’une censure extrĂȘmement sĂ©vĂšre, soit officiellement, par des moyens directs(telle qu’elle fonctionne jusqu’en 1977), soit non - officiellement, mais tout aussi draconienne(de 1977 jusqu’au 22 dĂ©cembre 1989).

Afin de maintenir sous contrĂŽle la sociĂ©tĂ© roumaine et en particulier les milieux intellectuels et artistiques, la lĂ©gislation communiste Ă©tait nĂ©cessairement centralisatrice. Lecentralisme Ă©tait inscrit comme tel dans les lois et avait rang de concept. Tout comme unecontradiction se trouvait Ă  la base de la logique de la sociĂ©tĂ© tout entiere (la Constitutioncommuniste prĂ©tendait en mĂȘme temps: la Roumanie est un Etat dĂ©mocratique oĂč s’exerce ladictature de la classe ouvriĂšre), le centralisme lui aussi Ă©tait minĂ©, du point de vue conceptuel,par une contradiction, Ă©tant appelĂ©, pour des raisons cosmĂ©tiques, par le nom de “centralismedĂ©mocratique”. Le concept en Ă©tait largement appliquĂ© ( le dĂ©mocratie en moins) toutel’activitĂ© socio - Ă©conomique Ă©tant en Roumanie effectivement centralisĂ©e. D’un cĂŽtĂ©, Ă  caused’une peur gĂ©nĂ©ralisĂ©e, Ă  mesure que le rĂ©gime sombrait dans sa propre involution, le niveau auquel une dĂ©cision - n’importe dans quel domaine - pouvait ĂȘtre prise devenait toujours plusĂ©levĂ©, les facteurs de dĂ©cision d’un rang plus petit refusant d’assumer une quelconque

22 (1)Il convient de signaler aussi que ce qui frappait - dans la rĂ©daction des lois communistes -l’observateur neutre et objectif, c’était justement l’absence de la culture ( y compris juridique)et l’inĂ©vitable “langue de bois”. Meme dans la rĂ©daction des lois, les juristes ne jouaient qu’unrole secondaire, la derniere forme du texte normatif Ă©tant donnĂ©e par les militants du particommuniste.22

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responsabilitĂ© et demandant l’accord de l’échelon supĂ©rieur pour les plus insignifiantsproblĂšmes.( Par exemple, au cours des derniĂšres annĂ©es de la dictature, pour qu’un filmartistique soit diffusĂ© sur le marchĂ©, on Ă©tait arrivĂ© Ă  la situation oĂč l’accord de diffusion devait ĂȘtre donnĂ© par le chef de l’Etat lui-mĂȘme ou / et par sa femme). D’un autre cĂŽtĂ©, la vieculturelle Ă©tait entiĂšrement assimilĂ©e Ă  celle industrielle. Pour la rĂ©alisation de films artistiquesil y avait une centrale qui coordonnait les 20 maisons d’édition, etc. Au niveau du pays, laculture Ă©tait centralisĂ©e sous la coupe du Conseil de la Culture et de l’Education Socialiste qui,en fait, n’était qu’une excrescence de la section de propagande du ComitĂ© Central du PartiCommuniste Roumain. ( Il convient de remarquer que ledit Conseil a Ă©tĂ© crĂ©e le 16 septembre1971, Ă  quelques mois Ă  peine de la rentrĂ©e de Nicolae Ceausescu d’une visite en Chine et enCorĂ©e du Nord et que ce Conseil - Ă  la diffĂ©rence de son prĂ©dĂ©cesseur - Le ComitĂ© d’Etat pourla culture et l’art qui, en dĂ©pit de son nom, Ă©tait bel et bien un ministĂšre- Ă©tait la seule autoritĂ©d’Etat ayant officiellement une double subordination: ministĂšre, donc une partie du Conseil desMinistres, et organe politique subordonnĂ© au ComitĂ© Central du Parti Communiste Roumain.)

De la dictature à la démocratie

a) La conquĂȘte de la libertĂ© d’expression: la premiĂšre victoire de la RĂ©volution Roumaine

Une rĂ©volution sociale n’est pas un Ă©vĂ©nement susceptible d’ĂȘtre encadrĂ© entre desdates fixes et ne saurait passer pour ce bref et violent mouvement que l’on a enrĂ©gistrĂ© enRoumanie lors de la seconde moitiĂ© de dĂ©cembre 1989. La rĂ©volution roumaine a commencĂ©par l’affirmation d’un droit fondamental de l’homme, bafouĂ© par toute dictature: le droit Ă  lalibre expression. Il fut le premier des droits acquis, mĂȘme avant la chute de la dictaturecommuniste, proclamĂ© dans la rue. Puis, Ă  quelques dizaines de minutes aprĂšs la fuite du dictateur, la TĂ©lĂ©vision Roumaine avait dĂ©jĂ  changĂ© de nom sans en demander la permission(elle n’avait meme pas Ă  qui le demander, car pendant plusieurs heures en Roumanie il n’aexistĂ©, ni de jure, ni de facto, aucun pouvoir): elle devenait la TĂ©lĂ©vision Roumaine Libre. Onpeut dire que, Ă  partir de ce moment, l’un des plus redoutables instruments lĂ©gaux de lacensure, la loi de la presse (3/1974) etait , en fait, abrogĂ©e. L’aversion des journalistes, d’abord,des politiciens et de la sociĂ©tĂ© civile (qui venait a naitre en 1989) vis-Ă -vis de cette loi est sigrande que toute tentative ultĂ©rieure en vue de rĂ©glementer, ne fut-ce que sur des assisesdĂ©mocratiques le fonctionnement de la presse a Ă©tĂ© vouĂ© Ă  l’échec; rien que l’idĂ©e d’unerĂ©glementation dans un domaine aussi sensible que celui touchant Ă  la libertĂ© d’expressionparaĂźt encore monstrueuse en Roumanie.

b) Afin de changer le fond, on change d’abord la forme

La sociĂ©tĂ© roumaine Ă©tait, le 22 dĂ©cembre 1989, un organisme gravement malade. Laculture roumaine Ă©tait pratiquement viciĂ©e dans tous ses segments, car le mal communisteagissait - inconsciemment, donc contre la volontĂ© - dans et par la plupart des lettrĂ©s. Le retour Ă la normalitĂ© ne pouvait donc commencer avec le fond, avec les mentalitĂ©s, avec la façon depenser, mais avec la forme, l’emballage. C’est pourquoi, le nouvel organe lĂ©gislatif (provisoire)de Roumanie dĂ©cide par le DĂ©cret-Loi n° 12 du 28 dĂ©cembre 1989 la suppression du Conseilde la culture et de l’éducation socialiste et la crĂ©ation du ministĂšre de la Culture. C’était unpremier par vers la normalitĂ© ( Par le DĂ©cret- Loi n° 4/1990 on recrĂ©ait l’AcadĂ©mie Roumaine).A partir de ce moment, le ministĂšre de la Culture devient l’initiateur de la plupart des actesnormatifs dans le domaine de la culture. Il n’est pas le seul, car l’époque de l’unanimitĂ©, de lacohĂ©sion et de l’uniformitĂ© est rĂ©volue. D’une part, le ministere de la Culture doit affronter lavolontĂ© d’indĂ©pendance de ceux qui pensent se dĂ©brouiller seuls, sans l’intervention de l’Etat,et, en tout cas, de cette autoritĂ© percue toujours par certains comme successeurs de l’ancien

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Conseil de la culture et de l’éducation socialiste. C’est de la sorte que, se dĂ©tachant du ministere, naquit, aprĂšs une suite de marches dans la rue, de manifestations et de protestations,le Centre National de CinĂ©matographie (crĂ©Ă© par le DĂ©cret-loi no 80/1990). D’autre part, lebesoin de rĂ©glementation de certains domaines Ă©mergeant de sous la pression communisterĂ©clamait l’apparition de nouvelles institutions. Ce fut le cas pour la Comission des musĂ©es et des collections (le DĂ©cret n° 90/1990) et pour la Comission nationale des monuments, desensembles et des sites historiques (le DĂ©cret n° 91/1990) et pour la Comission nationale desmonuments, des ensembles et des sites historiques (le DĂ©cret n° 91/1990) - attachĂ©es au ministĂšre par diffĂ©rentes structures - et, plus tard, pour le Conseil national de l’audiovisuel (laLoi n°48/1992), place sous l’autoritĂ© du Parlement. Puisque, conformĂ©ment a la Constitution,les postes publics de tĂ©lĂ©vision et de radiodiffusion se trouvent aussi sous l’autoritĂ© du Parlement, la SociĂ©tĂ© roumaine de radiodiffusion et la SociĂ©tĂ© roumaine de tĂ©lĂ©vision furent crĂ©Ă©es Ă  base d’une loi spĂ©ciale (la Loi n° 41/1994). Les derniĂšres institutions Ă  caractĂšrecentral du domaine de la culture, crĂ©Ă©es par la loi, ont Ă©tĂ© l’Office toumain pour les droitsd’auteur (la Loi n°8/1996) et les Archives Nationales de Roumanie ( la Loi n° 16/1996).

Si les annĂ©es 1990 et 1991 ont Ă©tĂ© dominĂ©es par la contestation gĂ©nĂ©ralisĂ©e de l’autoritĂ©de l’Etat et par un naturel dĂ©sir d’autonomie institutionnelle, Ă  partir de 1992 on enregistre lacontre-offensive de l’autoritĂ© Ă©tatique qui essaie, petit Ă  petit, de recentraliser la dĂ©cision au niveau des institutions centrales. Le combat sournois entre les deux tendances se dĂ©roule, sur leplan des rĂ©glementations Ă  caractĂšre administratif, sur le terrain des DĂ©cisionsgouvernamentales qui, directement ou indirectement, rĂ©glementaient l’organisation et lefonctionnement du ministĂšre de la Culture et qui se succedĂšrent Ă  une vive allure le long de cesannĂ©es: 942/1990, 1145/1990, 513/1991, 823/1991, 188/1992, 527/1992, 528/1992, 811/1992,697/1993, 442/1994, 461/1994, 642/1994, 567/1995, 506/1996, 1365/1996 - pour nous rĂ©sumeraux plus importantes. Les premiers actes normatifs et administratifs - ceux d’avant lespremiĂšres Ă©lections dĂ©mocratiques (le 20 mai 1990) - Ă©taient marquĂ©s par une dĂ©lĂ©gationexagĂ©rĂ©e des pouvoirs de l’Etat Ă  certaines institutions qui devaient Ă  peine se structurer et quine disposaient pas de forces sur lesquelles s’appuyer; c’était le cas du Centre National de laCinĂ©matographie, de la Commission nationale des monuments, des ensembles et des siteshistoriques, qui tablaient sur une sociĂ©tĂ© civile encore inexistante Ă  l’époque. Le vide d’autoritĂ©crĂ©Ă© en 1989 devait ĂȘtre lentement et malaisĂ©ment comblĂ©. Mais en 1990, 1991 et 1992, lestentatives de l’Etat visant Ă  rĂ©cupĂ©rer son autoritĂ© se manifesterent surtout par des stratĂ©giesnon-administratives et par des mesures ponctuelles, le gouvernement constituĂ© Ă  la suite desĂ©lections de septembre 1992 inaugurait une autre politique, celle d’un centralisme de plus enplus accentuĂ©. Comme effet, le 27 novembre 1996, 241 institutions publiques Ă©taient directement subordonnĂ©es au ministĂšre de la Culture ( y compris les services dĂ©centralisĂ©s du ministĂšre). On constate donc que, afin de recouvrer le contrĂŽle des institutions publiques, dansles conditions du manque de confiance de la part du gouvernement dans les conseils locaux,l’unique voie choisie par le pouvoir a Ă©tĂ© justement celle de ramener ces institutions sousl’autoritĂ© centrale. Cette stratĂ©gie devait entraĂźner une rĂ©action de rejet de la part desinstitutions, des conseils locaux et, en derniĂšre instance, des communautĂ©s , ce qui eut uneĂ©vidente contribution Ă  la consolidation de la sociĂ©tĂ© civile en Roumanie. D’ailleurs, si lastratĂ©gie centraliste du gouvernement Vacaroiu (novembre 1992- dĂ©cembre 1996) a eu pourconsĂ©quence logique des dĂ©penses budgĂ©taires toujours plus importantes, la stratĂ©gie du gouvernement Ciorbea (dĂ©cembre 1996 - avril 1998) s’est prĂ©cisĂ©ment orientĂ©e vers ledĂ©grĂšvement du budget de ces dĂ©penses. D’ailleurs, les deux cabinets avaient clairement dĂ©clarĂ©, dans les programmes de gouvernement, leurs objectifs. Constatant que “dans lecontexte de la transition, les institutions culturelles ont montrĂ© une capacitĂ© d’adaptationrĂ©duite aux nouvelles conditions de l’économie de marchĂ© et aux programmesgouvernamentaux d’austĂ©rité’, la premiĂšre direction d’action du gouvernement dirigĂ© parNicolae Vacaroiu a Ă©tĂ© justement celle de “subventionner les productions et les institutions

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professionnelles de culture et certains Ă©tablissements culturels d’intĂ©rĂȘt national, de rĂ©insĂ©rerdans la Loi du budget les fonds de subvention pour la culture Ă©crite, en les partageant enproportion de 60% pour le livre et de 40% pour les pĂ©riodiques”. Au moment oĂč il prit lepouvoir, le gouvernement dirigĂ© par Victor Ciorbea - constatant que le budget Ă©tait Ă  bout deressources et, d’autre part, ayant plus de confiance dans la capacitĂ© des institutions de se gĂ©rerelles-mĂȘmes ( il est vrai que l’expĂ©rience acquise par la nouvelle gĂ©nĂ©ration de managers,formĂ©e entre 1990 et 1996, fut dĂ©cisive de ce point de vue) - adopta un autre principe: Larestructuration du systĂšme institutionnel, corrĂ©lĂ©e avec la dĂ©centralisation des structures et del’acte dĂ©cisionnel, dans l’esprit de la subsidiaritĂ©â€. Se rĂ©sumant Ă  observer que” la culture seral’une des prioritĂ©s dans les dĂ©penses budgĂ©taires”, le Programme de gouvernement affirmait comme une prioritĂ© de sa stratĂ©gie dans le domaine “ le rapprochement du phĂ©nomene cultureldes communautĂ©s locales bĂ©nĂ©ficiaires”. A partir de ce principe, le nombre de sevicesdĂ©centralisĂ©s des institutions et des rĂšgles autonomes directement subordonnĂ©es au ministĂšrede la Culture a Ă©tĂ© rĂ©duit de 241 en novembre 1996 Ă  114 en mars 1998, dans les conditions oĂč certaines institutions nouvellement crĂ©Ă©es - maisons d’édition et pĂ©riodiques, qui avaient Ă peine obtenus leur indĂ©pendance juridique demeuraient pour le moment sous l’autoritĂ© du ministĂšre.

c) Les moyens législatifs de nature financiÚre - le principal instrument de la réforme.

De la nĂ©cessitĂ© de rĂ©former les institutions culturelles on parlait dĂ©jĂ  en 1991-1992.Mais, hĂ©las, on n’est pas parvenu Ă  formuler dans ces annĂ©es-lĂ  un authentique programme derĂ©forme. L’administration des institutions publiques du domaine de la culture s’effectuait d’une façon tout aussi terne et inefficace qu’au cours des annĂ©es prĂ©cĂ©dentes. BĂ©nĂ©ficiant desubventions qui leur assuraient la survie, sans offrir de grandes satisfactions, mais aussi sansexiger de trop grands efforts, les institutions culturelles, fussent-elles subordonnĂ©es Ă  l’autoritĂ©centrale ou placĂ©es sous celle locale, n’encourageaient d’aucune maniĂšre un changement majeur. Le budget de l’Etat a Ă©tĂ© toujours approuvĂ©, Ă  partir de 1991, avec un retard de trois Ă cinq mois aprĂšs le dĂ©but de l’annĂ©e, ce qui entraĂźnait de graves dĂ©sordres dans lefonctionnement des institutions. Avant l’approbation du budget, les institutions pouvaient fonctionner Ă  base de la Loi du Budget de l’annĂ©e precedente, qui Ă©videmment, ne pouvait prendre en compte les poussĂ©es inflationnistes. Ensuite, aprĂšs la promulgation de la loi du budget, les institutions n’avaient pratiquement plus le temps de dĂ©penser l’argent allouĂ©, ce quiconduisait systĂ©matiquement Ă  la restitution, Ă  la fin de l’anneĂ©, des sommes d’argent nondĂ©pensĂ©es. De la sorte, bien que dans un permanent besoin de ressources, la plupart desinstitutions ne pouvaient dĂ©penser les sommes allouĂ©es; comme effet, pour l’annĂ©e suivanteelles recevaient, nominalement, la mĂȘme somme d’argent, mais dans les termes rĂ©els, celle-ciĂ©tait bien plus petite Ă  cause de l’inflation.

Bien que, Ă  partir de 1990, tant le ministĂšre de la Culture que les autres autoritĂ©scentrales aient Ă©laborĂ© une foule de projets d’actes normatifs et administratifs - lois organiquesou simples, ordonnances d’urgence, ordonnances, dĂ©cisions du gouvernement, ordres et dĂ©cisions - on n’a pas rĂ©ussi Ă  les mettre au point en temps utile. L’une des raisons en a Ă©tĂ© lechangement extremement rapide des cadres de dĂ©cision (1) ce qui a conduit d’une part au limogeage de certains employĂ©s responsables de la rĂ©daction des projets d’actes normatifs et,d’autre part, Ă  des modifications de la forme (le plus souvent) ou du fond (moins souvent) desprojets. Une seconde raison en a Ă©tĂ© le changement permanent du cadre lĂ©gislatif de laRoumanie: entre les 22 dĂ©cembre 1989 et 8 dĂ©cembre 1991 le pays a manquĂ© de Constitution,ce qui a eu pour effet que , par exemple, certaines lois adoptĂ©es par le Parlement entre les 20 mai 1990 et 8 dĂ©cembre 1991 aient Ă©tĂ©, aprĂšs cette derniĂšre date, non constitutionnelles. Tout changement de ce cadre produisait un vĂ©ritable carrousel de changements dans les projetssoumis aux avis, et Ă©videmment, dans les lois existantes. Enfin, il faut se rappeler le manque

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d’expĂ©rience et de routine de dĂ©cideurs, ce qui mĂšne Ă  la remarque que la Roumanie est le paysoĂč le processus d’édification de la dĂ©mocratie politique (et de la conscience civique)fonctionne selon le modĂšle trial and error (tentative et erreur). La Roumanie n’eut pas, hĂ©las,la chance de l’Allemagne de l’Est qui a reçu en cadeau dans une seule nuit, celle du 3 octobre1990, tout un systeme lĂ©gislatif parfaitement structurĂ©. Dans cette situation, il a Ă©tĂ© presqueimpossible le plus souvent que la rĂ©forme tant attendue se produise par l’intermĂ©diaire d’actesnormatifs. Elle a Ă©tĂ© dĂ©clenchĂ©e soit par les lois budgĂ©taires annuelles - qui ont crĂ©Ă© unepermanente pression Ă  tous les niveaux de la sociĂ©tĂ© - soit par des mesures administrativesgouvernamentales.

Le meilleur exemple en est une Ordonnance du gouvernement (9/1996) qui a crĂ©Ă© aux institutions culturelles la possibilitĂ© de reporter des revenus extra- budgĂ©taires sur l’anneĂ©suivante, ce qui a stimulĂ© une attitude plus audacieuse, plus agressive, et plus capitaliste desdirecteurs de telles institutions, conviĂ©s Ă  chercher aussi d’autres ressources de survie que lebudget (de plus en plus dĂ©bile) de l’Etat.

1) Il faudrait mentionner que le ministĂšre de la Culture a changĂ©, dans l’intervalle 1990-1998,9 fois de ministre, que le Conseil National de l’Audiovisuel a eu entre 1992 et 1998, deux prĂ©sidents, que la RadiotĂ©lĂ©vision Roumaine a changĂ© entre 1990 et 1992 , deux fois deprĂ©sident, que la Radiodiffusion Roumaine et ensuite la SociĂ©tĂ© Roumaine deRadiodiffusion a Ă©tĂ© dirigĂ©e, entre 1990 et 1998, par trois directeurs gĂ©nĂ©raux, que laTĂ©lĂ©vision Roumaine et ensuite la SociĂ©tĂ© Roumaine de TĂ©lĂ©vision a Ă©tĂ© coordonnĂ©e entre1990 et 1998 par 8 directeurs gĂ©nĂ©raux entre 1990 et 1998, que l’Agence Roumaine dePresse ROMPRES a Ă©tĂ© dirigĂ©e entre 1990 et 1998 par trois directeurs gĂ©nĂ©raux et quel’Agence Roumaine pour les Droits d’Auteurs et ensuite l’Office Roumain pour les Droitsd’Auteur a eu Ă  sa tĂȘte, entre 1993 et 1998, 3 directeurs gĂ©nĂ©raux.

Il y a eu Ă©galement des tentatives visant Ă  Ă©tablir de nouveaux critĂšres d’évaluation del’activitĂ© des institutions culturelles et de restructuration sur d’autres modĂšles d’organisation.Ce qui n’a pourtant pas encore rĂ©ussi, de sorte que le DĂ©cret n° 703 /1973 entĂ©rinĂ© par la Loi26 /1974, Ă©tablissant les normes unitaires concernant la structure des institutions culturelles et Ă©ducatives, soit toujours en vigueur, avec toutefois, la prĂ©cision qu’il n’est plus observĂ©intĂ©gralement Ă  cause des conditions essentiellement modifiĂ©es dans lesquelles fonctionnent engĂ©nĂ©ral les institutions publiques en Roumanie.

Laissant de cĂŽtĂ© quelques autres instruments lĂ©gaux de nature financiĂšre, qui se sont avĂ©rĂ©s bien utiles Ă  la protection de la culture nationale (la Loi n° 35/1994 instituant le timbrelittĂ©raire, cinĂ©matographique, thĂ©Ăątral, musical, folklorique et des beaux - arts en est unexemple), il convient de mentionner que le gouvernement vient d’élaborer plusieursordonnances qui, agissant par des moyens de nature financiĂšre, contribuent Ă  la rĂ©formation du systĂšme de financement de la culture. Les plus importantes en sont l’Ordonnance n° 79/1998concernant l’organisation et le fonctionnement du Fonds Culturel National et l’Ordonnance n°51/1998 visant Ă  l’amĂ©lioration du systĂšme de financement des programmes et des projetsculturels.Ces ordonnances assurent, d’un cĂŽtĂ©, une source plus gĂ©nĂ©reuse de financement desinstitutions culturelles (par le prĂ©lĂšvement de certaines sommes obtenues du profit des sociĂ©tĂ©scommerciales comme effet de leurs activitĂ©s et objectifs Ă  caractĂšre culturel) et, d’un autrecĂŽtĂ©, un systĂšme flexible de financement des programmes et des projets culturels, ce quipermet de mener Ă  bonne fin et avec des rĂ©sultats bĂ©nĂ©fiques certains programmes ponctuels -internes ou internationaux - en Ă©vitant les rigueurs d’un systĂšme budgĂ©taire surannĂ©.

Par ailleurs, l’une des prioritĂ©s que le ministĂšre de la Culture essaie d’inscrire surl’agenda du gouvernement est l’adoption d’un projet de loi au sujet des finances locales, ce qui

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confĂ©rerait une plus grande libertĂ© de mouvement et d’action aux institutions culturellessubordonnĂ©es aux conseils locaux.

Ce n’est pas le cas ici d’énumerer la foule d’actes normatifs qui instituent et modifient la T.V.A., tout comme d’autres taxes dans le domaine de l’audio-visuel, mais il faut prĂ©ciserqu’au fond, ces actes sont tout aussi importants que les lois strictement “culturelles”, vu leurgrand impact sur le dĂ©veloppement harmonieux des institutions culturelles et la stimulation dela crĂ©ativitĂ©.

Sans faire Ă  proprement parler partie de l’effort de rĂ©forme de la sociĂ©tĂ© roumaine, ilconvient d’y mentionner l’impulsion donnĂ©e au “nettoyage” de la lĂ©gislation nationale par laLoi n° 7/1998 concernant l’abrogation de nombre d’actes normatifs hĂ©ritĂ© du rĂ©gimecommuniste.

d) La société civile

En dĂ©pit du fait que, de plusieurs points de vue, c’est un acte surannĂ©, la Loi n° 21/1924a permis la crĂ©ation, dans un bref dĂ©lai, de maintes organisations non-gouvernamentales. Envoici des exemples:

Année Organisations non-gouvernamentalesenrégistréesannuellement par leMinistere de laCulture

Unionsprofessionnelles(y compriscellesculturelles)

Associa-tionsculturelleset sportives

Fondations

1990 2091991 801992 1091993 1201994 1821995 2851996 754 535 4830 67491997 9621998jusqu’au 1er juin

354

Total1990-1998

3055 535 4830 6749

MĂȘme si bon nombre de ces organisations non-gouvernamentales ne fonctionnent pas ou nesont actives qu’une fois par an, leur influence dans la sociĂ©tĂ© roumaine est toujours plusgrande. Surtout aprĂšs 1996, elles sont devenues des partenaires privilĂ©giĂ©s des autoritĂ©s dansl’élaboration des programmes culturels.

Lors des derniĂšres trois annĂ©es, le problĂšme de la rĂ©daction d’une nouvelle loi desorganisations non-gouvernamentales est Ă  l’ordre du jour. Bien que les formes nationalesannuels de ces organisations aient proposĂ© diffĂ©rents projets de loi, c’est Ă  peine Ă  la fin del’annĂ©e 1998 que ce problĂšme soit devenu une prioritĂ© pour l’Executif et pour le Parlement: parune loi spĂ©ciale, le gouvernement a Ă©tĂ© habilitĂ© par le Parlement d’émettre pendant les

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vacances parlementaires de janvier 1999 une ordonnance sur les organisations non-gouvernamentales, dont le texte est presque intĂ©gralement celui du projet Ă©laborĂ© par cesorganisations - mĂȘmes.

Les lois du domaine

a) le sponsoring - l’éternel probleme

Essayant d’imiter les modĂšles ouest - europĂ©ens (donc capitalistes), les lĂ©gislateursroumains ont bĂ©sognĂ© Ă  une loi du sponsoring. Les rĂ©sultats en furent, hĂ©las, dĂ©cevants. La loidu sponsoring (32/1994) s’est avĂ©rĂ©e tout Ă  fait inefficace, vu qu’elle partit d’une dĂ©finitionambigue (“le sponsoring est l’activitĂ© qui se dĂ©ploie Ă  base d’un contrat conclu entre lesponsor et le bĂ©nĂ©ficiaire”) et Ă©tablissait un seuil pour le sponsor (la rĂ©duction de la baseimposable avec l’équivalent du sponsoring, mais ne dĂ©passant pas 5% du revenu imposable),ce qui rendait l’opĂ©ration bien peu attractive. VoilĂ  un exemple de la maniĂšre dont fonctionnait cette loi dans le cas d’une compagnie ayant un profit annuel de 1 000 000 de lei:

Profit Sponsoring effectué Taxes payées au fisc Pertes totales acause du sponsoring

1 000 000 0 380 000 01 000 000 10 000 376 200 -6 2001 000 000 20 000 372 400 -12 4001 000 000 50 000 361 000 - 31 0001 000 000 75 000 361 000 - 56 0001 000 000 100 000 361 000 - 81 000

Afin de corriger cette situation, dĂšs 1994 certaines organisations non-gouvernamentalesont proposĂ© diffĂ©rents amendaments Ă  la loi. Sans prendre en compte quelques initiativesparlementaires visant a modifier la loi, signalons que la formule proposĂ©e par un groupe detravail des O.N.G., lĂ©gĂšrement modifiĂ©e par le gouvernement, a Ă©tĂ© Ă©mis sous formed’Ordonnance d’urgence ( 36/1998). Non seulement celle-ci donne une dĂ©finition rigoureusedu sponsoring (l’acte juridique par lequel deux personnes conviennent sur le transfert du droit de propriĂ©tĂ© sur certains biens matĂ©riels ou moyens financiers, afin de soutenir des activitĂ©ssans but lucratif”), mais elle introduit une nouvelle catĂ©gorie juridique, le mĂ©cĂ©nat (dĂ©finicomme “un acte de libĂ©ralitĂ© par lequel une personne physique ou morale transfĂšre, sanscontrepartie directe ou indirecte, son droit de propriĂ©tĂ© sur certains biens matĂ©riels ou moyensfinanciers Ă  une personne physique, en tant qu’activitĂ© philanthropique Ă  caractĂšrehumanitaire”). En plus, conformĂ©ment Ă  la nouvelle rĂ©glementation, le sponsor jouit d’un seuilplus attractif de rĂ©duction de la base imposable avec l’équivalent du sponsoring, Ă  savoir 10%du revenu imposable au cas ou le sponsoring s’effectue dans le domaine de la culture.

Reprenant l’exemple antĂ©rieur, en voila les chiffres:

Profit Sponsoring effectué Taxes payées au fisc Pertes totalesà causedu sponsoring

1 000 000 0 380 000 01 000 000 20 000 372 400 -12 4001 000 000 50 000 361 000 - 31 0001 000 000 75 000 351 000 - 46 5001 000 000 100 000 342 000 - 62 0001 000 000 200 000 342 000 - 162 000

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Quoique l’Ordonnance d’urgence n’ait pas encore Ă©tĂ© approuvĂ©e par le Parlement et en dĂ©pit du fait que les instructions d’application n’en existent toujours pas, on peut dire que lesponsoring a , pour l’instant, un support lĂ©gislatif satifaisant.

b) Au niveau des exigences actuelles: le rĂ©gime du droit d’auteur et des droit connexes.

Un rĂ©gime politique fondĂ© sur la fraude - tel que celui communiste - ne pouvait nullement observer le droit de propriĂ©tĂ© en gĂ©nĂ©ral, celui de la propriĂ©tĂ© intellectuelle y compris. Le DĂ©cret (321/1956) au sujet du droit d’auteur Ă©tait non seulement pĂ©rimĂ©, maisĂ©tabli sur une base incorrecte. Entrant des 1990 dans le systĂšme mondial des Ă©changes devaleurs, la Roumanie a choisi de faire observer le droit de la propriĂ©tĂ© intellectuelle. La loiroumaine, dont un premier projet date de 1991, a Ă©tĂ© longuement Ă©laborĂ©e.

Bien que promulguĂ©e Ă  peine cinq annĂ©es plus tard - ou peut- ĂȘtre justement Ă  cause decela - la Loi n° 8/1996 concernant le droit d’auteur et les droits connexes parvient Ă  ĂȘtre l’unedes plus modernes lois europĂ©ennes en la matiere et correspond Ă  la fois Ă  tous les standardsinternationaux . La loi dĂ©finit in extenso le sujet et le contenu du droit d’auteur, sa durĂ©e et seslimites, ainsi que celles des droits connexes. Un chapitre en est rĂ©servĂ© Ă  la gestion et Ă  laprotection du droit d’auteur et des droits connexes.

Ce serait, certes, une naivetĂ© de croire que la loi soit si vite entrĂ©e dans la consciencepublique aussi. Le vice du vol intellectuel, tolĂ©rĂ© sous diverses formes pendant une quarantained’annĂ©es, ne saurait ĂȘtre Ă©radiquĂ© au cours de deux annĂ©es. Il convient pourtant de mentionnerl’effort lĂ©gislatif et le fait qu’il ne s’est pas limitĂ© Ă  la rĂ©daction de la loi. La Roumanie aadhĂ©rĂ© dans un bref dĂ©lai Ă  plusieurs conventions internationales, qui, entre temps, ont Ă©tĂ©ratifiĂ©es par le Parlement: la Convention internationale pour la protection des artistesinterpretes et des instrumentistes, des producteurs de phonogrammes et des organismes deradiodiffusion, concluse Ă  Rome le 26 octobre 1961 (la Loi 76/1998), la Convention de Bernepour la protection des oeuvres littĂ©raires et artistiques du 9 septembre 1886, dans la formerĂ©visĂ©e par l’Acte de Paris le 24 juillet 1971 et modifiĂ©e le 28 septembre 1979 (la Loi 77/1998)et la Convention pour la protection des producteurs de phonogrammes contre la reproductionnon-autorisĂ©e de leurs phonogrammes, adoptĂ©e Ă  GenĂšve le 29 octobre 1971 (la Loi 78/1998).

c) Le patrimoine culturel: entre la passion et la raison

Par le DĂ©cret n°90 du Conseil du Front du salut national, qui constituait la Comissiondes musĂ©es et des collections, Ă©tait abrogĂ©e la Loi n°637/1974 concernant la protection du patrimoine culturel national: une loi qui n’a jamais Ă©tĂ© entierement appliquĂ©e et qui seproposait de protĂ©ger effectivement un nombre limitĂ© de biens culturels. A partir de 1990,dans le cadre de la Comission des musĂ©es et des collections, de la Comission nationale desmonuments, des ensembles et des sites historiques et du ministĂšre de la Culture, on a Ă©laborĂ©plusieurs variantes de projets de loi pour la protection du patrimoine culturel mobile, desmonuments historiques ou du patrimoine culturel dans son ensemble.

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Pour de multiples raisons - gĂ©nĂ©rĂ©es souvent par les passionnĂ©s dĂ©bats des spĂ©cialistesen quĂȘte de la meilleure variante de cette loi-, ces projets n’ont pas abouti Ă  ĂȘtre signĂ©s par lePremier ministre afin d’ĂȘtre ensuite envoyĂ©s au Parlement. Le gouvernement a pourtant Ă©misdeux ordonnances (27/1992 et 68/1994) approuvĂ©es, avec des modifications , par le Parlement (par les Lois 11/1994 et 41/1995), qui, sans parvenir Ă  rĂ©glementer l’ensemble de la matiere,constituent un cadre lĂ©gal bien utile Ă  la protection - mais hĂ©las, mis en application d’unemaniere inadĂ©quate et incomplete. La seconde Ordonnannce a Ă©tĂ© ultĂ©rieurement modifiĂ©e ( parl’Ordonnance n° 24/1997, approuvĂ©e, avec des modifications, par le Parlement, par la Loi n°56/1998), afin de permettre une dĂ©finition plus dĂ©taillĂ©e des types de travaux de conservation et de restauration des biens culturels, et donc, un contrĂŽle plus efficace de la maniĂšre dont sont allouĂ©es les ressources financiĂšres provenant de l’Etat. Il convient pourtant de remarquer que,par ces lois, tout comme par d’autres actes normatifs ou administratifs (l’Ordonnance n°43/1995 pour la conservation du patrimoine national de la cinĂ©matographie, par exemple) onest parvenu, grosso modo, a l’alignement de la lĂ©gislation nationale Ă  celle internationale. Dansce mĂȘme ordre d’idĂ©es, il faut signaler aussi la ratification de plusieurs conventionsinternationales, de sorte que, Ă  l’ancienne Convention pour la protection des biens culturels encas de conflit armĂ©, adoptĂ©e a La Haye, le 14 mai 1953 (ratifiĂ©e par la Roumanie par le DĂ©cret n°605/1957) se sont ajoutĂ©es la Convention concernant la protection du patrimoine mondial,culturel et naturel, adoptĂ©e par la ConfĂ©rence GĂ©nĂ©rale de l’Unesco le 16 novembre 1972 (ratifiĂ©e par le DĂ©cret n° 187/1990), la Convention sur les mesures Ă  prendre afin d’interdire et d’empecher les opĂ©rations illicites d’importation, d’exportation et de transfert de propriĂ©tĂ© desbiens culturels, adoptĂ©e par la ConfĂ©rence gĂ©nĂ©rale de l’Unesco le 14 novembre 1970 (ratifiĂ©epar la Loi n° 79/1992), la Convention Unidroit concernant les biens cultuerels volĂ©s ou exportĂ©s illĂ©galement, adoptĂ©e Ă  Rome le 24 juillet 1985 (ratifiĂ©e par la Loi n° 149/1997), laConvention europĂ©enne (rĂ©visĂ©e) pour la protection du patrimoine archĂ©ologique, adoptĂ©e Ă  LaValette le 16 janvier 1992 (ratifiĂ©e par la Loi n° 150/1997) et la Convention pour la protectiondu patrimoine architectural de l’Europe, adoptĂ©e Ă  Granade le 3 octobre 1985 (ratifiĂ©e par laLoi n° 157/1997). Tous ces efforts seront couronnĂ©s par les trois projets de loi en diffĂ©rantesphases d’obtention des avis: pour la protection des monuments historiques, pour la protectiondu patrimoine culturel mobile et celui concernant les musĂ©es et les collections.

Sans attendre l’adoption de ces lois, le gouvernement a pris l’initiative de certainsprojets ponctuels, dont les plus connus sont la Loi n° 127/1992 par laquelle Calea Eroilor(l’AllĂ©e des HĂ©ros) oeuvre de C. Brancusi Ă  Targu Jiu, est dĂ©clarĂ©e monument d’utilitĂ©publique et d’intĂ©rĂȘt national, et la Loi n° 95/1997 par laquelle le Complexe Memorialulvictimelor comuniste si al rezistentei - Sighet (le Monument des victimes du communisme et de la rĂ©sistance - Sighet) est dĂ©clarĂ© ensemble d’intĂ©rĂȘt national. A cela s’ajoutent de nombreux actes administratifs (DĂ©cisions du gouvernement) Ă©laborĂ©s pour l’application de la lĂ©gislationexistante.

d) Les archives - une partie du patrimoine culturel

Les Archives nationales de la Roumanie ont Ă©tĂ© rĂ©organisĂ©es par la Loi n°16/1996, apres un laborieux travail d’élaboration.Lorsque la loi a Ă©tĂ©, finalement, promulguĂ©e,on a constatĂ© que elle n’était plus dĂ©jĂ  Ă  mĂȘme - dominĂ©e qu’elle Ă©tait par un esprit surannĂ© -de rĂ©pondre aux exigences actuelles, aux nĂ©cessitĂ©s de la sociĂ©tĂ© qui rĂ©clamait une rĂ©elleouverture des archives au public. Bien que devenue sujet et objet de disputes politiques, lesArchives se trouvent pourtant sur une bonne voie, les nombreux accords intervenus entre legouvernement roumain et ceux d’autres pays tĂ©moignant du besoin de contacts internationaux dont la communautĂ© internationale puisse bĂ©nĂ©ficier. Ce qui est peut ĂȘtre nĂ©cessaire dans laRoumanie de nos jours dans ce domaine, c’est une Ă©volution de la mentalitĂ© selon laquelle les

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archives sont un instrument utilisĂ© par le pouvoir afin de servir ses intĂ©rĂȘts; en rĂ©alitĂ©,l’institution des archives est, avant tout, un dĂ©pot de valeurs culturelles.

e) La bibliothùque - une autre sorte d’archives

MĂȘme si jusqu’à prĂ©sent aucune des initiatives destinĂ©es Ă  crĂ©er un autre cadre lĂ©gislatifpour les bibliothĂšques n’ait pas abouti Ă  la promulgation, on peut au moins mentionner la Loin°111/1995 du dĂ©pot lĂ©gal, loi susceptible de ramener la normalitĂ© dans un domaine ou aucuns,aprĂšs 1989, ont pris la libertĂ© pour une absence de rĂ©glementation et le besoin de crĂ©er un fondsnational documentaire pour une rĂ©introduction de la censure. Cette loi ne fonctionne encore pascomme il faudrait; elle a contribuĂ© pourtant au retour de la Roumanie dans les rangs des paysqui conservent pour l’avenir leur prĂ©sent culturel.

f) Les artistes - des valeurs vivantes

Un systĂšme gĂ©nĂ©ral de protection des artistes n’a pas encore Ă©tĂ© rĂ©alisĂ© dans cequ’on appelle “ l’économie de marchĂ©â€, en dĂ©pit de certaines tentatives en ce sens. Un Ă©loquent exemple en est la Loi concernant l’intĂ©gration dans le systĂšme de sĂ©curitĂ© sociale d’Etat despensions octroyĂ©es aux artistes du domaine des beaux-arts (la Loi n° 127/1995).

g) La cinĂ©matographie - l’espoir de l’oiseau Phoenix

Tout comme maintes industries de Roumanie, celle du film a connu une forterĂ©gression quantitative apres 1989. Le DĂ©cret- Loi n° 80/1990 concernant l’activitĂ©cinĂ©matographique a conduit Ă  la crĂ©ation d’un organisme qui s’est avĂ©rĂ© inefficace (le CentreNational de la CinĂ©matographie), un hybride entre une autoritĂ© publique et un reprĂ©sentant desassociations professionnelles. Sept annĂ©es ont mis en Ă©vidence l’inĂ©fficacitĂ© du Centre et larĂ©gression de la cinĂ©matographie roumaine, malgrĂ© quelques prix prestigieux remportĂ©s lors degrands festivals internationaux. Sur l’initiative d’un groupe de cinĂ©astes, le gouvernement aĂ©mis l’Ordonnance d’urgence n° 67/1997, approuvĂ©e en dĂ©cembre 1998 par le Parlement avecdes modifications substantielles ( qui conservent pourtant son esprit). CrĂ©ant l’Office Nationalde la CinĂ©matographie, l’ordonnance fait appel Ă  un nom de l’entre deux guerres mais pourrevĂȘtir l’institution dans de nouveaux habits. L’Office fonctionne selon des principes appliquĂ©sdans la plupart des pays europĂ©ens. En dĂ©pensant peu d’argent du budget, l’Office gĂšre unsystĂšme ingĂ©nieux de crĂ©dits financiers accordĂ©s aux cinĂ©astes, en promouvant en mĂȘme tempsles intĂ©rĂȘts de la cinĂ©matographie nationale dans un vif climat concurrentiel.

h) L’audiovisuel - le plus dynamique domaine de la culture roumaine

DĂ©veloppĂ© d’une maniĂšre explosive - et Ă  la fois chaotique - dĂšs les premiers mois delibertĂ©, l’audiovisuel roumain ne bĂ©nĂ©ficia de sa loi qu’à peine en 1992 (la Loi n°48) parlaquelle Ă©tait Ă©galement crĂ©Ă© son propre organe de rĂ©glementation - le Conseil National del’Audiovisuel. L’essor - fort rapide- des moyens techniques, tout comme l’expĂ©rience acquisesur le tas et les exigences de l’intĂ©gration europĂ©enne ont rĂ©clamĂ© le modification de cette loi; on passe directement Ă  la plus rĂ©cente et la plus substantielle, celle qui introduit en Roumanieaussi les “cotes” qui favorisent les oeuvres europĂ©ennes, conformĂ©ment Ă  la Directive“TĂ©lĂ©vision sans frontiĂšres”. D’ailleurs, la Roumanie a Ă©galement signĂ© la ConventioneuropĂ©enne concernant la tĂ©lĂ©vision tranfrontaliĂšre et il est fort probable que cette conventionsera ratifiĂ©e par le Parlement en 1999. Il est d’autre part possible que cette loi soit modifiĂ©e en1999, car il existe deux projets de loi soumis aux dĂ©bats du Parlement: le premier se rĂ©fĂšre Ă  larĂ©glementation de la publicitĂ© par les moyens audiovisuels pour les produits de tabac et

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l’alcool, le second vise une modification radicale de la loi, sous la perspective d’une mise Ă jour de celle-ci par rapport Ă  la lĂ©gislation internationale en la matiĂšre.

Il faut, enfin, mentionner la Loi no 41/1994 - modifiĂ©e par deux fois en 1998 -concernant l’organisation et le fonctionnement de la SociĂ©tĂ© Roumaine de Radiodiffusion et dela SociĂ©tĂ© Roumaine de TĂ©lĂ©vision. ConformĂ©ment Ă  cette loi, les deux postes publics jouissent d’une organisation assez proche des standars europĂ©ens. Tout comme dans d’autres cas, ils’impose ici aussi un traitement plus appliquĂ© de la loi, exigĂ© par la nouvelle rĂ©alitĂ©, et unemodification de la mentalitĂ© de ceux qui travaillent dans les deux sociĂ©tĂ©s publiques; en mĂȘmetemps, il faut que se modifie la mentalitĂ© de ceux des usagers habituĂ©s Ă  percevoir les postespublics de radiodifusion et de tĂ©lĂ©vision en tant que “voix” du pouvoir destinĂ©es Ă  l’électorat, et non pas comme voix du public destinĂ©e au public.

II. INSTITUTIONS DU SPECTACLE

Quelques dates d’avant 1989

DĂšs la fin du XVIIIĂšme siĂšcle et du premier quart du XIXĂšme, sous l’influence desnombreuses compagnies Ă©trangĂšres en tournĂ©e dans les principautĂ©s roumains – qui, Ă l’époque, se trouvaient sous la domination ottomane – les exigences du public roumain allaient dans le sens d’un changement rapide vers les formes thĂ©Ăątrales occidentales.

A Bucarest, capitale de la Valachie, les dĂ©buts des institutions thĂ©Ăątrales se rattachent aux activitĂ©s de l’HĂ©tĂ©rie, sociĂ©tĂ© occulte grecque agissant pour l’émancipation nationale. Afinde diffuser leurs idĂ©es anti – despotiques, les membres de cette sociĂ©tĂ© encourageaient lesreprĂ©sentations thĂ©Ăątrales estudiantines avec des piĂšces grecques, italiennes et françaises(Nerulos, Alfieri et Voltaire.) Ces dĂ©buts connaissent le succĂšs et, grĂące Ă  l’influent appui de laprincesse Ralu, fille du prince rĂ©gnant Caradja, les enthousiastes comĂ©diens obtiennent en 1819le premier Ă©difice de la Valachie destinĂ© Ă  titre permanent aux activitĂ©s thĂ©Ăątrales, connu sous le nom de Cismeaua Rosie. En 1819 y est donnĂ©e la premiĂšre reprĂ©sentation thĂ©Ăątrale en roumain avec “HĂ©cube” d’Euripide. Le spectacle s’ouvrait par un mĂ©morable prologue du poĂšte Iancu Vacarescu, vantant la vocation morale, Ă©ducative et patriotique du thĂ©Ăątre - cequ’envisageaient essentiellement les initiateurs du mouvement thĂ©Ăątral roumain, en fait l’éliteintellectuelle roumaine de ce temps–lĂ .

En 1833, Ion Heliade Radulescu et Ion Campineanu fondent le premier conservatoire – la SociĂ©tĂ© Philharmonique – ayant pour but de former les acteurs et les musiciens destinĂ©s Ă donner corps et Ăąme Ă  un rĂȘve – le futur thĂ©Ăątre national. En 1837, suite Ă  des suspicionspolitiques et Ă  des conflits de personnes, la SociĂ©tĂ© Philharmonique cesse ses activitĂ©s. Maisl’un des anciens Ă©lĂšves de ce premier conservatoire , un remarquable comĂ©dien, impresario et auteur dramatique devait devenir le directeur du premier thĂ©Ăątre subventionnĂ© par l’Etat selonle modĂšle occidental, Teatrul Mare (Le Grand ThĂ©Ăątre) disposant de 1000 places et inaugurĂ© Ă  Bucarest en 1852.

Certains détails marquent une différence entre le développement de la vie artistique enMoldavie et celle de Valachie. Les jeunes boyards moldaves avaient commencé dÚs 1816 àjouer dans les manoirs de leurs parents des piÚces en roumain. La premiÚre apparition moldavesur une scÚne publique se produit avec une pastorale historique de Gh.Asachi sur la scÚne de

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l’élĂ©gant ThĂ©Ăątre des VariĂ©tĂ©s de la troupe française Fouraux. En 1836, est crĂ©Ă© Ă  Iasi unConservatoire Dramatique Philharmonique, mais qui devait ĂȘtre fermĂ© en 1839 Ă  cause desdifficultĂ©s financiĂšres. En 1840, Costache Caragiale, venu de Valachie, rĂ©unit sous une seuledirection la troupe thĂ©Ăątrale roumaine et celle française de Iasi pour constituer le Grand ThĂ©Ăątre de Moldavie, subventionnĂ© tout comme celui de Bucarest. Le prince rĂ©gnant MihailSturdza offrira son propre hĂŽtel de maĂźtre du parc de Copou pour abriter le nouveau thĂ©Ăątre.Mais le patronage thĂ©Ăątral officiel s’avĂšre pourtant peu gĂ©nĂ©reux et la censure politique est toujours Ă  l’affĂ»t, ce qui fait que les auteurs ou les comĂ©diens jugĂ©s trop hardis soient souvent envoyĂ©s en exil
au monastĂšre!

AprĂšs l’union de 1859 entre la Valachie et la Moldavie, donc aprĂšs la crĂ©ation de laRoumanie, la nouvelle capitale, Bucarest, devient Ă©galement le centre de la vie culturelle du pays. DirigĂ© par des personnalitĂ©s de la vie littĂ©raire et politique , le Grand ThĂ©Ăątre de Bucarest acquiert en 1857 le nom et le statut de ThĂ©Ăątre National; en 1877, le Parlement roumainadopte la dĂ©cision visant Ă  le rĂ©organiser d’aprĂšs le modĂšle de la ComĂ©die Française. Deschangements similaires s’effectuent dans l’organisation du thĂ©Ăątre de Iasi et ensuite dans celuide Craiova de sorte que, au dĂ©but du XX-Ăšme siĂšcle, la Roumanie comptait trois thĂ©ĂątressubventionnĂ©s par l’Etat, portant, Ă  juste titre, le nom de ThĂ©Ăątres Nationaux. Ces ThĂ©Ăątres ont jouĂ© un rĂŽle essentiel dans l’émancipation nationale et dans le dĂ©veloppement de l’identitĂ©linguistique et nationale. C’est notamment de cette « mission » historique que dĂ©coule leprestige de ces institutions thĂ©Ăątrales, prestige qui a largement dĂ©passĂ© le rĂŽle historiqueaccompli dĂ©jĂ  depuis bien longtemps.

En mĂȘme temps, nombre de thĂ©Ăątres municipaux et privĂ©s, aussi bien que des troupesambulantes de thĂ©Ăątre et de variĂ©tĂ©s qui donnaient leurs spectacles dans des hĂŽtels, des cafĂ©s –jardins etc., jouaient un rĂ©pertoire fort variĂ© et hĂ©tĂ©roclite. Les premiĂšres rĂ©formes cohĂ©rentesayant pour but de moderniser l’art du spectacle et le rĂ©pertoire thĂ©Ăątral sont l’Ɠuvred’Alexandru Davila, directeur en 1905 – 1908 et 1912 – 1913 du ThĂ©Ăątre National de Bucarest.C’est toujours lui qui fondait, en 1909, la premiĂšre grande compagnie thĂ©Ăątrale roumaineprivĂ©e qui prĂ©sentait des spectacles au ThĂ©Ăątre Moderne (Teatrul Modern ) . C’était un moment d’éclosion de l’art du comĂ©dien, parmi les vedettes de l’époque citons : Grigore Manolescu,Aristizza Romanescu, C.I. Nottara, Agatha Barsescu ) et de l’écriture dramatique. Le laps detemps entre l’Union des PrincipautĂ©s (1859) et la premiĂšre guerre mondiale constitue lapĂ©riode du plus grand essor de la crĂ©ation des dramaturges I.L.Caragiale, B.P.Hasdeu,V.Alecsandri, Al. Davila, B.Delavrancea – la plĂ©iade des auteurs “classiques” de ladramaturgie roumaine.

A la fin de la premiĂšre guerre mondiale, en 1918, aprĂšs le dĂ©membrement de l’Autriche– Hongrie , la Transylvanie se rĂ©unit avec la Roumanie. C’est la province dans laquelle lesminoritĂ©s magyare et allemande avaient longtemps exercĂ© la domination politique et culturelle.Le principal thĂ©Ăątre en hongrois avait Ă©tĂ© fondĂ© Ă  Cluj (Koloszvar) en 1792, tandis qu’unthĂ©Ăątre en allemand fonctionnait dĂ©jĂ  Ă  Sibiu (Hermannstadt) dĂšs 1787.A cause, d’une part,de l’oppression culturelle et, de l’autre, des frĂ©quentes tournĂ©es effectuĂ©es par les CompagniesthĂ©Ăątrales professionnelles de Roumanie, les Roumains de Transylvanie (bien que constituant la plupart de la population) n’ont pas mis sur pied une institution thĂ©Ăątrale significativejusqu’en 1919, lorsque fut crĂ©Ă©, Ă  Cluj, le quatriĂšme ThĂ©Ăątre National de Roumanie.LesĂ©difices des thĂ©Ăątres de Cluj et de Iasi ont Ă©tĂ© bĂątis par deux architectes autrichiens cĂ©lĂšbresvers la fin du XIX-e siĂšcle et ils sont parmi les plus beaux de l’Europe.

La premiÚre compagnie théùtrale en yiddish

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Le thĂ©atre juif a, en Roumanie, une tradition de plus de 120 ans.Les documents attestent le fait que le 19 aoĂ»t 1876,l’artiste et l’écrivain Avram Goldfaden a fondĂ© le premier thĂ©Ăątrejuif professionnel du monde, prĂ©sentant une reprĂ©sentation avec sa propre troupe.A partie decette annĂ©e et jusqu’à prĂ©sent, le thĂ©Ăątre juif a dĂ©ployĂ© son activitĂ© sans interruption.AprĂšs unepĂ©riode extrĂȘmement difficile –surtout Ă  cause de la situation politique de la deuxiĂšme guerremondiale, en 1948, le ThĂ©Ăątre Juif de Bucarest est devenu institution d’Etat. ParallĂšlement avecle rĂ©pertoire principal, le thĂ©Ăątre juif a une activitĂ© trĂšs importante de popularisation de lalittĂ©rature et de la musique juives.En mĂȘme temps, il a eu plusieurs tournĂ©es en Roumanie et Ă l’étranger, ayant beaucoup de succĂšs.

L’entre – deux – guerres connaĂźt une remarquable diversification de l’activitĂ© thĂ©Ăątraleet musicale roumaine dont le principal centre ne cesse d’ĂȘtre la ville de Bucarest. Une rapideexpansion du thĂ©Ăątre commercial se fait jour. La plus importante compagnie thĂ©Ăątrale privĂ©e del’époque est la Cie Bulandra – Manolescu. ApparaĂźt le fameux artiste de variĂ©tĂ©, ConstantinTanase, ainsi que le thĂ©Ăątre qui devait ensuite porter son nom. Les annĂ©es 20 portent l’empreinte de l’avant – garde, Ă  laquelle la Roumanie donne quelques figures de marque :Tristan Tzara, B.Fondane, Marcel Iancu, M.H.Maxy.Les dramaturges de l’époque – CamilPetrescu, G.M.Zamfirescu, G.Ciprian, Al.Kiritescu, T.Musatescu, V.I.Popa, Mihail Sebastiancultivent avec succĂšs l’éventail tout entier du genre dramatique, du drame d’idĂ©es au mĂ©lodrame naturaliste, du thĂ©Ăątre expressionniste Ă  la comĂ©die des mƓurs ou Ă  celle lyrique.

Aujourd’hui il y a en Roumanie un thĂ©Ăątre en yiddish, 5 thĂ©Ăątres /filiales en hongrois et 2 thĂ©Ăątres/filiales en allemand.

Les institutions du spectacle aprĂšs 1944

En mĂȘme temps que s’opĂšre la nationalisation de plusieurs secteurs de la vieĂ©conomique et sociale, les thĂ©Ăątres sont eux – aussi nationalisĂ©s en 1948. Dans ce contexte, lethĂ©Ăątre jouit d’une relative prospĂ©ritĂ© du point de vue matĂ©riel. A partir de ce moment et jusqu’en 1989, le type dominant en est celui d’un thĂ©Ăątre dotĂ© d’un Ă©difice qu’il gĂšre, disposant d’une ou de plusieurs scĂšnes, d’ateliers amplement Ă©quipĂ©s, d’une troupe permanente et du personnel technique et administratif Ă©galement permanent.

Le budget de ces thĂ©Ăątres provient jusqu’à 99% des subventions; le plus souvent, lesthĂ©Ăątres attiraient un public fidĂšle et les spectacles Ă©taient de bonne qualitĂ© artistique. LesthĂ©Ăątres de rĂ©pertoire fonctionnaient mĂȘme dans de petites villes. Certains d’entre eux avaient crĂ©Ă© aussi des ensembles d’opĂ©ra et de ballet.

Ces théùtres effectuaient réguliÚrement des tournées dans le pays.Le prix des billetsétait à bon escient maintenu à un niveau trÚs bas.

Le contrĂŽle politique exercĂ© par les autoritĂ©s Ă©taient la contrepartie de l’emploi et de lastabilitĂ© de l’activitĂ©. Le choix du rĂ©pertoire Ă©tait soumis Ă  l’approbation des autoritĂ©spolitiques– la censure et l’auto – censure fonctionnant pleinement avant, mais aussi aprĂšs lasortie des spectacles. Pourtant, les thĂ©Ăątres et les gens de thĂ©Ăątre jouissaient d’un statut socialprivilĂ©giĂ©.

Pendant un certain temps, la doctrine artistique officiellement imposĂ©e – le rĂ©alismesocialiste – fut suivie avec rigueur. Mais aprĂšs 1960, un nombre toujours accru de jeunesmetteurs en scĂšne et scĂ©nographes adoptent un thĂ©Ăątre de la mĂ©taphore visuelle et allusive, plusproche des tendances du thĂ©Ăątre occidental. Ce phĂ©nomĂšne, qui devait entrer dans l’histoire du thĂ©Ăątre roumain sous le nom de “rethĂ©Ăątralisation du thĂ©Ăątre” se manifeste au dĂ©but des annĂ©es

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’60 et on le doit tout d’abord au metteur en scĂšne Liviu Ciulei dont la mise en scĂšne de“Comme il vous plaira” de Shakespeare reprĂ©sente le point de dĂ©part de cette ouverture /C’est l’époque d’une rapide consĂ©cration internationale du thĂ©Ăątre roumain, mais il se produit Ă  lafois une â€œĂ©vasion” vers l’Occident de plusieurs rĂ©alisateurs de premier ordre dont Ciulei,Lucian Pintilie, David Esrig, Vlad Mugur, Radu Penciulescu, Lucian Giurchescu, AndreiSerban qui deviennent, pour la plupart, des cĂ©lĂ©britĂ©s du thĂ©Ăątre mondial.

Cet Ă©tat de choses s’accentue aprĂšs 1971 lorsque les idĂ©esdoctrinaires de Ceausescu mettent un terme Ă  la relative Ă©closion culturelle qui s’était fait jour pour un bref intervalle.

La dĂ©tĂ©rioration progressive du climat socio – politique, l’état catastrophique del’économie, l’isolement culturel, la censure – tous ces facteurs ont donnĂ© naissance Ă  un thĂ©Ăątred’opposition explicite ou implicite dont le trait caractĂ©ristique Ă©tait un dialogue para –linguistique avec le public , une communication par – delĂ  le texte; cette pĂ©riode est dominĂ©epar l’écriture allĂ©gorique, le message chargĂ© d’allusions et la reprĂ©sentation dans un stylebaroque parabolique. En dĂ©pit de toutes les contraintes, le thĂ©Ăątre de ces annĂ©es – lĂ  nous adonnĂ©, paradoxalement, des spectacles mĂ©morables – tĂ©moignages d’une vitalitĂ© Ă  touteĂ©preuve. La solidaritĂ© complice du public faisant salles combles malgrĂ© des conditionsmisĂ©rables (espaces glaciaux et sombres) a jouĂ© un rĂŽle important dans la survie du thĂ©Ăątre.L’obligation imposĂ©e aux thĂ©Ăątres d’éliminer de leur rĂ©pertoire, pour des raisons idĂ©ologiques,les piĂšces Ă©trangĂšres, tout comme celle d’y inclure un certain pourcentage de piĂšces roumainesa eu pour effet une relative expansion quantitative de la dramaturgie roumaine entre 1970 et 1989; seulement la crĂ©ation de certains auteurs dramatiques de cette Ă©poque – Horia Lovinescu,T.Mazilu, D.R.Popescu, D.Solomon, R.Guga demeure Ă  juste titre remarquable.

L’évolution des institutions et des arts du spectacle de 1989 Ă  1995

AprĂšs les importants changements socio – Ă©conomiques et politiques survenus enEurope centrale et orientale en 1989, bien des ThĂ©Ăątres perdirent peu Ă  peu le prestige, lavitalitĂ© et – pendant une premiĂšre pĂ©riode – le public ( qui, depuis, devait revenir). Les prioritĂ©sdu rĂ©pertoire sont moins Ă©videntes, tandis que des problĂšmes autrement pressants – financiers,opĂ©rationnels, de management thĂ©Ăątral, parfois politiques – exercent une influence peu propiceĂ  la qualitĂ© artistique.

La production théùtrale a diminué aussi bien pour ce qui est du nombre des premiÚresque de celui des représentations.

D’importants metteurs en scĂšne roumains reviennent de l’étranger, certains acceptant mĂȘme d’assumer la direction des institutions artistiques: Andrei Serban devient le directeur du ThĂ©Ăątre National, Vlad Mugur – celui du ThĂ©Ăątre Odeon, Lucian Giurchescu – celui du ThĂ©Ăątrede ComĂ©die. Les spectacles qu’ils rĂ©alisent remettent, dans un bref dĂ©lai, le thĂ©Ăątre roumain encontact avec l’expĂ©rience thĂ©Ăątrale europĂ©enne, expĂ©rience que ces artistes avaient parcouruelors de leur exile. ”La trilogie antique” montĂ©e par Andrei Serban au ThĂ©Ăątre National vient Ă reprĂ©sente une renaissance symbolique du thĂ©Ăątre roumain – en proposant l’expĂ©rience du retour aux grandes sources.

Le processus de rĂ©intĂ©gration culturelle se manifeste aussi par la rĂ©cupĂ©ration dans lerĂ©pertoire des auteurs roumains de la diaspora, auparavant interdits ou non – reprĂ©sentĂ©s avant,tels que Ionesco, Visniec, (il y a mĂȘme un festival Visniec!), Astalos etc.

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Tournées:

AprĂšs la “rĂ©clusion” du thĂ©Ăątre roumain, il se produit maintenant une vĂ©ritableavalanche de tournĂ©es Ă  l’étranger. ”La trilogie antique”, Ă  elle seule, a effectuĂ© 12 tournĂ©esinternationales, participant Ă  de prestigieux festivals de thĂ©Ăątre. GrĂące notamment aux spectacles rĂ©alisĂ©s par Silviu Purcarete, le ThĂ©Ăątre National de Craiova connaĂźt une ascensionparticuliĂšre : les tournĂ©es sur tous les mĂ©ridiens du globe avec “Titus Andronicus”,”Ubu Roi”,“PhĂšdre”, “Les DanaĂŻdes”, “L’Orestie” furent rĂ©alisĂ©es en coproduction avec les festivalsinternationaux d’Avignon , de Vienne, d’Amsterdam, Ă  base d’un financement mixte et avec laparticipation de la Fondation Tofan pour le thĂ©Ăątre et le film (l’une des rares fondations privĂ©esengagĂ©es dans le financement de projets artistiques).

Nobre des spectacles vus au cours des derniers 3 mois

83%

8%

6%3%

aucun

un

2 - 3

4 ou plus

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Ces tournĂ©es internationales sont “plutĂŽt une sorte d’exportation de l’image nationaleou des modalitĂ©s d’obtenir des revenus supplĂ©mentaires”.

En Ă©change, pour des raisons financiĂšres, les tournĂ©es Ă  l’intĂ©rieur du pays sont devenues presque impossibles.

Festivals et concours :

Pour le moment, l’unique solution Ă  mĂȘme de permettre au public des diffĂ©rentes zonesdu pays de voir les productions thĂ©Ăątrales significatives est reprĂ©sentĂ©e par les festivals.Chaque automne se dĂ©roule Ă  Bucarest le Festival National de ThĂ©Ăątre “I.L.Caragiale”organisĂ©par le ministĂšre de la Culture et par la municipalitĂ© de Bucarest. La ville de Piatra Neamt hĂ©berge le premier Festival international de thĂ©Ăątre de Roumanie, cependant qu’à Sibiu onaccueille

Le prix des billets des spectacles au cours des derniers 3 mois

84%

5%

10%1%

rien

jusqu'a 19000 lei

20000 - 99999 lei

plus de 100000 lei

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annuellement un Festival du Jeune Théùtre dont la popularité et le nombre de participantsconnaissent un accroissement évident.

Le thĂ©Ăątre roumain est principalement toujours subventionnĂ© par l’Etat. Il y a Ă  ce jouren Roumanie 62 thĂ©Ăątres de rĂ©pertoire (dont 19 thĂ©Ăątres de marionnettes, comptant un effectifpermanent de 9000 personnes) .10 compagnies sont subventionnĂ©es par le ministĂšre de laCulture, 8 par la MunicipalitĂ© de Bucarest et 44 par les Conseils dĂ©partementaux.

Le nombre de productions varie de une Ă  seize par saison. Les subventions couvrent jusqu’à 90% du budget d’un thĂ©Ăątre.

Sont, timidement, créées les premiÚres compagnies théùtrales privées avec de faibleschances de survie. La tentative de fonder un théùtre qui ne soit pas un théùtre de répertoire a eu lieu à Bucarest et semble avoir échouée.

Il y a aussi, en Roumanie, des concours de dramaturgie tels que : Le Concours « CamilPetrescu » organisé par le ministÚre de la Culture , celui organisé par UNITEXT (de UNITER),

Préferérences selon le genre des spectacles (%)

33

15

11

8

7

5

4

3

2

1

1

1

55

74

37

22

19

16

12

8

7

4

2

3

2

2

0 10 20 30 40 50 60 70 80

comédie

musical

drame

tragédie

variétés

opéra

opérette

concert symphonique

ballet

marionettes

danse contemporaine

autre genre

ne fréquentent pas lesspectacles

Total échantillon Ont participé a des spectacles au cours des derniers 3 mois

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celui de la Compagnie DRAMAFEST de TĂąrgu – Mures.On a selectionnĂ© pendant les derniers10 annĂ©es, des textes dramatiques de valeur qui ont Ă©tĂ© mis en scĂšne ou Ă©ditĂ©s.

Le financement:

Les salaires du personnel sont, Ă  l’heure actuelle, trĂšs bas; les subventions,insuffisantes, ne parviennent souvent Ă  couvrir que les frais d’entretien strictement nĂ©cessaires.

A cause de l’inflation, les sommes accordĂ©es en dĂ©but d’annĂ©e perdent leur valeurjusqu’à la fin de celle–ci.

Les prix des billets sont toujours sont toujours trĂšs bas et ne couvre que partiellement les frais de production.

Les thĂ©Ăątres estiment qu’il leur est malaisĂ© d’obtenir par leurs propres moyens unepartie des revenus; ils ne peuvent pourtant survivre autrement. Les revenus obtenus de la sortesont toujours une exception. Le parrainage par le secteur privĂ© est considĂ©rĂ© comme unesolution, mais l’expĂ©rience pour l’obtenir fait dĂ©faut. L’économie locale, Ă  son tour, n’est pasassez forte pour compenser les subventions perdues. Certains thĂ©Ăątres choisissent de louer ou de sous – louer des espaces et des bureaux, ou bien d’offrir des services effectuĂ©s par leursateliers.

Le systĂšme d’accorder des salaires selon l’anciennetĂ© et non pas selon la valeur de laprestation artistique est anachronique et improductif.

Les interventions des autoritĂ©s – sans caractĂšre systĂ©matique – ne sont que des palliatifsinspirĂ©s par des considĂ©rations politiques (qui exerce le contrĂŽle, qui dĂ©signe les organes dedirection et les directeurs, quels sont leurs droits et leurs responsabilitĂ©s), soit imposĂ©s par desnĂ©cessitĂ©s Ă©conomiques (subventions, la tentative de forcer une autre instance gouvernementalede prendre la responsabilitĂ© du financement etc.)

Le gouvernement a essayĂ© de diminuer ses responsabilitĂ©s et a surestimĂ© la capacitĂ© del’économie de marchĂ© de compenser la rĂ©duction des subventions.

Il est rare que les autoritĂ©s qui assurent le financement mettent en balance la valeurartistique et l’efficience de l’investissement dans le secteur Ă  rĂ©pertoire et celui des groupesindĂ©pendants.

Le statut lĂ©gal et la modalitĂ© d’imposition des thĂ©Ăątres de rĂ©pertoire viennent Ă compliquer encore la situation de ces derniers. La lĂ©gislation ne prĂ©cise pas le statut desorganisations sans profit et traite les thĂ©Ăątres de rĂ©pertoire en tant qu’institutions commerciales.

Législation, tentatives de réformes

En dĂ©pit des difficultĂ©s, on n’est pas arrivĂ© Ă  fermer des thĂ©Ăątres . (Les gouvernants quiferment des usines et licencient des travailleurs n’osent pas fermer des thĂ©Ăątres car ils craignent la rĂ©action publique que des artistes fort apprĂ©ciĂ©s pourraient gĂ©nĂ©rer. L’institution thĂ©Ăątralejouit encore d’un vrai prestige traditionnel.

Ceux qui travaillent dans ce systĂšme et ceux qui sont hors de lui se rendent compte deson caractĂšre irrationnel et de l’impossibilitĂ© de continuer dans les formes actuelles. Mais ils nesont pas lĂ©gion ceux qui, impliquĂ©s dans l’affaire, essayent d’y opĂ©rer des changements de

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fonds ou de choisir des modĂšles alternatifs. La rĂ©sistance au changement est forte mĂȘme dansles conditions oĂč l’insatisfaction s’accroĂźt. Nombreux sont ceux qui agissent selon l’instinct deconservation afin de garder leurs privilĂšges sans faire attention ni Ă  la qualitĂ© ni Ă  la quantitĂ©de leur travail, ou par peur devant la concurrence qui fonctionne Ă  l’intĂ©rieur du systĂšme Ă rĂ©pertoire ou entre des groupes ayant adoptĂ© une autre structure.

Le statut lĂ©gal du contrat d’engagement permanent (Ă  terme illimitĂ©) est, lui aussi, uneentrave sur la voie du changement. Des limogeages pour des raisons politiques se produisent mais, en mĂȘme temps, il existe des dispositions lĂ©gales qui ne laissent pas aux directeurs lalibertĂ© de mettre Ă  la porte le personnel incompĂ©tent ou les acteurs qui, bien qu’en fait nejouent plus depuis longtemps, ne cessent de toucher leurs traitements. La stratĂ©gie culturelle et la politique sociale interfĂšrent .L’appartenance politique a son mot Ă  dire dans les nominationsdes dirigeants des institutions du spectacle.

La vie thĂ©Ăątrale a Ă©tĂ© particuliĂšrement affectĂ©e par de permanents conflits entre leministĂšre de la Culture, les directeurs des thĂ©Ăątres et les leaders artistiques. Depuis 1989, 7 ministres se sont succĂ©dĂ©s Ă  la tĂȘte du ministĂšre de la Culture.

Pour ce qui est de la lĂ©gislation, l’attitude habituelle du personnel est celle d’attendreque le gouvernement rĂšgle la situation par le truchement de lois extrĂȘmement minutieuses, bienque dans la plupart des cas les lois conçues par les bureaucrates sans contact direct avec la viedes institutions du spectacle sont loin d’offrir des solutions viables ou de servir les objectifs et les nĂ©cessitĂ©s du domaine artistique.

La communautĂ© thĂ©Ăątrale n’avance que trop peu d’initiatives et de propositions.

Quand mĂȘme, la taxe du timbre thĂ©Ăątral est une rĂ©alitĂ© qui fonctionne.

Le mouvement syndical, la manifestation dans la rue des comĂ©diens n’a pas joui del’adhĂ©sion des personnalitĂ©s de la vie thĂ©Ăątrale et n’a pas Ă©tĂ© convenablement perçue parl’opinion publique.

L’enseignement artistique

L’apparition et le dĂ©veloppement non – corrĂ©lĂ© de l’enseignement artistique privĂ©viennent Ă  compliquer les problĂšmes d’embauche par la croissance du nombre des diplĂŽmĂ©s.

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Le public de théùtre

Le public roumain, jeune ou non, aime bien le thĂ©Ăątre, aussi par tradition. C’est pourcela qu’on va au thĂ©Ăątre, on participe aux Ă©missions TV thĂ©Ăątrales ou au thĂ©Ăątreradiophonique.Il y a, aussi, beaucoup de compagnies de thĂ©Ăątre d’amateurs.

- mutations dans la structure du public : l’augmentation du prix des billets diminue lenombre de gens qui peuvent se permettre d’aller au thĂ©Ăątre, nouvelles motivations, parmilesquelles : snobisme, mode, statut social qui oblige de « ne pas rater ».

L'impact de la publicite en matiere de spectacles (%)

11

27

29

8

2

26

53

45

14

1

0 10 20 30 40 50 60

dans la presse

sur un panneau d'affichage

a la télévision

a la radio

ailleurs

Total échantillon Ont participé a des spectacles au cours des derniers 3 mois

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Priorités de la politique culturelle dans le domaine du théùtre

- dĂ©centralisation- optimisation de la structure du rĂ©seau, diversification- nouveaux mĂ©canismes de financement, nouveau types de management- le principe de la compĂ©tition des projets- l’engagement des autoritĂ©s locales dans le financement des institutions du spectacle- la stimulation de la crĂ©ativitĂ© par des mĂ©thodes correctives de marketing et par la recherchede nouvelles sources de financement

- l’utilisation plus judicieuse des dotations thĂ©Ăątrales existantes- l’obtention du statut lĂ©gal d’institution sans profit avec les avantages qui en dĂ©coulent pourl’imposition

- des organes de direction ( boards ) indépendants constitués de personnes nommées pourune période limitée

- des contrats flexibles pour les membres des compagnies- la diversification des sources de financement et de leurs niveaux (nationales, régionales,locales)

Raison de la limitation de la fréquentation de spectacles (%)

11

14

28

30

1

1

47

30

30

52

44

3

2

6

0 10 20 30 40 50 60

L'on avait donné des piecessusceptibles de vous intéressér

les entrées avaient été moinscheres

vous aviez eu plus de loisir

vous aviez eu plus d'argent

l'acquisition des billets avait étéplus aisée

l'on avait pu réserver les billetspar téléphone

de tout facon, je ne me seraispas rendu plusieurs fois au

théùtre

Total échantillon Ont participé a des spectacles au cours des derniers 3 mois

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III. LE DEVELOPPEMENT DE L’AUDIO-VISUEL EN ROUMANIE

DĂšs l'annĂ©e 1908, la marine roumaine Ă©tait dotĂ©e d'un transmetteur radio. Pareilledotation se produisait pratiquement en mĂȘme temps dans plusieurs pays d'Europe.

Dans l'ambiance effervescente succédant à la premiÚre guerre mondiale, une idée faisait son chemin, en train de devenir une mode dans les pays de l'Occident européen: l'idée del'utilisation de la diffusion radiotéléphonique comme moyen de communication culturelle. EnRoumanie, le professeur Dragomir Hurmuzescu rassembla autour de lui et de cette idée ungroupe de pionniers ; c'est de la sorte qu'en 1925, la Roumanie se trouvait parmi les premierspays du continent à promulguer une loi de la communication radiophonique: la loi de l'installation et de l'utilisation des stations radioélectriques, dont l'article 5 précisait que"l'exploitation de la radiodiffusion appartient en Roumanie à l'Etat qui l'exercera directement par la Direction Générale des PTT et à travers une société publique par actions."

En janvier 1928 Ă©tait crĂ©Ă©e "la SociĂ©tĂ© de Radiodiffusion tĂ©lĂ©phonique" et le 1-ernovembre de la mĂȘme annĂ©e, Ă  17 heures, l'on inaugurait le poste national roumain de radio.Dans son discours inaugural, le professeur Dragomir Hurmuzescu affirmait : "BientĂŽt la radiodeviendra le critĂšre d'Ă©valuation du degrĂ© de dĂ©veloppement de tout peuple."

La Société de Radiodiffusion disposait d'un des plus puissants émetteurs radiod'Europe, placé dans la ville de Bod, ( longueur d'onde 1875 m, 150 kw ) et relié par cùble àBucarest.

A partir de 1940 on commença à réaliser en Roumanie des émissions transmises parondes courtes.

Les expérimentations concernant la communication par les moyens de la télévision -déjà antérieures à la seconde guerre mondiale - ne furent reprises chez nous que vers le milieu des années 50 sous la direction du professeur Alexandru Spataru. (dans l'édifice des PTT Vitande Bucarest ) une station expérimentale du ministÚre des Transports et desTélécommunications, dotée d'un émetteur de 500 W et disposant des moyens de transmettredans l'aire de Bucarest, deux fois par semaine, des émissions expérimentales.

DÚs le 31 décembre 1956, la Télévision Nationale Roumaine commençait à émettreréguliÚrement au moyen d'un émetteur de 22 Kw pour la porteuse vidéo et de 10 Kw pour celleaudio sur la chaßne TV2 installée au sommet du plus haut édifice de Bucarest à l'époque - CasaScanteii.

Les studios de la jeune tĂ©lĂ©vision (qui faisait partie alors de la mĂȘme institution que laradio nationale, Ă  savoir la RadiotĂ©lĂ©vision Roumaine) Ă©taient amĂ©nagĂ©s dans ceux construits,rue MoliĂšre, pour la cinĂ©matographie ( deux studios de 460 m2 et, respectivement, de 80 m2).Le Centre national de production cinĂ©matographique s'installait en mĂȘme temps Ă  unevingtaine de km au nord de Bucarest, Ă  Buftea, oĂč l'on venait de construire 4 grands plateaux de tournage de 400 a 600 m2, un plateau pour des prises de vue combinĂ©es et pour des effetsspĂ©ciaux, un laboratoire pour traiter la pellicule, des studios d'enregistrement du son, desdĂ©pĂŽts, des ateliers et des bureaux, l'ensemble devenant le Centre de ProductionCinĂ©matographique "Bucuresti".

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Tout de suite aprÚs, la TVR commença à effectuer des transmissions extérieures, tellesque le concert d'Yves Montand, (février 1957), le match de rugby Roumanie - Angleterre ( le 5mai 1957), des spectacles de théùtre du répertoire du Théùtre National.

C'est d'ailleurs à partir de 1960 que la TVR se fait doter des premiers équipementsspécialisés pour les transmissions extérieures.

L'administration de toute opĂ©ration de tĂ©lĂ©vision et de radio destinĂ©e au public deRoumanie, aussi bien que les Ă©missions roumaines officielles en langues Ă©trangĂšress'effectuaient, jusqu 'en 1994, sous la coupe de la mĂȘme institution dĂ©jĂ  mentionnĂ©e - laRadiotĂ©lĂ©vision Roumaine. Le contrĂŽle de la propagande et de l'administration communiste nes'est pourtant pas exercĂ© avec la mĂȘme rigueur sur les deux moyens de communication: ilconvient d'y prĂ©ciser que le public percevait la radio nationale comme moins asservie Ă  cettepropagande.

MĂȘme Ă  l'Ă©poque du plus dur stalinisme, les programmes de radio ont pu contribuer Ă  laconservation et Ă  la communication publique de nombre de valeurs culturelles essentielles.C'est ainsi que, le 5 mai 1963, Ă©tait inaugurĂ©e la deuxiĂšme chaĂźne nationale de radio, plusparticuliĂšrement orientĂ©e vers des Ă©missions culturelles, et qu'une troisiĂšme chaĂźne nationale deradio, sur laquelle prĂ©valait la musique, le divertissement et les programmes destinĂ©s aux jeunes, ayant aussi des Ă©missions transmises en stĂ©rĂ©o sur des chaĂźnes FM dĂ©butait le 1-erjanvier 1964.

En 1966 furent acquis pour les studios de la télévision roumaine les premierséquipements pour l'enregistrement sur support magnétique de l'image et du son. Le 12 mai1968 était transmis le premier programme de la deuxiÚme chaßne de la TVR.

Si en 1927 il n'y avait en Roumanie que 2000 radiorĂ©cepteurs, au cours des annĂ©es 80 les statistiques faisaient voir que l'on comptait 1,7 radiorĂ©cepteurs en moyenne pour chaquefamille roumaine. Il n'y a pas Ă  vrai dire des informations statistiques tant soit peu prĂ©cisesconcernant les rĂ©cepteurs radio et/ou TV, mais avant mĂȘme le dĂ©but de la neuviĂšme dĂ©cennie ,on estime que presque 80 % des familles de Roumanie possĂ©daient dĂ©jĂ  un poste de tĂ©lĂ©visionnoir et blanc.

La télévision couleur ne fut introduite en Roumanie que relativement tard, mais,heureusement, le standard choisi par le régime soi - disant indépendant de Ceausescu fut lestandard PAL accepté par la plupart des pays occidentaux et non pas le standard SECAMadopte par bon nombre de pays de cette zone se trouvant à l'époque sous la houlette soviétique(la Yougoslavie en faisait, elle aussi, exception).

Jusqu'au milieu des annĂ©es 80, le dĂ©veloppement de la tĂ©lĂ©vision comme moyen decommunication publique en Roumanie enregistra, pourtant, en dĂ©pit d'un contrĂŽleparticuliĂšrement sĂ©vĂšre exercĂ© par la police et les instances de propagande, des performancesconsacrĂ©es mĂȘme Ă  l'Ă©chelle europĂ©enne, surtout dans le domaine des Ă©missions culturelles et de divertissement.

Mais, Ă  partir de 1985, la crise profonde dans laquelle sombrait le rĂ©gime de Ceausescu interrompit Ă©galement le dĂ©veloppement des activitĂ©s radiophoniques et tĂ©lĂ©visuellesrĂ©gionales . Les studios de Timisoara, de Iasi, de Cluj , de Targu Mures, de Craiova et deConstanta furent fermĂ©s. Les Ă©missions de tĂ©lĂ©vision de la chaĂźne nationale se virent contraintes de rĂ©duire d'une façon dramatique le nombre d'heures de programme (3 Ă  5 heurespar jour). En rĂ©agissant , la population s'employa Ă  mettre en Ɠuvre massivement les moyens

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susceptibles de capter les programmes accessibles diffusés en provenance des territoires despays voisins.

Jusqu ' en dĂ©cembre 1989 il y avait en Roumanie quelque 350 000 – 400 000 appareilsvidĂ©o, alors que le prix d'un tel objet Ă©quivalait Ă  celui d'une voiture et qu'un tel objet n'Ă©tant certainement pas de premiĂšre nĂ©cessitĂ© dans une famille. L'intĂ©rĂȘt pour les Ă©missions detĂ©lĂ©vision et pour l'information apportĂ©e par l'Ă©cran du tĂ©lĂ©viseur Ă©tait devenu presque unenĂ©vrose; celle - ci devait ĂȘtre, d'ailleurs, largement mise Ă  profit pendant les cinq jours et cinqnuits de la transmission ininterrompue du "spectacle" en direct de la rĂ©volution roumaine.

Cette nĂ©vrose devait continuer aussi aprĂšs 1990. DĂšs les premiers mois (janvier - mars),dans les grandes villes furent crĂ©Ă©es, en dehors de toute rĂ©glementation, des structures privĂ©esqui commencĂšrent Ă  diffuser des Ă©missions de radio FM et de brefs programmes de tĂ©lĂ©vision.A partir de fĂ©vrier 1990, les requĂȘtes visant d'une part Ă  la constitution d'une vĂ©ritabletĂ©lĂ©vision publique et, d'autre part, Ă  la mise sur pied d'une lĂ©gislation de type europĂ©en Ă mĂȘme de rĂ©glementer la communication audiovisuelle devait produire de grandes tensions,dans lesquelles les groupes politiques s'impliquĂšrent directement.

Le 25 mai 1992 Ă©tait promulguĂ©e la Loi de l'Audiovisuel. C'est sur cette base que fut crĂ©Ă©e l'instance roumaine qui rĂ©git la communication radio, tĂ©lĂ©visuelle et par cĂąble : le ConseilNational de l'Audiovisuel dĂ©fini par la loi comme "autoritĂ© publique autonome, garant del'intĂ©rĂȘt public dans ce domaine". Il est composĂ© de 11 membres dĂ©signĂ©s :

- 2 par le Président de la Roumanie- 3 par le gouvernement- 3 par la Chambre des Députés- 3 par le Sénat

Leur mandat est d' une durĂ©e de 4 ans susceptible d'ĂȘtre renouvelĂ© dans un intervalle de2 ans ( une premiĂšre fois on change cinq, une seconde fois - six) au milieu du cycle Ă©lectoralstandard. Aussi, dans la composition de cet organe, la fluctuation du facteur politique conduit -elle a des tensions et, par voie de consĂ©quence, Ă  des dĂ©cisions portant prĂ©judice Ă  sa crĂ©dibilitĂ©et Ă  son autoritĂ©. A ceci s'ajoute l'absence en Roumanie d'experts qualifiĂ©s au niveau atteint parle domaine de rĂ©glementation dans les pays de l'Europe occidentale.

Avant la promulgation de la Loi de l'Audiovisuel (48/1992), il y avait , sur le territoireroumain, outre les opérations nationales de radio et de télévision , 14 groupes d'initiative pourla TV et plusieurs pour des radios locales FM.

Il y a actuellement en Roumanie:

- plus de 7 millions de récepteurs TV- 2,6 millions de terminaux cùble (CaTV pénétration - 38%)pour les 7,65 millions defamilles vivant en Roumanie- 4% de récepteurs pour satellite- 23% des familles possÚdent des appareils vidéo (VCR pénétration)- environ 160 de stations radio locales FM de faible puissance- environ 60 TV locales de faible puissance

Ce marché a eu, au milieu de l'année 1998, la configuration suivante:

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- 1e programme national de télévision diffusé par l'opérateur public atteignant 98% dela population- le deuxiÚme programme émis par l'opérateur publique est capté par 8 centres urbains (Bucuresti, Iasi, Timisoara, Brasov, Cluj, Craiova, Constanta, Pitesti)- des réseaux organisés par des investisseurs privés, formés par leurs propres stations ou affiliés comme il suit :Antena 1, créée en décembre 1993;Tele 7 ABC, créée le 14 août 1994Pro TV, qui fonctionne depuis le 1-er décembre 1995 et diffuse actuellement par deux chaßnes (Pro TV et ACASA), retransmises par, environ, 300 réseaux CaTV;Prima TV a diffusion terrestre dans Bucarest et par satellite depuis décembre 1997;

Tous ces programmes transmis par des opérateurs privés par l'intermédiaire du satellitesont repris par des réseaux de cùble de sorte que la concurrence au sujet des encaissements enprovenance de la publicité dans le domaine est bien forte. Le niveau du capital total dansl'industrie de la publicité a été réparti au cours des derniÚres trois années comme il suit:

Année Total dans l' industrie Publicité dans le domaine radio et TVde la publicité

1995 env. 40 millions $ 18 millions $1996 50 millions $ 40 millions $1997 75 millions $ 48,7 millions $

Il convient d'y remarquer une augmentation annuelle du capital investi dans la publicitĂ©TV d'environ 40% pour les trois derniĂšres annĂ©es. Pourtant, les plus grandes difficultĂ©s sont ressenties dans la zone de la production autochtone de programmes. Le trĂšs grand nombred'opĂ©rateurs qui se partagent le marchĂ© n'est pas fait pour leur assurer des accumulationssuffisantes susceptibles de servir Ă  des productions majeures. La plupart s'y rĂ©sument Ă  desproductions en roumain, relativement peu coĂ»teuses, s'inscrivant dans la limite d'environ 40%du programme hebdomadaire, sauf l'opĂ©rateur public qui va Ă  60% et TELE7 ABC qui vajusqu’à 55%.

L’industrie du cĂąble, bien que jouissant d’un dĂ©veloppement explosif et offrant de lasorte le principal support Ă  la distribution de programmes TV roumains aussi bien qu’étrangers(avec un paquet de base de 20 Ă  27 programmes Ă  un prix de 2,5 dollars US par mois/abonnĂ©)se heurte Ă  ce jour Ă  des grandes difficultĂ©s dans l’amĂ©lioration du niveau technique desrĂ©seaux et dans l’élaboration de ceux – ci en vue de la commercialisation par paquets deprogrammes spĂ©ciaux Ă  l’accĂšs conditionnĂ© pour des services d’échanges de donnĂ©es Ă  valeurajoutĂ©e par tĂ©lĂ©phonie publique.

La lĂ©gislation roumaine actuelle a pour effet de bloquer la concentration du capital dansl’industrie du cĂąble et, par consĂ©quent, le dĂ©veloppement de celle–ci.

Du point de vue de la production de programmes audiovisuels, certains entrepreneursprivĂ©s ont commencĂ© Ă  produire dans leurs propres studios – tout comme plusieurs sociĂ©tĂ©s dedistribution par cĂąble ou TV – des programmes qu’ils offrent aux communautĂ©s qu’ilsdesservent. Ces timides dĂ©buts, relativement peu performants sous aspect financier et culturel,peuvent ĂȘtre associĂ©s Ă  un possible dĂ©veloppement de l’industrie des producteurs indĂ©pendantsde programmes TV et de publicitĂ©. Les modifications apportĂ©s Ă  la loi d’organisation et defonctionnement des opĂ©rateurs publics de radio et de TV exigent que ceux–ci utilisent dansleurs programmes au moins 10% de la production rĂ©alisĂ©e dans l’industrie roumaine par des

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producteurs indépendants. Cette réglementation élargit la perspective éditoriale et finit paréquilibrer les critÚres de qualité et de coûts sur le marché professionnel des producteurs deprogrammes.

La tĂ©lĂ©rĂ©volution a reprĂ©sentĂ©. en dĂ©pit de ses dĂ©rives politiques et mĂ©diatiques, ledĂ©but d’une authentique rĂ©volution de la communication en Roumanie- libĂ©ration del’expression et de l’information, libĂ©ralisation de la communication mĂ©diatique, restitution du pluralisme et de la crĂ©dibilitĂ© des instances mĂ©diatiques. Il ne faut pas oublier le fait que cechangement radical intervenait tout Ă  coup dans un pays traumatisĂ© ou la communication Ă©tait totalement asservie Ă  un systĂšme omniprĂ©sent de propagande. La Roumanie de Ceausescu dĂ©tenait, en matiĂšre de communication Ă©galement un record, dĂ©passant mĂȘme les prĂ©visionsorwelliennes les plus sombres: les programmes tĂ©lĂ©visĂ©s avaient Ă©tĂ© rĂ©duits Ă  deux heures parjour, en moyenne, sur une chaĂźne unique.

Cette situation explique, probablement, certaines particularitĂ©s et surtout dĂ©calages deschangements qui devaient se produire en Roumanie aprĂšs 1989 et notamment l’avanceextraordinaire de la rĂ©volution communicationnelle par rapport aux changements Ă©conomiques.

Une idĂ©e largement rĂ©pandue aprĂšs 1989 dans les pays est-europĂ©ens Ă©tait celle que lalibĂ©ration (comprise en tant que dĂ©monopolisation et dĂ©rĂ©glementation) du marchĂ© del’information devait aboutir directement Ă  l’ affirmation des principes dĂ©mocratiques (la libertĂ©et le droit Ă  l’information, l’indĂ©pendance des mĂ©dias, l’égalitĂ© de l’accĂšs aux mĂ©dias).Danscette perspective, en Roumanie au moins, le systĂšme des moyens de communication de massefut le premier secteur Ă  s’ouvrir (souvent sans une rĂ©glementation prĂ©alable Ă  la privatisation et Ă  la libĂ©ration : dans la presse Ă©crite d’abord, dans l’ audio-visuel ensuite. On peut alors parlerd’une sorte de gĂ©nĂ©ration spontanĂ©e de radios et de tĂ©lĂ©visions privĂ©es, comme une espĂšceparticuliĂšre de dĂ©monopolisation et de dĂ©rĂ©glementation.

La tĂ©lĂ©rĂ©volution de dĂ©cembre 1989 fut donc le dĂ©but d’un processus qui prendra enRoumanie un cours sui generis - la prĂ©Ă©minence de la rĂ©volution mĂ©diatique par rapport aux rĂ©formes politiques et Ă©conomiques. La Roumanie qui semble dĂ©tenir le record de lenteur enmatiĂšre de privatisation des entreprises a pourtant vu Ă©clore de nombreuses radios et tĂ©lĂ©visionslocales privĂ©es hertziennes terrestres ou par satellite depuis le dĂ©but des annĂ©es 1990.Le cĂąbleconnaĂźt mĂȘme une explosion Ă  la mesure de la soif d’images d’une population trĂšs longtempsfrustrĂ©e ( Bulletin -LA LETTRE - Conseil SupĂ©rieur de l Audiovisuel, no 66,1995,Paris).

Le processus a dĂ©marrĂ© par la privatisation des journaux et aussi par l’enclenchement des premiĂšres tentatives de dĂ©rĂ©glementation dans la sphĂšre de l’audiovisuel- tel est le cas desĂ©missions des premiĂšres stations privĂ©es de tĂ©lĂ©vision Ă  Timisoara ou Ă  Bucarest lors desannĂ©es 1990-1992. L’ Ă©volution de ces deux grandes composantes des mĂ©dias roumains sera d’ailleurs diffĂ©rente: la presse Ă©crite fut rapidement et presque totalement privatisĂ©e, tandis que l’audiovisuel a connu une Ă©volution vers un systĂšme mixte public et privĂ©. AprĂšs 1992, lors de l’adoption de la Loi de l’ Audiovisuel et de l’ institution du Conseil National de l’ Audiovisuel,le nombre de chaĂźnes et des stations privĂ©es de radio et de tĂ©lĂ©vision a connu une progressioninattendue.

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Licences attribuĂ©es par le Conseil National de l’ Audiovisuel - CNA(1993-1996)

1993 1994 1995 Totalenfévrier1996

RĂ©voquĂ©esjusqu’enfĂ©vrier 1996

Validesenfévrier1996

Radio 49 25 189 18 171Télévision 22 14 119 22 97Cùble 333 453 1053 187 866

(Voir sur la situation présente le tableau 1, annexes)

Au delĂ  des trois chaĂźnes de la tĂ©lĂ©vision publique (TVR 1,TVR 2 et TVRInternationale), disposant de plusieurs stations rĂ©gionales, le secteur privĂ© est, quant au nombrede chaĂźnes et de stations et aussi par le taux de l’audience cumulĂ©e, supĂ©rieur au secteur public.Mais seulement cinq chaĂźnes privĂ©es -PRO TV;ANTENA 1; TELE 7 ABC; PRIMA TV; ACASA TV- ont une diffusion nationale. La tĂ©lĂ©vision publique (TVR) demeure de ce fait lachaĂźne dominante en ce qui concerne la couverture nationale (plus de 90% du territoire), doncle mĂ©dia le plus fort en Roumanie.

RĂ©glementation et rĂ©gulation de l’audio-visuel roumain

L’effondrement de la dictature de Ceausescu et les bouleversements politiques et Ă©conomiques engendrĂ©s par ce renversement ont permis l’ Ă©mergence dans l’ espace public d’un nouvel acteur social- le systĂšme de mĂ©dias de masse et, dans le cadre de celui-ci, du sous-systĂšme mixte (public et prive) de l’audiovisuel.

En fait, la Roumanie a Ă©tĂ© parmi les premiers pays de l’ Europe de l’ Est Ă  se doterd’une rĂ©glementation de l’audiovisuel et d’un organe de rĂ©gulation modernes, selon le modĂšleoccidental. Au cours de cinq ans (1990-1994) ont Ă©tĂ© adoptĂ©es deux lois fondamentales: la Loide l’ Audiovisuel (mai 1992) et la Loi sur l’ organisation et le fonctionnement de la SociĂ©tĂ©Roumaine de Radio et de la SociĂ©tĂ© Roumaine de TĂ©lĂ©vision (1994, modifiĂ©e en 1997).Ces loisdĂ©finissent les coordonnĂ©es d’ une politique audiovisuelle europĂ©enne en Roumanie.

1. Le Conseil National de l’Audiovisuel est dĂ©fini comme une autoritĂ© publique autonomeet comme une vĂ©ritable autoritĂ© de rĂ©gulation, qui exerce ses attributions sous le contrĂŽle direct du Parlement. ComposĂ© de 11 membres dĂ©signĂ©s Ă  la fois par le pouvoir exĂ©cutif(gouvernement et PrĂ©sident de la RĂ©publique) et par le Parlement (Chambre des dĂ©putĂ©s et SĂ©nat), les compĂ©tences du Conseil sont de nature rĂ©gulative, lĂ©gales, rĂ©glementaires et conventionnelles ( il Ă©tablit les normes et les recommandations pour tous les opĂ©rateurs de l’audiovisuel, indĂ©pendamment du type de propriĂ©tĂ©) et assure la gestion de cette importantecomposante du Patrimoine national reprĂ©sentĂ©e par les ondes hertziennes, en organisant l’attribution des licences aux opĂ©rateurs publics et privĂ©s. La Loi de l’ Audiovisuel stipule quele Conseil National de l’ Audiovisuel Ă©tablit des relations contractuelles avec les opĂ©rateurspublics et privĂ©s de radio et de tĂ©lĂ©vision auxquels il attribue des licences de diffusion, doncl’exploitation d’une partie de cette propriĂ©tĂ© publique. En Ă©change, les mĂ©dias audiovisuels,respectivement les chaĂźnes et les stations de radio et de tĂ©lĂ©vision, ont une responsabilitĂ© civiledans le respect des contrats de licence Ă  l’ Ă©gard du Conseil et du Parlement.

2 .La SociĂ©tĂ© Roumaine de Radio et la SociĂ©tĂ© Roumaine de TĂ©lĂ©vision se sont constituĂ©es par la sĂ©paration de l’ ancienne SociĂ©tĂ© de Radio - TĂ©lĂ©vision d’ Etat en deux

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services publics nationaux. Les deux lois mentionnĂ©es ci-dessus prĂ©voient que les deux SociĂ©tĂ©s sont des services publics d’ intĂ©rĂȘt national et indĂ©pendantes du point de vueĂ©ditorial.(article 1) et qu’ elles ont l’ obligation d’ assurer par toute leur activitĂ© le pluralisme,la libre expression des idĂ©es et des opinions, la communication libre des informations, ainsique l’ information correcte de l’ opinion publique (article 3).Les deux SociĂ©tĂ©s publiques deRadio et TĂ©lĂ©vision ont une responsabilitĂ© civile directe avec les opĂ©rateurs privĂ©s de radio et tĂ©lĂ©vision.

En s’inspirant de la nouvelle directive europĂ©enne « TĂ©lĂ©vision sans frontiĂšres », leParlement a apportĂ© certaines modifications Ă  la Loi des SociĂ©tĂ©s Roumaines de Radio et deTĂ©lĂ©vision, en stipulant l’obligation des quotas de programmes europĂ©ens et autochtones (lamajoritĂ© du temps d’ antenne doit ĂȘtre occupĂ©e par des productions europĂ©ennes, dont 35%doivent ĂȘtre reprĂ©sentĂ©s par la production culturelle).

Evolutions quantitatives dans le secteur de l’audiovisuel roumain entre 1995 et 1998

Jusqu’en 1992, l’audiovisuel roumain a connu un rythme de dĂ©veloppement plusaccentuĂ©, spĂ©cialement dans le secteur d’Etat- qui dominait avant cette date limite le marchĂ©interne. Ainsi, dans le cas de la tĂ©lĂ©vision publique, dĂšs 1990, Ă  Ă©tĂ© remise en fonction lachaĂźne nationale 2 (assurant une couverture territoriale de 60% par rapport aux 90% de laTVR1)1, ainsi que les quatre stations rĂ©gionales TV incluses dans le rĂ©seau national public detĂ©lĂ©vision; le nombre d’ heures d’antenne par semaine est passĂ© de 22 en 1989 Ă  plus de 200 en1992.1.Botnariu M,TVR, Scurt istoric, p .2, inedit,1993

La radio d’Etat a repris les transmissions des six stations rĂ©gionales - territoriales (Cluj,Iasi, Targu Mures, Craiova, Constanta, Timisoara) et a instituĂ© oĂč a continuĂ© l’extension decinq opĂ©rateurs spĂ©ciaux: Radio Romania Internationale, Radio Vacanta, Antena Bucurestilor,Antena Satelor, Radio Constanta Costinesti) qui fonctionnent Ă  cĂŽtĂ© de trois programmes(chaĂźnes) Ă  couverture nationale.

La SociĂ©tĂ© Roumaine de Radio(Radio Romania, la chaĂźne publique nationale de radio) comprend trois chaĂźnes:-Romania Actualitati (en FM ) consacrĂ©e Ă  l’ information et ayant l’ audience la plusimportante parmi les chaĂźnes et les stations de radio.-Romania Cultural (en FM ), qui propose essentiellement des Ă©missions culturelles-Romania Tineret (en FM stĂ©rĂ©o) diffusant des Ă©missions pour les jeunes.

Il existe Ă©galement de nombreuses chaĂźnes et stations privĂ©es de radio, les plus connues Ă©tant:-Radio 21,cree en 1995, a Bucarest -Radio Contact, crĂ©Ă© en 1990 (sociĂ©tĂ© privĂ©e roumaine - belge)-ProFM crĂ©Ă© en 1993 Ă  Bucarest-Uniplus (1994, Ă  Bucarest)-Fun Radio (station musicale crĂ©Ă©e par une sociĂ©tĂ© mixte franco - roumaine Ă  Bucarest)-Romantic (1994, Ă  Bucarest)-Radio Total (gĂ©nĂ©raliste en roumain et en anglais, en 1994, Ă  Bucarest)-Tinerama (1994, gĂ©nĂ©raliste, Ă  Bucarest)-Radio Delta (studio- Ă©cole de l’ UniversitĂ©, projet conçu par la Radio France Internationale)

Les stations locales de radio et tĂ©lĂ©vision (avec transmission terrestre ou par cĂąble) ont commencĂ© Ă  Ă©mettre avant 1992, mais le rythme de leur crĂ©ation et d’utilisation a Ă©clatĂ© dans lapĂ©riode 1993-1996 lorsque le CNA, conformĂ©ment Ă  la Loi de l’Audiovisuel, a accordĂ© plus de

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1000 licences de transmission aux opĂ©rateurs audiovisuels privĂ©s .La situation actuelle dans cedomaine peut ĂȘtre suivie plus facilement Ă  l’ aide du Tableau 1 des ANNEXES.

A cĂŽtĂ© de trois chaĂźnes nationales publiques de tĂ©lĂ©vision, aprĂšs 1993 ont commencĂ© Ă fonctionner successivement cinq chaĂźnes privĂ©es de tĂ©lĂ©vision Ă  vocation nationale: ANTENA1(1993), Tele 7ABC (1994), ProTV (1996),PRIMA TV(1997),ACASA TV (1997).On peut citer aussi des chaĂźnes de tĂ©lĂ©vision ayant un statut particulier: TV SOTI, crĂ©Ă© en 1990 commeun studio indĂ©pendant (Ă©quipĂ© par les AmĂ©ricains) et organisĂ© en tant qu’ association sans but lucratif. Cette chaĂźne a Ă©mis pendant trois ans (1990-1994) quotidiennement, Ă  partir de 23h et tous les samedis et dimanches sur les frĂ©quences de la chaĂźne publique TVR 2 et ensuite sur lecanal 57 qu’ elle partage avec ANTENA 1.L’ autre chaĂźne qui a marquĂ© le commencement dela dĂ©monopolisation de la tĂ©lĂ©vision en Roumanie est RV Sigma, crĂ©Ă©e en 1991, comme unechaĂźne biculturelle franco - roumaine. Elle fournit 22 heures de reprise qoutidienne desprogrammes TV5 Europe et trois heures de programmes propres en langue roumaine.

TVR a Ă©tĂ© aussi la premiĂšre chaĂźne publique d’un pays de l’Europe de l’ Est qui, suite Ă un accord avec Euronews, est entrĂ©e dans le rĂ©seau europĂ©en d’ information.

En ce qui concerne la rĂ©partition effective du point de vue gĂ©ographique des stations deradio et de tĂ©lĂ©vision on peut noter l’existence de deux types d’ Ă©volution distincte Ă  travers letemps, en fonction de la nature du support de transmission utilise: ondes hertziennes (la radio -tĂ©lĂ©vision terrestre) et la diffusion par cĂąble.

A partir du nombre d’ opĂ©rateurs audiovisuels qui fonctionnaient au dĂ©but de l’annĂ©e1996 on a pu distinguer quatre niveaux de concentration des mĂ©dias audiovisuels privĂ©s-exceptĂ© la ville de Bucarest qui constitue un cas Ă  part (un maximum de ce point de vue, avec58 opĂ©rateurs Ă  la date en question).

I* Le premier niveau - celui de la concentration audiovisuelle maximale, inclut: Constanta-22 opĂ©rateurs; Iasi-20; Timisoara 16;II* Le niveau moyen comprend les dĂ©partements de Brasov -12 opĂ©rateurs radio - tv; Sibiu-11; Prahova-11; Cluj-10;III* Le troisiĂšme niveau couvre deux rĂ©gions distinctes:IIIa. Le nord de la Valachie et le sud de la Moldavie: les dĂ©partements de Buzau-8 stationsprivĂ©es; Braila-9; Galati-9; Vrancea-7;IIIb. L’ est de l’ OltĂ©nie et l’ouest de la Valachie: Dolj-9; Valcea-6; Arges-8IV*. Le niveau des anomalies - des dĂ©partements qui ont au maximum 2 opĂ©rateurs privĂ©slocaux de radio et de tĂ©lĂ©vision -Giurgiu-2; Teleorman-0; Olt-2; Caras-Severin-1;BistritaNasaud-2.

Deux ans aprĂšs - au dĂ©but de l’annĂ©e 1998 - la carte de l’audiovisuel roumain a connu une sĂ©rie de regroupements. La ville de Bucarest est restĂ©e un cas Ă  part- le maximum de laconcentration audio - visuelle, avec 88 opĂ©rateurs en Ă©tat de fonctionnement. En mĂȘme temps,de nouveaux centres sont apparus Ă  l’ intĂ©rieur du schĂ©ma antĂ©rieur:

I* Le premier niveau - de la concentration audiovisuelle maximale, inclut cette fois Constanta-25 opĂ©rateurs; Brasov-24;II* Le niveau moyen comprend d’autres dĂ©partements: Vilcea- 12 stations radio-tĂ©lĂ©visionprivĂ©es; Cluj-17; Timisoara -16;III* Le troisiĂšme niveau inclut les dĂ©partements relativement dispersĂ©s dans l’ espace: Iasi-15opĂ©rateurs audiovisuels privĂ©s; Prahova-14; Braila-14; Galati-14

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IV* Le niveau des anomalies - les dĂ©partements qui avaient en 1996 un nombre minimumd’opĂ©rateurs privĂ©s locaux de radio et de tĂ©lĂ©vision sont restĂ©s les mĂȘmes au cours de ces deux annĂ©es: Bistrita Nasaud-3; Teleorman-2; Olt-2; Caras Severin-2; Giurgiu-1

La télévision par cùble

En ce qui concerne l'accĂšs de la population roumaine aux rĂ©seaux cĂąblĂ©s, il convient dementionner que mĂȘme avant l'adoption de la Loi de l'Audiovisuel il y avait des localitĂ©s dĂ©jĂ raccordĂ©es au cĂąble (spĂ©cialement les grandes villes) .DĂ©jĂ  en 1994 MĂ©diamĂ©trie a Ă©valuĂ© lapĂ©nĂ©tration du cĂąble dans 36,3% des foyers Ă  Bucarest. A la fin de l'annĂ©e 1998, les donnĂ©es decertaines recherches montrent que, environ trois millions de foyers sont raccordĂ©s aux rĂ©seaux de tĂ©lĂ©vision par cĂąble , ce qui revient Ă  dire que plus de huit millions de personnes agĂ©es deplus de 18 ans ont accĂšs Ă  des programmes de tĂ©lĂ©vision par cette voie. Une informationofficielle Ă  cet Ă©gard, offerte par l'Association Professionnelle Roumaine de Communicationpar CĂąble, montre qu'en mars 1998 il y avaient 1,65 millions de foyers cĂąblĂ©s sur 212 rĂ©seaux ,qui se trouvaient dans la gestion de 56 sociĂ©tĂ©s de cĂąblo - opĂ©rateurs.

Du point de vue temporel, dans le cas de la télévision par cùble, on peut identifier deux grandes étapes de l'attribution des licences :

I. PremiÚre étape : 1994-1995 lorsque des licences ont été attribuées surtout dans lesgrandes villes;II. DeuxiÚme étape : 1996-1998 lorsque des licences ont été attribuées surtout dans lespetites villes et les communes rurales.

La situation actuelle du nombre de licences pour la transmission par cùble est présentéedans les tableaux n° 3 (situation par départements ) et 4 ( situation pour les chefs-lieux dedépartements) des ANNEXES.

Les principales chaßnes étrangÚres diffusées par cùble sont: CNN, RAI, MTV,EuroNews, TV5, MCM, RTL, RTL + ARTE, TVE, Discovery, SAT1. Les bouquets proposésvarient entre 12 et 24 chaßnes.

En Roumanie il y avait un nombre réduit d'opérateurs audiovisuels à caractÚreconfessionnel: aucune chaßne de télévision et 8 stations radio dont 7 détenus par "VoceaEvangheliei" ("La Voix de l'Evangile"), et la huitiÚme par l'Eglise métropolitaine de Moldavieet de Bucovine. les localités dans lesquelles celles-ci fonctionnent sont comprises dans letableau 3 des ANNEXES.

Les minoritĂ©s nationales, notamment la minoritĂ© hongroise (environ 7% de lapopulation de la Roumanie) et la minoritĂ© allemande ont accĂšs Ă  la TVR1 et TVR2 , quidiffusent des programmes dans les deux langues ( sur la TVR1 environ 3% sur l'ensemble desprogrammes et sur la TVR2 environ 5% des programmes).Des programmes spĂ©ciaux sont Ă©galement diffusĂ©s pour les autres minoritĂ©s ( tzigane etc.) et une nouvelle Ă©mission"Confluence" oĂč ont accĂšs toutes les minoritĂ©s Ă  tour de rĂŽle.

La situation de l'Ă©quipement audiovisuel a connu des mutations importantes aprĂšs 1989.Environ 90% des foyers sont Ă©quipĂ©s d'un poste de tĂ©lĂ©vision . Pour la seule ville de Bucarest,une enquĂȘte rĂ©alisĂ©e en juin 1994 a rĂ©vĂ©lĂ© un taux d'Ă©quipement de 97,2% des foyers, avec prĂšsde 70% de postes en couleurs (Bulletin LA LETTRE du CSA, Paris, n° 66,1995).ConformĂ©ment au rapport "Aspects concernant la qualitĂ© de vie de la population en1997", Ă©ditĂ© par la Commission Nationale pour la Statistique en 1998, 78% de l'ensemble des

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postes de télévision couleur et 64% de l'ensemble des appareils vidéos qui existaient dans lesfoyers avaient été achetés dans les huit derniÚres années. L'évolution de l'équipement en postesde télévision ( noir et blanc ou couleur) et en appareils vidéos pour la population est présentéedans le tableau suivant:

Tableau 2. - La structure de l'équipement de la population en téléviseurs et appareils vidéoselon l'année de l'acquisition, par milieux de résidence (%)

Pendant la période 1981 - 1990 AprÚs 1990

Téléviseurnoir et blanc Urbain (%)

47,8Rural (%)49,8

Urbain (%)13,0

Rural(%)16,1

Téléviseurcouleur

22,2 18,1 76,9 80,9

Appareilvidéo

35,8 27,4 62,5 70,5

(Source : La Commission nationale pour la statistique, "Aspects concernant la qualité de vie dela population en 1997" - Bucarest, 1998, p.44)

Les données fournies par les « baromÚtres » des derniÚres années indiquent unedynamique significative des équipements de réception de la télévision en Roumanie.

Tableau 3 - Equipement de réception

Mars ’95ICCV

Juin ’95CURS

Mars’97METROMEDIA

Antenne traditionnelle 57 54 47Antenne satellite 35 38 5Réseaux cùblés 38Ne possÚdent pas detéléviseur

8 8 10

(Source: Metro Media Transilvania, Cluj-Napoca, 1997)

Pendant la période 1990-1994, il y a eu une croissance importante de l'équipement desfoyers en postes de radio et de télévision - conformément aux données des tableaux n° 4 et 5 .

Tableau 4 - Equipement de la population en postes de radio et de télévision dans lesannées 1990-1994 (en unités par mille habitants)

1990 1991 1992 1993 1994Postes deradio

286,3 298,9 302,9 304,9 304,3

Postes detélévision

190,9 195,9 200,4 201,6 201,8

(Source: La Commission Nationale pour la Statistique - Statistique Sociale - Recueil dedonnées" Bucarest, 1995, p. 53)

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Tableau 5 - Evolution de l'équipement de la population en postes de radio et de télévision(l'année 1990 est prise comme point de repÚre - 100%)

1990 1991 1992 1993 1994Postes deradio

100 104,3 105,7 106,1 106 ,3

Postes detélévision

100 102,6 105,0 105,6 105,7

(Source - La Commission Nationale pour la Statistique - "Statistique Sociale - Recueil dedonnées", Bucarest, 1995, p.53

En ce qui concerne l'équipement de la population en appareils audiovisuels selon lecritÚre des catégories de foyers - identifiées en fonction de l'occupation du chef de la famille -et celui du milieu de résidence - rural ou urbain - on peut affirmer que le plus grand nombre detéléviseurs en couleurs apparaßt dans les foyers de patrons d'entreprise dans le milieu urbain.Les retraités ainsi que les paysans - indépendamment du milieu de résidence - représentent lescatégories de population les moins équipées en matériel audiovisuel. La situation complÚte del'équipement des foyers en Roumanie selon les critÚres énumérés ci-dessus est présentée dansles tableaux suivants:

Tableau 6- L'équipement des foyers en appareils radio et de télévision par catégories de foyerset milieu de résidence - Total au niveau du pays:

Foyers deAnnée Totalfoyers Salariés Patrons Agricul

teursindépendants

Paysans ChĂŽ-meurs

Retaités

Télévi-seur noiret blanc

19961997

51,646,1

45,636,9

18,319,2

43,841,3

56 ,653,6

56,748,1

56,552,7

Télévi-seurscouleurs

19961997

37,942,5

6O,567,3

102,597,5

44,944,2

12,615, 3

30,836,9

23,227,6

Radios 19961997

64,758,1

72,465,3

83,772,2

61,854,9

53,749,3

59,449,7

60,954,9

Appa-reilsvidéos

19961997

5,74,9

10,69,5

36,629,8

11,66,6

1,31,1

5,43,2

1,81,6

Source : La Commission Nationale pour la Statistique - "Aspects concernant la qualitéde vie de la population en 1997"- Bucarest, 1998, p. 121

Tableau 7A - Equipement des foyers en postes de radio et de télévision par catégories de foyerset milieux de résidence - Milieu urbain

FoyersAnnée TotalFoyers Salariés Patrons Agricul-

teursindépen-dants

Paysans ChĂŽ-meurs

Retraités

Télévi 1996 44,8 38,1 15,2 40,4 52,9 53,3 54,2

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82

seurs noiret blanc

1997 36,9 29,2 14,8 31,0 43,4 41,7 48,0

Télév-seurscouleurs

19961997

58,264,0

71,878,4

107,0102,0

60,862,5

22,932,4

40,349,0

40,046,7

Radios 19961997

70,162,5

76,168 ,2

84,875,2

68,856,6

51,057,9

60,150,5

56,53,6

AppareilsVidéo

19961997

9,98,3

13,611,9

38,032,2

18,211,8

2,01,4

7,74,9

3,63,0

(Source : La Commission Nationale pour la Statistique - "Aspects concernant la qualité de lavie de la population en 1997 "- Bucarest, 1998, p.123)

Tableau 7B -Equipement des foyers en postes de radio et de télévision par catégories de foyerset milieux de résidence - Milieu rural)

FoyersAnnée TotalFoyers Salariés Patrons Agricul-

teursindépen-dants

Paysans ChĂŽmeurs

Retraités

Télévi-seurs noiret blanc

19961997

58,054,5

60,653,4

29,532,7

46,750,4

56,854,2

61,756,6

57,955,8

Télév-seurscouleurs

19961997

19,422,5

37,644,0

86,483,7

31,328,1

12,014,4

17,021,0

12,915,4

Radios 19961997

59,753,9

64,959,2

79,563,3

55,753,3

53,948,8

58,248,6

59,553,9

AppareilsVidéo

19961997

2,01,7

4,54,4

31,822,4

5,82,0

1,21,1

2,01,0

0,70,7

(Source: La Commission Nationale pour la Statistique - "Aspects concernant la qualité de lavie de la population en 1997 " - Bucarest, 1998, p.123)

Un autre phĂ©nomĂšne relativement nouveau, apparu aprĂšs 1990, a Ă©tĂ© l'achat parcertaines catĂ©gories de la population d'installations indĂ©pendantes pour la rĂ©ception parsatellite(antennes paraboliques).A la diffĂ©rence des autres types de rĂ©ception audiovisuelles,l'Ă©quipement en antennes paraboliques de la population a Ă©tĂ© plus difficilement quantifiable du point de vue statistique. En l'absence de donnĂ©es officielles concernant le nombre de tellesinstallations en Roumanie, on peut fournir des donnĂ©es relevĂ©es par les enquĂȘtes rĂ©alisĂ©es dansle cadre de l'Institut de Sociologie dans les annĂ©es 1990-1997.

Selon ces données, 5% de la population de la Roumanie (investigation effectuée à partird'un échantillon représentatif au niveau national, de 1263 personnes) déclaraient posséder chez eux une antenne parabolique. La plupart de ceux qui détiennent de telles antennes était enregistrée dans les départements de Harghita et de Covasna (environ 13% de la populationdéclaraient avoir des installations de réception par satellite), suivies par les départements deBanat, Timis et Caras-Severin - environ 11,5 %. La fréquence la plus réduite a été enregistréedans les départements de Moldavie - avec entre 0% (Botosani, Vaslui) et 1,5% ( Iasi, Galati ).

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83

ConformĂ©ment aux recherches mentionnĂ©es ci - dessus, le pourcentage de la populationĂ©tudiĂ©e qui Ă©tait connectĂ©e aux rĂ©seaux de tĂ©lĂ©vision par cĂąble Ă©tait de 33,2% au niveau national. Du point de vue gĂ©ographique, la rĂ©gion ou se trouve le plus grand pourcentage de lapopulation raccordĂ©e au cĂąble se trouve Ă©galement dans les dĂ©partements de Harghita et deCovasna, suivis par la ville de Bucarest. Tout comme dans le cas de l’équipement eninstallations indĂ©pendantes de rĂ©ception par satellite, de ce point de vue Ă©galement lapopulation des dĂ©partements de Botosani et de Vaslui enregistre le degrĂ© le plus bas pour lesabonnĂ©s au cĂąble.(15,1%)

Analyse de la structure des « grilles » de programmes diffusĂ©s par les principales chaĂźnes de tĂ©lĂ©vision Ă  diffusion nationale en Roumanie – 1995 – 1998

La multiplication des sources audiovisuelles a imposĂ©, en Roumanie Ă©galement , aprĂšs1990, la diversification des stratĂ©gies de communication – la rĂ©dĂ©finition continuelle desprogrammes et des Ă©missions tĂ©lĂ©visuelles. Dans le but de l’adĂ©quation de l’offre Ă  la demandedu marchĂ© ont Ă©tĂ© proposĂ©es des « grilles de programmation » - leur Ă©volution Ă©tant variable enfonction de pĂ©riodes spĂ©cifiques de l’évolution des chaĂźnes de tĂ©lĂ©vision publiques ou privĂ©es.Ainsi, entre 1990 et 1994 (lorsque le marchĂ© communicationnel Ă©tait encore dominĂ© par latĂ©lĂ©vision publique ) il y a eu la prĂ©Ă©minence d’un modĂšle tĂ©lĂ©visuel « paternaliste »caractĂ©risĂ© par une distribution relativement Ă©quilibrĂ©e de la grille de programmes entre lestrois grandes missions d’une chaĂźne publique : a) informer ; b) Ă©duquer ; c) divertir. LedĂ©veloppement du secteur privĂ© de tĂ©lĂ©vision – aprĂšs 1994 – a Ă©tĂ© marquĂ© du point de vue de lapolitique Ă©ditoriale par le « glissement » progressif vers des grilles et des programmes de type« nĂ©otĂ©lĂ©vision ».

Dans le cas de la Roumanie aussi, la distinction classique entre les « chaĂźnesgĂ©nĂ©ralistes » et les « chaĂźnes thĂ©matiques » ou entre les « chaĂźnes publiques » et les « chaĂźnescommerciales » a eu tendance Ă  se dessiner dĂšs le dĂ©but de l’annĂ©e 1995.Par dĂ©finition, cette« disjonction » se rĂ©alise entre les chaĂźnes de tĂ©lĂ©vision en fonction de la structure de la« grille » de programmes de chaque chaĂźne. Ainsi, la premiĂšre catĂ©gorie, reprĂ©sentĂ©eprincipalement par les services publics, dispose d’une grille de programmes diversifiĂ©e, pour legrand public, segmentĂ©e intĂ©rieurement, tandis que la deuxiĂšme catĂ©gorie comprendparticuliĂšrement les chaĂźnes privĂ©es de tĂ©lĂ©vision qui visent « thĂ©matiquement » un certainsegment de public, ayant des attentes bien dĂ©finies. A la diffĂ©rence des chaĂźnes publiques, leschaĂźnes privĂ©es sont plus nombreuses en Roumanie – comme dans la majoritĂ© des payseuropĂ©ens, d’ailleurs. Lors de leur apparition, ces chaĂźnes ont offert surtout une grille deprogrammes thĂ©matiques – par exemple la chaĂźne de tĂ©lĂ©vision Antena 1 – dont la spĂ©cialitĂ©Ă©tait la diffusion de films – et la chaĂźne ProTV (avant le Canal 31) – spĂ©cialisĂ©e en Ă©missionsde sport. Au fur et Ă  mesure, ces chaĂźnes ont restructurĂ© leur grille de programme pour arriverau bout de quatre ans Ă  se conformer de plus en plus Ă  un modĂšle « gĂ©nĂ©raliste » , spĂ©cifiqueaux chaĂźnes publiques, mais avec des programmes puissamment commerciaux. ParallĂšlement,Ă©tant donnĂ© la concurrence sur un marchĂ© interne relativement limitĂ©, les services publics ont commencĂ© Ă©galement Ă  diffuser un nombre de plus en plus Ă©levĂ© d’émissions dedivertissement, des films ou des sĂ©ries, en approchant ainsi leur grille de programmes de celledes chaĂźnes commerciales.

Ces remarques Ă  caractĂšre gĂ©nĂ©ral peuvent trouver un appui rĂ©el dans l’analyse concrĂštede la structure des programmes diffusĂ©s par les chaĂźnes principales de tĂ©lĂ©vision en Roumanieau cours des derniĂšres annĂ©es. Pour ce faire, on a pris pour point de dĂ©part les chaĂźnes TVR1 et TVR2 (les services publics en Roumanie) et en plus les chaĂźnes privĂ©es qui disposent d’unecouverture nationale (par satellite) : Antena 1, Pro TV, Prima TV et Acasa TV. L’analyseultĂ©rieure a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©e suivant deux dimensions principales : (1) le rĂ©alisateur (« la source

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84

initiale ») de programmes et (2) les types de programmes diffusĂ©s. On a analysĂ© la structure desprogrammes offerts par ces chaĂźnes Ă  partir de 1995 jusqu’à prĂ©sent – en prenant enconsidĂ©ration deux semaines – l’une au mois de mars et l’autre au mois de novembre – commeintervalle analysĂ©. Pour chaque journĂ©e de ces deux semaines l’on a pris en considĂ©ration letemps d’émission de 7h Ă  24h. Les donnĂ©es ont Ă©tĂ© quantifiĂ©es en fonction : 1)du nombre (lafrĂ©quence) d’apparitions d’un programme produit par une certaine « source »(tableaux 4 – 9des ANNEXES) et de la frĂ©quence d’un certain type de programme (tableaux 10 – 15 desANNEXES) pour la chaĂźne de tĂ©lĂ©vision en question ; 2) du pourcentage reprĂ©sentĂ© par lesmĂȘmes catĂ©gories sur l’ensemble du temps d’émission dans une semaine.

Du point de vue de la source initiale des programmes (qui les a rĂ©alisĂ©s), comme onpeut le voir des tableaux 4 – 9 des ANNEXES, les chaĂźnes commerciales ont fait voirl’existence de deux genres distincts de « politiques Ă©ditoriales » :

‱ les tĂ©lĂ©visions qui diffusent en proportion significative des programmes deproduction propre – comme c’est le cas des deux chaĂźnes publiques (TVR1 – plusde 55% des programmes transmis Ă©tant de production propre et TVR2 – plus de48% pour toutes les annĂ©es analysĂ©es) ;

‱ les chaĂźnes qui transmettent spĂ©cialement des « importations » - les tĂ©lĂ©visionsprivĂ©es oĂč la production propre des programmes ne dĂ©passe jamais 45%.

En mĂȘme temps, l’analyse de ces tableaux fait voir le fait que la « source » externeprincipale des programmes de tĂ©lĂ©vision reste, le long des quatre ans, les Etats – Unis – lesprogrammes produits dans ce pays touchant 63% de l’ensemble du temps d’émission pour laPRO TV au mois de novembre 1996 (tableau 6) ou 68,9 pour Antena 1 en mars 1995 (tableau 9). Une exception est constituĂ©e en ce sens par la chaĂźne Acasa TV oĂč le poids le plusimportant est dĂ©tenu par les sĂ©ries produites dans les pays de l’AmĂ©rique Latine – 37,6%(tableau 9). Le rĂ©sultat direct de cette Ă©volution a Ă©tĂ© l’apparition d’un dĂ©sĂ©quilibre pour ceschaĂźnes de tĂ©lĂ©vision, en dĂ©faveur des programmes produits en Roumanie. On peut illustrerceci par le fait que la PRO TV (en mars 1996, novembre 1997 et mars 1998 – tableau 6),Antena 1 (mars 1996, mars 1997 et mars 1998 – tableau 7) et la Prima TV (mars 1998 –tableau 8) n’ont diffusĂ© aucun programme produit en Roumanie.

Ont Ă©tĂ© Ă©galement analysĂ©s des programmes diffusĂ©s par les mĂȘmes chaĂźnes de tĂ©lĂ©vision,selon la typologie gĂ©nĂ©rale suivante : 1) informations ; 2) reportages et documentaires socio –économiques et politiques ; 3) « talk – shows », dĂ©bats ; 4) Ă©missions sportives ; 5)divertissement, variĂ©tĂ©s, jeux et concours ; 6) film, thĂ©Ăątre ; 7) sĂ©ries europĂ©enne ; 8) sĂ©riesamĂ©ricaines ; 9) sĂ©ries de l’AmĂ©rique Latine ; 10) sĂ©ries produites dans d’autres pays ; 11)culture, vie spirituelle, informations scientifiques.

ConformĂ©ment aux donnĂ©es des tableaux 10 – 15, les chaĂźnes de tĂ©lĂ©vision Ă  diffusionnationale peuvent ĂȘtre classĂ©es en deux grandes catĂ©gories :

1. La tĂ©lĂ©vision nationale publique semi – commerciale – les chaĂźnes TVR1 et TVR2 –qui est basĂ©e sur un mĂ©lange entre l’idĂ©ologie « paternaliste » de tout service publicmais qui tend Ă  utiliser plutĂŽt un modĂšle commercial Ă  la place de celuiuniversaliste – gĂ©nĂ©raliste pour ses programmes. Un argument dans ce sens est reprĂ©sentĂ© par la rĂ©duction du poids des Ă©missions de type culturel (scientifiques, dela vie spirituelle) dans la grille des chaĂźnes TVR1 et TVR2 dans la pĂ©riode entre1995 et 1996 – la culture finissant par tenir seulement 10% de l’ensemble du tempsd’antenne pour la chaĂźne TVR1 en mars 1998 par rapport Ă  17,3% en mars 1996 (tableau 10). ParallĂšlement, ces chaĂźnes ont diffusĂ© un nombre de plus en plus

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85

important de films ( 7,7% - mars 1998 pour la TVR1 par rapport Ă  4,6 % ennovembre 1996 – tableau 10.) et de sĂ©ries, respectivement , pour la TVR2 lestĂ©lĂ©films ont atteint 10% pour les productions des Etats – Unis en mars 1998 et 10%de sĂ©ries de l’AmĂ©rique Latine pour la mĂȘme semaine de l’annĂ©e (tableau 11).

2. ChaĂźnes terrestres privĂ©es commerciales basĂ©es sur l’idĂ©ologie de consommation ; PRO TV, Antena 1, Prima TV et Acasa TV – oĂč l’on constate la prĂ©Ă©minence de ladiffusion de sĂ©ries de science – fiction, tĂ©lĂ©films et sĂ©ries (pour la PRO TV ceux –ci constituent 62% de l’ensemble du temps d’émission en novembre 1997 – tableau 12 et pour la chaĂźne Acasa TV, 68% - en mars 198 – tableau 15), des informations,divertissement et talk – shows. Pour les mĂȘmes chaĂźnes de tĂ©lĂ©vision on constate lefaible poids dĂ©tenu par les Ă©missions Ă  caractĂšre social – Ă©conomique et politiqueet/ou par les Ă©missions culturelles – par exemple, en novembre 1996, la PRO TVn’a transmis aucune Ă©mission Ă  caractĂšre culturel – (tableau 12) et la chaĂźne PrimaTV aucun reportage ou Ă©mission socio-politique en mars 1998 (tableau 14).

En gĂ©nĂ©ral on peut conclure que, pendant la pĂ©riode 1995 – 1998, on distingue deux types de tĂ©lĂ©vision – qui correspondent en lignes gĂ©nĂ©rales Ă  celles qui existent actuellement en Europe :

A. Une tĂ©lĂ©vision « de programmes » - le cas des services publics de tĂ©lĂ©vision – oĂč les programmes se sont encadrĂ©s dans des genres bien dĂ©finis et il y a eu tout demĂȘme une certaine « rĂ©partition » Ă©quilibrĂ©e dans le « budget » gĂ©nĂ©ral au cours desquatre ans. Un argument dans ce sens est reprĂ©sentĂ© par le minimum de 10% del’ensemble du temps d â€˜Ă©mission de ces chaĂźnes dĂ©diĂ© en permanence aux Ă©missions culturelles.

B. La nĂ©otĂ©lĂ©vision (Ă  son dĂ©but) – oĂč l’on enregistre un mĂ©lange des genres et l’accentuation de l’interaction avec le public – rĂ©cepteur – les chaĂźnes privĂ©es detĂ©lĂ©vision analysĂ©es ci – dessus. L’offensive du modĂšle de consommationinaugurĂ©e par la chaĂźne privĂ©e PRO TV Ă  la fin de l’annĂ©e 1995 continue jusqu’àprĂ©sent. Le type de politique Ă©ditoriale promue par la nouvelle chaĂźne de tĂ©lĂ©visiona changĂ© d’une maniĂšre significative la comprĂ©hension de la relation entrel’audiovisuel roumain et son audience. L’utilisation extrĂȘmement efficace deshoraires d’audience maximale pour une meilleure publicitĂ© a imposĂ© une stratĂ©gienettement commerciale qui soutient cette chaĂźne de tĂ©lĂ©vision, stratĂ©gie oĂč le publicdevient un autre type de « produit » auquel on peut Ă©galement faire la publicitĂ©.

L’audience des mĂ©dias audiovisuels en Roumanie aprĂšs 1989

Cette section est basĂ©e sur les rĂ©sultats des enquĂȘtes effectuĂ©es dans le cadre del’Institut de Sociologie de l’AcadĂ©mie Roumaine entre 1993 et 1997 , tout comme sur dessondages effectuĂ©s par d’autres instituts et groupes de recherche ; notamment IMAS, CURS et ICCV (dont les « baromĂštres » financĂ©s par la Fondation Roumaine pour une SociĂ©tĂ© Ouverte,Soros).

A commencer par la « tĂ©lĂ©rĂ©volution » de dĂ©cembre 1989, l’audience des chaĂźnesnationales de radio et de tĂ©lĂ©vision (libĂ©rĂ©es) augmente de maniĂšre explosive, ce Ă  quoicorrespond une baisse de l’audience des chaĂźnes Ă©trangĂšres.

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Tableau 1. – Audience cumulĂ©e (avril 1990)

ChaĂźne TV Total(%)

Bucarest(%)

Molda-vie(%)

ValachieDobrou-dgia(%)

Olténie(%)

Banat (%) Transyl-vanie (%)

1.TVR1 82,5 89,0 89,7 77,5 75,3 87,7 81,42.TVR2 2,9 10,2 2,2 1,5 2,2 4,4 1,83.TV Ă©tran-gĂšres

7,2 4,1 7,6 13,3 18,1 9,6

4.Neregardent pasla télé

15,8 9,5 10,3 22,5 22,0 12,0 14,6

(Source : sondage conduit par la SOFRES – Paris , en collaboration avec l’Institut deSociologie de l’AcadĂ©mie Roumaine et le DĂ©partement de Sociologie de l’UniversitĂ© deBucarest)

L’audience cumulĂ©e par chaĂźnes et studios de tĂ©lĂ©vision publiques et privĂ©es (les pourcentagesde ceux qui ont regardĂ© les programmes au moins une fois par semaine pendant la pĂ©riodeĂ©tudiĂ©e).

Mars95ICCV(%)

Juin 95CURS(%)

Sept.95ICCVCURS(%)

DĂ©c.’95CURS(%)

Mars96ICCV(%)

Juillet’96CURS(%)

Octobre ’96CURS(%)

Mars 97Metromedia (%)

TVR1Publique

88 85 83 87 84 75 74 73

TVR2Publique

32 33 26 36 28 26 24 20

AutreProgrammeEtranger

28 30 28 26 25 19 16 -

La tĂ©lĂ©vision d’unpays voisin

11 11 9 8 12 9 7 -

ChaßnePrivée

19 25 22 28 41 43 48 -

StudioPublicrégional

10 12 9 10 12 9 6 -

Source : Metro Media Transilvania, 1997, Cluj – Napoca

Au niveau national, l’audience totale des chaĂźnes privĂ©es dĂ©passe dĂ©jĂ  l’audience de latĂ©lĂ©vision publique.

Pour l’évolution de l’audience moyenne par quart d’heure des principales chaĂźnes detĂ©lĂ©vision, entre mai 1997 et mai 1998, voir le graphique 1 des Annexes.

En ce qui concerne l’audience moyenne des chaĂźnes publiques et privĂ©es, quelquesconstatations s’imposent :

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- la domination du marchĂ© audiovisuel par la tĂ©lĂ©vision publique (surtout par sa premiĂšrechaĂźne, TVR1) s’est affaiblie pendant ces derniĂšres annĂ©es sous certains aspectsparticuliers : dĂ©jĂ  la chaĂźne privĂ©e PRO TV dĂ©passe la tĂ©lĂ©vision publique du point de vuede l’indicateur « audience moyenne » (par quart d’heure) dans les zones urbaines ; mĂȘmel’autre chaĂźne privĂ©e, Antena 1, a parfois, dans le milieu urbain, des taux d’audiencemoyenne (par quart d’heure) supĂ©rieurs Ă  ceux de la tĂ©lĂ©vision publique. Donc, la TVR nedomine que partiellement le marchĂ© de l’audiovisuel au niveau national. La TVR1 restetoutefois la principale source d’information au niveau national.Si l’on compare les chaĂźnes selon la hiĂ©rarchie des audiences moyennes des divers typesd’émissions, on peut constater des diffĂ©rences et aussi des rapprochements entre les chaĂźnespubliques et privĂ©es selon les genres prĂ©fĂ©rĂ©s :

TVR1- les informations- le sport- les talk – shows- les tĂ©lĂ©films et les sĂ©ries- les films

TVR2- les téléfilms et les séries- le divertissement- les informations- le sport

PRO TV- les informations- les sĂ©ries- les jeux – les concours- les films

Antena 1- les tĂ©lĂ©films, les sĂ©ries- les informations- les talk – shows- les concours

(Source, Monica Botnaru, chef de l’Office de sondage de la TVR, « L’audience de la TVpublique : quelques constatations », communication au V-e Colloque franco – roumain surla tĂ©lĂ©vision et la culture, juillet, 1998)

Ces donnĂ©es confirment le paradoxe d’une relative homogĂ©nĂ©isation des programmes et des publics par la « diffĂ©renciation » , plus prĂ©cisĂ©ment par la multiplication des chaĂźnes.

Au cours des trois ans (1993 – 1996) la durĂ©e moyenne d’écoute quotidienne deschaĂźnes nationales publiques a baissĂ© de 10% au moins. L’enquĂȘte rĂ©alisĂ©e en aoĂ»t 1996 parl’Institut de Sociologie de l’AcadĂ©mie Roumaine , tout comme d’autres enquĂȘtes, font ressortirune certaine « Ă©rosion » du public des services publics de radio et de tĂ©lĂ©vision.

Plusieurs changements expliquent cette diminution de la consommation mĂ©diatique :l’explosion des prix, la sortie de la pĂ©riode de soumission magique aux mĂ©dias(particuliĂšrement Ă  la tĂ©lĂ©vision) commencĂ©e avec la « tĂ©lĂ©rĂ©volution » de dĂ©cembre 1989,

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ainsi que le passage d’un espace public dominĂ© par « la logique cathodique » Ă  une pĂ©riodecaractĂ©risĂ©e par une consommation sĂ©lective des mĂ©dias « accompagnĂ©e de la fidĂ©lisation despublics et des supports ». (Daniela Roventa - Frumusani23) et par un dĂ©clin progressif de lacrĂ©dibilitĂ© publique des mĂ©dias.

Tableau 7 – L’audience des chaĂźnes nationales de radio et de tĂ©lĂ©vision en 1996 par zonesgĂ©ographiques

TVR1 RadioBucarest

Touslesjours(%)

Toutesles

semaines(%)

Mensuellement(%)

NR(%) Tous lesjours(%)

Toutesles

semaines(%)

Mensuellement(%)

NR(%)

Moldavieet Dobrou-dgia

43,93 30,30 6,06 19,69 22,72 34,84 15,5 27,27

Valachieet Olténie

43,42 26,31 11,84 21,21 36,84 23,68 13,15 26,31

Banat,Crisana,Maramu-res

14,86 34,88 18,60 4,65 30,23 23,55 13,95 32,55

Transylva-nie

40,32 25,80 9,67 24,19 30,64 29,03 22,58 17,74

Bucarest 60 13,33 10 16,66 33,33 26,66 20 20(Source : EnquĂȘte de l’Institut de Sociologie – AcadĂ©mie Roumaine – septembre 1996)

L’audience la plus « stable », aussi bien pour la radio que pour la tĂ©lĂ©vision, est celle deBucarest – oĂč il y a la plus grande « concentration » d’opĂ©rateurs privĂ©s (une baisse de 7,69dans l’audience quotidienne de la TVR1 et de seulement 2,6 dans l’écoute quotidienne de laradio centrale). La « consommation » de messages diffusĂ©s par la radio Bucarest a baissĂ© leplus en Transylvanie – une « perte » de 31,18% de l’audience de l’annĂ©e 1993 pour le niveau de l’annĂ©e 1996 – tandis qu’en Valachie il y avait un public relativement constant. Cestendances se maintiennent Ă©galement pour les audiences rĂ©gionales quotidiennes du programme 1 de la TVR – une baisse critique en Transylvanie (de 20,48%) au cours de troisans, une baisse accentuĂ©e en Valachie (moins 14,o2% en 1996 vs.1993) mais une Ă©volutionmodĂ©rĂ©e de ce point de vue en Moldavie et en Dobroudgia ( une rĂ©duction de seulement 5,61%pendant les trois ans).

L’audience pour la gamme complĂšte d’offres audiovisuelles est prĂ©sentĂ©e dans letableau 18 des ANNEXES.

1. Parmi les chaĂźnes nationales privĂ©es de tĂ©lĂ©vision, PRO TV est celle qui en trois ansseulement depuis sa crĂ©ation a gagnĂ© la plus grande audience quotidienne Ă©tudiĂ©e(Bucarest – 66,66% ; Moldavie et Dobroudgia – 22,72% ; Valachie et OltĂ©nie –21,o5% ; Banat, Crisana, Maramures – 34,88% ; Transylvanie – 29,03%). L’audience

23 2.Daniela Roventa – Frumusani, SĂ©miotique et mĂ©dias, Le cas de la Roumanie, dans « La communication du politique , Regards croisĂ©s Est – Ouest, sous la direction de Ioan Dragan, Paris, L’Harmattan, 1998

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maximale des chaĂźnes privĂ©es de tĂ©lĂ©vision se trouve Ă  Bucarest (audiencequotidienne : PRO TV – 66,66% ; Antena 1 – 56,66% ; Tele 7 ABC – 40%) et dans lesrĂ©gions de Banat, de Crisana et de Maramures ( PRO TV – 34,88% ; Antena 1 –23,25% ; Tele 7 ABC – 16,27%). Les rĂ©gions d’audience quotidienne minimale pourles chaĂźnes citĂ©es sont : la Moldavie et la Dobroudgia (PRO TV – 22,27% ; Antena 1 –7,57% ; Tele 7 ABC – 4,54%) et la Valachie et l’OltĂ©nie (PRO TV – 21,05% ; Antena1 – 33,33% ; Tele 7 ABC – 7,67%).

2. Pour les stations locales privĂ©es de tĂ©lĂ©vision, l’audience quotidienne la plus Ă©levĂ©eapparaĂźt dans les rĂ©gions de Banat, Crisana et Maramures, (18,60%) tandis que dansle reste des rĂ©gions l’audience de ces stations est rĂ©duite (Moldavie et Dobroudgia –7,5% ; Valachie – et OltĂ©nie – 6,49% ; Transylvanie – 8,06% ; Bucarest – 6,66%).

3. La situation de l’audience quotidienne reste relativement constante aussi dans le casdes stations privĂ©es de radio dans les rĂ©gions du sud et de l’est du pays (Moldavie et Dobroudgia – 7,57% ; Valachie et OltĂ©nie – 7,79%). Pour les rĂ©gions de l’ouest on aenregistrĂ© une croissance de la consommation mĂ©diatique quotidienne ; dans le cas desstations privĂ©es locales de radio (Banat, Crisana, Maramures – 18,60% ; Transylvanie– 20,96%).Le niveau maximum rĂ©apparaĂźt pour la ville de Bucarest – 26,66%).

On peut ainsi mettre en Ă©vidence une diffĂ©renciation rĂ©gionale de l’audience des mĂ©diasroumains :

a) En Moldavie et en Dobroudgia il y a eu, au cours de ces trois ans, un publicrelativement constant pour les services publiques de radio et de tĂ©lĂ©vision et il n'y apas eu d'audience relativement Ă©levĂ©e dans le cas des stations locales privĂ©es. Surune carte de l'audience de l'audiovisuel en Roumanie on pourrait dĂ©signer la rĂ©gionen question comme un public fidĂšle de la radio et de la tĂ©lĂ©vision d’Etat (parconsĂ©quent, peu attirĂ© par les nouvelles stations dans le domaine). ;

b) L’audience dans les rĂ©gions du sud – la Valachie et l’OltĂ©nie – s’est rĂ©duite aussibien pour les chaĂźnes et les stations publiques que pour celles privĂ©es. On peut considĂ©rer que ces rĂ©gions reprĂ©sentent un public « minimal » pour tout type destation radio ou de tĂ©lĂ©vision .

c) Les zones gĂ©ographiques de l’intĂ©rieur de la courbure des Carpates – laTransylvanie, le Banat , la Crisana et le Maramures – ont prĂ©sentĂ© une populationqui s’est exposĂ©e le plus, pendant ce temps, aux programmes des opĂ©rateurs privĂ©saudiovisuels (locaux ou centraux) et a manifestĂ© la consommation quotidienne laplus rĂ©duite des programmes offerts par les services publics de radio et detĂ©lĂ©vision. Dans ce cas, il peut ĂȘtre question d’une audience maximale pour lesecteur privĂ© et d’une audience minimale pour les stations publiques de radio et detĂ©lĂ©vision.

d) La ville de Bucarest se trouvait dans une situation spĂ©ciale, constituant une« anomalie » de ce point de vue. Ici l’on a enregistrĂ© des niveaux Ă©levĂ©sd’exposition aux mĂ©dias de n’importe quel type – une super – consommation deradio et de tĂ©lĂ©vision.

Ces rĂ©gionalisations de l’audience sont prĂ©sentĂ©es dans les cartes I et II desANNEXES. En comparant les deux parties de cette annexe on peut remarquercertains clivages. Ainsi, si dans le cas A* les rĂ©gions du sud et de l’est de laRoumanie constituaient une zone de concentration « moyenne » des opĂ©rateurs

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audiovisuels privĂ©s, en ce qui concerne l’audience de ces chaĂźnes, le niveau est « minimum » ou « moyen » ; il en rĂ©sulte un grand dĂ©calage qui apparaĂźt entrel’offre du marchĂ© et la demande des consommateurs. Dans les rĂ©gions de laTransylvanie, du Banat, Crisana, Maramures et Ă  Bucarest il y a effectivement unesuperposition entre la demande et l’offre sur le marchĂ© mĂ©diatique.

La structure de l’audience des mĂ©dias audiovisuels de Roumanie en fonction descritĂšres sociaux : sexe, Ăąge, niveau d’instruction et occupation a Ă©voluĂ© pendant cestrois annĂ©es de la façon suivante :

En 1993, la sociĂ©tĂ© roumaine Ă©tait relativement homogĂšne du point de vue de la« structure interne ». MalgrĂ© cela, l’analyse des donnĂ©es a mis en Ă©videncel’existence de certains clivages entre des sous – groupes du public :

1. Les femmes ont suivi de façon plus importantes les médias audiovisuels(54,02% - pour la Radio Bucarest et 60 ;66% pour la TVR) par rapport aux hommes (dont 50,97% ont déclaré écouter quotidiennement la radio et 59,22% pour la télévision nationale). Malgré cela, les femmes ont moins lu tous les jours la presse écrite (29,38% seulement) par rapport aux hommes(42,18%).

2. La catĂ©gorie d’ñge entre 18 et 35 ans a regardĂ© plus la tĂ©lĂ© chaque jour parcomparaison avec d’autres groupes d’ñge (63,41%), mais a effectuĂ© moins lalecture quotidienne de la presse Ă©crite (30,48% - ce qui reprĂ©sente la moitiĂ©du taux d’audience quotidienne de la tĂ©lĂ©vision). Les sujets entre 36 et 55ans (d’ñge « moyen ») ont eu une consommation constante des chaĂźnes decommunication en masse (62,78% - la Radio Bucarest et 58,13% la TVR ; 44,18% la presse roumaine). Les personnes ĂągĂ©es (au delĂ  de 56 ans) se sont plus exposĂ©es quotidiennement aux messages audiovisuels (54,32% - pour laradio et 56,79% pour la tĂ©lĂ©vision), mais ont moins lu les journaux (12,34%).

3. Le niveau d’instruction (dernier diplĂŽme obtenu) s’est constituĂ© dans unfacteur important de diffĂ©renciation entre les sous – groupes d’audience. Lessujets pourvus de diplĂŽmes de l’enseignement supĂ©rieur ont Ă©tĂ© les plusgrands consommateurs de mĂ©dia : 63,15% - la radio nationale ; 60,52% - latĂ©lĂ©vision nationale et 47,15% - la presse Ă©crite. Ceux munis d’un diplĂŽmed’études secondaires , d’un brevet de technicien ou de technicien supĂ©rieurse sont plus exposĂ©s aux messages de la TVR (64,94%) et ont lu plus depresse Ă©crite. Les sujets ayant une instruction rĂ©duite (8 classes au maximum) ont Ă©coutĂ© plus la radio – 50% - et ont lu le moins (21,59%).

4. En fonction de l’occupation l’on a pu diffĂ©rencier trois grandes catĂ©gories depublic, chacune se composant Ă  son tour de sous – groupes professionnelsspĂ©cifiques :

4.1. La catĂ©gorie de « l’audience minimale » - composĂ©e de paysans quiĂ©coutaient en proportion de 43,37% la radio Bucarest, 43,37 regardaient la TVR et seulement 24,09% lisaient la presse Ă©crite ;

4.2. Le niveau de l’audience « moyenne » - composĂ© d’ouvriers et depopulation inactive (Ă©tudiants, retraitĂ©s, femmes au foyer). Dans ce cas

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les taux d’exposition aux mĂ©dias ont Ă©tĂ© les suivants : pour la radioBucarest – 56,28%(ouvriers) et 43,93% (population inactive) ; pour latĂ©lĂ©vision roumaine – 64,67% respectivement 65,15% ; la presse Ă©criteroumaine – 37,72% (ouvriers) et 31,81% (femmes au foyer, retraitĂ©s et Ă©tudiants) ;

4.3. Un public Ă  haute consommation (maximum) de mĂ©dias – les employĂ©set les intellectuels. Ceux – ci ont Ă©coutĂ© quotidiennement la radio enproportion de 65, 71% (les intellectuels) , ont regardĂ© beaucoup latĂ©lĂ©vision centrale (62,12% et respectivement 62,85%) et ont lu tous lesjours la presse (51,42% - les intellectuels).

Partant de ces variables quantitatives, nous avons pu constituer lesregroupements sociaux suivants Ă  l’intĂ©rieur de l’audience pour l’annĂ©e 1993 :

A°. Une catĂ©gorie de public Ă  exposition minimale aux messages des mĂ©dias –dont les personnes ĂągĂ©es de plus de 56 ans, les paysans et les personnes ayant unniveau bas d’instruction (8 classes).

B°. Un groupe Ă  consommation moyenne de mĂ©dia, qui a pourtant prĂ©fĂ©rĂ© lesprogrammes de radio et de tĂ©lĂ©vision. Cette catĂ©gorie comprend les femmes, lesjeunes , les sujets Ă  un niveau moyen d’instruction , les ouvriers et la populationinactive.

C°. La catĂ©gorie de l’audience maximale – oĂč l’on a enregistrĂ© des taux Ă©levĂ©sd’audience des programmes de tĂ©lĂ©vision et de lecture de la presse Ă©crite. Icientraient les hommes, les personnes entre 36 et 55 ans, les personnes ayant effectuĂ© des Ă©tudes supĂ©rieures et des fonctionnaires ou des intellectuels.

L’enquĂȘte rĂ©alisĂ©e par l’Institut de Sociologie en septembre 1996 a montrĂ©une stabilitĂ© gĂ©nĂ©rale de la consommation de mĂ©dia au niveau de ces catĂ©goriessociales :

1. En ce qui concerne l’audience des mĂ©dias en fonction du sexe, on pouvait affirmer que les femmes regardaient plus la tĂ©lĂ©vision que les hommes. Laressemblance avec les donnĂ©es de 1993 s’arrĂȘte ici, le dĂ©veloppement du secteur audiovisuel privĂ© ayant plus attirĂ© l’audience fĂ©minine (51,4% pourla PRO TV et 53,4 pour Antena 1). Le comportement de consommationmĂ©diatique des hommes au cours de ces trois ans a Ă©tĂ© plus conservateur :58,5% parmi ceux – ci ont dĂ©clarĂ© Ă©couter tous les jours la Radio RoumanieActualitĂ©s et 52,8% regarder tous les jours la TVR1.

2. La lecture quotidienne de la presse pour les sujets au – dessous de l’ñge de30 ans n’a pas changĂ© de maniĂšre significative (14,9% pour la pressecentrale et 19,6% pour les journaux locaux). Les personnes entre 31 et 50 ans ont maintenu une consommation Ă©levĂ©e des programmes diffusĂ©s par leschaĂźnes nationales, publiques de radio et de tĂ©lĂ©vision – 37,5% Ă©coutaient tous les jours la Radio Roumanie ActualitĂ©s et 39,8% regardaient tous lesjours la TVR1.

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3. Les diplĂŽmĂ©s d’études secondaires Ă©taient plus attirĂ©s par les chaĂźnes privĂ©esde tĂ©lĂ©vision – 71,4% suivaient tous les jours la PRO TV et 75% Ă©coutaient tous les jours une chaĂźne privĂ©e de radio. Les sujets diplĂŽmĂ©s del’enseignement supĂ©rieur ont manifestĂ© pendant ces trois ans le mĂȘme typede comportement de consommation des mĂ©dias.

4. Les services publiques de radio et de tĂ©lĂ©vision ont atteint en 1996 l’audience la plus Ă©levĂ©e dans le cas des paysans – dont 45,5% Ă©coutaient tous les jours la radio nationale et 41,8% regardaient tous les jours la TVR1.Les seuls groupes socio – professionnels qui ont enregistrĂ© entre 1993 et 1996 des changements dans la consommation de messages mĂ©dia ont Ă©tĂ© :

a) les ouvriers – qui regardaient en proportion relativement Ă©gale les stationsprivĂ©es et publiques de tĂ©lĂ©vision ;

b) la population inactive – oĂč l’on a enregistrĂ© le niveau le plus Ă©levĂ© deconsommation de mĂ©dias, de n’importe quel type ;

En ce qui concerne l’appartenance de l’audience Ă  des milieux de rĂ©sidence(rural ou urbain), la situation se prĂ©sentait comme suit :

Tableau 8 – L’audience des mĂ©dias en fonction du milieu de rĂ©sidence

TYPEDE

RESIDENCE

RURAL URBAINAudience Tous les

jours(%)Toutes lessemaines(%)

Mensuellement(%)

Tous lesjours(%)

Toutes lessemaines(%)

Mensuellement(%)

RadioRoumanieActualités

24,2 34,2 15,8 35,7 22,9 17,1

Stations deradioprivées

0,3 1,7 0 ;8 24,8 14,7 7

TVR1 37,5 26,6 10,8 49,7 27,4 10,8PRO TV 2,5 1,7 0,8 51,6 16,5 2,5Antena 1 0 ,8 2,5 0,8 37,6 19,7 8Tele 7 ABC 1,7 0,8 0,8 17,8 17,8 10,1Chaßnesprivées detélévision

2,5 1,7 0 14 15,9 7

Journaux centraux

8,3 13,3 9,2 21 20,4 18,5

Journaux locaux

10 18,4 9,2 20,4 17,8 15,9

(Source : EnquĂȘte de l’Institut de Sociologie – AcadĂ©mie Roumaine – septembre 1996)

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Selon ces donnĂ©es, il est Ă©vident que la population des villes s’est plus exposĂ©equotidiennement aux mĂ©dias et les sujets du milieu rural ont plus regardĂ© hebdomadairement les chaĂźnes de tĂ©lĂ©vision. En mĂȘme temps, les sujets habitant les zones rurales ont manifestĂ©une plus grande consommation quotidienne des programmes transmis par les chaĂźnes publiquesnationales (24,2% pour avoir Ă©coutĂ© tous les jours la Radio Roumanie ActualitĂ©s et 37,5% pourla TVR1) – mais la lecture de la presse Ă©crite a atteint le niveau maximum pour la position de« toutes les semaines » ( les journaux centraux - 13,3% - et les journaux locaux – 18,4%). Leshabitants des villes ont prĂ©fĂ©rĂ© suivre tous les jours les chaĂźnes et les stations locales privĂ©es detĂ©lĂ©vision (surtout la PRO TV – 51,6%) et de radio (24,8%) mais ont regardĂ© Ă  un niveau moyen les chaĂźnes nationales (TVR1 – 49,7%). Ils ont lu tous les jours plus de presse locale(20,4%) et centrale (21%). Pourtant, les stations locales privĂ©es ont Ă©tĂ© dĂ©passĂ©es pourl’audience quotidienne par le pourcentage Ă©levĂ© obtenu par l’audiovisuel diffusĂ© par cĂąble(2,5% dans le milieu rural et 19,7% dans le milieu urbain – par rapport Ă  14% pour les chaĂźnesde tĂ©lĂ©vision locales terrestres).

Le financement de la tĂ©lĂ©vision publique est assurĂ© par : la redevance (qui reprĂ©senteenviron 58% de ses ressources) ; la publicitĂ© (qui assure environ 26% des ressources de laTVR) ; la subvention par le budget de l’Etat (environ 14%) ; le parrainage et autres servicesestimĂ©s Ă  2,5%.

Le personnel de la télévision publique compte environ 3300 personnes dont presque350 fonctionnant dans les studios régionaux. Plus de la moitié de tous les corps de métiers ont été recrutés aprÚs 1990.

Remarques finales

Aucun organisme gouvernemental n’a de responsabilitĂ© dans le domaine del’audiovisuel, qui se trouve sous le contrĂŽle lĂ©gislatif du Parlement, l’unique institution qui a ledroit d’initiative lĂ©gislative dans le domaine.C’est pourquoi la lĂ©gislation ne peut pas ĂȘtrepromue que par l’intermĂ©diaire du Parlement. Le CAN est une institution qui a des attributionsde rĂ©glementation. Aussi l’harmonisation de la lĂ©gislation roumaine avec la directive« TĂ©lĂ©vision sans frontiĂšres » dĂ©pend de la volontĂ© de ce for lĂ©gislatif. Les amendamentsconcernant l’harmonisation de la lĂ©gislation roumaine avec la directive mentionnĂ©e sont, dansce moment (octobre 1999) approuvĂ©s par les Commissions pour la Culture, Art et Mass-MĂ©diades deux Chambres du Parlement.

La libĂ©ralisation de la presse audiovisuelle, le dĂ©veloppement de la concurrence par lamultiplication des chaĂźnes privĂ©es et l’amplification de l’accĂšs aux programmes Ă©trangers (parcĂąble et par satellite) ont menĂ© Ă  certains dĂ©sĂ©quilibres dans le paysage audiovisuel roumain,plus spĂ©cialement dans le sens de la rĂ©duction accentuĂ©e de la production autochtone de fiction(tĂ©lĂ©visuelle et film), de magazines et de documentaires.

Une solution possible serait le dĂ©veloppement des « mĂ©dias communautaires » - unprojet largement discutĂ© dans les pays de l’Union EuropĂ©enne – et l’encouragement de laproduction autochtone, surtout des rĂ©alisateurs indĂ©pendants dans le domaine de la fiction et d’autres programmes, l’application du rĂ©gime des « quotas » (dĂ©jĂ  le CNA a pris certainesmesures en ce sens). Ceci impliquerait l’action du gouvernement dans les directions suivantes :

1. La dĂ©signation d’un organisme de l’autoritĂ© centrale qui rĂ©ponde du point de vuepolitique et administratif du domaine de l’audiovisuel et qui aie le droit d’nitiativelĂ©gislative.Les propositions qui ont Ă©tĂ© faites visent le ministĂšre de la Culture et leDĂ©partement des Informations Publiques .

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2. La diversification des sources de financement des mĂ©dias pour Ă©viter la dĂ©pendanced’un type unique (que ce soit l’Etat ou une sociĂ©tĂ© ou compagnie privĂ©e) – pour Ă©viterle risque « d’italiĂ©nisation » des mĂ©dias roumains ;

3. L’implication dans les activitĂ©s des mĂ©dias aussi bien pour les professionnels quepour des « volontaires » - par l’élargissement du champ d’action de ces chaĂźnes decommunication de masse ;

4. L’attraction de l’audience par l’offre d’une grille de programme adaptĂ©s Ă  l’agendasocio – culturel du pays, ce qui conduirait Ă  Ă©viter le modĂšle de consommation desmĂ©dias.

5. Une pratique souple, qui unit la régularisation à la déréglementation, en favorisant ledéveloppement des nouvelles technologies de communication ;

6. Eviter les piĂšges de la politisation et de la dĂ©pendance des mĂ©dias audiovisuels degroupes politiques ou des autoritĂ©s d’Etat ;

7.La promotion de normes d’autorĂ©gularisation pour la protection des enfants et desadolescents et la mise en place d’un dispositif de signalĂ©tique anti – violencetĂ©lĂ©visuelle.

IV. LES LIVRES ET LES BIBLIOTHEQUES

a) DU CENTRALISME VERS LA PRIVATISATION PAR LA DECENTRALISATION

Dans les pays roumains “le modĂšle Ă©ditorial” spĂ©cifique a Ă©tĂ© prĂ©figurĂ© en lignesgĂ©nĂ©rales avant l’introduction de l’imprimerie, qui s’est d’ailleurs produite de bonne heure. Lacivilisation du livre manuscrit avait deja crĂ©Ă© une structure Ă©ditoriale cohĂ©rente, sur laquelle lemĂ©tier de l’imprimerie devait se greffer, d’abord comme une nouveautĂ© d’ordre technique,pour gĂ©nĂ©rer ultĂ©rieurement des phĂ©nomenes socio-culturels plus complexes avec desimplications politiques.

L’imprimerie fit son apparition en territoire roumain au dĂ©but du XVI e siecle, lepremier livre Ă©tant publiĂ© en 1508 en slavon, la langue officielle de l’église et de la chancellerieprinciĂšre.Le premier livre en roumain paraissait Ă  Sibiu en 1544.

Jusqu’au XVIIIe siecle on n’imprimait que presque exclusivement des livres deculte.La laicisation du livre et de l’imprimerie devait encore attendre.

Au dĂ©but du XIXe siecle, des typographies laiques privĂ©es ainsi que des maisonsd’édition firent leur apparition en Moldavie et en Valachie et leur rĂŽle dans la culture roumainefut essentiel.Leur crĂ©ation fut l’oeuvre d’intellectuells Ă  un large horizon europĂ©en, qui seremarquĂšrent aussi par maintes autres initiatives culturelles

Ecrivains et autres lettrés firent imprimer au milieu du siÚcle passé des livres laicsdivers, leur activité éditoriale, non dépourvue de bien de sacrifices, constituant un volet

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95

important de l’histoire de la littĂ©rature nationale et de la diffusion, par des traductions, de lalittĂ©rature universelle.

La diversification de la production Ă©ditoriale coincidait avec l’affirmation de la pensĂ©eet de la crĂ©ativitĂ© roumaines dans les domaines scientifique, artistique et technique. L’essor del’industrie typographique se manifestait dans la multiplication des imprimeries et des maisonsd’édition, pour la plupart, privĂ©es, certaines d’entre elles Ă©tant nĂ©anmoins subventionnĂ©es parl’Etat, par l’intermĂ©diaire des fondations, comme par exemple Casa Scoalelor.

Tout Ă  fait remarquable a Ă©tĂ© au cours de cette pĂ©riode la modernisation du livreroumain par le contenu, par la qualitĂ© typographique aussi bien que par l’aspect graphique, cedernier en accord avec le style “1900” rĂ©pandu alors en Europe.

AprĂšs la premiĂšre guerre mondiale, la Roumanie connut un moment de dĂ©veloppement Ă©conomique qui se manifesta Ă©galement dans l’univers du livre, de l’édition. On vit naĂźtre denouvelles maisons d’édition - Cartea Romaneasca, crĂ©Ă©e en 1919, Cultura Nationala - en 1921,Scrisul Romanesc - en 1922, les Ă©ditions Fundatiile Regale pour la littĂ©rature et l’art - en 1933 - proposant des programmes culturels d’envergure, des sĂ©ries et des collections d’un rĂ©elprestige et marquant une Ă©tape d’éclosion des grandes valeurs de la culture roumaine.

La seconde guerre mondiale a Ă©tĂ© suivie par un radical changement du rĂ©gime politique:un nouvel Ăąge commençait pour la sociĂ©tĂ© roumaine, donc pour l’univers Ă©ditorial aussi.

Motivation de la limitation de la consommation de livre (%)

11

29

15

43

2

35

23

47

18

62

3

4

0 10 20 30 40 50 60 70

vous aviez trouvé certains livres ameme de vous intéresser

ils avaient Ă©te moins chers

vous aviez plus de loisir

vous aviez plus d'argent

vous les aviez trouvés dans unmagasin plus proche

de toute façon, je n'aurais pas achetéplus de livres

Total echantillon Ont acheté des livres au cours des derniers 3 mois

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96

L’intervalle 1944 - 1948 fut une Ă©tape de transition. Comme effet de la nationalisation, en1848, de toutes les imprimeries, maisons d’édition et librairies, l’Etat se chargeait de financeret de contrĂŽler entiĂšrement la production, l’édition et la diffusion du livre.

Un nouveau systĂšme Ă©ditorial fut constituĂ©, subordonnĂ© au ministĂšre de la Culture et Ă d’autres instances de l’Etat. Ce systĂšme comprenait plusieurs maisons d’édition Ă  caractĂšredistinct par domaines - scientifique, technique, littĂ©raire etc. Celles-ci connurent le long desannĂ©es des changements - certaines fusionnĂšrent, de nouvelles maisons furent crĂ©Ă©es - y compris la modification de leur nom. En 1969 eut lieu une ample rĂ©forme de ce systĂšme.Virent le jour les Ă©ditions Cartea Romanesca sous les auspices de l’Union des Ecrivains et lesĂ©ditions Kriterion, ces derniĂšres destinĂ©es Ă  la publication des livres dans les langues desminoritĂ©s nationales. De nouvelles maisons d’édition furent aussi crĂ©Ă©es en province: Dacia Ă Cluj et Junimea Ă  Iasi en 1969, Scrisul Romanesc Ă  Craiova et Facla Ă  Timisoara en 1972. Dela sorte, en 1989, il y avait 17 maisons d’édition constituant un systĂšme unique, coordonnĂ© parle centre Editorial du ministĂšre de la Culture; cependant, subordonnĂ©es Ă  diffĂ©rentesinstitutions, fonctionnaient et encore d’autres maisons d’édition.

On ne saurait dire que la vie Ă©ditoriale roumaine manquait de diversitĂ©. Tous lesdomaines - littĂ©rature, histoire, philosophie, beaux -arts, livres destinĂ©s aux enfants et livresdidactiques - s’y trouvaient largement reprĂ©sentĂ©s, dans des Ă©ditions accessibles, le livre rarepour bibliophiles n’y faisant pourtant pas dĂ©faut.Des maisons d’édition, des traducteurs d’unehaute tenue intellectuelle, des illustrateurs et des rĂ©dacteurs Ă  une rĂ©elle compĂ©tence y ont travaillĂ© pendant des dĂ©cennies, faisant publier des livres de bonne qualitĂ©. Il y a eu,Ă©videmment, des livres imposĂ©s par le rĂ©gime communiste - surtout dans les domainespolitique et idĂ©ologique, voire dans celui de la littĂ©rature - livres rĂ©pondant au commandementsofficiels.

La centralisation de la production Ă©ditoriale et de la diffusion du livre, aussi bien que lacensure furent les caractĂ©ristiques propres Ă  l’époque qui devait prendre fin en dĂ©cembre 1989.

Il s’ensuivit pour la sociĂ©tĂ© roumaine, tout comme pour le monde du livre et del’édition, une pĂ©riode diffĂ©rente sous tous les aspects et qu’on pourrait dĂ©finir par la recherched’une nouvelle identitĂ©.

Production et distribution

DĂšs le dĂ©but de 1990, l’univers Ă©ditorial roumain entrait dans une nouvelle Ă©tape.LarĂ©volution de dĂ©cembre 1989 ouvrit la voie du privĂ© aux maisons d’édition et aux imprimeries.Les conditions d’un dĂ©but d’économie de marchĂ© boulversĂšrent la demande et l’offre de livre,la mentalitĂ© du public aussi bien que celle de l’éditeur.

Sous aspect technique on assiste au renouveau.

L’apparition du traitement sur ordinateur ne devait pas tarder de changer l’aspect deslivres et de modifier le travail dans les maisons d’édition et dans les typographies.

La censure a Ă©tĂ© supprimĂ©e, ce qui a conduit non seulement Ă  la libĂ©ration del’expression artistique et intellectuelle, mais aussi Ă  une vĂ©ritable invasion de la pornographieet du dĂ©risoire sur le marchĂ© du livre.La demande d’un public qui auparavant n’avait pas lechoix s’est diffĂ©renciĂ©e, tout comme s’est diversifiĂ©e l’offre de livres; pour la premiĂšre foisdepuis un demi-siĂšcle apparaissent de nouvelles catĂ©gories de lecteurs, aux niveaux et aux exigences variĂ©s.

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Le prix du livre enregistre des augmentations galopantes, ce qui devait forcĂ©ment modifier l’habitude des Roumains pour ce qui est de l’achat des livres.Par voie deconsĂ©quence, on assiste Ă  une chute libre des tirages pour certains genres de livre, crĂ©ant desdifficultĂ©s aux maisons d’édition qui ne produisent pas de livres de consommation

Selon les statistiques on a enrĂ©gistrĂ© plus de 4000 maisons d’édition, mais la plupart n’ont jamais rien produit ou bien ont cessĂ© l’activitĂ© aprĂšs deux ou trois parutions.

A l’heure actuelle, une vingtaine de grandes maisons dominent la production du livre,chacune rĂ©alisant plusieurs dizaines de titres annuellement.

L’introduction du travail sur ordinateur et les contraintes financiĂšres eurent pour effet d’une part, le reclassement des ressources humaines des maisons d’édition.Cessant d’ĂȘtre desinstitutions budgĂ©taires, celles-ci durent se conformer aux critĂšres de performance.

De grands changements se sont produits aussi dans l’aspect et la qualitĂ© typographiquedu livre . La concurrence a imposĂ© l’offre d’un livre aux couvertures attrayantes ou incitantes,une nouvelle qualitĂ© du papier et du carton, le dĂ©veloppement du livre industriel.

Sources d'information concernant les nouveautés éditoriales (%)

18

7

8

10

71

35

12

18

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40

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a la télévision

a la radio

dans la presse

dans les librairies

je ne prete pas d'intéret a l'activitélittéraire

Total échantillon Ont acheté des livres au cours des dernieres 3 mois

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Certaines maisons (Humanitas, Rao, Nemira) commencerent Ă  passer des commandesaux imprimeries de l’étranger. L’importation du papier a augmentĂ© et l’activitĂ© interne a Ă©tĂ©presque entiĂšrement informatisĂ©e.

De nouvelles typographies privĂ©es virent le jour, cependant que celles existentes furent privatisĂ©es. Elles se sont dotĂ©es d’équipements performants, ont diversifiĂ© leurs services et sesont restucturĂ©es. Le personnel en a Ă©tĂ© rĂ©duit ou reclassĂ© afin d’acquĂ©rir de nouvellescompĂ©tences.

Le domaine de la diffusion a connu Ă  son tour d’importants changements.Les anciensrĂ©seaux de librairies se sont privatisĂ©s et se sont modifiĂ©s. Des rĂ©seaux de diffusion privĂ©s, descommerces en gros de livres, des maisons spĂ©cialisĂ©es dans la distribution, des librairies et desrĂ©seaux de librairies privĂ©s firent leur apparition.

Un exemple en est le Centre de Librairies de Bucarest (CLB), crĂ©Ă© en 1949 avec , au dĂ©but, 15 librairies. C’était un rĂ©seau de diffusion d’Etat.En 1922, il fut transformĂ© en sociĂ©tĂ©commerciale et en 1997 la sociĂ©tĂ© se privatisa; les actionnaires Ă©tant ses propres employĂ©s, iln’y a pas d’actionnaire majoritaire. Si en 1989, CLB comptait 830 employĂ©s, Ă  la suite desmises Ă  la retraite et autres rĂ©ductions, le nombre en est tombĂ© en 7 ans Ă  500, cependant que lenombre des libraires, qui Ă©tait en 1989 de 150, est descendu Ă  140 Ă  prĂ©sent.

Ayant pour objet le commerce du livre et la papeterie, CLB vendait en 1990 des livresen proportion de 25% au dĂ©but, pourcentage qui augmenta dans les annĂ©es suivantes Ă  40%. Cepourcentage ne cesse de s’accroĂźtre chaque annĂ©e par rapport aux produits de papeterie.

Quant au contenu, il est Ă  signaler que, si en 1989 le livre littĂ©raire Ă©tait prĂ©dominant (90%), en 1998 celui-ci est descendu Ă  la derniĂšre place, les clients prĂ©fĂ©rant les livresd’économie, de mangement, de droit, d’histoire et les manuels scolaires alternatifs.

CLB achĂšte des livres publiĂ©s par toutes les maisons d’édition du pays et son chiffred’affaires et toujours en hausse.

Les libraires sont pour un tiers la propriété du CLB, les autres deux tiers étant donnésen location par la mairie de Bucarest dans des conditions de protection, à des loyersavantageux, suivant une politique qui favorise la diffusion des biens culturels.

Certaines maisons d’édition ont crĂ©Ă© leur propre rĂ©seaux de diffusion. On a adoptĂ© uneactivitĂ© promotionnelle offensive et une diversitĂ© de systĂšmes commerciaux. On voit s’épanouir le commerce des librairies Ă©talagistes, tout comme la vente par envoi postal.

On remarque le dynamisme de certaines nouvelles maisons dirigĂ©es par des jeunesgens, Ă  une mentalitĂ© diffĂ©rente de celle des Ă©diteurs appartenant aux gĂ©nĂ©rations antĂ©rieures.Ces managers prennent des dĂ©cisions rapides et agissent de mĂȘme, souvent par des moyensnon- conventionnels; dans leurs maisons d’édition le travail se dĂ©roule Ă  un rythme accĂ©lĂ©rĂ©,avec un personnel rĂ©duit mais efficace et franchement intĂ©ressĂ© Ă  la prospĂ©ritĂ© de la maison. Cesont des gens s’inspirant d’un modĂšle occidental, dont les produits, parfois imprimĂ©s Ă l’étranger, font Ă©tat d’une qualitĂ© typographique et d’un aspect comparable Ă  ceux provenant d’autres pays. Ils ne dĂ©pendent pas des subventions et s’emploient avec Ă©nergie Ă  organiser leurpropre action de diffusion.

Des associations professionnelles d’éditeurs ont vu le jour: l’Association des Editeursde Roumanie (AER) fondĂ©e en 1991, la SociĂ©tĂ© des Patrons des maisons d’édition de

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Roumanie, (SPER), l’Association des Editeurs du livre pĂ©dagogique (AEPP) et la Corporationdu Livre Hongrois.

Un sondage sociologique effectuĂ© par IMAS en mai 1998 afin d’analyser “laconsommation culturelle” indique que 29% de la population a achetĂ© au moins un livre au cours des derniers trois mois, ce qui signifie que sur le marchĂ© du livre sont entrĂ©smensuellement 2 millons d’exemplaires, estimĂ©s Ă  6 millons de dollars par mois.

L’examen des raisons de la limitation de la consommation de livre relĂšve le fait que62% des personnes questionnĂ©es auraient achetĂ© plus de livres si elles avaient eu plus d’argent,47% - si les livres avaient Ă©tĂ© moins chers, et seulement 4% ont dĂ©clarĂ© qu’elles n’auraient pasachetĂ© plus, ce qui fait voir un intĂ©rĂȘt considĂ©rable pour le livre, en dĂ©pit des salaires qui sesituent gĂ©nĂ©ralement au-dessous de 100 dollars par mois.

Pour ce qui est du choix, le sondage montre l’intĂ©rĂȘt des lecteurs pour la littĂ©ratured’espionnage, policiere, d’aventures, pour la littĂ©rature de spĂ©cialitĂ©, professionnelle, lalittĂ©rature classique et pour le roman d’amour. Par rapport Ă  l’annĂ©e 1997, on constate la baissede la demande de livre de scince-fiction pour lequel le public avait manifestĂ© auparavant ungrand intĂ©rĂȘt.

La littĂ©rature classique attire toujours 25% des lecteurs, les documents politiques - 11%(tout comme la poĂ©sie), la philosophie et les essais - 8%, le livre d’art - 2%.

ConformĂ©ment Ă  l’évaluation, 420 000 foyers roumains auraient moins de 20 livres,cependant que 1,4 millons possĂšdent des bibliotheques de plus de 500 volumes. Lesstatistiques montrent que 43,4% de ceux qui possĂšdent chez eux entre 101 et 500 livresfrĂ©quentent aussi les bibliotheques publiques; ce pourcentage descend Ă  20,2% pour ceux quipossĂšdent plus de 500 livres.Le sondage indique Ă©galement le fait que les prĂ©ferences pour lesauteurs roumains se maintiennent, ce qui constitue une particularitĂ© du marchĂ© roumain du livre.

Sous l’aspect de l’information quant aux nouvelles parutions , on voit que celle diffusĂ©epar la tĂ©lĂ©vision occupe la premiĂšre place (35%), suivie par la presse Ă©crite (18%) et par laradio qui n’occupe que la troisiĂšme place.

Comme 29% de la population achĂšte des livres et seulement 17% se rend aux spectacles, on peut conclure que la lecture occupe la premiĂšre place dans la consommationculturelle.Cet aspect est Ă©galement confirmĂ© par la constatation de ce mĂȘme sondage que, dansl’ensemble des dĂ©penses culturelles de la population, l’acquisition de livres reprĂ©sente 43%, lecinĂ©ma - 12%, les cassettes et les disques -34%, les spectacles -11%.

Le sondage a Ă©galement examinĂ© l’attitude face aux dĂ©penses de l’argent public pour laculture, ce qui a permis d’y voir un ferme soutien accordĂ© Ă  l’idĂ©e que pour la culture il faut dĂ©penser plus”.

Quelle est , dans ce contexte, la politique du ministĂšre de la Culture?

La dĂ©veloppement libre de la culture roumaine suppose tout autres critĂšres et directionsque ceux du rĂ©gime antĂ©rieur. Puisque dans les 45 annĂ©es de l’aprĂšs guerre la culture roumainefonctionnait dans des conditions et selon des critĂšres contraignants ou rĂ©pressifs, ayant unimpact dĂ©savantageux sur l’activitĂ© crĂ©atrice et sur les personnalitĂ©s artistiques, la mise enoeuvre d’une nouvelle dĂ©marche culturelle s’impose.Dans ses grandes lignes, ce programme

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culturel prĂ©conise: l’identitĂ© culturelle des Roumains, l’image de la Roumanie dans le monde; la protection des valeurs et des personnalitĂ©s crĂ©atrices; la synthĂšse culturelle. Promouvoir lelivre reprĂ©sente une prioritĂ© de la stratĂ©gie de dĂ©veloppement culturel.

Subventions du budget public

Afin de soutenir l'édition du livre de la culture et de la littérature nationale, le ministÚrede la Culture deploie un programme de subventions destiné d'abord à certains genres de livresassurant de la sorte des prix plus accessibles, y compris pour faciliter leur acquisition par lesbibliothÚques publiques. La Direction de la Culture écrite dirige ces subventions sur demande,operant dans le cadre d'une commission nationale la séléction des titres et des maisonsbénéficiaires conformément à ses programmes.

Le ministĂšre de la Culture s'occupe Ă©galement de la participation du livre roumain aux foires et salons internationaux de Leipzig, de Francfort, de Paris, de Moscou, de Jerusalem etc.,organisant le stand national oĂč toutes les maisons intĂ©ressĂ©es peuvent prĂ©senter leurs produits.

Préférences selon les auteurs (%)

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8

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10

17

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0

0 10 20 30 40 50 60 70 80

auteurs roumains

auteurs Ă©trangers

auteurs roumains aussi bienqu'Ă©trangers

ne savent pas

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La politique de la Roumanie en ce qui concerne le livre a Ă©tĂ© prĂ©sentĂ©e en 1998 Ă  laFoire Internationale du Livre de Francfort, dans le cadre de l'activitĂ© dĂ©ployĂ©e par le Conseil del'Europe et l'UNESCO en collaboration avec Borsenverein des Deutschen Buchhandels sous letitre " Les gouvernements aiment les livres ( y compris les livres Ă©lectroniques ) “. Le ministĂšrede la Culture Ă©labore des stratĂ©gies de dĂ©veloppement de la culture; on Ă©tablit des prioritĂ©s, onprend des initiatives et l'on met en oeuvre des programmes, en identifiant en mĂȘme temps lesressources nĂ©cessaires. Le programme de financement pour ce qui est de l'Ă©dition des livres et des publications pĂ©riodiques ne se rĂ©alise pas avec une seule maison, mais avec toutes lesmaisons d'Ă©dition, ce qui est destinĂ© Ă  stimuler l'esprit d' initiative. En ce qui concerne lesmaisons d'Ă©dition de l'Etat, certaines d'entre elles sont devenues des institutions publiques avecpersonnalitĂ© juridique et fonctionnent Ă  base d'autofinancement; d'autres sont devenues dessociĂ©tĂ©s commerciales privatisĂ©es ou bien en cours de privatisation. La subvention accordĂ©epar le ministĂšre de la Culture agit comme un stimulateur culturel et n'est pas un but en soi,justement parce qu'elle est accordĂ©e Ă  toutes les maisons d'Ă©dition et vise finalement l'utilisateur de la production de livre.

La culture étant " un domaine fondamental de la vie sociale " et l'idée de " l'Etat culturel " étant encore actuelle, la réforme entreprise par le ministÚre de la Culture concernel'ensemble du systeme des institutions du livre afin de les aligner aux standards européenscontemporains.

L'objectif général de la politique du ministÚre de la Culture dans le domaine du livre est de mettre en place un cadre juridique favorable au développement de ce domaine, de stimulerl'initiative privée en ce qui concerne l'édition et la diffusion du livre, de promouvoir le livreroumain dans le pays et à l'étranger, de stimuler la créativité des auteurs de chez nous.

En 1996, le ministĂšre de la Culture a soutenu et obtenu que le Parlement adopte la Loides droits d'auteur.

Entre les deux tendances extrĂȘmes, celle qui conteste le droit de l'Etat de se mĂȘler de laculture et celle qui attend tout de l'Etat, il y a une solution intermĂ©diaire qui est gĂ©nĂ©ralement laplus raisonnable : celle de la coopĂ©ration de tous les facteurs intĂ©ressĂ©s sous les auspices d'uneadministration culturelle efficace.

Avec le soutien de l'UNESCO on a organisĂ© une rĂ©union autour d'une mĂȘme table desreprĂ©sentants des editeurs, des diffuseurs, des auteurs, des ministĂšres des Finances, de laJustice et des Transports, des douanes afin d'identifier et de rĂ©soudre les difficultes qui semanifestent dans l'Ă©dition et la diffusion - taxes, impĂŽts directs et indirects, formalitĂ©s dedouane , durĂ©e et surĂȘtĂ© des transports de livres etc. visant Ă  elaborer ultĂ©rieurement un projet de loi du livre.

Le ministĂšre de la Culture Ă©tablit une stratĂ©gie au niveau national; les institutions du domaine du livre doivent, Ă  leur tour, harmoniser leurs propres programmes. Il est normal que,dans une pĂ©riode de transition, apparaissent des disfonctionnements -ceux - ci sont Ă  corrigerpar l'expĂ©rience et par une certaine souplesse, par la coopĂ©ration dans l'intĂ©rĂȘt de tous entre leministĂšre de la Culture et l'univers du livre roumain. La civilisation est fondĂ©e sur desinstitutions et des lois, donc sur des structures en voie d'ĂȘtre Ă©difiĂ©es en Roumanie.

b) LES BIBLIOTHÈQUES PUBLIQUES

Les premiĂšres bibliothĂšques publiques apparaissent – dans les États roumains del’époque – au cours de la premiĂšre moitiĂ© du XIXe siĂšcle: en 1835 Ă  Iai et en 1836 Ă  Bucarest.

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Au long des XIXe et XXe siĂšcles fut progressivement constituĂ© un systĂšme de bibliothĂšquespubliques d’État, doublĂ© jusqu’à la seconde guerre mondiale par des bibliothĂšques publiquescrĂ©Ă©es sur l’initiative privĂ©e de certaines associations et sociĂ©tĂ©s de lecture.

La crĂ©ation de bibliothĂšques d’État Ă©tait inscrite dans la premiĂšre moitiĂ© du XIXe siĂšcledans les RĂšglements organiques – actes juridiques jouant le rĂŽle de Constitution en Moldavie et en Valachie avant 1848; les premiers actes normatifs concernant l’organisation et lefonctionnement des bibliothĂšques apparurent toujours avant 1850. AprĂšs l’union desPrincipautĂ©s roumaines – Valachie et Moldavie - , en 1859, Ă  base du rĂšglement desbibliothĂšques publiques fut organisĂ© , en 1864, le premier systĂšme national des bibliothĂšquesformĂ© d’institutions centrales nationales Ă  Bucarest et Ă  Iasi, de bibliothĂšques Ă  caractĂšredidactique (scolaires) et de bibliothĂšques communales (dans toutes les communes urbaines et rurales).

En 1898, le ministre de l’Instruction publique, Spiru Haret, mit en Ɠuvre unprogramme visant Ă  constituer 320 bibliothĂšques populaires auprĂšs des Ă©coles du milieu rural.

On assistait au cours de la seconde moitiĂ© du XIX-e siĂšcle Ă  la modernisation rapide dela sociĂ©tĂ© roumaine, suivant des modĂšles occidentaux, particuliĂšrement français. Nombred’institutions furent crĂ©Ă©es, dont l’AcadĂ©mie Roumaine qui devait jouer un rĂŽle essentiel dansla vie intellectuelle et scientifique du pays.

En 1867 fut crĂ©Ă©e – Ă  base de donations des premiers acadĂ©miciens et dans le but deconstituer le fonds documentaire nĂ©cessaire aux Ă©tudes d’histoire, de la culture et de lacivilisation roumaines, aux recherches des sciences positives, aux besoins de structurerl’identitĂ© et de lĂ©gitimer la crĂ©ation nationale Ă  une Ă©poque de l’affirmation du principe desnationalitĂ©s et de la formation, sur ce territoire, de l’État moderne – la BibliothĂšque del’AcadĂ©mie Roumaine.

Ayant pour point de dĂ©part les anciennes bibliothĂšques didactiques du XVIII-e siĂšcle,hĂ©ritiĂšres des traditions Ă©rudites et des fonds des bibliothĂšques humanistes roumainesantĂ©rieures, virent le jour, au dĂ©but du XIX-e siĂšcle, la BibliothĂšques du ColĂšge National deSfantu-Sava de Bucarest et la BibliothĂšque de l’AcadĂ©mie Mihăileană de Iai; elles Ă©taient ouvertes au grand publique, mais leur principale destination Ă©tait l’enseignement, surtout aprĂšsla crĂ©ation des universitĂ©s – celle de Iai en 1860 et celle de Bucarest en 1864. L’UniversitĂ© deBucarest n’eut sa propre bibliothĂšque qu’en 1895 quand fut constituĂ©e la BibliothĂšque de laFondation Universitaire “Carol I-er”.

AprĂšs la Grande Union rĂ©alisĂ©e en 1918, l’État roumain a dĂ©ployĂ© une nouvellepolitique culturelle et, Ă  l’instar de l’ensemble de la sociĂ©tĂ© roumaine, le systĂšme desbibliothĂšques a connu une Ă©tape de dĂ©veloppement et d’extension au niveau du pays tout entier. En 1932 Ă©tait publiĂ©e la Loi d’organisation des bibliothĂšques et des musĂ©es publicscommunaux par laquelle les structures de l’administration publique territoriale (municipe,communes urbaine et rurale) Ă©taient obligĂ©es de crĂ©er “une bibliothĂšque publique accessible Ă tous, dotĂ©e de livres et de revues littĂ©raires, d’art et scientifiques Ă  une valeur culturelle et morale”. On y prĂ©voyait une nette sĂ©paration des bibliothĂšques scolaires, qui devaient rĂ©pondreessentiellement aux nĂ©cessitĂ©s de l’instruction et de l’éducation.

Une “troisiĂšme vague” dans l’évolution de systĂšme des bibliothĂšque de Roumaniedevait se produire dans les dĂ©cennies qui firent suite Ă  la seconde guerre mondiale. Le rĂ©gimecommuniste centralisa l’administration y compris dans le domaine de la culture et l’Etat endevint l’unique propriĂ©taire et gestionnaire des biens et des institutions. Au cours de cette

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Ă©tape, l’Etat envisageait de couvrir le territoire national d’un rĂ©seau de bibliothĂšque publiques,urbaines et rurales, sous la tutelle mĂ©thodologique du ministĂšre de la Culture. Par la DĂ©cisionn° 1542 de 1951 du Conseil des Ministres concernant les mesures Ă  prendre afin d’amĂ©liorerl’activitĂ© des bibliothĂšques de Roumanie furent jetĂ©es les assises d’un systĂšme intĂ©grĂ© debibliothĂšques.

Le DĂ©cret n° 703 de 1973 concernant les normes unitaires de la structure desinstitutions culturelles et Ă©ducatives (republiĂ© en 1977) prĂ©voyait l’organisation desbibliothĂšque d’ État comme il suit: bibliothĂšques nationales, bibliothĂšques d’enseignement (scolaires et d’enseignement supĂ©rieur), bibliothĂšques spĂ©cialisĂ©es et bibliothĂšques publiques.

Les bibliothĂšques publiques d’État sont organisĂ©es selon le critĂšre territorial, Ă  savoirune pour chaque unitĂ© administrative: 41 bibliothĂšques dĂ©partementales, 212 bibliothĂšquesmunicipales et urbaines, 2683 bibliothĂšques communales – toutes ces bibliothĂšques se trouvantsous la tutelle administrative et financiĂšre de ces structures de l’administration publique. EnRoumanie il y a deux bibliothĂšques nationales, historiquement constituĂ©es: la BibliothĂšque del’AcadĂ©mie Roumaine (1867) et la BibliothĂšque Nationale de Roumanie (1955).

Le rĂ©seau des bibliothĂšques d’enseignement comprend 5547 bibliothĂšquesd’enseignement prĂ©universitaire, 42 bibliothĂšques des Maisons du corps enseignant, 49bibliothĂšques des institutions d’enseignement supĂ©rieur, 4 bibliothĂšques centralesuniversitaires et une bibliothĂšque centrale pĂ©dagogique.

L’étape ou l’État s’est employĂ© Ă  crĂ©er et Ă  doter les bibliothĂšques, mais dont les fondsde livres Ă©taient rigoureusement censurĂ©s afin de les â€œĂ©purer” de tout ce qui Ă©tait jugĂ©incorrect par rapport Ă  l’idĂ©ologie communiste officielle, fut suivie par une autre de sĂ©vĂšrerĂ©duction de l’argent rĂ©parti. L’activitĂ© des bibliothĂšques a Ă©tĂ© subordonnĂ©e au facteurpolitique par des actions de propagande, par des acquisitions dirigĂ©es (30% de l’ensembleallaient aux livres du domaine de l’idĂ©ologie dominante), par l’accĂšs limitĂ© aux des usagers Ă certaines catĂ©gories d’ouvrages; les ressources matĂ©rielles et logistiques nĂ©cessaires au fonctionnement des bibliothĂšques publiques d’État Ă©taient nĂ©gligĂ©es. FinancĂ©es par l’État,dĂ©pourvues d’autres ressources, les bibliothĂšques publiques d’État, virent, aprĂšs 1970, leursbudgets se rĂ©duire chaque annĂ©e. Le rythme de la construction de nouveaux locaux fu sĂ©vĂšrement diminuĂ©, les institutions Ă©tant poussĂ©es Ă  la limite de la survie. Entre 1974 et 1989,l’édification de bibliothĂšques, sauf le local de la BibliothĂšque Nationale, a Ă©tĂ© pratiquement stoppĂ©e. Les anciens Ă©difices se dĂ©gradaient, le mobilier se ruinait, les fonds de livresvieillissaient et n’étaient plus renouvelĂ©s. Le rĂ©gime de Ceauescu imposait lors de sesderniĂšres annĂ©es une extrĂȘme austĂ©ritĂ©; cependant que dans d’autres bibliothĂšques Ă©taient modernisĂ©es et passaient Ă  l’automatisation, celles de Roumanie Ă©taient astreintes Ă  uneĂ©vidente stagnation.

Les premiĂšres mesures – fort timides d’ailleurs – en vue de l’informatisation de laBibliothĂšque Nationale ont Ă©tĂ© prises Ă  partir de 1979, mais l’état de cette institution –dĂ©pourvue d’un local adĂ©quat Ă  son fonctionnement et d’équipements - est susceptible dedonner une idĂ©e de ce qu’était la lecture publique en Roumanie .

Le systĂšme des bibliothĂšques publiques

La structure du systĂšme des bibliothĂšques publiques d’État avait Ă  sa base le critĂšreterritorial: bibliothĂšques dĂ©partementales, municipales, urbaines et communales. LabibliothĂšque nationale portait le nom de BibliothĂšque Centrale d’État. L’activitĂ© de toutes cesbibliothĂšques, subordonnĂ©es au ministĂšre de la Culture (nommĂ© Ă  l’Époque le Conseil de la

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Culture et de l’Éducation Socialiste), Ă©tait coordonnĂ©e par une direction spĂ©cialisĂ©e de ceministĂšre. À la BibliothĂšque Centrale d’État fonctionnait un service “mĂ©thodique”, c’est-Ă -dired’orientation. À leur tour, les bibliothĂšques dĂ©partementales avaient en sous-ordre du point devue mĂ©thodologique les bibliothĂšques publiques locales auxquelles elles rendaient aussicertains services centralisĂ©s.

La transition de la Roumanie vers un autre rĂ©gime politique Ă  partir de 1990 n’a pasmodifiĂ© la structure formelle du systĂšme des bibliothĂšques. L’augmentation de la production delivres aprĂšs 1989, le fonctionnement des services de lecture publique dĂ©livrĂ©s du contrĂŽlepolitique, la libĂ©ralisation de la circulation des livres, la dĂ©congestion des collections Ă  la suitede l’élimination du test idĂ©ologique (environ 30 millions de volumes ont Ă©tĂ© Ă©vacuĂ©s desbibliothĂšques), la dĂ©centralisation de l’acquisition de livres et la fin de la tutelle administrativeet financiĂšre dans les bibliothĂšques sont les traites caractĂ©ristiques de l’intervalle 1990-1998.La BibliothĂšque centrale d’État est redevenue BibliothĂšque Nationale en conservant sesattributions.

Une dĂ©centralisation eut lieu par le transfert des bibliothĂšques dĂ©partementales Ă l’administration locale. Le ministĂšre de la Culture s’occupe Ă  coordonner sous aspect mĂ©thodologique l’activitĂ© des bibliothĂšques publiques, mais les directeurs de celles-ci

Fréquentent une bibliothéque publique (%)

3,1

12,4

20,9

43,4

20,2

5,6

12,6

25,5

36,7

17,8

0 5 10 15 20 25 30 35 40 45 50

6 - 20 livres

21 - 50 livres

51 -100 livres

101 - 500 livres

plus de 500 livres

Total échantillon Ont acheté des livres au cours des dernieres 3 mois

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disposent maintenant d’une autonomie qui leur permet – tout en les contraignant Ă  la fois –d’agir non pas en fonctionnaires Ă  une responsabilitĂ© standard, limitĂ©e, mais en tant quemanagers. Le ministĂšre de la Culture Ă©labore des normes et des directives obligatoires pourtoutes les institutions, indiffĂ©remment de leur subordination.

Les ressources financiĂšres des bibliothĂšques varient selon les possibilitĂ©s et la volontĂ©en matiĂšre de politique culturelle des autoritĂ©s locales. Dans le dĂ©partement de Cluj, parexemple, du nombre de 79 bibliothĂšques publiques fonctionnant sous la tutelle administrativeet financiĂšre des conseils locaux, seulement 45 obtiennent l’argent nĂ©cessaire Ă  l’acquisition delivres et de pĂ©riodiques. Le ministĂšre de la Culture met en Ɠuvre et est en train de financer unprogramme d’acquisition de livres et de pĂ©riodiques pour les bibliothĂšques publiques d’État,indĂ©pendamment de leur subordination. Dans plusieurs grandes villes du pays – Baia Mare,Cluj – Napoca, Piteti, ConstanĆŁa, Piatra NeamĆŁ – on construit de nouveaux et modernesĂ©difices pour les bibliothĂšques dĂ©partementales.

Dans d’autres villes, vu que des bibliothĂšques publiques crĂ©Ă©es entre 1945 et 1989 sont logĂ©es dans des rĂ©sidences privĂ©es revendiquĂ©es Ă  prĂ©sent par leurs propriĂ©taires, on se trouvedevant le problĂšme de leur Ă©vacuation et du manque d’autres espaces. Par exemple, laBibliothĂšque Municipale de Bucarest, ayant 52 filiales, est contrainte Ă  cĂ©der une importantepartie des locaux sans en obtenir d’autres.

L’Association des BibliothĂ©caires des BibliothĂšques Publiques de Roumanie(A.B.B.P.R.) et le Conseil des Directeurs des BibliothĂšques Publiques de Roumanie (C.D.B.R.)ont organisĂ© en 1995 un colloque national ayant comme thĂšme L‘heure actuelle et l’avenir dansl’édification des bibliothĂšques, qui a fini par Ă©laborer une “esquisse d’un programme nationaldirecteur de dĂ©veloppement” prĂ©sentĂ© au gouvernement et au Parlement.

D’autre part, quoique le nombre de bibliothĂšques susceptibles de s’offrir lesrĂ©novations et les rĂ©amenagements nĂ©cessaires ou de se doter d’équipements indispensablessoit trĂšs restreint, cependant que d’autres ne disposent mĂȘme pas des fonds pour l’acquisitionde livres et de pĂ©riodiques, le processus d’information a dĂ©marrĂ©. En 1995, sur la propositiondu ministĂšre de la Culture et de son Service des BibliothĂšques, la BibliothĂšque Nationale deRoumanie a pris l’initiative de dresser un Plan directeur de l’informatisation des bibliothĂšquesde Roumanie. Le projet a Ă©tĂ© Ă©laborĂ© et diffusĂ© en tant que document de travail, Ă  base duquel,et Ă  la suite des propositions formulĂ©es par les rĂ©seaux des bibliothĂšques du pays, on pourraitmettre en Ɠuvre une stratĂ©gie au niveau national.

Le changement intervenu en 1989 a mis en Ă©vidence un dĂ©calage de 15 Ă  20 ans entreles bibliothĂšques publiques de Roumanie et les institutions similaires d’autres pays.

Les bibliothĂšques publiques dĂ©partementales ont commencĂ© Ă  acquĂ©rir, dans la mesureou les budgets d’austĂ©ritĂ© le leur permettent, des ordinateurs et des logiciels de bibliothĂšque.

Le Conseil des Directeurs de BibliothĂšques et l’Association des BibliothĂ©caires desBibliothĂšques Publiques de Roumanie ont dĂ©cidĂ© de parachever en 1999-2000 le Programmenational – l’Informatisation des BibliothĂšques Publiques. Une premiĂšre phase de ce projet prĂ©voit de doter en Ă©quipements – ordinateurs personnels – dans le rĂ©seau local 23 bibliothĂšques dĂ©partementales. Une deuxiĂšme Ă©tape devrait y inclure encore 10 bibliothĂšques.On a proposĂ© au ministĂšre de la Culture de soutenir ce programme avec 50%de l’ensemble desfrais.

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La promulgation en 1995 de la Loi du DĂ©pĂŽt lĂ©gal a permis une meilleure image de laproduction de livres. Le nombre de titres de livres et de brochures imprimĂ©s (et entrĂ© dans leDĂ©pĂŽt lĂ©gal de la BibliothĂšque National) a Ă©tĂ© en 1996 de 7199, indiquant une croissance de30,5% (1682 titres de plus) par rapport Ă  l’annĂ©e prĂ©cĂ©dante (par rapport Ă  l’annĂ©e prĂ©cĂ©dente(5517 titres); le tirage en a Ă©tĂ© de 38 374 000 exemplaires, avec une croissance de 9,9% (3 460 000 exemplaires) par rapport Ă  1995 (34 914 000 exemplaires) – selon la CommissionNationale de Statistique (Le rĂ©seau et l’activitĂ© des institutions culturelles et artistiques en1996).

L’état de la lecture

Dans la relation livre-lecture-bibliothĂšque, la situation en 1995 est suggestive, du point de vue statistique, pour ce qui est des mutations survenues aprĂšs 1989. Dans l’ensemble desbibliothĂšques publiques de Roumanie, le nombre des lecteurs-personnes physiques est tombĂ©de 7 965 000 en 1990 Ă  2 030 000 en 1995, cependant que celui des volumes prĂȘtĂ©s est passĂ©de 85 202 000 en 1990 Ă  33 935 000 en 1995.

L'utilisation des bibliothéque publiques

36%

13%

28%

21%

2%

j'en ai emprumuté pour lire chez moij'ai lu dans la salle de lecturedans un but professionnelpour les loisirsautres

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Les statistiques reflĂštent l’activitĂ© des 2 936 bibliothĂšques publiques d’État (dĂ©partementales, municipales, urbaines et communales) en 1997:

- les collections de toutes ces bibliothÚques comptent 48 067 038 volumes;- les nouvelles acquisitions représentent 1 033 401 volumes;- le nombre des lecteurs inscrits est de 2 058 256, dont 1 293 273 élÚves et étudiants;- 35 811 765 volumes ont été diffusés.

La dĂ©centralisation de l’administration publique a produit de nombreux avantages, maisaussi certains inconvĂ©nients.

Le transfert des bibliothĂšques publiques Ă  la subordination des administrations locales(municipales, urbaines et communales) a eu des effets variables suivant la situationlocale. Les bibliothĂšques dĂ©partementales ont manquĂ© de support lĂ©gal pour la dĂ©pensedes crĂ©dits budgĂ©taires afin d’effectuer des acquisitions de livres pour ces types debibliothĂšques. Quant aux conseils locaux, la plupart n’en ont pas attribuĂ© les ressourcesfinanciĂšres nĂ©cessaires au dĂ©veloppement des collections dans les bibliothĂšquessubordonnĂ©es. À l’absence du support financier s’ajoutĂšrent certaines dysfonctionsdans la diffusion de la production Ă©ditoriale courante, en particulier dans le milieu rural,

Dotation des bibliotheque personnelles

6%

13%

24%

38%

19%

au dessous de 20 livres21 - 50 livres51 - 100 livres101 - 500 livresplus de 500 livres

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ainsi que dans l’information des bibliothĂ©caires au sujet de la production de livres et d’autres biens culturels.

Ceci ne saurait pourtant pas justifier la situation actuelle des bibliothĂšquespubliques d’État, qui enregistrent un sĂ©vĂšre dĂ©calage par rapport aux bibliothĂšquesd’autres pays europĂ©ens.

Ce dĂ©calage doit ĂȘtre rĂ©duit par les initiatives des bibliothĂšques mĂȘmes par lamodernisation et la diversification des services d’information et de lecture,conformĂ©ment aux exigences des usagers, Ă  la tradition et aux valeurs culturelles.

V. LE CADRE DE MANIFESTATION DE L’ART ROUMAIN CONTEMPORAIN

1. Expositions

Ayant dĂ©clenchĂ© des changements au niveau politique, les Ă©vĂšnements de dĂ©cembre1989 ont influencĂ© l’existence tout entiĂšre de la sociĂ©tĂ© roumaine, de la vie intellectuelle aussi.Notre culture jouit Ă  prĂ©sent de toute la libertĂ© d’expression dont elle a Ă©tĂ© privĂ©e sous lerĂ©gime totalitaire. L’édification d’un systĂšme dĂ©mocratique implique certainement aussi lesnouvelles assises de la vie culturelle. La valorisation de l’art roumain reprĂ©sente un chapitre Ă part de cet effort. Dans ce qui suit on aborde de ce point de vue la mise en valeur – parl’intermĂ©diaire des expositions et par les moyens propres Ă  un marchĂ© d’art en voie de seformer – de l’art roumain contemporain tel qu’il est dans les annĂ©es ’90.

Il faut souligner dĂšs le dĂ©but (et cette remarque trouve sa place au point 6 du 1erchapitre) que, en l’absence d’une solide base financiĂšre, en l’absence d’importantsinvestissements y compris au niveau des institutions d’État – dans ce cas, sous la coordinationdu ministĂšre de la Culture -, on ne peut /on ne pourra parler d’une rĂ©elle valorisation de notreart contemporain, bien qu’il reprĂ©sente une valeur indiscutable, ce qui doit ĂȘtre (re)connu nonseulement sur le plan national, mais aussi sur celui international.

1. 1 Institutions d’État et O.N.G.

Nombre de musĂ©es d’art de Roumanie ou de musĂ©es Ă  caractĂšre complexe comprenant aussi des sections d’art ont Ă©galement inclus dans leur activitĂ© des actions visant Ă  la mise envaleur de l’art contemporain; certains ont mĂȘme effectuĂ© des acquisitions dans leur zone. Dansl’ensemble de leur budget, les sommes attribuĂ©es Ă  l’art contemporain sont gĂ©nĂ©ralement modestes.

Le MusĂ©e National d’Art de Roumanie (Bucarest) – M.N.A.R. – a disposĂ© pour 1998d’un budget de 10 568 356 000 lei (non rectifiĂ©), dont on a dĂ©pensĂ© jusqu’au 1er octobre pourla valorisation de l’art roumain contemporain 297 000 000 lei (177 000 000 lei de cette sommeont Ă©tĂ© affectĂ©s Ă  la publication de catalogues); ceci dans les conditions oĂč, Ă  partir du 1eroctobre 1994, au sein de cette institution fut crĂ©Ă© le DĂ©partement d’Art Contemporain – pour lemoment l’unique (sub)structure de musĂ©e du pays ayant pour mission exclusive la mise envaleur de l’art contemporain.

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Le Complexe de musĂ©es d’Arad possĂšde une Section d’Art, fort active dans les annĂ©es’90 sous l’aspect qui nous intĂ©resse. Le budget gĂ©nĂ©ral de cette institution pour 1998 a Ă©tĂ© de 2 150 000 lei, dont pour la valorisation de l’art roumain contemporain on a alloquĂ© 65 000 000 lei (le ministĂšre de la Culture). Le MusĂ©e d’Art de Braov rĂ©partit gĂ©nĂ©ralement pour l’art contemporain 20% de son budget qui, en 1998, a montĂ© Ă  903 000 000 lei. Le MusĂ©e d’Art deConstanĆŁa a destinĂ© 500 000 000 lei Ă  la valorisation de l’art contemporain de son budget pour1998 de 1 740 000 000 lei.

L’Office national pour la documentation et les expositions d’art (O.N.D.E.A.) est peut-ĂȘtre la plus importante institution subordonĂ©e au ministĂšre de la Culture, qui s’emploie Ă  lamise en valeur, au pays aussi bien qu’à l’étranger, de l’art roumain contemporain. Il s’agit, nonseulement de l’organisation d’expositions, mais aussi de la structuration et de l’amplificationd’une base de donnĂ©es essentielles dans ce domaine, un accent particulier Ă©tant mis sur lesecteur de « documentation », sur l’information Ă©crite et visuelle (phototĂšque). L’institution adĂ©jĂ  derriĂšre elle trente annĂ©es d’activitĂ© et une considĂ©rable expĂ©rience, y compris pour ce quiest des relations culturelles et artistiques avec l’étranger. HĂ©las, le soutien financier dont ellejouit est toujours plus rĂ©duit, la survie Ă©tant due aux initiatives de la direction.

Au cours des annĂ©es ’90, on a dĂ©clenchĂ© et dĂ©ployĂ© la politique visant Ă  impliquer lesCentres Culturels de Roumanie Ă  l’étranger dans la mise en valeur de la culture roumaine, y compris visuelle, dans ce pays. Le nombre et la qualitĂ© des actions de ce genre sont en rapport avec les moyens allouĂ©s Ă  cet effet – il y a encore beaucoup Ă  faire lĂ -dessus – avec l’envergureintellectuelle et la volontĂ© d’agir de ceux qui dirigent ces « ambassades » de notre spiritualitĂ©.L’un des Centres les plus sollicitĂ©s au cours de l’intervalle en question fut l’Institut Roumainde Culture et de Recherches Humanistes de Venise qui a collaborĂ© chaque fois Ă  l’organisationde la participation roumaine Ă  la Biennale de Venise; lors de la Biennale d’Art de 1997,l’Institut a crĂ©Ă© un espace d’exposition officiellement acceptĂ© dans le circuit de cette amplemanifestation. Une autre initiative bĂ©nĂ©fique de cet Institut a Ă©tĂ© celle d’accueillir et de loger Ă Venise les scientifiques et les Ă©tudiants roumains en voyage de documentation; en ce sens, unefructueuse relation a Ă©tĂ© Ă©tablie avec l’UniversitĂ© des Beaux-Arts de Bucarest et avec d’autresinstitutions du pays. L’activitĂ© de cet Institut offre Ă  la fois l’occasion d’une utile collaborationentre le ministĂšre des Affaires Ă©trangĂšres et celui de la Culture.

L’Union des Artistes de Roumanie (U.A.P.) est une organisation professionnelle non-gouvernementale crĂ©Ă©e il y a bien des annĂ©es et ayant une strcuture assez compliquĂ©e, maisqui essaie de s’adapter aux nouvelles rĂ©alitĂ©s. Les membres en sont des artistes de tous lesdomaines des beaux-arts, des critiques et des historiens d’art. Ses buts sont de protĂ©gĂ©r, depromouvoir professionnellement et d’assurer la protection sociale de ses membres,d’encourager et de mettre en valeur la crĂ©ation artistique roumaine, de contribuer Ă  lacoopĂ©ration de spĂ©cialitĂ© avec l’étranger. PossĂ©dant son propre rĂ©seau de galeries Ă  Bucarest et dans d’autres villes du pays, l’U.A.P. soutient ou organise des expositions – et c’est l’aspect principal de son activitĂ© -, distribue des ateliers de crĂ©ation Ă  ses membres et dirige l’activitĂ©de production dans les ateliers du Combinat du « Fondul Plastic ». Il convient aussi dementionner que l’U.A.P. s’emploie Ă  faire observer « les Recommandations concernant leStatut de l’Artiste » adoptĂ©es par la ConfĂ©rence GĂ©nĂ©rale de l’UNESCO, tenue Ă  Belgrade en1980, la Loi no 8/1996 concernant les droits d’auteur et les droits connexes. L’UAP est Ă©galement membre fondateur de l’Alliance Nationale des Unions des CrĂ©ateurs (A.N.U.C.),officiellement enregistrĂ©e en 1995.

La fondation Artexpo de Bucarest est devenue rien qu’en quelques annĂ©es le moteurd’un large « front » d’initiatives et de rĂ©alisations dans plusieurs domaines de la culturecontemporaine, ayant entre autres des contributions significatives dans l’effort de promouvoir

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l’offre actuelle de l’art roumain dans le contexte interne et international. Sur la liste de sesprogrammes et activitĂ©s dans l’intervalle 1994 – 1998 figurent des expositions d’art et documentaires au pays et Ă  l’étranger, la participation Ă  la publication d’une nouvelle revued’art (ArTELIER), la coopĂ©ration Ă  l’organisation de spectacles, d’expositions d’art photographique (dans la photo-galerie GAD), l’organisation et la participation Ă  des colloqueset symposiums, la crĂ©ation (et la coopĂ©ration dans le domaine) d’une zone d’information, dedocumentation multi-mĂ©dia, le soutien financier et les prix accordĂ©s, la participation au marchĂ©du livre, l’organisation et la participation Ă  des foires du livre (comme la Foire Internationaledu Livre Ă  Bucarest et la Foire du Livre – Buchhandel – de Francfort).

L’activitĂ© des ONG, qu’on ne saurait inscrire dans le domaine d’une « politiqueculturelle nationale », donc au niveau des structures Ă©tatiques , ne manque pas de s’intĂ©grerdans un systĂšme dĂ©mocratique de fonctionnement et de valorisation de la culture. Un« discours alternatif » voit ainsi le jour grĂące Ă  l’action des O.N.G., discours qu’il convient d’accueillir en tant que complĂ©mentaritĂ© de celui officiel, vu leurs buts communs de faire Ă©tat d’un sain « mĂ©tabolisme » de l’organisme spirituel national et de stimuler le dialogue descultures Ă  l’échelle internationale.

Le Centre Soros pour l’Art Contemporain (C.S.A.C.) crĂ©Ă© en Roumanie en 1993 est rĂ©cemment devenu le Centre International d’Art Contemporain (C.I.A.C.). Il s’intĂ©gradans un rĂ©seau de centres similaires sur le plan international, constituant de la sorte une voiede communication entre les cultures des anciens pays communistes et entre celles-ci et l’univers spirituel occidental – en fait un complexe systĂšme de programmes agissant dans cesens. Le C.I.A.C. de Roumanie Ă©difie une politique destinĂ©e Ă  dĂ©velopper de nouvellestechnologies et directions dans notre culture actuelle, Ă  stimuler les efforts dĂ©jĂ  engagĂ©s surcette voie, Ă  intĂ©grer l’art roumain dans le contexte international. S’y ajoutent la constitutiond’un solide fonds documentaire - Ă©tudes monographiques consacrĂ©s Ă  d’importants artistesroumains contemporains, catalogues personnels et d’une revue d’art contemporain. LeC.S.A.C. (C.I.A.C.) a Ă©galement organisĂ© une sĂ©rie d’expositions annuelles, a financĂ©, Ă  lasuite de concours, des projets de musĂ©ologie (de curator), des voyages d’études et a contribuĂ© Ă l’organisation d’expositions ou Ă  la participation roumaine Ă  des expositions et dessymposiums internationaux.

Nous nous y sommes occupĂ©s jusqu’ici des institutions qui fonctionnent Ă  Bucarest,institutions dont la plupart couvrent aussi, par l’infrastructure et le rayon d’action, le territoiredu pays tout entier. Il y a en outre (de toute façon nous y avons effectuĂ©s une sĂ©lection) desinstitutions locales prĂ©sentant, du point de vue abordĂ©, un intĂ©rĂȘt zonal; mais l’espace quinous y est accordĂ© ne nous permet pas de les mentionner, exception faite pour certains musĂ©esdu pays autres que ceux de Bucarest. Les aspects auxquels se rĂ©fĂšrent les autres chapitres decette succincte analyse n’y sont illustrĂ©s qu’avec parcimonie, Ă  cause de cette mĂȘme Ă©conomiede texte qui ne veut ĂȘtre qu’un point de dĂ©part pour des Ă©tudes ultĂ©rieurs plus approfondies.

1.2 MusĂ©es et galeries d’art. Organisation d’expositions et d’autres manifestations d’art roumain contemporain en Roumanie

Sous la perspective de cette Ă©tude, la plus grave carence institutionnelle de Roumanieest l’absence d’un musĂ©e d’art moderne et contemporain; une solution plus proche de celleidĂ©ale serait d’avoir un musĂ©e d’art moderne et un autre d’art contemporain (Ă  remarquer quel’on y Ă©vite d’utiliser le pluriel: « musĂ©es »... consacrĂ©s Ă  la modernitĂ© et Ă  l’actualitĂ©).

Il en a pourtant existĂ© un prĂ©cĂ©dent positif Ă  Galati. Il y a nombre d’annĂ©es, le musĂ©e decette ville avait reçu le statut d’institution vouĂ©e Ă  l’art roumain contemporain. Cette direction

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fut suivie un certain temps, puis les choses se dĂ©gradĂšrent. Pas totalement, car une certaine« politique » dans ce sens est maintenue jusqu’à prĂ©sent grĂące Ă  la direction du musĂ©e, maissans jouir de la caution et du support des niveaux supĂ©rieurs (le nom actuel en est le « MusĂ©ed’art visuel – GalaĆŁi »); notre information lĂ -dessus est incomplĂšte et un Ă©claircissement de lasituation en serait, certes, bĂ©nĂ©fique.

Dans la capitale du pays une telle institution n’existe toujours pas, bien que lesinitiatives n’en aient pas manquĂ©es. Tout ce qu’on a rĂ©alisĂ© jusqu’à ce jour, ce fut la crĂ©ation,en 1994, d’un DĂ©partement de l’Art Contemporain au sein du MusĂ©e National d’Art deRoumanie. Dans ce cadre on a organisĂ© jusqu’à aujourd’hui des expositions personnellesd’importants artistes roumains appartenant Ă  diffĂ©rentes gĂ©nĂ©rations (on a Ă©ditĂ© aussi descatalogues, mais l’espace mis Ă  la disposition de tels Ă©vĂšnements est restreint et peu adĂ©quat Ă l’arrangements d’expositions): Dan Perjovschi, Marilena Preda SĂąnc, Petru Lucaci (1995), IonBitzan, Gheorghe Anghel (1996), Horia Bernea, Aurel Vlad (1997), Ion Grigurcu, Ion Bitzan,Marin Gherasim, Marian et Victoria Zidaru, Henry Mavrodin (1998)24. La prĂ©sentationd’artistes roumains rĂ©sidant Ă  l’étranger y est incluse dans le chapitre I.4.

La section d’art du complexe de musĂ©es d’Arad a mis en oeuvre au cours des annĂ©es’90 plusieurs projets intĂ©rresants dans le domaine de l’art contemporain – il s’agit d’expositions d’ « idĂ©e », soulevant des problĂšmes, des manifestations oĂč l’on a discutĂ© lestatut du musĂ©e en tant qu’institution vivante (et non pas de simple dĂ©positaire de valeurs de laculture visuelle) ou les implications sociologiques de l’acte de crĂ©ation artistique, entraĂźnant Ă la fois des espaces alternatifs; le public a Ă©tĂ© conviĂ© Ă  l’interaction avec les langagesartistiques actuels: « Art Unlimited S.R.L. » (1994), « INTER(n) » (1995), « ComplexulMuzeal » (Le Complexe de musĂ©es) (1996).

La Section d’art duMusĂ©e de Banat, Timioara, a rĂ©alisĂ© en 1991 une exposition Ă caractĂšre de rĂ©cupĂ©ration: « CrĂ©ation et synchronisme europĂ©en – le Mouvement artistique deTimioara dans les annĂ©es 1960 – 1970 »; au cours de la mĂȘme annĂ©e y fut Ă©galement organisĂ©e une grande « rĂ©union » de l’art roumain actuel sous le nom de « Etat hors titre ». En1993 et 1996 et toujours Ă  Timioara eut lieu le Festival International de performance, « lazone Europe de l’Est ».

Dans la ville de SfĂźntu Gheorghe a Ă©tĂ© reprise, en 1991, la manifestation artistiqueinterdisciplinaire « Medium », cependant qu’aux bords du lac SfĂźnta Ana a lieu chaque annĂ©e,depuis 1990, le Festival International de performance art (AunART).

La ville de Iai elle aussi est rĂ©cemment entrĂ©e dans le circuit de l’ « art vivant » en1997 y fut organisĂ© (pour ĂȘtre repris en 1998) le Festival d’ « art alternatif » « Periferic »consacrĂ© au performance art. En 1998, la participation y fut internationale; d’une participationinternationale jouit aussi le symposium qui accompagna ce Festival.

Faisant Ă©tat de son ouverture Ă  l’art contemporain, le MusĂ©e National d’Art de Cluj aaccueilli et a coparticipĂ© en 1997 d’une synthĂšse de l’exposition annuelle de C.S.A.C. de

24 Pour des raisons d’économie du texte, les exemples donnĂ©s dans ce paragraphe, ainsi que ceux du reste del’étude se rĂ©sument au titre d’expositions et, parfois, aux ‘sujets’ des expositions personnelles, aux titres d’autresmanifestations, sans mentionner les curators, les auteurs des projets; dans d’autres conditions, ces mentionsn’auraient pas du manquer (elles sont d’ailleurs absentes mĂȘme de la documentation que nous avons eue Ă  ladisposition). Par consĂ©quent nous rappelons dans la prĂ©sente note uniquement quelques noms de personnes ayant eu des contributions dans le sens dont il est question: Ruxandra Balaci, Mihai Oroveanu, Erwin Kessler, DanHĂŁulicĂŁ, Coriolan Babeti, Adrian Guta, Horia Avram, Alexandra Titu, Calin Dan (Bucarest), Judit Anghel (Arad),Ileana Pintilie (Timisoara), Uto Gusztav (Sf. Gheorghe), Matei Bejenaru (Iasi).

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Bucarest de 1996 (« Experiment » – l’art roumain aprĂšs 1960) et en 1998 il organisa la Sectiond’ « arts visuels » du Festival « Les JournĂ©es des Jeunes DiplĂŽmĂ©s des AcadĂ©mies d’Art ».

Le MusĂ©e d’Art de ConstanĆŁa a organisĂ© dans les annĂ©es ‘90 des expositions d’art roumain moderne et contemporain, dont certaines Ă  caractĂšre thĂ©matique, et des rĂ©trospectivesconsacrĂ©es Ă  des personnalitĂ©s (Ion Lucian Murnu – 1994, Costin Ioanid – 1996, Alexandru Ciucurencu – 1997, Horia Bernea – 1998) a accueilli « les Salons d’hiver » des membres de lafiliale de Constanta de l’U.A.P., des expositions personnelles, ainsi que les expositions descamps internationaux de cĂ©ramique (organisĂ©es six fois depuis 1992) sous le titre de« Hamangia », ces derniĂšres accompagnĂ©es de symposiums.

Le MusĂ©e d’Art de Braov – tout comme d’autres musĂ©es du pays – a mis en valeur pardes expositions les oeuvres des reprĂ©sentants locaux de l’art roumain, esquissant mĂȘme untableau historique du phĂ©nomĂšne (« Peintres de Braov des XVIIIĂšme - XXĂšme siĂšcles »- en1992, exposition pourvue d’un catalogue).

Valorisant son propre patrimoine, le MusĂ©e DĂ©partamental d’Art Prahova de Ploietia organisĂ© en 1997, l’exposition « La tapisserie roumaine contemporaine » et en 1998l’exposition « Le paysage dans la peinture roumaine contemporaine ». En collaboration avecd’autres institutions, dont la Direction Arts Visuels du ministĂšre de la Culture, ce musĂ©e acontribuĂ© Ă  la crĂ©ation, en 1993, de la « Biennale Internationale de Gravure Iosif Iser » repriseen 1995 et en 1997. En 1997, il a accueilli l’exposition itinĂ©rante internationale « Orient Expres ». Il convient aussi d’y ajouter des expositions personnelles d’artistes roumainscontemporains.

C’est toujours avec le soutien de certains collaborateurs que le MusĂ©e d’Art de RĂźmnicu VĂźlcea a lancĂ© en 1997 une intĂ©ressante initiative rĂ©gionale Ă  laquelle ont participĂ© des filialeset des cĂ©nacles de l’U.A.P. du dĂ©partement de VĂźlcea et des dĂ©partements voisins: « Le salondu Sud »; au salon de 1998, la participation fut encore plus ample: Ă  l’exception de Bucarest et de ConstanĆŁa, le sud tout entier fut reprĂ©sentĂ©.

L’Office National de Documentation et d’Expositions d’Art (O.N.D.E.A.) est,comme nous venons de l’affirmer plus haut, de par ses programmes et ses rĂ©alisations, uneinstitution essentielle du ministĂšre de la Culture pour ce qui est de la mise en valeur de l’art roumain contemporain.Tenant compte des moyens logistiques et financiers, le nombred’expositions organisĂ©es chaque annĂ©e est impressionant, ces expositions ont illustrĂ© plusieursdomaines des arts visuels, de la culture en gĂ©nĂ©ral. Certaines d’entre elles furent organisĂ©esdans des conditions de partĂ©nariat (entre autres, avec l’U.A.P.) Ses galeries portant le nom de« Etaj 3 /4 » sont parmi les plus frĂ©quentĂ©es de Bucarest (il faudrait y mentionner aussi la salle« Dalles », un espace gĂ©nĂ©reux, mais encore non rĂ©intĂ©grĂ© de façon permanente dans le circuit des galeries, car les travaux de restauration, trĂšs couteux, ne se dĂ©ploient pas Ă  un rythmeconstant). Les manifestations de l’O.N.D.E.A. sont parfois prĂ©sentĂ©es aussi en province. En1993, il a organisĂ© Ă  Bucarest environ 25 expositions consacrĂ©es Ă  l’art roumain, Ă  la cultureroumaine en gĂ©nĂ©ral (ce fut lĂ  l’une des annĂ©es « riches »). A part les salles duM.N.A.R.,celles de l’O.N.D.E.A./Artexpo sont les plus recherchĂ©es par nos artistes lorsqu’ils prĂ©parent des expositions personnelles, il s’impose de rappeler que le M.N.A.R. a organisĂ© l’importanterĂ©trospective Corneliu Baba, peu de temps avant la mort de l’artiste – exposition prolongĂ©ebien longtemps (novembre 1997 – fĂ©vriei 1998) aprĂšs ce triste Ă©vĂšnement. Pour revenir Ă l’O.N.D.E.A., cette institution a organisĂ© (ou accueilli) des expositions collectives, suggestivespour notre art contemporain, dont certaines Ă©taient des projets d’ « auteur », d’ « idĂ©e ».

L’Union des Artistes, qui depuis bien des annĂ©es constitue un facteur important denotre vie artistique – quoiqu’elle ne participa pas Ă  l’instar des institutions d’Etat Ă  la mise en

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oeuvre d’une « politique culturelle nationale » – est de par ses efforts et ses rĂ©alisations, tout comme d’autres O.N.G. d’ailleurs, une composante qu’on ne saurait ignorer de la valorisation,de la transformation en acte de communication, de notre culture visuelle contemporaine.L’U.A.P. dispose Ă  Bucarest d’un rĂ©seau de galeries, dont: « Orizont », « Sinteza », « Apollo »,« Eforie » (rĂ©servĂ©e aux jeunes artistes de la structure « Atelier 35 »), « Căminul Artei »,« Galla », « Hanul cu tei », « Podul » (de l’Atelier de Gravure) ... À leur tour, les filiales et lescĂ©nacles de l’U.A.P. de province disposent de leurs propres galeries. L’U.A.P. parcourt un lent processus de dĂ©centralisation, ses filiales – dont celles de Bucarest est la plus grande – ayant une toujours plus importante libertĂ© d’initiative. En dehors des programmes (expositions etc)qui font partie de son statut professionnel, cette union exerce un important rĂŽle syndical endĂ©fendant les intĂ©rĂȘts sociaux de ses membres. Les expositions (personnelles et de groupe) au pays se succĂšdent Ă  un rythme assez alerte – la pĂ©riode d’ouverture en Ă©tant gĂ©nĂ©ralement dedeux semaines (nous nous rĂ©fĂ©rons au rythme bucarestois des manifestations).

Un mot encore, dans ce chapitre, sur la fondation Artexpo. De son programmed’expositions dans le pays, ouvert Ă  plusieurs domaines, il convient de signaler la suite desmanifestations consacrĂ©es Ă  la photo, organisĂ©es dans la photo-galerie GAD (dans l’édifice du ThĂ©atre National de Bucarest). L’attention a Ă©tĂ© surtout attirĂ©e par les expositions personnelles(il ne s’agit que de l’art contemporain de la photo roumaine), dont celles de GheorgheRasovszky (1994), de Lia et Dan Perjovschi (1994), de Vlad Iacob (1995), d’AlexandraCroitoru, de Nicu Ilfoveanu et de Vali Brăilă (1997).

1.3 Expositions d’art roumain contemporain Ă  l’étranger. La participation Ă  des manifestations internationales.

La culture est peut-ĂȘtre le plus important domaine qui peut reprĂ©senter actuellement laRoumanie Ă  l’étranger. La culture est, en gĂ©nĂ©ral, le « langage » qui assure la communicationinternationale au plus haut niveau de valeur, au-delĂ  de toute contrainte ou diffĂ©rence. LecaractĂšre global actuel de l’information, l’accĂ©lĂ©ration qui tend vers la simultanĂ©itĂ© de latransmission de toutes sortes d’informations se reflĂštent, entre autres, dans la constitution d’unnouveau et puissant « internationalisme » artistique. Le phĂ©nomene en est, par exemple,soulignĂ© par le catalogue de la deuxiĂšme Ă©dition, organisĂ© Ă  Luxembourg en 1998, de laBiennale europĂ©enne d’art contemporain (rĂ©cemment inaugurĂ©e, en 1996); cette deuxiĂšmeĂ©dition eut lieu sous le gĂ©nĂ©rique – oĂč l’on tient Ă  marquer les bĂ©nĂ©fices de la chute du mur deBerlin – « Manifesta » (la Roumanie y a Ă©tĂ© reprĂ©sentĂ©e par Dan Perjovschi).

Plusieurs institutions et organismes culturels roumains prĂ©voient dans leursprogrammes d’activitĂ© l’organisation d’expositions personnelles ou de sĂ©lections d’art contemporain Ă  l’étranger, tout comme la participation roumaine Ă  des manifestationsinternationales. Au niveau de la politique d’État, il est Ă©vident que les investissements dans cedomaine sont, pour le moment, insuffisants. Notre art contemporain, dont la valeur est indĂ©niable et compĂ©titive (pour utiliser un terme plutĂŽt Ă©conomique) justifierait un support financier plus important afin de promouvoir Ă  l’étranger (la possibilitĂ© de financer des ouvragesspĂ©cialement conçus pour une certaine manifestation, conditions de transport, assurances,publication de catalogues et autres documentations compatibles du point de vue technique avecle niveau des exigences internationales).

En 1995, le M.N.A.R. a contribué avec des oeuvres de son patrimoine à la granderétrospective « Constantin Brùncui » du Centre Georges Pompidou de Paris et du Philadelphia Museum of Art.

Le MusĂ©e d’Art de ConstanĆŁa a organisĂ© en automne 1998 une « Exposition d’art roumain contemporain » au Japon, Ă  Yokohama. Le MusĂ©e d’Art de Braov prĂ©sentait en 1995

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en SuĂšde l’exposition « Peintres de Braov Ă  Stockholm » (avec un catalogue) et en 1996 « L’art contemporain de Braov Ă  Györ » (toujours en catalogue) en Hongrie; en 1998, cettederniĂšre exposition fut accueillie par la ville de Budapest. La section d’art duMusĂ©e du Banat (Timioara) en coopĂ©ration avec l’Association des SvĂšbes de Banat vivant en Allemagne, aconçu et « mis en page » en 1995 – 1996, l’exposition « 200 annĂ©es d’art europĂ©en dans leBanat » (avec catalogue bilingue), accompagnĂ©e de sessions de communications, Ă  WƱrzburget Ă  Ingolstadt.

Les expositions d’art contemporain roumain Ă  l’étranger reprĂ©sentent un volet important de l’activitĂ© de l’O.N.D.E.A. Il s’agit des manifestations dont il est l’organisateur,mais aussi du fait qu’il met Ă  la disposition de certaines partenaires ses ressources matĂ©rielleset humaines. De ce dernier point de vue, l’O.N.D.E.A. a une forte contribution Ă  l’organisationde la participation roumaine Ă  la Biennale d’art de Venise ou Ă  d’autres manifestationsinternationales. Voici quelques exemples de sĂ©lĂ©ctions d’art roumain Ă  l’étranger: « Artsgraphiques roumains contemporains », Budapest 1991; « Sculpture roumaine contemporaine »,Foire Internationale de Seville 1992; exposition personnelle d’Alexandru Chise Ă  Nitra et Ă Bratislava 1993; « Jeunes artistes roumains », Moscou 1994; participation Ă  l’exposition« Europe – Europa », Bonn 1994; l’exposition « Le corps humain », Strasbourg 1996; « Exposition d’architecture roumaine », Londres 1997.

L’Union des Artistes (U.A.P.) rĂ©alise une significative « exportation d’imageartistique » roumaine. Des dizaines d’artistes obtiennent chaque annĂ©e son appui pour prĂ©senterdes expositions dans des pays du monde entier. Elle organise aussi des sĂ©lections d’art roumaincontemporain pour l’étranger. En mĂȘme temps, disposant d’un large rĂ©seau de relationsexternes et Ă©tant sollicitĂ©e Ă  cet effet, l’U.A.P. s’implique dans la participation de notre pays Ă des manifestations internationales, y compris dans celles oĂč sont conviĂ©s, en tant que curators,les membres de la Section de critique d’art de l’Union. Il convient de mentionner comme ayant dĂ©jĂ  acquis un caractĂšre traditionnel les contributions de l’U.A.P. Ă  la participation roumainedu Festival International de Peinture de Cagnes-sur-Mer ou Ă  celles individuelles Ă  plusieursconcours internationaux d’arts graphiques, de gravure, de sculpture ou d’arts dĂ©coratifs. VoilĂ aussi d’autres exemples: l’Exposition intenationale de verrerie de Kanazawa (Japon), 1995,l’Exposition triennale de tapisserie de Lodz (Pologne), 1995; l’Exposition de sculpture« Bourdelle » de Paris, 1995; l’Exposition internationale de miniature de Toronto, 1995; l’Exposition triennale de peinture Sofia, 1996; l’Exposition triennale d’art de Majdanek, 1996; la Biennale de cĂ©ramique du Caire, 1996 ; le Salon international d’art contemporain de Nice,1996... (nous n’y avons choisi que deux annĂ©es de telles activitĂ©s, et il faut ajouter qu’àcertaines de ces manifestations les artistes roumains ont Ă©tĂ© recompensĂ©s par des prix et autresdistinctions).

La Fondation Artexpo rĂ©alise elle aussi un plan de manifestations Ă  l’étrangercomprenant diffĂ©rentes expositions, comme par exemple: « Arts graphiques roumainscontemporains », Aardenburg (Hollande, 1994); « Kunst in RumĂ€nien Heute », Ludwig Forum(Aachen), 1997 (organisĂ©e en collaboration) ; « Ad hoc » – art roumain contemporain,Budapest (1997); « Exposition de cartographie – cartes anciennes des territoires habitĂ©s par lesRoumains », Lepizig (1998).

Avec l’appui des diffĂ©rentes institutions et O.N.G., la Roumanie a participĂ© aux plusimportantes manifestations internationales des annĂ©es ’90, dont: la Biennale de Venise, laBiennale de Sāo Paulo, la Biennale d’art europĂ©en contemporain « Manifesta », la Biennaled’art d’Istanbul... Certes, de telles prĂ©sences sont parfois le rĂ©sultat d’invitations adressĂ©esdirectement Ă  des artistes roumains; c’est le cas pour les manifestations oĂč il ne s’agit pas desĂ©lections nationales Ă  des expositions auxquelles la Roumanie est un participant traditionnel,

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mais de festivals dont les organisateurs font appel Ă  des artistes de diffĂ©rentes nationalitĂ©s,artistes connus grĂące Ă  un « curriculum vitae » significatif pour ce qui est de leur prĂ©sence Ă des manifestations intenationales, Ă  des visites de documentation, Ă  une circulation normale del’information...

Afin de donner plus de poids Ă  la participation roumaine sur la scĂšne artistiqueinternationale et d’offrir – par la logistique et le support financier – Ă  l’art roumain des chancesĂ©gales de s’affirmer ( la qualitĂ© esthĂ©tique et culturelle Ă©tant, cela va de soi, assurĂ©e) dans lacompĂ©tition avec celui d’autres pays, il s’impose d’amplifier et de concerter nos efforts, denous engager sur un front plus large de projets internationaux...

1.4 La mise en valeur de l’oeuvre des artistes roumains

Dans les annĂ©es du totalitarisme et surtout au cours des trois dĂ©cennies qui ont prĂ©cĂ©dĂ©la rĂ©volution de 1989, nombre d’artistes de Roumanie ont choisi l’(auto)exil, devenant unepartie de ce qu’on a nommĂ© « la diaspora roumaine ». AprĂšs le renversement du rĂ©gimeCeauescu, beaucoup d’entre eux ont repris les relations avec leur pays d’origine. Ils sont revenus avec des expositions personnelles, ont recommencĂ© Ă  ĂȘtre prĂ©sentĂ©s dans lesmanifestations collectives internes et Ă  nous reprĂ©senter dans des manifestationsinternationales. À ce jour, ils s’intĂšgrent plutĂŽt dans le phĂ©nomĂšne appelĂ© par Achille BonitoOliva (en sa qualitĂ© d’organisateur – curator – de la Biennale de Venise de 1993) ‘nomadisme’culturel: il s’agit de libre mouvement du crĂ©ateur Ă  travers le monde, son oeuvre se constituant Ă  des moments et dans des lieux divers, en fonction de ses prioritĂ©s dans ces situations-lĂ .

Les artistes roumains en question ne cessent d’ĂȘtre reprĂ©sentatifs de notre culturen’importe oĂč dans le monde. Ils se sont rĂ©intĂ©grĂ©s dans notre circuit d’expositions, dans lemouvement d’affirmation de l’art roumain sur le plan international, ils se trouvent dans la zoned’intĂ©rĂȘt de nos critiques de spĂ©cialitĂ©.

Le phĂ©nomĂšne a Ă©tĂ© dĂ©clenchĂ© dĂšs le dĂ©but des annĂ©es ’90 et il ne cesse de s’amplifier.Les artistes roumains Ă©tablis Ă  l’étranger regagnent leur place dans l’histoire de notre art contemporain, ce que la censure communiste d’avant dĂ©cembre 1989 rendait impossible. Ilconvient d’ajouter qu’il y a aussi des artistes qui ont choisi de vivre dans d’autres pays aprĂšs1989 ou bien qu’ils partagent leur existence entre la Roumanie et leur nouvelle rĂ©sidence; leuroeuvre appartient Ă  l’horizon spirituel roumain aussi bien qu’à d’autres horizons. Dans lesouvrages historiques, critiques, thĂ©oriques et de spĂ©cialitĂ©, la nuisible distinction entre lescrĂ©ateurs rĂ©sidant dans leur pays d’origine et ceux rĂ©sidant ailleurs n’est plus de mise.

Le programme d’expositions rĂ©alisĂ©es par les musĂ©es, par d’autres institutions d’État ou par des O.N.G. qui prĂ©sentent notre art contemporain au public d’ici ou d’ailleurs comprendaussi des expositions personnelles d’artistes rĂ©sidant ailleurs, tout comme leur prĂ©sence dansdes manifestations de groupe. Le M.N.A.R., par exemple, a organisĂ© les expositionspersonnelles de Ingo Glass (1996) et de Paul Neagu (1997). La section d’art du MusĂ©e du Banat – Timioara a Ă©galement inclus dans la rĂ©trospective de la nĂ©o-avangarde de Timioarades annĂ©es ’60 – ’70 (1991) des personnalitĂ©s qui ne vivent plus en Roumanie; elle a aussiorganisĂ© les expositions de Diet Sayles (1993), de Peter Jacobi (1994), de Bate Marianov (1998). Le MusĂ©e d’Art de ConstanĆŁa a acueilli l’exposition personnelle de PatriciuMateescu (1995). L’O.N.D.E.A. a organisĂ© les expositions personnelles de Doru Covrig et de RomanCotoman (1996). Souhaitant d’offrir et de rĂ©cupĂ©rer pour le public la dimension globale del’art roumain contemporain, la grande exposition « Experiment – l’art roumain d’aprĂšs 1960 »,constituĂ©e en 1996 en tant qu’exposition annuelle du Centre Soros pour l’Art Contemporain(C.S.A.C.), incluait dans son discours musĂ©ologique plusieurs auteurs rĂ©sidant Ă  l’étranger.

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L’U.A.P., Ă  son tour, accueille dans des galeries des expositions portant les signatures decrĂ©ateurs vivant hors du pays, tels que Christian Paraschiv, et accorde des prix Ă  leurs oeuvres,comme ce fut le cas de Dan MihălĆŁianu en 1996. Pour ce qui est de la participation Ă  desmanifestations internationales, il convient de rappeler celle de Horia Damian Ă  la Biennale deVenise en 1993 ou la prĂ©sence de George Apostu (dĂ©cĂ©dĂ© en 1980), de tefan Bertolan, deRoman Cotosman, de Doru Covrig, de Paul Neagu et de Ion Nicodim, ce dernier rĂ©sidant enFrance et en Roumanie, Ă  l’exposition roumaine de groupe lors de cette mĂȘme Biennale en1995.

C’est bien rĂ©confortant de voir que la vie intellectuelle et artistique roumaine comptedes reprĂ©sentants et des « ambassadeurs » rĂ©pandus dans le monde entier et que nousconstituons, de ce point de vue, une force sur la carte mondiale de la culture.

1.5 Expositions d’art Ă©tranger en Roumanie

Il s’agit d’une importante composante de nos programmes concernant les arts visuels,mais nous n’allons pas nous y attarder, vu les buts diffĂ©rents de cette Ă©tude. Si nous l’avonsintĂ©grĂ©e, c’est uniquement pour faire voir, une fois de plus, que les relations culturelles avecl’étranger font partie du « mĂ©tabolisme de l’organisme » de la spiritualitĂ© roumaine actuelle.Toute culture vit et se dĂ©veloppe grĂące aussi aux rapports avec d’autres cultures – phĂ©nomĂšnequi est de nos jours plus important que jamais, car c’est ensemble que nous voulons Ă©difier « levillage global » dont parlaitMcLuhan.

Nous accueillons toujours plus d’expositions provenant de nos partenaires Ă©trangers,manifestations marquĂ©es par la prĂ©sence d’oeuvres toujours plus importantes. NousconsidĂ©rons pourtant qu’il convient d’intensifier ces collaborations, solliciter la prĂ©senceconstante en Roumanie des personnalitĂ©s et d’expositions prestigieuses – en y faisant lesinvestissements nĂ©cessaires -, car nos artistes et notre public ont besoin de la confrontationdirecte avec des repĂšres essentiels de la culture contemporaine.D’une part, la soifd’information est toujours grande, d’autre part, il va de soi que, si le dialogue s’engage avec lesniveaux supĂ©rieurs de la spiritualitĂ© d’autres pays, les bĂ©nĂ©fices sont d’autant plusconsidĂ©rables, ce Ă  quoi s’ajoute le fait que l’accueil de telles manifestations hausse Ă  la fois leprestige du “rĂ©cepteur”.

Nous nous sommes astreints Ă  n’offrir en ce qui suit que quelques exemples de cephĂ©nomĂšne, mais il convient d’y mentionner le significatif soutien accordĂ© par les ambassadesĂ©trangĂšres et les institutions de culture fonctionnant en Roumanie: au M..N.A.R., lesexpositions “Ernst Barlach” (1990), “Japon – Yokohama, gravure contemporaine” (1992), “lesarts graphiques des annĂ©es ’80 en R.F. d’Allemagne” (1992), “Paris – Tour Eiffel “ (1993), “Art danois des derniĂšres 25 annĂ©es “ (1995) et “Les journĂ©es de la culture slovaque” (1997); au MusĂ©e d’Art de Braov: les expositions “Salvador Dali “ (1991), “Vasarely “ (1991), “Max Ernst” (1992), “Albin Brunovschi – Slovaquie” (1997), “Pop-Art” – de la collection Dr Heinz Ess, Allemagne (1997); Ă  l’O.N.D.E.A., les expositions “Artistes contemporains de Hongrie”(1990), “Arts graphiques en Ecosse” (1991), (exposition prĂ©sentĂ©e aussi en province),“L’affiche polonaise” (1992), “12 graveurs suĂ©dois” (1992), “Mihail Grecu” de la RĂ©publiquede Moldavie (1994), “Peter Blake” (1995), “Anthony Gormley” (1995), “El Kazovsziy”,Hongrie (1995), “Oscar Herman”, Croatie (1996), “Janos Szirtes”, Hongrie (1997), “AlfredKaufmann”, Etats Unis (1997) et Rossana B. Meniscalchi”, Italie (1997). Les relationsextĂ©rieures de l’U.A.P. ont fait venir en Roumanie, sur cette voie aussi, des expositions del’étranger.

Il faut y ajouter que l’activitĂ© de certains Centres culturels Ă©trangers fonctionnant Ă Bucarest comprend aussi l’organisation, dans leurs propres espaces, d’expositions venues de

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leurs pays, tout comme l’accueil de manifestations roumaines, ce qui a conduit Ă  l’intĂ©grationde ces espaces dans le paysage bucarestois des salles d’exposition.

1.6 Suggestions pour l’avenir

Certaines remarques et suggestions formulées dans les chapitres précédents en sont déjàinauguré ce dernier.

La valorisation de l’art roumain contemporain ne saurait se rĂ©aliser de façon efficace, Ă des standards vraiment comparables avec ceux internationaux, que par des investissementsbeaucoup plus substantiels que ceux d’aujourd’hui.

Les pourcentages budgĂ©taires allouĂ©s aux musĂ©es au bĂ©nĂ©fices de l’art contemporain,tels qu’ils sont mentionnĂ©s au chapitre I.1., en sont Ă©loquents.

La concentration des efforts visant Ă  la conservation musĂ©ologique spĂ©cialisĂ©e de l’art contemporain est elle aussi une prioritĂ© nationale. On ne saurait accepter l’idĂ©e de ne pas avoir(au moins) un musĂ©e d’art moderne et contemporain. Une fois constituĂ©, celui-ci ne devrait passe rĂ©sumer Ă  thĂ©sauriser les objets d’art roumain (voire international) des derniĂšres dĂ©cennies(pour ne plus parler de l’extension de l’option patrimoniale Ă  l’intervalle de l’entre-deux-guerres ou mĂȘme au XX-e siĂšcle tout entier); il conviendrait qu’un tel musĂ©e fonctionne en tant qu’institution “vivante”, avec un programme actif d’expositions temporaires, avec unĂ©chelonnement soutenu des acquisitions, avec l’organisation de manifestations complexesconcernant tous les langages de l’art contemporain et susceptible d’attirer un public toujoursplus nombreux. Une telle institution devrait bĂ©nĂ©ficier d’une riche base documentaire, d’uneconstante disponibilitĂ© de dĂ©veloppement; elle devrait se connecter (utilisant toutes les facilitĂ©stechnologiques actuelles) aux principaux rĂ©seaux internationaux d’information, cultiverintensĂ©ment l’information mutuelle et la collaboration avec les institutions similairesĂ©trangĂšres.

Une amplifications des relations avec l’étranger serait dĂ©sirable au niveau desinstitutions subordonnĂ©es au ministĂšre de la Culture; cela aurait des rĂ©sultats bĂ©nĂ©fiques quant Ă  l’augmentation du nombre des expositions roumaines Ă  l’étranger, tout comme une prĂ©senceplus soutenue (de tous les points de vue) aux manifestations internationales. Les programmesd’expositions pourraient acquĂ©rir plus de qualitĂ© par des concours de projets grĂące auxquels onaccorderait plus de chances aux expositions d’auteur, d’ “idĂ©e”, confiĂ©es Ă  des critiques d’art, Ă des curators en voie de formation. À cette fin, il est souhaitable de solliciter aux instancesinternationales spĂ©cialisĂ©es un plus grand nombre de bourses destinĂ©es Ă  des Ă©tudesapprofondies de spĂ©cialisation, tout comme le dĂ©ploiement d’une stratĂ©gie similaire dans lepays.

Le dĂ©veloppement du marchĂ© intĂ©rieur d’art, avec des repĂšres multiples et concurrentiels, la constitution d’un systĂšme de cotes compatibles avec ceux de l’extĂ©rieur, lelancement de l’art roumain contemporain sur le marchĂ© international d’art reprĂ©senterait desstimulants non nĂ©gligeables. Il faudrait – et c’est lĂ  une exigence prioritaire – que la loi desdroits d’auteur, Ă©ventuellement amĂ©liorĂ©e – soit appliquĂ©e avec une normale rigueur. Il est Ă souhaiter que l’État amplifie les acquisitions d’art contemporain (le standing de nos artistes est,en gĂ©nĂ©ral, modeste, voire moins que modeste).

Certes, il n’est pas facile d’atteindre tous ces paramĂštres dans les actuelles conditions,vu que la Roumanie traverse de maints points de vue une Ă©tape difficile. Notre culture produit des valeurs, ce dont on a fait dĂ©jĂ  la preuve, mĂȘme dans des pĂ©riodes de crise. Mais elle a

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besoin d’ĂȘtre soutenue sur le plan matĂ©riel, Ă  commencer par ses crĂ©ateurs, car ce sont eux quiproduisent ces valeurs spirituelles qui, en derniĂšre instance, peuvent se transformer en valeursmatĂ©rielles; ce serait lĂ  la consĂ©quence d’une politique culturelle rĂ©aliste, actualisĂ©e, stimulant la libre initiative et accordant des facilitĂ©s Ă  toutes les institutions et organisations engagĂ©esdans l’effort de promouvoir l’art roumain contemporain. Dans ce contexte, il s’imposed’envisager Ă©galement les programmes, les visĂ©es de certains musĂ©es de Roumanie, leur dĂ©sird’amplifier le patrimoine d’art contemporain, de multiplier les manifestations dans ce domaine,d’intensifier les relations avec les institutions homologues de l’étranger, de consolider le fondsdocumentaire et de publier plusieurs catalogues et ouvrages de spĂ©cialitĂ©.

2. Quelques donnĂ©es et considĂ©rations sur le marchĂ© d’art en Roumanie

Le marchĂ© d’art est un domaine en voie de se rĂ©former en Roumanie aprĂšs dĂ©cembre1989. PhĂ©nomĂšne normal Ă  l’époque d’avant l’instauration de la dictature communiste, il a Ă©tĂ©anĂ©anti dans son dĂ©veloppement naturel pendant plus de quarante ans aprĂšs la seconde guerremondiale. Les annĂ©es ’90 tĂ©moignent des efforts de remettre sur pied le commerce d’art enRoumanie et de le rĂ©insĂ©rer sur l’orbite du marchĂ© international. Ce qui n’est pas facile, lavaleur en soi des oeuvres devant ĂȘtre doublĂ©e par la persuasion commerciale.

La lĂ©gislation du domaine n’est pas encore Ă©tablie pour ce qui est des textes, de lacirculation, etc. Il n’y a pas encore un systĂšme coordonnĂ© de cotes; les quelques initiativesinstitutionnelles dans cette zone se heurtent Ă  de nombreuses difficultĂ©s et se manifestent d’unefaçon chaotique, chacune menĂ©e par l’ambition d’imposer son point de vue.

Les nombreux obstacles qui encombrent encore la voie de la transition en Roumanie sereflĂštent aussi dans la nouvelle existence de notre marchĂ© d’art. On manque toujours d’unelĂ©gislation avantageuse du domaine en question et la lĂ©gislation commerciale n’offre pasencore des dispositions spĂ©cialisĂ©es pour la zone artistique. Ni les galeries d’art, ni les maisonsde vente aux enchĂšres, ni les Ă©ventuels investisseurs ne sont pour le moment encouragĂ©s. DespossibilitĂ©s financiĂšres plutĂŽt modestes portent prĂ©judice Ă  un commerce d’art qui se veut vigoureux. La crĂ©ation d’un systĂšme de connexions entre les galeries roumaines et celles del’étranger traĂźne toujours. Les collectionneurs roumains sont devenus trĂšs peu nombreux et leurpouvoir d’achat ne cesse de baisser. Les investisseurs Ă©trangers sont intĂ©ressĂ©s par l’art roumain, mais, profitant de la situation Ă©conomique prĂ©caire de chez nous, de l’absence d’unsystĂšme juste de cotes, ils offrent des prix bien en dessous de la valeur des Ɠuvres; Ă  leur tour,les artistes en quĂȘte de fonds pour leur existence et pour la rĂ©alisation de leurs Ɠuvres font deleur mieux pour s’adapter Ă  cette conjoncture. Le nombre de ceux qui parviennent Ă  vendre Ă un niveau honorable Ă  l’étranger et Ă  s’imposer sur le marchĂ© international d’art est rĂ©duit. Unecoordination des stratĂ©gies, une suite des rĂ©glementations lĂ©gislatives, la structuration d’unepolitique Ă  mĂȘme de protĂ©ger les intĂ©rĂȘts des artistes et des galeries d’art, une transparence desopĂ©rations de marchĂ© s’imposent. Il est souhaitable que de nouvelles assise soient posĂ©es au phĂ©nomĂšne en question, en utilisant Ă©galement le modĂšle des marchĂ©s Ă©trangers d’art, Ă  unelongue expĂ©rience; en mĂȘme temps, nous nous prononçons pour la formation de nouveaux spĂ©cialistes, y compris Ă  l’aide des bourses d’études Ă  l’étranger. D’une importance vitale est aussi la crĂ©ation et le dĂ©veloppement d’un systĂšme informatique appliquĂ©, connectĂ© aux rĂ©seaux internationaux. La construction d’un systĂšme valable de cotes suppose, entre autres, lapublication pĂ©riodique de catalogues spĂ©cialisĂ©s.

À Bucarest et en province il y a peu de galeries de vente – effectivement entraĂźnĂ©esdans le marchĂ© d’art – ou de maisons de vente aux enchĂšres (certaines d’entre elles ayant uneexistence Ă©phĂ©mĂšre, peu susceptibles qu’elles sont de rĂ©sister aux aspĂ©ritĂ©s et aux fluctuationsdu systĂšme Ă©conomique). L’U.A.P. dispose d’un tel rĂ©seau de galeries, constituant pour elle

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une source de revenus, mais les bĂ©nĂ©fices n’en sont guĂšre significatifs, Ă  cause des carencessignalĂ©es plus haut.

La Fondation Culturelle “Dominus Z Art” – Bucarest, sous le sigle de laquellefonctionnent les galeries “Dominus” et “Dominus Z Art”, est active dĂšs le dĂ©but des annĂ©es’90, mais elle rĂ©siste de plus en plus malaisĂ©ment aux vicissitudes Ă©conomiques et financiĂšresqui touchent l’ensemble de la sociĂ©tĂ© roumaine et provoquent la stagnation du marchĂ© d’art.Les galeries mentionnĂ©es appliquent de façon prioritaire le rĂ©gime de consignation, plusopportun dans le contexte actuel, et plus rarement celui d’achat-revente avec profit. Les ƓuvreslancĂ©es sur le marchĂ© appartiennent aux domaines de la peinture, de la sculpture (artistesroumains en vie, Ă  quelques exceptions prĂšs) et de la gravure. 90% des acheteurs sont desĂ©trangers et seulement 10% des Roumains. On a essayĂ© d’établir un systĂšme judicieux de cotes.Les artistes n’ont pas acceptĂ© des contrats avec clause d’exclusivitĂ© car les pressions d’ordreĂ©conomique les poussent vers d’autres partenaires aussi. Ajoutons que la Fondation “DominusZ Art”, intĂ©ressĂ©e entre autres Ă  soutenir les jeunes artistes (l’effort de lancer certains auteurssur le marchĂ© s’est avĂ©rĂ© prĂ©maturĂ©), a pris l’initiative d’organiser des concours dotĂ©s de prix destinĂ©s aux jeunes peintres et graveurs; ces concours sont annuels et d’autres sponsors y sont Ă©galement entraĂźnĂ©s.

La Maison de vente aux enchĂšres “Alis” – Bucarest, fondĂ©e en 1990, l’une des raresmaisons ayant rĂ©sistĂ© pendant cette dĂ©cennie, a gagnĂ© en prestige par sa constance et a attirĂ©diffĂ©rents collectionneurs. L’un de ces principaux attraits est la vente aux enchĂšres d’ouvragesde peinture et de sculpture, ce qui a permis de rĂ©insĂ©rer dans le circuit du marchĂ© d’art d’importants artistes roumains de l’entre-deux-guerres; la nouvelle crĂ©ation n’est pas laissĂ©e decĂŽtĂ©, mais la Maison “Alis”, qui ont lieu une fois toutes les deux semaines, comprennent:montres-bijoux, objets en argent, cĂ©ramiques-verreries-porcelaines, objets d’art graphique,icĂŽnes-objets de culte, mobilier, objets divers. Tout rĂ©cemment, “Alis” est parvenue Ă  entrerdans l’un des catalogues internationaux des ventes. Le chiffre d’affaires en a pourtant diminuĂ©derniĂšrement, influencĂ© par la situation Ă©conomique gĂ©nĂ©rale. On ressent Ă  la fois l’absenced’une lĂ©gislation adĂ©quate et susceptible de stimuler ce domaine du marchĂ© d’art.

VI. INTERCULTURALITE ET CULTURE DES MINORITES

1. Communautés ethniques en Roumanie

Selon les donnĂ©es du dernier recensement (1992), plus de 10% des citoyens roumainsappartiennent Ă  une minoritĂ© nationale. Il y a actuellement un nombre de 17 minoritĂ©sreconnues officiellement. Il s’agit de populations ayant vĂ©cu sur le territoire de la Roumaniedepuis plusieurs siĂšcles qui ont parfois marque de maniĂšre significative la culture et lacivilisation de plusieurs rĂ©gions roumaines.

En fonction de leur Ă©volution dĂ©mographique Ă  travers l’histoire rĂ©cente du pays, onpeut partager ces minoritĂ©s en plusieurs catĂ©gories:

- les Allemands et les Juifs - des minoritĂ©s autre fois trĂšs nombreuses, qui ont eu unecontribution importante au dĂ©veloppement social, Ă©conomique et culturel de la sociĂ©tĂ©roumaine, mais dont le nombre est beaucoup plus rĂ©duit Ă  l’heure actuelle Ă  cause desĂ©migrations vers leur pays d’origine.

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- les Hongrois - une minorité forte qui regroupe plus de 7% de la population et qui, danscertaines zones de la Transylvanie est majoritaire.

- les Albanais, les Arméniens, les Bulgares, les Croates, les Grecques, les Italiens, les Polonais,les Russes, les Serbes, les Slovaques, les TchÚques, les Turques, les Tatars, les Ukrainiens - desminorités relativement faibles comptant de quelques milliers à quelques dizaines de milliers depersonnes parfois concentrées dans certaines régions et qui luttent pour garder leur identité

- les RRromes (Tsiganes) - une minoritĂ© dont le nombre est estimĂ© de 400. 000 Ă  plus de1.500.000 personnes et qui, au long de l’histoire a du faire face Ă  des politiques demarginalisation, de rejet ou d’assimilation forcĂ©e, se trouvant aujourd’hui en plein processus derestructuration identitaire et d’affirmation en tant que minoritĂ© nationale.

Dans plusieurs rĂ©gions de la Roumanie, comme le Banat, certaines rĂ©gions de laTransylvanie ou de la Dobroudgia, la coexistence sur un mĂȘme territoire de plusieurs groupesethniques a dĂ©terminĂ© l’apparition de nombreuses influences rĂ©ciproques et interfĂ©rencesculturelles, ainsi que l’instauration d’un climat de tolĂ©rance et respect mutuel de l’identitĂ© del’autre. Cela fait qu’on peut parler dans ces rĂ©gions, non seulement de communautĂ©s dont lecaractĂšre multiculturel est respectĂ©, mais aussi d’une interculturalitĂ© vĂ©cue, qui suppose, Ă  cĂŽtĂ©de considĂ©rer la diversitĂ© culturelle comme une richesse, une constante communication et desĂ©changes sur tous les plans.

La situation des minorités avant 1989

Dans un premier temps, le rĂ©gime communiste roumain avait accordĂ© certains droitsaux minoritĂ©s ethniques les plus nombreuses, en vue de garder de bonnes relations avec lespays voisins et ensuite de prĂ©senter une image favorable sur le plan international. Ces droits,qui comprenaient l’éducation dans les langues des minoritĂ©s, des institutions de culture, desjournaux, des Ă©missions de radio et de tĂ©lĂ©vision dans ces langues, Ă©taient nĂ©anmoins limitĂ©spar le contrĂŽle exercĂ© par le Parti Communiste sur l’ensemble de la vie sociale du pays.L’exception la plus importante est constituĂ©e par les RRromes (Tsiganes) qui, malgrĂ© leurnombre significatif, n’ont pas Ă©tĂ© reconnus en tant que minoritĂ© et ont Ă©tĂ© dĂ©couragĂ©s par lesautoritĂ©s de prĂ©server leur identitĂ© culturelle.

Dans la pĂ©riode suivante, et plus particuliĂšrement Ă  partir des annĂ©es 80, le rĂ©gime au pouvoir s’oriente de plus en plus vers une idĂ©ologie nationaliste qui tend Ă  rĂ©duire la visibilitĂ©sociale et le rĂŽle des minoritĂ©s. Cela se traduit, entre autres, par la rĂ©duction du nombre despublications dans les langues des minoritĂ©s et par l’élimination des Ă©missions de radio et detĂ©lĂ©vision pour les minoritĂ©s, dans le contexte gĂ©nĂ©ral de crise dans ce domaine. Cette tendanceest Ă©galement reflĂ©tĂ©e dans le changement de l’appellation officielle des minoritĂ©s: on passe denationalitĂ©s cohabitantes aux Roumains de nationalitĂ© hongroise, allemande, serbe, tchĂšque et slovaque etc.

C’est dans cette pĂ©riode que commence une forte vague d'Ă©migrations des Allemandeset des Juifs vers l’Allemagne et respectivement, l’Israel. On assiste Ă  la mĂȘme Ă©poque Ă  unepolitique gĂ©nĂ©rale, non dĂ©clarĂ©e publiquement, d’assimilation forcĂ©e des RRromes(Tsiganes).Ces phĂ©nomĂšnes sociaux ont eu sans doute une importante influence nĂ©gative sur ledĂ©veloppement culturel des minoritĂ©s.

Les communautés ethniques entre 1990 et 1996

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Un changement radical sur le plan de la vie culturelle des minoritĂ©s nationales s’est produit Ă  partir de 1990, dans le contexte de la dĂ©mocratisation de la sociĂ©tĂ© roumaine. C’estseulement Ă  cette Ă©poque que la libertĂ© d’expression et la libertĂ© d’association sont devenuespleinement valables et ont pu contribuer de maniĂšre importante Ă  la prĂ©servation et au dĂ©veloppement de l'identitĂ© culturelle des minoritĂ©s vivant en Roumanie.

Une premiÚre conséquence a été donc, dans ce sens, la constitution des organisationsreprésentant les différentes minorités. Une partie de ces organisations ont été représentées déjàdans les premiÚres structures législatives établies en 1990.

C’est avec la nouvelle Constitution, adoptĂ©e en 1992, qu’on peut parler d’unereconnaissance des minoritĂ©s nationales et de leurs droits. La Constitution de la Roumaniegarantit les droits de l’homme et les droits des minoritĂ©s nationales de prĂ©server leur identitĂ©culturelle. Il est important de souligner aussi que la Constitution affirme la prĂ©Ă©minence de lalĂ©gislation internationale sur la lĂ©gislation interne ce qui fait que toute Ă©volution sur ce planconcernant les droits des minoritĂ©s est automatiquement appliquĂ©e en Roumanie.

Un forum des organisations des minoritĂ©s a Ă©galement Ă©tĂ© crĂ©Ă©: le Conseil desMinoritĂ©s Nationales. Cet organisme est directement impliquĂ© dans les dĂ©cisions sur larĂ©partition des fonds du budget destinĂ©s aux minoritĂ©s et dans la rĂ©daction des propositionslĂ©gislatives concernant les minoritĂ©s. Il rĂ©unit les reprĂ©sentants des organisations des citoyensappartenant aux minoritĂ©s nationales en Roumanie trois personnes dĂ©signĂ©es par chacune desorganisations, Ă  condition que celles-ci soient reprĂ©sentĂ©es au Parlement. Le Conseil desMinoritĂ©s Nationales inclut aussi les organisations des minoritĂ©s fondĂ©es avant le 27 septembre1992, ayant participe ou non aux Ă©lections, mais qui n’ont pas obtenu le nombre de voix nĂ©cessaire pour un mandat Ă  l'AssemblĂ©e.

D’autres progrĂšs importants ont Ă©tĂ© faits dans cette pĂ©riode en relation avec lesminoritĂ©s et leurs droits. Ainsi, le TraitĂ© de base entre la Roumanie et la Hongrie, signĂ© Ă Timisoara en septembre 1996, inclut aussi la recommandation 1201 de l'AssemblĂ©eParlementaire du Conseil de l’Europe. De mĂȘme, la Roumanie a signĂ© la Convention cadrepour la protection des minoritĂ©s nationales.

Les organisations des citoyens appartenant aux minorités :

L’Union culturelle des AlbanaisL’Union des ArmĂ©niensLa CommunautĂ© BRATSTVO des BulgaresL’Union des CroatesL’Union hellĂ©niqueLa FĂ©dĂ©ration des CommunautĂ©s de JuifsLe Forum dĂ©mocrate des AllemandsLa CommunautĂ© italienneL’Union dĂ©mocratique MagyareL’Union des Polonais Dom PolskiLe Parti des RRromesLa CommunautĂ© des Russes LipoveniL’Union dĂ©mocratique des SerbesL’Union dĂ©mocratique des Slovaques et des TchĂšquesL’Union dĂ©mocratique des Tatars Turco - MusulmansL’Union dĂ©mocratique TurcqueL’Union des Ukrainiens

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Dans le cas de quelques minoritĂ©s il y a plusieurs associations qui fonctionnent, soit indĂ©pendamment, soit dans le cadre d’une union ou une fĂ©dĂ©ration.

MINORITE NOMBRED’ASSOCIATIONS

MINORITE NOMBRED’ASSOCIATIONS

hongroise 303 rrome Plus de 70allemande 16 turque - tatare 3juive 2

La situation aprĂšs 1996

Sur le plan politique, les Ă©lections de 1996 ont dĂ©terminĂ© la formation d’ungouvernement soutenu par une coalition qui inclut l’Union DĂ©mocratique Magyare. Cela fait qu’un nombre important de reprĂ©sentants de la minoritĂ© hongroise ont accĂ©dĂ© Ă  des positionsdans les structures gouvernementales, y compris aux positions de Ministres et SecrĂ©tairesd’Etat, et cela non seulement en ce qui concerne la gestion des problĂšmes des minoritĂ©s maisaussi dans les domaines d'intĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral.

De mĂȘme, une rĂ©organisation des structures gouvernementales responsables pour lagestion des problĂšmes des minoritĂ©s nationales est faite au dĂ©but de 1997.Ainsi, il existe unConseil des MinoritĂ©s nationales du gouvernement, subordonnĂ© directement au Premierministre et dirigĂ© par un ministre. Le Conseil des MinoritĂ©s Nationales garde un rĂŽle consultatifpour toute question concernant les minoritĂ©s et soumet Ă  la dĂ©cision du ministre des MinoritĂ©sles propositions de rĂ©partitions des fonds prĂ©vus par la budget de l’Etat pour soutenir lefonctionnement des organisations des minoritĂ©s nationales

Culture, multiculturalité, interculturalité actuellement

Le ministĂšre de la Culture est pleinement impliquĂ©, Ă  cĂŽtĂ© du DĂ©partement pour laprotection des MinoritĂ©s nationales et du ministĂšre de l’Education, dans le soutien offert parl’Etat Ă  la prĂ©servation et au dĂ©veloppement de l'identitĂ© des minoritĂ©s nationales de Roumanie.Ainsi, afin de contribuer Ă  la gestion des problĂšmes culturels des minoritĂ©s, dans le cadre du ministĂšre de la Culture fonctionne une Direction des MinoritĂ©s Nationales. Cette DirectiondĂ©veloppe un programme ayant comme objectif principal de crĂ©er un cadre permanent,logistique, financier et d’expertise, pour la sauvegarde, la prĂ©servation, la recherche, la mise envaleur et l’expression libre du patrimoine culturel qui dĂ©finit l'identitĂ© des diffĂ©rentes groupesminoritaires vivant en Roumanie.

Des activitĂ©s dans plusieurs domaines de la vie culturelle des minoritĂ©s font l’objet d’unsoutien financier direct du ministĂšre de la Culture, Ă  travers la Direction des MinoritĂ©sNationales :

-l’ histoire (recherches et mise en valeur des recherches dans le cadre de confĂ©rences,symposiums, publications, cĂ©lĂ©brations et commĂ©morations d'Ă©vĂ©nements et de personnalitĂ©sliĂ©es au passĂ© des communautĂ©s minoritaires)

-l’ art (camps de crĂ©ation, expositions, concours, symposiums, publications, albums)

- la vie spirituelle, la littĂ©rature, la musique et le thĂ©Ăątre (symposiums, tables rondes, musiqueet thĂ©Ăątre, la publication et l’organisation de foires du livre, de festivals, de concours et derĂ©sidences de crĂ©ation )

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-l' ethnographie et le folklore (recherche, identification et mise en valeur du folklore, foiresartisanales, expositions, publications)

-le patrimoine mobilier et immobilier (sauvegarde, préservation, conservation, restauration et mise en valeur du patrimoine par des conférences, des symposiums, des expositions et despublications - en partenariat avec la Direction des Musées et des Collections et avec laDirection des Monuments Historiques)

La Direction des Minorités prépare, depuis 1996, une base de données concernant laproblématique des minorités nationales en Roumanie, dans le domaine de la culture. Elle aaussi initié des collaborations et des contacts au niveau international, en accord avec lesDirections des Relations Culturelles Internationales du ministÚre de la Culture et du ministÚredes Affaires EtrangÚres.

Dans la plupart des cas, les projets d’actions et d'Ă©vĂ©nements culturels sont initiĂ©s parles organisations des minoritĂ©s nationales et sont dĂ©veloppĂ©s souvent en partenariat avec desinstitutions de culture, avec les Inspections DĂ©partementales pour la culture et avec d’autresinstitutions, dont notamment, le DĂ©partement pour la Protection des MinoritĂ©s nationales du gouvernement de la Roumanie.

Evolution du nombre de manifestations culturelles concernant les minorités, subventionnéespar la Direction des Minorités nationales du ministÚre de la Culture.

Année 1992-1995 1996 1997 1998Nombrede manifestationsculturelles

200 53 73 131

Financement des activités culturelles des minorités nationales

Sources de financement :

- Direction des MinoritĂ©s nationales du ministĂšre de la Culture- D’ autres directions du ministĂšre de la Culture- Les Inspectorats DĂ©partementaux pour la culture- Le DĂ©partement pour la Protection des MinoritĂ©s nationales- Les autoritĂ©s locales- Des institutions et des organisations internationales ou provenant des pays d’origine desminoritĂ©s- Des parrains privĂ©s

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Données sur le budget de la Direction des Minorités nationales du ministÚre de laCulture

Année 1996 1997 1998Subventionsaccordées(mille lei)

173000 +400000augmentation de plusde 150%

1.250.000

Le soutien financier accordĂ© par le ministĂšre de la Culture se situe d’habitude entre 10 et 50% du budget total d’une action. On a pu constater une augmentation de la contributionprovenant des sources locales pendant les deux derniĂšres annĂ©es. Cela est remarquable, d’unepart, compte tenu du retard de l’adoption par le Parlement de la loi concernant les budgetslocaux qui est censĂ© donner plus de libertĂ© aux autoritĂ©s locales dans la rĂ©partition des fonds,et, d’autre part, du dĂ©clin gĂ©nĂ©ral de l’économie roumaine.

En gĂ©nĂ©ral, les Inspectorats DĂ©partementaux pour la Culture ont, dans leur programme,des activitĂ©s adressĂ©es aux minoritĂ©s nationales. Toutefois, dans le cas de 12 dĂ©partements, iln’y a aucune action de ce type qui soit soutenue, malgrĂ© la prĂ©sence d’un nombre significatifde citoyens appartenant aux minoritĂ©s. Il s’agit plus particuliĂšrement des dĂ©partements situĂ©sau sud de la Roumanie, oĂč la grande partie des minoritaires sont des Rromes (Tsiganes).CelareflĂšte une situation plus gĂ©nĂ©rale, moins Ă©vidente peut-ĂȘtre dans d’autres rĂ©gions: un nombreencore restreint d’activitĂ©s impliquant les Rromes (Tsiganes) ou dĂ©diĂ©es Ă  leur culture, parrapport au nombre des membres de cette minoritĂ©. Certes, la situation a de fortes racineshistoriques et demande d'ĂȘtre dĂ©passĂ©e par une collaboration des autoritĂ©s culturelles avec lesorganisations des Rromes (Tsiganes).

Les institutions culturelles des minorités

En Roumanie fonctionnent actuellement 17 institutions artistiques professionnelles desminoritĂ©s nationales, dont 3 subventionnĂ©es directement par le ministĂšre de la Culture. Il est Ă noter que Timisoara est la seule ville en Europe avec trois thĂ©Ăątres d’Etat, en trois languesdiffĂ©rentes: le roumain, le hongrois et l’allemand.

TYPE D’INSTITUTION MINORITE VILLES NOMBRE

Théùtres subventionnés par leministÚre de la Culture

hongroise Cluj-NapocaTargu-Mures

2

Théùtres subventionnés par lesautorités locales

hongroise Sf.GheorgheSatu MareOradeaTimisoara

4

allemande SibiuTimisoara

2

juive Bucarest 1Théùtre d'Opéra subventionnépar le ministÚre de la Culture

hongroise Cluj-Napoca 1

Théùtre de marionnettessubventionné par les autoritéslocales

hongroise OradeaCluj-NapocaTargu-Mures

3

allemande Sibiu 1

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Ensembles artistiquesprofessionnels

hongroise Targu MuresMiercurea CiucSf.Gheorghe

3

A cÎté de ces théùtres et ensembles artistiques professionnels, plusieurs autres groupes et ensembles fonctionnent sur le plan local:

MINORITE NOMBRE1.hongroise 1002.rrome (tsigane) plus de 1003.allemande 434.ukrainiennes 225.serbe 146.juive 117.tchÚque et slovaque 88.russe 79.bulgare 610.polonaise 511.albanaise 412.croate 313.grecque 314.turque-tatare 315.arménienne 216.italienne 1

Vu la diversitĂ© des contextes locaux, ainsi que le spĂ©cifique des institutions concernĂ©es,il est difficile de faire une Ă©valuation globale de celles-ci. Afin d’offrir une image sur lefonctionnement et les politiques de ces institutions, nous avons choisi de prĂ©senter briĂšvement deux des institutions de spectacle subventionnĂ©es directement par le ministĂšre de la Culture.

Le ThĂ©Ăątre Hongrois d’Etat et l'OpĂ©ra Hongrois de Cluj-Napoca

Les racines du ThĂ©Ăątre Hongrois de Cluj-Napoca se retrouvent dans les prĂ©occupationspour la culture et le thĂ©Ăątre des nobles de la Transylvanie Ă  partir de la fin du XVII-e siĂšcle.Une Compagnie de ThĂ©Ăątre des nobles hongrois est constituĂ©e en 1972.De mĂȘme. laCompagnie Hongroise de thĂ©Ăątre opĂ©ra de Cluj-Napoca date d’il y a plus de 150 ans.Evidemment, l'Ă©volution du ThĂ©Ăątre et de l'OpĂ©ra hongrois de Cluj-Napoca a Ă©tĂ© soumise aux bouleversements qui ont affectĂ© l’histoire de la Transylvanie et de la Roumanie mais on peut parler d’une continuitĂ© de l'activitĂ© thĂ©Ăątrale en hongrois Ă  Cluj-Napoca, jusqu’à nos jours.

Actuellement, les spectacles de théùtre se déroulent en hongrois, mais pour lespremiÚres une traduction simultanée en roumain est aussi disponible. Malheureusement, cesystÚme ne fonctionne pas pour les autres représentations.

Lors des vingt derniĂšres annĂ©es, deux grandes directions peuvent ĂȘtre observĂ©es dans lerĂ©pertoire du thĂ©Ăątre: une classique et une autre moderne. Le rĂ©gime communiste avait imposĂ©aussi dans le rĂ©pertoire des piĂšces classiques roumaines. La tendance moderne domineactuellement et le rĂ©pertoire est construit autour des piĂšces des auteurs de la Hongrie. DemĂȘme, le rĂ©pertoire de l’OpĂ©ra contient une diversitĂ© de styles, mais le nombre de spectaclesdes auteurs hongrois a augmentĂ© pendant les derniĂšres annĂ©es. Les deux institutionsfonctionnent dans le mĂȘme bĂątiment et partagent la mĂȘme salle.

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Plusieurs Ă©volutions rĂ©centes sont valables tant pour le thĂ©Ăątre que pour l’OpĂ©ra:

AprĂšs 1990, l’autonomie totale dans le choix du rĂ©pertoire est assurĂ©e.

Les relations et les Ă©changes avec la Hongrie sont devenues trĂšs nombreuses. CesĂ©changes concernent des tournĂ©es du ThĂ©Ăątre et de l’OpĂ©ra de Cluj - Napoca en Hongrie, laprĂ©sence des troupes hongroises Ă  Cluj-Napoca, mais aussi des Ă©changes d’expĂ©rience entre lesacteurs, les metteurs en scĂšne et les scĂ©nographes.

Le public des spectacles donnés à Cluj - Napoca est constitué quasi - exclusivement demembres de la minorité hongroise. Des tournées sont faits également dans les régions de laTransylvanie avec une population hongroise importante.

En gĂ©nĂ©ral, les problĂšmes d’ordre financier auxquels sont confrontĂ©es les autresinstitutions de spectacle de Roumanie restent valables pour les institutions des minoritĂ©snationales, ces institutions faisant partie du mĂȘme systĂšme de financement.

D’autres institutions de culture fonctionnent Ă©galement avec l’appui du ministĂšre de laCulture, des autoritĂ©s locales et rĂ©gionales et des organisations des minoritĂ©s. Il s’agit desmusĂ©es et des maisons mĂ©morielles des personnalitĂ©s appartenant aux minoritĂ©s

Musées Maisonsmémorielles

HONGROISE 12 (avec 7 filiales) 17

ALLEMANDE 5 6ARMENIENNE 1JUIVE 1 1SERBE 1 1TURCO-TATARE 3 -

A cela s’ajoutent plusieurs musĂ©es gĂ©rĂ©s par les institutions religieuses, qui reflĂštent lepatrimoine religieux spĂ©cifique Ă  plusieurs minoritĂ©s. De nombreuses objets de patrimoinetĂ©moignant de la culture des minoritĂ©s se retrouvent Ă©galement dans les collections des musĂ©esde toute catĂ©gorie, Ă  travers le pays.

Du point de vue du financement, de l’évolution du budget, de la structure du personnelet de sa rĂ©munĂ©ration, les institutions culturelles des minoritĂ©s gardent, en lignes gĂ©nĂ©rales, lesmĂȘmes caractĂ©ristiques que les autres institutions culturelles subventionnĂ©es par le ministĂšre dela Culture ou par les autoritĂ©s locales.

Les publications des minorités

Un Ă©lĂ©ment important pour le maintien de la conscience de l’appartenance Ă  un groupeminoritaire et pour le dĂ©veloppement culturel de ce groupe est constituĂ© par l’existence et l’accessibilitĂ© de publications dans la langue de cette minoritĂ© ou de publications sur la vie et laculture de celle-ci.

Chacune des 17 minorités reconnues en Roumanie a au moins une publicationpériodique dont le financement est assuré par le Département pour la Protection des MinoritésNationales. Une partie de ces publications sont bilingues et leur distribution se fait à travers lesorganisations des minorités. De plus, les minorités importantes ont des publications

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pĂ©riodiques y compris des journaux, dont le financement est assurĂ© aussi par d’autres sources.Il s’agit des publications, notamment en hongrois, qui utilisent le systĂšme de distributionhabituel de la presse.

Plusieurs maisons d’édition se sont spĂ©cialisĂ©es dans la publication d’ouvrages dans leslangues des minoritĂ©s.

-2 maisons d’édition (Kriterion et Mentor) publient des ouvrages dans les langues desminoritĂ©s en gĂ©nĂ©ral ou des ouvrages se rĂ©fĂ©rant Ă  la culture des minoritĂ©s. Elles ont reçu dessubventions du Ministere de la Culture pour de tels ouvrages.

-16 maisons d’édition publient des ouvrages en hongrois (elles fonctionnent dans des villes dela Transylvanie: Cluj’Napoca, Oradea, Sfantu - Gheorghe, Brasov, Miercurea Ciuc)

- une maison d’édition appartient Ă  la communautĂ© juive de Bucarest

- 5 maisons d’édition publient des ouvrages en allemand, Ă  Brasov, Sibiu et Bucarest

- une maison d’édition appartenant Ă  la communautĂ© armĂ©nienne

La promotion de l’interculturalitĂ©

Il est Ă©vident que le systĂšme lĂ©gislatif et l’organisation des structures gouvernementalesresponsables pour la culture favorisent la prĂ©servation et le dĂ©veloppement de l’identitĂ©culturelle des groupes minoritaires. De plus, un soutien financier est accordĂ© par l’Etat, Ă travers plusieurs filiĂšres, au dĂ©veloppement de la vie culturelle des minoritĂ©s.

Mais un dĂ©veloppement isolĂ© des communautĂ©s du point de vue culturel est susceptibled’engendrer des oppositions, des tensions entre ces communautĂ©s et la majoritĂ© et mĂȘme defavoriser la sĂ©grĂ©gation de certaines d’entre elles. Ainsi, afin d’assurer la cohĂ©sion sociale et unclimat de tolĂ©rance au sein de la sociĂ©tĂ© dans son ensemble, il est souhaitable de stimuler lescontacts, la communication et les Ă©changes entre les diffĂ©rentes communautĂ©s minoritaires et lamajoritĂ©. Cela vient d’ailleurs comme une continuation d’une longue tradition de coexistencebasĂ©e sur une permanente communication interculturelle et le respect mutuel des identitĂ©s.

Cette position, qu’on peut rĂ©sumer dans l’expression et la promotion de interculturalitĂ©,a Ă©tĂ© affirmĂ©e publiquement Ă  plusieurs reprises par les responsables actuels du Ministere de laCulture. Il est Ă  discuter dans quelle mesure elle se traduit par des actions concrĂštes dans lesdiffĂ©rents domaines de la culture et au niveau des institutions. Cela suppose, d’une part, deprendre en compte dans quelle mesure la culture des minoritĂ©s est prĂ©sente dans l’offreculturelle des institutions qui sont destinĂ©es au public roumain et d’autre part, de voir si lesinstitutions des minoritĂ©s sont ouvertes et accessibles au public roumain. Aussi, il est significatif de prendre en compte Ă  cet Ă©gard les collaborations entre les institutions culturellesroumaines et celles appartenant aux minoritĂ©s.

Dans cette perspective, on peut constater une lente Ă©volution favorable aprĂšs1990.Toutefois, l’hĂ©ritage lourd de la pĂ©riode communiste est visible de tous les points de vuementionnĂ©s. Ainsi les institutions de culture roumaines sont restĂ©es en bonne mesure sousl’influence de la vision ethnocentriste, voire nationaliste, des derniers annĂ©es du communisme.A leur tour, les institutions des minoritĂ©s, se retrouvant finalement libĂ©rĂ©es de la censurecommuniste, ont mis l’accent le plus souvent sur le renforcement des liens avec les pays

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d’origine et sur la promotion de la langue et de la culture propre. Cela fait que les partenariatsdes institutions roumaines avec les institutions minoritaires sont restĂ©s trĂšs peu nombreux.

Des exceptions existent et elles sont notables. De plus, une tendance plus forte vers uneperspective interculturelle peut ĂȘtre remarquĂ©e depuis 1997.Parmi les aspects positifs on peut citer:

- la présence explicite des minorités aux événements culturels locaux dans plusieurs villes depresque toutes les régions

- la présence des autres minorités et des groupes artistiques majoritaires aux événementsculturels des communautés minoritaires (par exemple des Allemands du Banat )

- l’initiation par des institutions ou des organisations des minoritĂ©s, en collaboration avecd’autres institutions, d’évĂ©nements culturels adressĂ©s Ă  l’ensemble de la population d’une villeet non pas seulement Ă  la communautĂ© minoritaire qu’elles reprĂ©sentent.(par exemple La FĂȘtedes Saltimbanques initiĂ©e par le ThĂ©Ăątre Hongrois Ă  Timisoara)

- la traduction simultanée aux casques des spectacles des théùtres des minorités.

Il est aussi important de rappeler dans ce contexte le cas spĂ©cial de la minoritĂ© tsigane.Les Tsiganes de Roumanie passent actuellement par un processus difficile de reconstruction deleur propre identitĂ©, beaucoup affectĂ©e par des politiques de marginalisation, de rejet et d’assimilation forcĂ©e. Il sont en train de s’affirmer pleinement en tant que minoritĂ© nationale,statut qui leur est reconnu officiellement depuis 1990.Dans ces dĂ©marches, la minoritĂ© rom(tsigane) doit surmonter plusieurs handicaps dĂ©terminĂ©s, entre autres, par la situation sociale deces communautĂ©s, par l’absence d’une culture Ă©crite structurĂ©e et d’institutions culturellespropres. C’est pour ces raisons que les autoritĂ©s culturelles et les institutions de cultureroumaines doivent contribuer davantage Ă  ce processus en permettant Ă  cette minoritĂ©d’occuper la place qu’elle mĂ©rite dans l’ensemble de la vie sociale et culturelle de laRoumanie. Des initiatives rĂ©centes ont Ă©tĂ© entreprises dans cette direction par des musĂ©esroumains comme le MusĂ©e du Banat de Timisoara ou le MusĂ©e Astra de Sibiu.

A part les autoritĂ©s et les institutions culturelles, un rĂŽle important dans la promotion del’interculturalitĂ© commence Ă  ĂȘtre jouĂ© par les autoritĂ©s locales et rĂ©gionales. Ainsi, plusieursvilles et dĂ©partements ont soutenu de leurs budget des actions Ă  caractĂšre multiculturel. DemĂȘme, des relations culturelles intĂ©ressantes se sont rĂ©cemment dĂ©veloppĂ©es dans le contextede la collaboration trans - frontaliĂšre, par exemple dans le cadre de l’Euro - rĂ©gion Danube –Mures – Cris - Tisa.

Le rĂŽle le plus important dans la promotion de l’interculturalitĂ© a Ă©tĂ© toujours jouĂ© parla sociĂ©tĂ© civile. En effet, ce sont les organisations non -gouvernementales qui ont rĂ©agi le plusrapidement aux tensions interethniques intervenues au dĂ©but des annĂ©es 90 et aux besoins depromouvoir la tolĂ©rance et la communication entre les communautĂ©s, y compris Ă  travers laculture.

Plusieurs organisations se sont remarquĂ©es dans ces dĂ©marches de promotion del’interculturalitĂ©. On peut citer Liga Pro Europa, de Targu Mures, l’Institut Interculturel deTimisoara et, plus rĂ©cemment, le Centre de Recherches pour les Relations Interethniques enTransylvanie, de Cluj-Napoca.

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L’Institut interculturel de Timisoara

L’Institut interculturel de Timisoara, crĂ©Ă© en 1992, est le fruit de la collaboration desreprĂ©sentants de la sociĂ©tĂ© civile avec les autoritĂ©s roumaines et avec le Conseil de L’Europe. Ilfonctionne en tant qu’institution non gouvernementale, autonome, son conseil d’administrationrĂ©unissant des reprĂ©sentants de diffĂ©rentes institutions locales et rĂ©gionales, Ă  cĂŽte de ceux dela sociĂ©tĂ© civile. Ses objectifs principaux concernent la promotion de la dimensioninterculturelle, notamment dans les domaines de l’éducation et de la culture, ainsi que la miseen valeur du climat de tolĂ©rance et de communication interculturelle spĂ©cifique Ă  la ville deTimisoara et Ă  la rĂ©gion du Banat. Entre 1993 et 1995, l’Institut Interculturel a Ă©tĂ© impliquĂ©dans les activitĂ©s du projet du Conseil de l’Europe « DĂ©mocratie, droits de l’homme, minoritĂ©s:les aspects Ă©ducatifs et culturels ». Depuis 1996, l’Institut coordonne plusieurs projets pilotessoutenus par le Programme des mesures de confiance du Conseil de l’Europe.

Parmi les domaines spĂ©cifiques visĂ©s se trouve aussi la sensibilisation des institutionsde culture au caractĂšre multiculturel de la sociĂ©tĂ© roumaine et la mise en place des actionsbasĂ©es sur le respect mutuel des identitĂ©s de diffĂ©rents groupes culturels. Ainsi, l’un des projetspilotes financĂ©s par le Programme des Mesures de Confiance a comme objectifs de mettre enĂ©vidence, dans plusieurs musĂ©es de Roumanie, le patrimoine culturel des minoritĂ©s et destimuler l’organisation dans le cadre de ces musĂ©es d’activitĂ©s adressĂ©es aux jeunes et bassĂ©esur une pĂ©dagogie interculturelle.

Plusieurs fondations, gouvernementales et privĂ©es, ont Ă©galement eu une contributionimportante pour la sensibilisation du public Ă  la perspective interculturelle et le soutien desinitiatives allant dans cette direction. Ainsi, la Fondation Culturelle Roumaine a subventionneplusieurs publications liĂ©es a cette question. De mĂȘme, la Fondation pour une SociĂ©tĂ© Ouverte(fondĂ©e et subventionnĂ©e per George Soros ) situe le dĂ©veloppement de la perspectiveinterculturelle parmi ses prioritĂ©s. Elle a soutenu un grand nombre d’initiatives visant lacommunication interculturelle dans le cadre des programmes interculturels, des programmespour l’art et des programmes pour les Rromes.

Il est Ă©vident que seule une politique culturelle basĂ©e sur les principes del’interculturalitĂ© peut contribuer Ă  la cohĂ©sion et Ă  la stabilitĂ© de la sociĂ©tĂ© roumaine.Heureusement, les tendances des autoritĂ©s et de la sociĂ©tĂ© civile convergent dans cettedirection, mais le travail est encore loin d’ĂȘtre accompli.

VII. LE PATRIMOINE CULTUREL

Introduction

La société roumaine a enregistré, aprÚs 1989, des profondes mutations sociales,économiques et culturelles. Au niveau culturel, les changements se sont reflétés aussi dans lastructure organisationnelle du ministÚre de la Culture qui a démarré une véritable ouverturevers une politique culturelle européenne.

La protection du patrimoine culturel est l’une des responsabilitĂ©s de l’Etat. Avant 1990,cela voulait dire que l’Etat communiste possĂ©dait des pouvoirs discrĂ©tionnaires pour classer ou ne pas classer les immeubles quels qu’ils soient, du fait que presque tout appartenait Ă  l’Etat (

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les Ă©glises faisaient exception, Ă©tant considĂ©rĂ©es patrimoine privĂ© des paroisses Ă  cause de lamise en marge de la religion pour des raisons politiques).Le lendemain de la RĂ©volution, en1990, l’une des premiĂšres rĂ©actions a Ă©tĂ© l’abolition des anciennes rĂ©glementations concernant la protection du patrimoine culturel (les biens culturels, ainsi que les immeubles classĂ©smonuments historiques ).DĂšs mars 1990, la responsabilitĂ© de l’Etat concernant la protection du patrimoine a Ă©tĂ© dĂ©lĂ©guĂ©e Ă  la Commission Nationale des Monuments, Ensembles et SitesHistoriques (CNMESH –CNMASI), regroupant les spĂ©cialistes du domaine.La CNMESH avait la tĂąche de classer, de restaurer et de contrĂŽler les monuments historiques.La CNMESH, mĂȘmeĂ©tant du point de vue budgĂ©taire dans la coordination du ministĂšre de la Culture Ă©tait nĂ©anmoisun corps professionnel gardant son autonomie jusqu’à son intĂ©gration sous la tutelle du ministĂšre de la Culture en aoĂ»t 1994 .Depuis 1994, seules les questions scientifiques (y compris les avis de classement) rentrent sous la responsabilitĂ© de la nouvelle Commissionnationale des monuments historiques (CNMH –CNMI) restructurĂ©e, composĂ©e par 31professionnels du domaine, tandis que les dĂ©marches administratives du domaine ( l’issue desordres de classement, l’inspection des monuments et des travaux etc.) relĂšvent du ministĂšre dela Culture (Direction des monuments historiques).

Pourtant, l’administration culturelle et, par consĂ©quent, la politique culturelle ont encoredes sĂ©quelles de l’ancien systĂšme centralisĂ©. C’est ainsi qu’on ne peut pas parler d’une vraiedĂ©centralisation au niveau des programmes et des directives de la politique culturelle qu’aprĂšs1996, annĂ©e oĂč en Roumanie s’instaura un systĂšme de gouvernement dĂ©mocratique dont l’objectif Ă©tait l’alignement aux normes europĂ©ennes. D’importantes rĂ©formes del’administration publique commencent aprĂšs 1996 Ă  crĂ©er leurs effets.

A partir de ce moment-lĂ  on peut parler d’une vĂ©ritable politique culturelle, en accordavec le nouveau dĂ©veloppement du pays, qui a commencĂ© par une rĂ©forme structurelle dont l’accent est mis sur le concept d’une administration souple et flexible ayant pour directionprioritaire l’amĂ©lioration de la dĂ©mocratie culturelle par la dĂ©centralisation des responsabilitĂ©set des compĂ©tences concernant la dĂ©cision culturelle et le transfert de celle – ci aux autoritĂ©spubliques locales. L’autonomie de la dĂ©cision au niveau local rĂ©duit le rĂŽle du pouvoir centralet s’exerce conformĂ©ment au principe selon lequel la politique ministĂ©rielle doit se rĂ©sumer Ă fournir l’orientation d’ensemble et Ă  crĂ©er les moyens de rĂ©alisation . C’est pourquoi a Ă©tĂ©constituĂ© le Fonds National Culturel grĂące auquel des subventions occasionnelles peuvent ĂȘtredirigĂ©es pour soutenir certains projets majeurs.

L’amĂ©lioration du principe de la dĂ©mocratie culturelle inclut Ă©galement d’autresdirections, Ă  savoir la promotion de la crĂ©ativitĂ© (le rĂŽle et le statut des arts et des artistes), lafacilitation de l’accĂšs des masses Ă  la vie culturelle, l’encouragement de la libertĂ© d’expressiondes individus, le fait de cultiver la tolĂ©rance et la pluralitĂ© des opinions, de protĂ©ger le publicdevant l’ingĂ©rence de l’Etat dans la vie privĂ©e.

Un climat favorable Ă  la crĂ©ation et Ă  l’application d’une politique culturellegouvernementale a Ă©tĂ© crĂ©Ă© aprĂšs 1996. Le budget de la culture est orientĂ© vers des projetsd’une large ouverture . Une place de choix est accordĂ©e Ă  des activitĂ©s de partenariat au niveau national, mais surtout Ă  celui international – dans le cadre des programmes soutenus par desorganisations nationales et internationales (le Conseil de l’Europe, l’UNESCO, la BanqueMondiale), permettant l’accĂšs des valeurs nationales au circuit international. C’est de la sorteque la politique culturelle roumaine s’inscrit dans le contexte intĂ©grateur europĂ©en et mondial. Le programme de dĂ©veloppement culturel met un accent particulier sur la coopĂ©rationavec d’autres autoritĂ©s publiques et en tout premier lieu avec celles du Ministere de Finances,du Ministere de l’Education Nationale, du Ministere des Affaires Ă©trangĂšres, du ministĂšre del’Environnement, du ministĂšre des Travaux Publics et de l’AmĂ©nagement du Territoire, afin de

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soutenir des programmes et des projets d’envergure inclus dans les domaines de la politiqueculturelle actuelle :

- l’éducation artistique- le patrimoine culturel- la coopĂ©ration internationale

Le principe de la qualitĂ© jouit de la prioritĂ© dans l’élaboration des programmes culturelsdu Ministere de la Culture.

Cadre institutionnel et législatif

Les analyses de la politique culturelle dĂ©finissent souvent “le patrimoine culturel” dansle sens restrictif du terme: les sites historiques, les monuments et les musĂ©es. Les fouillesarchĂ©ologiques et la prĂ©servation des sites s’inscrivent souvent parmi les composantes depremier ordre du patrimoine.

Essentiel pour la crĂ©ation de l’identitĂ© nationale, le patrimoine culturel joue un rĂŽlefondamental en Roumanie. L’une des toutes premiĂšres prioritĂ©s de la politique culturelleactuelle est la protection du patrimoine culturel national, des monuments historiques enparticulier, vu l’intĂ©rĂȘt public concernant la conservation.

Actuellement, les commissions nationales (des monuments historiques, d’archĂ©ologie,des musĂ©es et des collections) sont des institutions scientifiques, exerçant l’unique autoritĂ©pour ce qui est de la protection de l’hĂ©ritage culturel spĂ©cifique et Ă©laborant les stratĂ©giesnationales dans chaque domaine. Le ministĂšre de la Culture organise le systĂšme national deprotection des monuments historiques, avec la Direction des Monuments Historiques, (DMI -direction de spĂ©cialitĂ© qui lui est subordonnĂ©e), avec les Offices du Patrimoine Culturel(services publics dĂ©centralisĂ©s du ministĂšre de la Culture dans le territoire), avec l’Institut national des monuments historiques (subordonnĂ© au ministĂšre de la Culture), avec le Conseil(Eforia) des monuments historiques (institution publique extrabudgĂ©taire subordonnĂ©e au ministĂšre de la Culture).

Une analyse de la situation concernant la protection des monuments historiques imposeune brĂšve revue de certaines disfonctionnements d’ordre lĂ©gislatif et institutionnel, ainsi quepour ce qui est du financement et du contrĂŽle.

L’abrogation de la loi du patrimoine (63/1974) en fĂ©vrier 1990 a donnĂ© naissance Ă  unvide lĂ©gislatif lourd de consĂ©quences pour l’état et l’intĂ©gritĂ© du patrimoine culturel national.Par le dĂ©cret 91/1990 ont Ă©tĂ© recrĂ©Ă©es la Commission Nationale des Monuments, desEnsembles et des Sites Historiques (CNMASI) et la Direction des Monuments, des Ensembleset des Sites Historiques (DMASI).Les rĂ©glementations ultĂ©rieures ont Ă©tĂ© incomplĂštes et minimales (L’ordonnance gouvernementale n° 68/1994 et la Loi n° 41/1995)

La loi 41/1995 se remarque par un puissant caractĂšre centralisĂ© et Ă©tatiste.ConformĂ©ment Ă  ses dispositions, la Direction des Monuments, Etablissements et SitesHistoriques (dont la gestion comprenait l’évidence, l’investigation, les avis, le contrĂŽle,l’inspection, les contrats et leur exĂ©cution, les archives, le photothĂšque, la bibliothĂšque, lelaboratoire photo) est supprimĂ©e, Ă©tant crĂ©Ă©s la Direction des monuments historiques (DMI)dans le cadre du ministere de la Culture et le Centre d’études du Patrimoine culturel national -institution subordonnĂ© Ă  la DMI)

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- elle interdit la mise en vente des monuments historiques- elle ne crĂ©e pas d’institutions dĂ©centralisĂ©es du ministĂšre de la Culture ayant des attributionsdans le domaine.- elle n’est pas corrĂ©lĂ©e avec d’autres dispositions lĂ©gislatives concernant l’autorisation destravaux de construction ou avec la Loi du fond foncier.- elle n’est Ă©galement pas corrĂ©lĂ©e avec certaines conventions internationales auxquelles laRoumanie avait dĂ©jĂ  adhĂ©rĂ©.- elle ne prĂ©voit pas des mesures Ă©conomiques et financiĂšres pour la conservation desmonuments historiques, quel qu’en soit le propriĂ©taire et le dĂ©teneur.

Dans une analyse effectuĂ©e fin 1996 dĂšs 8 domaines principales de rĂ©glementationdevant ĂȘtre couverts par les actes normatifs concernant la protection du patrimoine, aucunn’était proprement et complĂštement couvert par des dispositions effectives.

C’est la raison pour laquelle le ministĂšre de la Culture, par la Direction des MonumentsHistoriques et par les institutions habilitĂ©es, Ă©labore en fĂ©vrier 1998 le projet de loi desmonuments historiques qui:

- rassemble les tentatives lĂ©gislatives antĂ©rieures- synthĂ©tise et adapte au spĂ©cifique national la lĂ©gislation europĂ©enne du domaine.- opĂšre la corrĂ©lation avec les prĂ©visions des conventions internationales auxquelles laRoumanie a adhĂ©rĂ© jusqu’au 1997;- ratifie les conventions de Grenade, de la Valette, Unidroit.

Ce projet de loi est fondĂ© sur des principes qui visent Ă  la protection, la conservation, larestauration et la mise en valeur des monuments historiques, y compris la soutien d’ordrefinancier et fiscal.

Il prĂ©voit Ă©galement les responsabilitĂ©s de l’état et des propriĂ©taires de monumentshistoriques quant Ă  la protection de ceux-ci. S’y trouve rĂ©glementĂ© le rĂ©gime juridique desmonuments historiques et on y applique le principe du primat de la dĂ©cision scientifique dansla protection des monuments. Le Ministere de la Culture est l’organe de spĂ©cialitĂ© del’administration publique centrale par l’intermĂšde duquel l’Etat garantit et assure la protectiondes monuments historiques.

Le financement des travaux de protection des monuments historiques est inclus dans lenouveau projet de loi par la stipulation des possibilitĂ©s de subvention totale et partielle, soit directement du budget du ministĂšre de la Culture , soit par le partenariat avec les budgetslocaux ou avec les propriĂštaires des monuments .Il y est prĂ©vue l’institution du Timbre desMonuments Historiques administrĂ© par le Conseil (Eforie) des Monuments Historiques en tant qu’institution financiĂšre de crĂ©dit bonifiĂ©e pour des travaux concernant les monuments .

Des interventions sur les monuments ne peuvent ĂȘtre effectuĂ©e conformĂ©ment Ă  lanouvelle loi qu’à base d’avis Ă©mis par des dĂ©cisions de la C .N.M.I. et avec un personnelspĂ©cialisĂ© et attestĂ© dans les conditions de la loi .Le nouveau projet prĂ©voit l’entrĂ©e dans lecircuit civil des monuments historiques constituant la propriĂ©tĂ© privĂ©e de l’Etat ou despersonnes physiques ou juridiques avec le respect de « l’obligation d’en maintenir le statut ».

Les organismes et les institutions de spécialité mentionnés dans ce projet de loicomptent également, aux cÎtés du Ministere de la Culture, les institutions qui lui sont subordonnées et les commissions nationales ayant des attributions et des compétences dans ledomaine de la protection des monuments historiques.

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Le projet de loi pour la protection des monuments historiques a été approuvé par legouvernement et a été remis au Parlement, fin mai 1999.

Pour le financement, des mesures ont Ă©tĂ© prises afin de sensibiliser l’opinion publiqueet les structures de l’Etat au sujet des monuments historiques, ce qui se reflĂšte dans le volumeaccru (environ 15 fois) des fonds allouĂ©s Ă  la restauration des monuments historiques par la loidu budget pour 1997, oĂč figure aussi le concept moderne de “mise en valeur des monumentshistoriques”.

Le ministere de la Culture, en accord avec le ministĂšre des Travaux publics et del’AmĂ©nagement du territoire et avec le ministĂšre des Finances, a insistĂ© pour promouvoirl’ordonnance 24/21 aoĂ»t 1997 du gouvernement de la Roumanie, par laquelle sont dĂ©signĂ©esles catĂ©gories de travaux visant l’évidence, la protection et la mise en valeur des monumentshistoriques.

Y sont Ă©numĂ©rĂ©es les responsabilitĂ©s des propriĂ©taires de monuments historiques (laprotection du monument, l’obligation d’obtenir l’avis pour les interventions, le respect del’obligation d’en maintenir le statut, la possibilitĂ© d’obtenir un soutien scientifique, matĂ©riel,financier, des rĂ©ductions d’impĂŽts), les responsabilitĂ©s des autoritĂ©s de l’administrationpublique locale (Conseils dĂ©partementaux, urbains, communaux, prĂ©fectures, mairies),l’obligation de constituer des chapitres spĂ©cifiques dans les budgets locaux pour la protectiondes monuments historiques du territoire administre, l’institution du partenariat entrel’administration publique centrale et celle locale.

La protection des monuments historiques est un objectif officiel d’Etat.L’interventionde l’Etat consiste Ă  participer avec des subventions aux frais de restauration.La politiqueculturelle actuelle vise, au-delĂ  de la protection des monuments , la conservation , larestauration et la prĂ©servation des vieux centres-villes (Sibiu, Sighisoara).

Les programmes de restauration et de protection du patrimoine

Dans l’établissement de la stratĂ©gie gĂ©nĂ©rale de la protection des monumentshistoriques un rĂŽle essentiel revient Ă  la CNMI qui, en collaboration avec les commissionsterritorielles, avec la Direction des monuments historiques, avec l’Office national desmonuments historiques, avec le Conseil des monuments historiques, avec l’appui desadministrations publiques locales, dĂ©cide de la prioritĂ© quant Ă  la restauration des monuments.

L’ampleur du programme de restauration, de conservation et de mise en valeur tient compte des possibilitĂ©s concrĂštes d’effectuer les Ă©tudes et l’exĂ©cution , car l’une des difficultĂ©sest l’absence des spĂ©cialistes.On envisage l’ordre des prioritĂ©s en matiĂšre d’exĂ©cution et definancement.

L’objectif est de rĂ©aliser un systĂšme institutionnel dĂ©cntralisĂ© dans le domaine, efficient du point de vue Ă©conomique, avec des moyens de co-financement Ă  mĂȘme d’assurer, decontrĂŽler et d’intervenir d’una maniĂšre efficace dans la protection et la mise en valeur desmonuments historiques.

Tout naturellement, le patrimoine des monuments historiques doit ĂȘtre inclus dans lecircuit des valeurs de la culture europĂ©enne. Aujourd’hui, la liste du patrimoine mondial del’UNESCO comprend pour la Roumanie trois groupes de monuments historiques:

-l’ensemble du MonastĂšre Hurez; dĂ©partement de Valcea

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-la Citadelle paysanne de Biertan, Département de Sibiu-le groupe des églises aux fresques extérieures de Bukovine

Les documentations pour trois autres groupes de monuments ont Ă©tĂ© soumises Ă l’UNESCO (les citadelles des Daces des montagnes Orastie , la citadelle de Sighisoara, legroupe d’églises en bois de Maramures ) et depuis 1998 ont Ă©tĂ© proposĂ© cinq autres objectifs.

Des projets ont Ă©tĂ© Ă©laborĂ©s, tels que le projet - pilote Sibiu visant la sauvegarde du centre mĂ©diĂ©val de la ville, projet approuvĂ© et soutenu par l’UNESCO, le Conseil d’Europe, leLuxembourg et l’Allemagne. Au niveau national, au projet participent par leur coopĂ©ration et partenariat le ministĂšre des Transports, le ministĂšre de l’Education nationale, le ministĂšre desTravaux publics et de l’AmĂ©nagement du Territoire et le ministĂšre du Tourisme. Leprogramme se dĂ©roule dans le cadre de l’action menĂ©e par le Conseil d’Europe sous legĂ©nĂ©rique “Europe, un patrimoine commun”.

Sous les auspices de l’annĂ©e Trajan un programme a Ă©tĂ© Ă©laborĂ© concernant le Pont deTrajan de Drobeta-Turnu Severin, en collaboration avec l’Italie. On en a publiĂ© ladocumentation et on a exĂ©cutĂ© des copies d’aprĂšs la monnaie frappĂ©e par l’empereur Trajanlors de l’inauguration du pont de Drobeta. Un film documentaire vient Ă©galement d’ĂȘtre rĂ©alisĂ©.

Sont en cours de déroulement les collaborations aux programmés de restauration:

- du MonastĂšre de Probota, avec l’UNESCO- du MonastĂšre d’Apostolache, avec le ministĂšre de la Culture de France- de l’ensemble de la MosquĂ©e de Babadag, avec le gouvernement turc- de l’Eglise en bois de Maramures, avec la Commission europĂ©enne et la Fondaton Getty- l’inventaire du patrimoine saxon de Transylvanie, avec ICOMOS - Allemagne et la fondationMesserschmidt-la restauration de l’ensemble Brancusi de Targu-Jiu, aussi que les palais de Mogosoaia,Potlogi et de quatre citadelles saxones, dans le cadre du projet financĂ© par la Banque Mondiale.

La Commission nationale d’archĂ©ologie est l’unique autoritĂ© scientifique susceptibled’orienter, de promouvoir , d’autoriser et de contrĂŽler les fouilles archĂ©ologiques ; elle assurela discipline scientifique et l’obligation de valoriser et d’observer les normes lĂ©galesconcernant le patrimoine archĂ©ologique mobile et immobile. La Commission a Ă©tĂ© constituĂ©epar l’accord des institutions spĂ©cialisĂ©es dans la recherche archĂ©ologique de l’AcadĂ©mieRoumaine, du ministĂšre de l’Education nationale et du ministĂšre de la Culture. Depuis 1990, laCommission nationale d’archĂ©ologie fonctionne sous l’égide scientifique de l’AcadĂ©mieRoumaine

Le programme de la Commission comprend des projets visant la mise en valeur du patrimoine archĂ©ologique. Par exemple, dans le cadre du Programme Ecos – Ouverture 97 a Ă©tĂ©Ă©laborĂ© le projet « RĂ©side – le circuit de la RomanitĂ© » Ă  base d’un partenariat entre laRoumanie, la France, l’Italie, l’Espagne et la Malte. Le projet repose sur la mise en valeur du patrimoine de l’AntiquitĂ© romaine – tourisme culturel, dĂ©veloppement de l’artisanat local,dĂ©veloppement Ă©conomique de la zone.

Perspectives

Tout en ayant comme fondement la stratégie sectorielle approuvée par la Commissionnationale des monuments historiques, le ministÚre de la Culture envisage comme les suivantsobjectifs à moyen terme:

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1) La décentralisation des tùches concernant le contrÎle et la surveillance des travaux envers les services territoriaux

2) Les conclusions des travaux de restauration et mise en valeur des sites du Patrimoinemondial

3) L’implĂ©mentation d’un systĂšme efficace de subventionnement pour les propriĂ©tairesprivĂ©s de monuments historiques

4) La mise en oeuvre d’un systĂšme compĂ©tent de formation

Présentation du patrimoine culturel dans les musées

Avant 1989, le rĂ©seau des musĂ©es a connu une explosion du point de vue del’augmentation du nombre des musĂ©es.Cette extension a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©e sans une stratĂ©gie rĂ©elle,Ă©ant dictĂ©e par la politique culturelle de l’ancien rĂ©gime.Ont Ă©tĂ© crĂ©Ă©s de nouveaux musĂ©es et les anciens ont Ă©tĂ© restructurĂ©s – et on fait rĂ©fĂ©rence ici aux musĂ©es d’histoire- selon unethĂ©matique rigide oĂč les donnĂ©es fausses en ce qui concerne l’histoire contemporaine setrouvaient en abondance.Beaucoup des dĂ©partements des musĂ©es , notamment d’ethnographie,ont Ă©tĂ© fermĂ©es pour que leur espace soit occupĂ© par les sections d’histoire contemporaine et surtout ar celles consacrĂ©es Ă  l’époque Ceausescu.( c’est le cas des sections d’ethnographie deAlba Iulian Zalau etc.)En dĂ©pit de cette politique de censure, d’immixtion dans l’activitĂ© desmusĂ©es, les spĂ©cialistes des musĂ©es ont essayĂ©, dans la mesure du possible, de prĂ©server l’unitĂ©et le spĂ©cifique des colections, ne pas cĂ©der dans la politique d’acquisitions et, dans beaucoupde cas, se sont opposĂ©s aux tentatives de dĂ©mĂ©nager ou de fermer des musĂ©es.

AprĂšs 1989, une importance particuliĂšre dans l’établissement des directions de lapolitique culturelle revient aux musĂ©es. VĂ©ritables territoires de la mĂ©moire par leur richesse et leur diversitĂ© ( archĂ©ologie, histoire, beaux – arts, littĂ©rature, ethnographie, sciences et techniques, maisons – musĂ©es etc.), ils mettent en Ă©vidence le souci de l’Etat pour laprĂ©servation, la conservation et la mise en valeur des biens du patrimoine mobile et immobileque renferment les 702 institutions du genre. A partir de 1996, la politique culturelle s’est donnĂ©e pour tĂąche la dĂ©centralisation de ce rĂ©seau – lĂ  aussi. Le ministĂšre de la Culture Ă©laboreet applique les directions de sa politique concernant les musĂ©es par l’intermĂ©diaire de laDirection des musĂ©es et des Collections, qui lui est directement subordonnĂ©e, de la commissionNationale des MusĂ©es et des Collections (organisation de compĂ©tence scientifique), del’Association Nationale des MusĂ©es d’Ethnographie et des MusĂ©es en Plein Air ( qui dĂ©pendent du ministĂšre de la Culture), du Centre National pour la mise en valeur de la tradition et de lacrĂ©ation populaire, ainsi que des conseils dĂ©partementaux de la culture.

Du point de vue de la subordination administrative il y a trois catégories de musées :

- les musées nationaux (19) subordonnés au ministÚre de la Culture ;- les musées départementaux (62) subordonnés aux Conseils départementaux ;- les musées urbains, communaux et villageois, subordonnés aux mairies ;

L’une des rĂ©alisations les plus importantes d’aprĂšs 1989 , qui a eu aussi un caractĂšrerĂ©paratoire, a Ă©tĂ© la crĂ©ation, en 1990, du MusĂ©e du Paysan Roumain qui est le continuateur du MusĂ©e National d’Art DĂ©coratif (fondĂ© par le grand Ă©rudit Tzigara –Samurcas ), transformĂ©,aprĂšs la guerre, en MusĂ©e d’Art Populaire et supprimĂ© ultĂ©rieurement d’une maniĂšre abusive –par la compression avec le MusĂ©e du Village – par l’ancien rĂ©gime communiste.Le MusĂ©e du Paysan Roumain a reçu le Prix EMYA , en 1996, comme une reconnaissance sur le planinternational de son rĂŽle de musĂ©e vivant, dynamique, dans sa relation avec le public et par lafaçon originelle de mettre en valeur un patrimoine inestimable, unique en Roumanie et Ă l’étranger.

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Un autre musĂ©e rĂ©cemment crĂ©Ă© (1990) est le MusĂ©e National Cotroceni qui met envaleur le patrimoine culturel artistique des XVII-e – XX-e siĂšcles appartenant aux rĂ©sidencesprinciĂšres, royales et monastiques qui ont existĂ© dans l’ensemble monumental Cotroceni.EnmĂȘme temps, a Ă©tĂ© fondĂ© le MusĂ©e Pelisor qui fonctionne dans le cadre du MusĂ©e NationalPeles et qui prĂ©sente un patrimoine liĂ© de la personnalitĂ© de la Reine Maria de Roumanie,patrimoine inconnu au public jusqu’en 1990.

En mĂȘme temps, Ă  partir de 1990 ont Ă©tĂ© rĂ©organisĂ© toutes les sections d’histoirecontemporaine des musĂ©es de Roumanie par le rĂ©tablissement de la vĂ©ritĂ© historique, parl’élimination des symboles communistes .

AprĂšs 1996, le rĂ©seau des musĂ©es a connu un dĂ©veloppement particulier. En 1997 ont Ă©tĂ© crĂ©Ă©s deux musĂ©es nationaux (le MusĂ©e ethnographique de la Bucovine et le MusĂ©e desCarpates orientales), des musĂ©es dĂ©partementaux et locaux dont le musĂ©e ethnologique deBacau et la Maison – musĂ©e Octavian Stoica Ă  Barlad.

A Alba Iulia a été institué le Centre national de restauration et de conservation du Livre.

Avec l’appui du ministĂšre de la Culture – la Direction des MusĂ©es et des Collections –ont Ă©tĂ© rouverts aprĂšs restauration le MusĂ©e dĂ©partemental d’histoire et d’archĂ©ologie Prahova– Ploiesti et le MusĂ©e des Beaux – Arts Prahova – Ploiesti et ont Ă©tĂ© rĂ©organisĂ©s et modernisĂ©sle MusĂ©e national d’Alba Iulia et le MusĂ©e national d’art de Cluj.

On a mis l’accent sur la diversification du point de vue thĂ©matique des musĂ©esd’ethnographie.Il est en voie d’organisation le MusĂ©e des Coutumes Traditionnelles deBukovina, de Gura Humorului et on analyse le projet de l’ouverture du premier Eco-musĂ©e deRoumanie : l’Eco-musĂ©e de la DĂ©pression de Campu-Lung Moldovenesc.

Des travaux de restauration ont dĂ©butĂ© au MusĂ©e National d’Art de Roumanie, au Palais de la Culture de Iasi, au MusĂ©e National Peles de Sinaia, ainsi qu’aux musĂ©esdĂ©partementaux de Braila, de Timisoara, d’Arad, de Galati et de Bacau.

Un souci constant de la Direction des MusĂ©es et des Collections (DMC) est celuid’instituer un cadre lĂ©gislatif conforme aux mutations survenues dans la vie socio –économique et politiques du pays aprĂšs 1989. De ce point de vue, aprĂšs 1996, on a rĂ©digĂ© laforme finale du projet de Loi du patrimoine culturel mobile qui a reçu l’avis favorable de laChambre des DĂ©putĂ©s, et attendant d’ĂȘtre prĂ©sentĂ© au SĂ©nat.

Une autre loi depuis longtemps attendue est celle des musĂ©es qui a Ă©tĂ© Ă©laborĂ©e par laDirection des MusĂ©es et des Collections et est en train d’ĂȘtre proposĂ©e aux dĂ©bats de laCommission Nationale des MusĂ©es et des Collections.

Ont été définitivement rédigées les « normes de restauration » et les

« normes de protection » - exclusivement pour les laboratoires de restauration – ainsi que lamĂ©thodologie des avis concernant l’exportation temporaire des biens culturels.

La situation juridique de certains Ă©difices abritant des musĂ©es, Ă©difices revendiquĂ©s parleurs anciens propriĂ©taires – le MusĂ©e du pays des Cris d’Oradea, le laboratoire zonal deTimisoara, le MusĂ©e de la Pharmacie de Sibiu, le MusĂ©e de Campulung – Muscel – entretient un climat d’insĂ©curitĂ© dans les administrations des institutions mentionnĂ©es.

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L’effort financier du ministĂšre de la Culture et de l’administration locale en 1997 s’est concentrĂ© avec des effets bĂ©nĂ©fiques dans la restauration des Ă©difices des plus prĂ©cieux musĂ©es.

Le rÎle des musées

Le ministĂšre de la Culture et l’administration locale sont prĂ©occupĂ©s de trouver dessolutions aux problĂšmes ayant trait aux locaux de certains musĂ©es abritĂ©s actuellement dansdes espaces partagĂ©s avec d’autres institutions publiques, ce qui est contraire aux normesconcernant la zone de sĂ©curitĂ© ( le MusĂ©e dĂ©partemental de Buzau, le MusĂ©e de ScienceNaturelle et le MusĂ©e Ethnographique de Ploiesti, le MusĂ©e de Lupsa – Alba). ConformĂ©ment Ă la politique de protection et de sĂ©curitĂ© des biens culturels, des fonds ont Ă©tĂ© accordĂ©s pourl’amĂ©lioration des systĂšmes de surveillance et de sĂ»retĂ© au MusĂ©e National de Cotroceni et au Palais de la Culture de Iasi.

La Direction des Musées et des Collections a mis en circulation « la fiche du bienculturel, détruit, volé ou disparu » afin de constituer le Registre National des biens disparus.

On fait des efforts pour la coordination unitaire du systĂšme d’évidence des musĂ©es et pour l’adoption du plus moderne systĂšme d’évidence sur l’ordinateur.Dans ce processus, unrĂŽle important revient au Centre d’information et de mĂ©moire culturelle du ministĂšre de laCulture.

La recherche dans le domaine du patrimoine est devenue l’une des fonctionsfondamentales de la politique concernant les musĂ©es.

L’activitĂ© de conservation – restauration est dĂ©ployĂ©e dans 11 laboratoires zonaux et dans 20 laboratoires des musĂ©es. La Direction des MusĂ©es et des Collections a Ă©laborĂ© unesĂ©rie de programmes nationaux de conservation, restauration et investigation du patrimoineculturel mobile. Elle a Ă©galement assurĂ© la participation de certains spĂ©cialistes Ă  des stages et des bourses Ă  l’étranger. Ont Ă©tĂ© Ă©laborĂ©s et mis en pratique des programmes axĂ©s sur lesdirections prioritaires de l”activitĂ© des musĂ©es.

I - expositions permanentes et temporaires dans le pays et Ă  l’étranger ;

- permanentes ( le MusĂ©e dĂ©partemental d’Histoire et d’ArchĂ©ologie de Prahova, le MusĂ©edes Beaux – Arts de Prahova, le MusĂ©e dĂ©partemental de Teleorman, le MusĂ©eethnologique de Bacau) ;

- temporaires (47 expositions nationales ; 18 Ă  l’étranger , dont « Les Daces » - Italie, « Laculture de Cucuteni » - GrĂšce, « Rodolphe II » - RĂ©publique TchĂšque, « La photographiedepuis les dĂ©buts jusqu’à nos jours – Allemagne) ;

II – publication d’ouvrages monographiques ou des revues ;

III – manifestations scientifiques au niveau national et international ( le symposiuminternational « L’enregistrement sur ordinateur des

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monuments des musĂ©es en plein air – Fetomass, la ConfĂ©rence internationale demarketing culturel dans les musĂ©es, le Colloque international de pĂ©dagogie du musĂ©e, leXVII –e CongrĂšs international de restauration – conservation, le Salon national derestauration).

IV – La recherche a Ă©tĂ© orientĂ©e, principalement, vers des zones et des segmentsthĂ©matiques pas encore abordĂ©s ou insuffisamment abordĂ©s . (La peinture roumainedans le contexte de l’évolution de la peinture europĂ©enne; L’histoire de la royautĂ© enRoumanie; IdentitĂ©s et Relations Interethniques)Les recherches dans les zones decohabitation des Roumains avec d’autres ethnies –en Roumanie et Ă  l’étranger – Lepatrimoine religieux chrĂ©tien et prĂ©-chrĂ©tien), en fonction du spĂ©cifique des collectionset de l'espace oĂč le musĂ©e est emplacĂ© afin de crĂ©er une base scientifique solide pourtoutes les formes d’activitĂ© des musĂ©es pour lesquels la recherche constitue un point d’appui.

Nombre des visites aux musées et au expositions au cours des derniers 3 mois

91%

5%2% 2%

jamais

une fois

deux fois

trois fois et plus

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Une attention particuliÚre est accordée dans le réseau national et public au rÎledes informations et des services offerts par les musées. On envisage une réorientationplus poussée des musées vers la société, vers le public.

Il faut mentionner , dans ce sens, la participation des musĂ©es aux projets“CohĂ©sion sociale et patrimoine culturel” et “Mosaic” dans le cadre du programme“Mesures de confiaces” lancĂ© par le Conseil de l’Europe dans l’esprit de tolĂ©rence et du multiculturalisme.Ont Ă©tĂ© Ă©tablis des partenariats , au niveau national, avec l’Agence derecherche qui ont Ă©tĂ© concrĂ©tisĂ©s par le financement de projets importants de recherchequi ont inclus les zones ou les pays ayant une population roumaine au –delĂ  desfrontiĂšres de la Roumanie, y compris les spĂ©cialistes, dont une partie sont dĂ©jĂ accomplis; avec le ministĂšre du Tourisme et des agences privĂ©es de tourisme qui vise ladiversification de l’offre rĂ©ciproque musĂ©e-tourisme, de mĂȘme qu’avec le ministĂšre del’Education nationale par la conclusion de protocoles qui prĂ©voient de complĂ©ter lesprogrammes scolaires et universitaires par l’offre des musĂ©es qui couvre une largepalette de domaines et d’activitĂ©s.

Les programmes de coopĂ©ration internationale en matiĂšre de patrimoine culturelavec des services patrimoniaux et des directions des musĂ©es au sein des ministĂšres de laculture des diffĂ©rents pays , y compris la coopĂ©ration et le parteneriat avec desinstitutions et des organisations internationales (ICOM, ICOMOS, ICCROM, -auprĂšsde l’UNESCO et le Conseil de l’Europe )se sont dĂ©roulĂ©s en bonnes conditions ; quelques-unes des actions prĂ©vues Ă©tant dĂ©jĂ  finalisĂ©es, d’ autres Ă©tant en voie dedĂ©roulement.Les programmes de coopĂ©ration ont visĂ© la connaissance rĂ©ciproque du patrimoine des musĂ©es par la rĂ©alisation des expositions patrimoine commun (“RegardscroisĂ©s”, organisĂ©e par des piĂšces du patrimoine des musĂ©es d’art de Roumanie et de laBelgique et prĂ©sentĂ©e au public des deux pays ; “Histoire de la photographieethnographique de Roumanie, Hongrie et Allemagne”), par un Ă©change d’expositions;par l’accĂšs rĂ©ciproque aux archives documentaires et aux systĂšmes informationnels,par un Ă©change de spĂ©cialistes;la formation de professionnels roumains pour desdomaines moins dĂ©veloppĂ©s chez nous;des activitĂ©s scientifiques communes telles laparticipation aux chantiers archĂ©ologiques (dans le cadre de la coopĂ©ration entre lesministĂšres de la culture de Roumanie et de France), aux ateliers de recherche pour desproblĂšmes d’ethnologie (dans le cadre de la mĂȘme copĂ©ration entre les ministĂšres de laculture de Roumanie et de France ), ateliers qui ont Ă©tĂ© suivis par la publication destravaux :”Charpentiers au travail”( sous l’égide et avec le financement de la Directiondu Patrimoine du ministĂšre de la Culture de France), “Poteries roumaines.Art et tradition” (sous l’égide des ministĂšres de la culture de Roumanie et de France et du fonds pour le patrimoine culturel UNESCO).

Un accroissement du rĂŽle du musĂ©e en tant que centre et source d’informationpour des activitĂ©s pratiques est Ă©galement prĂ©vu.

Bien plus qu’autrefois, la culture est susceptible de jouer un rĂŽle majeur dansl’adaptation de la sociĂ©tĂ© Ă  cette Ă©volution structurale sans prĂ©cĂ©dent. Dans ce sens, lapolitique culturelle peut devenir un instrument du renforcement des liens sociaux, uninstrument d’éducation, d’instruction et de sauvegarde de l’identitĂ©, un outil Ă  mĂȘme depromouvoir la tolĂ©rance et la coopĂ©ration.

Dans le proche avenir on va accorder une attention accrue aux modalitĂ©sconcrĂštes d’application de la rĂ©forme dans le domaine du patrimoine et des activitĂ©s desmusĂ©es par l’augmentation du rĂŽle des musĂ©es dans la sociĂ©tĂ©, par la modernisation du

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rÎle des expositions permanentes , par une présence plus active dans les réseaux européens ou internationaux et par un apport substantiel au développement du tourosmeculturel.

VIII. L’EDUCATION PERMANENTE. - LES CENTRES ET LESFOYERS DE CULTURE

Les documents des principaux forums internationaux affirment que la sociĂ©tĂ© modernefonde ses objectifs sur la capacitĂ© crĂ©atrice de l’individu engagĂ© dans le processus du devenirqu’il assume.L’individu n’est donc pas perçu en tant que reprĂ©sentant figĂ© de sa propreformation achevĂ©e, finalisĂ©e Ă  un certain stade, mais comme un Ă©lĂ©ment qui est constamment en compĂ©tition avec soi-mĂȘme et avec sa formation complexe .

Le rĂŽle de l’Etat dans ce processus-en tant que facteur destinĂ© Ă  prĂ©server les intĂ©rĂȘtsimmĂ©diats et de perspective de la sociĂ©tĂ© – ne se rĂ©sume pas seulement Ă  identifier l’objectif endiscussion – c’est lui qui conçoit et met en oeuvre les moyens par lesquels l’éducationpermanente peut s’effectuer et ĂȘtre valorisĂ©e.

Il y a un demi-siĂšcle, l’éducation Ă©tait limitĂ©e Ă  une brĂšve pĂ©riode de la vie (de 6 Ă  12 ans).A prĂ©sent, le concept d’éducation a subi des modifications consacrĂ©es dans les diffĂ©rentsdocuments des organismes internationaux (l’UNESCO).

L’accĂšs Ă  l’enseignement pendant toute la durĂ©e de la vie, Ă  mĂȘme d’offrir Ă  l’individu l’adaptation aux rapides transformations sur le terrain social- l’augmentation et l’amĂ©liorationde ses chances professionnelles – et de l’aider Ă  s’intĂ©grer socialement constitue un objectif detoute sociĂ©tĂ© moderne.

En accord avec le ministĂšre de l’Education nationale , le ministĂšre de la Culture acontribuĂ© Ă  la crĂ©ation du systĂšme national de la formation permanente , systĂšme oĂč sont intĂ©grĂ©es toutes les institutions publiques de la culture, indĂ©pendamment de leur subordination,ainsi que des organisations non-gouvernementales ayant des activitĂ©s dans ce domaine.

Par le nouveau cadre juridique on assure :

- la cohĂ©rence des stratĂ©gies et des programmes nationaux d’éducation permanente ;

- l’harmonisation des programmes d’enseignement visant uniquement les principes del’économie de marchĂ© avec ceux des institutions publiques de la culture : musĂ©es,bibliothĂšques, centres de la culture, Ă©coles populaires d’art;

- la stimulation des institutions publiques de la culture afin de financer des programmesd’éducation permanente ;

- l’élargissement de l’offre traditionnelle des Ă©tablissements publics de la culture par descours Ă  mĂȘme d’assurer l(acquisition de nouvelles connaissances et la formation dans denouveaux mĂ©tiers et professions ;

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- la rĂ©vision de la finalitĂ© de l’offre des universitĂ©s populaires , des maisons de la culture et des Ă©coles populaires d’art qui dĂ©ploient des programmes de formation professionnelle ;

- l’élaboration des mĂ©thodologies concernant l’évaluation et la certification de la formationprofessionnelle effectuĂ©e par les Ă©tablissements publics de la culture;

- la crĂ©ation des conditions en vue d’un partenariat actif des maisons de la culture, des foyersculturels , des Ă©coles populaires d’art et des universitĂ©s populaires avec des organisationsnon-gouvernementales du pays et de l’étranger ayant des activitĂ©s dans le domaine del’éducation permanente et tout d’abord dans le domaine de l’éducation des adultes.

- L’obligation du ministĂšre de la Culture d’augmenter les allocations budgĂ©taires pour lesprogrammes destinĂ©s Ă  la formation des formateurs et Ă  l’éducation des adultes.

- La pĂ©nurie des moyens dont disposent les Ă©tablissements publics de la culture et lesallocations budgĂ©taires rĂ©duites ont entraĂźnĂ© une augmentation de l’intĂ©rĂȘt vers les activitĂ©sde prestation de services ainsi que vers les activitĂ©s connexes Ă  caractĂšre Ă©conomique.

L’Association allemande des UniversitĂ©s populaires , l’un des partenaires les plus actifsdes maisons de la culture et des universitĂ©s populaires de Roumanie a contribuĂ© en 1997 et en1998 Ă  la mise en oeuvre de certains programmes importants pour le systĂšme desĂ©tablissements publics de notre pays. Ces programmes concernent principalement d’amplesdonations de biens culturels et de bureatique, l’organisation et le financement , sous forme departenariat avec le ministĂšre de la Culture, de sĂ©minaires au sujet du management, du marketing et du financement des programmes de formation des formateurs et l’éducation desadultes.

Dans ce mĂȘme sens, le ministĂšre de la Culture a finalisĂ© les nĂ©gociations avec desreprĂ©sentants de l’Etat danois et des organisations non-gouvernementales du Danemark visant Ă  la crĂ©ation et au financement d’un Institut Roumano-Danois Ă  Bucarest, destinĂ© Ă  l’éducationdes adultes, qui se propose de former des formateurs, de transfĂ©rer des connaissances dans lecontexte du dĂ©veloppement des services d’instruction, y compris des systĂšmes d’évaluation et de diplĂŽmes et d’accorder de la consultance dans le domaine de la rĂ©forme du cadre social,Ă©conomique, fiscal et lĂ©gal.

On va passer maintenant en revue les institutions les plus importantes qui assurent unemeilleure valorisation des valeurs culturelles et jouent un rĂŽle dĂ©terminant dans l’assuranced’un enseignement permanent de qualitĂ©.

Les Centres pour la conservation et la valorisation de la tradition et de la création populaire sont des institutions publiques de culture à personnalité juridique financéesintégralement des budgets des conseils départementales. ( ou du municipe de Bucarest)

Fonctionnellement, ils sont les continuateurs de l’activitĂ© des centres de crĂ©ationpopulaire fondĂ©s au niveau de chaque rĂ©gion au dĂ©but de la sixiĂšme dĂ©cennie de notre siĂšcle, et qui ultĂ©rieurement, avec la division administrative sur dĂ©partements, se sont mĂ©tamorphosĂ©spour les unitĂ©s territoriales respectives en « centres pour le conseil de la crĂ©ation populaire et du mouvement artistique de masse ».Au delĂ  des compromis assumĂ©s obligatoirement , il faut ,pourtant , retenir les prĂ©occupations de recherche scientifique de la culture populaire promue ,de rĂ©vĂ©lation de la contribution de quelques personnalitĂ©s , publications , sociĂ©tĂ©s et associations locales pour le dĂ©vĂ©loppement culturel de la zone etc. identifiĂ©es dans lescentaines de volumes et d’articles spĂ©cialisĂ©s publiĂ©s sous les auspices de ces institutions.

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De nos jours, ils s’occupent de la recherche de la crĂ©ation populaire des traditions et descoutumes spĂ©cifiques Ă  chaque foyer ethno folclorique , dans leur dynamique actuelle , de leurconservation comme phĂ©nomĂšne vivant , de leur valorisation et promotion dans le circuit publique des valeurs respectives, comme Ă©lĂ©ments dĂ©finitoires de l’identitĂ© zonale et nationale,de leur affirmation dans le contexte international. En mĂȘme temps, ils accordent de l’assistancede spĂ©cialitĂ© aux foyers culturels du dĂ©partement ( ou du municipe de Bucarest) en vue de laconnaissance, de la conservation et de la valorisation des traditions et de la crĂ©ation populaire,de mĂȘme que des formations artistiques d’amateurs de divers genres.

Pour concrĂ©tiser les attributions qu’ils remplissent , les rĂ©sultats des investigations sont communiquĂ©s dans le cadre de rĂ©unions scientifiques , on Ă©labore et on publie des Ă©tudes , desmonographies , des anthologies et des albums , des recueils de piĂšces reprĂ©sentatives etc. ,organisent des concours , des expositions , des festivals , des foires Ă  caractĂšre dĂ©partemental ,inter-dĂ©partemental , national ou international , dĂ©veloppant ainsi un cadre d â€˜Ă©mulationadĂ©quat , de compĂ©tition des valeurs dans tous les domaines de l’art non-professionnel.

Beaucoup de ces institutions ont constituĂ© leurs propres ensembles folcloriques , leursspectacles Ă©tant un modĂšle de vigueur et de fraĂźcheur par l’authenticitĂ© des costumes et descreations populaires prĂ©sentĂ©es sur la scĂšne.

Les Ecoles populaires d’art existent dans chaque capitale de dĂ©partement ( y comprisĂ  Bucarest).Deux dĂ©partements , Ă  savoir Timis et Maramures disposent mĂȘme de deux institutions de ce genre et Ă  Lugoj et Ă  SighetuMarmatiei.Elles ont une personnalitĂ©sjuridique. Elles fonctionnent en rĂ©gime d’auto-financement partiel, ayant aussi des allocationsdes budgets des conseils dĂ©partementaux auxquels elles sont subordonnĂ©es du point de vueadministratif ( exception faisant les deux Ă©coles nominalisĂ©es, subordonnĂ©es aux conseilsmunicipaux . En ensemble, elles reprĂ©sentent un systĂšme cohĂ©rent d’enseignement populaireartistique . Le terme « populaire » de ce syntagme est loin du sens de « vulgarisation », poursuggĂ©rer une instruction minimale, de « popularisation » des connaissances parmi le peuple ; dans les institutions respectives sont admises seulement les personnes qui passent un examen et qui attestent des disponibilitĂ©s pour des disciplines artistiques et aprĂšs le processusd’enseignement est rigoureux, Ă©talĂ© sur quelques annĂ©es, sur la base des programmesanalitiques conçus par les meilleurs professeurs qui travaillent dans le domaine , de mĂȘmequ’avec l’aide de cadres universitaires du domaine . « Populaire », dans ce contexte, dĂ©finit l’ouverture gĂ©nĂ©reuse vers toutes les catĂ©gories sociales et vers toutes les Ăąges, sansdiscrimination de nature politique, religieuse, de sexe etc., en mettant en Ă©vidence la vocationpour la rĂ©alisation des dĂ©siderata de l’éducation permanente.

Pendant plus d’un siĂšcle et demi d’histoire se sont structurĂ©es les premiĂšres institutionsspĂ©cialisĂ©es qui ont Ă©tĂ© fondĂ©es Ă  l’initiative et avec le financement des « sociĂ©tĂ©s musicales »sous la dĂ©nomination de « conservatoires populaires » ; « preparandii » ( Arad – 1833 ; Timisoara – 1847, Sighetul Marmatiei et Lugoj – 1870, Craiova, Tg.Mures, Brasov, Braila,Ploiesti, Satu Mare, Bucuresti- 1870-1928 ) Au dĂ©but de la pĂ©riode d ‘entre-deux guerre, dansle cadre d’un « programme national d ‘instruction publique », ces institutions se sont rĂ©organisĂ©es du point de vue fonctionnel, et ont diversifiĂ© leur offre de disciplines artistiques,Ă©voluant sous la dĂ©nomination de « conservatoires municipaux de musique et d’art dramatique », Ă©tant financĂ©es exclusivement par les administrations locales (les mairies). Les16 conservatoires municipaux de musique et d’art dramatique qui dĂ©ployaient encore leuractivitĂ© aprĂšs la deuxiĂšme guerre mondiale, en 1954, sont devenus « Ă©coles populaires d’art » (Ă  la suite de l’ArrĂȘt gouvernemental n° 1720-1954 ), leur nombre augmentant ultĂ©rieurement,dans chaque dĂ©partement. La mission de ces institutions Ă©taient de dĂ©couvrir et d’enseigner aux « amateurs » douĂ©s les disciplines artistiques.Ils ont pleinement rĂ©alisĂ© leur mission , au-delĂ 

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des circonstances et des demandes politiques, par un processus didactique conçu d’une maniĂšreindividualisĂ©e ou par petits groupes d’élĂšves, en prenant en considĂ©ration leurs disponibilitĂ©seffectives, dans leur dynamique et leur intĂ©gralitĂ© afin d’assurer leur progrĂšs optimal. CetteactivitĂ© a eu un grand succĂšs Ă  l’échelle nationale.Une partie importante des diplĂŽmĂ©s,continuant leur formation sĂ©rieuse dĂ©jĂ  obtenue par d’autres formes d’activitĂ© ou deperfectionnement du style interprĂ©tatif, se sont affirmĂ©s comme des artistes prestigieux de lascĂšne, en Roumanie et Ă  l’étranger (N. Herlea, L.Spiess, Marina Crolocici, Radu Lupu,Mariana Nicolesco, Nelly Miricioiu, M.Fotino, Stela Popescu, Aura Urziceanu, AngelaSimilea, Mirabela Dauer, Dida Dragan, Maria Ciobanu, Irina Loghin, Sofia Vicoveanca,Gh.Turda et beaucoup d’autres). Des artistes plastiques renommĂ©s, tels Sorin Ilfoveanu,Gh.Vraneantu, Melinda Yaun, Florin Moxa, Ion Truica, Constantin Conache, Ion Adrian etc )se sont initiĂ©s et ont commencĂ© Ă  s’affirmer en partant des leçons apprises dans le cadre desĂ©coles populaires d’art. Dans le mĂȘme cadre rĂ©fĂ©rentiel on peut aussi mentionner des noms dechorĂ©graphes, de danseurs, de photo-reporters, d’opĂ©rateurs de film qui illustrent tous lesgenres artistiques. Il est certain que, pour beaucoup des jeunes, la formation offerte dans cesinstitutions leur a facilitĂ© l’admission dans l’enseignement supĂ©rieur musical , d’art plastique,d’art thĂ©Ăątral ou cinĂ©matographique. Les anciens diplĂŽmĂ©s se sont affirmĂ©s en tant qu’animateurs, catalyseurs de la vie culturelle locale, et certaines formations artistiquesinstruites par ceux-ci sont devenues renommĂ©es , en s’imposant du point de vue artistique , y compris dans de grandes compĂ©titions internationales , en Ă©tant apprĂ©ciĂ©es par les jurys et lesmass-media. Au-delĂ  de ces aspects, il faut aussi souligner le fait que, pour des milliers decitoyens, l’enseignement populaire a reprĂ©sentĂ© une chance , rĂ©pondant Ă  des demandesintimement ressenties de parfaire, d’ennoblir et d’exprimer la personnalitĂ© par l’interprĂ©tationet la crĂ©ation artistique, les loisirs acquĂ©rant une densitĂ© significative accrue et gĂ©nĂ©reuse, uneouverture remarquable vers le monde magnifique de l’art, vers ses sens profonds, ayant uneprofonde rĂ©sonance formative et Ă©ducative.

En juin 1983, on a imposĂ© aux Ă©coles populaires d’art de fonctionner en rĂ©gimed’autofinancement intĂ©gral, rĂ©gime qui s’est maintenu et les cinq annĂ©es qui ont suivi larĂ©volution. Cet aspect a conduit Ă  l’institution de taxes de frĂ©quence de plus en plussubstantielles , ce qui a dĂ©terminĂ© une diminution grave des options pour cette forme deformation. Les Ă©coles ont Ă©tĂ© obligĂ©es de restreindre leur activitĂ©, de renoncer Ă  l’organisationdu processus didactique pour certaines disciplines artistiques, et ceux qui ont gardĂ© leursemplois ont Ă©tĂ© obligĂ©s d'assumer la formation d’un nombre plus Ă©levĂ© d’élĂšves que le nombreprĂ©vu par la loi pour que les taxes touchĂ©es puissent couvrir les dĂ©penses avec les salaires et lefonctionnement de l’institution. Dans ces conditions, un grand nombre des professeurs ayant une certaine vocation didactique , ne pouvant pas faire face Ă  une telle situation, ont Ă©tĂ© obligĂ©sde quitter ces institutions pour des Ă©coles gĂ©nĂ©rales et des lycĂ©es d’art , des institutions oĂč lesemployĂ©s recevaient leurs salaires du budget d’Etat. Dans les derniĂšres annĂ©es, de nouvellesrĂ©glementations statuent « l’autofinancement partielle », les Ă©coles populaires d’art bĂ©nĂ©ficiant en mĂȘme temps de subventions des budgets des conseils dĂ©partementaux. Dans lesdĂ©partements oĂč les membres des conseils connaissent le rĂŽle de ces institutions et lesouvertures qu’elles offrent, ils se sont assumĂ©s des rĂ©sponsabilitĂ©s adĂ©quates et on a trouvĂ© dessolutions pour leur assurer une Ă©volution positive. Les activitĂ©s didactiques dĂ©ployĂ©es parexcellence aux siĂšges de rĂ©sidence (classes d’instruments, acordĂ©on, violon, saxophone, guitareetc., de canto classique, de musique lĂ©gĂšre, de musique populaire, d’art plastique- peinture,sculpture, graphique etc., de chorĂ©graphie – danse populaire, classique, moderne, de sociĂ©tĂ©etc. sont retrouvĂ©es de plus en plus et dans des sections externes situĂ©es dans les villages et lesvilles des dĂ©partements. On enregistre un accroĂźssement des sections d’art populaire,notamment dans les centres ethnofolkloriques menacĂ©s de perdre leur identitĂ©. C’est unechance pour la rĂ©vitalisation des mĂ©tiers traditionnels ( tissus, broderie, cĂ©ramique etc.) , pourleur transmission de gĂ©nĂ©ration en gĂ©nĂ©ration, en rĂ©alisant ainsi le transfert de la technique,

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des secrets de travail spĂ©cifiques , des significations de l’autenticitĂ© et de l’originalitĂ© des plusvieux aux plus jeunes , aux nouvelles gĂ©nĂ©rations , aux Ă©lĂšves qui bĂ©nĂ©ficient de ce cadreinstitutionnel de formation. Les tendances de diversification et d’extension des activitĂ©sdidactiques dans d’autres localitĂ©s aussi que celles oĂč il y a dĂ©jĂ  les Ă©coles populaires d’art sont bĂ©nĂ©fiques , Ă©tant un fait qui doit ĂȘtre soutenu et encouragĂ©. Malheuresement, il se manifesteencore d’une maniĂšre assez limitĂ©e dans peu de dĂ©partements, et il ne constitue pas unedimension dĂ©finitoire du systĂšme, comme il aurait Ă©tĂ© souhaitable.

Il est certain aussi que la qualitĂ© de l’enseignement populaire artistique, sa capacitĂ©d’ĂȘtre de plus en plus diversifiĂ© pour ceux qui ont des dons natifs d’exception , influencent,dans une mesure considĂ©rable, les affirmations de valeur supĂ©rieure des personnalitĂ©soriginales, inconfondables, dans le paysage artistique.

Les Maisons de la culture (220) fonctionnent dans des villes, des municipes, desstations balnĂ©o-climatiques. Les Foyers de Culture sont des institutions spĂ©cifiques au milieu rural , fonctionnant dans des centres de communes (2738), Ă©ventuellement ayant des filiales(1835) dans les villages qui en font partie. Ils ont une origine et une destinĂ©e –en grandemesure-commun. Ils reprĂ©sentent la quintessence d’une Ă©volution , le rĂ©sultat de lamĂ©tamorphose des cercles culturels, des Ă©coles pour les adultes, des maisons de conseil et delecture, des athĂ©nĂ©es populaires, beaucoup d’entre eux crĂ©Ă©s au siĂšcle passĂ©, dans laperspective de trĂšs bien rĂ©flĂ©chis rĂŽles sociaux , avec des disponibilitĂ©s de s’imposer commedes vĂ©ritables forces de propulsion, amplement impliquĂ©es dans le progrĂšs gĂ©nĂ©ral de la nation.La conception qui a Ă©tĂ© Ă  la base de leur crĂ©ation est en concordance avec la pensĂ©e europĂ©ennede l’époque qui a gĂ©nĂ©rĂ© des prĂ©occupations similaires dans d’autres pays aussi pour ledĂ©veloppement d’un cadre appropriĂ© de culturalisation intĂ©grale des citoyens , afin de leuroffrir une chance d’accĂ©der Ă  un statut social supĂ©rieur, matĂ©riel et spirituel.

Au dĂ©but du XXe siĂšcle fonctionnaient dĂ©jĂ  , dans les villes et les villages de notre pays, plus de 2000 Ă©tablissements culturels . Sous leurs auspices Ă©taient organisĂ©s des coursd’alphabĂ©tisation, des activitĂ©s visant la formation politique, Ă©conomique et juridique, sanitaireetc., des soirĂ©es artistiques, des concerts, des expositions, des lectures de textes etc. Par lleRĂ©glement des AthĂ©nĂ©es Populaires on interdisait toute rĂ©fĂ©rence qui « pourrait porteratteinte au bon sens du public » et « toute question ou allusion au domaine de la polĂ©miquemilitante ».

Par l’activitĂ© de la Fondation « Le Prince Charles » (« Principele Carol » ), dans lapĂ©riode d’entre-deus-guerre s ‘est affirmĂ©e une stratĂ©gie cohĂ©rente, de crĂ©ation et dedĂ©veloppement d’un systĂšme national institutionnalisĂ© d’offensive culturelle trĂšsdiversifiĂ©e. « Le Foyer culturel », (dĂ©nomination gĂ©nĂ©rale pour la majoritĂ© des institutions desvillages, mais aussi des villes) devient, Ă  cĂŽtĂ© de l’école et de l’église, l’institution centrale dela vie spirituelle de presque chaque localitĂ©, en se constituant et en se construisant Ă  l’initiativedes collectivitĂ©s locales.La base matĂ©rielle, les salaires, les dĂ©penses de fonctionnement Ă©taient assurĂ©s et des revenus propres de la Fondation, et des subventions d’Etat, des contributionsbĂ©nĂ©voles des citoyens, des recettes propres etc.A partir de 1954, le nom de « foyer culturel » aĂ©tĂ© conservĂ© seulement au milieu rural, dans le milieu urbain le nom Ă©tant celui de « maison deculture ».

La direction du pays par le Parti Communiste a mis son empreinte – inĂ©vitablementĂšsur l’activitĂ© de ces institutions.On leur a demandĂ© de donner un caractĂšre politique accentuĂ©aux manifestations organisĂ©es, de promouvoir des activitĂ©s qui contribuent Ă  l’éducationathĂ©iste des citoyens, Ă  leur engagement pour le dĂ©passement des indicateurs de plan etc.Detelles exigences ont Ă©tĂ© rĂ©pĂ©tĂ©es jusqu’à l’exagĂ©ration, notamment aprĂšs 1971, et mettant un

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trop grand accent sur la nĂ©cessitĂ© de faire rĂ©fĂ©rence dans le cadre des activitĂ©s culturellesartistiques Ă  l’époque d’or , « au parti et Ă  son brave dirigeant ». Sans doute, dans le cadre deces institutions on a organisĂ© des confĂ©rences, des cours dans le domaine politique et idĂ©ologique, de promotion de l’athĂ©isme mais ils Ă©taient, en grande majoritĂ©, formels, existant seulement dans les programmes d’activitĂ© ou occasionnĂ©es par une inspection venue d’un Ă©tagesupĂ©rieur de la hyĂ©rarchie.Le poids le plus important des activitĂ©s a Ă©tĂ© constituĂ© par celles quioffraient d’une maniĂšre authentique des ouvertures vers de nouvels horizons spirituels, quirĂ©pondaient aux intĂ©rĂȘts rĂ©els de connaissance des citoyens.

La participation des formations artistiques des foyers culturels et des maisons de cultureau Festival « Ode Ă  la Roumanie » supposait, certainement, d’aborder un rĂ©pertoire « departi », « militant » « rĂ©volutionnaire », mais qui n’étaient pas celui de base.Celui prĂ©sentĂ© surla scĂšne danns le cadre du festival a Ă©tĂ© le compromis qui dĂ©termine l’attestation des vertuesqualitatives (si elles existaient) de l’interprĂ©tation.La majoritĂ© de ces formations avaient unrĂ©pertoire beaucoup plus riche, avec des piĂšces qui reprĂ©sentaient la sensibilitĂ© et lesqspirations Ă©thiques et esthĂ©tiques des citoyens, qui Ă©taient plus gĂ©nĂ©reuses dans leurssignifications et plus expressives que celles qui Ă©taient imposĂ©es par des « indications »supĂ©rieures, fait prouvĂ© par les succĂšs obtenus aux grandes compĂ©titions internationales.

Par rapport aux prĂ©sentations nĂ©gatives, de contestation de l’apport culturel de cesinstitutions dans les derniĂšres dĂ©cennies, enregistrĂ©es aussi par les mass-media post-rĂ©volutionnaire, on apprĂ©cie qu’il est nĂ©cessaire une analyse plus nuancĂ©e, plus objective, sansidĂ©es prĂ©conçues, des rĂ©alitĂ©s.

Une expression du mĂ©contentement des personnes qui se trouvent Ă  la tĂȘte du pays parrapport Ă  l’activitĂ© « mĂ©diocre » des maisons de culture et des foyers culturels est la cessation –en 1974- de leur financement, le passage Ă  un rĂ©gime d’autofinancement intĂ©gral, avecl’obligation Ă©tablie par des plans de revenus et de dĂ©penses d’apporter aussi des bĂ©nĂ©fices pourle budget de l’Etat.A cela s’ajoute la limitation excessive des dĂ©penses pour le fonctionnement de l’institution.Les consĂ©quences nĂ©gatives n’ont pas tardĂ© d’apparaĂźtre: la dĂ©gradation gravedu patrimoine Ă  cause de l’utilisation intensive, des intempĂ©ries, des calamitĂ©s naturelles, Ă cause du manque de fonds nĂ©cessaires pour Ă©viter les situations respectives, la prĂ©valation decertaines activitĂ©s qui pourraient apporter un bĂ©nĂ©fice immĂ©diat et sĂ»r (vidĂ©othĂšques,discothĂšques etc.), une fluctuation du nombre des employĂ©s.AprĂšs l’euphorie enregistrĂ©eparmi les employĂ©s de ces institutions, immĂ©diatement aprĂšs 1989, la dĂ©ception s’est installĂ©epeu aprĂšs : l’autofinancement intĂ©gral a continuĂ©, les salaires Ă©taient prĂ©caires, l’hĂ©ritage dansla nouvelle Ă©tape historique d’un patrimoine dĂ©tĂ©riorĂ© , sans chance de disposer des fondsnĂ©cessaires pour sa rĂ©habilitation.

En 1991 a Ă©tĂ© crĂ©Ă©e une Ligue nationale des Maisons de la Culture de Roumanie. Sesmembres se sont rencontrĂ©s plusieurs fois, en se faisant part de leurs problĂšmes et des besoinsavec lesquels ils sont confrontĂ©s , ont rĂ©digĂ© des mĂ©moires de protestation publiĂ©s auqqi dansquelques journaux quotidiens, mais sans rĂ©sultat.AprĂšs deux ans, la Ligue s’est dissolue.

A la suite des réglementations adoptées derniÚrement, par lesquelles on a réservé aux établissements culturels de ce genre un autofinancement partiel, et parce que les conseilslocaux devraient aussi allouer des fonds des budgets propres pour leur financement, notamment dans les villes, ces institutions sont en cours de réhabilitation , en regagnant leur statut social et les rÎles pour lesquels ils ont été créés.

Les Maisons de la Culture ont une personnalitĂ© juridique.L’organigramme du personnel qui comprend, Ă  part le directeur, 1-6 salariĂ©s selon les domaines d’activitĂ© avec des

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attributions techniques et administratives est Ă©tabli par le conseil municipal ( ou de la ville,selon le cas ), en prenant en considĂ©ration le nombre de la population, de mĂȘme que la diversitĂ©et la complexitĂ© de l’offre culturelle assumĂ©e.

En principal, trois grandes coordonnées sont prises en compte :

a) la culturalisation gĂ©nĂ©rale, qui inclut des confĂ©rences publiques, des symposiums,des dĂ©bats, des cercles dans divers domaines, des cours circonscis ou non Ă  desuniversitĂ©s populaires, ( voir le paragraphe « universitĂ© populaires » ), en concordanceavec les intĂ©rĂȘts de connaissance et les aspirations de formation des citoyens, dans undomaine ou dans l’autre

b) artistique, offrant aux citoyens des chances pour dĂ©velopper les qualitĂ©s crĂ©atives et interprĂ©tatives dans leurs loisirs, de s’affirmer sur la scĂšne dans le cadre des formations( de thĂ©Ăątre, musicales, chorĂ©graphiques ) de la maison de culture ou expositionnel,avec des crĂ©ations propres de peintures, sculptures, design; beaucoup de ces formationsprofessionnelles ou non-professionnelles ont prĂ©sentĂ© des spectacles, dans les salles despectacle dont elles disposent, pour le public des localitĂ©s oĂč elles fonctionnaient ;

c) rĂ©crĂ©ative – divertissante, on organise des soirĂ©es dansantes, des programmes pour lesdiscothĂšques, des jeux et des concours , notamment pour la jeunesse.

Pour réaliser de telles activités, on embauche avec un statut de collaborateurs desprofessionnels du domaine de référence.

MĂȘme si la base matĂ©rielle et les subventions ne sont partout en concordance avec lesnĂ©cessitĂ©s, leurs disponibilitĂ©s d’offrir une densitĂ© significative supĂ©rieure Ă  la vie spirituellledes localitĂ©s oĂč elles fonctionnent sont Ă©videntes.

Les Foyers de Culture se sont affirmĂ©s et ont Ă©tĂ© reconnus dĂšs le dĂ©but de leuractivitĂ©, Ă  cĂŽtĂ© de l’école et de l’église, comme les institutions les plus importantes dans leservice de la communautĂ© rurale. Ils ont validĂ© avec le temps leur mission d’engager lescitoyens de vivre une existence supĂ©rieure ennoblie par les valeurs de la culture et de l’art.Ilsont apportĂ© leur contribution Ă  l’élĂ©vation du niveau gĂ©nĂ©ral de formation de la population, enconcordance avec les exigences quotidiennes, pour la promotion des vertus morales et religieuses , pour l’introduction et le maintien dans le circuit public de certains Ă©lĂ©ments de laculture populaire ( traditions, coutumes, costumes, rĂ©pertoire folklorique), pour assurer uncadre plus civilisĂ© de passer les loisirs pour les membres des communautĂ©s rurales.Malheureusement, ces situations sont retrouvĂ©es dans leur intĂ©gralitĂ© dans un petit nombre delocalitĂ©s.Les causes sont multiples et dĂ©rivent en grande majoritĂ© des conditions matĂ©rielles et financiĂšres prĂ©caires rencontrĂ©es : plus de la moitiĂ© des siĂšges ne correspondent plus aux exigeances actuelles ( l’espace se rĂ©duisant Ă  1 - 3 piĂšces ), en se trouvant dans un Ă©tat avancĂ©de dĂ©gradation, ( les administrations locales ayant contribuĂ©, en grande mesure, au dĂ©tournement de certains espaces de leurs rĂŽles culturels), l’équipement technique dont ilsdisposent est dĂ©tĂ©riorĂ© physiquement et moralement ; en hiver, beaucoup des foyers culturelssont obligĂ©s d’interrompre leur activitĂ© Ă  cause du manque de combustible .En tenant compteaussi de l’insuffisance des fonds qui leur sont allouĂ©s, une grande partie des foyers culturels sesont assumĂ©s , prioritairement, des activitĂ©s apportant un bĂ©nĂ©fice immĂ©diat et sĂ»r(discothĂšques, ateliers, espaces louĂ©s pour des firmes etc)

Les seules possibilitĂ©s d’initiation et de formation de ceux qui travaillent dans cedomaine sont offertes par les programmes du Centre de PrĂ©paration et de Formation du

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Personnel des Établissements culturels .La majoritĂ© des conseils locaux ne disposant pas defonds Ă  ce but , peu de personnes ont eu la possibilitĂ© de suivre de telles formations.Beaucoupd’entre eux n’occupent plus le poste pour lequel ils se sont formĂ©.

De toutes les établissements culturels de ce genre, les foyers culturels sont celles quirencontrent le plus de difficultés.

Les UniversitĂ©s populaires d’aujourd’hui se considĂšrent ĂȘtre les continuatrices del’activitĂ© des sociĂ©tĂ©s et des associations scientifiques ; des Ă©coles pour les adultes qui, enconcordance avec l’expĂ©rience et la pensĂ©e europĂ©enne de l’époque, avaient assumĂ© depuis lesiĂšcle passĂ© une activitĂ© remarquable d’élĂ©vation culturelle de la population des villes et desvillages.Au dĂ©but de notre siĂšcle, de telles formations de « culturalisation des massespopulaires »qui avaient comme but d’assurer l’alphabĂ©tisation, la formation Ă©conomique,agricole, sanitaire, morale etc. ont Ă©tĂ© nommĂ©es « universitĂ©s populaires » selon le modĂšledanois promu par N.F.S.Grundtvig.Elles ont affirmĂ©, sous cette dĂ©nomination et surtout dans lapĂ©riode d’entre-deux guerres , leur rĂŽle important dans l’éducation intĂ©grale , thĂ©orique et pratique des adultes.AprĂšs la guerre, elles ont Ă©tĂ© intĂ©grĂ©es comme un secteur Ă  part dans lesĂ©tablissements de culture , en leur imposant l’obligation qu’une partie importante des cours soit axĂ©e sur l’étude des documents de parti, qu’ils aient un contenu politique et idĂ©ologique, qu’ilspromeuvent l’athĂ©isme. Ces aspects problĂ©matiques imposĂ©s Ă  l’activitĂ© des universitĂ©spopulaires qu’on considĂ©rait dĂ©finitoires, ont Ă©tĂ© rĂ©guliĂšrement abordĂ©s par les employĂ©s de cesĂ©tablissements culturels avec beaucoup de formalisme , en se retrouvant , souvent, seulement dans les programmes avancĂ©s aux institutions hyĂ©rarchiquement supĂ©rieures. Les salariĂ©s desuniversitĂ©s populaires ont orientĂ© prioritairement leurs activitĂ©s vers l’organisation de cours quiĂ©taient rĂ©ellement en concordance avec les intĂ©rĂȘts des citoyens , avec leurs dĂ©sirs de s’initier,de se former dans certains domaines.Les rapports prĂ©sentĂ©s sur l’activitĂ© des universitĂ©spopulaires Ă©taient, d’une annĂ©e Ă  l’autre, de plus en plus riches en donnĂ©es fictives pourprĂ©senter ‘des succĂšs sans prĂ©cĂ©dent ».C’est ainsi qu’on peut expliquer le fait que dans lesĂ©vidences de l’ancien Conseil de la Culture et de l’Education Socialiste figuraient, en 1989,plus de 3000 universitĂ©s populaires qui organisaient des dizaines de milliers de cours, la plusgrande participation des citoyens Ă©tant enregistrĂ©e aux cours politiques et idĂ©ologiques.

Des données recueillies dans la période suivante il ressort le fait que seulement 100 universités populaires fonctionnaient, leur nombre augmantant , pourtant, chaque année.

Actuellement il existe 190 universitĂ©s populaires ( 9 Ă  personnalitĂ©s juridiques, lesautres fonctionnant dans le contexte de l’activitĂ© des maisons de culture ou, plus rĂ©cemment,auprĂšs les foyers culturels), ayant plus de 2400 cours trĂšs diversifiĂ©s (Ă©conomie, sciencesagricoles, mĂ©decine, Ă©cologie, langues Ă©trangĂšres etc.), de mĂȘme que des cours derequalification et de reconversion professionnelles des personnes disponibilisĂ©es.Les cours sont organisĂ©s en fonction des options spirituelles des citoyens, de la dynamique des demandes du marchĂ© spĂ©cifique Ă  chaque zone, des possibilitĂ©s locales (conditions techniqueset matĂ©rielles,professeurs etc.), et sont frĂ©quentĂ©s modestement , pour une taxe nĂ©gligeable, en concordanceavec le rapport demande –offre.

Depuis 1993 a Ă©tĂ© crĂ©Ă©e l’Association nationale des UniversitĂ©s populaires (A.N.U.P.),bĂ©nĂ©cifiant d’assistance logistique et matĂ©rielle-financiĂšre de la part d’une institution similairede l’Allemagne. Sous les auspices de l’A.N.U.P. , avec une Ă©troite collaboration avec leministĂšre de la Culture, se sont dĂ©veloppĂ©es, surtout derniĂšrement, de multiples prĂ©occupationsde promotion devant l’opinion publique de la problĂ©matique de l’éducation des adultes, avecdes connotations d’implications de celle-ci dans les changements sociales, politiques et Ă©conomiques de la Roumanie d’aujourd’hui.Ont Ă©tĂ© initiĂ©s des cours de « formation des

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formateurs » dans le cadre de 11 centres zonaux d’ « Ă©ducation des adultes » , ces activitĂ©sĂ©tant dirigĂ©es par des spĂ©cialistes roumains , formĂ©s par des experts allemands et anglais dansle cadre de certains programmes PHARE.Pour ceux qui sont impliquĂ©s dans ce domaine, ainsique pour tout ceux qui s’intĂ©ressent Ă  une poblĂ©matique culturelle plus large, est publiĂ©echaque trimestre la revue « Paideia » qui a un contenu Ă©levĂ© et intĂ©ressant en concordance avecla dynamique de la pensĂ©e europĂ©enne.Dans le mĂȘme cadre rĂ©fĂ©rentiel s’inscrit aussi lapublication des volumes Ă  grande densitĂ© significative pour l’évolution de la thĂ©orie et de lapratique de l’ Ă©ducation des adultes ( comme par exemple « L’Atelier de l’avenir »,« Politiques culturelles et politique Ă©ducationnelle », « La Fondation Dalles » etc ) . CesactivitĂ©s rĂ©alisĂ©es dans notre pays se constituent comme des prĂ©mices pour une Ă©volution plusdynamique et plus fertile dans le domaine de l’éducation des adultes , avec une plus grandeimplication dans le changement des mentalitĂ©s , des attitudes, des comportements, intervenant donc, en grande mesure, au changement positif de la Roumanie.

IX. RELATIONS INTERNATIONALES

Une nouvelle perspective dans les relations culturelles internationales de la Roumanie

Si, avant 1997, la Direction des Relations Culturelles Ă©tait notamment un servicespĂ©cialisĂ© dans l’organisation des dĂ©placements Ă  l’étranger des personnalitĂ©s et compagniesartistiques, aprĂšs 1997, la Direction GĂ©nĂ©rale des Relations Internationales a oeuvrĂ© afin dedevenir un partenaire privilĂ©giĂ© et actif des grandes instances Ă  une ouverture multinationale (leConseil de l’Europe, la Commission de l’Union EuropĂ©enne, l’UNESCO, etc.) et de certainspays prĂ©sentant un intĂ©rĂȘt prioritaire.Tous les nouveaux postes de la direction ont Ă©tĂ© occupĂ©spar concours.Les conseillers et les chargĂ©s de missions sont, en proportion de 70%, denouveaux employĂ©s. Les conseillers et les chargĂ©s de mission du DĂ©partement d’IntĂ©grationEuropĂ©enne sont rĂ©partis selon les programmes en cours de dĂ©roulement avec les organismesinternationaux. Les conseillers et les chargĂ©s de mission du DĂ©partement de CoopĂ©rationBilatĂ©rale sont rĂ©partis sur des espaces linguistiques et des aires gĂ©ographiques traditionnelles(l’Europe Centrale, l’Europe de l’Est, l’Europe de Nord, l’Orient, la Zone anglophone, la Zonefrancophone, la Zone germanophone, la Zone hispanique et lusophone).

La Direction gĂ©nĂ©rale des Relations internationales a deux directions subordonnĂ©es :IntĂ©gration europĂ©enne et CoopĂ©ration bilatĂ©rale. Cette restructuration n’a pas Ă©tĂ© unesimple rĂ©organisation administrative ; elle exprime la volontĂ© politique de confĂ©rer au ministĂšre de la Culture de Roumanie la capacitĂ© de projeter et de rĂ©aliser des programmesd’envergure avec les organismes culturels internationaux , aussi bien qu’avec des ministĂšres et autres institutions.

1. La participation aux grands programmes européens

Le ministÚre de la Culture a conçu une stratégie visant à amplifier la présence desreprésentants des institutions culturelles roumaines aux forums mondiaux et européens, laparticipation aux programmes multilatéraux.

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1.1. Le Conseil de l’Europe

Dans le cadre du Conseil de l’Europe, le ministĂšre a des reprĂ©sentants permanents danstous les comitĂ©s de travail (le ComitĂ© de la culture, le ComitĂ© du Patrimoine culturel, le ComitĂ©pour les MĂ©dias) et aussi dans des groupes restreints de rĂ©flexion et de dĂ©cision (le Groupepour les nouvelles technologies, le Conseil pour l’orientation des itinĂ©raires culturels, laCommission de soutien de la Campagne “l’Europe, un patrimoine commun”, le Groupe detravail pour la protection du patrimoine audiovisuel, le Groupe pour les mĂ©dia sous uneperspective paneuropĂ©enne etc.). La Roumanie est Ă©galement reprĂ©sentĂ©e dans le Conseil de lacoordination de la culture et de l’éducation, instance supĂ©rieure qui contrĂŽle et approuve tousles programmes du domaine de la culture, de l’éducation et des mĂ©dias dĂ©roulĂ©s sous lepatronage du Conseil de l’Europe.

Le programme « Politiques nationales »

Le reprĂ©sentant du ministĂšre de la Culture au ComitĂ© de la culture est parvenu Ă  obtenirl’accord du Conseil de l’Europe pour que la Roumanie soit incluse Ă  partir de 1998 dans leprogramme « L’Evaluation de la politique culturelle nationale » , en devançant le plan initialqui nous plaçait en l’an 2000.Ceci a de l’importance, car nous aurons la possibilitĂ© de dĂ©finir lasituation dans l’administration et la lĂ©gislation de la culture et d’établir des objectifs rĂ©alistespour l’avenir prochain.

En effet, le programme se dĂ©roule depuis 1998 et sera achevĂ© au cours du secondsĂ©mestre du Conseil de l’Europe .Un groupe d’experts roumains est chargĂ© de rĂ©diger unrapport national qui sera analysĂ© par un groupe d’experts du Conseil de l’Europe.Ce dernier vaĂ©laborer son propre rapport. Les deux documents seront prĂ©sentĂ©s lors d’une rĂ©union du ComitĂ© de la culture du Conseil de l’Europe.

Le Conseil de l’Europe a Ă©tabli le groupe d’experts europĂ©ens chargĂ©s de rĂ©diger sonpropre rapport. Le groupe d’experts europĂ©ens a effectuĂ© trois visites en Roumanie, ennovembre 1998, mars et juin 1999. Le prĂ©sent rapport confirme la finalisation du programme.

Le Programme « Le CollÚge de la citoyenneté européenne : Itinéraires monastiques »

La Roumanie est le seul pays hors de l’Union europĂ©enne choisi Ă  participer au programme-pilote du Conseil de l’Europe « Le CollĂšge de la CitoyennetĂ© EuropĂ©enne –itinĂ©raires monastiques. », aux cĂŽtĂ©s de la France, du Portugal, de la NorvĂšge et de la GrĂšce .Le programme, conçu sous la forme de cinq stages de deux sĂ©minaires chacun, de l’automne1997 jusqu’à l’étĂ© 1999, a pour objectif de connaĂźtre les formes culturelles de la spiritualitĂ© desdivers espaces europĂ©ens, d’accepter et d’en respecter les diffĂ©rences spĂ©cifiques.Lesparticipants Ă  ce programme, six jeunes gens de chaque pays, Ă©tudiants au niveau de licencedans n’importe quel domaine de l’enseignement, ont eu la possibilitĂ© de suivre des cours surles origines et l’histoire de la spiritualitĂ© europĂ©enne. Ces cours sont confiĂ©s Ă  une universitĂ© dechaque pays et coordonnĂ©s par un comitĂ© scientifique national.Au terme du programme, lesparticipants recevront un diplĂŽme Ă  valeur de masterat. La session finale a eu lieu en Roumanie( juillet 1999 ), Ă  Horezu et Ă  Durau ; Ă  cette ocassion s’est rĂ©uni le Conseil de coordination du CollĂšge de la CitoyennetĂ© EuropĂ©enne pour Ă©valuer les consĂ©quences Ă  long terme de ceprogramme-pilote.

A la suite des dĂ©marches entreprises par le ministĂšre de la Culture dans le cadre du Conseil d’orientation des ItinĂ©raires culturels (comptant six membres reprĂ©sentant le Vatican,la Lettonie, l’Espagne, la GrĂšce, le Luxembourg et la Roumanie), la Roumanie est incluse dans

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l’itinĂ©raire « Habitat rural ».A Ă©tĂ© Ă©galement proposĂ© et acceptĂ© l’itinĂ©raire du « Bois » avec laparticipation dĂ©jĂ  acquise de la Finlande) , qui mettra en valeur les Ă©glises en bois deTransylvanie et aura Ă  crĂ©er les prĂ©misses de leur restauration systĂ©matique.

Le programme « Sibiu –confluences europĂ©ennes » figurera dans l’itinĂ©raire « Lieux dela mĂ©moire » et sera rĂ©alisĂ© dans une premiĂšre Ă©tape avec la collaboration du Luxembourg.

Pour l’an 2000 , quand on commĂ©morera 150 ans de la naissance de Mihai Eminescu, leministĂšre de la Culture a initiĂ© un itinĂ©raire europĂ©en ayant pour thĂšme l’espace gĂ©ographique–et ses dimensions spirituelles- parcouru par le grand poĂšte.Le programme est Ă©laborĂ© avec lesoutien de plusieurs association et institutions culturelles d’Allemagne et d’Autriche.

LeProgramme « MOSAIC »

LancĂ© en novembre 1998, ce programme du Conseil de l’Europe a pour but d’intensifier les relations de coopĂ©ration culturelle entre la Bulgarie, la Croatie, la Roumanie et la SlovĂ©nie, pays auxquels s’associent l’Albanie et la MacĂ©doine. Nous avons maintes foissignalĂ© au cours des rĂ©unions de travail du Conseil de l’Europe que, aprĂšs 1989, les Ă©changesdans les domaines de l’art et de la culture entre les anciens pays communistes du centre et del’est de l’Europe ont diminuĂ©, car tous ont choisi de s’orienter plutĂŽt vers les paysoccidentaux.Le processus en est naturel si l’on tient compte qu’avant 1989, les relationsavaient une Ă©vidente composante idĂ©ologique. Mais, aprĂšs dix ans , le ministĂšre de la CultureconsidĂšre que l’heure est venue pour que les relations des pays de cette rĂ©gion de l’Europe seplacent sur de nouvelles assises, qui puissent valoriser le trĂ©sor de crĂ©ativitĂ© et de valeursspirituelles offert par cette zone. Le ministĂšre de la Culture a proposĂ© comme lieu privilĂ©giĂ© derencontre le palais de Banloc, prĂšs de Timisoara, qui, aprĂšs sa restauration, peut accueillir lesprogrammes multinationaux convenus et deviendra un centre multiculturel important dans cetteeurorĂ©gion. Les contacts rĂ©alisĂ©s avec le chef de la Direction de la Culture, de l’Education et du Sport du Conseil de l’Europe, avec des ministres de la culture et autres officiels des paysvoisins nous laissent penser que ce projet sera rĂ©alisĂ© en 1999 dans le cadre du programme« MOSAIC » dĂ©jĂ  mis en oeuvre.

L’Europe, un patrimoine commun

Le grand succĂšs reportĂ© par les projets proposĂ©s par la Roumanie dans le domaine du patrimoine (p.ex. :Sibiu-confluences europĂ©ennes) a beaucoup jouĂ© pour le choix de laRoumanie en tant que lieu d’inauguration de la Campagne « L’Europe, un patrimoinecommun », les 11-13 septembre cette annĂ©e, Ă  Bucarest et Ă  Sibiu .

1.2 L’Union europĂ©enne

1.2.1. Des fonds PHARE – Le Programme « La dimension culturelle de la dĂ©mocratie »

Pour la premiĂšre fois dans l’histoire du programme PHARE, la CommissioneuropĂ©enne de Bruxelles a donnĂ© le feu vert Ă  la requĂȘte du ministĂšre de la Culture deRoumanie concernant l’allocation de fonds pour la culture. Le Programme « La dimensionculturelle de la dĂ©mocratie » , lancĂ© par le ministĂšre , se dĂ©roule pendant une pĂ©riode de deux ans bĂ©nĂ©ficiant d’un budget qui monte Ă  2 millions d’euros.

Le programme comporte deux volets :

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La rĂ©forme institutionnelle :la dĂ©centralisation de l’administration culturelle, la rĂ©visiondes responsabilitĂ©s, l’informatisation du ministĂšre de la Culture et des institutionssubordonnĂ©es, ainsi que la restructuration des universitĂ©s populaires et des maisons de culturedans le cadre d’un programme spĂ©cifique pour l’éducation des adultes (dont la valeur monte Ă 1 150 000 d’euros.)

La constitution d’un Fonds pour le dĂ©veloppement des arts et de la sociĂ©tĂ© civile (dont la valeur monte Ă  850 000 d’Euros.)

Au niveau du ministĂšre a Ă©tĂ© constituĂ©e une unitĂ© d’implĂ©mentation (PIU) qui a pourobjectif d’assurer le cadre administratif du dĂ©roulement du programme. Pour la premiĂšrecomposante du programme – la RĂ©forme institutionnelle- on a enregistrĂ© des sollicitations pourobtenir le contrat de la part de 19 compagnies et consortiums d’Europe. A la suite de lapremiĂšre sĂ©lection, on en a retenu 8, du nombre desquelles sera dĂ©signĂ© le gagnant desenchĂšres, selon les rĂ©glementations PHARE.AprĂšs l’accord donnĂ© par la CommissionEuropĂ©enne de Bruxelles, le nom de la compagnie sera rendu public et elle pourra commencerĂ  dĂ©rouler le programme sous la coupe du ministĂšre de la Culture.

La seconde composante du programme sera rĂ©alisĂ©e Ă  partir de 1999 avec unecompagnie rĂ©sidente en Roumanie. La procĂ©dure de sĂ©lection sera la mĂȘme que pour lapremiĂšre partie du programme.

1.2.2. Programmes communautaires : Kaléidoscope, Ariane, Raphael, Media II

Depuis 1998, le ministĂšre de la Culture participe de plein droit aux programmescommunautaires de l’Union EuropĂ©enne des fonds de laquelle il a bĂ©nĂ©ficiĂ© occasionnellement auparavant aussi. Voici ces programmes :

-KalĂ©idoscope.Le programme soutient des Ă©vĂ©nements artistiques complexes d’intĂ©rĂȘt continental.Le ministĂšre de la Culture a mis Ă  la disposition de toutes les institutionsintĂ©ressĂ©es la documentation nĂ©cessaire afin de bĂ©nĂ©ficier des facilitĂ©s de ce programme.

-Ariane.Le programme soutient des projets ayant trait Ă  la traduction d’oeuvreslittĂ©raires rĂ©digĂ©es dans des langues moins connues en langues de large circulation. LeministĂšre de la Culture a communiquĂ© aux institutions intĂ©ressĂ©es la documentation nĂ©cessaireafin de bĂ©nĂ©ficier des facilitĂ©s accordĂ©es par ce programme.

-Raphael. Le programme s’emploie Ă  obtenir des projets de restauration d’objectifsd’intĂ©rĂȘt europĂ©en, projets se rattachant Ă  la protection du patrimoine culturel national.LaRoumanie a bĂ©nĂ©ficiĂ© dĂšs 1997 d’un appui financier (pour les monastĂšres de Probota et d’Apostolache, pour les Ă©glises en bois de Maramures et pour l’église Stavropoleos deBucarest).

-Media II.La Roumanie n’est pas incluse dans ce programme destinĂ© Ă  soutenir lesproductions et les coproductions de tĂ©lĂ©vision et de cinĂ©ma, car notre lĂ©gislation del’audiovisuel n’est pas encore conforme Ă  la Directive EuropĂ©enne concernant la TĂ©lĂ©visionsans FrontiĂšres.Afin de nous faciliter l’accĂšs Ă  ce programme, l’Union EuropĂ©enne a allouĂ© au ministĂšre de la Culture un fonds de quelque 20000 d’Euros dans le cadre du programme «Eureka-Audiovisuel » .A base de ces fonds a Ă©tĂ© constituĂ© dans la structure du ministĂšre de laCulture un Centre d’information pour l’Audiovisuel destinĂ© Ă  faciliter les Ă©changesd’informations entre les professionnels et les institutions spĂ©cialisĂ©es de Roumanie et del’Europe.

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1.3 L’UNESCO

L’UNESCO a participĂ© au lancement du programme « Sibiu-confluences europĂ©ennes »(mai 1998) et ) l’analyse de la production et de la diffusion du livre en Roumanie.

2. Les dimensions de la coopération bilatérale

Le Programme de l’actuel gouvernement ( le rogramme de base de macrostabilisation et de dĂ©veloppement de la Roumanie jusqu’à l’an 2000) souligne comme une prioritĂ© de lastratĂ©gie dans le domaine de la culture « l’édification d’une image vĂ©ridique de la Roumaniepar une nouvelle politique culturelle Ă  l’extĂ©rieur, Ă  mĂȘme de promouvoir des valeursauthentiques et compĂ©titives et de les souligner dans le dialogue avec la production culturelleinternationale ».

Répondant à cette exigence, le ministÚre de la Culture a formulé dÚs janvier 1997 sespriorités dans le domaine des échanges culturelles bilatérales :

- intensifier les Ă©changes de valeurs culturelles avec les Etats occidentaux,notamment avec la France, l’Allemagne, la Grande Bretagne, l’Italie , les Etats-Unis et le Canada.

- dĂ©velopper les liens culturels avec les etats voisins- maintenir de bonnes relations avec les autres pays europĂ©ens, avec des Etatsd’autres zones .

2.1. Dans ce sens, suite aux discussions avec le ministÚre de la Culture de France, plusieursprojets importants qui seront déroulés dans les années à venir se dessinent :

- Les belles EtrangÚres qui se propose de faciliter les contacts entre les écrivains des deux pays et de promouvoir la littérature contemporaine roumaine en France ;

- l’organisation en 2002 d’amples manifestations culturelles en France sous le gĂ©nĂ©rique« L’AnnĂ©e de la Roumanie en France » , respectivement, celle de la France en Roumanie

- l’organisation en Roumanie de sĂ©minaires sur des thĂšmes culturels dans le cadre des« Rencontres Malraux », auxquels participent des personnalitĂ©s françaises ;

- la France a Ă©tĂ© l’invitĂ© d’honneur Ă  la Foire Internationale du Livre de Bucarest (1999)

- une tournée de la Comédie Française à Bucarest a eu lieu en février 1999 .

Un important volet des relations culturelles avec la France se déploie dans le cadre pluslarge de la francophonie, une délégation du ministÚre de la Culture étant présente dans leComité international des Jeux de la Francophonie. Le ministÚre de la Culture a participé enaoût 1997 à la compétition culturelle-sportive des Jeux de la Francophonie de Madagascar.

Un Salon du Livre Francophone a été également organisé dans le cadre de la FoireInternationale du Livre de Bucarest. (juin 1999)

2.2. La zone germanique est prioritaire non seulement dans le contexte de la politique du ministĂšre de la Culture, mais dans celui plus large des relations extĂ©rieures de laRoumanie.Notre pays a de vieilles et solides relations culturelles avec l’espace allemand de par

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la prĂ©sence en Roumanie d’une population d’origine germanique, mais Ă©galement grĂące Ă l’activitĂ© dĂ©ployĂ©e en Allemagne par nombre d’intellectuels formĂ©s chez nous.

Dans ce contexte, une sĂ©rie d’actions ont dĂ©jĂ  eu lieu, dont il convient de rappeler :

- la Foire internationale du Livre de Leipzig (25 –30 mars 1998)

- au Symposium « Sibiu-confluences europĂ©ennes », dĂ©roulĂ© en mai Ă  Sibiu,l’Allemagne a Ă©tĂ© reprĂ©sentĂ©e Ă  un haut niveau : M.Manfred Carstens, secrĂ©taired’Etat au ministĂšre fĂ©dĂ©ral de l’IntĂ©rieur s’y est prononcĂ© pour une importanteparticipation de l’Allemagne Ă  la mise en oeuvre du Projet Sibiu ;

- l’Allemagne a Ă©tĂ© l’invitĂ© d’honneur de l’édition de 1998 de la Foire internationaledu livre de Bucarest

- Ă  l’occasion de la prĂ©sence roumaine Ă  la Foire internationale du livre de Francfort (1998), - la plus importante du monde de ce genre- le ministĂšre de la Culture aprĂ©sentĂ© la situation du livre en Roumanie lors d’une confĂ©rence de presse, sous leslogan « Les gouvernements aiment les livres » , rĂ©sultat d’une Ă©tude commune du Conseil de l’Europe, de l’UNESCO et de l’Association des Ă©diteurs et desdiffuseurs du livre d’Allemagne (Börsenverein).

On peut affirmer somme toute que les relations culturelles roumano-allemandes vont bon train et ont de bonnes perspectives ; aprĂšs les Ă©lections de l’automne 1998 en Allemagne,ces relations parcourent elles aussi une pĂ©riode de transition.

2.3 En janvier 1998 a Ă©tĂ© signĂ© le Programme de coopĂ©ration culturelle entre la Roumanieet l’Autriche pour les annĂ©es 1998-2001 , document important pour la continuation des bonnesrelations culturelles de nos deux pays.

Pendant cette pĂ©riode, l’Autriche a assumĂ© la prĂ©sidence du Conseil de l’UnioneuropĂ©enne et a organisĂ©, entre autres, la rĂ©union du Conseil des ministres de la Culture et del’Audiovisuel des pays de l’Union europĂ©enne et des Etats associĂ©s de l’Europe centrale et del’est, Ă  laquelle a Ă©tĂ© Ă©galement reprĂ©sentĂ© notre ministĂšre.

2.4 Les relations culturelles avec l’Italie ont enregistrĂ© un essor lors de la derniĂšre pĂ©riode,essor concrĂ©tisĂ© dans des actions de toutes sortes : expositions d’art (classique et contemporain,peinture et sculpture), colloques internationaux sur des thĂšmes de littĂ©rature, d’art, derestauration et de conservation, des monuments, tournĂ©es thĂ©Ăątrales, concerts. Il convient d’y mentionner le colloque international « Giacomo Leopardi » , le colloque « Traiano- Optimusprinceps » , la biennale de sculpture dantesque de Ravenne, les expositions « Trajan – unempereur aux frontiĂšres » et « Targoviste- art moderne et contemporain ».

2.5 Dans la zone britannique , les échanges culturels entre la Roumanie et la GrandeBretagne se déroulent sous les auspices du Protocole de coopération culturelle conclu pour les années 1996-1999. Là-dessus il faut remarquer que, étant donnée ladécentralisation spécifique à la Grande Bretagne, les institutions britanniquesdéveloppent les relations culturelles avec des ONG roumaines, donc avec uneparticipation toujours plus restreinte du ministÚre de la Culture.

Pourtant, en 1997 et 1998, plusieurs manifestations ont eu lieu auxquelles le ministÚrede la Culture a pris part. De leur nombre mentionnons le festival « British Spring Season » -

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festival thĂ©Ăątral britannique accueilli Ă  Bucarest et dans d’autres villes de Roumanie, auquelparticipĂšrent quatre troupes de thĂ©Ăątre et de danse de Grande Bretagne.

RĂ©ciproquement, en fĂ©vrier 1998 a Ă©tĂ© prĂ©sentĂ©e Ă  Londres l’exposition « La Roumaniedes annĂ©es ‘30- architecture et modernisme », organisĂ©e par l’Institut Royal des ArchitectesBritanniques. Il convient d’y ajouter aussi la tournĂ©e du ThĂ©Ăątre National de Craiova en GrandeBretagne et en Irlande du Nord (octobre 1998)

2.6 Les relations culturelles avec les Etats-Unis et le Canada se dĂ©roulent Ă  un niveau bienplus rĂ©duit, hĂ©las, Ă  causes des Ă©normes frais de transport. Avec les deux Etats ont n’a pasencore mĂȘme pas conclu de documents bilatĂ©raux. MalgrĂ© cela, certaines actions ont pu avoirlieu, dont « Les journĂ©es de la culture de Iasi aux Etats-Unis » (concerts, expositions d’art,prĂ©sentations de livres, confĂ©rences) entre le 1-er et le 14 dĂ©cembre 1998.

2.7 Le ministĂšre de la Culture s’est constamment employĂ© Ă  intensifier les rapportsbilatĂ©raux avec les Etats voisins de l’Europe Centrale et de l’Est. Il convient d’y mentionner lescontacts du ministĂšre aces ses homologues de Hongrie, de GrĂšce, de Turquie, de Bulgarie , dela FĂ©dĂ©ration Russe et les documents bilatĂ©raux de collaboration ( protocoles gouvernamentaux ou accords interministĂ©riels) signĂ©s avec la Hongrie, la GrĂšce, la Turquie, la Bulgarie etc. Ilfaut souligner les relations avec la Hongrie, qui ont connu des Ă©vĂ©nements de grandeimportance, tels que l’organisation en 1997 en Roumanie des « JournĂ©es de la culturemagyare » et en 1998, en Hongrie, des « JournĂ©es de la culture roumaine » , manifestations degrande envergure auxquelles ont participĂ© de nombreux crĂ©ateurs de tous les domaines, y compris du cinĂ©ma ; on a organisĂ© des tournĂ©es artistiques, des expositions , des symposiumsen la prĂ©sence de dĂ©lĂ©gations officielles des deux pays.

2.8 En 1997, en GrĂšce, la ville de Salonique a Ă©tĂ© la Capitale Culturelle de l’Europe ; lesmanifestations s’y sont dĂ©roulĂ©es sous les auspices et avec l’appui financier de la CommissionEuropĂ©enne et ont connu un large Ă©cho mĂ©diatique en Europe.La Roumanie –reprĂ©sentĂ©e parles tournĂ©es de l’OpĂ©ra National de Bucarest, de l’Orchestre Philharmonique « GeorgeEnescu » du ThĂ©Ăątre National de Bucarest, par des chorales et des ensembles folkloriques , parl’exposition « La cĂ©ramique de Cucuteni » aux piĂšces du patrimoine culturel national , par uneexposition d’artisanat et une autre de photos ayant pour thĂšme l’architecture mĂ©diĂ©vale, par dessoirĂ©es littĂ©raires etc. – a eu une prĂ©sence prestigieuse.

2.9 En juillet 1998 a Ă©tĂ© signĂ© avec la Turquie le Programme de collaboration culturellepour l’intervalle 1998-2000 visant Ă  l’intensification des Ă©changes culturelles bilatĂ©rales. Ilconvient de signaler tout particuliĂšrement les actions organisĂ©es en Roumanie en 1998 lors du 75e anniversaire de la Turquie moderne crĂ©Ă©e par Mustafa Kemal Ataturk : expositions delivres et de photos Ă  Bucarest, les « JournĂ©es de la culture turque Ă  Constanta » (groupesfolkloriques, expositions, dĂ©lĂ©gations officielles) , un sĂ©minaire Ă  Galati ayant pour thĂšme lesrelations roumano-turques .La manifestation bilatĂ©rale la plus importante a Ă©tĂ© la prĂ©sentationau Centre Culturel « Ataturk » d’Istanbul de l’Exposition de peinture moderne roumaine ( XX-e siĂšcle) aux ouvrages du patrimoine du MusĂ©e d’Art de Constanta. OrganisĂ©e sur l’initiativedu vice-premier ministre du Gouvernement de la Turquie, l’exposition a joui d’un accueilexceptionnel de la part des officiels aussi bien que de la part des critiques d’art et du grandpublic.

2.10 A l’occasion d’une visite officielle dans la FĂ©dĂ©ration Russe en mai 1998, on s’est misd’accord sur de nouvelles formes de collaboration et de rapprochement entre les deux cultures,sous la perspective de l’intĂ©gration europĂ©enne. Pour le dĂ©but de 1999 a Ă©tĂ© prĂ©parĂ©e unetournĂ©e Ă  Bucarest de cinq musiciens, boursiers de la Fondation Spivakov.

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2.11 Le ministĂšre de la Culture ne cesse de s’intĂ©resser Ă  la coopĂ©ration culturelles avec lesautres pays de l’Europe centrale et du nord. Plusieurs expositions ont Ă©tĂ© organisĂ©es enBelgique –« Confrontations – repĂšres artistiques roumano-belges » par le MusĂ©e dĂ©partementalde Prahova.A Amsterdam a Ă©tĂ© prĂ©sentĂ©e une exposition de sculpture de Roumanie , dont quelques oeuvres de Constantin Brancusi. Entre les 3 et 13 juillet 1999, l’OrchestreSymphonique de la Jeunesse de Bucarest a effectuĂ© une tournĂ©e en Suisse, Ă  l’occasion du 50-eanniversaire de l’organisation non-gouvernementale « SOS Kinderdorf » et du 35-eanniversaire de sa filiale suisse. En Finlande, lors du festival annuel de Helsinki, a Ă©tĂ©prĂ©sentĂ©e l’exposition de 7 oeuvres de la pĂ©riode de dĂ©but de Constantin Brancusi .Uneexposition de peinture contemporaine, le concert de la formation « Concordia » et uneprĂ©sentation de livres de la maison d’édition « Humanitas » ont eu lieu au Danemark.

2.13 Pour ce qui est de la zone hispanique et lusitanienne (l’Espagne, le Portugal et l’AmĂ©rique Latine), bien que les relations n’aient pas connu une intensitĂ© particuliĂšre, onremarque toutefois la participation Ă  des festivals et des congrĂšs (thĂ©Ăątre, musique, littĂ©rature)en Espagne; au Portugal, notre ministĂšre de la Culture a eu une contribution Ă  l’organisation du Pavillon roumain Ă  l’Exposition Mondiale « EXPO’98- les OcĂ©ans, un hĂ©ritage pour l’avenir » qui a eu lieu Ă  Lisbonne entre les 22 mai et 30 septembre 1998 , avec divers programmesculturels dĂ©roulĂ©s lors de la JournĂ©e de la Roumanie, pendant la durĂ©e de l'Expos’tion et, Ă cette occasion et avec succĂšs, dans la ville de Lisbonne. Ceci en dĂ©pit du fait que la prĂ©senceroumaine Ă  l’Exposition n’a pas constituĂ© un succĂšs.

2.14 Les relations culturelles avec les pays de l’AmĂ©rique Latine – l’Argentine, leVĂ©nĂ©zuela, l’Uruguay, le BrĂ©sil , la Colombie, le Mexique etc.) ne s’élĂšvent pas au niveau souhaitĂ©, Ă  cause d’abord des grandes distances qui nous sĂ©parent.

2.15 En 1997 et 1998, dans les relations culturelles avec les Etats de l’Afrique et du Proche-Orient – relations qui ne dĂ©pendent pas seulement de leur potentiel culturel, mais aussi des fraisqu ‘elles exigent – on s’est limitĂ© Ă  une certaine prĂ©sence roumaine afin d’en maintenir lacontinuitĂ©.Il convient d’y mentionner la participation roumaine Ă  des festivals internationaux en Egypte, en Syrie, en Irak, en Jordanie, au Maroc et l’organisation d’expositions roumainesen Egypte et au Maroc ; Ă  un niveau satisfaisant ont Ă©tĂ© maintenues les relations culturellesavec l’Israel , en organisant des Ă©changes de formations artistiques , d’expositions d’art.

2.16. Une Ă©volution ascendante ont connu dans l’intervalle en question les rapports culturelsavec la CorĂ©e du Sud et le Japon ; dans ces deux pays on a organisĂ© des expositionsd’art, des tournĂ©es artistiques (le ThĂ©Ăątre National de Craiova, le ThĂ©Ăątre « Tandarica »de Bucarest, l’Orchestre Philharmonique de Constanta) . les bons rapports roumano-nippons sont illustrĂ©s par une sĂ©rie de projets culturels (dont la prĂ©sentation Ă Stochkolm – parmi les manifestations de la Capitale Culturelle de l’Europe- d’unspectacle thĂ©Ăątral roumano-nippon) et par l’inauguration , Ă  Tokyo et dans d’autresvilles de l’annĂ©e culturelle roumaine 1998-1999.

2.17 Se sont toujours dĂ©veloppĂ©s, Ă  base d’un intĂ©rĂȘt bilatĂ©ral, les rapports avec la Chine :des manifestations culturelles Ă  caractĂšre de rĂ©ciprocitĂ© ont Ă©tĂ© organisĂ©es au cours des deux derniĂšres annĂ©es, dont la prĂ©sentation Ă  Bucarest d’une exposition d’arts graphiques de Chineet d’une exposition « Corneliu Baba » en 1998 Ă  Beijing.

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