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Conférence débat du 9 décembre 2011 au salon Agribex
« Jeune ET agriculteur ». Réalités d’aujourd’hui, défis pour demain »
Présents : Voir la liste des participants en fin de compte‐rendu Animateur : Nele Vanslembrouck (Vlaams Ruraal Netwerk), Xavier Delmon (CAR) Rapporteurs : Vanderhaeghen Julien et Cécile Schalenbourg (CAR), Vlaams Ruraal Netwerk
A. Présentation des points de vue des organisations professionnelles partenaires de la Conférencedébat : Intervention de Groene Kring, d’ABS jongeren, de la FJA et de la Fugea.
Groene Kring – Marijke Jorens • Importance de créer la rencontre sur les thématiques telles qu’abordées lors de la
conférence • Il est important, pour Groene Kring, de mettre en place des formations professionnelles
sur des thèmes tels que : la gestion, les compétences professionnelles, le changement générationnel
• Nous sommes à un moment de changement de générations auquel s’ajoute des dimensions (croissance d’échelle, intensité de capitalisation) nécessitant un accompagnement du tandem cédant/repreneur afin de favoriser une augmentation du nombre de reprises
• Positionnement au plan politique de Groene Kring : o Informer des changements o Lobby pour soutenir les JA
• Intérêt pour le GT « Terres » : transfert des terres et règlements sur le fumier
FJA – Gary Vanvinckenroye
• La FJA se réjouit de l’initiative prise par les réseaux Wallon et Flamand de se faire rencontrer des jeunes agriculteurs du sud et du nord du pays. Elle espère que les propositions qui sortiront de cette rencontre et des travaux réalisés par les réseaux seront utiles au développement de mesures adaptées aux besoins des jeunes dans le prochain programme de développement rural 2014‐2020 !
• Après avoir établi des liens étroits avec les jeunes agriculteurs germanophones, la FJA doit saisir l’opportunité de cette rencontre pour retisser des relations fortes avec les membres du Groene Kring, mais aussi avec les membres des Réseau Wallon et flamand de Développement Rural.
• Rappel d’un premier constat inquiétant : le nombre de jeunes agriculteurs ne cessent de diminuer en Région Wallonne mais également en Flandre comme dans l’ensemble des pays européens . Aujourd’hui, bien moins de 1000 jeunes de moins de 35 ans exercent le
métier d’agriculteur en région wallonne. Le constat est identique en Europe puisqu’on recense seulement 6% des chefs d’exploitation qui ont moins de 35 ans. Cependant, il ne faut pas perdre de vue, qu’à côté des jeunes agriculteurs, plusieurs milliers de jeunes sont aidants, ouvriers, salariés agricoles, ou travaillent dans le secteur agricole ! ». La problématique des jeunes dans le secteur agricole a donc toute son importance.
• Auparavant la plupart des jeunes reprenaient l’exploitation familiale, aujourd’hui, le métier à évolué, mais on constate que de moins en moins de jeunes peuvent ou veulent reprendre l’exploitation de leurs parents. C’est pourquoi, pour la Fédération des Jeunes Agriculteurs, il est important de mettre en place une réelle politique d’installation européenne mais aussi régionale.
• Même si dans les propositions de la Commission à propos de la future PAC une attention particulière a été portée vers les jeunes agriculteurs, la FJA est déçue que, dans ce texte, rien n’apporte aux agriculteurs la garantie d’un revenu suffisant et stable au long de leur carrière professionnelle.
• Néanmoins, ce texte offre une grande panoplie de mesures dans le second pilier consacré au développement rural. Il est donc nécessaire, qu’ensemble, nous puissions tirés pleinement profit de ces mesures afin de permettre aux agriculteurs de rester des acteurs incontournables du développement rural.
• A propos du futur Plan Wallon de Développement Rural 2014‐2020, pour la FJA, plusieurs priorités sont importantes : o Maintien du plafond des aides à l’installation et renforcement des aides à
l’investissement ; o En terme de formation, saisir toutes les opportunités financières et pratiques afin
d’avoir une formation de qualité, innovante et répondant aux besoins réels des agriculteurs ;
o Mise en place et soutien de groupements de producteurs, création de CUMA, groupements d’employeurs, service de remplacement,…favorisant le travail en commun ;
o Le développement d’un service de conseils à la gestion dans les domaines de l’économie, de l’environnement et des performances énergétiques des exploitations ;
o Et enfin une meilleure valorisation du métier d’agriculteur. • La FJA travaille également sur un chantier qu’elle juge essentielle : Comment faire
évoluer les « mentalités » ? Si par définition, un indépendant aime conserver une certaine forme de liberté dans ses choix, rien ne l’oblige à s’isoler. Il convient de démontrer qu’ensemble, il est possible de voir l’avenir avec plus de sérénité. Cela doit rester le leitmotiv d’un réseau !
• Les jeunes agriculteurs de la FJA ne voudraient pour rien au monde changer de métier, malgré ses difficultés et ses contraintes. Il est composé de moments de bonheur et d’un grand sentiment de liberté propre à notre profession.
Jong ABS – Xavier Desmet • Pistes de diversification : activités de délassement en milieu rural • Importance d’une bonne formation agricole • Centre Agraire National (NAC) • Nécessité d’anticiper les reprises d’entreprises. • Attention, car la nouvelle PAC risque de déboucher sur diminution des subventions, des
critères environnementaux plus exigeants. Attention notamment à la mise en jachère de 7% des terres (verdissement)
• Accompagnement des jeunes agriculteurs, important sur les thèmes suivants :
o Outils financiers o Aides aux starters o Revenu minimal obligatoire (12 .000 €) : difficile à réaliser en situation de crise o Aide aux groupements
• Nécessité de se préparer à la nouvelle PAC o Réduction des primes o Fragilisation des revenus o Diminution des entreprises familiales
• Jong ABS est Partisan de l'achat groupé d'équipements (groupes de coopération), mais des accords solides sont nécessaires
• Quel est le rôle, la place de l’agriculture dans un monde ou les entreprises sont tenues de se développer sans cesse, obligeant parfois les agriculteurs à travailler à l'extérieur, d’entreprendre du travail à temps partiel en dehors de leur entreprise, ou dans le pire des cas, de faire absorber par une autre entreprise
FUGEA – Philippe Duvivier • La FUGEA défend de l'agriculture paysanne à taille humaine, rémunératrice, autonome,
saine, de qualité, respectueuse de l'environnement, liée au sol et respectant le principe de souveraineté alimentaire
• Reconnue comme organisation de jeunesse par la par la Wallonie et Bruxelles‐Capitale, la FUGEA soutient l'installation de jeunes agriculteurs dans le milieu rural. Elle favorise la formation professionnelle continue notamment par l'organisation de cours (la FUGEA est reconnue centre de formation), de conférences et de visites de terrain.
• La formation des jeunes agriculteurs est notamment nécessaire pour : o Renforcer leurs compétences o Leur permettre de faire face aux nouveaux contextes
• Pour la FUGEA, il est important de faire le point sur la situation actuelle et les perspectives à envisager pour le futur : Au recensement agricole de mai 2010, il ne restait que 638 chefs d'exploitation de moins de 35 ans en Wallonie.
• La reprise des fermes est un problème à considérer très sérieusement quand on sait qu'il y a eu une baisse de 20% des exploitations agricoles dans l'UE entre 2003 et 2010.
• Nécessité de rechercher de solutions en matière de : o Diversification o Recherche d’autonomie (énergie / alimentaire) o Transformation o Circuits courts
• Pour le FUGEA il y a nécessité de soutenir la création de fermes à taille humaine et d’accroître le nombre de petites exploitations afin de réduire les charges financières qui pèsent sur les jeunes agriculteurs
• La conférence est l'occasion d'aborder 3 thématiques essentielles qui touchent l'installation: les formations, les différentes formes de coopération entre agriculteurs et la reprise d'exploitation en tant que telle.
• Au plan européen, la FUGEA est membre de Via Campesina
B. Premier thème de débat : Compétences des jeunes agriculteurs et formation pour demain/Opleiding en vorming, competenties voor de toekomst
Introduction du thème via la projection du film du RwDR sur Raphaël Grodent : http://youngandfarmer.blogspot.com/2011/22/wallonia.html Questions traitées lors du débat :
− De quelles compétences les jeunes agriculteurs et producteurs ont‐ils besoin ? Comment peuvent‐elles être renforcées ?
− A quels défis les jeunes agriculteurs et producteurs seront‐ils confrontés dans l'avenir ? − Quelle est l'importance d'une bonne formation agricole? − Quels sujets devraient être apportés en complément d'une bonne préparation pour une
reprise d'entreprise ? − Avez‐vous participé à une formation complémentaire sur la gestion (par exemple, des
ateliers, une école de formation, un cours complémentaire) ? − Quels sont les avantages/désavantages des stages?
Résumé des débats :
• Jan Arnouts (Agriculteur, Groene Kring) : Au niveau de la PAC, si l’on pense à un marché plus libre, il faudra travailler sur la gestion des risques et la formation professionnelle. Il y a des opportunités à développer, mais comment intervenir comme agriculteur ? La sécurité de l’activité agricole doit être améliorée.
• Koen Vanloogstreaten (VR Centrum) ou Van den Noortgate (VAC): Quand des jeunes viennent chez nous, ils ont une bonne connaissance des techniques agricoles. Cependant il y a un manque de maitrise des aspects juridiques et financiers (plan de reprise). C’est là qu’est le problème. La formation doit travailler là‐dessus pour que les jeunes disposent des outils nécessaires. Cependant quand nous organisons des formations, personne ne vient. Le sujet n’attire pas ou n’intéresse pas les agriculteurs. Mais les agriculteurs doivent savoir que le marché mondial les influence, cela a aussi un impact pour eux. Ils comptent trop sur leur banque ou conseiller d'affaires.
• Alexandre Balle (Agriculteur) : Je suis interpellé par les assurances qu’il faut prendre face aux dérégulations du marché. Plusieurs élus avaient promis de travailler sur les ventes à perte. Ce que l’on veut c’est un prix correct pour nos produits, nous ne voulons pas apprendre à spéculer. Il faudrait interdire les ventes à perte.
• Koen Van den Noortgate (VAC) : La connaissance financière doit faire partie d’une vision du développement durable.
• Bart Van der Straeten (Groene Kring) : Dans le cas de la reprise d’une ferme, il faut aller trouver les banques. La mission d’un jeune entrepreneur est d’aller trouver les différentes parties prenantes. Mais le marché est changeant, la politique est également changeante. Cela a un impacte aussi au point de vue financier. Cela pose un réel problème car il faut toujours s’adapter.
• Grégory Etienne (FJA) : Chacun veut une PAC forte et pas un libre marché. Malheureusement, le contexte est là et il faut bien y faire face. Raphaël Grodent parle DES métiers de l’agriculteur. Finalement il est responsable d’une PME. Il y a de nombreuses compétences à renforcer : sociales, économiques, etc. Seulement il y en a peu qui suivent des formations post‐installation. Et une fois installé, c’est là que les difficultés arrivent. Il y a des besoins en temps. Il faut développer de nouvelles coopérations.
• François Gilbert (master en agronomie de l'ULG) : J’effectue un travail d’étude sur la diminution des exploitations agricoles. Mon avis rejoint celui de la FUGEA. Actuellement
est‐ce que seuls les fils d’agriculteurs peuvent reprendre une ferme ? Est‐ce que d’autres y ont accès ? Il faut informer pour également donner une chance d’accès à la terre aux personnes qui ne sont pas issus du milieu agricole. Ainsi qu’augmenter l’image et la connaissance du métier.
• Jonathan Chartier (FUGEA ‐ formation) : Nous formons différents types de publics (citadins ou ruraux). Il y a donc une difficulté dans l’organisation de la formation. Les connaissances de base de chacun ne sont pas les mêmes. Nous avons recourt à des services extérieurs, cela a un coût. Lors des en formations, nous essayons de donner un maximum de clés utiles pour les apprenants afin qu’ils puissent devenir autonomes dans leurs fermes. Donc, se former en théorique et mettre cette dernière en pratique. Il est important d'apprendre des matières qui ne sont pas spécifiquement liées à l'agriculture, telles que la comptabilité.
• Mieke Calus (KUL ou KATHO) : Dans notre formation à Roulers, il y a beaucoup de cours économiques. D’après une étude réalisée sur une base de données comptables, pour qu’une reprise soit réussie, il faut des jeunes mais également des plus âgés pour que cela marche. Les parents et les enfants doivent aller dans le même sens.
C. Deuxième thème de débat : Coopération entre agriculteurs / Samenwerking tussen landbouwers Introduction du thème via la projection du film du Vlaams Ruraal Netwerk sur le « Coopération entre agriculteurs » : http://youngandfarmer.blogspot.com/2011/12/flanderstostartfarmingactivity.html Questions traitées au débat :
− Coopérer, une façon de faciliter l'installation, de réduire les coûts, d'améliorer la viabilité de l'entreprise ?
− Quelles sont les formes possibles (coopératives, groupes d'achat d'équipement, …) de collaboration et quels sont leurs avantages et leurs inconvénients ?
− Par quels moyens procurer des conseils individuels auprès des acteurs externes? − Dans quels secteurs une reprise peut‐elle être soutenue par un accompagnement
externe ? − La presse professionnelle joue‐t‐elle un rôle d'appui dans les reprises ? − Avec quels organismes publics êtes‐vous entré en contact lors de la mise en oeuvre de
votre reprise?
Résumé des débats :
• Christophe Malfait (jeune agriculteur) : Nous connaissons bien notre métier mais peu l’économique. La coopérative mélange les compétences. De plus les petits agriculteurs n’ont pas grand chose à dire. Actuellement, la distribution consiste en un gros bloc orienté contre les intérêts de l'agriculteur pris individuellement. Il est difficile d’obtenir un bon prix. Pour moi, la coopérative serait intéressante pour la vente.
• Gwenaëlle Martin (Fugea) : L’Union Européenne a une réglementation stricte en matière de concurrence. Il y a donc des limites au regroupement car c’est considéré comme une entente entre agriculteurs. L’UE travaille sur ce sujet afin de pouvoir augmenter la taille des regroupements pour la commercialisation. C’est difficile pour les agriculteurs de ne pas pouvoir s’organiser face aux grosses multinationales.
• Damien Delmotte (FJA) : Il y a eu un regroupement en France pour les pommes de terre. Ca a marché pendant 2 mois pour avoir un meilleur prix. Mais les marchands sont partis voir ailleurs. On ne sait rien faire face à cela.
• Christophe Malfait (jeune agriculteur) : En Belgique, les petits pois ont un prix plus bas qu’en France. Il faudrait réaliser des regroupements pour mieux négocier les prix.
• Cindy Delercq (Agricultrice que l’on voit dans le film) : Je croie en la coopération. Tout dépend de l’objectif final. Dans les supermarchés, on leur répond : « Vous n’êtes qu’un seul fournisseur », alors les acheteurs vont voir ailleurs. Les supermarchés préfèrent travailler avec plusieurs fournisseurs, pour avoir des prix plus bas.
• Jeanne Verlinden (MAP) : Chez Action Paysanne, la coopération et le regroupement des agriculteurs sont des questions clés. Les politiques nous ont rendu individualistes, tout est en concurrence. La coopérative permet le travail sur d’autres enjeux : sociaux, économiques, etc. La coopération permet de s’autonomiser et de travailler avec les consommateurs avec de nouvelles valeurs.
• Lucas Van Dessel (Groene Kring) : Il y a un proverbe flamand qui dit que « coopérer c’est multiplier ». Il faut donc soit produire ensemble, soit trouver les débouchés ensemble. Il faut profiter de la PAC, on ne peut y arriver seul dans nos exploitations face aux limites imposées par l’UE. Il faut unir nos forces, coopérer, pour trouver les débouchés de vente. Les hard discounters ont peur des agriculteurs unis, qui sont forts ensemble.
• Koen Van den Noortgate ou Vanvoogstreaten : L’Europe prévoit des ouvertures. Il faut faire attention aux erreurs du passé. On doit également rester critiques envers nous‐mêmes (les Flamands). Les discounters ont compris comment nous monter les uns contre les autres. On doit faire face à nous‐mêmes et nous auto‐critiquer.
• Cindy Delcercq (Agricultrice du film) : La coopération n'est pas toujours évidente. Il n’y a pas que la vente. Il y a les regroupements pour acheter le matériel (emballages, aliments, etc). Là aussi il y a des possibilités.
• François Gilbert (étudiant) : Je note et étudie le fait que les petits producteurs essaient de rattraper les gros producteurs. Dans les coopératives, il faut également veiller à ce que les agriculteurs restent actifs lorsque celle‐ci s’agrandit. L’organisme FerBel a réalisé un marketing intéressant : « Chaque producteur est un relais commercial ». Cela invite à la participation de chacun. Miser sur le producteur.
D. Troisième thème de débat : Reprise d’une exploitation agricole, définition et mise en oeuvre d’un projet personnel d’installation/Bedrijfsovername en installatie Introduction du thème via la projection du film du RwDR sur AnneFrançoise Georges : http://youngandfarmer.blogspot.com/2011/12/walloniafemaleentrepreneurshipandto.html Questions traitées lors des débat :
− Quelle information / éducation / formation / accompagnement sont nécessaires pour favoriser la reprise d’exploitation ?
− Comment le processus d'acquisition et d'installation peut‐il (mieux) être accompagné? − Interventions VLIF ( ?) : avantages et inconvénients de la situation actuelle et
perspectives pour la PAC après 2013? − Sur base de quels facteurs avez‐vous décidé de reprendre l'entreprise? − L'acquisition, a‐t‐elle été ouvertement discutée au sein de la famille (intégralement – en
partie) ? − Comment les différences entre la vision du cédant et du cessionnaire ont‐elles été
résolues? − Est‐ce qu'une intervention de la VLIF a été nécessaire (aide au démarrage et / ou à
l'investissement)?
− Avez‐vous eu des problèmes au cours de la transmission et / ou du traitement du dossier VLIF?
Résumé des débats :
• François Gilbert (étudiant): Il y a maintenant une nouveauté avec la coopérative tripartite où l’on retrouve des citadins qui investiraient chez les agriculteurs plutôt qu’une banque. Il y a la contrainte du foncier et le lien qui se crée avec l’alimentation (D’où vient ma nourriture ? » ‐ cf. Terre en Vue).
• Cindy Declercq (Agricultrice du film): En effet cela existe. J’y crois mais pas à une très grande échelle. Difficile pour les consommateurs de faire le lien avec des très gros producteurs, ils n’y investiront pas. Le consommateur travaillera avec les petits producteurs, là il y a du lien à créer.
• Philippe Duvivier (FUGEA) : Il y a 10 ans, on avait le plaisir de reprendre une exploitation. Les sommes sont passées de 500.000 à 1.000.000 d’euros en 10 ans pour la reprise d’une ferme. Si on reprend, on pousse à investir, à foncer dans le lait ou tout autre secteur. Maintenant on est obligé d’assumer très longtemps le coût de la reprise et des investissements. On perd le goût du travail car il y a une logique industrielle. Malheureusement, on y est obligé. Difficile pour les jeunes d’y trouver du plaisir.
• Quentin Goffinet (Agriculteur bio) : Les jeunes agriculteurs peuvent se mettre en association avec les parents pour contracter de nouveaux emprunts. Qu'est‐ce qui est le plus choquant : la reprise de terres par des citadins pour produire ou que toutes les terres soient hypothéquées par les banques.
• Alexandre Balle (Agriculteur bio) : Au niveau de la formation, dans les écoles et les universités, on prône le surinvestissement. Toujours plus ! Il y a un problème de base lors de la formation. Au niveau des aides, il y a tendance à vouloir toujours plus que ce dont on a besoin. Et point de vue des banques, ils préfèrent le travail industriel et incitent donc à augmenter les capacités, un travail séparé de la vente (court‐circuitage des circuits courts).
• François Lejeune (Agriculteur à Liège) : Les fermes qui sont encore là sont celles qui ont investi, entrepris. Il faut vouloir gagner sa vie. Il faut faire ses calculs de rentabilité avant investissements. Les banquiers ne sont pas les meilleurs conseillers.
• Lucas Van Dessel (Groene Kring) : Je suis optimiste. Il y a différentes exploitations et chacune tourne à son rythme. Le modèle actuel est basé sur la croissance. On est sur le principe « s’arrêter, c’est reculer ». C’est la même chose pour une entreprise agricole. Il y a encore du travail pour les agriculteurs, les marchés de niche et les productions primaires peuvent cohabiter. Les besoins alimentaires augmentent. Les marchés sont libéralisés, il y a des creux mais aussi des pointes. Les jeunes agriculteurs restent quand même optimistes.
• Youri Bartel (SPW) : Je m’occupe des dossiers d’installation des jeunes agriculteurs. La formation est très importante. Idem au niveau de la réflexion. Par contre je note qu’il y a beaucoup de demandes de dérogations pour passer outre de la formation d’agriculteurs.
• Grégory Etienne (FJA) : Le stage est actuellement une obligation. Il y a une réflexion sur l’accompagnement de celui‐ci. Il faut un accompagnement global, social et administratif pour les projets d’installation. Et définir un projet de vie. Notre projet de conseil et d’accompagnement personnalisé des jeunes agriculteurs est proche de ce qui existe en France. Un conseil : si vous souhaitez vous lancer, ne restez pas seul et ne foncez pas tête baissée. Le projet doit être celui du jeune. Les tailles des exploitations sont différentes et chacun fonctionne, il faut donc veiller à bien construire son projet.
• Jeanne Verlinden (MAP) : Dans notre village, il reste 15 fermes, mais il ne reste plus que 2 agriculteurs pour toutes les tenir. C’est significatif. On reste ici dans des schémas de reprises de fermes. Je travaille avec les néo‐ruraux qui veulent se lancer dans l’installation. La PAC est décalée de la réalité de terrain selon moi. Terre en Vue est une solution qui peut changer le système.
• Jan Arnouts (éleveur) : J’ai repris en avril une entreprise (éleveur de porcs). On ne reprend pas toujours celle de ses parents. J’ai l’ai reprise de quelqu’un d’autre. J’ai donc dû trouver les moyens financiers. Il me fallait un plan financier réaliste. Malheureusement, on n’a pas toujours le background du secteur pour réussir son installation. Il y a beaucoup de possibilités d’investissements si l’on est organisé pour créer son entreprise. Les problèmes sont liés aux investissements du matériels (actifs immobilisés). Cela fait des années que nous demandons que l’on arrête les investissements dans les actifs immobilisés. L’Etat a les ficelles en mains, si l’on propose une prime, c’est celle‐ci qui devrait la gérer. Les jeunes agriculteurs ne devraient pas investir là‐dedans.
• Koen An den Noortgate : Ceci est connu comme la « patate chaude » de la PAC: les investissements basés sur du vent: les droits de production et ainsi de suite. Ils ont été objets d'investissements majeurs en Flandre. Nous avons demandé depuis des années que cela cesse. Faire de cet exercice un droit réel aboutit à une diminution importante des coûts. Ceci doit être pris en main par le gouvernement. En Flandre, il vous faut investir dans l'acquisition des droits de fumier, les taxes sur la reprise.
• Xavier Smets ou Harris (ABS) : La PAC est trop changeante. Il y a un manque de continuité. Il est donc difficile de gérer son entreprise. Modification des quotas, des droits d'émission, des quotas de vaches allaitantes, etc. Je voudrais une politique plus durable également, à 20 ans. Il est impossible de gérer avec une politique trop changeante. J’ai l’impression que la nouvelle PAC favorise l’écologie plutôt que la production alimentaire. Il faut laisser 7% en friches, or le prix des terrains est de 65.000 euros/hectare aujourd’hui. La conditionnalité est augmentée au détriment de la production alimentaire. Nous devons donc beaucoup importer alors que les normes environnementales ne sont pas aussi fortes par exemple en Amérique du Sud. Il y a une concurrence face à nous.
• Philippe Duvivier (FUGEA) : Le problème de la reprise dépend du secteur : Il y a les industriels et l’agriculture de niche. Cette dernière devient de plus en plus rémunératrice. Les situations sont différentes. Les exploitations différenciées permettent de faire face aux crises. Si j’avais tout misé sur la spéculation laitière, en 2008 j’aurais beaucoup plus souffert. Je n’investis donc plus dans la spéculation car on ne sait pas où on va. De plus on est guidé vers quelque chose que l’on ne veut pas. Au niveau politique, lors de la crise, on a laissé cours au libre échange, sans prix fixe. Mais pour les agriculteurs, il faut un prix fixe. Concernant la nouvelle PAC, une politique devrait être développée qui puisse élaborer une feuille de route réaliste sur sept ans.
E. Recommandations formulées par les participants en regard des thèmes discutés
• FJA : Augmenter la « prévisibilité » des activités agricoles. L’agriculteur veut un prix stable pour savoir comment investir et calculer ses revenus.
• Koen Van den Noortgate (Un agriculteur) : Les actifs immatériels fixes doivent être supprimés. Les quotas sont en train d’être abolis, mais en Europe il n’y a aucune prospection ou gestion du marché. Cela devient trop du court terme. Par exemple. la crise de porc, tout le monde l’a vu venir, mais personne n'a réagi. On a besoin de
perspectives de marché : émettre le signaux nécessaires au agriculteurs par l’Europe ; veiller/anticiper.
• Lucas Van Dessel (Groene Kring) : Travailler sur les formations et compétences nécessaires au métier. Il faut engager les agriculteurs à suivre ces formations (continues), soutenir économiquement ces formations. Pour la PAC, nous sommes heureux des opportunités, mais il faut augmenter le soutien des moins de 35 ans par les différentes mesures du PDR. Il faut travailler sur le 1er et 2e pilier. Groene Kring soutiendra les propos si ils sont adaptés.
• Jonathan Chartier (FUGEA) : Problème du crédit à l’installation. Le jeune n’a pas de garantie à offrir. Il y a un manque d’ouverture des banques face aux secteurs alternatifs de vente (vente directe, etc). On pousse à l’achat de quotas, etc.
• Marijke Jordens (Groene Kring ): Dans la PAC, on insiste sur les moyens présents. Il faut les mettre en route pour les agriculteurs actifs. Il faut veiller à bien cibler et à aider les jeunes.
• François Gilbert (étudiant): Il faut faire le lien entre le réchauffement climatique et la croissance. Il n’y a aucun lien entre la croissance et une diminution des changements climatiques. La croissance amènerait plutôt une augmentation des émissions de gaz à effet de serre. Et finalement de quel droit, l’Europe devrait nourrir le monde.
• Dimitri Burniaux (agriculteur) : L’homme a toujours eu besoin d’énergie et d’alimentation : c’est positif pour l’agriculteur. On parle peut‐être de tout ceci 20 ans trop tôt. Mais les efforts devront être fait pour soutenir l’agriculture. L’évolution technologique a fait diminuer le nombre d’agriculteurs. Mais chaque agriculteur en moins, c’est un chômeur en plus. En diversifiant ses activités aujourd’hui une petite ferme peut produire presque autant qu’un gros producteur.