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Histoire de La Métairie

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clinique, metairie

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Page 1: Clinique la metairie

Histoire de La Métairie

Page 2: Clinique la metairie

Editeur et copyright Clinique La Métaire

Graphisme Etienne & Etienne, Carouge

Impression Achevé d’imprimer en 1000 exemplaires, dont 200 exemplaires numérotés de 1 à 200, le 30 août 2009 sur les presses de l’imprimerie SRO Kundig, Genève

Cert no. XXX-XXX-XXXX

Remerciements

Les auteurs remercient l’ensemble des collaborateurs présents ou passés de La Métairie qui ont bien voulu leur accorder un entretien, ainsi que les différentes personnes ayant transmis leurs archives privées: Mmes Catherine Gremion, Wanda Lee-Jones, Irène Manighetti, Isabelle Moser et M. Charles Burion.

Les auteurs remercient également Madame Catherine Colin, Directrice Générale de La Métairie, pour son soutien et sa collaboration à l’élaboration de cette publication, ses relectures et ses contributions aux choix iconographiques.

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Histoire de La Métairie

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1839

Ouverture de l’Asile des Vernets, à Genève

1864Création de la société des aliénistes suisses (plus tard Société suisse de psychiatrie)

1893-1897Exploitation de la Colline, annexe de La Métairie dédiée aux soins en hydrothérapie, pour convalescents et malades tranquilles

1914-19181ère guerre mondiale; diminution des entrées et retards dans le paiement des pensions à La Métairie; fermeture provisoire de La Villa et du Chalet pour cause de pénurie de charbon en avril 1917

1918 Renouvellement complet du Conseil d’administration de La Métairie, suite à des diffi cultés fi nancières

19271ère session d’examens du personnel infi rmier selon le plan d’études élaboré par la Société suisse de psychiatrie

1930

Ouverture de la clinique des Rives de Prangins par Oscar Forel

21 sept. 1860Admission de la première patiente, Amélie D. née V.

Quelques repères chronologiquesA

La

Mét

airi

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1900Ouverture de l’Asile de Bel-Air à Chêne-Bourg

1873

Ouverture de l’Asile de Cery, près de Lausanne

12 oct. 1857

Fondation de la SA Métairie

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de

23 nov. 1858Début des travaux de construction

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2006-2009

Rénovation de l’ensemble des bâtiments, création du centre ambulatoire et du SPA - espace bien-être

1950-1960Mise au point des médicaments neuroleptiques, antidepresseurs et anxiolytiques

1960-1970 Mouvements de l’antipsychiatrie; développement des thérapies systémiques et cognitivo-comportementales

1985 Fin de la SA de La Métairie; la clinique est désormais propriété de groupes internationaux

1986 Ouverture à La Métairie de la première unité spécialisée, dédiée au traitement des maladies de la dépendance (UMD)

2000 Ouverture de l’hôpital de jour

2005Rachat de La Métairie par le groupe Orpea

2004séquençage complet de l’ADN du génome humain

1950Fondation de l’Association Mondiale de Psychiatrie (AMP)

1980Publication du DSM III par l’Association Américaine de Psychiatrie

1996AMP: déclararation de Madrid sur les droits des patients

Mai 1938

Les SA de La Métairie et de la Clinique des Rives de Prangins sont réunies

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Les débuts 8

La Métairie, première et dernière clinique psychiatrique privée de Suisse romande 8

Du 19è siècle à l’entre-deux guerres 10

Une architecture de soins et de surveillance 10Des médecins directeurs spécialisés 12Succession et collégialité 12Soins infi rmiers et intendance 14

La vie des malades 16

S’occuper pour guérir 16Les bâtiments 21Les temps agités de la guerre 22

Des années 1920 aux années 1980 24

Un épisode politique et scientifi que: psychopathologie infantile et pupillographie 24Les relations avec les Rives de Prangins 26L’ère Semadeni 26

La fi n du 20è siècle: changement de cap 30

Des dames de compagnie à l’équipe interdisciplinaire 30Les unités thérapeutiques 30Promotion régionale 31

Le 21è siècle: un nouveau rôle 33

Un site préservé 34Programme général et programmes spécialisés 34Psychiatrie et psychothérapie 35Transformation des bâtiments 36Le nouveau centre ambulatoire 39La Fondation La Métairie 40Une mission de formation 40

Sources et bibliographie 42Remerciements 43

Sommaire

1ère partie: de la fondation aux premières

années du 21e siècle

Marie TAVERA &

Vincent BARRAS

Institut universitaire d’histoire de la médecine et de la santé publique

CHUV/Université de Lausanne

2e partieLa Métairie au 21e siècle

François FERRERO Directeur scientifi que

& Nicola GERVASONI

Directeur médical

Clinique La Métairie

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Villa la Falaise au bord du lac

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Page 8: Clinique la metairie

Lorsque La Métairie ouvre ses portes en septembre 1860, deux «asiles publics d’aliénés» existent déjà, le Champ de l’Air à Lausanne, datant de 1811 et l’Asile des Vernets à Genève, ouvert en 1838, ainsi qu’un établissement privé d’utilité publique, la Maison de santé de Préfargier, ouverte en 1848.

A cette époque, le canton de Genève est le théâtre d’importants changements politiques: les élections de 1855 ont donné le pouvoir aux radicaux et l’élite patricienne locale est mise à l’écart. Le Dr Jean-Charles Coindet (1796-1876) doit démissionner de son poste de directeur de l’Asile des Vernets; contacté par Guillaume Prévost et Alexandre-Louis Prévost-Martin, philanthropes et patriciens genevois, il est chargé d’organiser la construction d’un établissement privé qui aura pour but d’éviter aux familles genevoises et vaudoises aisées d’envoyer leurs malades se faire traiter loin de chez elles. Le Dr Coindet porte son choix sur un site offrant l’agrément du paysage, l’avantage de la proximité avec Genève, et aussi de permettre d’échapper à la juridiction du nouveau gouvernement. La Société Anonyme de La Métairie, forte d’un capital de 200 actions de 1’000 francs, est fondée le 12 octobre 1857. Les travaux de construction, commencés en novembre 1858, s’achèvent à la fi n de l’été 1860, permettant à la nouvelle «Maison de santé de La Métairie» d’accueillir, dès septembre 1860, un maximum de vingt-deux patients.

La Métairie, première et dernière clinique psychiatrique privée de Suisse romande

L’histoire des cliniques psychiatriques privées - dont l’essor, lié à celui des sanatoria et du mouvement hygiéniste, débute dans la seconde moitié du 19e siècle - reste largement inexploré, la plupart des archives ayant été dispersées au cours du temps. Ce terrain historique presque vierge est cependant d’un grand intérêt. D’une part, l’enjeu économique lié à l’existence de ces établissements fait ressortir l’évolution des conceptions scientifi ques: soumis à la concurrence, ils sont contraints de suivre de près ce qu’à chaque époque on considère comme le meilleur en matière de psychiatrie. Ils constituent ainsi un excellent indicateur de l’acceptation des idées médicales à l’intérieur des élites. D’autre part, leur histoire vient compléter ce que nous apprend déjà celle des asiles publics: la médicalisation de la prise en charge de la maladie mentale, ainsi que les enjeux juridiques, sociaux, et sanitaires qui lui sont liés. En Suisse romande, c’est surtout dès le début du 20e siècle que fl eurissent les maisons de santé privées; elles sont situées en bonne partie sur les bords du Léman, dont les paysages attirent une clientèle cosmopolite. La Métairie fait fi gure de pionnière: première clinique psychiatrique privée de la région, elle est aussi la seule à fonctionner comme telle aujourd’hui encore (les autres établissements similaires encore en activité se trouvent en Suisse allemande ou au Tessin). Par l’histoire de ses succès et de ses aléas, la succession de ses médecins-directeurs, l’évolution de sa clientèle et des traitements prodigués, l’histoire de La Métairie nous offre ainsi un panorama exceptionnel sur l’évolution de la société et de la culture psychiatrique.

Les débuts

Le Chalet

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18381ère loi genevoise sur les aliénés

18481ère loi neuchâteloise sur les aliénés

1864Création de la Société des aliénistes suisses

1873Ouverture de l’Asile de Cery (Vaud)

1890Création de la Faculté de médecine de Lausanne

1901Loi cantonale vaudoise sur le régime des aliénés

1900Ouverture de l’Asile de Bel-Air (Genève)

1895Loi cantonale genevoise sur le régime des aliénés

1876Création de la Faculté de médecine à Genève

18711er projet de loi fédérale sur le régime des aliénés

1848Ouverture de la Maison de santé de Préfargier (Neuchâtel)

Etapes de la psychiatrie en Suisse romande

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L’essor d’une nouvelle spécialité médicale, la psychiatrie, s’accompagne de discussions théoriques multiples (étiologie et classifi cation des maladies mentales, qualités respectives des divers modèles asilaires, compétences exigées des médecins spécialistes, …), ainsi que de débats sociaux portant sur la contention des malades agités, sur l’internement et le placement des aliénés. La Métairie participe de plain pied à cette histoire.

Une architecture de soins et de surveillance

A l’époque de l’ouverture de La Métairie, la thérapeutique se fonde sur le «traitement moral», qui postule qu’un esprit «aliéné» conserve une part raisonnable sur laquelle le médecin doit s’appuyer pour détourner le malade de ses idées pathologiques et enclencher ainsi le processus de guérison. L’environnement, les habitudes de vie et l’activité du malade jouent un rôle décisif: il importe donc d’extraire le patient de son cadre quotidien, non pas tant pour protéger la société que pour le protéger lui-même, par l’isolement, le repos, les soins et la restructuration de son mode de vie. Dans ce contexte, le lieu d’accueil est capital: il doit offrir un cadre apaisant et organisé, porteur en soi de vertus curatives. L’architecture occupe une place prépondérante dans la réfl exion des médecins, comme en témoignent les nombreux débats présidant à la construction des maisons de santé. Aux impératifs habituels (coût, taille, ...) s’ajoutent d’autres critères: le bâtiment doit inspirer calme et sérénité par l’harmonie de ses proportions; il doit permettre une surveillance discrète et continue sans évoquer l’enfermement; il doit enfi n répondre à l’impératif de séparation des sexes et des malades selon leur degré d’agitation.

Le Dr Coindet et l’architecte Francis Gindroz (1822-1878) mandatés pour la réalisation de la clinique se rendent à Paris pour s’informer sur les dernières nouveautés en matière d’organisation, d’équipements et de doctrines en usage dans les grands asiles de la capitale. La disposition retenue s’ordonne en forme de U allongé, facilitant l’isolement des «malades agités», logés en fonction de leur sexe dans l’un des deux pavillons annexés au bâtiment central, qui accueille quant à lui les «tranquilles» et les convalescents. Le Dr Coindet insiste sur le fait que «ces quatre divisions principales doivent encore admettre des subdivisions», ce qui est rendu possible par l’existence des étages. En ce qui concerne la surveillance et la sécurité des patients, le Dr Coindet souligne que «la disposition des portes et des fenêtres a été l’objet de précautions attentives, il a été fait choix d’un mode de fermeture qui, tout en garantissant la sûreté personnelle, ne réveille pas l’idée de contrainte et ne prête aucune facilité à l’exécution de sinistres desseins [...]. Une enceinte de murailles n’attriste point la vue de nos jardins. Leurs clôtures sont de fortes palissades, hautes de trois mètres, fi xées au fond d’un saut-de-loup et bordées d’arbustes; elles ne bornent point les regards.» La construction d’une galerie vitrée reliant les deux pavillons au bâtiment central permet une surveillance effi cace, mais aussi confortable.

Du 19e siècle à l’entre-deux guerres

Hall du 1er étage à La Prairie

Plan de La Falaise

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Une chambre à La Prairie

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Des médecins-directeurs spécialisés

Les fondateurs de La Métairie avaient exigé «le séjour fi xe à l’établissement d’un médecin aliéniste de premier ordre, capable de diriger ce traitement et de se concilier par ses qualités morales, autant que par ses lumières et ses talents, l’estime et la confi ance des familles». Or, aucun diplôme de spécialiste en psychiatrie n’existe au 19e siècle (en Suisse, la spécialité ne sera reconnue qu’en 1933), c’est l’intérêt personnel et l’expérience professionnelle du médecin qui déterminent sa qualifi cation. Ernest Long, docteur en médecine de la Faculté de Paris, se forme à Préfargier et visite des asiles de France et d’Angleterre, avant de devenir le premier médecin-directeur de La Métairie de 1860 à 1861. Après une année, il est remplacé par l’ancien médecin-adjoint de Préfargier, le Dr Guder, à La Métairie de 1861 à 1877. Les médecins-directeurs successifs acquièrent leurs compétences professionnelles en travaillant dans différents asiles de Suisse: Adrien Rist à La Métairie de 1877 à 1889, a ainsi été le premier médecin-directeur de l’Asile de Cery, près de Lausanne. Rudolf Fetscherin à La Métairie de 1889 à 1892, a offi cié auparavant à la Waldau de Berne et à St. Urban près de Lucerne. Henry-Auguste Widmer à La Métairie de 1893 à 1897, était assistant à l’Asile des aliénés de Bâle. François Dizard à La Métairie de 1897 à 1899, de 1906 à 1919 et de 1930 à 1932 venait de l’Asile des Vernets. Le parcours de ces praticiens démontre l’émergence d’un réseau professionnel dans le cercle encore restreint de la psychiatrie à la fi n du 19e siècle. La «Société des aliénistes suisses», créée en 1864, ne compte alors que douze psychiatres - ils seront plus de trente en 1900.

Successions et collégialité

En 1893, au moment où le Dr Widmer, secondé par sa femme, prend la direction de l’établissement, les actionnaires de la Société Anonyme de La Métairie, notant la baisse du nombre de malades, relèvent la nécessité d’une gestion stabilisée. La circulation des médecins-directeurs, qui utilisent souvent leur passage à La Métairie comme tremplin vers d’autres horizons, est un problème récurrent. A contrario, certains médecins-directeurs resteront de longues années à leur poste, comme les Drs Guder, de 1861 à 1877, Dizard de 1906 à 1919, Semadeni de 1952 à 1984 ou Gabris de 1985 à 2003. Le Dr Oscar Forel (1891-1982) alors médecin directeur de La Métairie, va créer la clinique des Rives de Prangins qui ouvrira en 1930. Avant et après lui, plusieurs des médecins-directeurs de La Métairie fondent leur propre clinique, nourris par l’expérience - et parfois par la clientèle - acquise à la tête de la clinique nyonnaise. Ainsi le Dr Guder, qui donne sa démission en 1877, ouvre l’année suivante un établissement privé près de Genève. Le Conseil d’administration note en 1878 qu’il lui faudra à l’occasion «faire savoir à M. le Dr Guder que l’ouverture d’une maison de santé à Chêne sous ses auspices n’a pas été vue avec plaisir par le Conseil.». Son successeur, le Dr Adrien Rist, fondera également sa propre maison à Versailles, en France, et le Dr Auguste Widmer utilisera les connaissances acquises à La Métairie, pour fonder les cliniques de La Colline

Les médecins directeurs de La Métairie

1860-1861 Ernest Long (1833-1899)

1861-1877 Dr Guder ou Güder (dates inconnues)

1877-1889 Adrien Rist (1841-1923)

1889-1892 Rudolf Friederich Fetscherin (1829-1892)

1893-1897 Auguste Widmer (1853-1939)

1897-1899 François Dizard (1864-?)

1899-1906 Johannes Martin (1851-1939)

1906-1919 François Dizard (1864-?)

1919-1924 Auguste Callet (dates inconnues)

1924-1929 Oscar Forel (1891-1982)

1930-1932 François Dizard (1864-?)

1932-1937 Marc Guillerey (1895-1954)

1937-1938 William Boven (1887-1970)

1939-1945 Ernest Gonet (1894-1976)

1946-1953 André Melley (1904-1987)

1953-1984 Gustave Waclaw Semadeni (1922-1986)

1985-2003 Georges Gabris

2004-2005 Eric Jeunet

2005-2006 Gustavo Basterrechea

2007-2008 Brigitte Degeilh

2007- Prof. François Ferrero Directeur scientifi que

2008- Nicola Gervasoni

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puis de Valmont près de Montreux. Enfi n, le Dr Marc Guillerey (1895-1954) directeur de La Métairie entre 1932 et 1938 ouvrira la clinique des Berges du Léman à Vevey.

Soins infi rmiers et intendance

A la fi n du 19e siècle dans toute l’Europe, le personnel infi rmier est compté comme «subalterne». Le rôle des infi rmiers reste longtemps celui d’un personnel de gardiennage et d’encadrement hôtelier, simple garant de l’observation des consignes médicales. Le «personnel des employés supérieurs» comprend l’équipe médicale et administrative, ainsi que les «demoiselles de compagnie». Le statut des «demoiselles de compagnie» est quant à lui valorisé: elles constituent d’une certaine manière les auxiliaires des médecins en matière de traitement moral. Il leur incombe d’accompagner le patient dans sa cure; elles assument en réalité un rôle plus directement thérapeutique que celui des infi rmières et infi rmiers. De façon générale, le statut de ces derniers ne s’affi rmera qu’au cours du 20e siècle: de simples «garde-malades», ils acquerront, grâce notamment à la mise en place d’une formation ad hoc, des compétences professionnelles spécifi ques. Quant à la gestion de l’établissement, elle est longtemps l’apanage des épouses des médecins-directeurs. Cela pose parfois problème, comme au moment de l’engagement en 1897 du Dr Dizard, célibataire, qui sera secondé par l’ancienne directrice de La Colline, un établissement annexe. Ce n’est qu’une cinquantaine d’années plus tard que des administrateurs-directeurs non médecins, au bénéfi ce de formations complètes de gestion sanitaire, font leur entrée à La Métairie comme dans tous les établissements de santé.

Le fonctionnement de La Métairie implique la collaboration de nombreuses personnes, dont l’évolution des fonctions fait ressotir certains enjeux culturels et sociaux. Dès l’origine, l’entretien du parc occupe plusieurs jardiniers: l’agrément du domaine constitue un atout publicitaire de poids. De 1860 à nos jours, les vertus apaisantes de l’environnement naturel sont systématiquement invoquées dans les brochures publiées par l’établissement. La tâche des jardiniers comprend aussi la culture des légumes, consommés jusque dans les années 1960 par les pensionnaires et employés, tandis que la culture des fl eurs est pratiquée jusque dans les années 1980: le jardinier peut ainsi confectionner chaque semaine les bouquets destinés aux chambres des patients. L’importance de la cuisine n’est jamais sous-estimée. La qualité de la nourriture compte beaucoup dans la satisfaction des patients, dont les séjours en clinique peuvent se prolonger durant de longs mois. Dans les premières décennies, on continue d’attribuer à l’alimentation certaines vertus thérapeutiques agissant directement sur la santé mentale. Enfi n, l’aspect économique est continuellement présent: l’utilisation des ressources propres au domaine (exploitation agricole, ferme) s’avère longtemps rentable, mais disparaît progressivement au cours de la seconde moitié du 20e siècle, jusqu’à la fermeture de l’exploitation animale de La Métairie en 1970.

Une équipe d’infi rmiers devant Le Léman

Essai de masque à gaz pendant la guerre

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Du 19è siècle à l’entre deux-guerres

Auguste Widmer (1853-1939) prend ses fonctions de médecin-directeur le

15 janvier 1893 Très intéressé par l’hydrothérapie, qu’il a pratiquée aux Bains de Schoenbrunn dans le canton de Zoug ainsi qu’en Autriche, il propose au Conseil d’administration l’ouverture d’une «maison ouverte où les convalescents, sortant de La Métairie, puissent passer quelques semaines, avant de rentrer dans la vie publique, et où les personnes nerveuses et fatiguées puissent se reposer, sans avoir le contact des aliénés et sans être astreintes à des formalités pénibles». C’est le début d’un épisode particulier dans l’histoire de la clinique, qui

passe une convention de location avec le Dr Oltramare, propriétaire d’une villa voisine, afi n de pouvoir exploiter celle-ci en tant que lieu de soins à la fois indépendant et relié à la maison-mère: «Cette maison a son administration distincte de La Métairie, tout en restant naturellement sous la direction et le contrôle de Mr le Dr Widmer. Elle comprend une Directrice, une masseuse doucheuse, l’hydrothérapie jouant un rôle important dans le traitement, une cuisinière, une femme de chambre et un jeune garçon. La Colline est reliée téléphoniquement, nuit et jour, à la maison centrale, ce qui est un gage de sécurité». Dotée de six chambres, elle reçoit rapidement ses

premiers pensionnaires. En 1894, 23 malades y sont traités, «la plupart neurasthéniques, hystériques ou hypocondriaques», et la convention établie avec le propriétaire est reconduite pour une année.

Malgré les bénéfi ces, cet épisode reste sans suite, car trop étroitement lié à la personnalité de Widmer. Son successeur, le Dr Dizard, ne poursuit pas l’expérience, tandis que Widmer fonde sa propre maison de santé à Montfl eury sur Territet, puis un nouvel établissement, la clinique Valmont. La Colline de La Métairie aura ainsi été une sorte de laboratoire pour ce passionné des soins en hydrothérapie.

La Colline

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Lors de son ouverture, La Métairie est avant tout destinée à une clientèle locale, vaudoise et genevoise. Toutefois, les premiers registres d’entrées de la clinique, conservés jusqu’au début du 20e siècle, montrent que sont régulièrement admis quelques patients venus des cantons de Zürich, Berne ou St-Gall, ou même d’Italie, d’Allemagne, de Hongrie, voire de Russie. L’éventail des affections mentales indiquées selon la nosologie de l’époque nous fait entrer de plain pied dans l’effort de classifi cation mené par la science psychiatrique d’alors.

S’occuper pour guérir

En 1861, le Dr Coindet rédige à l’attention du public et de ses confères un bref article destiné à faire connaître le nouvel établissement, dans lequel «les personnes souffrant d’affections nerveuses ou mentales trouveront réunis, par des soins prévoyants, les éléments d’une cure méthodique et les sédatives infl uences d’une excellente hygiène et d’une vie de famille doucement variée». Soixante-cinq ans plus tard, le Dr Forel rappelle qu’à La Métairie, la «tradition constante a toujours été de procurer [aux] pensionnaires une véritable vie de famille. Cette vie est rythmée par les soins médicaux au sens strict du terme (médications diverses, balnéothérapie, entretiens, repos surveillé, …), mais aussi par une grande variété d’occupations. L’organisation de l’emploi du temps constitue en effet un élément primordial de la thérapeutique: il importe de diriger leur esprit et leurs mains vers des réalisations constructives, afi n de les distraire de leurs idées malsaines.»

La thérapeutique par le travail, si importante dans les asiles publics, se comprend dans ce contexte. Elle consiste à ré-immerger le patient dans une ambiance de vie active, rythmée par un labeur quotidien et productif. Mais le Dr Coindet est conscient qu’une telle proposition est délicate en ce qui concerne les patients issus des classes aisées. «Si une heureuse diversion se reproduit avec une fréquence et une persistance croissante, elle peut, à elle seule, dans quelques cas simples, opérer la cure. Quoi qu’il en soit, elle est une partie indispensable du traitement. Vous entrevoyez, Messieurs, l’importance du chapitre des distractions. Sous ce rapport, les meilleures, sans contredit, se tirent des professions qui s’exercent en plein air, le travail des champs, les métiers mécaniques, parce qu’elles amènent à leur suite, avec une certaine fatigue, de l’appétit et du sommeil, c’est-à-dire de la force et du calme.»

La vie des malades

Atelier d’ergothérapie à La Prairie (années 30)

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Atelier d’ergothérapie à La Prairie (années 60)

Page 18: Clinique la metairie

ILLUSTRATION: registre

Registres d’entrées de La Métairie

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Les premiers registres d’entrées de La Métairie témoignent du vaste projet classifi catoire qui

anime la psychiatrie dès le 19e siècle. L’enjeu en est la légitimité de la prise en charge médicale et l’établissement d’une statistique devant permettre l’ajustement des structures d’accueil et des mesures de prévention.

Le séjour des quelques 500 premiers patients séjournant à La Métairie entre le 1er septembre 1860 (date d’entrée de la première patiente AD) et 1904 est ainsi donné à lire à travers la mention de leurs sexe, âge, profession, état civil, culte, origine et genre de maladie. Une courte anamnèse est parfois retracée, ainsi que le prix de la pension et l’état de sortie du malade. Conformément

aux vœux de ses fondateurs, La Métairie reçoit essentiellement des patients vaudois et genevois, rentiers, représentants de diverses professions libérales, étudiants et, pour les femmes, ménagères, institutrices ou cuisinières.

Mélancolie, démence, diverses manies (chronique, périodique, aigüe, religieuse, hystérique, morale, lucide, voire puerpérale pour les femmes), épilepsie, hallucinations, folie circulaire, comptent parmi les diagnostics les plus souvent invoqués. On distingue entre causes «prédisposantes» et «déterminantes», chaque catégorie étant elle-même subdivisée entre causes morales et physiques. En dépit de cette volonté de précision, la perméabilité entre

catégories est grande, un même élément («fatigue», «masturbation», «abus de boisson») passant fréquemment de l’une à l’autre. On constate aussi que le contexte économique et politique («affaires commerciales», «déception dans la révolution», «travail exagéré») détermine les pathologies masculines, et la sphère privées les pathologies féminines («accouchement avec émotions», «ennui domestique», «inconduite du père», «âge critique»). Enfi n, le mode de vie («vie irrégulière», «ivrognerie» ou «éducation fausse») est régulièrement incriminé, dessinant les cibles du mouvement hygiéniste alors en plein développement.

Premier registre des patients hommes (1860) Voir illustration pages 18 et 19

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Aussi les occupations proposées aux patients de La Métairie relèvent-elles plutôt de la catégorie des loisirs et divertissements culturels. Le parc et la proximité du lac constituent un atout indéniable: promenades, jeux de plein air ou canotage occupent les malades. «Par le beau temps, on s’exercera en plein air, et lorsqu’il fera vilain, dans une grande salle plus spécialement destinée aux exercices, de la gymnastique de chambre que vous avez vue à la ferme. Il est presque superfl u d’ajouter qu’outre ces jeux, nous avons un billard, un piano, une bibliothèque, et que nous tâcherons de faire naître pour la culture des fl eurs un goût qui trouverait chez nous un intarissable aliment.» Des tâches de nature plus productive sont néanmoins développées, comme en témoigne le texte de la brochure publicitaire de 1926 rédigée par le Dr Forel, qui mentionne «les jardins, les serres, l’exploitation agricole et des ateliers», où les malades peuvent s’exercer à la reliure ou à la couture.

Enfi n, on ne néglige jamais le divertissement procuré par les activités artistiques. Le dossier d’un artiste de renom traité à La Métairie signale ainsi qu’il «donne des leçons de piano à un débutant halluciné, et tout ceci avec un dévouement remarquable.» A l’occasion de la visite d’une amie cantatrice, ce même artiste prend la partie de piano, le Dr Forel sort son violon, et le trio improvisé offre deux concerts aux patients installés dans le salon.

Les bâtiments

Dès les premières années, on projette divers agrandissements. Il faut toutefois attendre le début du 20e

siècle pour les voir aboutir avec l’extension des pavillons et la construction d’un nouveau bâtiment, La Villa (nommée plus tard La Prairie). Entre temps, La Métairie a beaucoup évolué: le Dr Guder a construit Le Chalet, le Dr Rist, son successeur, a meublé deux chambres de la ferme pour y loger les parents de malades, et le Dr Widmer a entièrement rénové l’intérieur de la clinique, réorganisant aussi la buanderie, désormais confi ée au personnel de La Métairie et non plus à des ouvrières de Nyon. A la fi n du 19e siècle, un égout collecteur est réalisé, on remplace les anciennes grilles de fenêtres, «qui rappelaient trop celles des prisons», le téléphone est installé, et l’ensemble des bâtiments est pourvu de lumière électrique dès 1905.

L’ancien parc au bord du lac

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La physionomie actuelle de l’établissement est donc établie dès le début du 20e siècle, avec le bâtiment d’origine et ses deux pavillons agrandis, à côté desquels on dispose désormais du Chalet et de La Villa. La Ferme, un peu plus éloignée, est réaménagée pour loger les malades tranquilles au moment de la création d’un court de tennis, en 1906. Le médecin-directeur et sa famille disposent d’un appartement dans le bâtiment central, du moins jusqu’à la construction de La Falaise, près du lac, construite en 1925 sous l’ère du Dr Forel. C’est là que logeront désormais les médecins-directeurs successifs jusqu’au Dr Semadeni compris. Quant aux chambres des employés, leur nombre évolue au fi l des réaménagements, mais elles sont dès le début réparties dans l’ensemble des bâtiments, afi n de permettre une surveillance optimale des patients.

Les temps agités de la guerre

Après un début de siècle relativement faste, les rapports du Conseil d’administration soulignent régulièrement l’augmentation du nombre des patients agités. Afi n d’y remédier, on aménage en 1913 des chambres de sécurité. A peine un an plus tard, le Conseil s’inquiète déjà de devoir refuser des admissions à cause du manque de ce type d’équipement. Puis, la déclaration de guerre engendre une forte hausse des coûts d’exploitation, notamment de chauffage. Le personnel se fait rare, ainsi que les malades, en outre, plusieurs d’entre eux voient leurs avoirs confi squés ou inaccessibles et les retards s’accumulent dans le paiement des pensions. En 1917, les malades séjournant au Chalet et à La Villa sont rapatriés au bâtiment central afi n d’économiser le charbon. On parle de fermer l’établissement. Le Dr Dizard présente sa démission en 1918 pour permettre à la SA de modifi er les conditions de l’engagement du directeur, mais le Conseil lui demande fi nalement de conserver son poste. L’année suivante, il cède sa place au Dr Auguste Callet, médecin-assistant à La Métairie depuis 1913. L’ensemble des actionnaires et des membres du Conseil se renouvelle entre-temps et la guerre se termine.

Les serres

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Groupe de patientes sur la plage de La Falaise

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Dès les années 1920, l’éventail des thérapeutiques disponibles en psychiatrie s’étoffe considérablement: nouvelles médications, techniques psychothérapeutiques variées, cures de sommeil, insulinothérapie, malariathérapie, convulsivothérapies.

La spécialisation en psychiatrie est reconnue en 1933 par la Fédération des Médecins Suisses, et un cursus de formation des infi rmiers en psychiatrie se met en place. Nommé à la direction de La Métairie en 1924, le Dr Forel poursuit ses publications et son enseignement à l’Université de Genève. Le Dr Guillerey, qui prend la relève en 1932, pratique une forme de psychothérapie alliant suggestion et rêve éveillé. Réussissant à guérir une patiente jusque-là rebelle à tout traitement, il l’embauche comme assistante; leur association se poursuivra à la clinique des Berges du Léman à Vevey.

Un épisode politique et scientifi que: psychopathologie infantile et pupillographie

En 1933 s’ouvre à La Métairie un institut médico-psychologique, «annexe pour enfants anormaux telle qu’il n’en existe pas encore en Suisse» ainsi qu’un institut de diagnostic expérimental, tous deux confi és à la direction du Dr Otto Loewenstein (1889-1965). Jusque-là titulaire d’une chaire de neurologie et de psychiatrie à l’Université de Bonn, où il dirige l’Institut pathopsychologique de l’Université et l’Institut rhénan pour enfants anormaux, le Dr Loewenstein doit émigrer en Suisse à la suite de l’arrivée des nazis au pouvoir. Les Drs Guillerey, Boven et Gonet, qui se succèdent à la tête de La Métairie, se félicitent de cette collaboration «qui nous permet d’atteindre une clientèle étrangère qui sans lui ne serait pas touchée» et interviennent à plusieurs reprises auprès du Canton de Vaud pour faire prolonger le permis de séjour du Dr Loewenstein. Très intéressé par l’étude de la condition et des mouvements de la pupille de l’œil en fonction des états émotionnels et psychologiques, ce dernier s’adjoint les compétences de techniciens et ingénieurs qualifi és, afi n de pouvoir maîtriser un équipement technique complexe et poursuivre ses recherches en diagnostic expérimental. Cette période scientifi que marquante à La Métairie se clôt avec le départ du Dr Loewenstein pour New-York en 1939.

Des années 1920 aux années 1980

Annonce publicitaire

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La vie des malades

Dès le début du 20e siècle, de nombreux entrepreneurs, médecins ou hôteliers,

ouvrent des établissements privés - cliniques, maisons de santé, pensions familiales destinée au soin de troubles physiques ou psychiques les plus divers - au bord du Lac Léman. Le Service sanitaire du Canton de Vaud se charge de vérifi er l’hygiène, les autorisations et la qualité du personnel soignant. En 1938, les Drs Heim et Eperon, chargés de cette tâche, soulignent à ce propos: «Nous avons été très tolérants et souvent passé comme chat sur braise. L’an prochain, nous donnerons un tour

de vis.» Les commentaires sont généralement positifs: «en ordre», «hygiénique», «un modèle à tous égards», mais signalent aussi des défaillances, comme, cette même année, à la Clinique du Signal, à Lausanne, où «l’annexe qui abrite les idiots est dans un état de délabrement indescriptible».

La loi cantonale exige en outre que soit fournie la liste exhaustive des malades internés ainsi que des malades libres. Aux Rives de Prangins, le Dr Forel estime «qu’il y aurait un très gros inconvénient à l’obliger à signaler dans tous les cas au Service

Sanitaire tous les pensionnaires libres […]. Il s’agit le plus souvent de personnes très connues dans le monde international et qui tiennent avant tout à ce que la discrétion la plus complète soit gardée à leur égard». A La Métairie, le Dr Gonet souligne quant à lui «l’injustice qu’il y aurait à obliger une maison comme La Métairie à annoncer des pensionnaires libres, alors que ces mêmes personnes pourraient tout aussi bien aller à la Lignière, où semblable obligation n’existe pas». Discrétion et concurrence sont des enjeux récurrents dans le monde des établissements psychiatriques privés.

L’inspection des cliniques privées en 1938

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Les relations avec les Rives de Prangins

Entre-temps s’est ouverte une longue période de relations parfois diffi ciles à démêler, faite à la fois de concurrence et de collaboration, avec les Rives de Prangins. On se souvient que le Dr Forel avait quitté la direction de La Métairie pour fonder cet établissement en 1930 et en 1938 La Métairie est rachetée par les Rives de Prangins. Dès lors, un seul Conseil d’administration prendra les décisions importantes pour les deux établissements conjointement. De ce fait, le Dr Forel demeure un acteur incontournable de La Métairie. Il est directement impliqué dans l’engagement des médecins et du personnel soignant, et c’est généralement à lui que le Département de l’Intérieur s’adresse pour les démarches relatives au contrôle sanitaire ou aux permis de pratique des employés. En 1949, alors que les affaires ne sont pas fl orissantes, il expose au Professeur Hans Steck, directeur de l’hôpital de Cery, les avantages qu’il y aurait à racheter La Métairie pour en faire un hospice, vu le manque d’établissements de ce type en Suisse romande; sa proposition ne sera toutefois pas retenue. En 1953, c’est lui encore qui assure l’intérim entre les Drs Melley et Semadeni. En 1982, alors que La Métairie célèbre ses 125 ans, le Dr Forel préside toujours le Conseil d’administration.

L’ère Semadeni

Les années 1950 marquent un tournant dans l’histoire de la psychiatrie, avec la mise au point des neuroleptiques et des antidépresseurs, qui révolutionneront les pratiques thérapeutiques. A La Métairie, cette révolution coïncide avec l’arrivée de Gustave Waclaw Semadeni, qui dirigera l’établissement jusqu’en 1984. D’une famille d’origine grisonne, installée en Pologne, il vient en Suisse en 1951 et est engagé comme médecin-adjoint de La Métairie avant d’en devenir le directeur en 1953. Le Dr Semadeni fait largement usage des nouvelles possibilités de la chimiothérapie: en atteste l’évolution des proportions de la pharmacie, qui occupe d’abord deux armoires, puis une pièce et enfi n tout le sous-sol de la clinique, aux côtés du laboratoire d’analyses. Grâce à l’équipement électroencéphalographique de son établissement et de celui des Rives de Prangins, il poursuit diverses recherches, publiant par exemple en 1954 un article sur les «stimulations à contenu psycho-sensoriel en électro-encéphalographie», en collaboration avec les Drs François Martin et Jean Baumann de l’Hôpital cantonal de Genève.

Le parc

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Dr Oscar Forel et Dr Gustave Semadeni

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Sous la direction du Dr Semadeni, la clientèle est majoritairement étrangère: français, italiens, belges ou luxembourgeois, de nombreux patients ont leurs habitudes à La Métairie. Ils viennent y suivre un traitement, mais aussi se ressourcer dans un environnement magnifi que et dans une ambiance raffi née: c’est encore l’époque où les malades déposent chaque soir leurs chaussures devant la porte de leur chambre afi n que les femmes de ménage les cirent. Les couverts sont en argent, on mange à midi avec les dames de compagnie, le soir avec le médecin, les horaires sont libres et les activités facultatives. Le maître de sport organise des sorties, et les patients les plus fortunés sont reçus dans les luxueuses chambres de La Prairie. Celle-ci possède un statut particulier: les malades n’y suivent pas nécessairement un traitement psychiatrique mais viennent pour un séjour de repos, à la suite d’un accouchement par exemple.

Outre un patient qui y demeure pendant plus de trente ans, Le Chalet accueille les familles de malades et la direction administrative. Le bâtiment principal reste dévolu à la psychiatrie générale, tandis que les deux pavillons, toujours appelés «Dames» et «Mess» (pour Messieurs), sont occupés par les unités fermées, réservées aux patients agités et internés. Au début des années 1960, le personnel migre à La Ferme, qui conserve cette affectation jusqu’en 2004, lors du départ des derniers employés logeant encore dans l’établissement même. Une nouvelle salle de gymnastique est construite en 1971: ce nouvel équipement, complété par un atelier d’ergothérapie, élargit l’éventail des activités proposées aux patients. En 1983, la brochure publicitaire de la clinique mentionne la chimiothérapie, les cures de sommeil et de désintoxication, l’hydrothérapie, la physiothérapie, la psychothérapie et les traitements biologiques.Les années d’après-guerre sont aussi celles où, du fait d’une diminution globale des hospitalisations en établissement privé, de nombreuses cliniques disparaissent ou sont rachetées par l’Etat, comme les Rives de Prangins que l’Etat de Vaud acquiert en 1967 et transforme en Hôpital psychiatrique du secteur ouest vaudois. A cette occasion, la plupart des patients privés des Rives de Prangins sont accueillis à La Métairie. A partir de 1980, une clientèle arabe fait son apparition à La Métairie, réservant plusieurs chambres à la fois pour loger son personnel. L’établissement tente aussi d’attirer une nouvelle clientèle suisse, au bénéfi cie d’une assurance privée.

Des dames de compagnie à l’équipe interdisciplinaire

La Villa (aujourd’hui La Prairie) avec le tennis

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La Prairie

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La fi n du 20e siècle: changement de cap

Succédant au Dr Semadeni, le Dr Georges Gabris, formé en Suisse et en Allemagne, a fait plusieurs voyages d’étude aux Etats-Unis, ce qui inspirera sa politique médicale. Auparavant médecin à l’hôpital psychiatrique de Cery, il s’investit pleinement dans ses nouvelles fonctions et remodèle profondément le visage de La Métairie.

Des dames de compagnie à l’équipe interdisciplinaire

Deux ans de travaux permettent de rénover l’ensemble des bâtiments, les pavillons sont rebaptisés en Léman et Jura, tournant symboliquement la page d’une époque considérée comme dépassée. Le Dr Gabris met en place des services distincts selon les pathologies, dans lesquels des traitements différenciés sont proposés, et réoriente les patients chroniques ou relevant de la gériatrie vers d’autres établissements. Insistant sur la prédominance de la fonction soignante sur la fonction hôtelière, il renouvelle l’équipe infi rmière en engageant du personnel formé spécifi quement en psychiatrie, ainsi que des psychologues cliniciens, et instaure un colloque interdisciplinaire hebdomadaire. Les dames de compagnie, incarnant jusque-là l’encadrement soignant, n’ont dès lors plus de fonction à La Métairie. Cette petite révolution crée quelques remous, mais stimule également les collaborateurs. Ergothérapeutes, art-thérapeutes, physiothérapeutes et autres intervenants non médicaux étoffent le suivi des patients, désormais engagés dans un processus thérapeutique qui nécessite un investissement personnel fort, rythmé par un planning d’activités conçues comme des composantes à part entière du programme de soins et non plus comme un éventail d’offres facultatives à la disposition des malades.

Les unités thérapeutiques

Le Dr Gabris est parmi les premiers à importer en Suisse romande de nouvelles approches dans le traitement de l’alcoolisme et autres addictions. En 1986, il ouvre à La Métairie une unité de 10 lits destinée au traitement des maladies de la dépendance (UMD), dans laquelle est appliqué le programme du Minnesota, fondé sur l’idée que l’alcoolisme est une maladie et que le sevrage n’est qu’une étape du traitement. Le programme - pour lequel La Métairie collabore avec les Alcooliques Anonymes - se déroule en deux phases, la première en clinique et la seconde comprenant un suivi post-cure avec rencontres hebdomadaires; l’ensemble est basé sur le travail en groupes de patients, parallèlement au suivi individuel. Interviennent en tandem le personnel médical et des thérapeutes ayant eux-mêmes été alcooliques, ce qui, au début, n’est pas sans susciter quelques réticences.

Le succès de cette approche entraîne l’ouverture d’une seconde unité spécialisée de huit lits, l’Unité

Vue de Nyon

L’ancienne Société Anonyme, fondée en 1857, disparaît en 1985 avec la vente de La Métairie au groupe américain Charters Medical. Spécialisé dans la gestion hospitalière et déjà propriétaire de cinquante-neuf établissements (dont quarante-huit cliniques psychiatriques), le groupe est intéressé par le prestige historique et la situation géographique de l’établissement. Propriété d’un grand groupe international, dirigée par un médecin centrant son activité sur l’insertion régionale, La Métairie entre dans l’ère de la modernité administrative et médicale.

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des troubles de l’humeur (UTH), dans laquelle le programme thérapeutique est également basé sur un travail de groupe. Les techniques de thérapie cognitivo-comportementale sont introduites. La troisième unité, ouverte en 1992 et destinée aux patients souffrant de troubles du comportement alimentaire (UTA), occupe dix lits au Chalet. Une unité de crise fermée est créée au Léman, pendant que le bâtiment central continue d’accueillir les autres pensionnaires, la capacité totale de La Métairie étant de soixante-quinze lits en 1999. Enfi n, un hôpital de jour est ouvert en 2000, permettant d’accueillir douze patients en traitement ambulatoire.

Promotion régionale

Souhaitant réinstaurer l’insertion régionale de La Métairie telle qu’elle existait à l’ouverture de La Métairie, le Dr Gabris sollicite largement les réseaux professionnels romands. En 1981, 65% des patients étaient étrangers, ils ne sont plus que 45% en 1987 et 15% en 1999. Dans le contexte d’ouverture qui caractérise la psychiatrie des dernières décennies du 20e siècle, une politique de communication active est mise en place, visant tant la communauté scientifi que que la société en général. Des symposiums scientifi ques internationaux se tiennent dès 1988, des encarts publicitaires paraissent dans la presse régionale, des délégués de l’établissement informent régulièrement les médecins des régions voisines (Vaud, Valais, France) des nouvelles approches thérapeutiques de La Métairie. La fréquentation remonte nettement.

Au début du 21e siècle, La Métairie connaît une nouvelle phase de changement: le groupe Charters Medical, souhaitant recentrer ses activités sur le territoire américain, revend l’établissement au groupe suédois Capio en 2000. Le Dr Gabris quitte la clinique en 2003 et trois médecins-directeurs et autant de directeurs administratifs se succèdent en moins de trois ans. Le groupe Capio vend La Falaise, La Ferme et les serres. À la fi n 2005, l’établissement change à nouveau de mains. Clinea, fi liale spécialisée dans la gestion de cliniques psychiatriques privées et elle-même rattachée au groupe français Orpea, acquiert La Métairie et entreprend la rénovation des locaux. Une nouvelle équipe administrative et médicale prend les rênes: à la tête d’un établissement au cœur des bouleversements sociaux, culturels et scientifi ques de la psychiatrie pendant 150 ans, elle est aujourd’hui au défi de lui défi nir un nouveau rôle qui, tout en tenant compte du passé, sache s’adapter aux reconfi gurations incessantes dans le domaine des sciences neuro-psychiatriques, aux nouveaux rapports entre public et privé qui s’instaurent dans le domaine de la santé, et plus largement à l’évolution économique et culturelle de notre société.

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La Métairie au 21e siècle

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Un site préservé

Comme il y a 150 ans, la clinique La Métairie forme un ensemble architectural harmonieux, proche des rives du Lac Léman, aux portes de la ville de Nyon dans le canton de Vaud. Cette situation géographique la rend facilement accessible à une clientèle régionale et internationale. Les différents bâtiments sont répartis sur un vaste domaine de 7 hectares qui représente en lui-même une source d’apaisement et de détente. Depuis son rachat par le Groupe Clinea, la clinique La Métairie a entrepris d’importantes rénovations qui ont permis de la remettre à un haut niveau d’accueil et de confort hôtelier et de développer l’offre de soins. La Métairie est aussi réputée pour proposer des séjours hospitaliers et des soins ambulatoires en garantissant un maximum de discrétion et de confi dentialité. La clinique occupe une place unique dans le réseau de soins particulièrement dense de la Suisse romande. Les critères d’admission ont été défi nis dans un esprit visant à faciliter au maximum l’accès aux soins aux patients et à leur médecin traitant. L’une des mesures emblématiques prise récemment est représentée par l’accueil des patients 24h/24 quelque soit le type de pathologie psychique. Par ailleurs, afi n de répondre à l’attente d’une clientèle internationale, les consultations sont proposées en français, anglais, allemand et espagnol. Les soins intègrent les approches biologiques, pharmacologiques et corporelles tout en valorisant la dimension psychothérapeutique. Cette intégration est facilitée par une caractéristique de la formation des psychiatres suisses qui comporte, depuis près d’un demi-siècle (1960), une double formation en psychiatrie et psychothérapie (Ferrero, 2004).

Programme général et programmes spécialisés

Depuis les années 50, et grâce à certaines découvertes pharmacologiques qui ont révolutionné les soins psychiatriques, telles que les neuroleptiques, les antidépresseurs et les anxiolytiques, les modes de pratique de la psychiatrie n’ont cessé d’évoluer. Le mouvement général de désinstitutionalisation qui a touché tous les pays développés a entrainé le développement de la pratique ambulatoire. Le nombre de psychiatres-psychothérapeutes a dès lors fortement augmenté et la place dévolue aux soins hospitaliers en a été profondément modifi ée. Les séjours hospitaliers sont ainsi devenus toujours plus brefs, ce qui a nécessité de développer des approches dites «de crise», visant à aider les patients à retrouver le plus rapidement possible leur capacité à mener une vie autonome. Parallèlement, la nosologie psychiatrique a également été constamment remaniée, comme en témoigne la 5ème édition de la classifi cation de l’Association américaine de psychiatrie (DSM-V) ou la 11ème révision de la classifi cation de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). A La Métairie, les médecins sont secondés par des psychologues qui suivent également en traitement les patients soit en individuel soit dans le cadre d’activités thérapeutiques de groupe. Les soins sont assurés par une équipe pluridisciplinaire

La Métairie au 21e siècle: un nouveau rôle

Une équipe de collaborateurs devant l’entrée principale

Le bâtiment central côté parc

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La création du titre de spécialiste en 1931 a instauré, contrairement à ce qui s’est passé dans la plupart

des autres pays, une séparation entre la psychiatrie et la neurologie. Quant à l’importance prise par la psychothérapie dans la psychiatrie, elle remonte au début du 20ème siècle et à quelques personnalités exceptionnelles qui ont marqué la psychiatrie suisse telles que Bleuler et Jung, parmi d’autres. Une première rencontre des psychothérapeutes suisses a été organisée à Zürich en 1935. Alors qu’aujourd’hui une telle assemblée réunirait sans doute plusieurs centaines de participants d’orientation avant tout psychanalytique, systémique et cognitive-comportementale, les 33 psychothérapeutes réunis à cette occasion se défi nissaient comme freudien, jungien, adlérien ou existentiel. A cette occasion, le psychiatre Walter Morgenthaler a proposé de créer une commission de psychothérapie rattachée à la Société suisse de psychiatrie afi n d’éviter que psychiatrie et psychothérapie «ne suivent des voies différentes capables de mener à des désaccords et à des divisions». De son côté, Carl Gustav Jung a défendu la création d’une société autonome, convaincu que les divergences d’intérêts entre psychothérapeutes et psychiatres étaient bien trop importantes pour mener à une collaboration fructueuse. Il en résulta la constitution de deux associations, la

commission susmentionnée et la Société suisse de psychologie pratique sous la présidence de Jung. Comme on pouvait s’y attendre, les collègues qui suivirent Morgenthaler développèrent des liens privilégiés avec les psychiatres alors que les «jungiens» s’attachèrent à collaborer avec les non-médecins. Cet épisode signifi catif de l’histoire de la psychiatrie suisse n’est pas sans lien avec La Métairie puisque Oscar Forel a été le premier président de la commission de psychothérapie médicale qui allait devenir, en 1948, la Société médicale suisse de psychothérapie (Fussinger, 2005). Par la suite, la psychiatrie d’adulte et la psychiatrie d’enfant et d’adolescent vont se séparer en deux spécialisations distinctes et inclure offi ciellement dès 1960 la psychothérapie dans leur cursus de formation. Dans un tel contexte, les médecins prescripteurs comme les patients s’attendent, dans leur grande majorité, à bénéfi cier d’une approche prenant en compte à la fois la dimension biologique de leur trouble et la dimension psychologique renvoyant à une histoire personnelle. Afi n de répondre à ce défi , tous les médecins psychiatres ont suivi une formation psychothérapeutique et ont des connaissances dans les trois principaux modèles de psychothérapie, psychodynamique, familiale-systémique et cognitivo-comportementale.

Psychiatrie et psychothérapie

Une chambre au Chalet

Une chambre à La Prairie

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composée de psychiatres, interniste, psychologues qui proposent des approches individuelles ou de groupe, infi rmières et infi rmiers spécialisés, ergothérapeutes, art-thérapeute, physiothérapeutes, massothérapeute…

Transformation des bâtiments

Aujourd’hui, les 75 lits de La Métairie sont répartis sur 5 unités assurant chacune des soins de psychiatrie générale tout en offrant un programme spécifi que.

Dans le bâtiment central, Le Jura héberge depuis plus de 20 ans l’unité des maladies de la dépendance. Il a bénéfi cié d’une rénovation complète et de l’adjonction d’un nouveau salon et accueille les patients souffrant de toute forme de dépendance, à l’alcool ou à d’autres toxiques, qu’ils présentent ou non une pathologie psychiatrique associée. Dès son origine, cette unité a intégré à l’addictologie classique les concepts issus du modèle de traitement mis au point aux Etats-Unis et appelé Minnesota. Ce modèle considère la dépendance comme une maladie chronique, progressive et mortelle si elle n’est pas traitée. L’objectif est l’abstinence aux substances. La prise en charge intensive comprend des activités groupales, la participation aux groupes d’entraides alcooliques anonymes (AA) et narcotiques anonymes (NA) et un suivi individuel médical et psychothérapeutique. Une spécifi cité est la présence dans l’équipe de soins de conseillers en addiction, qui sont d’anciens patients ayant au minimum cinq ans d’abstinence. Après le séjour hospitalier, une post-cure de 11 mois à raison d’un rendez vous par semaine permet aux patients de continuer à consolider leur abstinence. Une fête appelée la Fête du Jura réunit une fois par année toutes les personnes qui ont suivi le programme afi n de partager un moment convivial à La Métairie.

Le Centre a également été rénové, avec la création de salles de bains individuelles et son équipe s’est engagée dans la mise en place d’un programme spécialisé pour les troubles de la personnalité. Ce type de problématique complexe où s’intriquent souvent histoire de vie douloureuse, moments de crise et comorbidités psychiatriques nécessite des compétences particulières que la clinique va développer dans les mois à venir. Le Léman a également fait l’objet d’une réfection et d’un réaménagement de ses chambres individuelles et l’équipe a développé des compétences spécifi ques dans le traitement des troubles de l’humeur. Ces troubles, à savoir les états dépressifs et les troubles bipolaires, bénéfi cient d’une prise en charge faisant appel à la pharmacologie, la psychothérapie groupale et individuelle principalement, mais

Salon au Chalet

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Le grand salon au Centre

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Un site exceptionnel préservé depuis un siècle et demi

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pas exclusivement, selon le modèle cognitivo-comportemental ainsi que la psychoéducation et la prise en compte des proches dans le processus de soin. Le modèle intégratif mis en place dans cette unité permet également d’accueillir des patients à risque suicidaire élevé ou présentant des symptômes d’hypomanie et de manie. Dans le parc, La Prairie, une unité particulièrement confortable, a bénéfi cié d’importants travaux de rénovation et de l’installation d’un ascenseur qui lui permet d’accueillir désormais dans de bonnes conditions de confort et de sécurité un programme spécialisé de psychiatrie de l’âgé. Ce programme a développé une spécifi cité avec des groupes concernant les stress de cette tranche de vie (retraite, perte du conjoint), et la possibilité d’investiguer et de diagnostiquer des démences débutantes. Finalement les troubles accompagnant une démence avancée y bénéfi cient aussi d’une prise en charge faisant appel à une équipe pluridisciplinaire.

Le Chalet dispose de 5 chambres doubles entièrement réaménagées pour accueillir dans une atmosphère chaleureuse et conviviale les patients souffrant de troubles du comportement alimentaire. Ce programme existe de longue date à la clinique et accueille des patients (les jeunes femmes sont plus souvent touchées que les hommes) à l’aide d’une équipe pluridisciplinaire (psychiatre, psychologue, diététicienne, psychomotricienne, équipe infi rmière). Le cadre et les objectifs du traitement sont discutés au préalable afi n d’offrir une prise en charge via un suivi individuel personnalisé complété par des activités groupales dès que la prise pondérale le permet.

Le nouveau centre ambulatoire

Afi n de répondre à une importante demande à laquelle les établissements publics de la région ne répondent pas, ainsi qu’aux attentes des patients et des médecins prescripteurs, la clinique a développé un centre ambulatoire sous la forme d’un hôpital de jour ouvert 5 jours sur 7. Ce centre offre des soins ambulatoires intensifs pour les patients en suivi d’hospitalisation ainsi que pour les patients en situation de crise suivis par des médecins privés. La prise en charge est principalement axée sur l’activité groupale (affi rmation de soi, gestion des émotions, psychoéducation), l’ergothérapie, la mobilisation corporelle et la psychomotricité. Il offre également une consultation spécialisée permettant des évaluations et des bilans médico-psychologiques. Elle permet aux médecins de la région d’avoir un

Salle à manger

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accès rapide à des spécialistes afi n de les aider dans des questions diagnostiques ou thérapeutiques. Une unité spécialisée dans l’évaluation et la prise en soin du burn-out a été récemment ouverte. Elle permet de faire un bilan afi n d’évaluer la présence d’un burn-out, sa sévérité et les ressources que le patient pourrait mobiliser afi n d’y faire face. Un travail de coordination avec l’employeur permet également de faciliter la réintégration dans le milieu professionnel. Un suivi ambulatoire groupal et individuel est également offert pour ce type de problématique très spécifi que. Le nouveau complexe de balnéothérapie (SPA) vient enrichir cette offre de soins en permettant d’intégrer encore mieux la dimension corporelle.

La Fondation La Métairie

La fondation a été créée en 2008 afi n de rendre La Métairie accessible à des patients n’étant pas au bénéfi ce d’une assurance privée ou semi privée: 4 lits lui sont réservés.

Une mission de formation

L’une des premières mesures prises par les nouveaux responsables médicaux a été d’entreprendre les démarches menant à la reconnaissance de La Métairie comme lieu de formation en psychiatrie et psychothérapie. Compte tenu de la qualité de la formation et de l’encadrement, cette reconnaissance a été acquise sans diffi culté et permet d’accueillir à La Métairie des médecins se spécialisant en psychiatrie et psychothérapie. L’offre de formation particulièrement riche proposée dans les deux centres universitaires de Genève et de Lausanne ne peut qu’inciter à positionner La Métairie de façon originale. Grâce à la création d’une association, l’ADEFOR, association pour la formation et la recherche à La Métairie, nous pouvons accueillir huit fois par année des conférenciers réputés dans le cadre d’un cycle de conférences dit les «Jeudis de La Métairie». Ces conférences, reconnues comme activité de formation continue et attestées par des crédits de formation, sont suivies par un public fi dèle. Depuis 2008, plusieurs conférences à l’intention du grand public sur des thèmes s’éloignant parfois de la psychiatrie et de la santé mentale ont aussi été proposées. L’association a également permis la mise en place d’une formation continue interne afi n de favoriser les échanges entre les différents corps de métier de la clinique.

Un salon au Jura

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Vers les neurosciences

«Nous devons nous souvenir que toutes nos idées provisoires en psychologie seront probablement un jour basées sur une infrastructure organique»

Freud. Pour introduire le narcissisme (1914)

Diversité des approches «Il existe beaucoup de façons et de moyens de pratiquer la psychothérapie et tous ceux qui aboutissent à la guérison sont bons…Je ne rejette aucune de ces méthodes et en ferais usage si quelque occasion favorable se présentait. C’est pour des motifs purement subjectifs que je me suis réellement consacré à une seule forme de traitement, celle que Breuer a appelé «cathartique» et que je préfère, pour ma part, qualifi er d’analytique…»

Freud. De la psychothérapie (1904)

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Par souci de lisibilité, nous n’avons pas indiqué dans le texte l’origine des citations qui y sont contenues. Elles sont toutes extraites des diverses sources mentionnées ci-après.

Entretiens avec

Claude Bonard, Christian Bryois, • François Ferrero, Jean Forestier, Georges Gabris, Nicola Gervasoni, Jeanine Hugues, Rachel Maniglio, Eliane May, Mireille Moro, Mme Semadeni

Archives cantonales Vaudoises

ACV S 73 1383•

ACV SB 124 257•

ATS Guillerey Marc•

ATS Widmer-Curtat Auguste•

Archives communales de la ville de Nyon

Dossier des mises à l’enquête Métairie•

Dossier de presse Métairie•

Archives de la clinique de La Métairie

Procès-verbaux des assemblées • générales de la SA La Métairie, 2 vol. manuscrits, 1894-1930 et 1931-1952

Procès verbaux des séances du Conseil • d’administration de La Métairie, 3 vol. manuscrits, 1857-1872, 1872-1879, 1900-1918

Registre offi ciel des entrées et des • sorties, manuscrit, 1860-1904

Registre particulier des entrées et des • sorties, manuscrit, 1860-1890

Album du centenaire de La Métairie • 1857-1957, s.l., s.d.

Archives des Rives de Prangins

Les Rives de Prangins• , s.d., introduction de O.-L. FOREL, Luscher, photographe, Nyon, gravure et impression ATAR, Genève

Brêve histoire de l’Hôpital de Prangins • et du secteur psychiatrique ouest, feuillet de présentation, s.d. (années 2000)

Cartons «Homes d’enfants, maisons • d’éducation, hôtels, pensions, stations 1946-54»; «A.A. 1928-30»; «Archives malades 1929-31»; «Correspondance médecins 1930-40»; «1938-52»

Archives du musée d’histoire des sciences de Genève

Jean-Charles COINDET, Rapport • présenté aux actionnaires de la société anonyme La Métairie sur les circonstances qui ont provoqué leur convocation en assemblée générale extraordinaire à Genève pour le samedi 14 décembre 1872, Genève, 1872

Compte rendu du Conseil • d’administration de la société anonyme de La Métairie à l’assemblée générale

des actionnaires tenue à La Métairie sur Nyon, le 2 août 1860, Genève, 1860

Lettre du Dr Coindet au Dr Lombard, • touchant l’infl uence de l’ivrognerie sur la production de l’aliénation mentale dans le canton de Genève, Genève, 1841

Documents relatifs à la destitution • du Dr Coindet, Frédéric RILLIET, La Métairie, Genève, s.d.

Autres sources

Bureau fédéral de la statistique•

Les établissements pour malades en • Suisse de 1936 à 1942, Berne, 1945

BERSOT Henri, Que fait-on en Suisse • pour les malades nerveux et mentaux?: les établissements psychiatriques, les malades, les soins et traitements, le personnel, assistance extra-hospitalière et prophylaxie, préface du Pr LADAME, in Contributions à l’étude des problèmes hospitaliers, cahier n° 9, Berne, 1936

BERSOT Henri, Destins de la • psychiatrie suisse: d’autrefois à aujourd’hui et à demain, préface du Pr LADAME et du Dr REPOND, in Contributions à l’étude des problèmes hospitaliers, cahier n°18, Berne, 1946

BONARD Claude, Aliénistes et • maladies mentales à Genève: un prolongement méconnu de la révolution de mil huit cent quarante six: «L’affaire Coindet», Mémoire de

licence, Faculté de psychologie et des Sciences de l’éducation, Genève, 1984

BONARD Claude, Un médecin • genevois ayant marqué son époque: Jean-Charles Coindet (1796-1876), hygiéniste et aliéniste, in Gesnerus 49: 359-366, 1991

BONARD Claude et CAPT Ghislaine, • A travers les 125 ans de La Métairie. L’évolution de la psychiatrie, in L’hôpital suisse, organe offi ciel de l’Association suisse des établissements hospitaliers (VESKA) 46, 1982

COINDET Jean-Charles, Nouvelle • maison de santé sur les bords du lac de Genève nommée La Métairie fondée pour les malades des classes aisées souffrant d’affections nerveuses et mentales, Genève, 1861

FETSCHERIN Rudolf Friederich, Les • asiles d’aliénés en Suisse, Berne, 1879

FOREL Oscar, La Métairie, Nyon, 1926•

FOREL Oscar, La mémoire du chêne, • Lausanne, 1980

FUSSINGER Catherine & TEVAEARAI • Deodaat, Lieux de folie, monuments de raison: architecture et psychiatrie en Suisse romande, 1830-1930, Lausanne, 1998

FUSSINGER Catherine, Formation des • psychiatres et psychothérapie: regards croisés sur les situations suisse et française, PSN 3: 193-206, 2005

Les services psychiatriques de Genève • 1900-1975, Genève, 1975

Sources et bibliographie

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Page 43: Clinique la metairie

Editeur et copyright Clinique La Métaire

Graphisme Etienne & Etienne, Carouge

Impression Achevé d’imprimer en 1000 exemplaires, dont 200 exemplaires numérotés de 1 à 200, le 30 août 2009 sur les presses de l’imprimerie SRO Kundig, Genève

Exemplaire 1

Cert no. XXX-XXX-XXXX

Remerciements

Les auteurs remercient l’ensemble des collaborateurs présents ou passés de La Métairie qui ont bien voulu leur accorder un entretien, ainsi que les différentes personnes ayant transmis leurs archives privées: Mmes Catherine Gremion, Wanda Lee-Jones, Irène Manighetti, Isabelle Moser et M. Charles Burion.

Les auteurs remercient également Madame Catherine Colin, Directrice Générale de La Métairie, pour son soutien et sa collaboration à l’élaboration de cette publication, ses relectures et ses contributions aux choix iconographiques.

Page 44: Clinique la metairie

Avenue Bois-BougyCH-1260 Nyon

Tél. +41 22 363 20 20Fax +41 22 363 20 01

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Histoire de La Métairie