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© CEF - Centre Européen de Formation 41 Chapitre 3 Rationnement du chien et du chat en bonne santé Chapitre 3 Rationnement du chien et du chat en bonne santé Les formules de calculs d’énergie présentées précédemment sont valables pour des animaux « standards » ayant une activité normale. Il faut maintenant adapter l’apport énergétique à l’animal présent devant soi. L’effet de la race chez le chien, le stade physiologique (croissance, adulte, reproduction) et les pathologies sous-jacentes doivent être pris en compte pour moduler l’apport énergétique. Par ailleurs, ces calculs s’appliquent au plus grand nombre, mais il est toujours nécessaire d’ajuster les apports en réponse au rationnement (évolution du poids). 1. Adaptation raciale du besoin énergétique La race du chien influe sur la dépense énergétique de l’individu, et ce en fonction de différents critères : a. le tempérament (qui définit le niveau d’activité du chien) : un jack russell terrier n’a pas la même activité « naturelle » qu’un pékinois ; b. la fourrure : cela conditionne les déperditions de chaleur, les mieux armés étant les chiens nordiques adaptés au froid (terre-neuve, husky…) ; c. la taille et plus particulièrement la surface corporelle : un lévrier a une grande surface de peau comparé à un bouledogue de même poids. S’ajoute à cela la quantité de muscles de l’animal, qui conditionne comme nous l’avons la dépense énergétique. Ces adaptations sont valables, quel que soit le statut physiologique de l’animal (croissance, adulte, reproducteur ou âgé). Chez le chat, il n’y a pas d’adaptation raciale du besoin énergétique. Seul le tempérament intervient, en dehors du statut physiologique. Le conseil est de toujours choisir l’apport énergétique le plus bas dans le cas où deux solutions se présentent : la variation de poids dans le temps indiquera les ajustements à faire par la suite. Adaptation de l’apport énergétique en fonction de la race du chien. BEE (kcal EM/j) = 130 P 0,75 (P, poids idéal du chien en kg). RACE BESOIN COEFFICIENT À APPLIQUER AU BEE Races nordiques : husky, malamute, terre-neuve… Retriever : labrador, golden Diminué Moins 20 % soit BEE x 0,8 Beagle, cocker Diminué Moins 10 % soit BEE x 0,9 Lévriers, dogue allemand, terriers Augmenté Plus 10 % soit BEE x 1,1

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Chapitre 3 Rationnement du chien et du chat en bonne santé

Chapitre 3 Rationnement du chien et

du chat en bonne santéLes formules de calculs d’énergie présentées précédemment sont valables pour des animaux « standards » ayant une activité normale. Il faut maintenant adapter l’apport énergétique à l’animal présent devant soi. L’effet de la race chez le chien, le stade physiologique (croissance, adulte, reproduction) et les pathologies sous-jacentes doivent être pris en compte pour moduler l’apport énergétique. Par ailleurs, ces calculs s’appliquent au plus grand nombre, mais il est toujours nécessaire d’ajuster les apports en réponse au rationnement (évolution du poids).

1. Adaptation raciale du besoin énergétiqueLa race du chien influe sur la dépense énergétique de l’individu, et ce en fonction de différents critères :

a. le tempérament (qui définit le niveau d’activité du chien) : un jack russell terrier n’a pas la même activité « naturelle » qu’un pékinois ;

b. la fourrure : cela conditionne les déperditions de chaleur, les mieux armés étant les chiens nordiques adaptés au froid (terre-neuve, husky…) ;

c. la taille et plus particulièrement la surface corporelle : un lévrier a une grande surface de peau comparé à un bouledogue de même poids. S’ajoute à cela la quantité de muscles de l’animal, qui conditionne comme nous l’avons la dépense énergétique.

Ces adaptations sont valables, quel que soit le statut physiologique de l’animal (croissance, adulte, reproducteur ou âgé).

Chez le chat, il n’y a pas d’adaptation raciale du besoin énergétique. Seul le tempérament intervient, en dehors du statut physiologique.

Le conseil est de toujours choisir l’apport énergétique le plus bas dans le cas où deux solutions se présentent : la variation de poids dans le temps indiquera les ajustements à faire par la suite.

Adaptation de l’apport énergétique en fonction de la race du chien. BEE (kcal EM/j) = 130 P0,75 (P, poids idéal du chien en kg).

RACE BESOIN COEFFICIENT À APPLIQUER AU BEERaces nordiques : husky, malamute, terre-neuve…

Retriever : labrador, goldenDiminué Moins 20 % soit BEE x 0,8

Beagle, cocker Diminué Moins 10 % soit BEE x 0,9Lévriers, dogue allemand, terriers Augmenté Plus 10 % soit BEE x 1,1

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2. Adaptation aux différents stades physiologiques2.1 Le chaton et le chiot

La croissance est une période essentielle qui conditionne toute la vie de l’animal. Par rapport aux besoins de l’adulte, l’apport de tous les nutriments doit être supérieur chez le jeune.

La croissance s’apprécie par l’augmentation de la hauteur au garrot (croissance staturale) et du poids (croissance pondérale). Alors que la croissance staturale est déterminée génétiquement, la croissance pondérale est directement liée à l’alimentation du chiot ou du chaton : celle-ci doit donc être contrôlée pour éviter les excès.

Les apports énergétiques en fonction de l’âge présentés ci-dessous sont indicatifs et les changements de quantité d’aliment doivent toujours être progressifs. Le coefficient lié à la race doit être appliqué également chez le chiot.

Exemple : un chaton de 10 semaines de 1,1 kg, BE = 60 x (1,1) x 2 = 132 kcal EM/j

Chez le chien, la variété des formats oblige à penser en fonction du poids du chiot par rapport au poids adulte estimé. Dans ce cas, il faut se référer au gabarit des parents, et quand cela est impossible, à une estimation personnelle (standard, race approchante…). Rappelez-vous qu’il vaut mieux sous-estimer que surestimer l’apport énergétique !

Exemple : un « grand » labrador mâle de 4 mois pesant 17 kg.Poids adulte estimé = 35 kg.

(P chiot/P adulte) x 100 = (17/35) x 100 = 48 % ;BE = 130 x (17)0,75 x 1,6 ≈ 1 740 kcal EM/j

Chez le chien, les risques nutritionnels sont différents, que l’on s’occupe des petites races ou des grandes races. Chez les petites races, où le pic de croissance a lieu vers 4 mois, le risque majeur est l’obésité. En revanche, chez les grandes races, le pic de croissance est plus tardif (6 à 8 mois) : c’est la croissance osseuse qui est la plus délicate. L’obésité

ÂGE DU CHAT EN SEMAINES MOIS APPORT ÉNERGÉTIQUENouveau-né 20-25 kcal EM/100 g de poidsAvant sevrage BEE x 4

10 semaines (2,5) BEE x 220 semaines (5) BEE x 1,630 semaines (6) BEE x 1,3

Plus de 40 semaines (> 10) BEE

Adaptation de l’apport énergétique en fonction de l’âge du chat. BEE (kcal EM/j) = 60 x P (P, poids idéal actuel du chaton en kg).

PROPORTION DU POIDS DU CHIOT PAR RAPPORT AU POIDS ADULTE APPORT ÉNERGÉTIQUE

Nouveau-né 25 kcal EM/100 g de poidsAvant sevrage BEE x 3

Poids chiot < 40 % du poids adulte BEE x 2Poids chiot 50 % du poids adulte BEE x 1,6Poids chiot 80 % du poids adulte BEE x 1,2

Adulte BEEAdaptation de l’apport énergétique en fonction de l’âge du chien. BEE (kcal EM/j) = 130 P0,75 (P, poids idéal actuel du chiot en kg).

PIC DE CROISSANCE :période où la vitesse de croissance (gain de poids quotidien) est maximale. La demande énergétique est alors maximale.

PIC DE

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Chapitre 3 Rationnement du chien et du chat en bonne santé

chez le chiot de grande race est cependant fréquente, un chiot dodu (par exemple chez le labrador) est souvent préféré !

Au pic de croissance (caniche : 4 mois ; labrador : 6 mois ; dogue allemand 8 mois), le chiot pèse les deux tiers de son poids adulte, en prenant toujours le poids idéal du chiot. Par exemple, un chiot labrador de 6 mois pesant idéalement 20 kg fera environ 30 kg adulte.

Jusqu’au pic, la croissance du chiot concerne surtout son squelette. Par la suite, sa masse musculaire se développe, en même temps que les caractères sexuels secondaires (qui suivent la puberté). Donner à manger en excès et surtout beaucoup de protéines à un jeune chiot (avant son pic de croissance) n’a jamais développé sa masse musculaire, mais sa masse graisseuse ! Cela induit également une vitesse de croissance rapide, ce qui favorise les troubles ostéoarticulaires chez les chiens de grandes races. C’est une erreur souvent commise par les propriétaires de chien dont l’aspect doit être musclé (« staff », rottweiller…).

La prévention de l’obésité doit débuter dès le sevrage, et pour le propriétaire, dès l’arrivée de l’animal dans le foyer. Un excès d’énergie induit un surpoids (croissance pondérale excessive) qui favorise les déformations du squelette, en particulier chez les chiots de grande race ou de race géante. Cet excès provoque également la multiplication des adipocytes prédisposant l’adulte à l’obésité. C’est pourquoi l’alimentation à volonté (quantité non restreinte) en libre-service est déconseillée.

Une ration quotidienne pesée et répartie en trois ou quatre repas est un mode d’alimentation plus sûr pour les chiots, notamment les gourmands, ou ceux dont les besoins caloriques sont plus faibles que la moyenne (retriever, husky). Le libre-service sera parfois prescrit pour les chiots ayant un besoin calorique élevé (lévriers) et/ou un appétit faible.

Le besoin en calcium du chiot est légèrement supérieur à celui de l’adulte, mais l’excès comme la carence sont dangereux.

L’excès de calcium, par distribution de suppléments de calcium en plus d’un aliment complet, reste trop fréquent. Cet excès est toxique pour la croissance osseuse (ostéochondrose, radius-curvus), notamment chez les chiots de grandes races.

Les carences, associées à des rations ménagères (type viande, légumes, riz, huile) non complémentées en calcium et vitamines donnent lieu à l’ostéofibrose juvénile avec fractures spontanées (maladie dite « des os de papier »).

Ainsi, les propriétaires ne doivent pas distribuer de compléments minéraux et/ou vitaminiques avec les aliments complets industriels (quel que soit le lieu d’achat) sans prescription du vétérinaire. En revanche, une alimentation ménagère doit être systématiquement complémentée en minéraux et vitamines, et toujours sous prescription médicale.

Dans tous les cas, conseiller aux propriétaires de peser l’animal toutes les semaines et de noter sur une feuille (mise dans le carnet de santé) le poids et la quantité d’aliments ingérés. Il est également intéressant de montrer aux propriétaires comment évaluer l’état corporel de leur animal, seul critère utilisable chez l’animal en croissance.

2.2 Le chat et le chien adultes

L’entretien constitue un état stable chez l’animal adulte qui conserve un poids corporel constant, un état général corporel, graisseux et musculaire correct. À partir du calcul de BEE présenté précédemment, il convient d’adapter cet apport aux caractéristiques de l’animal.

ADIPOCYTES :cellules graisseuses.ADDIPI OCYTESES :

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• Adaptation suivant l’activité de l’animalLes adaptations du BE en fonction de l’activité de l’animal sont présentées dans le tableau suivant.

• Adaptation suivant l’âge de l’animalL’âge n’a pas d’effet direct sur les besoins énergétiques de l’animal. C’est plutôt à travers les changements d’activité que cela se fait sentir.

Chez le chat, il y a peu de modifications de la dépense énergétique en fonction de l’âge. L’animal qui vit en appartement… est toujours aussi inactif !

Une diminution du besoin énergétique est sensible quand le chien prend de l’âge, souvent en rapport avec des problèmes physiques (arthrose) ou métaboliques (insuffisance cardiaque).

• Adaptation suivant le statut sexuel de l’animalLa stérilisation diminue de 20 % (chien) à 30 % (chat) le BEE. Ainsi, en continuant à nourrir l’animal comme avant l’intervention chirurgicale, le propriétaire risque de lui faire prendre du poids, surtout s’il est inactif, car l’excès de calories est stocké sous forme de gras.

Il est important de prévenir le propriétaire des risques de surpoids après une stérilisation. Ce n’est cependant pas une fatalité. Conseillez d’emblée pour les animaux inactif une diminution de 20 % des apports caloriques. Là encore, proposez aux propriétaires de peser l’animal (pour le chat, dans son panier) tous les quinze jours suivant l’intervention. Pour les animaux adultes, si le poids augmente régulièrement et dès qu’il dépasse 5% du poids initial, conseillez de faire réévaluer la ration par le vétérinaire. Pour les animaux en croissance, seule l’estimation de l’état corporel permet de suivre l’évolution : proposez aux propriétaires de la faire tous les quinze jours.

Adaptation de l’apport énergétique en fonction de l’activité du chat et du chien. BEE (kcal EM/j) = 130 P0.75 (P, poids idéal du chien en kg) ;

BEE (kcal EM/j) = 60 x P (P., poids idéal du chat en kg).

COMPORTEMENT/ACTIVITÉ APPORT ÉNERGÉTIQUELéthargique/inactif Moins 30 % soit BEE x 0,7

Calme/peu actif Moins 10 % soit BEE x 0,9Normal BEE

Agité/actif Plus 10 % soit BEE x 1,1Hyper agité/très actif Plus 20 % soit BEE x 1,2

QU’EST-CE QU’UN ANIMAL AYANT UNE ACTIVITÉ NORMALE ?Chez le chat, c’est un animal qui peut sortir quand il le veut pour chasser. Chez le chien, c’est un animal qui a également un accès illimité à un grand jardin et qui va passer sa journée à courir après toutes les personnes s’approchant de la propriété. Un chien sortant 1 à 2 heures par jour, même détaché, est un chien peu actif ! Le chat d’appartement est peu actif voire inactif, suivant la taille de l’appartement, l’espace explorable par le chat (endroits en hauteur) et les séances de jeu avec le propriétaire..

STÉRILISATION, QUEL QUE SOIT L’ÂGE APPORT ÉNERGÉTIQUEChat Moins 30 % soit BEE x 0,7Chien Moins 20 % soit BEE x 0,8

Adaptation de l’apport énergétique lors de stérilisation du chien. (BEE (kcalEM/j) = 130 P0.75 ; P, poids idéal actuel du chien en kg)

et du chat BEE (kcal EM/j = 60 x P (poids idéal du chat en kg), quel que soit l’âge de la stérilisation.

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Chapitre 3 Rationnement du chien et du chat en bonne santé

3. L’animal reproducteur3.1 La femelle en gestation

L’idéal est de mettre à la reproduction une femelle adulte, jeune, en bonne santé et de poids correct (ni trop grosse, ni trop maigre). Pendant la gestation, la femelle fournit, en plus de l’entretien de son corps, les nutriments nécessaires à la croissance des embryons puis des foetus (surtout en protéines et minéraux). Plus la portée est nombreuse et plus la gestation avance, plus les besoins de la femelle seront importants. Parallèlement, son appétit diminue en fin de gestation (manque de place pour l’estomac, inconfort…).

Si ses besoins ne sont pas respectés, les conséquences se manifestent chez la femelle et sa portée : mise bas difficile, nouveau-nés peu nombreux et de faible poids induisant une diminution de leur taux de survie, gestation suivante compromise. La ration alimentaire (qualité, équilibre en nutriments, quantité) et les variations de poids de la femelle doivent être régulièrement évaluées depuis la saillie jusqu’à la mise bas.

Jusqu’à la 5e semaine de gestation, les besoins alimentaires de la chienne ne changent pas. En effet, les chiots ne prennent que 20 % de leur poids de naissance pendant cette période. Les 80 % restants seront pris pendant les trois dernières semaines ! C’est pourquoi les apports énergétiques seront augmentés progressivement de 10 % par semaine de la 5e semaine à la mise-bas. Cette augmentation sera modulée en fonction de la taille de la portée (importance de l’imagerie médicale) et des variations de poids de la chienne. La chienne ne doit pas engraisser pendant la gestation : si son état corporel est normal, elle ne doit pas prendre plus de 25 % entre la saillie et les jours qui précèdent la mise bas.

Un aliment « entretien » de bonne qualité convient généralement en début de gestation. En revanche, le passage progressif sur la 5e semaine vers un aliment destiné au chiot est plus adapté. Un tel aliment est plus dense en énergie (davantage de calories au 100 g) et plus riche en protéines (RPC plus élevé). Les rations ménagères (mélange viande, légumes et riz) doivent être adaptées et supplémentées en huile (acides gras) par le vétérinaire et complément minéral et vitaminé adapté. La ration sera fractionnée en trois repas par jour. Chez les chiennes ayant très peu d’appétit ou attendant une portée très nombreuse, l’aliment peut être laissé en permanence à disposition.

Contrairement à la chienne, la lactation chez la chatte dépend des réserves graisseuses présentes à la mise bas. Ainsi, depuis l’accouplement, le poids de la chatte doit augmenter régulièrement, et jusqu’à 50 % de plus en fin de gestation.

Un aliment destiné au chaton est donné en libre-service dès le début de la gestation. Les rations ménagères doivent être adaptées et supplémentées par le vétérinaire en huile (acides gras) et un complément minéral et vitaminé adapté. Chez les chattes en surpoids, il est grandement préférable de les faire maigrir avant la mise à la reproduction plutôt de que les restreindre pendant la gestation !

Incitez le propriétaire à peser régulièrement la femelle gestante à la clinique: tous les quinze jours les cinq premières semaines puis toutes les semaines jusqu’à la mise bas. Il faudra indiquer le poids sur le carnet de santé et dans le dossier médical. Cela permet de faire le point sur l’état de santé de la femelle et d’alerter le vétérinaire en cas d’anomalie, notamment si elle prend trop de poids. Cet accueil et cette attention sont toujours très appréciés des propriétaires.

3.2 La femelle en lactation

La production de lait, et donc les besoins nutritionnels de la femelle allaitante sont directement liés au nombre de petits qui tètent. C’est le stade de la vie qui demande le plus d’apport calorique.

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Les premiers jours après la mise bas, les glandes mammaires produisent le colostrum, liquide épais très dense en énergie et riche en nutriments et immunoglobulines. Lors de la première semaine, il est progressivement remplacé par le lait.

Chez la chatte et la chienne, la sécrétion lactée augmente pour être maximale à la 3e ou 4e semaine. Elle diminue ensuite progressivement et les petits sont sevrés vers la 8e semaine. Cette diminution de lactation est en relation avec la prise progressive par les petits d’un aliment solide (celui de la mère). Un abreuvement insuffisant entraîne une chute de la production lactée : mettre impérativement près de la femelle un bol d’eau fréquemment renouvelée. L’aliment « croissance » consommé pendant la gestation est toujours présenté en libre-service, chez la chatte comme chez la chienne. En général, la chatte peut être plus maigre qu’au début de la gestation, surtout si elle a une portée nombreuse. La chienne retrouve le plus souvent son poids de saillie à la fin de la lactation.

La pesée régulière des chatons et des chiots par le propriétaire est indicative de la qualité de la lactation. Cependant, des petits vigoureux, régulièrement repus sont la preuve d’une lactation suffisante. Le poids de la mère et l’état de ses mamelles doivent être régulièrement suivis.

Après le sevrage de la portée, la femelle doit récupérer un état corporel satisfaisant avant toute nouvelle mise à la reproduction.

3.3 Le mâle reproducteur

Les besoins énergétiques des mâles reproducteurs représentent ceux d’un animal normalement actif. Des saillies trop fréquentes nuiront à la qualité du sperme avant de faire maigrir l’animal !

BE (kcal EM/j) = BEE x race x stade physiologique x activité ; avec BEE = 130 x PO,75

IMMUNOGLOBULINES :protéines présentes dans le lait maternel, et aidant à la défense de l’organisme contre les agressions.

IMMMUNOGLOOBULB INEEESSS :S

RACE COEFFICIENT

Races nordiques x 0,8

Beagle, cocker x 0,9

Lévriers, dogue allemand,

terriersx 1,1

STADE PHYSIOLOGIQUE COEFFICIENT

Croissance

Nouveau-né 25 kcal EM 100 g

Avant sevrage x 3

Poids chiot < 40 % du poids adulte x 2

Poids chiot 50 % du poids adulte x 1,6

Poids chiot 80 % du poids adulte x 1,2

Gestation (5e à mise bas) + 10 % /semaine

5e - 6e, semaine x 1,1

6e - 7e, semaine x 1,2

7e - 8e semaine x 1,3

8e semaine - mise bas x 1,4

Lactation = alimentation croissance en libre-service

Adulte x 1

Stérilisation x 0,8

ACTIVITÉ COEFFICIENT

Léthargique/ inactif x 0,7

Calme/peu actif x 0,9

Normal x 1

Agité/actif x 1,1

Hyper agité/ très actif x 1,2

Récapitulatif du calcul du besoin énergétique du chien.

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Chapitre 3 Rationnement du chien et du chat en bonne santé

BE (kcal EM/j) = BEE x stade physiologique x activité ; avec BEE = 60 x P

4. Rationnement ménagerUne ration ménagère est plus chère, en tant que coût quotidien, qu’un aliment complet industriel, même de très bonne qualité. C’est principalement dû au prix de la viande « noble » issue de la consommation humaine. Elle demande également du temps, et doit être préparée fréquemment, même s’il est toujours possible de congeler des portions.

Malgré tous ces inconvénients, certains propriétaires ne veulent pas donner autre chose à leur animal. Il est important de les écouter et de les entendre. Forcer la vente d’un paquet de croquettes est toujours possible mais vous allez au devant de problèmes. Si l’animal les refuse, vous perdez votre crédibilité auprès du propriétaire. Si l’animal le mange, et parfois de façon gloutonne, il y a de fortes chances pour qu’il développe des troubles digestifs (diarrhée, vomissement). Vous pouvez imaginer les conséquences en terme d’image pour vous mais également l’institut pour lequel vous travaillez (clinique, animalerie, salon de toilettage…) !

Vous êtes en revanche parfaitement dans votre rôle de vente, de soin et/ou de conseil lorsque vous demandez ce que mange l’animal et si c’est « comme nous », vous devez aller plus loin pour détecter les erreurs les plus grossières. La ration ménagère complète et équilibrée est toujours possible, mais elle doit être vérifiée par un vétérinaire. En effet, le simple mélange de viande, de riz et de légumes ne couvre pas les besoins en acides gras essentiels, minéraux (surtout le calcium) et vitamines. Les indications présentées ici vous permettront de juger de la ration donnée par le propriétaire et d’en corriger les erreurs les plus grossières, en attendant l’évaluation par un vétérinaire.

4.1 Principe du rationnement

Le rationnement ménager consiste à mélanger des aliments frais de la consommation humaine. Cinq ingrédients sont indispensables pour apporter la quarantaine de nutriments essentiels :

• les protéines : l’apport de viande doit couvrir les besoins en acides aminés essentiels ; • il faut ajouter de l’huile qui apportera les acides gras essentiels ; • les minéraux et vitamines, en général apportés sous forme de spécialités vétérinaires ; • les fibres (légumes) ne sont pas vitales mais assurent une bonne hygiène digestive

et apportent du volume à la ration ; • les glucides sont apportés principalement sous forme d’amidon. Ils ne sont pas

indispensables chez le chat.

Récapitulatif du calcul du besoin énergétique du chat.

STADE PHYSIOLOGIQUE COEFFICIENT

Croissance

Nouveau-né 20-25 kcal EM 100 g

Avant sevrage x 4

10 semaines (2,5 mois) x 2

20 semaines (5 mois) x 1,6

30 semaines (6 mois) x 1,3

Plus de 40 semaines (> 10 mois) x 1

Gestation (depuis le 1er jour) = alimentation croissance en libre-service

Lactation = alimentation croissance en libre-service

Adulte x 1

Stérilisation x 0,7

ACTIVITÉ COEFFICIENT

Léthargique/ inactif x 0, 7

Calme/peu actif x 0,9

Normal x 1

Agité/actif x 1,1

Hyper agité/ très actif x 1,2

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La méthode la plus simple est de calculer une ration à partir d’une ration ménagère type. Celles présentées ici contiennent 200 kcal EM pour le chat et 1 000 kcal EM pour le chien. Ce ne sont que des exemples, les recettes étant déclinables quasiment à l’infini. Il suffit alors d’appliquer un coefficient correspondant au rapport des apports énergétiques entre le BE et la ration-type à chaque ingrédient (Q = BE/200 pour le chat ; BE/1 000 pour le chien).

Exemple : un chat adulte non stérilisé de 4 ans n’aimant pas le riz (ration n°2).BE = 60 x 4,5 = 270 kcal EM ; BE/200 = 1,35, coefficient à appliquer à chaque ingrédient soit pour la ration d’une journée :Poisson : 100 x 1,35 = 135 gHuile : 12 x 1,35 ≈ 16 g (soit 1cuillère à soupe+1cuillère à café)Légumes : 50 x 1,35 ≈ 65 gCMV : 3 x 1,35 ≈ 4 g

La différence suivant le format du chien se porte principalement sur l’apport protéique, celui-ci devant être plus important plus le format du chien est grand. Ainsi, un petit chien peut consommer indifféremment toutes les rations, un chien de format moyen celles des chiens de grands formats.

Exemple : un caniche adulte non stérilisé de 2 ans de 7 kg , normalement actif.BE = 130 x 70,75 = 560 kcal EM ; BE/1000 = 0,56, coefficient à appliquer à chaque ingrédient soit pour la ration d’une journée (petit format, viande) :Viande : 200 x 0,56 ≈ 110gHuile : 24 x 0,56 ≈ 12 g (soit 1 cuillère à soupe ou 3 cuillères à café)Légumes : 350 x 0,56 ≈ 200 gRiz : 360 x 0,56 = 200 g cuit ou 65 g sec avant cuissonCMV : 12 x 0,56 ≈ 6 g

Rations ménagères type pour chat en bonne santé contenant chacune 200 kcal EM.

INGRÉDIENTS RATION N°1 RATION N°2Viande maigre (1) 75 g 0

Lieu noir ou colin (2) 0 100 gHuile de colza ou de soja (3) 8 g 12 g

Légumes verts cuits (4) 50 g 50 gRiz blanc cuit (soit en riz sec) 15 g (5 g) 0 g

CMV (5) Ca/P = 2 (15,5 % Ca) 3 g 3 g

(1) Viande maigre = boeuf haché 5 % de matières grasses, blanc de volaille sans peau, porc sans gras, viande de cheval.(2) Le thon (au naturel) et le saumon peuvent être considérés comme de la viande maigre.(3) 1 cuillère à café d’huile = 4 g d’huile ; 1 cuillère à soupe = 3 cuillères à café = 12 g d’huile.(4) Légumes verts = haricots verts, carottes… Si ce sont des légumes frais ou surgelés, rajouter une pincée de sel dans l’eau de cuisson.(5) CMV : complément minéral et vitaminique (prescription vétérinaire).

INGRÉDIENTS PETIT FORMAT < 10 KG

FORMAT MOYEN 10 25 KG

GRAND FORMAT > 25 KG

Viande maigre (5%MG) 200 g 0 250 g 0 275 g 0Lieu noir ou colin 0 240 g 0 260 g 0 300 g

Huile de colza ou soja 24 g 32 g 24 g 32 g 20 g 24 gLégumes Verts cuits 350 g 350 g 400 g 350 g 400 g 450 g

Riz blanc cuit (soit en riz sec) 360 g (120) 360 g 290 g (95) 330 g (110) 290 g (95) 330 g (110)CMV Ca/P = 2 (15,5%Ca) 12 g 12 g 12 g 12 g 12 g 12 g

Rations ménagères types pour chien en bonne santé selon son format contenant chacune 1 000 kcal EM.

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Chapitre 3 Rationnement du chien et du chat en bonne santé

4.2 Qualité des aliments et hygiène alimentaire

La qualité des matières premières doit être correcte, tant d’un point de vue nutritionnel que sanitaire. Si la cuisson poussée des féculents est indispensable à l’utilisation de l’amidon (le riz ou les pâtes doivent être très cuits et non rincés), ce n’est pas le cas de la viande. Sa cuisson diminue ses qualités nutritionnelles (par exemple la taurine).

4.3 Les erreurs et les idées reçues

La première erreur dramatique est le régime « tout viande » donné au chat. Souvent le propriétaire s’aperçoit que le chat apprécie la viande et boude de plus en plus les autres aliments : soit il trie les autres ingrédients (légumes…) soit il ne mange plus les autres aliments complets industriels. Ce n’est pas l’excès de protéines qui est dangereux, mais l’absence de calcium. Comme nous l’avons déjà évoqué précédemment, le calcium est régulé : pour conserver une calcémie normale, l’organisme va donc le chercher dans les os : le squelette se déminéralise progressivement. Le chat est un carnivore strict mais quand il consomme une souris, il mange la totalité de la proie : muscles (protéines), organes (protéines, vitamines, minéraux), viscères (protéines bactériennes, vitamines, fibres, glucides), squelette (minéraux)…

La consommation régulière de foie est dangereuse. Comme nous l’avons vu, le foie stocke les vitamines A et D, ainsi que certains métaux. Le risque d’une intoxication à la vitamine A est alors important. Il ne faut pas donner du foie plus d’une fois par semaine, et juste comme friandise !

Le lait est souvent donné aux chats, plus rarement aux chiens. Les lactases, enzymes qui permettent de digérer le lactose contenu dans le lait, sont présentes chez tous les mammifères en croissance et disparaissent progressivement au sevrage. Il est possible néanmoins, et nous en sommes un exemple, qu’une activité résiduelle subsiste permettant de digérer des petites quantités de lait. Cependant, les adultes sont moins tolérants au lait que les jeunes. Le risque est d’induire une diarrhée. C’est également le cas avec des produits laitiers non fermentés comme les petits suisses ou le fromage blanc. L’utilisation de yaourt diminue le risque de d’intolérance alimentaire (utilisation du lactose par les bactéries responsables de la formation du yaourt). Il existe aussi du lait pour chat contenant peu ou pas de lactose. Attention seulement à l’apport calorique. Chez un chat qui en consomme régulièrement sans problème digestif, il n’y a pas de raison de l’arrêter. On peut plus simplement donner du lait coupé d’un peu d’eau, cela augmentera la prise de boisson chez le chat, ce qui est une chose utile.

La ration ménagère n’est pas à encourager car l’équilibre nutritionnel demande un peu d’attention. Cependant, pour les inconditionnels, pouvoir les conseiller et les aider à adapter la ration aux besoins de l’animal est un service indispensable à fournir.

La solution la plus simple est celle d’un aliment industriel complet. Cela ne doit pas diminuer la qualité du conseil et surtout la personnalisation à chaque animal du choix de l’aliment et de sa quantité.

5. Rationnement industrielComme nous l’avons vu dans le paragraphe précédent, réaliser une ration ménagère équilibrée n’est pas simple et exige une supplémentation rationnée pour éviter tout risque de carence ou d’excès. L’avantage des aliments industriels est leur facilité d’emploi (aliment complet) et leur coût.

La majorité des propriétaires de chiens ou de chats nourrissent leur animal avec des produits industriels. Vous serez donc confronté à leurs questions et aurez comme devoir de les renseigner au mieux et en toute honnêteté.

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Alimentation du chien et du chat

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Les trois quarts des propriétaires achètent les aliments pour leur chien ou leur chat en grandes surfaces, dont un tiers en magasins spécialisés (jardinerie, salon de toilettage, coopérative…), et 10 % chez un vétérinaire. C’est un marché en pleine expansion. La qualité des aliments vendus et la personnalisation du conseil font que vous avez tous les atouts pour fidéliser une clientèle et vous placent en interlocuteur privilégié.

Ce paragraphe est destiné à vous informer sur la fabrication des aliments industriels pour chats et pour chiens en vue de répondre aux questions des propriétaires d’animaux et de les conseiller au mieux.

5.1 Les matières premières, la fabrication et la sécurité alimentaire

Les aliments pour chiens et chats sont commercialisés avec les produits de consommation humaine (supermarchés). À ce titre, le Code de la consommation s’applique en matière de sécurité, de santé, de loyauté des transactions commerciales et de protection du consommateur. Tout ce qui est écrit sur l’étiquette d’une boîte ou d’un sac de croquettes est soumis à la réglementation, que les mentions soient obligatoires ou facultatives. Le Code des réglementations et des bonnes pratiques, établis par la FACCO répertorie les différentes législations européennes et précise leurs modalités d’emploi concernant les matières premières (sous-produits animaux, farine végétale…), l’identification de ces matières, la composition des aliments, leur appellation et le conditionnement des produits finis.

Les aliments pour chiens et chats permettent de valoriser des produits issus de l’agriculture et de l’élevage et qui ne seraient pas consommés par l’homme. Ce sont les viandes non consommées dans l’alimentation humaine – excédents (foie, rognons, coeur) ou morceaux non habituellement consommés (poumons, mamelle) – ou des éléments issus de la production du suif ou de saindoux, de découpe de volailles (carcasses, sous-produits de découpe), du filetage des poissons (formation des filets). Ces produits sont issus d’animaux abattus en abattoir et sont donc déclarés propres à la consommation humaine. Ils sont exempts de maladies transmissibles aux humains et aux animaux (par exemple l’ESB). L’industrie n’utilise pas de farines provenant d’équarrissage (cadavres, saisies sanitaires d’abattoir…). Ces matières sont détruites par incinération.

L’ensemble de la chaîne de fabrication d’aliments pour chiens ou pour chats depuis la collecte des matières premières, en passant par les unités de fabrication et jusqu’aux stocks du produit fini est soumis à des règlementations strictes (certification des fabricants d’aliments aux normes de qualité ISO 9000). Les établissements utilisateurs de ces denrées (réfrigérées, congelées ou sous forme déshydratée) mettent en oeuvre des méthodes d’analyse des risques et de maîtrise des points critiques (méthode HACCP). Elles garantissent ainsi la qualité des produits qui entrent et qui sortent de leur usine, exercent des contrôles réguliers de qualité et mettent en place un système permettant la traçabilité de chaque lot expédié. Les établissements sont par ailleurs régulièrement contrôlés par des organismes indépendants (Direction des services vétérinaires, Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes).

De plus, des analyses sur l’aliment garantissent sa conformité aux recommandations définies par l’AAFCO et le NRC (Nutrient Requirements Council), les deux organismes internationaux qui ont valeur de référence pour l’alimentation animale.

Tous les nutriments nécessaires aux besoins du chien et du chat sont obtenus à partir de mélanges de viandes, de poissons, de céréales, de légumes et par des compléments (vitamines et minéraux).

Pour les aliments humides, les matières premières sont mélangées (viandes, céréales, sels minéraux, vitamines, gélifiants…), cuites, conditionnées en boîtes, sachets ou barquettes puis stérilisées. Les aliments en boîte sont généralement riches en protéines et riches

FACCO :Chambre syndicale des fabricants d’aliments préparés pour les animaux familiers (chiens, chats, oiseaux, rongeurs).SUIF :produit résiduel obtenu à partir de la fonte de la graisse animale (mouton, boeuf). Source de lipides dans l’alimentation animale.ESB :encéphalite Spongiforme bovine = maladie de la « vache folle ».HACCP : [ �\�������������$�évalue et maîtrise les dangers menaçant la salubrité des aliments.TRAÇABILITÉ :proccess possibilité de retrouver la trace de toutes les étapes de fabrication d’un produit, ainsi que la provenance de ses composants.

FACCC O :

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Chapitre 3 Rationnement du chien et du chat en bonne santé

en matières grasses. Dans ces produits, il est ajouté des additifs texturant donnant les apparences de gelée, par exemple.

Pour les aliments secs, les matières premières mélangées subissent la cuisson-extrusion. C’est un procédé technologique qui consiste à faire subir à la préparation une haute température et une haute pression pendant un court instant puis de la faire passer dans un tamis. Ce tamis donne la forme des croquettes. C’est la cuisson puis l’expansion de l’amidon qui donne la forme et la texture des croquettes. Les croquettes sont donc riches en amidon (au moins 30 % de MS). Des produits d’enrobage ne supportant pas le procédé (vitamines, matières grasses, arômes) sont ensuite pulvérisés sur les croquettes. Les aliments sont directement conditionnés dans des sacs étanches, certains même sous des atmosphères contrôlées (remplacement de l’oxygène par de l’azote) garantissant ainsi une bonne conservation de l’aliment. Cependant, tout sac entamé doit être consommé rapidement (dans le mois de préférence), et conservé dans un endroit sec à l’abri de la lumière. Pour les chiens de petites races ou les chats, il vaut mieux acheter des petits conditionnements.

5.2 L’étiquette des aliments : informations disponibles

Il y a quatre catégories d’aliments industriels pour chats et pour chiens :

- les aliments complets : tous les besoins nutritionnels d’un animal en bonne santé sont assurés par l’aliment, à l’exception de l’eau ;

- les aliments complémentaires (exemple : flocons, saucisson de viande…) : ils doivent être associés à d’autres aliments pour constituer la ration complète de l’animal ;

- les aliments à objectifs nutritionnels particuliers : ce sont les aliments diététiques. Ils ne sont vendus qu’en circuit vétérinaire et sont destinés aux animaux malades (obésité, insuffisance rénale…) ;

- les friandises (complément alimentaire) : elles ne couvrent pas les besoins nutritionnels de l’animal et ne doivent être distribuées qu’en petite quantité.

5.3 Le cadre légal

Comme nous l’avons dit précédemment, tout ce qui est écrit sur l’étiquette d’une boîte ou d’un sac de croquettes est soumis à la réglementation, que les mentions soient obligatoires ou facultatives.

Ces mentions sont regroupées dans un espace réservé. Les mentions « aliment complet » (ou « aliment complémentaire ») et l’espèce concernée doivent être clairement écrites.

La liste des ingrédients, cités dans l’ordre décroissant de leur importance en poids, y figure également. Plus la liste est détaillée, plus la formule de la recette est fixe. Une formule « vague » (« viandes » par exemple) autorise le fabricant à modifier les matières premières en fonction des approvisionnements. La composition de l’aliment peut ainsi varier d’un lot à l’autre.

ALIMENT COMPLET EN BOÎTE POUR CHAT, GRANDE DISTRIBUTION

ALIMENT COMPLET DIÉTÉTIQUE EN BOÎTE POUR CHAT, VÉTÉRINAIRE

Ingrédients : viandes et sous-produits animaux (dont canard 4 %), céréales, légumes (olives 4 %

dans la sauce), substances minérales, sucres.

Ingrédients : porc, foie, poulet, graisses animales, riz moulu, amidon de maïs (seuls les six premiers

sont indiqués).

Comparaison de la liste d’ingrédients de deux aliments pour chat en boîte.

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Alimentation du chien et du chat

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La mise en avant d’une matière première dans la présentation du produit – « pâté au poulet » par exemple – impose d’indiquer un pourcentage d’incorporation dans la liste des ingrédients.

5.4 L’analyse moyenneL’analyse moyenne ou analyse garantie des constituants comprend la teneur en protéine brute, matières grasses brutes, cendres brutes, cellulose brute et humidité (facultative pour les croquettes). Ces valeurs sont le plus souvent exprimées en pourcentage (gramme pour 100 grammes d’aliment : ainsi 26 % de protéines correspond à 26 g de protéines pour 100 g d’aliment). Les autres constituants (sodium, calcium, phosphore…) sont indiqués de façon facultative. Lorsque les teneurs sont mentionnées, le fabricant s’engage à ce qu’elles soient exactes.

Les cendres (ou quantité totale de minéraux) correspondent à ce qui reste après la combustion totale (3 heures à 550-600 °C) de l’aliment.

Le taux d’humidité d’un aliment défini sa catégorie : un aliment sec contient moins de 14 % d’humidité (croquettes) et un aliment en conserve (humide) plus de 60 % (boîtes et sachets, souvent autour de 80 %). Entre ces deux pourcentages, l’aliment est semi-humide (« saucissons »).

Tout additif ajouté – colorant, conservateur, antioxydant – doit être agréé (présent sur une liste validée par l’Union européenne). Il est mentionné en ajoutant « additif CE ». Si des vitamines sont incorporées, seules les teneurs en vitamines A, D3 et E sont obligatoires. La teneur indiquée correspond alors à celle présente à la date de durabilité minimale (« à utiliser de préférence avant »). De même, l’ajout de cuivre dans l’aliment s’accompagne de l’indication du nom spécifique de l’additif et de la teneur ajoutée.

Les renseignements, nom (ou raison sociale) et adresse du fabricant (ou son siège social), pays d’origine et numéro d’agrément de l’établissement complètent les mentions obligatoires. Elles sont parfois difficiles à comprendre (codage) mais il est indispensable de les noter et de les rappeler en cas de litige. La date de fabrication ou le prix sont des mentions facultatives.

5.5 Le mode d’emploi de l’aliment

Un mode d’emploi concernant la situation physiologique de l’animal (croissance, adulte ou senior), la mise à disposition de l’eau pour les aliments secs ou les conditions de conservation sont également précisés. Une quantité journalière indicative, en boîte ou grammes, en fonction de l’âge ou du poids de l’animal est souvent disponible. Ce n’est qu’un ordre de grandeur ! Cette quantité doit être personnalisée. C’est ici que le conseil professionnel est un plus par rapport aux aliments vendus en grande surface.

DÉNOMINATION QUALITATIVE DU PRODUIT

QUANTITÉ PRÉCISÉE DANS LA LISTE DES MATIÈRES PREMIÈRES

« au goût de poulet » Quantité de poulet < 4 %« au poulet » ou « avec du poulet » Quantité de poulet entre 4 % et < 14 %

« riche en poulet » Quantité de poulet entre 14 % et < 26 %« marque poulet » Quantité de poulet entre 26 % et <100 %

« tout poulet » Viande de poulet à 100 %

Règles d’utilisation de certains qualificatifs.

À SAVOIRLa densité énergétique (DE) de l’aliment n’est pas indiquée sur les emballages, mais elle est présente dans les clés des produits vendus chez le vétérinaire (guide d’aliments ou « product book ») ; sinon vous pouvez la calculer vous-même).

À SAVOIR

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Chapitre 3 Rationnement du chien et du chat en bonne santé

5.6 Les informations données sont-elles suffisantes pour choisir un aliment ou les comparer ?

Les indications sur l’étiquette de l’aliment sont nettement insuffisantes quant au choix d’un aliment pour un animal présentant un trouble organique nécessitant une alimentation contrôlée. Le passage à des aliments diététiques vétérinaires est alors souvent incontournable.

Par exemple, la teneur en sodium (Na), reflétant la teneur en sel, n’est pas une mention obligatoire. Pour des raisons médicales (exemple : insuffisance cardiaque, hypertension artérielle, oedème), certains animaux doivent en recevoir peu dans leur alimentation. L’utilisation d’aliments complets dont la teneur est connue est obligatoire. Il faut savoir que les aliments de grande distribution sont en général très riches en sel, car c’est un facteur d’appétence, mais également très riches en minéraux (présence de carcasses dans la recette).

Par ailleurs, vous avez la teneur en protéines, mais aucune information sur leur qualité. Les protéines issues de la viande (morceaux nobles) sont de meilleure qualité que celles issues des sous-produits animaux. Seule une lecture de la liste des ingrédients peut vous orienter. Ayez la curiosité de lire les étiquettes des aliments vendus en grande surface et de les comparer à celle que vous retrouvez chez le vétérinaire ou en animalerie !

La comparaison entre deux aliments ne peut pas se faire en lisant les quantités brutes des constituants. Par exemple, un aliment humide à 7,5 % de protéine brute et 81,5 % d’humidité contient-il moins, autant ou plus de protéines que l’aliment ayant 8,9 % de protéine brute et 78 % d’humidité ?

Autant ! Ces deux aliments contiennent tous les deux environ 40,5 % MS en protéines. Ainsi, le propriétaire n’a aucun moyen de comparer facilement les aliments entre eux à partir de l’étiquette (analyse moyenne), en dehors de la liste des ingrédients (comparaison des matières premières utilisées). Il est important de le leur dire, car souvent, ils comparent les aliments que vous leur vendez avec les aliments de supermarché.

Les quantités préconisées sur l’emballage ne sont qu’indicatives. Seule une pesée régulière de l’animal permet de savoir si l’apport énergétique est adéquat (poids optimal stable). À la clinique, la pesée à chaque visite, et la mention de ce poids dans le dossier médical et dans le carnet de santé sont de règle. Elle permet d’indiquer au propriétaire les variations, et au vétérinaire de les interpréter.

Toute anomalie de pelage (poils ternes, présence de squames…), tout trouble digestif persistant (selles molles et malodorantes, flatulences) doit amener à s’interroger sur l’alimentation. Demandez alors au propriétaire d’apporter l’emballage de l’aliment, ainsi que les quantités données à l’animal.

5.7 La lecture des « product books »

La matière sèche (MS) est souvent une unité de référence dans les fiches de produits. Elle correspond au poids de l’aliment auquel on a retiré l’eau (humidité). Cela permet de comparer des aliments contenant des teneurs différente en eau (aliment en boîte et croquettes, par exemple). Les valeurs de référence pour les besoins en nutriments sont souvent indiquées en % de la MS. La quantité que l’animal mange est aussi importante et dépend de la densité énergétique. Les informations fournies dans les « product books » sont complètes tant en composition qu’en densité énergétique. Habituez-vous à les manipuler et à les déchiffrer (ce qui n’est pas toujours facile !). Ce sont des aides utiles quand il s’agit de calculer la quantité d’aliment à donner à un animal.

FLATULENCES :����� � ����������pour désigner l’expulsion d’air ou de gaz par l’anus (= pet).

FLATA ULENCECES :

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C’est une opération rapide, qui peut être faite devant le propriétaire à qui vous aurez demandé d’apporter l’étiquette.

Plus l’aliment complet a une densité énergétique élevée, plus le volume donné à l’animal sera réduit. C’est tout le problème des croquettes : le propriétaire trouve bien souvent ridicule la quantité d’aliment prescrit et donc souvent en augmente la quantité d’où les risques d’obésité.

Calculer le besoin énergétique – et donc la quantité d’aliments à distribuer chaque jour – vous permet de donner le coût de l’alimentation : par jour mais aussi de préciser quel sac prendre et combien de temps il durera. Et comme toujours, seul le suivi du poids et de l’état corporel de l’animal permettra d’ajuster au mieux la quantité d’aliment à distribuer.

5.8 Grande variabilité de la densité énergétique des aliments industriels

Il faut savoir que les aliments vendus en cliniques vétérinaires sont souvent plus denses en énergie. Les écarts peuvent être très importants, jusqu’à 30 % de différence chez le chien entre l’aliment de densité énergétique la plus basse et celui de densité énergétique la plus haute.

CALCUL DE LA DENSITÉ ÉNERGÉTIQUE D’UN ALIMENT^��\ ��;������������_� ��������������������������$���� ����de diviser cette valeur par la densité énergétique (DE) de l’aliment en kcal EM/g d’aliment. Si elle n’est pas disponible, il est aisé de la calculer.R����� �������� ����� ����� ��DE (kcal EM/100 g d’aliment) = (% P x 3,5 kcal/g) + (% ENA x 3,5 kcal/g) + (% L x 8,5 kcal/g)Avec P = protéines ; ENA = glucides assimilables ; L = lipides (ou matières grasses)La teneur en glucides (ENA n’est pas disponible, mais peut {�����������������|�����@ENA (extractif non azoté) = 100 - % Humidité - % P - % L - % Cendres - % Cellulose brute.CALCUL DE LA QUANTITÉ D’ALIMENT À ALLOUERLa quantité d’aliment est la valeur du besoin énergétique de l’animal divisé par la densité énergétique en kcal/g.Quelle est la quantité nécessaire de l’aliment précédent pour couvrir les besoins d’un chat de 4 kg ayant un besoin énergétique de 240 kcal EM par jour ?��������� ����� ���TY#���#$?����Z##������������������������� ����Z##�����������> ���������������Z�_��� ����+##�������jour)

Comparaison de la densité de quelques aliments industriels complets pour chiens adultes en croquettes vendus en grande surface (de 1 à 6) et chez le vétérinaire ou en magasin spécialisé (7 à 14).

30% de différence!

DE

(kca

l/10

0g)

Aliment1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14

Comparaison de DE d’aliments secs pour chien

200

250

300

350

400

450

325 333332

389382 406

395394

423

373 389396

328327

À SAVOIRL’écart est encore plus important dans les aliments complets ����������������������|������;���� ���&�40 % !

À SAVOIR

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Chapitre 3 Rationnement du chien et du chat en bonne santé

Chaque marque et chaque produit a ses caractéristiques en terme de composition et de densité énergétique : il ne faut donc pas changer un aliment pour un autre « pareil » sans réévaluation de la ration (qualité et quantité).

6. Distribution des aliments et transition alimentaire6.1 Mode de distribution des alimentsLe nombre de repas par jour doit s’adapter au comportement alimentaire de l’espèce.

Le chien peut être nourri avec un nombre limité de repas : 1, 2 ou 3 par jour. Pour les animaux « réclamant » souvent, il est conseillé d’augmenter le nombre de repas, cela limitera la tentation des propriétaires de donner des friandises à leur chien. Pour les chiens de grande taille, au moins deux repas sont conseillés, et ceux-ci disposés à hauteur de gueule.

Pour le chat qui a une activité normale de prédation et d’exploration d’un vaste territoire, la nourriture laissée à disposition est une bonne solution. Si l’animal est stérilisé et en appartement, les risques de surpoids et d’obésité sont importants. Dans ce cas préférez plusieurs petits repas par jour : 1 ou 2 le matin avant de partir au travail, un quand le premier rentre et 2 ou 3 dans la soirée. Pour les croquettes, on peut les disposer dans des « balles distributrices » (attention tout de même aux taches sur la moquette !) ou les cacher par deux ou trois dans différents endroits de l’appartement. Les aliments humides en revanche ne doivent pas rester à l’air trop longtemps pour des raisons sanitaires.

Cependant, il n’y a pas de règles absolues : tout dépend de l’état corporel de l’animal !

6.2 Le changement alimentaire et ses dangers

Tout changement d’alimentation doit se faire progressivement. Comptez cinq jours à une semaine chez le chien et une semaine à dix jours pour le chat, en mélangeant l’ancien et le nouvel aliment. Dans les deux espèces, cette transition assure une adaptation du système digestif et en particulier de la capacité de digestion enzymatique. Une nouvelle source d’aliment ou en quantité excédentaire par rapport à la ration précédente entraîne une digestion incomplète, et donc des risques de diarrhée par fermentation et putréfaction au niveau du côlon. Chez le chat, animal très sensible en terme de choix alimentaire, cette transition lente limitera les risques de refus.

7. Les friandisesToutes les friandises humaines sont à proscrire. Elles sont très caloriques et apportent en excès des sucres et des graisses.

Les nombreuses friandises disponibles pour chien ou pour chat sont plus adaptées. Elles restent néanmoins riches en calories (comme une croquette) et très souvent riches en minéraux (sel, phosphore). Ainsi, les animaux ayant des besoins nutritionnels particuliers ne doivent pas consommer ces friandises sans avis du vétérinaire et sont en première intention à proscrire.

Alors quelle friandise ? L’idéal pour le chien est de proposer un bout de fruit ou de légume. Pour un labrador, une demi-pomme par jour est correcte : cela représente environ 30 kcal. Pour le chat, une cuillère à café de yaourt nature sans sucre (65 kcal les 125 g) ou un peu de viande (10 g par jour). Mais encore une fois, attention à l’ajout de viande chez le chat !Tous les apports sont évidemment à déduire de l’apport calorique quotidien, et ne doivent pas excéder 10 % de l’apport énergétique total.