centrales nucleaires et environnement. ·  · 2013-04-14mais si le principe de base est commun ......

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ORDRES DU JOUR - COMPTES RENDUS - MISES AU POINT

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CENTRALES NUCLEAIRES ET ENVIRONNEMENT .MISE AU POIN Tpar Philippe LEBRETON (suite).

Et pour mesurer à la fois la fragilité de l'opinion des défenseurs d el'atome et la justesse des prévisions prudentes des biologistes, il suffitde comparer à quelques années d'intervalle les déclarations de deuxPrésidents américains :

1956 : « Le maintien des essais de la , bombe, effectués sous l econtrôle des personnalités scientifiques les plus sérieuses et les plu scompétentes qui soient, ne met pas en péril la santé de l'humanité . »(EISENHOVER . )

1964 : « Les poisons radioactifs des retombées commençaient àmenacer la sécurité de l'Homme dans le monde entier et constituaientun danger grandissant pour la santé de chaque enfant à naître . »(J OHNSON. )

Le problème des retombées allait trouver sa conclusion partiell eavec la signature de l'accord international d'interdiction des essais nu-cléaires atmosphériques, signé le 5 août 1963 par les deux Président saméricain et russe, accord depuis ratifié par 100 nations, à l'exceptionde la France et de la Chine communiste.

3 . LES REACTEURS DE PUISSANCE .Les radioéléments ne présentent pas que des méfaits pour l'espèce

humaine ; le développement des sciences depuis la dernière guerre doi tsans doute beaucoup à l'implantation de piles ayant permis la pro-duction de substances radioactives . Parmi celles-ci mentionnons le s« traceurs » rendant de grands services pour l'étude de réactions chimi-ques : le cycle complexe du Carbone n'a pu être élucidé par CALVI Nqu'en mettant en oeuvre l'isotope radioactif Carbone 14, « pistant » le ga zcarbonique dès son entrée dans le végétal et jusqu'à sa transformatio nen sucres par la photosynthèse . Quelques applications sont aussi connuesdans l'industrie (détection de fuites, de niveaux, etc .) et en médecine(traitement de maladies malignes, en raison de la très grande radio -sensibilité des tissus jeunes ou « néoformés » [= cancers]) .

Mais ces applications étant disproportionnées avec le coût des inves-tissements et de la maintenance, le motif actuel d'implantation desréacteurs nucléaires pacifiques est la domestication de l'énergie dégagéepar la réaction nucléaire. Ainsi, bien que l'équation d'EINSTEIN ne s'ap-plique qu'à une très faible proportion de la masse utilisée, la fissio nd'un gramme d'Uranium produit l'équivalent de chaleur dégagée par lacombustion de 2,5 à 3 tonnes de charbon soit 25 à 30 000 KWh ther-miques.

3.1 . PRINCIPE ET RÉALISATION .On ne connaît aucun moyen de transformer directement de grandes

quantités 2 d'énergie nucléaire en énergie « noble », électrique par

2 . A l'exception des micro-réacteurs (quelques Watts à quelques centaines d eWatts) employés dans les pace-makers ou les satellites, où les puissances peuven têtre fournies sous bas voltage et sans considération de prix de revient .

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exemple, sans passer par le stade dégradé (comme disent les physiciens )de la chaleur ; de plus, seule la réaction de fission peut être maîtrisé eet l'énergie de fusion, grand espoir des premières années 60, a tellemen tperdu la faveur qu'on n'envisage plus que la fin du siècle pour sonéventuelle utilisation .

En pratique, les réacteurs de puissance utilisent donc le sous -produit thermique de la réaction de fission, permettant d'échauffer d ela vapeur d'eau et, par le jeu tout classique de turbo-alternateurs, d eproduire de l'électricité .

Mais si le principe de base est commun à toutes les filières (selonle terme consacré), la réalisation technique peut différer selon les pays ,notamment en fonction des ressources naturelles ou des techniques deséparation isotopique ; de plus, aux impératifs techniques se superposenttrès souvent des contingences politiques et militaires.

La France a joué pendant des années la carte Uranium naturel -Graphite, ce dernier tenant le rôle de ralentisseur ; le fluide caloporteurest le gaz carbonique produisant de la vapeur d'eau dans un circui téchangeur secondaire .

Aux Etats-Unis par contre s'est développée une filière misant su rl'Uranium enrichi, dérivé de la surproduction militaire ' ; de l'eau ordi-naire sert à la fois de ralentisseur et de caloporteur . Deux versionsexistent dont la première est connue sous le sigle P .W.R . : PressurisedWater Reactor ; l'eau réchauffée est maintenue à l'état liquide par mis esous pression et ce n'est que dans un circuit secondaire qu'est produitela vapeur . Plus hardie du point de vue de l'étanchéité est la versionB.W.R. (Boiling Water Reactor) où l'eau baignant le réacteur est direc-tement vaporisée pour alimenter la turbine .

En France, le seul responsable de l'implantation de réacteurs d epuissance est l'E .D.F. ; ce monopole d'Etat n'a toutefois pas que desavantages et cette entreprise n 'a pu toujours mener l 'action techniquequ'elle aurait souhaitée : d'une part l'emploi de l'Uranium enrichi lui aété longtemps impossible, d'autre part la conduite des réacteurs (mêm eceux officiellement voués à la production électrique) a été souventsubordonnée à la production du Plutonium ' .

A l'heure actuelle, la filière américaine est appelée à constituer l adeuxième génération des réacteurs de puissance français . C'est augroupe Schneider (licence Westinghouse du procédé P .W.R.) que l'E.D.F .a fait appel pour la réalisation des prochaines tranches de Bugey (Ain )et de Fessenheim (Alsace) .

Néanmoins, la quasi totalité des réacteurs français actuels (7 cen-trales, dont celles de Chinon, St-Laurent-des-Eaux et Bugey I) appar-tiennent à la filière Uranium naturel-Graphite-Gaz carbonique e t

3. Le taux d'enrichissement de l'U 235 est tout relatif (3 à 4 % dans l eréacteur ardennais de Chooz) et les deux premiers etages de Pierrelatte suffisen tà cet effet ; l'un des avantages de la filière à Uranium enrichi est l'encombremen tbien plus réduit du coeur et de l'enveloppe du réacteur .

4. Il serait d'ailleurs intéressant, afin de permettre au citoyen d'apprécier l a« rentabilité » du nucléaire, de savoir à quel prix le Plutonium a été cédé àl'armée et quelle a été l'incidence de cette politique sur le coût du KWh .

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représentent une puissance de 2 500 MWé environ (MWé = MégaWat télectrique) .

Mais aussi curieux que cela puisse paraître, les ressources naturelle sen Uranium ne sont pas aussi abondantes et accessibles qu'il a été ditpendant longtemps ; ainsi, s'il est maintenant connu que les réserves enpétrole ne permettront pas d'aller bien plus loin que l'an 2 000 (maxi-mum de la courbe de consommation) au rythme actuel de l'expansion ,il est plus surprenant d'apprendre que les réserves en Uranium n epermettront pas d'attendre la fin de notre siècle, probablement mêmeles années 90 . . .

Aussi les techniciens mettent-ils actuellement leurs espoirs dans uneautre possibilité de la réaction de fission : nous avons vu que l'Ura-nium 238, non fissile, capte un neutron (rapide) pour donner du Plu-tonium 239 ; ce dernier, tout aussi fissile que l'Uranium 235, valorise enquelque sorte l'Uranium 238 « inutile » et permet de « nourrir » d'autre sréacteurs de puissance, en produisant plus de matière fissile qu'il n'enest consommé dans le premier réacteur . De là provient le nom de« breeder », « pile couveuse », « surgénérateur » donné aux réacteurs d ecette filière actuellement encore au plan expérimental ; la France aprèsle réacteur Rapsodie (20 MW) de Cadarache, entreprend la constructio ndu réacteur Phénix (250 MW) de technologie très particulière : lesneutrons ne sont pas ralentis et le fluide de refroidissement est d uSodium fondu (RAPSODIe, comme neutrons RAPides et SODIum), d'oùd'importants problèmes technologiques au niveau de la résistance de smatériaux .

3 .2 . LA POLITIQUE ÉNERGÉTIQUE .Parler de «politique énergétique» en France revient à parler des

options E.D.F., d'autant qu'une forte proportion du fuel est utilisé edans ses centrales thermiques « conventionnelles » .

Alors que la part actuelle du nucléaire n'est que de quelques %dans la production électrique française, il convient de prévoir sa placeen fonction d'un taux « souhaité » de croissance de 8,5 %/an de la con-sommation : c'est la fameuse loi du doublement décennal, valable pourla plupart des pays dits développés . Dans cette augmentation à carac-tère exponentiel, le nucléaire prendra une place de plus en plus impor-tante, traduite par les «projections» suivantes, dues à l'E .D.F .

ANNÉE 1950 1960 1970 1985 * 2000 **1) Production électrique

to -tale (milliards de KWh) . . 33 75 140 400 1 00 0

2) Part du nucléaire :0 0 5 135 90 0— en milliards de KWh . .

— en pourcentage 0 % 0 % 4 % 30 % 90 %En tablant sur une puissance moyenne de 1 000 MW par central e

(Bugey I fournira 530 MW), on voit qu'il faudra au moins 100 réacteurs ,dans un quart de siècle, pour répondre aux prévisions .

* Une demi-génération .** Une génération active .

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Nous reviendrons plus loin sur certains aspects du problème d el'énergie (pollution thermique, «moralité» de l'énergie), mais nous envi-sagerons brièvement certains aspects discutables du chauffage domesti-que électrique, actuellement fort prôné .

Il est en effet curieux, thermodynamiquement parlant, de constaterque l'énergie acquise à partir de la chaleur, dans les centrales conven-tionnelles ou nucléaires, puisse être à nouveau « avilie » au moment d eson emploi ; on peut calculer à ce propos :

— que l'emploi direct du fuel dans des dispositifs de chauffage col-lectif urbain (dont le fonctionnement peut ne pas entraîner plus d epollution que les meilleurs centrales thermiques) permet de retirer d ucombustible de l'énergie thermique avec un rendement de 80 % ;

— que, par contre, la conversion de cette énergie chimique e nénergie électrique dans les centrales, suivie d'une reconversion pourtan tquasi intégrale en chaleur chez l'usager, s'accompagne d'un rendementglobal voisin de 35 % au mieux .

En d'autres termes, la collectivité dépense 2,2 fois plus de combus-tible et pollue (SO 0) 2,2 fois plus par chauffage électrique que parcombustion directe .

La situation est encore plus grave au niveau nucléaire : le rende-ment de transformation de la chaleur en électricité y étant de l'ordr ede 25 %, le gaspillage énergétique peut être chiffré par un facteu rvoisin de 4 . On peut d'ailleurs se demander, puisque l'E .D.F. assurequ'une centrale nucléaire est parfaitement inoffensive pour l'environ-nement, pourquoi elle n'installe pas ses réacteurs de puissance à proxi-mité immédiate ou même à l'intérieur des villes, ce qui permettrai tl'utilisation directe de la chaleur nucléaire pour le chauffage domes-tique . . .

4 . LE RISQUE NUCLEAIRE PACIFIQUE

Le danger de contamination que présente la poursuite des essai snucléaires aériens ou que constituerait une guerre nucléaire est suffi-samment reconnu pour qu'il soit inutile d'insister là-dessus (sauf san sdoute en France) .

L'implantation prochaine d'une centaine de réacteurs de puissanc edans notre pays, d'un millier peut-être en Europe, de plusieurs millier sdans le monde ou « biosphère », pose par contre un problème importan trésumé comme suit : la solution nucléaire risque-t-elle d'entrainerl'espèce humaine dans une impasse biologique ?

Envisageons successivement les risques accidentels, puis en fonction-nement « normal» ; parmi ces derniers seront considérés la pollutio nthermique, l'irradiation externe, l'irradiation interne.

4.1 . ACCIDENTS DE FONCTIONNEMENT .

Ils sont relativement rares, voire inexistants sous l'aspect « Bombe »auquel le grand public assimile généralement le fonctionnement d'u nréacteur atomique.

Divers dispositifs de sécurité existent en effet pour bloquer l aréaction de fission et l'empêcher de «diverger» au-delà d'une valeur

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critique aisément mesurable (élévatign de température ou du flux d eneutrons) ; on interpose par exemple entre les barreaux d'Uranium de sbarreaux de Bore ou de Cadmium qui, très avides de neutrons, stoppentrapidement la réaction . Des dispositifs de fluides permettent égalemen td'évacuer les calories excédentaires. Une imposante machinerie électro-nique assure la régulation automatique de l'ensemble .

Au pire l'explosion d'un réacteur (soulignons qu'il s'agirait d'un eexplosion au sens mécanique du terme, sous l'influence d'une surpression,et non d'une explosion nucléaire ') entraînerait contamination dansun rayon de quelques kilomètres au plus, périmètre de protectiongénéralement respecté dans l'implantation des centrales .

On peut toutefois s'inquiéter à ce propos de la situation de sréacteurs sur les rives de cours d'eau (ou de mers), exigée par le pro-blème de leur refroidissement (voir ci-dessous) : en cas d'explosion eneffet, de considérables quantités de produits de fission seraient véhi-culées par les eaux, pouvant de ce fait contaminer des nappes phréa-tiques, des lacs ou des zones de pêche côtière . Dans le même ordr ed'idées signalons le danger que présentent pour le milieu marin le snavires à propulsion nucléaire et rappelons qu 'un sous-marin américains'est perdu corps et biens, libérant à court ou moyen terme le contenude son réacteur et de ses fusées nucléaires .

L'un des plus graves accidents survenus à des réacteurs nucléairesa été celui de Windscale (Grande-Bretagne) en 1957 : l'emballemen tdu réacteur entraîna (entre autres) la libération dans l'atmosphère d e20 000 Ci d'Iode 131 (période 8,3 jours) ; le nuage radioactif parvin tjusqu'au Danemark et la consommation du lait dut être interdit ependant des jours dans un rayon de plusieurs dizaines de kilomètres .Il convient toutefois de signaler que ce cas n'a que peu de chancesde se renouveler actuellement : d'une part le réacteur en cause appar-tenait à un type particulièrement « primitif » où le gaz refroidisseurléchant les barreaux radioactifs se trouvait en relation avec l'atmo-sphère ; d 'autre part l'accident fut aggravé par une faute humaine, soi tl'inobservation des signaux d'alarme pourtant clairement émis parl'installation de contrôle .

Quoi qu'il en soit, l'industrie nucléaire est sans doute une de celle spouvant se targuer du plus faible taux d'accidents graves ou mortelsimmédiats (sans considérer les possibilités de dommages à caractère sta-tistique, insidieux ou différé) : en un quart de siècle, selon, la documen-tation disponible et abstraction faite des cas relevant de l'art militaire ,moins de 10 décès ont été signalés parmi les travailleurs de cetteindustrie.

Ce tableau rassurant ne peut cependant faire oublier que très nom-breuses sont les pannes mécaniques affectant les réacteurs nucléaires ,notamment en raison des modifications des propriétés des métaux e tautres matériaux sous l'action des radiations. Des réparations réclament

5 . Signalons toutefois que l'emploi d'Uranium enrichi et de Plutonium aug-mente les risques de voir s'accumuler en un point du réacteur, pour des raisonsaccidentelles, des quantités de combustible supérieures à la masse critique . Il enest de même dans les usines de traitement des combustibles irradiés

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de longues périodes d'arrêt, en particulier pour laisser « refroidir » l eréacteur et permettre d'y accéder ; la durée des interventions est alor scalculée en fonction des doses légales de rayonnement, sous contrôl edosimétrique constant .

De tels faits sont très dommageables au plan économique ; onestime ainsi que les piles E .D.F. n'ont pas travaillé au total à plus d e35 % de leur puissance nominale au cours des trois dernières années ,certains réacteurs (Chinon, Chooz, Monts d'Arrée) ayant même subi de sarrêts de plusieurs mois, voire de plus d'une année consécutive .

En résumé toutefois, il ne semble pas que la probabilité d'acciden tpouvant frapper un réacteur de conception moderne conduit par un per-sonnel éprouvé puisse actuellement provoquer de graves inquiétudes .Néanmoins, le danger ne fera qu'augmenter statistiquement au fur e tà mesure que croîtront le nombre des réacteurs, leur puissance et leurcomplexité technologique (Uranium enrichi, Plutonium, Sodium fondu) .

4 .2 . RISQUES EN FONCTIONNEMENT NORMAL.

Nous attacherons plus d'importance au risque « de routine », no nseulement en raison de son caractère permanent et cumulatif, mai saussi de son aspect plus discret pouvant, contrairement au cas précédent ,masquer les dangers à long terme, pour les techniciens comme pour l epublic d'ailleurs .

4.2 .1 . La pollution thermique .L'eau de refroidissement du circuit secondaire a pour fonction d e

condenser la vapeur d'eau en sortie de turbine, ou, comme disent le sphysiciens, de constituer la source froide du système thermodynamique .Il est en effet connu depuis plus d'un siècle (théorème du rendemen tmaximum énoncé par CARNOT et CLAUSIUS) qu'une machine à vapeur(et un réacteur nucléaire de puissance n'est pas autre chose, même s ison foyer diffère quelque peu de celui de la machine de PAPIN . . .) produitdu travail par transfert de chaleur entre deux sources de température sdifférentes. Plus précisément, le rendement de l'opération (c'est-à-dir ele taux de transformation de la chaleur, énergie thermique « dévaluée » ,en énergie « noble », mécanique ou électrique) ne peut dépasser l avaleur r = 1 — T1 /T2 (Ti et T•, étant les températures absolues (°K)respectives des deux sources) .

Il en résulte en pratique :— qu'il est intéressant de refroidir la machine (pour évacuer le s

calories non transformées en travail) à une température aussi basse qu epossible ; l'eau étant le seul fluide utilisable en pratique, sa températur ede condensation (soit 100°C) représente une limite contre laquell ebutent toutes les centrales thermiques, conventionnelles ou nucléaires .Ce fait nous apprend toutefois pourquoi les réacteurs sont implanté sauprès des fleuves ou des océans 6 ;

6 . Une économie d'eau peut être envisagée par refroidissement à doubl ecircuit, l'eau cédant à son tour ses calories à de l'air (tours de ruissellement) ;l'évaporation empêche le système de fonctionner totalement sur lui-même et n efait que déplacer le problème à un autre niveau de l'environnement climatique .

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— qu'il est intéressant d'utiliser de la vapeur d'eau portée à tem-pérature aussi élevée que possible . C'est là que pèchent, du moins pou rl'instant, les centrales nucléaires ; alors que la combustion du fuelpermet d'obtenir de très hautes températures d'où production de vapeurà haute pression et bon rendement des turbo-alternateurs, il est e neffet difficile de dépasser ici des températures de l'ordre de 350-400°C .

CO2 (gaz, sous pression )

Fluide caloporteu rprimaire

Caisson serai-étanch e

Réacteu rnucléaire

(Uranium nature lGraphite)

Energi eélectrique

(rivière)

ernateu r

I

hauf fé e

VapeurFluid esecond a

Eau de refroidi

Schéma de principe d'un réacteur du type Uranium naturel-.Graphite -Gaz carbonique

Les conséquences de ces faits sont les suivantes : alors que lescentrales conventionnelles modernes peuvent atteindre un rendemen tde près de 45 %, les centrales nucléaires, évoluant entre deux pôle schaud et froid voisins de 670 et 370°K, ne peuvent prétendre qu'à 45 %en théorie, c'est-à-dire en pratique à 30 % au mieux . Les chiffres fournispar l'E .D.F. pour Bugey I (540 MW électriques pour 1 880 Mwv ther-miques) correspondent ainsi à un rendement de 28 %, maximal puisqu ene tenant pas compte des arrêts inévitables et des pannes .

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A dire vrai, le fait n'aurait que peu d'importance pour l'environ-nement s'il se limitait là, car il ne s'agirait que d'un problème écono-mique basé sur les prix comparés des combustibles (fuel, charbon ,uranium), les réserves, la maintenance, etc . Mais tout théorème ayan tson corollaire, il résulte des mêmes faits que si une centrale nucléairene parvient à transformer en travail que le quart de la chaleur qu'ell edégage, les 3/4 en seront emportés par le circuit secondaire, en d'autre stermes par l'eau de la rivière .

A puissance électrique égale, une centrale nucléaire rejette don cdans l'environnement près de 2,5 fois plus de calories que sa concurrenteconventionnelle . Et dans la mesure où la pollution peut se définircomme le rejet de produits de l'activité humaine pouvant nuire aumilieu naturel, on peut employer ici le terme de pollution thermique .

Ainsi l'eau prélevée par Bugey I dans le Rhône lui est-elle restitué eà une température augmentée de 9°C ; compte tenu des débits deprélèvement (30 m 3 /s) et du fleuve, celui-ci voit sa température élevéede 0,6 à 1,6°C selon les saisons. L'influence d'une seule centrale de cetype ne mérite pas à dire vrai le nom de pollution ; mais, étant donnéque le projet porte sur une puissance totale de 2 500 MWé (et « ave cdes dispositions spéciales, 5 000 MW sont envisageables »), ces chiffressont à multiplier par un facteur proche de 5 rendant alors le phéno-mène parfaitement sensible .

En quoi la pollution thermique est-elle nocive pour l'environnemen tnaturel ou humain ? Non pas qu'elle soit capable de supprimer toute vi e(elle accélérera même certains processus métaboliques et favorisera cer-taines espèces, végétales et animales), mais parce qu'elle éliminera tout eune gamme d'espèces parfaitement et étroitement adaptées aux condi-tions actuelles, connues depuis des siècles . Plutôt que d'entrer dans de sconsidérations écologiques de détail, faisons appel à des donnéesconnues de 4 millions de Français, puisqu'elles concernent la pêche : i lest connu qu'il existe plusieurs catégories de poissons, dont les plu snobles sont constitués par les Salmonidés : Truite, Saumon, Ombre pourles rivières ; Lavaret, Féra, Omble chevalier pour les lacs. A l'opposéles poissons « blancs » comme la Brême, le Chevesne, la Carpe, laTanche, sont moins appréciés pour leur valeur sportive et culinaire .

Les premiers habitent précisément les eaux froides, bien oxygénée set quitteront les lieux dès réchauffement (+ 3°C est déjà bien sensible) ;celui-ci s'exprimera également au niveau des climats locaux ou régio-naux, affectant même le régime des brouillards, des pluies, du verglas ,voire des vents ; il peut également perturber les échanges des couche sd'eau dans les lacs .

Si la pollution thermique n'a à l'heure actuelle nul degré de gra-vité, des calculs amènent à un certain pessimisme pour l'avenir . Si ,comme l'affirme l'E .D.F., la France de l'An 2000 consomme 1 000 mil -liards de KWh (majorité de centrales nucléaires à rendement amélior éde 33 %), il se produira un dégagement de 1,7 .1 0 13 Kcal . à la production ;étant donné que le volume des précipitations annuelles en France estde 440 milliards de m 3 dont 260 sont réévaporés, la chaleur en questiondispose au mieux de 180 milliards de m 3 d'eau courante pour s'évacue rvers la mer .

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Une simple division permet donc de prévoir une élévation de 10° Cde la température des eaux, davantage encore puisque toute l'énergi etransformée en électricité retourne elle aussi en chaleur quel que soi tson emploi (radiateur ou moteur) . . . L'Etat lui-même se verra placé e ncontradiction avec ses propres lois, qui interdisent le rejet d'eaux indus-trielles à plus de 26°C ; faudra-t-il stopper les centrales à la bell esaison . . . ou modifier, sinon les habitudes des poissons, du moins lestextes législatifs ?

4.2 .2 . L'irradiation externe .Les quantités de radioéléments contenus par un réacteur aprè s

un an de fonctionnement sont sans commune mesure avec ce que lanotion de Ci, unité déjà biologiquement très élevée, permet néanmoin sd'appréhender : une centrale de 1 000 MW produit ainsi l'équivalent d ecentaines de tonnes de radium ; dans le même temps la quantité d eStrontium 90 produite est égale à celle dégagée par une explosio nnucléaire de 10 Mégatonnes, soit 500 fois la bombe d'Hiroshima ; quantau Plutonium, sa production atteint environ 100 kg pour 500 tonne sd'Uranium naturel au départ .

Il est bien évident que de telles quantités entraîneraient de trèsgraves dommages dans l'entourage immédiat si diverses précaution sne pouvaient être prises .

Notons tout d'abord que la grande majorité des émetteurs sont d etype béta, de telle sorte que la masse et la paroi du réacteur lui-mêm econstituent un écran parfaitement suffisant à cet égard . Restent cepen-dant les X de freinage, les neutrons et surtout le rayonnement y, trè spénétrant : c'est essentiellement contre lui qu'est élevé l'important écra nde béton assurant également la solidité mécanique de l'ensemble .

De la sorte le rayonnement dans la salle même contenant l eréacteur permet le séjour, même prolongé, sans dépasser les normes d esécurité actuellement admises ; à plus forte raison en est-il des « civils »situés hors de la salle et du périmètre de quelques Ha abritant la cen-trale. La dose annuelle au voisinage d'une centrale nucléaire e nfonctionnement normal ne dépasse pas 5 mRem, chiffre à comparer àplusieurs autres :

— d'une part à la quantité mortelle de rayonnement, soit 500 à600 Rem en une irradiation corporelle (soit 100 000 fois plus sur un an) ;

— d'autre part aux doses admises par la loi (décret du 20 juin 1966) ,égales à 170 mRem/an pour l'ensemble de la population (maximumtolérable pour un individu isolé : 500 mRem), soit encore 50 fois l erayonnement noté au voisinage d'une centrale ;

— aux doses « naturelles » enfin, c'est-à-dire délivrées par l'envi-ronnement lui-même, hors de toute action humaine . Le chiffre est d el'ordre de 150 mRem/an, variable selon les régions, les terrains pri-maires étant les plus actifs . Au rayonnement du sol s'ajoutent le srayons cosmiques et les radiations délivrées par notre corps lui-même ,dont celui du Potassium 40, radioisotope présent dans le sang en trè sfaible teneur .

Dose naturelle et artificielle sont donc du même ordre de grandeur ,la première ayant évidemment servi de base de définition à la seconde .

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Notons pour conclure que les normes admises pour les professionnel ssont 10 fois celles de la population normale, soit 5 Rem/an pour u nindividu donné. Cette norme est d'ailleurs en retrait sur les donnéesantérieures qui atteignaient 1,4 Rem/semaine avant la dernière guerr eet 0,3 Rem/semaine jusqu'en 1958 .

4.2 .3 . L'irradiation interne .Si les risques d'irradiation externe à proximité d'une central e

peuvent raisonnablement être tenus pour négligeables, sauf accident, i ln'en est pas de même a priori du problème de l'irradiation interne ,c'est-à-dire délivrée dans le corps même par des radioéléments pouvants'échapper des réacteurs et venir contaminer l'air, la boisson ou la nour-riture.

Nous traiterons successivement des fuites notées sur place mème ,puis du problème des déchets après arrêt des réacteurs ; les deux filière ssont à considérer séparément .

(à suivre)

BIBLIOGRAPHI EP . OZENDA et G . CLAUZADE . — Les Lichens, Etude biologique et flore illus-

trées . 801 p., très nombreuses illustrations photographiques et autrait. Masson & C", 120, boulevard St-Germain, Paris-6 e . Prix 400 F .

Végétaux bien souvent méconnus des amateurs de plantes, les lichens offren tau botaniste un champ d'étude particulièrement vaste et attrayant ; les quelque2 200 espèces d'Europe occidentale peuvent se récolter en toute saison, et four-nissent un matériel d'herbier gardant facilement et presque indéfiniment l'aspectdu frais ; les formes étranges et belles de ces végétaux ne lassent pas l'oeil, mêm esi celui-ci doit fréquemment recourir à la loupe ou au microscope .

Jusqu'à présent, le botaniste de langue française désireux de se tourner ver sl'étude de ces végétaux était fort démuni, le seul ouvrage existant étant celui deBOISTEL, vieux maintenant de plus de 70 ans, dépassé et d'ailleurs pratiquementintrouvable .

L'ouvrage dont il est question ici comble magistralement cette lacune . Le strois quarts de ses pages sont en effet consacrés à une clef descriptive des lichen sde l'Europe occidentale ; les descriptions sont fort précises et détaillées ; en parti-culier, un usage constant est fait des mensurations sporales, critère si utile e nlichénologie comme en mycologie . Pour de nombreuses espèces, des macrophoto-graphies d'excellente qualité complètent les descriptions, ainsi que de fort beau xdessins à la plume. Répartition géographique et données écologiques sont men-tionnées pour chaque espèce .

Mais cet ouvrage ne se réduit pas à un manuel de détermination . Une impor-tante première partie (130 pages), « Introduction à la biologie des lichens », fai tle point des connaissances actuelles en ce qui concerne successivement l'anatomie ,la biochimie, les phénomènes de symbiose, la répartition géographique, l'écologie ,et enfin les usages . Parmi ces derniers, signalons le très moderne rôle de détec-teur de pollution atmosphérique que peuvent jouer certains lichens ; cette pol-lution influence la flore lichénique jusqu'à 60 km de New-York, par exemple .

Une bibliographie d'environ 500 titres termine l'ouvrage, ainsi que la classi-fication géographique des principaux travaux cités .

Nul doute que ce bel ouvrage ne fasse naître des vocations de lichénologues .Néanmoins, on peut regretter son prix très élevé, qui, bien que justifié par lenombre des illustrations photographiques, risque de le rendre difficile à acquéri rpour beaucoup d'amateurs .

P.B .