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Catéchèse biblique de la liturgie dominicale

de la Parole


Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québecet Bibliothèque et Archives Canada

Titre : Catéchèse biblique de la liturgie dominicale de la Parole / Yves Guérette, Sylvain Roy.Noms : Guérette, Yves, 1967- auteur. | Roy, Sylvain, 1973 - auteur.Description : Comprend des références bibliographiques.Identifiants : Canadiana 2020007850X | ISBN 9782896887415Vedettes-matière : RVM : Catéchétique – Église catholique. | RVM : Liturgies de la Parole.Classification : LCC BX1968.G84 2020 | CDD 268/.82—dc23

Dépôt légal – Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 2020Bibliothèque et Archives Canada, 2020

Direction éditoriale : Jonathan Guilbault, Simon MaltaisRévision : Pierre GuénetteMise en pages et couverture : Danielle DugalIllustration de la couverture : © dreamstime/Bernardo Ramonfaur

Les textes bibliques sont tirés de la Nouvelle traduction liturgique de la Bible.

© Les Éditions Novalis inc. 2020

Cet ouvrage a été publié avec le soutien de la SODEC. Gouvernement du Québec – Programme de crédit d’impôt pour l’édition de livres – Gestion SODEC.

4475, rue FrontenacMontréal (Québec) H2H 2S2 [email protected] • novalis.ca

Imprimé au Canada


Yves Guérette et Sylvain Roy

Catéchèse biblique de la liturgie dominicale

de la Parole


Ce livre est dédié à Claude et Jacqueline Lagarde,véritables pionniers de la catéchèse pour les adultes, les adolescents et les enfants. Ils se

sont consacrés à la rénovation de la catéchèse antique et à la formation de milliers de catéchètes.

Nous avons eu le privilège d’aller à leur école. Nous y avons appris comment la Bible peut engendrer une véritable action symbolique

dans la vie de ses lecteurs croyants.

Les repères catéchétiques de cet ouvrage sont largement inspirés de leurs travaux, de leurs

recherches et de leur pratique de la catéchèse.

Notre profonde reconnaissance pour leur apport déterminant à la catéchèse

pour l’Église d’aujourd’hui.


INTRODUCTION 7

Introduction

Catéchèse et liturgie sont à l’image de certains couples de personnes âgées que l’on a parfois le privilège de rencontrer. Il arrive que l’on perçoive dans les regards et les attitudes de ces amoureux de longue date l’ex-pression d’une grande complicité empreinte d’une étonnante fraîcheur et d’une douce jeunesse jamais perdue. On devine alors qu’au fil des décennies, ils ont certainement soigné avec affection et délica-tesse leur relation amoureuse. Combien de fois ont-ils dû se confier, s’écouter, échanger et revisiter l’art de cheminer l’un avec l’autre afin de traverser ensemble les différentes saisons de la vie ? De la même façon, la catéchèse et la liturgie forment un couple qui a su traverser les différentes époques des deux mille ans de l’histoire de l’Église. Comme dans toute relation, rien n’est toutefois acquis une fois pour toutes ; bien au contraire. Catéchèse et liturgie ont aussi dû revisiter l’art de cheminer l’une avec l’autre au fil des siècles. Elles ont chacune emprunté différentes manières d’être et de faire en fonction des besoins et des caractéris-tiques religieuses de chaque époque.


Catéchèse biblique de la liturgie dominicale de la Parole8

Cependant, bien que la catéchèse et la liturgie aient évolué parfois de manière plus ou moins autonome, il n’en demeure pas moins qu’elles ont toujours entretenu depuis le début de l’Église des liens le plus souvent très étroits1. Plus récemment, en amont et en aval du concile Vatican II (1962-1965), les efforts pour renou-veler les rapports entre les membres de ce couple se sont multipliés. Nous avons vu, par exemple, la publi-cation de nouvelles méthodes de catéchèse, qui ont utilisé le cycle de l’année liturgique comme cadre de référence. De même, la rénovation du catéchuménat baptismal et la publication du Rituel de l’initiation chré-tienne des adultes, en 1997, ont contribué aussi à la redécouverte et à l’approfondissement des rapports étroits entre catéchèse et liturgie. Ces deux exemples parmi tant d’autres témoignent d’un véritable travail de rapprochement entre la catéchèse et la liturgie qui, toutes deux, ont été inscrites dans un processus d’actualisation et de rénovation au cours des der-nières décennies.

Notre proposition d’une catéchèse de la liturgie dominicale de la Parole s’inscrit dans cette convic-tion et, surtout, dans l’expérience de l’Église qui a fait de la catéchèse et de la liturgie deux grandes sœurs

1. Au sujet des rapports entre catéchèse et liturgie dans l’histoire de l’Église, on verra Joël Molinario, « Catéchèse et liturgie ou liturgie et catéchèse. Quelques points d’ancrage dans l’histoire », dans Lumen Vitæ, vol. LIX, no 3 (2004), p. 247-256.


INTRODUCTION 9

ou, pour reprendre l’image, un couple qui bénéficie sans cesse de la présence et des apports de l’une envers l’autre !

Cet ouvrage propose une démarche catéchétique accessible à tous ceux et celles qui souhaitent accroître et enrichir le lien essentiel entre la catéchèse et la liturgie dans leur paroisse, leur diocèse ou leur mouvement d’Église. Elle propose un itinéraire de ren-contre qui ressemble à celui qu’ont vécu les deux dis-ciples en route vers Emmaüs, dans l’Évangile selon Luc. Aujourd’hui comme autrefois, le Ressuscité s’approche et révèle son visage lorsque les disciples se mettent à l’écoute des Écritures tout au long de la route des jours. Or, comme ce fut le cas pour les disciples d’Emmaüs, les Écritures apparaissent au départ plu-tôt obscures, parfois nébuleuses, voire insaisissables. Pour toutes sortes de raisons, les oreilles et les yeux sont empêchés de reconnaître le Ressuscité pourtant bien présent (Lc 24, 16). Les récits bibliques demeurent tout extérieurs, fixés dans un passé sans écho, et leurs mots ainsi que leurs images ne résonnent pas encore dans l’intériorité. Les oreilles sont sourdes, le regard est aveugle. Hier comme aujourd’hui, les esprits des disciples ne sont-ils pas souvent « sans intelligence » et les cœurs lents à croire tout ce que les prophètes ont dit (Lc 24, 25) ? Or, c’est bien l’œuvre de l’Esprit d’ouvrir l’esprit à l’intelligence des Écritures afin que



celles-ci puissent alors devenir Parole vivante, guéris-sante, ressuscitante. C’est bien l’œuvre de l’Esprit que de réchauffer les cœurs jusqu’à ce qu’ils deviennent brûlants (Lc 24, 32). Les yeux s’ouvrent alors, par grâce de Dieu. Ils « voient et contemplent la Parole » qui dis-paraît de leurs regards (Lc 24, 31) pour, possiblement, être contemplée et écoutée dans le temple intérieur, véritable auberge d’Emmaüs. Les oreilles fermées et enfermées s’ouvrent, par grâce de Dieu. Cette nuit-là, ayant goûté la Parole-nourriture qu’ils espé-raient tant sur la route de Jérusalem vers Emmaüs, attablés à l’auberge lumineuse du jour de Pâques, les disciples n’ont plus alors qu’un seul désir : retourner à « Jérusalem ». Retournement radical. Retournement bienheureux ! L’assemblée dominicale du dimanche est l’une des figures de la Jérusalem vers laquelle se tournent et où se rassemblent les frères et les sœurs qui ont fait, eux aussi, la rencontre du Ressuscité sur la route. Chacun s’empresse d’y raconter ce qui s’y est passé et comment le Seigneur s’est fait reconnaître à la fraction du pain de sa Parole. Ce dimanche-là, dans un matin nouveau, le pain descendu du ciel (Jn 6, 51) se multiplie à nouveau et les cinq pains et les deux poissons de la semaine rassasient toute l’assemblée, si bien qu’il en reste évidemment au moins douze paniers pleins (Mt, 14, 20).


INTRODUCTION 11

Cette relecture du récit de la rencontre des disciples en route vers Emmaüs avec le Ressuscité permet de comprendre le lien intrinsèque, naturel et essentiel entre la catéchèse et la liturgie. Comme le rappelait Benoît XVI à la suite du synode des évêques sur la parole de Dieu dans l’exhortation apostolique Verbum Domini, « s’il est vrai que la liturgie est le lieu privilégié pour la proclamation, l’écoute et la célébration de la parole de Dieu, il est tout aussi vrai que cette ren-contre doit être préparée dans le cœur des fidèles et, surtout, être approfondie et assimilée par eux2. » La proclamation de la Parole au cœur de l’assemblée du dimanche offre l’occasion d’une nouvelle écoute des mots embrasés qui, par la catéchèse et la médita-tion vécues au cours de la semaine, ont déjà pris feu et ont fait rouler des pierres de tombeau. L’homélie propose alors un heureux surcroît à la d’ores et déjà surabondante moisson de la Parole dans le « cœur brûlant » des uns et des autres. Par la catéchèse de la liturgie dominicale de la Parole, les participants à la célébration de la Parole ne sont plus en situation de première écoute des textes bibliques, comme cela arrive très souvent pour plusieurs chrétiens. Ils en sont plutôt devenus des familiers, ils ont fait la rencontre du « Dieu invisible (voir Col 1, 15 ; 1 Tm 1, 17) [qui] s’adresse aux hommes en son surabondant amour comme à

2. Benoît XVI, Verbum Domini, 2010, no 72.



des amis (voir Ex 33, 11 ; Jn 15, 14-15) [et qui] s’entretient avec eux (voir Ba 3, 28) pour les inviter et les admettre à partager sa propre vie3. »

Afin d’accompagner et de guider les catéchètes dans la mise en œuvre de cette démarche qui lie intime-ment catéchèse et liturgie, cet ouvrage se divise en deux parties. La première propose des repères, diffé-rents moyens et quelques savoir-faire pour l’animation de la catéchèse des adultes et la conduite de la litur-gie de la Parole, du dimanche. Le chapitre 1 présente différents destinataires de la catéchèse biblique de la liturgie dominicale de la Parole. Les destinataires ciblés n’épuisent cependant pas la liste des groupes d’adultes qui seront intéressés par cette méthode. Le chapitre 2 s’offre comme un guide pratique et tech-nique pour l’animation de la catéchèse biblique de la liturgie dominicale de la Parole. Le chapitre 3 s’adresse plus particulièrement aux homélistes. Il leur propose un itinéraire spirituel et présente des choix judicieux pour la préparation de l’homélie. On le devinera, cet itinéraire n’est surtout pas à l’usage exclusif des homé-listes ou des commentateurs et commentatrices de la Parole ! Il intéressera aussi toute personne qui souhaite la méditer et s’en nourrir. Le chapitre 4 propose des repères structurants et stimulants pour la préparation et la conduite d’une liturgie de la Parole, le dimanche.

3. Vatican II, Dei verbum, no 2.


INTRODUCTION 13

La deuxième partie de l’ouvrage présente certains fondements pastoraux et théologiques de la caté-chèse biblique de la liturgie dominicale de la Parole. Son premier chapitre s’intéresse à la nature et à l’ori-ginalité de la catéchèse. Véritable expérience de mise en proximité et en intimité avec la personne du Christ, elle prend ses distances du modèle d’un ensei-gnement magistral pour convier plutôt les catéchisés, avec révérence et une certaine pudicité, dans la tente de la rencontre. Le chapitre 2 présente quatre mouve-ments intérieurs ou attitudes que pourraient adopter les catéchètes ainsi que quelques repères pour l’ani-mation de la catéchèse, qui pourront inviter à se placer les uns et les autres aux pieds du Maître pour l’écouter. Le troisième et dernier chapitre présente pour sa part trois jalons structurants pour une lecture chrétienne des Écritures. C’est dans ces références essentielles puisées dans la tradition de l’Église que la catéchèse des adultes trouve ses assises, ses appuis et ses leviers pouvant conduire à l’écoute de la Parole. La vie de l’Église tout entière tient dans sa capacité et sa qua-lité d’écoute. Dans ses nombreux récits, les Écritures dévoilent les affres que subit le peuple des croyants lorsqu’il n’écoute plus et n’est plus attentif à la Parole : « Je vous ai parlé, mais vous n’avez pas écouté, vous avez été rebelles à l’ordre du Seigneur, vous avez été présomptueux, vous avez pris la direction de la mon-tagne et vous y êtes montés ! » (Dt 1, 43). En revanche,



le Seigneur lui redit tant de fois que c’est bien cette écoute de sa Parole qui le gardera dans l’intimité du projet de Dieu pour lui : « Parce que vous aurez écouté ces ordonnances, que vous les aurez gardées et mises en pratique, le Seigneur ton Dieu te gardera l’Alliance et la fidélité qu’il a jurées à tes pères » (Dt 7, 12). L’Église catholique, depuis ses origines jusqu’à aujourd’hui, est convoquée au rendez-vous de la rencontre du Christ par sa Parole. C’est bien lui qui révèle de la manière la plus radicale et complète, dans l’Esprit, le visage et le dessein du Père. C’est par sa Parole que l’huma-nité prend part au banquet du Royaume. À l’heure où l’Église est appelée à vivre une véritable conversion missionnaire afin d’être de plus en plus sacrement du salut au cœur du monde, l’écoute de la Parole est incontournable, vitale et cruciale, dans les deux sens du mot !

Notre temps doit être toujours davantage le temps d’une nouvelle écoute de la Parole de Dieu et d’une Nouvelle Évangélisation. Redécouvrir le caractère central de la Parole divine dans la vie chrétienne nous fait retrouver aussi le sens le plus profond de ce que le pape Jean-Paul II a rap-pelé avec force : continuer la missio ad gentes et entreprendre avec toutes les forces la Nouvelle Évangélisation, surtout dans les pays où l’Évangile a été oublié ou souffre de l’indifférence du plus


INTRODUCTION 15

grand nombre en raison d’un sécularisme diffus. Que l’Esprit Saint éveille chez les hommes la faim et la soif de la Parole de Dieu et suscite de zélés messagers et témoins de l’Évangile4 !

Que cette proposition qui invite les adultes croyants à faire catéchèse à partir des textes bibliques de la litur-gie dominicale devienne une véritable école d’écoute de la parole de Dieu en Église pour la joie de tous les croyants et pour la joie et la vie du monde !

4. Benoît XVI, Verbum Domini, 2010, par. 122. Une exhortation apostolique est un document que le pape rédige à la suite d’un synode afin de permettre à l’Église universelle de profiter des fruits de ce synode. Verbum Domini a été rédigée à la suite de la XIIe assemblée géné-rale ordinaire des évêques tenue du 5 au 26 octobre 2008, ayant pour thème « La parole de Dieu dans la vie et la mission de l’Église. »


PREMIÈRE PARTIE

Cette première partie présente les pratiques catéché-tiques et liturgiques associées à la catéchèse biblique de la liturgie dominicale de la Parole. L’itinéraire pro-posé commence par la présentation de ses destina-taires. De fait, le chapitre 1 énumère différents groupes qui pourront trouver avantage à sa mise en œuvre. Les membres des équipes pastorales paroissiales, diocé-saines avec leur évêque, les équipes de catéchètes, les homélistes du dimanche, les différents groupes de prière et, plus largement, tous les baptisés adultes d’un milieu pastoral sont susceptibles de trouver dans cette catéchèse une manière renouvelée et stimulante de lire les Écritures et de se mettre à l’écoute de la Parole en Église. Si elle peut sembler nouvelle pour certaines personnes, cette manière de faire est pourtant héri-tière des traditions juive et chrétienne d’interpréter les Écritures avant et après Jésus Christ.

Les pratiques


PREMIÈRE PARTIE — Les pratiques 17

PREMIÈRE PARTIE

Cette première partie présente les pratiques catéché-tiques et liturgiques associées à la catéchèse biblique de la liturgie dominicale de la Parole. L’itinéraire pro-posé commence par la présentation de ses destina-taires. De fait, le chapitre 1 énumère différents groupes qui pourront trouver avantage à sa mise en œuvre. Les membres des équipes pastorales paroissiales, diocé-saines avec leur évêque, les équipes de catéchètes, les homélistes du dimanche, les différents groupes de prière et, plus largement, tous les baptisés adultes d’un milieu pastoral sont susceptibles de trouver dans cette catéchèse une manière renouvelée et stimulante de lire les Écritures et de se mettre à l’écoute de la Parole en Église. Si elle peut sembler nouvelle pour certaines personnes, cette manière de faire est pourtant héri-tière des traditions juive et chrétienne d’interpréter les Écritures avant et après Jésus Christ.

Les pratiques



Afin d’exposer concrètement comment il est possible d’animer une catéchèse d’adultes à partir des textes bibliques de la liturgie dominicale de la Parole, le cha-pitre 2 présente un guide pratique d’animation. Étape par étape, les catéchètes découvriront comment per-mettre aux baptisés de prendre la parole à partir des Écritures et de faire l’expérience de devenir, par le fait même et mystérieusement, les uns pour les autres parole de Dieu. Les indications sont simples et acces-sibles. Cette méthode et son processus ont été expéri-mentés à d’innombrables occasions dans de petits et grands groupes et ont produit des fruits chaque fois étonnants et stimulants.

Les chapitres 3 et 4 se consacrent à deux pratiques liturgiques : l’homélie et la conduite de la liturgie de la Parole. Dans un cas comme dans l’autre, on verra combien la catéchèse biblique de la liturgie domini-cale de la Parole nourrit la préparation nécessaire à ces deux services d’Église et comment elle convie tant les homélistes que les personnes qui conduisent la litur-gie de la Parole à se faire serviteurs ou servantes d’une œuvre qui n’est surtout pas la leur. Elle dispose à offrir au Maître le plus grand espace possible afin que ce soit lui qui parle et qui agisse au cœur de l’assemblée et en chaque personne. Pour certaines, les conseils et les méthodes proposées satisferont l’intérêt premier et apparaîtront suffisants pour se lancer dans la mise en


PREMIÈRE PARTIE — Les pratiques 19

œuvre. Toutefois, il sera grandement judicieux de s’ins-pirer des propos de la seconde partie de cet ouvrage qui présentent les fondements, les repères et les leviers pour une mise en œuvre qui soit la plus inspirée et la plus inspirante !


CHAPITRE 1

Yves Guérette

La catéchèse biblique de la liturgie dominicale s’adresse à tous les croyants adultes, de dix-huit à cent huit ans ! Elle propose une méthode catéché-tique simple et accessible pour tous ceux et celles qui désirent nourrir leur foi autant en paroisse, dans les mouvements d’Église, dans les résidences de per-sonnes âgées, en assemblée de cuisine que dans tout autre contexte de rencontre de chrétiens et de chré-tiennes par la méditation des Écritures. Les quelques mots qui suivent souhaitent exposer les avantages dont pourront bénéficier différents groupes d’adultes en Église par l’expérimentation de cette méthode catéchétique. Ne voulant aucunement être restrictifs dans notre énumération des groupes et des personnes susceptibles d’utiliser cette méthode, nous souhaitons que ces propos inspirent le plus largement possible tous ceux et celles qui souhaitent ouvrir les Écritures avec d’autres croyants !

Les destinataires


CHAPITRE 1 — Les destinataires 21

CHAPITRE 1

Yves Guérette

La catéchèse biblique de la liturgie dominicale s’adresse à tous les croyants adultes, de dix-huit à cent huit ans ! Elle propose une méthode catéché-tique simple et accessible pour tous ceux et celles qui désirent nourrir leur foi autant en paroisse, dans les mouvements d’Église, dans les résidences de per-sonnes âgées, en assemblée de cuisine que dans tout autre contexte de rencontre de chrétiens et de chré-tiennes par la méditation des Écritures. Les quelques mots qui suivent souhaitent exposer les avantages dont pourront bénéficier différents groupes d’adultes en Église par l’expérimentation de cette méthode catéchétique. Ne voulant aucunement être restrictifs dans notre énumération des groupes et des personnes susceptibles d’utiliser cette méthode, nous souhaitons que ces propos inspirent le plus largement possible tous ceux et celles qui souhaitent ouvrir les Écritures avec d’autres croyants !

Les destinataires



1 Les membres des équipes pastorales paroissiales et diocésaines avec leur évêque

Les membres des équipes pastorales paroissiales et diocésaines avec leur évêque pourront trouver par la catéchèse biblique de la liturgie dominicale de la Parole une manière judicieuse de se nourrir de la Parole chaque semaine. La plupart de ces équipes et de ces groupes ont déjà intégré un partage biblique au début de leurs rencontres régulières. Le plus sou-vent, ils consacrent un bref moment à la lecture du récit évangélique du dimanche à venir et à l’échange des impressions, des découvertes et des interpel-lations qui surgissent à la lecture du texte. Or, il est des équipes pastorales qui croient fermement que la Parole est appelée à devenir de plus en plus l’âme, l’élan, et même l’initiatrice de toutes leurs actions pas-torales. Elles portent la conviction que le partage des Écritures devrait occuper le premier espace, voire la priorité à l’agenda, afin de favoriser la rencontre et l’in-timité avec le Maître. « Demeurez en moi, comme moi en vous. De même que le sarment ne peut pas porter de fruit par lui-même s’il ne demeure pas sur la vigne, de même vous non plus, si vous ne demeurez pas en moi » (Jn 15, 4). Ces équipes partagent les intentions de l’Église, qui souhaite que la vie ecclésiale tout entière soit de plus en plus, et radicalement, animée et nourrie



par la Parole. Dans l’exhortation apostolique Verbum Domini rédigée à la suite du synode sur la parole de Dieu en 2008, le pape Benoît XVI a écrit ce qui suit :

Le Synode a invité à un engagement pastoral particulier pour faire ressortir la place centrale de la Parole de Dieu dans la vie ecclésiale, recom-mandant « d’intensifier “la pastorale biblique” non en la juxtaposant à d’autres formes de la pastorale, mais comme animation biblique de toute la pastorale ». Il ne s’agit donc pas d’ajouter quelques rencontres dans la paroisse ou dans le diocèse, mais de vérifier que, dans les activités habituelles des communautés chrétiennes, dans les paroisses, dans les associations et dans les mouvements, on a vraiment à cœur la rencontre personnelle avec le Christ qui se communique à nous dans sa Parole. Ainsi, si « l’ignorance de la Sainte Écriture est ignorance du Christ », l’ani-mation biblique de toute la pastorale ordinaire et extraordinaire conduira à une plus grande connaissance de la personne du Christ, Révélateur du Père et Plénitude de la Révélation divine5.

5. Benoît XVI, Verbum Domini, par. 73.



L’animation biblique de toute la pastorale invite tous les responsables pastoraux, de concert avec tous les baptisés, à se mettre à l’écoute de la Parole afin que celle-ci devienne de plus en plus l’« âme » de toute la pastorale et de toute la vie de l’Église. La parole de Dieu humanise les relations entre les humains en les divinisant. Elle fait naître la communion permet-tant d’entendre le divin se révélant par les paroles fécondées des uns et des autres, notamment lors de la catéchèse. Le pape François confirme que, sous l’action de l’Esprit Saint, les paroles écrites de manière humaine des Écritures se transforment en parole de Dieu. Le pape met ainsi en garde contre une lecture superficielle ou encore peu sous la mouvance de l’Esprit qui risquerait alors de conduire à des interpré-tations simplificatrices, voire fondamentalistes.

L’Écriture Sainte, sous l’action de l’Esprit Saint, transforme en Parole de Dieu la parole des hommes écrite de manière humaine (cf. Dei verbum, no 12). Le rôle de l’Esprit Saint dans la Sainte Écriture est fondamental. Sans son action, le risque d’être enfermé dans le texte serait tou-jours un danger, rendant facile l’interprétation fondamentaliste, d’où nous devons rester à l’écart afin de ne pas trahir le caractère inspiré, dyna-mique et spirituel que possède le texte sacré. Comme le rappelle l’Apôtre, « la lettre tue, mais l’Esprit donne la vie » (2 Co 3, 6). Le Saint-Esprit



transforme donc la Sainte Écriture en une Parole vivante de Dieu, vécue et transmise dans la foi de son peuple saint6.

C’est bien la Parole qui séduit le cœur des humains. C’est elle qui les invite à la conversion, au retourne-ment. Parole qui ne se laisse pourtant percevoir que comme à travers une nuée. Parole qui ne se laisse entendre que comme un murmure dans le tréfonds des cœurs. Parole qui laisse entrevoir un visage et un regard lumineux, qui se dessinent discrètement dans la nuit. Parole qui s’approche avec respect, avec déférence, avec amitié et avec une profonde dou-ceur. Parole qui séduit par sa tendresse, et qui par sa chaleur réconforte et réchauffe. Parole qui rouvre le chemin encombré pour qu’enfin puisse être retrouvé le chemin de la véritable demeure (Jn 14, 3-6). C’est en réponse à sa séduction, à sa douce et pour-tant décisive emprise (Jn 20, 9) que les humains se retournent (metanoïa) pour ne plus perdre ni du regard ni du cœur ce visage qui leur a révélé leur propre beauté. C’est bien la Parole qui transforme et sancti-fie toutes choses.

6. François, Lettre apostolique en forme de motu prorio Aperuit Illis, par laquelle a été institué le dimanche de la parole de Dieu, 30 sep-tembre 2019, no 9.



L’animation biblique de toute la pastorale engage tous les baptisés, unis à leurs responsables parois-siaux et diocésains ainsi qu’à leur évêque, à non seu-lement approfondir leur connaissance des Écritures, mais aussi, et surtout, à se laisser de plus en plus radicalement et essentiellement animer par le Verbe de vie. Rien de moins. Dans cette expérience de l’écoute et de la suite du Maître, là devrait être son unique trésor : « Le jeune homme lui dit : “Tout cela, je l’ai observé : que me manque-t-il encore ?” Jésus lui répondit : “Si tu veux être parfait, va, vends ce que tu possèdes, donne-le aux pauvres, et tu auras un tré-sor dans les cieux. Puis viens, suis-moi” » (Mt 19, 20-21). La Parole invite à se laisser épouser par une nou-velle logique des rapports au monde, à soi-même et à Dieu : la logique du Royaume. Elle assouplit les paroles et les actions qui se rigidifient à l’occasion ; elle apaise et adoucit les attitudes parfois intran-sigeantes ou même sévères ; elle permet d’accep-ter avec douceur et paix les adversités de toutes sortes. Le catéchète et théologien Claude Lagarde illustre ainsi certaines conséquences du repliement de la parole humaine sur elle-même : « Insensée (la parole humaine), elle peut être bavarde et se com-plaire dans des bagatelles. Savante, elle peut être exacte et rigoureuse, mais rester à ras de terre et répéter fidèlement les mêmes choses du dehors. Pire encore, pris par la peur, l’humain agresse l’autre, et la parole lui sert de projectile, elle devient alors



perverse, peut-être menteuse, voire mielleuse7. » La parole de Dieu guérit la parole humaine en l’introdui-sant dans une toute nouvelle logique où l’amour et la bienveillance occupent de plus en plus tout l’espace intérieur. La Parole conduit à l’affranchissement des prisonniers de toutes sortes, à la libération des enfer-més derrières les murs de différentes natures, à la guérison de ceux et celles qui portent des blessures intérieures parfois lointaines, parfois si proches…

Évidemment, l’animation biblique de toute la pasto-rale nécessite que l’on consacre un temps suffisant à la manducation des Écritures8 afin que la Parole puisse accomplir son œuvre en chacun et chacune. Plus qu’un partage à partir des réactions plus ou moins

7. Claude et Jacqueline lagarde, La Bible, parole d’amour. Quand l’initiation chrétienne guérissait la parole, Paris, Bayard, 2000, p. 62.

8. La manducation, c’est l’action de manger des aliments solides. Elle est associée dans la tradition de l’Église à la parole de Dieu que les croyants sont invités à « manger ». Le rédacteur de l’Apocalypse reçoit cette même invitation formelle de la part de Dieu : « Et la voix que j’avais entendue, venant du ciel, me parla de nouveau et me dit : “Va prendre le livre ouvert dans la main de l’ange qui se tient debout sur la mer et sur la terre.” Je m’avançai vers l’ange pour lui demander de me donner le petit livre. Il me dit : “Prends, et dévore-le ; il remplira tes entrailles d’amertume, mais dans ta bouche il sera doux comme le miel.” Je pris le petit livre de la main de l’ange, et je le dévorai. Dans ma bouche il était doux comme le miel, mais, quand je l’eus mangé, il remplit mes entrailles d’amertume. Alors on me dit : “Il te faut de nouveau prophétiser sur un grand nombre de peuples, de nations, de langues et de rois” » (Ap 10, 8-11). C’est ce pain de la Parole que les croyants doivent manger, dont ils doivent faire la manducation. Jésus le confirme lui-même lorsqu’il reprend un extrait du livre du Deutéronome (8, 3) et répond au tentateur : « Il est écrit : L’homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu » (Mt 4, 4).



spontanées des uns et des autres après la lecture d’un extrait de l’Évangile, il s’agit non seulement de travailler les Écritures, mais aussi, et surtout, de se laisser « tra-vailler » et même pétrir par la Parole, comme le rap-pelle le prophète Jérémie : « Maison d’Israël, est-ce que je ne pourrais pas vous traiter comme fait ce potier ? – oracle du Seigneur. Oui, comme l’argile est dans la main du potier, ainsi êtes-vous dans ma main, mai-son d’Israël ! » (Jr 18, 6). Ou : « Comme l’argile est dans la main du potier, qui la modèle à son gré, ainsi les hommes sont dans la main de leur Créateur qui les rétribue selon son jugement » (Si 33, 13).

Pour qu’elle puisse être vécue sereinement, la catéchèse biblique de la liturgie dominicale invite à y consacrer une période d’environ 90 minutes dans la semaine, en fonction d’un groupe de 6 à 8 personnes environ. Si les groupes sont plus nombreux, il devient judicieux de constituer plusieurs équipes. Les équipes pastorales paroissiales et diocésaines avec leur évêque, qui feront le choix de consacrer hebdomadairement ce temps au travail des Écritures, se doteront certainement d’un excellent moyen afin d’entrer de plus en plus dans le mouvement de l’animation biblique de toute la pas-torale. Nourrie à une même Parole, qui engendre sa vie dans la dynamique de l’équipe, et animée par le Verbe et l’Esprit qui inaugurent sans cesse de manière nouvelle le Royaume, c’est toute la pastorale qui pourra faire l’expérience de sa transfiguration.



2 Les équipes de catéchètes et leurs responsables

Les catéchètes dans les paroisses, dans les services diocésains ou dans les mouvements sont le plus sou-vent des animateurs et des animatrices hors pair. La grande majorité d’entre eux ont, d’heureuse manière, développé l’art de la rencontre et de la communication de la foi. Cependant, il est parfois étonnant de consta-ter que la catéchèse est une activité souvent perçue comme un service à rendre à d’autres personnes afin qu’« elles » rencontrent le Christ et qu’« elles » approfon-dissent leur foi. Étonnamment, il arrive que la catéchèse concerne peu les catéchètes eux-mêmes puisque leur catéchisation permanente apparaît peu ou pas néces-saire. Lorsqu’une nouvelle ou un nouveau catéchète se joint à un groupe existant, il arrive qu’on lui explique comment utiliser les outils du programme pédago-gique et qu’on l’envoie assez rapidement à la rencontre des personnes à catéchiser. Or, les catéchètes ont-ils vraiment l’occasion d’être catéchisés avec d’autres catéchètes adultes ou ont-ils vraiment l’occasion de se rencontrer « à l’écart », auprès du Maître, et de trouver auprès de lui le repos au cœur de la mission (Mc 6, 31) ? De fait, il arrive souvent que les catéchètes « fassent vivre » la catéchèse à un groupe sans qu’ils puissent avoir accès à un véritable espace de rencontre entre



eux afin de se nourrir et de s’abreuver à la source de la Parole. N’est-ce pas là un fonctionnement à remettre en question ?

Les catéchètes d’une paroisse, d’un mouvement ou ceux et celles des services diocésains tireront un grand avantage des occasions régulières de se rassembler pour le travail des Écritures afin de faire l’expérience d’écouter ensemble la Parole. Cette expérience, qui devrait possiblement être première, leur permettra certainement de mieux approfondir la nature et la noblesse de leur service ecclésial. De plus, en utilisant la méthode proposée dans cet ouvrage, les caté-chètes pourront éventuellement enrichir leur manière d’aborder les Écritures. De fait, il arrive fréquemment, en catéchèse, que l’on « utilise » différents textes de la Bible comme un « prétexte » permettant de trans-mettre un message, de communiquer une idée à faire retenir ou encore pour promouvoir un comportement à adopter. D’ailleurs, puisque l’on connaît les contenus que l’on souhaite exposer aux enfants, aux adolescents ou aux adultes catéchisés, le texte biblique fournit alors la référence, la justification, la caution ou l’appui qui valide le discours ou l’enseignement « sur » Dieu. On procède souvent ainsi avec les Écritures tant en caté-chèse, en liturgie qu’en d’autres activités pastorales. Or, en suivant la méthode de la catéchèse biblique de la liturgie du dimanche, les catéchètes pourront décou-vrir qu’au lieu d’« utiliser » ou de « se servir » des Écritures



dans leurs activités catéchétiques, ils sont plutôt appelés à « se mettre au service des Écritures ». Il s’agit d’un grand renversement de perspectives et, pour un certain nombre de catéchètes, une véritable école de fréquentation de la Parole. Ils y découvriront, par-fois avec une heureuse stupéfaction, que leur service d’Église consiste à permettre aux enfants, aux adoles-cents, aux adultes ainsi qu’à eux-mêmes d’écouter à même la catéchèse une Parole toute mystérieuse et tout intérieure qui enseigne elle-même le Royaume à accueillir de manière neuve et surprenante. Ils y feront la rencontre d’une Parole insaisissable qui se laisse pourtant approcher et qui dévoile par l’Esprit le visage saisissant du Christ, et donc, celui du Père, dont les traits sont toujours non imaginés. Ils seront catéchisés en même temps que les personnes qu’ils catéchisent et découvriront la Parole-Chemin, la Parole-Vérité et la Parole-Vie (Jn 14, 6).

La catéchèse biblique de la liturgie du dimanche ne fonctionne pas par thèmes à présenter, d’idées à trans-mettre a priori ou de repères moraux à promouvoir d’emblée. Sans exclure ni les uns ni les autres, elle sou-haite d’abord que les catéchisés fassent l’expérience de s’exposer aux Écritures, de les travailler afin qu’éventuel-lement la Parole les « travaille » de l’intérieur. Le rabbin et docteur en philosophie Marc-Alain Ouaknin compare le travail d’interprétation de la Bible à celui d’une ouver-ture ou d’une brisure du texte et des mots afin de faire,



selon son expression, éclater la vérité. Il s’agit pour lui de se défaire des idées et des représentations toujours limitées que l’on s’est construites au sujet de Dieu pour réapprendre sans cesse à vivre en lui : « Il s’agit de tuer l’idole de Dieu, enfermée dans un système par la théo-logie et la philosophie, pour faire vivre le Dieu vivant et infini9. » En prenant les Écritures à bras le corps, les catéchètes sont conviés à les affronter et à se laisser confronter par elles, à les interroger et à se laisser inter-roger par elles, à les parler afin, éventuellement, d’écou-ter des mots nouveaux parler en elles. Ouaknin poursuit en confirmant que ce travail ne fait aucune violence au texte, bien au contraire ! « Celui-ci se dérobe toujours, même si on lui découvre des milliers et des milliers de sens différents. Sa richesse est inépuisable. Au fond, nous ne faisons que le caresser […] Nous touchons le texte, nous le découvrons et, dans le même temps, il ne se livre pas tout entier, il se retire, il garde son mystère, il reste toujours une énigme10. »

Le Directoire général pour la catéchèse de l’Église catholique affirme à l’égard de la formation des caté-chètes qu’il est nécessaire non seulement de leur four-nir une formation de base, mais aussi une formation

9. Marc-Alain ouaknin, « Le Dieu des Juifs », J. Bottéro, M.-A. ouaknin, J. Moingt, La plus belle histoire de Dieu, qui est le Dieu de la Bible ? Paris, Seuil, 1997, p. 63.

10. Ibid., p. 63-64.



permanente11. Celle-ci est présentée comme une « aide pour qu’ils [les catéchètes] aient de l’Évangile la même conscience vivante et actuelle qu’en a l’Église, s’habili-tant ainsi à le transmettre en son nom12 ». Or, pour que cette conscience demeure vivante, n’est-il pas impli-cite qu’il soit heureux de leur proposer de se nourrir le plus régulièrement possible à cet Évangile et à toute la Bible, entre eux, y faisant alors l’expérience d’une véritable formation permanente de la part du Maître lui-même ?

3 Les homélistes du dimancheElle fait l’objet de bien des attentions. Elle suscite par-fois l’enthousiasme à certaines occasions et la décep-tion en d’autres. Elle sait qu’elle suscite beaucoup d’attentes. Elle demeure l’une des manières par laquelle l’Église ouvre l’accès à l’écoute de la Parole. Il s’agit bien sûr de l’homélie. Afin de confirmer son importance, le pape François affirme qu’elle « doit avoir un caractère quasi sacramentel13 » ! Dans le motu proprio qui institue le dimanche de la Parole, à célébrer chaque année, le pape insiste notamment sur la considération que l’on doit avoir pour la préparation de l’homélie. Pour François,

11. congrégation pour le clergé, Directoire général pour la catéchèse, Ottawa, Conférence des évêques catholiques du Canada, 1997, par. 233.

12. Ibid., par. 236.13. François, Evangelii Gaudium, La joie de l’Évangile, no 142.



la méditation et la prière sont essentielles afin que l’Écriture sainte, rendue accessible par les textes de la liturgie, soit accueillie comme parole de Dieu.

Pour beaucoup de nos fidèles, en effet, c’est l’unique occasion qu’ils possèdent pour saisir la beauté de la Parole de Dieu et de la voir se référer à leur vie quotidienne. Il faut donc consacrer le temps nécessaire à la préparation de l’homélie. On ne peut improviser le commentaire aux lectures sacrées. Pour nous, comme prédicateurs, il est plutôt demandé de ne pas s’étendre au-delà de la mesure avec des homélies ou des arguments étrangers. Quand on s’arrête pour méditer et prier sur le texte sacré, on est capable de parler avec son cœur pour atteindre le cœur des personnes qui écoutent, pour exprimer l’essentiel qui est reçu et qui produit du fruit. Ne nous lassons jamais de consacrer du temps et de prier avec l’Écriture Sainte, pour qu’elle soit accueillie « pour ce qu’elle est réellement, non pas une parole d’hommes, mais la parole de Dieu » (1 Th 2, 13)14.

La préparation de l’homélie ou du commentaire homi-létique du dimanche est un exercice toujours exigeant15. Il est si prenant qu’il peut être tentant à l’occasion de

14. François, Aperuit Illis, no 5.15. Nous explorerons plus spécifiquement la préparation de l’homélie au

chapitre 3 de la première partie de cet ouvrage.



prendre quelques raccourcis : utiliser un commentaire disponible dans une revue liturgique ou dans un ouvrage rassemblant des homélies d’un auteur reconnu, ou chercher des pistes sur des sites Internet qui proposent des homélies déjà rédigées. Lors des temps forts de l’année liturgique, il est aussi possible de s’inspirer des pistes d’homélies proposées pour tel ou tel dimanche de l’Avent ou du Carême afin de respecter le « thème » proposé. Évidemment, il peut aussi être intéressant de lire des commentaires exégétiques afin d’avoir une meilleure et une plus riche compréhension du texte biblique. Cependant, François met en garde contre la proposition d’une « prédication purement moraliste ou endoctrinante, comme aussi celle qui se transforme en un cours d’exégèse16 ». Enfin, il demeure toujours pos-sible de ressortir l’homélie rédigée trois ans plus tôt… Les homélistes seront tentés de rechercher dans ces différentes sources disponibles la bonne idée à com-muniquer, le bon message à transmettre et à ensei-gner ou comment exploiter le thème du dimanche qui devrait être mis de l’avant et expliqué. Par surcroît, ils pourront faire des liens avec la vie quotidienne afin d’offrir quelques ancrages au message transmis, et ainsi, donner une bonne odeur à l’entreprise.

16. François, Aperuit Illis, no 5.



Et si le ministère des homélistes était d’un tout autre ordre ? Et si leur premier travail consistait à engager un véritable « combat » avec les textes du dimanche ? La Bonne Nouvelle à annoncer n’est pas d’abord une idée à transmettre, si noble soit-elle, comme l’a affirmé François. La Bonne Nouvelle est d’abord une expérience transfigurante. Une expérience de passage : celui d’un Vendredi saint enténébré vers un dimanche de Pâques d’où naît une Lumière nouvelle. La Bonne Nouvelle est expérience, bouleversante, d’entendre : « aujourd’hui le salut est arrivé dans cette maison », pour reprendre les mots du récit de la rencontre de Jésus avec Zachée. C’est parce qu’ils ont entendu et écouté la Parole vivante, la Parole neuve et surprenante de Dieu au cours de la semaine que les homélistes prennent parole pour l’annoncer au Peuple de Dieu, le dimanche suivant.

Les homélistes bénéficieront largement des fruits de leur participation à la catéchèse biblique de la liturgie domi-nicale de la Parole d’abord parce qu’ils feront l’expérience de la résonnance de la Parole à partir des Écritures avec d’autres baptisés au cours de la semaine. La catéchèse pourra ainsi permettre d’accorder une confiance de plus en plus grande à la Parole qui parle dans et par les baptisés tout autant que dans et par la personne des homélistes. De plus en plus saisis par cette expé-rience d’entendre au plus intime d’eux-mêmes et par les autres baptisés une Parole originaire et inaugurale,



les homélistes pourront lentement délaisser certains outils de rédaction sur lesquels ils pouvaient s’appuyer jusqu’alors pour entrer dans l’expérience du face-à-face avec le Maître, comme Moïse l’a vécue avec le Seigneur dans la tente de la Rencontre (Ex 33, 11).

Lorsque les homélistes ont le privilège d’ouvrir les Écritures du dimanche avec d’autres chrétiens et chré-tiennes au cours de la semaine qui précède, ils ont alors la possibilité, en Église, de se mesurer aux textes avec leurs doutes, leurs questionnements, leurs angoisses comme leurs joies les plus profondes. Ils ont aussi le pri-vilège d’entendre et d’accueillir les questions, les affres et les tourments comme les joies et l’allégresse les plus profondes de leurs frères et sœurs dans la foi. Ils font alors l’exercice très humble de se mettre à l’écoute : écouter d’abord longuement, patiemment. Se taire afin d’écouter. C’est l’invitation que le Seigneur fait à Ézéchiel : d’abord, avant toute chose, avant de prendre parole ou de chercher ce qu’il te faudrait dire : écoute, écoute longuement et, pour ce faire, mange ce livre !

« Et toi, fils d’homme, écoute ce que je te dis. Ne sois pas rebelle comme cette engeance de rebelles. Ouvre la bouche, et mange ce que je te donne. » Alors j’ai vu : une main tendue vers moi, tenant un livre en forme de rouleau. Elle le déroula devant moi ; ce rouleau était écrit au-dedans et au- dehors,



rempli de lamentations, plaintes et clameurs. Le Seigneur me dit : « Fils d’homme, ce qui est devant toi, mange-le, mange ce rouleau ! Puis, va ! Parle à la maison d’Israël. » J’ouvris la bouche, il me fit manger le rouleau et il me dit : « Fils d’homme, remplis ton ventre, rassasie tes entrailles avec ce rouleau que je te donne. » Je le mangeai, et dans ma bouche il fut doux comme du miel. Il me dit alors : « Debout, fils d’homme ! Va vers la maison d’Israël, et dis-lui mes paroles » (Ez 2, 8–3, 4).

Cette catéchèse est certainement une belle occasion pour toute personne qui doit prendre parole à partir des Écritures dans une assemblée liturgique d’écou-ter longuement et de « manger le livre » jusqu’à ce qu’il devienne doux comme le miel. C’est à partir de ce moment que la Bonne Nouvelle se révèle. C’est celle-là qu’il est heureux d’annoncer au peuple des croyants !

4 Les groupes de prière bibliqueQu’ils soient charismatiques, bibliques ou tournés vers l’adoration et la louange, la plupart de ces groupes enracinent la prière dans la méditation des Écritures. Leurs membres trouveront ici une nouvelle manière d’ouvrir les Écritures et de se laisser, éventuellement, conduire par la Parole elle-même vers la prière. Celle-ci est d’abord écoute, comme le rappelle le



moine bénédictin Enzo Bianchi : « Il est clair […] que la prière authentique germe là où se trouve l’écoute. “Parle Seigneur, car ton serviteur écoute” (1 S 3, 9) : c’est là le premier acte de la prière que – malheureu-sement – nous sommes constamment tentés de ren-verser en “Écoute, Seigneur, car ton serviteur parle17”. » Il est intéressant de s’arrêter encore quelques instants ici sur l’expression « écoute de la Parole ». En effet, il arrive trop souvent que l’on associe rapidement Bible et parole de Dieu. Le théologien français Christophe Raimbault affirme à ce sujet que nous sommes pié-gés par des abus de langage. « “Lire la Parole”, “ouvrir la Parole” sont des expressions inappropriées. Il s’agit de lire un texte pour, ensuite, au terme du travail, entendre un message, une Parole18. » Ces propos trouvent un écho explicite dans le message final du synode des évêques sur la parole de Dieu, alors que ceux-ci distinguent, sans évidemment les séparer, Saintes Écritures et parole de Dieu :

Les Saintes Écritures sont le « témoignage », sous forme écrite, de la parole divine, elles sont le mémorial canonique, historique et littéraire qui atteste l’événement de la Révélation créatrice et salvatrice. La Parole de Dieu précède donc et

17. Enzo Bianchi, Pourquoi prier ? Comment Prier ? Paris, Parole et Silence, 2010, p. 27.

18. Christophe raiMBault, « Laisser la Parole de Dieu faire son travail », Lumen vitæ, vol. LXXII, no 4, 2017, p. 372.



dépasse la Bible, qui n’en reste pas moins « inspi-rée par Dieu » et qui contient la Parole divine effi-cace (cf. 2 Tm 3, 16). C’est pour cette raison que notre foi n’a pas en son centre uniquement un livre, mais une histoire de salut et, comme nous le verrons, une Personne, Jésus-Christ, Parole de Dieu faite chair, homme et histoire. C’est justement parce que l’horizon de la Parole divine embrasse et s’étend au-delà de l’Écriture qu’est nécessaire la constante présence de l’Esprit Saint qui « conduit à la vérité tout entière » (Jn 16, 13) celui qui lit la Bible. Telle est la grande Tradition, présence efficace de l’« Esprit de vérité » dans l’Église, gardienne des Saintes Écritures, authentiquement interprétées par le Magistère ecclésial. Avec la Tradition, on parvient à la compréhension, à l’interprétation, à la communication et au témoignage de la Parole de Dieu. Saint Paul lui-même, proclamant le pre-mier Credo chrétien, affirmera « transmettre » ce qu’il « a reçu » de la Tradition (1 Co 15, 3-5)19.

Il serait donc réducteur d’associer étroitement ou uni-quement la parole de Dieu à un message, voire aux Écritures, puisque la Parole est aussi et du même souffle le Messager, la personne du Fils. Les deux sont pourtant indissociables. Lire les Écritures afin d’écouter la Parole,

19. XIIIe asseMBlée générale ordinaire du synode des éVêques, Message au Peuple de Dieu, 28 octobre 2012, no 4.



c’est donc se découvrir en présence de Quelqu’un qui parle dans l’intimité de l’intérieur par les Écritures et par les paroles des autres. Par sa Parole, Dieu sou-haite éveiller à sa vie et répandre sa lumière dans les ténèbres, qui envahissent parfois, afin de les dissiper (2 P 1, 19). Écouter la Parole, c’est entendre des mots qui prennent vie et irriguent les déserts, guérissent les bles-sures, apaisent les angoisses de vivre. Écouter la Parole fait passer sur l’autre rive (Mc 4, 35 ; 8, 13 ; Jn 6, 25). Cette image de l’Évangile peut faire référence à la « rive » du matin de Pâques qu’il est possible d’atteindre après la traversée des eaux tumultueuses qui, parfois, avaient tout envahi et tout bousculé.

La catéchèse offre l’opportunité à la parole de Dieu de prendre chair dans notre chair, elle rend disponible au Verbe afin qu’il s’enfante en nous lorsque l’Esprit nous couvre de son ombre (Lc 1, 35). Il peut alors faire sa demeure et habiter parmi nous, en nous (Jn 1, 14). La prière qui jaillit de la méditation des Écritures invite à se dévêtir de toute prétention ou de toute maîtrise de son mouvement afin de se laisser revêtir des mots venus d’ailleurs. Prière qui conduit alors à la démaîtrise et à la disponibilité de plus en plus radicale afin de se laisser mener par Celui qui, comme le rappelle le psalmiste, « est notre Dieu ; nous sommes le peuple qu’il conduit, le troupeau guidé par sa main. Aujourd’hui écouterez-vous sa parole ? » (Ps 94, 7). Prière qui, dans nos « sans mot » ou dans nos mots fragiles, permet



alors d’entendre et d’écouter des mots nouveaux, jamais encore entendus, qui illuminent la nuit : Parole de la Pâque nouvelle et éternelle. L’écoute attentive, silencieuse et réceptive des Écritures ouvre l’espace intérieur qui permet de déceler, de découvrir et de ren-contrer Celui qui anime les Écritures dans le souffle de l’Esprit. Il parle au plus intime de chaque être humain et l’invite à participer à la plénitude de sa vie. Saint Paul confirme que c’est l’Esprit qui fait naître la prière : « L’Esprit Saint vient au secours de notre faiblesse, car nous ne savons pas prier comme il faut. L’Esprit lui-même intercède pour nous par des gémissements inexprimables. Et Dieu, qui scrute les cœurs, connaît les intentions de l’Esprit puisque c’est selon Dieu que l’Es-prit intercède pour les fidèles » (Rm 8, 26-27). La caté-chèse biblique se révèle dès lors un chemin exception-nel conduisant à la prière ceux et celles qui ont des oreilles pour entendre (Mt 11, 15 ; 13, 9). Elle conduit à la prière qui sourd dans la chair du quotidien, prière que l’on reçoit et que l’on accueille dans l’intimité du « chez-soi habité par le souffle », prière qui permet à la personne croyante de prendre conscience de manière fulgurante, et pourtant si tendre, qu’elle est véritable-ment temple de l’Esprit.

Par la catéchèse, le Verbe de Dieu épouse délicate-ment et transfigure de manière toujours surprenante les mots des catéchisés. Lors de la catéchèse, des



langues que l’on dirait « de feu » peuvent symbolique-ment se poser sur chacun et chacune (Ac 2, 3). La Parole s’unit aux paroles des uns et des autres. Elle les féconde et permet aux croyants et aux croyantes de devenir eux-mêmes Parole du Dieu vivant. Le dia-logue amoureux qui unit le Père et le Fils dans l’Esprit se dévoile alors mystérieusement dans le cœur des catéchisés, alors que la parole de Dieu les introduit dans l’intimité du dialogue que le Père entretient avec le Fils et l’Esprit. « Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole ; mon Père l’aimera, nous viendrons vers lui et, chez lui, nous nous ferons une demeure » (Jn 14, 23). Par la catéchèse biblique, les catéchisés pourront se laisser habiter par une prière, où leurs mots s’estom-peront pour laisser de plus en plus parler la Parole, le Verbe de Dieu en chacun et en chacune. Pour paraphraser saint Paul qui écrivait aux Galates : « Je vis, mais ce n’est plus moi, c’est le Christ qui vit en moi » (Ga 2, 20), les catéchisés pourront professer : « Je parle, mais ce n’est plus moi, c’est le Christ qui parle en moi. » Les membres des groupes de prière qui auront goûté la catéchèse biblique pourront dire : « Je prie, mais ce n’est plus moi, c’est le Père, le Fils et l’Esprit qui prient en moi, et ils me font participer à l’intimité de leur dialogue divin ! » La fréquentation de la Parole n’est-elle pas l’une des plus grandes écoles de prière ? C’était bien la conviction des Apôtres lors-qu’ils ont demandé au Christ, Parole vivante, de leur montrer à prier (Lc 11, 1-4).



5 Les groupes de partage biblique et de tous les mouvements d’Église

Pour les baptisés, la méditation des Écritures n’est pas une option ou un choix d’activité parmi tant d’autres. Elle est nourriture pour la vie baptismale qui permet de demeurer en relation et en intimité avec le Christ. Aussi, le pape François affirme que, si les baptisés de la communauté n’ont pas l’occasion d’ouvrir les Écritures de manière régulière afin d’écouter la Parole du Christ, c’est leur foi elle-même qui risque d’être affaiblie. « Le lien entre l’Écriture Sainte et la foi des croyants est profond. Puisque la foi provient de l’écoute et que l’écoute est centrée sur la parole du Christ (cf. Rm 10, 17), l’invita-tion qui en découle est l’urgence et l’importance que les croyants doivent réserver à l’écoute de la Parole du Seigneur, tant dans l’action liturgique que dans la prière et la réflexion personnelle20. » Plus encore, pour François, c’est la Parole qui est source de toute communion entre les baptisés et qui les rassemble en un seul peuple21. Il soutient que le soin que l’on doit apporter à la relation entre le Christ ressuscité, les baptisés et l’Écriture est cru-cial. Il emploie le mot « vital » pour bien démontrer que, si cette relation est fragilisée ou encore disloquée, c’est l’identité des croyants qui se verra ébranlée.

20. François, op. cit., no 7.21. Ibid., no 4.



La relation entre le Ressuscité, la communauté des croyants et l’Écriture Sainte est extrêmement vitale pour notre identité. Si le Seigneur ne nous y introduit pas, il est impossible de comprendre en profondeur l’Écriture Sainte. Pourtant le contraire est tout aussi vrai : sans l’Écriture Sainte, les événe-ments de la mission de Jésus et de son Église dans le monde restent indéchiffrables. De manière juste, Saint Jérôme pouvait écrire : « Ignorer les Écritures c’est ignorer le Christ » (In Is., prologue : PL 24, 17)22.

Il apparaît donc très important de favoriser la mise en place de cellules de partage des Écritures dans tous les milieux pastoraux afin que les baptisés puissent fréquenter de manière la plus régulière possible les Écritures et se mettre ensemble à l’écoute de la Parole. Assemblées de cuisine, groupes de lecture de la Bible, groupes de ressourcement, mouvements d’apostolat et d’action caritative, de fraternité, d’engagement et de justice sociale sont autant de lieux où les Écritures doivent conduire le Maître de la vigne à demeurer le maître, c’est-à-dire de permettre au Christ d’être le cœur du battement du cœur de toute son Église. L’un des nombreux services que peut rendre la catéchèse biblique de la liturgie dominicale de la Parole sera de contribuer à la mise en place et au soutien de tous les

22. Ibid., no 1.



groupes de baptisés qui auront fait la découverte de la place centrale de la parole de Dieu dans leur vie et dans tous leurs engagements !

* * *

La catéchèse biblique, que nous vous proposons, s’adresse à tous les hommes et toutes les femmes qui confessent la foi en Jésus Christ. Elle permet de lier de manière exceptionnelle catéchèse et liturgie, assurant que le cycle de l’année liturgique propose un véritable parcours de catéchèse qui permet de revisiter sans cesse les grandes expressions du mystère du Christ : de sa venue jusqu’à sa glorification comme Roi de tout l’univers. Lorsque le plus grand nombre de chrétiens et de chrétiennes d’un milieu se nourrissent de la Parole et la célèbrent le dimanche, c’est toute la pastorale qui se voit alors « animée » par la Bible et possiblement orientée de manière gracieuse vers la mission du Fils et de l’Esprit !

CHAPITRE 2

Yves Guérette

Nous vous proposons ici un guide pratique afin d’ani-mer, au cours de la semaine, une catéchèse destinée à des adultes à partir des textes bibliques de la liturgie dominicale. Vous rendez le service humble et délicat de convier à l’expérience de se laisser prendre, de se laisser « posséder » par Dieu afin qu’il fasse de tout un chacun, comme de vous-mêmes, des prophètes qui prophétisent. Vous êtes donc au service de l’avène-ment du Royaume, service pour lequel vous vous savez paradoxalement « inutiles » ou « quelconques » (Lc 17, 10) puisqu’il ne s’agit surtout pas de votre œuvre. Vous sou-haitez même vous effacer suffisamment pour que le Tout-Autre prenne toute la place afin que, hier comme aujourd’hui, sa rencontre transfigure ceux et celles qui

Guide d’animation de la catéchèse biblique de la liturgie dominicale de la Parole pour adultes


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