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Réseau de reliquats azotés 2018-2019 – Boutonne amont - Mars 2019
1 * La catégorie divers regroupe des chaumes de blé, de soja, des pailles de maïs, des repousses de féveroles, du ray gras ou des sols nus.
CAMPAGNE D’ANALYSES DE RELIQUATS AZOTÉS
ENTRÉE ET SORTIE HIVER
Synthèse des résultats campagnes 2018-2019
AAC DE MARCILLÉ, COUPEAUME 2 ET LA SCIERIE
Action financée par :
Réseau de reliquats azotés 2018-2019 – Boutonne amont - Mars 2019
2 * La catégorie divers regroupe des chaumes de blé, de soja, des pailles de maïs, des repousses de féveroles, du ray gras ou des sols nus.
A) CONTEXTE GENERAL : DESCRIPTION DU BASSIN RE-SOURCES DE LA BOUTONNE AMONT
Le syndicat des eaux 4B, porteur du programme Re-Sources depuis 2010, est producteur d’eau pour
un territoire de 68 communes et distributeur pour 63 communes. Son territoire d’actions est situé sur la
partie Sud Deux-Sèvres (Figure 1). Vingt-neuf captages d’eau sont nécessaires pour alimenter environ 30
000 habitants. Parmi eux, douze captages souterrains ont été classés « Grenelle » (Figure 2) par l’Etat en
2009, à raison de trois critères de définition :
- L’état de la ressource vis-à-vis des pollutions par les nitrates et/ou les produits phytosanitaires, - Le caractère stratégique de la ressource au vu de la population desservie, - La volonté de reconquérir certains captages abandonnés.
Figure 1 : Territoire du SMAEP 4B
Figure 2 : Territoire Re-Sources de la Boutonne Amont
Réseau de reliquats azotés 2018-2019 – Boutonne amont - Mars 2019
3 * La catégorie divers regroupe des chaumes de blé, de soja, des pailles de maïs, des repousses de féveroles, du ray gras ou des sols nus.
Suite au premier programme Re-Sources qui s’est déroulé de 2011 à 2015, et étant donné que la
qualité de l’eau brute n’est toujours pas restaurée pour certains des captages il a été décidé de conduire
un deuxième programme d’actions sur la période 2017-2021.
Les actions du programme ont été regroupées sous 5 leviers. Ceux-ci ont été distingués à la fois
lors de la phase de concertation, mais également en fonction des objectifs de qualité que le SMAEP 4B
souhaite atteindre :
- Levier 1 : Diminuer les pressions azotées et phytosanitaires, - Levier 2 : Capter efficacement les nitrates entre juillet et décembre via une couverture
végétale des sols, - Levier 3 : Protéger les zones de transferts préférentiels, - Levier 4 : Améliorer les connaissances, - Levier 5 : Sensibiliser et communiquer.
B) CONTEXTE DE L’ACTION RÉSEAU DE RELIQUATS AZOTÉS :
L’action « réseau de reliquats azotés » s’inscrit dans la mise en œuvre du levier 4 « Améliorer les
connaissances » du programme Re-Sources et a pour objectifs :
D’améliorer les connaissances pédologiques sur le territoire et les pratiques en fonction des types
de sols.
D’améliorer les connaissances sur la dynamique de l’azote dans le sol : les reliquats sont un
indicateur de suivi du programme Re-Sources ainsi qu’un point de départ pour les exploitants qui
s’intéressent à la dynamique de l’azote dans leur sol.
D’adapter aux mieux les actions et améliorer la comparaison des données par rapport aux suivis
qualité de l’eau et en fonction de la météorologie.
Chaque année, et sur toute la durée du deuxième programme, le SMAEP 4B propose aux exploitants
volontaires ayant des parcelles sur les AAC de Marcillé, Coupeaume 2 et de la Scierie (cf Figure 2) d’inscrire
trois de leurs parcelles dans le réseau afin que le syndicat réalise des reliquats entrée et sortie hiver sur
ces dernières.
Les analyses sont réalisées sur des sols en Terre Rouge à Châtaigniers car c’est un type de sol très
présente sur le territoire de la Boutonne. Les Terres de Groies constituent également une grande partie
du territoire Re-Sources mais il a été décidé de ne pas mettre en place de campagne de reliquats sur ce
type de sol car jugé très filtrant et donc peu approprié du point de vue des connaissances car les fuites
sont plus importantes que ne le laisse penser les mesures.
RÉSEAU DE PARCELLES ANALYSÉES POUR LE RELIQUAT
ENTRÉE HIVER 2018 et LE RELIQUAT SORTIE HIVER 2019 :
Nombre d’exploitations agricoles inscrites : 15 exploitations
Nombre de parcelles analysées : 44 parcelles
o Nombre de parcelles prélevées sur 1 horizon (0 à 30 cm) : 44 parcelles
o Nombre de parcelles prélevées sur 2 horizons (0 à 60 cm) : 40 parcelles
o Nombre de parcelles prélevées sur 3 horizons (0 à 90 cm) : 17 parcelles
Type de sol : Terre Rouge à Châtaigniers
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4 * La catégorie divers regroupe des chaumes de blé, de soja, des pailles de maïs, des repousses de féveroles, du ray gras ou des sols nus.
C) ANALYSE DES RELIQUATS ENTRÉE HIVER 2018 :
Les prélèvements de terre pour les Reliquats Entrée Hiver (REH) ont été réalisés les 28, 29 et 30
novembre 2018 par le laboratoire GALYS sur l’ensemble des 44 parcelles du réseau.
L’année 2018 a été particulièrement pluvieuse au printemps et très sèche en été, ce qui a
compliqué les semis de colza et de couverts d’intercultures.
Ce relevé de précipitations est effectué à la Station d’Epuration de Chizé et ne représente pas forcément
la réalité sur l’ensemble du territoire Re-Sources en cas d’orages locaux.
En entrée d’hiver 2018, la médiane est de 89 unités d’azote utilisable par hectare, avec des
différences importantes d’une parcelle à l’autre. En effet, le minimum étant de 25 unités d’azote utilisable
par hectare et le maximum étant de 237 unités d’azote utilisable par hectare.
L’azote est principalement sous forme nitrate (NO3-) et est globalement plus présent dans le
premier horizon (< 30 cm de profondeur et la médiane nitrate est de 40,05 uN/ha) et le second horizon
(> 30 cm de profondeur et la médiane nitrate est de 35,45 uN/ha).
NB : Nous utilisons ici la médiane et non la moyenne car la médiane permet de lisser les extrêmes lorsque
les situations sont très différentes, comme dans le cas des reliquats azotés. On obtient alors une donnée
plus précise et plus proche de la réalité.
Ces résultats nous indiquent qu’il existait, en novembre 2018, un risque important de lixiviation des
nitrates vers les eaux des captages. Cette situation est comparable aux reliquats entrée hiver réalisés en
2017 (médiane de 81 unités d’azote utilisable par hectare).
La différence de quantité d’azote dans le sol entre les parcelles peut s’expliquer de différentes façons :
- La culture précédente et celle en place avant la période de lessivage de l’hiver.
- La fertilisation ou non des parcelles et la forme d’azote apportée (organique ou minérale).
- La période de fertilisation des parcelles : un apport d’azote en automne est souvent à
l’origine d’une augmentation du stock d’azote potentiellement lessivable. Cela constitue
une pratique à risque à éviter lorsque cela est possible.
195
7287
101
65
92
155
17
59,5
87
156
48 53
0
50
100
150
200
250
Pluviométrie 2018 et début 2019 à Chizé (en mm)
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5 * La catégorie divers regroupe des chaumes de blé, de soja, des pailles de maïs, des repousses de féveroles, du ray gras ou des sols nus.
- La nature des sols et leur taux de minéralisation : en Terre Rouge à Châtaignier (Réserve
Utile de 120 mm) avec un taux de Matière Organique (MO) d’environ 2%, la minéralisation
est de l’ordre de 85 kg N/ha (Source : Sébastien Minette – Agro-transfert).
- Le type de couverture végétale du sol en automne.
Reliquats entrée hiver en fonction des cultures en place au moment du prélèvement :
Au vu du graphique ci-dessus, les reliquats entrée hiver sont plus élevés sous blé que sous colza. Ils
sont également légèrement supérieurs sous blé que sous couverts. En 2017 l’écart des reliquats entrée
hiver sous blé et sous couvert était nettement plus marqué (médiane de 100Kg N/ha sous blé en 2017 et
de 75 kg N/ha sous couverts d’interculture).
A travers les résultats présentés ci-dessus on peut penser que le couvert ne sert à rien vu les quantités
de reliquats d’azote retrouvées à l’entrée hiver. Cependant ce qu’il faut préciser c’est qu’en novembre au
moment du reliquat azoté le couvert (implanté en juillet/août) a déjà joué son rôle de piégeage d’azote,
contrairement au blé, implanté en octobre, qui absorbe que peu d’azote durant l’hiver. En effet, le blé ne
commencera à pomper de l’azote qu’au début du printemps ce qui augmente le risque de lessivage sous
cette culture. Ainsi on peut en déduire que les reliquats sur les parcelles qui ont un couvert aurait été
certainement plus élevés si le sol avait été laissé nu et donc que la quantité d’azote potentiellement lessivé
aurait été d’autant plus importante.
D) ANALYSE DES RELIQUATS SORTIE HIVER 2019 :
Les prélèvements de terre pour les Reliquats Sortie Hiver (RSH) ont été réalisés les 12 et 13 janvier
2019 par le laboratoire GALYS sur l’ensemble des 44 parcelles du réseau.
En raison des pluies des mois de novembre et décembre (243 mm) relevé à Chizé, les Reliquats
sortie hiver sont nettement plus faibles que les reliquats entrée hiver. La médiane est en effet de 33
unités d’azote utilisable par hectare soit une perte moyenne de 57 uN/ha entre les deux prélèvements.
Les pluies faibles de janvier et février (101 mm relevé au total sur Chizé) ont sûrement limité la perte
d’azote. En 2017, la pluviométrie relevée était de 385 mm de novembre 2017 à février 2018, soit 41 mm
de plus qu’en 2018. En 2017, la médiane des reliquats sortie hiver était de 20 unités d’azote utilisable par
hectare soit une perte supérieure de 13 uN/ha par rapport à 2018.
DIVERS *
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6 * La catégorie divers regroupe des chaumes de blé, de soja, des pailles de maïs, des repousses de féveroles, du ray gras ou des sols nus.
E) PERTE D’AZOTE DURANT L’HIVER DE LA CAMPAGNE 2018/2019 :
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7 * La catégorie divers regroupe des chaumes de blé, de soja, des pailles de maïs, des repousses de féveroles, du ray gras ou des sols nus.
Au vu du graphique ci-dessus on observe que pour un reliquat entrée hiver quasi identique en 2018
sous blé et sous couverts d’interculture, les pertes d’azote en sortie d’hiver sont inférieures sous couverts
d’intercultures (la médiane est de -39,5 uN/ha) que sous blé (la médiane est de -65,5 uN/ha).
Les pertes les plus faibles sont observées sous les deux parcelles de colza avec une perte moyenne
de 50 uN/ha. Le colza est en effet une culture intéressante d’un point de vue piège à nitrate.
Comme pour les reliquats entrée hiver, on observe de grande différence en fonction des parcelles
et en fonction des cultures en place.
F) CONCLUSION ET PISTES DE REFLEXION
Les pertes hivernales en azote représentent une source de pollution des eaux souterraines mais
aussi une perte économique non négligeable pour l’exploitation agricole.
Le levier principal pour limiter ces pertes est de réduire le stock d’azote du sol avant la période de
pluie (automne) par l’implantation d’un couvert végétal ayant la capacité de capter et de restituer plus
tard l’azote du sol.
Pour cela le SMAEP 4B et ses partenaires mettent en place diverses actions afin de permettre aux
exploitants agricoles de se former et de tester la mise en place de couverts qui vont au-delà de la
réglementation :
- Réalisation d’interculture courte avant une céréale d’hiver :
La mise en place d‘interculture courte avant une céréale d’hiver, semée juste après la récolte ou dans la
culture précédente permettrait d’avoir un couvert implanté pendant les quelques mois entre deux
cultures. L’azote présent pourrait ainsi être piégé au maximum par le couvert car le blé semé à l’automne
ne capte que très peu d’azote au début de son développement.
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8 * La catégorie divers regroupe des chaumes de blé, de soja, des pailles de maïs, des repousses de féveroles, du ray gras ou des sols nus.
La coopérative Terre Atlantique a prévu la mise en place, en 2019, d’un essai en interculture courte entre
deux céréales à paille ou dans le cadre d’une rotation pois/blé. Une visite sera organisée dans le cadre des
« rendez-vous des couverts » pour faire la présentation des résultats de l’essai.
- Réussir et valoriser son couvert en interculture longue :
Dans le cadre de la Directive Nitrate la réglementation oblige l’implantation de couvert en interculture
longue afin de protéger les zones vulnérables.
Dans le cadre des rendez-vous des couverts plusieurs partenaires vont proposer en 2019 une plateforme
d’essai de mélanges de couverts différents afin d’essayer de trouver des outils pour mieux réussir le
développement des couverts et les valoriser (fourrage, structure du sol…).
- Semis de couvert sous maïs :
Le semis d’un couvert dans le maïs permettrait d’avoir un couvert déjà implanté dès la récolte et
apportant les bénéfices agronomiques des couverts.
Le négoce agricole NEOLIS va proposer en 2019 un essai d’implantation d’un couvert dans une culture de
maïs. Plusieurs types de couverts et de modalités d’implantation vont être testés et une visite sera
organisée en partenariat avec le SMAEP 4B pour voir les résultats de l’essai.
- Expérimentation « Sors tes couverts » :
Afin d’aller au-delà de la réglementation le SMAEP 4B et plusieurs de ses partenaires agricoles vous
proposent de participer à une expérimentation de couverts en interculture courte, longue, à enjeux
faunistiques, de colza associé. 5ha de semences de couvert sont remis gratuitement deux années
consécutives à l’exploitant volontaire pour tester une modalité d’interculture qui l’intéresse. Pour en
savoir plus sur cette action n’hésitez pas à contacter le SMAEP 4B.
- Journée de formation sur la fertilité des sols :
En partenariat avec Terrena, le SMAEP 4B va organiser en 2019 une journée de formation à destination
de l’ensemble des exploitants agricoles du territoire Re-Sources afin de valoriser les analyses de reliquats
azotés, de mieux comprendre son sol et de permettre une amélioration de la qualité de l’eau.
Il pourrait être également intéressant d’avoir des actions menées sur la thématique culture
précédente/suivante afin d’avoir des pistes de réflexion sur la place idéale de certaines cultures en
fonction de la rotation dans l’objectif de diminuer le lessivage.