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DÉPARTEMENT DE PHILOSOPHIE 1 ER CYCLE PROGRAMME DES ÉTUDES 2011 2012 UNIVERSITÉ PARIS 8 2, rue de la liberté 93526 Saint-Denis Cedex 02 Tél. : 01 49 40 66 25 Fax : 01 48 21 04 46

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DÉPARTEMENT DE PHILOSOPHIE

1ER CYCLE

PROGRAMME DES ÉTUDES 2011 – 2012

UNIVERSITÉ PARIS 8 2, rue de la liberté

93526 Saint-Denis Cedex 02 Tél. : 01 49 40 66 25 Fax : 01 48 21 04 46

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TABLE

SECRÉTARIAT DU DÉPARTEMENT DE PHILOSOPHIE� ��������� ������������� �� ������� ������������� ���������������������� ��������� ����� ������ ��������� �������������� ��������������� ��������������� ��� ����������� ����������������������������� �������� ���������� � ����� ������ �������������� � ����� � ����� � ������ ��� ����� ������� � ����!��� �!�� ���"������������ ����� ������� � ������������"��� �������#��"������ ��"��� ������� � �������������� ������� � �����������������!����������������������� �$���� � � ���� ��������������%������ ����������� ������� � ������ ��&������� ������ � $��

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SECRÉTARIAT DU DÉPARTEMENT DE

PHILOSOPHIE

1er CYCLE

Responsables : Ninon GRANGÉ, Georges NAVET, Mazarine PINGEOT

e-mail : [email protected]; [email protected];

Secrétariat

Salle : A 030

Téléphone : 01 49 40 66 13

e-mail : [email protected]

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PRÉSENTATION DU DÉPARTEMENT Fondé en 1969 dans le cadre du Centre Universitaire Expérimental de Vincennes par Michel Foucault, le département Philosophie de Paris VIII s’est depuis lors inscrit, par ses recherches, et à tous les niveaux de ses enseignements, dans une triple orientation :

1) Interrogation des formes et des frontières de la politique, 2) Étude des modalités de constitution de l’esthétique comme domaine de pensée, 3) Critique des circulations entre discours savants et profanes sous la détermination des

divers champs de la pratique humaine. Comme nous l’ont montré François Châtelet, Gilles Deleuze ou Jean-François Lyotard qui ont enseigné dans notre département, il ne saurait y avoir de travail de l’histoire de la philosophie sans que celle-ci engage une pensée du présent ; mais il ne saurait non plus y avoir de pensée critique du présent qui ignore les conditions dans lesquelles se sont constitués les concepts dont nous nous servons pour bâtir notre jugement. De ce que nous entendons par la beauté, la liberté ou par le justice, jusqu’à la détermination de ce qui constitue la singularité d’une expérience ou les conditions d’élaboration d’un espace commun, en passant par les lignes de partage entre la science et l’opinion, entre le sensible et le conceptuel, les questionnements propres à la philosophie y sont partout déterminants. Ils n’ont pas en vue d’offrir des clôtures de sens, mais proposent à chacun de lui fournir des instruments de jugement qui ne seront vraiment opératoires que dans la mesure où il les fera lui-même évoluer. Afin d’entretenir un lien continu entre enseignement et recherche, les activités du département de philosophie de l'Université Paris 8 se sont ainsi caractérisées par :

- une vocation d'ouverture aux différentes pratiques de la philosophie et à leurs différents lieux d'élaboration,

- une ouverture internationale, - une tradition de pensée critique.

Le département de philosophie propose ainsi un cursus complet d’études supérieures comprenant : - une licence - un master - un doctorat

La licence, qui est aujourd’hui le premier degré d’études universitaires (bac+3) confère une solide formation initiale en philosophie s’appuyant sur la connaissance des textes et sur une familiarisation avec les langues, méthodes et concepts, hérités de la tradition critique de cette discipline. Elle poursuit de la sorte un quadruple objectif :

1) Munir de solides connaissances, tant en philosophie antique, classique ou moderne, qu’en philosophie contemporaine, des étudiants envisageant de s’orienter vers des études philosophiques approfondies.

2) Accompagner des parcours étudiants ouverts dans le domaine des arts, des sciences, des sciences humaines et sociales, susceptibles de recevoir sens et cohérence d’un socle stimulant d’enseignements philosophiques ; l’obtention de la licence de philosophie permettant l’inscription en de nombreuses filières d’enseignement supérieur.

3) Intensifier la compréhension des interactions pratiques et épistémologiques existant entre divers champs de connaissance à l’occasion des premiers parcours au sein de l’enseignement supérieur pour des étudiants qui opteraient pour une orientation professionnelle à l’issue de la licence ; la formation proposée constituant un atout pour la préparation à des concours généraux.

4) Ouvrir une possibilité d’instruire un parcours d’étude au sein duquel l’expérience professionnelle puisse être validée et source d’un questionnement philosophique.

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ORGANISATION DU DÉPARTEMENT

1) CYCLES D'ENSEIGNEMENT Responsable du Département : Patrice VERMEREN Responsable du 1er cycle (Licence) : Ninon GRANGÉ, Mazarine PINGEOT, Georges NAVET Responsable du 2ème cycle (Master sciences humaines) : Plinio Walder PRADO Jr Responsable du 2ème cycle (Master arts) : Patrick VAUDAY Responsable du 3ème cycle (doctorat) : Charles RAMOND Pour contacter l’école doctorale « Pratiques et théories du sens », Clarence MELSE [email protected] Responsable des stages des 1er et 2ème cycle : Ninon GRANGÉ Responsable des réorientations du 1er cycle : Ninon GRANGÉ Responsable des équivalences du 1er cycle : Jean-Pierre MARCOS Responsable des équivalences du 2ème cycle : Georges NAVET 2) FORMATIONS DE RECHERCHE LABORATOIRE D'ÉTUDES ET DE RECHERCHES SUR LES LOGIQUES CONTEMPORAINES DE LA PHILOSOPHIE Responsable : Charles RAMOND

Équipe A : Pensées de l’événement et de la technique, pratiques culturelles, communautés (responsable : Véronique FABBRI)

Équipe B : Recherches sur les figures politiques, juridiques et esthétiques de l’hétérogénéité (responsable : Georges NAVET) Équipe C : Épistémologie et grammaire de la comparaison : philosophie et esthétique musicale (responsable : Antonia SOULEZ) Équipe D : Laboratoire européen de philosophie contemporaine, en partenariat avec le Center for Research on Modern European Philosophy (Kingston University) (responsables : Éric ALLIEZ et Antonia BIRNBAUM)

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Groupe spécifique de recherches sur Les Archives philosophiques de Vincennes (responsable : Bruno CANY). Chaire UNESCO de philosophie de la culture et des institutions (à vocation européenne), associée au LLCP (responsable : Jacques POULAIN).

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ENSEIGNANTS DU DÉPARTEMENT

- AGAMBEN Giorgio - ALLIEZ Éric - ANGUE MÉDOUX Irma Julienne - BENKOUKA Bahija - BIRNBAUM Antonia - BUCHENAU Stéphanie (dpt d’allemand) - BURKHALTER Marielle - CANY Bruno - CASSOU-NOGUÈS Pierre - CAYGILL Howard (Kingston) - CUILLERAI Marie - DE CHAMPS Emmanuelle (dpt d’anglais) - DÉOTTE Jean-Louis - DOUAILLER Stéphane - GENVRIN Jean-Émile - GRANGÉ Ninon - JACQUARD Aurore - KAKOGIANNI Maria - KULLASHI Muhamedin - LECERF Éric - MARCOS Jean-Pierre - MENDÈS-SARGO David-Emmanuel (dpt d’anthropologie) - MOREAU Didier (dpt de sciences de l’éducation) - NAVET Georges - OSBORNE Peter (Kingston) - PANOPOULOS Dimitra - PÉHAU Emmanuel - PILLE René-Marc (dpt d’allemand) - PINGEOT Mazarine - POULAIN Jacques - PRADO Plinio Walder Jr - REY Lucie - RAMBEAU Frédéric - RAMOND Charles - RETTIG Béatrice - ROBVEILLE Yolande - ROGER Jean-Henri (dpt de cinéma) - SCHERER René - SCHMEZER Gerhard (dpt d’anglais) - SOULEZ Antonia - TATIAN Diego (Université Nationale de Cordoba) - VAN DYK Katharina - VAUDAY Patrick - VERMEREN Patrice

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INSCRIPTION ET SCOLARITÉ

1) INSCRIPTION Les étudiants qui s'inscrivent en 1ère année dans le premier cycle philosophie devront constituer un dossier nominal qui les suivra durant toute leur scolarité en premier cycle.

Pour ouvrir ce dossier, les étudiants sont invités à se présenter au secrétariat, munis de 2 photos et de 4 enveloppes timbrées avec leur nom et adresse et leur carte d'étudiant pour l'année en cours. Les étudiants doivent en outre procéder à leur inscription dans les différents enseignements qu'ils suivent. Cette inscription comprend deux phases :

- L'inscription auprès de l'enseignant responsable de l'UE qui doit se faire durant les deux premières séances et l'inscription informatique au département (avec login et mots de passe).

- Les étudiants nouvellement inscrits devront rencontrer le responsable du 1er cycle Philosophie pour un entretien d'accueil. (Voir affichage au secrétariat 1er cycle).

2) CONDITIONS D'ACCÈS : Première année de licence (L1) :

- Baccalauréat ou toute attestation équivalente de fin d’études du deuxième degré.

- L'inscription des étudiants non-bacheliers se fait selon les règles communes de l'Université. Les tests d'entrée en Faculté sont organisés centralement au niveau de l'UFR 1 (Arts, Philosophie, Esthétique).

Deuxième année de licence (L2) :

- Première année d’enseignement supérieur et dossier attestant l’acquisition des ECTS assimilables à des enseignements en philosophie

- Licence de sciences, d’économie, de communication et de droit Troisième année de licence (L3) :

- Deux premières années de philosophie (DEUG ou diplôme équivalent), - Deux premières années d’une formation universitaire (DEUG ou diplôme

équivalent) attestant l’acquisition des ECTS assimilables à des enseignements en philosophie,

- Licence de sciences humaines et sociales, de disciplines artistiques.

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3) ORGANISATION DE LA SCOLARITE La formation se décompose en 6 semestres qui comprennent chacun :

- plusieurs UE (3 ou 4) qui constituent la majeure. L’étudiant dispose pour chaque UE (Unité d’Enseignement) d’un choix entre les plusieurs cours indiqués dans la brochure.

- Une mineure que l’étudiant compose lui-même en choisissant parmi les cours des mineures externes proposées par d’autres départements, ou parmi les cours dispensés au sein du département de philosophie (un même cours ne pouvant être validé qu’une seule fois)

Les 5 ECTS afférents à chaque UE sont acquis dès que l’étudiant a obtenu une moyenne de 10 entre le contrôle continu et le contrôle terminal. Une compensation peut être effectuée

- entre les UE de la majeure de la même année, - entre les 3 UE de la mineure de la même année.

À chaque UE, correspond un horaire de 40 heures au sein duquel l’enseignant répartit Cours Magistraux et Travaux Dirigés. Un stage est requis en deuxième année de licence, et un projet de recherche donnant lieu à la rédaction d’un mémoire en troisième année. 4) MODALITÉS DE CONTROLE DES CONNAISSANCES : Les modalités de contrôle des connaissances sont fixées dès le début du semestre par l’enseignant responsable de l’UE. Elles peuvent comprendre :

- un contrôle continu constitué d’exercices écrits et/ou d’exposés, compensé par un travail spécifique pour les étudiants salariés ;

- un contrôle terminal constitué d’un devoir sur table et/ou d’un dossier suivant les UE. Tout dossier impliquant une part majoritaire de « copiés – collés » sera considéré comme non validé, et dans un cas de pure duplication pourra entraîner la disqualification de l’étudiant.

Le rattrapage des UE non obtenues (2ème session) sera effectué à la fin de chaque semestre.

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PRÉSENTATION DE LA LICENCE

PREMIÈRE ANNÉE - L1 -

8 Unités d’Enseignements constituant la majeure.

- 3 UE Initiation à la philosophie (3 x 5 ECTS). Ces 3 UE doivent obligatoirement être prises sur le premier semestre

- 1 UE Histoire de la philosophie (5 ECTS) - 1 UE philosophie contemporaine (5 ECTS) - 1 UE Philosophie, droit, politique et champ social (5 ECTS) - 1 UE Philosophie et esthétique (5 ECTS) - 1 UE méthodologie (5 ECTS)

4 Unités d’Enseignements constituant la mineure.

- 2 UE Langues et civilisations étrangères (2 x 5 ECTS) - 2 UE de découverte prises au sein d’un autre département (2 x 5 ECTS).

A la fin du premier semestre, une commission d'orientation étudie les possibilités de réorientation des étudiants désireux de quitter le département. Membres de la commission d'orientation : Ninon Grangé, Éric Lecerf et Jean-Pierre Marcos Le passage en deuxième année de licence n’est rendu possible que sous la condition que l’étudiant ait réussi au moins l’équivalent d’un semestre sur les deux qui constituent la première année. L’obtention d’un minimum de 30 ECTS est donc obligatoire.

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DEUXIÈME ANNÉE - L2 -

6 Unités d’Enseignements constituant la majeure.

- 1 UE Histoire de la philosophie (5 ECTS) - 1 UE philosophie contemporaine (5 ECTS) - 1 UE Philosophie, droit, politique et champ social (5 ECTS) - 1 UE Philosophie et esthétique (5 ECTS) - 1 UE Métaphysique et logique (5 ECTS) - 1 UE méthodologie (5 ECTS)

4 Unités d’Enseignements constituant la mineure.

- 1 UE Langues et civilisations étrangères (5 ECTS) - 3 UE de découverte prises au sein d’un autre département ou du département

de philosophie (3 x 5 ECTS). Stage Philosopher Hors Champs (10 ECTS) Dès le début du 1er semestre, chaque étudiant doit prendre contact avec Ninon Grangé responsable des stages pour le département de philosophie afin de décider avec elle :

1. de la nature et de l’orientation de son stage 2. des modes de validation 3. de l’enseignant qui l’encadrera et le validera lorsqu’il sera achevé

À l’issue de la deuxième année de licence, si les 120 ECTS requis ont été obtenus, un DEUG en philosophie peut être délivré aux étudiants qui ne souhaitent pas prolonger leurs études supérieures ou en vue d’opérer un changement d’orientation. La délivrance de ce diplôme n’est pas automatique et ne peut être effectuée qu’à la demande de l’étudiant concerné. Le passage en deuxième année de licence n’est rendu possible que sous la condition que l’étudiant ait réussi au moins l’équivalent de trois semestres sur les quatre qui constituent les deux premières années. L’obtention d’un minimum de 90 ECTS est donc obligatoire.

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TROISIÈME ANNÉE - L3 -

8 Unités d’Enseignements constituant la majeure.

- 1 UE Histoire de la philosophie (5 ECTS) - 1 UE philosophie contemporaine (5 ECTS) - 1 UE Philosophie, droit, politique et champ social (5 ECTS) - 1 UE Philosophie et esthétique (5 ECTS) - 1 UE Métaphysique et logique (5 ECTS) - 1 UE Philosophie et science (5 ECTS) - 1 UE Philosophie de la culture, des sciences et des arts (5 ECTS) - 1 UE méthodologie (5 ECTS)

2 Unités d’Enseignements constituant la mineure.

- 2 UE de découverte prises au sein d’un autre département ou du département de philosophie (2 x 5 ECTS).

Projet tutoré : initiation à la recherché (10 ECTS) Dès le début du 1er semestre, chaque étudiant doit prendre contact avec Ninon Grangé, responsable des projets tutorés afin de décider avec elle:

1. de l’orientation donnée à son projet 2. de la forme finale que celui-ci devra adopter 3. de l’enseignant qui l’encadrera et le validera lorsqu’il sera achevé

Le diplôme de la licence ne peut être délivré que lorsque les 180 ECTS requis ont tous été obtenus. Aucun passage en second cycle (master) ne peut donc être effectué de façon conditionnelle. Il est vivement recommandé aux étudiants étrangers possédant imparfaitement la langue française de suivre une formation spécifique en Français Langue Étrangère (FLE). Cette formation leur sera comptabilisée au titre des deux Unités d’Enseignements de langues et civilisations (2ème semestre de L1 et 1er semestre de L3). Il leur est également recommandé de rencontrer en début d'année le responsable du premier cycle pour organiser en fonction de cela leur cursus.

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RÉCAPITULATIF DES ENSEIGNEMENTS (par module)

INITIATION À LA PHILOSOPHIE 3 UE obligatoires en L1

CANY Bruno L’anthropologie socratique 1er semestre Vendredi 12h−15h Nous serons confrontés à une double difficulté : distinguer l’anthropologie socratique d’une part de l’anthropologie sophistique et d’autre de l’anthropologie platonicienne. Pour commencer, nous rappellerons les termes de l’anthropologie sophistique : 1) l’homme-mesure de Protagoras ; 2) l’homme universel et cosmopolite d’Hippias ; 3) la naissance de l’inconscient avec Antiphon ; 4) la naissance du libre-arbitre avec Prodicos. Puis nous étudierons la filiation Héraclite – Socrate, leur relation à Apollon, et comment l’homme accède à lui-même par la philosophie. Enfin, nous traquerons, chez Platon aussi bien que chez Xénophon, les termes de cette anthropologie socratique, que nous resituerons dans le cadre de la discussion sur la question de la vertu et de son enseignement. Un des enjeux annexes de ce cours sera de réattribuer aux Sophistes la réélaboration de la pensée mythique qu’on attribue traditionnellement à Platon. La bibliographie de travail sera donnée lors du premier cours. GRANGÉ Ninon Les passions 1er semestre Jeudi 9h-12h Les passions connaissent plusieurs modes de définition selon qu’on les considère comme des émotions, des sentiments, qui aliènent ou qui exaltent, qui font souffrir ou qui font plaisir. La première perspective, classique, engage une théorie de l’âme et du corps qui, de l’Âge classique (Descartes, Hobbes, Spinoza), remonte à l’Antiquité (Épictète, Sénèque, Lucrèce). La seconde perspective, tout en étant liée à la première, a été davantage prise en charge par la littérature (Mme de la Fayette,

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Racine, Rousseau, Stendhal�). Pourtant il n’est pas évident que les passions soient de constants objets de critique, ce qui se retrouve dans des écrits plus récents (Nietzsche, Sartre). On insistera sur une « psychologie » des états d’âme qui engage l’imagination et le corps, la force et la faiblesse, la mélancolie comme maladie ou comme signe du génie, les théories de la représentation, et qui va à l’encontre d’une condamnation chrétienne des passions. La lecture de Descartes constituera le point de départ de cette réflexion transversale qui n’exclura pas l’investigation dans le domaine littéraire et qui tentera de faire place au point aveugle des théories classiques : le rôle politique des passions. Bibliographie : ARISTOTE, Éthique à Nicomaque, II, V, VI. BARTHES, Fragments d’un discours amoureux, Le Seuil. CICÉRON, Tusculanes, III, 5, 6 ; IV, 6, 11. DESCARTES, Traité des passions ; Lettres à Élisabeth ÉPICTÈTE, Manuel ; Entretiens GŒTHE, Les souffrances du jeune Werther HEGEL, Leçons sur la philosophie de l’histoire HOBBES, Léviathan HUME, Les passions (Traité de la nature humaine) ; Dissertation sur les passions KAMBOUCHNER, Denis, Descartes, l’homme des passions, Albin Michel KANT, Anthropologie d’un point de vue pragmatique KIERKEGAARD, Le journal du séducteur LUCRÈCE, De la nature, Livre IV MARC-AURÈLE, Pensées MACHIAVEL, Le prince MOLIÈRE, Don Juan NIETZSCHE, Généalogie de la morale PLATON, Phèdre ; Le banquet RACINE, Phèdre ROUSSEAU, Julie ou la nouvelle Héloïse SARTRE, L’être et le néant ; Esquisse d’une théorie des émotions SÉNÈQUE, Lettres à Lucilius ; De la colère SPINOZA, Éthique, livre V MARCOS Jean-Pierre La question du rêver selon Freud 2e semestre Lundi 9h-12h Nous poursuivrons cette année notre lecture de Freud en introduisant la question du « vœu de mort » à la lumière de la détermination œdipienne, non sans aborder des questions marginales comme :

-rêve et occultisme -rêve et trauma -rêve, répétition et élaboration psychique

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Un « certain renouvellement de l’alliance avec la découverte de Freud », pour reprendre l’expression de Lacan dans le Séminaire XI, exige plus que jamais une rigueur de lecture et une mise en perspective critique de ses thèses tant du point de vue de la philosophie que de la psychanalyse elle-même.

Bibliographie : Nous disposons désormais de plusieurs traductions de l’Interprétation du rêve. De la plus ancienne, autorisée et revue par Freud lui-même, réalisée dès 1926 par Ignace Meyerson, sous le titre La science des rêves, qui deviendra L'interprétation des rêves, dans une version revue et corrigée (PUF, 1967) à celle de Jean-Pierre Lefebvre, la plus récente. Nous sélectionnerons ensemble les textes concernés par notre travail et solliciterons les différentes traductions françaises au regard du texte original allemand, non sans avoir pris en compte la traduction anglaise

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HISTOIRE DE LA PHILOSOPHIE 1 UE à choisir en L1 1 UE à choisir en L2 1 UE à choisir en L3

BIRNBAUM Antonia et COHEN-LEVINAS Danielle Lectures de l’idéalisme allemand 1er semestre Mardi 18h-21h à Paris 8 Mardi 18h30-21h CIPH (salle à déterminer) Pourquoi vouloir aujourd’hui se tourner vers l’idéalisme allemand, et qui plus est pour lire des textes d’un corpus plutôt que pour thématiser une tradition ? L’exercice du commentaire, concernant des textes tant de fois traversés, dépassés ou déplacés, n’est-il pas redondant ? Le recours à la lecture aspire justement à discerner des foyers de questions, de problèmes, de rapports qui ne sont pas identiques à ce qui peut être assemblé sous les noms d’œuvres (Hegel, Schelling, Fichte, Hölderlin) ou sous le nom d’une tradition unifiée De par leur confrontation avec la spéculation, ces textes nous renvoient une nouvelle fois à une question irréductible de la pratique philosophique : comment la philosophie peut-elle ne pas être idéaliste ? Ou, pour le formuler de manière plus précise : en quoi la spéculation donne-t-elle des points d’appui à la rigueur de la pensée, en quoi pose-t-elle le problème de sortir d’une pensée demeurant en elle-même ? Dans le fil de cette question, le séminaire - dans le prolongement de celui qui s’est tenu en 2010-2011 sur Schelling, l’art, le tragique et nous - travaille à « désunifier » l’idéalisme allemand selon certaines de ses lignes de force. Plusieurs foyers connus seront revisités, impliquant les conflits et l’irréconcilié, le rapport à la forme et notamment à la littérature, à la musique, aux arts visuels, la question de la décision. On a fait le choix de présenter ces foyers telles des séquences, plutôt que de les intégrer en une argumentation d’ensemble. Cela correspond au fait que nous ne cherchons pas à dégager une thèse sur l’idéalisme, mais plutôt à en explorer quelques trouées, à y discerner les lignes de force auxquelles donnent suite matérialisme, psychanalyse, romantisme, autour de la philosophie et de l'art, mais aussi de la littérature et de la poésie auxquelles nous accordons ici une importance fédératrice. Le séminaire se déroulera sur 8 séances au CIPH, et sur 4 séances à sur le site de l’université Paris8. Chacune des séances du CIPH étant organisée autour d’une lecture, les textes sont indiqués avant aux participants. Ils seront déterminés en accord avec les invités, parmi lesquels sont pressentis : Jacques-Olivier Begot, Julia

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Christ, Thierry Simonelli. Les séances à Paris 8 se dérouleront principalement autour du romantisme allemand. Dates du CIPH : 18 octobre ; 8 novembre ; 22 novembre ; 6 décembre ; 20 décembre ; 10 janvier 2012 ; 24 janvier ; 7 février. Dates à P8 : 25 octobre ; 15 novembre ; 13 décembre ; 17 janvier 2012. KAKOGIANNI Maria Démocratie, dans quel État ? 1er semestre Mardi 15h-18h « Je suggérais en outre que la démocratie libérale pourrait bien constituer le “point final de l’évolution idéologique de l’humanité” et la “forme finale de tout gouvernement humain”, donc être en tant que telle la “fin de l’Histoire” » (F. Fukuyama). Depuis ces mots de Fukuyama, l’histoire, avec un petit h, ne cesse de nous « morde la nuque », pour reprendre une formule de Bensaïd. Dans le contexte d’une grande crise économique, d’un interminable Thermidor néolibéral, lorsque nos États démocratiques commencent à risquer la faillite, de la place Tahrir (Caire) à place de Syntagma (Athènes) en passant par la Puerta del Sol (Madrid), et des centaines d’autres places, ce que Stathis Kouvelakis a appelé le « peuple des places » ne cesse de réclamer une démocratie réelle. Penser implique toujours quelque chose qui force à penser. A présent, quelque chose nous force à penser la « démocratie » : son signifiant flottant, son imaginaire, son réel, mais aussi la « démocratie » en tant qu’emblème, élément intouchable de notre système symbolique. Ce séminaire se divise en deux. Dans un premier temps, nous allons revisiter le site de Polis grecque, avec comme fil conducteur l’invention de la démocratie et l’invention de la politique tout court. D’où une première série de questions : Dans quelle mesure la politique n’advient au pensable qu’à partir de la démocratie ? Dans quel sens, le geste de Platon, comme geste inaugural de la philosophie, est fondamentalement anti-démocratique ? Dans quelle mesure et à quel prix, la philosophie moderne doit être fondamentalement anti-platonicienne ? Quel rapport entre l’imaginaire moderne de la démocratie athénienne, en tant que scène mythique de l’Occident, et le réel de l’impérialisme athénien à l’âge de Périclès ? Ensuite, dans un deuxième temps, il s’agira de revisiter un certain nombre des philosophes contemporains, avec comme fil conducteur la tension entre ce qu’on appellera l’hypothèse démocratique et l’hypothèse communiste. D’où une deuxième série de questions : Qu’en est-il de la politique à distance de l’État dans le réel du Capital, sans queue ni tête ? Qu’en est-il de la forme-parti, des organisations politiques et du fétichisme des « spontanéités subversives » ? Dans quelle mesure le mécontentement et la colère s’intègrent dans le fonctionnement « normal » du système, et l’homme devient un animal politique pour autant qu’il crie ? Avec Badiou, le platonicien communiste, et Rancière, l’anti-platonicien démocrate, mais aussi avec Bensaïd, Negri, ou Zizek, il s’agira de dialoguer avec ces pensées en lutte mais aussi ces pensées de lutte, placées toutes sous l’injonction marxiste : changer le monde plutôt que le comprendre.

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Indications bibliographiques Aristote, Politiques ; Platon, République ; Thucydide, Histoire de la guerre du Péloponnèse ; Fukuyama, La fin de l’histoire et le dernier homme Col. Démocratie, dans quel état ?, textes de : Agamben, Badiou, Bensaïd, Rancière, Zizek,� Col. Hypothèse communiste I et II, textes de : Badiou, Negri, Rancière, Zizek,� KULLASHI Muhamedin L’histoire en question chez Rousseau et Kant 2e semestre Mardi 12h-15h Dans ce cours nous allons essayer de cerner les points de convergence mais aussi les divergences dans les textes de Rousseau et ceux de Kant consacrés au thème de l’histoire. On a pu considérer les écrits de Kant sur l’histoire comme une « critique de la raison historique ». Nous allons nous attacher à repérer dans ces opuscules l’articulation entre la théorie et la pratique, entre le jugement synthétique à priori, la loi morale comme « proposition pratique a priori » et le fonctionnement du jugement selon la troisième critique. La critique de l’historiographie empirique y est accompagnée de la critique des téléologies, qui prennent seulement la relève de la théologie en substituant à l’autorité de la Révélation l’argument physico-théologique. Le fonctionnement heuristique de l’Idée, comme instrument méthodique de la téléologie, articule l’histoire selon la morale et l’histoire factuelle, sans faire de la téléologie le fondement de la théorie de l’histoire, comme c’est le cas chez Herder. Rousseau est un interlocuteur privilégié de Kant dans sa problématisation de l’histoire. Nous allons aborder les thèmes et les concepts de Rousseau qui ont inspiré Kant (la contradiction entre la civilisation et la nature du genre humain, la perfectibilité, le mal dans l’histoire), mais également les critiques que Kant a adressé à ces conceptions de Rousseau. Ainsi, là où Rousseau insistait sur la naissance de l’inégalité provoquée par la perte de l’innocence naturelle, Kant fait de celle-ci l’indispensable moyen de l’affirmation de la dignité humaine. Nous devrions restituer, à l’appui notamment des textes de Kant, la quête d’une « métaphysique de mœurs» dans le domaine historique, la quête d’une théorie de l’histoire qui rendrait compte du mouvement sans être déterministe ni dogmatiquement finaliste, une théorie qui surmonterait l’abîme entre une approche transcendantale impossible et l’effectivité déroutante de l’histoire en actes. Il s’agit également de prendre en considération l’approche kantienne de l’histoire effective, qui semble disqualifier la liberté et la raison humaines, mais qui tend, en fait, à repérer les conditions de possibilité d’une histoire universelle. Cependant, cette approche est écartelée entre l’observation empirique et la narration systématique, le déchirement de la raison entre l’universel et le particulier. On abordera, de même, les difficultés que rencontre Kant dans son effort de donner un nouveau statut à la téléologie par le jugement réfléchissant qui vise à instituer le lien entre la métaphysique et la physique (entre le règne de la liberté et celui de la

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nécessité) et à rendre compte par là de cet entre deux qu’est histoire proprement humaine. Bibliographie : Jean-Jacques Rousseau, Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes, Gallimard, Paris, 1969. Jean-Jacques Rousseau, Discours sur les arts et les sciences, Gallimard, Paris, 1970. Jean-Jacques Rousseau, Du Contrat social, Gallimard, Paris, 1990. Emmanuel Kant, Opuscules sur l’histoire, Flammarion, Paris 1990. Emmanuel Kant, Vers la paix perpétuelle. Que signifie s’orienter dans la pensée. Qu’est-ce que les Lumières ?, Flammarion, Paris, 1990. Emmanuel Kant, Théorie et pratique, Flammarion, Paris, 1990. MARCOS Jean-Pierre Atelier de lecture : Introduction à la lecture de l’Émile (1762) de J.-J. Rousseau. Livres II et III 1er Semestre Lundi 9h-12h L’entrée en scène des personnages conceptuels que sont respectivement Émile et le précepteur, permet à Rousseau de définir les modalités d’une éducation réussie dont le motif de l’instruction demeure toujours ordonné à la décisive expérimentation du savoir. Il faut apprendre par soi même dans une constante confrontation –organisée discrètement par le précepteur-, à un réel qui ne se laisse pas plier à notre caprice et dont Rousseau définit le statut en terme de : « nécessité naturelle ». Seule l’épreuve d’une rencontre avec la nécessité impérieuse de la nature libérerait selon Rousseau, de la dépendance pédagogique aliénante. A charge pour nous de nous demander si tel est le sens dernier de toute pédagogie négative, soit, pour le précepteur : référer tout disciple à un Ordre auquel il se trouve lui-même soumis ? Bibliographie : J.-J. Rousseau, Émile ou de l’éducation, Garnier Frères, 1964 Yves Vargas, Introduction à l’Émile de Rousseau, P.U.F., 1995 NAVET Georges Lecture des Lumières 1er semestre Mercredi 12h-15 h La lecture des Lumières commence, notamment avec des textes comme ceux de Kant ou de Mendelssohn, à l’intérieur même des Lumières, et révèle des désaccords

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importants entre des auteurs qui pourtant se réclament de ce « mouvement ». Dire ce qui fait l’unité ou l’axe fondamental des Lumières apparaît ainsi comme un engagement en elles, ou par rapport à elles, qui détermine une orientation dans la pensée aussi bien que dans les conflits politiques. Après avoir évoqué quelques grandes interprétations qui se veulent globales (Cassirer, Kosellek, Habermas�), le cours reviendra sur les lectures immédiatement post-révolutionnaires : celle de Hegel (dans la Phénoménologie de l’Esprit) et celles qui constituent le champ conflictuel de la France de la Restauration (entre « traditionalistes » et « libéraux »), puis de la Monarchie de Juillet (entre libéraux, républicains et socialistes), afin d’y mettre en évidence les enjeux politiques et sociaux sous-jacents. Une bibliographie sera donnée lors du premier cours. OSBORNE Peter Karl Marx and the Philosophy of the Subject 2e semestre After a brief consideration of the philosophical history of concepts of the subject, and its decisive transformation by Marx, these courses will focus on an examination of the categories of Marx’s Capital from the standpoint of the philosophy of the subject, in both its German (Kantian-Hegelian) and French (anti-Hegelian) guises. Particular attention will be paid to the relations between the value-form and the problem of political subjectivation. Part 1: From Epistemology to Capital Wednesdays, 15.00, 22 Feb – 28 March Week 1 Philosophical Concepts of the Subject and their Critique Week 2 Marx: The Subject and Practice Week 3 Social Relations as Exchange Relations: Commodification and Abstraction Week 4 Fetish: The Subject-Structure of the Commodity Week 5 Accumulation: The Subject-Structure of Capital Week 6 Reification and Illusion: The Objectivity of the Subject Main Reading E. Balibar, B. Cassin & A. de Libera ‘Sujet’, in Cassin (ed.), Vocabulaire Européen des Philoso- phies, 2004; trans. as ‘Subject’, Radical Philosophy 138, July/August 2006 Karl Marx ‘Critique of Hegel’s Dialectic and General Philosophy’ in 1844 Manuscripts and ‘Theses on Feuerbach’ (1845) ------------ Capital: A Critique of Political Economy, Vol 1: The Process of Production

of Capital (1867; 1873) and Grundrisse (1857–8) T. W. Adorno Negative Dialectics (1966) ------------------ ‘On Subject and Object’ (1969)

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Part 2: From Capital to Subjectivation Wednesdays, 15.00, 1 May – 6 June. Week 1 ‘The Use-Value Promise’: Commodity Aesthetics Week 2 From Formal to Real Subsumption: Culture Industry Week 3 ‘Living Labour’ and ‘Social Capital’ Week 4 From Illusion and Subjection to Subjectivation Week 5 Political Subjectivation? Week 6 Subject, Practice, Event Main Reading – as above +: W. Haug Critique of Commodity Aesthetics (1971) and ‘Commodity Aesthetics Revisited’, Radical Philosophy 135, Jan/Feb 2006 M. Horkheimer and T.W. Adorno, ‘The Culture Industry’ in Dialectic of Enlightenment (1944) A. Negri Marx Beyond Marx (1978) M. Foucault ‘The Subject and Power’ (1982) E. Balibar Citoyen Sujet (2011) A. Badiou Theory of the Subject (1982) PANOPOULOS Dimitra Enjeux politiques et épistémologiques de la dialectique socratico-platonicienne. 2e semestre Mardi 12 h-15 h Confronté à la situation d'emprise exercée par les sophistes, mais également inspiré par l'invention mathématique de son temps, à l'école de Parménide, Socrate invente une dialectique dont une singularité est, d'après les dialogues dits socratiques de Platon, de nouer cette invention mathématique et l'exigence politique au point de ce qui deviendra un concept clé dans la suite des dialogues de la maturité, le concept d'opinion droite. C’est l’élaboration de ce concept que nous nous proposons de suivre à partir du texte même des dialogues. Par ailleurs, avec entre autres, l'idée émise par Rancière de l'exigence d'un "maître ignorant", une discussion plus immédiatement contemporaine des enjeux et problèmes posés par cette idée de la dialectique se fera jour à propos de la question de la figure du maître et ce qui s'en répercute pour une pensée de l'émancipation. PINGEOT Mazarine L’exception humaine 2e semestre Mardi 15h-18h

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Du clonage aux droits de l’homme en passant par les fondements du régime démocratique, l’expérimentation sur les animaux, la création artistique, la préoccupation écologique ou l’abolition de la peine de mort, les grands débats actuels convergent vers cette question : l’homme est-il un être parmi les autres, ou bien absolument à part ? Doit-on lui porter une considération du même ordre que celle que l’on porte aux autres êtres, ou bien le placer sur un plan radicalement différent ? Longtemps, cette dernière option a constitué le socle de la conscience commune moderne. Lorsque l’on évoque la dignité de l’humanité, le respect de la personne humaine ou sa liberté inaliénable, on a en vue cette absolue singularité par laquelle l’homme se distinguerait des autres êtres du monde. Or, ce « statut d’exception », déjà battu en brèche par Spinoza à l’aube de la Modernité, se trouve aujourd’hui largement mis en cause par les résultats convergents des sciences cognitives et des sciences naturelles, qui établissent au contraire que l’homme est un être vivant parmi les autres et n’est rien d’autre que le produit d’une évolution naturelle. Si bien que, sur cette question qui traverse et structure les grands débats modernes, nous nous trouvons dans l’impasse, et comme tiraillés entre d’un côté notre réticence à réduire l’homme à un « animal humain », et de l’autre le soupçon fortement avéré que ce statut d’exception ne soit qu’une illusion doublée d’arrogance, par laquelle l’homme s’arroge à lui-même un privilège exorbitant. Il s’agira de mettre en lumière les enjeux de cette question en revenant sur la manière dont, historiquement, elle s’est constituée, et en montrant comment elle traverse la Modernité et lui donne sa dynamique.

PRADO Plínio W. Jr. Analytiques de l’affectivité (Kant avec Freud) 1er semestre Jeudi 15h-18h� Suite des recherches en cours sur la question de l’affect, suivant les différentes analytiques modernes de l’affectivité (analytique kantienne du jugement esthétique, « psychanalytique » freudienne, Daseinsanalytik heideggérienne). 1. Plaisir ou douleur, joie ou angoisse, l’affectus est une force qui modifie immédiatement la disposition d’un corps-psyché, l’inclinant vers le bien-être ou le mal-être (qualités du sentiment). Pour autant qu’il trouble la conscience en lui signalant qu’il y a� un quelque chose, sans qu’elle sache encore ce que c’est, l’affect est par position sur le fil du rasoir ontologique : entre quelque chose et rien, entre être et non-être. L’esprit affecté « est devant quelque chose qui n’est pas encore », dit le narrateur au seuil de la Recherche du temps perdu. Ce « je ne sais quoi » qui résonne à l’instant, souffre ainsi d’être infans, c’est-à-dire : de ne pas être, et demande à être (mis en forme, écrit). Le signalement, la tonalité affective (Stimmung, mood), vient ici appeler, spirare ou inspirer l’œuvre de pensée, d’art, de littérature. L’œuvre d’écriture qui rend possible la merveille (mot kantien et

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proustien) du partage d’un « vécu » singulier impartageable. 2. L’affect non seulement déborde et démonte les oppositions conceptuelles philosophiques classiques (intellegere / sentire, entendement / sensibilité, esprit / corps, essence / accident...) et excède le concept et le langage articulé ; il montre aussi la vanité de tout projet ou vœu de surmonter l’état de séparation de soi d’avec soi-même, attestant que cette dépossession est constitutive du « sujet ». L’affect « sonne » plus tôt, ou « sait » plus long, que le langage discursif que « tient » le « soi soi-disant » (Beckett). Dans cette mesure il est la ressource par excellence dans la recherche d’une vie qui vaille d’être vécue, qui ne cède pas sur son désir, qui s’efforce de « vivre selon les nuances que nous apprend l’art ». 3. Deux textes tuteurs nous serviront ici de guides, conjointement : 1) la Critique de la faculté de juger de Kant (1790) (plus précisément la 1ère partie : la « Critique de la faculté de juger esthétique », §§ 1-60) ; 2) la Métapsychologie de Freud (1915-1917). Le premier texte, de philosophie critique, élabore l’affectivité au point de vue transcendantal de la faculté de sentir, plaisir et/ou peine. Le second relève d’une anthropologie et rattache l’affectivité au motif central de l’infantia. Par-delà leur différence de statut, un réseau d’analogies nous permettra de dégager scrupuleusement un même horizon de convergence : celui d’une « matière » ou d’un affect qui excède la capacité de synthétiser (chez Kant) ou de lier (chez Freud), qui n’est donc pas présentable ni représentable, sans être rien pour autant. C’est ce paradoxe d’une présence sans représentation, toujours sur le point de disparaître, que l’analytique du sentiment sublime s’attache à élaborer de Longin à Kant et au-delà. 4. Cela ouvre sur une « anesthétique » (une « esthétique » ou « inesthétique » du sans-forme, autant dire : du sublime) que nous tâcherons de poursuivre (au 2nd semestre), en l’étayant sur l’analyse de quelques œuvres cinématographiques majeures (Antonioni, Bergman, Wenders, certaines cinégraphies expérimentales). S’il n’y a d’âme qu’affectée (éveillée, animée), alors nous dirons que c’est l’affection elle-même qui fait image, qui prend un visage, qui se « visagéifie ». « Voir la crainte elle-même sur les traits de son visage », etc. C’est ce qu’essaie de penser le concept deleuzien d’image-affection et que résume l’aphorisme wittgensteinien : « Le visage est l’âme du corps ». Or le cinéma, c’est l’art du visage par excellence. « La possibilité de s’approcher du visage humain est l’originalité première et la qualité distinctive du cinéma. » (Ingmar Bergman) Le visage est le lieu, miroir ou écran, où l’âme apparaît. L’image, en somme, de ce dont l’« entretien », le souci, s’appelle philosophie. Horizon de ce parcours (plutôt que « cours ») : raffiner notre sensibilité à cette « acoustique de l’âme » (Novalis), à l’écoute du sentiment et au signe qu’y fait l’autre du soi (cet inconnu qui, en soi, est plus que soi). Et par là même : contribuer à subvertir les horizons d’attente institués, entrevoir un ailleurs, laisser advenir de l’inattendu, aiguiser le sens du possible. Bibliogr. : Des éléments bibliographiques sont disponibles dans le site : http://www.atelier-philosophie.org Les références spécifiques détaillées seront données au cours de l’enseignement.

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REY Lucie Pierre Leroux, Le philosophe et l’histoire (1) 1er semestre Vendredi 9h-12h Qui est le philosophe et quelle est sa tâche ? Virulent critique de la philosophie institutionnelle de son temps, de sa conception simplificatrice de l’histoire de la philosophie, et du rapport qu’elle institue entre la philosophie et le peuple, Leroux veut réinscrire la philosophie du dix-neuvième dans une tradition philosophique, celle de l’émancipation et de la perfectibilité. Il voit dans la philosophie le lieu même de la contestation politique et de la préparation d’une société nouvelle. Au sujet du philosophe, il écrit : « Le perfectionnement, le progrès de toute chose est son but. Si donc il cherche la science, c’est pour en indiquer les conséquences, la politique est pour lui un corollaire de la philosophie. Il ne sait ce que c’est que la science pour la science. L’humanité présente l’occupe, il la voit tourmentée de problèmes. Qu’est-ce qui les résoudra ces problèmes ? En fait, évidemment, ce sera l’avenir. Mais à quelles conditions les résoudra t-il et pourquoi y a t-il des philosophes dans le monde ? L’avenir résoudra ces problèmes parce que les philosophes auront préparé les solutions. » (Réfutation de l’éclectisme) Pierre Leroux, celui dont Lamartine et George Sand prévoyaient qu’il serait le Rousseau du dix-neuvième siècle, que Marx, à la lecture de la Réfutation de l’éclectisme sans doute, avait jugé « génial », est pourtant absent de tous les manuels de philosophie et très largement méconnu. Ce cours se proposera de l’aborder de manière transversale à travers la question de l’identité du philosophe, et de ce que Leroux appelle « la mission philosophique ». Cette question nous permettra de rencontrer les grands problèmes de la pensée de Leroux principalement à travers la lecture de son œuvre de L’humanité, de son principe et de son avenir (1840). Bibliographie Pierre Leroux, De l’Humanité, de son principe et de son avenir (texte numérisé par la bibliothèque nationale et accessible sur internet) Pierre Leroux, Réfutation de l’éclectisme Miguel Abensour, Pierre Leroux et l’utopie Georges Navet, Pierre Leroux, Politique, socialisme et philosophie Bruno Viard, Pierre Leroux penseur de l’humanité

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PHILOSOPHIE CONTEMPORAINE 1 UE à choisir en L1 1 UE à choisir en L2 1 UE à choisir en L3

DOUAILLER Stéphane Figures du cynisme dans l’antiplatonisme contemporain 1er semestre Jeudi 15h-18h Le dire-vrai des philosophes cyniques fait l’objet de réactivations. Planent sur elles, tout particulièrement, « Le courage de la vérité » de Michel Foucault et sa ligne de séparation, tracée sur des plans multiples, par ce qui s’avéra être le dernier cours prononcé. Un paysage s’y dessine de pratiques de vérité offensives à la manière dont le coq déplumé de Diogène revendiqua de réfuter la définition platonicienne de l’humain en même temps qu’à la façon dont un tel geste ne produisait pas seulement le spectacle de la situation qu’il créait mais encore rendait visible la sécession d’un monde vivant d’athlètes de la vérité. C’est la vérité qui domine sur le dire, dans le dire-vrai, même si le dire en est bien en même temps tout le lieu. Et cette vérité fait jonction entre la réactivation foucaldienne et d’autres qui ont été également proposées. On considérera particulièrement, sans s’y limiter, l’héroïsme cynique stylisé par Gilles Deleuze dans « Logique du sens », et on interrogera la commune polémique antiplatonicienne qui unit, à travers les temps et à travers les démarches, les cyniques grecs et romains, un certain Nietzsche, le double projet conçu par G. Deleuze et M. Foucault.

Bibliographie indicative : DIOGÈNE LAËRCE, Vies et doctrines des philosophes illustres ; G. DELEUZE, Logique du sens ; M. FOUCAULT, Le courage de la vérité. LECERF Éric L’homo faber : dialogues entre philosophie et cinéma autour de la question du travail 1er semestre Mardi 12h-15h Cours mutualisé avec le département de cinéma

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Dans ce cours, plutôt que d'utiliser le film comme illustration d'un propos philosophique - que ce soit sous la forme d'une simple mise en images de catégories dont la philosophie conserverait le secret ou comme révélateur d'un réel dont le médium filmique témoignerait au titre d'un conditionnement idéologique - nous étudierons comment philosophie et cinéma s'emploient à traiter la question du travail. Quelles sont, dans un cas comme dans l'autre, les clôtures de sens ? Comment elles se font écho ? Quels sont les lieux insolites où le travail n'est pas posé sous la seule détermination salariale ? Alors que dès l’origine du cinéma, le « documentaire » semble avoir été taillé sur mesure pour accueillir cette problématique d’un travail orienté sur les thèmes de la technique ou de la condition salariale, nous privilégierons plutôt l’analyse de fictions et étudierons quelle place y occupe le travail. PÉHAU Emmanuel Pour une approche non fanatique de la philosophie 2e Semestre Mardi 9h-12h « Séduisante hypothèse que celle de Derrida. Elle résout au plus juste son problème: montrer que le philosophe va droit à la mise en question de "la totalité de l'étantité", que c'est là justement la forme et la marque philosophique de sa démarche ; s'il vient à s'arrêter un instant à une "étantité" aussi singulière que la folie, ce ne peut être que si un naïf le tire par la manche et l'interroge ; de lui-même, il ne se fût point attardé à ces histoires de rois nus et de cruches. Ainsi le rejet de la folie, l'exclamation abrupte "mais quoi, ce sont des fous" se trouvent eux-mêmes rejetés par Derrida et trois fois enfermés à l'extérieur du discours philosophique : puisque c'est un autre sujet qui parle (non pas le philosophe des Méditations, mais cet objecteur qui fait entendre sa voix mal dégrossie) ; puisqu'il parle d'un lieu qui est celui de la naïveté non philosophique ; puisqu'enfin le philosophe, reprenant la parole et citant l'exemple plus "fort" et plus "probant" du rêve désarme l'objection et fait accepter bien pire que la folie à celui-là même qui la refuse. » Dans ce cours, il s’agira de réaliser à la fois une expérience et un fantasme : savoir ce qui se passe quand nous étudions la philosophie autrement qu’en étudiants de philosophie. C’est-à-dire d’abord : devenir ou peut-être redevenir l’un de ces personnages dont Foucault interroge ici l’étrange mode d’existence – l’un de ces personnages dont toute philosophie « qui se respecte » ne semble pouvoir se passer, puisqu’elle les invente, mais auxquels, en même temps, elle ne semble rien pouvoir passer, puisqu’aussitôt elle s’en écarte, les rejette et les réduit, puisqu’elle ne semble convoquer ce « bonhomme naïf », avec ses « sottes objections », que pour qu’il vienne « cogner à la porte du discours philosophique » et « se faire jeter sans avoir pu entrer » comme un « un paysan étranger à toute urbanité philosophique ». Mais, après tout, si l’on veut bien les regarder comme les fictions qu’ils n’ont jamais cessé d’être, les « banquets philosophiques » ont-ils jamais été autre chose que des dîners de cons ? C’est dire qu’il s’agira d’un exercice difficile d’abord pour l’enseignant. Il devra faire en quelque sorte reprendre à l’envers le chemin de sa professionnalisation :

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désapprendre d’accueillir avec condescendance (soit lassitude, soit dérision) ces étrangetés trop prévisibles – ou (plus chic, plus « high tech ») de traiter ces réticences à « entrer dans la danse » comme des « résistances » à la « cure » ; désapprendre de déchiffrer dans ce primitif débat l’attitude d'un « attardé s'inquiétant du mouvement qui le déborde », la fixation qui le « mène au dernier moment un combat d'arrière-garde » ; apprendre au contraire à reconnaître dans les limbes, dans l’extériorité irréductible où rôdent ces débutants butés les bords où il ne cesse de se cogner, lui. Exemple de naïveté dont le caractère « désarmant » est ce contre quoi nous ne cessons de nous prémunir : pourquoi les philosophes ne peuvent-il pas parler « comme tout le monde » ? Comment analyser cette rupture ? Dérive ? Défense ? Du côté de la maîtrise ou d’un autre ? Que produit-elle ? Un code ou un jargon ? Une langue de bois ou un langage d’oiseau ? Mais il s’agit peut-être là de questions naïves surtout dans leur adhésion à l’évidence de « l’autre côté », de l’existence de la philosophie comme domaine : un profane complet peut-être n’apercevrait pas la différence ? Et sans doute est-ce pour cela qu’elle interiorise volontiers ce type de doute en réaffirmation de sa souveraineté vertigineuse (« je suis puissante au point de me permettre de m’installer dans la non certitude de soi ») – ou au contraire sait trouver les passes pour le retourner en doute obsessionnel chez celui qui s’avère alors moins profane que novice : « mais si je m’aventure à parler comme tout le monde, ne sera-ce pas là où je serai la plus dissimulée, duplice, ironique ? ». Si nous étions moins butés, sans doute retournerions à la philosophie le compliment : « c’est en effet dans ta prétention à la naïveté radicale que tu es la plus prétentieuse ». – Ou la plus naïve� Car qui s’aventure à pratiquer une naïveté sans prétention aucune à la radicalité, qui entend bien employer un jargon à entendre littéralement comme un langage d’oiseau, aussi réellement qu’il renonce à la « compétence » et au « sérieux », avec quelque éclat qu’il le manifeste, nous savons non seulement que son humour ne sera pas toujours partagé, mais que, s’il a eu le malheur d’être un jour identifié comme philosophe, on ne l’entendra pas de cette oreille, l’ironie de la tradition saura le ramener dans la tradition de l’ironie – c’est ce que les derniers avatars du « deleuzisme » nous enseigne. Aussi, plus encore qu’à l’école du « naïf », c’est à celle du « vulgaire » qu’il nous faudra nous mettre. Est-on « philosophe » au même titre qu’on est « ophtalmologue » ou « véliplanchiste » ? Peut-on la définir ou, du moins, la considérer, jusque dans ses acceptions les moins bien définies, comme une activité sociale parmi d’autre, avec ses contraintes et ses bénéfices, sa place dans un processus de production-distribution-consommation ? Peut-on traiter l’énoncé « philosophique » hors de toute attitude exégétique, comme « un bien - fini, limité, désirable, utile - qui a ses règles d’apparition, mais aussi ses conditions d’appropriation et de mise en œuvre ; un bien qui pose par conséquent, dès son existence (et non pas simplement dans ses « applications pratiques ») la question du pouvoir ; un bien qui est, par nature, l’objet d’une lutte, et d’une lutte politique » ? Ou, pour parler plus vulgairement : pourquoi ne pas l’analyser du point de vue de sa place dans les budgets de différents acteurs économiques – l’Etat, les entreprises, les ménages bien sûr, mais ici, dans notre vulgarité, c’est d’abord de nous même qu’il doit s’agir : quelle place pour la philosophie entre le beurre et les épinards ?

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BOURDIEU (P.) - « La lecture de Marx : à propos de "lire le Capital" », Actes de la recherche en sciences sociales, (1975-11) vol.1:n°5/6, p.65-79. - L'ontologie politique de Martin Heidegger, Paris, Minuit, 1988, « Le sens commun » CHATELET (F.) - in Histoire de la philosophie : idées, doctrines, Paris, Hachette littératures, 1999, « Pluriel ». - in Le Rapport bleu : les sources historiques et théoriques du Collège international de philosophie, Paris, P. U. F.,1998, Librairie du Collège international de philosophie. CRESSOLE (M.) et DELEUZE (G.), « Appendice-conclusion en forme de chapitre », in Michel Cressole, Deleuze, Paris, Editions Universitaires, 1973, « Psychothèque ». (La réponse de Deleuze est aujourd’hui disponible, sous le titre « Lettre à un critique sévère » dans Pourparlers, Paris, Minuit, 2003, « Reprise », pp. 11-23. Nous fournirons des exemplaires de l’envoi de Cressole selon les besoins.) DELEUZE (G.) et PARNET (C.), Dialogues, Paris, Flammarion, 2008, « Champs Essais ». Singulièrement la première section de la première partie (« Un entretien, qu’est-ce que c’est, à quoi ça sert ? »). ERIBON (D.), Michel Foucault et ses contemporains, Paris, Fayard, 1994. Singulièrement le chapitre 5, « La restauration de l’édit de Nantes. (Foucault et l’enseignement de la philosophie) ». FOUCAULT (M.) - « Le piège de Vincennes », Dits et écrits, t. 1, Paris, Gallimard, 2001, « Quarto ». - « Le philosophe masqué », Dits et écrits, t. 2, Paris, Gallimard, 2001, « Quarto ». - « Pour en finir avec les mensonges », entretien avec Didier Eribon paru dans Le Nouvel Observateur en 1985, disponible un peu partout sur internet. GAUNY (L. G.), Le philosophes plébéien (textes rassemblés et présentés par Jacques Rancière), Paris, La découverte-Maspero / PUV, 1983. RANCIERE (D.) et RANCIERE (J.), « La légende des philosophes », in Les lauriers de mai, numéro spécial de Révoltes logiques, Paris, Solin, 1978. RANCIERE (J.), « La philosophie en déplacement », in C.N.A.C. Georges Pompidou (éd.), La vocation philosophique, Paris, Bayard, 2004, pp. 11-36. VEYNE (P.) - « L’empire romain », in Philippe Ariès (dir.), Histoire de la vie privée, t. 1, De l'Empire romain à l'an mil, Paris, Seuil, 1999, « Points Histoires » (édition revue et complétée). Nous utiliserons plus exactement les analyses contenues dans les sections 3 (« Les esclaves »), 6 (« Travail et loisir »), 8 (« Censures et utopies ») et 10 (« Tranquilisations ») de cet article. - « Les présupposés de la cité grecque, ou pourquoi Socrate a refusé de s’évader », in L'Empire gréco-romain, Paris, Seuil, 2005, « Des travaux ». - Sénèque : une introduction, Paris, Tallandier, 2007, « Texto ».

RAMBEAU Frédéric La question de la critique chez Michel Foucault 2e semestre Mardi 12h-15h

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On étudiera la pratique de la critique chez Foucault à partir des différents foyers de problématisation selon lesquels elle s’est à chaque fois modifiée et déplacée : l’expérience littéraire et le rapport à la nouvelle critique, le livre-expérience et son jeu de la constatation et de la fabrication, l’attitude critique dans « Qu’est-ce que la critique ? » et « Qu’est-ce que les Lumières ?», l’exigence du dire-vrai dans ses deux derniers cours sur Le gouvernement de soi et des autres. Ces moments différents de la philosophie foucaldienne montrent que la question de la critique ne s’organise pas selon un développement chronologique de l’œuvre. Dans chaque cas, le problème posé est celui de l’articulation des deux faces de la critique : telle qu’elle se constitue à même la dispersion matérielle des conduites, parfois les plus muettes, et telle qu’elle manifeste aussi les modes d’implication d’un sujet dans des pratiques discursives et extra-discursives. On pourra, à partir de là, repenser la question de l’actuel chez Foucault comme celle du nouage ou de l’ajustement possible entre le souci de la vérité et le problème de la pratique. Une bibliographie détaillée sera distribuée en début de semestre. RAMBEAU Frédéric et BIRNBAUM Antonia Cas problématiques et théories critiques 1er semestre Mercredi 9h-12h En s’enclenchant à la suite de cas problématiques (cas cliniques, esthétiques ou politiques) et en s’astreignant à leurs coordonnées singulières, souvent effacées et forcloses par la tradition, les philosophies critiques contemporaines ont inventé des formes d’intervalle et de déplacements, des positions d’écart et d’interruption qui visent à débloquer des processus et à relancer des séquences, par-delà leur définition et leur identification à telle ou telle essence. Comment la contrainte d’un cas, qui impulse une réflexion philosophique, conduit-elle à substituer à la forme traditionnelle du questionnement, de la « réflexion sur » et, in fine, de l’assignation à une question originaire, des pratiques d’ajustages ou de forçage immanentes au matériau hétérogène et conflictuel du sensible (Adorno, Benjamin, Rancière) ? Quel rapport entre le cas problématique qui désoriente la philosophie en la tournant vers ses dehors et la théorie du problème où elle semble, à l’inverse, ressaisir sa différence (Canguilhem, Deleuze, Foucault) ? Ces deux enjeux guideront ce cours sur le statut du cas dans le travail philosophique de problématisation. Une bibliographie détaillée sera distribuée en début de semestre.

VERMEREN Patrice L’énigme du dix-neuvième siècle : philosophie politique et socialisme (Critique des raisons politiques, révolution et utopie : les lectures philosophiques de Miguel Abensour (III).) 1er semestre Lundi 15h-18h

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Depuis ses premiers écrits sur les formes de l’utopie socialiste-communiste, Miguel Abensour soumettrait obstinément les textes des auteurs qu’il lit et convoque ses contemporains à (re)lire (Pierre Leroux, Blanqui ou Walter Benjamin, La Boétie et Pierre Clastres, Saint-Just, Marx, Arendt, Lévinas, etc.) à un processus de libération qui viserait à les sauver, fût-ce contre eux-mêmes, faisant appel à leurs lignes de fuite et à leurs noyaux sans cesse irrésolus, preuves « en acte » d’un sentiment utopique. Jusqu’à y voir avec le philosophe argentin Horacio Gonzalez, un geste de défi qui emprunte quelque chose du sentiment général de la conspiration ? On reviendra sur quatre lectures de Miguel Abensour privilégiées, sous le double emblème du paradoxe et de l’énigme : De la servitude volontaire de La Boétie, les Œuvres de Saint-Just, la Critique du droit hégélien de Marx et la Lettre au Docteur Deville, avec la Réfutation de l’éclectisme de Pierre Leroux, à partir d’un questionnement sur la philosophie française du dix-neuvième siècle. Indications bibliographiques : Miguel Abensour : Les formes de l’utopie socialiste-communiste: essai sur le communisme critique et l’utopie, thèse, Université Paris 1 «Les leçons de la servitude et leur destin », in La Boétie, Discours de la servitude volontaire, Payot, 1976 «Philosophie politique et socialisme, Pierre Leroux ou du style barbare en philosophie », in Le Cahier du Collège international de philosophie, n°1, Osiris, 1985 «L’affaire Schelling», in Corpus, revue de philosophie, n°18 -19, 1991 Le procès des maîtres rêveurs, Sulliver , 2000 L’utopie de Thomas More à Walter Benjamin, Sens et Tonka , 2000 La démocratie contre l’Etat : Marx et le moment machiavélien, Le Félin, 2°édition 20004 « Rire des lois, du magistrat et des dieux », in Jean Borreil, La raison de l’Autre, L’Harmattan, 2004 « Lire Saint-Just », in Saint-Just : Œuvres, Folio , 1995 Pour une philosophie politique critique, Sens et Tonka, 2009 L’homme est un animal politique, Editions de la nuit, 2010 « Pourquoi la théorie critique ? », in Le souci du droit, Sens et Tonka, 2009 « Insistances démocratiques », entretien avec Miguel Abensour, Jean-Luc Nancy, Jacques Rancière, réalisé par Stany Grelet, Jérôme Lèbre et Sophie Wahnich, in Vacarmes 48, été 2009. Horacio Gonzalez : Retorica y locura, Buenos Aires, Colihue, 2002 Filosofia de la conspiración, Buenos Aires, Colihue, 2004 “Le processus de libération des textes”, in Critique de la politique, Autour de Miguel Abensour, sous la direction d’Anne Kupiec et Etienne Tassin, Sens et Tonka , 2006 VERMEREN Patrice

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Qu’est-ce qu’un héros révolutionnaire ? (Critique des raisons politiques, révolution et utopie : les lectures philosophiques de Miguel Abensour (IV).) 2e semestre Lundi 15h-18h Qu'est-ce qu'un héros révolutionnaire? Rousseau oppose le héros antique, guerrier triomphant seul des ennemis de la patrie, au héros véritable, qui sait effacer sa singularité pour mieux promouvoir l'action collective du peuple souverain. La Révolution française, selon Miguel Abensour, redéfinit l'héroïsme politique comme faculté de commencer quelque chose dans l'imprévisibilité du résultat, d'instituer une nouvelle société où les figures du héros et celle du législateur soient confondues, installant une relation énigmatique de la servitude et de la liberté, et posant comme finalité un ordre qui permettrait de lutter contre les effets de division produits par les désirs injustes. Mais si "le héros est le véritable sujet de la modernité", selon Walter Benjamin, peut-on voir la question du XIX° siècle comme celle de la possibilité de l'héroïsme dans la société post-révolutionnaire prosaïque moderne? Comment dès lors penser, par exemple, la figure héroïque de Simon Bolivar, usurpateur du titre de Libertador selon Benjamin Constant ou Napoléon de la retraite selon Karl Marx, mais éclaireur de l’émancipation selon l'Encyclopédie Nouvelle de Pierre Leroux et Jean Reynaud, astre libérateur des peuples de l'Amérique tombés dans la servitude pour Juan Montalvo? Indications bibliographiques : Machiavel: Discours sur la première Décade de Tite Live, préface de Claude Lefort, Flammarion, Champs, 1985 Baltasar Gracian : Le Héros, Sulliver, 1996 Vico : De Mente heroïca, traduction et présentation de Georges Navet, Cahiers du Collège international de philosophie, n°5, 1988 , Osiris Jean-Jacques Rousseau : Discours sur la vertu du héros, O.C., tome II, La Pléiade Saint-Just : Œuvres complètes, Gallimard, 2004 Miguel Abensour : La philosophie politique de Saint-Just, Annales historiques de la Révolution Française, 1966 Miguel Abensour : Saint-Just et l’héroïsme révolutionnaire, Esprit, février 1989 Miguel Abensour : « Le Rouge et le Noir » à l’ombre de 1793 ? UNESCO 2006 Auguste Blanqui : Instructions pour une prise d’armes, suivi de L’éternité par les astres, La tête de feuille 1973 Auguste Blanqui : L’éternité par les astres, préface de Jacques Rancière, Les impressions nouvelles, 2002 Walter Benjamin : Charles Baudelaire, Payot, 1989 Miguel Abensour : « Walter Benjamin entre mélancolie et révolution. Passages Blanqui », W.Benjamin et Paris, Le Cerf, 1986 Miguel Abensour : « La disposition héroïque et son aliénation », Tumultes, 1993 Nietzsche : Considérations inactuelles, Folio, 1992 Antonia Birnbaum : Nietzsche, les aventures de l’héroïsme, Payot 2000 Maurice Merleau-Ponty : « Le héros, l’Homme », Sens et Non-Sens, Nagel, 1948

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Maurice Blanchot : « La fin du héros », L’entretien infini, Gallimard, 1969 Jacques Rancière : Les mots de l’histoire, Seuil, 1992 Sophie Wahnich : Les émotions, la Révolution française et le présent, CNRS 2009 Simon Bolivar : Choix de lettres, discours et proclamations, Institut international de coopération intellectuelle, 1934 Karl Marx : Bolivar y Ponte, Sulliver, 1999 Arturo Andres Roig: Bolivarismo y filosofia latino-americana, FLACSO/Quito, 1984

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PHILOSOPHIE, DROIT, POLITIQUE ET CHAMP SOCIAL 1 UE à choisir en L1 1 UE à choisir en L2 1 UE à choisir en L3

ANGUE MEDOUX Irma Julienne Les pragmatiques de la démocratie 1er semestre Mardi 9h-12 h Les philosophies pragmatistes nord-américaines d’Emerson, de Dewey et de Rorty ont conditionné l’émancipation des individus par une prise en compte de leur rapport au consensus de la vie civile et civique dans la formation du Soi. Loin de considérer la liberté et l’égalité comme des qualités innées et exigeant inconditionnellement leur respect, ils les ont replacées dans le contexte de concurrence libérale régnant dans la vie sociale et en ont fait l’objet d’une conquête poursuivie à l’aide des pratiques de justification. La réussite de ces pratiques tient à leur force de transformation des consensus sociaux eux-mêmes, dans les cas les plus névralgiques pour les individus et les minorités, tels que par exemple, celui du racisme à l’égard des afro-américains. Les philosophies européennes dites « postmodernes » ont, quant à elles, mis l’accent sur la créativité sociale qui, à l’instar de la créativité artistiques, sait inventer les nouvelles formes de vie qui s’imposent pour surmonter les « obstacles épistémologiques » les plus importants qui bloquent le développement de la vie sociale. Le hiatus entre riches et pauvres, décelable jusque dans les régimes d’éducation et de formation présumés rendus accessibles à tout n’a fait que s’accentuer avec la mondialisation, généralisant ainsi le tort fait à ceux qui perdent tout accès à leurs droits civiques. Les conditions matérielles de l’autonomie des individus et des groupes doivent y être ainsi repensées de façon à respecter dans la vie sociale une autonomie de jugement mesurée par la capacité des individus et des groupes à faire partager ces jugements et à les appliquer. Cette créativité sociale s’y mesure ainsi au degré d’acceptabilité des formes de vie qu’on est contraint d’y inventer dans un contexte de néodarwinisme social pour faire surgir et pour sauvegarder une émancipation de chacun qui soit à la fois intellectuelle et sociale. Ce sont des obstacles semblables que les individus et les groupes se voient contraints de surmonter dans les fausses démocraties qui ont régné et règnent encore au Moyen Orient et en Afrique. Il s’impose d’y déceler ce qui permet à ces dites démocraties de se développer et de se renforcer comme « tyrannies platoniciennes » contemporaines : l’invocation d’un consensus aveugle y coïncidant avec la soumission de tous au jugement d’un seul. L’obstacle épistémologique à

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l’émancipation et au respect de l’égalité de tous semble ici se situer dans la réduction de la liberté à l’autarcie. Cette conception était suffisante lorsqu’il s’agissait de se libérer de l’asservissement à la religion, elle suffit plus lorsqu’il faut mobiliser un accord de jugement critique sur les conditions réelles d’existence et sur l’effectivité d’une vie sociale réduite à des conditions économiques arbitraires et abstraites. La mobilisation civique ne peut s’appuyer ici que sur un jugement collectif capable de relativiser les limites contractuelles des démocraties. Ce cours permettrait donc de comparer ces trois régimes de pragmatiques de la démocratie en fonction de la façon dont elles permettent ou non d’approcher de l’objectif social d’émancipation qu’elles se donnent. Références bibliographiques John Rajchman et Cornel West, La pensée américaine contemporaine, trad. A. Lyotard, PUF, 1985 Emmanuel Kant L’anthropologie d’un point de vue pragmatique, trad. M. Foucault, Vrin, 2008 Richard Rorty, « Et Nietzsche vint en Amérique », in Nietzsche / Hors-série du Magazine littéraire, n° 3, 4e trimestre 2001

– L’espoir au lieu du savoir, Paris, Editions Albin Michel, 1995. – Objectivisme, relativisme et vérité, trad. Jean-Pierre Cometti, Paris, PUF, 1994. – « Droits de l’homme, rationalité et sentimentalité », in G. Hottois et M. Weyembergh, Richard Rorty : Ambiguïtés et limites du postmodernisme, Paris, J. Vrin, 1994, p. 13-36. – Contingence, ironie et solidarité, trad. Pierre-Emmanuel Dauzat, Paris, Editions

Armand Colin, 1993. – L’homme spéculaire, trad. Thierry Marchaisse, Paris, Editions du Seuil, 1990. – Science et solidarité. La vérité sans le pouvoir, trad. Jean-Pierre Cometti, Paris,

Editions de l’Eclat, 1990. Irma J. Angue Medoux, Richard Rorty, un philosophe conséquent, L’Harmattan, 2009

Jean-François Lyotard, La condition postmoderne, Ed. de Minuit, 1979 - Le différend, Ed. de Minuit, 1983 B. Cany, J. Poulain et P. Prado, Les passages de Jean-François Lyotard, Ed. Hermann, 2011 Alain Badiou, L’éthique, Hatier, 1993 - Abrégé de Métapolitique, Seuil, 1998 Jacques Rancière, Aux bords du politique, La fabrique, 1998 Jacques Poulain, La condition démocratique, L’Harmattan, 1998 - Ed. Violence, Religion et dialogue transculturel, L’Harmattan, 2010 - Ed. Pour une démocratie transculturelle, L’Harmattan, 2010

BENKOUKA Bahija, RETTIG Béatrice Qu'est-ce qu'un collectif ? Premier et second semestres Samedi 9h-12h

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�A partir de la question "Qu'est-ce qu'un collectif ?", le séminaire explore les formes contemporaines du politique, et les notions d'action et de sujet passant par la philosophie et l'anthropologie politique, l'art, la psychanalyse, les études féministes et postcoloniales, et différentes expérimentations récentes ou en cours. Parlant du collectif, il faudrait aussi tout de suite parler de ce qui est hors norme dans le sens d'une déconstruction des oppositions entre individuel et collectif, et des divisions de genre, classe, origine, etc., renvoyant à la notion de ces savoirs-pouvoirs qui nous traversent, et à celles d'altérité et de subjectivité historiquement tant produites que productives. Parlant du collectif il faudrait aussi en distinguer l'idée d'un sujet collectif qui serait celle du bon sujet révolutionnaire qui préexiste à la révolution telle qu'on l'imagine déjà. On pourrait critiquer ici la notion de sujet au sens où les termes de sujet et de politique modernes renvoient à une certaine notion du politique par rapport à laquelle est catégorisée comme pré-politique toute réinvention qui remettrait en question les catégories dans lesquelles on a pensé le sujet politique de façon liée à l'État. Comme l'ont fait les mouvements féministes, et tous les autres mouvements qui ont émis une critique des assignations d'identité et de leurs formes d'objectivation au travers des appareils de pouvoir. On pourrait aussi réexplorer le corpus hérité des années 70, et tous les auteurs en ces années là pour qui l'idée d'expérimentation de soi a aussi été celle d'une expérimentation du collectif, et où les passages entre art et politique sont nombreux. Enfin, on pourrait essayer de poser la question du collectif comme celle d'un moment où des relations sont possibles qui permettent de réinventer la façon dont on peut collectivement penser et agir, dans une certaine conflictualité qui porte des formes d'émancipation telles qu'on ne peut plus en séparer les dimensions d'inventivité des dimensions critiques, qui serait plutôt la question de "Comment faire collectif ?". DOUAILLER Stéphane Les subalternes. L’égalité anatopique de Joseph-Antenor Firmin 2e semestre Lundi 18h-21h L’essai sur l’inégalité des races humaines de Joseph-Arthur de Gobineau fit l’objet d’une réponse minutieuse de la part de Joseph-Antenor Firmin publiant en 1885 De l’égalité des races humaines, Anthropologie positive. Ce livre n’opéra pas seulement une patiente réfutation de la démarche anthropologique de Gobineau et de ses thèses. Il prit aussi la mesure de son atmosphère particulière comme force agissante dans l’histoire en même temps qu’il identifia dans les révolutions du monde et particulièrement dans celle d’Haïti des sources pour un regard anthropologique critique, émancipé, décentré. On en suivra attentivement l’art des décalages et ses productions d’égalité qu’on confrontera aux théories contemporaines et/ou subalternes de l’égalité. Références : JA de GOBINEAU, L’essai sur l’inégalité des races humaines ; JA FIRMIN, De l’égalité des races humaines ; GC SPIVAK, Les subalternes peuvent-elles parler ?

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On trouve le texte de Gobineau sur le site http://classiques.uqac.ca/classiques et celui de JA FIRMIN sur le site http://gallica.bnf.fr D’autres textes seront également sollicités. DOUAILLER Stéphane, LECERF Éric, NAVET Georges, VERMEREN Patrice À quoi reconnaît-on un penseur socialiste ? Le moment 48 1er semestre Mercredi 15h-18h Entre Marx qui écrivait au lendemain des émeutes de juin 1848 que « le voile qui cachait la République se déchirait » et Proudhon qui en tirait pour enseignement que « les classes ouvrières (venaient) de prendre conscience d’elles-mêmes », on retrouve l’effectivité constitutive d’un événement qui a marqué durablement l’histoire des idées bien au-delà des conflits inhérents au schème de la souveraineté populaire. Si, comme nous l’avons vu lors des deux précédents séminaires, le déterminant « socialiste » trouve son origine dans les premières années de la Monarchie de Juillet, la Seconde République constitue cependant dans cette histoire un moment clef. Abolition de l’esclavage, droit au travail, suffrage universel� Dans le croisement de ces questions le « penseur socialiste » instruit un procès de l’histoire au sein duquel la question de l’égalité tient autant du prédicat théorique que du signifiant critique traversant tout aussi bien le champ politique que la science ou les arts. Au cours de ce séminaire, avec Marx (La lutte des classes en France) et Proudhon (Confessions d’un révolutionnaire & Le droit au travail et le droit de propriété), nous recroiserons les œuvres de Louis Blanc, d’Auguste Blanqui, Philippe Buchez, Pierre Leroux, de Louis-Mathurin Moreau-Christophe, etc� Indications bibliographiques Une bibliographie sera donnée en début de séminaire, et complétée au fil des séances. GRANGÉ Ninon La règle et l’exception 2e semestre Mardi 9h-12h La règle, outre qu’elle est, au premier sens, un instrument de mesure, permet la production d’un ordre. Contradictoire du hasard, elle dicte notre conduite et notre activité, tout en ne laissant qu’une part réduite à l’expérience. La règle permet non seulement un faire mais aussi un savoir-faire car, en plus d’être un outil qui nous guide, elle est aussi logos, c’est-à-dire la raison d’être des choses. Connaître la règle, c’est idéalement connaître la raison de la production ou de l’action. Comment dès lors comprendre l’exception ? Si les règles sont contraignantes, imposées par des instances comme l’école, la famille, l’État ou la tradition, elles appellent non seulement le respect, mais aussi l’obéissance. Comment penser alors

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la possibilité même de l’exception, si ce n’est comme une désobéissance, un refus, un écart tout au moins ? Et comment comprendre que l’on souffre que la règle connaisse des exceptions ? Toutefois, il serait réducteur de concevoir l’exception comme simple principe de désordre. Ce qui sort de la règle ne lui est pas nécessairement opposé. Refus, résistance, dans la plupart des cas, elle peut aussi renchérir un ordre établi, c’est le cas de l’état d’exception. Ainsi, l’ordre politique est à revoir en même temps que l’ordre de la nature où règles et exceptions apparaissent solidaires. Il faudra alors se demander si la différence entre la règle et l’exception est affaire de norme, et dans ce cas, quelle en est l’origine. On pourra ainsi examiner non seulement la manière dont se règle/est réglée la conduite d’un individu, mais aussi ce qui fait le cœur et la marge d’une société. Bibliographie : AGAMBEN, État d’exception, Seuil, 1997 ARISTOTE, Métaphysique — , De la génération des animaux — , Éthique à Nicomaque CANGUILHEM, Georges, Le normal et le pathologique CICÉRON, De Republica FOUCAULT, Surveiller et punir — , Histoire de la folie à l’âge classique KANT, Critique de la faculté de juger — , Doctrine du droit MACHIAVEL, Discours sur la première Décade de Tite-Live SAINT-BONNET, François, L’état d’exception, PUF, (Léviathan), 2001. SCHMITT, Carl, La dictature, Seuil, 2000 — , Le nomos de la terre, PUF, (Léviathan), 2001. SÉNELLART, Michel, Machiavélisme et raison d’État, Paris, PUF, 1989. SPINOZA, Éthique KULLASHI Muhamedin Éthique et politique chez Machiavel et Hobbes 1er semestre Mardi 12h-15h Cette E.C. vise à introduire à l’examen des liens que des considérations éthiques nouent avec la politique aux temps modernes. A travers l’analyse des textes de Machiavel et de Hobbes on abordera des questions qui concernent la nature de la politique qui s’autonomise par rapport à des réflexions sur les finalités humaines, la question de la valeur des différents régimes politiques et des genres de vies qu’ils impliquent. Seront également traités les thèmes : le mal comme question politique, la conscience individuelle et la légitimité des décisions du pouvoir, les passions et la politique, la liberté et la loi, le droit du recours à la ruse, au mensonge et à la violence dans l’exercice du pouvoir, le pouvoir et l’opinion publique.

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Bibliographie : Machiavel, Le Prince, Paris, Gallimard, La Pléiade, 1978. Machiavel, Discours sur la dernière décade de Tite-Live, Paris, Gallimard, La Pléiade, 1978. Machiavel, Histoires florentines, Paris, Gallimard, La Pléiade, 1978. Hobbes, Léviathan, Gallimard, Paris,2000. Hobbes, De Cive, Gallimard, Paris, 2000. Paris, Gallimard, La Pléiade, 1978. MENDÈS-SARGO David-Emmanuel Études augustiniennes 1 : Durkheim et le fantasme du totémisme 1er semestre Mercredi 18h-21h Cours mutualisé avec le département d’anthropologie Les indiens Ojibwé (Chippawa) ont fondé une partie non-négligeable de l'anthropologie en léguant à la littérature de l'homme blanc, à la fin du XVIIIe siècle, la notion de totem (ododem). L'homme blanc, de l'ethnologue au psychanalyste, s'est empressé d'en faire plusieurs concepts qui ont d'abord servi à alimenter son fantasme narcissique des origines. Émile Durkheim (1858-1917) y a vu des « formes élémentaires » (puisque primitives ou inversement !) de toute « vie religieuse », en quoi, bien que fils de rabbin, mais idéologue d'une troisième république si laïque, il pensait savoir ce qu'est « vraiment » une religion (par différence avec la magie). En quoi aussi, comme tout occidental, il est, fût-ce sur un mode naïf, un augustinien persuadé « de la vraie religion ». Lévi-Strauss fait le bilan de cette construction 50 ans plus tard en remarquant que « la vogue de l'hystérie et celle du totémisme sont contemporaines » et qu'elles « ont pris naissance dans le même milieu de civilisation » afin de « protéger la bonne conscience » des savants : il a fallu tout de même remarquer que, sous le nom de mana (wakan, orenda), que Lévi-Strauss traduit par « truc » ou « machin », le primitif pense ab origine exactement comme une « substance pensante », ou, si l'on trouve le cogito sans chair et sans histoire, que « l'homme pense », tel que Spinoza en pose l'axiome (Éthique, 2nde partie), ou encore qu'il pense, comme Bergson, l'énergie créatrice. Mais est-ce bien rassurant ? Bibliographie indicative : BATAILLE, Georges, Théorie de la religion (env. 1958, posth. 1973), Tel Gallimard CAILLOIS, Roger, L'homme et le sacré (1939), Folio Gallimard. DESCOLA, Philippe, Par delà nature et culture, Gallimard. DURKHEIM, Emile, Les formes élémentaires de la vie religieuse (1912), PUF. ELIADE, Mircea, COULIANO, Ioan Peter, Dictionnaire des religions (1990), Pocket FREUD, Sigmund, Totem et tabou (1913), Folio Gallimard LÉVI-STRAUSS, Claude, Le totémisme aujourd'hui (1962), PUF.

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MENDÈS SARGO David-Emmanuel Études augustiniennes 2 : Weber et le « désenchantement » moderne 2e semestre Mercredi 18h-21h Cours mutualisé avec le département d’anthropologie.

La Réforme, écrivait Marx, ayant fait de tous les moines des laïcs a transformé tous les laïcs en moines. Engels trouvait que, par elle, la bourgeoisie des villes s'était acheté une religion à bon marché. Max Weber (1864-1920) est allé au bout de toutes ces intuitions, si partagées au cours du XIXe siècle et au début du XXe, en montrant comment le Capital (et plus exactement son mystère, la production de la plus-value), peut devenir, sous certaines conditions historiques et mentales (dans les milieux néo-calvinistes puritains anglo-saxons du XVIIe siècle), l'équivalent moderne du trésor surérogatoire de Grâce que l'Église du Moyen-Âge était supposée détenir. Le capitalisme au sens élargi, non seulement le mode de production, mais aussi la mentalité ou l'esprit (Geist), ne se présente plus seulement comme « une immense accumulation de marchandises », mais comme une « ascèse séculière » du travail (Beruf, vocatio), un vecteur de « rationalisation » à outrance du temps social. Puis, ce qui n'était que décision ascétique puritaine, fondée sur la défiance de tous les aspects extérieurs (externa subsidia) de la foi tenus pour poreux à la magie (Zaüberei), devient pour nous « cage d'acier », et, avec les apparences de l'hédonisme, vide éthique. Ici commence la névrose de l'homme moderne, qui travaille pour la « gagne » (succédané de la Grâce prédestinante augustinienne et de l'élection), consomme loisirs et prouesses du « temps réel », tous traits que Weber, avec des accents nietzschéens, condense en un inquiétant portrait : « Voluptueux sans cœur et spécialiste sans vision, ce néant s'imagine avoir gravi tous les degrés de l'humanité ». Bibliographie indicative : LIPOVETSKY, Gilles, L'ère du vide. Essais sur l'individualisme contemporain, Folio Gallimard. SAINT-AUGUSTIN, Confessions (397-400), Trad. Arnauld d'Andilly ((1649), Folio Gallimard. WEBER Max, Économie et société Vol. 1 & 2 (posth. 1921), Pocket. WEBER Max, L'éthique protestante et l'esprit du capitalisme (1905), Trad. Chavy (1964), Pocket. MENDÈS-SARGO David-Emmanuel Kant : L'humain non seulement homme 2e semestre Vendredi 18h-21h Cours mutualisé avec le département d’anthropologie

« Qu'est-ce que l'homme ? » est, on le sait l'interrogation qui conclut et récollecte les

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trois fameuses questions qui définissent les trois Critiques : « Que puis-je savoir ? Que dois-je faire ? Que m'est-il permis d'espérer ? ». On sait moins sans doute ce que l'organisation de ces questions doit à un ancien distique du XIIIe siècle : « La lettre t'enseigne l'histoire, l'allégorie ce que tu dois croire, le sens moral ce que tu dois faire, et l'anagogie ce à quoi tu dois tendre » (Littera gesta docet, quid credas allegoria, / Moralis quid agas, quo tendas anagogia). Cette antienne sécularisée renaît sous la plume de Kant, avec le titre d'Anthropologie pour la première fois utilisé dans l'acception moderne du mot, comme un sens actualisé et comparatif de l'histoire, une exégèse des civilisations, des moyens humains, non seulement des fins humaines. C'est la musique étrange et légère, mais savante de l'Anthropologie au point de vue pragmatique. Lacan, anti-philosophe et anti-humaniste reprend l'antienne à la télévision. On lira tout cela à « lakantienne », fidèlement. Bibliographie indicative : KANT, Immanuel, Anthropologie d'un point de vue pragmatique (1798), Garnier Flammarion. LACAN, Jacques, Télévision, Seuil. LICHTENBERG, Georg Christoph, Pensées (1773-1798), Rivages. QUINCEY, Thomas de, Les Derniers Jours d'Emmanuel Kant (1827), Allia. PINGEOT Mazarine La soumission 1er semestre Mardi 15h-18h Il s’agira pour nous d’interroger cet étrange phénomène qu’est la soumission d’un peuple à l’endroit de son tyran, ou dans une moindre mesure d’un chef quel qu’il soit. Fascination de l’autorité, renoncement à sa liberté, ne point s’autoriser. Et pour investir le champ politique, nous devrons faire le détour par le champ psychanalytique pour comprendre comment le désir de l’autre a pu se substituer au désir propre, l’amour propre à l’amour de soi, la soumission à une autorité quelconque à la revendication d’une voix autonome aussi bien que personnelle. Pourquoi troquer la dignité humaine contre la paix, l’affirmation de soi et de valeurs plus hautes que soi mais qui en retour attestent d’un soi propre, contre la paresse, la lâcheté, l’endormissement. Pourquoi la devise des lumières, sapere aude, est-elle si peu entendue, voire étouffée en même temps que la vigilance� Bibliographie à venir POULAIN Jacques Peut-on guérir du libéralisme ? 1er semestre Mercredi 15h-18 h Le transfert de la méthode d’expérimentation scientifique dans le monde social tente

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de transformer cette expérimentation en forme de vie en lui soumettant la vie économique et politique. Le consensus social sur le devenir historique de l’homme y est censé régler la vie humaine comme le consensus scientifique avec le monde visible est présumé régler la progression du progrès scientifique. Il est malheureusement aussi aveugle que ce dernier. L’aveuglement propre au phénomène contemporain de la mondialisation sera ici étudié comme la forme exemplaire que prend aujourd’hui l’aveuglément consensuel et collectif à propos du progrès social, présumé accompagner le progrès scientifique et technique comme puissance de régulation interne à l’expérimentation totale contemporaine de l’homme. La globalisation de l’économie de marché neutralise en effet de l’intérieur l’hégémonie du marché mondial en soumettant celui-ci aux paris spéculatifs boursiers tout en restant fidèle à la logique la plus stricte du capitalisme libéral. La seule alternative qui affronte délibérément cette impasse de civilisation la plus récente, le régime de démocratie délibérative d’Habermas, qui tente de nous guérir de cette paupérisation contemporaine si radicale, participe à la même illusion, en croyant qu’il suffit de substituer la logique d’alternance de l’argumentation publique sur les besoins et les normes à la logique du marché. Elle croit en effet que la soumission de l’homme au consensus lui permet de se transformer directement lui-même comme la loi du marché est présumée l’autorise à le faire aux yeux des libéraux. Ce cours montrera que cette croyance illusoire en la force de transformation historique et directe de l’homme par lui-même ne se consolide pragmatiquement, à l’aide de l’expérimentation totale de l’homme par la communication, qu’en faisant abstraction des jugements d’objectivité sociale qui ont permis à la société de se promouvoir elle-même, indépendamment des calculs arbitraires du marché mondial et des paris boursiers. Les théories de la justice qui tentent de la justifier ou de se régler sur elle, sont donc dépourvues de toute force de justification Mais l'anthropodicée pragmatique, qu’elle soit néolibérale ou socialiste, a beau usurper le rôle du discours philosophique, elle s'avère incapable d'en réaliser l'enjeu. Elle ne fait donc faire l'expérience que d'une chose : qu'il soit faux que l'homme puisse se transformer directement en consensus. Seul l'exercice du jugement de vérité en tout acte de langage comme en toute pensée est toujours déjà à même d'en réaliser l'enjeu ainsi que de guérir du vouloir vouloir pragmatique en dévoilant, derrière l'échec de consensus et l'aveuglement à lui-même qui le nourrit, la fausseté des descriptions pragmatiques de la société et du langage. Seul l'exercice de ce jugement distribue également à chacun la rétribution qu'il mérite : en lui permettant de transformer son bonheur de vérité, en bonheur de vie, mais cette transformation reste hors des prises de toute anthropodicée. Bibliographie G.W.F. Hegel Les principes de la philosophie du droit, Gallimard, 1940. M. Weber Économie et société, Plon, 1971 M. Weber L’éthique protestante et l’esprit du capitalisme, Plon, 1964 H.P. Martin et H. Schumann Le piège de la mondialisation. Une attaque contre la démocratie et le bien-être, Solin, Actes Sud, 1997 J. Rawls Théorie de la justice, Seuil, 1987 J. Habermas La théorie de l’agir communicationnel, Fayard, 1987 J. Habermas Droit et démocratie, Gallimard, 1997

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K.O. Apel Discours et responsabilité, Cerf, 1996 P. Ricœur Le Juste, Seuil, 1995 Collectif Mondialisation au-delà des mythes, La découverte, 1997 Rapport moral sur l’argent dans le monde, L’éthique financière face à la mondialisation, Association d’économie financière, Montchrestien, 1997 L. Sagna Monnaie et sociétés, une socio-anthropologie des pratiques monétaires, L’Harmattan, 2001 F. de Bernard (Ed.) Dictionnaire critique de la mondialisation, Le pré aux Clercs, 2002 J. Rifkin La fin du travail, La découverte, 1996 J. Poulain L’âge pragmatique ou l’expérimentation totale, L’Harmattan, 1991 J. Poulain La neutralisation du jugement ou la critique pragmatique de la raison politique, L’Harmattan, 1993 J. Poulain (Ed.) Qu’est-ce que la justice ? Devant l’autel de l’histoire, Presses Universitaires de Vincennes, 1996 J. Poulain (Ed.) Pour une démocratie transculturelle, L’Harmattan, 2010 J. Poulain Les Possédés du vrai. Exorcismes philosophiques, Ed. du Cerf, 1998. REY Lucie Pierre Leroux, Le philosophe et l’histoire (2) 2e semestre Vendredi 9h-12h Qui est le philosophe et quelle est sa tâche ? Virulent critique de la philosophie institutionnelle de son temps, de sa conception simplificatrice de l’histoire de la philosophie, et du rapport qu’elle institue entre la philosophie et le peuple, Leroux veut réinscrire la philosophie du dix-neuvième dans une tradition philosophique, celle de l’émancipation et de la perfectibilité. Il voit dans la philosophie le lieu même de la contestation politique et de la préparation d’une société nouvelle. Au sujet du philosophe, il écrit : « Le perfectionnement, le progrès de toute chose est son but. Si donc il cherche la science, c’est pour en indiquer les conséquences, la politique est pour lui un corollaire de la philosophie. Il ne sait ce que c’est que la science pour la science. L’humanité présente l’occupe, il la voit tourmentée de problèmes. Qu’est-ce qui les résoudra ces problèmes ? En fait, évidemment, ce sera l’avenir. Mais à quelles conditions les résoudra t-il et pourquoi y a t-il des philosophes dans le monde ? L’avenir résoudra ces problèmes parce que les philosophes auront préparé les solutions. » (Réfutation de l’éclectisme) Pierre Leroux, celui dont Lamartine et George Sand prévoyaient qu’il serait le Rousseau du dix-neuvième siècle, que Marx, à la lecture de la Réfutation de l’éclectisme sans doute, avait jugé « génial », est pourtant absent de tous les manuels de philosophie et très largement méconnu. Ce cours se proposera de l’aborder de manière transversale à travers la question de l’identité du philosophe, et de ce que Leroux appelle « la mission philosophique ». Cette question nous permettra de rencontrer les grands problèmes de la pensée de Leroux

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principalement à travers la lecture de son œuvre de L’humanité, de son principe et de son avenir (1840). Bibliographie Pierre Leroux, De l’Humanité, de son principe et de son avenir (texte numérisé par la bibliothèque nationale et accessible sur internet) Pierre Leroux, Réfutation de l’éclectisme Miguel Abensour, Pierre Leroux et l’utopie Georges Navet, Pierre Leroux, Politique, socialisme et philosophie Bruno Viard, Pierre Leroux penseur de l’humanité

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PHILOSOPHIE ET ESTHÉTIQUE 1 UE à choisir en L1 1 UE à choisir en L2 1 UE à choisir en L3

ALLIEZ Éric Qu’est-ce que la Pensée-Matisse ? 1er semestre Lundi 18h-21h A partir d’une analyse croisée d’œuvres et de textes, et dans la perspective ouverte d’une archéologie de l’art contemporain, il s’agira d’instruire la question de l’actualité d’une « Pensée-Matisse ». Tout en resituant Matisse dans la longue durée du XXe siècle où l’on montrera qu’il assure la continuité la plus expérimentale d’une pensée/pratique vitaliste autant que constructiviste, on se propose d’examiner les modalités critiques selon lesquelles son œuvre est susceptible de renouveler en profondeur certains des enjeux de la pensée philosophique et esthétique les plus contemporains. A commencer par une Esthétique qu’il faudra savoir problématiser en conséquence de la radicalité de la rupture qu’il ose, à l’égal d’un Duchamp, avec la forme-peinture de l’art et avec la Forme-Art tout court, par lui prise dans un devenir-architectural et environnemental portant l’art au-delà de « lui-même ». . Références : Henri Bergson, L'Évolution créatrice (1907), Paris, Quadrige-PUF, 2010 Henri Matisse, Écrits et propos sur l’art, Textes, notes et index établis par Dominique Fourcade, nouvelle édition revue et corrigée, Paris, Hermann, 1972. John Dewey, Art as experience (1934), New York, Perigee Books, Penguin Putnam, 1980 / L’art comme expérience, Paris, Gallimard, coll. "Folio Essais", 2010. Gilles Deleuze, Félix Guattari, Mille Plateaux, Paris, Minuit, 1980. Gilles Deleuze, Félix Guattari, Qu’est-ce que la philosophie ?, Paris, Minuit, 1991 (chapitre 7 : « Percept, affect et concept »). JEAN-LOUIS DÉOTTE Philosophie politique et cinéma 1er semestre Mardi 10h-13h à la MSH.

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De Rancière à Badiou, de Didi-Huberman à Jean-Luc Nancy, de Stanley Cavell à Slavoj Žižek, il semblerait que chaque philosophe ait son mot à dire sur le cinéma. Tout se passe comme si le cinéma, par-delà les modes intellectuelles, était désormais le lieu, la khôra ou surface privilégiée pour comprendre, lire et esquisser les signes de notre temps. Comme si le philosophe devrait passer au moins une fois par le crible de l’image pour devenir contemporain. À cet égard, il ne suffit pas de dire que le cinéma met en lumière les vieux problèmes philosophiques, par exemple la Caverne de Platon, le sublime kantien, ou encore le meurtre originel, comme si l’image pouvait rendre compte de la pensée sans changer la nature de la pensée elle-même et de ses problèmes. Nous pensons que le problème de l’époque n’est plus, comme pour le XXème siècle, le langage en tant que système de signes indépendant d’une surface technique, mais justement le gouffre qui se dessine entre le langage, voire le logos, et la technique, c’est-à-dire la techno-logie, dans l’image en mouvement. Nous croyons que ce gouffre, cet abyme ou écart, n’est rien d’autre que le temps. Mais là encore faut-il designer de quel temps il s’agit, et comment ce temps abrite et parfois refoule les questions de l’époque : le témoin, la violence, la communauté ou la disparition de celle-ci, c’est-à-dire la politique elle-même. C’est parce que les techniques du cinéma, suivant le mot de Tarkovski, scellent le temps, que notre approche sur le cinéma ne se restreint pas à analyser les théories sur le cinéma, si incontournables qu’elles soient, mais à suivre de très près l’acte de sceller, de monter le temps,. D’où l’importance de l’analyse de l’image et du film. D’une part des œuvres marquantes du cinéma (Eisenstein, Ozu, Godard, Resnais, Lynch, Ruiz), et d’autre part des opérations spécifiques comme le contre-champ chez Farocki, la déformation de l’image chez Sokourov, la voix-off dans le documentaire. On peut donc faire l'hypothèse suivante: une pensée qui s'intéresse aux conflits, aux paradoxes et aux différends qui constituent notre « époque » doit nécessairement revenir au cinéma, même si l'on peut bien assimiler que le cinéma, en tant qu'appareil « analogique » (et l'on sait bien que toute une définition et une pratique de la mémoire et du temps s'y jouaient), a été concurrencé par d'autres appareils (numériques) plus puissants techniquement et, peut-être, plus performants politiquement. Cet intérêt ne porte pas uniquement sur des questions généalogiques ou archéologiques, même si cela justifiera encore pour longtemps les recherches autour du cinéma, cet appareil du XXème siècle. On voudrait souligner une question encore plus pressante: jusqu'à quel point peut-on justifier un type d'analyse de l'appareil cinématographique qui ne se réduise pas aux exigences académiques d'étudier un phénomène historique qui a changé nos modalités de perception mais qui serait -on l'entend partout- en train d'être dépassé? Ne faudrait-il pas aussi questionner cette notion de « dépassement » souvent utilisée d'une façon trop naïve? La temporalité que le cinéma a imposé à la perception, celle du montage, est aussi celle de l'anachronisme (la non-coïncidence des temporalités particulières), de la survivance (Warburg) ou de la spectralité (Derrida). Or, peut-on affirmer si facilement qu'on a déjà dépassé cette temporalité-là? Bibliographie Benjamin, W., « L'oeuvre d'art à l'époque de sa reproductibilité technique », in Œuvres III, Paris, Gallimard, 2000.

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Bellour, R., Le corps du cinéma, Hypnoses, émotions, animalités, Paris, P.O.L, 2009. Damisch, H, Ciné fil, Paris, Seuil, 2008. Deleuze, G., Cinéma 1 L’Image-mouvement. Paris, Minuit, 1983.

Cinéma 2 L’Image-temps. Paris, Minuit, 1985. Déotte, J.-L., L’époque des appareils,Paris, Lignes, 2004. Didi-Huberman, G., Remontages du temps subi. L'Oeil de l'histoire, 2. Paris, Minuit, 2010. Eisenstein, S. M, Le film : sa forme / son sens. Adapté du russe et de l’américain sous la direction d’Armand Panigel. Paris, Christian Bourgois Éditeur, 1976. Epstein, J. Écrits sur le cinéma, T. 1. Paris, Seghers, Coll. « Cinémaclub », 1974. Écrits sur le cinéma, T. 2. Paris, Seghers, Coll. « Cinémaclub », 1975. Farocki, H., Reconnaître et Poursuivre. Textes Réunis et introduits par Christa Blümlinger, Courbevoie, Théâtre Typographique, 2002. Godard, J.-L., Ishaghpour, Y. , Archéologie du cinéma et mémoire du siècle. Tours, Farrago, 2000. Liandrat-Guigues, S. ; Gagnebin, M. (dirs.), L’essai et le cinéma. Seyssel (Ain), Champ Vallon. Coll. « L’Or d’Atalante », 2004. Lyotard, J.-F., « L’Acinéma », in Des dispositifs pulsionnels. Paris, UGE, Coll. « 10/18 », 1973.

« Idée d’un film souverain » in Misère de la philosophie. Paris, Galilée, 2000.

Nancy, J.-L., L’Évidence du film, Abbas Kiarostami. Suivi d’Une conversation entre Jean-Luc Nancy et Abbas Kiarostami. Conversation transcrite par Mohjdeh Famili et Térésa Faucon. Bruxelles, Yves Gevaert Éditeur, 2001. Rancière, J., La fable cinématographique. Paris, Seuil, 2001. Le spectateur émancipé, Paris, La Fabrique, 2008. Les écarts du cinéma, Paris, La Fabrique, 2011. LECERF Éric et ROGER Jean-Henri Le réel du cinéma : étude à partir de John Ford 2e semestre Mardi 12h-15h Ce cours est mutualisé avec le départements de cinéma et se tiendra dans la salle de projection du département de cinéma. Définir quelle réalité on entend viser lorsqu’on invoque le nom de « cinéma » implique toujours que l’on se mette au clair concernant le point de vue qu’on adopte. D’une certaine façon, le cinéma, dès son origine, nous a appris qu’un tel prédicat était vrai pour n’importe quel objet. La nature de la chose, la trace du sentiment, l’expression du phénomène, la présence d’un paysage : tout cela constitue la matière dont l’image filmique se nourrit en mettant en lumière tel ou tel autre angle de vue. Lire un film, et ceci quel que soit le genre dans lequel ses auteurs, ses producteurs ou ses commentateurs ont voulu l’inscrire, ce n’est pas en décrypter le message ou en ressaisir la narration. Cela implique, en tout premier lieu, qu’un effort soit consenti

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pour retrouver cet angle de vue, pour déterminer les raisons du toucher sensible qu’y effectue la caméra. Comme l’a défendu Roberto Rossellini, la « moralité » d’une œuvre de cinéma ne tient pas à son message, mais au respect dont peut faire preuve la caméra vis-à-vis de la matière qui se présente à elle. Un auteur de cinéma est d’abord quelqu’un qui se pose la question du point de vue, qui insuffle en elle un problème dont son esthétique dérivera jusqu’à constituer une véritable éthique. Cette année, nous travaillerons cette question du réel à partir les films qu’a réalisés John Ford entre 1940 et 1942, c’est-à-dire avant de diriger les services cinématographiques de l’armée. Ces quatre films ont en commun d’être des adaptations d’œuvres littéraires qui témoignent toutes d’un intérêt spécifique pour la question sociale. - Les raisins de la colère (The Grapes of Wrath), d’après J.Steinbeck - Les hommes de la mer (The long voyage home), d’après E.O’Neill - La route du tabac (Tobacco Road), d’après E.Caldwell - Qu’elle était verte ma vallée (How was green my valley), d’après R.Llewellyn A travers cette lecture de films, nous chercherons à voir quels problèmes s’y pose John Ford, moins vis-à-vis de l’œuvre littéraire elle-même que concernant la difficulté que rencontre le cinéma pour capter le temps dans les récits de vie ordinaire. Afin de voir en quoi l’expérience menée à l’occasion de ces films a pu influencer John Ford, nous nous intéresserons au premier film qu’il réalise alors que la guerre n’est pas encore achevée, Les sacrifiés (they were expendable), film qui donne à voir le quotidien des soldats américains basés aux Philippines au moment où ils en étaient chassées par l’avancée de l’armée japonaise. PÉHAU Emmanuel Ce que Godard fait à la philosophie 1er semestre Mardi 9h-12h S’agissant d’un homme qui a passé une bonne partie de sa vie à désapprendre à lire pour réapprendre à voir, comment ne pas sentir quelque pas étourdi d’avoir à parler avant que d’aller y (re)voir ? Mais puisqu’il s’agit de cinéma aussi bien que de philosophie, comment résister à l’effet d’annonce ? Disons donc de façon toute provisoire qu’il s’agira ici, non pas d’analyser une nouvelle fois la pratique de la citation dans un cinéma dit « d’auteur », mais plutôt d’interroger, d’une part, la répétition sur une scène autre de gestes, d’attitudes, de techniques, de procédures ou de figures qui ont pu sembler à un moment ou à un autre faire corps avec « la » philosophie (l’humour, le questionnement, le dialogue, l’auto-éducation, la démonstration, la vérification, j’en passe et des meilleures) et que d’ailleurs, d’une certaine façon, ont été reconnus comme tels par des réputés philosophes sinon des philosophes réputés, d’autre part, le mode de traitement (on l’espère, mauvais) que la fabrique-Godard inflige, parfois jusqu’à les rendre méconnaissables, à des formes plus extérieures (idées, formes, formules mais aussi livres, corpus, parfois mêmes corps) d’une production philosophique qui non seulement n’en demandait pas tant, mais ne croyait pas offrir « cela ». Bref, il s’agira d’une évaluation en acte de la philosophie comme « griffe », plutôt que d’une célébration des « marques de

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fabriques » d’un auteur. BIBILIOGRAPHIE Jean-Luc Godard Documents, Paris, Éditions du Centre Pompidou, 2006. (Notamment le scenario de « Moi je ».) (Les curieux peuvent dores et déjà compulser les trois tomes de Godard par Godard disponibles en poche chez Fayard.) VIDEOGRAPHIE SOMMAIRE Nous proposons pour le moment une liste restreinte de films où il nous semble qu’il s’agit, plutôt que d’une convocation ponctuelle, d’une confrontation expresse avec la philosophie. Nous n’y séparons le travail de Godard de celui d’Anne-Marie Miéville. Vivre sa vie (1962) Le mépris (1963) Made in USA (1966) Deux ou trois choses que je sais d’elle (1966) La chinoise (1967) Le gai savoir (1967) Un film comme les autres (1968) Luttes en Italie (1969) Numéro deux (1975) Six fois deux deux (1976) France Tour Détour Deux Enfants (1978) Sauve qui peut la vie (1979) JLG / JLG – autoportrait de décembre (1993) Lou n’a pas dit non (1994) Nous sommes tous encore ici (1997) Notre musique (2003) Film Socialisme (2010) Les films qui ne sont pas disponibles chez des éditeurs français, le sont chez des éditeurs anglais ou espagnols – et puis, bien entendu, la plupart le sont en partie ou en intégralité sur internet. Pour les séries télévisées, à ma connaissance, seul des fragments sont disponibles, hors les vidéos pirates d’époque. De toute façon, pour les « visibles » comme pour les « invisibles », les fragments pertinents seront présentés en cours. PRADO Plínio W. Jr. Introduction à l’Anesthétique (Le sublime au cinéma) 2e semestre Jeudi 15h-18h Suite des recherches en cours sur la question de l’affect, suivant les différentes

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analytiques modernes de l’affectivité (analytique kantienne du jugement esthétique, « psychanalytique » freudienne, Daseinsanalytik heideggérienne). 1. Plaisir ou douleur, joie ou angoisse, l’affectus est une force qui modifie immédiatement la disposition d’un corps-psyché, l’inclinant vers le bien-être ou le mal-être (qualités du sentiment). Pour autant qu’il trouble la conscience en lui signalant qu’il y a� un quelque chose, sans qu’elle sache encore ce que c’est, l’affect est par position sur le fil du rasoir ontologique : entre quelque chose et rien, entre être et non-être. L’esprit affecté « est devant quelque chose qui n’est pas encore », dit le narrateur au seuil de la Recherche du temps perdu. Ce « je ne sais quoi » qui résonne à l’instant, souffre ainsi d’être infans, c’est-à-dire : de ne pas être, et demande à être (mis en forme, écrit). Le signalement, la tonalité affective (Stimmung, mood), vient ici appeler, spirare ou inspirer l’œuvre de pensée, d’art, de littérature. L’œuvre d’écriture qui rend possible la merveille (mot kantien et proustien) du partage d’un « vécu » singulier impartageable. 2. L’affect non seulement déborde et démonte les oppositions conceptuelles philosophiques classiques (intellegere / sentire, entendement / sensibilité, esprit / corps, essence / accident...) et excède le concept et le langage articulé ; il montre aussi la vanité de tout projet ou vœu de surmonter l’état de séparation de soi d’avec soi-même, attestant que cette dépossession est constitutive du « sujet ». L’affect « sonne » plus tôt, ou « sait » plus long, que le langage discursif que « tient » le « soi soi-disant » (Beckett). Dans cette mesure il est la ressource par excellence dans la recherche d’une vie qui vaille d’être vécue, qui ne cède pas sur son désir, qui s’efforce de « vivre selon les nuances que nous apprend l’art ». 3. Deux textes tuteurs nous serviront ici de guides, conjointement : 1) la Critique de la faculté de juger de Kant (1790) (plus précisément la 1ère partie : la « Critique de la faculté de juger esthétique », §§ 1-60) ; 2) la Métapsychologie de Freud (1915-1917). Le premier texte, de philosophie critique, élabore l’affectivité au point de vue transcendantal de la faculté de sentir, plaisir et/ou peine. Le second relève d’une anthropologie et rattache l’affectivité au motif central de l’infantia. Par-delà leur différence de statut, un réseau d’analogies nous permettra de dégager scrupuleusement un même horizon de convergence : celui d’une « matière » ou d’un affect qui excède la capacité de synthétiser (chez Kant) ou de lier (chez Freud), qui n’est donc pas présentable ni représentable, sans être rien pour autant. C’est ce paradoxe d’une présence sans représentation, toujours sur le point de disparaître, que l’analytique du sentiment sublime s’attache à élaborer de Longin à Kant et au-delà. 4. Cela ouvre sur une « anesthétique » (une « esthétique » ou « inesthétique » du sans-forme, autant dire : du sublime) que nous tâcherons de poursuivre (au 2nd semestre), en l’étayant sur l’analyse de quelques œuvres cinématographiques majeures (Antonioni, Bergman, Wenders, certaines cinégraphies expérimentales). S’il n’y a d’âme qu’affectée (éveillée, animée), alors nous dirons que c’est l’affection elle-même qui fait image, qui prend un visage, qui se « visagéifie ». « Voir la crainte elle-même sur les traits de son visage », etc. C’est ce qu’essaie de penser le concept deleuzien d’image-affection et que résume l’aphorisme

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wittgensteinien : « Le visage est l’âme du corps ». Or le cinéma, c’est l’art du visage par excellence. « La possibilité de s’approcher du visage humain est l’originalité première et la qualité distinctive du cinéma. » (Ingmar Bergman) Le visage est le lieu, miroir ou écran, où l’âme apparaît. L’image, en somme, de ce dont l’« entretien », le souci, s’appelle philosophie. Horizon de ce parcours (plutôt que « cours ») : raffiner notre sensibilité à cette « acoustique de l’âme » (Novalis), à l’écoute du sentiment et au signe qu’y fait l’autre du soi (cet inconnu qui, en soi, est plus que soi). Et par là même : contribuer à subvertir les horizons d’attente institués, entrevoir un ailleurs, laisser advenir de l’inattendu, aiguiser le sens du possible. Bibliogr. : Des éléments bibliographiques sont disponibles dans le site : http://www.atelier-philosophie.org Les références spécifiques détaillées seront données au cours de l’enseignement. ROBVEILLE Yolande Approche des villes par le cinéma, du cinéma par les villes. 1er semestre Mercredi 12h-15h Salle A0168 Visionnement d'œuvres , exposés, réalisations. ROBVEILLE Yolande 2e semestre Mercredi 12h-15h Salle A0168 À base d'exposés, de projections, et de débats, chacun est invité à proposer, défendre, ou inventer sa vision de l'habiter. VAUDAY Patrick L’idée d’une logique des arts dans le Cours d’esthétique de Hegel 1er semestre. Lundi 15h-18h On interrogera l’idée d’une logique des arts à partir du Cours d’esthétique de Hegel. Pour ce faire, le cours s’appuiera sur une lecture du 1er chapitre de la section 3 de la troisième partie, « Le système des différents arts », exclusivement consacré à la peinture. Il s’emploiera à dégager et à enchaîner la déduction des « propres » de la peinture qui, selon Hegel, font qu’avec elle « nous nous sentons d’emblée davantage chez nous ». Que dit cette familiarité du rapport de la philosophie avec la peinture et

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que dit-elle de la peinture ? Cette question sera l’occasion d’une interrogation sur l’idée même d’un propre de l’art. L’édition de référence sera Cours d’esthétique, tome III, traduction de Jean-Pierre Lefebvre et Veronika von Schenck, éd. Aubier, Bibliothèque philosophique, Paris, 1997. VAUDAY Patrick La théorie de la plasticité de Konrad Fiedler 2e semestre Lundi 15h-18h Ce cours fait pendant à celui du 1er semestre consacré à l’esthétique hégélienne. Konrad Fiedler, critique et théoricien de l’art de la fin du 19ème siècle, déboute les prétentions de l’esthétique à rendre compte de la création artistique. A l’encontre de l’idée kantienne d’une passivité esthétique et de la doctrine hégélienne d’un sensible expressif de l’idée, il propose une conception dynamique des arts plastiques saisis dans leur activité de production du visible par la forme qui amène l’informe et l’inchoatif de l’expérience sensible à l’expression. Avec sa théorie de l’invention artistique d’une « visibilité pure » par l’expression plastique, Fiedler anticipe la fameuse formule de Klee, « L’artiste ne rend pas le visible, il rend visible ». Ce sera l’occasion d’une mise en résonance de « la visibilité pure » avec la modernité artistique et d’une interrogation sur la différence entre esthétique et théorie de l’art. Indications bibliographiques Konrad Fiedler, Sur l’origine de l’activité artistique, éd. ENS rue D’Ulm, Paris, 2008.

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MÉTAPHYSIQUE ET LOGIQUE 1 UE à choisir en L2 1 UE à choisir en L3

AGAMBEN Giorgio "Je le veux, je l'ordonne !" Archéologie du commandement et de la volonté Vendredi 15h à partir de la deuxième semaine d’octobre Des séances de ce séminaire sont consultables sur les liens suivants : http://www.dailymotion.com/video/xh90ct_giorgio-agamben-seminaire-2011-a-paris-8-3eme-seance-3-7_school http://www.egs.edu/faculty/giorgio-agamben/videos/ Séminaire organisé par le département philosophie et le laboratoire d'études et de recherches sur les logiques contemporaines de la philosophie (Ecole doctorale Pratiques et théories du sens). Le département philosophie de Paris 8 et son laboratoire de recherche EA 4008 sur les logiques contemporaines de la philosophie mettent à leur programme en 2011 l'édification d'un partenariat européen de philosophie contemporaine avec le Center for research in modern european philosophy (CRMEP) de Kingston University et l'Internationales Kolleg für Kulturtechnikforschung und Medienphilosophie (IKKM) de l'université de Weimar. Cette action partagée tire une double leçon : celle des instabilités institutionnelles dont le présent, reprenant une longue habitude historique, est capable de menacer la recherche en philosophie comme l'a démontré la fermeture subite et autoritaire du CRMEP en 2010 pour raisons managériales par Middlesex University qui en avait initialement accueilli le projet ; celle de l'extrême attractivité internationale et transdisciplinaire des recherches en philosophie contemporaine qui a été à nouveau prouvée à cette occasion par la protestation et la mobilisation mondiales exceptionnelles suscitées par cette fermeture. Renouant avec la longue tradition de répondre à des difficultés d'institution et de compréhension des travaux de la philosophie par la fondation de centres de recherches originaux, l'université Paris 8 s'engage avec l'université Kingston et l'université de Weimar dans la conception d'un laboratoire européen de philosophie contemporaine. Impliquant la définition sur plusieurs années d'activités de recherches communes, ce projet se réalise dans la mise en oeuvre de recrutements spécifiques à Kingston et à Paris 8 associés à des échanges d'étudiants et de jeunes chercheurs, dans la fondation d'une chaire tournante d'accueil du CRMEP à l'université Paris 8 sur un axe de recherche "Problématisations du réel historique et de la pensée sociale", dans une invitation adressée à des professeurs étrangers de s'associer à l'initiative afin qu'ils l'enrichissent de leur expérience et des perspectives qu'ils souhaitent voir renforcées

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en philosophie contemporaine. Les premières réponses apportées à ce projet sont celles des philosophes Giorgio Agamben, Yves Dorestal et Howard Caygill. Giorgio Agamben a tenu en 2010-2011 deux séminaires intitulés "Je le veux, je l'ordonne. Archéologie du commandement et de la volonté" et "Naissance des règles". Il continuera ce premier séminaire à Paris 8 à partir de la deuxième semaine du mois d'octobre. CANY Bruno Parménide et la pensée géométrique 2e semestre Vendredi 12h−15h Pensée plurielle, pour ne pas dire cubiste, l’anthropologie métaphysique de la connaissance que nous offre les fragments du poème de Parménide répond à des exigences aussi bien logiques que physiques, symboliques que narratiques�

Après avoir étudié les raisons de sa parole poétique comme conditions d’émergence de sa pensée métaphysique, nous verrons comment cette pensée ontique s’articule à sa pensée physique, aujourd’hui oubliée. Nous étudierons ensuite cette ontique divine qui nous introduit au plan symbolique de sa pensée.

Nous qualifierons de géométrique le stade d’abstraction auquel est parvenue la métaphysique avec Parménide, car son ontique relève encore de la pensée vision, et cela même s’il s’agit d’une vision spécifique.

Auteur invité : Arnaud Villani viendra discuter avec nous, un vendredi, de sa

nouvelle traduction du poème de Parménide. La bibliographie de travail sera donnée lors du premier cours. NAVET Georges Le temps chez Husserl. 2e semestre Mercredi 12h-15 h Le cours tâchera d’abord de repérer quelques lieux cruciaux où la temporalité intervient dans les analyses husserliennes : la perception, l’épochè elle-même, et, bien sûr, les « habitus ». On remarquera ensuite que le thème du « flux » (Fluss) est à la fois récurrent et fondamental dans les Méditations cartésiennes. Husserl y affirme que si l’expérience transcendantale n’est pas un chaos, si elle est « concordante », c’est qu’elle est en dernier ressort fondée sur l’unité du « flux du vécu ». Le flux est le flux du temps, le flux du temps « immanent » au sujet. Comment le sujet peut-il être habité par le temps et s’y reconnaître comme demeurant identique à lui-même ? Husserl ne traite pas vraiment le problème dans les Méditations. S’il déclare que la forme fondamentale de la synthèse universelle, « qui rend possibles toutes les autres synthèses de la conscience, est la conscience

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immanente du temps », il finit par dire ( § 18) qu’élucider ce fait « crée des difficultés extraordinaires ». Nous sommes donc renvoyés aux écrits sur le temps, et notamment aux Leçons pour une phénoménologie de la conscience intime du temps.

Le cours sera consacré à l’analyse de ce texte, sans s’interdire bien sûr de recourir à d’autres écrits du fondateur de la phénoménologie.

Bibliographie minimale. E. Husserl, Méditations cartésiennes, traduction de Gabrielle Pfeiffer et Emmanuel

Levinas (Vrin, 1947) ou traduction de Marc de Launay (PUF, 1994). E. Husserl, Leçons pour une phénoménologie de la conscience intime du temps, traduction de Henri Dussort, PUF, 1964.

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PHILOSOPHIE ET SCIENCE 1 UE à choisir en L3

CASSOU-NOGUES Pierre Le formalisme et les machines logiques 1er semestre Mardi 9h-12h Le cours retracera une période déterminante de l'histoire de la logique et de la philosophie de la logique, entre 1890 et 1936. Nous verrons comment l'émergence de paradoxes en marge des mathématiques (paradoxe de Russell et de Richard notamment) conduit à l'élaboration du programme de fondement de Hilbert, le programme formaliste, dans une controverse avec l'intuitionisme de Brouwer. Les théorèmes d'incomplétude, que Gödel publie en 1931, semblent marquer l'échec du programme de Hilbert. La notion de machine de Turing permet de leur donner une interprétation philosophique. Nous nous intéresserons pour finir aux différentes interprétations philosophiques qui ont pu être données aux théorèmes d'incomplétude. CASSOU-NOGUES Pierre Science et imaginaire à partir de Bachelard 2e semestre Mardi 9h-12h Nous étudierons la question du rapport entre science et imaginaire telle qu'elle se pose à partir de Bachelard. Quel rapport la science entretient-elle avec l'imaginaire qui s'exprime dans la littérature ? L'imaginaire est-il un obstacle pour la science ? Peut-on analyser ce qu'il reste d'imaginaire dans la science ? Nous suivrons la façon dont ces questions sont abordées par Bachelard mais aussi la façon dont elles se transforment avec Althusser en particulier. Nous discuterons enfin des formes que prennent encore ces questions chez des philosophes contemporains comme M. Serres et B. Latour. Une bibliographie sera donnée lors du premier cours. JACQUARD Aurore Pulsion de mort et politique 1er semestre

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Lundi 12h-15h Dans ce cours nous nous proposons d’analyser les textes de Freud qui articulent la pulsion de mort à la question de la culture. Notre horizon sera de mesurer les déplacements de perspective que Lacan fera subir aux thèses freudiennes sur ce point. L’élaboration du concept de pulsion de mort avait en 1920 une visée thérapeutique : pouvoir se rapporter aux névroses traumatiques. Il se définissait paradoxalement sur le plan biologique comme tendance du vivant à retourner à l’inanimé. Dans le diagnostic culturel permis par l’analogie entre psychisme individuel et existence collective, l’articulation de la pulsion de mort au narcissisme, à la formation du surmoi et ainsi au sentiment de culpabilité, inscrit Freud aux bords de la philosophie politique. Il ne s’agit pas seulement de mettre en évidence l’agressivité constitutive de la cohésion sociale, mais d’éclairer depuis la métapsychologie le déni permanent de cette pulsion de déliaison et ses effets d’exclusion dans le champ social. Que serait faire sa part à cette présence de la mort dans la vie même en politique? C’est grâce à l’apport de la linguistique et de l’anthropologie structurale, mais également à travers la lecture d’Heidegger et la pensée de Kojève que Lacan repensera ce concept et lui donnera une portée nouvelle. L’avènement du sujet au langage est marqué par le recouvrement de deux manques : le « manque réel », « vice de structure » lié à la précarité individuelle de ce vivant « voué à la subjectivité », est repris et révélé par le manque immanent à la structure du langage. Bibliographie indicative Freud F., Malaise dans la culture, PUF, Paris, 1998. Freud F., Essais de psychanalyse, Payot, Paris, 1993 : - « Considérations actuelles sur la guerre et la mort » (1915) - « Au-delà du principe de plaisir » (1920) -« Psychologie des masses et analyse du moi » (1921) - « Le moi et le ça » (1923) Freud F., l’avenir d’une illusion, PUF, Paris, 2010. Freud F., Totem et Tabou, Payot, Paris, 1992. Freud F., « Pour introduire le narcissisme » (1914) in La vie sexuelle, PUF, Paris, 1972. Lacan J., Séminaire XI, Les quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse, Seuil, Paris, 1990. Lacan J., Séminaire X, L’angoisse, Seuil, Paris, 2004. JACQUARD Aurore Lectures du réel : Lacan et le « fantôme » de la liberté 2ème semestre Lundi, 12h-15h Il s’agirait d’entrer dans l’œuvre lacanienne par le biais d’une question : dans quelle mesure la psychanalyse peut-elle être critique au sens où Foucault l’entend ? Nous permet-elle de renvoyer à leur contingence les limites de l’expérience possible qui se font passer pour universelles et nécessaires ? Foucault et Lacan se rejoignent en

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effet dans une préoccupation commune qui est, non celle de la connaissance de l’être, mais celle de la constitution du sujet dans son rapport à la connaissance. Mettre l’aliénation au langage au principe de la constitution du sujet, n’est pas seulement le moyen de rendre compte d’une certaine « servitude volontaire », mais le moyen de poser que le lieu où le sujet s’aliène est toujours en même temps le lieu de son désir, c'est-à-dire de son activité même. Lire le symbolique comme un transcendantal historique n’a rien d’une évidence et suppose de faire place au réel comme reste inassimilable à la production du sujet dans et par le langage. L’enjeu politique que représente un tel concept peut se mesurer à la lumière des lectures contemporaines dont il fait l’objet. Guattari pense le potentiel politique de l’objet a comme puissance de rupture, de réorientation des ordres et en fait, avec Deleuze, cet envers de la structure qui est « comme la production réelle du désir ». Butler, Laclau et Zizek débattent quant à la possibilité de la contingence et de ses formes : le réel est-il véritablement porteur d’une « promesse démocratique » ? A nous d’apprécier la singularité de ces perspectives et de les confronter au parcours de l’élaboration du concept de réel par Lacan. Bibliographie indicative Lacan J., Séminaire X, L’angoisse, Seuil, Paris, 2004. Lacan J., Séminaire XI, Les quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse, Seuil, Paris, 1990. Lacan J., Séminaire XVII, L’envers de la psychanalyse, Seuil, Paris, 1991. Lacan J., Ecrits I, Seuil, Paris, 1999 : - « Le stade du miroir comme formateur de la fonction du Je telle qu’elle nous est révélée dans l’expérience psychanalytique », XVIe Congrès international de psychanalyse, Zurich, juillet 1949. Lacan J., Ecrits II, Seuil, Paris, 1999 : - « Subversion du sujet et dialectique du désir dans l’inconscient freudien », Colloque de Royaumont, septembre 1960. - « Position de l’inconscient », Congrès de Bonneval, reprise de 1960 en 1964. Butler J., Ces corps qui comptent, de la matérialité et des limites discursives du « sexe », Amsterdam, Paris, 2009. Butler J., La vie psychique du pouvoir, Léo Scheer, Paris, 2002. Butler J., Trouble dans le genre, La découverte, Paris, 2006. Butler J., E. Laclau, S. Zizek, Contingency, Hegemony, Universality. : contemporary dialogues on the left ,Verso, Londres, 2000. Deleuze G., Guattari F., Anti-Oedipe, Minuit, Paris, 2008. Guattari F., Psychanalyse et transversalité. Essais d’analyse institutionnelle, préface de G. Deleuze, Maspero, Paris, 1972. Guattari F., La Révolution moléculaire, Recherches, Fontenay-sous-Bois, 1977. MOREAU Didier Les pédagogies de l’émancipation. 1er semestre Jeudi 18h-21h

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Cours mutualisé avec le département de sciences de l’éducation Cet enseignement visera à mettre en évidence, dans les idées pédagogiques, la prégnance des concepts majeurs de la philosophie de l’éducation, dans leur articulation à l’idée d’émancipation. On mettra en évidence l’évolution d’un projet d’une émancipation morale vers une émancipation politique à travers les textes de Sénèque et Rousseau, et on en mesurera les effets dans les doctrines pédagogiques de Pestalozzi, Hermann Lietz et les Landerziehungheime, Cousinet, Freinet, etc. On évaluera sa pertinence dans l’approche des enjeux contemporains de l’école. Bibliographie : Sénèque, Entretiens, Lettres à Lucilius, Paris, Laffont, coll. Bouquins, 1993. Rousseau, Emile Houssaye J., Quinze pédagogues, Paris, A. Colin, 1995 D’autres textes seront proposés au fil des séances. SOULEZ Antonia Tirer directement la forme de la matière est-il possible ? Pygmalion 1 1er semestre Jeudi 12h-15h On s’attachera aux différents récits de Pygmalion (chez Rousseau). Nous examinerons ensuite la question du symbolisme avec Cassirer et sa Philosophie des formes symboliques. SOULEZ Antonia La question du symbolisme. Pygmalion 2 2e semestre Jeudi 12h-15h On traitera des rapports entre matière, forme et contenu, d’Aristote à Granger en passant par Kant et Wittgenstein. Nous aborderons la problématique de la symbolisation de la connaissance chez Gilles Granger, épistémologue français contemporain et interrogerons la place de la pensée du formel entre empirisme (matière) et formalisme abstrait (la forme pour la forme), en comparaison avec l'art. Le nouage entre forme et matière est-il dialectique ou opératoire ? Quelle place occupe le transcendantal dans cette démarche ? Auteurs explorés: Aristote, Rousseau, Schopenhauer, Wittgenstein, Cassirer, Gérard Lebrun, G. Deleuze, Adorno, G. Granger ...

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PHILOSOPHIE DE LA CULTURE, DES SCIENCES ET DES

ARTS 1 UE à choisir en L3

DOUAILLER Stéphane La crise kleistienne de l’idéalisme transcendantal 2e semestre Jeudi 15h-18h Là où tout semble se rejoindre de l’œuvre d’Heinrich von Kleist, c’est là où se tient et se rend visible la guerre. Le mot est de Gilles Deleuze. Il faut compter Kleist parmi les folles machines de guerre par lesquelles transite la puissance de vie. De son théâtre à sa correspondance, à ses romans, à ses essais théoriques, Kleist s’avère déchirer, pour les opposer, l’un et l’autre, le dedans et le dehors, l’idée et le fait, la machine et la conscience, le sujet et l’objet. Il dessine des lignes d’affrontement dont la géométrie résiste aux mélanges des formes et aux communes participations à la soumission. Mais il semble y avoir plusieurs façons de comprendre : « succession de courses folles et de catatonies où ne subsiste plus aucune intériorité subjective » (G. Deleuze et F. Guattari) ? Retrait héroïque dans un sentiment de soi (E. Cassirer) ? On essaiera de prendre deux repères : l’aventure confessée d’une perte du concept de vérité opérant comme advenue d’un monde kantien ; le programme de vie d’une lecture du réel faite « à sa fenêtre, dehors, dans des tabacs et cafés, dans des spectacles et concerts ».

On se reportera à HEINRICH von KLEIST, Nouvelles, Théâtre, Essais. GENVRIN Jean-Émile Le monde des séries télévisées 1er et 2e semestres Mercredi 18h-21h Salle 168 Étude philosophico-politique d'une nouvelle scène dramatico-comique. MENDÈS-SARGO David-Emmanuel Spinoza : Des actions humaines en lignes, plans et corps

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1er semestre vendredi 18h-21h Cours mutualisé avec le département d’anthropologie

Deleuze a enseigné une histoire de la philosophie par « cris », et le cri de Spinoza est bien pour lui la question de savoir ce « que peut un corps » (quid possit corpus ?). On lira l'Éthique en amont et en aval de cette question. En amont, quand il s'agit d'envisager l'esprit sous le modèle du corps ; en aval, quand il faut ensuite considérer l'esprit sous le modèle de l'esprit. Il s'agira de voir naître et se développer la question du corps dans le calme agencement des propositions, en se défiants des clameurs contemporaines du « corps » devenu maître-mot, obscurité cosmétique et nouveau slogan de l'Âme. Bibliographie indicative : DELEUZE, Gilles, Spinoza : Philosophie pratique, Minuit. DELEUZE, Gilles, Spinoza et le problème de l'expression, Minuit. SPINOZA, Baruch, Éthique (1677) - Texte original et traduction nouvelle par Bernard Pautrat (1988), Points Seuil. http://www.webdeleuze.com/ TATIAN Diego Borges et la polítique Séminaire intensif janvier/février “Borgès et la politique”: la conjonction ne va pas de soi et requiert d’être explicitée et de s’y attarder. Borgès est, en premier lieu, un nom propre. Celui de quelqu’un qui vit entre 1899 et 1986, qui naît à Buenos Aires et meurt à Genève, qui a écrit des récits, des poèmes, des essais, et jamais un roman. Un nom propre très controversé et tout à fait considérable dans le pays où il est né et où il n’est pas mort. Mais un nom qui connote une ambiguïté : pour une part Borgès est quelqu’un qui pense, dit et fait certaines choses, un auteur, un sujet, une biographie, mais d’autre part sous le vocable « Borgès » nous pouvons référer à un univers de textes indépendants de leur auteur, qui ont une signification propre par eux-mêmes, des textes pensants - non pas simplement expressions de la pensée de quelqu’un qui les a écrits, mais des textes dont le contenu de pensée parfois peut contredire ce qu’a voulu penser leur auteur - .Ces deux acceptions du mot « Borgès », l’une objective, l’autre subjective, vont s’entremêler. On pourrait parler, pour différencier les deux voies dans lesquelles nous nous engageons, dans le premier cas, de l’œuvre de Borgès, (le génitif marque la propriété), et dans le second, de l’œuvre Borgès. Et sans doute, une fois cette déclaration faite, mettre en pratique cette distinction grammatologique va-t-elle compliquer l’exposition. L’autre terme est celui de politique. C’est un vieux mot grec qui renvoie à la relation avec l’autre, au fait que le monde est plein de gens en général très différents entre eux, et que dans le monde il y a des autres avec lesquels il est nécessaire d’apprendre à vivre. La politique est un type de savoir qui a pour objet la diversité

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factice des êtres humains dans le monde. Pour l’instant nous en restons délibérément à ce constat vague. Quant à la conjonction de coordination et , ici, elle voudrait signifier un lien sous condition de la différence. On sait que tout au long de sa vie Borgès a fait des déclarations politiques en général mal venues. Mais ce que l’on voudrait travailler ici serait plutôt la dimension politique de quelques textes de Borgès, interroger ces textes comme s’ils étaient des machines pensantes qui touchent la politique. Borgès se considérait comme un agnostique en théologie, un sceptique en philosophie, un anarchiste conservateur en politique. Ce séminaire voudrait mettre au jour la relation de Borgès à la philosophie et interroger la relation de Borgès à la politique, thème qui est réduit le plus souvent à quelques déclarations journalistiques, la plupart du temps malheureuses, occultant l’importance que revêt son œuvre littéraire pour la philosophie politique .Il s’agit de suivre la pensée de Borgès depuis les années 1920 où il se définit comme encyclopédiste et montonero, son militantisme antifasciste des années 30 à 40, jusqu’au grand thème de la de la conjuration, présent dans son dernier livre (et qu’il est possible de repérer, avec des occurrences diverses, dans ses ouvrages antérieurs). De même, on étudiera la figure de Borgès comme penseur de l’Argentine (à travers quelques récits du Rapport de Brodie, publié en 1970, et qui peut être considéré comme le livre politique de Borgès, anticipant sur la violence à laquelle sera soumise peu après l’Argentine). VAN DYK Katharina Philosophies de la danse, métamorphoses de l’extase. 1er semestre Mardi 15h-18h Cours mutualisé avec le département de danse.

Repartant du constat établi par Frédéric Pouillaude dans le Désœuvrement chorégraphique, suivant lequel la philosophie ne s’est que peu intéressée à l’art de la danse, il s’agira dans ce cours d’examiner en quoi la pensée philosophique – dans sa version antique et contemporaine – tire un trait d’union entre danse et extase, comme si l’une appelait l’autre, et plus encore, comme si l’extase suscitée par l’activité dansante – de celui qui danse aussi bien de celui qui regarde danser – venait activer la pensée à divers endroits qu’il nous faudra examiner. Ces « philosophies de la danse » pour reprendre, au pluriel, le titre d’un fameux texte de Valéry, sont autant de métamorphoses de l’extase, au sens où si l’extase est d’abord à entendre comme terme générique, elle se donne à lire suivant diverses modalités d’expérience qu’il nous faudra expliciter en contexte : ivresse, transe, ravissement, débordement, perte de soi, folie, etc. Le cours s’organisera autour de la lecture des textes de Platon, Plotin, Lucien, Nietzsche, Valéry et Straus. Il abordera les thématiques suivantes :

- Le partage politique entre extase interdite – le plus souvent associée à l’étranger, à l’animalité, à l’hybridité, au multiple, au laid, à la folie, voire au féminin – et extase autorisée (encouragée) – souvent associée au Cosmos et

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au divin, à l’un et à la fusion, au logos, au même, à la nécessité, à l’harmonie, au mouvement régulier et périodique. Seront également abordées les ambiguïtés d’un tel partage et ses éventuelles contradictions.

- L’Enzückung dans sa double version apollinienne et dionysiaque, telle que thématisée par le jeune Nietzsche. Nous nous arrêterons notamment à la conversion de cette Entzückung en générateur de création pour la danse dite « moderne » (au tournant du XXe siècle).

- L’extase de la danseuse décrite par Paul Valéry, comme simultanément dépense, auto-affection et ouverture au dehors, autre de la philosophie et métaphore d’une pensée en mouvement et à venir.

- La thématisation phénoménologique de l’espace chorégraphique en termes d’extase par Erwin Straus, dans son triple lien au sentir, au se mouvoir et aux « qualités symboliques de l’espace acoustique-pathique ».

Au travers de ces textes, ce sont aussi bien les fonctions que les statuts de ces danses extatiques qui seront à questionner dans un dialogue permanent entre perspective philosophique et perspective choréologique : faut-il voir dans ces danses uniquement des opérateurs conceptuels ou métaphoriques inventées pour les besoins de la pensée ou bien, plus subtilement, des danses se fictionnent à chaque fois dans l’écriture philosophique elle-même ? – et comment ? Loin de chercher à résoudre le rapport à une supposée « réalité » de ces danses, il s’agira de questionner les échos de ces danses avec les pratiques. Christine Roquet (analyste du mouvement, département de danse) interviendra dans ce cadre. Indications bibliographiques : BADIOU, Alain, « La danse comme métaphore de la pensée », in C. Bruni (dir.), Danse et pensée (Germs). BARBARAS, Renaud, « Sentir et faire. La phénoménologie et l’unité de l’esthétique », in Phénoménologie et esthétique (Encre marine). LUCIEN DE SAMOSATE, Eloge de la danse (Arléa). NIETZSCHE, Friedrich, - Die Geburt der Tragödie [1872]; La Naissance de la tragédie, Paris, Gallimard, Folio essais, trad. fr. M. Haar, Ph. Lacoue-Labarthe et J-L Nancy. PLATON, - La République, Livre III.

-Lois, VII, 790-816, in Les Lois, Livres VII à XII, trad. fr. L. Brisson et J-F Pradeau (GF Flammarion) p. 15-60. - Phèdre, trad. fr. L. Brisson (GF Flammarion), 244a-245d et 265a-d. - Timée, trad. fr. L. Brisson (GF Flammarion). Tout le discours de Timée, et particulièrement de 40a à 40e.

PLOTIN, Traités : Traité 28 (IV, 4) 33 et traité 47 (III, 2), 16 (GF Flammarion). Trad. fr. L. Brisson et J-F Pradeau. POUILLAUDE, Frédéric, Le Désoeuvrement chorégraphique. Lire surtout : « De l’absentement transcendantal ». VALERY, Paul, - L’âme et la danse, in Numéro spécial de la revue musicale du 1er décembre 1921 : Le Ballet au 19ème siècle, Editions de la NRF, repris dans Œuvres, tome 2, (Pléiade), p.148-176.

- Philosophie de la danse, Conférence prononcée à l’Université des Annales le 5 mars 1936, publiée dans Conférencia, 1er novembre 1936, reprise dans Œuvres (Pléiade, p.1390-1403).

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- Degas. Danse. Dessin., Paris, Ambroise Vollard, 1936, repris dans Œuvres tome 2, (Pléiade, p.1163-1241).

STRAUS, Erwin, „Die Formen des Raümlichen. Ihre Bedeutung für die Motorik und Wahrnemung.“ Der Nervenarzt, 3, Cahier 11, p.633-656, Berlin, Springen, 1930; trad. fr. Michèle Gennart, « Les formes du spatial. Leur signification pour la motricité et la perception », in COURTINE (dir.), Figures de la subjectivité, p.15-49, Paris, CNRS Editions, 1992. XENOPHON, Banquet (Gallimard). VAN DYK Katharina Discours sur le corps 2e semestre Vendredi 9h-12h Cours mutualisé avec le département de danse. Discourir sur le corps, est-ce possible ? Si oui, quelles en sont les conditions ? Avant d’être objectivé et donc mis à distance dans une perspective scientifique, le corps est appréhendé comme expérience mienne. Etre au plus proche de l’expérience corporelle, c’est donc sentir, quitter le « corps » comme concept, comme forme finie et réifiée, pour faire l’expérience de ce qui, précisément, se vit et ne se réfléchie pas dans un discours. Ainsi, Erwin Straus opère-t-il (chapitre sept de Du Sens des sens) une analogie non innocente entre la proposition d’Augustin sur l’incernabilité du temps et le sentir : « Si personne ne me le demande, je le sais, si quelqu’un me le demande et que je veuille l’expliquer, je ne le sais plus. » Soit nous y sommes immédiatement impliqués, soit nous y faisons réflexivement retour et quelque chose de l’expérience se perd. Et pourtant, autre chose se gagne : mais quoi ? Cette « autre chose » vient-elle faire retour sur l’expérience elle-même et si oui, comment ? C’est depuis cette question inaugurale que nous traverserons des textes issus de la pensée philosophique du XXe siècle, de la phénoménologie à la pensée interrogeant les apports des sciences humaines. Ce cours s’appuiera sur un travail personnel et régulier de lectures et de commentaires de textes, essentiellement des textes de Husserl, Merleau-Ponty, Straus, Patocka, Deleuze, Guattari, Michel Bernard et Foucault. Un recueil de texte sera distribué lors de la première séance.

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MÉTHODOLOGIE 1 UE à choisir en L1 1 UE à choisir en L2 1 UE à choisir en L3

BIRNBAUM Antonia, RAMBEAU Frédéric, avec la collaboration de GARCIA Maria Soledad Work in Progress Le WIP donnera lieu dans l'année à des journées, concentrées sur le premier semestre, mais avec des possibilités de ventiler au second après accord avec les intéressés. Work in Progress est une structure élémentaire,destinée à rassembler et confronter le travail de recherche en philosophie des doctorants et également des étudiants écrivant leur master, travail qui se fait parfois encore de manière trop isolée. Il ne s’agit pas du séminaire doctoral d’enseignant dirigeant des thèses, ni d’une forme organisée, telle que projets de colloques, publications, journées thématiques. Toutes ces choses existent déjà et fonctionnent, tant celles organisées par l’école doctorale que celles organisées par des collègues. Il s’agit de produire une pratique basique de mise à l’épreuve. Des doctorants, après préparation, exposent leur travail en cours : le plan, un chapitre, un morceau, un matériau, l’enjeu. Tout cela dans un temps prévu et annoncé d’avance (entre 45 minutes et une heure), ce qui oblige à agencer le propos. Ils l’exposent à d’autres, qui se trouvent dans la même situation et veulent bien se prêter à la logique de l’adresse et de l’exigence : ceux qui écoutent offrent leur incompréhension, leurs butées sur ce qui est dit, leurs conseils de méthode, leurs références de lecture, leur perplexité, leur enthousiasme. C’est un lieu « en amont » de ceux qui existent déjà, un lieu sans finalité autre que de partager l’exigence du travail en cours et, partant, d’y produire une avancée. N’importe quel doctorant peut y intervenir, et cela sert aussi à la présentation d’un travail de master, pour qui le souhaite. Les séances de l’année 2009 s’étant avérées fructueuses, l’expérience est reprise en 2011/2012 Toute personne voulant se plier à la discipline de cet échange est la bienvenue, sans obligation de présentation. La participation peut être validée pour le cycle doctoral, et valoir aussi comme travail de contrôle continu pour des étudiants de master. BURKHALTER Marielle Site internet Deleuze : fin des transcriptions, correction et mise en page. En liaison

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avec le département d'informatique, construction d'une interface de navigation. http://www2.univ-paris8.fr/deleuze/ stages intensifs : 6 au 12 Fevrier 2012 et du 4 au 10 Juin 2012 lieu : Informatique pour tous bâtiment C Atelier audiovisuel : (salle avec équipement audiovisuel) travail sur les documents audio visuels issus de Vincennes. Montage numérique et archivage. (horaire et salle à préciser) DOUAILLER Stéphane Le mot, le son, la forme. Cours de méthodologie de l’écriture philosophique 1er semestre Lundi 18h-21h La dialectique platonicienne affirme sa primauté sur un monde de langage dont on nous dit qu’il ne nous parvient plus qu’à travers de lointains échos. Quel éclairage le platonisme, en la figure familière de ses problèmes et opérations transmis au long de sa tradition, reçoit-il de la considération, de ce point de vue, des programmes discursifs qu’il institue dans la langue ? Quels recommencements de ses décisions en ce champ permettent d’en prendre une mesure ? Ce cours prendra centralement le dialogue platonicien du Cratyle pour objet ainsi qu’une série de ses analyses ou évocations chez G. Genette, J. Derrida, Lacan, A. Soulez. Conformément à l’objectif méthodologique du cours, les étudiants y sont chaque semaine invités à s’exercer à la rédaction de dissertations, commentaires ou contractions de texte, qui sont proposés en lien avec l’exploration esquissée de la théorie du langage ébauchée par Platon en ce texte.

La validation requiert d’avoir rédigé et remis avant la fin du semestre au moins 5 exercices.

Références : PLATON, Le Cratyle (éditions courantes) ; G. GENETTE, Mimologique. Voyage en Cratylie ; J. DERRIDA, « La pharmacie de Platon » ; J. LACAN, Encore, A. SOULEZ, La grammaire philosophique de Platon. GRANGÉ Ninon Méthodologie sur le thème : l’illusion 2e semestre Jeudi 9h-12h L’analyse de concepts, l’argumentation à partir d’un problème, la démonstration d’une thèse constituent la base de toute approche philosophique, tant pour la réflexion et l’invention, que pour le traitement d’un sujet. Le cheminement

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philosophique, loin de s’apparenter à une quelconque « recette », est à la fois exigeant et simple. On cherchera donc à apprendre à aborder un problème philosophique (tel qu’il peut se présenter sous la forme d’un sujet de dissertation) et à s’exercer au traitement de ce problème (présupposés, hypothèses, impasses éventuelles, propositions�). Le thème de l’illusion nous permettra d’appréhender la méthode de manière située, organisée autour d’une notion qui nous permettra aussi d’aborder des textes classiques. Ainsi on verra comment l’illusion est une certaine représentation persistante, qui n’est pas pour autant une erreur. Le soleil continue de nous apparaître gros comme une orange, alors même que l’on connaît ses mesures. C’est une réflexion sur les apparences et la réalité, sur nos sens et sur la vérité, qui sera engagée, mais également sur le beau. L’esthétique au sens le plus général sera donc abordée. Bibliographie : ARISTOTE, Rhétorique CALDERON DE LA BARCA, La vie est un songe CERVANTES, Don Quichotte CICÉRON, Les académiques CORNEILLE, L’illusion comique DESCARTES, Méditations (IV et VI) — , Principes de la philosophie, (I, 29-37) — , Traité des passions HEGEL, Phénoménologie de l’esprit KANT, Prolégomènes� — , Idée d’une histoire universelle au point de vue cosmopolitique — , Critique de la raison pure (Préfaces et Dialectique transcendantale) MONTAIGNE, Essais, II, ch. 12. NIETZSCHE, Le crépuscule des idoles PASCAL, Pensée 381 (éd. Brunschvicg) PLATON, Apologie de Socrate SPINOZA, Éthique, Appendice au Livre I, et Livre II, prop. 35 LECERF Éric Méthodologie : analyse d'œuvres, travail sur la semaine des arts 2e semestre Mercredi 15h-18h L’UFR Arts, Philosophie et Esthétique organise cette année une semaine des arts (du 26 au 31 mars 2012) au cours de laquelle se tiendront des expositions, des concerts, des forums, des ateliers, des spectacles, des débats, des projections, des performances, des tables rondes� Cinéma et Danse, Arts plastiques et Philosophie, Musique et Photographie, Théâtre et Images numériques (ATI), toutes les formations en art de l’université Paris 8 y sont engagées. Enseignants, artistes, étudiants, chercheurs y présenteront leurs œuvres et leurs problématiques, y donneront leurs représentations et leurs critiques. Ce séminaire se propose d’engager un travail de

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réflexion et d’analyse autour des œuvres qui y seront données. Ces travaux seront par la suite mis en ligne sur le site de l’UFR. Les étudiants participant à ce séminaire pourront aussi valider leur stage (L2 et M1) ou leur projet tutoré (L3), soit en présentant un projet qui sera intégré à la semaine, soit en s’associant à l’organisation d’une manifestation

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LANGUES ET CIVILISATIONS ÉTRANGÈRES 2 UE à choisir en L1 1 UE à choisir en L2

�DE CHAMPS Emmanuelle Anglais pour philosophes, Bentham et l’utilitarisme 2e semestre Lundi 12h-15h Jeremy Bentham (1748-1832) est connu pour être le fondateur de l’utilitarisme. Pour les utilitaristes, « le plus grand bonheur du plus grand nombre » est et doit être le critère de toute action, qu’elle soit publique ou privée. Ce cours explorera l’utilitarisme de J. Bentham dans tous ses aspects : ontologiques (la théorie des fictions), moraux, juridiques et politiques notamment, tout en l’inscrivant dans l’histoire de la philosophie d’expression anglaise. Le cours sera organisé autour de l’Introduction aux principes de morale et de législation, à présent disponible en traduction. Les dernières séances porteront sur l’utilitarisme de John Stuart Mill. Le cours sera donné en langue anglaise. Des travaux réguliers permettront à chacun de progresser dans la rédaction en anglais. Une brochure sera fournie au début de l’année. Indications bibliographiques en français Bentham, Introduction aux principes de morale et de législation, trad. Centre Bentham, Vrin, 2011 Bentham, An Introduction to the principles of morals and legislation, Oxford, 1996 Bentham, De l’ontologie, trad. Cléro et Laval, Seuil, 1997 Audard, éd., Anthologie historique et critique de l’utilitarisme, PUF, 1999 Cléro, Bentham, philosophe de l’utilité, Ellipses, 2006 Cléro et Laval, Le vocabulaire de Bentham, Ellipses, 2002 Halévy, La formation du radicalisme philosophique, PUF, rééd. 1995 Laval, Jeremy Bentham, le pouvoir des fictions, PUF, 1994 PILLE René-Marc Allemand pour philosophes : La terminologie de l'idéalisme allemand 1er semestre Mercredi 9h-11h Salle B206

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Ce cours s'adresse à tous les étudiants de philosophie (licence et master) qui souhaitent améliorer leur compréhension des textes philosophiques en langue allemande. A partir d'un corpus bilingue emprunté à ce qu'il est convenu d'appeler la philosophie classique allemande (de Kant à Schelling), nous examinerons en particulier les termes qui résistent à la traduction. SCHMEZER Gerhard Anglais pour philosophes : Introduction à la philosophie analytique 1er semestre Lundi12h-15h� �

Qu’est que la philosophie analytique ? Comment comprendre cette tradition intellectuelle qui semble se définir justement par une certaine distance à l’égard de la philosophie traditionnelle ? Certes, quand on examine de près les multiples manifestations de cette philosophie depuis ses origines jusqu’à nos jours, on trouve chez quasiment tous ses représentants une exigence intraitable sur la clarté du langage et une certaine méfiance à l’égard des grands systèmes philosophiques. Pourtant, le terme même de « philosophie analytique » reste ambigu : il n’y a aucun texte fondateur, aucune doctrine à laquelle tous les praticiens adhèrent et aucune méthode suivie par tous.

Quelle que soit la manière dont on choisit de la définir, force est de reconnaître son immense importance sur le paysage philosophique anglo-américain, où elle occupe une place privilégiée depuis plus de 50 ans. À travers un échantillon de textes sur la philosophie du langage, l’épistémologie, la philosophie de l’esprit et l’éthique, nous retracerons l’histoire de cette tradition, depuis ses origines en Europe pendant la première moitié du XXe siècle jusqu’à ses expressions les plus récentes. En étudiant cette tradition très pluraliste, nous espérons mieux faire saisir les enjeux de cette « manière », ou plutôt, de « ces manières » de faire de la philosophie.

Ce cours poursuit un double objectif, philosophique et linguistique : il s’agit d’une part de lire et de commenter des textes philosophiques, d’autre part de se familiariser avec la langue anglaise, son fonctionnement et son vocabulaire spécifique à la philosophie contemporaine. Tous les textes seront fournis dans leur version originale et en traduction. Page web : http://www.univ-paris8.fr/anglaisllce/prof_article2.php3?id_article=1320 Indications bibliographiques : F. ARMENGAUD (dir.), G. E. Moore et la genèse de la philosophie analytique,

présentation et traduction des textes par F. ARMENGAUD, Paris, Klincksieck, 1985.

A. J. AYER, Language, Truth and Logic, London, Victor Gollancz, 1936 ; Langage, vérité et logique, trad. par J. OHANA, Paris, Flammarion, 1956.

D. FISETTE et P. POIRIER (dir.), Philosophie de l’esprit : Psychologie du sens commun et sciences de l’esprit, coll. « Textes clés », Paris, Vrin, 2002.

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S. LAUGIER et B. AMBROISE (dir.), Philosophie du langage. Signification, vérité et réalité, coll. « Textes clés », Paris, Vrin, 2009.

A. P. MARTINICH et D. SOSA (dir.), A Companion to Analytic Philosophy, Oxford, Blackwell, 2005.

B. RUSSELL, The Problems of Philosophy, Oxford, Oxford University Press, 1912 ; Problèmes de la philosophie, trad. par F. RIVENC, Paris, Éditions Payot, 1989.

G. RYLE, The Concept of Mind, Londres, Hutchinson, 1949 ; La Notion de l’esprit, trad. par S. STERN-GILLET, Paris, Payot, 1978.

L. WITTGENSTEIN, The Blue and Brown Books, 2e éd.., Oxford, Blackwell Publishers, 1997 ; Le Cahier bleu et le Cahier brun, trad. par M. GOLDBERG et J. SACKUR, Paris, Gallimard, 1996.

Cette UE peut aussi être prise dans un département de langue étrangère. Une inscription préalable est nécessaire auprès des secrétariats de ces départements. Ces inscriptions doivent être effectuées dès les premiers jours de la rentrée afin qu’un test puisse être effectué pour orienter chaque étudiant dans des groupes de niveaux.

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PHILOSOPHER HORS-CHAMPS

U.E PHILOSOPHER HORS-CHAMPS

PRÉSENTATION L’Unité d’Enseignement « Philosopher Hors-Champs » est destinée à ouvrir le cursus philosophique L2, L3, M1 à ce qui se constitue comme son extériorité. Elle s’obtient sur projet personnel déterminé conjointement par l’étudiant et son tuteur. Philosopher hors champ, c’est se donner la liberté de réfléchir aux diverses pratiques et formations qui jalonnent la vie d’étudiant (pratiques culturelles, éducatives, associatives, militantes, politiques, etc.). L’étudiant choisit une des deux options suivantes:

- un projet personnel qui se détermine librement, éventuellement à partir d’une pratique hors cursus universitaire (expérience militante, associative, pratique artistique, �), ou en complément du cursus, par des travaux de traduction, réalisation de court-métrage, exposition, annexes du mémoire réalisées par fiches de lectures, compte rendus de séminaires, iconographies, etc.).

- un stage dans une institution choisie par l’étudiant. Quelques stages peuvent être trouvés par l’intermédiaire de l’université. Les stages sont agréés par l’université et requièrent la signature d’une convention de stage. Leur durée doit être compatible avec le suivi régulier des cours. Il est impératif de joindre une copie de votre assurance en responsabilité civile pour obtenir la signature d’une convention. de stage.

L’étudiant définit son projet. En fonction de ses intérêts, de son projet et de ses affinités, il le propose à un tuteur choisi parmi l’équipe enseignante. La forme du travail, le mode d’évaluation sont discutés conjointement entre létudiant et le tuteur. Le tuteur évalue le travail et valide l’UE. Le travail consiste le plus généralement en la rédaction d’un mémoire court. Dans le cas des stages, il est recommandé de ne pas s’en tenir à un rapport, mais à une problématisation des pratiques mises en œuvre pendant la période de stage. D’autres formes de travaux sont envisageables, audio, vidéo, performance etc., elles seront décidées conjointement entre le tuteur et l’étudiant.

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PROPOSITIONS DE PROJETS DU DÉPARTEMENT DE PHILOSOPHIE Arts contemporains La revue en ligne paris-art.com propose des stages à temps complet ou partiel (possibilité 3 mois et plus). Contact : A. Rouillet pour rendez-vous : 01 42 01 57 94 ou 06 64 26 57 63 et [email protected]. Web> http://www.paris-art.com. L’Association La Bande Passante explore les sciences humaines, les arts et les pratiques alternatives. Elle propose des stages d’édition et de documentation pour l’exploitation de son site, la mise en ligne d’articles et de documentations. Site : http://www.labandepassante.org/ Contact Julie Paratian : [email protected] Le Centre de Développement Chorégraphique du Val de Marne (Domaine Chéroux, 4, route de Fontainebleau, 94400 Vitry sur Seine, 01 46 86 17 61) propose des stages notamment pour la rédaction d’un journal in situ à l’occasion des Plateaux, manifestation à la Maison des Arts de Créteil, dans le cadre du laboratoire Parole d’artistes. Document consultable ([email protected]). Contact : Cécile Vernadat : [email protected] La Petite Compagnie de Cirque propose, au cours d'un stage, de découvrir les techniques du cirque, en retour il s’agirait d’apporter son intuition et son savoir-faire dans le domaine de l’écriture (développement des scènes) et de la mise en scène (visuel, gestuel). Contact : [email protected] Le collectif TRIBUDOM propose des stages (rémunération prévue) d’apprentissage des métiers du cinéma (assistant de réalisation, de prise de son, d’image, de régie, de post-production). Contact : [email protected] Édition, Bibliothèques & Documentations Archives Gilles Deleuze M. Burkhalter propose de travailler sur les enregistrements de Gilles Deleuze. Travail de transcription des cours par les étudiants de philosophie et d'arts plastiques. Contact Marielle Burkhalter : marielle.burkhalter@wanadoo La Société Chauvinoise de Philosophie. Éric Puisais développe à Chauvigny dans la Vienne, une bibliothèque d’histoire du syndicalisme et de l’anarcho-syndicalisme. Il propose un accès à des archives ouvrières de la région pour un travail documenté et/ou une collaboration à la constitution d’une base de données. (Éventualité de rémunération). Contact : [email protected] Les Cahiers Critiques de Philosophie (Revue du département). Secrétariat de rédaction. Contacter B. Cany : [email protected] Les éditions Hermann, éditrices de la revue Cahiers critiques de la philosophie, peuvent aussi accueillir des stagiaires au service éditorial à temps plein ou à mi-temps pour une durée de 3 mois avec indemnisation. Contact B. Cany : [email protected] La MSH Nord peut proposer des stages à sa bibliothèque. Se renseigner auprès du secrétariat du département. Ou directement auprès de M. Porchet et G. Popovici. MSH : 01 55 93 93 00 Les éditions l’Harmattan proposent des stages sur différents postes. Se renseigner auprès du secrétariat du département ou de J.-L. Déotte. La bibliothèque de Paris 8 propose des stages pour la section philosophie.

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Contact : Département ou bibliothèque de Paris 8, Mr. Ribes Ros, webmaster. Enseignement, Éducation, Solidarité Le Collège Louise Michel de Clichy sous Bois, met en œuvre une expérience de Classe à Projet Artistique fondée sur la pratique théâtrale. Les étudiants sont invités à participer pendant l’année à la mise en œuvre de ce programme. Un professionnel du théâtre, en partenariat avec les professeurs, finalisera un spectacle orienté par les thèmes du soin, de l’antagonisme, et des sentiments. L’étudiant en philosophie pourra intervenir dans la problématisation de ces thèmes, en accord avec les professeurs, dans leur classe avec les élèves des classes de 4e et de 3e du Collège. Contact : Nour BOUKLILA, Conseiller Principal d’Éducation du collège : [email protected] L’AFEV, est une association du 93, en faveur de la socialisation périscolaire. Elle propose une courte initiation aux méthodes pédagogiques et des stages de courte durée dans un réseau d’encadrement de jeunes enfants ou d’adolescents en dehors du milieu scolaire. Contact Elodie FIDELIS, AFEV 93, 20 rue de Toul 93200 Saint-Denis tél. 01 48 20 20 10 mail: [email protected] Le Cours Saint-John Perse (lycée privé) cherche parfois des stagiaires pour des missions de surveillance et de soutien à la vie scolaire. Lieux : 3 rue de l'Eure, 75014 Paris - 01 45 43 05 15. Contact : Directeur Paul Andréo sur recommandations de B. Cany. Contact : [email protected] *Différents lycées de Seine Saint-Denis sont susceptibles d’accueillir des étudiants pour expérimenter l’enseignement de la philosophie en terminale. Contact : Marie Cuillerai, [email protected] Épistémologie et philosophie des sciences. Valorisation scientifique Paris-Montagne, une association de l’ENS-Paris (45 rue d'Ulm - 75005 Paris. Tél. : 01 44 32 28 84), engage des actions de valorisation des sciences et édite une revue. Elle propose régulièrement des stages, ou des actions ponctuelles. Association Paris-Montagne www.paris-montagne.org et www.scienceacademie.org Contact : [email protected] L'Institut National d'Archéologie Préventive propose des stages de courte durée, 1 à 2 semaines. Il s’agit d’acquérir une méthodologie de recherche scientifique sur le terrain, dans le cadre de chantiers de fouilles archéologiques en cours notamment en Île-de-France, Centre et Midi-Pyrénnées. Contact : Stavroula Bellos : [email protected] Organisation d’événements culturels L’institut du Monde Arabe propose des stages dans le cadre de son département Colloques et Manifestations. Contact Zouzi Chebbi : [email protected] Identité philosophique européenne La fondation Notre Europe recrute régulièrement des stagiaires de niveau M2. Participation aux activités de recherches de la Fondation (organisation de séminaires, interventions, articles). Contact : Marie Cuillerai, [email protected]

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ATTENTION

LES HORAIRES DES COURS PEUVENT ÊTRE MODIFIÉS EN FONCTION DE

L'ATTRIBUTION DES SALLES. CONSULTER LE PLANNING À LA RENTRÉE

UNIVERSITAIRE

Illustration de couverture : Étienne-Louis Boullée, L’opéra, 1781, Coupe sur la scène et la salle,

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