bibliothquedel174ecol

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  • INIV.OF

    ORONTOIRRARY

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    University of Ottawa

    http://www.archive.org/details/bibliothquedel174ecol

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  • LE

    COMT DE TA MARCHEET LK

    PARLEMENT DE POITIERS

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  • LE

    COMT DE LA MARCHEET LK

    PARLEMENT DE POITIERSlil8-1436]

    RECUEIL DE DOCUMENTS INEDITS TIRES DES ARCHIVES NATIONALES

    PRCD d'iNE Tl'DE SUR LA

    GOGRAPHIE HISTORIQUE DE LA MARCHEAUX XI a" ft xv*^ sicles

    (avec carte en couleurs)

    Antoim- THOMASMEMBRE DE LI.NSTITIT

    PROFESSEUR A l'uMVERSIT DE PARISDIRECTEUR d'tudes a i.'coi.e des hautes tudes

    PARISLIBiiAIHlK IIOXOP.K CHAMPION. DITKII

    O.

    QUAI MAL A Q U A 1 S

    1910

    Cet ouvrage forme le 174' fascicule de la Bibliothque de l'cole des Hautes tudes

  • ^lilliLIOTIIQIIH

    DE LICOLE

    DES HAUTES TUDESpijbliek sous r,Es auspices

    DU MIMSTHl', DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE

    SCIENCES IIISOUIQUES ET IMilLOLOGIQUES

    CENT SOIXANTE-QUATORZIME FASCICULE

    LE COAITK DE I,A MARCHE ET LE PARLEMENT DE POITIERS

    PAR

    Antoine THOMASMEMBRE DE l'iNSTITUT

    PROFESSEUR A l'uXIVERSITK F.E PARISIilKECTEUR ^'TUDES A l'COLE DES HAUTES TUDES

    P A U I SLlBIiAliUE HONOR CHAMPION, DITEUH

    5,

    QUAI M A L A Q U A l S

    1910Tous droits rservs

    :)

    ^

    /^

  • AVANT-PROPOS

    J'ai expliqu, il y a prs de trente ans, dans quelles circon-

    stances les archives du comt de la Marche ont disparu, et com-bien il reste peu de chances de les voir reparatre en tout ou en

    partie '. Il est facile de comprendre quel dommage en rsultepour l'histoire de ce grand fief. Le meilleur moyen d'y remdier,dans une certaine mesure, consiste recueillir dans les archives

    des grands corps administratifs du royaume de France les actesqui intressent cette rgion dshrite. Pour la priode ancienne,

    il faut s'adresser surtout au Trsor des Chartes, au Parlement, la Chambre des Comptes et la Cour des Aides. On sait quel

    1. .\i'licle inliliilc : Les Archirea du coml de la Marche, publi dans la liild.de l'cole des Chartes, anne 1S81, p. 36-51. Depuis 1881, je n'aieu connaissance quede deux faits nouveaux sur la question. Le premier, relatif aux archives du parle-ment de Charroux, serasij,'nal plus loin, j). i.ix, note 5. Dautre part, une oblifreantecommunication de M. F. Autorde, archiviste de la Creuse, ma appris, en 1896,l'existence Guret, au moins juscju'en 164 i, d'un compte du trsorier de laMarche pour li09-1410, dont il fut fait alors un court extrait au profit de l'abbayed'Aubignac. Evidemment, ce rejistre ne devait pas tre le seul de son espce, cequi me fait croire que, mcme au w" sicle, si les archi\es anciennes du comttaient conserves Aubusson. les documents administratifs courants restaient Guret. Je saisis l'occasion de faire connatre ce prcieux dbris et je le publieintgralement, ainsi que lattcstatiou (jui le suit, d'aprs les Archives de laCreuse, II 253.

    Despence de deniers. Rentes hritage que doibt Mons' cause de sad.compt. A l'abb et couvent d'Aubignac, qui prend chascun an siu" la justice deCrozant vingt solz pour cause d'iui anniversaire qu'ilz font chascun an le jiremicrmercredy de caresme par {sic; les prdcesseurs de Mons'' : Nant cette anne, parceque le chastellain de Crozant les paye parce qu'il le\e les exploits de lad. justice. L'article cidessus a est tir et extraict d'un compte des dcb^oirs et revenusdcompte (sic) de ce pays de la Ilaulle Marche Monseigneur le compte de laMarche, ledit compte contenant quarante-deux feuilletz de vellin escrits, au trente-six duquel verse (s/'c, ai; sens de verso) s'est trouv led. article: led. compte randupar Jean de Vilemoine [il j'aullire : Vilemome) trsorier de la Marche de la receptedes revenus dud. compt ds le xxv jour du mois d'aoust quatre cens dix Jeande Montour, escuyer, conseiller et maistre d'hostel de moud, seigneur le compte,et Jean de Bitisy, trsorier gnerai, cl par eux ouy, clos et examin le quatrimejour d'aoust mil quatre cens quatorze, d'eux sign, et par nous notaire ayantsoubsign collationn son original en bf>nne et dheue forme nous reprsent parnoble Franois Naymond sieur de la Houteville, conseiller du roy en la snchaus-se et sige jiresidial de la Marche, ce re(|ucrant M. M" Louis Feydeau, s' deChambre, conseiller du roy en sa cour du parlement et abb d".\ubignae, absent...Ce fait, led. compte a est rendu aud. sieur Xeymon cpn" s'est soubsign. Gu-ret. avant midy, le xxiv jour de feub\ rier mil six cens quarante quatre.

    Doc. sur le comt de la Marche. -^

  • II DOCUMENTS RELATIFS AL' COMTE DE LA MARCHE

    parti M. Paul Gurin a tir des registres du Trsor des Chartespour l'histoire du Poitou ' : on en pourrait faire autant, et peut-tre le ferai-je un jour, s'il est encore permis de former, monge. des projets dont la ralisation demande de longues annes,pour l'histoire de la Marche. La Chambre des Comptes et la Courdes Aides, par suite de circonstances diverses, offrent un plusmaigre butin. J'ai cependant montr ce qu'on en peut tirer dansmon livre intitul : Les Etats provinciaux de la France centralesous Charles VII - : je ne reviendrai pas aujourd'hui sur cesujet.Le Parlement, dont les archives, malgr quelques lacunes,

    rivalisent heureusement avec celles du Trsor des Chartes, estune mine presque inpuisable. Dans cette mine, j'ai choisi unfilon particulirement riche pour le pays dont l'histoire me tient cur. Il me semble que la lumire, distribue dose massivesur mie courte priode, nous claire mieux sur le fond des chosesque des rayons disperss sur un vaste horizon. De l est ne lapense du recueil que j'offre aujourd'hui ;iu public, et que je suisparticulirement heureux d'diter dans la Bibliothque de l Ecoledes Hautes Etudes.

    Longtemps ngliges, les archives du parlement que le dau-phin Charles, depuis Charles VII, installa Poitiers, en 1418,pour

  • AVANT-PROPOS III

    greffier en titre, matre Jehan Cheneteau, et qu'elle avait tmene bien au commencement de l'anne 1 ii6. En dductiondu salaire qui lui tait d. matre Lomer fut autoris garderles layettes dans lesquelles avaient t places ces archives etqui furent values six livres parisis. Nous publions ci-dessousle mandement royal, en date du 7 mars 1 liG, qui tablit le fait :c'est le juste tribut de notre reconnaissance pour ce modestefonctionnaire dont le nom mrite d'tre sauv de 1 oubli '.

    Malheureusement, les archives du parlement de Poitiers, fon-dues assez maladroitement dans celles du parlement de Paris, nenous sont pas parvenues dans leur intgrit. Grn s'en est aperu,mais il n'a connu exactement ni tout ce qui nous reste, ni tout cequi a t perdu. Il faut distinguer deux groupes de documents,les registres et les pices dtaches, et noter tout de suite queGrn a pass sous silence le second groupe.

    Les Archives nationales possdent les registres suivants :

    X'a 8604. Registre form de trois parties distinctes : i (fol. 1-2.3)liste des accords passs au parlement, de 1418 1436 ; 2 (fol. 24-123 et 146-

    147) ordonnances, testaments et actes divers enregistrs par le parlement,de 1419 1436; 3 (fol. 130-147) commissions manant du parlement, desept. 1429 au a avril 1430. Ces deux dernires parties ont t inventoriespar M. Stein dans son rcent volume inlitul : Ini\ analytique des ordon-nances enregistres au parlement de Paris jusqu' la mort de Louis XII(Paris, impr. Nat., 1908) ; mais la dernire, qui comble la lacune qui existeentre les registres X'a 9195 et X'a 9196, cits plus loin, est sans rapportavec les ordonnances proprement dites.

    1. Karolus etc., primo parlameuti noslri hostiario vel servienti nostro superhoc rcquirendo.salutem. Cuni annaria sive scrinia in cameris firapharialuum civi-lis, criminalis et presentacioiiuni nostre curie parlamenti, duni Pictavis sederet,exislaiicia {sic), in et supei- juibus processus, libri, rejiista {sic), inforniaciones etalie lictere dicte curie poncbantur, clileclo nostro ma^isti-o Launoniario sic, deArenis. bacalario in le^'ihus. clcrico dilecli et lidelis nostri prollionularii, secrelariiet prapliarii dicte nostre curie maj;istri .ohannis Cheneteau, in deducionem !,s;V etdefalcacioucm scx librarum Parisiensium deducendaruin et dei'ah'andarum eideniDe Arenis de et super ejus salario pro dictes processus, libros.rejrislra, inl'orniacio-ncs et alias licteras qui existebant in diclis armariis sive sci'iniis de viUa Pieta^isinvillam nostram Parisius adduci et conchici faciendo deservito.pro t'aciendoper dic-tum maj;istrimi Launoniarum de Arenis de dictis armariis seu scriniis ad sue volun-tatis libitum et ejus commode et ulililali applicando, prefata curia nostra tradi-derit et lilieraverit tradatquc et liberel per prsentes, tibi tcnore prcsenciumcommictimus et mandamus quatiuus predicta armaria seu scrinia dicto niajjistro(de) Launomaro do Arenis vel ejus certo mandate tradi facias et liberari indilatc,compellende ad hec omnibus viis et modis racionabilibus et debilis compellendos :ab omnibus autem justiciariis etsubditis nostris tibi in hac parte pareri volumuset jubemus. Datum Parisius, in parlamcuto nostro. septima die marcii annoDomini millsime xi.v'" et regni nostri xxuu". ^Arch. nat., X'.\ "t5. f. 25 \ ".

  • n- DOCUMENTS RELATIFS AU COMTE DE LA MARCHE

    X^A yiyu. Arrts au civil dc. 1418-oct. 1419).XA 9191. Arrts au civil Tncv. 142o-sept. 1429).X^A 9192. Arrts au civil nov. 1429-juin 1433\ La pagination fait suite

    celle de X'a9191.XA 9193. - Arrts au civil (nov. 1433-1436).X^A 9194. Conseil (nov. 1431-nov. 1436).X'a 9193. Lettres, commissions et appointements 1418-1429 : il manque

    un cahier ou plus la fin ; cf. X'a 8604).X

  • AVANT-PROPOP

    j'y ai employ d'autant plus de temps (jue je ne me suis aperuqu' la fin que le registre X'a 8604 contenait dans sa premirepartie un inventaire des Accords de Poitiers. Cet inventaire ta-

    blit qu'un certain nombre d'accords ont aujourd'hui disparu.Telles sont les sources assez complexes d o ont t tirs les

    documents que je publie aujourd'hui en les disposant dans l'ordrechronologi([iie. C'est pour moi un agrable devoir de remercierM. Etienne Dejean, directeur des Archives Nationales, de m'avoiraccord la faveur de faire dans le dpt la tte duquel il estplac, des sances plus longues que ne le comportent les termesstricts du rg-lement, et d'avoir ainsi ht le moment o ce recueilpeut enfin voir le jour.

    J'avais d'abord l'intention de placer en tte de la publicationactuelle une introduction analogue celles dont M. P. Gurin afait prcder chacun des volumes relatifs au Poitou qu'il a tirs desregistres du Trsor des Chartes, c'est--dire de tracer un tableausommaire de l'histoire de la Marche pendant les dix-huit annes surlesquelles les archivesdu parlement de Poitiers nous apportent tantde tmoignages crits. Mais pour que ce tableau ne ft pas tropincomplet, il aurait fallu faire appel d'autres sources, si maigressoient-elles, et runir en faisceau toute la lumire qui peut jaillirde l'ensemble de tous les documents conservs : or je n'ose pasme flatter encore d'avoir tout vu, spcialement les archives pri-ves, dont quelques-unes commencent seulement s'entr'ouvrirpour moi. Je me rsous donc remettre plus tard ce travaildfinitif de concentration, en souhaitant qu'il me soit permis determiner mon histoire du comt de la Marche depuis ses originesjusqu' sa confiscation sur le conntable de Bourbon, histoire ola priode de 1 il 8- 1436 s'enchssera tout naturellement.

    11 ma sembl plus utile d'crire une tude de gographie his-torique et administrative sur le comt de la Marche, tude quivise surtout le xiv*^ sicle et la premire moiti du xv"*. et dont lesrsultats mettront le lecteur en garde contre les ides sim-plistes qui dominent encore trop souvent ceux qui consacrentleurs loisirs cultiver le champ de l'histoire provinciale.

    C'est cette tude, accompagne d'une carte colorie, qui enprsente les rsultats d'une faon saisissante ', que le lecteur trou-vera dans l'introduction.

    1. Cette carte clifTcre de celle qui est j(;inlc mes tiits provinciaux de l.i France

  • AM DOCUMENTS RELATIFS AU COMTE DE LA MARCHE

    Ici je dois me borner passer rapidement en revue les faitsles plus saillants et les plus curieux que les documents publisdans ce recueil mettent en lumire.

    Bien que Charles VII ait peine foul le sol de la Marche deliI8 1436 ', le loyalisme lgard de l'hritier lgitime dutrne, successivement dauphin rgent (26 octobre 1418), puisroi de France (21 octobre 1422), parat avoir t le sentiment peu prs unanime de la population. On note cependant quelquesdissonances passagres ou personnelles. Au cours du procs rela-tif la sdition provoque Bellac, en 1424, par la leve d'unimpt sur la Basse Marche accord au lieutenant du roi, Jaquesde Bourbon, les mutins sont accuss d'avoir dit nagueres :Regeni non hahenius, mortuiis est. Un avocat affirme mme quependant la sdition, il aurait t question de livrer la ville auclbre capitaine anglais Beauchamp ~. Au mois de janvier 1433,le prvt de la Souterraine, moine de Saint-Martial de Limoges,Mathieu Fourmier, fut emprisonn Poitiers, pour avoir tenu demchants propos contre le roi ; son temporel fut saisi, et le

    cenlrale, ouvrage publi en 1879, non seulement parce que des recherches nou-velles m'ont amen une plus grande exactitude dans le dtail, mais parce que jeme suis plac au point de vue l'odal et judiciaire et non, comme alors, au pointde vue spcial de l'administration financire. En re\"anche. elle doit correspondreen principe ou peu s'en faut aux deux cartes qui sont consacres aux snchaus-ses de la Haute Mai-che et de la Basse Marche dans le mouinnental Atlas desbailliages, etc. que M. Armand Brette a fait paatre en 1904 en mme temps quele tome III de son Rec. de doc. relatifs la convocation des Etats gnraux de 11/^9.Les dilTrences de dtail que le lecteur pourra remarquer entre l'uvre de M. Bretteet la mienne tiennent plusieurs causes, mais surtout ce que M. Brette n'a pasprtendu montrer le droit, mais le fait. Ce en quoi je suis tout fait d'accord aveclui. c'est sur la ncessit de faire peu prs compltement table rase de toutes lescartes des xvii' et xviii= sicles, y compris celle de Cassini dont il a parfaitementmontr les lacunes et l'incohrence au point de vue des divisions territoriales.

    1. D'aprs les comptes de l'curie royale, Charles "\'I1 encore dauphin coucha l'abbaye de Grandmont la nuit du 12 au 13 janvier 1422, en allant de la Sou-terraine Eymoutiers, et il s'y arrta de nouveau le 23, en allant de Limoges laSouterraine (Arch. Xat., KK 53). Sa chancellerie expdia des lettres patentesdates de Grandmont, janvier 1422, pour confirmer la sauvegarde accorde pr-cdemment l'abbaye par Charles VI octobre 1406 , Charles V (dcembre 1372'et Charles IV 'avril 1325 . Voir les Ordonn., XV, 575. Dans ces lettres, le dauphinmentionne expressment que les moines de Grandmont jocunde et reverenteret muniiicenter nos illac transeuntes exceperunt cum nostra concomitancia .Charles \'II ne revint dans la Marche et- le Limousin qu'en mars 1439 (itinraire :le Dort, Tliouron, Couseix, Limoges, Saint-Lonard. Bourganeuf, Guret,Chnrailles. Auzance, Montaigut-en-Combraille), puis en mai 1440 ( Guret,venant de Poitiers, pendant la Pragueriej, en mai 14 42 Limoges, venant deRufec et allant Toulouse par Figeacjet en avril-mai 1443 (de Toulouse Poitiers,par Tulle, Limoges. Confolens et Lusignan).

    2, Ci-dessous, p. 92, art. 3 et 4.

  • AVANT-PnOPOS

    chancelier de la Marche, Jehan Barton, l'ut chai'gi' de l'adminis-

    trer sous la main du roi, le 7 mai suivant '. Entretant, leprisonnier avait t remis aux mains de l'vque de Poitiers, etrv({ue de Limoges, son juge ordinaire, reut l'ordre d'instruirele procs, avec dfense de dlivrer le prvt sans en rfrer auparlement \l^ mars) ~. Finalement, frre Mathieu Fourmiers'en tiia assez bon compte : le lendemain de la Saint-Martin d'hiver

    (12 novend^re liM)i), il fut dlinitivement mis hors de cause sursa promesse de se reprsenter, s'il y avait lieu. et aussi de soy

    maintenir et gouverner paisiblement et doucement... et de pro-

    curer et garder le bien et honneur du roy et viter le contrairek son pouoir ' .

    Si j'ai fait mention de ce Curieux incident, ce n'est pas quej'oublie que la Souterraine tait en Limousin et non dans laMarche, mais c'est parce (jue Mathieu Fourmier appartient aunefamille marchoise. Il tait frre, selon toute vraisemblance, de noble homme et sage maistre Jourdain Fourmier, licenci eniojs, conseiller de Mons'' le comte [de la Marche] , quiJaques de BourJjon, par son testament du 23 juin 1415, avaitfait l'honneur de le choisir pour un de ses excuteurs ', et quidevint plus tard lieutenant du snchal du Limousin, au moinsds 1 i23 '

    ;par suite, le prvt de la Souterraine tait fils de

    Jaques Fourmier, lieutenant du snchal de la Marche en 1404 ".

    Un troisime frre, si je ne me trompe, tait ce Martial Fourmierqui, aprs avoir t dlgu au concile de Pise (1409) et avoirplaid sans succs pour tre reconnu titulaire de la cure duGrand-Bourg ^, embrassa le parti des Anglais et devint vqued'Evreux (1427-1439). Ainsi s'explique, par des attaches defamille, les tendances politiques du prvt de la Souterraine,Mathieu Fourmier, ou du moins la suspicion qui pesait sur lui.

    1. Ci-dessous, p. 229, n" CCLXVII. La premire mention de cette alYaire setrouve, la date du 22 janvier 1 i33, dans le re^. criminel X-a 21, fol. 201 :" Aujoiirdhuy, le procureur du roy a requis que freie Mathieu Formicr. prevostd la Souhterrene, adjourn comparoistre eu personne pour cause de certainesparoles injurieuses que Ton lui impose avoir dittes contre Tonneur du roy, soitemprisonn, veu que Icsdiltes paroles sont venues la notice du roy... . Le faita t indique sonimaircmenl par NL D. Neuville {liev. hist., VI, 30).

    2. X-A 21, la date.3. X-.\ 21, la date du 3 dcembre.4. Arch.Nat.,P 1370', cote 1302..'i. Ci-dessous, n" LX.XXII.b. Voii- ci-dessous, p. lxi. La (iliatinn do .laques et de Jourdain est tablie par

    un acte du 23 mai 1410 ;Bibl. Nat., lat. 9195, p. 179).7. ^'oir notamment .\rch, Nat., X'a 1789, la date du 6 septembre 1411.

  • Mil DOCUMENTS RELATIFS AU COMTE DE I,A MARCHE

    Comme ceux du Limousin et de l'Auvergne, les Etats de laMarche (c'est--dire de la Haute Marche) vinrent en aide aug-ouvernement de Charles VII en consentant priodiquement laleve d'impts destins surtout aux oprations militaires contre

    les Anglais, tout en sefl'orant de rduire le plus possible la part

    contributive d'un pays moins favoris de la nature que ses voi-sins. Si les archives du parlement n'ajoutent rien ce que j'ai ditailleurs ce sujet '. elles fournissent un dtail indit sur la dtressedu roi au moment o la Cour sjournait Espali prs du Pu}-! dcembre 1 i24-janvier li2o), l'occasion de la tenue des Etatsde Languedoc, prs desquels le comte de la Marche, lieutenant-gnral dans la province, tait commissaire royal. Tandis C|ue tantde courtisans se partageaient les libralits du prodigue souverainqui, malgr la pnurie financire, faisait toujours preuve d'vmesingulire facilit vider sa bourse - , le chancelier de la Marche,

    Jehan Bar ton, lui ouvrait la sienne et avanait 2.000 livres auTrsor 'K

    Le comte de la Marche lui-mme, revenu de Naples avec levain titre de roi, vers 1420, n tait pas dans une situation finan-cire bien brillante : il se laisse assigner aux Requtes de l'htelpour le paiement d'une obligation de 400 cus, et fait appel auparlement quand il est condamn payer par les premiers juges :par arrt du 17 aot 1425, le parlement confirme la sentencedes Requtes, les dpens la charge du dbiteur rcalcitrant \En 1427, rduit solliciter un prt d'un de ses vassaux,Guillaume Taveau, seigneur de Lussac-le-Chteau. il ne l'ob-tient qu'en fournissant la double caution de son chancelier JehanBarton et de son conseiller Mondot de la Tour, plus tard sn-chal de la Marche : malgr cela, le prteur n'tait pas encorerembours en 1461, et il faisait saisir Guret, deux reprises,le chancelier Barton, qui en appehi au parlement mais se vit, pararrt du 23 dcembre, contraint de faire honneur aux engage-

    1. \'oir mes liils provinciaux de lu France centrale, t. I, p. 361 et s. Depuis18"9. on a signal peu de documents nouveaux sur les Etats de la Marche. 11 fautmentionner cependant une session d'Etats rf::ionaux tenue en mai lllS. proba-blement il Limoges, et laquelle pi'irent part Angoumois. Limousin. Marche.Prigord. Poitou el Saintonge liib\.''Siil.,(:iairambault. 23. p. J641, et 105. p. 8223:cit par Beaucourl. Hisl. de Charles \ II, I, 357. Cf. ci-dessous, p. x. n. T.

    2. Beaucourt, Hist. de Charles VII, II, 80.3. Arrt du 1 septembre 1447 'X'a 76. fol. 211) entre le comte du Maine, sei-

    fjneur de Ci\]'ai, et Jehan larton, appelant du snchal de Poitou.4. Ci-dessous, p. 128, n" CLIII,

  • AVANT-PROPOS IX

    ments pris au nom de son matre '. Le roi Jaques, dans sa cit

    de Castres, n'en tranchait pas moins du potentat -. Le favoriLa Trmoille lui ayant intent un procs, en 1431 , au sujet du ch-teau de Roquecourbe, Ihuissier royal n'osa pas aller jusqu'Castres pour sig-nifier son exploit personne, car de bonnes meslui dclarrent Toulouse que, s'il y alloit, il se mettroit en

    danger de sa personne , et aucun notaire ne voulut se ris-quer l'accompagfner. La Trmoille prit un biais et obtint un man-dement pour signifier l'acte Guret au chancelier et au pro-cureur gnral de la Marche ^.

    Heureusement pour le comt de la Marche, sa situation go-graphique le mit i l'abri des hostilits directes entre Anglais etFranais. On ne saurait prendre bien au srieux un effroi pourcause des Anglois qui couroient prs de la ville qui fit prendreles armes aux habitants de Charroux en 1422. Mais les passageset les sjours des gens de guerre du parti franais, loin demaintenir la scurit publique, taient un perptuel sujetd'alarmes. La garnison du chteau du Dort, l'ancien chteaubti prs de la ville, au xii sicle, par le dernier des Aldebert,

    place nominalement sous les ordres du seigneur de Mortemar,puis du marchal de Svrac, dsola toute la Basse Marche jus-qu' ce qu'on et pris le parti (dcembre 1423) de la fairedguerpir prix d'argent, mesure salutaire, sans doute, maisdont deux consquences imprvues alimentrent longtemps lesplaidoiries du parlement de Poitiers aprs avoir jet le troubledans les finances publiques et prives : je veux parler de la sdi-

    tion de Bellac '\ et de l'interminable procs intent par Antoinede Cugnac (un Prigourdin dont une aventure romanesque fit unseigneur de Palaiseau, prs de Paris, et un personnage influent

    la cour de Charles VU) deux grands seigneurs de la Marche,Gurin de Brion et Bertrand de Saint-Avit ^. Dans ces conditions.

    1. Arch. \at.. X'a 91. fol. 325.2. Il apparat sous un jour encore plus odieux que dans nos Documents dans

    une lettre de remission, octroye le 9 fvrier 1426 son ancien serviteur TassinGandin par la chancellerie anglaise (p. p. M. H. Stein dans Bihl. de l'Ecole dexChartes. 1901, p. 35"' ; mais on ne peut contrler lexaclitude des faits articulsdans la rmission, laquelle repjoduit naturellement les dires de lintrcss.

    3. Ci-dessous, p. 227. n" CCXLVI.4. Voir ci-dessous, p. 89, n' CVIII.5. Voir ci-dessous, p. 166, n" CXCIV. Sur Antoine de Cugnac. voir la gnalo-

    gie de cette famille publie dans le Xobil. iiniv. de France. I. X\'II (Pari*.1828;.

  • X DOCUMENTS RELATIFS Al" COMTE DE LA MARCHE

    on comprend l'importance qu'avait pour les seigneurs et pourleurs sujets l'exercice du droit de guet

    ;je me borne signaler

    les procs qui surgirent ce propos entre le seigneur de Magnac-Laval et les habitants de Bussire-Poitevine (CXXIV, etc.), entrele seigneur de Monteil-au-\'icomte et les habitants de Belleville-la-Fort (CXL), entre le seigneur de Magnac-Laval et le seigneurde Droux (C(]M), entre l'abbaye fortifie de Grandniont et lesconsuls de Limoges-Chteau (CCLVIII).

    Mais l'existence d'une forteresse dans une localit n'tait pastoujours une scurit pour elle, tant s'en faut : c'est ce quiexplique l'ardeur que mit l'abb de Gharroux empcher leshabitants de la ville de relever les ruines du chteau fort queles comtes de la Marche avaient autrefois possd dans le voisi-nage de l'abbaye qui tait elle-mme une vritable forteresse, etl'appui nergique et effectif que prta le parlement aux effortsde l'abb dans ce sens(LXI, etc.). Malgr une sdition des habi-tants et un accord provisoire (LXXIX), les travaux commencsdurent tre abandonns et le chteau comtal resta en ruines '. Leschanoines du Dort, comme les moines de Gharroux, avaientaussi ct du fort de leur glise,un chteau bti au x\f siclepar le comte de la Marche, mais il n'tait pas en ruines, ainsi qu'onl'a vu plus haut. A un moment donn, Jehan de Saint-Savins'tait arrang poin^ tre k la fois capitaine des deux forteresses :aprs lui, Giles, puis Galehaud de Saint-Savin s'tablirent enmatres au Dort dans le (( fort de l'glise, et expulsrent(juelques chanoines de leurs maisons (GXLIX); il fallut recourirau parlement pour les dloger. Le procs, commenc en 142S,et dont nous ignorons l'issue, durait encore en 1429 (GGIII).

    Les forteresses du Limousin limitrophes de la Marche faisaientaussi sentir notre pays leur redoutable voisinage : le capitainede Ghlucet est accus d'avoir extorqu aux habitants de lachtellenie du Dognon une obligation de deux cents livres, en1 420, la sollicitation de Pierre Anjorram (XXI) -, et on pr-tend, en 1434, que la dame du Monteil-au-\ icomte faisait appel

    1. Plus tartl. le comte laques d'Armagnac oblinl laiilorisalion de rdifierson chalcau lettres royaux du 31 juillet 14(50. analyses dans le reg. PP99. fol.118 v, des Arch. Xat.] ; mais il ne semble pas en avoir us.

    2. Pierre Anjorram avait t receveur, en 1418. d'une aide accorde au Dau-phin par les Etats du Limousin, de la Marche et du Pcrigord (Arch. Nat.,PP 99. fol. l).

  • AVANT-PROPOS

    au concours de la garnison de Courheli pour terroriser ses vi-

    lains et les punir de leurs aspirations la libert (CCLXXIX, 9,et CCLXXXII, 9).

    Le clerg- nous apparat surtout (et c'est trs naturel, vu la

    nature de nos informations], comme proccup de l;i dfense deses biens temporels. C est ce titre que tant de procs sontengags par les abbayes de Charroux, de l'Esterp, de Grand-mont, du Moutier-d'Ahun, de Prbenot, par les chapitres deSaint-Ktienne-de-Limoges, de la Chapelle-Taillefer, du Dort,parle prieur de Felletin et par la comnianderie de Chambereau.Les bnfices ecclsiastiques de tout genre, grands et petits,sont preinent disputs ; le Grand Schisme ajoute de nouvellescauses de conflit celles qui rsultent des circonstances parti-culires, et l'tat de guerre intestine amne presque fatalementl'intervention de gens d'armes au profit des concurrents les pluspuissants ou les mieux apparents. On plaide pour des abbayes(Aubepierre, Saint-Savin), pour des prieurs (Bujaleuf, Guret,Jarnage, Roussac), pour des archiprtrs(Aubusson. Combraille),pour des cures (Aixe, Cressat, le Grand-Bourg, Saint-Martial-le-Mont, Saint-Martial prs Saint-Barbant, Saint-Sulpice-le-Don-zeil), pour des prbendes (le Dort, Saint-Etienne de Limoges i,pour une simple vicairie (dans l'glise de Bellac).La noblesse n'est pas moins proccupe que le clerg de ses

    intrts matriels, et elle se plie plus difcilement aux lois dela justice. Disons-le pourtant son honneur, plusieurs de sesmembres tombent sur les champs de bataille (Jehan Brandon,dans la campagne d'Arras, en 1383

    ;Guillaume Brandon, Jehan du

    Puy le jeune et deux membres de la famille de Maleret, Azin-court, en 1415; Louis de Rochechouart-Mortemar la journedes Harengs, en 1429), ou font vaillamment leur devoir fodal la frontire et auprs du roi (Louis de Culant, amiral de France.Jehan de Rochechouart, seigneur de Mortemar ', Blain Loup,Aubert Fouc;iud, Gadifer et Lancelot de Maleret, Jehan Panne-vaire, Raymond de Rochedagou, Galehaud de Saint-Savin, etc.-').

    1. Dans une i)laicloirie du II septembre 1131 (X'.v 0190. fol. 43 i \";. l'avocatChicot rappelle les prouesses de ce {;rand seigneur, (ait deu.\ l'ois prisonnier, Azincourt et \'erneuil, et qui rclame des lettres de rpit vis--vis de sescranciers. Jauraisd donnerdes extraits de cette plaidoirie A la date ; il y a lun oubli que je rpare ici en le signalant.

    2. N'oublions pas de rappeler que Jehan d'Aubusson, seif^neur de la Borneet du Dognon, souvent mentionn dans nos documents, fut autorise rester

  • Xn DOCUMENTS RELATIFS AU COMTE DE LA MARCHE

    Mais d'autres, et parfois les mmes, oublient trop souvent lepril national pour se lancer corps perdu dans des procs peuhonorables, dans de sanglantes querelles de famille ou dans devulgaires entreprises de brigandage qui mettent parfois la pro-vince feu et sang : qu'il suffise de rappeler l'pisode djconnu du sige de Maleval ^ , et le procs vritablement piqueentre les deux frres Philibert et Jaques de Maleret, o ce der-nier, en pleine cour de parlement, jette son aumusse sur le parquetcomme gage de bataille contre quiconque l'accuserait d'avoirvoulu tuer sa propre mre '^. Les nombreux (( assurements enregistrs par le parlement tmoignent cependant d'un dsirlouable tle mettre un frein aux guerres prives et de laisser se

    drouler le cours rgulier de la justice.11 y a bien des classes diverses dans ce qu'on dsigne par le

    nom collectif de tiers tat. Les gens de robe sont parfois soup-

    onns de vouloir plutt complaire aux grands seigneurs ques'acquitter en conscience de leurs fonctions de justiciers ^ ; maiscomment distinguer la part de la calomnie dans les accusationsqu'on porte contre eux? Un sergent royal d'Ahun, Pierre Gusinet,cit la barre du parlement, fait triste figure quand on constateofticiellement que ses facults sont tellement afaiblies qu'il ne

    sait plus ni lire ni crire (LU) ; mais comment ne pas le plaindred'avoir exerc son office, pendant vingt-cinq ans et plus, au milieude gens qui avaient fait couper les jambes quelques-uns de sesconfrres et qui le menaaient lui-mme de 1' esj arrter ?

    Les bourgeois de nos petites villes apparaissent assez rare-

    ment. Les plus turbulents sont ceux de Charroux, de Bellac et de

    Chteauponsac, qui savent au besoin tenir tte aux gens de

    dans ses foyers (24 septembre 1421) non seulement parce que ses terres et for-teresses taient, ce qu'il disait, sur la frontire de l'ennemi (assertion un peurisque), mais parce que trois de ses frres servaient dans l'arme du Dauphin(Beaucourt, I, 379-380). D'autre part, Cyprien Prathon rapporte [Hist. dAnbusson,p. 40), sans citer sa source, malheureusement, que Guillaume de la Brosse, seigneurde Saint-Pardoux-le-Neuf, fit son testament le 6 dcembre 1428, avant de partirpour Orlans.

    \. Voir Chnon. Hist. de Sainte-Svre, p. 102 et s.2. Doc. CLXXIV. Sa mre tait Dauphine de Flayat, et c'est pour venger une

    injure qui lui avait t faite que Jaques de Maleret avait dtrouss un bourgeoisde Tulle, fcheux exploit poui- lequel il obtint des lettres de rmission enfvrier 1418 (Dout d'Arcq, Choix de pices indites rel. au rcfne de Charles Vf,t. II, p. 44;.

    3. Voir spcialement les dt)cuments CLXIV et CLXVII, o les ofliciers du comtede la Marche sont j^ris partie et accuss de connivence avec les ofliciers du sei-gneur de Montaigut-le-Blanc (en Limousin).

  • AVANT-PHOPOS XIII

    guerre. A Aubusson, h Felletin et Magnac-Laval. on entrevoitque le commerce n'est pas tout fait mort. A ce point de vue,on remarquera l'importance attribue Felletin, qui est mis sur

    le mme pied que Guret et la Souterraine comme une ville ol'on peut consigner de l'argent qu'on n'ose pas faire transporterai

    Poitiers par peur des routiers (CCLXXXI) KLes artisans sont plus rares encore dans nos documents. 11 faut

    signaler surtout le long procs criminel intent un tisserand

    de campagne, Louis du Masroger, accus de guet-apens et de

    barbares mutilations, qui entranrent la mort, sur la personne

    d'un de ses voisins, un serf nomm Nanot. La culpabilit del'accus n'est pas tablie, mais quel que soit le coupable, les

    faits matriels de la cause jettent un jour lugubre sur la violencedes murs paysannes dans la chtellenie de Drouilles qui fut

    le thtre de cet horrible crime.

    La victime appartenait la lamentable classe des serfs atta-

    chs la glbe, des serfs (forme (origine), comme l'on disaitparfois "^j classe qui parat avoir t plus nombreuse et plus mis-rable dans le comt de la Marche que dans la plupart des autresrgions de la France. Il y a dans notre recueil trois groupes de

    documents (serfs de Dun-le-Palleteau, serfs du Monteil-au-Viconte,serfs mortaillables de l'abbaye de Prbenot) qui tmoignentd'une sorte d'entente entre les hommes de condition serve d'unbout de la Haute Marche l'autre, pour secouer le joug quipesait si durement sur leur tte. Leurs efforts paraissent trerests infructueux et le parlement de Poitiers, esclave de la

    tradition et gardien des coutumes oppressives, plus ou moinsanciennes, ne fit peu prs rien pour amliorer leur situation,

    malgr les dclarations humanitaires d'un de leurs avocats quirappelle que

  • XIV DOCUMENTS RELATIFS AU COMTE DE LA MARCHE

    mais l'aide de documents trop clairsems : ceux que nouspublions sont fort importants et ils devront tre pris en srieuse

    considration par quiconque tentera une tude dfinitive sur cet

    intressant et difficile sujet.

    Marche depuis la publication de la Coutume jusqu' la Rvolution {Mm.delaSoc.des se. nat. et arch. de la Creuse, t. VII, p. 135 et 303). A signaler aussi, pour laBasse Marche et la rgion limitrophe, une note de M. R. Drouault intitule :Charte d'affranchissement par Gui de la Trmoille (16 avril 12831, dans le Bull,hist. et philol. du Comit de 190".

  • INTHODUCTION

    rige en comt au x'' sicle, chms des circonstances que nousig-norons, et place sous la suzerainet des comtes de Poitou qui

    se titraient ducs de Guienne, la Marche limousine a exist offi-ciellement jusqu'en 1790, date laquelle elle a t morcele trsingalement entre les dpartements de la Creuse, de la Haute-Vienne, de la Vienne, de l'Indre, de la Charente et de la Cor-

    rze. A la fin de l'ancien rgime, il y avait un comte de la Marche,comme en l'an mil, et la Marche tait un des trente-deux gou-vernements militaires ou provinces dont l'ensemble consti-

    tuait le royaume de France. Mais le titre de comte de la Marche tait alors purement honorifique et ne crait pas de liens rels

    entre le pays et les princes de la maison de Bourbon-Conti quise le transmettaient depuis plusieurs gnrations ; mais les fonc-tions de gouverneur n'taient plus qu'un manteau de paradedcorant d'une apparence d'unit le territoire de l'ancien comt dela Marche disloqu par des institutions monarchiques plus rcenteset plus efleclives. Il faut pour ainsi dire sauter pieds jointspar-dessus ces institutions pour atteindre la priode fodale ant-rieure et se faire une ide exacte de l'tat de choses en vigueurpendant les dix-huit annes (1418-H3G) auxquelles se rapportentles documents publis ci-dessous et emprunts aux archives duparlement de Poitiers. C'est cet tat de choses que je vais m'ef-forcer de faire comprendre au lecteur, en ne remontant dans lepass et en ne tenant compte de l'poque subsquente qu'autantqu'il sera ncessaire de le faire pour la clart de mon exposition.

    L'HISTOIRE

    Charles IV, dit le Bel, roi de France de 1322 1328, avaitreu de son pre Philippe IV le comt de la Marche comme une

  • XVI DOCUMENTS RELATIFS AL" COMTE DE LA MARCHE

    partie de son apanage, presque au lendemain de la mort de lacomtesse Yoland, sur des deux derniers comtes, Gui (mort le24 novembre 1308) et Hugues Xlll de Lusignan (mort en 1303) :Yoland mourut en effet le 2 septembre 1314, et Charles le Belentra en jouissance du comt de la Marche le 30 novembre sui-vant K En mars 1317, Philippe le Long augmenta Fapanage deson frre et rigea le comt de la Marche en pairie -, rection quidevint caduque par Tavnement du nouveau pair au trne deFrance. Vers la fin de son rgne, Charles le Bel changea lecomt de la Marche pour le comt de Clermont-en-Beauvaisis avecLouis I seigneur de Bourbon : cet change devait avoir son effet partir du 25 dcembre 1327 '^, bien que Louis de Bourbon nesemble avoir t mis en possession relle que quelques mois -plustard '*. Cr duc et pair de Bourbonnais, Louis obtint de Phi-lippe VI la faveur de conserver la fois le comt de Clermont-en-Beauvaisis et le comt de la Marche. Il mourut le 22 janvier1342. laissant entre autres enfants deux fils, Pierre et Jaques.Pierre, Tan, tu la bataille de Poitiers (septembre 1336), futjusqu' sa mort comte de la Marche, comme son pre ^ Jaques,le pun, devint seigneur de Leuze et autres lieux du chef de safemme, Jehanne de Chastillon, et il fut comte de Pontieu par

    1. Comitatus Marchie. Receptores ibi : a die lune ante Nativitatem Beale MarieMcccxiv'', qua obiit domina Yolandis. coniitissa ibi. usque ad sanctum Andreampost, qua fuit assignalus coniiti Marchie domino Karolo nunc rgi, G. \'eriaudi Jnvent. d'anciens comptes royaux dress par Robert Mignon, p. p. Cli.-V. Lan-glois, Paris, 1899, p. 36 . Au lieu de Veriaudi, le ms. porte Veriardi, que l'diteura corrig en Bernardi : le receveuren question est appel GiiillaumeWeriaut, dansun titre original du 26 novembre 1316 (Arch. Nat., J 374, n 17). Il est bon denoter que la veuve de Hugues XIII de Lusignan, Balrix de Bourgogne, portaittoujours le titre honorifique decomtesse de la Marche : elle ne mourut f[u'au com-mencement de 1329.

    2. Lettres publies par le Pre Anselme, III, 66-7.3. Comitatus Marchie. Receptores ibi : ab Ascensione .mccc''.\xiii'' inclusive

    usque ad Nativitatem Domini Mcr.c.\xvn'', qua habuit istam terram dominus Bor-bonii in excambium ad terram Clarimontis, Aymericus Brugelue. Jbid.

    i. A'idimus dunes lettres de Ph. de Valoys, conte de Valoys et d'Anjou, rgentles royaumes de France et de Navarre, donees Paris le .wiij' de fvrier mil lu'xxvij, contenant que led. Ph. manda au seneschal de la Marche ou son lieute-nant que, comme Charles jadiz roy de France et de Navarre eust transport aud.Loys lad. Marche et les chastellenies dessusd., lui mande sic^ au seneschal de laMarche et autres officiers que on luy en baille la possession Jnvent. des lettresproduites par Mons' le duc de Bourhonnois contre .\Ions^ le comte de la ^Marche[vers 1450], Arch. Nat., P 1363-, cote 1201 i.

    5. Une partie de la dot de sa fille, marie au dauphin depuis Charles V\ futassigne sur les chtellenies d'Ahun et de Guret par acte du 24 juillet 1349 Titresde la maison de Bourbon, n" 2527 : acte perdu, dont on ne connat la teneur quepar l'inventaire de Luilliei .

  • INTRODICTKiN XVII

    lit lil)ralit royale, de \X\\ I.'{li0. Il conclut avec son frre,

    (Chartres, le 21 octobre l.Ti-G, un accord par lequel il rencni^ait

    la succession de ses pre et mre moyennant un apanage de 4.00(1livres de rentes en terres, dont 1 .00(1 devaient tre assises dans

    le comt de la Marche '.Au moment de la mort de sf)n pre, Jaques dtenait etfective-

    ment, titre de provision, les chteavix de Charroux et duDort, estims 1000 livres -. Le 4 janvier l.'i57. il prit avecson neveu Louis un nouvel arrangement aux termes duquel l'en-semble des 4.000 livres devait tre assign sur le comt de laMarche et au besoin sur la seigneurie de Montaigut-en-Com-braille -^ Finalement, pour dsintresser son oncle de son droitdapanage, Louis lui cda en toute proprit, k lui et ses des-cendants, le comt de la Marche et la seigneurie de Montaigul-en-Combraille. et donna commission, le l*"' dcembre i3o7, pourqu'il en tt mis en possession : ses ordres furent excuts, le4 dcembre, par Jehan Griveau, snchal de la Marche, commis-saire ce dlgu *. C'est ainsi que le comt de la Marche passade la branche ane de la maison de Bourbon la branche cadette.Malgr les rclamations postrieures de la branche ane, laquelleentama ds 1390, devant le parlement de Paris, un long procsqui ne fut jamais jug au fond ', la donation de 13")7 reut sonplein ell'et.

    1. Acte uiij;iiial aux Archix es Nat., 1' J37.3', cote 2163: analys par Hiiillaril-BrhoUcs, Titres de l;i mnison de Bourbon, n 2411.

    2. Mcssire Pierre tint tout, sans l'aire partage Jaiiues, except que par pro-% ision Iny bailla Le Durt et Charroz pour M Ih. et Cliaveroche et Franconvillel)our M Ib... >i Mejnoria super comilalu Marchie, Arcli. Nal.. P 1363-, cote 1200,p. 2 . La femme de .laques de Bourbon se ti'ouvait au iJorat le 17 aot 1356, jouri)i\ le Prince Noir donna l'assaut l'glise au cours de la clbre chevauche quiprcda la bataille de Poitiers ^'oir mon article intitul : le l'rinre Xoir dans luMarche, publi dans l'cho de la Creuse du 29 dcembre 1900 .

    3. i< Fut fait un tracti et appointenient entre Icd. Mons"^ Loys le duc second etled. Mons' Jacques son oncle, par lefjuel led. Muns' Loys promist sond. onclebailler, delivi-er, asseoir nu faire asseoir quatre mil livres de rante en la cont dola Marche... et si lad. cont ne souffisoit. lad. assiette se parferoit du chastcl etcliastelleiiie de Montagu..., le m.)' jour de janvier mil n.ri.\.i... " Brief adverlisse-meni:. .. Areli. Xat., P 1363-, cote 1200, p. s .

    1. Le procs-verbal d'excution a t pidili. dune manire trs fautive, par Joul-lietton. flisl. de la Marche, t. II, p. 283 et s., sans indication de source ; il contientle texte de la commission. Le nom du snchal de la Marche a t travesti par.loidlietton en Grinieaii. Doux coi>ics de ce procs-verbal se trouvent aux Archives(le la Creuse, E 638 : elles manent d'im certain Ranon, d'Alum, qui excuta l'uned'elles, d'ajjrs l'original, ce qu'il semble, en 1703. L'ne coi)ie de la commission,signe par C^liencteau, greflicr du parlement de Paris en 1 i53. existe aux .\icliivesNationales. P 1363-, cote 1200 [Titres de la maison de Bourbon, n' 2755^.

    .). " Pardevant vous nosseigneurs tenans le parlement du rn\ nostre sire l)

  • XVIII DOCOIENTS RELATIFS AU COMTE DE LA MARCHE

    Le jeune duc Louis ne semble avoir fait aucune rserve enalinant son oncle le comt de la Marche : ce fief se trouvadmembr de la duch-pairie de Bourbonnais, ainsi que sonannexe la seigneurie de Montaigut-en-Combraille, et Jaques deBourbon fit directement hommage au roi pour le comt et la sei-gneurie '. Le bnfice de la pairie dont le comt de la Marcheavait joui au temps o il appartenait Charles de France et dontil avait de nouveau joui par indivis avec le duch- de Bourbonnaissous les ducs Louis I et Pierre L lui fut-il retir lorsqu'il repritson existence spare? Il semble que non ^. et je crois que nouspouvons accepter les dires d'un mmoire rdii^ la fin duXV sicle sur la situation respective du duc Louis II et de sononcle Jaques '.

    Jaques I de Bourbon, comte de la Marche, et son fils an.Pierre, moururent peu de jours de distance, des suites des bles-sures reues la bataille de Briguais (6 avril 1362). Le titre et lapossession eifective du comt passrent Jehan, fils cadet deJaques, qui fut contraint par le trait de Brtigny (8 mai 1360) en faire hommage au Prince Noir, duc de Guvenne ''. Avantadhr au fameux appel des barons de Guyenne \ le comte Jehan

    Paris dit et propose trs haut et puissant prince Mons"^ Loys duc de Bourbonnois rencontre de haut et puissant seigneur mons' Jehan de Bourbon conte de ^'en-dosnie et de Castres ce qui s'ensuj't... .4iJ dos] Tradita curie per Johannem Xoeldie XIX augusti nonagesimo... Arch. Nat., P 1363-, cote 1200, p. 9).

    1. Ledit messire Jaques en entra en foy et hommage du roy, et per hoc ^fuit]dominus (ilemoria dj cite, Arch. Xat., P 1363-, cote 1200, p. 2).

    2. Il est formellemen' stipul, dans les lettres d'rection du Bourbonnais enduch-pairie (dcembre 1327;, que si le comt de la Marche vient tre dmembrdu Bourbonnais, il reviendra ad statum pristinum in quo erat ante confectionenipresentium litterarum >. Mais d'autre part, le comt de la Marche avait t cdpar change Louis de Bourbon en l'tat o Charles de France l'avait tenu avantson avnement au trne de Fi-ance, et l'on sait que Charles l'avait tenu en pairiedepuis mars 1317.

    3. Pour ce que lad. cont de la Marche estoit tenu en jiarrie du roy et que plu-sieurs des officiers dud. nions' le duc Loys en sond. duch de Bourbonnois vou-loient tirer et faire convenir plusieurs des subgetz dud cont pardavant eulx, envoulant a\ oir leur ressort, dont led. mons"' Jacques conte de la Marche en demandareparacion aud. mons"' Loys, pour quoy led. mons"^ le duc par diverses fois etdiverses lettres pattentes, en aprovant ledit baill et dlivrance dud. cont, faicleaud. mons'' Jacques son oncle, acertan dud. bail! et de la noblesse de parrie delad. cont, revoca et mist au nant tous mandemens donns par sesd. officiers encassant et adnullans tous exploix faiz l'occasion d'iceulx. com de ce peult aparoir))ar les lettres sur ce faictes et passes Adverlisseinent du proiics.... Arch.Nat., P 1303^ cote 1200. p. 7).

    4. Voir mon article intitul : Le comt de la Marche et le trait de Brtigny.article paru en 1901 dans la Reloue historique, t. LXXVI, p. 79-97.

    5. Son adhsion ne fut pas aussi tai-dive que je l'ai dit dans l'article cit la noteprcdente, car dans le " Compte de Jehan le Mercier, du l" avril 136S (a. st au

    I

  • INTROlJlCTlON XIX

    lit un nouvel lioinniui^e au roi de France (Charles V. Mais alors le(lue (le Ijourbonnais lit entendre des protestations, et il obtint dela chancellerie royale des lettres patentes qui en reconnurent le

    bien fond et qui lui attriburent l'avenir rhommaye du comtde la Marche. Voici en quels ternies Charles V notifia ces lettresau comte Jehan, le 28 dcembre 1371 :

    c;ii;irles p:ir la gract' Diou roy de France, nostre trs cher et bien amcousin le comte de la Marche, salut. Savoir faisons que nous avoms delievr

    l)ar nostz aultres lestres et par les causes contenues en icelles, descjuellesil vous aperra, nostre trs cher et bien aime frre le duc de Bourbonnoisle fi ' de la comt de la Marche et des autres terres qui vous doivent apar-tenir cause de l'appannaige de l'ostel de Bourbonnois, desquelles il nousestsufisammentaparu qu'elles doivent estre tenues de luy et ces'.s/c) succes-seurs et hritiers ducz de Bourbonnois, parmi ce que nostre dit frre le ducde Bourbonnois et ces successeu[rls et hritiers les tiendront de noulx ; cyvous mandons que ledit hommaige vous faisis nostredit frre doresna-vant et [] ces susseceurs et hritiers, et icelluy voulions estre faist parvous et par vostz suscesseurs nostredit frre et ses sucesseurs, et vous

    (juittons par ces prsentes de l'ommaige que vous nous en avs faistnag'uerres. Donn nostre hostel de Saint Pol Pains le xxvtii* jour dedecenbre lam de grasse mil jij" - i.x et xi, et de nostre rgne le vm*.Siffnaliim : Par le Boy, Vous prsent. J. de Vebnon.

    Collacio presentis copie facta est... xw!!.!"'" novem-bris M iii.j'"Liij. Cheneteat;.

    (Arch. Nat., P 13632, cote 1200. Analys par Huillard-Brholles.Titres de In maison de Boiirl>on, n" 320"), et dat par erreur du23 dcembre 1371.

    Le comte Jehan obit-il et lit-il hommage k son cousin le ducde Bourbonnais? Je l'ignore, et je ne connais aucun acte post-rieur tablissant que le comt de la Marche soit elFectivemenltomb du rang de ief k celui darrire-lef de la covu'onne deFrance '.

    l"' mars 1369 >i on lit la mention suivante : ' De Michel de Caours, pour donner Mous"" le comte de la Marche, pom- ayder garder ses forteresses qu'il a en laduch de Guyenne... (le chilli-e manque). (Bibl. Nal.. fran

  • XX DOCUMENTS RELATIFS AL COMTE DE LA MARCHE

    Jehan de Bourbon fut comte de la Marche jusqu' sa mort,survenue le 11 juin 1393, c'est--dire pendant jdus de trente ans.C'est alors que se produisirent quatre vnements qui moditirentnotablement les conditions d'existence du comt et crrentl'tat de choses compliqu qui subsista pendant toute la priode laquelle se rapportent les documents publis plus loin : 1 laconqute du chteau et de la chtellenie de Rochetort, en BasLimousin ; 2" l'apanage de Jaques, frre pun du comte Jehan

    ;

    3 l'acquisition des chteaux et chtellenies de Bellac, Ranon etChampag-nac ; 4" la constitution de dot d'Anne, fille du comteJehan.

    Nous allons tudier chacun de ces vnements et ses cons-quences.

    1 Conqute de Rochefort. Nous ne connaissons pas la dateprcise ni les circonstances exactes dans lesquelles le chteau deRochefort, situ sur un affluent de droite de la Dig-e, dans laparoisse de Sornac (Corrzej, tomba au pouvoir de Jehan deBourbon ; mais d'aprs les dires conti'adictoires des avocats, lorsd un procs qui se droula plus tard au parlement de Poitiers, etd aprs d'autres documents d ordre judiciaire ', nous pouvonsnous les reprsenter approximativement. Le chteau et la chtel-lenie assez exigu dont il tait le chef-lieu appartenaient Archam-baudde Comborn, qui resta fidle au Prince Noir aprs la rupturedu trait de Brtigny et en confia la garde un clbre capitainede routiers, Chopin de Badefol, suppl plus tard par un certainHliot. C'est cet Hliot qui fut contraint par la force de remettre

    Rochefort aux mains du comte de la Marche, lequel se prsentait aunom et comme lieutenant du roi ^. Le comte ne dut pas garder long-

    1. Inscrit au rle, Poitiers, ds le 22 mars 1419 (ci-dessous, p. 64, n97 , le procsavait dj commenc Paris. Les plaidoiries auxquelles nous nous rferons sontpublies ci-dessous, p. 64 (4 et 7 janvier 1423). Unmmoire postrieur non datactpartiellement publi par le regrett G. Clment-Simon, qui a le premier attii' l'at-tention siu' cet pisode, mais sans en connatre tous les alentours, dans La rupture dutrait de Brtigny, p. 50 et 95-99. Il existe aux .\rchives Nationales X'c 166. n" 83un accord du 20 avril 1444, aprs Pque.-^, par lequel Anne Brachet et son mai-iLouis Pierre 'ou Pe.t/re), seigneur de Pierrel'ort Cantal), renoncent au piocs reprispar .Jaques Brachet, cuyer, fils de Jehan Brachet, chevalier, seigneur de Pruce.contre .Tehan, vicomte de Comborn pour les chastel et chastellenie de Rochefortassis au pays de Limosin .

    2. Ce titre de lieutenant du roi , attribu Jehan de Bourbon, mais contestpar la partie adverse, n'est pas historiquement tabli. Ce qui est positif, c'est queCharles \ accorda au comte de la Marche la possession de " tous les cliasteaidx.l'oileresses. etc.. cstans ou duchi de (iuiennede toutes et quelconques personnes

  • INTROnrCTION

    temps le chteau clans ses mains : il en lit don Jehan fie Chteau-morand, puis ce dernier rayant lenonc, aprs une possession plusonreuse ([ue profitable, le chteau passa un certain Tierceletd'Esciielles, qui le vendit ;i Jehan Hrachet. sei

  • VMI DOCUMENTS RELATIFS AU COMTE DE LA MARCHE

    il dcida que Jaques aurait, d'un ct, 1 .000 livres de rente yyoui-

    sa part des terres de Hainaut et de Picardie, de l'autre, la ch-tellenie du Dognon pour tous droits sur le comt de la Marcheet la seigneurie de Montaigut-en-Combraille ' . Jaques fut effecti-vement mis en possession du Dog-non, mais il ne tarda pas lerevendre Audouin Chauveron, personnage bien connu quiexera, entre autres fonctions, celles de prvt de Paris, et quimourut en 1399 au plus tard '. La seigneurie du Dog^non futconstitue en dot Marg-uerile. lille d'Audouin Chauveron. aumoment de son mariage avec Jehan d'Aubusson, tils du seigneurde la Borne '^ et elle resta dans cette branche de la maison d'Au-busson jusqu'au 23 fvrier 153i. date o Charles d'Aubusson,baron de la Borne et du Dognon, fut condamn par arrt duGrand Conseil tre dcapit pour ses dmrites '. Je n'ai trouvaucun document catgorique sur les rapports fodaux du seigneurde Dognon et du comte de la Marche depuis le dmembrementde cette seigneurie : le nouveau seigneur du Dognon devait-ilfaire hommage au comte ou portait-il cet hommage directement auroi de France? Les documents se taisent l-dessus. Le fait qu'on nerencontre aucun appel du juge ou chtelain du Dognon au sn-

    1. n Je tre[u]ve que par ordcnauce du duc Louys. duc de Buurbuu, commearbitre des questions qui estoieut enti'e mess"^' Jehan et Jaques de Bourbon pre-mier conte de la Marche, pour raison de la succession de leurd. pre Jaques, les-(fuels estaient coussins germains dud. duc Louys, lequel arbitra que Jaquez lepuyn haroict, povu' tout droict de succession de pre et le merc, mille livres enPicardie, et pour la part qu'il pretendoit en la Marche, il haroict la chastellenie duDongnon ; et l'ut fait led. accord Paris le .wv jour de mars mil iij'^lxxii.i... Mmoire non sign, criture du xv" sicle, Arch. Nat., P 1.363-, cote 1201, pice '21 .Indication analogue dans VAdverlissenienl cite ci-dessus, lequel ajoute : " lequelmons' Jacques vandit lad. chastellenie du Dongnon messire Audouin Chouve-ron lors prevost de Paris ".

    2. Voyez la note prcdente. L'auteur dune estimable monographie de la sei-gneurie du Dognon (qualifie plus rcemment de comte), M. le baron L. de Cor-bier, ignore comment cette seigneurie est entre dans la maison Chau\eron ; lesdonnes qu'il a recueillies sui- la famille (chauveron et sur le prvt de Paris sontd'ailleurs fort sujettes caution. CJ. Annales du Midi. t. XIX 'anne 1907i. p. 357,cl surtout P. Gurin dans Arch. hisl. du Poitou. XXI, p. 234. et XXVI, p. XXII.La monographie en question est intitule : Le comt du Dognon en la Marche, etc.Guret, 1907. Comme c'est un tii-age part des Mni. de la Soc. des se. nat.elarch. de la Creuse, t. X\', je la citerai d'aprs le tome en question. Audouin Chau-veron tait dj mort A la date du 2 juillet 1399.

    3. Le contrat de mariage serait du 27 octobre 1394, d'aprs M. L. de Ccjrbiei-.p. liL") ; mais la datedoittre fautive, puisc(ue le 2 juillet 1399, Galienne ^'^igier.veu\ed'Audouin, a la garde noble de leur (111e unique Marguerite (P. Gurin, toc. cit.'

    i. Voir la monographie de la Borne pnv Cyprien Prathon et Zenon Toumieux[Mm. de la Soc. des se. nat. et arch. de la Creuse, t. XI, p. 137 et 199) et celle duDognon y>;\v M. L. de Coi'bier. dont il a

  • INTROnUCTION XXIII

    chai de la Marche de 1418 1 i3(i, ni mme dans les annes pos-trieures, semble parler en faveur de l'indpendance complte '.Il faut remarquer cependant que le comte de la Marche et leseigneur du Dognon prsentrent de concert une requte au par-lement de Poitiers en 1420 au sujet d'excs commis au prjudicede certains hommes de cette seigneurie par le capitaine de Ch-lucet -, ce (jui ne se comprend bien ({ue si la seigneurie du Dognontait reste dans la vassalit du comt de la Marche. Un autreindice de la mme situation nous est fourni par un acte indit dulo septembre 1378. pass par le notaire Jehan Laurire. rsidentau Dog-non, et relatif la vente dune dme perue dans le bourget la paroisse de Saint-Martin-de-Chargnac -^ : le notaire agitcomme clerc jvir de la chancellerie de la Marche, et c'est sous lesceau de cette chancellerie, Jehan de Chambereau tant chance-lier, que l'acte est solennellement expdi ''.

    Aupoint de vue financier, malgr les prtentions du Haut Limou-sin, qui se font jour au commencement du rgne de Charles VII ',

    1. Cumnic la tabli M. L. de (Morbier [loc. cit.. p. 560), les seigneurs du Dogiionarrivrent constituer une cour d'appeaux ou snchausse dans leur seigneuriepour soustraire compltement leur fief la juridiction du snchal de la HauteMarche; mais cela ne dura qu'un temps jusqu'en 1679 . Cette cour d'appeaux dontM. L. de Corbier n'a trouv trace qu' partir de 1595, remonte au moins la findu xv, car il n'est pas douteux que la mention suivante, extraite du Registre lesGrands Jours de Montfcrrand, la date du 30 octobre liSl, se rapporte notreDognon : " La cause d'appel entre Leonnet Jourcnet escuicr s' de Hoziers a])pel-lant du cliastcUain du Dougnon ou son lieutenant, d'inie part, et Jehan Cheytieuet Pierre de Montfayon intimez, releve en la coiu't de parlement omisso medio.est renvoye pardevant le seneschal dud. lieu du Dougnon ou son lieutenant sesprochaines assises (Arch. Nat.. X'a '.rji;?, fol. 191 : Mnnlf;njon est un hameau dela commune du Chtenet-en-Dogn(3n. Dailleurs, ds J 169, dans un procs entrele seigneur du Dognon et l'abb de Grandmont, l'avocat du premier affirme qu'auDognon " il y a toute justice, chastel et chastellenie, et y a chastellain et senes-chal, et ressortist cans ^Arch. Nat.. X'a 4811, la date du 6 juin l'i69\

    2. Voir ci-dessous nos Doctinients. n" XXI..;. Aujourd'hui Saint-Martin-Sainte-Catherine Creuse).4. Nos Joannes de Cambarello domicellus custos sigilli auctentici quo excel-

    lentissimus princeps et dominus dominus Joannes de Borbonio cornes Marchia',Vindan. (lire : \'indocinensis' et Castri;e [lire : Castrensis) utitin- communiter indict

  • XM\ UOCIMENTS RELATIFS Al COMTF DE LA MARCHE

    et au point de vue administratif ', la seigneurie du Dognon estresie partie intgrante de la Haute Marche jusqu' la fin de l'an-cien rgime.

    3" Acquisition des chtellenies de Bellac, Ranon et Clianipa-(fnac. Le nom de Bellac est pour ainsi dire insparable decelui du comt de la Marche. La plume du chroniqueur Admarde Chabannes a donn comme une couleur pique au sige quecette forteresse, probablement difie depuis peu. soutint victo-rieusement, la fin du x^ sicle, contre les efforts runis du roide France Robert et du duc de Guyenne Guillaume -. Au com-mencement du xiu'" sicle, lorsque Hugues IX de Lusignan sesentit assez solidement tabli dans le comt pour faire battremonnaie, avec son nom et son titre en lgende, c'est Bellacqu'il installa son atelier montaire '. Pourtant Hugues X etsa femme Isabelle d Angoulme dmembrrent Bellac. en y joi-gnant les deux chtellenies voisines de Ranon et de Chanipa-gnac, pour constituer, avec d'autres terres ti*angres la Marche,un apanage leur quatrime fds Guillaume, dit de \'alence. par

    cctlc mention, la suite de " rai'cepre\ei" de Saint Paul : Les nianeiis et hiihi-l;ins de la terre et chastellenie du Doi/nun imposez touz ensemble. Il' L. l. I.Bibl. Nat., fi-an. 23902. fol. 14 v,. Il n y a rien danaloa:ue dans l'assiette desdeux derniers termes ihid.. fol. 23). Dans l'assiette de l'aide de Selles aot 1 i23)sij;-ne des trois commissaires royaux, l'abb de Saint-Augustin Pierre de Mont-brun), Guillaume Saignet et N. de la Barre fcf. mes Etais provinc. t. 1, p. 221.note J B on lit, d'une premire main : Les hahitans et manans en la terre etchastellenie du Doig[n]on Jwrs la parroisse du Chaslar et de Bugalen sic, pourBugaleu] ont estes sic) tous ensemble imposez et tancez la somme de... Le chitl'reest rest en blanc, et la note suivante a t ajoute en marge : .Ve les avons jiourle prsent impouss ;i riens pour ce que se dient estre du ressort de la .Marcheihid., fol. 331, la suite de l'arceprevcyr de Bennavant ).

    1. En 14.SI. deux habitants du ^ illage de la Vau. paroisse de Saint-.Martin-de-Ghargnac auj. c"^ de S'-Martin-S"-Gatherine, Greuse . se plaignirent aux GrandsJours de Montferrand d'avoir t injustement emprisonns par le seigneur duDognon l'Jaques d'Aubusson et le capitaine du chteau ; ils obtinrent pour sefaire rendre justice un mandement royal du 5 septembre qui dbute ainsi : " Ludo-vicus Dei gracia Francorum vcx. custodi sigillorum per nos in villa nostra Lcmo-vicensi stabilitorum seu cjus lociun tcncnti. salutcm. Pro parte Stephani et Leo-nardi de la \a\\ in parrochia Sancti Martini Gharnac in comitatu Marchie curienoslrorum presentium Magnorum Dierum per nos in villa Montisl'errandi ordina-torum extitit humiliter expositum... Registre des Grands Jours de .Montferrand.Arch. Nat.. X'a 92J3, fol. 233.:

    2. '< Tune \A'illelmus... Rotbertum regem accersivit ad capiendum castrum Bel-lacum quod teuebat Boso. Omnis Franeia bellatrix eoconflixit. sed frustrala post-multos dies eum suo re^^c recessit dition Chavanon. ]). 156). Pour les rserves(jue comporte l'affirmation d'Admar de Ghabannes. voir une longue note critiquede M. Ferdinand Lot, tudes sur le rgne de Hugues Cape/, app. "\'III. |). 351-.360 .

    3. Vn'iv ((' sujet un niiinoire de P. le Gessac, Mm. de la Soc. des se. nat . etarrh. de la Creuse. I. \'. p. 108.

  • INTROmcriON

    leur lestament du -i mai I2i3, doul celte clause fut (idlementexcute K (iuillaume de Valence transmit les trois chtellenies ses descendants. Sous h; rgne de Charles \. Bellac, Ranonet (Hiampagnac appartenaient ;i Marie de Saint-Paul, veuve dAi-mar, (ils pun de Guillauiie tle Valence. La dame de Hellacdevait naturellement tenir le parti du roi d'Ang'leterre aprs larupture, par Charles V, du trait de jrtigny. Louis, duc deBourbonnais, agissant comme lieutenant g-nral du roi de France,lit rentrer les trois seig;neuries dans l'obissance et en obtint ledon de l'autorit royale j)ar lettres patentes dates de Paris,juillet 1372 -. Il en lit hommage Charles V, le l.'J janvier de Lanne suivante, mais il ne tarda pas s'en dfaire en les vendant,au plus tard en 1377, Bureau de la Rivire, lequel les revendit son tour au comte de la Marche Jehan de Bourbon, au plus tarden 1385 '. Le dmembrement opr au xiii*^^ sicle en vertu dutestament de Hug-ues X de Lusignan et de sa femme Isabelled'Ang-oulme, avait pris Hn. Jehan de Bourbon et sa femmeCathei-ine de \'endme faisant leur tour par testament le par-tage de leurs biens entre leurs enfants (15 septembre 1390) attri-burent Ja(jues, leur iils aine, les comts de la Marche et deCastres, toutes leurs terres du Hainaut, la chtellenie de Mon-taigut-en-Combraille, avec la terre de Bellat et appartenancespour la forme et manire que nous l'avons acquise du seij^neur dela Rivire ^ . Mais, quelques jours aprs, la constitution de dotde leur tille Anne se faisait au dtriment du comt de la Marchemomentanment reconstitu, et le nouveau dmembrenieuL dont

    1. \'(ir le k'xtc ilu loslaiiu'nl dans les l.iu/cllcs

  • XXVI DOCUMENTS RELATIFS AU COMTE DE LA MARCHE

    Bellac, Ranon et Champagnac n'taient qu'un des lments,rduisait considrablement la part attribue d'abord au futurcomte de la Marche, Jaques II.

    4" Constitution de dot d'Anne, fille du comte Jehan. Anne,tille du comte Jehan, fut marie en premires noces avec Jehan,comte de Montpensier, fils du clbre duc de Berry. frre deCharles V, Nous avons du contrat de mariage, arrt Bourgesle 26 septembre 1390 et confirm Mehun-sur-Yvre le 12 juinsuivant, une copie authentique date du 13 juillet 1442, conservedans les archives secrtes de la maison de Bavire, Munich '. Parce contrat, le comte de la Marche donne sa fille, outre une doten argent de 10.000 livres, les chastellenies de Bellac, Ranonet Champaignac et leurs appartenances, et les chastellenies duDort, de Calais, de Saint-Germain et de Charrons et leurs appar-tenances, les tenir de ceulx de qui elles doivent tre tenues parraison. Ces sept chtellenies constituaient 1 ensemble du terri-toire que l'on se prit bientt dsigner sous le nom collectif de Basse Marche , nom que l'on ne rencontre pas dans les docu-ments originaux du xiv'' sicle -. Le comte de Montpensier mou-rut en novembre 1397, sans avoir rendu sa femme mre ^. Il futdonc seigneur de la Basse Marche , du chef de sa femme, pen-dant environ sept ans ^ mais, fait curieux et non clairci jus-

    1. Boite IJ. layette 2. n 2188. C'est grce l'obligeante entremise de M. RogerDrnuault. qui nous devons, entre autres excellents travaux historiques, unemonographie du canton de Saint-Sulpice-les-Feuilles Haute-Vienne), et deM. .\irred von Le Suire, de Munich, que j'ai pu obtenir une copie de cet impor-tant document, ainsi que du contrat relatif au second mariage dont il sera ques-tion plus loin.

    2. Le plus ancien exemple que j en connaisse figure dans la procuration donnepar .\nne de Bourbon Perret Guyot pour faire hommage l'abbesse de la Hglede Bellac, Ranon et Champagnac. le i septembre 1 100 ; .\nne s'y intitule coini-fissa Montifiijancerii dnminaque Basspe Murchi Bibl. Nat.. lat. 0197, p. 472. copiefaite par Dom Col .Dans un aveu du 17 aot 1.398, dont le baron d'Huarta publiun court extrait Mm. de la Soc. des antiq de L'Ouest, 2' srie, t. X, p. 481 , il va,parait-il, comt de la Marche au sens de < Basse Marche .

    j. La date de sa mort, inconnue au Pre Anselme, est prcise par ^L RaoulMortier Mm. de la Soc. des antiq. du Centre, t. XXIX, p. 120 .

    1. L'n acte original pass Loudun le 15 octobre 1390, par lequel Aymar Odarl.chevalier, seigneur de Verrires, vend Ytier Bonneau, chevalier, seigneur desBrosses, un htel et diffrents droits dans la paroisse d'Abzat, chtellenic de Saint-("ie^main-sur-^'ienne, dit expressment que les choses vendues " mouvent et sonttenues de noble et puissant seigneur le comte de la Marche et que supplit; led.mcssire Aymar trs noble et excellant seigneur le comte de la Marche qu'il lui|)laise prendre et recevoir led. messire "^'tier la foy et hommage Bibl. Nat..franc. 26323, p. 5:. Il n'est pas surprenant que le vendeur, loign du pays, aitignor la date du 15 octobi-e 1390 l'acte de famille intervenu entre le comte de la

  • INTHOPLCTION XXN It

    ({u'ici ', pendant cette priode nous trouvons un assez grandnombre d'actes o c'est le duc de Berry lui-mme, et non son filsle comte de Montpensier, qui s'intitule seig-neur des sept chtel-

    lenies : il faut videmment admettre, pour expliquer cette ano-malie, l'existence d'une convention particulire ce sujet entrele pre et le fils, convention dont le texte n'a pas t signal jus-

    qu'ici '-'. Toujours est-il que la comtesse de Montpensier devenueveuve est mentionne le 1 7 aot l'JOS comme dame de Belac \et que des lettres patentes du marchal Boucicaut, donnes Montignac (Charente), le 2 4 septembre suivant, chargent depublier dans le pays les trves conclues entre la France et l'An-gleterre Perrot Guyot, gouverneur des terres de Bcllac, Ran-

    on, Champagnac, le Dort, Saint-Germain, Charroux et Calais,appartenantes madame la contesse de Montpensier ' .Le veuvage d'Anne de Bourbon ne dura pas longtemps : rema-

    rie [)ar contrat du 7 octobre 1402 avec Louis, comte palatin duRhin et duc en Bavire, frre de la reine Isabeau. elle apporta laBasse Marche son second mari '. Ds le 21 dcembre 1402, legouverneur Perrot Guyot ayant sollicit et obtenu l'autorisationde se construire vme maison forte au bourg de Champagnac, leslettres patentes sont expdies au nom de Louys comte palatin

    Marche et son gendre \infi:t jours plus tt ot qui ne l'ut confirm qu au moisdavril suivant. D'ailleurs, un acte de Jehan de Bourbon lui-mcme. du 8 fvrieri:VJJ, dont il sera question plus loin (voir p. i..\vii. n. >) montre ((uc ledmembrement n'tait pas encore un fait accompli.

    1. En 1903, M. Raod Mortier a consacr cette ((uestion un mmoire spcial,plein de bonne \olonl. o il no lui laitpas faire un pas [Mni. de l;i Soc. des anti([.itii Centre, t. X.XIX, p. ;t7-13S . Ds le .wii" sicle, Pierre Robert avait signal lefait, en avouant qu'il ne pouvait l'expliquer avec certitude Voir Roy-Pierrctitte.Ilisl. de Bellac, p. 184-185 .

    2. L'affirmation du baron (. d'IIuart Mm. de t;i soc. des unli(i. de l'iluesl.2" srie, I. X. p. 120, n. 1). d'aprs laquelle .lehan Pinault aurait t garde dusceau pour le thic de Herry dans les quatre chtellenies de Charrou.x. Calais.Sainl-Gernuiin cl le Dorat.de l'ifl' 1.'i93. me parai! sujctle caution en ce quiconcerne la date initiale.

    adicte madamoiselle Anne a et apportei-a eu maiiage avec ledit nions' leduc Lo.vs tout ce qui lui fut donn et bailli, tant en meubles comme en heritaiges,par feu mous' le comte le la Marche son i)ere au mariage de feu mons' le comtede Montpensier et d'elle, avec tout le droit ({ui elle peut et pourra appartenir eula succession dudit feu Mons' le conte de la Marche son pre et de ses autresparents Original sous le sceau du ChAlelel. .Vrch. secrtes de la mai-on deBavire, Mnnicli. boite 11. lavette 2. n 218."),.

  • XXVIII DOCUMENTS RELATIFS AU COMTE DE LA MARCHE

    du Rhin, [duc] en Bavire, seigneur de Charroux, Calais^ Saint-Germain, le Dort, Bellac, Ranon et Ghampagnac ' . Annemourut en 1404, en donnant le jour un fils qui fut nomm Louiscomme son pre, et qui hrita naturellement de la Basse Marche,

    Malingre et ditforme, le jeune Louis, dit le Bossu, resta sous latutelle de son pre, dit le Barbu, jusqu' im ge trs avanc.Jusqu' la tin de la priode laquelle se rapportent nos docu-ments, tous les actes mans du seigneur de la Basse Marchesont expdis au nom de Louis le Barbu comme ayant le bail deson tils. Voici, titre d'exemple, 1 intitul d'un acte du 1*^'' sep-tembre 1417 : ' Guy de Besanon lieutenant gnerai de trshaut et puissant prince mons'' Loys, conte palatin du Rin, ducen Bavire et conte de Mortaing, aiant le bail, gouvei^neraentet administracion de Lo5's de Bavire mons'' son tilz, seigneur de

    la Basse Marche et de Belac. Ranon et Ghampagnac ' >>. Gettat de choses ne prit tin lgalement qu'en 1442, date laquelle,aprs de longues ngociations qui se terminrent Genve parl'arbitraire du duc de Savoie, le duc en Bavire cda tous sesdroits (en se rservant le droit de rachat pendant douze ans) aunouveau comte de la Marche. Bernard d'Armagnac, hritier du roi Jaques , moyennant la somme une fois paye de 11.000 flo-rins du Rhin '.Gn comprend facilement quel embarras avait d causer Louis

    le Barbu l'administration de la Basse Marche, surtout dans ladernire priode, o il rsidait continuellement en Allemagne eto le manque d'homognit de cet hritage se compliquait

    1. Bihl. de Poitiers, collectiun Fonteneaii. t. XXIV, p. iO : copie del copieprise par Pierre Robert sur l'original.

    2. Acte de souffrance en faveur de Guillaume de Vouhet Voijec,

    public par-lielleinent par M. H. Drouault dans sa monographie du canton de Saint-Sulpice-Ics-Feuillcs. Bull, de lu Soc. avcli. cl hisL du Limousin, t. LVI 1907,, p. 339.

    3. ('/est M. Alfred Leroux qu'est duc notre premire connaissance de ces faits,tirs du li^re que Cari Ileinrich von Lang a consacr Louis le Barlju Geschichledea Bnirischen Herzogs Ludwig des Bserliijen zu Ingolstudl. Nuremberg-, 1821,]). 49, 73 et 200) et signals en 1886 dans le lecueil intitul : Chartes, chroniques etinnwviiiux. p. 476. C. H. von Lang ue cite pas ses sources. Grce M. Alfred vonLe Suire.j'ai pu obtenir copie d'un mmoire contemporain rdig en allemand ettranscrit dans le recueil dit Neuhuryer Kopiitlhuch, XIII, fol. 216 et s., conservau " Ucichsarcliiv de Munich, o sont indiqus certains points tics ngociationset li-anscrits t|uelques documents, notamment le texte de la sentence arbitrale duduc de Savoie (non date i. Les fonds de pouvoir du comte de la Marche, dsignsdans un acte reu par le notaire Martin Grantprat le 12 janvier 1 140 (l'acte n'estpas transcrit), furent : Jehan Barton, chancelier de la Marche, Jehan de Pozilis '?),archidiacre de Millau, et Guillaume Pidieu, garde de la Marche.

  • IMH'iDfCTION

    chaque instuil de troubles provoqus par la g-ueirc do la Franceet de rAn^leterre et par ses conlrecoups les plus divers. Le comte

    de la Marche. Jacjues II de Bourbon, au nonn de 1 intrt qu'ildevait porter ii son neveu Louis le Bossu, avait r)btenu Ae

    Charles VII, au moins ds Li24 ', le gouvernement du pays, etson gendre Bernard d'Armagnac, en achetant bon compte lesdroits des Bavarois, recueillait les fruits de son habile politique '

    et rendait au titre de comte de la Marche 1 ampleur qu ilavait eue pendant la courte priode qui s'tend de 1 acquisition deBellac, Ranon et Chanipagnac par le comte Jehan la constitu-tion de dot d'Anne de liourbon ( I38o-I390).

    J'ai fait allusion au manque d homognit de la Basse Marche.Non seulement les trois chtellenies de Bellac, Ranon et Cham-pagnac se distinguaient des quatre autres en ce qu'elles suivaient

    le droit crit et non le droit coutumier. ce qui explique qu'elles

    aient t soumises en ai)pel et pour les cas royaux la juridictiondu snchal de Limousin |)lutot qu' celle du snchal de Poitou,mais deux d'entre elles, Bellac et Champagnac, taient tenuesen fief de l'abbesse de la Rgle ( Limoges), fait inexpliqu maishistoriquement attest ds la tin du xiii'^^ sicle et auquel se sou-mirent les comtes de la Marche, Jehan de Bourbon, en 1380, etJaques d'Armagnac, en 1450, aussi bien que le fils du premierpossesseur, Aimar de Valence, vers 1299. A cette dernire date,le seigneur de Bellac et l'abbesse sont d'accord pour reconnatre

    que cette chtellenie reste sous le ressort, obissance et suj-tion des contes de la Marche '^ . Voil qui indique clairement

    1. Voir notre document CXII, 1"' juillet li2l. Dans un acte solennel par lequelJaques de Bourb(jn institue comme son lieutenant gnral son gendi-e Bernarild'Armagnac (Castres, 17 juillet 1432), il n'agit pas seulement comme comte de laMarche, etc., mais comme ayant pour nions' le roy le gouvernement de la BasseMarche '.Vrch. Nat., P l.'Ui.-, cote 1209: vidimus du IS janvier 1 l.'^3, analys clansTitres de lu Diaison de Bourhon, n" 5MS).

    2. Il semble ([ue Bernard d'Armagnac ail mis la main sur la Basse Marche sansattendi-e l'issue des ngociations engages avec la maison de Bavire : ds le moisde septembre l i.'is, il ap[)arat comme seigneur elTeclit de la Basse Marche auxEtats du Limousin, tenus Limoges, qui ddommagent son snchal, son gardeet son trsorier de la Marche de leurs frais et dmarches t< pour l're eschever lepassement et logeys dudit Ilault pays de Lymosin. o nions'" le conte de la Marcheleur maistre a grant part de terre et seigneurie . Voir mes Kt.ifs pi-ovinc. t. II.p. 105, art. 22.)

    3. Voir Pierre Robert dans Boy-Pieri-efitte, Hixl. de Bellac, p. 15,') : " De i|uiOnt relev les chatellenies de Bellac, Kancon et Champagnac. La source de l'af-firmation de Hobert en ce qui concerne .\iniar de Valence est un inieudii rdigpar le iei^neur d( Bellac et l'abbesse tle la Rgle au coui's iLun jirocc's (pi'ils sou-

  • XXX DOCUMENTS RELATIFS AU COMTE DE LA MARCHE

    que Bellac et Ghampagnac taient considrs comme un arrire-fief du comt de la Marche, ce qui dut tre assez embarrassantquand les comtes de la Marche eurent recouvr les trois chtel-lenies. Si, comme possesseurs directs de Bellac et de Champa-gnac, ils taient tenus d'en faire hommage Tabbesse de la Rgle,comme comtes de la Marche, ils pouvaient rclamer leur tourrhommage de l'abbesse... Le systme fodal a de ces complica-tions. Mais il me semble bien probable qu'on perdit de vue lasituation primitive et que l'abbesse de la Rgle releva directe-ment du roi.

    Les quatre autres chtellenies, Charroux, Calais. Saint-Ger-main-sur-Vienne et le Dort (sauf l'assignation provisoire deCharroux et du Dort Jaques 1, dont il a t question plushaut), avaient de tout temps fait partie intgrante du comt dela Marche jusqu'au moment (1390) o elles furent jointes Bel-lac, Ranon et Champagnac pour doter Anne de Bourbon, adjonc-tion qui tripla approximativement l'tendue territoriale de la dot.L'expression de Basse Marche w, au moment mme o ellenaquit, devint amphibologique : pour les uns, c'tait l'ensembledes sept chtellenies

    ;pour les autres, Bellac, Ranon et Cham-

    pagnac continuaient former un tout distinct, adjoint mais nonfondu, et demeuraient en dehors de l'expression '. Les avocatsavaient beau jeu soutenir le pour et le contre, comme on peutle voir dans les plaidoiries du 20 juin 1424 que nous avons publiesintgralement ~. Au point de vue fodal, Charroux, Calais, Saint-Germain-sur-Vienne et le Dort taient galement indpendantset de Bellac, Ranon et Champagnac et du reste du comt de laMarche. Ces quatre chtellenies taient places dans le ressort deMontmorillon, partie intgrante du comt de Poitou, comme for-

    tinrenl conjointement contre le chapitre du Dort. On trouve dans ses papiersoriginaux (Bibl. Nal., nouv. acq. franc. 6782, fol. 206 et s.) la copie de cetintendil, ainsi que de celui de la partie adverse. J'j' lis les trois items suivants :

    Uein, quod dictam castellaniam de Bellac cum castro ipso advohat se tenereidem Ademarus ab abbatissa predicta.

    Item, quod res pradictte fuerunt ab antiquo et adhuc sunt, nec non castrum etcastellania prdicta, in ressortum {sic), obedientiam et subjectionem comitumMarchife.

    Item, quod ipsa abbatissa est in saisina justitiandi dictum castrum et castella-niam de Bellac per ressortum ad detendendum dominum dicti castri.

    1. Cf. la formule cite plus haut d'un acte de 1417 : seigneur de la Basse Marcheet de Belac, Ranon et Champagnac.

    2. N" CXI de nos Documents, ci-dessous, p. 90 et s.

  • INTRODi:CTION

    inanl une sorte do comt ' , hion qu il n"v ait jamais eu ofciel-lement de comt de la Basse Marche . Les sept chtelleniestaient " clipses , et l'expression olicielle de comt de laMarche ne correspondait en ralit, depuis 1390 et pendanttoute la priode laquelle se rapportent nos documents, qu' cequ'on a appel plus tard la Haute Marche .

    Morcele au point de vue fodal et au point de vue judiciaire,la Basse Marche 1 est galement au point de vue financier vis--vis de l'administration royale. Bellac, Ranon et Champagnaccontribuent aux aides avec le Haut Limousin; Charroux, Calaiset Saint-Germain, avec le Poitou. Il ne semble pas y avoir eude flottement sur ces deux points, mais la situation de la chtel-leriie du Dort a t quelque temps ambigu entre les deuxgrandes divisions financires : taxe avec le Poitou au commen-

    cment du rgne de Charles VII, elle fut revendique victorieu-sement par le Haut Limousin \ Le principe qui avait fait crerles lus par diocse, en I35(>, 1 emporta sur les relations fodales,

    parce que la chtellenie du Dort tait comprise en entier, saufune enclave insignifiante '. dans le diocse de Limoges.

    Il n'en tait pas de mme l'origine, spcialement sous lergne de Charles le Bel pendant lequel le comt de la Marchefut runi au domaine royal, depuis l'avnement de ce princejusqu'au jour (dcembre 1327) o il fut cd par change Louis

    1. S'ensiiyvcnl les choses que le compte ou contesse de la Basse Marchetiennent ou doivent tenir de mons"^ le compte de Poictou cause de son chastel ouchastellenic de Montmoiillon certain devoir :Premirement, le chastel et chastellcnie du Dort :Item, le chastel et chastellenic de Charroux :Item, la justice et jurisdicion de ('alays, a\ccques autres choses et chjnacions

    qui sont tenues dud. compte ou comptcssc, comme les chasteaux et chastelleniesqui s'ensuivent, c'est assavoir : la ville et chastellenic de Meiijrnac : item la villeet chastellenic de (Charroux [sic) ; item, la ville et chastellenic de S' Germain :item, la ville et chastellcnie de Mortemar; item, la ville et chastellenic de Hrillac :item, la ville et chastellcnie de Lussac-le-chastel, avecques plusieurs autres don-nacions estans en sond. feag-e. >(Arch. dp. de la V'icnne, C 390, loi. 20; criture du milieu du xv- sicle, (jui

    doit reproduire une note remontant au temps d'Anne de Bourbon.)2. Cela n'empcchc pas. bien entendu, des scribes mal informs et sans autorit

    de se servir de formules non officielles; c'est ainsi qu'on lit. parail-il, dans undnombrement donn Anne de Bourbon, le 17 aot 139S. par.\ymcri Brulon, qiu^son lu'rbcrfcment de la Bridonnicre est tenu de mademoiselle la contessede Montpensier et dame de Belac, A cause de sa cont de la Marche > i BaronG. d'IIuarl, I'erfi,tc\ dans les Mm. de la Soc. dot anliq. de l'Ouest. 2 srie, t. X.p. 481).

    3. "Voir mes luls proi-., t. 1. p. 1"8 et 240, n. 2 A.4. Hains (Vienne).

  • XXXII DOCUMENTS RELATIFS AU COMTE DE LA MARCHE

    de Bourbon. Le rouleau du commissaire royal Raimbaud deRechig'iievoisin, charg d'asseoir diffrents impts (subsidespour les guerres de Gascog-ne et de Flandre, etc.) sur le Poitou,

    le Limousin et la Marche pendant les annes 1324-1325, nousmontre que la circonscription financire tait identique lacirconscription administrative dite snchausse de la Marche ,c'est--dire qu'elle comprenait en mme temps que la HauteMarche, les quatre chtellenies de Calais, Charroux, le Dortet Saint-Germain. Mais dj le dmembrement opr en vertudu testament de Hugues de Lusignan avait port ses fruits, etles trois chtellenies de Bellac, Ranon et Champagnac, apa-nage de la maison de Valence, taient considres comme endehors de la snchausse de la Marche et fondues, au point devue financier, avec la snchausse du Limousin '. Il devait entre encore de mme le 5 mai 1344, date laquelle Philippe VIchargea deux commissaires spciaux de lever et cueillir l'im-position de 4 deniers pour livre que le comte de la Marche avait gracieusement et volontiers octroie ... estre cueillie et leveen sa comt de la Marche condition que le roi lui abandonne-rait la moiti de la recette -. De 1344 1418, nous ne savonspresque rien des rapports financiers de la Marche avec le pouvoirroyal 3. Mais partir de 1418 au plus tard, quand on rencontredans les documents financiers le

  • INTROnfCTinN VWIII

    commencemoiit du wii'' sicle '. I/union de Montaigut-('n-(>r)m-braille au comt de la Marche remonte, comme je l'ai dit. 1357. et dans ce cas le lien fodal a entran le lien financier ' ;mais au point de vue judiciaire et administratif, Montaigutconserve son indpendance. Le comte de la Marche v entretientun chtelain, un g-arde du sceau, un capitaine, un bailli : cedernier est un juge d'appeaux dont les sentences relventen dernier ressort du parlement. Donc le snchal, le chancelierni aucun officier de la Marche (sauf, bien entendu, les officiersroyaux des finances) n'ont rien voir dans la chtellenie de Mon-taigut-en-Combraille.

    Le comte Jaques 11 prsida [)lus longtemps encore que sonpre aux destines de la Marche, puisqu'il j)orta le titre de comtedepuis 1393, date de la mort de son pre, jusqu' 143'), date laquelle il entra en religion au monastre de Sainte-Claire deBesanon oii il mourut trois ans aprs (2 i septembre 1438). Avantde quitter le monde pour le clotre et de ceindre la corde de saintFranois, il y avait fait grand bruit celui qui avait combattu ;iNicopolis et qui, Naples, en lilo, tait devenu le roi Jaques

    -,

    ])lus de bruit que de besogne utile, il est vrai, car la passion desaventures lointaines et l'amoui" des grandeurs, moins pour lesobligations qu'elles imposent que pour le faste ({ui les entoureet les plaisirs qu'elles procurent, furent les traits dominants deson caractre et ne lui permirent pas toujours d'obir la voixde la raison et au sentiment du devoir. Le comt de la Marchetait un cadre bien troit et l)ien peu assorti la fortune de roi Jaques : il y rsida rarement, et si son administration

    y a laiss quelques bons souvenirs, notamment l'rection encommune de Guret (21 juillet 1406), le mrite en revient pro-bablement son (Conseil ])lutot qu' son initiative prive.Rduit par la politique familiale de Jehan n'tre plus quela Haute Marche quand Jaques II en prit le titre en 1 393, le comttait renfermdansles mmes limites quand celui-ci y renona, en

    1. Klle (igurc oncui-o clans une a.ssici U'

  • XXXIV DOCIMENTS RELATIFS AL" COMTE DE LA MARCHE

    1435. Toutefois, comme je l'ai indiqu plus haut', la sollicitudeplus ou moins sincre de Jaques II pour les intrts de sonneveu Louis de Bavire l'engagea dans une habile attitude vis--vis de la Basse Marche et permit son gendre et successeur,Bernard d'Armagnac, de raliser rapidement l'uvre que Jaqueslui-mme avait probablement entrevue, le retour du comt sonampleur territoriale primitive.

    II

    LA GOGRAPHIE

    L'tude historique qui prcde appelle un complment indis-pensable, savoir une description gographique du territoireembrass par la Marche, entendue au sens le plus large, sousles princes de la maison de Bourbon et en particulier pendant lapriode laquelle se rapportent les documents publis plus loin(1118-1436). Cette description trouve sa reprsentation figuredans la carte qui accompagne notre travail et dont l'aspect ditleresensiblement de toutes celles qui ont t publies jusqu'ici.Pour se rapprocher le plus possible de la vrit, il faut faire

    table rase de la carte du gouvernement de la Marche quifigure dans les atlas des xv!!"" et xviii'' sicles et que repro-duisent plus ou moins exactement les atlas dits historiques qui ont paru dans le xix*" -'. Le fait dominant, c'est que la Hauteet la Basse Marche sont compltement spares l'une de l'autrepar des territoires t{ui dpendent, au nord, du Poitou; au sud,du Haut Limousin. En outre, la chtellenie du Dognon estcompltement spare par le Poitou de la Haute Marche, dontelle fait partie, et se divise elle-mme en deux tronons ingaux.Enfin, la Haute et la Basse Marche ont quelques-unes de leursdpendances, de trs petite tendue, enclaves dans les terri-toires du Poitou et du Limousin, et la Haute Marche enclaveelle-mme quelques dpendances du Franc-Aleu.

    1. Page XXIX, n. 1.2. Seul M. Longnon. dans ses dernires cartes, s'est rendu compte del discon-

    tinuit territoriale de la Haute et de la Basse Marche et la traduite approximati-vement. La clbre carte de Gassini ne mrite pas toujoui-s la confiance dont on luifait gnralement crdit : elle est plus dune fois errone et assez souvent incom-plte.

  • INTllODlCTKiN XXW"

    Le plus ancien document d'ensemble qui nous soil parvenusur l'tendue' et les subdivisions de la snchausse, c'est--dire du comt de la Mai-che. nous est fourni par un long- rouleaude parchemin transmis ;i la Chambre des Comptes de Parispar Haimbaud de Rechignevoisin, archidiacre d'Avallon enl'glise d'Autun. h la suite de la mission financire dont il fut

    charg en l'2o par le roi Charles le Bel dans les snchaussesde Poitou, Limousin et la Marche '. Pour trouver un documenianalogue, il faut descendre jusqu ii l'anne 1 i77 et faire bloc dedeux assiettes d'impts distinctes, l'une pour la Haute, l'autrepour la Basse Marche : en les rapprochant l'une de l'autre,nous avons la liste complte des chtellenies, subdivises enparoisses ou collectes, qui formaient le comt de la Marche -'.

    Entre 132.'} et 1477 viennent se placer chronologiquementquatre assiettes d'impts rovaux, relatives exclusivement ;i laHaute Marche

    ,qui portent les dates suivantes : I i aot

    1440 ', 18 janvier 1441 \ 27 mars 1443 ', 19 janvier 1 iol '.Enfin, pour le xvi*^ sicle, nous possdons trois autres assiettesde la Haute Marche, deux du 18 dcembre 1360" et unedu 23 septembre 1378'^. De la comparaison de ces docu-ments se dduit un fait essentiel, c'est que l'tendue territoriale

    de la Marche n'a pas vari de 1323 1477, si l'on considre laBasse Marche, de 1323 1378, si l'on considre la HauteMarche. Les subdivisions financires ont eu la mme fixit, saufsur un point : dans la Haute Marche, ds 1440, lusage s'esttabli de distraire des chtellenies de Felletin, Aubusson etAhun une rgion naturelle dite la Montagne >> et de la taxer ;part

    .

    I. IJibl. Nat., ClnirHml)iiuU 22S. p. 106,") et s. Le nirilc de lavoir sifriiaU-revioiil M. le colonel Bmrclli de Serres, dans le t. II de ses Jecherches surdivers seri'ices publics du .\I\" un \\ 11' sicle (Paris, 1901). p. 431, et appendice15, la fin. Hicn que j'aie frquent assidnnienl la Bibliollique Xalionale depuislf

  • XXXVI DOCUMENTS RELATIFS AL' COMTE DE LA MARCHE

    Ces anciennes assiettes d'impts doivent tre ncessairementla base de la description territoriale que nous allons faire. Maisles conditions politiques diffrentes des deux parties du comt quenous avons pralablement exposes ' , rendent absolument nces-saire la division en deux parties distinctes de notre description

    ;

    nous nous occuperons d'abord de la Haute Marche, et en secondlieu de la Basse Marche.

    \ La Hante Marche.

    La Haute Marche est divise, ds l'origine, en sept prvtsou chtellenies qui sont par ordre alphabtique : Ahun, Aubus-son, Crozant, le Dognon, Drouilles, Felletin et Guret. On peutfaire abstraction de la rgion dite de la Montagne, puisqu'elle

    rentre tout entire dans les trois chtellenies d'Ahun, Aubussonet Felletin dont on l'a dtache pour des raisons d'ordre admi-nistratif '. Or l'ensemble de ces chtellenies est identique (saufquelques trs lgres modifications sur deux ou trois points dela priphrie) au territoire qui a constitu jusqu'en 1789 l'lectionde Gviret. Cette constitution qui saute, pour ainsi dire, aux

    yeux, a une consquence trs importante. Les documents finan-ciers du xv!!!*" sicle conservs aux ai'chives de la Creuse et dela Haute-Vienne nous permettent de connatre dans le dernierdtail et, villag-e par village, l'tendue exacte de l'lection de

    Guret, tandis que les assiettes du xiv^ et du xv" sicle nousdonnent l'numration des units tinancires dites collectes, sansnous fournir l'numration des villag-es ou parties de villages,

    qui forment chaque collecte. Les cadres tant les mmes, c'estun emploi lgitime de la mthode d'induction que de transposerdans ces cadres, pour l'poque ancienne, les renseignements que

    nous ne pouvons acqurir que par l'tude du xviiT sicle. Lenombre des collectes a beaucoup vari du xv*" au xYin*" sicle,puisqu'on n'en trouve que 197 la date de 1477 contre