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AVRIL 2006 Avec la méthode Montignac, il ne s’agit pas de manger moins, mais de manger mieux en choisissant les bons aliments. À l’inverse de ce que nous proposent les nutritionnistes traditionnels depuis plus de 50 ans, c’est une méthode parfaitement équilibrée. Elle ne supprime ni les graisses, ni les glucides, ni les protéines. Elle indique simplement les meilleurs choix à faire, dans chaque catégorie d’aliment, compte tenu de leur incidence sur les processus métaboliques. Entretien avec le P r Jean G. Dumesnil Ce qui était fascinant, c’était que l’on arrivait à maigrir sans avoir faim. Dans cette approche, une fois que l’on a fait les bons choix alimentaires, on mange autant qu’on veut et on arrive à maigrir. En suivant cette méthode, on va maigrir et améliorer son profil métabolique. Entretien avec Michel Montignac P. 2 Nous avons découvert en 1992 que les mécanismes endogènes de protection contre le cancer sont fournis par des enzymes codées par des gènes qui n’opèrent pas à leur capacité maximale. Ces gènes peuvent être stimulés. Or les légumes crucifères contiennent un composé appelé sulforaphane qui fait précisément cela : il augmente la capacité de ces enzymes protecteurs. Propos recueillis par Thierry Souccar Édité par la Fondation pour le libre choix www.nutranews.org P. 4 P. 13 P r Paul Talalay : « Le brocoli stimule nos gènes anti-cancer. »

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Page 1: AVRIL Entretien avec P. 13 Michel Entretien avec le P Jean ... · Avec la méthode Montignac, il ne s’agit pas de manger moins, mais de manger mieux en choisissant les bons aliments

AVRIL 2006

Avec la méthode Montignac, il ne s’agit pas de manger moins,mais de manger mieux en choisissant les bons aliments. Àl’inverse de ce que nous proposent les nutritionnistestraditionnels depuis plus de 50 ans, c’est une méthodeparfaitement équilibrée. Elle ne supprime ni les graisses, ni lesglucides, ni les protéines. Elle indique simplement les meilleurschoix à faire, dans chaque catégorie d’aliment, compte tenu deleur incidence sur les processus métaboliques.

Entretien avec lePr Jean G. Dumesnil

Ce qui était fascinant, c’était que l’onarrivait à maigrir sans avoir faim.Dans cette approche, une fois quel’on a fait les bons choix alimentaires,on mange autant qu’on veut et onarrive à maigrir. En suivant cetteméthode, on va maigrir et améliorerson profil métabolique.

Entretien avecMichel

Montignac

P. 2

Nous avons découvert en 1992 que lesmécanismes endogènes de protection contrele cancer sont fournis par des enzymes codéespar des gènes qui n’opèrent pas à leur capacitémaximale. Ces gènes peuvent être stimulés.Or les légumes crucifères contiennent uncomposé appelé sulforaphane qui faitprécisément cela : il augmente la capacité deces enzymes protecteurs. Propos recueillis par Thierry Souccar

Édité par la Fondation pour le libre choix • www.nutranews.org

P. 4

P. 13

Pr Paul Talalay :« Le brocolistimulenos gènesanti-cancer. »

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liées à l’âge ont un lien commun. C’estvrai pour Alzheimer, la dégénéres-cence maculaire, mais aussi labaisse « normale » des facultéscognitives chez les personnesâgées. Ces maladies sont provo-quées par l’agression permanenteque nous subissons du fait de par-ticules réactives liées à l’oxygène,les radicaux libres dont vousvenez de parler. Mais il y a à côtédes radicaux libres d’autres parti-cules réactives que nous appelonsélectrophiles. Toute ma vie, j’aibataillé pour essayer de décrire ces phéno-mènes en termes compréhensibles partous…

Alors allons-y…

Les composés électrophiles sont des produitschimiques qui ont d’origine une charge posi-tive, ou qui l’acquièrent. Ils sont ensuite atti-rés par la charge négative de la moléculed’ADN, qui porte le code génétique. Ils s’yattachent et l’altèrent. Nos cellules sont bom-bardées continuellement à la fois par lesradicaux libres et les électrophiles.Les légumes crucifères sont riches en compo-sés qui « boostent » les enzymes de phase 2.Nous avons eu beaucoup de chance. Nousavons trouvé que le brocoli stimulait cetteréponse de phase 2. En fait, il y avait dans lebrocoli une substance en particulier qui faisaitça, le sulforaphane. Nous avons mis au pointun test qui permet de rechercher dans les ali-ments des agents anticancer en se basant surleur capacité à augmenter la réponse dephase 2. Ce test permet à des dizaines d’équi-

2

Thierry Souccar : Paul Talalay, le grandpublic ne vous connaît pas. Dites-nous rapi-dement en quoi consistent vos recherches.

Paul Talalay : Nous sommes engagés depuis25 ans dans la prévention du cancer. Nousavons découvert en 1992 que les mécanis-mes endogènes de protection contre le can-cer sont fournis par des enzymes codées pardes gènes qui n’opèrent pas à leur capacitémaximale. Ces gènes peuvent être stimulés.Or les légumes crucifères contiennent uncomposé appelé sulforaphane qui fait préci-sément cela : il augmente la capacité de cesenzymes protectrices. Ces enzymes s’appel-lent enzymes de phase 2.

Les Français ont entendu parler des anti-oxydants et de leur rôle dans la préventiondes cancers provoqués par les radicauxlibres, mais ce que vous décrivez là est unautre mécanisme de protection.

Le cancer et les autres maladies chroniques

pes dansle monde d’exami-ner le potentiel préven-tif des oignons ou desmyrtilles…

Récemment, vousavez avancé l’hypo-thèse que les enzy-mes de phase 2 nonseulement éliminentles électrophiles, maisqu’elles neutralisent les radicaux libres.Elles seraient aussi des antioxydants !

Nous possédons des mécanismes de pro-tection sophistiqués qui se chevauchent. Tout d’abord, de petites molécules quijouent le rôle d’antioxydants directs : vita-mine C, vitamine E, caroténoïdes commele lycopène. Nous ne savons pas les syn-thétiser, elles doivent être apportées parl’alimentation. Elles ont une durée de viebrève. Une fois qu’elles ont neutralisé desradicaux libres, elles sont détruites.

SOMMAIREPr Paul Talalay :« Le brocoli stimule nos gènesanticancer. » 2

Entretien avecMichel Montignac 4

Vaincre la fatigue synaptique(suite et fin) 9

Entretien avec lePr Jean G. Dumesnil 13

Nouvelles de la recherche 16

À 81 ans, Paul Talalay (université Johns-Hopkins, Baltimore, Maryland) reste un acteur majeur de la recherche surla chimioprotection du cancer, qui consiste par notre mode de vie et nos habitudes alimentaires à décourager lesmécanismes de la cancérogenèse. Il est célèbre dans le monde entier pour ses travaux sur les crucifères et lesenzymes de phase 2.

Pr Paul Talalay : « Le brocoli stimule nos gènesanticancer. »

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Ensuite un composé appelé glutathion.Enfin, une réponse cellulaire de phase 2dont nous avons parlé. Nous avons montréque ces protéines sont antioxydantes. Àl’inverse des petites molécules dont je par-lais tout à l’heure, ce sont des antioxydantsindirects et leur durée de vie est longue, carils agissent par catalyse. Ils ne s’arrêtentjamais de fonctionner. Ces protéines opè-

rent à un niveau modeste. Maisleur activité peut être augmen-

tée par une grande variété decomposés chimiques qui

sont présents dans denombreuses plantes.

Hormis le cancer,quelles maladiespourraient êtresensibles à laconsommationde crucifères ?

Nous avons aussitravaillé sur la dégé-

nérescence de la rétineliée à l’âge. Il s’agit d’une

maladie par stress oxydant. Larétine est particulièrement vulnérable

parce qu’elle est le siège d’un métabolismeimportant et parce qu’elle est exposée à lalumière. Il existe dans la rétine des mécanis-mes qui permettent d’éliminer les déchets

issus du métabolisme. Nous avons montréavec des cellules humaines que le sulfora-phane protège les cellules du stress oxydant.Nous allons passer à des modèles animaux.

Il faut donc manger du brocoli !

J’ai le sentiment que tout le message« mangez plus de fruits et de légumes pourvous prémunir contre le cancer » va serésumer à l’histoire des crucifères. Quoiqu’il en soit, tous les crucifères n’ont pasles mêmes teneurs en sulforaphane.J’ai envoyé mon équipe acheter du brocoli.Nous en avons ramené 22 échantillons etmesuré les taux de sulforaphane. Ces tauxvariaient selon un facteur de 10 à 20. Il estimpossible de déterminer le taux de sulfora-phane du brocoli rien qu’en l’examinant. J’aidemandé à mon expert en physiologie desplantes, Jed Fahey, de faire pousser des plantsde manière à obtenir un taux de sulforaphanestandard. C’est alors que nous avons remar-qué que les jeunes pousses, lorsqu’elles ont3 jours, ont un taux de sulforaphane 20 à50 fois plus élevé que le brocoli adulte. Nousavons sélectionné les graines les plus intéres-santes – il ne s’agit pas de sélection génétiquebien sûr – et standardisé les protocoles deculture de manière à obtenir un taux fiable desulforaphane. Ces pousses de brocoli fontl’objet d’un brevet de Johns Hopkins et lesAméricains et les Japonais peuvent les trouver

sous le nom de Brocosprouts.

Concrètement, que faut-il privilégier : leslégumes frais ? les surgelés ?

Le sulforaphane n’existe pas en tant que teldans les crucifères. Il y est sous la forme d’unglucosinolate. Une enzyme du légume, lamyrosinase, le transforme en isothiocyanate,la famille dont fait partie le sulforaphane, lors-qu’on coupe les légumes crus ou lorsqu’on lesmâche. Mais l’enzyme est inhibée par la cuis-son, ce qui veut dire que les légumes surgelés,qui ont subi un traitement thermique, ne sontpas de bonnes sources de sulforaphane.

D’où vous vient cette passion pour la pré-vention ?

Les nouveaux traitements ne peuvent sim-plement pas prendre en charge l’épidémiede cancers. La prévention n’est pas unluxe, c’est une obligation. Car le traitementne suffira pas. Il paraît chaque annéeaujourd’hui plusieurs dizaines d’articlesscientifiques sur le sulforaphane. Si jedevais citer ce qui m’a le plus gratifié dansmon existence, je dirais que c’est la décou-verte de ce composé qui reçoit une telleattention de la communauté scientifique. �

Propos recueillis par Thierry Souccar

(http://www.thierrysouccar.com)

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MichelMontignac

Vous fêtez, avec la sortie dans 18 pays devotre nouveau livre La Méthode Montignacillustrée, les 20 ans de votre méthode. En1986, comment votre premier livre a-t-ilété accueilli ?

Michel Montignac : Depuis plus d’undemi-siècle, les nutritionnistes essaient denous faire croire que si les gens sont tropgros, c’est parce qu’ils mangent trop et nefont pas assez d’exercice. C’est pourquoi,lorsque j’ai publié mes deux best-sellers,Comment maigrir en faisant des repas d’af-faires puis Je mange donc je maigris quidémontrent que c’est faux, ils n’ont pas dutout apprécié le succès de mes deux livres.Mais ce sont essentiellement les profession-nels français, nutritionnistes, diététiciens…qui ont critiqué sans relâche ma méthode.Ils ont toujours eu du mal à accepter que lediscours nutritionnel traditionnel puisse êtreremis en question malgré son échec avéré.En novembre 1993, le Quotidien du méde-cin a même publié un dossier de 12 pagessous le titre : « Pour en finir avec la méthodeMontignac ». Ce refus de remise en questionest d’autant plus étonnant que, loin de

régresser, le problème de l’obé-sité s’est considérablementaggravé ces dernières décennies,et particulièrement en France.

Quel est le vrai responsable decette progression de l’obésité ?

Un grand nombre d’étudespubliées au cours de ces 25 der-nières années indiquent que leshormones, beaucoup plus que

les calories, jouent un rôle important dansle phénomène de l’obésité. Mais c’est enréalité l’hyperinsulinisme, une sécrétionexcessive d’insuline, l’hormone clé dumétabolisme, qui en est le vrai responsable.On nous a fait croire que les graissesfont grossir. On sait aujourd’hui quec’est faux. Par exemple, le Maroc,l’Arabie Saoudite, la Russie,l’Afrique du Sud sont des pays où laconsommation de graisses est trèsinférieure aux minima des recom-mandations officielles (30 % desapports énergétiques). Or cespays ont paradoxalement destaux d’obésité très supérieurs àceux que l’on trouve ailleurs.Inversement, dans le régimecrétois, l’apport en graisseatteint 45 %. Et pourtant, lesCrétois sont parmi les gens lesplus minces de la terre. Parailleurs, les études épidé-miologiques montrent queles apports caloriquesmoyens quotidiens dansles pays occidentaux ont

diminué de 35 % depuis 50 ans alors quesur la même période, l’obésité a augmentéde 300 %. Il n’y a donc aucune corrélationentre la corpulence d’une population don-née et le niveau de ses apports énergé-tiques.L’énergie disponible dans l’organisme est, enfait, fonction du processus d’absorption, lui-même dépendant de la nature de l’aliment.Ce qui est important, ce n’est pas le contenuénergétique de l’aliment, mais sa nature.Autrement dit, sa structure physico-chimique,son contenu en fibres, le type de ces fibres,son contenu protéique ; mais il dépend aussidu traitement physique du produit (cru oucuit), de l’intensité de sa cuisson, s’il a été ounon traité industriellement.

Entretien avec

Photo Arnaud Février © Éditions Flammarion

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Comment se produit cette sécrétionexcessive d’insuline ?

Lorsque l’on consomme un glucide, il setransforme en glucose au cours de ladigestion et provoque une montée de laglycémie jusqu’à un pic. Lorsque ce picest atteint, il se produit une sécrétion d’in-suline, une hormone qui est le véritablechef d’orchestre de tout le métabolisme. Etla prise de poids éventuelle dépend de lasécrétion de cette hormone.Ensuite, la courbe de glycémie redescendparce que l’insuline délocalise le glucose et lestocke dans les tissus musculaires et, notam-ment, dans le foie, sous forme de glycogène.Chez une personne en bonne santé, lasécrétion d’insuline nécessaire pour rame-ner la glycémie à son niveau normal estproportionnelle à l’importance de laglycémie. En revanche, chez une per-sonne ayant tendance à grossir, lasécrétion d’insuline est plus impor-tante parce qu’il existe alors une résis-tance à l’insuline et une intolérance auglucose. C’est cet excès d’insuline quiva constituer l’hyperinsulinisme.Tous ceux qui ont un problème de poids, eten particulier les obèses, souffrent d’hyper-insulinisme. Cette insuline résiduelle activeun certain nombre d’enzymes et déclenche leprocessus physiologique dit de la lipogenèse.Au lieu d’être brûlée par le métabolisme, unepartie de l’énergie apportée par le repas estainsi orientée vers le stockage et transforméeen graisses de réserve. C’est donc bien laquantité excédentaire d’insuline (hyperinsuli-nisme) qui génère la prise de poids.

Comment lutter contre l’hyperinsulinisme ?

Pendant des décennies, on a considéré quetous les glucides étaient à peu près similaireset avaient la même incidence sur la glycé-mie. C’est pourquoi, dans les années 1970,lorsque quelqu’un était diabétique, on les luisupprimait tous. Mais on s’est aperçu ensuiteque certains glucides entraînaient de fortesglycémies et d’autres, non. Des études ontprécisément été publiées en 1976 pour mon-trer ces différences.Comparons par exemple deux alimentsqu’un nutritionniste classique considérerait

probablement comme identiques, alorsqu’ils se comportent de façon complète-ment différente sur le plan métabolique.Mettons dans deux assiettes différentes, d’uncôté des pommes de terre et de l’autre une por-tion calorique identique de lentilles. Ce sont làdeux glucides, deux amidons complexes,donc apparemment, deux aliments interchan-geables. En fait, c’est le jour et la nuit.Car c’est la nature de l’amidon qui importe.Celui de la pomme de terre est totalementdifférent de celui des lentilles. Les amidonssont constitués de deux isomères, l’amyloseet l’amylopectine.

Cedernier est très tendre, facilement hydrolysable etdégradable par les enzymes digestives.Quand il arrive dans l’intestin, il est trans-formé, automatiquement et presque totale-ment, en glucose.Contrairement à ce que l’on croit, l’absorp-tion intestinale des glucides, lipides et protéi-nes ne se fait pas sur la totalité de l’intestingrêle. Il se fait pour l’essentiel sur ses pre-miers 70 cm. Si la dégradation des amidonsprend trop de temps, ils vont donc les dépas-ser et ce sera trop tard. Une partie des ami-dons résistants (amylose) se retrouvera doncdans le gros intestin où ils seront dégradés.Dans la pomme de terre, l’essentiel de l’a-midon sera dégradé, car il est constitué à80 % d’amylopectine. Il va donc générerune quantité importante de glucose qui setraduira par une forte élévation de la gly-cémie, laquelle va entraîner une sécrétionimportante d’insuline. Dans les lentilles,au contraire, l’amidon est composé surtout

d’amylose. Comme il est résistant, seule-ment 20 % environ seront dégradés.Nous constatons donc que l’absorptionintestinale des glucides n’est pas du tout lamême d’un glucide à l’autre. Pourtant onnous a toujours laissé entendre que toutesles calories que l’on consommait étaienttotalement absorbées. On voit bien main-tenant que c’est faux.Quand nous mangeons des lentilles, nousabsorbons, à calories égales, quatre fois moinsde glucose (donc de calories) qu’avec despommes de terre. Puisque peu de glucose tra-verse la barrière intestinale, l’élévation de laglycémie n’est que très légère et la réponseinsulinique est faible, voire insignifiante. Dès

lors, il n’y a pas de risque de prise de poids.Avec les pommes de terre, au

contraire, du fait de l’hyperglycémiequ’elles entraînent, la sécrétiond’insuline est forte, ce qui, outre laprise de poids, entraîne aussi unrisque important d’hypoglycémieréactionnelle. Car plus la glycé-mie s’élève, plus elle va ensuite

redescendre au-dessous du seuilminimum. Or une hypoglycémie

réactionnelle se traduit toujours par dessymptômes de fatigue, de mauvaise

humeur, et surtout par une forte sensation defaim. Au terme de la digestion, un niveausatisfaisant de satiété n’étant pas atteint, onaura donc encore envie de manger, ce quiest la porte ouverte au grignotage.

Comment choisir les aliments faiblementglycémiques ?

Afin de prendre en compte cette différencia-tion, les glucides ont été classés en fonction deleur propension à élever la glycémie. En par-tant du glucose pur auquel on a donné l’in-dex 100, les glucides ont été étalonnés et on acréé le tableau des index glycémiques (IG).L’index glycémique (IG) indique donc lacapacité d’un glucide à élever la glycémiedu sang. Il mesure, en fait, le taux d’ab-sorption du glucose d’un glucide après sadigestion. Plus l’IG du glucide consomméest élevé, plus la glycémie sera importante,plus la réponse insulinique sera forte etplus le risque de stockage de l’énergie durepas sera élevé.

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Maltose (bière) . . . . . . . . . . . . . . . . . 110 Riz complet (brun) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 50Glucose, sirop de blé . . . . . . . . . . . . 100 Riz basmati long . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 50Fécule de pomme de terre . . . . . . . . . 95 Patates douces . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 50Amidon de maïs, maltodextrine . . . . 95 Pâtes complètes (blé entier) . . . . . . . . . . . . . 50Pommes de terre au four . . . . . . . . . . 95 Spaghettis al dente . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40Pommes de terre frites . . . . . . . . . . . . 95 Petits pois frais . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40Purée de pomme de terre . . . . . . . . . 90 Céréales complètes sans sucre . . . . . . . . . . 40Chips . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 90 Sarrasin (farine de blé noir intégral) . . . . . . 40Miel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 85 Flocons d’avoine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40Pain blanc (hamburger) . . . . . . . . . . . 85 Haricots rouges . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40Carottes cuites . . . . . . . . . . . . . . . . . . 85 Jus de fruits frais sans sucre . . . . . . . . . . . . . 40Corn flakes, pop-corn . . . . . . . . . . . . 85 Pain noir . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40Riz à cuisson rapide . . . . . . . . . . . . . . 85 Pain de seigle complet . . . . . . . . . . . . . . . . 40Gâteau de riz . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 85 Pain 100 % intégral . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40Riz soufflé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 85 Bananes vertes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40Fèves cuites . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 80 Figues sèches . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40Potiron . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 75 Pâtes intégrales al dente . . . . . . . . . . . . . . . 40Pastèques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 75 Figues, abricots secs . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35Sucre (saccharose) . . . . . . . . . . . . . . . 70 Maïs indien . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35Pain blanc (baguette) . . . . . . . . . . . . . 70 Riz sauvage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35Céréales raffinées sucrées . . . . . . . . . 70 Quinoa . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35Barres chocolatées . . . . . . . . . . . . . . . 70 Carottes crues . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30Pommes de terre bouillies pelées . . . 70 Laitage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30Colas, sodas . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 70 Haricots secs, blancs . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30Biscuits . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 70 Lentilles brunes, jaunes . . . . . . . . . . . . . . . . 30Riz blanc, lait de riz . . . . . . . . . . . . . . 70 Pois chiches . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30Maïs moderne . . . . . . . . . . . . . . . . . . 70 Haricots verts . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30Nouilles, raviolis . . . . . . . . . . . . . . . . 70 Vermicelles de soja . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30Raisin sec . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 65 Marmelade sans sucre . . . . . . . . . . . . . . . . . 22Pain bis . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 65 Lentilles vertes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22Pommes de terre cuites avec la peau . 65 Flageolets . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22Betteraves . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 65 Pois cassés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22Confitures sucrées . . . . . . . . . . . . . . . 65 Chocolat noir (+ de 70 % de cacao) . . . . . 22Semoule raffinée . . . . . . . . . . . . . . . . 60 Amandes, noisettes, noix . . . . . . . . . . . . . . 22Riz long . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 60 Fructose, sirop d’agave . . . . . . . . . . . . . . . . 20Semoule raffinée . . . . . . . . . . . . . . . . 60 Avocat . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20Bananes mûres, melons . . . . . . . . . . . 60 Soja, cacahuètes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15Spaghettis blancs, bien cuits . . . . . . . 55 Abricots frais . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15Biscuits sablés . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55 Légumes verts, tomates, oignons, salades… < 15

Glucides à index glycémique élevé Glucides à index glycémique bas Nous remarquons sur ce tableau que lesproduits à index glycémique élevé,comme les aliments raffinés, le sucre, lafarine blanche, les fécules de pomme deterre, les céréales raffinées, les corn flakes,les aliments synthétisés ou transformés,font de fait partie intégrantes des habitudesalimentaires modernes.Car depuis 50 ans, l’industrialisation del’alimentation a lourdement contribué àélever l’index glycémique. Celui des riztraditionnels est plutôt bas mais celui desriz modernes est très élevé. En créant desriz précuits, on a encore augmenté l’indexglycémique.Lorsque vous achetez un produit cuisiné,comme de la moussaka, avec la signatured’un grand chef, vous pensez certaine-ment que c’est un très bon produit. À l’o-rigine, c’est en effet une recette excel-lente ; l’aubergine qui en constitue la basea un index glycémique bas. Mais, pour enfaire un produit industriel, il a fallu luiajouter du sucre, du sirop de glucose, de lamaltodextrine, des amidons modifiés, desfécules de pomme de terre… et, au boutdu compte, c’est devenu un aliment dontl’index glycémique est très élevé.Par ailleurs, il faut savoir que la classifica-tion des index glycémiques donnée par laplupart des nutritionnistes est erronée. Ilsvous diront que les index glycémiques bascommencent à 55, que les moyens sesituent entre 69 et 54 et les hauts, à partirde 70, ce qui est faux. Car ce classementne correspond à aucune réalité physiolo-gique. Il a seulement été construit avecbeaucoup de complaisance pour l’indus-trie agroalimentaire. Le classement qu’ilconvient d’appliquer, et que je recom-mande, indique que les IG bas sont infé-rieurs ou égaux à 35, les IG moyens sontcompris entre 35 et 50 et les IG élevéssont supérieurs à 50.Mais si on admettait officiellement cetteclassification, pratiquement tous les ali-ments industriels courants, y compris et sur-tout ceux des marques les plus prestigieu-ses, se retrouveraient classés parmi lesindex élevés. Il faut savoir que malheureu-sement, les nutritionnistes sont, pour la plu-part, très étroitement impliqués dans l’in-dustrie alimentaire. Ceci expliquant cela.

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AVRIL 2006

Quels sont les principes sur lesquels s’ap-puie votre méthode ?

La méthode Montignac découle simple-ment du constat que nous venons de faire etque j’ai commencé à élaborer il y a 20 ans.Quand j’ai publié mes premiers livres en1986, leur contenu relevait plus de l’hypo-thèse que de la vérité scientifique. Je pensais,avec les chercheurs qui m’avaient aidé, qu’ilfallait aller dans cette voie parce que les résul-tats obtenus alors étaient tout à fait probants.Depuis, le rôle de l’hyperinsulinisme dansla prise de poids a été largement démon-tré. Des centaines d’études ont étépubliées sur le concept de l’index glycé-mique dans l’amaigrissement, ce que j’a-vais été le premier au monde à proposerbien qu’il exista déjà en diabétologie où ilest toujours resté injustement sous-estimé.L’Organisation mondiale de la santé enrecommande d’ailleurs officiellement l’utili-sation depuis 1997, ce que les autoritésmédicales françaises ont décidé d’ignorer,par égard sans doute pour le lobby de l’in-dustrie agroalimentaire et pour les nutrition-nistes complaisants qui en sont les suppôts.La méthode Montignac qui en résulte est unmode alimentaire non restrictif mais sélectif. Ilne s’agit pas de manger moins, mais de man-ger mieux en choisissant les bons aliments. Àl’inverse de ce que nous proposent les nutri-tionnistes traditionnels depuis plus de 50 ans,c’est une méthode parfaitement équilibrée.Elle ne supprime ni les graisses, ni les gluci-des, ni les protéines. Elle indique simplementles meilleurs choix à faire, dans chaque caté-gorie, compte tenu de leur incidence sur lesprocessus métaboliques.Elle comporte deux phases : l’amaigrissementpuis la stabilisation et la prévention. La pre-mière phase varie en fonction de la surchargepondérale. La perte est généralement rapide etpeut aller jusqu’à 4 à 5 kg par mois, maisexceptionnellement, elle peut être plus lentepour des raisons personnelles. L’expériencemontre que, même s’il est plus long à obtenir,l’amaigrissement est tout aussi efficace.Dans la phase 1, on choisit des glucides àindex glycémique très bas, comme leslégumineuses. Le choix des lipides se faitselon la nature des acides gras. Il fautsavoir que les graisses saturées sont facile-

ment stockables, surtout lorsqu’il y a unpeu d’insuline. Mais, si l’on consomme desgraisses mono-insaturées, comme l’huiled’olive, ou des graisses polyinsaturées, lesfameux oméga-3, il faut que l’organismeles transforme en acides gras saturés avantde pouvoir les stocker. Alors l’organismetravaille davantage et consomme plus d’é-nergie, ce qui limite d’autant le risque deprise de poids. Quant aux protéines, on leschoisit en fonction de leur origine (ani-male, végétale) et de leur neutralité parrapport à la sécrétion d’insuline. On saitdepuis quelques années que certaines pro-téines de lait, par exemple, sont insulino-gènes. C’est notamment le cas de celles dupetit-lait. C’est pourquoi je recommandede ne pas exagérer la consommation deyaourts et de fromages blancs.Dans la seconde phase, les choix sontbeaucoup plus larges. Des glucides à IGélevés pourront être consommés, s’ils sontcompensés par la consommation au mêmerepas de glucides à IG très bas.Encore une fois, avec ma méthode, on neva pas manger moins, on va manger diffé-remment. De nombreux aliments festifssont même autorisés. Le chocolat noir parexemple, ou encore le foie gras. L’indexglycémique de ce dernier est bas ; ses grais-ses, des acides oléiques, sont de mêmestructure que celles de l’huile d’olive.Avec la méthode Montignac, la perte de poidsest facile à atteindre et à pérenniser. Ce n’estpas un régime, c’est une philosophie nutri-tionnelle, un véritable style de vie dont l’ob-jectif principal est d’ailleurs la bonne santé.

Pensez-vous que certains supplémentsnutritionnels puissent être utiles ?

Il est bien évident que rien ne peut rempla-cer la modification des habitudes alimen-taires comme nous venons de le voir et quireste indispensable. Une supplémentationtrès ciblée peut cependant aider à unemeilleure et rapide obtention des résultats.

Favoriser le contrôle de la glycémieCertains suppléments nutritionnels peu-vent favoriser le contrôle de la glycémie.C’est ainsi le cas de la phaséolamine,extraite du haricot blanc ou Phaseolus vul-

garis, qui neutralise l’enzyme digestive,alpha-amylase, avant qu’elle ne conver-tisse l’amidon en glucose puis en graisse.Des travaux scientifiques ont montré que,chez l’homme, elle diminue la glycémie etles niveaux d’insuline postprandiaux.Le chrome, un minéral essentiel, améliorela tolérance au glucose, l’insulinorésis-tance et diminue les niveaux élevés de gly-cémie. Il faut préciser que, dans les ali-ments transformés, le chrome a souventété éliminé et que les personnes quiconsomment des sucres et des hydrates decarbone raffinés n’en reçoivent pas suffi-samment par leur seule alimentation.

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cules de sucre. Ces protéines glyquées sesoudent ensuite ensemble dans un processusconnu sous le nom de liaisons croisées. Labenfotiamine (un dérivé de la thiamine), lacarnosine et l’aminoguanidine s’opposentaux effets dévastateurs de la glycation.

Booster la perte de poidsL’extrait de thé vert stimule la thermogenèsequi, en augmentant la dépense énergétique,participe à la réduction pondérale. Des étu-des indiquent également que les catéchinesqu’il contient et qui sont de puissants anti-oxydants réduisent efficacement l’augmen-tation de la glycémie et de l’insuline.La forskoline est extraite d’une plante,Coleus forskholii. Elle a fait l’objet de nom-breux travaux qui ont montré qu’elle agit enactivant l’enzyme adénylate cyclase avecpour résultat une augmentation de l’adéno-sine monophosphate cyclique cellulaire(cAMP). Des chercheurs ont observé que denombreuses personnes obèses ont une pro-duction de cAMP en dessous de la normale.Une étude semble indiquer que la forskolinepourrait constituer un adjuvant utile et fiableen cas de résistance à la perte de poids.L’acide linoléique conjugué (CLA), quant à

Le Gymnema sylvestre est une herbe utili-sée par la médecine ayurvédique pourcontrôler la glycémie et réprimer lesenvies irrépressibles de sucre. Il favorise latransformation du sucre sanguin en glyco-gène stocké dans le foie et les muscles,réduisant ainsi la transformation en grais-ses des réserves excédentaires.L’acide corosolique, extrait des feuilles del’arbre Lagestroemia speciosa, est utilisépar la médecine traditionnelle en Asiepour favoriser la perte de poids et dans letraitement du diabète. Plusieurs études cli-niques ont montré qu’il diminue la glycé-mie de façon dose dépendante et que soneffet persiste quelques jours après l’arrêtdu traitement.

Contrer les effets néfastes de niveaux desucre sanguin élevésL’excès de poids, l’obésité comme le diabètesont le plus souvent corrélés à une glycémieélevée. Des niveaux élevés de sucre sanguincontribuent au phénomène de glycation,reconnu comme l’un des principaux facteursde développement de maladies qui accom-pagnent le vieillissement. Au cours de cetteréaction, des protéines se lient à des molé-

lui, intervient sur le stockage des graisses.C’est un acide gras que l’on trouve naturel-lement dans la viande et les produits laitiers.Il stimule l’activité de l’enzyme permettantl’utilisation des graisses par les cellules mus-culaires et inhibe celle des enzymes favori-sant le dépôt des graisses. Une supplémen-tation en CLA a pour résultat une diminutionde poids et peut contribuer à diminuer lerisque de stockage des graisses et à aug-menter la masse musculaire.Le chitosan est un dérivé de la chitine quel’on trouve dans la carapace des crustacés.Cette fibre forme un complexe avec lesgraisses alimentaires, en diminuant ainsil’absorption et les élimine par voie fécale.

Agir sur les facteurs de risque cardio-vasculaireLe surpoids et l’obésité s’accompagnent sou-vent de niveaux élevés de cholestérol. Lepolycosanol, extrait de la canne à sucre, afait l’objet à Cuba de nombreuses étudespendant plus de dix ans du fait de sa capa-cité à faire baisser le cholestérol. Des travauxont même montré qu’il pouvait, dans cedomaine, avoir une efficacité supérieure ouégale à celle de certaines statines. �

Pour en savoir plus sur la méthode Montignac : www.montignac.com

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Vaincrela fatigue

synaptiqueBruno Lacroix

3. Importance des membranes (oméga-3)

Suite du numéro de mars

Augmenter et potentialiser les catécholamines

Un des effets majeurs d’une déficience enoméga-3 est la diminution de la neuro-transmission des neuromédiateurs et, plusspécialement, de la dopamine sur le lobepréfrontal. L’utilisation d’huiles riches en

DHA a pour conséquence l’augmentationde la sensibilité des récepteurs post-synaptiques des neurotransmetteurs, doncune meilleure signalisation des neuromé-diateurs 1. L’alimentation actuelle, trop

riche en oméga-6, altère le bon fonction-nement des neurones et il est donc envisa-geable pour tous ceux qui désirent luttercontre la fatigue et le stress d’utiliser quo-tidiennement des oméga-3.

4. Éviter l’épuisement catécholaminergique (gestion du stress et adaptogènes)

L’activation chronique de l’axe HPA réduitla capacité du cortisol à inhiber la libérationdu CRF (Corticotrophin Releasing Factor) etde l’ACTH, et mène à la dépression. Sesmarqueurs spécifiques sont l’augmentationdu CRF, l’excès de cortisol et la diminutionde la sensibilité de ses récepteurs. La stimu-lation constante de cet axe du stress épuiseles stocks présynaptiques de noradrénaline.L’excès de cortisol a aussi un effet néfastesur la synthèse des catécholamines. L’effetthérapeutique majeur des antidépresseurs,outre la normalisation de l’hyperactivité del’axe du stress, est de restaurer la neuro-transmission 2. Les auteurs concluent que la

prévention de l’activité excessive de l’axeHPA est un outil clef pour la prévention et letraitement de la déplétion des catécholami-nes et de la sérotonine 3. La Rhodiola rosea,l’un des plus puissants adaptogènes, montreune pléthore d’effets significatifs : améliora-tion de la mémoire, des performances phy-siques et mentales, effet antifatigue, anti-stress et antidépresseur, diminution del’épuisement et accélération de la récupéra-tion après l’effort physique principalementpar son double effet : augmentation descatécholamines dopamine et noradrénalineet sérotonine avec baisse simultanée du cor-tisol plasmatique. L’extrait de Ginkgo

biloba, un arbre chinois qui a survécu à labombe d’Hiroshima grâce à ses pouvoirsantioxydants, a des vertus dans la préven-tion des dépressions. Il produit une inhibi-tion réversible des monoamines (MAO-A etMAO-B) du cerveau, augmentant ainsi lesneuromédiateurs, principalement la séroto-nine. L’inhibition de la MAO par le Ginkgobiloba produit des effets antistress, anxioly-tiques 3. L’utilisation de micronutrimentstels l’acétylcarnitine et la phosphatidylsérinestabilise à long terme l’axe hypothalamus-hypophyse-surrénale et permet d’augmenterles concentrations cérébrales de catéchola-mines, particulièrement la dopamine.

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5. Inhibition de la HMC CoA réductase et synthèse des catécholamines

Ravi Kurup, professeur de neurologie auMedical College, section MetabolicD i s o r d e r s R e s e a r c h , C e n t r e d ePuliyarakonam en Inde, démontre lesdivergences physiologiques existant entreles hémisphères droit et gauche et leur rap-port avec les niveaux de catécholaminescérébrales. Les personnes ayant une domi-

nance de l’hémisphère droit ont une régu-lation forte de la digoxine entraînant unedéficience en catécholamine, avec enparallèle, une activation sérotoninergique.Ce désordre physiologique pourrait être lasource de nombreuses pathologies 5

comme le syndrome de fatigue chroniqueou la fibromyalgie (cf. tableau). Selon

Kurup, on peut réactiver la synthèse descatécholamines en activant une signalisa-tion bien précise et ainsi augmenter l’éner-gie tout en évitant de nombreuses patholo-gies à des personnes avec de faibles tauxde catécholamines. L’augmentation del’activité de la HMG CoA réductase, ladiminution de la pompe sodium/potas-

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sium/ATP augmentent la régulation de ladigoxine. Celle-ci est importante dans larégulation de la transmission synaptique etson élévation a pour conséquence unediminution importante des catécholami-nes. Le professeur Kurup m’a confirmé parcourriel que pour toute personne avec unedominance de l’hémisphère droit, l’utilisa-tion judicieuse de compléments alimentai-res pourrait éviter cette déficience en dopa-mine et noradrénaline et ainsi diminuer denombreuses pathologies telles le syndromede fatigue chronique, le dysfonctionne-ment des mitochondries (myalgies), le syn-drome X, les maladies hépatiques et gastro-intestinales, les pathologies commeAlzheimer et Parkinson, l’épilepsie, ladémence, le dysfonctionnement de lacognition, l’excitotoxicité par le NMDA,l’insomnie ou l’arthrite rhumatoïde. Afin derestaurer les neuromédiateurs dopamine etnoradrénaline, le professeur Kurup suggèreen premier lieu la prise d’inhibiteur de laHMG CoA (soit l’usage de statines ou, plusnaturellement, de policosanol à la dose de10 mg par jour) pour réduire la synthèse dumévalonate et inhiber la signalisation del’isoprénoïde. Il préconise conjointementl’ubiquinone (coenzyme Q10), le magné-sium et la L-dopa sous forme de Mucunapruriens.

Hypothalamus(hémisphère droit dominant)

DIGOXINE (régulation de la

transmission synaptique)

Na + K + ATP Mg Ca

HMG Co réductase

Tyrosine Dopamine

Noradrénaline Morphine

Tryptophane Sérotonine Strychnine Nicotine

Créativité et QI plus élevés, massemusculaire plus importante,

augmentation de la peroxydationlipidique et NO, diminution des

enzymes antioxydantes, syndromede fatigue chronique,

dysfonctionnement desmitochondries (myalgies),

syndrome X, dyslexie, syndrome ducôlon irritable, maladies hépatiques

et gastro-intestinales, maladiesinflammatoires du côlon, maladies

d’Alzheimer et Parkinson, épilepsie,démence, dysfonctionnement de la

cognition, excitotoxicité par leNMDA, activation oncogène,

tendance spirituelle, activationimmunitaire, schizophrénie,

insomnie, arthrite rhumatoïde,comportement hyper sexuel (voir

références scientifiques).

Hypothalamus(hémisphère gauche dominant)

DIGOXINE (régulation de la

transmission synaptique)

Na + K + ATP Mg Ca

HMG Co réductase

Tyrosine Dopamine

Noradrénaline Morphine

Tryptophane Sérotonine Strychnine Nicotine

Masse musculaire diminuée,diminution de la peroxydation

lipidique et NO, augmentation desenzymes antioxydantes, syndrome

de Tourette, syndrome obsessionnelcompulsif.

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ConclusionLa stimulation des neurotransmetteurs parla prise de drogues comme la nicotine oul’alcool est responsable d’une mortalitéimportante. Il est donc urgent pour lesinstances gouvernementales de propagerl’information d’une bonne hygiène de vie,afin d’éviter maladies, dépression et morta-lité importante. Nous pouvons imaginer,dans un futur proche, que les scientifiquesdonneront des molécules substitutives etsaines jouant efficacement sur la neuro-transmission afin d’éviter les comporte-ments dangereux. Il pourrait s’agir deneurohormones, de facteurs de transcrip-tions, d’opiacés, d’activateurs de la tyro-sine hydroxylase, de libérateurs de l’ocyto-cine, de régulateurs de la densité desrécepteurs, de messagers intracellulaires,d’antagonistes du CRF ou des récepteursantiglucocorticoïdes et de précurseurs des

monoamines utilisés dans la modulation del’humeur, du tonus émotionnel et de ladouleur psychophysique. Ainsi, plusieursaspects physiologiques négatifs sur la dou-leur et la dépression seront contrôlés (parexemple : les bradykinines, certaines cyto-kines, la substance P et, surtout, ce fameuxcortisol). Certains scientifiques de lapsychopharmacologie à l’esprit humanistesemblent penser que nos successeursseront beaucoup plus aimables et les rela-tions avec les autres plus altruistes. Il exis-tera, disent-ils, certainement des cocktailsd’ocytocine, de phénéthylamines et d’o-piacés non addictifs afin d’éviter de som-brer dans un état de fatigue chronique oude dépression et, ainsi, d’être toujours detrès bonne humeur. Utopie ou réalité ?Aujourd’hui, nous sommes encore dansl’obscurité en matière de psychopharma-

cologie, rien n’est vraiment fait en recher-che sur ce qui pourrait améliorer le bien-être de l’humanité. Pour ceux qui désirentprendre leur santé en main, l’applicationd’une bonne hygiène de vie comprend labonne façon de se nourrir, de se supplé-menter, de pratiquer de l’exercice phy-sique et de vivre en harmonie avec lanature et le Ciel, ce qui aura pour consé-quence de trouver l’équilibre vital néces-saire à une meilleure qualité de vie.Winston Churchill soulignait au début duXXe siècle : « La puissance de l’hommes’est accrue dans tous les domaines saufdans celui qui concerne son être. » Forceest de constater que c’est par l’introspectionde notre psyché que nous pourrons trouverl’harmonie entre corps, âme et esprit. Celareprésente certainement le véritable chal-lenge de l’homme moderne. �

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Pr Jean G. DumesnilEntretien avec le

Cardiologue à l’Institut decardiologie de l’hôpital Laval etprofesseur à l’université Laval,

au Québec.

Comment en êtes-vous venu à vous inté-resser à la méthode Montignac ?

Pr Jean G. Dumesnil : De façon tout à faitanecdotique. J’avais moi-même un pro-blème de surpoids pour ne pas dire d’obé-sité et un de mes collègues m’en a parlé.Lui-même l’avait suivie avec succès. Il a finipar me convaincre de l’essayer. Et je l’ai fait.

Avec succès ?

Oui.

Vous avez décelé tout de suite les raisonsde son efficacité ?

Pas vraiment, parce que j’étais totalementignare de ces questions, à l’époque. Maiscela m’avait fasciné. J’avais moi-mêmeessayé sans succès plusieurs approches et enregardant mes patients j’étais bien conscientque l’obésité devenait de plus en plus unproblème. Et un problème quelque peu irré-médiable. Contrairement à bien des choses

que l’on traite, il n’y avait aucun remèdeconnu et l’obésité continuait d’augmenter.Je suis assez curieux et fais de la recherchedans d’autres domaines ; je me suis laisséprendre à discuter de cette méthode avecdes collègues dont c’était l’intérêt principal.Et c’était fort intriguant. Ils avaient, en effet,participé à une émission de télé danslaquelle ils avaient dit qu’il n’existait quepeu de remèdes durables dans l’obésité. Cesont des experts dans le domaine. J’en ai dis-cuté avec eux et il faut croire qu’ils m’onttrouvé tellement convaincant qu’ils ontdécidé de faire un projet de recherche pourvoir comment et pourquoi cela fonctionne.Ce qui était fascinant, c’était que l’on arri-vait à maigrir sans avoir faim. On mangeaità satiété alors que toutes les autres métho-des sont restrictives et qu’il faut calculer lesquantités d’aliments que l’on absorbe. Alorsque dans cette approche, une fois que l’ona fait les bons choix alimentaires, on mangeautant qu’on veut et on arrive à maigrir.Selon Montignac, les calories n’ont aucuneespèce d’importance et c’est ce que l’on

mange qui compte. Mais, en fait, lorsquevous suivez cette méthode, en bout deligne, vous absorbez moins de calories bienque vous mangiez à votre faim et à volonté.C’est ce que notre recherche a démontré.

La diminution du nombre de caloriesabsorbées est l’unique raison du succès ?

Franchement, si je veux être rigoureuse-ment scientifique, je ne sais pas. Par la pres-cription de médicaments, on arrive aussi àfaire baisser de 25 % la quantité de caloriesabsorbées avec une même satiété. Mais,dans le cas de la méthode Montignac, onobtient ce résultat simplement par deschoix alimentaires. Alors bravo !Dans notre étude, nos sujets mangeaient aupa-ravant 2 800 calories et lorsqu’ils ont été sou-mis à ce régime, ils n’en ont plus pris que2 100. S’ils le suivent à long terme, théorique-ment, ils vont continuer à absorber 2 100 calo-ries. Ils n’étaient pas limités et mangeaientautant qu’ils voulaient. Moi, je mange aussiautant que je veux. Je sais que si je m’écarte un

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Éditeur : Fondation pour le libre choixDirecteur de la publication : Linus Freeman - Rédacteur en chef : Yolaine CarelParution mensuelle - Abonnement (12 numéros) : 30 euros© 2006 Fondation pour le libre choix - Tous droits de reproduction réservés

peu et fais des mauvais choix, ma satiété vadiminuer et je vais reprendre du poids. Mais,l’essentiel, c’est le résultat en bout de ligne. Ensuivant cette méthode, on va maigrir et amé-liorer son profil métabolique. Probablement enpartie en raison d’une diminution des calories,

du moins en ce qui concerne la perte de poids.

Mais pas seulement ?

Pas seulement. En maigrissant de cettefaçon, les avantages vont au-delà de la

perte de poids. Au-delà de cette diminu-tion de 25 % des calories, on améliore sonprofil métabolique.C’est ce que l’on avait trouvé dans le troi-sième bras de l’étude. On leur avait donnéles mêmes aliments que ceux d’une ali-mentation classique mais en limitant lescalories ingérées à 2 100. Ils avaient faimmais on les empêchait de manger davan-tage. Si bien qu’en bout de ligne ils avaientdiminué leur apport calorique autant quelors de l’approche Montignac, mais sansque l’on puisse observer les mêmes amé-liorations au niveau du profil métabolique.

Quelles améliorations du profil métabo-lique ?

À court terme, une importante diminutiondes triglycérides et aussi une diminution dela résistance à l’insuline. À long terme, depar mon expérience personnelle, il y a aussiune augmentation tout aussi importante desHDL et à un degré moindre une diminutiondes LDL. Des triglycérides élevés et un HDLbas sont des éléments de ce que l’onappelle le syndrome métabolique et ce der-nier, parmi les facteurs de risque cardio-vasculaire, est tout aussi important quel’hypercholestérolémie classique qu’on traiteavec des médicaments. Les statines, que l’ondonne habituellement pour combattrel’hypercholestérolémie, sont surtout effica-ces pour diminuer les LDL, le mauvais cho-lestérol. Elles le sont moins pour augmenterle HDL, le bon cholestérol, et abaisser lestriglycérides. Donc, le régime Montignac etles statines sont très complémentaires.Nos patients sont cardiaques et s’ils prennentdes statines, ils ont un meilleur pronostic. Et,si on les combine avec cette alimentation-là,alors on gagne sur tous les tableaux.Mais il ne faut pas non plus tomber dansl’autre excès, recommander cette alimen-tation et couper les statines. Par contre,comme c’est mon cas, je suis convaincuque suivre cette méthode d’alimentationpeut permettre de diminuer les doses destatine et, par suite, les effets secondaires.

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AVRIL 2006

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Acides grasoméga-3et dépression

Une étude transversale croisée portant surdes adultes de l’île de Crète, en bonnesanté, a été définie pour examiner la rela-tion existant entre les acides gras poly-insaturés des tissus adipeux, un index deconsommation à long terme ou habituelled’acides gras, et la dépression chez desadultes. 130 adultes en bonne santé(59 hommes et 71 femmes), âgés de 22 à58 ans, ont été enrôlés dans cette étude.Les résultats ont montré une relationinverse entre le DHA (un acide grasoméga-3) dans le tissu adipeux et ladépression. Ils indiquent qu’une faibleconsommation à long terme de DHA estassociée chez l’adulte à une élévation durisque de dépression.(Eur. J. Clin. Nutr., 2006 Feb 8 [e-pubahead of print – advance online publica-tion; doi:10.1038/sj.ejcn.1602394].)

Nouvelles de la rechercheCombien de sujets ont participé à votreétude ?

12, et seulement des hommes, pour unequestion d’homogénéité. Du point de vuelogistique, cette étude était quand mêmeassez lourde. Les sujets, pendant trois pério-des d’une semaine, prenaient tous leursrepas à l’hôpital, dans un univers contrôlésur le plan de la température, et tout étaitdosé. Le syndrome métabolique, la condi-tion pour laquelle je pense que cette ali-mentation est la plus bénéfique, se retrouvebien plus chez les hommes que chez lesfemmes, tout au moins avant la ménopause.Nous avons choisi des hommes qui avaientune obésité à prédominance viscérale.

Il y avait un régime différent chaquesemaine ?

Le premier était le régime classique del’American Heart Association, du point devue qualitatif, non amaigrissant. Les gensmangeaient à volonté mais le pourcentagede gras dans l’alimentation était limité à30 %. La deuxième semaine, c’était une ali-mentation de type Montignac, avec lavariante que les gras étaient limités à 30 %et les gens, là aussi, mangeaient à volonté.Les sujets ont été divisés en deux groupesde 6 et les deux premiers ont été croisés. Latroisième semaine était une combinaisondes deux premières : le régime del’American Heart Association mais restreintau nombre de calories qu’ils avaient ingé-rées lorsqu’ils suivaient le régimeMontignac. L’hypothèse, qui s’est au resterévélée fondée, était qu’en suivant lerégime Montignac les sujets allaient sponta-nément manger moins. L’implication decette combinaison était justement faite pourvoir l’influence de ce côté qualitatif sur lasatiété et sur les paramètres métaboliques.

Comment expliquer, compte tenu de sonintérêt, qu’il y ait eu un tel tollé contre laméthode Montignac ?

J’ai découvert que les milieux officiels de lanutrition sont très soupçonneux à l’égard

de tout ce qui est nouveau et sort des sen-tiers battus. Ils sont souvent très fermés etancrés dans leurs opinions. Ils fonctionnentbeaucoup par a priori et consensus. Et puis,Montignac n’est pas un scientifique, c’estun intuitif. Je pense qu’il a eu le génie d’a-voir une très bonne idée, d’avoir apporté leconcept des indices glycémiques à la table.Malheureusement, ce n’est pas un scienti-fique et les milieux officiels ne l’ont pasregardé d’un bon œil.Et puis, sa méthode allait à contre-courant.Avant qu’on arrive avec notre étude, c’é-tait un peu un dialogue de sourds. Je penseque Montignac a ouvert une belle allée derecherche. Et il y a des gens qui l’ont sui-vie mais il faudrait encore des recherchesplus poussées. Mais les choses, depuis, ontmalgré tout évolué.

Vous recommandez à vos patients de sui-vre la méthode Montignac ?

Oui, à peu de choses près. C’est basé surla méthode Montignac. L’historique ici, auQuébec, c’est que j’ai publié un premierlivre avec lui, qui s’appelait Bon poids,bon cœur avec la méthode Montignac,puis un deuxième livre avec ma conjointe,Bon poids, bon cœur au quotidien. Lavariante, par rapport à la méthodeMontignac originale, se situe au niveau duchoix des graisses.Mais, le plus important, c’est de motiverles gens à être confiants sur le long terme.Je sais que cela marche. Je la suis et j’aides patients qui la suivent aussi.Malheureusement, la majorité des gens àqui on recommande cela ne le font pas etc’est le vaste problème. Changer ses habitu-des alimentaires, c’est aussi difficile qued’arrêter de fumer. Et puis, ils entendentbeaucoup trop de messages contradictoireset ne savent plus que penser ni à qui faireconfiance. Il faut avant tout, au départ, unevéritable motivation. Car, comme toutrégime, cette méthode demande un vérita-ble changement de comportement. Il ne fautpas la suivre à moitié ou partiellement. Maisles sujets qui la suivent le font avec succès.Malheureusement, c’est l’exception. �

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Poisson, oméga-3et maladie

cardio-coronarienne

Ginseng et sensibilité à l’insuline

41 578 femmes et hommes japonais âgésde 40 à 59 ans sans diagnostic de maladiecardio-vasculaire ni de cancer ont étéenrôlés dans une étude de 1990-1992 à2001. Ils ont rempli des questionnairessur la fréquence de consommation d’ali-ments au début de l’étude et en 1995,donnant des informations sur la consom-

Grâce à sa capacité à affecter les acidesgras libres, le ginseng pourrait améliorer lasensibilité à l’insuline en rendant l’orga-nisme plus réactif aux effets de l’insuline.De précédents résultats d’études indi-quent que l’augmentation des concentra-tions plasmatiques élevées d’acides graslibres pourrait être responsable d’uneinsulinorésistance. D’un autre côté, l’inhi-bition de la dégradation des acides grasréduit la disponibilité des acides gras libreset améliore la sensibilité à l’insuline.Dans une étude, des chercheurs ontregardé si un extrait de ginseng pouvaitavoir une incidence sur la dégradationdes acides gras (la lipolyse) dans des cel-lules graisseuses de rat (les adipocytes).

Des adipocytes ont été isolés de tissusgraisseux de rats et la capacité du ginsengà inhiber la lipolyse a été évaluée.Les résultats ont montré que l’insuline inhi-bait la lipolyse des acides gras de 42,4 % etle ginseng de 49 %. Ils suggèrent égalementque le ginseng exerce son effet antilipoli-tyque par une voie de signalisation diffé-rente de celle de l’insuline. Les chercheursen ont conclu que la capacité du ginseng àinhiber la lipolyse – conduisant à terme àune amélioration de la sensibilité à l’insuline– pourrait être en partie médiée par l’acti-vation de la PDE4 (phosphodiestérase 4,une enzyme impliquée dans la messageriecellulaire) dans les adipocytes des rats.(J. Nutr., 2006 Feb, 136(2) : 337-42.)

Ginkgo biloba et cancerLe Ginkgo biloba est surtout utilisé pourses propriétés à stimuler la fonctioncognitive et à soulager certains symptô-mes liés à une insuffisance veineuse.Des chercheurs du centre de l’universitémédicale de Georgetown, aux États-Unis,ont administré à des cellules en culture degliome, de cancers du sein et du foie, unextrait de Ginkgo et ont observé une dimi-nution dans l’expression des récepteurspériphériques de type benzodiazépine

(PBR) qui ont été asso-ciés à des can-

cers invasifs.

De plus, ces cellules montrent une prolifé-ration réduite en réponse au traitement parl’extrait de Ginkgo biloba.L’équipe scientifique a injecté l’extrait àdes souris sur-exprimant le PBR, avant deleur implanter des cellules humaines detumeurs du sein ou du cerveau. Ils ontconstaté que l’extrait ralentissait de façondose dépendante la croissance des cellulesde gliome, bien que cet effet ne perdurepas au-delà de 50 jours de traitement.Le Dr Papadopoulos a ainsi commenté cesrésultats : « Il est très encourageant que leGinkgo biloba semble réduire l’agressivitéde ces cancers, parce que cela suggère qu’ilpourrait être utile à certains stades primitifsde ces maladies pour les empêcher de deve-nir invasives et de se propager. Mais il nefaut cependant pas oublier que ce n’estqu’une étude sur des souris et que l’on nepeut donc pas savoir quels effets anticancé-reux il pourrait avoir chez l’homme. »(Journal Anticancer Research, January-February issue.)

mation de poisson dont le contenu enoméga-3 a été analysé.Au cours de la période de suivi, 196 inci-dents coronariens non mortels et 62 mor-tels se sont produits. Les individus dont laconsommation de poisson se situait dansle quintile supérieur (8 fois par semaine)avaient 37 % moins de risque d’incidentde maladie cardio-coronarienne que ceuxdont la consommation se situait dans lequintile inférieur (une fois par semaine).Le risque de crise cardiaque était égale-ment 56 % plus faible. La réduction derisque était essentiellement constatéepour les accidents non mortels.L’effet de la consommation d’acides grasoméga-3 sur le risque cardio-vasculaire aété analysé. Il était 42 % plus bas chezceux où elle était la plus importante avecau moins 2,1 g quotidiens par rapport àceux dont la consommation, avec 300 mgpar jour, était la plus faible.Dans la discussion sur le mécanisme pro-tecteur des oméga-3 dans l’athérosclé-rose, les scientifiques ont expliqué qu’ilsréduisaient l’agrégation plaquettaire ainsique la production des leucotriènes, dimi-nuant ainsi la prolifération des cellulesendothéliales.(Circulation, January 17, 2006, 113: 195-202.)

Nouvelles de la recherche

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