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Ce document fait partie du domaine public AVIS SUR LE PROJET DE LOI 96 LOI SUR LA LANGUE OFFICIELLE ET COMMUNE DU QUÉBEC, LE FRANÇAIS Commission des affaires sociopolitiques 111 e Congrùs ordinaire 18, 19 et 20 juin 2021 À distance

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Ce document fait partie du domaine public

AVIS SUR LE PROJET DE LOI 96 LOI SUR LA

LANGUE OFFICIELLE ET COMMUNE DU QUÉBEC, LE

FRANÇAIS

Commission des affaires sociopolitiques

111e CongrĂšs ordinaire 18, 19 et 20 juin 2021

À distance

Avis sur le projet de loi 96 Loi sur la langue officielle et commune du QuĂ©bec, le français – Commission des affaires sociopolitiques

Fédération étudiante collégiale du Québec 1

Fédération étudiante collégiale du Québec

824, avenue Sainte-Croix

Saint-Laurent (Québec), H4L 3Y4

Téléphone : 514 396-3320 Télécopieur : 514 396-3329

Site Internet : www.fecq.org Courriel : [email protected]

Recherche, analyse, rédaction et correction

Claudie Lévesque, vice-présidence

Samuel Vaillancourt, présidence

FĂ©dĂ©ration Ă©tudiante collĂ©giale du QuĂ©bec (FECQ) La FĂ©dĂ©ration Ă©tudiante collĂ©giale du QuĂ©bec est une organisation qui reprĂ©sente plus de 78 000 membres, rĂ©partis dans 27 cĂ©geps Ă  travers le territoire quĂ©bĂ©cois. FondĂ©e en 1990, la FECQ Ă©tudie, promeut, protĂšge, dĂ©veloppe et dĂ©fend les intĂ©rĂȘts, les droits et les conditions de vie de la population collĂ©gienne. La qualitĂ© de l’enseignement dans les cĂ©geps, l’accessibilitĂ© gĂ©ographique et financiĂšre aux Ă©tudes et la place des jeunes dans la sociĂ©tĂ© quĂ©bĂ©coise sont les orientations qui guident l’ensemble du travail de la FĂ©dĂ©ration depuis plus de 30 ans. Pour la FECQ, tous devraient avoir accĂšs Ă  un systĂšme d’éducation accessible et de qualitĂ©. La voix de la population Ă©tudiante quĂ©bĂ©coise au niveau national La FECQ, Ă  travers ses actions, souhaite porter sur la scĂšne publique les prĂ©occupations de la jeunesse quĂ©bĂ©coise. Dans ses activitĂ©s militantes et politiques, la FĂ©dĂ©ration est fiĂšre de livrer l’opinion de la population Ă©tudiante collĂ©giale partout Ă  travers la province. PrĂ©sente aux tables sectorielles et nationales du ministĂšre de l’Éducation et de l’Enseignement supĂ©rieur (MÉES), elle est la mieux placĂ©e pour crĂ©er de multiples partenariats, bĂ©nĂ©fiques autant pour la communautĂ© Ă©tudiante que pour les diffĂ©rentes instances du ministĂšre ou du gouvernement. La FECQ entretient des relations avec les partis politiques provinciaux et fĂ©dĂ©raux, tout en demeurant non partisane. Elle se fait un devoir de rapprocher la sphĂšre politique de l’effectif Ă©tudiant, par un travail de vulgarisation constant de l’actualitĂ© politique Ă  la communautĂ© collĂ©gienne. DĂ©sormais un acteur incontournable en Ă©ducation, la FĂ©dĂ©ration se fait Ă©galement un plaisir de travailler avec les organisations syndicales, les organismes communautaires et les autres acteurs de la communautĂ© collĂ©giale. Proactive, elle intervient dans l’espace public de façon constructive, toujours dans l’optique d’amĂ©liorer le rĂ©seau collĂ©gial dans lequel ses membres Ă©voluent.

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TABLE DES MATIÈRES

INTRODUCTION 3

ÉTAT DU FAIT FRANÇAIS DANS LE RÉSEAU COLLÉGIAL 4

ANALYSE DES ARTICLES CONCERNANT L’ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR 4

LE PROJET DE LOI 96 EN ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR 4 BALISER L’EFFECTIF DE PERSONNES ÉTUDIANT EN ANGLAIS 4 BALISER L’EFFECTIF TOTAL DE PERSONNES ÉTUDIANT EN ANGLAIS EN CÉGEP FRANCOPHONE 6 PROMOUVOIR LE RÔLE DES ASSOCIATIONS ÉTUDIANTES DANS LA POLITIQUE DE LA LANGUE

FRANÇAISE 7 L’ÉPREUVE UNIFORME DE FRANÇAIS POUR TOUTES ET TOUS 9

VALORISER LA LANGUE FRANÇAIS DANS LE MILIEU COLLÉGIAL 10

CONSOLIDER LA MAÎTRISE DU FRANÇAIS AU COLLÉGIAL 10 VALORISER LA CULTURE QUÉBÉCOISE 11 REMISE DES TRAVAUX EN FRANÇAIS 11

AUGMENTER L’ATTRACTIVITÉ DES CÉGEPS FRANCOPHONES 12

CONCLUSION 13

RAPPEL DES RECOMMANDATIONS 14

BIBLIOGRAPHIE 15

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INTRODUCTION

Cet automne, le ministre responsable de la Langue française, Simon Jolin-Barrette, a annoncĂ© qu’il travaillait sur un projet de loi afin de rĂ©affirmer la place du français dans la nation quĂ©bĂ©coise. Ce projet de loi, la Loi sur la langue officielle et commune du QuĂ©bec, le français1, a Ă©tĂ© dĂ©posĂ© le 13 mai dernier et propose des modifications Ă  plusieurs articles de loi, surtout la Charte de la langue française2 (communĂ©ment appelĂ©e « Loi 101 »), afin de placer la langue française comme langue officielle de la nation quĂ©bĂ©coise. Plusieurs acteurs se sont positionnĂ©s avant le dĂ©pĂŽt du projet de loi sur la question de la langue au QuĂ©bec, et l’on remarque que la question entraĂźne des opinions controversĂ©es dans l’opinion publique, notamment en ce qui concerne son application dans le rĂ©seau collĂ©gial. La FECQ avait, elle-mĂȘme, produit un document sur le fait français dans le rĂ©seau collĂ©gial, Ă©tablissant les enjeux concernant la langue et les solutions possibles pour valoriser la langue française en milieu collĂ©gial. Le projet de loi maintenant dĂ©posĂ© et touchant de prĂšs les Ă©tablissements d’enseignement supĂ©rieur, surtout le collĂ©gial, le prĂ©sent avis propose des amendements aux dispositions concernant l’enseignement supĂ©rieur, tout en soulevant des pistes supplĂ©mentaires pour valoriser le français par l’entremise des collĂšges.

1 Projet de loi no 96 (dĂ©pĂŽt et 1Ăšre lecture – 13 mai 2021), 1Ăšre sess., 42e lĂ©gis. (Qc) 2 RLRQ, c. C-11

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ÉTAT DU FAIT FRANÇAIS DANS LE RÉSEAU

COLLÉGIAL

Avant de se pencher sur les dispositions propres au collĂ©gial du projet de loi, rappelons la situation des cĂ©geps anglophones et francophones du QuĂ©bec davantage illustrĂ©e dans Le fait français dans le rĂ©seau collĂ©gial – Enjeux et solutions. D’abord, il est Ă  noter que les derniĂšres annĂ©es ont vu une diminution (-1,3%) des personnes Ă©tudiant en français au collĂ©gial. Cependant, on remarque de ce sont les Ă©tudiant.es francophones qui dĂ©laissent le rĂ©seau collĂ©gial francophone davantage que les Ă©tudiant.es anglophones et allophones (ministĂšre de l'Enseignement supĂ©rieur 2020 citĂ© dans FECQ 2020). Au contraire, les cĂ©geps anglophones vivent une augmentation (+1,3%) de leur population Ă©tudiante, notamment en raison de la hausse des francophones Ă©tudiant en anglais. De plus, il est important de mentionner que la langue d’enseignement a un impact sur les habitudes linguistiques d’une personne Ă©tudiante. Rappelons que ce sont 75% des Ă©tudiant.es francophones qui Ă©tudient en anglais qui souhaitent poursuivre leurs Ă©tudes ou leurs activitĂ©s professionnelles dans cette langue aprĂšs l’obtention du DEC (Sabourin, Dupont, & BĂ©langer, 2010). Bien que la littĂ©rature ne soit pas unanime sur la force de l’impact de la langue d’étude, il en demeure qu’il y a bel et bien un impact sur les habitudes linguistiques d’une personne Ă©tudiante. Ainsi, les Ă©tablissements scolaires et d’enseignement supĂ©rieur Ă©tant vecteurs du bagage culturel et linguistique d’une personne, il va de soi que plusieurs dispositions du projet de loi 96 touchent de prĂšs l’enseignement collĂ©gial.

ANALYSE DES ARTICLES CONCERNANT L’ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR

Le Projet de loi 96 en enseignement supérieur

Une section complĂšte du projet de loi 96 concerne l’enseignement collĂ©gial et universitaire. On y retrouve, entre autres choses, des dispositions afin de classer les Ă©tablissements collĂ©giaux en deux catĂ©gories : les collĂšges francophones et les collĂšges anglophones, des mesures pour baliser l’effectif de personnes Ă©tudiant en anglais ainsi que des dispositions pour que l’épreuve uniforme de français soit obligatoire pour l’obtention du diplĂŽme d’études collĂ©giales pour tout.es indĂ©pendamment de leur langue d’études, Ă  quelques exceptions prĂšs. Deux constats gĂ©nĂ©raux ressortent de l’analyse. D’abord, on souhaite baliser l’effectif Ă©tudiant anglophone sur la base du portrait actuel du rĂ©seau, puis on souhaite rehausser la qualitĂ© de la langue et valoriser celle-ci par des mesures complĂ©mentaires. Les sections suivantes tĂ©moignent de l’étude des diffĂ©rentes dispositions du projet de loi.

Baliser l’effectif de personnes Ă©tudiant en anglais

Dans Le fait français dans le rĂ©seau collĂ©gial – Enjeux et solutions, la FECQ propose, pour contrer le mouvement des Ă©tudiant.es francophones vers les cĂ©geps anglophones, de baliser l’effectif Ă©tudiant dans les cĂ©geps anglophones. En rappel, avec la hausse dĂ©mographique prĂ©vue pour le QuĂ©bec, on prĂ©voit une hausse des Ă©tudiantes et des Ă©tudiants dans le rĂ©seau collĂ©gial. Selon la FECQ, il importe de baliser la hausse de l’effectif Ă©tudiant dans les cĂ©geps anglophones pour que celle-ci ne surpasse pas la hausse de personnes Ă©tudiant en français.

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Le projet de loi 96 prĂ©voit, Ă  son article 58, l’ajout des dispositions suivantes Ă  la Charte pour baliser l’effectif total :

«88.0.4. Le ministre de l’Enseignement supĂ©rieur, de la Recherche, de la Science et de la Technologie dĂ©termine, pour chaque annĂ©e scolaire, un effectif total particulier Ă  chacun des Ă©tablissements anglophones offrant l’enseignement collĂ©gial. Lorsqu’il dĂ©termine un effectif total particulier pour une annĂ©e scolaire, le ministre s’assure que, pour cette annĂ©e scolaire, l’ensemble des effectifs totaux particuliers des Ă©tablissements anglophones remplit les conditions suivantes: 1° il n’excĂšde pas la moindre des proportions suivantes de l’ensemble des effectifs totaux particuliers de tous les Ă©tablissements anglophones et francophones:

a) 17,5 %; b) la part de l’ensemble des effectifs totaux particuliers pour l’annĂ©e scolaire prĂ©cĂ©dente des Ă©tablissements anglophones sur l’ensemble des effectifs totaux particuliers de tous les Ă©tablissements anglophones et francophones pour cette mĂȘme annĂ©e scolaire;

2° le cas Ă©chĂ©ant, son accroissement, par rapport Ă  l’annĂ©e scolaire prĂ©cĂ©dente, n’excĂšde pas 8,7 % de l’accroissement, pour cette mĂȘme annĂ©e scolaire, de l’ensemble des effectifs totaux particuliers de tous les Ă©tablissements anglophones et francophones. »

En quelques mots, l’effectif total de personnes Ă©tudiant en anglais est dĂ©fini en fonction de la proportion actuelle qu’occupent les personnes Ă©tudiant en anglais dans le rĂ©seau collĂ©gial. C’est ainsi que l’on constate que le projet de loi s’appuie sur les donnĂ©es actuelles pour baliser l’avenir du rĂ©seau collĂ©gial. Ainsi, l’expansion des cĂ©geps anglophones Ă©tant balisĂ©e, la hausse dĂ©mographique envisagĂ©e dans les prochaines annĂ©es n’aura pas pour effet d’augmenter massivement la frĂ©quentation des cĂ©geps anglophones au profit des cĂ©geps francophones, et donc, assurera une plus grande viabilitĂ© des cĂ©geps francophones. Ainsi, la FECQ se voit satisfaite que le projet de loi reprenne ses recommandations Ă  travers cette disposition, puisqu’elle permettrait, comme de fait, de baliser le nombre de personnes Ă©tudiant en anglais dans le rĂ©seau collĂ©gial. Toutefois, la disposition ne restreint pas le libre choix des personnes Ă©tudiantes quant Ă  leur langue d’étude, ce que la FECQ considĂ©rait essentiel dans le projet de loi 96. Cependant, notons une lĂ©gĂšre prĂ©occupation de la FECQ Ă  l’égard de la gestion de l’effectif total particulier (ETP). En effet, comme celui-ci a un impact direct sur la quantitĂ© de financement que peut recevoir un Ă©tablissement, puisqu’un Ă©tablissement qui dĂ©passerait l’effectif ne recevrait pas de financement pour les personnes Ă©tudiantes succĂ©dant l’ETP, il est primordial que celui-ci soit transmis aux Ă©tablissements avant les processus de recrutement par ceux-ci. Autrement, il est possible de craindre que les Ă©tablissements acceptent plus d’étudiant.es que ce que le devis leur permet, et, consĂ©quemment, doivent diviser un financement entre davantage de personnes Ă©tudiantes, ce qui pourrait avoir un impact sur les services offerts Ă  la population Ă©tudiante, entre autres. Ainsi, la FECQ propose que soit ajoutĂ©e une date butoir Ă  laquelle le ou la ministre de l’Enseignement supĂ©rieur doive remettre l’effectif total particulier aux Ă©tablissements. La FECQ propose l’amendement suivant :

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«88.0.4. Le ministre de l’Enseignement supĂ©rieur, de la Recherche, de la Science et de la Technologie dĂ©termine, pour chaque annĂ©e scolaire, un effectif total particulier Ă  chacun des Ă©tablissements anglophones offrant l’enseignement collĂ©gial, transmis aux Ă©tablissements avant le [date] de chaque annĂ©e, pour l’annĂ©e suivante.

Recommandation

1. Que soit modifiĂ© l’article 88.0.4 du projet de loi 96 afin d’y inclure une date butoir avant laquelle le ministĂšre de l’Enseignement supĂ©rieur doit remettre l’effectif total particulier aux Ă©tablissements anglophones offrant l’enseignement collĂ©gial.

Baliser l’effectif total de personnes Ă©tudiant en anglais en cĂ©gep francophone

Dans le mĂȘme ordre d’idĂ©e, le projet de loi 96 restreint les Ă©tablissements Ă  deux titres; les Ă©tablissements francophones et les Ă©tablissements anglophones. À cet effet, les cĂ©geps anglophones peuvent offrir des cours en anglais et les cĂ©geps francophones peuvent seulement offrir une formation en français, sauf certaines exceptions. En effet, sous l’autorisation du ministĂšre de l’Enseignement supĂ©rieur, les Ă©tablissements francophones peuvent offrir une formation anglophone Ă  un certain effectif Ă©tudiant, dĂ©terminĂ© afin que le cumul de tous les effectifs Ă©tudiants recevant la formation anglophone corresponde Ă  un maximum de 2% de l’ensemble de l’effectif Ă©tudiant des collĂšges francophones.

«88.0.1. Les Ă©tablissements offrant l’enseignement collĂ©gial, Ă  l’exception des Ă©tablissements privĂ©s non agrĂ©Ă©s aux fins de subventions et des Ă©tablissements qui sont des organismes gouvernementaux au sens de l’annexe I, ainsi que les Ă©tablissements d’enseignement universitaire visĂ©s aux paragraphes 1° Ă  11° de l’article 1 de la Loi sur les Ă©tablissements d’enseignement de niveau universitaire (chapitre E-14.1) appartiennent Ă  une seule des catĂ©gories suivantes: francophone ou anglophone. Tout Ă©tablissement offrant un tel enseignement est francophone, sauf lorsqu’il est dĂ©signĂ© comme Ă©tablissement anglophone par le ministre de l’Enseignement supĂ©rieur, de la Recherche, de la Science et de la Technologie et par le ministre de la Langue française. «88.0.5. Le ministre de l’Enseignement supĂ©rieur, de la Recherche, de la Science et de la Technologie dĂ©termine, pour chaque annĂ©e scolaire, un effectif total d’étudiants recevant l’enseignement collĂ©gial en anglais particulier Ă  chacun des Ă©tablissements francophones offrant cet enseignement. Lorsqu’il dĂ©termine un tel effectif pour une annĂ©e scolaire, le ministre s’assure que, pour cette annĂ©e scolaire, l’ensemble de ces effectifs n’excĂšde pas 2% de l’ensemble des effectifs totaux particuliers de tous les Ă©tablissements francophones offrant l’enseignement collĂ©gial.

Encore une fois, ce genre de mesure permet de baliser la hausse de l’effectif Ă©tudiant recevant sa formation en anglais. Selon les donnĂ©es de la FĂ©dĂ©ration des cĂ©geps, les personnes Ă©tudiant en anglais dans les cĂ©geps francophones reprĂ©sentent tout prĂšs de 2%. On constate, encore une fois, le dĂ©sir du ministre responsable de la langue française de baliser l’effectif de personnes Ă©tudiant en anglais selon l’état actuel de la situation dans le rĂ©seau collĂ©gial, tout en prĂ©servant les acquis des cĂ©geps francophones offrant des cours en anglais. La FECQ se permet aussi de rappeler qu’une date butoir devrait ĂȘtre inscrite Ă  l’article 88.0.5 afin d’assurer que les Ă©tablissements soient au fait dans des dĂ©lais raisonnables du nombre d’étudiant.es qu’ils peuvent admettre pour les raisons mentionnĂ©es Ă  la section prĂ©cĂ©dente.

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La FECQ Ă©met ici des rĂ©serves Ă  l’égard de la façon dont sera distribuĂ© le 2% entre les Ă©tablissements souhaitant offrir une partie de leur cursus en anglais lorsque la hausse naturelle des Ă©tudiant.es dans le rĂ©seau collĂ©gial se fera sentir. Si on en comprend que les Ă©tablissements francophones offrant des formations en anglais maintiennent leur droit de le faire, qu’en est-il si, en raison de la hausse Ă©tudiante, plus de places sont disponibles pour des personnes Ă©tudiantes dĂ©sirant Ă©tudier en anglais dans un cĂ©gep anglophone. Ces places seront-elles distribuĂ©es entre les cĂ©geps francophones qui offrent dĂ©jĂ  des formations en anglais ou cela laissera-t-il de la place Ă  de nouveaux Ă©tablissements? De la mĂȘme façon, si un cĂ©gep francophone dĂ©sire offrir une activitĂ© de formation en anglais, on peut se demander comment seront Ă©valuĂ©es les candidatures reçues et si les cĂ©geps francophones qui offrent prĂ©sentement une partie de la formation en anglais voient leur effectif permis rĂ©duit. PrĂ©sentement, le mĂ©canisme qui permettra de rĂ©partir le 2% n’est pas exprimĂ©, voire incertain. Cependant, on peut penser que l’absence de critĂšres objectifs pour rĂ©partir le 2% donnerait lieu Ă  des Ă©gards et une compĂ©titivitĂ© malsaine entre les Ă©tablissements dĂ©sirant en faire la demande, comme illustrĂ© ci-haut. Pour cette raison, il serait primordial d’instaurer un mĂ©canisme, Ă  l’image du nouveau cadre de gestion de l’offre de formation collĂ©giale technique, c’est-Ă -dire le cadre de gestion de l’ouverture des programmes techniques dans les 48 cĂ©geps du QuĂ©bec. Le nouveau cadre prĂ©voit de procĂ©der par appel d’offres d’ouverture de programme, puis d’analyser les candidatures des cĂ©geps selon plusieurs critĂšres objectifs, dont la situation dĂ©mographique, la frĂ©quentation du cĂ©gep, etc. Ainsi, chaque annĂ©e, lorsque le MES Ă©tablit l’effectif Ă©tudiant pour l’annĂ©e, il pourrait rĂ©partir l’effectif supplĂ©mentaire Ă  l’annĂ©e prĂ©cĂ©dente en procĂ©dant Ă  un appel d’offres, puis Ă©valuer les cĂ©geps ayant Ă©mis leur candidature selon des critĂšres objectifs et dĂ©finis. Cela permettrait d’éviter les passe-droits ainsi que la subjectivitĂ© dans la rĂ©partition du 2%. Notons toutefois que la concertation entre les cĂ©geps et la transparence dans le mĂ©canisme devraient ĂȘtre Ă  privilĂ©gier pour Ă©viter la compĂ©titivitĂ© entre les cĂ©geps. Recommandations

2. Que soit modifiĂ© l’article 88.0.5 du projet de loi 96 afin d’y inclure une date butoir avant laquelle le ministĂšre de l’Enseignement supĂ©rieur doit remettre l’effectif total particulier aux Ă©tablissements francophones offrant l’enseignement collĂ©gial qui peuvent offrir des cours en anglais.

3. Que le MES Ă©tablisse un mĂ©canisme objectif pour rĂ©partir l’effectif scolaire Ă©tudiant en anglais dans

un cégep francophone entre les cégeps en faisant la demande, tout en favorisant la concertation entre les établissements dans le processus.

Promouvoir le rÎle des associations étudiantes dans la politique de la langue française

La Charte de la langue française prĂ©voit que les Ă©tablissements collĂ©giaux, outre les collĂšges privĂ©s non subventionnĂ©s, doivent se munir d’une « politique relative Ă  l’emploi et Ă  la qualitĂ© de la langue française »3. La Charte prescrit aussi le contenu de ladite politique et les modalitĂ©s qui l’entourent4. Le projet de loi 96 se permet d’ajouter des dispositions relatives Ă  la politique, notamment sur l’importance de consulter et de faire participer la population Ă©tudiante.

3 Précité note 1, art. 88.1 4 Idem, art. 88.2 et 88.3

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60. Cette charte est modifiĂ©e par l’insertion, aprĂšs l’article 88.1, du suivant : «88.1.1. Un Ă©tablissement visĂ© Ă  l’article 88.1 est tenu de faire appliquer sa politique linguistique. Cette responsabilitĂ© incombe au plus haut dirigeant de l’établissement. L’établissement doit Ă©galement Ă©tablir des mĂ©canismes de consultation et de participation de ses Ă©tudiants et des membres de son personnel permettant de les associer Ă  l’élaboration de cette politique. ». [
] «88.8. L’établissement doit associer des membres de son personnel et des Ă©tudiants Ă  la prĂ©paration du rapport prĂ©vu Ă  l’article 88.6 de mĂȘme qu’à la rĂ©vision de la politique Ă  laquelle il est tenu en vertu de l’article 88.7. »

La FECQ souligne ici la participation Ă©tudiante dans l’élaboration, la rĂ©vision ainsi que les consultations entourant la politique. En effet, la place que doivent occuper les personnes Ă©tudiantes dans les processus qui entourent son Ă©tablissement scolaire est primordiale pour s’assurer que ceux-ci soient reprĂ©sentatifs de la population Ă©tudiante. La FECQ se permet de rĂ©itĂ©rer que l’association Ă©tudiante accrĂ©ditĂ©e de tout Ă©tablissement collĂ©gial, selon la Loi sur l’accrĂ©ditation et le financement des associations d’élĂšves ou d’étudiants5 (LAFAEE), agit Ă  titre de reprĂ©sentante officielle de toutes les Ă©tudiantes et de tous les Ă©tudiants de son Ă©tablissement6. En effet, elle est chargĂ©e de reprĂ©senter sa population Ă©tudiante dans le but de s’assurer que ses intĂ©rĂȘts soient respectĂ©s dans les sphĂšres acadĂ©miques, de services et auprĂšs de l’administration de l’établissement. Cela semble ĂȘtre dans cet ordre d’idĂ©e que la LAFAEE prĂ©voit que l’association est en droit, par elle-mĂȘme, d’effectuer la nomination des personnes Ă©tudiantes qui sont appelĂ©es Ă  agir Ă  titre de reprĂ©sentant.e.s des Ă©tudiant.e.s7. Un exemple bien connu dans le rĂ©seau de l’enseignement collĂ©gial est la nomination auprĂšs du conseil d’administration de l’établissement, ou la commission des Ă©tudes. En application, cela fait en sorte que l’association Ă©tudiante est l’unique responsable de la nomination de la personne qui a alors pour objectif de reprĂ©senter la population Ă©tudiante. La FĂ©dĂ©ration tient alors Ă  rappeler que l’association accrĂ©ditĂ©e se doit de voir ce droit respectĂ©. Elle soutient que la formulation actuelle du projet de loi 96 fait en sorte que l’interprĂ©tation de ces dispositions n’établit pas clairement le droit de l’association Ă©tudiante Ă  cet Ă©gard. MalgrĂ© le caractĂšre d’ordre public de la LAFAEE8, il semble nĂ©cessaire de prĂ©ciser ce droit de l’association Ă©tudiante au sein mĂȘme des dispositions de la Loi 101. Recommandation

4. Qu’il soit prĂ©cisĂ© aux articles 60 et 62 du projet de loi 96 que les mĂ©thodes de consultation de la population Ă©tudiante doivent se conformer aux dispositions de l’article 32 de la Loi sur l’accrĂ©ditation et le financement des associations d’élĂšves et d’étudiants.

5 RLRQ, c. A-3.01 6 Idem, art. 28 7 Idem, art. 32 8 Idem, art. 57

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L’épreuve uniforme de français pour toutes et tous

PrĂ©sentement, l’obtention du diplĂŽme d’études collĂ©giales (DEC) pour les personnes Ă©tudiant en français est conditionnelle Ă  la passation de l’Épreuve uniforme de français (EUF) dont le but est le suivant :

« VĂ©rifier que l'Ă©lĂšve possĂšde, au terme des trois cours de formation gĂ©nĂ©rale commune en langue d’enseignement et littĂ©rature, les compĂ©tences suffisantes en lecture et en Ă©criture pour comprendre des textes littĂ©raires et pour Ă©noncer un point de vue critique qui soit pertinent, cohĂ©rent et Ă©crit dans une langue correcte » (MinistĂšre de l'Enseignement supĂ©rieur, 2021).

Le projet de loi 96 prĂ©voit rendre obligatoire la passation de l’EUF pour toutes les personnes Ă©tudiantes que celles-ci frĂ©quentent un cĂ©gep anglophone ou francophone, Ă  l’exception prĂšs des personnes qui, selon la Charte de la langue française, ont accĂšs Ă  l’éducation en anglais au primaire et au secondaire.

«88.0.12. Le diplĂŽme d’études collĂ©giales ne peut ĂȘtre dĂ©livrĂ© Ă  l’étudiant domiciliĂ© au QuĂ©bec qui n’a pas du français, parlĂ© et Ă©crit, la connaissance exigĂ©e par les programmes du ministre de l’Enseignement supĂ©rieur, de la Recherche, de la Science et de la Technologie. Pour Ă©valuer la connaissance du français, ce ministre doit imposer une Ă©preuve uniforme dont le contenu est le mĂȘme pour tous les Ă©tudiants ayant reçu l’enseignement collĂ©gial donnĂ© en anglais ou en français. Toutefois, l’étudiant qui a reçu cet enseignement en anglais et a Ă©tĂ© dĂ©clarĂ© admissible Ă  recevoir l’enseignement en anglais conformĂ©ment Ă  la section I n’est pas tenu de se soumettre Ă  cette Ă©preuve pour que le diplĂŽme d’études collĂ©giales lui soit dĂ©livrĂ©.

Il faut savoir que cette Ă©preuve uniforme sera la mĂȘme pour l’ensemble des Ă©tudiantes et des Ă©tudiants Ă©voluant dans un cĂ©gep francophone et anglophone, Ă  quelques exceptions prĂšs. Selon la FECQ, il est inconcevable de rendre l’obtention du DEC conditionnel Ă  la passation de l’EUF pour les personnes Ă©tudiant en anglais, puisque celles-ci ne possĂšdent pas le cursus nĂ©cessaire Ă  la passation de l’EUF. Alors que dans les cĂ©geps francophones, les Ă©tudiant.es sont soumis Ă  trois cours de français, langue d’enseignement et littĂ©rature avant la passation de l’EUF, dans les cĂ©geps anglophones, les Ă©tudiant.es suivent uniquement deux cours de français langue seconde. Notons que les Ă©tudiantes et les Ă©tudiants des cĂ©geps anglophones sont distribuĂ©s entre quatre niveaux de maĂźtrise de la langue française et que les deux cours de langue seconde sont consacrĂ©s Ă  la consolidation de la langue française Ă  l’oral ou Ă  l’écrit selon le niveau, notamment pour l’investir en milieu de travail (MinistĂšre de l'Enseignement supĂ©rieur, 2020). ConsidĂ©rant que les cours de français langue d’enseignement et littĂ©rature sont construits pour prĂ©parer les Ă©tudiant.es Ă  la passation de l’EUF et que les cours de français langue seconde sont construits pour consolider les connaissances en français, il est impensable que l’ensemble des Ă©tudiant.es francophones et allophones, indĂ©pendamment de leur langue d’enseignement se soumettent Ă  la mĂȘme Ă©preuve uniforme de français. Pour cette raison, la FECQ considĂšre que l’article 88.0.12 doit ĂȘtre retirĂ© du projet de loi 96, il en est lĂ  une question de rĂ©ussite de la population Ă©tudiante collĂ©giale. Recommandation

5. Que l’article 88.0.12 soit retirĂ© du projet de loi 96, puisqu’une Ă©preuve uniforme de français pour toutes les personnes allophones et francophones, indĂ©pendant de leur langue d’enseignement, se veut un frein supplĂ©mentaire Ă  la rĂ©ussite.

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VALORISER LA LANGUE FRANÇAISE DANS LE

MILIEU COLLÉGIAL

Bien que la FECQ s’oppose Ă  l’obtention du DEC conditionnel Ă  la passation de l’EUF pour les Ă©tudiant.es francophones et allophones, elle reconnait toutefois l’objectif derriĂšre cette mesure, soit de rehausser la qualitĂ© de la langue française, tout en la valorisant. Pour parvenir Ă  cet objectif, sans toutefois brimer l’équitĂ© entre les personnes francophones et allophones Ă©tudiants en français et en anglais, il serait intĂ©ressant de se pencher sur des moyens davantage pĂ©dagogiques. Cela passe, notamment, par le fait qu’autant les cĂ©geps francophones qu’anglophones devraient prendre la responsabilitĂ© de la protection et de la valorisation de la langue française.

Consolider la maßtrise du français au collégial

Afin de favoriser la protection et la valorisation de la langue française, il serait intĂ©ressant que l’ensemble de la population Ă©tudiante collĂ©giale ait accĂšs Ă  des cours de français gratuits. En effet, cela permettrait de consolider la maĂźtrise de la langue française pour les anglophones et les allophones qui en ressentent le besoin. Ces cours pourraient ĂȘtre dĂ©ployĂ©s autant dans les cĂ©geps anglophones que francophones; dans les premiers pour favoriser la connaissance du français, dans les deuxiĂšmes pour pallier les difficultĂ©s d’étude dans une langue seconde ou tierce, et ainsi, rĂ©duire les freins Ă  la frĂ©quentation des cĂ©geps francophones. Les cours de français pourraient ĂȘtre crĂ©ditĂ©s comme cours complĂ©mentaires afin de ne pas alourdir le cursus scolaire de la population Ă©tudiante. Notons que le projet de loi 96 prĂ©voit que les Ă©tablissements collĂ©giaux qui offrent l’enseignement en anglais devront « prendre les moyens raisonnables pour s’assurer d’offrir aux personnes domiciliĂ©es au QuĂ©bec, pendant qu’elles reçoivent cet enseignement, un enseignement du français ». Aux termes de ces initiatives, la personne Ă©tudiante doit ĂȘtre en mesure de parler français au sein de la sociĂ©tĂ© quĂ©bĂ©coise. Ainsi, il va de soi que des cours de français, ateliers et autres activitĂ©s pĂ©dagogiques doivent ĂȘtre offerts pour consolider la qualitĂ© de la langue, et ce, mĂȘme dans les Ă©tablissements anglophones. De la mĂȘme façon, dans son avis sur la langue française, la FECQ propose de bonifier les centres d’aide en français et de les adapter aux allophones et anglophones, ainsi que d’adapter des mĂ©thodes pĂ©dagogiques utilisĂ©es pour favoriser une meilleure consolidation de la langue française. Il importe, dans les cĂ©geps francophones, de mettre en place les mesures nĂ©cessaires pour favoriser la rĂ©ussite des Ă©tudiantes et des Ă©tudiants anglophones et anglophones, encore une fois, pour minimiser les freins Ă  la frĂ©quentation d’un cĂ©gep francophone pour ces personnes. Cependant, pour que ces cours puissent se dĂ©ployer, il est primordial que les sommes nĂ©cessaires soient investies dans cette mesure. À cette fin, il importe que le ministĂšre de l’Enseignement supĂ©rieur inclue, dans sa formule de financement des cĂ©geps, une enveloppe pour valoriser la langue française. Recommandations

6. Que les cĂ©geps renforcent les mesures d’aide Ă  la rĂ©ussite en français, spĂ©cifiquement pour les allophones et les anglophones, et qu’en ce sens, que soient tenues en compte les difficultĂ©s particuliĂšres vĂ©cues par ces groupes, de sorte Ă  adapter les mĂ©thodes d’enseignement et d’évaluation. Pour ce faire, que soit augmentĂ© le financement des cĂ©geps en ce qui a trait Ă  ces mesures d’aide;

7. Que des cours de français soient accessibles Ă  l’ensemble de la population frĂ©quentant des

Ă©tablissements collĂ©giaux, autant francophones qu’anglophones.

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8. Qu’une enveloppe pour la valorisation de la langue française soit incluse dans le financement des

cégeps.

Valoriser la culture québécoise

Comme mentionnĂ© ci-haut, l’objectif de l’épreuve uniforme de français est de s’assurer de l’acquisition des compĂ©tences en lecture et en Ă©criture, mais aussi de favoriser la connaissance des Ɠuvres littĂ©raires francophones. Cependant, si on se penche dans le cursus des cours de français langue seconde dispensĂ© dans les cĂ©geps anglophones, on remarque que ce sont uniquement dans le premier cours de français niveau IV que l’analyse des textes culturels et littĂ©raires est effectuĂ©e (MinistĂšre de l'Enseignement supĂ©rieur, 2020). Au contraire, comme leur nom l’indique, les cours de français, langue d’enseignement et littĂ©rature portent une attention particuliĂšre aux Ɠuvres littĂ©raires francophones. En effet, dans chaque cours, les Ă©tudiant.es sont tenus d’étudier au minimum huit Ɠuvres. On peut donc en comprendre qu’il y a un Ă©cart considĂ©rable accordĂ© Ă  la culture dans les cours de français, langue d’enseignement et littĂ©rature et le cours de français langue seconde. Afin de pallier cet Ă©cart et valoriser la langue française dans les cĂ©geps anglophones, il serait intĂ©ressant de s’inspirer du cours de LittĂ©rature quĂ©bĂ©coise (103) et insĂ©rer au cursus de la formation gĂ©nĂ©rale anglophone l’étude d’Ɠuvres littĂ©raires quĂ©bĂ©coises. Pour se faire, il pourrait ĂȘtre ajoutĂ©, au devis ministĂ©riel anglophone des cours de français langue seconde, la nĂ©cessitĂ© d’étudier un minimum d’Ɠuvres littĂ©raires quĂ©bĂ©coises. Cela permettrait de faire rayonner la culture francophone du QuĂ©bec, et les Ă©tudiant.es pourraient sortir du cĂ©gep avec une meilleure connaissance de la langue française et des Ɠuvres qui ont marquĂ© la culture quĂ©bĂ©coise. Recommandation

9. Que les devis ministĂ©riels anglophones des cours de français langue seconde, tout en gardant leur souplesse, prescrive l’enseignement de notions de littĂ©rature quĂ©bĂ©coise.

Remise des travaux en français

Toujours dans l’optique de faire des cĂ©geps anglophones des vecteurs de la valorisation de la langue française, il importe de se pencher sur d’autres moyens pour assurer un lien avec la langue française. Dans Le fait français dans le rĂ©seau collĂ©gial – Enjeux et solutions, la FECQ propose de permettre aux Ă©tudiant.es des cĂ©geps anglophones de remettre leurs travaux en français, comme il est coutume de faire Ă  l’universitĂ© d’Ottawa et Ă  McGill. Pour les Ă©tudiant.es francophones, cela permet de maintenir l’utilisation du français en contexte scolaire. Pour les Ă©tudiant.es anglophones et allophones, la remise des travaux en français peut ĂȘtre utilisĂ©e pour s’exercer Ă  la maĂźtrise du français. Finalement, cela permettrait, encore une fois, de faire une place au français dans les Ă©tablissements anglophones afin que ceux-ci puissent contribuer Ă  la place du français comme langue commune de la sociĂ©tĂ© quĂ©bĂ©coise. Recommandation

10. Qu’une personne Ă©tudiant dans un cĂ©gep anglophone puisse toujours remettre un travail en français si elle le souhaite.

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AUGMENTER L’ATTRACTIVITÉ DES CÉGEPS

FRANCOPHONES

Si le projet de loi 96 doit proposer des dispositions pour encadrer l’expansion des cĂ©geps anglophones, c’est qu’une partie de plus en plus importante des personnes francophones se dirigent dans les cĂ©geps anglophones. Ainsi, il importe de s’attaquer au problĂšme Ă  la source : pourquoi observe-t-on une migration des Ă©tudiant.es francophones en milieu anglophone? Pour rĂ©pondre Ă  cette question, il serait pertinent que le ministĂšre de l’Enseignement supĂ©rieur et le nouveau ministĂšre de la langue française (MLF) rĂ©alisent une enquĂȘte pour dĂ©terminer la cause de l’attractivitĂ© des cĂ©geps anglophones. De cette façon, il sera possible de mettre en place des actions structurantes pour rehausser l’attractivitĂ© des cĂ©geps francophones pour la population Ă©tudiante. Il est possible de poser plusieurs hypothĂšses, d’emblĂ©e, pour dĂ©terminer les causes possibles de l’attractivitĂ© des cĂ©geps anglophones. On peut penser que les francophones dĂ©sirent perfectionner l’anglais comme langue secondaire. On peut aussi supposer que les cours de formation gĂ©nĂ©rale des cĂ©geps anglophones, par la diversitĂ© des choix de cours, est plus attractive que la formation gĂ©nĂ©rale francophone. En effet, on peut penser qu’une personne qui choisit son cours sera davantage motivĂ©e Ă  le rĂ©aliser. De plus, il est vĂ©hiculĂ©, parmi la population Ă©tudiante quĂ©bĂ©coise, que les cĂ©geps anglophones sont perçus comme plus prestigieux. Cependant, pour valider ces hypothĂšses, il importe qu’une enquĂȘte soit rĂ©alisĂ©e et s’intĂ©resse aux motivations de la population Ă©tudiante Ă  l’égard des cĂ©geps anglophones. Ainsi, l’enquĂȘte menĂ©e, il sera possible de travailler Ă  rehausser l’attractivitĂ© des cĂ©geps francophones. Recommandation

11. Que le ministĂšre de l’Enseignement supĂ©rieur et le ministĂšre de la Langue française rĂ©alisent une enquĂȘte de grande envergure sur les motivations liĂ©es Ă  la langue d’étude chez la jeunesse quĂ©bĂ©coise.

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CONCLUSION

En terminant, la FECQ soit voit satisfaite sur les balises crĂ©Ă©es pour encadrer l’expansion des cĂ©geps anglophones. Cependant, elle Ă©met plusieurs rĂ©serves sur l’obtention du DEC conditionnel Ă  la passation de l’épreuve uniforme de français pour toutes les personnes francophones et allophones. Toutefois, la FECQ reconnait la nĂ©cessitĂ© de valoriser la langue française et considĂšre que cela devrait ĂȘtre au cƓur de la mission des Ă©tablissements collĂ©giaux autant francophones qu’anglophones. Pour ce faire, l’augmentation de l’accessibilitĂ© aux cours de français ainsi que l’étude d’Ɠuvre littĂ©raire quĂ©bĂ©coise dans les cours de langue seconde sont proposĂ©es. Pour finir, il importera, dans les annĂ©es Ă  venir, de se pencher sur les causes de l’attractivitĂ© des cĂ©geps anglophones auprĂšs de la population Ă©tudiante francophone afin de mettre en place des solutions pour rĂ©tablir l’attractivitĂ© entre ces deux Ă©tablissements.

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RAPPEL DES RECOMMANDATIONS

1. Que soit modifiĂ© l’article 88.0.4 du projet de loi 96 afin d’y inclure une date butoir avant laquelle le ministĂšre de l’Enseignement supĂ©rieur doit remettre l’effectif total particulier aux Ă©tablissements anglophones offrant l’enseignement collĂ©gial.

2. Que soit modifiĂ© l’article 88.0.5 du projet de loi 96 afin d’y inclure une date butoir avant laquelle le

ministĂšre de l’Enseignement supĂ©rieur doit remettre l’effectif total particulier aux Ă©tablissements francophones offrant l’enseignement collĂ©gial qui peuvent offrir des cours en anglais.

3. Que le MES Ă©tablisse un mĂ©canisme objectif pour rĂ©partir l’effectif scolaire Ă©tudiant en anglais dans

un cégep francophone entre les cégeps en faisant la demande, tout en favorisant la concertation entre les établissements dans le processus.

4. Qu’il soit prĂ©cisĂ© aux articles 60 et 62 du projet de loi 96 que les mĂ©thodes de consultation de la

population Ă©tudiante doivent se conformer aux dispositions de l’article 32 de la Loi sur l’accrĂ©ditation et le financement des associations d’élĂšves et d’étudiants.

5. Que l’article 88.0.12 soit retirĂ© du projet de loi 96, puisqu’une Ă©preuve uniforme de français pour

toutes les personnes allophones et francophones, indĂ©pendant de leur langue d’enseignement, se veut un frein supplĂ©mentaire Ă  la rĂ©ussite.

6. Que les cĂ©geps renforcent les mesures d’aide Ă  la rĂ©ussite en français, spĂ©cifiquement pour les

allophones et les anglophones, et qu’en ce sens, que soient tenues en compte les difficultĂ©s particuliĂšres vĂ©cues par ces groupes, de sorte Ă  adapter les mĂ©thodes d’enseignement et d’évaluation. Pour ce faire, que soit augmentĂ© le financement des cĂ©geps en ce qui a trait Ă  ces mesures d’aide;

7. Que des cours de français soient accessibles Ă  l’ensemble de la population frĂ©quentant des

Ă©tablissements collĂ©giaux, autant francophones qu’anglophones.

8. Qu’une enveloppe pour la valorisation de la langue française soit incluse dans le financement des cĂ©geps.

9. Que les devis ministériels anglophones des cours de français langue seconde, tout en gardant leur

souplesse, prescrive l’enseignement de notions de littĂ©rature quĂ©bĂ©coise.

10. Qu’une personne Ă©tudiant dans un cĂ©gep anglophone puisse toujours remettre un travail en français si elle le souhaite.

11. Que le ministĂšre de l’Enseignement supĂ©rieur et le ministĂšre de la Langue française rĂ©alisent une

enquĂȘte de grande envergure sur les motivations liĂ©es Ă  la langue d’étude chez la jeunesse quĂ©bĂ©coise.

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BIBLIOGRAPHIE

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