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DIRECTION REGIONALE DE LA JEUNESSE ET DES SPORTS ET DE LA COHESION SOCIALE MEMOIRE REALISE EN VUE DE L’OBTENTION DU DIPLOME D’ETAT DE MASSEUR KINESITHERAPEUTE 2015 Prise en charge tardive d’une fracture du plateau tibial : Avenir incertain. Stage à temps plein LAGHLOUGH BEN GHORBAL Amira

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Page 1: Avenir incertain. - Centre de documentation

DIRECTION REGIONALE DE LA JEUNESSE ET DES SPORTS

ET DE LA COHESION SOCIALE

MEMOIRE REALISE EN VUE DE L’OBTENTION DU

DIPLOME D’ETAT

DE

MASSEUR KINESITHERAPEUTE

2015

Prise en charge tardive d’une fracture du plateau tibial :

Avenir incertain.

Stage à temps plein LAGHLOUGH BEN GHORBAL Amira

Page 2: Avenir incertain. - Centre de documentation

Résumé :

M. W est un jeune de 34 ans. Titulaire d’une formation BTP, il occupe plusieurs postes dans

le domaine du bâtiment (maçonnerie, charpente, démolition…).

Le soir du 23 Mai 2014, suite à un accident de moto, il a subi un traumatisme du genou droit.

Après un examen clinique, une fracture du plateau tibial est confirmée. Le jour même, il a

bénéficié d’une ostéosynthèse par plaque visée. M.W n’a pas fait de rééducation pendant les

deux premiers mois post opératoire.

Au début de ma prise en charge à J+60 de l’intervention, le bilan initial montre un syndrome

inflammatoire important se traduisant par des douleurs et un épanchement intra articulaire du

genou ainsi qu’une limitation articulaire et une amyotrophie musculaire.

La douleur et l’épanchement ont rendu impossible l’application d’un protocole standard clas-

siquement utilisé après une fracture du plateau tibial. De plus, M.W ne respectait pas les con-

signes chirurgicales ; arrive au centre avec un appui précoce et ne porte pas de bas de conten-

tion alors que l’appui n’est pas encore autorisé.

Il a donc fallu adapter ma prise en charge pour éviter tout type de complications tardives gé-

néralement rencontrées après une fracture du plateau tibial : raideur articulaire, cal-vicieux,

arthrose post-traumatique…

La récupération se révèle ainsi plus lente que prévue. Ce qui a obligé l’équipe de soins à pro-

longer le délai de la rééducation en hôpital de jour. Malgré les retards constatés dans les dé-

lais, la neutralisation de cette complication a permis une progression satisfaisante pour autori-

ser une sortie du centre après 90 jours, cependant, une boiterie d’esquive persistait.

Mots clés / Keywords

- Genou - Knee

- Fracture - Fracture

- Plateau tibia - Tibial plateau

- Pain - Douleur

- Complications - Complications

Page 3: Avenir incertain. - Centre de documentation

SOMMAIRE

1 Introduction : ..................................................................................................................... 1

2 Histoire de la maladie : ...................................................................................................... 2

2.1 Présentation du patient : .......................................................................................................... 2

2.2 Anamnèse : .............................................................................................................................. 3

2.3 Observation du patient : .......................................................................................................... 3

3 Les bilans : (effectués à J60 de l’intervention) .................................................................. 4

3.1 Bilan algique : douleurs mécaniques et inflammatoires importantes ...................................... 4

3.2 Bilan Cutané-Trophique et vasculaire : épanchement intra-articulaire ................................... 4

3.3 Bilan articulaire : flessum antalgique et limitation de la flexion ............................................. 5

3.4 Bilan musculaire : faiblesse musculaire importante ................................................................ 6

3.5 Bilan sensitif : .......................................................................................................................... 8

3.6 Bilan fonctionnel : ................................................................................................................... 8

3.7 Profil psychologique : profil anxieux ...................................................................................... 8

4 Diagnostique kinésithérapique .......................................................................................... 9

5 Objectifs de prise en charge masso-kinésithérapique: ................................................... 10

5.1 La première phase (J+60 à J+90) .......................................................................................... 10

5.2 La deuxième phase (J+90 à J+120) ....................................................................................... 11

6 Les principes généraux : .................................................................................................. 11

7 Traitement : ...................................................................................................................... 12

7.1 Première phase : (J+60 à J+90) ............................................................................................ 12 7.1.1 Lutte contre les douleurs, les phénomènes inflammatoires et améliorer la mobilité cicatricielle : . 12 7.1.2 Mobiliser les plans de glissement patellaire et assouplir le cul de sac sous-quadricipital : ............. 13 7.1.3 Récupération des amplitudes articulaires du genou : ...................................................................... 13 7.1.4 Améliorer la qualité contractile du quadriceps : .............................................................................. 15 7.1.5 Renforcer les ischio-jambiers : ........................................................................................................ 16 7.1.6 Travail de la marche : 2 cannes et sans appui : ............................................................................... 17

7.2 Deuxième phase (J+90 à J+120) : ......................................................................................... 18 7.2.1 Poursuivre la récupération des amplitudes articulaires : ................................................................. 18 7.2.2 Renforcement musculaire analytique et global : ............................................................................. 18 7.2.3 Reprendre progressivement l’appui complet en statique : ............................................................... 19 7.2.4 Travail proprioceptif : ..................................................................................................................... 20 7.2.5 Travail de la marche et des escaliers : ............................................................................................. 20

8 Bilan de sortie : ................................................................................................................ 21

9 Discussion : ...................................................................................................................... 23

9.1 Conséquences de l’absence de rééducation post opératoire immédiate : .............................. 23

9.2 Devenir du genou à moyen et long terme : ........................................................................... 28

10 Conclusion : .................................................................................................................. 30

BIBLIOGRAPHIE ET ANNEXES

Page 4: Avenir incertain. - Centre de documentation

1

1 Introduction :

Le plateau tibial est la partie supérieure du tibia. Les surfaces articulaires de part et d’autre

des épines tibiales sont quasiment planes, d’où le terme de « plateaux ». [1] [2]

Le plateau tibial est responsable d’un bon équilibre des répartitions des charges c’est pourquoi

il est considéré comme la zone de support la plus critique dans le corps humain.

Une fracture de la continuité de l'os se produisant dans cette région affecte la stabilité, le

mouvement et l'alignement du genou [3].

Elle peut être provoquée par un traumatisme à haute énergie [4] par exemple lors d’un acci-

dent de la voie publique, avec un fort risque d’ouverture du foyer. Son pronostic est marqué

par les séquelles ou risques de raideur, et surtout de cal vicieux évoluant vers l’arthrose post-

traumatique.

La fracture du plateau tibial est due à un mécanisme indirect de compression [3] : La com-

pression est axiale lors d'une chute sur les pieds, genou en extension, ou lors d'un traumatisme

latéral sur le genou, pied bloqué au sol, ou mixte (fig1).

Les lésions anatomiques qui en découlent sont de 3 types principaux :

la fracture-séparation, où le trait de fracture détache la surface articulaire

la fracture-tassement, où l'enfoncement concerne un ou plusieurs fragments de la sur-

face articulaire

la fracture mixte (séparation-tassement)

Figure 1 : Compression axiale latéralisée :

Page 5: Avenir incertain. - Centre de documentation

2

Le patient choisi pour ce mémoire m’a été confié pour une prise en charge de fracture mixte

du plateau tibial avec séparation-tassement suite à un accident de moto. Je l’ai suivi 12 se-

maines au centre de rééducation et de réadaptation fonctionnelle.

Dès le début de la prise en charge, l’apparente difficulté de rééducation, due au traumatisme

sévère de M. W, m’a interpelée. A son arrivée au centre à J60, les signes inflammatoires per-

sistants, la limitation articulaire, l’amyotrophie musculaire de son genou droit et le non suivi

des consignes chirurgicales m’ont intrigué. En effet, M.W n’a pas été pris en charge durant les

deux mois post opératoire, arrive au centre avec un appui précoce et ne porte pas les bas de

contentions. Il a donc fallu adapter la rééducation. Cela m’a donc amené à me poser des

questions quant à la meilleure prise en charge kinésithérapique et au devenir fonctionnel

de ce patient.

La lutte contre les signes inflammatoires et la douleur était l’objectif prioritaire afin de

récupérer la flexion et le verrouillage actif du genou. Je me suis alors posée la question de

savoir comment gagner en mobilité, d’où dépend la possibilité ultérieure de la marche et de

la reprise du travail car la récupération des fractures mixtes du plateau tibial a un mauvais

pronostic fonctionnel [1] [2] [3].

2 Histoire de la maladie :

2.1 Présentation du patient :

M.W, 34 ans, mesure 1m70 et pèse 63 kg. Il est titulaire d’une formation BTP (Bâtiment

Travail Publique) depuis 2005 et a occupé depuis, plusieurs postes dans le domaine du bâti-

ment (maçonnerie, charpente, démolition…).

Ces activités nécessitent une bonne condition physique vu qu’il est amené à soulever réguliè-

rement des charges lourdes (sacs de ciments…) dans des positions contraignantes.

Séparé, il vit actuellement avec son enfant de 11 ans dans un appartement au 3éme étage avec

ascenseur. Il est droitier et son pied d’appel est le gauche.

M.W est un amateur de conduite à 2 roues, il possède une moto qu’il utilise pour ses dépla-

cements quotidiens.

Page 6: Avenir incertain. - Centre de documentation

3

2.2 Anamnèse :

Le soir du 23 Mai 2014, M W est sorti faire des courses en moto. Cette dernière a glissé sur la

route, provoquant sa perte d’équilibre.

Lors de sa chute, M.W a subi dans un premier temps, un choc talon au sol jambe tendu, puis

la chute s’est poursuivie par un contact violent du genou au sol. Cela correspond d’une part à

une compression axiale, et d’autre part à une compression latérale.

M.W a été conduit aux urgences. Des bilans radiographiques ont confirmé l’existence d’une

fracture mixte à multiples fragments de l’épiphyse proximale du tibia. Une réparation chirur-

gicale (Annexe I) a été réalisée, le même jour, par réduction, relèvement et synthèse par

plaque vissée. (Annexe II)

M W n’a pas bénéficié d’une prise en charge post opératoire immédiate pour des raisons fami-

liales et sociales. Il arrive dans le service de rééducation le 23 juillet 2014, 2 mois après

l’intervention et y est resté trois mois jusqu’au 23 octobre 2014, avec 5 séances de kinésithé-

rapie par semaine. (Fig.2)

2.3 Observation du patient :

Le jour de son arrivée, M.W entre dans la salle de rééducation avec deux cannes antébra-

chiales, une attelle baleinée et sans bas de contention. Il appuie partiellement sur sa jambe

opérée sachant que l’appui est interdit pendant les trois premiers mois [5].

Pour s’installer sur la table de rééducation, il se tient la jambe droite avec la jambe controlaté-

rale pour éviter la flexion du genou opéré qui semble être douloureuse.

Lors de la comparaison des deux genoux, je constate que le genou droit est gonflé, rouge avec

un flessum.

En décubitus dorsal, j’observe une attitude antalgique en rotation latérale de hanche, une in-

clinaison gauche du tronc ainsi qu’une attitude en double flexion (hanche et genou) du

membre opéré.

Page 7: Avenir incertain. - Centre de documentation

Figure 2– Chronologie des évènements

2005• Travail dans le bâtiment

23/05/2014

• Accident de moto – Fracture plateau tibial Intervention Chirurgicale

23/07/2014

• Arrivé au centre de rééducation

• Rééducation post opératoire et début de la prise en charge

Absence de rééducation pendant 2 mois (Douleurs, signes inflammatoires)

Page 8: Avenir incertain. - Centre de documentation

4

3 Les bilans : (effectués à J60 de l’intervention)

L’évaluation du membre opéré est faite comparativement au côté controlatéral sain.

3.1 Bilan algique : Douleurs mécaniques et inflammatoires

M. W se plaint de douleurs nocturnes diffuses au niveau du genou cotées à 5/10 sur l’échelle

visuelle analogique (Annexes III) (EVA). [6] Ces douleurs sont de type inflammatoire.

Il ressent également des douleurs mécaniques provoquées à la mobilisation passive du ge-

nou cotées à 3/10 à l’EVA: au-delà de 20° d’extension, à la face postérieure du genou et à 60°

de flexion au niveau de la partie proximale de la face antérieure du tibia.

Il évoque aussi des douleurs mixtes en fin de journée.

Les douleurs décrites sont calmées par l’application pluriquotidienne de glace et par le traite-

ment médical (Dafalgan) si besoin.

3.2 Bilan Cutané-Trophique et vasculaire :

Peau :

La peau est moins souple et rouge du côté opéré. Je note également une augmentation de la

température cutanée. Celle-ci reste non adhérente, mobile par rapport au plan sous-jacent.

Cicatrices :

La cicatrice de 12cm siégeant au niveau de la face latérale du genou est propre, non inflam-

matoire mais légèrement indurée dans sa partie moyenne. (Fig. 3)

Figure 3: la cicatrice du genou droit

Page 9: Avenir incertain. - Centre de documentation

5

Trophique : Epanchement intra articulaire

Je constate un genou œdématié (Fig.4). L’importance de cet épanchement est objectivée par

la mesure des périmètres rotuliens (PR) : PR est de + 2cm à droite. (Tab:1)

Le cul-de-sac sous quadricipital est empâté et partiellement induré.

Figure 4 : Mise en évidence de l’œdème

Tableau 1 : Mise en évidence de l’épanchement du genou droit :

Genou droit Genou gauche Différentiel

Périmètre base rotule 39 cm 37 cm 2 cm

Périmètre malléolaire 20 cm 20 cm 0 cm

Vasculaire :

J’observe une légère ecchymose à la face postéro-médiale du tiers supérieur de la jambe

droite. Le patient ne présente pas de troubles thromboemboliques.

3.3 Bilan articulaire : Flessum antalgique et limitation de la flexion

Qualitatif :

Je remarque que son genou ne présente ni désaxassions, ni mouvements anormaux.

Pour l’articulation fémoro-patellaire : lors de la mobilisation de la patella, je remarque une

diminution de la mobilité longitudinale. Cela est peut être dû à la présence de

l’épanchement et l’empâtement du cul de sac sous quadricipital.

Page 10: Avenir incertain. - Centre de documentation

6

Pour l’articulation fémoro-tibiale : le flessum antalgique est difficilement réductible à cause

des douleurs. Lors de la mobilisation en flexion, je note un manque de fluidité et le patient

évoque une sensation désagréable de craquement de la patella.

Quantitatif :

Au niveau de l’articulation fémoro-patellaire : la mobilité transversale est conservée à 100%.

Cependant, la mobilité longitudinale est diminuée de 50%.

Au niveau de l’articulation fémoro-tibiale (tab.2) : En décubitus dorsal : l’extension du genou

est limitée à -20° par la douleur.

Assis au bord de la table : la flexion est limitée à 60° par la douleur.

Tableau 2: Mesures goniométriques des mouvements passifs des genoux droite et

gauche

Genou droit (opéré) Genou gauche

Flexion 60° 140°

Extension -20° 0°

Les amplitudes articulaires des articulations sus et sous-jacentes ne sont pas déficitaires par

rapport au côté opposé.

3.4 Bilan musculaire : Faiblesse musculaire importante

Qualitatif :

La contraction du quadriceps est possible et non maintenue. Elle est mise en évidence par

une faible contraction lors d’un travail musculaire isométrique en chaine antérieure à l’aide

des releveurs de l’articulation talo-crurale. Tous les autres muscles du membre inférieur sont

contractiles.

Il présente une amyotrophie du quadriceps, des ischio-jambiers et du triceps sural du côté

droit. Elle est objectivée par des mesures périmétriques en sous patellaire pour le triceps et en

sus patellaire pour les muscles de la cuisse. (Tab.3)

Page 11: Avenir incertain. - Centre de documentation

7

Tableau 3 : Mise en évidence de l’amyotrophie du membre opéré :

Genou gauche Genou droit Différentiel

+15 cm sus patellaire

(=quadriceps et IJ)

48 44 4

+10 cm sus patellaire

(=vaste latéral)

44 40 4

+5 cm sus patellaire

(Vaste médial)

41 38 3

-5 cm sous patellaire

(=gastrocnémiens)

36 34 2

Malgré la présence de l’œdème pouvant fausser les mesures périmétriques, je note un diffé-

rentiel mettant en évidence une amyotrophie importante.

L’extensibilité du quadriceps et des ischio-jambiers est impossible à objectiver en raison de

la limitation articulaire en flexion et en extension.

La tonicité du quadriceps et des ischio-jambiers est testée par la technique du ballant. Je

constate une augmentation du ballant, donc une hypotonie de ces derniers.

Quantitatif :

Quadriceps : Le patient est assis au bord de la table, il lève la jambe contre pesanteur avec

difficulté dans toute l’amplitude disponible, je côte donc le muscle à 3/5.

Ischio-Jambiers : Sachant que la flexion est limitée à 60°, le patient est capable de réaliser en

décubitus ventrale une flexion du genou contre pesanteur. Ils sont côté à 3/5.

Triceps : Il m’est impossible de tester quantitativement ce muscle étant donné l’interdiction

de l’appui. Toutefois, il est capable de réaliser une flexion plantaire efficace sans résistance.

Page 12: Avenir incertain. - Centre de documentation

8

Les muscles de la hanche ainsi que de la cheville sont comparativement pareil que le côté

controlatéral.

3.5 Bilan sensitif :

M.W ne présente pas de trouble de la sensibilité superficielle : le test du pique-touche réalisé

au niveau du genou et de la jambe est négatif.

Il ne présente pas de trouble de la sensibilité profonde : il arrive à reproduire les yeux fermés

les différentes positions du genou opéré avec le genou sain en statique et en dynamique.

3.6 Bilan fonctionnel :

Le patient est autonome dans les activités de la vie quotidienne ; toilette, habillage… [31]

Par contre, il ne respecte pas les consignes chirurgicales et appuie sur le côté opéré jusqu’à

son arrivée au service de rééducation.

Bilan statique : Le patient est debout entre les barres parallèles, je note une légère

inclinaison de l’ensemble du corps vers la gauche, due à la restriction d’appui du côté

opéré. Son pied droit est en contact métatarsien.

Bilan dynamique : Sous couvert d’une attelle baleinée et à l’aide de deux cannes an-

tébrachiales, sa marche s’effectue en trois temps : dans un premier temps, il avance les

deux cannes, dans un deuxième, sa jambe lésée et enfin sa jambe saine.

Le périmètre de marche ne dépasse pas les 100 mètres et est limité par la fatigue.

3.7 Profil psychologique : Profil anxieux

M.W semble motivé mais pressé, il comprend les consignes qui lui sont données mais ne les

respecte pas en totalité. Impatient, il souhaite s’impliquer au maximum dans sa rééducation

afin de s’occuper au mieux de son enfant.

Anxieux, il appréhende les suites de la rééducation en raison des douleurs ressenties à la suite

de l’opération. De plus, le chirurgien lui a expliqué : « qu’une pose de prothèse est possible

mais qu’elle dépendra de l’évolution de la rééducation…». Cela semble créer une inquiétude

et des tourments quotidiens qu’il faudra écouter et prendre en compte.

Page 13: Avenir incertain. - Centre de documentation

9

4 Diagnostique kinésithérapique

Le diagnostic est basé sur le modèle de la Classification Internationale du Fonctionnement, du

handicap et de la santé (CIF). [7]

Il permet de mettre en place la démarche thérapeutique et de justifier les moyens mis en

œuvre. Il doit prendre en compte le projet du patient. (Fig.5)

Eléments analytiques :

M.W perçoit des douleurs mécaniques provoquées lors de la mobilisation en flexion du ge-

nou. Il se plaint de douleurs nocturnes de type inflammatoire qui s’accompagnent d’un épan-

chement.

Le bilan révèle une limitation de la flexion, associée à un défaut d’engagement de la patella

et présente un déficit musculaire important du quadriceps, des ischio-jambiers et du triceps

sural au niveau du membre opéré.

Eléments fonctionnels :

M.W marche avec une attelle baleinée et deux cannes antébrachiales. Il ne respecte pas les

consignes chirurgicales car à J60, il arrive avec un appui précoce métatarsien.

Eléments environnementaux :

- Incapacité de reprendre le travail

- Incapacité de conduire la moto

- Gêne dans la vie courante (Difficulté de sortir de chez lui, ménage, courses, cuisine…)

- Difficulté à s’occuper de son fils

Projet du patient :

Il souhaite ainsi reprendre son travail le plutôt possible pour s’occuper au mieux de son enfant

qui vit avec lui. Il ne veut pas d’aide extérieur pour ses tâches de la vie quotidiennes. Par la

suite, il souhaite reprendre le sport et pratiquer un de ses loisirs préféré, qui est la conduite des

motos.

Page 14: Avenir incertain. - Centre de documentation

Figure 5: Bilan diagnostique kinésithérapique.

Page 15: Avenir incertain. - Centre de documentation

10

5 Objectifs de prise en charge masso-kinésithérapique:

L’objectif primordial de cette prise en charge est d’avoir un genou sain et indolore, de récupé-

rer les amplitudes articulaires pour retrouver une marche normale, en vue de reprendre son

travail et de s’occuper au mieux de son fils.

La rééducation se déroule en deux phases : l’évolution des troubles inflammatoires et la re-

prise d’appui. La récupération sera déterminée par la diminution des signes inflammatoires

des déficiences articulaires et musculaires du membre atteint. Le traitement a donc pour ob-

jectif d’avoir un genou indolore, stable et de mobilité normale.

5.1 La première phase (J+60 à J+90) :

Le patient arrive avec un genou inflammatoire et non verrouillant. Au cours de cette phase, il

est nécessaire d’atteindre les objectifs en vue d’une progression satisfaisante au cours de la

seconde phase.

Les objectifs de la première phase sont :

- Lutter contre les douleurs, les phénomènes inflammatoires

- Améliorer la mobilité cicatricielle

- Lutter contre les adhérences péri-rotuliennes

- Mobiliser les plans de glissement patellaire et assouplir le cul de sac quadricipital

- Récupération des amplitudes articulaires du genou

- Améliorer la qualité contractile du quadriceps

- Favoriser le travail de Co contraction du couple ischio jambiers et du quadriceps

- Obtenir le verrouillage du genou

- Entretenir les autres segments de membres (articulaire et musculaire)

- Eduquer le patient (suppression d’appui)

Page 16: Avenir incertain. - Centre de documentation

11

5.2 La deuxième phase (J+90 à J+120) :

L’appui est autorisé à J+90, l’inflammation a diminué et le verrouillage actif du genou est

acquis. Les objectifs s’orientent vers un renforcement et un contrôle musculaire global. La

rééducation est alors à prédominance fonctionnelle.

Les objectifs de la deuxième phase :

- Conserver les acquis de la première phase

- Accentuer la flexion

- Poursuivre le renforcement musculaire

- Reprendre progressivement l’appui et sevrer les aides techniques

- Accentuer le travail proprioceptif en charge sur un plan stable puis instable

- Améliorer la qualité de la marche et la montée des escaliers

6 Les principes généraux : [2] [3]

- Aucun appui n’est autorisé avant 90 jours afin de respecter le montage

- Respect des délais de consolidation

- Pas de travail musculaire contre résistance distale

- Eviter la position en flexum antalgique

- Ne jamais dépasser le seuil de la douleur

- Education du patient : c’est un principe très important : insister sur le port des bas de

contentions, interdire l’appui jusqu’à autorisation du chirurgien.

Page 17: Avenir incertain. - Centre de documentation

12

7 Traitement :

7.1 Première phase : (J+60 à J+90) :

Le patient est pris en charge à l’hôpital à raison de 5 séances par semaines. A la suite du bilan,

j’avertis le patient du non-respect des consignes chirurgicales en insistant sur la suppression

de l’appui. [5]

7.1.1 Lutte contre les douleurs, les phénomènes inflammatoires et améliorer la mobilité

cicatricielle :

Au cours de cette phase, la rééducation se base sur la cryothérapie pluriquotidienne en dé-

clive (Fig.7) pour permettre une réduction des signes inflammatoires et la mobilisation de la

cicatrice dans le but de prévenir les adhérences [8].

Pour diminuer les douleurs [9]: Le patient est allongé sur la table de rééducation, je

commence par un massage [29] [30] de 10 à 15 minutes à visée antalgique (pressions glissées

superficielles, profondes et frictions).

Pour lutter contre l’œdème [|9]: J’effectue un pétrissage superficiel à visée circulatoire de

drainage disto-proximal, afin d’activer la circulation sanguine de retour et favoriser la

résorption de l’épanchement. Ce dernier est réalisé en position déclive.

Pour un même effet, je demande au patient de réaliser des contractions rapides et volontaires

du quadriceps appelées « contractions flash » : une contraction par seconde pendant 6

secondes, répétée plusieurs fois.

Pour améliorer la mobilisation cicatricielle : J’effectue une mobilisation douce des

cicatrices dans le but de prévenir les adhérences.

Et enfin, ma séance se termine toujours par la cryothérapie [30] [8] en utilisant le cold pack

sur le genou en déclive. J’applique une vessie de glace sur les zones douloureuses pour une

durée de 20 minutes. La cryothérapie est utilisée pour ses effets antalgiques et anti-

inflammatoires de manière pluriquotidienne. Je protège la peau par l’adjonction d’un tissu

entre la zone algique et l’adjuvant afin d’éviter toute brûlure.

Page 18: Avenir incertain. - Centre de documentation

13

Figure 7 : Cryothérapie en déclive

7.1.2 Mobiliser les plans de glissement patellaire et assouplir le cul de sac sous-

quadricipital :

En premier lieu, je procède par des frictions au niveau du tendon quadricipital et du tendon

patellaire pour améliorer leur souplesse car la mobilité fémoro-patellaire se révèle nettement

diminuée par rapport au côté sain. Je complète par des pétrissages profonds sur le cul du sac

sous quadricipital qui est empâté et induré.

Et je finis par mobiliser quotidiennement la patella longitudinalement et transversalement

pour pouvoir récupérer la mobilité patellaire [16].

7.1.3 Récupération des amplitudes articulaires du genou :

Gagner en flexion du genou :

Je procède par des mobilisations manuelles passives du genou [11], dont le but de gagner en

flexion et d’entretenir les amplitudes déjà existantes. [29] [30]

Ces mobilisations sont réalisées de façon douce, lente et infra-douloureuse avec une prise

proximale, en associant une pause en fin d’amplitude dans la recherche de gain articulaire.

Je facilite l’engagement de la patella dans la trochlée fémorale en l’abaissant progressivement

lors de la flexion, afin de diminuer les tensions sur le système extenseur [29].

Ces mobilisations manuelles sont complétées par des mobilisations actives et actives-aidées

(ballon de Klein-Vogel Bach, skateboard…) en flexion permettant la détente du quadriceps.

Page 19: Avenir incertain. - Centre de documentation

14

Je réalise aussi des postures en vue de gagner en amplitudes articulaires. Ces postures sont

réalisées soit manuellement (fig.8) ou par un montage de poulie (fig.9).

La flexion du genou reste limitée à 80° jusqu’à J+90.

J’utilise quotidiennement l’arthromoteur pendant 45 minutes dans un secteur infra doulou-

reux [12]. Cette technique permet de mobiliser de façon lente, régulière et continue, ce qui a

l’avantage d’obtenir une meilleure détente musculaire. J’augmente le secteur au fur et à me-

sure de la récupération articulaire.

Récupérer le 0° d’extension:

La position d’extension est inconfortable et douloureuse ceci est du à la réaction inflamma-

toire consécutive à la chirurgie et à l’absence de rééducation. Par conséquent, M. W se met en

flessum antalgique.

Pour lutter contre ce dernier, j’effectue des postures manuelles afin d’obtenir une extension

complète. Ensuite, j’installe le patient en décubitus ventral : l’exercice consiste à se mettre en

appui sur la pointe des pieds et à tendre le genou. (Fig.10)

Figure. 9: Mobilisation auto-passive avec un

circuit pouliethérapie

Figure 8 : mobilisation auto-passive en décubitus

ventral

Page 20: Avenir incertain. - Centre de documentation

15

Figure 10 : Travail actif de l’extension du genou en décubitus ventral

7.1.4 Améliorer la qualité contractile du quadriceps :

Pour avoir une meilleure qualité contractile du quadriceps en vue de l’obtention du verrouil-

lage actif du genou, j’ai utilisé plusieurs techniques de facilitation :

J’utilise l’électrothérapie [30] [13] (des stimulations électriques transcutanées à visée exci-

tomotrices sur le quadriceps) pour améliorer la contraction et la trophicité du quadriceps sur-

tout du vaste médial. Deux larges électrodes sont placées : une au-dessus du genou, l’autre sur

la partie haute du quadriceps. Le patient doit contracter volontairement les 4 chefs du quadri-

ceps pendant la contraction imposée par l’appareil. Le temps de repos est égal au temps de

contraction. La durée de l’électrostimulation est de 20 minutes, précédée par 5 minutes

d’échauffement et suivie de 5 minutes de récupération.

Cette électrostimulation est couplée à des exercices de co-contraction statique du quadriceps

et des ischio-jambiers pour optimiser la force isométrique du quadriceps comme l’exercice

« d’écrase-coussin » ou Co-contraction statique du quadriceps et des ischio-jambiers [10].

Je place le patient au bord de la table, les jambes pendantes. Je lui demande de maintenir la

position en extension du genou avec une aide manuelle sous le talon. La contraction statique

du quadriceps a été difficilement obtenue.

M.W réussit à tenir de plus en plus longtemps et l’aide que je dois apporter diminue. Cela

permet au fil des séances d’obtenir une extension active du genou en amplitude quasi-

complète.

Page 21: Avenir incertain. - Centre de documentation

16

Pour compléter ce travail, j’ai utilisé le montage CLAUSS (fig.11) assis qui permet

l’obtention en chaine cinétique fermée (CCF), la Co-contraction du couple quadriceps et

ischio-jambiers. Cet exercice a été poursuivi durant la deuxième phase.

Il effectue le montage assis tout en augmentant au fur et à mesure les charges. Cet exercice a

été poursuivi durant la deuxième phase.

Figure 11 : Exercice CLAUSS assis

De plus, je le conseille d’effectuer, à plusieurs reprises dans la journée, des contractions sta-

tiques maintenues du quadriceps à prévention de l’amyotrophie [30]. Pour cela, la contraction

du vaste médial, l’ascension de la patella et la mise en tension du tendon patellaire sont mon-

trent la bonne réalisation du quadriceps.

A J+90, le verrouillage actif en décharge est obtenu et l’attelle baleiné est sevrée.

7.1.5 Renforcer les ischio-jambiers : [1] [9]

Je demande au patient de s’installer au bord de la table, sa jambe repose sur ma cuisse. Je lui

demande de pousser avec le segment jambier contre ma cuisse. Cela me permet d’effectuer

des renforcements statiques, concentriques et excentriques. Il me permet aussi de doser la

faible résistance en fonction des capacités de mon patient pour l’accentuer progressivement.

Une fois la force du muscle devient supérieure à la résistance de ma cuisse, je lui propose des

montages en pouliethérapie afin de travailler contre résistance au poids. (Fig.12)

Page 22: Avenir incertain. - Centre de documentation

17

Figure 12: Travail des ischio-jambiers avec un montage poulie

Le renforcement des ischio-jambiers est toujours suivi d’étirement de la chaine postérieure.

7.1.6 Travail de la marche : 2 cannes et sans appui :

Sachant que le patient est arrivé dans le service avec un appui métatarsien, il est donc impor-

tant de corriger immédiatement sa marche en deux temps simultanés.

Le patient doit avancer ses deux cannes en même temps, puis son membre inférieur sain.

La balnéothérapie :

Le patient débute sa rééducation en balnéothérapie le jour de son arrivée au centre de

rééducation. Il travaille 45 minutes par jour et 5 fois par semaine. Cette technique a un effet

antalgique. [14] La chaleur de l’eau permet la détente musculaire, mais a aussi un effet

drainant. La chaleur augmente également l’activité veino-lymphatique et permet de réduire

l’épanchement. [15] Cela m’a été utile pour rendre les séances de rééducation plus tolérable

en termes de douleur et de récupération articulaire.

A la première phase de la prise en charge, je propose à M.W des exercices en décharge :

Travail la flexion et extension du genou sur une marche

Travail du verrouillage du genou avec des mouvements type ciseaux, battements, pé-

dalages,…

Page 23: Avenir incertain. - Centre de documentation

18

Travail du renforcement musculaire global de l’extension et la flexion avec des frites

ou planches…

Intégration d’un bon schéma de marche

La balnéothérapie facilite également le travail soustrait à la pesanteur et favorise l’indolence

[14] [15]. En effet, elle s’appuie sur le principe d’Archimède, à savoir que plus on augmente

le niveau d’immersion, plus la charge (poids du corps) diminue. Cette technique est un adju-

vant important pour la reprise d’appui.

7.2 Deuxième phase (J+90 à J+120) :

Les signes inflammatoires ont diminué, le verrouillage actif du genou est acquis et le chirur-

gien a autorisé l’appui, je passe à la deuxième phase de la rééducation.

7.2.1 Poursuivre la récupération des amplitudes articulaires :

En vue de l’obtention d’une mobilité physiologique de l’articulation du genou, je poursuis la

récupération de la flexion et la lutte contre le flessum antalgique.

A J+90, la mobilité de la patella dans le plan longitudinale reste limitée par rapport au côté

sain. L’extension du genou est de (-5°) et la flexion est de 80°. Je continue les mobilisations

passives et auto-actives du genou (assis en utilisant le skateboard, …)

Je remarque que plus je gagne en amplitude articulaire, plus les douleurs diminuent. La

flexion est mesurée à 100° à J+110.

7.2.2 Renforcement musculaire analytique et global :

Le patient réalise un travail statique intermittent du quadriceps avec une charge proximale

d’un kilogramme au début. A la fin de ma prise en charge, le quadriceps supporte un poids

proximal de quatre kilogrammes.

J’effectue également un travail concentrique, statique et excentrique des ischio-jambiers en

pouliethérapie en augmentant progressivement le poids. A la fin de ma prise en charge, les

ischio-jambiers sont capable de travailler avec un poids de 5 kilogrammes.

Page 24: Avenir incertain. - Centre de documentation

19

Ensuite, je demande à M.W de travailler le quadriceps et les ischio-jambiers sur un appareil

de presse. Il débute par un travail de maintien de position du genou lésé pendant 6 secondes,

aidé par le côté sain, avec une charge de 30 kilogrammes. La charge augmente au fur et à me-

sure, en fonction des capacités du patient pour arriver à 60 kilogrammes.

Il travail quotidiennement 15 minutes sur la bicyclette de rééducation ainsi que sur le stepper.

Enfin, pour travailler l’endurance, j’utilise la marche sur un tapis roulant.

Le renforcement du triceps sural est aussi indispensable car il est non seulement un muscle

stabilisateur du genou en charge mais aussi l’un des propulseurs du membre à la fin de la

phase portante de la marche [33]. Une fois que l’appui complet est atteint, je demande au pa-

tient de réaliser des séries de pointes de pointes des pieds en bipodal genoux tendus.

Et enfin, il est indispensable de travailler les haubans internes et externes. Je le travail par

irradiation avec un élastique à partir du membre inférieur sain, le membre inférieur opéré

reste en appui au sol.

Après chaque séance de renforcement, je réalise un étirement global.

7.2.3 Reprendre progressivement l’appui complet en statique :

Afin qu’il puisse évaluer la pression exercée sur son membre opéré lors de l’appui, je place un

pèse-personne sous chaque pied du patient. Je lui demande de répartir son poids de manière

égale sur chaque balance. Lorsqu’il estime que la répartition est accomplie, il regarde la diffé-

rence qu’il y a entre les deux balances. Ainsi, il se rend compte que son poids n’est pas uni-

formément réparti. La répartition du poids a été obtenue difficilement. En effet, M.W avait du

mal à corriger la mauvaise posture, qui a eu le temps de s’ancrer dans sa mémoire corporelle.

M.W effectue l’exercice en regardant les balances pour pouvoir corriger la quantité d’appui et

intégrer la bonne position. Puis, il le réalise devant le miroir placé devant lui. Quand il pense

se tenir correctement et avoir bien réparti son poids, je vérifie les balances. A partir de là, je

corrige les appuis puis, je réalise l’exercice sans miroir.

Balnéothérapie :

Il commence par un échauffement et un début d’appui sur le membre traumatisé. Il reporte

ensuite, le poids du corps avec une augmentation des pressions sur le membre lésé.

Puis, il se met en appui unipodal sur le membre lésé. Enfin, il passe à la situation dynamique.

Page 25: Avenir incertain. - Centre de documentation

20

7.2.4 Travail proprioceptif :

Les exercices proprioceptifs suivants s’effectuent entre les barres parallèles puis sans barres

[17]. Pour un développement du contrôle neuromusculaire, j’utilise les plateaux stables et

instables. (Plateau de Freeman, balancelle, trampoline, tapis de mousse…).

Le patient se tient debout en bipodal. Genou fléchit, sur un plan stable, je lance la balle à dif-

férentes hauteurs et M.W doit l’attraper. Ensuite, il monte sur plan instable afin de s’habituer

aux instabilités et je réalise le même exercice.

J’effectue également des déstabilisations antéro-postérieures au niveau de ses membres supé-

rieurs ensuite puis de ses membres inférieurs.

Cela oblige le patient à se concentrer sur le geste qu’il réalise, ce qui a pour effet

d’automatiser l’appui. Les yeux peuvent être fermés préalablement. Le but est que le patient

prenne confiance en ces capacités.

7.2.5 Travail de la marche et des escaliers :

Une fois l’appui complet en statique est acquis, le sujet se dirige vers un appui dynamique,

sous couvert de deux cannes [17]. La marche est tout d’abord travaillée qualitativement entre

les barres parallèles. M.W commence par marcher en avant, en arrière et latéralement, en

s’aidant des barres.

Je remarque l’absence de la phase taligrade pour le demi-pas antérieur [32].Le patient ne

tend pas son genou au maximum.

Il attaque le sol par la plante du pied. Lors de la phase plantigrade, je note une esquive

d’appui sur le membre opéré, entraînant une inégalité des pas dans le temps et dans l’espace

[32]. M.W ne se propulse pas sur la pointe lors du pas postérieur. Je lui fais remarquer ses

défauts de marche. Nous passons plusieurs séances à répéter le bon déroulement des pas.

J’utilise aussi des pastilles de couleurs, dans le but de rééquilibrer l’appui et la longueur des

pas. [17]

Au fur et mesure de la rééducation, je constate une bonne évolution au niveau de la marche.

Cela varie selon la diminution des douleurs et la récupération articulaire. Je réalise avec M.W

un travail de la montée des escaliers d’abord avec deux cannes puis avec une seule canne.

La montée et la descente en asymétrique s’avère facile et non douloureuse.

Page 26: Avenir incertain. - Centre de documentation

21

À J100, le sevrage d'une canne à l’intérieur s’est fait lorsque la qualité de la marche est

satisfaisante. Au début le périmètre du patient est réduit à cause de la douleur, mais au fur et

à mesure de la progression, il augmente son périmètre.

Cependant, le patient esquive toujours l’appui. Il ressent des douleurs lors de l’appui total sur

son membre opéré jusqu’à sa sortie du centre à J120. Pour cette raison, le sevrage de la 2éme

canne est impossible car la boiterie du patient augmente fortement sans la canne.

Et en ce qui concerne les escaliers, la montée en symétrique sans aide technique est obtenue

finalement à la fin de la rééducation, en revanche, la descente en symétrique demeure difficile

à cause du déficit de flexion du genou.

La balnéothérapie : [14] [15]

A la fin de la deuxième phase, je diminue le niveau d’immersion du plus profond pour finir

progressivement par le niveau d’immersion le plus faible.

Je propose à M.W des exercices de transferts de poids puis une marche avant, arrière, latérale

avec un bon déroulement du pas et un contrôle du genou.

8 Bilan de sortie :

M.W termine la rééducation au centre à J120 de l’intervention chirurgicale.

Sur le plan douloureux :

Au repos, le patient ne présente aucune douleur du genou droit.

Il ressent encore des douleurs qui le réveillent la nuit, côté à 3/10 à l’EVA.

M.W se plaint également d’une douleur matinale brutale avec un « dérouillage matinal » qui

disparaît au bout de 15 minutes.

Il décrit aussi des douleurs lors de la mobilisation passive, active du genou droit et lors de la

marche ainsi que des douleurs à l’initiation de chaque exercice (vélo, marche, …). C’est une

douleur mécanique évaluée à 2/10 à l’EVA.

Page 27: Avenir incertain. - Centre de documentation

22

Sur le plan cutané-trophique :

L’épanchement intra articulaire est totalement résorbé.

Sur le plan articulaire :

La mobilité transversale et longitudinale de la patella est identique au côté gauche. La flexion

est limitée à 110° et l’extension est complète.

Au niveau musculaire :

Le quadriceps présente une hypo-extensibilité, mise en évidence par une flexion du genou à

110°, hanche en extension. Les ischio-jambiers et le triceps sural ne présentent pas d’hypo-

extensibilité.

Le quadriceps peut maintenir des contractions répétées contre une résistance proximale de 6

kilogrammes en extension complète.

Les ischio-jambiers maintiennent des contractions répétées contre une résistance de 7 kilo-

grammes.

Selon la centimètrie, il persiste une amyotrophie musculaire (1cm de différence) au niveau du

membre opéré.

Sur le plan fonctionnel :

Le patient esquivait toujours l’appui sur son membre traumatisé à cause de la douleur que cela

engendrait. Il a conservé une canne simple pliable pour les trajets à pieds à l’extérieur.

Son périmètre de marche est limité à 1km et demi et cela sur un temps de 20 min.

Il monte et descend les escaliers en symétrique. La descente demeure douloureuse surtout lors

de la flexion du genou en appui sur le membre opéré.

Sur le plan psychologique :

Le patient est rassuré devant les progrès accomplis et inattendus mais garde une certaine in-

quiétude quant à la récupération complète de son genou, du point de vue douloureux et des

amplitudes articulaires.

Page 28: Avenir incertain. - Centre de documentation

23

L’évolution du genou de M.W est favorable à une sortie du centre, confirmée par le médecin.

Cependant la mise en place d’une prothèse du genou reste d’actualité si les douleurs persis-

tent.

9 Discussion :

M.W, 34 ans, présente une fracture du plateau tibial droit suite à un accident de moto. A la

sortie du centre, une boiterie persiste occasionnant une gêne fonctionnelle. Cette dernière est

devenue une source d’inquiétude pour le patient. En effet, durant ses déplacements, il esquive

toujours l’appui sur son membre traumatisé, à cause de la douleur que cela engendre. Certes,

cette esquive est minimisée par rapport au début de ma prise en charge mais elle est encore

présente et oblige le patient à déambuler avec une canne simple. Avec du recul, il convient de

se demander pourquoi cette douleur est apparue. Comment aurais-je pu briser ce cercle vi-

cieux afin de retrouver un mouvement non pathologique ?

9.1 Conséquences de l’absence de rééducation post opératoire immédiate :

L’absence de rééducation a accentué la phase algique provoquée par l’intervention chirurgi-

cale. M.W se plaignait de douleurs de type inflammatoire au niveau du genou, ainsi que des

douleurs mécaniques limitant la mobilité articulaire du membre inférieur atteint. En raison de

ces douleurs, le patient a un quadriceps en contraction de défense et appréhende la mobilisa-

tion de son genou.

Cette appréhension du mouvement a induit une limitation articulaire. De plus, il existe un

déficit se manifestant particulièrement lors de la flexion, défaut d’engagement de la patella lié

à l’empâtement du cul de sac sous quadricipital.

Par la suite, la douleur et la limitation articulaire ont causé à leur tour une amyotrophie mus-

culaire importante, visible à l’œil nu et qui a atteint particulièrement le quadriceps, les ischio-

jambiers et le triceps.

Le patient accumule de nombreux signes cliniques : douleurs, inflammation, épanchement,

limitation articulaire et amyotrophie musculaire. Ces facteurs se regroupent, s’influent les uns

les autres et provoquent un redoutable cercle vicieux (Fig.13), perturbant l’évolution du trai-

tement kinésithérapique.

Page 29: Avenir incertain. - Centre de documentation

24

Figure 13: Cercle vicieux

Je remarque que la douleur « envahit » le patient, se place au centre de sa vie et a un retentis-

sement physique. Il est donc important de « traiter chaque facteur impliqué afin d’interrompre

et lutter contre le cercle vicieux ». (Centre d’Evaluation et Traitement de la Douleur Hôpital

Saint Antoine, 2010).

L’importance des moyens et techniques utilisés pour briser le cercle vicieux :

Je me suis intéressée à la prise en charge de plusieurs patients ayant une fracture des plateaux

tibiaux, sans autres complications, afin de se demander si la boiterie présente en fin de réédu-

cation aurait pu être évitée. Pour cela, je vais comparer la prise en charge dont a bénéficié

M .W avec celle exposée par d’autres auteurs dans leurs articles.

Lorsque ma prise en charge a débuté, M.W avait encore une attelle et deux cannes

antébrachiales. Sa fracture n’était pas encore consolidée et l’appui total n’était pas autorisé.

La rééducation kinésithérapique faisait face à un retard de deux mois dans son protocole.

La prise en charge débute, en règle générale, le lendemain de l’intervention et l’appui total

n’est pas autorisé avant 90 jours. [2] [3] Cependant, le patient a enfreint les consignes chirur-

Page 30: Avenir incertain. - Centre de documentation

25

gicales (appui partiel à J60, absence de rééducation en post-opératoire immédiat, le non port

de bas de contention…).

Dans une étude [18] sur l’analyse des résultats fonctionnels des blessés qui ont été rééduqués

précocement par rapport à ceux qui, pour des raisons diverses, n’ont été rééduqués que tardi-

vement, nous constatons une grande disparité. Dans ce groupe, il apparaît un nombre impor-

tant de mauvais résultats, bien supérieurs à celui des mauvaises réductions anatomiques de

toute la série. En effet, la précocité de la rééducation est un facteur essentiel influençant le

résultat fonctionnel du patient.

Ce point n’aurait pas pu être évité.

Je commence par relever les points communs aux prises en charge des articles de J.

Chanussot et A. Quesnot [19] [20]. Tout d’abord, les auteurs abordent le fait que les ampli-

tudes articulaires doivent être à 90° entre J75 à J90 puis 120° entre J120 à J150. Cependant,

ça n’a pas été le cas chez mon patient qui a atteint les 90° à J100 et n’a pas dépassé les 110°

jusqu’à J120 à cause des douleurs.

Avec du recul, il aurait peut-être été judicieux d’une éventuelle prescription d’antalgique pour

progresser d’avantage et gagner en amplitude articulaire.

Ensuite, les auteurs mettent en exergue le renforcement musculaire, le travail pro-

prioceptif et réentrainement à l’effort. J’ai privilégié la lutte conte les douleurs et les signes

inflammatoires pour pouvoir récupérer en articulaire et musculaire. Ce qui m’a poussé à re-

tarder tout travail de renforcement, de proprioception et de réentraînement à l’effort. J’ai donc

axé mon protocole kinésithérapique en fonction du tableau clinique que présentait mon pa-

tient.

Par la suite, J. Chanussot et A.Quesnot [19] [20] énumèrent les critères sur lesquels

doit être réalisée la reprise d’appui progressive. Le contrôle radiographique est le premier

critère. Ce contrôle a été rigoureusement appliqué au centre et suivi d’une autorisation

chirurgicale.

En parallèle, les auteurs préconisent de reprendre un appui progressif sur 3 à 4 semaines, sous

couvert de deux cannes ainsi que de sevrer progressivement le patient de l’attelle et des aides

techniques. Le maître-mot est « progressivité » et c’est d’ailleurs le cas de ma prise en charge.

Pour cela, j’ai utilisé différentes techniques, citons par exemple :

Travail avec la balance : Pour la reprise d’appui, M.W effectue quotidiennement un exercice

qui consiste, en restant infra-douloureux, à appuyer le plus possible avec le membre lésé.

Page 31: Avenir incertain. - Centre de documentation

26

L’exercice consiste à appuyer avec le membre lésé sur une balance dans le but de faire monter

l’aiguille le plus haut possible. Un appui sur la barre parallèle, du membre supérieur

controlatéral, est utilisé comme sécurité.

En plaçant chaque pied sur une balance, il effectue des transferts d’appuis latéraux et

antéropostérieurs entre les barres parallèles dont le but d’appuyer progressivement et de

manière continue sur le membre opéré. Afin d’augmenter la difficulté, la distance entre les

balances est agrandie progressivement.

Balnéothérapie: [14] [15] Les séances en piscine permettent une diminution de la tension arté-

rielle et de la fatigue et ont un effet antalgique avec un relâchement du tonus musculaire.

Cette technique a permis aussi à mon patient une reprise d’appui progressive.

A postériori, j’aurais pu également utiliser d’autres moyens dont je n’avais pas connaissance :

Physio-Gaming: [21] Ils existent différents jeux qui nous permettent, en tant que kinésithéra-

peutes, de choisir quelle zone du corps on souhaite rééduquer. La place de la réalité virtuelle

devient de plus en plus présente dans le champ de la rééducation. Par exemple, la Wii Fit [21]

qui permet une immersion dans un univers artificiel créé numériquement, permet de mettre le

sujet en situation de la vie quotidienne et ainsi, de travailler différent schéma de motricité,

mais aussi de mettre en place des stratégies cognitives d’adaptation.

La rééducation avec la balance bord « Wii Feet®» propose des programmes sous le contrôle

du kinésithérapeute. Je choisie les programmes en fonction du type de travail recherché. Par

exemple, pour le transfert du poids droite/gauche, on utilise le jeu de Slalom à Ski.

En faisant des recherches sur ce sujet, je me suis aperçue qu'en focalisant l’attention ailleurs

que sur la douleur, on obtient d'excellents résultats sur la sédation de celle-ci.

Ce qui fait peur et mal, c'est surtout l'image et le concept que l'on a de la douleur, en occupant

le cerveau à faire autre chose, la douleur devient acceptable.

Avec la « Wii Feet ®» aurait pu être utile et intéressante pour travailler la reprise d’appui, qui

n’a pas été chose facile chez M.W.

Les auteurs préconisent de relever le seuil d’apparition de la douleur et rester en deçà,

c’est-à-dire qu’il faut réaliser un appui non douloureux. Durant ma prise en charge, la douleur

diminuait au fur et à mesure de l’évolution mais elle persistait dans mon bilan final. Ce der-

nier met en évidence l’esquive de l’appui.

Page 32: Avenir incertain. - Centre de documentation

27

Je me rends compte que peut-être la douleur est en lien avec l’appréhension de l’appui. [22]

Car après un ressenti douloureux, l’approche du mouvement qui cause la douleur est modifiée

(ici, le mouvement est l’appui sur le membre lésé). En effet, ce mouvement est douloureux et

c’est cette douleur que le patient retient et l’identifie au mouvement. Le patient va donc utili-

ser une stratégie d’évitement pour ne pas ressentir de douleurs, ce qui va provoquer une es-

quive d’appui.

Enfin, les auteurs abordent la notion d’hygiène de vie et d’économie articulaire

[23]. Ces éléments ont assurément été abordés avec le patient. La mise en place d’une pro-

thèse de genou a déjà été abordée par le chirurgien, en raison de la complexité et de la gravité

de la fracture, mais n’a pas été envisagée suite à l’évolution satisfaisante de la rééducation.

Il n’y a pas de différences sur ce point avec la bibliographie.

Atteinte des objectifs fixés :

La rééducation a été perturbée par les douleurs et les phénomènes inflammatoires. Ces der-

niers ont été un facteur freinant la rééducation et altérant la marche. Afin de lutter précoce-

ment contre ces facteurs pour éviter leur persistance, j’ai eu recours à différents moyens et

diverses techniques. Grace à mon protocole de rééducation, j’ai pu atteindre la plupart des

objectifs préalablement fixés en début de ma prise en charge :

- Les signes inflammatoires ont diminué

- La cicatrice est assouplie

- L’œdème est quasiment résorbé

- L’extension complète du genou opéré est récupérée et la flexion s’élève à 110° :

Rappelant qu’avec 110° de flexion et 0° d’extension, la marche et la montée des escaliers

sont physiologiquement possible. [24]

- Le poids du corps du patient est mieux réparti sur les membres inférieurs

- La force du membre traumatisé s’est développée : je note une augmentation de la force

musculaire.

J’ai donc réussi à briser ce cercle vicieux. Mais l’idéal aurait été de pouvoir rééduquer immé-

diatement le genou après réduction anatomique de la fracture.

Page 33: Avenir incertain. - Centre de documentation

28

Réflexion personnelle :

Afin de répondre aux problèmes posés par la prise en charge de M.W, la douleur était déjà

présente lors de son arrivée et persistante malgré le traitement antalgique et les moyens utili-

sés. Il aurait été souhaitable de commencer la rééducation en post-opératoire immédiat [18] et

d’obtenir les amplitudes dans les meilleurs délais, afin de commencer le renforcement et la

proprioception plus rapidement. Cela aurait permis de ne pas entrer dans le cercle vicieux.

Une progressivité dans la reprise d’appui aurait peut-être aidé mais il est difficile de savoir si

cela aurait fait disparaître les douleurs.

D’après cette analyse, je pense qu’il faut agir avant que le processus ne se mette en route et

que la prévention des risques est essentielle.

9.2 Devenir du genou à moyen et long terme : [26]

Les fractures du plateau tibial sont fréquentes, et représentent 1% des fractures de l’adulte.

De nombreuses complications peuvent être générer suite à ce genre de fracture, telles que le

cal vicieux, qui peut être la conséquence d’une reprise précoce de l’appui, une raideur articu-

laire favorisée par l’immobilisation post-traumatique [2].

Ce type de fracture avec écrasement-enfoncement intéresse les surfaces articulaires et donc le

cartilage qui a été écrasé et lésé lors du traumatisme. Un excès de contrainte focal sur le carti-

lage articulaire pose le problème spécifique à moyen ou à long terme d'une arthrose fémoro-

tibiale [25].

Notons que le chirurgien qui suit M.W a déjà évoqué la pose d’une prothèse de genou à cause

de la complexité de la fracture et d’une usure prématuré du cartilage.

Etant donné que l’évolution arthrosique est l’une des complications pouvant entraîner des

perturbations de la fonction du membre traumatisé et être par la même occasion, à l’origine

d’une diminution définitive de la qualité de vie du sujet, je m’y suis intéressée de près en

m’appuyant sur des bases de la littérature afin de limiter la survenue d’arthrose.

Afin d’optimiser son genou et de retarder au maximum la mise en place d’une prothèse de

genou, il est important d’apprendre à M.W les facteurs de risques qui favorisent l’évolution

arthrosique :

Page 34: Avenir incertain. - Centre de documentation

29

- L'obésité : est un facteur de risque important. D’après une étude d’Andrew et al. [27]

qui a été faite sur le lien entre l’obésité et l’arthrose, chaque kilogramme par mètre carré en

trop au-dessus d’un IMC de 27 augmente le risque de 15% la survenue de l’arthrose. En re-

vanche, la perte de poids diminuerait le risque de survenue des symptômes.

- Facteurs nutritionnels favorisants : il a été prouvé qu’une exposition aux oxydants

contribuait au développement de nombreux désordres, y compris de l’arthrose [28]. Par

exemple, les patients consommant moins de vitamine C ont un risque trois fois plus élevé

d’apparition d’une gonarthrose.

- Activité sportive : Certains sports sont plus arthrogènes que d'autres (football, rugby).

Le sport peut être à l'origine d'une arthrose [28] [29] soit par les microtraumatismes articu-

laires qu'il entraîne, soit par une hyper-utilisation de l'articulation, soit aussi par des lésions

méniscales ou ligamentaires.

- Surmenage professionnel : Certains travaux nécessitant des flexions répétitives, ac-

croupissement et le port de charges lourdes sont des gestes pointés du doigt dans la genèse

d'une gonarthrose [28].

Il a été important de donner quelques conseils d’hygiène de vie et de ménagement du genou à

M.W en fonction de sa situation :

Une prise de poids est déconseillée afin d’économiser le cartilage de son genou

Concernant son alimentation, je lui ai suggéré de consulter un médecin nutritionniste

pour des conseils alimentaires

Il doit éviter les stations debout prolongées, les longues marches, la station assise

jambes repliées (comme la conduite de moto, il est important de faire des pauses) et le

port de charge importante.

Je lui ai recommandé le repos en position jambes allongées

Les activités avec des chocs lui sont fortement déconseillées

Page 35: Avenir incertain. - Centre de documentation

30

Je lui ai conseillé d’utiliser le vélo, qui existe déjà dans son appartement, afin de

retrouver une fluidité dans les mouvements articulaires sans que l’articulation ne soit

contrariée.

Du fait qu’il travaillait dans le bâtiment, son avenir professionnel est en jeu : M.W est

conscient de sa situation professionnelle précaire et a pris les devants en prenant un

rendez-vous avec l’assistance sociale pour s’orienter vers un autre métier plus adapté.

Il doit poursuivre la rééducation en libéral car elles sont utiles pour le renforcement

musculaire et le réentrainement à l’effort en milieu protégé.

Les fractures du plateau tibial dont la réduction opératoire est toujours délicate, ont une

approche diagnostique complexe et entraîne des choix thérapeutiques difficiles. Ainsi le

devenir fonctionnel est fréquemment incertain.

10 Conclusion :

M.W rentre chez lui à J120 et poursuit sa rééducation en libéral.

Six mois plus tard, j’ai revu M.W. Il marchait sans canne, avec toujours une légère esquive

d’appui et des douleurs de dérouillage à l’initiation de chaque exercice. Il me confie qu’il n’a

jamais dépassé le périmètre de marche obtenu au centre. Il n’a pas encore reprise le travail.

L’avenir du patient m’est inconnu. Cependant, du fait de l’état de son articulation, la pose

d’une prothèse de genou était fortement envisagée. Dès lors, il serait question d’une nouvelle

opération et d’une nouvelle rééducation. Je pense qu’avant d’aborder ce sujet, le patient doit «

digérer » celui de sa fracture. Quand cela sera acquis, la prochaine opération devra être prépa-

rée physiquement et mentalement. De plus, la prise en charge immédiate et la progressivité de

celle-ci constituera, j’en suis convaincue, la clef de réussite de la rééducation.

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ANNEXES:

Annexe I : Radiographie du genou droit montrant l’ostéosynthèse mise en place

pour réduire la fracture du plateau tibial

Annexe II : Compte-rendu opératoire

Annexe III : Echelle d’évaluation de l’intensité de la douleur (EVA)

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ANNEXE I : Radiographie du genou droit montrant l’ostéosynthèse mise en place pour ré-

duire la fracture du plateau tibial :

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Annexe II : Compte rendu opératoire :

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Annexe III : Echelle d’évaluation de l’intensité de la douleur (EVA) : [6]