autismes et cognitions - cra-npdc.frcra-npdc.fr/wp-content/uploads/2012/03/pptfm_011011.pdf · le...

Comment « pense » une personne avec autisme?

AUTISMES ET COGNITIONS

F. M’chakleb, psychologue

Journée sur la scolarisation de l’élève avec autisme - 01 octobre 2011

Programme

• Les spécificités cognitives

Le traitement de l’information

Les cognitions atypiques :

• Théorie de l’esprit

• Cohérence centrale

• Fonctions exécutives

• L’accès à la symbolisation

Les différents niveaux

L’évaluation des différents niveaux

F. M’chakleb, Psychologue, centre ressources autismes Nord-Pas-De-Calais

LE TRAITEMENT DE L’INFORMATION


Le traitement de l’information chez la personne avec autisme

• Décalage dans l’utilisation des modes de traitement « simultané » et « séquentiel »

- Le traitement séquentiel : traitement linéaire et temporel

- Le traitement simultané : plusieurs sources, perception globale

• Compréhension littérale et difficultés avec les notions abstraites et le second degré


« Je suis dans le concret, ce qui signifie que je prends les choses au pied de la lettre. Je suis perdu lorsque j’entends des expressions du genre « On freine ! » alors que vous voulez juste dire « Arrête de courir ». Ne me dites pas « C’est du gâteau » alors qu’il n’y a pas de dessert en vue et si vous voulez en réalité me dire que je vais « y arriver sans problème » . Quand vous dites « il pleut des cordes », je m’attends à voir des cordes tomber du ciel. Contentez-vous de m’informer qu’il pleut très fort.

Les expressions idiomatiques, jeux de mots, nuances, expressions à double sens, déductions, métaphores, allusions et sarcasmes m’échappent complètement.»

Le traitement de l’information chez la personne avec autisme

Source: Notbohm E. Ten Things Every Child with Autism Wishes You Knew. Future Horizons. 2005.


LES COGNITIONS ATYPIQUES


THÉORIE DE L’ESPRIT


THEORIE DE L’ESPRIT

Définition :

C’est la capacité à :

• Attribuer aux autres et à soi-même des états

mentaux (émotions, croyances, désirs, intentions)

• Comprendre que les états mentaux des autres

peuvent être différents des nôtres


• Expliquer et comprendre ses propres comportements et émotions

• Faire le lien entre les comportements, pensées et sentiments des autres

• Percevoir les émotions des autres

• Prédire les intentions d’autrui

• Comprendre les règles sociales

• Comprendre l’humour

• Identifier un mensonge…


Cela sert à:

Il y a deux niveaux

Elle joue un rôle essentiel dans la communication


Test de fausse croyance de premier ordre

Source: Duval C, Piolino P, Bejanin A, Laisney M, Eustache F, Desgranges B. La théorie de l’esprit: aspects conceptuels, évaluation et effet de l’âge. Rev Neuropsychol 2011; 3 (1) : 41-51.

Maxime range son chocolat dans le placard vert avant d’aller jouer

dehors

Quand Maxime est sorti, sa mère déplace le

chocolat et le range dans le placard bleu

Maxime rentre à la maison pour goûter

Question : Où Maxime va-t-il aller chercher son chocolat ?


Test de fausse croyance de premier ordre

Source: Duval C, Piolino P, Bejanin A, Laisney M, Eustache F, Desgranges B. La théorie de l’esprit: aspects conceptuels, évaluation et effet de l’âge. Rev Neuropsychol 2011; 3 (1) : 41-51.

Question : Où Maxime va-t-il aller chercher son chocolat ?

Réponse : - dans le placard bleu → Enfants de moins de 4 ans et Enfants avec autisme - dans le placard vert → Enfant de plus de 5 ans = 1er Ordre acquis


• En résumé :


1er niveau : 4 ans- 4 ans ½ (Heinz Wimmer et Joseph Perner) 2ème niveau : 7-8 ans Chez la personne avec autisme : déficit de la théorie de l’esprit Chez la personne présentant un syndrome d’asperger : 1er niveau : acquisition vers l’âge de 8 ans 2ème niveau : problématique majeure


• Travailler sur la reconnaissance des sentiments et émotions

• Apprendre à identifier les comportements non-verbaux pertinents

• Travailler sur la capacité à expliquer ses propres sentiments et émotions

• Faire des exercices sous formes de jeux de rôle à travers des situations sociales


Quelques stratégies possibles:


COHÉRENCE CENTRALE


COHERENCE CENTRALE

Définition : C’est la capacité à intégrer globalement une

information (voir l’ensemble) et ainsi y mettre du sens.


COHERENCE CENTRALE

• Mettre les détails en lien entre eux afin d’obtenir un sens supérieur

• Filtrer les informations de l’environnement pour en retenir les plus importantes

Cela sert à:


Qu’est ce que tu vois ?

Source: Witkin H, Oltman P, Raskin E, & Karp S. A manual for the Embedded Figures Test. Consulting Psychologists Press, Inc. 1971. F. M’chakleb, Psychologue, centre ressources autismes Nord-Pas-De-Calais

Qu’est ce que tu vois ?

Personne sans autisme intégration globale de l’information =

intégration du sens

Personne avec autisme intégration fragmentée de l’information =

s’attache aux détails

Autisme = Faible cohérence centrale Mais Forte perception du détail

Source: Witkin H, Oltman P, Raskin E, & Karp S. A manual for the Embedded Figures Test. Consulting Psychologists Press, Inc. 1971. F. M’chakleb, Psychologue, centre ressources autismes Nord-Pas-De-Calais

Il a un couteau dans sa bouche


Il regarde les étoiles


Arnaud Carpentier ©

Elle est triste.


• Pas de lien entre la situation et l’information.

• Approche fragmentée des choses au détriment du sens

Conséquences


• Travailler le lien entre les détails

• Apprendre à rechercher les détails pertinents

• Faire un résumé (extraire l’essentiel d’un texte)


COHERENCE CENTRALE


FONCTIONS EXÉCUTIVES


Définition : C’est un ensemble de processus qui permet à l’individu de

réaliser une tâche. Cela inclut les capacités suivantes :

• Planification

• Résolution de problèmes

• Flexibilité cognitive (mémoire de travail, capacité à se

décentrer, passer d’un concept à un autre…)

• Inhiber les réponses automatiques

• Imaginer, choisir…

FONCTIONS EXECUTIVES



Exemples de tâches pratiques : relier et hiérarchiser en buts et sous buts


Source: Le Gouill A-M, Plante G. Les pictogrammes parce qu'une image vaut mille mots. Transcontinental métrolitho. 2009

Des difficultés à :

• Maintenir son attention sur la consigne au long cours

• Planifier des actions

• Contrôler le déroulement des schémas retenus

• Faire de nouveaux apprentissages

Conséquences


• Proposer des exercices en sous-étapes et fragmenter les consignes

• Proposer un emploi du temps avec des repères de temps (prévisibilité)

• Instaurer une organisation (structurer le plan de travail et les tâches)

• Favoriser la flexibilité sur des tâches maitrisées dans un premier temps

• Faciliter la compréhension de la tâche et de l’environnement (clarté)




ACCÈS À LA SYMBOLISATION


Que comprend réellement la personne avec autisme dans son environnement ?


ACCES A LA SYMBOLISATION

le niveau sensitif

le niveau présentatif

le niveau représentatif

le niveau méta-représentatif


le niveau sensitif

Environnement ressenti sur le mode de la

sensation perçue



le niveau présentatif

Mettre ensemble des choses identiques Pas d’accès au sens

objets pictogrammes photos

BALLON BALLON

mots



le niveau représentatif

Accès à la représentation des choses

Accès au sens



le niveau métareprésentatif

Emettre un jugement

J’aime cette

histoire



Niveau SENSITIF

C’est une projection

de points lumineux !

ACCES A LA SYMBOLISATION EXEMPLES:


Niveau PRESENTATIF

=

Ce sont les mêmes !

EXEMPLES:



≠

Ce ne sont pas les mêmes !

Niveau PRESENTATIF

EXEMPLES:



C’est une voiture !

Niveau REPRESENTATIF

EXEMPLES:



Niveau REPRESENTATIF

=

Ce sont des voitures !

EXEMPLES:



Niveau META-REPRESENTATIF

=

Ce sont de jolies voitures !

EXEMPLES:



CONCLUSION


Nécessité de RENDRE L’ENVIRONNEMENT COMPREHENSIBLE

Manque de théorie de

l’esprit

Manque de cohérence

centrale

Difficultés d’accès au sens

CONCLUSION


Ne pas oublier :

• Toutes les perceptions sensorielles leur parviendraient en même temps

• Perception des détails au détriment de l’aspect global

• Ce sont des penseurs visuels (le visuel facilite le verbal), des apprenants concrets

Il faut donc :

• Transmettre des informations utiles et compréhensibles

• Leur permettre plus de temps pour comprendre et mettre du sens

• Adapter l’aide visuelle au niveau de compréhension, ne doit pas comporter trop d’informations, changer régulièrement les aides visuelles

CONCLUSION


MERCI DE VOTRE ATTENTION

Source: Philibert F, Dupoizat A. Mon petit frère de la lune. La tour en jarez. 2007.


autismes et cognitions - cra-npdc.frcra-npdc.fr/wp-content/uploads/2012/03/pptfm_011011.pdf · le...

Documents