ateliers urbains # 65 rue brunfaut, Ça ira mieux demain

19
ATELIERS URBAINS # 65 RUE BRUNFAUT, ÇA IRA MIEUX DEMAIN UN FILM DES HABITANTS DE LA TOUR BRUNFAUT

Upload: buidien

Post on 05-Jan-2017

214 views

Category:

Documents


1 download

TRANSCRIPT

ATELIERS URBAINS # 65 RUE BRUNFAUT, ÇA IRA MIEUX DEMAINun film des habitants de la tour brunfaut

TABLE DES MATIÈRESFiche technique 5

Pourquoi ce film ? 6

L’action des locataires et de l’asbl la Rue 6

S’exprimer sur la place publique, un besoin ! 8

Un outil de sensibilisation et de débat 8

La Tour Brunfaut en débat - Février 2015 9

Discours des locataires du 65 Brunfaut 9

Débat modéré par Chille Deman 10

Intervention de Christele Davion, ancienne locataire du 65 Brunfaut 10

Intervention d’Eric Jadin, locataire actuel du 65 Brunfaut 11

Intervention de Michel Eylenbosch, président du Logement Molenbeekois 12

Intervention de Karim Majoros, échevin du Logement à Molenbeek-Saint-Jean 14

Intervention de Werner Van Mieghem, coordinateur du R.B.D.H. 16

Intervention de Jean-Luc Debroux, administrateur à l’asbl La Rue et architecte de métier 17

Echange avec la salle 19

Revue de presse 23

Contacts 35

ateliers urbains # 65 rue brunfaut, ça ira mieux demain

5

ATELIERS URBAINS # 65 RUE BRUNFAUT, ÇA IRA MIEUX DEMAIN

Un film des habitants de la Tour Brunfaut | Documentaire | 2015 | 30 minutes | 16/9 | couleur | VO FR

“Nous vivons à Molenbeek, au bord du canal, dans une tour aux parois fragiles ; le 65, rue Brunfaut. Fleuron du logement social dans les années 70’s, notre “cartonenblok” est devenu un enfer à habiter. 2010, nous exigeons des solutions. 2014, à la veille de la rénovation tant attendue, nous décidons d’en faire un film. Entre espoir et résignation, voici notre témoignage d’une dignité à retrouver dans l’habitat social.”

Participants à l’atelier - Scénario / Son / Image : Adrienne Rubens, Roger Dekens, Stéphanie Renard, Christele Davion, Fusia, Eric Jadin, Fayza, Ahmed Abdi, Khadija Tekal, Nicole Matiti, Richard Kanga, Naïma Abdouni, Mimoun Achababi, Icham Achababi, Hamza Achekar, Fatima Heekhout, Driss Brih, Islane Abdelalim, Rajaa Abdelalim.

Animateur-cinéaste CVB asbl : Mustapha Abatane - Animatrice La Rue asbl : Claire Verhaeren - Montage Image : Mustapha Abatane - Production déléguée : Louise Labib – Centre Vidéo de Bruxelles - Production : CVB - Michel Steyaert , La Rue Asbl – Carine Barthélemy.

Contacts : La Rue asbl : Claire Verhaeren - +32 (0)2 410 33 03 - [email protected] - CVB asbl : Philippe Cotte - +32 (0)2 221 10 67 – [email protected].

Une action du Projet de Cohésion Sociale Quartiers Ransfort de l’asbl La Rue en partenariat avec le Centre Vidéo de Bruxelles asbl (CVB) - Avec le soutien de la S.L.R.B., de la Région de Bruxelles-Capitale, de la Cocof et de la Fédération Wallonie-Bruxelles.

FICHE TECHNIQUE

ateliers urbains # 65 rue brunfaut, ça ira mieux demain ateliers urbains # 65 rue brunfaut, ça ira mieux demain

6 7

L’ACTION DES LOCATAIRES ET DE L’ASBL LA RUE

Depuis 2004, l’asbl La Rue développe un travail de proximité avec les habitants du 65 Brunfaut dans le cadre de son Projet de Cohésion Sociale; partenariat avec la société de logement social "Le Logement Molenbeekois" et l’asbl "L.E.S.". La permanence logement et le Conseil en Rénovation et en Energie de l’asbl sont aussi intervenus à plusieurs reprises.

Les habitants étaient demandeurs d’un accompagnement dans la demande de solutions à leurs conditions difficiles d’habitat ayant un impact direct sur leur santé physique et psychique, sur leur vie familiale et sociale et sur la vie de l’immeuble en général.

Prouesse technique et architecturale à l’époque de sa construction dans les années ‘70, la tour du 65 Brunfaut a depuis montré ses limites. Les locataires ont dû subir au cours de longues années des conditions de logement en contradiction avec les normes actuelles en vigueur : dangerosité incendie avec une résistance au feu évaluée à moins de 30 minutes, exiguïté des logements, isolation thermique et acoustique défaillante, infestation de cafards et de souris, pannes régulières des ascenseurs, suroccupation des logements, manque de contrôle social.

POURQUOI CE FILM ?La Rue a donc accompagné les locataires dans

leur communication et leurs actions auprès de la SISP1 "Le Logement Molenbeekois" tout d’abord et ensuite auprès des autres autorités communales et régionales; la Commune de Molenbeek-Saint-Jean, le Ministère du Logement et la S.L.R.B.2

1 Société Immobilière de Service Public2 Société du Logement de la Région de Bruxelles-Capitale

LA RUE, ASSOCIATION D’ÉDUCATION PERMANENTE

Issue d’un comité d’habitants impliqués dès 1973 dans des luttes urbaines, La Rue est une association indépendante, constituée en asbl en 1978 par des enseignants, des jeunes et des militants du milieu associatif molenbeekois.

Au travers de sa démarche d’éducation permanente et d’un travail de proximité, elle vise une participation active à la vie sociale, économique, politique et culturelle dans les quartiers du Vieux Molenbeek.

Ses actions : école de devoirs pour les élèves du primaire, soutien scolaire pour les élèves du secondaire, cours d’alphabétisation, actions en matière de logement, Conseil en rénovation et en Energie, ateliers créatifs, activités socio-culuturelles, atelier d’urbanisme, Jardin Urbain, projets collectifs et communautaires du Projet de Cohésion Sociale Quartiers Ransfort.

www.larueasbl.be

L’association a tant apporté une aide individuelle aux locataires que soutenu leurs actions collectives par la mise à disposition de ses moyens logistiques et de ses ressources humaines ; soutien méthodologique à la co-organisation d’actions et de réunions d’information et d’échange avec les acteurs publics.

Depuis 2006, La Rue a aussi régulièrement interpellé en son propre nom les responsables locaux et régionaux à propos de l’insalubrité de la tour et de la nécessité d’inclure une démarche d’information et de concertation des locataires.

Une rénovation fût enfin annoncée en septembre 2011 par les autorités avec, au départ, l’option d’une rénovation en site occupé.

Dès cette époque, les locataires et l’asbl La Rue plaidaient pour une démarche de concertation à concrétiser notamment par la mise en place d’un Comité d’Accompagnement composé de tous les acteurs concernés par la rénovation dont une représentation des habitants de la tour.

Cette instance aurait permis une information et une concertation régulières sur l’évolution du projet de rénovation. L’association La Rue proposait d’aider les locataires à se préparer et à se former à participer à ce Comité.

Le Logement Molenbeekois ainsi que les autres acteurs publics locaux et régionaux se sont tout d’abord montrés favorables à cette idée mais la société de logement social souhaitait attendre la désignation de l’auteur de projet chargé de la rénovation.

Cette désignation est intervenue en septembre 2014 avec un important changement d’option : l’abandon de la rénovation en site occupé. La rénovation sera donc engagée une fois la tour complètement vidée de ses occupants. Le Logement Molenbeekois a alors débuté un plan de relogement fin 2014 dans cet objectif.

À partir de ce moment-là, la société de logement ne souhaitait plus développer un Comité d’Accompagnement ni une concertation des locataires étant donné

que ceux-ci allaient progressivement quitter la tour et que d’après leur expérience, peu allaient y revenir malgré la priorité qui leur est donnée de décider d’y revenir une fois le chantier terminé.

Or, si la tour a commencé à se vider peu à peu de ses habitants, certains d’entre eux maintenaient leur intérêt à être tenus informés voire à partager leur avis sur les futurs aménagements. En cette année 2015, les autorités locales ont fait part de leur intention d’informer les locataires et d’entendre dans la mesure du possible, lors d’une réunion en leur présence et celle du Bureau d’études, certaines remarques qu’émettraient les locataires sur base de l’avant-projet architectural.

LES ATELIERS URBAINS DU CENTRE VIDEO DE BRUXELLES - CVB Entre 2009 et 2015, des ateliers vidéos organisés par le Centre Vidéo de Bruxelles dans plusieurs quartiers de Bruxelles ont pour objet d’interroger le rapport des habitants à la ville ; les "Ateliers Urbains". La ville, le lieu par excellence du "Vivre Ensemble".

Dans une métropole aussi mélangée socialement et culturellement que Bruxelles, on n’observe évidemment pas uniquement que des métissages harmonieux, l’émancipation des différents groupes sociaux qui y cohabitent ou encore la réalisation de leur bien-être économique.

Au contraire, il est unanimement reconnu que Bruxelles est une ville socialement segmentée dont une partie importante de la population subit des phénomènes croissants d’exclusion et de discrimination.

C’est précisément dans une optique de lutte contre l’exclusion sociale que le CVB mène depuis longtemps une série de projets audiovisuels. Ceux-ci prennent notamment la forme d’ateliers vidéo, principalement à destination de publics populaires.

Travailler avec les gens et non sur les gens, aider à libérer une parole enfouie car trop souvent dénaturée, susciter l’envie chez les artistes, réalisateurs et jeunes auteurs de partager ce regard, cet "avec" qui permet d’entendre et de voir autrement.

Né dans l’espace créé par l’étincelle de 1968, le projet du CVB garde toute sa pertinence. Disposer d’un espace de parole libre et créatrice dans un monde appelé village mondial et très cyniquement réduit à sa dimension consumériste reste un travail de tous les jours.

De l’atelier vidéo au documentaire de création en passant par l’outil pédagogique, de la production à la diffusion en passant par la réalisation, le Centre Vidéo de Bruxelles a construit une identité forte qui s’appuie sur une pratique éprouvée et sans cesse interrogée à l’aune du réel.

www.cvb-videp.be - www.ateliers-urbains.be

ateliers urbains # 65 rue brunfaut, ça ira mieux demain ateliers urbains # 65 rue brunfaut, ça ira mieux demain

8 9

S’EXPRIMER SUR LA PLACE PUBLIQUE, UN BESOIN !

Après des années d’insalubrité et en marge de leur trajectoire personnelle, des habitants du 65 Brunfaut étaient demandeurs de porter collectivement leur vécu à la connaissance du plus grand nombre.

C’est ainsi que La Rue et le Centre Vidéo de Bruxelles leur ont proposé un atelier vidéo. Participant de son rôle d’éducation permanente, La Rue voyait dans cet atelier une formidable opportunité de créer un outil de sensibilisation sur plusieurs enjeux du logement social avec comme ancrage la parole et le vécu des premières personnes concernées.

Par ailleurs, la thématique et la manière de travailler avec le public entraient parfaitement dans la démarche des ateliers urbains menés par le Centre Vidéo de Bruxelles depuis 2009.

Entre septembre et décembre 2014, du porte-à-porte, des interviews individuelles, des rencontres collectives hedbomadaires ont permis d’aboutir à un message commun que livre le documentaire "65 rue Brunfaut, ça ira mieux demain". Ces rencontres régulières ont également permis aux locataires de renforcer leurs liens, de se décentrer de leur vécu individuel par la négociation d’un message commun et enfin, de ressentir une forme de soulagement à leurs tracas par la livraison de leurs témoignages.

À côté de la tension continue avec leur bailleur ou de l’attente longtemps non satisfaite de changements, l’atelier vidéo a permis d’ouvrir un nouvel espace d’expression leur permettant d’adopter une réelle position d’acteur et d’auteur de leur propos.

Le groupe de locataires co-réalisateurs du film a exprimé son envie de poursuivre une démarche commune en ouvrant le groupe à d’autres voisins du quartier et en élargissant leur thématique de départ - leur vécu au 65 Brunfaut - à d’autres sujets liés au logement ou autres préoccupations actuelles de société.

UN OUTIL DE SENSIBILISATION ET DE DÉBAT

À côté de sa force de témoignage sur la situation particulière des locataires du 65 Brunfaut, ce film permet de mettre en lumière plusieurs défis d’importance pour un avenir serein du logement social.

C’est ainsi qu’après de longues années d’action au niveau du 65, l’association La Rue maintient la nécessité de mener une réflexion à l’échelle régionale entre autres sur les questions suivantes :

> Intégrer la participation et la concertation des locataires des logements sociaux en amont des projets de rénovation en y consacrant les budgets adéquats. Intégrer la propre expertise et la connaissance des locataires à la réflexion des aménagements dès l’ébaloration du cahier de charges de la rénovation voire leur participation à la sélection de l’auteur de projet,

> Prendre connaissance d’expériences fructueuses de concertation menées ailleurs,

> Réfléchir à une simplification des procédures de rénovation sans nuire à la qualité des opérations dans le but de réduire les délais de remise à niveau

du parc social et d’accroître l’accès au logement social qui fait cruellement défaut.

Il en va de l’intérêt de tous de veiller à humaniser ce type d’opération car la question n’est pas seulement celle du logement. Elle est aussi celle du lieu de vie avec tout ce que cela comporte d’intime.

LA TOUR BRUNFAUT EN DÉBAT - FÉVRIER 2015

À l’occasion de la première projection publique du film, le 4 février 2015, les locataires, La Rue et le CVB ont souhaité organiser un débat en présence de plusieurs intervenants locaux et régionaux à la Maison des Cultures et de la Cohésion Sociale à Molenbeek-Saint-Jean. Le débat fut suivi d’un échange avec les spectateurs. Comme le laisse apparaître les pages qui suivent, celui-ci a mis en lumière des questions et des demandes importantes en lien avec ce type de projet de rénovation à l’étape actuelle de son cheminement :

> Une demande de concertation suivie du côté des locataires.

> Une inquiétude sur la qualité du relogement.

> Une inquiétude pour la sécurité des gens qui sont encore dans le bâtiment.

> Comment les locataires peuvent-ils bénéficier des ADIL dans un cas comme celui du 65 Brunfaut ? La question est urgente vu le relogement en cours.

> La question de la temporalité et de la simplification des procédures.

> La question des critères fixant les priorités des projets de rénovation sur la région bruxelloise.

DISCOURS DES LOCATAIRES DU 65 BRUNFAUT

La soirée de projection fut initiée par un mot d’accueil des asbl La Rue et CVB ainsi que de Françoise Schepmans, Bourgmestre de Molenbeek-St-Jean précédé d’un discours des locataires :

“Bonsoir. Je m’appelle Fayza. J’habite au 65 Brunfaut. Mes voisins m’ont confié la responsabilité d’ouvrir la soirée. Déjà un grand merci d’être si nombreux ce soir.

Nous avons la chance de compter parmi nous des citoyens de Molenbeek et d’ailleurs, des travailleurs d’associations actives dans le logement, dans la santé, dans la culture, dans la jeunesse et aussi, des responsables de Molenbeek et de la région.

Plusieurs personnalités ont accepté de participer au débat qui suivra la projection et nous les en remercions déjà chaleureusement : monsieur Yvon Jadoul, chef de la Cellule Logement au cabinet de la Ministre du Logement dont nous excusons l’absence, étant retenu pour une urgence ; madame Françoise Schepmans, bourgmestre de Molenbeek-St-Jean ; monsieur Karim Majoros, échevin du Logement à Molenbeek ; monsieur Michel Eylenbosch, président de la SISP "Logement Molenbeekois" ; monsieur Werner Van Mieghem, coordinateur du

ateliers urbains # 65 rue brunfaut, ça ira mieux demain ateliers urbains # 65 rue brunfaut, ça ira mieux demain

10 11

"R.B.D.H." 1 et enfin, monsieur Jean-Luc Debroux, administrateur à l’asbl "La Rue" et architecte dans la vie professionnelle.

Ce film, qu’en dire ? Vous y verrez et entendrez l’histoire de quelques-uns. En réalité, par leur témoignage, vous y entendrez l’histoire de chacun de nous, locataires du 65 Brunfaut. Ce que vous verrez, c’est une histoire vraie sur un grand morceau de notre vie. Vous jugerez par vous-même mais ce film nous semble juste.

En septembre dernier, La Rue et le CVB nous proposaient de faire un film pour partager nos ressentis, nos visions, notre vécu. Cela fait longtemps que nous avions cette envie de témoigner au plus grand nombre. Ce fut donc logique de participer.

Et donc nous nous sommes rencontrés chaque mercredi jusqu’à aujourd’hui. Nous avons beaucoup dialogué entre nous. Nous avons partagé nos idées. Nous nous sommes mis d’accord sur nos messages. On a parlé du passé, du présent, du futur et de toutes ses questions.

De nouveaux liens se sont créés. Nous avons découvert ou redécouvert certains voisins. On a appris des choses de leur histoire qui nous ont parfois surpris, parfois émus, parfois fait rire ou indignés.

Ce film, c’était étrangement une manière de mettre nos tracas de côté un instant. Oui, on a beaucoup 1 Rassemblement Bruxellois pour le Droit à l’Habitat

ri, on a pu exprimer nos colères, nos doutes, nos désespoirs et nos espoirs aussi.

Et ce soir, nous avons le grand plaisir de vous en montrer le résultat avec l’espoir que notre histoire éveille vos questions et vos idées pour un meilleur avenir du logement social. Merci et belle soirée.”

DÉBAT MODÉRÉ PAR CHILLE DEMAN

Intervention de Christele Davion, ancienne locataire du 65 Brunfaut

“Bonsoir. Je me présente. Je suis madame Davion, ancienne locataire de la tour brunfaut, maman de 4 enfants. J’ai passé 11 ans de ma vie au 65 Brunfaut dans un 2 chambres. En 2013, j’ai eu la chance de quitter la tour. Ce film est très important pour moi

car c’est une partie de ma vie. Et c’est surtout une manière pour moi de soutenir les locataires qui sont encore dans la tour aujourd’hui.

J’ai l’avantage de voir l’après-Brunfaut. Ma vie a complètement changé juste après mon déménagement. Mes enfants se sont épanouis en quelques semaines. D’ailleurs, comme je l’évoquais dans le film, c’était presque magique de les voir grandir en si peu de temps, grandir autant que notre nouveau logement enfin adapté à la taille de notre famille.

Cela me semble encore irréel aujourd’hui d’avoir eu cette chance, enfin, d’avoir un logement décent, un endroit où je peux me dire “je me sens chez moi”. Avec fierté, sans plus de honte.

Longtemps, quand j’habitais là, j’avais perdu le goût des choses ; je repoussais le moment de rentrer chez moi car je n’avais plus envie d’être à la maison, de cuisiner, de nettoyer. Je me forçais mais tout ça moralement, c’était difficile.

Aujourd’hui, tout a changé. Le plaisir chaque jour tout simplement d’être en famille, recevoir enfin décemment les amis, se lever avec le sourire, rentrer chez soi avec plaisir. Pour mes enfants aussi, tout ça a été une libération. Pouvoir, eux aussi, partager de

bons moments avec leurs amis. Avoir l’espace pour travailler ou jouer ensemble ou sans se déranger les uns les autres, et surtout avoir leur intimité.

En 2010, j’ai commencé à participer aux réunions entre locataires; ce qui me paraissait nécessaire et urgent. J’ai parlé avec beaucoup de mes voisins; certains en colère, beaucoup désespérés et d’autres motivés. Mais tous avec le même problème, la même envie de quitter cette tour.

Lorsqu’on a commencé à interpeller les autorités en envoyant nos pétitions, nous avons dû nous armer de beaucoup, beaucoup, beaucoup de patience car nous avons eu énormément de mal à nous faire entendre et comprendre.

Pour recevoir une réponse, cela durait très très très longtemps et ce n’était pas souvent ce qu’on en attendait. Que ce soit des réponses à une demande de rencontre, des réponses à nos problèmes d’ascenseurs, de désinsectisation, des réponses à nos peurs d’un incendie.

Bref, des réponses à notre besoin d’avoir un logement normal pour lequel nous nous acquittons chaque mois de notre loyer. Certes, des réponses on en a eues mais toujours suivies de silence tant que nous ne retournions pas à la pêche à l’information.

Et oui, un jour, ce grand espoir quand enfin en 2011 on nous annonce la rénovation de la tour. Mais là encore, ensuite de nouveau, l’attente, les silences, les questions et le doute de beaucoup d’entre nous qui ne croyaient pas ou plus à la rénovation. Ce fut difficile de motiver les gens à poursuivre notre combat ensemble. Moi-même, je fus souvent découragée.

Il n’empêche que je retiens quelques instants importants comme la distribution de tracts sur le marché quelques jours avant des élections invitant les citoyens à être solidaires de notre situation. Notre slogan c’était “notre flamme citoyenne se meurt”. Je me souviens avoir dit à des candidats “je prends

votre flyer si vous prenez le mien”. Dans quelle mesure cela a eu un impact?

Quoiqu’il en soit, tout cela semble se dénouer aujourd’hui. En septembre dernier, nous apprenions que la rénovation ne se ferait plus avec les gens dedans et qu’un plan de relogement allait se mettre en place dans les 18 mois. Quel soulagement !

Toutefois, toutes ces années, toutes ces questions, ces doutes, ce vécu difficile ont laissé des traces chez chacun. Faisons quelque chose de tout cela. Pour l’avenir, nous espérons que ceux qui décident pourront relever les défis nécessaires pour que les autres n’aient plus à vivre les mêmes choses.

Nous espérons aussi que les locataires puissent à l’avenir être mieux informés, consultés et considérés comme de vrais partenaires."

Intervention d’Eric Jadin, locataire actuel du 65 Brunfaut

Je vais commencer par me présenter. Je m’appelle Jadin Eric. Il y a seize ans donc, comme vous venez de le dire, que j’habite dans ce bâtiment. Mais mon nom aurait pu s’appeller "personne". C’est-à-dire, vous êtes un numéro, suivi d’une lettre avec votre catégorie. On a subi les aléas de ce bâtiment et j’aurais pu dire que mon nom ne suffit pas.

Comme vous l’avez remarqué bon nombre de personnes restantes dans notre univers, que l’on peut appeler "encombrants" demeurent dans cet immeuble.

ateliers urbains # 65 rue brunfaut, ça ira mieux demain ateliers urbains # 65 rue brunfaut, ça ira mieux demain

12 13

Arrivé en 1999, les petits problèmes apparaissaient déjà et cela n’a fait qu’empirer. Malgré cela, nous avons décidé de nous battre, que ce soit individuellement ou collectivement et ce, grâce au soutien de plusieurs associations dont plusieurs réunions avec l’A.S.B.L La Rue et le président du Logement Molenbeekois.

Après plusieurs réunions et ceci depuis plus de trois ans et demi voire quatre ans, notre espoir est sur vos épaules. Car, il faut savoir tous les désagréments que nous avons dû subir toutes ces années. Que cela soit des ascenseurs en panne, des cafards, sans oublier la venue trop rare des gardiens de la paix. Tout cela complète un manque de confiance dans le changement.

La question d’insalubrité est récurrente et ne fait qu’empirer. Il est urgent que chacun prenne ses responsablités. Beaucoup de promesses et nous, on attend, on attend, on attend. La santé de nombreuses personnes s’est dégradée assez rapidement.

Le passé s’appelle tristesse, le présent l’espoir et l’avenir quoi donc ? Chacun peut se forger une carapace en mettant sa salopette, son costume-cravate, sa belle robe mais cela n’est uniquement que pour les autres, pour leur vue. Car, à l’intérieur vous êtes la même personne. Même lors du déshabillage, avec une grande chance, ce qui est masqué vous revient à la figure et à l’estomac force 10.

Certes, il y a bien les visites de logement que l’on accueille et ce, par courrier, avec les flammes de l’espoir mais qui, majoritairement, à la vue de cette croyance aveugle, malheureusement, la déception et l’humiliation vous ramènent à cette triste vérité et au retour à la réalité.

Chaque fois que je dois aller visiter mon ami, il me pose exactement la même question "Comment cela a été ?" Je suis obligé de lui répondre "ça va" comme l’a dit sa majesté le roi pour ses voeux de nouvel an aux instances politiques. L’important est de savoir rester humbles, efficaces, fiers et unis. Ce ne sont que des mots plein de bon sens à protéger.

Nous espérons que ce film vous permettra de réagir et deviendra votre combat comme notre combat depuis quatre ans. Pour une possibilité de rédemption envers les personnes qui croient en vous, Mesdames et Messieurs les décideurs. Bon

courage à vous et que ces images fassent réagir plus d’une personne pour le réel aboutissement de notre espérance. Merci."

Intervention de Michel Eylenbosch, président du Logement Molenbeekois

> Quel sera le projet de rénovation ? Quelle sera la concertation avec les habitants durant tout le processus menant vers la rénovation et dans l’élaboration des plans de rénovation ?

"Merci. Tout d’abord, bonsoir. Effectivement, nombreuses sont les personnes présentes pour ce débat. C’est un sujet qui intéresse énormément de personnes puisque il y avait une centaine de logement. Et il y a toujours une centaine de logements dans la tour pour l’instant. Il n’y en a plus que soixante qui sont encore occupés à peu près.

Et donc effectivement, ça a déjà été un chemin de croix pour certains quand ils ont dû déménager. On s’est d’abord attaqué aux familles qui étaient les plus nombreuses. Et donc aujourd’hui, on a encore une moitié de tour qui doit être délogée et cela de la façon la plus correcte possible.

Alors je voudrais quand même dire d’abord quelque chose sur la fin du film où il y a une lettre qui est lue. Nous avons effectivement reçu cette lettre. Je vous rassure que nous avons rencontré les habitants. Nous avons eu la possibilité de répondre à leurs questions dont je vais faire un petit résumé.

C’est effectivement à peu près en 2003 que les premières décisions efficaces ont été prises pour lancer ce projet qui devrait aboutir en 2016. Donc ça

veut dire qu’on mettra 13 ans pour le faire. J’espère que ce treize est un chiffre porte-bonheur et que cela se réalisera le mieux possible.

Je ne vais pas revenir sur tous les aléas qui se sont posés dans le cadre de l’attribution du marché. Mais donc les décisions qui ont été prises dès le départ, et comme ça se fait toujours à partir du moment où il y a des rénovations, il a été convenu que tous les habitants qui étaient dans la tour pouvaient bénéficier de l’aide du logement dans le cadre de leur déménagement. Les coûts y afférents sont supportés par le Logement.

Il est également prévu et je réponds là à la question qui était posée à la fin du film : effectivement quand les personnes sont invitées à visiter des logements, ces logements sont soit encore occupés, soit viennent d’être quittés et n’ont pas encore été rénovés. Il est donc bien prévu qu’avant qu’ils rentrent dans ces logements, ils soient complètement rénovés, remis en état. Ils ne rentreront pas dans quelque chose qui est délabré, insalubre ou quoi que ce soit. Tout ça se fait. Ils seront remis en état alors pour les familles qui sont encore actuellement dans la tour. Nous avons pris une série de décisions par rapport aux types d’appartements que nous devons reloger.

Et donc il y a une personne qui faisait allusion au fait qu’elle était dans un 3 chambres, elle est seule et malheureusement, effectivement dans ce genre de situation l’appartement qui sera proposé en terme de logement sera un appartement d’une chambre.

Par contre, nous pourrions très bien avoir la situation inverse où nous avons une famille de trois

personnes qui aujourd’hui se retrouve dans une seule chambre et donc à ce moment-là nous devrons, parce que c’est dans le Code du Logement, nous sommes donc obligés de lui trouver un appartement 2 chambres. Dans ce cadre-là, nous avons décidé d’un nombre d’appartements à chaque Commission de Location qui pourra être attribué.

Naturellement, il est un fait que dans le cadre de notre propriété actuelle nous avons très peu d’appartements qui correspondent à des quatre et des cinq chambres. Et donc là malheureusement pour les personnes qui devraient être déplacées, il

y aura très peu de choix. Si jamais nous n’avons pas d’appartements qui se libèrent, nous avons déjà des contacts avec d’autres sociétés de logement pour pouvoir bénéficier d’une aide de leur part, pour pouvoir arriver à reloger ces familles.

Par contre, pour les 1, 2 et 3 chambres, nous avons donc mis un certain pourcentage puisque nous savons

que pour chaque Commission de Location, nous avons à peu près une trentaine de logements qui se libèrent sur la totalité de l’année. On a une ligne qui nous permet de tirer des conclusions sur la libération du nombre de 1 chambre, de 2 chambres et de 3 chambres. Ça, c’est le point principal.

Après, à partir du moment où les travaux seront terminés, nous repartons dans l’autre sens. Et donc, là également pour toutes les familles qui le souhaiteront, puisqu’il n’y a pas d’obligation, puisque si jamais quelqu’un se trouve actuellement dans un appartement qui lui convient et qu’il n’a pas envie de le quitter, il pourra y rester. Pour ceux qui souhaitent retourner dans la tour Brunfaut, il y aura à ce moment-là effectivement le droit de pouvoir y retourner de façon prioritaire. Là également les frais seront pris en charge intégralement par le Logement.

Il n’y aura pas de rénovation nécessaire dans le logement parce que j’espère quand même que quand les ouvriers auront terminé de travailler, les

ateliers urbains # 65 rue brunfaut, ça ira mieux demain ateliers urbains # 65 rue brunfaut, ça ira mieux demain

14 15

travaux seront terminés. Donc voilà, ça c’est tout ce qui concerne la façon dont les locataires vont être déplacés.

Nous avons dans l’assemblée un membre du Bureau A229 qui avec le bureau d’architecte Dethier a travaillé sur la tour. Vous avez les projets qui sont présentés là devant. Nous avons déjà avancé et effectivement comme ça a été dit dans le film, vous aurez une tour qui va être tout à fait moderne. D’abord, au niveau du chauffage avec un système passif et qui va donc faire économiser énormément de frais et de charges au niveau de l’énergie. Quand on rentre dans un nouveau logement, on voit son loyer augmenter et ça c’est normal puisque le logement a pris de la valeur. Mais nous pouvons presque garantir à 100% que le loyer qui est payé aujourd’hui devrait rester plus ou moins stable parce qu’il y aura un gain sur les charges grâce à cela.

Ensuite, effectivement, il a été parlé d’insonorisation. Il a été parlé d’agrandissement des appartements. C’est-à-dire que par appartement de deux, de trois, de quatre ou de cinq chambres, vous aurez automatiquement plus de m² qui seront disponibles. Et nous aurons dans la tour également, parce que ça, c’est nécessaire par rapport à notre bâti, nous aurons plus d’appartements avec un grand nombre de chambres. Merci."

Intervention d’Yvon Jadoul, Chef de la Cellule Logement, Cabinet de la Ministre Régionale du Logement, Céline Frémault

> Dans tous les projets futurs de rénovation dans le logement social, comment éviter le calvaire que les habitants du 65 ont dû endurer ? À quelle ADIL les habitants du 65 ont-ils droit ?

La question reste posée en raison de l’absence de monsieur Yvon Jadoul empêché en raison d’une urgence.

Intervention de Karim Majoros, échevin du Logement à Molenbeek-Saint-Jean

> Quelle politique mène la commune par rapport aux rénovations actuelles et futures dans le logement social en premier lieu, dans le logement public ensuite (la préparation des rénovations, le relogement des habitants,...) ?

"Bonsoir à toutes et tous, merci pour l’invitation aussi, merci aux locataires et aux habitants qui sont là.

Merci aux locataires d’avoir pris le temps de pouvoir donner un témoignage, c’est pas toujours évident. Et donc je voulais aussi vous remercier pour ça, parce que moi ça me donne aussi de l’énergie dans mon combat quotidien. C’est important de pouvoir le souligner aussi.

Alors, on a vu, à travers les différents témoignages justement de différents locataires, que la tour construite il y a 50 ans constituait en fait un bel exemple de ce qui à mon sens ne doit plus être fait aujourd’hui. C’est un pouvoir qui a été laissé aux seuls ingénieurs pour déterminer ce qui était bien pour les habitants avec une durée de vie limitée initialement à 30 ans pour ce bâtiment avec un manque de lien dans le quartier, avec finalement une mono-fonctionnalité sans commerce, sans lieu de vie commun aux 250 habitants.

Il me semble qu’il n’est pas souhaitable de refaire les même erreurs aujourd’hui. Alors c’est vrai qu’il y a une urgence sociale des 17.000 ménages demandeurs de logement public à Molenbeek. Mais ça ne doit pas justifier de construire sans viser aussi la qualité dans les projets et il me semble qu’il faut aussi voir plus loin.

Alors comme échevin du logement, j’ai dressé avec les autres acteurs une feuille de route dans un Contrat Logement. C’est un document qui dresse

une série de balises pour créer et rénover du logement d’ici 2019 alors en quantité, bien entendu, puisque la crise du logement le nécessite. On parle de 900 logements à finalité sociale et de gestion publique supplémentaires. Et puis de 750 logements publics à rénover. Brunfaut en fait partie et en est sans doute un des symboles les plus forts.

Mais aussi, et on apprend de ses erreurs, à mon sens, en qualité, l’expérience de la tour Brunfaut qui est cinquantenaire aujourd’hui entre autres nous a servi à décrire ce que nous attendons des opérateurs régionaux de logement, comme de nos propres opérateurs communaux pour la réalisation de ces logements. La tour Brunfaut n’abritait en fait que du logement. La nouvelle tour abritera au rez-de-chaussée des espaces de convivialité. Pourquoi pas un atelier où les habitants pourront réparer leur vélo ?

Dans tous les projets, la commune souhaite en fait que les rez accueillent des crèches, des classes d’écoles, des magasins, des espaces communautaires pour permettre cette ouverture vers le quartier. Donc, cette tour accueillait peu de grand logements et là le président du Logement Molenbeekois l’a dit, la nouvelle comptera 1/3 de logements trois chambres et plus. On souhaite même atteindre 50% de logements pour familles nombreuses dans les nouvelles constructions dans tous les quartiers de la commune.

Des logements doivent être adaptés ou adaptables aux personnes à mobilité réduite. Et dans chaque logement, il faut des espaces pour lire, pour étudier, pour se divertir, pour échanger et ils doivent être suffisamment grands pour s’émanciper et puis pour vivre confortablement.

La tour d’hier était une passoire. La nouvelle tour Brunfaut permettra à chaque ménage d’économiser une centaine d’euros par mois, en moyenne, en chauffage. Et car, économie rime avec écologie d’émettre 90% de pollution en moins. Ce qui répond également au plan énergie communal. Des matériaux durables comme le bois donneront une chaleur qui sera agréable à vivre et c’est également un objectif prévu dans le plan qu’on a adopté en 2013.

La tour Brunfaut de 65 vivait par et pour elle-même. On souhaite en fait que toutes les nouvelles constructions s’inscrivent dans leur environnement. Les barrières physiques qui entourent les

constructions doivent être évitées. Il faut des lieux de rencontres qui soient créés et qui permettent une convivialité entre les habitants des logements sociaux et leur voisins, les riverains. Les habitants de la tour Brunfaut étaient, entre guillemets, parqués dans des petits logements.

Il convient d’offrir maintenant, pour tous les logements publics, des lieux d’expression avec des conseils consultatifs du logement, des CoCoLo qui permettent l’expression de personnes, un accompagnement social de qualité qui soit réalisé aussi avec les associations spécialisées.

Cette vision des gens du logement qui a été adoptée par le Collège et le Conseil Communal devra, à mon sens, nous permettre d’éviter à l’avenir de remplacer tous les organes vitaux, finalement, de chacun des bâtiments de logement quand un lifting régulier devrait suffire.

On peut revenir un instant sur le combat des locataires de Brunfaut pour obtenir des solutions face aux différents problèmes de sécurité, de promiscuité acoustique, d’isolation, de mouvement du bâtiment. Ce qui a permis de débloquer la situation paradoxalement, ici, ce n’est pas la société de logement mais la commune qui, à travers un Contrat de Quartier à l’époque, le Contrat de Quartier Cinéma Belle-Vue, avait lancé une étude en 2010. Ni la S.L.R.B. ni le Logement Molenbeekois n’avaient en fait à l’époque la capacité réelle d’avancer. C’est quand même assez interpellant.

Alors qu’aujourd’hui il y a des choses qui ont évolué. Il y a un pôle d’expertise qui a été mené, qui a été créé au niveau régional pour accélérer la rénovation des logements. Et mes collègues du Collège et du Logement Molenbeekois me reconnaîtront certainement ma ténacité pour le dire gentiment dans les demandes. Une équipe spécialement dédiée à la rénovation doit être actuellement embauchée dans la société de logement pour mieux agir et pour rénover notre parc, certainement des logements les plus anciens.

C’est aussi comme ça qu’on a réussi à faire en sorte que, quand il a fallu prendre la décision de rénover, de désigner une équipe d’architectes, on a pu prendre ensemble cette décision finalement assez rapidement en faisant en sorte d’assumer collectivement la décision. Et finalement, pari tenu

ateliers urbains # 65 rue brunfaut, ça ira mieux demain ateliers urbains # 65 rue brunfaut, ça ira mieux demain

16 17

puisqu’il n’y a plus eu de recours et donc plus de freins actuellement pour la réalisation de ce projet.

Et puis, si aujourd’hui on arrive à trouver une solution de relogement pour les habitants que vous êtes à la tour Brunfaut, c’est aussi parce qu’il y a d’autres chantiers qui se terminent, par exemple la cour Saint Lazarre qui, dans quelques semaines, présentera 84 logements de bien meilleure qualité. Et donc le relogement des habitants est assuré cette fois.

Pour d’autres sites, si c’est nécessaire, si les mutations en interne avec les autres SISP ne suffisent pas, on pourra toujours compter sur des logements de transit communaux dont le nombre a fortement augmenté depuis le début de la mandature. Merci de votre attention."

Intervention de Werner Van Mieghem, coordi-nateur du R.B.D.H.

> Quelles sont les propositions principales du R.B.D.H. en matière de rénovation du parc social, l’accompagnement des locataires concernés par la rénovation, la participation des habitants dans les projets de rénovation ?

Moi je trouve que le film a dit beaucoup. Le film est très clair sur les commentaires. Pour moi, j’ai bien regardé, parce que comme vous, c’était une première. Ce que le film a quand même démontré c’est qu’en fait, malgré le fait que le Logement Molenbeekois est une société coopérative, vous comprenez le mot coopérative ? C’est essayer de travailler ensemble. Et à l’origine les sociétés coopératives, c’était la société et le locataire qui construisent leur futur ensemble.

Malgré le fait que le Logement Molenbeekois est une société coopérative, j’ai quand même entendu

plusieurs fois et encore récemment qu’il y a un manque d’information. C’est pas d’une mauvaise volonté mais les habitants, les associations qui accompagnent les locataires, manquent d’informations. Je ne pense pas que les habitants soient idiots. Ils ne sont pas stupides pour comprendre les choses fondamentales.

Il y a plein de femmes ici. Les femmes gèrent, d’habitude, l’argent à la maison. Cela veut dire que vous devez, comme société, expliquer aux femmes surtout "Ok est-ce que l’on a assez d’argent comme société pour faire des travaux de rénovation et des grands travaux?". Je peux dire, et c’est un peu pour provoquer, mais ces sociétés ils ont des fonds pour des gros travaux de rénovation et d’entretien. Comment ça se fait que cet argent n’est pas utilisé pour votre tour ? Cela c’est une question à poser pourquoi pas, simple à expliquer et à comprendre.

Quels sont les projets prioritaires? J’ai regardé le site de la Commune de Molenbeek. Qu’est-ce que j’ai trouvé ? La plus récente info sur le Logement Molenbeekois, ce sont les projets prioritaires de 2002. On est aujourd’hui en 2015. C’est pour vous dire qu’il y a quand même moyen de faire un petit effort supplémentaire et tenir au courant les habitants. Et ce n’est pas seulement pour vous, ça vaut aussi pour pas mal d’autres sociétés dans cette région. La question fondamentale c’est "qui décide ?". Qui décide quand est-ce que l’on va lancer un projet, pourquoi l’on préfère un autre projet dans une autre ville ? Qui décide ça ? Est-ce que vous le savez ? Je ne le pense pas. Et le problème, c’est que juste avant 2010, ce n’était pas très clair sur base de quoi on décidait que "ok on va commencer un chantier, un projet pour la tour ou un site". Ce n’est qu’à partir de 2010 que l’on a fixé une série de critères prioritaires pour donner des subsides aux sociétés pour commencer des travaux.

Quels sont les critères prioritaires ? Je ne vais pas vous embêter avec ça mais c’est quand même la sécurité, les ascenseurs, l’humidité, les choses que j’ai vues ici, dans votre tour. Mais c’est quand même important je trouve, de bien expliquer aux habitants locataires "Ok, qu’est-ce qu’on a devant nous comme société, quels sont nos moyens financiers, quels sont nos problèmes financiers et comment on peut en sortir ?".

Le relogement, je vais donner quelques pistes. Le relogement, ce qui est quand même un peu bizarre

c’est que ça fait des années qu’on prépare un projet. Cela traine à la S.L.R.B qui est en fait la société qui donne les subsides, qui coordonne un peu le Logement Molenbeekois. C’est pas un organe le plus rapide non plus. Cela prend quand même quelques temps. Et alors en fait une société de logement, qu’est-ce qu’elle fait ? Ou bien elle vide déjà les logements et alors les logements sont vides. Que fait-on avec ça ? C’est un problème. Ou bien on attend la décision de la S.L.R.B et ensuite, on commence à reloger les gens. Je pense que c’est un des problèmes pour aller beaucoup plus vite dans l’intervention.

Le relogement, c’est quand même le problème. Je pense que si on peut fixer vraiment les priorités et savoir à l’avance "moi comme société, avec tous les critères, je rentre dans les priorités, je peux peut-être déjà commencer à libérer et reloger". Ici s’il y a l’argent qui manque au niveau de la région, parce qu’il y a plein de logement sociaux qui ne répondent pas aux critères minimaux de salubrité, ben qu’on augmente les budgets de la Région. C’est dommage que Monsieur Jadoul n’est pas là. On devrait en fait augmenter. Je veux dire que la moindre des choses c’est quand même que l’on garantisse aux habitants des logements sociaux, qu’ils puissent se loger dans des conditions humaines.

Une question très importante, "À quel loyer le logement va être loué ?" A-t-on la garantie que les logements sociaux vont être loués à des locataires sociaux. C’est une question à vous poser.

Alors accompagnant des locataires, je pense que la preuve est donnée, on a besoin des associations pour soutenir, épauler, accompagner les habitants. Il faut soutenir plus les associations et prévoir peut-être aussi dans les subsides pour les projets d’office de l’argent pour l’accompagnement des locataires. Astublief.

Intervention de Jean-Luc Debroux, administra-teur à l’asbl La Rue et architecte de métier

> Quel fut le rôle de La Rue dans tout le processus de rénovation du 65 ? Quelles sont les

conclusions de La Rue après avoir vu le film et avoir entendu les intervenants précédents lors de ce débat ?

“Je reviens au film que nous avons vu. Nous y voyons la tour et ses vétustés dont tout le monde est aujourd’hui pleinement conscient.Tout le monde se réjouit aujourd’hui de sa rénovation en profondeur. Nous y voyons aussi surtout des gens, qui habitent ces lieux, parfois depuis très longtemps.

Depuis 2004, Claire Verhaeren intervient au

65 dans le cadre du Projet de Cohésion Sociale en partenariat avec le Logement Molenbeekois. Et les habitants nous interpellent depuis cette date. En janvier 2006, inquiet des échos que j’entendais à La Rue à propos de la tour, j’ai accompagné Claire pour une visite des lieux.

Au-delà des problèmes d’hygiène, nous avons constaté une série de dangers majeurs pour la sécurité des habitants :

> structure acier non protégée du feu ; > absence de compartimentages Rf au niveau des

gaines techniques ; > escalier d’évacuation en colimaçon ; > portes palières qui s’ouvrent dans l’escalier,

bloquant les gens qui descendent ; > pas d’allèges Rf en façade ; > chaufferie occupant les étages inférieurs, etc ..

Nous avons dès lors rédigé un courrier officiel interpellant les autorités sur ces dangers en janvier 2006. Depuis 2004, La Rue a reçu toutes les doléances des locataires de l’immeuble et nous avons relayé leur détresse vers les gestionnaires

ateliers urbains # 65 rue brunfaut, ça ira mieux demain ateliers urbains # 65 rue brunfaut, ça ira mieux demain

18 19

de la tour. Vu sa proximité avec les habitants et son accessibilité, La Rue a servi d’interface entre les occupants et les différents niveaux d’autorités concernées. Nous avons écouté, expliqué, associé les gens pour y voir plus clair et chercher des réponses à leurs inquiétudes. Les années ont passé, les rumeurs les plus diverses se sont installées, en attisant directement l’angoisse des habitants. Nous étions confrontés quotidiennement aux détresses et au désespoir des gens qui les fragilisaient énormément. Puis la décision de rénover est arrivée. Mais les délais de la procédure sont tellement longs que les nerfs des habitants sont à nouveau mis à rude épreuve.

Cette nouvelle perspective fait surgir énormément d’interrogations et de questions, fondamentales pour eux. Les gens viennent à La Rue fréquemment pour obtenir des réponses et nous les relayons auprès du Logement Molenbeekois. Mais cela se fait au coup par coup et les agendas étant fort chargés, les réunions d’informations sont lentes à organiser.

Pour éviter cela, nous souhaitons un véritable partenariat entre les habitants et les autorités, par le biais d’une concertation régulière, constante et structurelle. Une partie appréciable des problèmes seront résolus quand les gens se sentiront reconnus dans leur vécu. Pendant un certain temps, l’option du maintien des gens pendant les travaux prévoyait l’intervention d’un facilitateur, reliant les décideurs aux habitants. Actuellement, nous ne sommes plus dans ce schéma et la concertation avec les occupants de l’immeuble n’est pas du tout structurellement prévue. Nous sommes convaincus que la rénovation de l’immeuble garantira le confort aux normes actuelles d’isolation thermique et acoustique, aux normes de surfaces et d’éclairement, aux normes de consommation d’énergie. Bref, les logements seront parfaits, mais comment seront conçus les espaces communs ?

Nous pensons que ce sont dans ces parties communes que risque de se poser le plus grand nombre de problèmes pour l’avenir, liés au vivre ensemble. Celui-ci n’est pas normalisé et doit être repensé de toute pièce. Les recettes classiques d’aménagements ne peuvent être transposées telles quelles au 65, elles doivent être repensées. Le vécu des habitants actuels est particulier, car en relation avec l’environnement proche, avec le statut de ces logements et leur typologie. L’information qu’ils peuvent fournir en dialogue avec les concepteurs est

capitale si on veut réussir ce projet de rénovation. Certains problèmes y sont spécifiques : la gestion de la propreté et des poubelles, les rapports entre les générations, la grande proportion de jeunes (avec la gestion du bruit en été devant la porte par exemple), le sentiment de sécurité ou pas, la honte d’habiter la tour du 65.

Les usagers de l’immeuble sont au centre des solutions. Dialogue et partenariat avec eux permettront à tous de progresser en même temps : gestionnaire de l’immeuble, auteurs de projet et locataires. Dans un même temps, cela va rompre l’isolement des personnes, diminuer le sentiment d’insécurité, réduire la marginalisation des locataires et faire naître l’envie de participer à un projet de respect des lieux et des personnes.

Dans ce cadre, des opportunités d’aménagements sont possibles : locaux polyvalents à usages communs et à usage d’associations de terrain, rencontres autour d’un café, regarder la télé ensemble, jouer aux cartes, … Si ces espaces sont bien pensés, si le cheminement de la rue aux logements est réfléchi, le sentiment d’insécurité diminuera fortement et un certain contrôle social s’installera naturellement. Cela réduira automatiquement les frais de gestion et d’entretien de l’immeuble.

Des exemples intéressants ont sans doute été réalisés ailleurs. Il faut s’en inspirer. Et surtout on peut créer des solutions neuves, mais qui ne peuvent être inspirées qu’avec la participation des habitants et non parachutées de toute pièce. Et que penser du fait que la majorité des habitants de la tour changera après les travaux ? La plupart des paramètres et des problématiques resteront valables. Pour l’avenir, après rénovation, le partenariat avec les habitants doit continuer pour rendre le projet durable dans le temps, avec l’adhésion et la participation des locataires. Nous pensons que cette concertation est capitale pour la réussite du projet et sa pérennité dans le temps, la gestion de son entretien. La plupart des gens peuvent participer à cela, s’ils sont reconnus comme interlocuteurs responsables et le groupe peut se former pour se mobiliser dans ce sens. L’équilibre entre les droits et les devoirs de chaque partenaire sera recentré, au grand bénéfice de tous.

Notre expérience de terrain de 38 ans à La Rue nous amène à tirer les conclusions et à formuler les demandes suivantes. Notre travail a toujours montré

que l’habitant est au centre des solutions, c’est avec lui que les problèmes insurmontables peuvent trouver des solutions inédites et intéressantes. L’aménagement des espaces qui sont pensés aujourd’hui doit être au service de cela.

Par conséquent, il nous paraît indispensable et urgent qu’un véritable processus de participation et de concertation avec les habitants concernés soit intégré dès en amont de la définition d’opérations de rénovation de ce type en Région Bruxelloise et que les moyens nécessaires soient octroyés à ce volet. Concernant le 65 Brunfaut, je rappelle que nous restons en demande à ce niveau.

Il nous paraît enfin nécessaire qu’une réflexion soit menée de manière tout aussi urgente sur la longueur des délais des procédures dans ce type d’opération.

ECHANGE AVEC LA SALLE

> Qu’est-ce qui est prévu du point de vue de la concertation ? Tant avant le projet que pendant les travaux ?

Réponse de Michel Eylenbosch

Il a été convenu que pour tous les ménages, les frais de déménagements soient pris en charge par la société de logement et que les logements occupés pendant les travaux seront remis en état locatif avant occupation. Par ailleurs, puisqu’il y a peu d’appartements de 3 et 4 chambres, il y aura des accords avec d’autres SISP pour faciliter le relogement.

Priorité dans l’accès aux logements rénovés sera faite aux ex-locataires du 65 Brunfaut. En cas de retour vers la tour Brunfaut, les frais sont à charge du Logement Molenbeekois. Le système de chauffage s’appuie sur le principe du passif, entraînant un gain (+/- 100 €/mois). Le coût du logement après rénovation sera plus ou moins stable.

> Comment faire pour qu’à l’avenir, le parcours d’un dossier de rénovation soit plus simple ?

La réponse est mise en réserve à l’attention du Cabinet de la Ministre du Logement régionale.

> Comment travailler avec une SISP ? Quelle est la politique communale en matière de logement ?

Réponse de Karim Majoros

Cette tour est un exemple de ce qui ne doit pas être refait. Elle comporte trop d’imperfections, n’est pas en lien avec le quartier. Il existe un Contrat Logement Communal qui prévoit de rénover un certain nombre de logements publics, de les mettre en conformité avec le Code du Logement, de créer de nouveaux logements, de lutter contre l’insalubrité, les marchands de sommeil.

Ce qui est attendu des opérateurs en cas de rénovation/construction ? C’est l’application de principes : que les rez-de-chaussée soient des espaces d’accueil et d’activités en lien avec le quartier, que les barrières physiques soient évitées, que les logements disposent d’espaces suffisants et qu’ils permettent aux personnes de s’épanouir. Un parc de logements de transit communaux complète le dispositif. Et une équipe (hors SISP) orientée vers la rénovation a été embauchée pour renforcer le travail.

Le CoCoLo permet aussi l’expression des locataires des logements des sociétés immobilières publiques. L’étude de réhabilitation a été lancée par le Contrat de Quartier Cinéma Belle-Vue.

ateliers urbains # 65 rue brunfaut, ça ira mieux demain ateliers urbains # 65 rue brunfaut, ça ira mieux demain

20 21

> Quelles sont les propositions relatives à l’accompagnement des locataires ?

Réponse de Werner Van Mieghem

Le Logement Molenbeekois est une société coopérative. La gestion devrait s’inspirer de l’idéal de la « co-action ». Des budgets sont disponibles pour la rénovation du bâti de la Société. Pourquoi est-ce si difficile de concrétiser. Qui décide des priorités dans les travaux ? La moindre des choses serait de garantir que le logement permette de se loger décemment. Et donc de prévoir des subsides adaptés à cet objectif.

Réponse de Jean-Luc Debroux

La Rue intervient au 65 Brunfaut depuis 2004 dans le cadre d’un Projet de Cohésion Sociale ; un partenariat avec le Logement Molenbeekois, la LES asbl, les habitants. Des habitants interpellent La Rue depuis cette date. En janvier 2006 : une visite du bâtiment pour y constater des dangers majeurs pour la sécurité des habitants (gaînes techniques sans compartimentage de résistance au feu, des escaliers d’évacuation en colimaçon avec des portes palières qui s’ouvrent dans l’escalier et bloquent le passage) ; visite suivie d’un courrier.

Et depuis, La Rue a pris un rôle d’intermédiaire entre locataires et gestionnaires. La décision de rénovation et les délais de procédure entraînent d’autres interrogations qui sont relayées et auxquelles répondent des séances d’information avec les gestionnaires. Notre conclusion est que dans cette situation, un partenariat doit être opérant (avec une concertation régulière) placé dans un organigramme du projet dès en amont de celui-ci. Cela permet

de reconnaître les gens dans ce qu’ils vivent. Un facilitateur (prévu dans l’option d’une rénovation en site occupé) n’est plus évoqué alors qu’il reste des aspects du projet à définir (gestion des espaces communs, accès, …).

Placer les usagers au centre de la conception, c’est contribuer au respect des lieux. Bien penser à l’aménagement des locaux communs c’est appuyer le vivre-ensemble (rapport jeunes/adultes, isolement,…). Assurer l’après-rénovation passera par un dialogue et pour autant que les locataires soient reconnus et restent des interlocuteurs. C’est

un facteur de réussite. Il est nécessaire de réfléchir aussi sur les délais. Interpeller tous les 15 jours et recevoir des réponses tous les 6 mois, cela ne facilite pas la participation. Par ailleurs, les procédures de marché public ne sont pas adaptées à ce type d’opération. Réponse de Michel Eylenbosch

Les relations avec La Rue sont établies et

permettent une communication avec les locataires. La place du CoCoLo est aussi assurée.

Réponse de Karim Majoros

Il existe une cellule - architecte + juriste - qui peut contribuer à la réalisation de la rénovation des logements de la SISP.

Réponse d’Eric Jadin

Il est important de garder fierté et honnêteté dans la poursuite du projet.

> Peut-on compter sur une structure de concertation dans l’élaboration du projet ? De quel type et avec quels instruments ? En particulier, comment organiser une réflexion sur les espaces communs ?

Réponse de Michel Eylenbosch

En ce qui concerne les logements eux-mêmes, la SISP a besoin de relais. Il faudra expliquer le

fonctionnement du chauffage en passif et rassurer. La collaboration avec La Rue sera nécessaire. En ce qui concerne les espaces communs, les architectes ont des projets qui sont discutés pour l’instant au niveau de la S.L.R.B. Ajouter d’autres personnes autour de la table est compliqué. Il est envisageable d’ouvrir sur des projets tels que le toit utilisé par les habitants, l’accès à la tour qui se fera avec une sécurisation maximale. Il est prévu des réunions pour informer et présenter des projets plus aboutis dans 1 ou 2 mois.

Réaction de monsieur Eric Jadin, locataire au 65 rue Brunfaut

Même en ayant quitté notre logement pendant la durée des travaux, nous nous engageons à continuer à nous tenir au courant et à soutenir le projet.

Réponse de Jean-Luc Debroux

Les auteurs de projet sont-ils au courant de certains aspects : tels que des groupes de jeunes à l’entrée avec la gestion du bruit en été, par exemple ? Fondamentalement, la table à dessin doit être au service des gens.

Réaction d’un locataire du site Osseghem du Logement Molenbeekois dans la salle

A-t-on bien compris qu’il s’agit aujourd’hui d’écouter et de dialoguer et pas nécessairement que seuls les professionnels conçoivent ? Et par ailleurs, dans le cas du Projet Osseghem des habitants ont aussi un rapport avec leur espace. La place des habitants doit être assurée.

> Question d’un locataire du 65 Brunfaut dans la salle : l’espérance de vie du bâti Brunfaut était de 30 ans. Or, elle a 50 ans. Donc : 20 ans de retard. Qui finance ?

Réponse de Michel Eylenbosch

La Région finance (18 millions d’euros). La SISP remboursera sur 30 ans.

> Une consultation sur des plans déjà ficelés est-ce encore une consultation ?

Réponse de Michel Eylenbosch

Aujourd’hui, les architectes travaillent ensemble sur base du logement et de l’accès. La réduction du risque incendie est un des critères. Dès qu’il est prêt, le projet sera montré.

Réaction du CoCoLo2 Molenbeekois

Le CoCoLo a sa place dans la concertation et a été tenu informé par le Logement Molenbeekois. Les locataires sont informés lors des A.G du CoCoLo. Sa demande est que toute garantie soit donnée sur la fiabilité des entreprises et que les logements

répondent aux normes.

> La SISP parle des aspects techniques et les habitants parlent de participation (sur le concept, le projet).

Réponse de Karim Majoros

Nous sommes favorables à de la participation mais cela ne veut pas dire que tout peut être réalisé. Il y aura des réponses aux questions posées sur le projet.

> Question d’une locataire du 65 Brunfaut : nous sortons d’un logement insalubre de la tour. Or ce

qui est proposé ne vaut guère mieux. Que faire ? Il y a un risque de se faire radier si on ne réagit pas positivement. On nous a dit l’obligation de cocher au moins 70% des logements proposés. Il faut choisir ceux qui conviennent au mieux. Mais les logements proposés sont parfois pires.

2 Conseil Consultatif des Locataires

ateliers urbains # 65 rue brunfaut, ça ira mieux demain ateliers urbains # 65 rue brunfaut, ça ira mieux demain

22 23

Réponse de Michel Eylenbosch

Tout appartement qui sera occupé est remis en état. La visite se fait dans des lieux qui sont parfois encore occupés.

> Intervention d’une locataire du 65 Brunfaut

Pour l’instant, la Tour se vide mais des personnes inconnues y pénètrent. La Police est au courant.

> Intervention d’une travailleuse sociale d’une association de Molenbeek

La participation n’est pas que donner de l’information. C’est un processus. Dans le cas du CLT Vandenpeereboom, même si c’est le Fonds du Logement qui décide, il y a discussion pour voir à quoi cela pourrait ressembler. C’est de la participation.

Intervention d’une collaboratrice de la Cellule d’Aide Opérationnelle de la S.L.R.B.

La Cellule d’Aide Opérationnelle de la SLRB souhaite visualiser la vidéo. Nous souhaitons aller de l’avant le mieux possible. Des règles et des moyens existent. Les logos sur cette vidéo illustrent aussi que des moyens sont octroyés aux projets.

Réponse de Michel Eylenbosch

Dès que les plans (plans intérieurs) seront disponibles, ils seront communiqués avec la possibilité de faire des remarques.

> Qu’en est-il des projets hors 65 Brunfaut ?

Réponse de Karim Majoros

Il est nécessaire qu’il y ait de l’information sur les chantiers.

> Intervention d’un spectateur

Le film de ce soir a déclenché une discussion. Je pense que les habitants doivent se préparer à en faire d’autres. Il faut continuer.

> Intervention d’une conseillère communale de Molenbeek-Saint-Jean

Quand un propriétaire ne respecte pas l’application des règles de salubrité, il y a une réaction. Dans ce cas, il y a eu un long délai. Il y a du 2 poids 2 mesures. J’espère qu’il y aura quelque chose pour éviter que cela se reproduise.

Réponse de Karim Majoros

Sur le marché privé, Il y a une action contre l’insalubrité au moyen d’une cellule communale. Nous sommes favorables à accélérer la rénovation. C’est là un processus qui est en cours. Rassurez-vous.

REPORTAGES TÉLÉVISÉS

> "La Tour Brunfaut vue par ses habitants", M. Berck, #M- le mag de la rédac, Télé-Bruxelles, 3 février 2015, http://www.telebruxelles.be/emission/m-71/

> "Logements sociaux. Au coeur de la ville", S. Lepage, Journal Télévisé, 9 avril 2015, RTBF, http://www.rtbf.be/video/detail_logements-sociaux-a-bruxelles?id=2007145

REPORTAGES RADIO

> "Toi, toi mon toit", émission Radio Maritime, épisode 25, Gsara-Bruxelles, 31 mars 2015, https://www.mixcloud.com/Gsara_BxL/radio-maritime-épisode-25-toi-toi-mon-toît/

ARTICLES DE PRESSE > PAGES 24 - 33

> "Tour Brunfaut : la vie en chantier", C. Verhaeren, Bruxelles en Mouvement, Inter-Environnement Bruxelles, n°271, juillet-août 2014, page 14, http://www.ieb.be/IMG/pdf/bem271_07-08-2014.pdf

> "Adieu , "cher logis"...", P. Lamotte, En Marche, n°1535, Bruxelles, février 2015, p 11, http://www.enmarche.be/Services_En_Marche/en%20marche%20PDF/2015/NUMERO1535.pdf

> "Molenbeek: "ça ira mieux demain"à la Tour Brunfaut?", M. Paquay, RTBF, Bruxelles, février 2015, http://www.rtbf.be/info/regions/detail_molenbeek-ca-ira-mieux-demain-a-la-tour-brunfaut?id=8898833

> "65, rue Brunfaut. ça ira mieux demain : un documentaire sur la tour infernale", M. D’Heygere, Alter Echos, février 2015, http://www.alterechos.be/fil-infos/65-rue-brunfaut-ca-ira-mieux-demain-un-documentaire-sur-la-tour-internale

> "La tour Brunfaut infernale", M. D’Heygere, Alter Echos, n°398, mars 2015, http://www.larueasbl.be/wp-content/uploads/2015/03/AlterEchos_La-tour-Brunfaut-infernale.pdf

REVUE DE PRESSE

14 / tour brunfautBruxelles en mouvements 271 – juillet/août 2014

Le logement social est confronté à un problème de vide locatif de plus en plus important, tandis qu’une partie du parc immobilier des SISP est clairement insalubre. C’est la situation à laquelle est confrontée la tour Brunfaut. Il est donc grand temps d’agir, mais comment faire pour que ce ne soient pas les locataires qui trinquent ?

La question de la rénovation de la Tour Brunfaut avait déjà été abordée à l’occasion du dossier « Démolition-Reconstruction » du BEM paru en juillet-août 2013. L’article soulignait le bilan environnemental positif que constituera l’opération de réhabilitation de cet immeuble de logements sociaux, au regard d’une démolition-reconstruction qui est l’autre option possible. La particularité de ce chantier résidera toutefois dans le fait qu’une grande partie des habitants seront maintenus sur place durant les travaux. Au mieux en 2018, cet immeuble sera « métamorphosé ». Prouesse architecturale, technique et environnementale, l’opération constituerait une première en région bruxelloise par son ampleur. Toutefois, cette perspective positive ne doit pas éluder que vivre au 65 Brunfaut figure pour de longues années encore un bien plus grand défi humain dont nous souhaitons témoigner ici.

le vécu des locatairesDepuis 2004, notre association

développe un travail de proximité auprès des locataires de la tour ; demandeurs d’un soutien dans l’expression de leur vécu auprès de leur bailleur, la SISP [1] « Le Logement Molenbeekois », ainsi qu’auprès de la Commune, de la S.L.R.B. [2] et du Secrétaire d’Etat au Logement. À maintes reprises, nous avons observé et entendu l’impact négatif des conditions de logement sur la santé physique et psychique des

habitants, sur leur vie familiale, sociale et sur la vie de l’immeuble en général. Située en bordure du canal de Molenbeek-Saint-Jean et mise en location en 1967, la tour ne répond plus du tout aux normes actuelles de salubrité et de sécurité : - Exiguïté des logements en deçà des standards actuels ; - Sur-occupation des logements (41,79% en février 2013) ; - Manque d’isolation acoustique « on entend absolument tout ce que font nos voisins » ; - Absence d’isolation thermique. Froid en hiver et surchauffe en été jusqu’à des 40 degrés ; - Odeurs nauséabondes de l’espace poubelle extérieur attenant à la tour vers les premiers étages ; - Pannes régulières des ascenseurs obligeant la prise des escaliers à claire-voie et en colimaçon sur 16 niveaux ; - Sentiment d’insécurité vu la dangerosité incendie (moins de 30 minutes de résistance au feu) et ce, malgré les mesures prises dont la pose récente d’un système d’alarme et la réparation des portes coupe-feu ; - Un manque de contrôle social étant donné la configuration de la tour. Une insécurité qui se caractérise par des cambriolages (dont un avec violence tout récemment), du tapage et des sittings réguliers dans les escaliers de secours (consommation de drogues, seringues) ; - Sentiment de honte, « Je ne peux pas recevoir mes proches ici » ;

- Et enfin, les cafards comme plus résistants spectateurs du quotidien.

À ces problématiques, s’ajoute une longue histoire de dialogue discontinu et compliqué avec le bailleur. Dans le chef des habitants, il y a comme une fracture émotionnelle d’impuissance, de crainte, voire de colère qui ressurgit systématiquement tant la réintégration d’un logement conforme leur semble inaccessible et lointaine. L’annonce officielle de la rénovation en septembre 2011 n’amoindrit en rien le sentiment de la plupart de n’être pas ou pas suffisamment entendus dans leur vécu et leurs difficultés.

la participation face à l’attente ?

Pourtant, le cahier des charges de l’auteur de projet qui sera engagé pour la rénovation (et qui est en cours de désignation) intègre la participation des habitants. À ce titre, les multiples interpellations collectives des locataires avec le soutien de l’association depuis 10 ans ont permis de nourrir l’urgence du projet et de créer l’adhésion des acteurs-clés à étoffer la concertation. En effet, aux étapes initialement prévues au cahier des charges (dont 3 réunions collectives en amont du permis d’urbanisme et 2 en aval ainsi que des rencontres individuelles avec les locataires), la dynamique de participation comptera aussi : - L’engagement d’un facilitateur de la maîtrise d’usage, en lien direct avec l’auteur de

projet, chargé d’organiser la concertation individuelle et collective auprès des locataires ; - L’animation par celui-ci d’un comité d’accompagnement composé de représentants des locataires, du « Logement Molenbeekois », de la S.L.R.B., du Cabinet du Secrétaire d’Etat au Logement, de la Commune, de l’auteur de projet, de travailleurs sociaux de la S.A.S.L.S. et de l’asbl La Rue. Plusieurs fois par an et davantage selon l’actualité du projet, ce lieu devrait permettre aux locataires d’être informés et de questionner le déroulement de la rénovation ; - L’organisation d’un groupe de travail co-animé par le facilitateur et l’asbl La Rue, l’intention étant de préparer les locataires à la maîtrise d’usage (atelier architectural, visite d’expériences similaires,…) et leur participation au comité d’accompagnement.

Dès lors, si les ingrédients semblent réunis pour une participation active des locataires à définir leur futur lieu de vie, pourquoi l’enthousiasme véhiculé publiquement autour de ce projet n’arrive pas à être partagé par ceux-ci ? Pourquoi certains d’entre eux vont jusqu’à douter de la réalité de l’opération ? À l’issue d’une réunion collective en janvier dernier, un locataire clôturait les propos de ses pairs par cette question « d’ici la fin des travaux, comment survivre dans l’indignité » ? Or, quelle réponse apporter à cette question si ce n’est l’attente.

tour Brunfaut : la vie en chantier

Claire Verhaeren, asbl la rue

tour brunfaut / 15Bruxelles en mouvements 271 – juillet/août 2014

Plus globalement, c’est bien sûr l’ensemble de la politique du logement en région bruxelloise qui doit être questionnée. Car quels autres choix ont véritablement les locataires ? Espoir d’une mutation dans un parc social déjà exsangue et saturé ? Quitter celui-ci pour s’exposer aux risques du privé ? Certains l’ont déjà fait. A noter que sur 97 ménages, la tour a déjà été vidée d’un tiers de ses occupants. Selon la SISP, la mutation supplémentaire d’un certain nombre de ménages sera encore nécessaire au démarrage du chantier. Ces ménages mutés auront le choix de revenir ou non au 65 à la fin des travaux. Mais alors que leur ancrage se construit déjà ailleurs, quel serait leur intérêt à participer à la concertation ?

Et pour « ceux qui restent », comment construire et partager le rêve d’un 65 exemplaire et convivial alors que la vie de famille s’organise aujourd’hui et pour longtemps encore autour de la seule table de salon et qu’« à la fin du chantier, nos enfants seront grands » témoigne une mère de famille ? Alors que l’intimité dans le logement ou entre appartements se retrouve réduite à quelques centimètres de parois ? Alors qu’en vain nous tentons de rassurer des personnes âgées devenues insomniaques à l’idée du choc d’un ou de plusieurs déménagements consécutifs à la rénovation en site occupé ? Sachant aussi qu’une rénovation en site occupé

engendrera immanquablement son lot de nuisances que les occupants devront supporter et qui, dans la durée, ne feront qu’accroître le découragement, la lassitude et le désarroi déjà exprimés de longue date par de nombreux locataires. Enfin, malgré les mesures conservatoires prises au niveau de la dangerosité incendie, le risque d’un drame garde toute son actualité.

Dans ce contexte, comment ou faut-il persuader les habitants, bon gré mal gré, de leur intérêt à être acteurs de la concertation à venir ? Nous restons fermement convaincus de la nécessité de faire appel à « l’expertise de l’usager » comme condition sine qua non de réussite du projet. L’égale adhésion à cette idée de la part du maître d’ouvrage « Le Logement Molenbeekois » semble augurer d’une collaboration possible.

Toutefois, autant « La Rue » sera attentive à poursuivre son accompagnement et à préparer les habitants à cette concertation, autant nous pensons qu’il est malheureusement déjà trop tard pour que ce projet-ci fasse « exemple » en matière de participation, comme il aurait pu l’être. Or, il semble peu réaliste de faire du « rattrapage social » après coup.

des pistes à explorerD’une part, il nous paraît

essentiel pour de futurs projets similaires que la participation et la concertation des locataires soient

intégrées en amont du projet de rénovation. Cela nécessiterait d’y consacrer les moyens adéquats. Par l’adoption de budgets spécifiques à cette dimension sociale, il s’agirait d’associer les locataires dès l’élaboration du cahier des charges, voire même à la sélection de l’auteur de projet.

Dès le démarrage, leur permettre d’être dans une logique de co-innovation, dans une perspective d’enrichissement mutuel, permettant au maître d’ouvrage d’ancrer son projet « là où la vie se passe » tel que le préconise le bailleur social français « Nantes Habitat » dans son « Guide sur la Maîtrise d’Usage » ; fruit de plusieurs expériences menées au sein de leur parc immobilier [3]. Il s’agit, dès le départ, de « passer d’une relation de 'face à face ' à une relation de 'côte à côte' avec les usagers . Comprendre ce qui est important pour les habitants de leur point de vue » porterait l’essence même de la maîtrise d’usage.

D’autre part, toujours en lien avec le volet participatif, il serait intéressant de prendre connaissance d‘expériences porteuses menées ailleurs, y compris à l’étranger. De même, nous souhaitons proposer aux personnes du Brunfaut d’imaginer un outil permettant de faire remonter leur vécu sur la place publique et de le mettre en débat. Par exemple, un atelier vidéo pourrait aboutir à un outil de sensibilisation sur ces questions de l’habitat et de la participation. Non plus seulement en attente

d’avancées qui dépendent d’autres, cela leur permettrait d’être acteurs et auteurs de leurs propres messages.

Enfin, ce type de rénovation est complexe et implique beaucoup d’étapes successives depuis la définition du projet jusqu’à sa concrétisation ; chaque étape pouvant prendre du retard. Sans pour autant nuire à la qualité de la rénovation, ni mettre en danger la sécurité de ses occupants, quelles dispositions permettraient de réduire les délais dans un chantier de cette ampleur ? Vu l’insalubrité et la dangerosité de la tour Brunfaut, cette question garde toute son acuité.

Nous sommes demandeurs qu’une réflexion soit menée au niveau régional sur ces divers aspects. Il en va de l’intérêt de tous de veiller à humaniser ce type d’opération car la question n’est pas seulement celle du logement ; elle est aussi celle du lieu de vie avec tout ce que cela comporte d’intime.

La Rue asbl est une Association d’Education Permanente œuvrant dans les quartiers historiques de Molenbeek-Saint-Jean : www.larueasbl.be

1. Société Immobilière de Service Public.2. Société du Logement de la Région de Bruxelles-Capitale.3. « Guide de la Maîtrise d’usage », Nantes Habitat, 2011, p. 13. : http://www.nantes-habitat.fr/Media/Files/Fichiers-PDF/Guide-de-la-maitrise-d-usage

Ch

ris

tia

n L

ed

oC

q

Stéphanie Renard, une des premières locataires en 1968

Vivre sa mortDeux hommes en sursis. Deux êtres d'une soixantaine d'années pris d'assaut par la maladie. La"fin", ils la connaissent. Mais de quoi sera jalonné le chemin jusque-là ? Philippe et Manu font unchoix différent. Ils livrent leurs ultimes témoignages au réalisateur belge M. Bonmariage.

Cinéma

"La mort ne me fait pas peur. C'estplutôt ce qu'il y a juste avant et la façondont on meurt… […] Je risque quandmême de passer de sacrés mauvaismoments juste avant de partir, hein !Mais c'est comme ça…"Philippe est lu-cide. Lorsqu'on fait sa connaissance àl'écran, on sait qu'il sait. Le diagnosticétabli par l'oncologue estsans appel.

Pour Manu, même chose.La fin de sa vie, tristementprécipitée, approche. Ilsait qu'elle sera doulou-reuse mais il ignore cequ'elle sera d'autre… Dans ces cir-constances, il préfère choisir lui-même. Ce sera l'injection. Le mêmeproduit qui, administré à faible dosepour l'anesthésier avant les opéra-tions, lui procurait "une sensation decaresse sur le bas du visage". "Cettemort atroce qui m'est naturellementpromise, elle ne sera pas ! C'est moiqui choisis, je serai couché, je termine-rai avec cette petite caresse. Et puisc'est fini."

Foi, médecine comme soutienAvant le terme de leurs existences,les deux hommes nous invitent àfaire quelques pas en leur compa-gnie. Jusqu'au cimetière, où Philippeprésente ce qui sera sa dernière de-meure. En voiture vers la clinique

19 FÉVRIER 2015 EN MARCHE11

© V

ivre

sa

mor

t

C U L T U R E

Ça ira mieux demain…, documentaire court réalisé par les habitants d'un logementsocial bruxellois, évoque l'espoir et la résignation face aux perspectives d'une viemeilleure.

Documentaire

Adieu, "cher" logis...

d'où il ressort avec toujours plus dequestions. Sur l'échéance finale, surl'efficacité du traitement et les raisonsqu'il aurait à le poursuivre : "Est-ceque ça en vaut encore la peine ?" Plustard, la douleur se fait grandissante etun mot émerge : euthanasie. Un actepas anodin, écarté par son onco-

logue : "Ce qui compte, c'estd'accepter la vie. C'est d'êtredigne jusqu'à la fin." Phi-lippe trouvera le soutiennécessaire auprès de sa famille et auprès de Dieu.

Manu ouvre la porte de sanouvelle maison. Il y passera ses der-niers jours jusqu'à l'"au revoir" qu'il

a programmé. Dans la souffrance,l'attente est longue. "Ça devient dur.L'acceptation de l'avenir et la vitesse àlaquelle ça chute", souffle-t-il, af faibli.Accepter ce coup du sort, un exercicedifficile pour Tina, son épouse. "Çava…", dit-elle avant de se raviser: "Çava mais ça va pas…". Et elle fond dansles bras de son mari. Puis la dégrin-golade s'accélère, la lutte est tou-jours plus éprouvante. Le temps estlong jusqu'à la date fixée à l'agenda,et la législation en la matière n'enpermet aucun ajustement. Tenirjusque-là. Manu trouvera le soutienauprès des siens et de Gabriel Rin-glet, prêtre libre-penseur, qui l'ac-compagnera jusqu'à la "caresse".

PLUS TARD,

LA DOULEUR SE FAIT

GRANDISSANTE

ET UN MOT ÉMERGE :

EUTHANASIE.

Attention : émotionPour recevoir le film du réalisateurManu Bonmariage (auteur aussi deStrip-tease, Les amants d'assises…),mieux vaut être bien accroché, et cepour plusieurs raisons. Le "cinéma-direct" qu'il pratique projette le pu-blic dans l'extrême intimité des su-jets. Rien d'in trusif pourtant dans ladémarche du réalisateurqui place quel ques micros,travaille seul, se fait discretpour laisser la place auxprotagonistes. "Ceux qu'onfilme, dit-il, je veux que cesoit eux qui nous dominentet imposent leur regard". Ça secoue, ça décoche dessou rires, ça tire des lar mes.

Ensuite, la difficulté du sujet. En réa-lité, le thème de la fin de vie s'est im-posé à Manu Bonmariage par l'entre-mise de Philippe : "Je voudrais bien quetu fasses un film sur mon parcours !"Dans la lutte contre le cancer, il atrouvé un bon remède pour résisteraux agressions répétitives et diversesde la maladie : vivre la mort jusqu'au

bout. "Malgré l'adversité, la douleur,la difficulté, il voulait que je sois à ses côtés pour être témoin de sontriomphe sur sa souffrance […] encontinuant à vivre jusqu'au derniersoupir", raconte le réalisateur. Poursa part, Manu souhaitait livrer cet ul-time témoignage "pour accompagnerdes êtres humains tellement attaqués

par la maladie qu'il s'im-pose de leur porter assis-tance comme à une per-sonne en danger. Non seu-lement au nom des droitsde l'Homme, mais surtoutau nom d'un évangile de lalibre-pensée."

Deux histoires, deux choix, deux finsd'existence. L'une et l'autre se valent,suggère le film. L'un et l'autre reste-ront acteurs de leur vie jus qu'au dé-part.

// MATTHIEU CORNÉLIS

>> Vivre sa mort de Manu Bonmariage •Belgique • 2015 • 75 minutes • AvecPhilippe Rondeux, Manu de Coster •Sortie en salles le 4 mars.

LE "CINÉMA-DIRECT"

DE MANU

BONMARIAGE

PROJETTE LE PUBLIC

DANS L'INTIMITÉ

DES SUJETS.

© V

ivre

sa

mor

tAttendre, attendre, toujours atten-dre… Les locataires de la "tour" Brun-faut, à Molenbeek (Bruxelles), patien-tent depuis des années pour qu'onleur aménage des conditions de vieun peu plus conformes à la dignitéhumaine. Sans cafards dans les cui-sines, sans taches d'humidité aux pla-fonds, sans ordures au pied de l'im-meuble… Mais avec des ascenseursqui fonctionnent, des lu-mières dans les cages d'es-calier et une isolation ther-mique et acoustique untant soit peu efficace. Cer-tains d'entre eux, commeStéphanie, ont emménagédans cet immeuble de lo-gements sociaux il y a plusde cinquante ans ! Et at-tendent toujours… D'au-tres "anciens" se souvien-nent avoir vu - au choix -un frigo passer par la fenêtre et se fra-casser au sol, des cafards ramperdans un lit d'enfant, un lit à deuxplaces crever le plancher et chuter unétage plus bas. On en pas se et desmeilleures… Résultat d'une politique du loge-ment social conçue – déjà ! – à bud-

gets restreints, tout cela a transfor -mé, pendant un demi-siècle, cettetour de métal des années soixante,déclarée novatrice au moment deson édification, en catalogue deshorreurs. Début des années 2000, leslocataires se rebiffent. Soutenus parLa Rue, une association d'éducationpermanente impliquée dans les lut -tes urbaines, ils parviennent petit à

petit à cons truire une pa-role collective qui n'abou-tira que dix ans plus tard àune promesse de rénova-tion. Pas n'importe la-quelle. En… 2017 ou 2018,le "65 Rue Brunfaut" de-viendra passif sur le planénergétique. Autrefoisfour ou frigo au gré des sai-sons, le bâtiment devraitréduire ses factures dechauffage de 90%, selon

l'architecte. Certains logements se-ront munis de 4 à 5 chambres, ce quipermettra aux familles nombreusesde mieux se déployer. Aux 16 ni-veaux existants, on rajoutera cinqnouveaux étages avec – enfin ! – descloisons étanches "pour vivre chezsoi et non dans la chambre du voisin".

À chaque étage, oninstallera des "jardinsd'hiver" (sic).

Deux mondes distincts

Tout le monde estcontent, alors ? Non, etc'est l'objet de ce petitfilm qui donne la parole aux loca-taires, appelés à vivre ailleurs pen-dant… deux à trois ans, le temps né-cessaire à cette rénovation massive.But du documentaire : faire sentirl'absence de concertation autour duprojet. Architectes, autorités, sociétéimmobilière ont, certes, mis les petitsplats dans les grands pour le chan-tier de remise à neuf. Mais ils ont ré-écrit la vie de demain avec leur pro-pre lecture du monde, eux qui n'oc-cuperont pas les lieux. Le comitéd'accompagnement a été créé bientard et n'a pu être associé correcte-ment au dossier. Entre la temporalitédes procédures administratives etcelle de la vie quotidienne en loge-ment social, le gouffre n'a pu êtrecomblé. "La participation, c'est bienplus que la diffusion d'informationsaux locataires, explique-t-on à La

Rue. L'annonce officielle de la rénova-tion, en 2011, n'a en rien amoindri lesentiment de la plupart des loca-taires de n'être pas ou pas suffisam-ment entendus dans leur vécu etleurs difficultés".

Les enfants malmenésHabitué à interroger le rapport des ha-bitants à leur ville via ses Ateliers ur-bains, le Centre Vidéo de Bruxelles afilmé la mobilisation de ces locataireset les dernières semaines passées au65, avant qu'ils ne déménagent versun hypothétique "ailleurs" transi-toire, jugé peu rassurant. En toile defond, les témoignages ne cessentd'évoquer le sort des enfants, malme-nés par cette vie faite d'insalubrité,d'insécurité et, surtout, d'imprévisibi-lité. Car les délais ne cessent de s'al-longer. Et le spectateur de se souvenir,

à l'instar des concepteurs de ce docu-mentaire sans voix off, que 44.000ménages sont en attente d'un loge-ment social en Région bruxelloise.Tous ceux qui en occupent déjà un ne connaissent évidemment pas lemême sort que ceux de Brunfaut.Mais tous, d'une façon ou d'une au-tre, méritent une considération qui nesoit ni tardive, ni de façade.

// PHILIPPE LAMOTTE

>> Ça ira mieux demain, documentaire de20 minutes réalisé par les locataires du65, rue Brunfaut, à Molenbeek, seradisponible en avril (DVD) au Centre Vidéode Bruxelles • 02/221.10.67 • www.cvb-videp.be. D'autres ateliersurbains caméra au poing ont étéconsacrés à Flagey, au Quartier Nord, à celui des Goujons (Anderlecht), etc.

LES LOCATAIRES DE

LA "TOUR" BRUNFAUT,

PATIENTENT DEPUIS

DES ANNÉES POUR

QU'ON LEUR AMÉNAGE

DES CONDITIONS DE

VIE UN PEU PLUS

CONFORMES À LA

DIGNITÉ HUMAINE.

© C

entr

e V

idéo

de

Bru

xelle

s

16/04/15 16:19Molenbeek : "Ça ira mieux demain" à la Tour Brunfaut? - RTBF Regions

Page 1 sur 1http://www.rtbf.be/info/regions/detail_molenbeek-ca-ira-mieux-demain-a-la-tour-brunfaut?id=8898833

Situationnormale

! " #

© RTBF

Molenbeek : "Ça ira mieux demain" à la Tour Brunfaut?REGIONS (http://www.rtbf.be/info/regions) | mercredi 4 février 2015 à 16h12

(http://app.readspeaker.com/cgi-bin/rsent?customerid=7764&lang=fr_be&readid=js-article&url=www.rtbf.be%2Finfo%2Fregions%2Fdetail_molenbeek-ca-ira-mieux-demain-a-la-tour-brunfaut%3Fid%3D8898833) Écoutez

« Nous vivons à Molenbeek, au bord du canal, dans une tour aux parois fragiles. La tour Brunfautest un fleuron du logement social des 70's. Notre "cartonenblok" est peu à peu devenu un véritableenfer à habiter. 2010, nous exigeons des solutions. 2014, à la veille de la rénovation tant attendue,nous décidons d’en faire un film. Entre espoir et résignation, voici notre témoignage, celui d’unedignité à retrouver dans l’habitat social.” Voilà le message des habitants-réalisateurs de cedocumentaire.

" Ça ira mieux demain... " est le titre d'un film réalisé par les habitants de la tour brunfaut à Molenbeek. Ils ont réaliséune vidéo destinée à nous faire partager leur vie dans cette tour de carton. Ils y dénoncent leurs conditions de vieinsalubre, voire dangereuses. Le but est bien évidemment d’interpeller les responsables du logement à Bruxelles surleurs conditions de vie.

Elle se dresse imposante à Molenbeek. Elle abrite des cafards. Certains locataires n’osent même pas le dire. Deslocataires ont participé au film dans lequel ils expriment leur vécu dans ce bâtiment pour le moins problématique. Cefilm a été co-réalisé par l’ASBL La Rue et le cente vidéo de Bruxelles. L’objectif premier était que les habitantsprennent eux-même en charge leur destin et avoir un outils qui leur permettent de s’adresser aux politiques. Depuisseptembre, les perspectives de rénovations de la tour semblent se confirmer. Maisl les promesses faites depuis desannées obnt exacerbé une certaine méfiance dans le chef des habitants. Mais, fatalement, ils continuent à espérer.

Christele Davion est une ancienne locataire de l'immeuble, mais elle a quand même tenu à participer au projet... " Çame touchait moralement. Il y avait toujours cette envie de fuir la maison parce qu’on ne sent pas bien. Il y avait desproblèmes d’ascenseur, de cafard, d’isolation, d’humidité, de châssis défectueux. Les appartements ne sont mêmepas dans les normes. C’est une vie que je ne souhaite à personne. C’est une habitation où vraiment on se sent mal eton a toujours envie de sortir. On rentre parce qu’on n’a pas le choix. On doit rentrer pour dormir, pour manger, pournettoyer mais c’est vraiment à contrecœur. Je me suis toujours dit que le jour où je partirais, je soutiendrai toujours lesgens qui restent ici dans cette tour. C’est pour ça que j’ai voulu participer à ce film, c’est une partie de ma vie bien sûrmais une manière aussi de soutenir les gens qui sont toujours dans cette tour. "

Maxime Paquay

Publié le 16 April, 2015

Publié le 16 April, 2015

Publié le 15 April, 2015

FIL INFOS

Une journéedʼactions poursensibiliser auxdroits du patient

Accès à son dossier

médical, information claire

délivrée par les soignants...

Les patients ont des droits

consacrés dans la loi

"Droits du patient"

promulguée...

Lire la suite

10 ansdʼactivation et uneexplosion desanctions

«Le curseur du

gouvernement est

nettement placé sur

lʼexclusion plutôt que sur

lʼinclusion». Cʼest le constat

tiré par Les Travailleurs

sans emploi de la...

Lire la suite

Les personnesexclues duchômage peuventattaquer lʼEtatbelge

Une avocate bruxelloise

propose aux personnes

exclues du chômage

dʼintroduire un recours

devant le tribunal du travail.

Une démarche inédite et

gratuite qui vient...

Lire la suite

Publié le 5 February, 2015 | Par Margo D'Heygere (st.)

FIL INFOS

«65, rue Brunfaut. Çaira mieux demain»: undocumentaire sur latour infernale

© Antonio Ponte, Belgique - Bruxelles - Molenbeek. Flickr.

Mercredi 4 février avait lieu lʼavant-première du

documentaire «65, rue Brunfaut. Ça ira mieux

demain» réalisé par le Centre vidéo de Bruxelles

en partenariat avec lʼasbl La Rue. Un débat entre

les habitants et plusieurs acteurs du projet a pris

place suite à la projection.

Cela fait plus de dix ans que les locataires du

«cartonenblok» se battent quotidiennement face à

lʼinsalubrité de lʼimmeuble. Pièces étroites,

moisissures, odeurs nauséabondes, mauvaise

isolation acoustique et thermique, non-conformité des

normes incendies, etc. De nombreuses plaintes ont

été envoyées à la ville, à la Région, à quiconque

pourrait faire changer les choses.

Depuis septembre 2014, un atelier vidéo organisé par

le CVB et La Rue a pris place dans le but de faire

entendre les locataires. «Ce documentaire est un

reportage entre lʼespoir et parfois la résignation des

habitants», rapporte Françoise Schepmans,

bourgmestre de Molenbeek. Par le biais de

témoignages interpellants, amusants, parfois les deux

à la fois, le spectateur se retrouve face au défi

humain quʼest celui dʼhabiter au 65 rue Brunfaut.

De nombreux habitants sʼétaient déplacés afin

dʼassister à la projection et au débat. «Lʼappartement,

ABONNÉS

Username or E-mail

Password

Remember Me

LOG IN

Lost Password?

AUSOMMAIRE

DUDERNIERNUMÉRO

FOCALES

Publié le 29 September, 2014

Publié le 28 April, 2014

Publié le 23 April, 2014

Les CPASsʼopposent aurapport socialélectronique

De la Flandre à la Wallonie,

en passant par Bruxelles,

les trois fédérations de

CPAS du pays s'opposent

au projet de «rapport social

électronique»...

Lire la suite

Accès aux soins :lʼimpact delʼinterventionmajorée sous laloupe

Dans une étude récente, la

Mutualité socialiste a

examiné le profil des

patients bénéficiant de

l'intervention majorée. «

Pour qui ? Pour quelle

accessibilité...

Lire la suite

Panik sur la villese penche surlʼaccès à lʼIVG enBelgique et enEurope

Avortement, interruption

volontaire de grossesse,

peu de mots existent en

somme pour nommer cette

réalité à laquelle une

femme est confrontée pour

mettre fin...

Lire la suite

ça fait beaucoup sur la vie», confie Christelle Davion,

ancienne locataire qui a continué à soutenir les

habitants malgré son départ. «Je me suis toujours dit

que le jour où je partirai, je soutiendrai les gens qui

restent ici dans cette tour. Cʼest pour ça que jʼai voulu

participer à ce film, cʼest une partie de ma vie bien

sûr, mais aussi une manière de soutenir les gens qui

sont toujours dans cette tour» poursuit-elle. Éric

Jadin, résident de lʼimmeuble depuis seize ans ajoute

quʼ «il est urgent que chacun prenne ses

responsabilités face aux promesses qui ont été faites.

Nous espérons que ce film aidera les décideurs à

réagir».

Suite à la projection, différents acteurs du projet, dont

Michel Eylenbosch, président du Logement

Molenbeekois et Karim Majoros, échevin

Molenbeekois du Logement, ont pu intervenir lors

dʼun débat avec les habitants présents dans la salle

présidé par Chille Deman. De ces discussions ressort

principalement lʼenvie des locataires dʼêtre

considérés comme de réels interlocuteurs dont lʼavis

doit être pris en compte. Dans la salle, une assistante

sociale intervient: «La participation, ce nʼest pas juste

donner lʼinformation aux habitants. Cʼest un

processus. Les familles ne demandent quʼà voir à

quoi lʼimmeuble va ressembler, à donner un avis, dire

par exemple que le local poubelles ferait mieux dʼêtre

placé ici plutôt que là pour telle ou telle raison. Il faut

un processus participatif.» Les habitants qui

connaissent les lieux devraient être considérés

comme des experts.

Alors que les premières décisions avaient été prises

en 2003, le projet de rénovation devrait prendre fin en

2016, selon M. Eylenbosch. Parmi les améliorations

prévues, le bâtiment sera rehaussé de 5 étages et un

espace de convivialité sera prévu au rez-de-chaussé.

Un système de chauffage passif sera installé,

permettant des économies de 100 euros/mois par

foyer. Un tiers des appartements comportera trois

chambres voire plus et les logements, adaptables aux

personnes à mobilité réduite, seront répartis en

fonction de la taille du ménage.

Une soixantaine de ménages vit toujours dans le

bâtiment, dans lʼattente dʼun relogement prochain.

«Tous les habitants peuvent bénéficier des aides du

Logement Molenbeekois», précise M. Eylenbosch.

Les coûts de déménagement seraient pris en charge.

«Ceux qui souhaiteront retourner à Brunfaut après les

travaux pourront le faire et seront prioritaires sur les

listes», conclut-il.

Votre email

OK

NEWSLETTER

Recevez notre

newsletter

quinzomadaire

gratuitement.

ALTERMEDIA LAB

©Lucie Castel

Gouvernement Michel :chronique des premiers

pas

WHO’SWHO DESCABINETS

Téléchargez et faitesconnaissance avec les

principaux responsablessur les thématiques

sociales

Logement et territoires

La tour Brunfaut infernale

© Margo D'heyere • N°398 • 1 mars 2015 • Par Margo D'Heygere (st.)

Insalubre depuis des années, la tour Brunfaut sera enfin rénovée. L’asbl La Rue s’est chargée de faire entendre la voix des habitants à travers différentes actions de cohésion sociale. Un documentaire retraçant leurs conditions de vie avait d’ailleurs été réalisé par les locataires en partenariat avec le Centre vidéo de Bruxelles. Du haut de ses 16 étages et 97 logements sociaux, le 65 Brunfaut est réputé à Molenbeek pour faire vivre un calvaire à ses résidents depuis maintes années. Pièces étroites, moisissures, odeurs nauséabondes, mauvaise isolation acoustique et thermique, non-conformité des normes incendies. Bref, insalubrité. La SCRL «le Logement molenbeekois» est en charge des quelque 3.280 logements sociaux de Molenbeek situés dans son parc locatif. Son rôle est notamment de veiller à l’amélioration du parc et au bon entretien des logements. En 2004, elle interpelle l’asbl La Rue «à propos de problèmes de propreté aux abords du 65 qui jouit d’un bel espace poubelle à ciel ouvert à l’arrière du bâtiment, explique Mme Verhaeren, en charge du dossier au sein de l’asbl. La société souhaitait qu’on mène une action de sensibilisation auprès des gens». Dans le cadre d’un contrat de quartier, La Rue menait à l’époque un observatoire d’habitabilité. «Au final, on a découvert que la propreté, c’était un peu la face émergée de l’iceberg», confie Mme Verhaeren. Les cafards confirmeront. «Tant que le projet de rénovation n’était pas annoncé, on venait à Brunfaut en proposant des activités, mais, en gros, on venait avec des pommes alors que ce que les habitants voulaient c’étaient des poires, regrette Mme Verhaeren.

Créer de la cohésion sociale n’était pas possible tant qu’il n’y avait pas de changements concrets au niveau de l’habitation.» Un long processus S’interrogeant sur le respect des normes incendies dans la tour, La Rue, accompagnée d’une partie des habitants du 65, a interpellé le Logement molenbeekois. Une étude a été lancée, laquelle aurait conclu à une résistance de maximum 30 minutes aux flammes. Ce sont ces résultats accablants qui auraient mis le pied à l’étrier de la société de logement. En 2009, une étude de faisabilité est réalisée afin de décider si la tour devrait être détruite ou rénovée. Partant d’une rénovation en site occupé, les habitants apprendront finalement en 2014 qu’ils devront quitter l’immeuble qui sera rénové de fond en comble. «Il y a eu une perte de temps incroyable, regrette Mme Verhaeren. Le Logement disait ‘Vous devriez être contents, on va rénover’.» En septembre 2014, un atelier vidéo est mis en place par La Rue en partenariat avec le Centre vidéo de Bruxelles. Son but était de créer du lien social à travers des réunions hebdomadaires. Certains habitants y participaient également afin d’être tenus au courant de l’avancée du projet. Un documentaire, «65, rue Brunfaut. Ça ira mieux demain», est né de ce travail. Des témoignages interpellants, amusants, parfois les deux à la fois, confrontent le spectateur au défi humain qu’est celui d’habiter au 65. Une locataire explique par exemple être un jour passée à travers le sol de sa chambre alors qu’elle dormait dans son lit avec son mari. Plus tard, elle se fera cambrioler par un homme la tenant par la gorge à la porte de son appartement. À la suite de la projection du documentaire en avant-première, différents acteurs du projet de rénovation sont intervenus lors d’un débat. De nombreux habitants s’étaient déplacés. «L’appartement, ça fait beaucoup sur la vie», confiait Christelle Davion, ancienne locataire qui a continué à soutenir les habitants malgré son départ. «Je me suis toujours dit que le jour où je partirai, je soutiendrai les gens qui restent ici dans cette tour. C’est pour ça que j’ai voulu participer à ce film, c’est une partie de ma vie bien sûr, mais aussi une manière de soutenir les gens qui sont toujours dans cette tour», poursuivait-elle. «Il est urgent que chacun prenne ses responsabilités face aux promesses qui ont été faites. Nous espérons que ce film aidera les décideurs à réagir», commentait Eric Jadin, résident de l’immeuble depuis seize ans. Certains habitants auraient affirmé que la participation à ces ateliers vidéo fut un soulagement. Ils compteraient «continuer de battre le fer tant qu’il est chaud» aux côtés de La Rue.

© Margo D’heyere

Problème de communication Alors que le but initial du projet de cohésion sociale était entre autres «d’améliorer la communication entre les locataires et la société de logement», les concertations auraient été assez rares, laissant les locataires dans le flou. Selon Mme Verhaeren, «c’est un gage de meilleure réussite pour l’avenir que d’associer les gens et leur expertise au projet. Personne ne peut remplacer le vécu qui pourrait justifier que telle ou telle idée des architectes n’est pas pertinente». Le Logement molenbeekois ne verrait pas cela du même œil. Lors du débat, M. Eylenbosch, président du Logement molenbeekois, avait affirmé qu’il n’y avait «plus de place autour de la table» pour davantage de concertation. Ça ira mieux demain? Le plan de relogement impose que la tour soit entièrement vidée pour février 2016. Le Logement molenbeekois aurait proposé aux locataires trois listes de logements sociaux appartenant à leur parc de location. Les locataires devaient visiter les appartements et cocher ceux qui les intéressaient. Problème: parmi ces choix, «la plupart des logements étaient égaux ou pires à ceux dans lesquels les habitants vivent maintenant. Forcément, s’ils partent, ce n’est pas pour retrouver un logement avec les mêmes problèmes que celui qu’ils quittent», explique Mme Verhaeren. La situation aurait été réglée depuis, M. Eylenbosch assurant que les logements seraient rénovés avant l’aménagement. La problématique du relogement poserait d’autres questions. «Quel pourcentage de locataires reviendra alors que leur vie va se construire ailleurs? Est-ce que les personnes âgées auront le courage de subir un autre déménagement, se demande Claire Verhaeren? Il y a des gens qui savent déjà qu’ils ne reviendront plus et puis d’autres qui disent ‘Je n’ai pas vécu des années ici pour ne pas enfin vivre dans le luxe du 65 Brunfaut’.» Et qu’en sera-t-il des frais de déménagement? «Tous les habitants peuvent bénéficier des aides du Logement molenbeekois, précisait M. Eylenbosch lors du débat. Ceux qui souhaiteront retourner à Brunfaut après les travaux pourront le faire et seront prioritaires sur les listes.» Quant à l’augmentation du loyer, «actuellement, les gens gardent le même contrat de bail avec un avenant, explique Mme Verhaeren. Il y est normalement mentionné le loyer qu’ils payeraient à l’avenir dans le logement dans lequel ils sont au cas où ils voudraient rester. Jusqu’à la fin du chantier, ils paient le même loyer que celui qu’ils payaient au 65». Seon le Logement molenbeekois, le loyer de base du 65 sera plus élevé des suites des travaux mais cette augmentation serait contrebalancée par des charges de chauffage diminuées. Le nouveau bâtiment sera passif, réduisant de 80% ses dépenses d’énergie. En savoir + « 65, rue Brunfaut. Ça ira mieux demain » a été sélectionné par le Festival Coupe-Circuit sur les réalités sociales. Le film sera donc diffusé en ligne du 1er au 31 mars sur le site du festival. La Rue asbl, Claire Verhaeren, 02 410 33 03, [email protected], www.larueasbl.be Centre vidéo de Bruxelles asbl , Philippe Cotte , 02 221 10 67, [email protected], www.cvb-videp.be  

ateliers urbains # 65 rue brunfaut, ça ira mieux demain

35

CONTACTS

LA RUE ASBL

Rue Ransfort 61 - 1080 Bruxelles+32 (0)2 410 33 03 - [email protected] - www.larueasbl.bePersonne de contact : Claire Verhaeren - +32 (0)2 410 33 03 - [email protected]

CVB ASBL

Rue de la Poste 111 - 1030 Bruxelles+32 (0)2 221 10 50 - [email protected] - www.cvb-videp.be - www.ateliers-urbains.bePersonne de contact : Philippe Cotte - +32 (0)2 221 10 67 - [email protected]

DOSSIER TÉLÉCHARGEABLE EN LIGNE :

> http://www.larueasbl.be/medias-publications/65brunfaut > http://www.cvb-videp.be/pdf/presse/Brunfaut.pdf

Une action du Projet de Cohésion Sociale Quartiers Ransfort de l’asbl La Rue en partenariat avec le Centre Vidéo de Bruxelles asbl (CVB) - Avec le soutien de la S.L.R.B., de la Région de Bruxelles-Capitale, de la Cocof et de la Fédération Wallonie-Bruxelles.

Ed.Resp. : A. Six, rue Ransfort 61, 1080 Bruxelles - Photos : C.Verhaeren, C. Ledocq, M. Abatane, N. Coly - Mise en page : C.Verhaeren - Avril 2015.