atelier disciplinaire ad3
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Atelier disciplinaire
AD3 Les enjeux d’aménagement sur le littoral
languedocien Sophie Pereira, Education Nationale
Véronique Teychenné, Education Nationale
Liens possibles avec les programmes de collège et de lycée :
Niveau collège Sixième Cinquième Troisième
Partie du
programme
concerné
Géographie
Habiter les littoraux
Géographie
Prévenir les risques, s’adapter
au changement global
Géographie :
- Dynamiques territoriales de
la France contemporaine (les
aires urbaines, les espaces
productifs et leurs évolutions)
- Pourquoi et comment
aménager le territoire ? (étude
de cas, prospective, débats)
Niveau lycée Seconde Premières générales Premières STMG Premières ST2S
Partie du
programme
concerné
Géographie :
- Les littoraux
espaces convoitées
– Les espaces
exposés aux risques
majeurs
(Les villes durables
littorales)
Géographie :
- Aménager et
développer le territoire
français - Les
dynamiques des
espaces productifs et
la mondialisation
Géographie :
- La France :
dynamiques de
localisation des
activités - Des
espaces productifs en
mutation
Géographie : - La
France : dynamique
de localisation des
activités et des
populations -
Habiter, travailler.
Les espaces du
peuplement et du
travail
Entre Montpellier et Bézier, le bassin de Thau joue un rôle très important sur le littoral languedocien.
Comme une bonne partie de la côte languedocienne le Bassin de Thau est constitué d’un cordon littoral
appuyé ici sur un môle volcanique. La constitution du cordon a permis le développement d’une zone
lagunaire (l’étang de Thau). Bénéficiant d’une localisation très favorable, la ville portuaire de Sète s’est
développée sur une petite presqu’île avec des anses protégées.
Carte d’Etat major – feuille de Montpellier – 1854 ; source : Geoportail La communauté d’agglomération du Bassin de Thau comptait un peu moins de 97 000 habitants en 2013
contre 60 715 en 1968 (source Insee). Cette croissance importante de la population (plus de 37% en 45
ans) est une caractéristique importante du bassin, devenu très attractif depuis les années 1950.
Cette attractivité tranche avec la situation d’après guerre. A cette époque l’occupation du bassin est
beaucoup moins dense. Les activités traditionnelles ont dû cohabiter avec de nouvelles activités, comme
l’industrie dans un premier temps. Mais c’est principalement, le tourisme et le développement des aires
urbaines de Sète et de Montpellier qui vont changer le visage du bassin de Thau. Les activités
traditionnelles ont peu à peu été concurrencées, voire supplantées dans certains cas, et les conflits
d’usages se sont multipliés dans une zone littorale à l’environnement fragile et limitée en superficie. Dans
ce contexte, la concurrence pour l’occupation de l’espace est importante.
Cette mutation des systèmes productifs fait du bassin de Thau un parfait sujet d’étude. Elle peut en
particulier s’inscrire dans la nouvelle conception de la géographie économique basée sur l’étude des
systèmes dynamiques, mais permet également de réfléchir aux évolutions récentes de l’organisation du
territoire dans la région … et des problèmes et enjeux posés par ces évolutions.
Pistes de réflexion :
- Quelles ont été les mutations des espaces productifs dans le bassin de Thau ? Quelles activités se
partagent aujourd’hui l’espace ?
- Quelle est la réalité de l’étalement urbain et de la croissance démographique de la zone ?
- Quelles sont les conséquences de ces évolutions (conflits d’usage, artificialisation des sols,
vulnérabilité de l’environnement) et quels sont les enjeux pour le littoral languedocien ?
Comment, par l’utilisation des SIG et le traitement d’image satellitaire, peut-on mettre en évidence
les évolutions dans l’organisation de l’espace du bassin de Thau et les enjeux de l’aménagement de
ce territoire?
1. Une mutation des systèmes productifs entrainant des conflits d’usage
La géographie économique actuelle a adopté la théorie des systèmes pour mieux saisir la complexité des
évolutions des espaces. Dans cet esprit, il faut proposer une étude des systèmes productifs dans leur
dimension spatiale, scalaire, temporelle et transversale. Les différentes composantes du système productif
sont en interaction : leur état et leur comportement dépendent les uns des autres (cf. : « Les mutations des
systèmes productifs en France » sous la direction de Guy Baudelle et Jacques Fache, PUR, 2015)…
Quelles sont les caractéristiques du bassin de Thau de ce point de vue ?
Pour commencer, nous nous demanderons quelles sont les caractéristiques physiques et la localisation de
cet espace.
A. Des caractéristiques physiques et une localisation favorables
Source : Google Streets layer (via Qgis : voir capacité 13 du dossier méthodologique)
Le Bassin de Thau est une zone littorale à la localisation avantageuse. L’étang de Thau relie le canal du
Midi à la Méditerranée par le grau du port de Sète. Il est également relié au Rhône par le canal du Rhône à
Sète. Ces canaux, construits au XVIIIème siècle, sont aujourd’hui principalement utilisés à des fins
touristiques ou de loisir, mais comme nous le verrons un projet d’amélioration du canal de Sète au Rhône
est entamé.
Zone
d’étude
avec les
images
Pléiades
présentées
dans
l’atelier
La construction des grandes infrastructures autoroutières à partir des années 1950, dans le contexte de
développement du tourisme local, a renforcé le désenclavement du bassin. Montpellier n’est qu’à 31km de
Sète (environ 42 minutes de trajet, 45 en cas d’embouteillage) ; Marseille est à un peu plus de 2h15 de
route ; Paris est accessible en 8h, principalement par l’autoroute, et en environ 4h par des TGV directs (une
liaison vers Barcelone est prévue).
Source : couche carte des reliefs du BRGM et Scan littoral dans Qgis
Le bassin de Thau est placé sur le littoral de la plaine du Languedoc, entre les contreforts du massif central
et la Méditerranée.
Massif de la
Gardiole
Colline de
Sète (Mont
Saint-Clair)
Volcan
d’Agde
Source : Google physical layer (via Qgis : voir capacité 13 du dossier méthodologique)
L’étang de Thau doit ses 7500 km² et sa profondeur moyenne de 5 mètre à ses caractéristiques
géomorphologiques. Il est en effet localisé sur un synclinal (l’anticlinal étant le massif de la Gardiole). La
partie sud-ouest de l’étang bute sur le complexe volcanique d’Agde (aujourd’hui recouvert par les
infrastructures urbaines ou touristiques de cette ville).
Ces caractéristiques physiques et géographiques ne suffisent pas en soit à expliquer le développement du
système productif particulier du bassin de Thau mais ont contribué à son implantation et à ses mutations.
B. Un bassin attractif de longue date pour les activités traditionnelles de la région
Les activités traditionnelles les plus importantes du bassin ont profité de la présence de la plaine, de la mer
et de zones lagunaires, du climat méditerranéen … dans des contextes socio-économiques qui ont évolué
avec l’histoire et les acteurs locaux.
Les vignobles du Languedoc-Roussillon et de l’Hérault :
Les vignobles languedociens sont très anciens puisqu’ils dateraient d’avant la Gaule Narbonnaise (la vigne
aurait été amenée par les Phocéens au Vème siècle).
Exemple : Vignoble de Gigean
En affichant dans Terre Image l’image Pléiade 2013 de la commune de Gigean et en jouant sur les il est possible de mettre en valeur des champs avec des « hachures » et de les identifier comme des vignobles (soit avec StreetView, soit avec une superposition du scan littoral Ign)…
Gigean est un ancien village viticole qui en a les caractéristiques: habitat ancien ramassé au milieu des
terres du vignoble. Gigean a l’autorisation de produire des vins d’appellation « Pays de l’Herault » et
« Pays d’Oc ».
Source : https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Vignobles_midi-fr.svg
Dans la zone du bassin de Thau sont produits du muscat de Frontignan et de Mireval (le long du littoral
entre Sète et Mireval) et du coteau du Languedoc dans l’arrière pays entre Sète et Montpellier. Cette
production a connu des aléas dans son histoire. Au milieu du XIXème siècle, avec l’arrivée du chemin de
fer, la région vend son vin de table dans les régions industrielles du nord de la France. A la fin du XIXème
siècle, les maladies déciment le vignoble français (oïdium, phylloxera, mildiou). La mise au point de
traitements bénéficie au Languedoc : Aude, Gard, Pyrénées-Orientales et Hérault représentent alors 40%
de la production française de vin.
Mais ce vin de table peu réputé est moins recherché et connaît des difficultés dans la seconde moitié du
XXème siècle. Les vignerons de l’Hérault ont donc opéré un changement en profondeur pour rester
compétitifs : après avoir privilégié la productivité ils recherchent aujourd’hui la qualité (AOC Coteaux du
Languedoc, Clairette du Languedoc, muscat de Frontignan…) et les productions biologiques ou raisonnées
se multiplient. Ils ont donc besoin de garder un terroir de qualité. De nouvelles difficultés apparaissent
cependant avec d’importantes crises hydriques (des sècheresses ont régulièrement touché le vignoble ces
dernières années, en particulier en 2014) et l’arrivée depuis une trentaine d’années d’une maladie, la
flavescence dorée, qui a connu une recrudescence récente.
http://france3-regions.francetvinfo.fr/languedoc-roussillon/le-vignoble-du-languedoc-roussillon-est-il-
menace-d-extinction-840331.html
http://www.thau-info.fr/index.php/commune/poussan/9199-la-vigne-est-en-souffrance
L’agriculture a de plus en plus recours aux technologies spatiales pour repérer les zones de stress hydrique
ou les champs touchés par des maladies
Des activités maritimes (ou en lien avec la présence de la lagune)
Exemple : traitement NDVI de l’image Pléiade du Bassin de Thau et histogramme (à réaliser)
Traditionnellement la zone littorale comprenait surtout des villages de pêcheurs, des salines et était moins
densément peuplée qu’aujourd’hui.
Source : Geoportail (ressources anciennes/archives des photographies aériennes par mission – Frontignan -1946)
N.B. : cette image n’est pas géoréférencée. Il est possible de le faire dans Qgis, mais c’est très compliqué pour ce
type de document.
Traitement NDTI de l’image Pléiade de Frontignan: indice de turbidité
L’étang d’ Ingril fait parti du complexe des étang palavasiens, 7 étangs principaux reliés par le canal du
Rhône à Sète. Sur l’image on voit bien les zones de turbidité (hauts fonds) favorables à l’installation
d’activités comme des salines. Aujourd’hui ces salines sont abandonnées et en zone protégée (ZNIEFF de
223 ha).
Salines
Etang d’Ingril
Cordon dunaire
avec un
peuplement
extrêmement faible
L’Etang de Thau présente aussi des zones humides et un milieu favorable au développement de
l’ostréiculture et des salines. L’ostréiculture s’est développée plus récemment (depuis l’après guerre) mais
est devenue une activité importante pour le bassin de Thau.
Source : image Pléiade dans Terr’Image et superposition du scan littoral (IGN) avec transparence
L’industrie et les activités portuaires dans la région :
Indice de Brillance Frontignan
Les infrastructures portuaires sont clairement visibles mais pas seulement. Des activités industrielles se
sont développées dans le bassin de Thau dès le début du XXème siècle. Ainsi, la commune de Frontignan
a accueilli une raffinerie de pétrole au début du XXème siècle qui n’est plus qu’un lieu de stockage
aujourd’hui. Le port s’est développé…de même que la ville.
Parcs ostréicoles
Indice de turbidité Frontignan : le canal du Rhône à Sète est un aménagement qui a contribué au
développement de Frontignan.
L’organisation de l’espace et la répartition des activités à Frontignan selon la ressource de Corine
Land Cover:
La ville de Sète est par ailleurs le symbole du développement des activités maritimes et portuaires : les
activités portuaires y sont anciennement implantées.
Tache urbaine activité 2010
Ancienne raffinerie devenue dépôt de pétrole
Canal du Rhône à Sète
Source : Geoportail (ressources anciennes/archives des photographies aériennes par mission - 1945)
Sète a développé depuis un port maritime important (qui appartient à la région depuis 2007). Le port de
Sète est aujourd’hui au 12ème rang français pour son activité commerciale. C’est aussi le premier port
français de passagers vers le Maroc et le 1er port de pêche en Méditerranée. Une zone industrialo-portuaire
a également été développée en plus de ces activités portuaires traditionnelles. Les activités agro-
industrielles sont regroupées à l’est du port et ont leur propre quai. Le port de Sète est au centre de l’arc
Méditerranéen et est desservi par deux autoroutes, la voie ferrée et le canal du Rhône à Sète…
Source des documents: Image Pléiade sous Qgis/couche Corine Land Cover 2006/scan littoral IGN
Le développement du thermalisme :
Les caractéristiques géologiques du
bassin de Thau expliquent la présence
du thermalisme à Balaruc-les-Bains
depuis l’antiquité (la cité antique de
Maimona devait couvrir une dizaine
d’hectares). Mais cette activité a connu
un nouvel essor dans le contexte du
développement du tourisme comme
nous allons le voir ensuite.
Source : scan littoral – IGN - 2010
Zone industrielle des
Eaux Blanches
Chemin de fer
Gare maritime
Centre-ville de Sète
Infrastructure routière
C. De nouvelles activités concurrentes pour l’occupation de l’espace : littoralisation et
tertiarisation des activités
Les années 1950 sont un véritable tournant dans la mutation des espaces productifs du bassin de Thau
avec l’arrivée du tourisme de masse dans la région, mais aussi le développement d’autres activités.
Le Cap d’Agde est souvent étudié comme symbole du développement des activités touristiques créées
« ex nihilo » dans la région sous l’impulsion du Plan et d’un Etat centralisateur (acteur essentiel dans le
contexte des Trente Glorieuses). Mais le développement de complexes touristiques ne s’est pas arrêté à
Agde comme le montre ces images de Frontignan.
Street View nous aide à prendre la mesure de la pression anthropique sur le cordon littoral où de
nombreuses résidences secondaires se sont installées, de même que de nombreux campings et des
marinas... Un exemple type de l’intensification touristique : la création de la marina du port de Frontignan
sur un cordon dunaire auparavant préservé. Les bateaux de plaisances occupent tout l’espace (Les salines
et les activités traditionnelles ont ici presque totalement cédé la place aux aménagements à vocation
touristique et à un habitat résidentiel à occupation intermittente (beaucoup de résidences secondaires sont
fermées hors saison estivale). Cependant, les marais salants, ostréiculteurs (étang de Thau) qui subsistent
profitent de cette nouvelle clientèle et trouvent un débouché local à leur production.
Source : Image Pléiade – Frontignan – 2013 et vue dans Street View (cliquer sur l’icône dans Qgis, puis sur
l’image à l’endroit que vous voulez visualiser).
Dernier exemple de l’intensification touristique : le complexe thermal de Balaruc-les-Bains…
Balaruc-les-Bains sur une vue aérienne
de 1954 (source : Geoportail)
Vue dans Street
View : cliquer sur
l’icône dans Qgis,
puis sur l’image à
l’endroit que vous
voulez visualiser.
Petit village de quelques centaines
d’habitants avec un petit
établissement thermal
Vignoble
Balaruc-les-Bain sur une image Pléiade de 2013 dans
Terr’Image avec superposition du scan littoral 2010 (IGN)
C . Conflits d’usage et recherche de nouveaux espaces à aménager:
- A Sète : la poldérisation une solution?
La concentration des activités et la pression urbaine sur des espaces somme toute assez exigus (lagune,
cordons littoraux) n’est pas sans poser problème. La concurrence entre les différents types d’occupation de
l’espace peut même être importante et poser problème. Ainsi à Sète, ville principalement concentrée sur le
Mont Saint-Clair, les résidences secondaires sont principalement placées en arrière du front de mer ou loin
du centre urbain.
Le vignoble a disparu dans la partie ouest de
la presqu’île car la population de la commune
s’est multipliée (il ne subsiste que plus au
nord)
La commune compte des milliers
d’habitants. L’établissement thermal a
spectaculairement augmenté de superficie
Un nouvel établissement thermal a
été créé plus au nord
Source : Geoportail (ressources anciennes/archives des photographies aériennes par mission - 1946) pour l’image de gauche ;
image Pléiade de Sète (2013) à droite
L’intensification et l’artificialisation de l’espace est assez claire sur ces deux images de la pointe du Barrou
à Sète. Sur la photographie aérienne de gauche, on voit que la presqu’île est peu peuplée avec
principalement des plantations de vignes, des installations de construction navale déjà plus ou moins
désaffectées (au nord-est) et, au sud du chemin de fer, un terrain militaire. Sur l’image Pléiade 2013 le
vignoble a disparu et l’urbanisation a totalement gagné la presqu’île ; un polder a même été réalisé pour
des installations à vocation touristiques (marina de grand standing). Il y a clairement eu restructuration des
activités de la zone pour étendre les zones d’habitation mais aussi créer des emplois en attirant une
nouvelle clientèle. Des parcelles de vignobles ont ici été détruites, mais le développement des
infrastructures portuaires de Sète est aussi un moyen pour les viticulteurs du bassin d’exporter leur
production.
Exemple de Frontignan
La particularité de Frontignan est que la commune est limitée dans son expansion par des zones protégées
(ZNIEFF du massif de la Gardiole au nord, salins de Frontignan, étang des Mouettes…) et par les
caractéristiques de son littoral…
Source des documents: Image Pléiade sous Qgis/couche Corine Land Cover 2006/scan littoral IGN
Zone agricole
Zone urbaine
Polder de
l’île de
Thau
(marina
de grand
standing)
Là encore l’artificialisation et le mitage de l’espace rural
apparaissent clairement avec l’extension de l’urbanisation
(lotissements dans la parcelle au nord) et des infrastructures
(parking au sud)…Sur l’emprise de l’image satellite, l’espace
urbain a augmenté de plus de 9% en 20 ans.
La mutation des activités, la proximité de Montpellier,
l’héliotropisme expliquent l’augmentation de la population locale
avec des conséquences importantes sur l’organisation de
l’espace du Bassin de Thau.
Espace urbain gagné sur la zone agricole à
Frontignan (entre 1990 – données CLC – et 2013 –
image Pléiade)
Légende:
id Superficie
2 14272
14 3145
13 159514
12 29492
11 52461
10 4504
9 48824
8 5158
7 52108
6 35119
5 30221
5 6064
4 4232
Espace urbain gagné
sur la zone agricole
(vignes)
445114
Superficie urbaine en 1990
213654
865290
304970
256406
3238795
4879115
Pour calculer la surface d’un polygone :
Créez une couche shapefile et tracez le polygone. Enregistrez la couche.
Sélectionnez la couche puis allez dans la table
d’attributs ( ). Cliquez sur le crayon « éditer » et créez une colonne supplémentaire « type nombre ».
Allez ensuite dans la calculatrice de champ ( ). Cliquez sur « mise à jour d’un champ existant » puis choisissez en dessous la colonne que vous venez de créer. Sélectionnez dans le menu « liste des fonctions » , « géométrie » et double cliquez sur « area ». Cliquez sur OK : les surfaces sont calculées dans votre table d’attributs.
2. Un étalement urbain et une artificialisation des sols
A. Une pression démographique accrue du fait du développement des activités et de la
proximité de Montpellier… Un exemple de périurbanisation (et de métropolisation)
Croissance de la population de la commune de Frontignan (source : Wikipedia)
Les différentes communes du bassin de Thau que nous avons découvertes ont un point commun : elles
ont toutes connu une forte croissance de leur population depuis les années 1950. Sur ce graphique de
l’évolution de la population de Frontignan nous voyons clairement l’accélération de cette croissance
dans les 50 dernières années : entre 1920 et 1950 la commune passe de 5000 à 7000 habitants (avec
une stagnation entre les années 1930 et 1950), mais entre 1950 et la fin des années 1980 la commune
gagne presque 10 000 habitants. Dans les années 2000, la population atteint un seuil très élevé de 23
000 habitants : la population a été multipliée par plus de trois en 50 ans.
La proximité de Montpellier, ville elle-même en pleine expansion, est le premier facteur explicatif : nous
sommes ici face à un phénomène classique de périurbanisation dans l’aire urbaine de la métropole
régionale. Reprenons à nouveau l’exemple de Gigean :
Espace
agricole et
vignoble
Surface urbanisée
en 1990 en rouge
Forêt en vert
Réalisation des deux images :
Vincent Doumerc/
superposition d’une image
Pléiade de 2013 avec la
couche Corine Land Cover de
1990
Ce détail de l’image précédente correspond au carré jaune…Un lotissement s’est créé au détriment de
l’espace agricole (cela aurait également pu être au détriment d’espaces naturels). L’artificialisation des
espaces autrefois couverts par des vignobles a eu des conséquences importantes pour la commune,
anciennement commune viticole. L’augmentation de la population est très nette sur le graphique et les
densités sont elles aussi en augmentation (plus de 333 hab./km²). Autre renseignement très
intéressant : sur les 2015 logements recensés dans la ville en 2007 il y avait 1850 résidences
principales, 50 résidences secondaires et 115 logements vacants. La commune est à 31 minutes du
centre de Montpellier (un peu plus de 19 km) et à 22 minutes de Sète (15,5 km). Elle est entre deux
aires urbaines en pleine croissance mais n’est pas seulement une commune dortoir de ces villes.
La présence de résidences secondaires nous renvoie également au développement du tourisme dans
le bassin de Thau. Même si la densification de l’espace n’est pas aussi importante que sur la Côte
d’Azur, nous sommes face à un phénomène du même type. La zone est attractive pour les retraités
(héliotropisme) ce qui impacte le système productif local.
Davezies, dans son rapport de 2010 pour l’ADCF (« La crise et nos territoires : premiers impacts »),
estime que Sète fait parti de la trentaine de zones d’emploi pour lesquels les revenus de la production
compétitive ne représentent que 5 à 10% de leur base. Selon lui, une économie productive est une
économie dont les entreprises industrielles et tertiaires, productrices de valeur ajoutée, sont le moteur ;
à l’inverse une économie résidentielle capte les richesses produites ailleurs par les transferts sociaux
aux populations (par exemple les pensions des retraités venus s’installer dans le sud du pays). Sète
serait de type touristique à 8% (ce qui est important).
Dans ce contexte, il devient plus compréhensible que les annonces des agences immobilières de
Montpellier proposent des « terrains de vignobles », ou des espaces naturels à construire.
http://www.avendrealouer.fr/vente/gigean-34/b-terrain/loc-101-16506.html
B. Le risque du mitage de l’espace et de l’artificialisation des sols sous la pression
démographique
Echangeur
Infrastructures
routières
Complexe thermal
Zone agricole
résiduelle menacée
Chemin des Vignes
Forêt
Depuis 2006 (date de la
couche Corine Land Cover)
une nouvelle zone d’activité
avec des entreprises et des
commerces a été créée à
Gigean sur un ancien espace
agricole…
Comme nous l’avons vu plus haut ce besoin en espace nécessite, en plus de la construction de
lotissements, la création d’infrastructures (routes, agrandissement du complexe thermal de Balaruc,
construction d’une zone d’activité à Gigean…) … le tout participant au mitage et à l’artificialisation
de l’espace, notamment de l’espace littoral.
La pression démographiques et la multiplication des activités ont un impact sur un milieu naturel
fragile et multiplient aussi les risques naturels et technologiques. La mutation des systèmes
productifs locaux nécessite également de nouvelles politiques, de nouveaux aménagements afin
d’aller vers un développement durable. Les acteurs locaux doivent donc faire face à de nombreux
enjeux dans un espace où les phénomènes de littoralisation et de métropolisation se combinent.
3. Des milieux fragiles et convoités à préserver, des enjeux
A. Des problèmes environnementaux : l’enjeu de la gestion de l’eau et de sites
remarquables
- un intérêt naturel et patrimonial remarquable ; une zone littorale fragile
Exemple de Frontignan :
Comme nous l’avons vu plus haut, résidences secondaires ou principales, stations balnéaires et thermales,
zones d’activités… se sont construites en masse sur la zone littorale. Cette pression anthropique a
plusieurs conséquences.
Elle a entrainé la disparition de certains espaces naturels comme des zones de marais par exemple qui
présentaient l’inconvénient d’être un environnement favorable aux moustiques (le paludisme a longtemps
sévi dans la région). Lorsque les grands plans de l’Etat ont été développés dans les années 1950 l’objectif
premier était de doter une région plutôt pauvre d’une activité pourvoyeuse d’emplois et de revenus. A
l’époque la sensibilité aux problèmes environnementaux n’était pas développée : des marais ont été
comblés, des campagnes de traitement au DTT ont éradiqué les moustiques (on ne se soucie pas encore
de la nocivité de ce pesticide), et les cordons littoraux ont été bétonnés sans état d’âme. Il a fallu longtemps
pour que cette politique d’aménagement soit abandonnée. Parallèlement, le choix de la productivité pour le
vignoble a impliqué l’usage en masse d’intrants avec pour conséquence la pollution de l’étang de Thau et
des lagunes environnantes au détriment des activités traditionnelles (l’ostréiculture et les marais salants
sont particulièrement concernés par ce problème).
Un tournant a lieu dans les années 1980 avec le vote de la loi littorale, complétée depuis par plusieurs
textes. Dans le bassin de Thau les autorités ont donc décidé de protéger certains espaces remarquables.
Le conservatoire du littoral a fait l’acquisition de plusieurs espaces. Nous avons évoqué plus haut le cas de
Frontignan. Il y a également d’autres types d’environnements remarquables protégés. La commune de
Balaruc-les-Bains par exemple est concernée par trois ZNIEFF :
- La ZNIEFF de la montagne de la Gardiole, 5 289 ha de prairies humides méditerranéennes à
grandes herbes (habitat déterminant) réparties sur 10 communes - La ZNIEFF de l'étang de Thau, 6 790 ha de terrains en friche et terrains vagues (habitat
déterminant) répartis entre 8 communes.
- La ZNIEFF du complexe paludo-laguno-dunaire de Bagnas et de Thau, 9 072 ha de prairies
humides méditerranéennes à grandes herbes (habitat déterminant) répartis entre 10 communes
- La zone de protection spéciale Natura 2000 de l'étang de Thau et lido de Sète à Agde,(directive
oiseaux) : 7 770 ha sur 10 communes (comprenant la ZNIEFF de l’étang de Thau)
Un document de synthèse très intéressant à consulter :
Loi littoral : cartographie du bassin de Thau
Source :
http://www.smbt.fr/sites/default/files/media/Modalit%C3%A9s%20d'application%20de%20la%20loi%20littor
al.pdf
B. Un espace soumis aux risques : comment lutter contre les aléas naturels ?
Couche WMS DREAL Languedoc : Atlas des zones inondables sur l’image pléiade 2013 « Thau emprise »
(Gigean et Poussan)
Le risque d’inondation n’est pas propre au bassin de Thau mais dans une région au climat
méditerranéen, qui a déjà connu des inondations dramatiques, il est particulièrement sensible. La
demande en zones constructibles a amené une intensification de l’urbanisation sur des zones où les
risques d’inondation sont importants : le littoral impacté par l’élévation du niveau de la mer et les
risques de raz de marée (nous sommes dans une zone à l’activité sismique certes limité mais
existante), les vallées de cours d’eau méditerranéens. Bien entendu ces zones inondables n’étaient
pas (ou peu) urbanisées auparavant. Pourtant le prix de l’immobilier y reste cher (mais peut-être
moins cher dans le long des cours d’eau de villages comme Poussan ?). Pour comprendre pourquoi
des populations s’installent dans des zones à risques naturels il faut aussi considérer d’autres
critères comme l’attractivité du milieu, le poids des traditions ou une mémoire collective défaillante
(surtout pour des crues centennales par exemple).
Image Pléiade : Sète
Les autorités locales se doivent dans tous les cas de protéger les populations ce qui représente des
investissements importants. L’Etat en imposant la mise en place de PPRI et de PPRN n’est pas
toujours en accord avec les collectivités locales (discussions et débats souvent houleux au moment
de leur mise en place).
C. Lutte contre l’étalement urbain et les problèmes de transport, concentration des
populations dans un cœur urbain à trois pôles (SCOT)
Les touristes ont afflué sur le littoral du bassin de
Thau et la mode des résidences secondaires a
entrainé une augmentation des prix de
l’immobilier. Les anciens villages de pêcheurs
sont peu à peu devenus des villages de résidents
secondaires qui, pour certains, sont venus
s’installer plus ou moins définitivement dans le
bassin de Thau (il y a aussi une occupation
intermittente de certains logements au gré des
saisons). L’arrière pays du bassin de Thau a peu
à peu connu le même succès, la croissance du
nombre de résidences secondaires allant de paire
avec le phénomène plus récent de
périurbanisation.
La communauté du bassin de Thau marque clairement dans ses objectifs et prospectives (SCOT) une
volonté de stopper l’expansion urbaine et de concentrer au maximum les populations dans un cœur urbain.
C’est le choix de la densification de l’existant plutôt que de l’étalement urbain qui pose de nombreux
problèmes (pollution, saturation des réseaux de transport..).
Un autre objectif va de paire avec le premier : celui de résoudre le problème de la saturation des flux de
transport vers Sète avec comme enjeu la maîtrise et une meilleur organisation des déplacements urbains.
Ouvrages
ports et
digues
Infrastructures
Et ouvrages
linéaires
Cordon
dunaire
D. Du point de vue économique : volonté de valoriser les activités maritimes (et le tourisme)
Un effort particulier est réalisé par la région et l’intercommunalité pour développer et accroître l’importance
du port de Sète : plus de 300 millions d’euros devraient être investis dans une amélioration des
infrastructures portuaires, tournées en particulier vers la conteneurisation et le développement de la ZIP.
Depuis 2007, la Région, propriétaire du port, et Port Sud de France ont lancé d’importants travaux
d’investissement pour restructurer, moderniser, fiabiliser et réorganiser les équipements portuaires.
L’objectif est double : Augmenter la compétitivité du port pour soutenir l’activité économique et agir pour le
développement durable. Depuis l’activité conteneur, les tonnages vracs et les croisières sont en
progression.
Les canaux, construits aux XVIIe et XVIIIe siècle, constituent des atouts économiques importants (tourisme
fluvial, transport fluvial). Depuis une dizaine d’années, dans le cadre d’une nouvelle politique de transport
fondée sur un rééquilibrage entre les différents modes, le canal du Rhône à Sète participe au
développement économique du port de Sète. Le canal du Rhône à Sète bénéficie d’un programme de
travaux de modernisation (1e programme de 50M d’euros 2007-2013, 2e programme de 189.29M d’euros
pour 2015-2020). L’objectif est de fluidifier le trafic en diminuant les temps de parcours, d’augmenter la
capacité d’emport des bateaux de 1500 tonnes à 2500 tonnes, de développer un trafic conteneur « High
club » sur deux rangs sans contraintes
Vendredi 1e juillet, la Premier Ministre Emmanuel Valls et la présidente de la région Occitanie inauguraient
le « plan littoral 21», une mission de préservation et de modernisation du littoral languedocien, 50 ans
après la mission Racine et la création de stations littorales. Ce plan a pour objectif une requalification de
l’offre touristique, le développement des activités économiques (thermalisme par exemple) et la
préservation des richesses naturelles du littoral languedocien.
Conclusion :
Le Syndicat mixte du bassin de Thau affiche clairement sa volonté d’arriver à « une meilleure
gouvernance » pour être plus efficace et mettre un frein aux dérives d’une politique de développement
passée qui a un bilan nuancé. D’un côté, elle a permis le développement d’un système de production
attractif qui a permis au Bassin de Thau de trouver un réel dynamisme. Mais d’un autre côté elle a eu pour
conséquence une importante pression anthropique sur un espace fragile et limité. L’ensemble des acteurs
locaux ont donc d’importants défis à relever pour arriver à un développement durable.
Ressources en ligne (non exhaustif):
Sur le Languedoc Roussillon et le bassin de Thau:
o Syndicat Mixte du Bassin de Thau : http://www.smbt.fr/content/avenir-responsable
o Site de la Région : http://www.regionlrmp.fr/Une-mission-pour-imaginer-l-avenir-du-littoral
o Insee - EPCI de La CA du Bassin de Thau (243400827) - Dossier complet :
http://www.insee.fr/fr/themes/dossier_complet.asp?codgeo=EPCI-243400827
o Sur le port de Sète : http://www.laregion.fr/301-le-port-de-sete.htm
http://www.sete.port.fr/fr/actualites/inauguration-des-travaux-de-modernisation-du-canal-du-rhone
http://www.sete.port.fr/sites/default/files/dp_inauguration_travaux_rhone_2016.pdf
o INPN, ZNIEFF 910030013 - Salins de Frontignan -
https://inpn.mnhn.fr/zone/znieff/910030013/tab/commentaires
Sur les ports français : http://www.port.fr/article/presentation-des-ports-francais
Geoportail/Eduthèque/Ign professionnels/géoconfluence…