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Disponible en ligne sur www.sciencedirect.com Association pour le de ´veloppement des e ´tudes et des recherches e ´pide ´miologiques sur la sante ´ et le travail (ADEREST) – XI e colloque. Nantes, les 22 et 23 novembre 2007. Re ´sume ´s des confe ´rences et des communications § Association for the development of the studies and the epidemiological searches about the health and work (ADEREST) - 11th colloquium. Nantes, on November 22nd and 23rd, 2007. Abstracts of conferences and communications Premie`reconfe´rence Facteurs de risques professionnels des cancers du sein P. Guenel Inserm U754 Adresse email : [email protected]. Le cancer du sein est le plus fre ´quent des cancers de la femme avec plus de 40 000 nouveaux cas chaque anne ´e en France. L’incidence de ce cancer a augmente ´ re ´gulie `rement au cours des dernie `res de ´cennies, mais le de ´veloppement des pratiques de de ´pistage ne peut expliquer a ` lui seul cette augmentation. Globalement, les facteurs de risque connus, principalement lie ´s a ` la vie hormonale et reproductive (a ˆge pre ´coce aux premie `res re `gles, parite ´, a ˆge tardif a ` la premie `re grossesse, etc.) ainsi que le poids e ´leve ´ apre `slame ´nopause ou les facteurs ge ´ne ´tiques (ge `nes BRCA1/2) ne permettent d’expliquer qu’une minorite ´ de cas. Ces e ´le ´ments sugge `rent que d’autres facteurs, notamment d’origine environnementale et professionnelle, ont un ro ˆle a ` jouer dans l’e ´tiologie des cancers du sein. Bien que les facteurs de risque professionnels du cancer du sein aient e ´te ´ peu explore ´s dans le cadre d’e ´tudes e ´pide ´miologiques, de nombreux polluants pourraient contri- buer au de ´veloppement de tumeurs mammaires. Plus de 200 compose ´s chimiques sont des cance ´roge `nes mammaires reconnus chez l’animal. Des e ´tudes de laboratoire ont e ´ga- lement permis d’identifier pre `s de 250 compose ´s qui imitent ou qui interfe `rent avec les oestroge `nes naturels et qui peuvent stimuler la prolife ´ration des cellules mammaires cance ´reuses. Ces substances, souvent pre ´sentes en milieu professionnel, pourraient de la me ˆme fac ¸on affecter les tissus mammaires chez la femme. Parmi les substances chimiques incrimine ´es, on distingue le benze `ne, les produits de combustion, les solvants chlore ´s, les PCB, les dioxines, des plastifiants ou certains pesticides. Plusieurs agents physi- ques, comme les rayonnements e ´lectromagne ´tiques ou les perturbations du cycle nycthe ´me ´ral lie ´es au travail de nuit, ont e ´galement e ´te ´ suspecte ´s, sur la base de re ´sultats e ´pi- de ´miologiques, de favoriser la survenue de cancers du sein. L’interpre ´tation des re ´sultats d’e ´tudes e ´pide ´miologiques portant sur les risques professionnels est souvent limite ´e par l’absence de prise en compte des facteurs de confusion (parite ´, a ˆge a ` la premie `re grossesse) ou par une e ´valuation tre `s grossie `re des expositions. Enfin, quelques e ´tudes por- tant sur les facteurs de risque professionnels dans les cancers du sein masculin ont l’inconve ´nient de ne porter que sur un petit nombre de cas. Une meilleure connaissance des fac- teurs de risque professionnel dans ce cancer est importante pour la pre ´vention et ne ´cessite la re ´alisation d’e ´tudes e ´pi- de ´miologiques de grande taille et de meilleure qualite ´ me ´thodologique. § Comite ´ scientifique : D. Luce, D. Beaumont, F. Becker, D. Chouanie `re, E. Imbernon, Y. Iwatsubo, A. Leclerc, A. Leroyer, G. Marguet, M.-J. Saurel-Cubizolles, A. Touranchet. Comite ´ d’organisation : A. Touranchet, F. Becker, A. Danielou, C. Fache, C. Guessard, C. Grossin, G. lucas, A. Ribault. Compte rendu de congre `s 726 1775-8785/$ - see front matter ß 2008 Publie ´ par Elsevier Masson SAS. 10.1016/j.admp.2008.09.001 Archives des Maladies Professionnelles et de l’Environnement 2008;69:726-748

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Disponible en ligne sur

www.sciencedirect.com

Association pour le developpement desetudes et des recherches epidemiologiquessur la sante et le travail (ADEREST) – XIe

colloque. Nantes, les 22 et 23 novembre2007. Resumes des conferences et descommunications§

Association for the development of the studies and theepidemiological searches about the health and work(ADEREST) - 11th colloquium. Nantes, on November22nd and 23rd, 2007. Abstracts of conferences andcommunications

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Compte rendu de congres

Premiere conference

Facteurs de risques professionnels des cancers du seinP. GuenelInserm U754Adresse email : [email protected].

Le cancer du sein est le plus frequent des cancers de la femmeavec plus de 40 000 nouveaux cas chaque annee en France.L’incidence de ce cancer a augmente regulierement au coursdes dernieres decennies, mais le developpement des pratiquesde depistage ne peut expliquer a lui seul cette augmentation.Globalement, les facteurs de risque connus, principalementlies a la vie hormonale et reproductive (age precoce auxpremieres regles, parite, age tardif a la premiere grossesse,etc.) ainsi que le poids eleve apres la menopause ou les facteursgenetiques (genes BRCA1/2) ne permettent d’expliquer qu’uneminorite de cas. Ces elements suggerent que d’autres facteurs,notamment d’origine environnementale et professionnelle,ont un role a jouer dans l’etiologie des cancers du sein.Bien que les facteurs de risque professionnels du cancerdu sein aient ete peu explores dans le cadre d’etudesepidemiologiques, de nombreux polluants pourraient contri-

§ Comite scientifique : D. Luce, D. Beaumont, F. Becker,D. Chouaniere, E. Imbernon, Y. Iwatsubo, A. Leclerc, A. Leroyer,G. Marguet, M.-J. Saurel-Cubizolles, A. Touranchet.Comite d’organisation : A. Touranchet, F. Becker, A. Danielou,C. Fache, C. Guessard, C. Grossin, G. lucas, A. Ribault.

7261775-8785/$ - see front matter � 2008 Publie par Elsevier Masson SAS.10.1016/j.admp.2008.09.001 Archives des Maladies Professionnelles et de l’Environnement 2008;6

buer au developpement de tumeurs mammaires. Plus de 200composes chimiques sont des cancerogenes mammairesreconnus chez l’animal. Des etudes de laboratoire ont ega-lement permis d’identifier pres de 250 composes qui imitentou qui interferent avec les oestrogenes naturels et quipeuvent stimuler la proliferation des cellules mammairescancereuses. Ces substances, souvent presentes en milieuprofessionnel, pourraient de la meme facon affecter lestissus mammaires chez la femme. Parmi les substanceschimiques incriminees, on distingue le benzene, les produitsde combustion, les solvants chlores, les PCB, les dioxines, desplastifiants ou certains pesticides. Plusieurs agents physi-ques, comme les rayonnements electromagnetiques ou lesperturbations du cycle nycthemeral liees au travail de nuit,ont egalement ete suspectes, sur la base de resultats epi-demiologiques, de favoriser la survenue de cancers du sein.L’interpretation des resultats d’etudes epidemiologiquesportant sur les risques professionnels est souvent limiteepar l’absence de prise en compte des facteurs de confusion(parite, age a la premiere grossesse) ou par une evaluationtres grossiere des expositions. Enfin, quelques etudes por-tant sur les facteurs de risque professionnels dans les cancersdu sein masculin ont l’inconvenient de ne porter que sur unpetit nombre de cas. Une meilleure connaissance des fac-teurs de risque professionnel dans ce cancer est importantepour la prevention et necessite la realisation d’etudes epi-demiologiques de grande taille et de meilleure qualitemethodologique.

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Compte rendu de congres

Deuxieme conference

Le travail au fil de l’age : quels enjeux de sante ?A.-F. Molinine

L’objet de cette communication est de synthetiser les resul-tats de quelques recherches en epidemiologie profession-nelle, en demographie du travail et en ergonomie, quipermettent d’affiner la comprehension des enjeux de santedans le vieillissement au travail. Ces analyses presentent uninteret accru, du fait des tendances demographiques dans laplupart des pays industrialises : la baisse de la natalite dansles annees 1970 et, a present, les reformes des retraitesentraınent une hausse nette et durable de la proportionde salaries ages dans les entreprises et cette hausse estappelee a se poursuivre. Elle sera structuree autour de troisaxes :– les « traces » du parcours de travail, de l’exposition longue ades contraintes de travail susceptibles d’alterer l’esperancede vie et la sante a long terme ;– la « penibilite » ressentie du travail, les difficultes a realiserson travail ;– la « penibilite » liee au fait de travailler avec des deficiencesde sante, que ces deficiences soient ou non liees au passeprofessionnel.Ces trois interrogations renvoient a des formes differentesde mise en visibilite des contraintes et nuisances profession-nelles, en lien avec les histoires de travail, la perceptionqu’ont les hommes et les femmes des contraintes du travail,de leur etat de sante et des difficultes qu’il peut engendrerdans le travail.Les facteurs de risque pour la sante a long terme : quelsfacteurs, dans quelles histoires de travail pour les hommes etpour les femmes ?Les conditions de travail vecues tout au long de la vie ont uneffet sur la longevite et sur la qualite de vie au grand age,donc sur la duree et la qualite de la retraite. Il s’agit la defacteurs d’usure, de risques de pathologies, dont le temps delatence peut etre long. Cette vision de la « penibilite »,comme ensemble d’astreintes nocives et potentiellementpathogenes tout au long de la vie professionnelle, est celleadoptee dans un rapport pour le Conseil d’orientation desretraites, qui propose des pistes pour prendre en compte cesastreintes dans le calcul de l’age de depart [Struillou, 2003].Repartant de cette idee, le rapport du Pr G. Lasfargues [2005]a propose une synthese de connaissances scientifiques etmedicales sur les relations entre des expositions profession-nelles penibles et leurs effets a long terme sur la sante,mesurables selon divers indicateurs : vieillissement accelere,

morbidite ou mortalite accrue, incapacite. C’est notammentle cas du travail en horaires alternants ou nocturnes, decertains aspects de la penibilite physique ou, encore, del’exposition a certains toxiques ou agents cancerogenes.Ressentir son travail comme « penible » : quelles contraintesde travail apres 50 ans ? Quels facteurs jouant sur la per-ception de la « penibilite » ? Quels effets sur l’envie de partiret la vision de la retraite ?Des connaissances d’ensemble sur les difficultes et les atoutsdes salaries vieillissants [Delgoulet et al., 2005] insistent surdes caracteristiques du travail qui peuvent s’averer plusdifficiles a supporter quand l’age s’eleve : horaires decalesou nocturnes, pression temporelle et la multiplication desurgences changements frequents dans le travail. A l’inverse,la richesse du travail, sa variete, les occasions d’apprendre(et donc, de se confronter a des situations changeantes)constituent une composante forte de l’investissement dansla vie professionnelle et chez les ages, cette composantedetermine largement le souhait de demeurer au travail, aumoins jusqu’a l’age de la retraite [Molinie, 2005 ; Volkoff etBardot, 2004].Travailler avec des problemes de sante : quelle expressiondes problemes de sante ? Quelles caracteristiques du travailrenforcant la probabilite d’etre gene dans son travail ? Quelsmodes de regulation « formelle ?Bien que les problemes de sante aient deja contribue al’eloignement de l’emploi d’une partie des femmes et, sur-tout, des hommes de 50 ans et plus [Coutrot, Waltisperger,2005], la plupart de ceux qui sont encore en activite travail-lent en ayant des problemes de sante [Molinie, 2006]. Cestroubles de sante peuvent etre pour partie induits par letravail, celui d’aujourd’hui comme celui effectue tout au longde sa vie professionnelle. En sens inverse, l’etat de sante a puaussi influencer les parcours professionnels des personnes,leur affectation a tel ou tel poste de travail et la possibilite des’y maintenir. Nous ne chercherons pas ici a rechercher lesfacteurs explicatifs de ces troubles, mais nous nous atta-cherons a examiner leur expression dans l’activite de travail.En particulier, nous examinerons les caracteristiques dutravail qui renforcent la probabilite que ces troubles de santesoient ressentis (ou non) comme genants.Quand il devient difficile de travailler avec des problemes desante, les medecins du travail ont souvent a intervenir, maisles solutions sont limitees (changements ou amenagementsde poste, restrictions d’aptitude ou les inaptitudes tempo-raires, inaptitude medicale). Sur cet aspect, egalement, nousessaierons de preciser comment interviennent ces dispositifspour les hommes et les femmes qui ont un etat de santedeficient.

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Nous examinerons, enfin, la situation au regard des possi-bilites de sortie d’activite deja enclenchees et du souhait de« partir avant » « pour raisons de sante ».

Troisieme conference

Effets neurotoxiques des solvants : apport del’epidemiologieD. ChouaniereDepartement epidemiologie en entreprise, INRS, BP 27,54501 Vandœuvre cedex, FranceAdresse email : [email protected].

Le risque neurotoxique des produits chimiques, en general,et des solvants, en particulier, est un risque plutotmeconnu en France autant par les preventeurs que parles epidemiologistes des risques professionnels. Pourtant,c’est en France des 1865 qu’Auguste-Louis Delpeche decritpour la premiere fois « les accidents que developpe, chezdes ouvriers, l’inhalation de sulfure de carbone utilise aucours de la vulcanisation du caoutchouc dans des petitsateliers mal ventiles : troubles intellectuels avec affaiblis-sement de la memoire, vague et confusion dans les idees,acces alternatifs de gaiete et dechaınements de rage folle,troubles du sommeil, etc. ».Un siecle apres apparaıtront les premieres etudes epidemio-logiques sur les effets neurotoxiques de differents produitsutilises en milieu professionnel (metaux, pesticides, gazanesthesiques, solvants, etc.), mais tres vite ce sont surtoutles solvants qui retiendront l’attention des chercheurs.Les resultats de ces etudes epidemiologiques ont permis, aumoins pour certains solvants, de fixer des valeurs reglemen-taires d’exposition. Ainsi, meme si certains produits sontsuspects d’effets CMR (cancerogenes, mutagenes ou repro-toxiques), c’est bien a cause du risque neurotoxique que lesvaleurs limites ont ete fixees.Les objectifs de cette conference seront de :– definir le risque neurotoxique : il s’agira de proposer unedefinition de la neurotoxicite (NT) et de clarifier les differentsmecanismes physiopathologiques en jeu. Les principalesfamilles de produits chimiques ayant des effets sur le sys-teme nerveux et leurs secteurs d’activites seront rappeles,ainsi que les produits qui ont ete les plus etudies. Enfin, ils’agira de decrire les differents effets des solvants sur lesysteme nerveux : effets aigus, subaigus et chroniques quidonnent lieu a differentes valeurs reglementairesd’exposition : valeur moyenne d’exposition (VME) et valeurlimite d’exposition (VLE). La determination de ces valeurslimites repose sur les resultats d’etudes epidemiologiques

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pour les VME et sur des etudes experimentales en chambred’exposition pour les VLE. Outre l’etablissement des VME, lesetudes epidemiologiques ont pour enjeux l’etablissementdes criteres pour la reparation ;– decrire les specificites de l’epidemiologie des risques neu-rotoxiques des solvants : l’objectif de ces etudes est d’etablirune relation entre une exposition de longue duree (en dehorsd’une exposition aigue) a des solvants et une alteration desfonctions neurologiques centrales ou peripheriques ou unepathologie deja evoluee. Il s’agit donc d’etudes analytiquesclassiques qui recourent aux protocoles habituellement uti-lises. Ce qui est specifique, c’est la necessaire maıtrise del’exposition aigue quand le protocole vise a mesurer l’altera-tion des fonctions cognitives. Les outils de mesure, utilisespour evaluer les effets neuro-centraux, sont egalement touta fait specifiques du domaine. Les plus largement utilisessont les tests psychometriques qui evaluent les performan-ces des fonctions cognitives, telles que la memoire a courtterme, l’attention, la vitesse motrice, la capacite d’appren-tissage et les test neurosensoriels qui evaluent les capacitesvisuelles, auditives, etc. Un facteur de complexite tient aunombre de facteurs de confusion a prendre en compte etpour certains d’entre eux a leur caractere retrospectif (tels leniveau socioculturel pre-exposition). Des illustrations serontapportees au travers de differentes etudes menees en Franceou a l’etranger ;– preciser quelques perspectives pour l’epidemiologie desrisques neurotoxiques avec deux questionnements : quelssont les enjeux a relever ? Comment perfectionner ladiscipline ?En ce qui concerne les enjeux futurs, des etudes epidemio-logiques restent a mener au moins pour certains solvantsdeja anciens mais toujours utilises car les VME ont ete fixeessur la base d’etudes ne respectant pas toujours les criteres dequalite abordes plus haut, d’ou, par exemple, les divergencesentre pays sur les VME. Si REACH ne prevoit pas a prioril’etude du risque NT, celui-ci doit neanmoins etre envisagepour de nouveaux produits potentiellement NT. Il faut aussiexplorer, chez l’homme, les risques lies aux co-expositions(atteinte neuro-auditive liee a une co-exposition bruit etsolvants, par exemple).Comment perfectionner la discipline ? Cela necessitera lerecours a de nouveaux tests psychocognitifs plus specifiquesde sous-fonctions cognitives maintenant bien identifiees oula mise en œuvre de nouveaux modeles d’analyse de don-nees, etc. ;– traduire les connaissances acquises en terme de surveil-lance, diagnostic clinique des affections chroniques etreparation : pour la surveillance des salaries exposes aux

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solvants, il s’agira de proposer une reflexion sur des outilspossibles utilisables par les medecins du travail.Pour le diagnostic clinique des affections chroniques neuro-centrales liees aux solvants (syndrome psycho-organique etencephalopathies toxiques), il sera presente l’etat de lareflexion actuelle au niveau europeen.Seront rapidement decrits les differents systemes de repara-tion en Europe, mais, surtout en France ou la mise a jour en2007 du tableau no 84 (Affections engendrees par les sol-vants organiques liquides a usage professionnel) a introduit,entre autres, la reparation des affections chroniques.

Resumes des communications orales

Violences externes et troubles musculo-squelettiqueschez des hotes et hotesses de caisse dans la distribution apredominance alimentaire en Ile-de-FranceJ. Alcouffe, H. Bouchet, C. Chaney, J.-L. E. Pache, P. Manillier,P.-Y. MonteleonACMS Suresnes

Objectif.– Dans la continuite d’une serie d’etudes sur lestroubles musculo-squelettiques (TMS) chez les hotes(ses)de caisse, la presente etude a pour objectifs de decrire,d’evaluer les liens entre la violence externe et les TMS etde rechercher les facteurs susceptibles de reduire ce reten-tissement.Methode.– Une enquete epidemiologique transversale a eterealisee en 2006, en entreprise et au cabinet medical, par 45medecins du travail, aupres d’hotes(ses) de caisse de ladistribution a predominance alimentaire en Ile-de-France,au moyen d’un questionnaire anonyme standardise.Resultats.– Un total de 818 questionnaires a pu etrerecueilli dans 111 magasins employant 7590 salaries, dont2425 hotes(ses) de caisse (32 % du personnel). La majorite deshotes(ses) enquetes sont des femmes (86,4 %) qui travail-laient dans des supermarches (42,2 %), des hypermarches(39,7 %) et des magasins de moins de 400 m2 (18,1 %). Leshotes(ses) de caisse travaillaient en moyenne 30 heures etdemie par semaine et leur temps de travail en caisse etait enmoyenne de 22 heures et demie. Le travail exclusif en caisseconcernait 53,2 % des hotes(ses). La majorite des hotes(ses)declarait n’avoir pas de soucis (71,3 %) et etre assez satis-fait(e) de leur travail (51,3 %), voire tres satisfait(e) (27,4 %).Des hotes(ses) declaraient ne recevoir de soutien ni de la partde leurs collegues ni de la part de leur hierarchie (8,9 %).Pratiquement toutes les hotes(ses) ont signale avoir unTMS (95,5 %). On a observe des correlations entre les diffe-rentes localisations de TMS et le score de frequence de

confrontation a des clients desagreables, voire violents ainsiqu’avec le score de perturbation ressentie. Par ailleurs, lescore de perturbation ressentie est correle de maniere hau-tement significative au score de frequence de confrontationa des clients desagreables, voire violents (r = 0,48 ;p < 0,0001). Les differentes regressions logistiques mon-trent que le stress est probablement un des facteurs detroubles musculo-squelettiques. Neanmoins, la violenceexterne pourrait jouer un role non negligeable dans lagenese de ces affections.Conclusion.– Cette etude ouvre deux pistes d’actions deprevention : d’une part, informer la clientele de l’effetdeletere de ses comportements agressifs et du manque derespect et, d’autre part, rechercher a diminuer les autresfacteurs de stress et d’insatisfaction au travail.

Observatoire EVREST : un outil quantitatif pourconvaincre des enjeux de la sante au travailC. Archambault, M. Niezborala, A.-F. Molinie, S. Volkoff, C. Mardon,M. Gilles, et les medecins du travail d’EADS

EADS (European Aeronautic Defense and Space Company)

Objectif.– Le dispositif evaluation des relations et evolutionsen sante au travail (EVREST) est un observatoire pluriannuel,mis en place en 2002 dans le groupe EADS par des medecinsdu travail, en cooperation avec un organisme de recherche. Ilvise a recueillir et a suivre, sur plusieurs annees, un ensemblede donnees sur le travail et la sante des salaries, la produc-tion de donnees collectives par les medecins du travaildevant permettre de rendre compte de la realite de la santeau travail, produire de nouveaux reperes dans l’entreprise,suivre les evolutions de la sante et du travail accompagnantles changements de l’entreprise.Methode.– Batis a partir des experiences de chacun, cetobservatoire est base sur un questionnaire court permettantd’etre poursuivi plusieurs annees, qui associe des questionssur les conditions de travail et des questions sante. Pose lorsdes visites medicales a tous les salaries ou a un echantillontire au sort, les questionnaires sont informatises sur unebase Access attribuant un numero d’anonymat et permet-tant le suivi. Des fichiers Excel anonymes extraits de cettebase sont centralises au niveau du coordinateur. Une exploi-tation standardisee des donnees alimente annuellement unrapport par etablissement, par filiale et pour le groupe.D’autres exploitations repondent au cas par cas aux deman-des specifiques des medecins. Dans tous les cas, la restitutiondes resultats a l’etablissement est faite par le medecin.Resultats.– Avec la participation de plus de 10 etablisse-ments, de 2800 a 4500 questionnaires annuels ont ete

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realises entre 2002 et 2005, et 8400 en 2006. Sur ces 8400personnes, 1450 avaient deja ete interrogees en 2002 et 2200en 2005. En 2006, les troubles du membre superieur chez lesplus de 45 ans varient ainsi de 10 a 15 % selon les filiales.L’evolution de leur frequence a ete etudiee par des compa-raisons appariees portant sur les salaries examines les deuxannees choisies. Les resultats sont donnes sous forme detableaux de bord rendant compte des resultats des tests decomparaisons de frequence (degre de significativite du Chi2

de Mac Nemar et de l’importance de l’evolution (odds-ratio).Conclusion.– De part sa realisation facile et sa capacite adonner des indicateurs annuels et longitudinaux, cet outil aete adopte par les medecins du travail qui ont utilises leschiffres pour convaincre differentes instances de l’entreprisedes enjeux de sante au travail comme soutien de leur actionen apportant une assurance a leur diagnostic, pour lancer desdiscussions ou debat sur des themes varies.

Evolution clinique des TMS dumembre superieur : aspectsmethodologiquesA. Aublet-Cuveliera, A. Leclercb, J.-F. Chassaingba INRS, 54501 Vandœuvre cedex ; b Inserm U687, 94415 Saint-Maurice

Objectif.– Une etude longitudinale sur 2 ans a ete initiee, afind’evaluer la variation de l’etat de sante relatif aux troublesmusculosquelettiques (TMS-MS) de salaries travaillant dansdifferents secteurs professionnels et de preciser ses relationsavec la variation de l’exposition aux facteurs de risquepotentiels. Une premiere etape a consiste a choisir un cadreadequat d’analyse des changements de statut clinique aucours du temps, a partir des resultats issus des deux premiersrecueils de donnees.Methodes.– Cent quatre-vingt-dix salaries ont rempli, al’inclusion dans l’etude, puis 6 mois plus tard, un auto-questionnaire comportant le questionnaire Nordique etdes questions sur les facteurs de risque personnels et pro-fessionnels de TMS-MS. Les 35 caracteristiques de sante(5 par region anatomique), correspondant aux reponsesde la premiere passation du questionnaire, Nordique ontete introduites comme variables actives dans une analysedes correspondances multiples (ACM) avec comme variablessupplementaires les variables personnelles et profession-nelles, afin de decrire les relations entre les variables« sante » et de fournir une vision globale des relations entrele statut de sante et les principales caracteristiques per-sonnelles et professionnelles. L’ACM a conduit a l’elabora-tion de scores de plaintes par region anatomique. Uneanalyse en composantes principales (ACP) a ensuite eteutilisee pour decrire les relations entre les scores et testerleur pertinence.

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Resultats.– La description des associations les plus importan-tes entre les problemes de sante et les principales variablespersonnelles et professionnelles a ete obtenue a partir del’ACM. L’analyse des scores en ACP a confirme leur perti-nence, montre que tous les scores par region anatomiqueetaient associes entre eux et que le cote de l’atteinte (D/G) etsa localisation constituaient des dimensions importantes. Laprojection des scores a 6 mois comme variables illustrativessur l’ACP determinee par les scores de plaintes initiauxillustre leur evolution au cours du temps.Conclusion.– L’ACM et l’ACP ont contribue a prendre desdecisions au sujet des scores de plaintes qui seront utilisesdans les prochaines etapes de l’etude et a fournir un cadregeneral, permettant de decrire les changements au cours dutemps. Des analyses plus approfondies seront consacrees al’influence des facteurs de risque sur l’evolution des plaintesde TMS-MS.

Agregat de cancer du rein dans une usine chimique :resultats de l’etude cas-temoinsL. Benezet, O. Boutou-Kempf, Y. Iwatsubo, L. Garras, E. Chabault,J. Fevotte, C. Pilorget, M. Goldberg, D. Luce, E. ImbernonDepartement sante au travail, institut de veille sanitaire

En janvier 2003, l’institut de veille sanitaire a ete saisi par lesministeres de la Sante et du Travail pour explorer un possibleagregat de cancer du rein dans une usine chimique de l’Allier.Dix cas etaient a l’origine du signalement, dont neuf diag-nostiques suite a un depistage echographique abdominalannuel mis en place en 1986. Un calcul preliminaire a estimeque pour les hommes, salaries actifs de l’usine entre 1994 et2002, le risque de cancer du rein etait 13 fois plus eleve qu’enpopulation generale francaise. Une etude cas-temoins,nichee dans la cohorte des salaries de l’usine, a ete miseen place, afin de reperer les eventuelles caracteristiquesprofessionnelles (activites, lieux, nuisances. . .) associees aurisque de cancer du rein.Apres une recherche complementaire dans la region Auver-gne, 12 cas supplementaires ont ete identifies, portant lenombre total de cas de cancer du rein chez les salaries et lesex-salaries de l’usine a 22, pour la periode 1968 a 2003. Dix-huit cas et 82 temoins apparies sur le sexe et l’age (� 2,5 ans)ont ete inclus dans l’etude cas-temoins. Un questionnairestandardise, recueillant les caracteristiques socio-demogra-phiques, l’historique professionnel des emplois dans l’usineet en dehors de l’usine, les activites generales (dans uncontexte professionnel ou de loisir) ainsi que des informa-tions medicales, a ete complete par un enqueteur en face aface. Une evaluation des expositions professionnelles a eterealisee pour chaque sujet portant sur l’ensemble de sa

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Compte rendu de congres

carriere professionnelle. Elle concerne a la fois les produitschimiques specifiques de l’usine et les facteurs de risque decancers du rein professionnels suspectes dans la litterature.L’association entre le cancer du rein et les differents facteursde risque est estimee par regression logistique avec ajuste-ment sur le sexe et l’age.Des analyses preliminaires retrouvent les facteurs de risquegeneralement associes au cancer du rein : hypertensionarterielle (OR = 3,2 [1,1–9,4]) ; indice de masse corporelle(ORobesite vs. ORnormal = 4,8 [1,0–23,3]) et statut tabagique(ORfumeur vs. ORnon fumeur = 2,4 [0,6–10,0]). Les resultats del’etude cas-temoins en fonction des facteurs de risque pro-fessionnels seront disponibles en novembre 2008.

Suivi post-professionnel des retraites du regime generalayant ete expose a des cancerogenes : le programmespiraleS. Bonnauda, M. Cartona, M. Nachtigala, P. Rollandc, A. Serranoa,D. Costeb, P. Lepinayb, B. Varsatb, B. Wadouxb, S. Bonenfanta,M. Zinsa, M. Goldberga,ca Equipe risques post-professionnels, cohortes du Cetaf, unite 687Inserm-CNAMTS ; b centres d’examens de sante de la CNAMTS (Poitiers,Orleans, Paris, Saint-Nazaire) ; c departement sante travail, institut deveille sanitaire

Objectif.– Les effets sur la sante des expositions profession-nelles aux cancerogenes surviennent apres une phase delatence importante, le plus souvent apres la cessation d’acti-vite. Le suivi medical post-professionnel (SPP) a ete instaureen 1996 pour tous les inactifs (retraites et chomeurs) ayantete exposes au cours d’un episode professionnel salarie. Cedispositif est encore tres peu utilise. En s’appuyant surl’etude experimentale Espaces (2001) menee dans 6 depar-tements et sur la Conference de consensus concernant lesmodalites du suivi medical (1999), les objectifs de Spiralesont : (i) de reperer les retraites du regime general ayant eteexposes a des cancerogenes professionnels et de les orientervers le SPP ; (ii) de decrire les effets a long terme desexpositions en constituant une cohorte.Methode.– La phase pilote de Spirale, debutee en avril 2006,concerne environ 50 000 hommes nes en 1942 ou 1943,assures du regime general de la Securite sociale et residantdans 13 departements francais. Cette etude se deroule en 2etapes : (i) un reperage des expositions professionnellespassees a l’amiante et/ou aux poussieres de bois par unquestionnaire postal portant sur les taches, emplois et sec-teurs d’activite frequemment associes a ces nuisances ; (ii)pour les retraites possiblement exposes a l’une ou l’autre deces nuisances, un entretien de confirmation de l’expositiondans un centre d’examens de sante (CES) et l’accompagne-ment dans les demarches de demande de SPP si necessaire.

Resultats.– Le taux de participation est de 24 % ; apresrelance, il s’eleve a pres de 50 % (estimation basee sur untest de relance a 5 semaines aupres de 1000 retraites nonrepondeurs). Sur les 11 980 questionnaires recus, 76,2 % desanciens salaries ont ete reperes comme possiblement expo-ses a l’amiante et/ou aux poussieres de bois : 50,6 % pourl’amiante, 2,8 % pour les poussieres de bois et 19,1 % pour uneexposition mixte. Au 11 mai 2007, 2495 entretiens de confir-mation avaient ete realises par les CES. Le taux de venueobserve pour les premiers mois d’invitations est de 40 %. Plusde 70 % (1780) des retraites venus aux CES voient leurexposition confirmee et 73 % (1297) d’entre eux justifientd’un SPP. Parmi ceux-ci, pres de 85 % ont l’intention de faireune demande de SPP aupres de leur caisse primaire d’Assu-rance maladie (service AT/MP) et 87,6 % souhaitent partici-per a la cohorte Spirale.Conclusion.– Les resultats du programme Spirale, encorepreliminaires, sont tres positifs en termes de reperage etde suivi des anciens salaries exposes a des cancerogenesprofessionnels. Ce programme contribuera egalement amieux decrire les effets a long terme sur la sante del’amiante et des poussieres de bois par le suivi de la cohorteconstituee. Au fur et a mesure du developpement d’outils dereperage des expositions, d’autres cancerogenes pourrontetre inclus. La generalisation de ce programme a l’ensembledu territoire doit etre envisagee, afin de disposer dans lefutur de veritables dispositifs de surveillance post-profes-sionnelle, pour tous les anciens travailleurs, qu’ils aient etesalaries (programme Spirale) ou independants (programmeEspri).

Relations entre l’exigence des activites professionnellesphysiques et la mortalite prematuree : etudelongitudinale en LorraineE. Bourgkard, P. Wild, N. Massin, J.-P. Meyer, C. Otero Siera,J.-M. Fontana, L. Benamghar, J.-M. Mur, J.-F. Ravaud, F. Guillemin,N. Chau, et Lorhandicap GroupINRS Vandœuvre-Les-Nancy, Inserm Nancy, Paris ; UHP Nancy,universite Paris-Sud, universite Paris Descartes, Paris

Objectif.– Etudier les relations entre l’exigence des activitesprofessionnelles physiques (AP) et la mortalite prematureeavant l’age de 70 ans (MP-70) chez les personnes ayantexerce une activite professionnelle en Lorraine.Methode.– L’echantillon contient 4268 sujets ages de 15 ansou plus, selectionnes de facon aleatoire dans la populationlorraine. Les participants ont complete un auto-question-naire postal en 1996 et suivis en mortalite jusqu’en 2004(9 ans). Un score d’AP est defini par le nombre cumule desactivites physiques suivantes (jugees exigeantes ou tresexigeantes par le sujet durant la vie professionnelle) : travail

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en hauteur, manipulation d’objets, usage d’outils pneuma-tiques, autres outils vibrants, machine–outil, marteau,tournevis, plateformes avec vibrations, posture de travailpenible, pietinement et marche, rythme du travail et travail ala chaıne. Les donnees sont analysees avec le modele deregression de Poisson.Resultats.– Au total, 126 deces avant l’age de 70 ans ont eteenregistres (3,81 pour 1000 personne–annees). Les principa-les causes de deces sont le cancer (46,4 % chez les hommes,57,1 % chez les femmes), les maladies cardiovasculaires (20,2et 11,9 %), le suicide (9,5 et 7,1 %), les maladies respiratoires(6,0 et 4,8 %) et les maladies digestives (2,4 et 4,8%).Le risque relatif (RR) de mortalite prematuree, toutes causesconfondues, est de 1,71 (IC 95 % : 1,02–2,88) pour AP � 3, 1,76(1,08–2,88) pour les fumeurs et 2,07 (1,31–3,26) pour les sujetsayant une surconsommation d’alcool (questionnaire Deta).Les travailleurs manuels ont un RR de 1,84 (1,00–3,37) compa-res aux cadres. Le risque de deces premature par cancer estde 2,00 (IC 95 % : 1,00–3,99) pour AP�3, 2,34 (1,19–4,63) pourles fumeurs et 2,22 (1,17–4,20) pour les sujets ayant unesurconsommation d’alcool. Des resultats moins prononcessont observes pour la mortalite prematuree avant l’age de65 ans et celle avant l’age de 75 ans.Conclusions.– Une mortalite prematuree avant l’age de70 ans (toutes causes confondues, tous cancers) apparaıtliee a des AP jugees exigeantes ou tres exigeantes par lessalaries au cours de leur vie professionnelle.

Agregat de cancer du rein dans une usine chimique :resultats de l’etude de mortalite, 1968–2002O. Boutou-Kempf, Y. Iwatsubo, L. Benezet, E. Chabault, L. Garras,M. Goldberg, D. Luce, E. ImbernonDepartement sante au travail, institut de veille sanitaire

En janvier 2003, l’institut de veille sanitaire a ete saisi par lesministeres de la Sante et du Travail pour explorer un possibleagregat de cancer du rein dans une usine chimique de l’Allier.Dix cas etaient a l’origine du signalement, dont neuf diag-nostiques suite a un depistage echographique abdominalannuel mis en place en 1986. Un calcul preliminaire a estimeque pour les hommes, salaries actifs de l’usine entre 1994 et2002, le risque de cancer du rein etait 13 fois plus eleve qu’enpopulation generale francaise. Une etude de cohorte retro-spective a ete mise en place, afin d’analyser la mortalitegenerale et par cancer parmi les salaries de cette usine.Les donnees administratives ont permis d’identifier de faconexhaustive les personnes ayant travaille dans l’usine entre1960 et 2003. Des donnees professionnelles ont egalementete saisies a partir des bulletins de paie. Le statut vital a eteobtenu aupres de l’Institut national de la statistique et des

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etudes economiques et les causes de deces aupres de l’Ins-titut national de la sante et de la recherche medicale. Uncalcul de ratio standardise de mortalite (SMR, pour Standar-dised Mortality Ratio) et de son intervalle de confiance a 95 %(IC95%) a permis de comparer la mortalite des salaries del’usine a celle de la population generale francaise.Deux mille cinq cent vingt-trois personnes ont travaille aumoins 6 mois en cumule dans l’usine entre le 1er janvier 1960et le 31 decembre 2003. L’analyse porte sur 445 deces decause identifiee survenus sur la periode 1968–2002. Pourl’ensemble de la cohorte, le SMR, toute cause, est de 0,88(IC95 % : 0,80–0,96), le SMR pour tumeur maligne de 0,81(IC95 % : 0,68–0,96 ; 135 deces) et le SMR par cancer du rein de1,18 (IC95 % : 0,32–3,02 ; 4 deces). Aucune des grandescategories de cause de deces etudiees n’est associee a unexces de mortalite statistiquement significatif.Dans cette cohorte, la sous-mortalite globale evoque unphenomene de selection de type healthy worker effect.L’agregat de cancer du rein observe en incidence n’est pasretrouve en mortalite. Cela peut etre explique par uneamelioration de la survie et/ou en lien avec un evenementassez recent a l’echelle du developpement des cancers.Des analyses par regression de Poisson sont en cours, afinde reperer des secteurs d’activite, des emplois ou desperiodes de temps plus a risque par des comparaisonsinternes.

Surveillance des accidents du travail mortels en FranceJ. Briere, A. ChevalierDepartement sante au travail, institut de veille sanitaire

Objectif.– L’institut de veille sanitaire a pour mission gene-rale de surveiller, en permanence, l’etat de sante de lapopulation. Cette mission se decline dans tous les champsd’application de la sante publique et, en particulier, dans lechamp des accidents et maladies d’origine professionnelle.L’objectif de notre etude est de mettre au point des indica-teurs de surveillance exhaustifs et reproductibles des acci-dents mortels d’origine professionnelle en France. Le calculregulier de tels indicateurs permettra de mesurer l’impor-tance de la survenue de ces accidents, d’evaluer des diffe-rences de risque selon des criteres demographiques,professionnels et par grande categorie d’accident et dedisposer a l’avenir de series longues sur l’evolution du risque.Les indicateurs nationaux disponibles a ce jour sont res-treints aux seules statistiques du regime general, l’etudeutilisera toutes les donnees disponibles, notamment cellesproduites par chacun des regimes de Securite sociale. Despremiers resultats sont presentes ici.

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Compte rendu de congres

Methode.– Des premiers jeux de donnees, transmis par unepartie des regimes, ont ete exploites ici. Le poids des acci-dents du travail dans l’ensemble des accidents mortels aegalement fait l’objet d’une premiere evaluation.Resultats.– Au vu des premieres donnees disponibles,quelques resultats generaux peuvent etre anticipes : l’ordrede grandeur du nombre d’accidents du travail mortels (horsaccidents de trajet) serait d’environ 1000 par an, une dis-parite significative des taux d’accidents mortels est attendueselon, notamment, le sexe, les secteurs d’activite et lescategories d’accident. Le poids des accidents du travailmortels parmi les deces par traumatisme non intentionnelserait d’environ 10 %.Conclusion.– Les donnees des regimes de Securite socialen’ont jamais ete exploitees dans un objectif de surveillance.Elles presentent un certain nombre de limites : sous declara-tion, categories de travailleurs non couvertes par un regimede Securite sociale, nomenclatures decrivant les accidentsdifferentes selon les regimes. Afin d’ameliorer le dispositif,les donnees d’une autre source, l’information contenue dansles certificats de deces seront exploitees et comparees. Lestravaux realises contribueront egalement a l’expertise, pre-vue par la loi de sante publique d’aout 2004 et menee parl’institut de veille sanitaire, sur l’interet et la faisabilite d’unecentralisation au niveau national des statistiques sur lesaccidents du travail et les maladies professionnelles.

Veille sanitaire en sante au travail parmi lepersonnel d’un CHRU

Analyse des possibilites a l’occasion de l’acquisition d’unnouveau logiciel de gestion informatise du dossiermedical et definition d’une methodologieN. Broessela, F. Binder Foucartb, V. Chamouarda, M. Gonzaleza,A. Cantineauaa Service de pathologie professionnelle, IUSTE, medecine du travail,hopitaux universitaires de Strasbourg ; b departement d’informationmedicale, hopitaux universitaires de Strasbourg

Objectif.– A l’occasion de l’acquisition d’un logiciel de gestiondu service de sante au travail, incluant le dossier medicalinformatise, il a ete demande aux medecins du travail demettre en place un outil de veille sanitaire. Le fournisseuretant dans une demarche d’adaptation du produit aux besoinsdu client, des evolutions du logiciel etaient possibles. L’objectifde ce travail est donc de presenter l’analyse faite et la metho-dologie retenue pour faire de la veille sanitaire a partir del’utilisation au quotidien du dossier medical informatise.Methode.– Apres avoir defini les objectifs de veille sanitaireretenus par les medecins du travail, les indicateurs ont ete

choisis apres une revue de la litterature. Il a ensuite eteetudie, a partir des possibilites du logiciel, avec les medecinsdu travail, les donnees qui pouvaient etre utilisees sans saisiesupplementaire. En parallele a ete etudiee et verifiee avec lesmedecins de sante publique, la possibilite d’obtenir :– les effectifs totaux etudies, afin de pouvoir calculer aminima des taux d’incidences et des prevalences ;– la mise en relation entre les indicateurs de sante et lesexpositions professionnelles.Pour finir, il a ete recherche les ameliorations possibles enmatiere d’ergonomie du logiciel pour faciliter la saisie et uncontrole qualite des saisies a ete prevu.Resultats.– Il a ete retenu parmi les pathologies d’origineprofessionnelle, les plus frequentes et/ou celles dont laprevalence est mal connue. Ainsi, ont ete retenus : TMS,asthmes, rhinites, dermites de contact, depression, anxiete,troubles du sommeil et troubles de la fertilite, ainsi que lesprincipaux facteurs de risques cardiovasculaires. Pour cha-cune de ces pathologies, il a ete identifie la possibilite desaisir : un code (CIM 10), la date de debut des symptomes, lelien avec le travail (oui/non/ ?), le caractere reconnu ou nonen maladie professionnelle, les arrets et restrictions d’apti-tude y afferents. En parallele, dans un premier temps a l’aided’une matrice emploi–exposition, puis a partir des donneesde l’evaluation des risques sur le terrain, il pourra etre connul’ensemble des risques professionnels aux quels l’agent aete et/ou est expose. Pour finir, le logiciel etant interfaceavec les donnees des ressources humaines, nous disposonsde la possibilite d’obtenir les donnees socio-demographi-ques de la population etudiee (age, sexe, statut marital,metier, type de contrat. . .). Quelques modifications ontpermis d’augmenter l’ergonomie de la saisie du codeCIM 10. Par ailleurs, la base informatique permet une extrac-tion des donnees, permettant ensuite l’utilisation d’outilstatistique adapte.Conclusion.– L’analyse de l’outil informatique a notre dis-position a permis de confirmer la possibilite de faire de laveille sanitaire a l’aide du logiciel de sante au travail, dans unservice autonome, tout en n’alourdissant pas le travail desmedecins au quotidien. Les referentiels (definition des cri-teres cliniques, des elements de saisie obligatoire) sont encours de validation. Une premiere analyse (faisabilite etqualite) est prevue pour fin 2007.

Campus universitaire de Jussieu : un cluster de cinq casde mesotheliome pleuralC. Buissona, C. Pilorgeta, S. Julliarda, D. Luceb, M. Goldbergb,E. Imbernonaa Departement sante travail, institut de veille sanitaire, Saint-Maurice,France ; b unite mixte 687 Inserm–CNAMTS, Saint-Maurice, France

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Introduction.– Les effets d’une exposition passive al’amiante, dans des locaux floques a l’amiante, ne sontpas bien connus et leur existence est controversee. Recem-ment, cinq cas de mesotheliome pleural parmi le personneldu campus de Jussieu ont ete signales a l’InVS, qui a cherchea evaluer la vraisemblance de l’induction de mesotheliomespar une exposition professionnelle passive a l’amiante dueaux locaux de travail.Methode.– Les donnees ont ete recueillies aupres des per-sonnes ou de leurs proches pour les decedes, par entretien, al’aide de questionnaires standardises (questionnaire du Pro-gramme national de surveillance du mesotheliome [1] etquestionnaire specifique de Jussieu), qui ont permis dedocumenter l’exposition professionnelle (active ou passive),para-professionnelle, domestique ou environnementale al’amiante. Ces questionnaires ont ete expertises par unehygieniste industrielle (CP), qui a estime l’exposition deces personnes a l’amiante.Resultats.– Parmi les cinq personnes, nees entre 1934 et1942, aucune exposition professionnelle active, domes-tique ou environnementale n’a pu etre identifiee, exceptel’utilisation rare d’equipements de protection pour cer-tains. Ces personnes ont travaille sur le campus entredix et 35 ans en tant qu’enseignant-chercheur dans lesdomaines de la volcanologie, physique, de la paleontologieou des mathematiques. Elles etaient presentes lors de laconstruction du campus et elles ont frequente des lieuxfloques a l’amiante. Les mesotheliomes pleuraux ont etediagnostiques en 2001 ou 2002. Quatre avaient presentedes plaques pleurales.Conclusion.– Ceci est, a notre connaissance, le premier rap-port decrivant cinq cas de mesotheliome pleural parmi lepersonnel d’un campus universitaire floque et n’ayant passubi d’exposition active a l’amiante. Ces observations souli-gnent l’importance de l’impact sanitaire de la pollution deslocaux de travail.Reference[1] Goldberg M, Imbernon E, Rolland P, et al. The FrenchNational Mesothelioma Surveillance Program. Occup EnvironMed 2006;63:390–95.

Accueil clientele a EDF et gaz de France. Relations entreconditions de realisation du travail et santeT. Calvez, M.-F. Boursier, A. Chevalier, M.-C. Grizon, C. Jayet,C. Reymond, M. Thiebot, M. Zeme-Ramirez, M. DesseryEDF et gaz de France, services de sante au travail, service centrald’appui en sante au travail

Objectif.– Decrire les conditions de realisation du travail dessalaries des entreprises (EDF et Gaz de France) en charge de

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l’accueil clientele des particuliers, leur sante et rechercherd’eventuelles associations entre les deux.Methode.– Enquete transversale par autoquestionnairerealisee sur un echantillon de 2000 salaries tires ausort parmi les 10 000 salaries en charge de l’accueil clien-tele dans les entreprises, completee par la prise encompte des donnees d’absenteisme medical de cessalaries issues des fichiers d’assurance maladie. L’enquetea ete prealablement validee par les instances representa-tives du personnel des entreprises et autorisee par laCNIL. /ce:para>Resultats.– Quatre-vingt-sept medecins dutravail et 9 infirmier(e)s ont participe a la collecte desquestionnaires entre juillet 2005 et juillet 2006. L’enquetea ete proposee a 2088 salaries parmi lesquels, 2011 (96 %)ont accepte d’y participer ; 1921 agents d’execution ou demaıtrise font l’objet de cette analyse ; 67 % des salariessont des femmes, 63 % ont une formation initiale deniveau Bac ou superieur et 63 % appartiennent au collegeexecution.Trois activites principales sont exercees, accueil telepho-nique (pour 85 % des salaries), gestion (80 %), accueilphysique (66 %), 83 % des salaries realisant au moinsdeux de ces activites ; 4,9 % des hommes et 10,9 % desfemmes ont eu au moins un arret pour maladie anxiode-pressive en 2005, soit un absenteisme de l’ordre de 50 %plus eleve que celui observe chez les salaries des autressecteurs des entreprises. Parmi 62 conditions de travail,5 sont significativement associees a ce critere d’absente-isme en analyses multivariees (modele de Cox avectemps constant) tenant compte des caracteristiquespersonnelles (sexe, age, vie en couple, problemes extra-professionnels majeurs) : l’absence de formation profes-sionnelle dans l’annee (RRa = 1,5), la duree de trajetvecue comme une contrainte (RRa = 1,5), une temporisationentre appels jugee insuffisante (RRa = 3,1), le faible soutiendes collegues (Karasek < mediane) (RRa = 1,6) et l’incapa-cite a s’eloigner de son travail (Siegrist > mediane)(RRa = 2,1).Conclusion.– Ces associations et celles mises en evidence surd’autres criteres de sante etudies dans l’enquete doivent, au-dela du simple constat d’un metier particulierement expose,aider les partenaires sociaux a definir et hierarchiser desactions de prevention individuelles et collectives en fonctionde leur impact attendu.

Evaluation retrospective de l’exposition a des produitsuraniferes et autres produits chimiques chez lestravailleurs du secteur nucleaire francais : bilan d’uneetude pilote

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Compte rendu de congres

Effectifscas/temoins

Forteexpositioncumulee/NE OR[IC 95%]

Forteexpositioncumulee +pic/NE OR[IC 95%]

Ensemble des sujets,ensemble des PP

86/316 2,23[1,09–4,57]

2,70[1,09–6,67]

Ensemble des sujets,PP avec bon niveaude confiance

86/316 1,67[0,81–3,40]

2,34[0,96–5,75]

Sujets vivants,age < 80 ans,ensembles des PP

60/225 2,84[1,26–6,38]

3,37[1,30–8,73]

Sujets vivants,age < 80 ans,PP avec bon niveaude confiance

60/225 2,18[0,99–4,83]

2,88[1,13–7,36]

I. Guseva Canu, G. Molina, P. Collomb, P. Perez, J.-C. David,C. Mazeyrat, F. Paquet, A. Acker, M. TirmarcheService de radiobiologie et d’epidemiologie des rayonnementsionisants, institut de radioprotection et de surete nucleaire, Fontenay-aux-Roses, France

Objectif.– Afin d’etudier les effets cancerogenes de la conta-mination interne chez les travailleurs du nucleaire francais,une etude pilote est mise en place au sein de l’etablissementAREVA NC Pierrelatte. Son objectif est de developper unemethode permettant d’evaluer l’exposition interne a l’ura-nium, ainsi que les expositions chimiques associees.Methode.– Une matrice emplois–expositions (MEE) periodeet site specifique a ete elaboree. La liste des emplois et laliste des produits uraniferes et ceux classes cancerogenes,mutagenes ou toxiques pour la reproduction (CMR) ont etedefinies par un comite d’experts pluridisciplinaire. Uncomite d’evaluateurs compose des travailleurs de l’etablis-sement en activite et les travailleurs retraites a evalue lesexpositions. Pour chaque produit retenu, deux parametresd’expositions ont ete evaluees sur une echelle de 4niveaux : la frequence d’utilisation du produit et laquantite du produit avec laquelle le travailleur a ete encontact. Le processus d’evaluation a ete standardise. Lesnotes finales de la matrice ont ete obtenues a partir desreponses du comite d’evaluateurs, en utilisant la techniquederivee de la methode Delphi et validees par le comited’experts.Resultats.– La construction de la MEE specifique de l’etablis-sement AREVA NC Pierrelatte s’appuie sur le travail de 22experts et 353 evaluateurs. La MEE finale met en correspon-dance 232 postes periodes existant entre 1960 et 2006 et 22categories de produits utilises dans l’etablissement. Lesproduits uraniferes sont classes en six categories selon leurpurete chimique et leur transferabilite dans les tissus bio-logiques. L’examen de la MEE par le comite d’experts montreune coherence interne satisfaisante et constitue sa premierevalidation.Conclusion.– Dans le contexte d’absence des donnees indi-viduelles d’exposition, la MEE, periode et site specifique,constitue une alternative valide d’evaluation retrospectivede l’exposition. Cette methode peut etre transposee ad’autres etablissements de l’industrie nucleaire francaiseet permettra des nouvelles investigations epidemiologiqueschez les travailleurs.

Qualite des donnees et estimation du risque. Illustration apartir d’une etude. Cas-temoins sur les facteurs de risqueprofessionnels du cancer du reinB. Charbotel, J. Fevotte, A. BergeretUMRESTTE universite Claude-Bernard Lyon-1

L’evaluation retrospective des expositions professionnelles

par expert, realisee a partir d’un descriptif de carriere, amontre son efficacite dans de nombreuses etudes. Cepen-dant, la qualite des donnees recueillies influence la qualite del’evaluation et donc potentiellement les resultats de l’etude,en reduisant les biais de classement. Nous illustrons cepropos a partir des resultats d’une etude sur l’expositionau trichloroethylene et le cancer du rein.Methode.– Cette etude cas-temoins retrospective a eterealisee dans une region ou la prevalence de l’expositionau trichloroethylene est forte. Une matrice tache–exposi-tion a ete construite pour evaluer les expositions dessujets. Des informations sur les circonstances de travailetaient recueillies lors d’un entretien telephonique etpermettaient d’attribuer pour chaque periode profession-nelle un niveau d’exposition defini par la matrice. Afind’augmenter la puissance statistique de l’etude, les sujetsdecedes ont ete inclus (donnees professionnelles recueil-lies aupres des proches) et aucune limite d’age n’a etefixee. Ces elements ont ete pris en compte au moment del’analyse de meme que le niveau de confiance des evalua-tions.Resultats.–

Conclusion.– L’inclusion de sujets decedes complique lerecueil des donnees et ne permet pas le recueil d’informa-tions fiables. L’augmentation apparente de la puissancestatistique s’effectue au detriment de la qualite des donneeset de la fiabilite de l’evaluation des expositions et donc tresprobablement de l’estimation du risque. L’exclusion desperiodes professionnelles les moins fiables abaisse les ORet reduit leur significativite. Ceci est lie principalement a unefrequence superieure de periodes professionnelles fiableschez les temoins.

NE = non expose ; PP = periode professionnelle.

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Conditions de travail et sante des salaries dans les centresd’appelsB. Charbotel, S. Leydier, M. Vohito, L. Renaud, J. Jaussaud,C. Bourboul, D. Ardiet, I. Imbard, A.-C. Guerin, A. BergeretUMRESTTE universite Claude-Bernard Lyon-1

Objectif.– Decrire les conditions de travail des salaries descentres d’appels telephoniques et leur retentissement sur lasante, en identifiant des situations professionnelles a risque.Methode.– Il s’agit d’une etude transversale realisee au coursd’une visite annuelle du travail par autoquestionnairerecueillant des donnees sur les conditions de travail (des-cription des conditions de travail et questionnaire de Kara-sek) et sur la sante des salaries. Les signes de detressepsychologique ont ete recherches avec deux scores basessur le GHQ-12 : le score de GHQ qui s’etend de 0 a 12 et lescore de Likert qui s’etend de 12 a 36.Resultats.– Pres de 50 medecins du travail ont participe acette etude et inclus au total 2130 sujets. Dix-huit salaries ontrefuse de participer. Deux entreprises du secteur bancaireont refuse que l’etude soit proposee a leurs salaries. Lors dela realisation de l’etude, environ 8000 salaries de l’agglo-meration lyonnaise travaillaient dans des centres d’appels.La population etudiee est composee d’une majorite de fem-mes, l’age moyen est de 32,4 ans, generalement assez qua-lifiees. Les teleoperateurs realisent majoritairement untemps plein reparti sur cinq jours. La duree des appels estimposee par l’organisme pour 50 % des sujets, la prised’appels etant « libre » pour 62 % d’entre eux. Sur l’ensemblede la population, la latitude decisionnelle moyenne est de57,2 (� 12,6). La demande psychologique atteint 23,3 (� 4,0)et le soutien social est de 23,6 (� 3,5). Au cours des 12 derniersmois, 59,3 % des teleoperateurs ont eu au moins un arretmaladie et se sont arretes en moyenne 13 jours dans l’annee.Selon le score du GHQ-12 classique, 35,9 % de la populationetudiee presente un niveau modere ou eleve de detressepsychologique. Selon le score de Likert, 39,4 % des teleopera-teurs presentent une possible souffrance mentale et 8,3 % ontun score traduisant une souffrance mentale importante. Cer-tains facteurs semblent accroıtre le risque de souffrancementale, des facteurs individuels (sexe, problemes fami-liaux...) ou professionnels (le temps de travail impose, l’impos-sibilite de respecter a la fois la qualite et la quantite de travail aaccomplir, les tensions avec les clients, les remarques nega-tives de la hierarchie et le manque de reconnaissance).Conclusion.– Les niveaux de latitude decisionnelle observessont particulierement faibles, alors que les niveaux dedemande psychologique sont eleves. Les signes de souf-france mentale sont aussi frequents que dans des centresd’appels en Grande-Bretagne et plus frequents que dans le

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secteur de la grande distribution en France. Cependant, enidentifiant les principaux facteurs de risques professionnels,cette etude apporte des pistes d’amelioration des conditionsde travail et de prevention.

Relations entre l’exigence des activites professionnelleset l’accident du travail dans la population active lorraineN. Chau, E. Bourgkard, A. Bhattacherjee, J.-F. Ravaud, M. Choquet,J.-M. Mur, groupe LorhandicapInserm Nancy, Paris ; universite Paris-Sud, universite Paris Descartes,Paris ; INRS Vandœuvre-les-Nancy

Objectif.– Etudier les relations entre l’exigence des activitesprofessionnelles et l’accident du travail avec arret (AT) dansla population active lorraine.Methode.– Ce travail fait partie d’une enquete sur les han-dicaps en Lorraine. L’echantillon contient toutes les person-nes de � 15 ans, appartenant a 8000 menages, selectionnesde facon aleatoire en Lorraine (taux de participation desmenages 44 %). Au total, 6234 sujets ont complete un auto-questionnaire postal. Cette etude est limitee aux 2888 per-sonnes en activite professionnelle. Les activites profession-nelles jugees tres penibles par le sujet sont : travail enhauteur, manipulation d’objets, usage d’outils pneumati-ques, autres outils vibrants, machine–outil, marteau, travailaux intemperies, charge physique, plateformes avec vibra-tions, posture de travail penible, rythme du travail, froid,chaleur et bruit. Les donnees sont analysees avec l’analyse encomposantes principales et les odds-ratios ajustes (ORa)calcules avec le modele logistique.Resultats.– Au total, 9,2 % des sujets ont eu un AT durant lesdeux dernieres annees. Les OR bruts, associes aux differentesactivites professionnelles, varient de 1,7 a 3,9. Ces activitessont unidimensionnelles. Le calcul du score d’exposition SE(nombre cumule d’activites) est donc valide. Une forte rela-tion exposition–reponse a ete observee entre SE et l’AT : OR :1,9 (IC 95 % : 1,2–2,9) pour SE = 1,4,4 (3,0–4,5) pour SE = 2–3 et9,9 (6,7–14,7) pour SE � 4 compare a SE = 0. Ces OR dimi-nuent a 1,7 ; 3,7 et 7,1 respectivement, apres ajustement surles cofacteurs (sexe, age, habitude tabagique, troubles mus-culo-squelettiques, et consommation frequente de medica-ments contre la fatigue). Les facteurs suivants ont un ORa

significatif : age < 30 ans (1,5), sexe masculin (1,6), fumeuractuel (1,6), troubles musculo-squelettiques (1,5), consomma-tion de medicaments contre la fatigue (2,0). Le risque d’ATassocie a SE est 2 fois plus eleve chez les plus de 40 ans etchez les sujets consommant des medicaments contre lafatigue. L’obesite a un ORa de 2,0 pour les plus de 40 anset une surconsommation d’alcool a un ORa de 2,4 pour lessujets n’ayant pas de maladie.

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Conclusion.– Ce travail identifie certaines activites profes-sionnelles liees a l’accident du travail et elucide le role dustyle/conditions de vie. L’interpretation des resultats devraitetre faite avec prudence a cause du biais possible lie a laparticipation et a l’usage d’un auto-questionnaire. Les mesu-res preventives sont necessaires pour reduire les activitesprofessionnelles etudies et aider les travailleurs a etreplus conscient des risques associes et a ameliorer leurstyle/conditions de vie.

Mise en place de la cohorte des salaries ligeriens« COSALI »E. Chirona, Y. Roquelaurea, C. Hab, A. Touranchetc, A. Leclercd,M. Goldbergb, E. Imbernonba Unite associee InVS, laboratoire d’ergonomie et d’epidemiologie ensante au travail, Angers ; b departement sante travail, institut de veillesanitaire, Saint-Maurice ; c inspection medicale du travail des Pays-de-la-Loire, Nantes ; d Inserm unite 687, Saint-Maurice

Objectif.– La mise en œuvre d’un suivi des salaries ayantparticipe a la phase pilote du reseau de surveillance epide-miologique des troubles musculo-squelettiques (TMS) desPays-de-la-Loire entre 2002 et 2004, regroupes au sein d’unecohorte baptisee COSALI (cohorte des salaries ligeriens), visea decrire leur evolution medicale et professionnelle, qu’ilsaient ou non presente un TMS lors de leur premiere parti-cipation. Cette cohorte a notamment l’objectif d’identifierles nouveaux cas de TMS et de decrire l’evolution desprincipaux facteurs d’exposition professionnelle selon lesecteur d’activite et la profession. Ce suivi a aussi pourobjectif d’etudier plus precisement le pronostic medical etprofessionnel des salaries chez lesquels un TMS de l’epauleavait ete diagnostique lors de la phase pilote.Methode.– Grace a la participation de 83 medecins du travailde la region, 3710 salaries, selectionnes par tirage au sort, ontparticipe a la phase pilote du reseau de surveillance entre2002 et 2004. Ces salaries ont recu en juin 2006 uneplaquette d’information leur presentant les principaux resul-tats de la phase pilote et les objectifs du suivi. En 2007, lerecueil des donnees s’est base uniquement sur un auto-questionnaire envoye au domicile des salaries au mois defevrier. En 2008, un questionnaire simplifie sera propose etassocie a un nouvel examen clinique qui sera realise par lemedecin du travail selon les criteres diagnostiques duconsensus europeen Saltsa. Les 274 salaries ayant presenteun TMS de l’epaule lors de la phase pilote se voient, quant aeux, proposer un suivi plus complet, associant un autoques-tionnaire enrichi et un examen clinique des l’annee 2007.Resultats.– Trois mois apres les envois des autoquestionnai-res, le taux de retour spontane sur l’ensemble de la cohorte

s’elevait a 40 %. Trois mois plus tard, il atteignait 53 % suite aune premiere relance. Parmi les salaries ayant presente unTMS de l’epaule, 168 nous ont renvoye leur autoquestion-naire (61 %) et 63 examens cliniques ont ete realises par lemedecin du travail (23 %). Les premieres analyses des auto-questionnaires « epaule » revelent que les symptomes sontapparus de maniere progressive pour les trois quarts dessalaries et que 65 % d’entre eux ont connu une evolutiondefavorable depuis 2002 (symptomes identiques ou en aug-mentation).Conclusion.– Une seconde relance va etre effectuee aupresdes salaries, afin d’augmenter le retour des autoquestion-naires. La sollicitation des medecins du travail et des servicesde sante au travail se poursuit pour minimiser le nombre deperdus de vue et organiser la realisation des examens clini-ques de 2008. La cohorte COSALI permettra de disposer dedonnees longitudinales inedites sur les TMS.

Exposition au styrene et atteintes psychocognitivesD. Chouanierela, M. Heryb, R. Colinl, M. Fournier, C. Bertrand,V. Baudinl, D. Rousselle, A. Charpentierc, M.-F. Noelda Institut national de recherche et de securite ; b direction scientifique,departement epidemiologie en entreprise, INRS ; c service medical del’entreprise A, medecin du travail de l’entreprise B (EBO Systems)

Objectif.– Les effets neurotoxiques du styrene font l’objet decontroverses et de VME differentes selon les pays. L’etudepresentee ici visait a mettre en relation, en dehors de touteexposition aigue (facteur confondant de nombreuses etu-des), l’exposition subaigue et chronique a faibles doses« 215 mg/m3 », VME francaise) et une atteinte du systemenerveux central (SNe).Methode.– Il s’agit d’une etude transversale avec mesurequantitative de l’exposition et des effets sur le SNC. Pourchaque salarie, ont ete evaluees : (1) pour l’exposition, laduree (d’apres le curriculum laboris) et l’intensite (7 a 9mesures des concentrations urinaires des marqueurs biolo-giques du styrene et 2 mesures d’ambiance par badges ensemaine 1), (2) pour les effets sur le SNC, le lundi matin de lasemaine 2, apres 48 h de non exposition, les performancesdes fonctions cognitives connues pour etre deteriorees parles solvants (vitesse de reaction, capacite attentionnelle,memoire et apprentissage) au moyen de tests informatises,une vingtaine de facteurs de confusion connus pour agir surles fonctions cognitives (age, genre, niveau scolaire, medi-caments psychoactifs, antecedents du SNC, etc.).Resultats.– Deux cent soixante-quatre salaries, provenant de3 entreprises differentes, ont participe a l’etude. La mono-exposition au styrene ainsi que les faibles niveauxd’ambiance ont ete obtenus (entre 12 et 152 mg/m3 selon

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les sites). Les effets connus des principaux facteurs deconfusion pour les scores des tests ont bien ete retrouves.Les modeles de regression ajustes mettent en evidence lesrelations dose–effet, statistiquement significatives entre lesindicateurs d’exposition decrivant l’exposition habituellependant une semaine au poste de travail ou residuelle dulundi matin et la deterioration des scores de tests dememoire et d’apprentissage.Conclusion.– Ces resultats illustrent qu’au cours d’une vieprofessionnelle ou l’exposition au styrene est quotidienne,les salaries ont une diminution de leurs performances« memoire » et « apprentissage » qui persiste au-dela de48 h sans exposition et correspond a un effet 2 a 3 fois plusimportant que celui de l’age.

Prevalence des troubles de sante mentale etconsequences sur l’activite professionnelle en Francedans l’enquete « Sante mentale en population generale :images et realites (SMPG) »C. CohidonUnite mixte de recherche epidemiologique et de surveillance transporttravail environnement (UMRESTTE), departement sante travail (DST),institut de veille sanitaire (InVS)

Objectif.– L’objectif de cette etude est d’estimer la prevalencedes differents troubles mentaux selon le groupe sociopro-fessionnel et d’en decrire les consequences sur l’activiteprofessionnelle.Methode.– L’enquete internationale SMPG, pilotee parl’Association septentrionale d’epidemiologie psychiatriqueet le centre collaborateur de l’OMS pour la recherche et laformation en sante mentale (Lille), s’est deroulee en Franceentre 1999 et 2003. Les donnees ont ete mises a dispositiondu DST de l’InVS. L’echantillon comportant 36 000 personnesentre 18 et 75 ans a ete constitue par la methode dite des« quotas » sur les variables suivantes : age, sexe, groupesocioprofessionnel et niveau d’education. La population de lapresente etude est restreinte aux actifs (21 086 personnes).Les donnees ont ete recueillies par enqueteur ; la santementale a ete evaluee par l’outil diagnostic Mini. Les conse-quences sur l’activite professionnelle ont ete explorees pardeux questions : « ce probleme gene t-il votre travail ? » et« avez-vous cesse de travailler a cause de ce probleme ? »Resultats.– Les troubles anxieux sont les plus frequents avecdes prevalences de 17 % chez les hommes et 25 % chez lesfemmes. Les troubles de l’humeur concernent environ 11 %des hommes et 16 % des femmes. Quel que soit le trouble, lesgroupes socioprofessionnels des employes et des ouvrierspresentent les plus fortes prevalences. L’existence d’unegene dans l’activite professionnelle est declaree par environ

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50 % des personnes interrogees (41 % souffrant d’anxietegeneralisee, 63 % d’agoraphobie), les prevalences variantselon le sexe, le groupe socioprofessionnel et le trouble.Une interruption du travail est declaree dans 12 a 50 %des cas (respectivement, anxiete generalisee et dysthymie).Conclusion.– Malgre certaines limites methodologiques, cesdonnees ont permis de decrire globalement les consequen-ces de l’existence d’un trouble de sante mentale sur la vieprofessionnelle des actifs. L’ensemble de ces connaissancesn’etait jusqu’a present pas disponible a l’echelon national.

Suivi longitudinal d’une population de boulangersindustrielsV. Demange, R. Colin, P. Wild, M. Hery, N. MassinInstitut national de recherche et de securite

Introduction.– La population des boulangers est a risqued’asthme professionnel. Une etude precedente a montreune frequence accrue d’hyperreactivite bronchique (HRB)au test de provocation a la metacholine chez des boulangerspar rapport a des sujets non exposes a la farine.Objectif.– Suivre cette population pour savoir si l’HRB etaitpredictive d’une obstruction bronchique.Methode.– Une etude longitudinale a ete realisee de 1992 a2005. Les exposes etaient des boulangers repartis en2 groupes : A, plus expose, avec inclusion en 1992, suivi en1994, 1996, 2001, 2003 et 2005 et B, moins expose, regrou-pant 3 boulangeries avec inclusion en 2001 et suivi en 2003 et2005. Les non exposes etaient des personnes de la memecategorie socio-professionnelle, non exposes a un risquerespiratoire, inclus en 1992 et 2001 et suivis en 2001, 2003et 2005. La mesure de l’exposition professionnelle etait unemesure des concentrations de poussieres inhalables parprelevements individuels. A chaque visite, les sujets ontbeneficie d’un questionnaire de symptomes respiratoires,de tests cutanes aux allergenes communs, d’une epreuved’expiration forcee et d’une version abregee du test deprovocation a la metacholine. L’evolution du volume expi-ratoire maximal en une seconde (VEMS) a ete modelisee parregression lineaire a effets aleatoires et la survenue d’uneHRB par regression logistique a effets aleatoires selon l’expo-sition et des facteurs de confusion.Resultats.– Cent cinquante-neuf exposes (A = 95, B = 64) et89 non exposes ont ete inclus. Le risque de survenue d’uneHRB est augmente de facon statistiquement significative parla duree d’exposition dans les 2 groupes, seule variablecaracterisant l’exposition ayant un effet statistiquementsignificatif (A : ORa = 2,8 [1,68–4,82] ; B : ORa = 2,3 [1,05–4,90] pour 10 ans d’exposition) et par la presence d’uneatopie cutanee (ORa = 5,5 [1,90–16,0]) ou d’antecedents

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d’asthme ou d’eczema de l’enfance (ORa = 3,7 [1,04-13,1]),mais pas par le tabagisme (modele ajuste sur le sexe). Letabagisme entraıne la perte de pres de 6 mL par an du VEMSpar paquet annee (p = 0,012). Les sujets du groupe A ontpresente une baisse du VEMS de pres de 22 mL par an(p < 0,001) s’ils avaient une HRB au premier examen et depres de 14 mL s’ils n’en avaient pas (modele ajuste sur le sexe,l’age par sexe, la taille par sexe et l’operateur). Ce n’etait pasle cas de facon statistiquement significative pour les sujetsdu groupe B.Conclusion.– La duree d’exposition est un facteur de risque dedevelopper une HRB. L’HRB au premier examen et la dureed’exposition entraınent une baisse du VEMS.

Surveillance des donnees du reseau national de vigilanceet de prevention des pathologies professionnelles :elaboration d’une methode statistique ORIGINALE pour lesuivi des expositions a des nuisances multiplesL. Faisandiera, V. Bonneterrea,b, R. De Gaudemarisa,b, D.-J. Bicoutaa Equipe environnement et prediction de la sante des populations, UFRmedecine domaine de la Merci, laboratoire TIMC-IMAG, 38706 LaTronche cedex ; b service de medecine et sante au travail, centrehospitalier universitaire de Grenoble, BP 217, 38043 Grenoble cedex 09

Introduction.– Le Reseau national de vigilance et de preven-tion des pathologies professionnelles (RNV3P) recueille,depuis 2001, l’ensemble des observations issues des consul-tations de pathologies professionnelles des CHU de Francemetropolitaine, soit plus de 30 000 observations structureesenregistrees a ce jour. Parmi les informations precisees, lapathologie et un cortege d’une a cinq nuisances. Afin decompleter les analyses descriptives usuelles, differentesmethodes originales d’analyse de donnees sont appliqueesaux donnees du RNV3P, dans le but de mettre en evidencedes agregats de cas et de les soumettre aux experts pourevaluer leur pertinence. Ainsi, des methodes de dataminingissues de la pharmacovigilance ont deja ete testees et pre-sentees.Objectif et methode.– L’objectif de ce travail est de presenterl’interet de l’application d’une methode statistique originaleaux donnees du RNV3P, qui consiste a mettre en relation descas pathologiques presentant au moins une nuisance pro-fessionnelle commune. Cette methode produit un reseau decas pathologiques connectees par les nuisances, baptiseexposome, inspire des interactomes utilises en biologie pourdecrire les reseaux d’interactions entre proteines ou acidesamines ou en sociologie pour decrire des reseaux sociaux.Resultats.– Cette methode a ete testee sur des sous-echan-tillons issus du RNV3P. L’analyse des donnees cumulees, 2001a 2005, donne une representation graphique des situations

enregistrees dans le reseau et des liens (connections) entregroupes partageant une meme nuisance. La dynamique dece reseau est ensuite analysee dans le temps en projetant surle reseau obtenu les donnees de 2006 et en observant lesapparitions, modifications et disparitions de connections.L’interet de cette methode est illustre aux moyens de plu-sieurs exemples. Ainsi, l’exposome de la sclerodermie mon-tre 3 agregats de situations definis, chacun par une nuisancecommune (solvants organiques, solvants chlores et silice),ainsi qu’un certain nombre de situations isolees, indepen-dantes des ces trois groupes car n’ayant aucune nuisance encommun avec les autres situations. La projection des don-nees 2006 sur cet exposome montre a la fois la surimpres-sion de situations au sein des agregats connus et l’apparitionde nouvelles associations de cette pathologie avec d’autresnuisances professionnelles, notamment un nouvel agregatavec la nuisance vibrations.Conclusion.– Le premier interet de l’application de cettemethode aux donnees du RVN3P est l’identification desgroupes de situations pathologiques, partageant une nui-sance commune et la visualisation des connections entre cesdifferentes situations. Le deuxieme enjeu est d’utiliser l’ana-lyse de la dynamique temporelle de ces connections a desfins de vigilance, en particulier pour detecter des maladiesemergentes.

Validite du questionnaire de type « Nordique » dans lasurveillance des TMS du membre superieurA. Descathaa,b, Y. Roquelaurec, C. Had, A. Aublet-Cuveliere,A. Touranchetf, A. Leclerca, les medecins du travail impliques dansles etudes ANACT-Inserm et Pays-de-la-Loirea Inserm U687, St-Maurice (IFR69/UVSQ) ; b unite de pathologieprofessionnelle, AP–HP, Garches ; c LEEST, Angers ; d DST, InVS,St-Maurice ; e INRS, Vandœuvre ; f DRTE-FP, Nantes

Objectif.– Notre objectif est de comparer les resultats d’unquestionnaire de type « Nordique » et d’un examen cliniquestandardise a partir des donnees de deux etudes menees enFrance sur les TMS du membre superieur (TMS-MS), maisdont les populations etaient differentes.Methode.– L’etude ANACT-Inserm a ete menee sur 1757salaries en 1993 a 1994 fortement exposes aux gestes repe-titifs, dont 598 ont ete revus en 1996 a 1997. L’etude « Pays-de-la-Loire » se base sur les resultats 2002 a 2003 du reseaupilote de surveillance des TMS-MS et comprend 2685 sujetsinclus, representatifs de la population salariee. Dans les deuxetudes, chaque salarie a beneficie d’un auto-questionnairede type « Nordique » (avec une echelle d’intensitedes douleurs pour l’etude « Pays-de-la-Loire ») et d’unexamen clinique standardise, soit complet pour l’etude

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ANACT-Inserm, soit restreint aux pathologies les plus fre-quentes. La validite en terme de sensibilite, specificite,valeurs predictives a ete etudiee en prenant l’examen cli-nique comme methode de reference.Resultats.– La prevalence des TMS-MS a l’examen clinique estdifferente entre les deux etudes : de 70,7 % pour l’etudeANACT-Inserm en 1996 a 97 a 12,8 % pour l’etude Pays-de-la-Loire, tout comme la proportion de questionnaire de type« Nordique » positif (82,3 et 27,2 %, respectivement).La sensibilite du questionnaire de type « Nordique » estrelativement bonne et constante dans ces deux etudes (de82,3 a 100 %). La specificite varie de 81,4 et 77,7 % pour l’etudeANACT-Inserm a 51,1 % dans l’etude « Pays-de-la-Loire » ; maisremontant a 81,1 % lorsque les periodes d’evaluations duquestionnaire et de l’examen clinique sont identiques.L’echelle d’intensite permet d’ajuster le niveau de sensibiliteet de specificite.Conclusion.– Notre etude suggere que les questionnairessont utiles pour la surveillance systematique des TMS-MS,en complement d’un examen clinique lors de la visite de lamedecine du travail.

Aide au codage des episodes professionnels : presentationde l’outil CAPSB. Geoffroy-Pereza, G. Santina, G. Palmerb, M. Cartonc, P. Rollanda,A. Guilleta, C. Pilorgetaa Institut de veille sanitaire, Saint-Maurice, France ; b ISPED, universiteVictor-Segalen Bordeaux-2, Bordeaux, France ; c Inserm, U687, 94410Saint-Maurice, France – equipe RPPC du Cetaf, 94410 Saint-Maurice,France – IFR69, 94807 Villejuif, France

Contexte.– La description d’expositions ou de pathologies parprofession ou par secteur d’activite est une des approches lesplus classiques pour la surveillance des risques profession-nels. Ces etudes necessitent un codage standardise desprofessions et secteurs d’activite a partir des nomenclaturesnationales (professions et categories socioprofessionnelleset nomenclature d’activites francaise) et internationales(classification internationale type de professions et classifi-cation internationale type par industrie), afin de limiter leserreurs de classement des individus et permettre la compa-raison des resultats issus de differents travaux. Des outilspermettent, en outre, d’attribuer aux episodes profession-nels codes, des caracteristiques d’exposition a certainesnuisances (matrices emplois–expositions). Or cette activitede codage est complexe et les personnes specialisees dans lecodage, d’informations recueillies par questionnaire, sontrares.Objectif.– En partenariat avec l’ISPED et l’Unite 687 Inserm–CNAMTS, le departement sante travail (DST) de l’InVS met au

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point un outil informatique d’aide au codage, permettant al’utilisateur de coder en face a face ces informations pro-fessionnelles. Le codage en face a face permettra de recueillira la source des informations professionnelles standardisees,tout en ameliorant la qualite du codage par l’obtention,aupres de la personne enquetee, des precisions qui fontsouvent defaut lors du codage a posteriori.Methode.– Cet outil, actuellement en cours de developpe-ment, fonctionnera selon un mode interactif et selon lalogique de codage utilisee par les codeurs professionnels.Disponible en ligne sur le site de l’InVS des la fin de l’annee2008, cet outil s’adressera aux professionnels de la sante autravail et sera egalement utilise dans le cadre des etudesmenees par le DST ou par ses partenaires. Plusieurs modes derecherche seront proposes. Le mode « navigation » permettrade rechercher dans l’arborescence des nomenclatures fran-caises et internationales et s’adressera aux utilisateursconfirmes. Le mode « expert » permettra de retrouver ladescription d’une profession ou d’un secteur, a partir de soncode. Enfin, le troisieme mode d’interrogation consistera enune recherche a partir de mots-cles saisis par l’utilisateur etpermettra a ce dernier d’operer un choix parmi les proposi-tions correspondantes. L’utilisation de cet outil necessiteraune formation initiale a partir d’un guide, egalement mis adisposition des utilisateurs sur le site de l’InVS.Conclusion.– Le codage des professions et des secteurs d’acti-vite, actuellement entierement manuel, est tres lourd etl’information recueillie par questionnaire n’est pas toujourssuffisante pour caracteriser les professions avec la qualitesouhaitee. Le codage en face a face permettra de faciliter lecodage et d’en ameliorer la qualite. A terme, le codage enligne des episodes professionnels devrait, en outre, permet-tre de coupler des historiques professionnels avec les matri-ces emplois–expositions disponibles, afin de determiner lesexpositions professionnelles d’un individu au cours de sonparcours professionnel.

Lombalgie et exposition professionnelle dans lapopulation francaiseJ. Gourmelen, J.-F. Chastang, J.-L. Lanoe, A. Ozguler,I. Niedhammer, A. LeclercInserm unite 687, IFR69, 14, rue du Val-d’Osne, 94415 Saint-Mauricecedex

Objectif.– Etudier la relation entre la lombalgie et les facteursd’exposition professionnelle, a partir des donnees del’enquete decennale sante 2002 a 2003 (Insee).Methode.– La population cible de l’enquete decennale santeest representative de l’ensemble des « menages ordinaires »residant en France metropolitaine. L’echantillon d’etude est

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constitue de 8484 personnes actives, agees de 30 a 59 ans.Les lombalgies ont ete evaluees a partir de la version fran-caise du questionnaire nordique. Deux definitions de lalombalgie ont ete retenues : lombalgie au moins un jourdans les 12 derniers mois et lombalgie de plus de 30 joursdans les 12 derniers mois. Deux facteurs d’exposition pro-fessionnelle etaient disponibles dans l’enquete : posturespenibles ou fatigantes a la longue et port de charges lourdes.Des ponderations ont permis d’estimer les prevalences« France entiere ». L’association entre la lombalgie et lesfacteurs d’exposition professionnelle a ete exploree selon lesexe, par regression logistique avec ajustement sur les fac-teurs personnels (age, indice de masse corporelle, consom-mation de tabac et taille) et psychosociaux (latitudedecisionnelle et demande psychologique).Resultats.– La prevalence de lombalgie « au moins un jour »(hommes et femmes confondus) augmente avec la dureed’exposition. Pour l’exposition aux postures penibles oufatigantes, cette prevalence varie de 50,2 % pour les per-sonnes non exposees a 69,1 % pour une duree d’expositionde plus de 20 annees. Pour le port de charges lourdes, lesfrequences correspondantes sont 49,8 et 73,8 %. De meme, laprevalence de la lombalgie « de plus de 30 jours » (hommeset femmes confondus) varie de 12,0 a 28,7 % selon la dureed’exposition a des postures penibles ou fatigantes a lalongue et de 11,8 a 30,4 % pour le port de charges lourdes.Les deux facteurs d’exposition professionnelle sont signifi-cativement associes a la lombalgie d’au moins un jour et a lalombalgie de plus de 30 jours chez les femmes et chez leshommes, avec ajustement sur les facteurs personnels etpsychosociaux.Conclusion.– Diverses etudes ont deja mise en evidence lepoids des facteurs d’exposition professionnelle sur les lom-balgies dans des populations de salaries. Cette etude montrequ’en population generale, les facteurs d’exposition profes-sionnelle jouent aussi un role dans les lombalgies. La pre-vention est donc importante dans l’ensemble de lapopulation francaise.

Etude d’incidence de cancers dans un atelier defabrication d’hydroquinone et de catecholM. Range-Daval, B. Charbotel, B. Despres, A. BergeretUnite mixte de recherche epidemiologique et de surveillance transporttravail environnement (UMRESTTE)

Objectif.–Notre travail a eu pour but de comparer l’incidencede cancers dans la population d’un atelier de production del’industrie chimique a celle de la population generalefrancaise. Cette etude a ete realisee dans un contexted’inquietude des salaries vis-a-vis de l’hydroquinone

notamment. Ce produit a ete classe categorie 3 des muta-genes et cancerogenes de la classification europeenne :substance preoccupante pour l’homme en raison d’effetscancerogenes/mutagenes possibles, mais pour laquelle lesinformations disponibles ne permettent pas une evaluationsuffisante.Methode.– Nous avons tout d’abord identifie tous les cas decancers portes a notre connaissance dans la population del’atelier. Nous avons ainsi retrouve 15 cas de cancers de diverssites.Nous avons reconstitue la population cohorte comprenanttous les salaries de l’entreprise ayant travaille en productiondans l’atelier concerne au moins 6 mois entre 1972 et 2006.Nous avons ainsi identifie 219 personnes, tous des hommes.Nous avons ensuite calcule les incidences des cancers danscette population et avons compare les taux d’incidence aceux de la population francaise generale, grace au SIR.Resultats.– Notre etude ne confirme pas d’exces significatifde cancer, quel que soit le site. Nous avons cependantretrouve 2 cas de cancers du rein observes pour 1,05 attenduet 3 cas de cancers de vessie pour 1,66 attendus, mais tousdeux avec des SIR non significatifs. Nous avons aussi calculele SMR, en retrouvant le statut vital des personnes grace auxdonnees de l’etat civil. Le SMR, toutes causes confondues, aete retrouve a 0,67 [0,40–1,04] montrant une sous-mortaliteproche de la significativite.Conclusion.– Il est tres probable que le nombre de cas decancers rapportes soit sous-estime, ceci etant inherent aumode de recrutement de ces cas. Il semble peu envisageablede realiser une etude d’incidence avec recherche exhaustivede tous les cas de cancers dans la population de l’atelier.

« ESPRI » : surveillance post-professionnelle des artisansayant ete exposes a l’amianteJ. Homerea, P. Rollanda, S. Audignon-Durandb, M. Tanguyc,M.-N. Vibetc, F. Sardinc, P. Rumeauc, W. Royc, P. Brochardb,S. Deschaumec, C. Blum-Boisgardc, M. Goldberga, E. Imbernonaa Departement sante travail, institut de veille sanitaire, Saint-Maurice ;b consultation de pathologie professionnelle, hopital Pellegrin,Bordeaux ; c regime social des independants

Objectif.– Le programme Espri (epidemiologie et surveillancedes professions independantes) a pour objectif de mettre enplace une surveillance post-professionnelle des artisans :(i) par le reperage des personnes ayant ete exposees al’amiante au cours de leur carriere professionnelle, afin deles faire beneficier d’un suivi medical ; (ii) par la realisationdu suivi epidemiologique de la cohorte ainsi constituee.Ce programme est coordonne par l’institut de veillesanitaire (InVS) en partenariat avec le Regime social desindependants (RSI).

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Methode.– Une phase pilote a ete mise en place en 2005aupres des 2334 artisans des regions Aquitaine, Limousin etPoitou-Charentes ayant pris leur retraite en 2004. La metho-dologie s’est appuyee sur l’etude « Espaces » (2001) et lesrecommandations de la Conference de consensus de 1999sur les modalites du suivi medical. Un autoquestionnairepostal permet de reconstituer la carriere professionnelle dessujets ; l’exposition a l’amiante est evaluee par des expertsen sante au travail. Un suivi medical est propose aux retraitesle justifiant (niveau d’exposition « intermediaire » et « fort »),incluant la realisation d’un scanner thoracique lors du bilande reference.Resultats.– Apres relance, le taux de reponse au question-naire postal s’est eleve a 67 %. Conformement a la popula-tion cible, les repondants, en majorite des hommes (87 %),sont ages en moyenne de 61 ans apres avoir effectue unecarriere professionnelle de 43 ans. Apres expertise de chacundes calendriers professionnels, un bilan medical a ete pro-pose aux trois quarts des repondants (1155 sujets). Parmi eux,pres d’un sur deux a initie son bilan, le plus souvent, aupresd’un medecin generaliste. Ce bilan a revele la presence d’aumoins une anomalie pouvant avoir un lien avec l’amiantepour un quart des 313 sujets pour lesquels l’ensemble desdonnees est disponible. Les premieres estimations de laprevalence de l’exposition chez les hommes dans la popula-tion des artisans retraites du RSI ont indique qu’environ unsujet sur deux a ete expose a l’amiante pendant 25 ans enmoyenne au cours de sa carriere professionnelle.Conclusion.– Le programme Espri d’intervention et de sur-veillance epidemiologique a, dans sa phase pilote, largementatteint son objectif de reperage et de suivi des artisansretraites ayant ete exposes professionnellement a l’amiante.L’InVS a recommande la generalisation du dispositif au seindu RSI ; une extension est d’ores et deja envisagee a compterde 2008 dans d’autres regions et doit permettre, dans lefutur, de disposer d’un veritable programme de surveillancepost-professionnelle a l’echelle nationale.

Testing neuropsychologique et effets neurotoxiques chezdes travailleurs exposes aux solvants a OranF. Kamen, B. TebbouneService de medecine du travail, CHU d’Oran, boulevard Benzerdjeb,31000 Oran, Algerie

Objectif.– Rechercher une relation entre l’exposition au longcourt aux melanges de solvants et des dysfonctionnementsdu systeme nerveux central.Methode.– Cent trente-sept employes de l’industrie despeintures exposes aux solvants en moyenne depuis 10,18 ans (D.S. : 7,94) ont ete compares a 132 salaries de

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l’industrie laitiere. Chaque participant a repondu a un ques-tionnaire (caracteristiques socio-demographiques, habitudesde vie, elements objectifs des conditions de travail, recherchede facteurs de risques de la pathologie neurocomportemen-tale et Q16 : questionnaire sur les symptomes neuropsychi-ques subjectifs). L’exposition a ete estime a partir d’un indexd’exposition valide. Les performances psychomotrices eva-luees a l’aide de la batterie Neurobehavioral Core TestBatterie (NCTB) OMS/NIOSH. Modelisation selon techniquepas a pas descendante (Sys-Stat. 8) et un seuil de significa-tion de 5 %.Resultats.– Les personnes exposees aux solvants declaraientavoir frequemment (au moins une fois par semaine) plus desymptomes que les non-exposes (p = 0,0002) (memoire,difficultes de concentration, labilite de l’humeur). Cependantla relation avec l’index d’exposition cumulee etait negative.Les exposes etaient moins performants aux tests et lesvariables age, sexe, niveau d’instruction et consommationde cannabis, alcool, tabac intervenaient dans les resultats. Lemodele final realise pour le test temps de reaction simple(aspect concentration/attention) retient l’exposition (OR :1,56 [0,89–2,73]), mais l’age et le niveau d’instruction inter-venaient egalement dans les resultats obtenus a ce test.Conclusion.– Bien que la difference entre exposes et nonexposes ne soit pas franchement significative, l’atteinte descapacites d’attention, de concentration et de memoire (fonc-tions les plus sensibles a un dysfonctionnement cerebral detype toxique) semble expliquee plus par l’exposition que pardes facteurs individuels. La duree d’exposition aux solvantspeut etre avancee comme une hypothese pour expliquer ceresultat.

Etat de sante et situations par rapport a l’emploiE. Labbea, J.-J. Moulina, C. Sassa, C. Chataina, L. Gerbaudba Cetaf, Saint-Etienne, France ; b CHU de Clermont-Ferrand, France

Objectif.– Etudier les relations entre etat de sante, precaritede l’emploi (emplois non stables, a temps partiel, contratsaides) et situation de recherche d’emploi (duree du chomagevariant de < 6 mois a � 3 ans).Methodes.– La population d’etude comporte 842 672 sujets,de 26 a 59 ans, examines entre 2003 et 2005 dans les centresd’examens de sante de l’Assurance maladie. L’etat de santeest mesure par la sante percue (echelle graduee de 0 a 10,dichotomisee en 2 classes), l’obesite (indice de masse corpo-relle � 30) et la presence de dents cariees (� 1 carie nontraitee). Les donnees ont ete analysees par des modeleslogistiques multivaries, ajustes sur l’age, en utilisant lacategorie « emploi stable a temps plein » comme reference(OR = 1).

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Resultats.– Les OR de la perception negative de la santeaugmentent avec la precarite de l’emploi, jusqu’a des valeursde 1,45 [1,38–1,52] (hommes) et 1,78 [1,71–1,86] (femmes) pourle groupe « emploi instable–temps partiel ». Il en est dememe pour la presence de dents cariees (respectivement,1,49 [1,41–1,58] et 1,42 [1,34–1,51]) et pour l’obesite chez lesfemmes (1,66 [1,58–1,78]). Parmi les actifs ayant un emploi, cesont les sujets sous contrats aides qui presentent les risquesles plus eleves (2,31 [2,18–2,45] et 2,12 [2,00–2,23] pour lamauvaise sante percue). Les risques sont egalement pluseleves chez les chomeurs que chez les actifs ayant un emploi.Les OR de l’appreciation negative de la sante augmententprogressivement avec la duree du chomage, allant, chez leshommes, de 2,02 [1,64–2,10] pour les chomeurs de moins de6 mois a 3,33 [3,24–3,42] pour les chomeurs � 3 ans et, chezles femmes, de 1,89 [1,81–1,96] a 2,66 [2,59–2,73]. Les resultatssont similaires pour le mauvais etat dentaire. Les OR del’obesite des femmes en recherche d’emploi varient de 1,66[1,58–1,75] (< 6 mois) a 2,33 [2,25–2,42] (� 3 ans). Ces resultatssont peu modifies par l’ajustement sur la PCS. Parmi toute lapopulation etudiee, les chomeurs n’ayant jamais travaille etles autres personnes sans activite presentent les valeurs d’ORles plus elevees : respectivement, pour la mauvaise santepercue chez les femmes 3,39 [3,21–3,58] et 3,35 [3,27–3,42].Conclusion.– Un gradient social de sante, lie a l’instabiliteprofessionnelle, est mis en evidence. L’etude etant de typetransversal, les relations de causalite entre les variables nepeuvent etre demontrees. Cependant, la similarite des ten-dances entre les indicateurs et la constance de l’ordonnan-cement des risques sont des arguments en faveur derelations de causalite entre l’instabilite professionnelle etles inegalites de sante.

Les effets positifs du travail sur la santeA. LeclercInserm unite 687, IFR69, 14, rue du Val-d’Osne, 94415 Saint-Mauricecedex

Objectifs.– Les effets negatifs du travail sur la sante fontl’objet de beaucoup d’etudes, mais les effets positifs dutravail sur la sante sont moins bien documentes et lesresultats existants sont disperses. L’objectif, ici, n’est pasde presenter l’ensemble des resultats sur ce theme, mais enpriorite de fournir un cadre pour etudier cette question etd’identifier des problemes methodologiques, puis de pre-senter quelques resultats.Methodes.– La recherche a ete menee de facon informelle enexplorant plusieurs themes : inegalites sociales de sante etepidemiologie sociale, pathologie professionnelle, recom-mandations et bonnes pratiques cliniques. Il apparaıt

necessaire de distinguer les effets du travail, en general,(dont les effets negatifs du chomage) et ceux concernant despopulation de malades, pour lesquels les effets positifs dumaintien dans l’emploi ou d’une activite professionnellepeuvent dependre de la pathologie.Resultats.– Concernant la population generale, et malgre desdifficultes methodologiques concernant le sens de la causa-lite, de nombreux travaux mettent en evidence le role positifde l’activite ou du retour au travail apres une periode dechomage. Pour les populations de malades, le retour rapideau travail ou le maintien d’une activite sont globalementconsideres comme ayant des effets positifs, mais les conclu-sions different cependant selon les pathologies et selon lecontenu du travail.Conclusion.– Il est pertinent de s’interroger sur ce que sontles composantes d’un « bon » travail. Dans des situations ouarreter de travailler est envisage (retraite anticipee, inapti-tude), il est necessaire de s’interroger aussi sur le contenu del’alternative au travail (revenus, liens sociaux. . .).

Generalisation du projet EVREST dans les services desante au travail : justification, modalites et resultats despremieres experiencesA. Leroyer, C. Buisset, J.-M. Brillet, M. Tonneau, P. FrimatLaboratoire universitaire de sante au travail, universite Lille-2

Objectif.– Le dispositif de suivi d’indicateurs en sante autravail EVREST (evolutions et relations en sante au travail)ayant montre son efficacite et son utilite dans une grandeentreprise, son utilisation en services inter-entreprises desante au travail a ete evoquee. En effet, une utilisation largede ce dispositif sur un echantillon de salaries permettrait : (1)de disposer d’indicateurs d’exposition et de sante au niveaunational, rendant visible, au niveau collectif, des informa-tions qui restent le plus souvent limitees au cadre du col-loque singulier entre le salarie et le medecin ; (2) auxmedecins d’avoir des references, notamment, par secteursd’activites, leur permettant de s’y referer pour l’etude parti-culiere d’une entreprise dans laquelle des problemes doiventetre quantifies, afin de pouvoir etre mis en debat dansl’entreprise.Methode.– La methodologie a ete elaboree avec les medecinsdu « groupe epidemiologie » du centre interservices de santeet de medecine du travail en entreprise et des chercheurs ducentre de recherches et d’etudes sur l’age et les populationsau travail. L’inclusion et l’interrogatoire des salaries se fontlors du suivi medical systematique de sante au travail, avecun echantillonnage au 1/25. Une procedure de hachage estutilisee pour l’anonymisation des donnees, permettant degenerer un identifiant unique pour chaque salarie, base sur le

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nom, le prenom, la date de naissance, le sexe et le departe-ment de naissance. Cet identifiant permettra un suivi dans letemps pour un meme salarie, lors des re-interrogations par lemedecin du travail lors des visites ulterieures de sante autravail. Une region pilote, le Nord-Pas-de-Calais, a debute, enfevrier 2007, l’utilisation de ce dispositif, avec la mise enplace d’un recueil de donnees papier, puis une saisie viaInternet. Un reseau regional a ete mis en place specifique-ment pour ce projet.Resultats.– Depuis fevrier 2007, les services de sante autravail de la Region sont peu a peu informes du dispositifet de ces potentialites. Au 15 juin, 86 medecins du travail ontdemande a utiliser le dispositif EVREST (sur les 480 medecinsde la Region) ; parmi eux, 43 ont commence a saisir desfiches : 38 enregistrent uniquement l’echantillon demande et5 ciblent en plus des entreprises de leur choix.Conclusions.– L’interet que portent les medecins a ce dis-positif est indeniable et une generalisation du recueil dedonnees est prevue progressivement sur l’ensemble du ter-ritoire a partir de l’automne 2007.

Repartition de la consommation de tabac selon lesmetiers et secteurs : utilisation pour les etudesepidemiologiques en sante et travailD. Lauzeille, M. Ferrand, J.-L. MarchandInstitut de veille sanitaire

Objectif.– Utiliser des donnees recemment produites sur laconsommation de tabac en France par metiers pour inter-preter les resultats d’etudes en milieu de travail, lorsque letabac est un facteur de risque des pathologies etudiees, maisque l’on ne dispose pas d’informations individuelles sur saconsommation.Methode.– Les donnees de l’enquete decennale sante 2002 a2003 de l’Insee ont ete exploitees pour produire une des-cription de la consommation de tabac dans la population parmetier. Ont ainsi ete estimees, par profession et secteurd’activite et selon le sexe et l’age : (i) la proportion defumeurs et d’ex-fumeurs, (ii) la consommation quotidiennemoyenne de tabac des fumeurs et ex-fumeurs, (iii) laconsommation cumulee moyenne des fumeurs et ex-fumeurs. Ces donnees, outre leur interet propre, permettentd’evaluer l’exces attendu d’une pathologie liee au tabac dansune population professionnelle, comparativement a uneautre. Les methodes utilisees pour ce faire reposent sur laconnaissance des profils de consommation de tabac dans lespopulations etudiees (en l’occurrence, les donnees del’enquete decennale sante), et du risque relatif de developperla pathologie chez les fumeurs (donnees de la litteratureutilisees dans d’autres etudes similaires). On peut ainsi

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calculer l’exces de risque attribuable au tabac attendu dansune population et le comparer a l’eventuel exces de casreellement observe. Si ce dernier est plus eleve, l’existenced’autres facteurs de risques (expositions professionnelles,par exemple) gagne en plausibilite.Resultats.– Deux types d’application seront montres. Desexces lies au tabac de cancers du poumon et de la vessieattendus par secteur d’activite ont ete estimes et comparesaux resultats d’une etude de mortalite par secteur d’activitedans la population. Les exces observes dans certains secteurspar rapport aux autres sont souvent superieurs a ces excesattendus. Les donnees de consommation tabagique ontegalement ete utilisees dans des etudes sur des travailleursd’entreprises specifiques, en leur attribuant la consomma-tion du secteur dont ils sont issus. Les exces de cancerattendus ont ete compares aux SMR estimes.Conclusion.– Il n’est pas rare, en epidemiologie des risquesprofessionnels, d’analyser les donnees d’etudes sur despathologies potentiellement liees au tabac dans des popu-lations de travailleurs pour lesquels il n’a pas ete possible derecueillir des informations sur leur consommation indivi-duelle. La PCS est le plus souvent utilisee comme indicateurindirect de cette consommation dans les analyses. Il esttoutefois possible d’avoir une meilleure prise en comptede ce facteur de confusion potentiel, en utilisant des donneesde consommation de tabac dans la population francaise, quisont maintenant disponibles.

Le programme « SPIRALE » de surveillance post-professionnelle des personnes ayant ete exposees a descancerogenes : mise en place et actionsd’accompagnementM. Nachtigala, M. Cartona, J. Fevotteb, P. Rollandb, S. Bonnauda,A. Serranoa, D. Costec, P. Lepinayd, B. Varsate, B. Wadouxf, M. Zinsa,M. Goldbergaa Equipe risques post-professionnels, cohortes du Cetaf, unite 687Inserm–CNAMTS ; b departement sante travail, institut de veillesanitaire ; c centre d’examens de sante de Poitiers ; d centre d’examensde sante d’Orleans ; e centre d’examens de sante de Paris ; f centred’examens de sante de Saint-Nazaire

Objectif.– Construire les outils de formation et d’informationnecessaires a la mise en place du programme Spirale desurveillance post-professionnelle des salaries exposes a descancerogenes pendant leur carriere, visant a terme pres de250 000 hommes par an. A la fois intervention de santepublique et etude epidemiologique, Spirale implique la par-ticipation active de nombreux partenaires sur l’ensemble duterritoire metropolitain. Les outils developpes devaient per-mettre notamment d’homogeneiser et d’objectiver l’evalua-tion des expositions a l’amiante et aux poussieres de bois,

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tout en maintenant un haut niveau de participation despersonnels impliques.Methode.– Une phase pilote de test des procedures a debuteen mai 2006 dans 13 departements francais sur une popula-tion cible de 50 000 personnes. Le circuit reposait sur unpremier filtre par autoquestionnaire postal, saisi par lectureautomatisee et une confirmation des expositions dans lescentres d’examens de sante (CES) de l’Assurance maladie.L’articulation du programme, la specificite de l’exposition al’amiante et la multiplicite des acteurs ont rendu necessairesde nombreuses actions d’accompagnement et le developpe-ment d’outils adaptes (classeurs, CR Rom, Numero vert,Forum Internet. . .).Resultats.– La majorite des procedures testees pourront etrereproduites pour la poursuite et la generalisation du pro-gramme Spirale a la France entiere. Toutes les actionsd’accompagnement ont eu des resultats positifs, avecnotamment l’acquisition de competences durables concer-nant les expositions professionnelles dans les CES partici-pants et une experience de travail collaboratif via Internetinnovante. De plus, le fonctionnement participatif, tout aulong de la mise en place du programme, a suscite uninvestissement accru des differents partenaires.Conclusion.– La phase pilote de Spirale a atteint ses objectifsde reperage et d’accompagnement des anciens salariesexposes a des cancerogenes au cours de leur vie profession-nelle. En parallele, les outils et procedures de formation etd’information developpes pour permettre le fonctionnementa grande echelle du programme pourront non seulementetre utilises pour la poursuite de Spirale, mais aussi etreadaptes a d’autres interventions de sante publique ou etudesepidemiologiques.

Devenir professionnel apres intervention chirurgicalepour un syndrome du canal carpien : description etfacteurs associes dans la population active des Pays-de-la-LoireE. Parota, Y. Roquelaurea, A. Leclercb, J.-F. Chastangb, C. Hac,G. Raimbeaua, F. Chaiseaa Laboratoire d’ergonomie et d’epidemiologie en sante au travail ;b Inserm U687/IFR69 ; c departement sante travail, InVS

Objectif.– Le syndrome du canal carpien (SCC) est le principaltrouble musculo-squelettique (TMS) indemnise en maladieprofessionnelle en France. Peu de donnees sur le devenirprofessionnel apres intervention pour SCC sont disponibles,l’objectif de ce travail est de decrire ce devenir et d’etudier lesfacteurs associes a un pronostic plus ou moins favorable.Methode.– Les patients operes en 2002 a 2003 ont eteidentifies d’apres les bases du Programme de medicalisation

des systemes d’information (PMSI) des trois principales cli-niques de la region. Les donnees ont ete recueillies demaniere retrospective par un autoquestionnaire postalenvoye en 2004 a 2005. Les facteurs associes au delai dereprise du travail apres intervention ont ete etudies par desanalyses de survie restreintes aux personnes declarant unemploi au moment de l’operation, separement chez leshommes et les femmes, par la methode de Kaplan Meier(Log Rank) en univariee et des modeles semi-parametriquesde Cox (p < 0,20) en multivariee avec une estimation desHazard-ratios (HR).Resultats.– Mille deux cent quarante-huit questionnaires ontete retournes (62 %), 253 hommes et 682 femmes declarentun emploi au moment de l’operation. Le delai median dereprise du travail est de 60 jours et le delai moyen de repriseest, respectivement, de 70 jours chez les hommes et 82 jourschez les femmes. Plus de 90 % des patients ont repris leuractivite professionnelle au moment du questionnaire. L’ana-lyse multivariee a revele que, dans les deux sexes, la pre-sence d’au moins une intervention simultanee sur unautre TMS du membre superieur est associee a un plusmauvais pronostic professionnel (HR : 1,4 a 2,2), alors quela categorie socioprofessionnelle « cadre » est associee a unmeilleur pronostic professionnel (categorie de reference« ouvriers » – HR : 0,1 a 0,5). Chez les femmes, le fait debeneficier d’un arret de travail pour maladie professionnelle(HR : 1,8 a 1,9) et l’imputabilite subjective du SCC a une causeprofessionnelle (HR : 2,2 a 3,4) sont associes a un plusmauvais pronostic.Conclusion.– Cette etude souligne l’implication de multiplesfacteurs dans le pronostic d’une reprise professionnelle tar-dive. Une evaluation fine et une prise en charge globale(medicale, sociale et professionnelle) sont necessaires enpreoperatoire et en post-operatoire pour garantir aux per-sonnes qui cumulent les facteurs de mauvais pronostic unereprise professionnelle plus precoce et diminuer le risque dedesinsertion professionnelle.

Quinzaines MCP : comparaison des resultats 2006 dequatre regions pilotesS. Rivierea, E. Chirona, Y. Souaresb, C. Serazinc, H. Cadeac-Birmand,A. Touranchetd, M.-H. Cervantesd, C. Bersond, M. Valentyaa DST, institut de veille sanitaire ; b Cire PACA ; c ORS Poitou-Charentes ;d IMT-DRTEFP

Objectif.– Estimer la frequence des maladies a caractereprofessionnel (MCP) par sexe, age, profession et secteurd’activite dans 4 regions pilotes francaises (Midi-Pyrenees,Pays-de-la-Loire, PACA et Poitou-Charentes) et mieux connaı-tre leurs facteurs d’exposition respectifs.

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Methode.– Ce systeme de surveillance repose sur un reseausentinelle de medecins du travail volontaires qui signalent,pendant deux semaines consecutives deux fois par an, tousles cas de MCP observes et recueillent les caracteristiquessocioprofessionnelles de tous les salaries ayant beneficied’une visite medicale pendant la periode.Resultats.– La participation des medecins variait de 18 a 41 %selon les regions et concernait des types de service de santeau travail differents (MSA, service d’entreprise, service inter-entreprise, fonction publique). Le nombre de signalementsrecus variait entre les regions : de 289 (Poitou-Charentes) a1002 (PACA). Le taux de signalement variait du simple audouble selon la region : 4,6 % en Pays-de-la-Loire, 8,8 % enPoitou-Charentes. En PACA et Poitou-Charentes, disposantdes resultats complets, la frequence des MCP totales etait de5,3 et 9,7 %, respectivement. Alors que la frequence de lasouffrance psychique etait du meme ordre de grandeurentre les deux regions (1,2 et 1,6 %, respectivement), celledes TMS variait du simple au double (2,7 % vs. 5,8 %,respectivement).Conclusion.– Ces premiers resultats mettent en evidence desfrequences de MCP variables suivant les regions. Au-dela deseventuelles explications liees aux differences de repartitionentre secteurs d’activite, professions, ages ou aux « effetsmedecins », il convient de consolider les bases de donneesregionales au fil des quinzaines des MCP, afin d’affiner nosresultats. Une meilleure connaissance de la frequence desMCP et de leurs facteurs d’exposition permettra de mieuxcibler les actions de prevention.

Les liens entre la sante et l’itineraire professionnel :l’enquete SIPT. Coutrot, C. RouxelMinistere du Travail, Dares

L’enquete sante et itineraire professionnel est une nouvelleenquete concue, avec l’assistance du centre d’etudes del’emploi, par les ministeres de la Sante (Drees) et du Travail(Dares) et mise en œuvre par l’Insee.Objectifs.– L’enquete sante et itineraire professionnel a pourobjectif d’etablir quels sont les liens et les interactions entrela sante et le parcours professionnel.Elle vise, plus precisement, a determiner en quoi l’etat desante agit sur l’itineraire professionnel et, aussi, en quoil’itineraire professionnel, son caractere continu ou discon-tinu, ainsi que les conditions de travail supportees dans unparcours, ont une influence sur l’etat de sante.Methode.– Champ de l’etude : les individus ages de 20 a74 ans, residant en France metropolitaine.L’enquete SIP repose sur une approche retrospective.

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SIP utilise une grille biographique sur laquelle sont portes lesevenements professionnels et des evenements de la vieprivee et sociale de l’enquete. Apres leur reperage dans letemps, les evenements font l’objet d’une saisie detailleedans l’application informatisee, support de l’enquete.L’itineraire professionnel est reconstitue depuis la findes etudes initiales, jusqu’a 2006, et ce, pour tous lesenquetes, qu’ils soient au moment de l’enquete actifsoccupes, chomeurs ou inactifs. Les periodes d’emploi, dechomage et d’inactivite sont reperees dans le temps etdecrites. Dans chaque periode, l’enquete peut preciser si sasante s’est degradee du fait de ses conditions d’emploi(licenciement. . .) ou de ses conditions de travail.L’enquete SIP sera reconduite en 2010 par re-interrogationdes enquetes de la premiere vague. Ils decriront alors la suitede leur itineraire professionnel, depuis 2006 jusqu’en 2010,et leur problemes de sante emergents ou averes (etudelongitudinale).Resultats.– Les premieres exploitations permettront dedecrire des typologies d’itineraires professionnels et dequantifier les problemes de sante associes aux divers itine-raires. Des travaux plus approfondis permettront par la suited’exploiter la dimension temporelle des donnees et de tra-vailler sur les questions de causalite.Conclusion.– Au vu des premiers resultats de SIP 2006, onreviendra sur les choix methodologiques qui ont fonde lademarche de questionnement et on s’interrogera sur lesajustements a adopter, pour la re-interrogation de 2010.

Precarite de l’emploi et symptomes depressifs en Francedans l’enquete decennale 2002 de l’InseeG. Santin C. Cohidon, E. ImbernonDepartement sante travail, institut de veille sanitaire (InVS)

Objectif.– Etudier les relations entre symptomes depressifs etprecarite de l’emploi dans la population active agee de 18 anset plus en France.Methode.– Les donnees sont issues de l’enquete decennalesante 2002 a 2003 mises a disposition de l’InVS par L’Insee.Elles ont permis d’etudier un echantillon representatif de lapopulation active francaise de 13 014 sujets. Les symptomesdepressifs ont ete mesures par l’echelle CES-D. La precaritede l’emploi a ete mesuree par le statut vis-a-vis de l’emploidecline selon quatre modalites : etre au chomage, en contrata duree limitee (CDD ou interim) ou indeterminee (CDI), etrea son compte. Par ailleurs, plusieurs indicateurs de parcoursd’emploi precaire ont ete consideres : l’experience du cho-mage, la duree totale de chomage et de temps partiel aucours de la vie professionnelle, ainsi que le changementd’emploi du a des problemes de sante. Des regressions

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Compte rendu de congres

logistiques, separees selon le sexe, ont ete realisees pourajuster sur des variables personnelles, sociales et de sante.Resultats.– Apres ajustement, les hommes au chomage sontplus touches par la depressivite que les hommes en CDI(OR = 1,54 ; IC 95 % [1,10–2,14]). Chez les femmes, il existe ungradient dans l’association entre le statut vis-a-vis del’emploi et la depressivite ; comparees aux femmes enCDI, les moins concernees sont les femmes a leur compte(OR = 0,46 ; IC 95 % [0,23–0,89]), alors que les plus toucheessont les femmes au chomage (OR = 2,03 ; IC 95 % [1,50–2,75]).L’odd-ratio des femmes en contrat a duree limitee est de 1,60(IC 95 % [1,12–2,29]). De plus, la depressivite est associee, chezles femmes, a la duree passee a temps partiel au cours de lavie professionnelle superieure a 24 mois (OR = 1,55 [IC 95 %[1,14–2,10]). Quel que soit le sexe, des odds-ratios elevessignificatifs sont trouves parmi les actifs ayant un faibleniveau d’etudes et une faible protection sociale.Conclusion.– La precarite de l’emploi, caracterisee par lechomage, les contrats a duree limitee et le travail a tempspartiel prolonge, est associee a la depressivite, particuliere-ment chez les femmes. L’interpretation de ces resultats estcependant en partie limitee par le caractere transversal del’enquete.

Analyse de la mortalite des travailleurs des minesd’uranium francaise sur la periode de suivi de 30 ansB. Vacquiera, S. Caerb, A. Rogela, A. Ackerb, M. Tirmarchea,D. Laurieraa Institut de radioprotection et de surete nucleaire (IRSN) ; b AREVA NC,service sante au travail

Objectif.– Evaluer le risque de mortalite de la cohorte fran-caise des mineurs d’uranium exposes aux rayonnementsionisants durant leur vie professionnelle suite a une pro-longation du suivi jusqu’en 1999.Methode.– La cohorte inclut tous les mineurs employes aumoins 1 an dans le groupe CEA-COGEMA entre 1946 et 1990.L’exposition individuelle annuelle au radon et a ses descen-dants radioactifs a ete enregistree et exprimee en workinglevel month (WLM). La mortalite des mineurs est comparee acelle de la population masculine francaise par standardisa-tion indirecte en estimant des ratios standardises de morta-lite (SMR). Des tests de tendance ont ete effectues avec laduree d’emploi et l’exposition cumulee au radon. La relationexposition risque est estimee par regression de Poisson avecun modele lineaire d’exces de risque relatif (ERR).Resultats.– Cette cohorte comprend 5086 mineurs suivisentre 1946 et 1999 avec une duree moyenne de suivi de30 ans. L’exposition cumulee moyenne au radon est de 36,6WLM avec 4132 mineurs exposes. Il n’apparaıt pas d’exces de

mortalite « toutes causes connues ». Des exces significatifsde mortalite par cancer du poumon, par cancer du rein et parsilicose ont ete mis en evidence. Une augmentation signifi-cative du risque relatif de deces avec l’exposition au radonest observee uniquement avec le cancer du poumon (ERRpour 100 WLM = 0,71 ; IC95% = 0,29–1,35). Le risque de mor-talite n’est pas associe avec l’augmentation de la dureed’emploi.Conclusion.– La mortalite globale de la cohorte n’est pasdifferente de celle de la population generale et aucun effetdu travailleur sain n’est mis en evidence. La prolongation dusuivi sanitaire des travailleurs des mines d’uranium francai-ses a ameliore les connaissances sur leur risque de mortalitelie a l’exposition professionnelle au radon. De plus, cetteanalyse a permis de confirmer et de quantifier plus precise-ment la relation entre l’exposition au radon et la mortalitepar cancer du poumon au regard des resultats obtenus dansles analyses anterieures.

Programme de surveillance des maladies a caractereprofessionnel (MCP)M. Valentya, J. Homerea, C. Le Naoura, A. Touranchetb,E. Imbernona, et le groupe de travaila Departement sante travail, institut de veille sanitaire, Saint-Maurice ;b inspection medicale du travail, DRTEFP, Nantes

Objectif.– Les maladies a caractere professionnel (MCP) sonttheoriquement toutes les maladies ou symptomes suscepti-bles d’etre d’origine professionnelle qui n’entrent pas dans lecadre des tableaux des maladies professionnelles indemni-sables (MPI). Bien que leur declaration soit une obligationlegale pour tout docteur en medecine, peu de medecinsdeclarent des MCP. De plus, ces signalements sont peuexploites, notamment faute de donnees sur la populationd’ou ils proviennent. Le programme de surveillance des MCPa pour objectif principal d’explorer les signalements des MCPa des fins de surveillance epidemiologique en milieu dutravail.Methode.– Toutes les MCP rencontrees chez les salariesvenus en consultation pendant une quinzaine de jours sontsignalees par un reseau de medecins du travail volontaires.Cette periode de recueil est renouvelee chaque semestre. Lesmedecins adressent a l’inspection medicale du travail tousces signalements, ainsi que l’age, le sexe, la profession et lesecteur d’activite de tous les salaries ayant beneficie d’unevisite medicale au cours de cette meme periode.Resultats.– En 2006, quatre regions ont participe aux « Quin-zaines MCP » : les Pays-de-la-Loire, Midi-Pyrenees, Provence-Alpes-Cote d’Azur et Poitou-Charentes. Un peu moins de 800medecins du travail ont participe, soit environ 35 % des

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medecins du travail de ces regions. La prevalence des MCPpour ces 4 regions est de l’ordre de 7 %. Les TMS etaient lespathologies le plus frequemment signalees (57 %), suiviespar la souffrance psychique (21 %). Les taux de signalementles plus eleves sont retrouves dans les secteurs de l’industrie(7 %), la finance (7 %), la construction (6 %) et l’educationsante social (6,0 %). Les MCP sont signalees dans 52 % des caschez les ouvriers.Conclusion.– Ce programme de surveillance des MCP permetde preciser leur prevalence. La constitution d’un reseau demedecins du travail volontaires permet de developper laculture du signalement et d’alerte dans le domaine del’evaluation des risques professionnels.

Effets de l’exposition a la poussiere de talc sur la santerespiratoire : une etude longitudinale en France et enAutricheP. Wild, K. Leodolter, M. Refregier, H. Schmidt, E. BourgkardINRS, departement epidemiologie en entreprise

Objectif.– Le but de cette etude longitudinale etait d’etudierl’effet sur la sante respiratoire d’une exposition au talc,exempt de fibres asbestiformes, a une concentration voisinede 2 mg/m3.Methode.– La sante respiratoire et l’exposition a la poussierede tous les sujets travaillant dans deux sites de production de

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talc, avec une duree d’emploi minimale de 5 ans, ont etesuivis entre 1988 et 2003. Des radiographies standard et desexpirations forcees ont ete obtenues de facon repetee etsoumises a un controle qualite strict. Dans une populationcible de 430 sujets, 389 (88 %) ont subi au moins deuxexamens. Une matrice emploi–exposition quantitative a eteconstituee, fondee sur 4602 mesures individuelles de la pous-siere alveolaire, sur des descriptions qualitatives des procedesindustriels et de l’utilisation de masques a poussiere.Resultats.– La duree moyenne de suivi etait de 14,7 anneesavec une exposition moyenne pendant la periode de suivi de1,45 mg/m3. La prevalence de petites opacites radiologiqueset les parametres de fonction pulmonaire etaient significa-tivement lies a l’exposition cumulee au debut du suivi, maispas a l’exposition pendant le suivi. Globalement, le volumeexpiratoire maximal en une seconde a diminue de 69 mL par100 annees par milligramme par metre cube, apres ajuste-ment sur l’age, la taille et le tabagisme cumulatif, ce qui estinferieur a l’effet publie pour d’autres types de poussieresminerales.Conclusion.– Bien que l’exposition au talc, estimee au debutdu suivi, ait ete significativement liee a une deterioration dela fonction pulmonaire et a la presence de petites opacites,ceci n’a pu etre confirme pendant un suivi a long terme del’exposition et de la sante respiratoire.