approches, 2014-1

28
MAGAZINE DU PERSONNEL DES FRÈRES DE LA CHARITÉ ap proche s EXCLUSIVEMENT 30% DE RÉDUCTION POUR LES PARCS PLOPSA ! 5ième année MARS 2014 | N° 17 Pierre Joseph Triest Déterré 1 journée d’équipe Pressing Ronald Clavie « Je ne fais qu’emballer le produit. »

Upload: broeders-van-liefde

Post on 22-Jul-2016

220 views

Category:

Documents


0 download

DESCRIPTION

Approches est le magazine du personnel des Frères de la Charité

TRANSCRIPT

Page 1: Approches, 2014-1

MAGAZINE DU PERSONNEL DES FRÈRES DE LA CHARITÉ

approches

EXCLUSIVEMENT 30% DE RÉDUCTION POUR LES PARCS PLOPSA !

5ième année MARS 2014 | N° 17

Pierre Joseph Triest Déterré

1 journée d’équipe

Pressing

Ronald Clavie

« Je ne fais qu’emballerle produit. »

Page 2: Approches, 2014-1

22

8« Voilà la vitalité

pour dire sans

médire »

« No stress

to press! »

« Carpe Diem »

« Ronald est à la

croisée du cure &

care »

20 Esprit d’équipe Pressing

22 À l’écoute Jacques Rogge

26 Et cetera Pierre Jozeph Triest déterré et ré-enterré

27 À qui le prix ?

28 Portrait La maison Bambou

15 Dossier La communication non violente

19 À bon marché

SOMMAIRE

20

3 Édito

4 Quoi de neuf ? Télex

7 Le collègue autrement Christopher Dehaeseleer

8 Un coin à soi Ronald Clavie

11 Billet

12 En image

14 Loin et pourtant proche

Eric Pierrard est

notre goûteur.

Il est coordinateur central pour la qualité et la formation et membre du conseil de rédaction d’Approches.

Le goûteur NOUVELLE RUBRIQUE !

2 > approches mars 2014

Page 3: Approches, 2014-1

MAGAZINE DU PERSONNEL DES FRÈRES DE LA CHARITÉ

approches

EXCLUSIVEMENT 30% DE RÉDUCTION POUR LES PARCS PLOPSA !

5ième année MARS 2014 | N° 17

Pierre Joseph Triest Déterré

1 journée d’équipe

Pressing

Ronald Clavie

« Je ne fais qu’emballerle produit. »

L’intégration, un rêve à notre portéeDepuis l’année dernière, trois usagers du Centre St-Lambert participent à des cours d’aquarelle donnés dans une salle à Jambes. Ils avaient montré des aptitudes artistiques lors des activités sur le site de Bonneville et l’inévitable question avait alors surgi : pourquoi pas dans la société ? J’ai réussi à convain-cre la coordinatrice de cours d’aquarelle donnés à Jambes d’accueillir les trois usagers dans les groupes de participants. Après une première rencontre pour faire connaissance avec les trois candidats, des essais ont eu lieu. Les usagers se sont révélés assidus et motivés au point que la coordinatrice se montre désormais enthousiaste quant à leur présence parmi les autres personnes.

Un projet dont j’aurais pu craindre les difficultés. Au fil du temps, les obstacles qui auraient pu être redoutés sont apparus bien moindres que ce que j’aurais pu imaginer.

Fin de l’année dernière, un autre projet a surgi : une personne du centre cultu-rel d’Andenne est venue rencontrer les responsables de service et la direction sur le site de Bonneville. Elle nous a présenté le programme des activités organisées par le centre culturel en 2014 avec ces mots : « vos usagers sont les bienvenus pour assister à des spectacles et prendre part à des ateliers ». Maintenant, ils y sont. Ce n’est plus nous qui sommes allés vers la société pour nos usagers. C’est elle qui est venue les chercher…

> Avez-vous une idée que vous souhaitez partager par le biais de cet éditorial avec vos collègues ? Prenez alors certainement contact avec la rédaction : [email protected]

ÉDITO COLOPHON

> ANNE-SOPHIE VELAERS a 32 ans.

Elle est la maman d’une fille de 5 ans et

d’un garçon de 3 ans. Depuis 2006, elle

travaille au Centre St-Lambert comme

éducatrice. Après avoir œuvré dans le

pavillon St-Louis, elle assume depuis

2011 la fonction de co-responsable du

2ème cluster dont l’intégration à Andenne

est prévue en 2015.

Qui est ?ANNE-SOPHIE VELAERS

Couverture : Ronald Clavie Photographie : François Dehombreux

Tous les collaborateurs des Frères de la Charité en Belgique reçoivent « Approches » (Wallonie) ou « Dichtbij » (Flandre). Les Frères de la Charité constituent une congrégation et une organisation qui se consacrent à l’accompagnement et aux soins des enfants, des jeunes et des adultes, dans les secteurs de l’enseignement, des établis-sements de soins (soins de santé mentale et soins aux personnes âgées), de l’aide sociale (soins orthopédagogiques, garderies d’enfants et ateliers protégés/sociaux) et de l’enseignement spécial.

Conseil de rédactionGisèle Bodart (EPSIS Bonneville), Christian Bodiaux (CFPJT), Jean-Baptiste Butera (Dave), Jacques Canivet (Manage), Lieven Claeys (Gand), Mattias Devriendt (Gand), le Frère Henri Fransen (Les Sauvèrdias), Philippe Hody (Coordinateur du magazine), Annelies Naert (Gand), le Frère Michel Paquet (administrateur), Albert Pfund (Bonneville), Eric Pierrard (CFPJT), Francis Pitz (CFPJT), Edwin Vercruysse (Gand).

Rédacteur en chef et éditeur responsableRaf De Rycke – Stropstraat 119 – 9000 Gand. « Approches » est une publication de l’ASBL Œuvres des Frères de la Charité.

Abonnement« Approches » paraît quatre fois l’an et est gratuit pour tous les collaborateurs des Frères de la Charité. Vous souhaitez un abon-nement ? Veuillez prendre contact avec le secrétariat de rédaction.Tirage: 1500 exemplaires

Collaborer?Si vous souhaitez collaborer au magazine « Approches », vous pouvez prendre contact avec le membre du conseil de rédaction de votre établissement ou avec [email protected].

Mise en pages et impressionKliek Creatieve CommunicatieImprimerie Cartim

www.approches.be

20

Membre de l’UPP

approches mars 2014 > 3

Page 4: Approches, 2014-1

QUOI DE NEUF ?

MERCI Annick ! JEAN-BAPTISTE BUTERA C.P. SAINT-MARTIN, DAVE

Le mercredi 5 février 2014 a eu lieu au Centre neuropsychiatrique St-Martin, le walking diner en l’honneur

du Dr Annick Davaux. Il s’agissait de remercier le Dr Davaux à l’occasion de la fin de son mandat de

Médecin Chef au sein de l’HNP Saint-Martin. Le Directeur général de l’HNP St-Martin, M. Francis Pitz, a

prononcé un discours témoignant de la ténacité (« comme Justine Henin qui ne lâche rien jusqu’au dernier

moment d’un match de tennis ») et du caractère nécessaires pour incarner cette fonction de Médecin Chef

d’un grand hôpital comme le nôtre.

Médecin interniste de formation, le Dr Davaux a accepté de devenir médecin chef de l’HNP St-Martin dans

des conditions difficiles en 1999. Durant deux mandats de 7 ans, elle a incarné cette fonction avec téna-

cité, caractère, loyauté et engagement. Le Dr Davaux a reçu des cadeaux divers en guise de remerciement

tant de la direction de l’hôpital, du personnel largement présent que du corps médical.

Très émue, le Dr Davaux a remercié tout le personnel de St-Martin, la Direction ainsi que ses collègues

médecins pour leur collaboration et a rassuré tout le monde qu’elle continuera à prodiguer des soins soma-

tiques au sein de l’hôpital ainsi que son expertise au sein de diverses commissions hospitalières.

> Le Dr Davaux a travaillé comme médecin chef dès 1999.

> Francis Pitz

4 > approches mars 2014

Page 5: Approches, 2014-1

PORTES OUVERTES !Le dimanche 1er juin 2014, le Centre

St-Lambert organise comme chaque

année sa journée portes ouvertes.

Tout le monde y est le bienvenu !

De mars à juin, retenons ces mo-

ments de la vie de l’Eglise.

Le 5 mars : le mercredi des cendres.

Le 13 avril : le dimanche des

rameaux. Le 20 avril : le dimanche de

Pâques. Le 8 juin : la Pentecôte.

DE DOOS VAN PANDORA Réflexion sur l’euthanasie au départ

d’une perspective chrétienne.

Le Frère René Stockman, Supérieur

Général des Frères de la Charité,

exprime dans ce livre son inquiétude

sur la dépénalisation de l’avortement

et la légalisation de l’euthanasie.

Le Frère René Stockman se pose

la question de savoir si l’homme et

la société en deviennent vraiment

meilleurs.

TÉLEX

ABS ! C.P. SAINT-MARTIN, DAVE

La cellule ABS « Accompagnement –Bien-être – Soutien » est la nouvelle appellation de la Cellule Agression. Les membres de l’ancienne cellule agression ont souhaité sous la vigilance du CPPT, redynamiser cette cellule et étendre ses missions, qui avaient pour but initial, le soutien des membres du personnel victime d’une agression sur leur lieu de travail. Aujourd’hui on souhaite proposer aussi une aide, un soutien, une assistance lors d’événements potentiellement traumatiques survenant sur le lieu du travail.

Concrètement il s’agit de 4 situations : lorsqu’il est victime d’un accident de travail relevant d’une agression ; lorsqu’il doit faire face à l’agressivité de certains patients et doit gérer des insultes, des menaces ; lorsqu’il est choqué par une situation relative à son contexte de travail  et finalement lorsqu’il est confronté à la mort sur son lieu de travail (perte d’un collègue, d’un patient, …) et qu’il éprouve des difficultés à gérer cette situation.

Sur le terrain, la cellule mène 3 actions, elle propose des entretiens individuels , elle rédige un courrier de soutien lors d’évènements traumatiques et elle organise 4 fois par année des rencontres à thème, par exemple le bien-être au travail et la conciliation entre vie professionnelle et vie privée. Cette aventure est un pari auquel vous pouvez tous contribuer ! Rejoignez-nous lors de nos rencontres à thèmes et entre-temps, faites-nous part de vos idées et suggestions.

« EST-CE QUE FINALEMENT JE POURRAI ENCORE DÉCIDER

LÉGITIMEMENT SI JE VEUX RESTER EN VIE, QUAND MA VIE NE RÉPONDRA PLUS À CERTAINES EXIGENCES DE QUALITÉ,

OU QUAND MES SOINS COÛTERONTTROP À LA SOCIÉTÉ ? »

C’est ce que le Frère René Stockman, Supérieur Général des Frères de la Charité, s’est demandé dans une page des lecteurs sur l’euthanasie. (De Standaard, 03/02/2014)

> La cellule ABS signifie Accompagnement, Bien-être et Soutien.

€16,95 + frais d’envoi. Commander:

[email protected] -

09 216 35 50

Ce livre est provisoirement seulement

disponible en néerlandais.

approches mars 2014 > 5

Page 6: Approches, 2014-1

CHANDELEUR 2014

JACQUES CANIVET JERÔME CAMBIER

A l’initiative de Mlle Roucloux, direc-trice de Nursing, et avec tout le soutien de la Direction, le comité des fêtes du Fonds de Solidarité  a organisé ce mercredi 05 février la première fête de la Chandeleur.

L’après-midi, les enfants et petits-enfants du personnel étaient conviés à une crêpes – party suivie d’un spec-tacle. Luc Regard a présenté à tous, dont près d’une centaine d’enfants, le spectacle intitulé Mister Jo ou la découverte par un enfant gâté « de la différence et des vastes horizons de tolérance ».

Pendant 1 h 15, les personnes présen-tes ont été captivées par la prestation de Luc : les messages délivrés ont été appréciés. Devant la réussite de cette opération, l’édition 2015 est déjà en chantier. Au revoir déjà !

M. WARGINELLE, M. DELAHAYE C.P. SAINT-MARTIN, DAVE

L’unité de Revivo C à l’HNP St-Martin déménagera au début du mois d’avril. En effet après 35

ans d’existence, le service nécessitait de faire peau neuve ! Car si à l’époque ce service accueil-

lait les patients sous « la loi de la collocation », depuis 1990, cette loi a été modifiée et nous

accueillons des patients appelés à présent « mis en observation ». Cette nouvelle loi a donc

engendré un travail plus en collaboration avec la justice et ses représentants : juge de paix, son

greffier et les avocats défendeurs de la personne malade.

« Avec les années de pratique, nous nous sommes vite retrouvés dans un espace exigu et non

adapté à cette nouvelle loi vu le nombre de personnes extérieures y déambulant », racontent

Micheline Warginelle et Emmanuel Delahaye de l’unité Revivo C. « C’est ainsi que la direction mit

tout en œuvre pour transformer complètement le service « l’escale » qui était inoccupé. Tenant

compte de notre quotidien, de nos expériences vécues lors de nos déplacements dans le cadre

du projet « Léonardo », cette unité a été repensée en pluridisciplinarité. »

Il y aura donc 3 grands changements dans le cadre : le projet clinique, l’encadrement et

l’architecture. Ce nouveau service aura pour différence d’accueillir 40 résidents au lieu de 30,

plus des hospitalisations de jour, et ils y auront aussi des chambres spécifiques pour personnes

avec handicap physique.

« Notre projet clinique réside surtout sur l’accueil et le respect du patient mis en obser-vation d’où l’importance d’une approche clinique holistique et systémique du patient et de son réseau » , racontent Micheline et Emmanuel. « Les moyens dont nous disposerons :

les espaces de parole et d’élaboration clinique, les entretiens (psychiatre, psychologue…),

l’ergothérapie interne et externe, la kiné centrale et le hall des sports, le groupe communau-

taire, le groupe de parole, les activités et ateliers, les outils de diagnostic neuropsychologique et

neurophysiologique. »

Vu l’augmentation du nombre de lits, l’équipe espère d’être étoffée de quelques membres du

personnel supplémentaires. Une inauguration officielle des lieux se fera ultérieurement, où elle

vous conviera bien sympathiquement pour un échange professionnel.

35Future unité de soins

> Le nouveau service aura entre autres des chambres spécifiques pour personnes avec handicap physique.

> La première fête de la Chandeleur a eu lieu au C.P. Saint-Bernard à Manage.

6 > approches mars 2014

Page 7: Approches, 2014-1

Christopher Dehaeseleer pêcheur en routeDès l’âge de 11 ans, j’ai été « baigné » dans le milieu de la pêche, surtout la pêche de la carpe et, très vite, j’ai aimé ces sensations. Début mars, la saison de la pêche est ouverte, les étangs n’étant habituellement plus accessibles de décembre à février. Je me lève tôt : à 5 -6 h, nous, les pêcheurs, sont en route. Cette fraîcheur du matin, ce parfum particulier de l’air, cette respiration vivifiante, cela fait un bien fou ! C’est amusant d’aller pêcher la truite que l’on ramène chez soi. Mais j’aime surtout participer à différents concours de pêche de la carpe. Ceux-ci sont régulièrement organisés soit via un challenge dans le club soit à travers des journées qui rassemblent les pêcheurs de différents clubs, différents étangs. Pour ces rencontres, un soin particulier est apporté à tout son matériel : les lignes, amorces et appâts.

CHRISTOPHER DEHAESELEER

En effet, installé pour plusieurs heures, il s’agit de profiter au mieux du moment.  Habituellement, un concours se déroule comme suit : 7 h, paiement de la mise et tirage au sort des pla-ces autour de l’étang, puis une heure pour la mise en place. De 8 à 12 h première mi-temps de la rencontre. À midi, on mange entre nous, un petit verre en accompagnement, un partage des techniques avec quel-ques taquineries. À 14 h, reprise du concours qui se termine vers 18 h. Ensuite, les prises sont pesées et les carpes remises dans l’étang. Le plus souvent, en fonction du poids des poissons pris, il y a 3 prix dont l’importance est tributaire des mises. La journée est quelquefois prolongée autour d’une table, entre rivaux d’un jour qui se partagent, alors, les boissons restantes. Com-me dans tout sport ou hobby, avoir été le meilleur, ne fût-ce qu’un jour, cela reste une grande satisfaction.

CHRISTOPHER DEHAESELEER

Qui est?

> CHRISTOPHER DEHAESELEER, 29 ans, est entré à l’Institut

St-Bernard en juin 2011.

> Il est le papa de 2 enfants.

> Il travaille au Pressing comme

chauffeur et à la mise en

machines. Il donne aussi des

coups de main au pliage et au tri.

Chaque pêcheur a ses petits trucs et moi aussi, mais je ne vous dévoilerai pas mes petits secrets de préparation. Il faut aussi songer à ce qui constitue son confort.

LE COLLÈGUE AUTREMENT

approches mars 2014 > 7

Page 8: Approches, 2014-1

Ronald Clavie

UN COIN À SOI

Se rencontrer pour se retrouver

Page 9: Approches, 2014-1

Il y a des personnes sur le lieu de travail qui participent à beaucoup de choses, assistent à de nombreuses réunions et portent de la responsabilité dans de nombreux projets, mais les collègues voient difficilement l’image totale. Sauf ces personnes mêmes. Ainsi en est-il de Ronald Clavie. Il travaille comme coordinateur du développement et du suivi des projets cliniques au C.P. Saint-Martin à Dave. « On m’appelle ici le « facilitateur des projets », dit-il en souriant, « mais ce sont les collègues qui ont collé cette étiquette sur mon travail ».

RONALD CLAVIE FRANÇOIS DEHOMBREUX

Qu’est-ce que ?

Le Centre Neuro Psychiatrique

Saint-Martin, implanté dans un

cadre verdoyant et reposant sur-

plombant la Meuse à Dave (Namur),

a été fondé en 1901.

Avec près de 324 lits hospitaliers

agréés, 90 lits permanents en

maisons de soins psychiatriques et

516 membres du personnel dont

386 ETP, c’est l’un des centres les

plus importants de la région.

516

C.P. SAINT-MARTIN À DAVE

Je suis entré en fonction au Centre Psychiatrique Saint-Martin en 2010 », raconte

Ronald quand nous nous dirigeons vers son bureau. « Auparavant, j’ai travaillé pendant près de 14 ans dans le secteur des assuétudes au sein d’un centre de crise pour usagers de drogues. J’y ai exercé en tant que psychologue et puis en tant que responsable de projets. ». Mais après quelques années de pratique, il avait le souhait de s’investir dans le développement de projets en ré-ponse aux problématiques que les usagers, ses collègues et lui-même rencontrent sur le terrain.

Perturbateur  Ronald nous explique que le con-tenu de son travail n’est pas telle-ment connu. « A ma connaissance, c’est une fonction qui n’est pas très répandue. Elle est relativement neuve et parfois incomprise. Je saisis l’occasion de cet article pour la traduire en terme de « facili-tateur de projets ». L’expression n’est pas de moi. Elle provient de certains collègues. C’est flatteur mais, je dois aussi préciser que l’aspect novateur qui est souvent lié au projet peut aussi susciter de l’inquiétude. Alors, « perturba-teur », serait aussi adéquat. Si l’on questionne les fonctionnements et les habitudes, cela peut déboucher

« COORDONNER LES PROJETS, C’EST IDENTIFIER ET MOBILISER LES RESSOURCES DE CHACUN. »

sur des changements qui peuvent effectivement perturber. Pour moi, cela n’est pas négatif si l’on consi-dère que les choses s’améliorent en opérant des ajustements et des modifications. »Pour Ronald ce travail est une façon d’appréhender plus large-ment les problématiques de santé mentale. Nous lui demandons de quels projets il s’agit en fait. « En arrivant au C.P. Saint-Martin, le défi m’intéressait beaucoup. J’ai commencé à travailler sur un trajet de soins pour patients internés libérés à l’essai (PHILEAS). Très rapidement, j’ai aussi collaboré au développement d’autres initiatives telles que des projets de recherche, de thérapie assistée par animal (TAA Mistral gagnant) ou encore d’accompagnement et de traitement des usagers de drogues (AÏDA). »

VoyagePendant les quelques heures que nous suivons Ronald, nous voyons comment il établit le contact avec différentes personnes, comment il téléphone, est en réunion ou aborde des collègues. Mais nous nous demandons s’il a des collègues fixes. Des personnes avec qui il col-labore chaque jour. « D’une idée au projet, il y a un chemin à parcourir. Pour faire simple, je dirais que je suis amené à préparer, structurer

Il est subdivisé en 8 unités de

soins spécialisées dans la prise en

charge et le traitement de différents

troubles psychiatriques, 3 maisons

de soins psychiatriques ainsi qu’un

hôpital de jour (situé en zone

urbaine).

8

approches mars 2014 > 9

Page 10: Approches, 2014-1

10 > approches mars 2014

et participer au voyage. Sur la route, des personnes m’accompagnent. Tantôt, je les invite, tantôt elles viennent de leur propre initiative ou de celle de la Direction. Au C.P. Saint-Martin, les projets qui me sont confiés émanent en effet tant de la Direction que d’intervenants de terrain. Ils se construisent et grandissent dans cette dynami-que. J’apprécie particulièrement cette grande marge de manœuvre qui est laissée aux soignants de proposer des idées, de participer, de s’investir. »

Qui est?

> RONALD CLAVIE a 43 ans

> Il vit en couple et a trois filles

> Il aime l’histoire, le jardinage,

le VTT et les balades avec

son vieux buggy VW ou son

Solex… quand il démarre.

RONALD CLAVIE

Le contexte politiquePendant notre contact il est clair que Ronald est quelqu’un qui prend son travail très au sérieux, mais qui d’autre part sait aussi relativiser. « C’est relativiser et se décaler, y compris sur le plan de l’humour auquel je suis très sen-sible. ». Quand nous demandons comment il voit l’avenir, il répond par une citation : « « Hâtez-vous lentement, et, sans perdre courage, vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage », écrivait Boileau il y a 300 ans. Cela me semble bien correspondre à la dynamique dans laquelle nous devons aujourd’hui inscrire nos actions dans un secteur des soins en santé mentale en pleine mu-tation. Le contexte politique invite en effet à travailler dans une cer-taine précipitation. Il faut souvent revoir sa copie. Naviguer à vue sur une mer incertaine et agitée. Garder le cap. A l’arrivée, c’est parfois un investissement déçu. Fort heureusement, je pense qu’il est compensé et récompensé par ces moments qui voient des projets se concrétiser, améliorer les soins et modifier l’image de la psychiatrie. » « On ne peut évidemment tout maî-triser. On peut néanmoins compo-ser. J’aime beaucoup cette idée de composer parce qu’elle fait appel à la créativité et à l’inventivité. » n

Parce que Ronald collabore pour chaque projet avec de différents collègues, il doit savoir bien fréquenter les gens et être de collaboration facile. « Concrète-ment, coordonner les projets, cela consiste notamment à identifier et mobiliser les ressources de chacun. Définir, en concertation avec les intervenants, des objectifs et des ac-tions, collaborer au recrutement du personnel, évaluer, s’assurer de la mise en œuvre des moyens humains et logistiques, veiller au respect des échéances… »

JonglerMais Ronald va encore plus loin dans ce contact. Il est soucieux que chacun s’y retrouve. « Quand je dis « s’y retrouve » , ce n’est pas tel-lement au sens de ne pas s’y perdre ou de rentrer dans ses frais mais plutôt de s’y trouver, ou se retrouver, dans une humanité respectueuse des patients. C’est, au départ de divergences de points de vues ou de priorités, fédérer autour d’un objec-tif commun centré sur la qualité des soins. Oui, c’est cela, se rencontrer pour se retrouver. Pour le dire autrement, coordonner comme je le conçois, c’est souvent réaliser un travail d’équilibriste pour allier et concilier des objectifs de gestion ou des contraintes administratives avec des objectifs et des actions cliniques.

Deux logiques que l’on met souvent en opposition. L’une n’existe pour-tant pas sans l’autre. C’est jongler avec un ensemble de paramètres, le regard prioritairement porté sur la clinique. Sentir et saisir des oppor-tunités. Tendre des ponts entre des personnes et des institutions. Avant tout, ce sont les soignants qui por-tent et assurent le développement des projets. Comme je leur dis sou-vent « moi, je ne fais qu’emballer le produit ». »

« JE NE FAIS QU’EMBALLER LE PRODUIT. »

« LE CONTEXTE POLITIQUE INVITE EN EFFET À TRAVAILLER DANS

UNE CERTAINE PRÉCIPITATION.  »

10 > approches mars 2014

Page 11: Approches, 2014-1

L’autre jour, sur le quai de la gare, deux com-mères comméraient, ainsi que l’exige leur nature. Elles attendaient, comme moi, un train

qui ne venait pas, et dont nul ne pouvait prédire s’il viendrait jamais. Ces dames, assez bien mises, discutaient toutous. Elles échangeaient des conseils relatifs à l’hygiène alimentaire de leurs compagnons (les chiens, s’entend). J’aime bien les petites saucis-ses emballées individuellement, déclare l’une d’elles (en parlant des saucisses destinées à son caniche, précisons-le…).

La conversation continue, dévie, et en vient aux loisirs. L’une de ces dames est bénévole. Elle aide à la distri-bution de colis alimentaires, une fois par mois. Elle explique à son amie quel genre de public bénéficie de ces colis. À son avis, ces gens en reçoivent bien trop, et de trop bonne qualité. Pensez donc : il reçoivent de la viande, des légumes, des fruits, du pain, du beurre, du fromage et même des yaourts périmés (mais encore consommables endéans les quinze jours). L’amie opine, l’air réprobateur. Ce qu’elle réprouve, ce n’est pas la péremption des yaourts, non, mais qu’on distribue tout ça, gratuitement, à des gens qui ne se donnent même pas la peine d’avoir l’air de gueux. Untel transporte son colis sur un vélo électrique : quel luxe ! Tel autre fume : gaspillage, gaspillage ! Celle-ci a les ongles vernis : une fille légère, sûrement ! Celle-là possède un smartphone : qu’elle ne vienne surtout

BILLET

> CHRISTIAN BODIAUX est l’agent pastoral

central des établissements wallons des Frères

de la Charité. Dans ce billet, il réfléchit sur le

progrès et sur ce qui est essentiel.

pas se plaindre de tirer le diable par la queue ! Bref, tous des imposteurs, ou des irresponsables.

Nos commères n’imaginent pas un instant que le vélo électrique ait pu, par exemple, remplacer une voiture devenue trop chère à entretenir. Au nom de quoi l’adepte du manucure n’aurait-elle pas le droit de se faire jolie ? Quelles angoisses la cigarette aide-t-elle à soulager ? Et quant au smartphone, ces dames ignorent à l’évidence qu’avec ce genre d’achat, certes dispendieux, les personnes en situation précaire cherchent à se donner l’impression de ne pas être totalement exclues du monde tel qu’il va, quitte à se priver de repas. De toute façon, même en économi-sant quelques piécettes, que peut-on espérer, avec des revenus de misère ?

Faut-il donc attendre des gens qu’ils arrivent en gue-nilles et maigres comme s’ils sortaient d’Auschwitz, qu’ils ravalent toute fierté pour « mériter » la charité ?

Le comble du scandale, aux yeux de ces dames, eût été la distribution de petites saucisses emballées indi-viduellement, me dis-je. Heureusement, ce ne fut pas le cas, et notre vertueuse bénévole put les offrir à son caniche.

Le train finit par entrer en gare — j’aurais bien em-brassé le conducteur, qui me sauvait d’un tel néant.

Les petites saucissesemballées

individuellement

Les petites saucissesemballées

individuellement

approches mars 2014 > 11

Page 12: Approches, 2014-1

PATIENCE : REINE DES VERTUS ! FRANÇOIS DEHOMBREUX

A tout moment de la journée, elle est mise à rude épreuve et ce n’est pas donné à tout le monde d’en disposer et d’en faire bon usage ! Rester accessible et à l’écoute malgré les difficultés rencontrées, pouvoir faire preuve de disponibilité tout au long de la journée, voilà un savoir être dont les soignants du Néviau sont porteurs. Le moment du repas pour chacun est important, autant dans la préparation ( respect des régimes, des goûts, habitudes alimentaires, quantités) que dans la manière de procéder( certains patients devant manger avant d’autres, choix réfléchit des places, nécessité d’amener le calme). C’est pourquoi au quotidien , les moindres faits et gestes doivent être pensés afin d’apporter un cadre, un rythme, des repères à nos patients, dans un milieu de vie à moyen voir plus long terme agréable. Une clinique réfléchie c’est ce que l’on suit.

EN IMAGE

12 > approches mars 2014

Page 13: Approches, 2014-1

BIENVENUE À ANDENNE FRANÇOIS DEHOMBREUX

Un an, jour pour jour, après l’ouverture du 1er cluster à Andenne, le soleil s’est à nouveau levé sur des camions de déménagement au Centre Saint-Lambert. Ce 2 octobre, 13 usagers ont dit au revoir à Bonneville pour leur nouvelle maison à Andenne. « Cette journée a commencé dans la joie et la bonne humeur par le chargement des caisses et meubles. Certains mettaient la main à la pâte, d’autres inspectaient le travail des premiers. Ils étaient impatients d’entrer dans leur nouvelle maison », raconte l’éducateur Vincent Ronveaux. « Le pas de la porte franchi et le champagne sabré, ils ont très rapidement pris leurs marques : découverte des lieux et présentation aux vois-ins. Une journée bien chargée : le soir venu, on n’entendait plus personne ! »

approches mars 2014 > 13

Page 14: Approches, 2014-1

Collègues stagiaires en provenance de l’Afrique au C.P. Saint-Martin

L’Afrique-Dave : toujours procheL’hôpital St-Martin accueille depuis 1985 des collabora-teurs des Frères de la Charité en provenance du Rwanda, du Burundi, de la R.D.Congo, de la Tanzanie et de la Côte d’Ivoire pour des stages de formation et de perfecti-onnement. Il s’agit durant les dix dernières années d’au moins vingt-cinq collègues africains, aussi bien méde-cins qu’infirmiers, frères de la charité ou laïcs. Un bon moment pour regarder un instant en arrière !

JEAN-BAPTISTE BUTERA FRANÇOIS DEHOMBREUX, JOOST VAN HEESVELDE

Les stages ont principalement lieu au service médicotechni-que. Dans ce service les stagiaires apprennent les techni-ques nécessaires requises pour une meilleure pratique et

une bonne interprétation des examens neurophysiologiques qu’ils seront amenés à faire pour les patients dans leurs pays respec-tifs. « Le loin et pourtant proche signifie beaucoup pour notre équipe », explique Rosaline. « C’est une occasion d’un partage d’expérience professionnelle riche à sens réciproque et d’une communion de valeur de respect dans l’accueil des patients, sur fond d’une relation chaleureuse, empreinte de modestie et de compréhension entre professionnels de culture différente. » « Je précise qu’Espérance et son collègue du Burundi, Pierre-Claver, psychologue au CNPK, ont effectué un stage de perfectionne-ment de six mois à l’HNP St-Martin dans le cadre de la coopéra-tion technique belge. »

> L’équipe formatrice du service médicotechnique : Roseline, la doyen-ne de l’équipe et en même temps la doyenne du personnel de l’HNP St-Martin avec ses 42 ans d’ancienneté dans le service et Kristin s’occupent du volet « Apprentissage et pratique des examens » tandis que le Dr Froduald Gatarayiha s’occupe du volet « Aspects théoriques et place des examens paramédicaux/neurophysiologiques dans la prise en charge globale des patients ».

> Un ancien stagiaire en pleine pratique d’un des examens neurophysiologiques dans un hôpital à Goma.

Kristin Roseline Dr Froduald

LOIN ET POURTANT PROCHELOIN ET POURTANT PROCHE

« La formation reçue m’a permis d’être plus utile à la population de Goma et de toute ma province en géné-ral (Nord-Kivu = 2 fois la Belgique) surtout que j’étais le premier technicien EEG de la province. Les connais-sances acquises suite aux efforts de mes formateurs m’ont permis d’être à la hauteur de ma tâche. Merci à l’équipe de l’HNP St-Martin et à la communauté des Frères qui nous ont bien accueillis. »Anicet de Goma

« Je souhaite que des supervisions soient envisa-gées sur le terrain pour un renforcement de nos compétences et une amélioration continue de nos prestations. Je suggère si possible la création d’un espace d’échange pour tous ces professionnels ayant effectué leur stage à l’HNP St-Martin. »Orphée aussi de Goma

« J’étais surprise par un accueil bienveillant nous réservé par les Frères de la Charité et le personnel de l’HNP St-Martin. Je me souviens de l’excellente qualité de la formation, de la disponibilité des formateurs mais aussi de la communication un peu problématique avec un ou deux collègues dans un des services. Pour nos patients au CNPK, nous avons sensiblement amélioré la qualité de la prise en charge grâce aux nouvelles compétences acquises et à la meilleure réalisation des examens paramédicaux (EEG et d’autres) par un clinicien ancien stagiaire de Saint-Martin à Dave. Une suggestion ? Peut-être une mission de supervision par les formateurs sur leur lieu de travail au Burundi. »Espérance, infirmière et responsable de la qualité des soins au centre neuropsychiatrique de Kamenge au Burundi

14 > approches mars 2014

Page 15: Approches, 2014-1

DOSSIER

Non-violence : voilà une bien pauvre locution, construite sur la négation. Elle reflète l’esprit de la Règle d’or : « Ne fais pas à autrui ce que tu ne voudrais point qu’il te fasse ». Cette locution, cependant, a pour elle l’avantage de la syn-thèse, parce que s’il fallait décliner la violence en toutes ses formes et subtilités, ce numéro d’Approches n’y suffirait pas. Le présent dossier veut esquisser une méthode théorique et pratique pour communiquer d’une façon non violente.

ALBERT PFUND, CHRISTOPH MICHAUX, CHRISTIAN BODIAUX, ERIC PIERRARD BEN DE WEVER

non violente,…s.v.p.La communication

approches mars 2014 > 15

Page 16: Approches, 2014-1

16 > approches mars 2014

La violence s’infiltre au cœur de nos cités, elle percole à

travers les murs de verre et d’acier de nos villes dites modernes. Violence prédatrice. Violence par exclusion. Violence par réaction. Violence visible. Violence invisible — parfois punie, souvent absoute. Insidieuse et systémique, elle ravale l’Homme au rang de loup pour ses semblables. Corrosion du lien social.

Cette violence vient du fond des âges. L’Iliade et l’Odyssée, les premiers livres de la Bible et tant d’autres récits mythi-ques la montrent partout à l’œuvre. Elle ronge le cœur de l’Homme, elle y fait son nid et s’y multiplie. Elle se nourrit d’anti-vertus, ou per-vertit les vertus elles-mêmes : après les avoir vidées de leur sens, elle revêt leurs dépouilles.

Faire droit à la violence est facile — une pente naturelle, bien large, conduisant mine de rien à la perdition complète. La voie étroite, elle, demande conversion et maîtrise de soi.

La violence est de tou-jours. Pourtant, toujours aussi surgirent des hommes qui tentèrent de la maîtriser (d’abord en eux), à défaut de l’annihiler. C’est à leur suite, en s’abreuvant à la même source, qu’il sera possible de culti-ver en soi la motivation pour résister, jour après jour, à la tentation de la violence. Les meilleures méthodes du monde ne servent à rien, sans ferme volonté de les mettre en œuvre.

La théorie> Approches : La communication non violente est-elle un thème « hot » dans nos établissements de soins de santé mentale ? Christian Michaux : « En psychia-trie, la colère fait partie du quotidien. En être prisonnier est un facteur de souffrance, pour soi et son entourage, car elle entrave l’écoute et le dialogue. Elle n’offre pas d’issue constructive au conflit et à la relation. En apprenant à l’identifier, l’apprivoiser et à l’exprimer sans violence, elle retrouve son rôle moteur dans la relation. En étant plus attentif à mon état intérieur (comment je me sens et quels sont mes besoins), je perçois mieux les motifs de ma colère et je peux influencer mon ressenti et mon comportement. Cet état me permet d’être plus attentif à la colère de l’autre et à ses motifs propres. »

> Approches : Une méthode inté-ressante existe concernant la com-munication non violente. Comment se présente-t-elle ? Christian Michaux : « La commu-nication non violente est une méthode mise au point par Marshall Rosenberg (psychologue clinicien américain). Elle répond surtout à la question : Comment écouter l’autre sans l’effacer et se faire entendre de lui sans l’agresser ? Il nous invite à tenir compte de l’autre qui est en face de nous. Il nous invite aussi à ne pas laisser derrière nous les violences que nous nous faisons à nous-mêmes ! La C.N.V. propose de développer un rela-tionnel bienveillant qui laisse à l’autre le choix du refus ou de l’acceptation tout en restant présent à soi-même. Les émotions et besoins des protagonistes sont à respecter. »

> Approches : Est-ce que cette mé-thode de Rosenberg est la solution par excellence pour améliorer la communication ? Christian Michaux : « Bien évidem-ment, allez-vous dire, voici un nouveau processus à la mode qui semble d’une efficacité redoutable et qui va nous permettre de devenir de super négoci-ateurs… Marshall Rosenberg n’a pas cette prétention car la méthode CNV n’est pas une baguette magique. Comme

tout outil de gestion de conflit, elle a ses limites ; ne fût-ce qu’en présence de manipulateurs avec lesquels il est risqué de négocier. »

« LA MÉTHODE DE LA

‘COMMUNICATION NON VIOLENTE’ N’EST PAS UNE

BAGUETTE MAGIQUE. »

> Approches : La méthode est-elle utilisable en hôpital ? Christian Michaux : « Dans le cadre du bien-être au travail, nous pourrions avancer que la CNV s’avère profitable pour les soignants, pour les patients et pour l’ensemble de l’entreprise. Elle permet l’expression de la créativité, une motivation personnelle et une meilleure collaboration entre les membres de l’équipe. »

> Approches : Pouvez-vous donner un exemple de cette méthode ? Christian Michaux : « Si par exem-ple faire la vaisselle vous irrite, vous procédez simplement comme suit pour exprimer votre frustration : « Quand je vois (Observation) la vaisselle sur la table, je me sens (Sentiments) déçu et énervé car j’aurais besoin (Besoins) de propreté et d’aide à la fois, et juste là maintenant, est-ce que tu serais d’accord de prendre

Page 17: Approches, 2014-1

> MR MICHAUX travaille comme aide-

soignant dans l’US Revivo B et suit une

formation d’éducateur spécialisé.

> Il est célibataire.

approches mars 2014 > 17

La communication non violente en 4 étapes

L’observation sans jugement

Pour ne pas mettre le feu aux poudres, aucun jugement interprétatif ou comparatif n’est souhaitable. Il est préférable d’observer une situation sans inférer un sens interprété ! L’observation CNV est comme une ca-méra qui filme. Il est « recevable » de s’exprimer comme suit : « Quand je vois la vaisselle sur la table », plutôt que : « T’as encore oublié les assiettes sur la table.» Formulé de cette manière, on a plus de chance d’être entendu…

Les sentiments

Apprendre à exprimer ses sentiments, ses émotions, permet de relâcher de la tension et d’être plus serein pour la gestion du conflit [Exemple : « Je me sens déçu, tendu, énervé… »]. Les sentiments in-diquent, tel un voyant rouge sur le tableau de bord d’une voiture, qu’un ou plusieurs besoins ne sont pas nourris.

Les besoins

En C.N.V. le mot « besoin », fait référence à nos besoins vitaux, nos aspirations profondes, nos souhaits, nos rêves et nos valeurs person-nelles. Souvent, en formation, une liste des besoins est distribuée tant il est vrai que beaucoup de participants ont du mal à les décortiquer et à les définir avec précision. Des propositions d’exemples de besoins seraient : « J’aurais eu besoin d’hygiène. J’aurais aimé plus de clarté. J’aurais apprécié de l’aide… ».

Une demande

Pour nourrir un besoin, il faut lui permettre de devenir concret, un bon moyen est la demande. La communication non violente invite à faire des demandes claires, précises, bienveillantes qui permettent non seulement de faire avancer le ou les besoins, mais de laisser à l’autre le choix de dire : « Non, je ne suis pas d’accord avec ton besoin et ta demande, mais ensemble nous pouvons tenter de voir comment on pourrait s’accorder. »

4

1

2

3

4

deux minutes et de m’aider à faire la vaisselle (Demande) ? » Formulé de cette manière, on a plus de chance d’être entendu… »

> Approches : Est-ce que la mé-thode fonctionne toujours ? Christian Michaux : « Bien que l’utilisation de ces quatre étapes foncti-onne bien, elle ne suffit pas dans certai-nes situations de conflit. Il est judicieux et même indispensable de formuler les sentiments et les besoins de l’autre pour lui montrer qu’on le comprend (empa-thie). Se connecter de la sorte sur les sentiments et besoins de l’autre permet de reconnaître en l’énonçant ce qui se vit en lui. Reconnaître les besoins de son interlocuteur permet à celui-ci de baisser la garde et d’entrer à nouveau en relation.

Il se pourra qu’une temporisation tout comme le recours à un tiers soient néces-saires. « Je me sens trop en colère pour continuer la discussion. J’ai besoin de temps pour me retrouver. Je te propose de nous revoir demain pour en parler ? ».

> Approches : Est-ce que l’objectif de ce que vous voulez dire par le biais de cette méthode reste le même ?Christian Michaux : « L’un des moteurs de la C.N.V. est qu’un besoin ne doit pas forcément être satisfait mais… reconnu. S’il est reconnu, l’autre se met-tra en disposition pour entendre le mes-sage qui lui est transmis pour autant qu’il soit exprimé avec bienveillance et qu’il laisse le choix d’acceptation ou de refus. Bienveillance n’implique pas complai-sance ! Comprendre l’autre n’implique nullement approbation ou laisser-faire ! Pour en faire l’expérience, une humble disponibilité à soi reste nécessaire. »

CHRISTOPH MICHAUX

> A Bonneville, grâce au projet GECO, les éducateurs et les usagers construisent une relation de confiance.

Page 18: Approches, 2014-1

« Gestion de la colère » (GECO)

18 > approches mars 2014

La pratique

Projet pour aider à garder sa place dans la société

> Approches : Qu’est-ce en fait, le projet GECO ?Pour pouvoir être intégré et se maintenir dans la société, il est indispensable d’être capable de contrôler ses émotions et d’avoir une attitude « acceptable ». Pour cela, il faut pouvoir identifier ses émotions, en prendre conscience, con-naître les signes précurseurs de la colère et réagir à temps. C’est là qu’intervient le projet GECO. Avec des groupes de parole, nous essayons d’apprendre aux usagers à mieux se connaître, à avoir confiance en leurs capacités et à réaliser que quand quelque chose ne va pas, c’est toujours mieux d’en parler. Lorsque nous échangeons entre nous sur les situations vécues, ils réalisent à quel point ils ne sont pas les seuls à ressentir la colère. C’est quelque chose qui arrive aussi à leurs éducatrices…

> Approches : Comment un tel entretien fonctionne-t-il ?L’animation des groupes de parole vise à ramener toujours à l’usager et lui montrer qu’il est « capable de… ». Cela se réalise au travers de jeux de rôle dans lesquels des situations de colère sont simulées. Cela implique de parler beaucoup de soi et de construire une

relation de confiance. Nous avons aussi recours à des contes, par exemple « le petit renardeau qui gardait tout dans son ventre » de Jacques Salomé. Les usagers réalisent à quel point il est important de s’exprimer. De manière socialement acceptable, bien sûr. Dans leur groupe de parole, ils peuvent vider leur sac et ils savent que cela restera entre nous.

> Approches : Est-ce que cela réus-sit chez chaque personne ? Les usagers présentent des profils bien différents et leurs attentes par rapport aux groupes de parole varient avec leurs capacités. Il faut pouvoir se mettre à leur niveau et les aider à intégrer ce qu’ils ont appris. Evidemment, tous ne retirent

pas la même chose de GECO mais on constate que faire référence à ce qu’ils ont appris dans le projet leur permet de mieux se contrôler.

> Approches : Est-ce que vous re-marquez aussi un véritable progrès en y travaillant intensivement ? Lorsque les usagers arrivent à se dé-tendre dans une situation difficile qui met leurs nerfs à rude épreuve, ils appliquent ce qu’ils ont appris avec nous. En tant qu’éducatrice, je réalise l’importance d’un tel accompagnement lorsque je constate ce qu’ils parviennent à faire.

CARINE BRASSEUR

> CARINE BRASSEUR est éducatrice

au Centre St-Lambert à Bonneville.

> Mère de deux enfants âgés de 18 et

22 ans, elle travaille dans l’institution

depuis 1989.

> Avec d’autres éducatrices, elle anime

selon la méthode GECO (gestion de

la colère). Lancée par Luc Gravel

(chargé de cours à l’université

de Chicoutimi au Québec), cette

méthode consiste en groupes de

parole dans lesquels les usagers

apprennent à gérer leurs émotions et

à se contrôler en cas de colère.

« POUR POUVOIR ÊTRE INTÉGRÉ ET SE MAINTENIR DANS LA SOCIÉTÉ, IL EST INDISPENSABLE D’ÊTRE CAPABLE DE

CONTRÔLER LES ÉMOTIONS ET D’AVOIR UNE ATTITUDE ‘ACCEPTABLE’. »

Page 19: Approches, 2014-1

À BON MARCHÉ

approches mars 2014 > 19

Visite gratuite au MuséeSavez-vous qu’en tant que membre du personnel

de l’organisation des Frères de la Charité vous

pouvez visiter gratuitement le Musée

Dr Guislain ? Il faut seulement présen-

ter sa carte du personnel à l’entrée.

Encore jusque et y inclus le

30 juin il y a l’exposition double « Guerre

et Traumatisme », en collaboration avec

le Musée « Flanders Fields » à Ypres.

Prévenez un incendie avec un paquet anti-feu !Un incendie ? Cela peut se faire vite. C’est pour-

quoi il vaut mieux avoir à la maison les moyens de

prévention nécessaires. En tant que membre du

personnel des Frères de la Charité vous pouvez

par le biais d’Approches bénéficier d’une belle

réduction sur le paquet anti-feu avec un

extincteur, une couverture anti-feu et

un détecteur de fumée. Pour € 90 TVA

incluse ce paquet est le vôtre.

Toutes les informations sur www.approches.be 

10% de réduction sur Cadeaubox !Vous êtes à la recherche du cadeau approprié pour un anniversaire, le jour des mères

ou la fête de Noël ? Cadeaubox offre selon le souhait de chacun : un saut en parachute,

un dîner romantique, une séance de sauna et un abonnement de journal, une excursion

de week-end. Grâce à Approches vous bénéficiez d’une réduction de 10% lors de commandes par le biais du shop Internet + livraison gratuite (d’une valeur de 3,5 euro).

COMMENT PROCEDER ?• Surfez sur www.cadeaubox.be• Flairez les plus de 40 boxes cadeau et faites le choix• Cliquez sur le bouton du chariot pour ajouter votre achat et remplissez vos données• N’oubliez certainement pas d’introduire votre code de promotion : B-FRACARITA-4C3MHW• Prêt ! Livraison dans les 3 jours de travail.Amusez-vous !

Plus d’info sur www.approches.be

Moins que 85 cm: gratuitEntre 85 cm et un mètre : 9,99 euroPlus grand qu’un mètre : 25 euro 18 euro

Plus d’info sur www.approches.be

Moins que 85 cm : gratuitEntre 85 cm et un mètre : 9,99 euroPlus grand qu’un mètre : 18,25 euro 13,25 euro

30% de réduction pour les tickets pour PlopsaGrâce à Approches vous obtenez 30% de réduction sur tous les tickets pour Plopsaland De Panne, Plopsa Indoor Hasselt et Plopsa Coo.

1. Commander est seulement possible par le biais de www.plopsabusiness.com2. Cliquez sur le parc que vous souhaitez visiter.3. Cliquez en haut à droite sur l’item rose « B2B-tickets ».4. Entrez le code de promotion « mayaland101 ».5. Complétez le reste et vous bénéficiez du tarif Approches.

Prix Approches 2014, TVA incluse :

Moins que 85 cm : gratuitEntre 85 cm et un mètre : 9,99 euroPlus grand qu’un mètre : 34 euro 24 euro Allez au

zoo meilleur marchéGrâce à Approches vous obtenez cette année

aussi 15% de réduction sur un abonnement au

ZOO d’Anvers et Planckendael !

Surfez sur www.approches.be pour plus d’informations.

Page 20: Approches, 2014-1

ESPRIT D’ÉQUIPE

Nous sommes au C.P. Saint-Bernard à Manage. Certains patients résident temporairement ici, d’autres habitent pendant des années dans ce centre psychiatrique. Et « habiter », cela signifie qu’ils veulent être chez eux et que leur séjour implique un grand nombre de tâches ménagères. Entre autres la lessive. Pour cela, il y a le service « Pressing » qui permet aux patients de porter des vêtements fraîchement lavés et, ainsi, de se sentir bien soignés.

L’ÉQUIPE PRESSING FRANÇOIS DEHOMBREUX, MATTIAS DEVRIENDT, JACQUES CANIVET

Le matin, dès 6 h, le chauffeur va chercher dans les unités les chariots de linges sales. Ces linges souillés sont dans des sacs de couleurs différentes : chaque unité de soins est différenciée par la couleur de son sac. Dans la journée, le linge propre retourne dans les unités.

La journée du Pressing s’achève vers 15 h – 15 h 30.

Une journée de l’équipe

Pressing

En moyenne, environ un volume de 400 kg de linge est traité chaque jour de la semaine. Du lundi au vendredi et quelquefois le samedi. En fin de semaine, l’objectif est que tout le linge repris soit renvoyé dans les unités. Esprit d’équipe et à l’écoute des besoins , à nous de confirmer !

20 > approches mars 2014

Page 21: Approches, 2014-1

> Est-ce que vous aussi vous vous demandez comment se présente un jour de travail à l’étage en-dessous ou ce que fait chaque jour la section au bout du couloir ? Faites-le savoir à la rédaction !

Le linge est alors trié et mis en ma-chine : dans une lessiveuse des vêtements d’une seule unité.

Trié par personne (le linge traité est en effet marqué à l’Institut s’il ne l’a pas été par le patient, résident ou la famille), réparé si possible, plié et/ou repassé et placé dans un chariot pour son retour dans l’unité où il sera remis dans les armoires des patients ou résidents par les lingères. Voilà, Marguerite, Catherine et Martine s’occupent entre autres de ce travail.

Une fois lavé, le linge passe au séchage : dans un séchoir, les vêtements d’une seule unité.L’opération terminée, le linge du séchoir est dirigé vers sa zone de tri, une zone différente par unité.

> L’ÉQUIPE DU PRESSING est composée de : Barbieux Fabienne, Cattin Martine,

Mercier Nancy, Piret Anne, Stinat Marguerite, Dehaeseleer Christopher et Dorigo

Nicolas. Godart Catherine et Mathieu Brigitte travaillent pour le pressing et la

lingerie dans les unités hospitalières. Nous réunir tous en même temps est

devenu une gageure avec nos prestations différentes et une répartition des

congés équilibrée. L’équipe mise en place fait preuve d’efficacité et reste attentive

aux remarques et changements.

L’ÉQUIPE DU PRESSINGQui est?> Stinat Marguerite, Dorigo Nicolas, Cattin Martine, Mercier Nancy, Gaube Lisa (étudiante), Godart Catherine > Stinat Marguerite, Dorigo Nicolas, Cattin Martine, Mercier Nancy, Gaube Lisa (étudiante), Godart Catherine

D’abord un petit rappel. A St-Bernard, Manage, notreservice « Pressing » est un

outil, en interne, qui prend en charge l’entretien d’une partie du linge Ce ne sont peut-être pas les premières personnes qui vous viennent à l’esprit dans un centre psychiatrique, mais précisément ce service peut aussi prouver toute son utilité au C.P. Saint-Bernard.L’ensemble de nos tâches est trèsdivers. Nous lavons le linge desrésidents et patients qui le désirentmoyennant soit un forfait, soit unefacturation à la pièce. On s’occupe aussi de nos sacs de transport de linge, des vêtements de travaildu personnel, des rideaux et de laplupart des tentures et des oreil-lers et couvertures. Dans les locaux, il a également un empla-cement réservé à des machines accessibles aux patients désireux de laver leur linge eux-mêmes. Comme dans un lavoir externe, le patient est capable de se débrouil-ler pour toutes les opérations. L’entretien du linge plat est accom-pli par une société extérieure.

approches mars 2014 > 21

Page 22: Approches, 2014-1

Jacques Rogge

« Ne me demandez pas de parler de mes émotions. »

Nous nous sommes demandé : « Comment en serait-il de Jacques Rogge, un mois après les premiers Jeux Olympiques d’hiver sans lui à la tête du Comité Olympique International ». Juste avant l’interview nous voyons par la fenêtre de son bureau comment il parcourt le questionnaire que nous devions faire parvenir au préalable. Cela le caractérise. Structuré, bien préparé et rationnel. En route vers son bureau, il salue chaque collaborateur que nous rencontrons en donnant la main ou en disant bonjour. Une amabilité réservée avec laquelle il répond également à nos questions.

MATTIAS DEVRIENDT LISA VAN DAMME

À L’ÉCOUTE

Page 23: Approches, 2014-1

« UNE POLITIQUE DOIT ÊTRE TOURNÉE VERS CE QUI EST

POSSIBLE, NON VERS CE QUI EST IMPOSSIBLE. »

approches : Par quoi connaissez-vous les Frères de la Charité ?« Je connais les Frères de la Cha-rité en grandes lignes. Je pense en premier lieu aux Frères de la Charité comme établissement d’enseignement bien que je sache que vous êtes également actifs dans de nombreux autres secteurs. En outre, j’ai surtout à l’esprit la mis-sion de la « Caritas » dans tout ce que vous faites. »

approches : Vous avez été président du COI pendant 12 ans. Est-ce que vous avez aimé faire ce travail ?« Evidemment, sinon je ne l’avais pas fait. »

approches : Et qu’est-ce qui a été le plus passionnant dans ce travail ?« Le contact avec les athlètes. Contrairement à ce que beaucoup de personnes pensent peut-être, ce contact a toujours été très étroit et direct. Peut-être j’étais bien le pré-sident du COI, mais cela ne signifiait pas que je vécusse dans une tour d’ivoire. Pendant les Jeux Olym-piques j’échangeais l’hôtel cinq étoiles habituel pour un logement dans le village olympique et j’avais un contact direct avec les athlètes. Il n’y avait pas question d’un proto-cole. Finalement le COI est là pour les athlètes et ce lien mutuel doit pouvoir se dérouler sans détours. » Hygiène vitaleapproches : Vous avez été vous-même un athlète et vous avez par-ticipé 3 fois aux Jeux Olympiques en faisant de la voile. Qu’est-ce que le sport vous a appris ?« J’ai appris à avoir à l’esprit des objectifs, de travailler en leur fonction et d’également atteindre ces objectifs. Un sportif sait qu’il ne peut rien atteindre sans s’entraîner durement. En ce sens le sport m’a également appris beaucoup sur l’éthique du travail. Ensuite je me souviens surtout de la tolérance et du respect envers l’opposant qui est demandé de nouveau lors de chaque compétition. Je parle souvent aussi de « l’hygiène vitale » que j’en ai retenue sur le plan de la diététique. Je respecte certaines mesures générales que je dois prendre en tant qu’homme pour être en forme. »

approches : Quelle est la place qu’a pour vous le sport dans l’éducation ?« Le sport a un rôle très important dans l’éducation d’enfants et de jeunes. Les pays anglo-saxons ont très bien compris cela et y sont bien plus avancés que nous. Le sport est une partie très considérable de l’ensemble d’apprentissage à l’école. Outre les heures cognitives de cours de langue, de mathéma-tiques et de cours généraux, il y a également les heures de formation avec une offre large de sport et d’éducation physique. »

approches : Y a-t-il un grand abîme entre la façon des pays anglo-saxons d’intégrer le sport dans leur enseignement et notre façon de le faire en Belgique ?« Dans les pays anglo-saxons, il y a une tout autre approche. Le matin il y a du temps pour les heures de cours cognitifs et l’après-midi du sport et de l’éducation physique. La Belgique n’a pas une culture où nous insérons le sport dans l’enseignement et l’éducation. Evidemment, je trouve cela re-grettable. Vous ne devez pas me convaincre des possibilités qu’il y a à ce sujet pour l’enseignement en Belgique. »

approches : Dans quelle mesure le sport peut bénéficier au bien-être de la personne ? « Dans une grande mesure. Le sport a bien des significations sociales. Le sport éduque, le sport apporte la santé, le sport rend le corps et l’esprit plus forts, le sport intègre l’homme dans la société, le sport apprend que l’on peut en équipe faire plus que seul, le sport est le moyen d’intégration idéal pour des minorités dans la société, le sport vous apprend à respecter des règles et le sport vous apprend en même temps à res-pecter l’opposant. Il a donc une signification sociale très large. »

94%approches : Vous voyez réservé un même rôle social au Comité Olympique International comme organisation ? « En effet. Une bonne éducation, une bonne santé, du respect des autres : ce sont ces valeurs que le COI peut aider à proclamer. En outre, le COI investit de façon très ciblée dans la société. Nous répartissons 94% des moyens que nous acquérons pour la formation de la jeunesse et le déve-loppement du sport dans les pays en développement. Cela vaut donc bien la peine. De cette façon, à mon avis, le COI est présent visiblement dans la société. »

approches : Vous avez rarement fait des énoncés publics sur la politique. Dans quelle mesure voulez-vous séparer la politique et le sport ?« J’ai l’opinion que le sport ne peut pas s’occuper de choses politiques. Le COI n’est pas un mouvement politique, mais une association sportive. D’accord, c’est une orga-nisation grande et importante, mais finalement ce n’est que « simple-ment » une association sportive. Le COI ne peut donc pas intervenir sur le plan politique. Nous n’y avons pas un rôle à jouer. »

approches : Est-ce que vous ne relativisez pas maintenant les pos-sibilités du COI ?« Je suis un idéaliste, en ce sens que je rêve d’une société meilleure. Absolument. Mais en même temps je suis réaliste. Je sais ce que le Comité Olympique sait faire et ce qu’il ne sait pas faire. On ne peut attendre de moi et du COI que nous améliorerons toute la société et le monde entier. »

approches : Mais vous aimeriez le faire ?« Je suis une personne pragma-tique et je ne rêve pas de choses

approches mars 2014 > 23

Page 24: Approches, 2014-1

impossibles. Cela n’a pas de sens de vouloir réaliser des choses qui ne se réaliseront jamais. Une politique doit être tournée vers ce qui est possible, non vers ce qui est impossible. Une politique doit être basée sur ce qu’on peut faire. »

approches : C’est vrai, mais qui a une fonction au sommet d’une organisation mondiale, puissante a également du pouvoir et la con-sidération pour des domaines sur lesquels il n’a pas de compétences. Dans quelle mesure avez-vous vécu ce pouvoir ?« Je n’avais pas de pouvoir, je n’avais que de l’influence. On a seu-lement du pouvoir quand on peut décider quelque chose à la place d’un autre. Je ne le pouvais pas, mais on m’écoutait par la fonction que j’ai revêtue. La question est de ne pas en abuser. »

approches : Est-ce difficile ? Avez-vous un fil conducteur sur lequel vous pouvez retomber dans des situations difficiles ?« Si on a de l’influence, on ne peut pas chaque jour venir présenter une recommandation ou un avis. Il est donc important de doser son influ-ence. C’est pourquoi j’interviens seulement quand c’est nécessaire et avec du sens de timing.

Je pars le plus souvent de ceci : il ne faut pas intervenir dans ce qui est évident, car les gens vont prendre la décision qui est évidente. Ce n’est que quand quelque chose n’est pas évident, qu’il faut intervenir. Et au moment approprié, sur le bon ton. »

approches : Cela m’apparaît être la définition d’un diplomate.« Un diplomate est en effet quel-qu’un qui cherche des solutions et les trouve. En ce sens je pourrais bien me qualifier de diplomate. »

approches : Est-ce que vous avez appris cela ou est-ce un trait de caractère ?(rit) « C’est difficile pour moi de dire cela. Je ne l’ai pas appris d’une façon systématique. A l’école on n’apprend pas de telles aptitudes. C’est plus un trait de caractère. J’essaie de trouver des solutions quand il y a des problèmes. Ces solutions naissent en faisant parti-ciper toutes les parties, en écoutant des points de vue et en prenant ensuite une décision. Mais je ne saurais vous dire pourquoi je suis fort en cela. »

Déléguerapproches : Vous étiez pendant des années au sommet d’une

organisation mondiale. Quel type de leader êtes-vous ?(réfléchit un peu). « Je pense que je suis surtout quelqu’un qui fait du team building. Je crois en la collaboration. Je suis convaincu que des équipes sont plus ef-ficientes que des structures. C’est pourquoi j’ai toujours essayé de constituer une équipe. »

approches : Comment l’avez-vous fait ?« En responsabilisant mes col-laborateurs et en leur donnant à leur niveau du pouvoir de décision sur le terrain qu’ils maîtrisent. Déléguer est crucial à ce sujet. En donnant des responsabilités aux gens, on les rend plus forts et cela est au bénéfice de l’équipe. »

approches : Comment vous conduisez-vous dans votre équipe avec des gens qui sont plus faibles, qui ont des difficultés ou qui sont confrontés à leurs limitations ?« Je fais cela en première in-stance d’une façon constructive. En approchant les choses positi-vement, on peut croître. J’essaie de les aider, de les convaincre qu’ils doivent faire les choses différemment, mais toujours d’une façon constructive. »

> « Ne me demandez pas comment ou pourquoi. Je ne suis pas fort en cela », est la réponse de Jacques Rogge à la question de savoir pourquoi il est devenu médecin.

24 > approches mars 2014

Page 25: Approches, 2014-1

approches : Beaucoup de collabo-rateurs des Frères de la Charité travaillent dans le secteur soins de santé mentale ou dans les soins orthopédagogiques. Com-ment regardez-vous des personnes avec une déficience mentale ou physique ?« J’ai connu une longue carrière comme médecin ce par quoi j’ai développé beaucoup d’expérience avec des personnes avec une défi-cience physique. J’ai été chirurgien orthopédique donc une grande part de ma tâche était précisément tournée vers des personnes avec une déficience physique. J’ai traité des personnes dans un fauteuil rou-lant, avec une amputation ou de la poliomyélite. Pour moi ce sont des personnes totalement normales. Je les approche comme si elles étaient sans déficience. En effet, il n’y a pas une raison pour se conduire autre-ment envers elles. »

approches : Les Paralympics ont eu beaucoup d’attention l’année passée. Voyez-vous une différence entre les Jeux Olympiques et les Paralympics ?« Il n’y a pas tellement de différence entre les deux. Les Jeux Olympi-ques collaborent très étroitement avec les Paralympics. Quand on re-garde le nom on y lit ‘lympics’. Nous avons donné l’autorisation d’utiliser ce mot. Nous obligeons également les organisateurs des Jeux Olym-piques d’organiser les Paralympics et nous aidons financièrement leur organisation. Il y a donc une collaboration très étroite. Quant au concept le protocole est d’ailleurs tout à fait parallèle. Il y a un dra-peau, une cérémonie d’ouverture et de clôture et il y a des médailles et des podia. Evidemment les athlètes sont différents en ce sens qu’ils ont d’autres limitations physiques.

Les athlètes paralympiques doivent apprendre à gérer les limitations de leur corps et doivent également traiter cette limitation. Leur mérite est évidemment qu’ils dépassent cette limitation pour faire des prestations. C’est ce qui les rend exceptionnels. J’ai vu beaucoup d’athlètes paralympiques avec une volonté de fer et un caractère fan-tastique qui ont fait des prestations exceptionnelles. On sent pendant les Paralympics que ces presta-tions font peut-être encore plus de bien aux athlètes paralympiques qu’aux autres athlètes. »

approches : Avez-vous aussi de l’expérience avec des patients psychiatriques ? « En tant que médecin j’étais régulièrement en contact avec des personnes avec une vulnérabilité psychique. Pour moi c’est « une pathologie » comme l’est aussi une jambe fracturée. Je ne traitais pas ces personnes moi-même, je pou-vais simplement faire un diagnostic prudent et les référer à la personne

indiquée. Je vois cela comme un problème médical. »

approches : Dans le temps, pourquoi êtes-vous devenu médecin ?« Simplement parce que la pro-fession m’attirait. Je ne suis pas quelqu’un qui « dissèque » psych-analytiquement pourquoi il avait une vocation pour la médecine. Il en est simplement ainsi. Je voulais devenir médecin, mais ne me demandez pas comment ou pourquoi. Je ne suis pas fort en cela. »

approches : Vous me paraissez être une personne assez rationnelle…« Je l’espère bien… »

approches : Dans quelle mesure savez-vous montrer des émotions ?« Ne me demandez pas de parler de mes émotions. J’ai des émotions comme tout un chacun. Si je les exprime ou non, cela ne concerne que moi. »

Justine Heninapproches : Que faites-vous actuel-lement ? « Je suis fort occupé. Pour la pre-mière fois dans longtemps je peux de nouveau faire du sport et je vais aussi souvent regarder des compétitions sportives. Je veux lire des tonnes de livres que, hélas, je n’ai jamais pu assimiler pendant mon mandat. Puis j’ai une passion pour l’art moderne et avec mon épouse je vais souvent à des galeries et des expositions. Finalement je passe du temps avec mes petits-enfants. »

approches : Si vous regardez en ré-trospective les années précédentes, quel est le plus beau moment ?« Je vais maintenant me montrer très chauviniste, mais les médail-les d’or des Belges resteront quand même le plus longtemps dans ma mémoire. Il n’y en a pas tellement, mais à chaque fois c’était spécial de voir les triomphes de compatriotes comme Ulla Werbrouck, Justine Henin, Frederic Deburggraeve et Tia Hellebaut. »

approches : Avez-vous encore des rêves ? « Oui, heureusement. Mais ceci n’est pas une interview psychanalytique. Je préfère garder ce rêve pour moi. » n

Qui est?

> JACQUES ROGGE (°2 mai

1942) est chirurgien ortho-

pédique et a été président du

Comité Olympique Internatio-

nal pendant 12 ans.

> Il est le mari d’Anne Bovyn

et ensemble ils ont un fils et

une fille.

> En 2003 on lui a accordé le

titre nobiliaire de Comte. Sa

devise est : « Nil Volentibus

Arduum » (rien n’est difficile

pour ceux qui veulent).

JACQUES ROGGE

« ON A SEULEMENT DU POUVOIR

QUAND ON PEUT DÉCIDER QUELQUE CHOSE À LA PLACE

D’UN AUTRE. »

approches mars 2014 > 25

Page 26: Approches, 2014-1

Déterré et ré-enterré

ET CETERA

Le 25 novembre 2013, à Lovendegem, le Père Triest a été déterré et ré-enterré. Cette cérémonie très inhabituelle cadrait dans le processus de béatification qui stipule qu’avant la clôture du processus, la tombe doit être ouverte pour vérifier si c’est réellement la dépouille mortelle de la personne qui sera béatifiée et où l’on doit en même temps entreprendre des actions pour garantir la conservation de ces restes. C’était un jour plein d’émotions pour les Frères de la Charité !

FR. RENÉ STOCKMAN, LIEVEN CLAEYS FRANK BAHNMULLER

Pierre Joseph Triest

Le Père Triest a été enterré en 1836 au cimetière communal autour de l’église de Lovendegem, en pleine terre et probablement dans un simple cercueil en bois. Mais parce qu’en 1902 le cimeti-ère autour de l’église a été supprimé, les Sœurs de la Charité ont décidé plus ou moins en secret de transporter la dépouille mortelle de leur et de notre fondateur vers la propre chapelle funé-raire. Le Père Triest avait été enterré en pleine terre jusqu’à ce moment pour 66 ans, et dans le temps le déterrement et le ré-enterrement avaient été effectués avec une certaine rapidité et probablement la nuit. Mais lors du transfert, avait-on procédé avec soin ?

1.

3.

4.

Dans le cercueil il y avait un autre cercueil, en plomb, et là-dedans encore un cercueil plus petit, en bois, avec les restes. Dans le cercueil se trouvaient les os restants, en état très fragile, et seulement très limités en nombre. Probablement, lors du premier déterrement, on a seulement emmené une partie du squelette, car on n’a rien retrouvé des membres inférieurs. Des parties de la soutane et de la cha-suble sont conservées remarquablement bien, jusqu’aux boutons et les chaussures. Ce qui était également très particulier était d’avoir retrouvé le bonnet et des touffes de cheveux qui étaient aussi déposés soigneusement dans le nouveau cercueil. On avait donc apparemment déterré très rapidement la dépouille mortelle à l’ancien cimetière et sans plus de vérification ou de nettoyage on l’avait déposée dans ce cercueil. Oui, c’était là la dépouille mortelle de notre Fondateur bien-aimé. Un frisson d’émotion traversait chacun qui était présent.

Les membres du tribunal sont alors partis vers la morgue pour vérifier et nettoyer la dépouille mortelle, et pour la mettre avec soin dans un nouveau cercueil. En même temps des reliques ont été offertes à l’évêque, aux trois congrégations et également au Vatican à la lumière, on l’espère, de la sanctification ultérieure.

26 > approches mars 2014

Page 27: Approches, 2014-1

GAGNEZ UN OREILLER ! Approches donne l’opportunité de gagner 2 oreillers !

Couchez-vous bien sur un oreiller de confort, doux et

aéré de Sampli.

APPEL

À QUI LE PRIX ?

PARTICIPEZ !Répondez à trois questions dont vous pouvez trouver la

réponse dans le présent numéro d’approches. Envoyez

vos réponses à [email protected] ou par le

formulaire du concours sur www.approches.be1. Que signifie l’abréviation ABS ?2. Quel est le nom que les collègues de Ronald Clavie

donnent à son travail ?3. Qui a mis au point la méthode de la communication

non violente ?Plein succès !

Vous souhaitez gagner par le biais du magazine appro-

ches un oreiller de confort, doux et aéré ? Ou une bonne

bouteille de vin ?

Avez-vous un(e) collègue qui devrait vraiment trouver une

place dans Approches ? Avez-vous une équipe qui se fait

remarquer ? Etes-vous occupé(e) d’une initiative chouette

ou intéressante et vous voulez partager cela avec vos

collègues ? Avez-vous toujours eu envie de faire une

séance de photos professionnelle? Ou avez-vous une idée ?

Faites-le-nous savoir et nous cherchons une façon de le

mettre en 2014 dans « Approches » !

C.P. Saint-Bernard, Manage : [email protected]. Saint-Martin, Dave : [email protected]. Saint-Lambert, Bonneville : [email protected], Bonneville, Bonneville : [email protected] Sauvèrdias, Jambes : [email protected]

Quand le cercueil sortait de la niche, la tension était grande. Chacun se demandait ce qu’on trouverait dans le cercueil. Est-ce qu’un sque-lette serait visible ou plutôt des os restants ou des parties des vêtements avec lesquels le Père Triest avait été enterré ?

Le Père Triest repose maintenant de nouveau dans sa crypte. Encore en 2014 le processus diocésain sera probablement clôturé de façon que la Causa puisse être transférée vers le Vatican. Là on vérifiera les écrits et les témoignages et nous prions que le Pape puisse donner sur base de ce processus historique au serviteur de Dieu Pierre Joseph Triest le titre de « Vénérable ». Il faudra attendre alors un miracle afin de pouvoir plus tard prononcer la béatification et ensuite la sanctification.

2.

5.

approches mars 2014 > 27

Page 28: Approches, 2014-1

Cela remonte le moral! FRANÇOIS DEHOMBREUX

Depuis quelques mois, le personnel de la maison « Bambou » a emménagé avec les usagers de son groupe dans une maison d’Andenne. Un gros déménagement avec tous les meubles, le matériel et tant d’autres choses. Sans oublier la machine à café gagnée lors du concours du magazine « Approches » ! Elle a pris sa place dans la cuisine pour le bien-être de Christelle, Mona-Lisa, Jeanny, Dominique et tous les autres.

ww

w.k

liek.

be ¬

13-3

140

PORTRAIT