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Anne-Sophie Mutter | Lambert Orkis| Samedi 17 mai 2014 SAMEDI 17 MAI 2014 –20H Krzysztof Penderecki La Follia, pour violon solo Wolfgang Amadeus Mozart Sonate pour violon et piano en mi mineur K. 304 André Previn Sonate n° 2 pour violon et piano entracte Ludwig van Beethoven Sonate n° 9 « À Kreutzer » Anne-Sophie Mutter, violon Lambert Orkis, piano Avec le soutien de l’Institut Adam Mickiewicz dans le cadre du programme Polska Music. www.polskamusic.pl Ce concert est également soutenu par l’Ambassade de Pologne. Fin du concert vers 21h45.

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SAMEDI 17 MAI 2014 –20H

Krzysztof Penderecki La Follia, pour violon solo

Wolfgang Amadeus MozartSonate pour violon et piano en mi mineur K. 304

André PrevinSonate n° 2 pour violon et piano

entracte

Ludwig van BeethovenSonate n° 9 « À Kreutzer »

Anne-Sophie Mutter, violon Lambert Orkis, piano

Avec le soutien de l’Institut Adam Mickiewicz dans le cadre du programme Polska Music.

www.polskamusic.pl

Ce concert est également soutenu par l’Ambassade de Pologne.

Fin du concert vers 21h45.

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Âmes sœursUne interview avec Anne-Sophie Mutter et Lambert Orkis

« Ma rencontre avec Lambert a été un véritable coup de chance. Quand nous avons commencé à nous produire

ensemble, nous avons vite remarqué à quel point nos respirations et nos phrasés s’accordaient à la perfection. »

C’est en décembre 1988 qu’Anne-Sophie Mutter et Lambert Orkis ont donné leurs premiers récitals communs en Amérique, avec d’emblée le sentiment qu’ils partageaient une sympathie musicale que tous deux savaient ne devoir jamais changer. Pour Anne-Sophie Mutter, une telle affinité est « là ou n’est pas. C’est difficile à décrire. Mais on ressent tout de suite si l’on peut véritablement dialoguer avec quelqu’un d’autre. Pour nous, cette base essentielle s’est maintenue durant nos vingt-cinq années ensemble. »

Le fait que ces deux artistes abordent leur partenariat selon un angle légèrement différent, loin de constituer un obstacle, s’est avéré en réalité extrêmement productif. Lambert Orkis était familier de longue date du répertoire contemporain comme de l’interprétation sur instrument d’époque, et cette familiarité avait influencé son approche de la musique des XVIIIe et XIXe siècles. La violoniste est convaincue que leur travail sur les sonates de Mozart et Beethoven en a énormément bénéficié. « En général, nous sommes autant aidés par ce qui différencie nos personnalités que par nos points communs, avec ce désir de soutenir l’autre de façon inconditionnelle. Nous sommes comme des funambules s’assurant que l’autre est dans la meilleure posture possible pour son triple saut périlleux avec vrille. »

Comment un tel partenariat artistique peut-il fonctionner depuis si longtemps sans le moindre murmure de désaccord ? Pour le pianiste, la question est très simple : « Nous nous apprécions, nous aimons le jeu de l’autre et sa compagnie. Cela rend les choses beaucoup plus aisées, parce que nous travaillons très dur. D’une certaine manière, j’avais été très gâté par les moments merveilleux passés avec le grand violoncelliste Mstislav Rostropovitch, lequel m’a présenté Anne-Sophie. Mais dès le début, jouer avec elle s’est avéré complètement naturel. Son jeu est d’une beauté incroyable, intelligent, son goût très sûr, même en musique contemporaine. Anne-Sophie combine un authentique plaisir de la musique avec un esprit d’aventure et une passion intense pour son sujet. De mon côté, j’aime allier virtuosité et beauté du son. Une grande partie de notre communication passe uniquement par le son. Bien sûr, nous parlons, mais très peu d’interprétation. Nous discutons de politique, de religion, de ses chiens et de mes chats – et nous ne nous fâchons jamais. »

Anne-Sophie Mutter a toujours préféré travailler avec des chefs qui avaient leurs propres idées musicales et une opinion personnelle affirmée. « Cela me semble bien plus riche qu’un chef uniquement capable de tenir l’orchestre poliment à l’arrière-plan. Dans le cas de la musique de chambre, c’est encore plus important que votre partenaire vous soumette ses propres expériences. Je suis toujours désireuse d’apprendre. Et cela n’est possible qu’avec des musiciens qui en savent plus que moi sur une pièce ou qui ont une approche différente

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de cette pièce – comme c’est le cas avec Lambert. C’est lui que je dois remercier de m’avoir fait découvrir un compositeur comme Sebastian Currier, lequel a écrit pour moi le concerto pour violon Time Machines et pour nous deux la pièce Aftersong. Lambert m’a apporté de nombreuses idées artistiques essentielles et présentée à des artistes qui sont depuis devenus des amis. »

Durant vingt-cinq ans, les deux musiciens ont exploré l’univers de nombreux compositeurs : Franck, Debussy, Fauré, Schumann, Brahms, Kreisler, Prokofiev, Respighi, Webern et George Crumb. Ils organisent leurs programmes ensemble, régulièrement aidés du professeur d’Anne-Sophie Mutter, Aida Stucki. Sans ses précieux conseils, ils n’auraient peut-être jamais découvert des trésors tels que la sonate de Respighi. Un projet central pour eux et particulièrement exigeant a été l’enregistrement de deux cycles consacrés à Mozart et Beethoven, de quatre CD chacun, parus respectivement en 2006 et 1998. « J’avais jouéla plupart des grandes pièces », se rappelle Lambert Orkis, « et Anne-Sophie en avait joué d’autres. Mais l’essentiel des sonates de Beethoven et surtout les sonates de Mozart nous étaient nouvelles. C’est pourquoi ce projet a été extrêmement surprenant pour moi. Pour être honnête, Mozart me faisait peur. Anne-Sophie m’a beaucoup aidé et lu les lettres du compositeur, nous ouvrant les yeux sur les histoires extraordinaires que ces sonates avaient à raconter. » Pour Anne-Sophie Mutter également, ces seize grandes sonates ont suscité un nombre infini de questions. « Les partitions de Mozart ne contiennent quasiment aucun indication d’exécution – il y a très peu d’indications de tempo, par exemple. C’était donc une bonne chose que nous arrivions à développer de nombreuses idées ensemble et que nous n’ayons pas décidé à l’avance dans quelle direction nous allions aller. Nous avons apporté au projet des conceptions très différentes. En général, nous sommes ouverts aux idées de l’autre et intéressés par ce que l’autre a à offrir, et chacun de nous aime mettre dans la balance quelque chose de nouveau que l’autre trouve stimulant, voire dérangeant. »

Le terme de « routine » n’a pas sa place dans leur vocabulaire, même en tournée avec cinq frontières traversées en cinq jours et dix récitals en onze jours. Après vingt-cinq ans, ils répètent encore intensément avant chaque concert, affinant parfois leurs idées musicales à la dernière minute – ce qui n’exclut pas la spontanéité du moment. « Nous prenons des risques, » dit Lambert Orkis. « L’un de nous expose le matériau musical et lui donne une couleur que nous n’avons jamais entendue auparavant. Et l’autre réagit à cela. » « Avec Lambert, je peux tout faire, accélérer jusqu’à la limite du possible et m’abandonner totalement à la joie pure du jeu. Beaucoup de grands compositeurs qui étaient eux-mêmes de talentueux interprètes jouaient toujours leurs œuvres différemment d’un concert à l’autre. Nous ne recherchons pas l’interprétation parfaite pour la reproduire ensuite durant le reste de nos jours. Nous savons grâce à de nombreux compositeurs contemporains qu’il existe diverses manières de donner vie à une partition. Quasiment tous croient en l’apport décisif de l’interprète. » Et c’est certainement vrai d’un ouvrage comme la Sonate n° 2 d’André Previn, écrite selon Lambert Orkis « avec une étincelle dans les yeux. Le mouvement final est plein d’humour, qualité trop souvent absente en musique contemporaine. André a une écriture accessible et pourtant sa musique conserve toujours sa fraîcheur et sa modernité. C’est juste qu’il ne se prend pas autant au sérieux que beaucoup de ses

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collègues. » De même, Anne-Sophie Mutter souligne le don qu’a Previn en matière de communication avec le public. « Et qui écrit de plus belles choses pour la voix et donc pour le violon ? Peu de compositeurs contemporains arrivent à donner vie aux émotions comme il le fait dans le deuxième mouvement de sa sonate. »

On peut difficilement trouver plus fort contraste entre cette pièce et La Follia de Penderecki pour violon seul, qui rappelle les modèles baroques et présente à partir de ce thème majestueux un véritable catalogue de variations aux difficultés redoutables. « Il ne laisse rien de côté : harmoniques, traits en tierces et en dixièmes, avec des sauts d’intervalles pour lesquels il faut bien attacher sa ceinture. Je pense qu’il a élevé la forme à un degré de perfection unique dans le répertoire violonistique, même si j’ai aussi pleuré sur son épaule en raison de quelques intervalles absolument injouables. »

A-t-il jamais existé un désaccord sérieux entre Anne-Sophie Mutter et Lambert Orkis? Elle rit. « À part mon frère et feu mon mari, je ne connais personne d’humeur aussi égale que Lambert. Malheureusement, je ne peux pas dire la même chose de moi. Quand j’ai faim et que je n’ai pas à manger, les choses peuvent devenir difficiles, et Lambert souffre certainement plus que moi de cela. » Le pianiste rétorque : « Je peux parfois souffrir face à un piano à queue, mais jamais à cause d’elle. »

Oswald BeaujeanTraduction française : Delphine Malik-Vernhes

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Krzysztof Penderecki (1933)La Follia, pour violon solo

Composition : 2013.

Création : le 14 décembre 2013 par Anne-Sophie Mutter au Carnegie Hall de New York.

Durée : environ 10 minutes.

La Follia (ou folia, « folie » en italien) trouve son inspiration dans une forme de danse populaire des XVIIe et XVIIIe siècles. Comme les diverses chaconnes, passacailles et autres basses obstinées qui structurent tant d’œuvres baroques, la folia était basée sur une suite répétée d’accords ; elle était souvent associée à des ostinatos mélodiques et rythmiques. Penderecki – qui a pensé à une époque de sa vie faire carrière comme violoniste de concert – explique qu’à l’origine il avait nommé sa composition « chaconne » avant d’abandonner cette idée, pensant qu’il serait « culotté » de se mesurer à la grande Chaconne en ré mineur pour violon seul de Bach.

Penderecki utilise le motif de la folia comme thème d’un ensemble de variations conçu pour présenter à la fois le talent de l’interprète et l’ingéniosité du compositeur. Les neuf variations vont d’une danse animée de style polonais à un adagio paisible et contrapuntique rappelant les suites pour violon seul de Bach. Dans la section d’ouverture de la pièce, le violoniste introduit le rythme caractéristique long-court-long de la folia par une suite de motifs descendants joués pizzicato. Ici comme dans d’autres pièces, Penderecki souligne les intervalles de demi-ton et de triton, conférant à la musique une teinte sinueuse et chromatique. (Ces mêmes intervalles jouaient un rôle déterminant dans son Premier Concerto pour violon, écrit au milieu des années 1970.) Après une explosion de virtuosité, véritable feu d’artifice, l’œuvre revient à son point de départ sur un fa grave.

Harry Haskell© 2013 The Carnegie Hall Corporation

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Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)Sonate pour piano et violon en mi mineur K. 304

Allegro

Tempo di Menuetto

Composition : Paris mai 1778.

Durée : 14-15 minutes.

Cette sonate fait partie du groupe des six « Palatines », dédiées à la Princesse Électrice de ce titre ; deux de ces œuvres, dont celle-ci, furent écrites pendant le maussade séjour parisien qui n’apporta au jeune Mozart de vingt-deux ans aucun succès décisif. Il est rare qu’une des nombreuses sonates pour violon et piano de Mozart ait un ton principal mineur comme cette K. 304 ; assez tendue, elle précède de peu la Sonate pour piano en la mineur K. 310, si trépidante et inquiète. Sa structure en deux mouvements est atypique et elle se termine par un menuet qui n’en est pas vraiment un.

Dans le premier mouvement, l’ensemble de l’exposition, premier thème, pont, second thème adoptent un profil affirmé, dont les souplesses et les amabilités passagères s’effacent devant des percées de colère ; par moments les deux instruments s’indignent, bien ensemble, parfois à l’unisson ; la section conclusive en canon exprime une orgueilleuse maîtrise. Les ires encore contenues de l’exposition jaillissent franchement dans le bref développement, traversé de notes nerveusement répétées, dont l’impact se prolonge au début de la réexposition. Quelques inflexions tristes (la sixte napolitaine) colorent de leur amertume cette page pourtant toujours gracieuse et belle : avec Amadeus, il n’en est jamais autrement…

Le Tempo di Menuetto prend des libertés avec le schéma du menuet proprement dit : c’est un andante d’une grande délicatesse où les retours du premier thème sont toujours instrumentés différemment, pour introduire de la variété. Cette première phrase est d’abord présentée au piano seul, puis au violon : là, on s’attend au découpage conventionnel du menuet, mais Mozart laisse sa pensée se promener plus loin, détendue et rêveuse, désireuse surtout de laisser un intime morceau de musique de chambre. La phrase suivante, partagée entre les deux partenaires, retarde sa conclusion ; le piano plonge dans une « cadence » grondeuse, et le retour du thème principal ignore l’habituelle reprise. En guise de « trio » central, un discours très vertical en majeur, sorte de choral, exprime un grand calme. Le da capo, introduit par un piano confidentiel écrit une octave plus bas, est abrégé ; le violon conduit à la coda qui, malgré son charme, reste bien sérieusement en mineur.

Isabelle Werck

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samedi 17 mai

André Previn (1929)Sonate pour violon et piano n° 2

Joyous

Desolate

Brilliant, quasi cadenza

Composition : 2011.

Création : le 14 décembre 2013 par Anne-Sophie Mutter et Lambert Orkis au Carnegie Hall de New York.

Durée : environ 17 minutes.

La Sonate pour violon et piano n° 2 de Previn est une commande d’Anne-Sophie Mutter et du Klavier-Festival de la Ruhr. (Sa Première Sonate pour violon avait été écrite en 1994 pour Gil Shaham.) Divorcés en 2006 après quatre ans de mariage, Previn et Mutter n’en ont pas moins conservé une collaboration artistique fructueuse. Durant la dernière décennie, la violoniste a créé plusieurs de ses œuvres, dont le Concerto pour violon « Anne-Sophie », Tango Song and Dance et deux doubles concertos qui associent respectivement le violon à la contrebasse et à l’alto.

Comme la plupart des compositions de Previn, la Deuxième Sonate pour violon est d’une écoute agréable et aisée, imprégnée d’un élan rythmique exubérant et souvent jazzy. Les trois mouvements dessinent par leur titre – « Joyous », « Desolate » et « Brilliant, quasi cadenza » – un arc d’émotions qui reflète la symétrie traditionnelle de la sonate. Cette cohérence formelle est subtilement renforcée par la répétition de thèmes et de motifs. Ainsi, la figure mélodique incisive de quatre notes jouée par le violon au tout début de la sonate – une triade majeure descendante avec l’ajout d’une note de passage – revient plus tard au cours du premier mouvement en valeurs longues, ce qui renforce l’harmonie légèrement dissonante mais triadique dans son essence. Bien que Previn confie à chaque instrument des solos développés et souvent virtuoses, c’est bien la qualité de leur dialogue engagé qui laisse la plus forte impression.

Harry Haskell© 2013 The Carnegie Hall Corporation

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Ludwig van Beethoven (1770-1827)Sonate pour violon et piano n° 9 en la majeur op. 47 « À Kreutzer »

Adagio sostenuto. Presto.

Andante con variazioni.

Finale : Presto.

Composition : entre 1802 et 1803.

Création : le 24 mai 1803 par le compositeur et George Bridgetower.

Durée : environ 32 minutes.

À l’origine, cette sonate aurait dû s’appeler « à Bridgetower », car Beethoven la destinait au violoniste mulâtre, afro-anglais, ainsi nommé. Au début l’entente entre les deux hommes semble avoir été excellente ; comme Bridgetower suggérait à Beethoven une pertinente modification de détail, le maître, enchanté, l’a serré dans ses bras en s’écriant « Encore, mon cher Prichdauer (sic), encore ! ». Peu après, ils se sont disputés, et la dédicace fut adressée au violoniste français Rodolphe Kreutzer. Celui-ci ne joua jamais l’ouvrage qu’il déclarait « inintelligible » ; c’est finalement à Bridgetower qu’est revenu l’honneur de créer cette sonate pionnière et mal aimée ; la critique parla de « terrorisme musical ». Certes, l’œuvre est conçue pour les deux instruments avec une ambition, une vigueur, voire une fougue qui étaient inhabituelles à l’époque, en particulier pour le violon : le genre quitte le salon et entre dans la salle de concert, plus exigeante et plus spectaculaire.

Le premier mouvement épouse une forme sonate très classique mais de grandes dimensions : 10 minutes, 599 mesures. L’introduction, énigmatique, plaintive, hésitant entre majeur et mineur, est attaquée par le violon seul, gémissant en quadruples cordes.Le premier thème, en noires agressives, mène à un « pont » considérable, en plusieurs segments emportés, dialogués (dispute, ou bien confirmation des idées par chacun des instruments ?). Il n’y a pas un deuxième thème, mais plusieurs : d’abord un dolce qui introduit un bref apaisement, puis une nouvelle rafale précipitée dans l’esprit du pont,et enfin une mélodie superbe, large, où les deux partenaires se relaient, moins en rivalité qu’en bonne intelligence vers quelque haute volée. La codetta conclusive se résume aux quelques traits pleins de vivacité qu’ils se renvoient.

Le développement insiste sur l’ample deuxième thème éloquent, qui se réduit bientôt aux deux notes de sa tête, obsédantes au violon. Après le long mi qui clôt traditionnellement cette section (ici largement étalé), la réexposition, de façon très beethovénienne, se tâte, redémarre sous nos yeux de façon laborieuse. La coda lance une nouvelle mélodie lyrique puis, après avoir feint d’épuiser son énergie, s’achève sur de nouvelles fulgurances.

Entre deux mouvements énergiques, le second volet offre un havre de douceur. Il propose quatre variations sur un thème chantant et paisible, long de 54 mesures, dont la structure à deux reprises est soulignée par l’alternance piano / violon. La première variation, très pianistique, se présente en triolets piqués du clavier ; le violon se contente de quelques

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ponctuations. Les rôles s’inversent dans la variation suivante, où le violon parcourt un chemin très décoratif de triples croches que le piano soutient de ses contretemps.La troisième variation, en mineur, déroule un fil sérieux et mélancolique ; le violon chante parfois plus bas que la main droite du clavier et révèle ainsi la gravité secrète du thème. La quatrième variation retourne à un mode majeur et printanier : le clavier dans son aigu est approuvé par quelques pizzicati de son partenaire, et les ornements mélodiques sont gracieux à l’extrême. Une coda de grand format, onirique, referme l’ensemble sur un tendre échange entre les deux instruments.

Le finale (conçu au départ pour une autre sonate, la Sixième) condense ses 539 mesures en six minutes de frénétique tempo, situé entre la tarentelle débridée et le galop euphorique. Les deux instrumentistes dans leurs répliques semblent moins s’arracher les motifs que poursuivre leur but côte à côte. La forme sonate est presque à un seul thème, car le deuxième passe tout aussi vite que le premier, avec le même genre d’articulation ; le développement schématise les fragments mélodiques au travers de quelques fureurs ; les ronflements de la note mi (pédale de dominante), prolongés à souhait, introduisent un suspense très dynamique. La coda comporte un développement supplémentaire et son ralenti, peu avant la fin, ne prépare que mieux la dernière flambée du thème, foudroyante et ravie.

Isabelle Werck

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Biographies des compositeurs

Krzysztof Penderecki

Né en 1933, Krzysztof Penderecki est

devenu la figure emblématique de l’avant-

garde polonaise dans les années 1960

avec des œuvres telles que le déchirant

Thrène pour orchestre à cordes (mieux

connu pour sa dédicace, « À la Mémoire

des victimes d’Hiroshima », bien que

son inspiration première n’ait rien à

voir avec la bombe atomique) et la

Passion selon saint Luc, dans la lignée

du baroque. Célèbre pour son utilisation

de textures denses, expressionnistes

et de techniques instrumentales

inhabituelles, Penderecki a exprimé

son goût pour le drame dans l’opéra

Les Diables de Loudun, dans son Requiem

polonais et dans d’autres compositions.

Au cours des trois dernières décennies,

il a développé un langage plus lyrique

et romantique, en intégrant souvent

des éléments de styles plus anciens.

André Previn

Artiste aux talents multiples, compositeur,

chef d’orchestre, pianiste et arrangeur,

André Previn (né en 1929) est autant

à son aise dans les domaines du jazz,

de la musique de film et de la musique

populaire que ceux du concert classique

ou de l’opéra. Né à Berlin, il a émigré

avec sa famille aux États-Unis en 1939

et travaillé avec succès à Hollywood

comme compositeur de musique de

film et arrangeur. Il s’est ensuite fait

connaître comme pianiste de jazz

et classique, a dirigé divers grands

orchestres d’Amérique et d’Europe

et composé un vaste corpus de

symphonies, concertos, pièces de

musique de chambre ainsi que

deux opéras, A Streetcar Named

Desire et Brief Encounter.

Biographies des interprètes

Anne-Sophie Mutter

Née à Rheinfelden en Allemagne,

la violoniste amorce sa carrière

internationale au Festival de Lucerne

en 1976. L’année d’après, elle se produit

en soliste au Festival de Salzbourg,

sous la direction d’Herbert von Karajan.

Elle interprète autant les grandes œuvres

du répertoire que le contemporain :

Sebastian Currier, Henri Dutilleux,

Sofia Gubaïdulina, Witold Lutosławski,

Norbert Moret, Krzysztof Penderecki,

Sir André Previn et Wolfgang Rihm

lui ont ainsi dédié des œuvres.

Elle s’est produite avec les Berliner

Philharmoniker (Sir Simon Rattle),

l’Orquesta Sinfónica de Galicia (Victor

Pablo Pérez), le Pittsburgh Symphony

Orchestra (Manfred Honeck), le London

Symphony Orchestra (Valery Gergiev),

le London Philharmonic Orchestra

(Kurt Masur) ou encore le Boston

Symphony Orchestra (James Levine).

En décembre 2013, en récital avec le

pianiste Lambert Orkis au Carnegie

Hall de New York, Anne-Sophie Mutter

crée La Follia de Penderecki pour les

quatre-vingts ans du compositeur,

et interprète aussi la Sonate no 2

de Previn. En 2014, elle célèbre le

vingt-cinquième anniversaire de sa

collaboration avec Lambert Orkis

lors d’une tournée qui les conduira

en Allemagne, en France et en Suisse.

Ses enregistrements – toujours pour

Deutsche Grammophon – lui ont

valu de nombreuses récompenses :

le German Record Prize, le Record

Academy Prize, le Grand Prix du

Disque, l’International Record Prize et

plusieurs Grammies. Vient de paraître

Silver Album, comprenant La Follia de

Penderecki, la Sonate no 2 de Previn,

La Méditation de Thaïs de Massenet,

Pièce en forme de habanera de Ravel…

Son premier enregistrement du Concerto

pour violon de Dvořák, avec Manfred

Honeck et les Berliner Philharmoniker,

est sorti en octobre 2013. En 2011,

à l’occasion de ses trente-cinq ans

de carrière, Deutsche Grammophon

a publié une compilation de tous ses

enregistrements. En 2009, afin de

célébrer le bicentenaire de la naissance

de Mendelssohn, Anne-Sophie Mutter

lui rend un hommage très personnel

en mêlant musique symphonique et

musique de chambre sur CD et DVD :

la Sonate pour violon en fa majeur

de 1838, le Trio pour piano en ré

mineur op. 49, composé un an plus

tard, et le Concerto en mi mineur

de 1845. En 2008, elle crée la Fondation

Anne-Sophie Mutter, dont le but est

de promouvoir de jeunes musiciens

– une tâche entreprise par la violoniste

alors qu’elle fondait la Fondation du

Cercle des Amis d’Anne-Sophie Mutter

en 1997 ; à noter qu’avec les Mutter’s

Virtuosi, ensemble composé de quatorze

étudiants boursiers actuels et anciens

de la Fondation Anne-Sophie Mutter, elle

effectuera une tournée internationale

en 2014. Anne-Sophie Mutter met

également sa notoriété au service de

causes caritatives, et s’intéresse aux

questions de santé et de société de

notre époque. Elle soutient ces causes

en donnant régulièrement des concerts

caritatifs. Par exemple, en 2014 est

programmé un concert pour la Fondation

Lebenshilfe, qui aide les personnes

handicapées mentales ainsi que leurs

proches. En janvier 2014, Anne-Sophie

Mutter a été décorée de l’Ordre de la

Société Lutosławski de Varsovie.

En octobre 2013, elle est devenue

membre honoraire de l’Académie

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BIOGRAPHIES

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des Sciences et Arts Américains.

En 2012, l’Atlantic Council lui a remis

le Distinguished Artistic Leadership

Award. En 2011, elle a reçu le Prix

Brahms, ainsi que les Prix Erich-Fromm

et Gustav-Adolf pour son implication

dans les actions sociales. En 2010,

l’Université Norvégienne des Sciences

et des Technologies de Trondheim lui a

décerné un doctorat à titre honorifique.

En 2009, elle s’est vue décerner le

Prix Européen Saint Ulrich ainsi que

le Cristobal Gabaroon Award, et, en

2008, le Prix Ernst von Siemens et

le Prix Mendelssohn de Leipzig.

Elle a reçu la Grand-Croix de l’Ordre

du Mérite de la République Fédérale

d’Allemagne, la Légion d’Honneur

Française, l’Ordre du Mérite Bavarois

et le Grand Ordre du Mérite Autrichien.

Lambert Orkis

Lambert Orkis s’est acquis une solide

réputation internationale, que ce

soit comme musicien de chambre,

spécialiste du répertoire contemporain

ou interprète sur instrument d’époque.

Depuis 1988, il se produit dans le monde

entier avec la violoniste Anne-Sophie

Mutter et a accompagné le violoncelliste

Mstislav Rostropovitch en récital

pendant plus de onze ans. Sa carrière

l’a également amené à collaborer avec

les violoncellistes Lynn Harrell, Anner

Bylsma, Daniel Müller-Schott et Han-Na

Chang, le violoniste Julian Rachlin et

l’altiste Steven Dann, ainsi qu’avec les

quatuors à cordes Vertavo, Emerson,

American, Mendelssohn, Curtis et

Manchester. Comme soliste, il s’est

produit sous la baguette de Christoph

Eschenbach, Mstislav Rostropovitch,

Leonard Slatkin, Rafael Frühbeck de

Burgos, Günther Herbig, Kenneth Slowik,

John Mauceri, Robert Kapilow et

Leon Fleisher. Primée et plusieurs fois

nominée aux Grammy Awards, sa vaste

discographie comprend des œuvres

des périodes classique, romantique et

moderne enregistrées chez divers labels.

Avec Anne-Sophie Mutter, il a réalisé

de nombreux disques pour Deutsche

Grammophon, comme l’intégrale des

Sonates pour violon de Beethoven

(Grammy Award dans la catégorie

Meilleure Performance de musique

de chambre) et de celles de Mozart

(Choc de l’année 2006). Lambert Orkis

a également enregistré en soliste des

œuvres de Schubert au pianoforte

chez Virgin Classics ainsi que des pièces

écrites pour lui par George Crumb,

Richard Wernick et James Primosch

chez Bridge Records. Il a créé le

Concerto pour piano de Wernick,

composé à son intention, au Carnegie

Hall de New York et au Kennedy Center

de Washington avec Rostropovitch

dirigeant le National Symphony

Orchestra – ensemble dont il a été

nommé pianiste permanent en 1982.

Lambert Orkis enseigne le piano

au Esther Boyer College of Music

and Dance de la Temple University

de Philadelphie, université qui l’a

décoré du Faculty Award for Creative

Achievement. Il est détenteur de

la Croix de l’Ordre du Mérite de la

République fédérale allemande.

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POLSKA MUSIC

La programmation de Polska Music a pour principal objet de promouvoir le répertoire classique polonais

dans le monde. A cet effet, Polska Music diffuse les interprétations d’artistes de renommée internationale,

soutient la création de productions lyriques et de concerts, commande des œuvres auprès de jeunes

compositeurs, réalise des enregistrements, publie des ouvrages et participe à d’importantes manifestations.

C’est ainsi que Polska Music s’est associée à de grandes institutions de la scène musicale internationale,

parmi lesquelles le London Philharmonic Orchestra, le London Symphony Orchestra, le Philharmonia

Orchestra, l’English National Opera, le Royal Opera, le Berliner Festspiele, le Los Angeles Philharmonic,

le Lincoln Centre, la Salle Pleyel ainsi que les labels Deutsche Grammophon et Sony Classical.

Fondée en 2011, Polska Music est une émanation de l’Institut Adam Mickiewicz, organisme public chargé

de promouvoir la langue et la culture polonaises à l’étranger et d’encourager les échanges internationaux.

Dans le cadre de sa mission, l’Institut participe à la diffusion d’œuvres polonaises dans les grandes salles de

concert, galeries, théâtres, clubs et festivals à travers le monde. De grands événements culturels, tels que

POLSKA!YEAR au Royaume-Uni, les manifestations liées à la présidence polonaise de l’Union européenne,

l’orchestre I, CULTURE ou les célébrations du centenaire de la naissance de Witold Lutoslawski en 2013,

comptent parmi les quelque quatre mille projets auxquels l’Institut a apporté son concours à ce jour.

À travers le site culture.pl, source d’informations la plus complète et quotidiennement mise à jour sur les

grands événements culturels polonais à travers le monde, l’Institut présente un calendrier des événements

marquants, de nombreuses biographies d’artistes, des critiques, des essais, des notes de programme,

ainsi que de nombreuses institutions culturelles.

Pour de plus amples informations sur les événements culturels polonais dans le monde, consultez culture.pl

(en polonais et en anglais)

Découvrez Polska Music sur le site polskamusic.iam.pl (en polonais et en anglais)

Page 13: Anne-Sophie Mutter | Lambert Orkiscontent.citedelamusique.fr/pdf/note_programme/np_13434.pdfAndré Previn Sonate n 2 pour violon et piano entracte Ludwig van Beethoven Sonate n 9 «

MERCREDI 21 MAI 2014, 20H

JEUDI 22 MAI 2014, 20H

Olivier Messiaen

Le Tombeau resplendissant

Johannes Brahms

Un Requiem allemand

Orchestre de Paris

Chœur de l’Orchestre de Paris

Paavo Järvi, direction

Marita Sølberg, soprano

Matthias Goerne, baryton

Lionel Sow, chef de chœur

VENDREDI 23 MAI 2014, 20H

Einojuhani Rautavaara

Cantus Arcticus

Concerto pour violon

Claude Debussy

Prélude à l’après-midi d’un faune

La Mer

Orchestre Philharmonique de Radio France

Mikko Franck, direction

Hilary Hahn, violon

LUNDI 26 MAI 2014, 20H

Ludwig van Beethoven

Andante favori WoO57

Sonate n° 32 op. 111

Claude Debussy

Reflets dans l’eau

Poissons d’or

Frédéric Chopin

Impromptu n° 3 en sol bémol majeur op. 51

Ballade n° 4 en fa mineur op. 52

Berceuse op. 57

Scherzo n° 4 op. 54

Nelson Freire, piano

Production Piano****.

MARDI 10 JUIN 2014, 20H

Wolfgang Amadeus Mozart

Sonate pour piano n° 9

Ludwig van Beethoven

Sonate n° 8 op. 13 « Pathétique »

Frédéric Chopin

Nocturne op. 62 n° 2

Trois Valses op. 64

Trois Mazurkas op. 56

Polonaise en fa dièse mineur op. 44

Rafal Blechacz, piano

Production Piano****.

MERCREDI 11 JUIN 2014, 20H

JEUDI 12 JUIN 2014, 20H

Emmanuel Chabrier

España

Camille Saint-Saëns

Concerto pour piano n° 5 « Égyptien »

Reinhold Glière

Concerto pour harpe

Piotr Ilitch Tchaïkovski

Le Lac des cygnes (Suite)

Orchestre de Paris

Yutaka Sado, direction

Jean-Yves Thibaudet, piano

Xavier de Maistre, harpe

LUNDI 16 JUIN 2014, 20H

César Franck

Sonate pour violon et piano

Maurice Ravel

Trio avec piano, en la mineur

Franz Schubert

Trio avec piano op. 99

Guy Braunstein, violon

Zvi Plesser, violoncelle

Sunwook Kim, piano

Coproduction Piano****, Salle Pleyel.

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Salle Pleyel | et aussi…

Les partenaires média de la Salle Pleyel

MERCREDI 18 JUIN 2014, 20H

JEUDI 19 JUIN 2014, 20H

Ludwig van Beethoven

Leonore III (Ouverture)

Concerto pour piano en ré majeur

(d’après le Concerto pour violon)

Symphonie n° 7

Orchestre de Paris

Paavo Järvi, direction

Olli Mustonen, piano

MERCREDI 25 JUIN 2014, 20H

Franz Liszt

Les Préludes

Max Bruch

Concerto pour violon n° 1

Ottorino Respighi

Les Fontaines de Rome

Les Pins de Rome

Orchestre de Paris

Gianandrea Noseda, direction

Sergey Khachatryan, violon