sujet d’invention - ac-aix-marseille.fr
Post on 18-Jun-2022
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Sujet d’invention :
Racontez à la première personne, comme vous le feriez dans un journal intime, un moment particulier ou habituel de votre confinement en écrivant à la manière de Boris Vian dans L’écume des jours. Vous décrirez l’endroit où vous êtes confiné en le transformant en un monde imaginaire ; grâce au jeu avec le langage, vous pourrez créer des objets ou des situations.
Consignes :
➢ Inventez des objets détournés (« canon à patates », « cire-godasses »).
➢ Construisez des mots (« pianocktail », « députodrome »).➢ Trouvez vos propres inventions (« le ratatine-ordures »,
«l'éventre-tomates »).➢ Utilisez le principe de l’évocation magique.➢ Inventez des mots déformés (« chuiche », « bedon »,
« antiquitaire »).➢ Redonnez aux mots ou aux expressions métaphoriques leur
sens propre (« exécuter une ordonnance »… à l’aide d’une « guillotine de bureau »).
➢ Construisez des expressions par associations d’idées (« passage à tabac de contrebande »).
Comme un voleur, le soleil entre par effraction dans ma chambre, s'immisçant à travers les volets
en bois. Maintenant que je suis réveillée, il m'est impossible de retourner au pays des songes. La frontière
entre le monde enchanté des rêves et la vie réelle s'est refermée. Peu à peu, mes fenêtres oculaires
s'ouvrent sur l'espace flou autour de moi, ce brouillard matinal est dû au fait que je n'ai pas encore enfilé
mes lunettes de toilette.
À présent, je vois à nouveau ma chambre en haute définition et c'est sans grande conviction que je
me catapulte hors du lit à l'aide de ma fronde. J'enfile mes chaussons aux pommes et me dirige vers la
cuisine, j'ai très envie d'un pain au chocolat.
Une fois tous installés à table de ping-pong, mon père nous sert le petit-déjeuner. Coup de bol à
soupe, au menu aujourd’hui, il y a des pains au chocolat, ou bien comme j'aime les appeler, des
délinquants-caloriques. Papa les a confectionnés lui-même, c'est un excellent gazinier.
Une fois mon repas engoulouti, je me décide à incendier des calories en faisant un peu de sport, de
la torture prétendue bonne pour la santé. Pour cela, je suis munie d'un superbe vélo d'appartement,
magique, qui plus est, couché à même le sol de mon salon. Sans grande conviction, j'enfile une tenue
adéquate et les assassins pédestres qui me servent de baskets.
Prenant mon courage dans un sac, j'enfourche mon vélociraptor. Installée à bord de mon engin, je
n'hésite pas à fermer les yeux, je suis parée au décollage, destination : Nulle-part. Je pédale, je
pédale, je vais de plus en plus haut, de plus en plus vite, je m'époumonone, l'air habituellement
présent dans ma cage thoracique prend ses jambes à son cou et s'envole lui aussi sur son vélo
volant. Le paysage me coupe le souffle, de la même façon et avec la même force qu'une épée. Je
suis trempée de sueur, mon corps subit une aquarragie.
La porte vitrée s'ouvre à la volée et c'est maintenant hors de chez moi que je pédale. La
ville est d'apparence désertique mais si l'on regarde bien nous pouvons aisément apercevoir,
dans le ciel, des centaines de personnes à bord de leur vélo, échappant à chaque pédalage à la
monotonie du confinement.
Paloma ROBLES
Je me lève en me demandant ce qu’il va se passer aujourd’hui. Sûrement rien, comme tous les autres jours depuis
presque un mois. Sortir avec mes amis afin d’aller manger une salade poilue constituée essentiellement de piques d’oursin
mélangées avec un zeste de six troncs. Malheureusement, ce n’est pas possible. Voilà cinq mois qu’une mystérieuse
personne se promène dans les rues du monde. Comme le Père Noël, elle fait le tour du globe en très peu de temps. Sauf qu’à
défaut de distribuer des cas-dos, elle distribue un virus qui se propage dans l’organisme et donne des quintes de toux faisant
sortir des fleurs par la bouche. Les spécialistes de la santé expliquent que c’est une couronne qui s’installe dans le front et qui
chauffe, et d’où l’un des symptômes, la fièvre.
Il est à peine neuf heures, ce qui me laisse le temps de rester allongée sur mon lit au moins une ou deux heures. Que
vais-je faire aujourd’hui ? Peindre un tableau ? Non, impossible, il faut cueillir les coccinelles, une verte, une bleue et une
rouge mais à chaque fois impossible d’attraper la bleue. J’ai beau essayer avec un fusil à barrette, la bleue ne vient pas à moi.
Il faut donc me passer d’une couleur primaire et réduire ma palette de mélanges. Je m’y refuse.
Que fait mon frère ? Il joue à sa nouvelle guerre-console promettant monts et merveilles, surtout la huitième. La
télévision l’absorbe et il disparaît. Il ne revient qu’au bout d’une heure. Il est blessé à la jambe à cause de ce jeu de guerre que
je ne comprends pas. Ma mère est obligée de lui panser la jambe car il réapparaît avec un trou dans le mollet infesté de
petites fourmis. Aller avec lui est une mauvaise idée.
Cuisiner, voilà une bonne idée ! Je m’extirpe de mon lit, j’enlève avec un rase-pelle les pellicules des draps qui se sont
collées à mes jambes et passe rapidement sous la douche. L’eau gazeuse sort du jet et je crie par la fenêtre, ce qui alerte le
lapin qui vient se réfugier dans le potblo.
Que fait mon frère ? Il joue à sa nouvelle guerre-console promettant monts et merveilles, surtout la huitième. La
télévision l’absorbe et il disparaît. Il ne revient qu’au bout d’une heure. Il est blessé à la jambe à cause de ce jeu de guerre
que je ne comprends pas. Ma mère est obligée de lui panser la jambe car il réapparaît avec un trou dans le mollet infesté de
petites fourmis. Aller avec lui est une mauvaise idée.
Cuisiner, voilà une bonne idée ! Je m’extirpe de mon lit, j’enlève avec un rase-pelle les pellicules des draps qui se sont
collées à mes jambes et passe rapidement sous la douche. L’eau gazeuse sort du jet et je crie par la fenêtre, ce qui alerte le
lapin qui vient se réfugier dans le potblo.
- L’eau n’est pas claire.
Il lève une oreille et court vers la pièce où le chauffe-eau est placé.
- Ne fais pas de bêtises sinon tu vas le casser !
Et voilà que l’eau coule de nouveau claire. Un mythe, ce lapin !
Je l’ai trouvé dans une poubelle près d’un ordiclavier et je l’ai ramené chez moi il y a de ça trois ans. Depuis, il se fait
tout petit dans la maison et m’aide beaucoup au quotidien. Il a vraiment le cœur sur la main de fer.
Je sors de la salle de bain les cheveux encore mouillés et me dirige vers ma chambre. J’ouvre les volets et un nuage
vient se réfugier sous ma couette. La pluie est de retour. Génial ! De nombreux oiseaux-mails entrent à leur tour dans ma
chambre. Encore des devoirs ! Apprendre à chanter une musique de Vincidarde Léon, rédiger un court écrit sur le
Coronavirus - le superbe nom de la maladie qui oblige le monde à être en pause pendant un mois ou en « break » comme
dirait nos cousins les Anglais-saxophones, faire un brevet de technologie ou encore étudier un chapitre d’histoire sur la
Seconde Guerre Mondiale - plutôt intéressant sachant que l’année prochaine les livres seront modifiés et parleront de la
pénurie de pâtital et du papier toilette.
C’est en arrivant dans la cuisine que je constate qu’il ne me reste que peu d'ingrédients pour faire ma
recette. Je pensais faire des pancakes mais je n’ai plus de farine. J’ai tellement envie de manger cette petite
crêpe épaisse. J’appuie sur le champignon que mon père a acheté au supermarché. D’un coup, j’accélère et
les pancakes sont prêts. Je coupe des rondelles de pommes avec un compas. Je sucre les fraises avec de la
poudre de perlimpinpin et mets le tout dans un ramequin.
C’est quand le chant des casseroles retentit dans la ville déjà sombre à cause de la pluie qui martèle la
vitre depuis presque soixante-et-douze heures, que je me décide enfin à faire quelque chose de ma journée :
c’est-à-dire regarder un film. J’allume la machine à DVD qui me jette plusieurs disques à choisir. J’en attrape
un en vol et il se trouve que nous en avons beaucoup entendu parler dans le journal. Les personnages sortent
successivement de l’écran pour atterrir dans mon grand salon qui parait tout de suite beaucoup moins grand
avec cette demi-douzaine de personnes. Les épées fusent et je comprends que c’est un film d’action du
moyen-âge.
Après plusieurs minutes, je renvoie tout le monde dans l’écran car le film ne m’intéresse pas.
Cunégonde, qui est toujours penchée dans mon refroidisseur de nourriture, mange le reste de mes pancakes
et ne veut pas partir. J’actionne alors la zappette-lazer et la renvoie dans son disque.
Je suis épuisée par cette journée confinée qui n’a pourtant pas été si dure et me jette sur mon lit. C’est
au bout d’un instant que le sommeil me gagne et que je tombe dans les jambes de Morphée.
Thylane LALOUA
Aujourd'hui est un jour comme les précédents, c'est-à-dire que je reste assis sur mon lit en mousse de
sable - très confortable- à attendre ici la fin. L'extérieur me manque un peu et je dois aussi lui manquer, enfin
j’espère... j’en ai la preuve car il fait venir des tas d'oiseaux de trois centimètres de haut à ma fenêtre à dix
heures du matin.
L'extérieur est beau aujourd'hui, la mairie de la cité a décidé de mettre des collines de poilerbe, elles
ont l'air douces et elles sont d'un vert-luisant… ! Avec ces paysages artificialo-naturels, on ne sait plus trop
où nous sommes ! Et puis regardez-moi ces foyers, ils ont tous la même forme mais pas la même couleur ni
la même aura, bon, en ce moment les gens sont un peu déprimés donc les foyers on tous une mauvaise
aura et leurs couleurs noircissent un peu. Hier, la mairie a diffusé de la neige, mais bien sûr, interdiction de
sortir, une vraie torture.
Tiens, encore ces ennuyateurs, ils travaillent beaucoup en ce moment ; d'habitude ils ne sont en
service que pendant les vacances, ils s'occupent de fournir de l'ennui aux personnes en manque de choses
à faire. Je refuse de les laisser entrer ! Ils apportent la déprime, l'ennui, parfois le suicide et la colère sous
forme de produits électroniques, l'un d'entre eux vient souvent taper à ma porte. Pour le faire fuir, j'utilise le
ringarophone, c'est un appareil qui émet une chanson ringarde pour déstabiliser les indésirables. Un peu de
Mireille Mathieu et hop les voilà partis ! Très amusant ! Je préfère que les ennuyateurs me laissent seul car il
y a toujours mieux à faire que de s’ennuyer, par exemple mesurer tous les meubles de ma chambre et
apprendre par cœur le catalogue Ikea.
Aujourd'hui je change la housse de ma couette, si elle le veut bien, je lui propose une housse marron avec motifs
exotiques blancs. Elle n'a pas l'air emballée, vu sa réaction !... je lui propose donc une autre plus rayonnante avec motifs
jaune Dijon, bleu canard, et beige naturel ; sans hésiter elle choisit celle-ci. Sans que je la regarde (elle est pudique), elle
se rhabille et enfin elle se regarde, s'admire, se contemple... et retourne à sa place sur le lit.
Quelqu'un sonne à ma porte, encore cet ennuyateur ? Ah non, c'est ma voisine, elle s'est agrafée les cheveux
aujourd'hui, elle me demande si je peux faire moins de bruit avec ma couette. Je déteste ces gens-là, dans mon quartier
on les appelle les blablateurs nocturnes car en plus de nous déranger, ils font des rondes de nuit dans le quartier pour
intercepter le moindre bruit qui pourrait les déranger. Donc, comme tout homme poli, je lui présente mes excuses, j'en ai
trois : Flaty, Flaby et Flaky. « ravis de les avoir rencontrées ! » me dit-elle, et elle s'en va… bon débarras !
Allons,ce n’est pas tout mais moi, je dois me faire à manger ! Au menu, une bonne vieille recette : une naissance de
Vénus ! Mon dernier plat était décevant, je me suis fais une Joconde. Elle était un peu fade à mon goût. Alors aujourd'hui
je sors le grand divertissement,ma couette sera ravie! Il me faut d'abord une Vénus, je dois en avoir dans mon aquarium.
Comme ils sont gros ces coquillages ! en voilà une belle ! Je la mets à bouillir dans le cuiseur-à-Vénus et pendant ce
temps-là, je fais le reste. Ensuite il me faut des paillettes de beauté (pour la réveiller) et des petits légumes de mer (parce
que je déteste les fruits de mer), par exemple des coraux, des varechs, et enfin de la porcelaine. J'en salive d'avance ! Je
dessèche le corail avec le dessèche-tout, je mets le varech à bouillir avec la Vénus pendant 15 pico-minutes et je
découpe la porcelaine en plusieurs petits hexagones grâce à l'héxagoneur. Attention à ne pas se faire hexagoner le doigt !
Ah ! C'est cuit ! Il n'y a plus qu'à servir et à pailleter le tout dans une assiette-cadre et me voilà prêt à dégustifier mon
hors-d’œuvre. Je le mange mais il est tellement lourd que je n'arrive pas à le finir. Après ce repas pompeux, je pars dans
mon salon perché en haut de ma cuisine pour jouer aux jeux anti-ennui, ils sont efficaces, vous pouvez me croire !
J'allume l'écran végétal - plus respectueux pour l'environnement - et me voilà plongé dans cet univers parallèle que
sont les jeux. Je choisis un jeu de combat, car pour moi c'est un vrai défouloir, et par la même occasion un dangereux terrain
de jeux pour les dégénérés. Ce monde créé de toute pièce et rempli de choses indescriptibles, je le personnalise moi-même
avec mes armes : lance-bonbon, caramélitrailleur,…
Je peux y passer un après midi ! Après cette avalanche de violence sucrée, je retourne dans ma chambre admirer
encore et encore le ciel, il est mauve aujourd'hui, je n'aime pas trop... je vais discutailler un peu avec mes coussins, l'un me
dit : « tu devrais appeler quelqu'un » je lui réponds : « j'ai essayé, mais personne ne me répond, j'aimerais que quelqu'un
m'appelle ».
Il est 17h, c'est l'heure de l'astrologie, chaque jour à cette heure-ci, un épais nuage turquoise nous révèle notre
astrologie pour le lendemain. Moi, mon symbole, c'est la monstera ; le nuage nous annonce que demain nous serons
chanceux et plein d'énergie. J'y crois moyen à ces choses-là.
Le soir... je n'aime pas le soir, je déprime plus le soir que la journée. Je vais devoir réchauffer ma naissance de Vénus
dans le crametout, je n'aurais pas dû l'acheter. Il n'arrive pas à cuire correctement mes œuvres, mais c'est trop tard pour en
acheter un autre. Soudain le multiphone sonne, entre les dix c'est le sixième qui sonne. Je décroche, c'est ma cousine qui
habite dans les îles Kiribati !
- salut, ça faisait longtemps ! lui dis-je.
- Ouais, c'est pas faux ! Alors tu es confiné ?
- Oui malheureusement. Sinon, toi, tu vas bien ?
- Super ! Je suis en plein festival de la spatule !
- Oh ! Je t'envie.
- Toi, tu n'a pas le moral ?
- Non, pas vraiment.
- Tu sais, ça ne va pas durer.
- oui, je sais, je m'occupe comme je peux.
- Attends ! Je t'ai à l'instant envoyé une fiole de folie !
- Ah c'est bon, je la vois arriver par les tuyaux de ma douche !
- Je dois te laisser, prends soin de toi ! Salut !
Elle raccroche, et moi j'ouvre le colis, la fiole était d'une couleur vert espoir. Je me suis promis de la boire demain.
En attendant, il faut que je me couche. Mon corps, sous l'effet de la déprime, se dirige vers ma chambre, je m’écroule sur
mon lit qui me dit « AÏE » !Je lui dis « pardon » et il me répond « c’est pas grave ». Je plonge mon nez dans mon romanodeur, je
sens des odeurs florales, des odeurs de jeune fille, de prunes, des odeurs parfumées, d’autres répugnantes. Mais le sommeil
m’emporte, j’éteins ma loupiote. À la fenêtre, le ciel comme toutes les nuits devient bleu ultraviolet ; je me couche, la couette
m’offre un câlin, je l’accepte ( elle est mignonne ) et je m'endors dans ses bras.
Thomas GALASSO
Voilà que je me réveille pour une énième journée en cette période inhabituelle de confit-dément. Un
concept que le président de la République a mis en place pour ralentir l’avancée de la couronne de la vie
Russe, une maladie apparue non loin de la Russie et ressemblant à une couronne. Le principe de ce confit-
dément est d’enduire de sucre les murs de notre maison pour empêcher le virus de s’y infiltrer et de sortir
sous aucun prétexte. Effectivement, tous savaient que celui-ci détestait les sucreries.
Je sors donc de mon lit et me mets à fixer longuement ma table-là-haut accrochée au mur depuis
plusieurs années déjà. Celle-ci me montre l’image d’un légendaire combat entre d’intrépides samouraïs et un
affreux titan. Les couleurs de la table-là-haut demeurent majoritairement rouge sang et se marient à
merveille avec les couleurs chaudes de ma chambre. Parfois, quand le temps parait long et que l’œuvre croit
que je détourne mon regard, les images engourdies se mettent en mouvement avec grande maîtrise.
J’allume mon crache-soleil, dont l’en-poule enfermée dans une cage de verre, agrippée par des fils dorés et
reliée par eux au plafond, recrache avec force la lumière qu’elle emmagasine durant la nuit.
Plus tard dans la journée, je prends un mou-chu qui traîne sur mon bureau et je remarque qu’il devient
tout triste. En effet, il éprouve un fort ressentiment envers moi qui l’ai abandonné avec indifférence. Alors je
le pose promptement sur mes narines et souffle d’un coup sec pour lui montrer ma gratitude et ma loyauté.
En fin d’après-midi, je fais une rencontre malencontreuse avec le-tas-de-bourrés de ma chambre qui,
sans grand étonnement de ma part, vacille maladroitement après avoir fait la fête toute la nuit. Je l’attrape
donc, et m’assois rapidement dessus. Puis j’allume mon or-donateur pour me distraire. Celui-ci, de sa
grande générosité, me montre d’innombrables épisodes de ma série avec une vitesse déconcertante.
Enfin, je me dirige vers la salle de bain qui, étant emplie de ténèbres et d’humidité, me fait
comprendre que la baie-noire fait encore des siennes. Elle répand sa brume épaisse et lugubre infestée de
haine pour envahir la salle de bain. Alors, je m’équipe d’un crache-soleil et, avec courage, arrive devant le
pommeau de douche. Celui-ci, sous la forme d’une imposante et effroyable gargouille de pierre moussue,
me regarde soudainement avec mépris. Ensuite, je prends tout le courage et la folie qu’il me reste et
martèle de coups de poings l’abdomen solide de la bête. Elle a commencé par pousser de longs et
d’effrayants cris stridents puis, a recraché une eau limpide et chaude de sa gueule. Après avoir fini de me
laver, je lui ai adressé des mots gentils pour qu’elle cesse le rejet de l’eau.
* *
*
Depuis le début du confinement le 17 mars, j’ai pris la décision de cuisiner pour ma famille.
Aujourd’hui, jeudi 24 avril, je suis dans ma cuisine en train de réfléchir à quel plat savoureux je pourrais faire, qui
ferait plaisir à mes parents... Je décide de préparer un plat typique du Maghreb, qui se nomme « Les graines magiques
d’Orient » . Pour cela, j’ai besoin de légumes de toutes les couleurs ; cela tombe bien, le potager dans mon frigo en
déborde, alors en l’ouvrant, je tombe nez à nez sur des nez de bonhommes de neige, des courges qui se jettent dans la
sauce, des pois qui sont chiches de sauter dans une sauce bouillante et tant d’autres qui essayent de se faire remarquer
afin que je les choisisse ; mes légumes choisis, je m’apprête à leur faire la peau. La tomate saigne abondamment, je suis
sûre qu’elle donnera un goût excellent au bouillon. Au bout de deux heures et demie de préparation et de cuisson, mon
excellent repas est enfin prêt, je suis très contente de voir ma famille heureuse de goûter mon plat !
Nous voilà deux jours plus tard, il est trois heures de l’après-midi, je décide de faire un gâteau qui se nomme « la
cascade fondante de chocolat » ; Pour cela, j’ai besoin bien évidemment de chocolat ; pour en avoir, j’ai juste à ouvrir
mon robinet de cuisine qui verse du chocolat et j’en remplis un bol entier, je verse ma pâte au chocolat dans un moule et
la fait cuire pendant dix minutes grâce à mon four ultra rapide « l’express four ».
Dix minutes plus tard, ma cascade fondante de chocolat est enfin prête, et pour finaliser le tout, je la saupoudre de
neige sucrée, qui viendra sublimer cette excellente recette, validée par mes parents, ce qui me rend la plus heureuse !7
Ensuite, je décide de faire une pause, je regarde donc la télévision qui est intégrée dans tous les tiroirs que j’ouvre,
ce qui me permet de suivre la télévision en même temps que je me déplace partout dans la cuisine.
Après avoir regardé la télévision, j’ai l’idée de bronzer un petit peu pour préparer ma peau pour cet été, j’allume donc les
lumières de la cuisine qui ont une double fonction, elles peuvent être des lumières tout à fait normales si j’appuie sur le bouton
rouge, et elles peuvent être UV, si j’appuie sur le bouton bleu. Comme j’ai envie de bronzer, j’appuie sur le bouton pour
déclencher la lumière UV ! Il ne me reste plus qu’à récupérer maintenant mon lit de bronzage, qui est plié et rangé à côté du
frigo, et c’est parti pour vingt minutes de soleil et de détente !
Mon bronzage pour cet été terminé, je remets bien évidemment les lumières normales pour lire un livre en connexion avec
mes pensées ; celles-ci choisissent le thème du livre chaque jour, aujourd’hui mon choix doit se porter soit sur un thème
d’aventures, soit sur un thème romantique. Voilà, j’ai fait mon choix, ce sera un thème romantique : je vais donc lire L’Ecume des
jours de Boris Vian et pour demain ce sera le thème aventure, qui sera sans doute tout aussi bien !
Ça y est, j’ai lu le livre, il était très bien, très long mais très bien ! Ensuite, je passe à mon moment préféré, la réalisation des
crêpes pour le dessert de ce soir, car il commence à se faire tard. Alors pour commencer, je prépare ma pâte à crêpes puis je la
verse dans mon lecteur-crêpes qui est placé à côté de la télévision qui lui aussi a double fonction : il peut servir à faire cuire les
crêpes mais aussi à écouter des disques dont la musique me met de bonne humeur quand je me trouve dans ma cuisine. Voilà
donc mes crêpes prêtes à être mangées et qui sentent extrêmement bon !
Voilà donc que se termine ma journée remplie de gourmandises et de bonne humeur et je recommence demain avec grand
plaisir une journée comme celle d’aujourd’hui !
Léa
En me levant ce matin, j'écoute la boîte à nouvelles. Celle-ci m'informe des dernières nouvelles sur le
requinavirus, chose qui m'oblige à me confiner chez moi depuis quelques semaines maintenant. J'apprends que ce
fameux requin qui transmet le virus de pays en pays et de continent en continent est cette fois-ci arrivé en Amérique
du Nord.
Tout en écoutant, je prépare comme d'habitude mon petit-déjeuner. Ce confinement me fait prendre
d'étranges décisions et me fait manger quelque chose de particulier le matin : un punch aux agrumeaux ainsi qu'un
mélange de sardines en boîte, de betteraves et d'oignons tartiné sur deux tranches de pain. Je sors ma planche à
découper et y coupe mes deux tartines. Ce petit-déjeuner va être long mais il ne faut pas perdre de temps, j'ai du
pain sur la planche !
Pendant que mes tartines chauffent au grille-pain, je sors un verre pour mon punch. J'observe l'alignement de
mes verres car ceux-ci ont tendance à vouloir se rapprocher les uns des autres. Pourtant en refermant mon placard,
deux verres à pieds en profitent pour se jeter l'un contre l'autre et se briser. Pas grave. Pour préparer ma boisson, il
me faut soixante-quinze millilitres de rhum, un litre de pamplemousse et de jus d'orange, et du sucre de canne
liquide. Je prépare également une pâte à crêpes avec le plus de grumeaux possible pour donner cette merveilleuse
consistance à ma boisson. Mon frère passe par là et je lui demande s’il veut de mon breuvage, que j'ai bientôt fini
de préparer.
« Non, c'est dégoûtant ta liqueur aux agrumeaux », dit-il.
Je suis un peu vexée, il paraît que boire ça le matin renforce le système défensitaire, mais je suis d'accord
sur le fait qu'il faut s'habituer au goût.
Je commence à couper mes oignons en chantonnant et voilà que l'on sonne à la porte. Décidément je ne peux
pas cuisiner en paix ce matin ! Au diable les enquiquigêneurs ! En m'approchant de la porte, je reconnais ma
voisine. Que me veut cette vieille femme aigrie toujours vêtue de son tapis de bain à cheveux rouges ? Elle me
dit qu'elle veut du lait. Malheureusement, je ne peux pas lui en donner car j'en ai besoin pour chacun de mes
repas matinaux, que c'est ma dernière bouteille et que je ne veux pas aller me faire contaminer au supermarché.
Qu'elle aille s'en acheter !
Voyant que j'en ai mais que je lui dis le contraire, elle force le passage pour rentrer et s'emparer de ma
bouteille. Elle critique au passage l'aspect de mon punch, certes un peu spécial mais bon quand même. C'en est
trop pour moi, cette voisine encombrante me court sur le système. Je lui plante mon couteau de boucher dans la
gorge. Elle tombe à la renverse. Son sang se vide progressivement sur le sol comme le stylo à plume quand il se
met à fuiter sur la feuille blanche. Je sors son corps et le range dans une des poubelles du quartier. Elle
n'embêtera plus personne à présent.
Cette fois-ci, je compte m'occuper de mes oignons, et pas de ceux des autres. Mes pieds pataugeant dans
le sang, je continue tout de même de cuisiner. Ma mère arrive. Elle me dit que je cuisine malproprement et
esquive de ses grandes jambes la flaque rouge qui grandit peu à peu. Elle va chercher de quoi nettoyer parce
que « ça bave de partout ».
La boîte à nouvelles ne cesse de parler derrière moi : « déjà deux millions d’Américains touchés par
le requinavirus depuis qu'il a traversé l'océan jusqu'aux Etats-Unis... » dit-elle. Ces informations me font
peur et comme tous les matins un frisson me parcourt le dos quand j'entends le nombre de morts. Cela me
déconcentre et je n'arrive pas à finir mon repas. Zut, mes tartines sont prêtes depuis longtemps et elles
doivent être froides maintenant. Je finis tant bien que mal ma confiture au poisson et aux légumes et la
tartine sur mon pain.
Je pose mon petit-déjeuner sur la table et m'en vais chercher une cuillère. Je constate en passant
que mon chien boite et qu'il a mal. Il me dit qu'il aurait bien besoin d'un plâtre alors je lui en fabrique un avec
le reste de ma pâte à crêpes. Un coup de sèche-cheveux finit de le rigidifier. J'ai si faim, je me presse pour
aller chercher ma cuillère. Quand je reviens à la table, je vois mon assiette par terre, en train de se faire
dévorer par mon chien. Celui-ci a un regard de chien battu à mon égard. « Pardon », me dit-il.
Effectivement, mon assiette empeste le poisson, c'est l'odeur de ses croquettes.
« We all live in a yellow submarine, yellow submarine, yellow submarine... » Encore cette chanson
des Scarabées qui passe... Le journal d'informations est fini. J'éteins la boîte à nouvelles. Je finis mon jus
en espérant que je pourrai cuisiner tranquillement demain.
Sarah IZABEL
C'était en mars au début du printemps 2020, personne ne se doutait de ce qui nous attendait... On avait bien
entendu parler d'un virus en Chine qui sévissait dans la région de Wuhan mais comment penser qu'il arriverait jusqu'à
nous !
Et puis ce fut le confinement.
L'histoire est entièrement fausse, puisque je l'ai vécue d'un bout à l'autre…
Les jours se suivent mais ne se ressemblent pas.
Ce jour-là, j'ouvre les yeux. Dans la pénombre, je me sens observé. Le démon gorgon sur le post-it en face de moi
me dévisage. Je referme les yeux et m'accorde cinq minutes de plus. Je pense très fort que le démon gorgon n'est qu'une
petite araignée. Je rouvre les yeux et il s'est miniaturisé en poster. Je m'extirpe de ma couette et ouvre mes attrape-
lumières. Il pleut des cordes de rayons de soleil. Quel temps radieux !
Je m’étire comme un chat et je me dirige ver la cuisine. J'ouvre le frigo et sort le concentré de vitamine C anti-virus.
Je m'en verse un verre et le pose sur mon plateau aux oiseaux. Tiens, l'un d'entre eux me fait un clin d’œil ! Je lui souris...
Je découpe deux belles tranches de pain et je les glisse dans l’exécuteur à tartines. Quand celui-ci me les rend, je les
coiffe aussitôt d'une belle couche de Nutella. J'aime mes tartines bien coiffées ! Je les dépose dans mon plateau aux
oiseaux. Oh ! Tiens, l’un d'entre eux s'est envolé. Je regarde par la fenêtre si je l’aperçois et m'assois face à elle au bout
de la table afin de déguster mon festin. Une fois celui-ci terminé, je mets mon verre et ma brosse à Nutella dans le jacuzzi
à vaisselle et range soigneusement mes oiseaux.
Je me dirige ensuite vers la salle à s'astiquer : en sortant je brille comme un sou neuf. J'enfile ensuite mon
costume de confinement : bas de jogging, tee-shirt et sweat à capuche, l’essentiel c'est d’être à l'aise… comme
un poisson dans l’eau !
J'ai enfin l'autorisation d'allumer mon ordinarêve pour m'évader vers un autre monde. Je choisis celui des
jeux de rythme où je perds la notion du temps... Je suis brusquement tiré de mon monde par des hurlements
déchirants : « Thomas, viens mettre le couvert ! »
Je m’exécute mais pas trop vite. On s'installe côté jardin pour déguster des frites et du magret de canard
chassé par mon père au carrefour ! Au dessert, de délicieuses marins des bois flottant dans leur océan de
chante-Lily me font naviguer ver la forêt des vacances à la montagne de mon enfance…
Après le repas je m'installe derrière mon ordinapeur... Il faut que je me connecte à Pronote. Je tremble,
mes mains sont moites, à quelle sauce les professeurs vont-ils me manger aujourd’hui ?
Après plusieurs heures de torture, je peux enfin me détendre avec mon rubik's cube. Par la fenêtre je vois
les nuages s'allumer doucement. Ils seront bientôt remplacés par les lucioles du ciel. La journée se termine.
Douche et repas avant de s'installer derrière la boite à troubadours en famille.
Thomas
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