libéralisation commerciale, intensité du commerce, et
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Libéralisation commerciale, intensité du commerce, et synchronisation des cycles
économiques dans les pays d’Afrique du Nord et du Moyen Orient (ANMO).
Samir ABDELHAFIDHa Samira HADDOUb
Résumé :
Nous employons un modèle de données de panel à effets spécifiques pour examiner
l’impact de l’intensité du commerce bilatéral sur la synchronisation des cycles de 10 pays
d’Afrique du Nord et du Moyen Orient (ANMO) avec les cycles européen, étasunien et
japonais. Dans cet examen nous tenons compte de l’effet exercé par des politiques de
libéralisation commerciales et nous testons la présence d’effets d’interaction entre ces
dernières et l’intensité du commerce bilatéral. Cette méthodologie nous a permis de voir que
la libéralisation commerciale renforce la synchronisation des cycles à travers le commerce
bilatéral essentiellement lorsqu’elle prend la forme d’un accord de libre échange. Elle nous a
permis aussi de voir, qu’en elle-même, la libéralisation renforce dans certains cas la
synchronisation et la diminue dans d’autres. Avec les trois partenaires commerciaux,
l’intensité du commerce bilatéral renforce la synchronisation des cycles.
Ces résultats ont des implications sur les politiques de change dans les pays ANMO.
La plus grande synchronisation des cycles liée à l’intensité du commerce renforce l’option
d’ancrage des monnaies des pays ANMO avec les monnaies des trois partenaires
commerciaux. Le degré de rattachement varie toutefois d’un pays à un autre en fonction des
politiques commerciales.
Classification JEL : E 32, F13 , F15
a Maître Assistant à l’ISG de Sousse. Département des Sciences Economiques. Samir_abdelhafidh@yahoo.fr. b Maître Assistante à l’ISG de Sousse. Département des Méthodes Quantitatives et des Sciences de l’Information. Samira.haddou@topnet.tn.
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Libéralisation commerciale, intensité du commerce, et synchronisation des cycles
économiques dans les pays d’Afrique du Nord et du Moyen Orient (ANMO).
Samir ABDELHAFIDHa Samira HADDOUb
1-Introduction :
La création de l’Union Monétaire Européenne ainsi que la conclusion de plusieurs
accords d’intégration régionale et de libéralisation commerciale durant les années 1990 ont
ravivé l’intérêt de l’étude de la synchronisation des cycles économiques et de ses
déterminants. La théorie des zones monétaires optimales, développée depuis les années 1960
par Mundell (1961) et Kenen (1969), enseigne en particulier que la création d’une monnaie
commune, forme ultime d’intégration économique, dépend de la synchronisation des cycles
entre pays partenaires. Plus cette dernière est élevée, moins une politique monétaire
indépendante est nécessaire. Il est ainsi plus facile pour un pays de renoncer au taux de
change en tant qu’instrument d’ajustement lorsque le degré de synchronisation de son cycle
économique avec ceux de ses partenaires est important.
La théorie des zones monétaires optimales enseigne aussi que le désir d’adhérer à une
union monétaire (et, de façon moins forte, de fixer le taux de change) est une fonction
croissante de l’intensité du commerce entre pays. Plus ce dernier est important, plus les coûts
de transaction associés à l’existence de monnaies différentes et à des taux de change flexibles
seraient élevés. La création d’une monnaie commune ou l’adoption d’un taux de change fixe
entre deux monnaies permettrait de réduire ses coûts.
En considérant que les critères des zones monétaires optimales sont endogènes, c'est-à-
dire qu’ils se vérifient expost et non nécessairement ex ante, Frankel et Rose (1998) ont donné
une impulsion aux recherches portant sur le lien entre intensité du commerce et
synchronisation des cycles. Ils affirment en effet que si les unions monétaires favorisent le
commerce entre les pays membres, et que ce dernier renforce la corrélation des cycles,
l’adhésion à une union monétaire n’a pas à être conditionnée par la vérification, ex ante, des
critères des zones monétaires optimales.
L’absence d’un consensus théorique relatif à cette idée explique la floraison de travaux
empiriques. En effet, sur le plan théorique, l’impact de l’intensité du commerce sur la
synchronisation des cycles dépend de plusieurs facteurs tels que la nature des échanges, la
a Maître Assistant à l’ISG de Sousse. Département des Sciences Economiques. Samir_abdelhafidh@yahoo.fr. b Maître Assistante à l’ISG de Sousse. Département des Méthodes Quantitatives et des Sciences de l’Information. Samira.haddou@topnet.tn.
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symétrie des structures productives, l’intégration financière, et la nature des chocs. Les
travaux empiriques ont porté sur des pays en développement, mais essentiellement sur des
pays développés. Ils confirment globalement l’idée que l’intensité du commerce renforce la
corrélation des cycles et que cet effet est plus important dans un contexte de libéralisation
commerciale.
Nous nous proposons dans le cadre de cet article d’étudier l’effet de l’intensité du
commerce sur la corrélation des cycles d’un échantillon de pays d’Afrique du Nord et du
Moyen Orient (ANMO)1 et ceux des Etats-Unis, du Japon et de l’Union Européenne. Dans
l’étude d’une telle relation, une attention particulière est accordée à l’impact de la
libéralisation commerciale sur la transmission des chocs à travers le canal commercial.
Le choix de l’échantillon est justifié par l’absence de travaux empiriques qui ont porté
sur des pays appartenant exclusivement à cette région, par le fait qu’un certain nombre d’entre
eux se sont engagés depuis plusieurs années dans des politiques de libéralisation commerciale,
et par le fait que leurs échanges commerciaux se font principalement avec les Etats-Unis, le
Japon et l’Union Européenne.
L’intérêt de la problématique traitée est triple :
-Elle permet d’examiner l’effet de l’intensité du commerce sur le degré de
synchronisation des cycles dans des pays d’Afrique du Nord et du Moyen Orient avec ceux
des Etats-Unis, du Japon et de l’Union européenne.
-Elle permet de voir les conséquences de la libéralisation commerciale sur une telle
relation.
-Elle permet de déduire des conclusions relatives aux politiques de change à adopter
face au dollar américain, au yen japonais et à l’euro. Un effet positif exercé par l’intensité du
commerce sur la synchronisation des cycles renforcerait l’option d’ancrage des monnaies des
pays de l’échantillon au dollar américain, au yen japonais, et/ou à l’euro.
La suite de l’article est organisée comme suit. Dans le paragraphe 2 nous discutons les
liens théoriques et empiriques relatifs à la relation entre intensité du commerce et
synchronisation des cycles. Les paragraphes 3 et 4 présentent respectivement un examen des
politiques commerciales des pays de l’échantillon et un aperçu sur leurs échanges extérieurs,
en particulier avec les Etats-Unis, le Japon et l’Union européenne. Une première idée sur le
lien entre libéralisation commerciale, intensité du commerce, et synchronisation des cycles
1 L’échantillon est composé de l’Algérie, de l’Arabie Saoudite, de l’Egypte, des Emirats Arabes Unis, d’Israël, du Maroc, d’Oman, de la Syrie, de la Tunisie et de la Turquie. Ce sont les pays pour lesquels toutes les variables auxquelles nous nous intéressons sont disponibles.
4
ainsi que les mesures utilisées pour ces trois variables sont développées dans le paragraphe 5.
La méthodologie économétrique et les résultats empiriques sont présentés dans le paragraphe
6. Les conclusions ainsi que les implications des résultats obtenus en matière des politiques de
change des pays de l’échantillon font l’objet du dernier paragraphe.
2-Liens théoriques et empiriques : un survol de la littérature :
L’effet du renforcement des liens commerciaux sur la synchronisation des cycles
économiques des pays partenaires est théoriquement ambigu (Frankel et Rose (1998)). D’un
coté, il serait positif lorsque ce sont des chocs de demande qui dominent. Ça sera le cas par
exemple lorsque, dans un pays, on assiste à une augmentation de la consommation et/ou de
l’investissement. Une partie de cette augmentation serait satisfaite auprès des partenaires
commerciaux dont la croissance se trouverait positivement affectée (Kose et alii (2003).
Aussi, le renforcement des liens commerciaux faciliterait la transmission du progrès technique
et des chocs de productivité à travers les pays partenaires, ce qui contribuerait à une plus
grande synchronisation de leurs cycles économiques (Coe et Helpman (1995)).
Le renforcement de la synchronisation entre les cycles s’observerait également lorsque
la plus grande intensité du commerce se traduit par l’augmentation de l’échange intra-
branche, qu’il soit horizontal ou vertical2 (Fies (2005)). Dans ce cas, des chocs industriels
spécifiques toucheront de façon similaire les pays partenaires, et le résultat serait des cycles
plus synchronisés.
Ça ne sera pas le cas lorsque le renforcement des échanges se traduit par une plus
grande spécialisation. La théorie traditionnelle de l’échange international enseigne en effet
que le commerce international est le résultat d’une spécialisation basée sur les avantages
comparatifs. Une libéralisation commerciale dont le résultat serait un renforcement de cette
spécialisation et un échange de plus en plus interindustriel conduirait à des cycles
économiques moins synchronisés en présence de chocs industriels spécifiques (Kenen (1969),
Krugman (1993), Eichengreen (1992)). Il est aussi possible que, dans un contexte
d’intégration financière, ce type de spécialisation se trouve renforcé, ce qui diminue le degré
de synchronisation entre les cycles (Kalemi-Ozcan et alii (1999)).
2 Lorsque les pays partenaires se spécialisent dans des étapes différentes de production de certains biens, l’échange est dit vertical. Il est dit horizontal lorsqu’il porte sur des biens similaires dans lesquels les pays se concurrencent.
5
L’ambiguïté de la relation théorique3 entre le renforcement des liens commerciaux et
la synchronisation des cycles ainsi que les évolutions observées depuis les années 1990
(création de l’Union Economique et Monétaire Européenne, accords de libre échange,
libéralisation commerciale) expliquent l’intérêt empirique porté à cette relation. Le point de
départ a été donné par Frankel et Rose (1998)4. Par la suite plusieurs travaux se sont
développés.
Frankel et Rose (1998) ont trouvé dans un échantillon composé de 21 pays OCDE que
l’intensité du commerce bilatéral a renforcé la synchronisation des cycles économiques durant
la période 1959-1993. L’importance de l’intensité du commerce se trouve illustrée chez Clark
et Van Wincoop (2001) par le fait qu’elle permet d’expliquer l’effet négatif exercé par
l’existence des frontières nationales sur des cycles constaté dans les pays de l’Union
Européenne par rapport aux régions étasuniennes. L’introduction de cette variable dans la
régression cherchant à expliquer la corrélation entre les cycles a rendu non significatif l’effet
exercé par la variable frontière nationale. Le résultat de Frankel et Rose (1998) a été confirmé
par Kose et Yi (2006) qui ont travaillé sur le même échantillon mais pour la période 1970-
2000.
L’importance du lien entre les deux variables a été toutefois relativisée par la prise en
compte de la nature des échanges et de la similitude des structures productives entre
partenaires commerciaux. En effet, aussi bien Gruben et alii (2002), Shin et Wang (2002,
2003), que Fiess (2005) trouvent que le renforcement de la synchronisation des cycles est
essentiellement expliqué par l’intensité de l’échange intra - branche et non de l’échange total.
De leur coté, Calderon et alii (2007) montrent qu’à coté de la nature de la spécialisation, cette
catégorie d’échange explique le plus faible impact de l’intensité du commerce bilatéral sur la
corrélation des cycles dans des paires de pays en développement par rapport à des paires de
pays développés. Pour Kalemli-Ozcan et alii (2001) et Imbs (2003) l’asymétrie des structures
productives a un effet négatif sur la synchronisation des cycles et diminue le rôle positif joué
par l’intensité du commerce bilatéral.
Le rôle de la libéralisation commerciale et des politiques d’intégration dans la
synchronisation des cycles à travers le renforcement des liens commerciaux n’a pas reçu
3 Les effets théoriques sur la corrélation des cycles ont été démontrés par la décomposition à la « Stockman (1988) » du taux de croissance d’un pays. Cette décomposition permettrait par la suite d’exprimer les corrélations cycliques en fonction de chocs industriels spécifiques et de chocs communs. Voir par exemple Frankel et Rose (1998) et Calderon, Chong et Stein (2007). 4 Canova et Dellas (1993) ont aussi examiné ce lien, mais de façon différente. Ils se sont intéressés au rôle du commerce dans la transmission des chocs et non à l’effet direct de l’intensité du commerce sur la corrélation des cycles (Frankel et Rose (1998)).
6
beaucoup d’attention sur le plan empirique. Il a été examiné pour illustrer le changement de la
synchronisation des cycles suite à la conclusion d’accords commerciaux ou durant la période
de globalisation.
En effet, Calderon (2003) a démontré que l’impact de l’intensité du commerce sur la
synchronisation des cycles est plus important dans les paires de pays liés par un accord de
libéralisation commerciale, et Torres et Vela (2003) ainsi que Cuevas et alii (2002) prouvent
que les cycles des Etats-Unis et du Mexique sont devenus plus synchronisés après la
conclusion de l’accord de libre échange nord américain. Cet effet a été exercé essentiellement
à travers le renforcement de l’échange intra - branche. Sur la base de l’expérience mexicaine
avec l’ALENA, Kose et Rebucci (2005) anticipent les mêmes effets sur les cycles des pays
d’Amérique Centrale en relation avec le cycle étasunien comme résultat de la conclusion de la
CAFTA5
Dans un échantillon composé aussi bien par des pays développés que des pays en
développement, Kose, Prasard, et Terrones (2003) trouvent que l’ouverture commerciale en
soi (mesurée par une variable binaire prenant la valeur de 1 s’il existe des restrictions sur les
transactions courantes et par le ratio d’ouverture) a un effet négatif sur la corrélation des
cycles avec ceux des pays du G7. Il s’agit d’un effet opposé à celui qu’ils trouvent en ce qui
concerne l’intensité du commerce bilatéral. Ces auteurs trouvent aussi que le renforcement de
la synchronisation des cycles durant la période de globalisation (qu’ils considèrent comme
1981-99) n’a été observé que dans les pays développés.
Par rapport à ces travaux, notre apport consiste tout d’abord à travailler sur un
échantillon qui n’a pas reçu d’attention empirique en ce qui concerne l’effet de la
libéralisation commerciale sur la transmission des chocs, et donc sur la corrélation entre les
cycles, à travers le canal commercial. Il consiste ensuite à voir si cet effet est différent selon la
partenaire commercial considéré (Etats-Unis, Japon et Union Européenne). Il consiste enfin à
essayer différentes mesures de libéralisation commerciale pour examiner la relation étudiée.
5 Accord de libre échange conclu en 2005 entre les Etats-Unis d’un coté, le Costa rica, le Salvador, le Guatemala, le Honduras, le Nicaragua et la république dominicaine d’un autre coté.
7
3-Libéralisation commerciale dans des pays ANMO :
Les politiques commerciales des pays de l’échantillon sont devenues dans les années
récentes plus libres par rapport à ce qu’elles étaient dans le passé. Cette affirmation se trouve
justifiée par l’examen d’un certain nombre d’indicateurs. Il s’agit du ratio d’ouverture, de la
signature d’accords favorisant l’intégration aux marchés internationaux, de l’évolution des
tarifs douaniers, de l’indicateur de Warner et Sachs (1995), ainsi que des scores calculés par
des organismes non gouvernementaux. Nous nous référons à l’ensemble de ces indicateurs,
d’abord parce qu’il est difficile de trouver une mesure globale des restrictions au libre
échange par un examen rapide des politiques elles – mêmes (Esfahani et Squire (2007)).
Ensuite pour voir la convergence des conclusions relatives à l’évolution des politiques
commerciales et déduites sur la base de chacun de ces indicateurs.
3-1-Le ratio d’ouverture :
L’examen de ce ratio montre que dans des pays ANMO, la part du commerce extérieur
par rapport au PIB est en moyenne plus élevée durant 2000-2005 par rapport aux trois
décennies précédentes. Toutefois, durant les quatre périodes considérées elle a été supérieure
dans les pays du Moyen Orient comparés aux pays de l’Afrique du Nord. Par rapport aux pays
du premier groupe, ces derniers ont observé, en moyenne, une croissance continue de leur
ratio d’ouverture depuis la décennie des années 1970.
Graphique N°1: ratios d'ouverture dans les pays ANMO (en %)
0102030405060708090
Moyenne des paysd'Afrique du Nord
Moyenne des paysdu M.O
Moyenne des paysde l'échantillon
1970-79
1980-1989
1990-1999
2000-05
Les Emirats Arabes Unis, le Maroc, la Tunisie, la Turquie, et la Syrie ont en commun
d’avoir continuellement renforcé leur degré d’ouverture depuis les années 1970. Le résultat a
été pour chacun de ces pays des ratios plus élevés durant 2000-2005 par rapport à ceux
enregistrés durant respectivement les années 1970, 1980 et 1990. Contrairement, l’Arabie
Saoudite, Israël et Oman ont vu leur ratios d’ouverture diminués jusqu’aux années 1990. La
8
hausse enregistrée durant 2000-2005, n’était pas suffisante pour leur permettre de retrouver
les ratios moyens observés durant 1970-1979.
Graphique N°2: ratios d'ouverture dans les pays du Moyen Orient (en %)
0
20
40
60
80
100
120
140
Israël Oman ArabieSaoudite
Syrie Turquie EmiratsArabesUnis
1970-79
1980-1989
1990-1999
2000-05
Il est aussi à noter que l’Egypte est le seul pays de la région a avoir observé une baisse
de son degré d’ouverture durant les années 1990 par rapport aux années 1980 et qu’en Algérie
et par rapport aux années 1970, le ratio d’ouverture n’a été devenu plus élevé que durant
2000-2005.
Graphique N°3: ratios d'ouverture dans les pays d'Afrique du Nord (en %)
0
20
40
60
80
100
Algérie Egypte Maroc Tunisie
1970-79
1980-1989
1990-1999
2000-05
Jugés par référence au ratio d’ouverture, on peut donc avancer que les pays de
l’échantillon sont devenus dans leur majorité plus ouverts dans les années récentes. Cette
conclusion doit être toutefois prise avec précaution. Le ratio d’ouverture est en effet considéré
comme un indicateur de résultat des politiques commerciales, et non comme un indicateur des
politiques elles mêmes (Esfahani et Squire (2007)). Il est aussi très affecté par la taille des
pays. Il est plus élevé dans les petits pays par rapport aux grands pays (les comparaisons des
ratios de l’Egypte, de la Turquie, de l’Arabie Saoudite, de l’Algérie et du Maroc par rapport à
ceux des Emirats Arabes Unis et d’Oman illustrent bien cette limite).
9
3-2-Intégration aux marchés internationaux :
Les politiques commerciales d’intégration sont différentes dans les pays ANMO. Ceci
se trouve illustrée aussi bien à travers leur adhésion à l’Organisation Mondiale du Commerce
qu’à travers la conclusion d’accords de libre échange avec des pays développés.
Parmi les 10 pays de notre échantillon, seuls l’Algérie et la Syrie demeurent non
membres de l’Organisation Mondiale du Commerce6. L’Egypte, Israël, le Maroc, la Tunisie,
et la Turquie ont adhéré depuis 1995, les Emirats Arabes Unis et Oman depuis respectivement
1996 et 2000, et l’Arabie Saoudite a rejoint cette organisation en décembre 2005.
Les pays ANMO situés au Sud et à l’Est de la Méditerranée se sont trouvés, suite à la
conférence de Barcelone de 1995, concernés par la conclusion d’accords d’association avec
l’Union Européenne dans la perspective de création d’une zone de libre échange euro –
méditerranéenne. Des accords ont été déjà signés et entrés en vigueur avec l’Algérie,
l’Egypte, Israël, le Maroc, la Tunisie et la Turquie7.
Certains pays ANMO ont déjà signé des accords de libre échange avec les Etats –
Unis. Il s’agit, dans les pays de notre échantillon d’Israël (1985), du Maroc (2004) et d’Oman
(2006)8. Des négociations sont en cours entre la Turquie et les Etats-Unis pour libéraliser leur
commerce bilatéral.
Tableau N°1 : Accords de libre échange avec les pays développés et accords multilatéraux dans des pays
de la région ANMO. Accords d’association avec l’UE Adhérent à l’OMC
Signé en Entré en vigueur en
Accords de libre échange avec les Etats-Unis.
Algérie Egypte Israël Maroc Oman Arabie Saoudite Syrie Tunisie Turquie Emirats Arabes Unis
Non. 30/06/1995. 21/04/1995. 01/01/1995. 09/11/2000. 11/12/2005. Non. 29/03/1995. 26/03/1995. 10/04/1996.
avril 2002. juin 2001. novembre 1995. février 1996. juillet 1995. mars 1995*.
septembre 2005 juin 2004. juin 2000. mars 2000 mars 1998 décembre 1995
septembre 1985. juin 2004. janvier 2006. négociations en cours.
*Accord établissant la phase définitive pour l’Union douanière. Sources : www.wto.org pour l’OMC, www.ec.europa.eu pour l’UE, et www.uctr.gov pour les Etats-Unis.
6 Dans l’ensemble de la région, les autres pays non encore adhérents à l’OMC sont l’Iran, l’Iraq, le Liban, la Libye et le Yemen. 7 Si on tient compte de l’ensemble des pays ANMO, on doit aussi souligner que des accords d’association euro-méd ont été signés avec la Jordanie (novembre 1997 et entré en vigueur en mai 2002) et avec le Liban (juin 2002 et entré en vigueur en mars 2003). 8 Dans l’ensemble de la région ANMO, le Bahreïn et la Jordanie ont eux aussi signé des accords de libre échange avec les Etats-Unis respectivement en 2004 et en 2000.
10
3-3-Evolution des barrières tarifaires :
L’intérêt de l’examen des barrières tarifaires réside dans le fait qu’elles constituent la
partie la plus visible des instruments de politique commerciale d’un pays. L’observation des
statistiques disponibles dans l’échantillon des pays ANMO montre que les droits de douane
moyens relatifs à la nation la plus favorisée (droits NPF) et frappant l’importation des
produits non agricoles et non pétroliers ont fortement baissé.
Tableau N°2 : Droits de douane moyens NPF appliqués à l’importation des produits non agricoles et non pétroliers dans des pays de la région ANMO(en %).
Moyennes Moyennes Pays Années Simples* Pondérées**
Pays Années Simples* Pondérées**
Algérie 1993 1997 1998 2001 2002 2003 2005
24.4 23.5 23.3 21.7 18.6 18.1 18.1
18.7 19.4 18.6 17.2 13.1 12.5 12.5
Arabie Saoudite
1994 1999 2000 2003 2004
12.2 12.1 12.1 6.1 6.1
11.5 11.5 11.4 6.6 6.6
Egypte 1995 1998 2002 2004 2005
28.4 21.7 19.9 13.2 12.9
21.9 17.2 16.6 11.1 10.6
Syrie 2002 19.8 16.6
Israël 1993 2004 2005
8.4 4.5 4.4
5.4 2.7 2.7
Tunisie 1990 1992 1995 1998 2002 2003 2004 2005
28.5 28.6 28.9 28.4 27.4 22.1 22.4 21.3
28.1 28.3 30.2 27.8 25.7 22.2 23.2 20.9
Maroc 1993 1997 2000 2001 2002 2003 2005
64.5 18.4 27.9 27.7 27.5 27.1 23
53.6 17.7 25.9 25.6 25.4 24.1 21.2
Turquie 1993 1995 1997 1999 2003 2005
9.3 8.4 5.6 6.3 4.3 4.1
7.4 6.9 5.6 5.1 4.5 4.1
Oman 1992 1997 2002 2005
5.1 4.9 7.1 4.9
5.4 4.9 5.2 5
Emirats Arabes Unis
2005 4.9 4.9
Source : Manuel statistiques de la CNUCED. 2006-07.
*Moyenne simple : Moyenne arithmétique pondérée, pour chaque catégorie de produits, calculée à partir des moyennes arithmétiques au niveau du code à 6 chiffres du système harmonisé. **Moyenne pondérée : Moyenne arithmétique pondérée, pour chaque catégorie de produits, calculée à partir des moyennes simples au niveau du code à 6 chiffres du système harmonisé. Pour chaque année, les coefficients de pondération sont les importations de chaque marché au niveau du code à 6 chiffres du système harmonisé. Lorsque les importations n’étaient pas disponibles, elles ont été évaluées par les données miroir basées sur les exportations des pays partenaires.
11
Les baisses les plus importantes ont été enregistrées dans les pays d’Afrique du Nord.
Malgré qu’ils accordent moins d’importance à ce type de protection, les pays du Moyen
Orient ont procédé à des baisses de leurs droits de douane moyens.
Les statistiques du tableau ci–dessus montrent aussi que les droits de douane sont les
plus faibles en Israël et les plus élevés au Maroc. L’effort fait par ce dernier en matière de
libéralisation commerciale à travers la baisse des protections tarifaires a été très important.
Les moyennes simple et pondérée des droits de douane sont en effet passées respectivement
de 64.5 et 53.6% en 1993 à 23 et 21.2% en 2005.
Faut–il souligner toutefois que les barrières tarifaires ne sont qu’un indicateur partiel
de la politique commerciale. Elles ne permettent pas en effet de rendre compte des restrictions
prenant les formes de barrières quantitatives, de normes de qualité, de certificats d’origine
etc…. Elles sont aussi associées à des problèmes statistiques, liés à la disponibilité et à la
fiabilité des données (Esfahani et Squire (2007)) et à la construction des moyennes pondérées.
Les coefficients de pondération reflètent en effet le poids d’un produit dans les importations
totales d’un pays. Les produits dont les importations sont les plus importantes recevront ainsi
les pondérations les plus élevées. Ce sont toutefois les produits les moins importés qui sont
souvent les plus soumis aux droits de douane les plus élevés.
3-4-L’indicateur de Sachs et Warner (1995) :
Pour Sachs et Warner (1995), la politique commerciale d’un pays est dite fermée si
l’un des critères suivants est vérifié :
-Les barrières non tarifaires couvrent au moins 40% du commerce international du pays.
-Les tarifs douaniers moyens sont au moins de 40%.
-La prime sur le marché noir des changes est supérieure ou égale à 20% durant les années
1970 ou les années 19809.
-Le système économique est considéré socialiste.
-L’Etat détient un monopole sur les principales exportations.
Si aucun de ces cinq critères n’est vérifiée l’économie est dite ouverte.
La mesure construite par Sachs et Warner (1995) est une mesure binaire, prenant la
valeur de 1 si l’économie est jugée ouverte, 0 si non. Elle a concerné la période 1950-1992.
Wacziarg et Welch (2003) l’ont prolongé, sur la base de la même méthodologie, pour les
années 1990.
9 La prime représente la dépréciation du taux de change sur le marché noir par rapport au taux de change officiel.
12
L’intérêt de cette mesure est qu’elle permet de suivre sur une période relativement
longue ((1970-99) pour notre cas) l’évolution de la politique commerciale dans les pays
ANMO. Elle n’a pas toutefois été calculée pour certains d’entre eux, et elle reflète d’autres
interventions sur le marché, en plus des politiques commerciales (Rodrik et Rodriguez
(2000)).
Sur la base de l’indicateur de Sachs et Warner (1995), nous avons construit le tableau
ci – après. La conclusion relative à des politiques commerciales plus libres reste valable. En
effet, l’Egypte, Israël, le Maroc, la Tunisie et la Turquie sont passés du statut d’économies
fermées au statut d’économies ouvertes. Durant 1970-1999, les économies algérienne et
syrienne sont demeurées fermées.
Tableau N°3 : Politiques commerciales dans des pays ANMO selon l’indicateur de Sachs et Warner. Pays Fermée durant Ouverte durant Algérie Egypte Israël Maroc Oman Arabie Saoudite Syrie Tunisie Turquie Emirats Arabes Unis
1970-99 1970-94 1970-84 1970-83
ND ND
1970-99 1970-88 1970-88
ND
1995-99 1985-99 1984-99
ND ND
1989-99 1989-99
ND
Sources: Sachs et Warner (1995) pour 1970-92 et Wacziarg et Welch (2003) pour 1993-99. ND : pays non inclus dans l’échantillon de Sachs.
3-5-Les scores calculés par des organismes non gouvernementaux :
Certains organismes non gouvernementaux calculent des scores relatifs aux libertés
économiques. Dans leurs méthodologies, ils tiennent compte des politiques commerciales
pour lesquelles ils construisent des indicateurs.
3-5-1-L’indicateur de « Fraser Institute » :
Dans l’indice relatif à la liberté du commerce international, « Fraser Institute » tient
compte des tarifs, des quotas, des contraintes administratives et des contrôles sur les taux de
change et les flux de capitaux. Pour obtenir un score élevé sur la base de cet indice, un pays
doit avoir de faibles tarifs, un secteur extérieur relativement important, une administration
efficace, une monnaie librement convertible et peu de contrôles sur les mouvements des
capitaux10.
10 2006 annual report. Chapitre 1. www.freetheworld.com/
13
Le score associé à l’indice de « Fraser Institute » relatif à la liberté du commerce
international varie sur une échelle allant de 1 à 10. Plus le score est élevé, plus la liberté du
commerce international est jugée importante.
L’indice est mesuré sur la base aussi bien de données « objectives » que de données
« subjectives », provenant d’analyses de cas ou d’avis d’experts. A coté du fait que sa
disponibilité statistique est discontinue, cette dernière caractéristique relativise son intérêt.
L’observation de son évolution dans les pays ANMO permet toutefois de voir que la liberté en
matière de commerce était devenue depuis 1975 plus importante dans les pays du Moyen
Orient par comparaison aux pays d’Afrique du Nord. Elle est en hausse dans les deux régions
et dans l’ensemble de l’échantillon depuis 1990.
Graphique N°4: L' Indice de "Fraser Institute"
012345678
1970
1975
1980
1985
1990
1995
Moy
ann2
000-
04
Moyennedel'échantillon
Pays duMoyenOrient
Paysd'Afriquedu Nord
Il est aussi à souligner que les moyennes réalisées durant les années récentes (2000-
2004) sont supérieures, pour tous les pays de l’échantillon à l’exception du Maroc, aux scores
réalisés en 1980. D’un autre coté, les scores les plus élevés étaient réalisés par les petits
émirats du Golfe (Oman et Emirats Arabes Unis).
Tableau N°4 : Evaluation du libéralisme commercial dans des pays ANMO par « Fraser Institute » 1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000-04 (moyenne annuelle) Algérie Egypte Israël Maroc Oman Arabie Saoudite Syrie Tunisie Turquie Emirats Arabes Unis
ND ND 4.6 5.3 ND ND 4.4 4
1.7 4
ND 5.3 4
6.1 ND ND 5.5 4.8 3.3 8.8
4,7 5.4 6.7 5.2 ND ND 4
5.1 3.7 9.1
3.9 3.3 6.6 6.1 7.1 ND 3.2 4.8 5.6 7.7
3.7 3.5 6.7 5.6 7
ND 3.5 6 5
7.9
4 5.9 6.3 6.2 6.8 ND 4.1 6.2 7.2 ND
5.56 5.72 7.94 5.6 7.86 ND 5.52 6.18 7.02 8.26
Moyennes -Pays de l’échantillon -Pays d’Afrique du Nord -Pays du Moyen Orient
4
4.65 3.57
5.4 5.4 5.4
5.49 5.1 5.88
5.37 4.53 6.04
5.43 4.7 6.02
5.84 5.58 6.1
6.63 5.77 7.32
Source: www.freetheworld.com
14
3-5-2-L’indicateur de « Heritage Foundation » :
Cet organisme construit un indice de liberté économique (index of economic freedom)
comme une moyenne simple de dix indicateurs. Ils sont relatifs à la liberté des affaires, à la
politique monétaire, au poids du secteur public, aux charges fiscales, aux droits de propriété, à
la liberté d’investir, à la liberté financière, à la corruption, à la liberté du travail, et à la liberté
du commerce. Chacun de ces indicateurs est rattaché à un score allant de 0 à 100%. Un score
égal à 100 représente le maximum de liberté.
L’indicateur relatif à la liberté du commerce est calculé sur la base de deux facteurs. Il
s’agit des droits de douane moyens pondérés et des barrières non tarifaires. Un pays dont les
droits sont nuls et qui ne pratique pas des restrictions non tarifaires aura un score égal à 100.
La présence d’importantes barrières non tarifaires impliquerait une pénalité de 20% sur le
score qui aurait pu être obtenu sur la seule base des droits de douane11.
Le problème principal rattaché à l’indice de l’ « Heritage Foundation » est qu’il est
limité dans le temps. Il n’est en effet disponible que depuis 1995 et ne permet pas donc de
voir les changements intervenus dans le libéralisme commercial par rapport à des années
antérieures. Il confirme toutefois l’hétérogénéité des politiques économiques des pays
ANMO.
L’observation du graphique N°5 permet de voir en effet qu’entre 2000-06 et 1995-99,
les libertés en matière de commerce international se sont renforcées en Algérie, en Egypte, en
Oman, et en Arabie Saoudite. Elles étaient durant ces deux sous périodes les plus fortes en
Turquie et les plus faibles en Syrie. Aussi, cet indice montre qu’en matière de commerce
extérieur, les pays du Moyen Orient étaient plus libres que les pays de l’Afrique du Nord.
Graphique N°5: l'indicateur de "Heritage Foundation"
0102030405060708090
100
Algé
rie
Egypte
Isra
ël
Mar
ocOm
an
Arabie S
aoud
ite*
Syrie*
Tunisie
Turquie
Emira
ts Ara
bes U
nis
Ensem
ble de l'é
chan
tillon
Afriq
ue du
Nor
d
Moy
en Orie
nt
1995-1999
2000-2006
* :1996-1999.
11 Pour des détails relatifs à la formule utilisée, voir le chapitre 1 du rapport annuel de 2006. www.heritage.org/research/features index/
15
Globalement, les indicateurs utilisés permettent de conclure que les politiques
commerciales étaient devenues plus libres ces dernières années par rapport aux décennies
passées dans des pays de la région ANMO. La force et la date de libéralisation varient
toutefois d’un pays à un autre.
4-Les échanges extérieurs des pays ANMO :
4-1-Evolution d’ensemble :
Dans les pays ANMO de l’échantillon pris ensemble, l’évolution des échanges
extérieurs a été relativement importante. La moyenne de leur taux de croissance annuel
moyen entre 1970 et 2005 a été en effet supérieure aux moyennes des taux réalisés dans les
régions aussi bien d’Afrique sub-saharienne que d’Amérique latine et des Caraïbes et au taux
de croissance mondial. Seule la région de l’Asie de l’Est et du Pacifique réalise de meilleures
performances.
Graphique N°6: taux de croissance des echanges extérieurs dans des pays ANMO par rapport à d'autres
régions (1970-2005)
01234567
Afrique auSud duSahara
Amériquelatine etcaraïbes
Monde ANMO Asie de l'Estet Pacifique
Le tableau N°5 montre que dans chacun des pays de l’échantillon, les échanges
extérieurs ont évolué entre 1970 et 2005 à des taux de croissance plus élevés que ceux
enregistrés par le PIB qu’il soit réel ou nominal. Cette évolution a été toutefois plus
importante dans les pays du Moyen Orient et dans les pays exportateurs de pétrole par
comparaison respectivement aux pays de l’Afrique du Nord et aux pays non exportateurs de
pétrole. Par pays, ce sont les Emirats Arabes Unis et le Maroc qui ont enregistré
respectivement les taux de croissance le plus élevé et le plus faible avec 7.28% pour le
premier et 4.07% pour le second.
D’un autre coté, la corrélation semble être positive entre les taux de croissance des
échanges extérieurs et ceux du PIB. Les taux de croissance de ce dernier ont été en effet plus
élevés dans les pays qui ont vu leurs échanges extérieurs évoluer le plus rapidement.
16
Tableau N°5 : Taux de croissance annuels moyens des échanges extérieurs et du PIB: 1970-2005 (en %) Echanges extérieurs PIB en dollar courant PIB en dollar
constant Algérie Egypte Israël Maroc Oman Arabie Saoudite Syrie Tunisie Turquie Emirats Arabes unis
4.2 4.27 4.24 4.07 4.75 5.25 4.79 4.85 6.03 7.28
3.78 3.04 3.89 3.19 5.18* 5.12 3.11 3.71 3.73
5.18**
1.56 2.20 1.91 1.63 2.53* 2.04 2.3 2.16 1.82
2.33**
Moyennes : Ensemble de l’échantillon Pays d’Afrique du Norda. Pays du Moyen Orientb. Pays exportateurs de pétrolec. Pays non exportateurs de pétroled.
4.97 4.35 5.39 5.37 4.71
3.99 3.43 4.37 4.82 3.45
2.05 1.89 2.16 2.12
2
Sources : Calculs faits à WDI. www.worldbank.org/data/ *1970-2004 ; **1973-2005. a : Algérie, Egypte, Maroc, Tunisie. b : Arabie Saoudite, Emirats Arabes Unis, Israël, Oman, Turquie, Syrie. c : Algérie, Arabie Saoudite, Emirats Arabes Unis, Oman, d : Egypte, Israel, Maroc, Tunisie,Turquie, Syrie.
4-2-Commerce bilatéral avec les Etats-Unis, le Japon et l’Union Européenne :
Durant 1970-2005, le commerce extérieur des pays ANMO a été effectué en moyenne
à plus que 60% avec le Japon, les Etats-Unis et l’Union Européenne. Parmi ces trois
partenaires commerciaux, c’est l’Union Européenne qui est le plus important. Sa part dans le
total des échanges extérieurs des pays ANMO est en effet 4 et 5 fois plus élevée que celles
réalisées respectivement avec les Etats-Unis et avec le Japon. Cette différence est encore plus
marquée dans les pays de l’Afrique du Nord (et beaucoup plus dans les pays du Maghreb) par
comparaison aux pays du Moyen Orient, et dans les pays non exportateurs par rapport aux
pays exportateurs de pétrole.
Graphique N°7: Parts du Commerce bilatéral de groupes de pays ANMO avec les E.U, le Japon et l'UE (en % ): 1970-05
0
10
20
30
40
50
60
Ensemble del'échantillon
Paysd'Afrique du
Nord
Pays duMoyenOrient
Paysexportateursde pétrole
Pays nonexportateursde pétrole
UnionEuropéenne
Etats-Unis
Japon
17
La concentration la plus élevée des échanges extérieurs avec ces trois partenaires est
observée en Algérie (près de 80%). Elle est la moins forte pour la Syrie (près de 46%). Dans
les pays de l’échantillon, l’Union Européenne est la plus importante pour la Tunisie (69.06%)
et son poids est le plus faible dans les échanges extérieurs d’Oman (23.9%). Israël et la Syrie
ont respectivement les parts les plus élevées (21.17%) et les plus faibles (3.67%) des échanges
effectués avec les Etats-Unis. La part des échanges effectués avec le Japon est la plus
importante pour les Emirats Arabes Unis12 ((près de 26%) et elle est la plus faible pour la
Tunisie (près de 1%) par rapport aux autres pays de l’échantillon.
Tableau N°6 : Commerce des pays ANMO avec les Etats-Unis, le Japon et l’Union Européenne : 1970-
2005 (en % du commerce total) Union Européenne Etats-Unis Japon Total Algérie Egypte Israel Maroc Oman Arabie Saoudite Syrie Tunisie Turquie Emirats Arabes Unis
61.86 37.07 37.44 56.1 23.9 29.45 38.93 69.06 45.09 24.45
15.33 12.68 21.17 5.43 5.59* 15.32 3.67 5.81 8.47 7.91
2.38 3.65 3.3 2.41 23.65 16.73 3.02 1.04* 2.8
25.87
79.57 53.4 61.91 63.94 53.14 61.5 45.62 75.91 56.36 58.23
Source : Calculs faits à partir de DOTS Yearbook. FMI. Différents numéros. *1972-2005.
L’importance des Etats-Unis, du Japon et de l’Union Européenne en tant que
partenaires commerciaux des pays ANMO s’observe aussi bien du coté des exportations que
de celui des importations. Ensemble, ils fournissent près de 58% des importations de ces pays
et près de 61% des exportations de ces derniers leurs sont destinées.
Ils sont plus importants aussi bien en tant que fournisseurs qu’en tant que clients pour
les pays d’Afrique du Nord par rapport aux pays du Moyen Orient et pour les pays
exportateurs par rapport aux pays non exportateurs de pétrole. D’un autre côté, l’importance
de l’Union Européenne est plus grande que celles des Etats-Unis et du Japon.
Par rapport aux autres pays ANMO, la place de l’Union Européenne est la plus
importante pour la Tunisie. Le marché européen reçoit plus que 70 % des exportations de ce
pays et lui fourni plus que les deux tiers de ses importations. La place de ce marché est la plus
faible pour les exportations omanaises (16.27%) et pour les importations des Emirats Arabes
Unis. Pour ce dernier pays, le marché japonais est son plus important débouché (33.18% de
ses exportations lui sont destinées). Le Japon est aussi le plus important fournisseur pour
12 Pour ce pays, la part des échanges effcetués avec le Japon (25.87%) est supérieure à celles relatives aux Etats-Unis (7.91%) et à l’Union Européenne (24.45%).
18
Oman (15.49% de ses importations) par rapport aux marchés étasunien et européen. L’Arabie
Saoudite et Israël ont, par rapport aux autres pays de la région, respectivement les parts les
plus élevées des exportations et des importations effectuées avec les Etats-Unis. Avec ce
dernier, les plus faibles parts sont enregistrées par la Syrie.
Tableau N°7 : Exportations et Importations des pays ANMO avec les Etats-Unis, le Japon et l’Union Européenne : 1970-2005 (en % des exportations totales)
Union Européenne Etats-Unis Japon Total Exp Imp Exp Imp Exp Imp Exp Imp Algérie Egypte Israel Maroc Oman Arabie Saoudite Syrie Tunisie Turquie Emirats Arabes Unis
61.54 36.52 33.37 62.24 16.27 26.35 46.28 71.08 47.63 17.53
61.95 37.79 40.69 52.46 35.81 33.11 34.32 67.66 43.59
33.73
21.33 7.16 27.49 2.31 4.94* 14.32 1.89 5.44 7.64 5.62
8.77 14.95 16.62 7.34 6.56* 18.67 5.12 6.17 9.01 11.47
0.97 2.76 4.41 3.32 28.42 18.55 0.52 0.15* 1.11 33.18
3.95 3.8 2.71 1.86 15.49 13.41 4.7 1.63 3.78 14.95
83.84 46.44 65.27 67.87 34.99 59.22 48.69 76.67 56.38 56.33
74.67 56.54 60.02 61.66 57.86 65.19 44.14 75.46 56.38 60.15
Moyennes : Ensemble de l’échantillon Pays d’Afrique du Nord Pays du Moyen Orient Pays exportateurs de pétrole Pays non exportateurs de pétrole
41.88 57.85 31.24 30.42 49.52
41.11 54.97 36.88 41.15
46.09
9.81 9.06 10.32 11.55 8.66
10.47 9.31 13.73 11.37 9.87
9.34 1.8 14.37 20.28 2.05
6.63 2.81 9.17 11.95 3.08
61.03 68.71 55.93 62.25 60.23
58.21 67.09 59.78 64.47 59.04
Source : Calculs faits à partir des données de DOTS Yearbook. FMI. Différents numéros. *1972-2005
Entre 1970 et 2005, la part des échanges extérieurs des pays ANMO effectuées avec
les trois partenaires en question a baissé à un rythme annuel moyen de l’ordre de 0.24%. Cette
baisse a touché aussi bien la part des exportations (-0.17%) que celle des importations (-0.2%)
et a concerné essentiellement la Turquie (-0.96%) (cf tableau N°8).
Par région, seule la part des échanges extérieurs des pays de l’Afrique du Nord a
enregistré une évolution positive (0.05%). Une telle évolution est liée aux taux de croissance
enregistrés par l’Egypte (0.68%) et par l’Algérie (0.48%). La Tunisie et le Maroc ont en effet
observé des baisses de 0.63% et de 0.45%. Elle est aussi la conséquence de l’évolution des
échanges extérieurs avec l’Union Européenne.
Par partenaire commercial, c’est la part des échanges extérieurs avec le Japon qui a été
le plus sévèrement touchée (- 0.43%) à cause de la baisse de la part des exportations destinées
à ce marché (-1.47%). La part des échanges extérieurs réalisés avec les Etats-Unis n’a
augmenté que pour les pays exportateurs de pétrole (0.64%), conséquence de l’accroissement
de la part des exportations (1.58%). Aussi bien pour les pays de l’Afrique du Nord que pour
les pays non exportateurs de pétrole, la part des échanges extérieurs a augmenté avec l’Union
19
Européenne avec respectivement 0.17% et 0.15%. Elle est la conséquence de l’augmentation
des parts aussi bien des exportations (0.35 et 0.28%) que des importations (0.08 et 0.07%).
Tableau N°8 : Taux de croissance annuel moyen des échanges extérieurs et de leurs composantes avec chacun des trois partenaires commerciaux: 1970-2005 (en %) Echanges extérieurs
(en % du total des échanges) Exportations
(en % du total des exportations) Importations
(en % des importations totales)
U.E E.U JPN Moy U.E E.U JPN Moy U.E E.U JPN Moy Algérie Egypte Israel Maroc Oman Arabie Saoudite Syrie Tunisie Turquie Emirats Arabes Unis
-0.31 0.7 -0.004 -0.04 -2.43 -0.75 -0.06 0.33 -0.003 -0.1
1.54 1.51 0.5 -1.05 1.12* 1.54 -0.29 -2.06 -1.3 -1.65
0.22 -0.18 -0.44 -0.27 0.42 -0.31 -2.16 -0.16* -0.61 -0.76
0.48 0.68 0.02 -0.45 -0.3 0.16 -0.84 -0.63 -0.96 -0.84
-0.45 1.47 -0.33 0.066 -4.05 -1.1 0.05 0.33 0.1 -0.85
4.13 3.44 0.8 0.63 1.72* 3.62 2.56 1.01 -0.43 -3.16
-1.64 -1.88 -0.99 -0.67 0.02 -0.31 -4.78 -1.3* -2.74 -0.39
0.68 1.01 -0.17 0.026 -0.77 0.74 -0.72 0.01 -1.02 -1.47
-0.14 0.22 0.21 -0.09 -1.49 0.02 -0.16 0.32 -0.07 0.2
-0.47 0.73 -0.18 -1.5 0.81* -0.23 -1.47 -2.66 -1.78 -1.15
0.98 0.69 -0.1 -0.13 2.86 -0.11 -1.54 1.74 -0.09 -1.49
0.12 0.55 -0.02 -0.57 0.73 -0.11 -1.06 -0.2 -0.65 -0.81
Moyennes Pays de l’échantillon Pays d’Afrique du Nord Pays du Moyen Orient Pays exportateurs de pétrole Pays non exportateurs de Pétrole
-0.27 0.17 -0.56 -0.9 0.15
-0.01 -0.02 -0.36 0.64 -0.45
-0.43 -0.01 -0.64 -0.11 -0.64
-0.24 0.05 -0.52 -0.12 -0.31
-0.48 0.35 -1.03 -1.61 0.28
1.43 2.3 0.85 1.58 1.34
-1.47 -1.37 -1.53 -0.58 -2.06
-0.17 -0.43 -0.57 -0.2 0.15
-0.1 0.08 -0.22 -0.35 0.07
-0.79 -0.98 -0.67 -0.26 -1.14
0.28 0.82 -0.08 0.56 0.1
-0.2 -0.03 -0.32 -0.02 -0.32
Source : Calculs faits à partir des données de DOTS Yearbook. FMI. Différents numéros. *1972-05
De cet examen des échanges extérieurs des pays de l’échantillon, il ressort qu’ils ont
fortement évolué, que l’augmentation est différente d’un pays à un autre, et qu’elle n’a pas
concerné de la même façon les échanges bilatéraux avec les Etats-Unis, le Japon et l’Union
Européenne. Avec chacun de ces trois partenaires, le résultat a été des intensités du commerce
bilatéral différentes aussi bien en termes de moyenne que d’évolution. C’est ce qui est
démontré dans ce qui suit.
5-Intensité du commerce, libéralisation commerciale et synchronisation des
cycles : mesures et analyse préliminaire.
Nous commençons d’abord par définir les mesures utilisées pour les trois variables.
Une analyse préliminaire de leurs liens empiriques est présentée par la suite.
20
5-1-Mesures des trois variables :
5-1-1-L’intensité du commerce bilatéral :
L’indicateur de l’intensité du commerce bilatéral entre les pays i et j utilisé dans ce
papier est celui introduit par Frankel et Rose (1997, 1998) et adopté par plusieurs auteurs tels
que Gruben et alii (2002), Bordo et Helbling (2003), Calderon (2003), ou Baxter et
Kouparitsas (2006). Il est calculé sur la base du ratio suivant :
ICBijt = jtitjtit
ijtijt
MMXX
MX
++++
X ijt : les exportations du pays i vers le pays j à l’année t.
M ijt : les importations du pays i en provenance du pays j à l’année t
X it (Xjt) et Mit (Mjt) représentent respectivement les exportations et les importations
totales du pays i (j) à l’année t.
Cette mesure reflète ainsi l’importance du commerce entre les deux pays dans leurs
échanges internationaux. Lorsqu’elle augmente, elle indique un renforcement de l’intensité du
commerce bilatéral.
Certains auteurs utilisent aussi comme mesures de cette intensité le rapport entre les
exportations (importations) du pays i vers le pays j (en provenance du pays j) par rapport à la
somme de leurs exportations (importations) (Shin et Wang (2002, 2003)) ou par rapport à
celle de leurs PIB ( Fiess (2005)). D’autres normalisent le commerce bilatéral par la somme
des PIB des deux pays ((Kose et Yi (2006), Imbs (2003)). Ces mesures sont toutefois le plus
souvent introduites pour tester la robustesse des effets liés à l’intensité du commerce bilatéral
sur la corrélation des cycles. Elles étaient dans la plupart des cas associés à des effets de
même signes, mais elles se sont révélées dans certains cas moins significatives que le
commerce bilatéral normalisé par le commerce total (Frankel et Rose (1998), Gruben et alii
(2002)).
Pour chaque pays de l’échantillon, des intensités du commerce bilatéral ont été
calculées avec les Etats-Unis, le Japon et l’Union Européenne. Différents numéros de
« Direction Of Trade Statistics Yearbook » publiés par le Fonds Monétaire International ont
été utilisés pour les construire.
L’observation des intensités bilatérales des pays de l’échantillon avec les trois
partenaires commerciaux montre qu’elle a été en moyenne de 1.32% durant 1970-2005. Elle a
été toutefois la plus forte pour les pays du Moyen Orient (1.79%) et les pays exportateurs de
pétrole (2.35%) par rapport aux pays de l’Afrique du Nord (0.61% qui baisse à 0.41%
lorsqu’on ne tient pas compte de l’Algérie) et aux pays non exportateurs de pétrole (0.63%).
21
C’est l’intensité du commerce bilatéral avec le Japon qui est la plus forte pour les pays
de l’échantillon (0.57%), conséquence de l’importance de celle des pays exportateurs de
pétrole (1.27%). Les pays d’Afrique du Nord et les pays non exportateurs de pétrole ont
l’intensité la plus forte avec les pays de l’Union Européenne (0.33 et 0.31% respectivement).
Pour les pays du Moyen Orient, cette intensité est la même avec l’Union Européenne qu’avec
les Etats-Unis (0.45%) et elle est plus forte avec le Japon (0.89%).
Tableau N°9 : Intensité du commerce bilatéral des pays ANMO avec les Etats-Unis, le Japon et l’Union Européenne : 1970-2005 (en %) (calculée comme ((Xij + Mij)/(Xi + Mi + Xj + Mj))
Union Européenne Etats-Unis Japon Total Algérie Egypte Israel Maroc Oman Arabie Saoudite Syrie Tunisie Turquie Emirats Arabes Unis
0.61 0.22 0.44 0.24 0.08 1.13 0.12 0.23 0.58 0.33
0.46 0.21 0.67 0.06 0.05* 1.36 0.03 0.05 0.28 0.28
0.14 0.12 0.2 0.05 0.41 2.78 0.05 0.02 0.18 1.74
1.21 0.55 1.13 0.35 0.54 5.27 0.2 0.3 1.04 2.35
Moyennes : Ensemble de l’échantillon Pays d’Afrique du Nord Pays du Moyen Orient Pays exportateurs de pétrole Pays non exportateurs de pétrole
0.4 0.33 0.45 0.54 0.31
0.35 0.2 0.45 0.54 0.22
0.57 0.08 0.89 1.27 0.1
1.32 0.61 1.79 2.35 0.63
Source : Calculs faits à partir des données de DOTS Yearbook. FMI. Différents numéros.
En termes d’évolution, entre 1970 et 2005, il est observé un renforcement de
l’intensité du commerce des pays de l’échantillon avec chacun des trois partenaires
commerciaux. Ce renforcement a été le plus important avec les Etats-Unis (0.72%),
conséquence de la forte augmentation de l’intensité du commerce des pays exportateurs de
pétrole avec ce pays (1.81%). Les pays d’Afrique du Nord ont vu cette intensité se renforcer
essentiellement avec les pays de l’Union Européenne (à un rythme annuel moyen de l’ordre
de 0.1%, qui se multiplie par 3 lorsqu’on ne tient pas compte de l’Algérie, pays exportateur de
pétrole). Pour les pays non exportateurs de pétrole, elle n’a augmenté qu’avec cette région
(0.45% contre -0.01% avec les Etats-Unis et -0.14% avec le Japon).
Par pays, la baisse la plus importante a été observée pour le Maroc (-0.67%), et ce sont
les Emirats Arabes Unis qui ont vu l’intensité de leur commerce augmenter le plus avec ces
trois partenaires commerciaux (2.07%). Par rapport aux autres pays de l’échantillon, ce pays a
22
enregistré d’ailleurs les accroissements les plus élevés de son intensité avec respectivement
l’Union Européenne (2.74%) et le Japon (2.16%).
Avec les trois partenaires, l’intensité du commerce bilatéral a le plus fortement baissé
respectivement pour Oman (-2.09%), pour la Tunisie (-1.47%), et pour la Syrie (-1.56%).
C’est pour l’Arabie Saoudite que l’intensité du commerce avec les Etats-Unis a augmenté le
plus (2.48%).
Tableau N°10 : Intensité du commerce bilatéral (taux de croissance annuel moyen (en %) : 1970-2005
U.E E.U JPN Moyenne
Algérie Egypte Israel Maroc Oman Arabie Saoudite Syrie Tunisie Turquie Emirats Arabes Unis
-0.52 0.55 -0.17 -0.39 -2.09 0.08 0.32 0.77 1.59 2.74
1.49 1.53 0.49 -1.24 1.96* 2.48 0.24 -1.47 0.41 1.3
0.24 -0.1 -0.38 -0.38 0.98 0.63 -1.56 0.5* 1.09 2.16
0.4 0.66 -0.02 -0.67 0.28 1.06 -0.33 -0.07 1.03 2.07
Moyennes Pays de l’échantillon Pays d’Afrique du Nord Pays du Moyen Orient Pays exportateurs de pétrole Pays non exportateurs de Pétrole
0.29 0.1 0.41 0.05 0.45
0.72 0.08 0.49 1.81 -0.01
0.32 0.07 0.49
1 -0.14
0.44 0.08 0.46 0.95 0.1
Source : Calculs faits à partir des données de DOTS Yearbook. FMI. Différents numéros. *1972-2005. 5-1-2-Libéralisation commerciale :
Pour distinguer entre les politiques commerciales, nous tenons compte respectivement
de l’existence d’accords de libre échange, de l’adhésion à l’OMC, et du passage d’une
économie fermée à une économie ouverte sur la base du critère de Sachs et Warner (1995).
Les politiques commerciales seront considérées plus libéralisées pour les pays qui sont
membres de l’OMC, qui ont signé des accords de libre échange, et / ou qui sont devenues
ouverts selon l’indicateur de Sachs et Warner (1995).
Des variables indicatrices seront ainsi construites pour distinguer respectivement entre
les pays ANMO à partir des dates de leurs adhésion à l’OMC et à partir de la date de
signatures d’un accord de libre échange avec l’un des trois partenaires commerciaux. Dans ce
dernier cas, les relations commerciales avec le Japon ne sont pas concernées, puisque ce pays
n’a signé aucun accord commercial avec les pays de l’échantillon.
23
Ces deux variables ont été construites à partir de données collectées auprès de l’OMC
pour la première, et de données collectées respectivement auprès de la commission
européenne et du département étasunien du commerce pour la deuxième (sites Internet).
Lorsque la mesure de Sachs et Warner est utilisée, la variable indicatrice prendra la
valeur de 1 durant toute la période pendant laquelle l’économie est jugée ouverte, et la valeur
de 0 durant les années dans lesquelles elle est jugée fermée. Cette variable a été construite à
partir des données élaborées par Sachs et Warner (1995) et par Wacziarg et Welch (2003).
L’intérêt de ces mesures est double. En plus de permettre de distinguer des politiques
commerciales différentes entre pays, elles permettent pour chaque pays de voir le changement
intervenu dans sa politique commerciale.
5-1-3-Synchronisation des cycles :
La synchronisation des cycles est mesurée à travers le calcul des corrélations entre les
composantes cycliques de certaines variables macroéconomiques. Ces composantes sont
obtenues par l’application de techniques de filtrages des séries statistiques qui permettent de
distinguer entre tendance et cycle. Différentes techniques sont disponibles et plusieurs
variables peuvent être utilisées telle que le PIB, la production industrielle, l’emploi,etc... Dans
les pays ANMO, la disponibilité statistique de plusieurs de ces variables est limitée. C’est la
raison expliquant notre choix du PIB en termes réels ( dollars constants de 2000) pour calculer
les corrélations cycliques entre chacun des pays ANMO de l’échantillon d’un coté, les Etats-
Unis, le Japon et l’Union Européenne de l’autre coté. Pour cette dernière les séries du PIB ont
été construites en additionnant les séries relatives à chaque pays membre de l’Union13. Les
données relatives à ces séries sont extraites du « World Development Indicators » publié par
la Banque Mondiale.
Des études comparatives des techniques de filtrage (HP, BP de Baxter et King (1999))
ont montré qu’elles ne sont pas toutes très robustes et que l’utilisation de certaines ne conduit
pas forcément au résultat escompté en termes de décomposition de séries (Guay et Saint-
Amant (2005)). Nous avons retenu l’une des techniques les plus récentes, le filtre à bande
passante proposé par Christiano et Fitzgerald (2003). Son avantage est d’éliminer les basses et
hautes fréquences et permet de supprimer l’intégralité du “bruit” entourant les évolutions
tendancielles. La technique retenue a été appliquée sur les séries du PIB réel pris en log. Une
13 Jusqu’à 1972, les pays membres étaient l’Allemagne, la Belgique, la France, l’Italie, et les Pays Bas. En 1973, l’Angleterre, le Danemark et l’Irlande sont devenus membres. La Grèce a rejoint l’Union en 1981 et l’Espagne et le Portugal en 1986. L’adhésion de l’Autriche, de la Finlande, et du Danemark a eu lieu en 1995. Nous précisons que jusqu’à 1991, on parlait de la CEE . C’est le traité de Maastricht qui a crée l’UE en 1992. Les anciens membres de la CEE sont restés membres de l’UE, c’est ce qui explique que nous nous sommes permis d’utiliser ce dernier mot pour les années antérieures à 1992.
24
fois isolé le cycle économique, nous calculons les corrélations temporelles (ρijc)t entre les
composantes cycliques pour les différents pays considérés avec celles des Etats Unis, du
Japon et de l’UE. Plus les corrélations sont élevées, plus la synchronisation entre les cycles est
considérée importante.
Tableau N°11 : Corrélations des cycles (Corr) entre les pays ANMO, les Etats-Unis, le Japon et
l’Union Européenne (1972-2003) : Algérie Egypte Israël Maroc Oman Arabie
Saoudite Syrie Tunisie Turquie Emirats
Arabes Unis
Etats Unis 0.243 (0.178)
0.127 (0.488)
-0.266 (0.141)
-0.214 (0.237)
-0.282 (0.117)
-0.185 (0.309)
-0.646* (0.0001)
0.0358 (0.845)
-0.106 (0.562)
0.579* (0.0005)
Japon 0.172 (0.344)
0.040 (0.827)
-0.108 (0.5534)
0.1004 (0.584)
-0.028 (0.1181)
0.049 (0.7894)
-0.5005* (0.0035)
-0.2327 (0.2)
-0.0751 (0.6831)
0.588* (0.0004)
UE -0.034 (0.850)
0.535* (0.0016)
0.450* (0.0097)
-0.118 (0.5180)
-0.147 (0.4202)
0.523* (0.0021)
0.4189* (0.017)
0.1522 (0.405)
-0.0591 (0.747)
-0.117 (0.521)
*Significatives à 5%. Les chiffres entre parenthèses représentent les probabilités d’erreur.
Les résultats des corrélations cycliques du tableau 11 montrent quelles sont
significativement positives avec les Etats Unis et le Japon pour les Emirats Arabes Unis, et
dans une moindre mesure avec l’Union Européenne pour Israël, l’Arabie Saoudite et la Syrie.
Cette configuration semble suggérer que leurs composantes cycliques sont en phase et
indiquerait un faible risque de chocs asymétriques entre ces pays.
A l’opposé, une relation négative significative est mise en exergue avec les Etats Unis
et le Japon pour la Syrie et avec l’Union Européenne pour l’Egypte. Il ne semble pas exister
un fort lien de dépendance (corrélations relativement modestes ou non significatives) pour les
autres pays.
L’analyse dynamique des corrélations cycliques basée sur les graphiques N°10-a, 10-b
et 10-c (page 30 et 31) montre des évolutions différentes dans les pays de l’échantillon. Les
corrélations cycliques avec les Etats-Unis n’étaient positives sur l’ensemble de la période
(1972-03) que pour les Emirats Arabes Unis. Au contraire, Israël, le Maroc, Oman, l’Arabie
Saoudite, la Syrie, et la Turquie avaient des cycles toujours négativement corrélés avec le
cycle étasunien. Les cycles algérien, égyptien, et tunisien sont devenus, depuis plusieurs
années, positivement corrélés.
Avec le cycle européen, ce sont les cycles israélien, saoudien, syrien et tunisien qui
étaient toujours positivement corrélés. Le contraire est observé pour les cycles égyptien,
marocain, omanais et turque. Les corrélations sont devenues négatives pour les cycles émirati
(depuis 1975) et algérien (depuis 1981).
25
Israël, Oman, la Syrie, la Tunisie et la Turquie avaient des cycles toujours
négativement corrélés avec le cycle japonais, contrairement à ce qui est observé pour le cycle
émirati. Pour les autres pays de l’échantillon les corrélations ont changé de signe durant la
période considérée.
Ajoutées aux différences constatées dans les engagements faits sur la voie de la
libéralisation commerciale, les différences des intensités bilatérales entre chaque pays de
l’échantillon et chacun des trois partenaires ainsi que des corrélations respectives de leurs
cycles offrent l’opportunité d’étudier leurs effets empiriques sur la synchronisation des cycles
économiques des pays de l’échantillon avec les cycles étasunien, européen et nippon. Le
paragraphe suivant présente une analyse préliminaire de ces effets.
5-2-Analyse préliminaire :
Nous cherchons dans ce paragraphe à déduire des conclusions préliminaires relatives à
l’existence d’un lien entre intensité du commerce, politiques commerciales et corrélation des
cycles dans les pays ANMO. Nous cherchons aussi à voir si une différence peut être constatée
dans l’effet exercé par l’intensité du commerce en fonction des politiques commerciales.
5-2-1-Libéralisation commerciale et intensité du commerce :
Le graphique N°8 montre que le lien entre ces deux variables n’est pas bien établi.
Alors que les pays liés par un accord de libre échange (ALE) avec l’Union Européenne
avaient l’intensité de commerce bilatéral la plus faible avec ce partenaire, Israël avait
l’intensité la plus forte avec les Etats-Unis, pays avec lequel il s’était engagé dans un accord
de libre échange depuis 1985.
D’un autre coté, ce sont les pays non membres de l’OMC qui avaient, en moyenne,
l’intensité de commerce bilatéral la plus forte avec chacun des trois partenaires commerciaux.
L’importance des intensités relatives à l’Arabie Saoudite, pays non membre de l’OMC
jusqu’au 2003, peut expliquer cette situation. Toutefois un changement majeur n’est pas
observé lorsqu’on utilise le critère de Sachs et Warner (SW). Aussi bien avec les Etats-Unis
qu’avec le Japon, les intensités sont presque les mêmes dans les pays jugés fermés que dans
les pays jugés ouverts. Avec l’Union Européenne, ce sont les économies fermées qui avaient
l’intensité la plus forte, sachant que l’Arabie Saoudite est non retenue dans l’échantillon de
Sachs et Warner.
De ces constats, on déduit que la libéralisation commerciale ne se traduit pas
forcément par des intensités bilatérales plus fortes. Elle peut leur être négativement associée.
L’analyse dynamique confirme cette dernière conclusion. En effet, l’observation du
graphique N° 10 montre que depuis le début des années 1990, période caractérisée par des
26
politiques commerciales plus libérales, les intensités bilatérales n’avaient pas connu les
mêmes évolutions. Avec chacun des trois partenaires, cette période a coïncidé avec un
renforcement de l’intensité du commerce pour Israël et la Turquie et avec sa diminution pour
l’Algérie, l’Arabie Saoudite, l’Egypte, Oman, la Syrie et les Emirats Arabes Unis. Le Maroc
et la Tunisie ont vu l’intensité de leur commerce dans la période caractérisée par des
politiques commerciales plus libérales augmenter respectivement avec le Japon pour le
premier et avec le Japon et l’Union Européenne pour le second.
Graphique N°8: Libéralisation commerciale et intensité du commerce dans des pays MENA (1972-03)
0
0,2
0,4
0,6
0,8
1
1,2
ALE NALE OMC NOMC LibSW NLibSW
ICB-UE
ICB-EU
ICB-JPN
ALE (NALE) : Pays liés (non liés) par un accord de libre échange avec le partenaire concerné. OMC (NOMC) : Pays membres (non membres) de l’OMC. LibSW (NLibSW) : Pays devenus ouverts (restés fermés) selon Sachs et Warner (1995).
5-2-2-Intensité du commerce bilatéral et corrélation des cycles :
L’observation des corrélations cycliques du PIB réel de chacun des pays ANMO avec
chacun des trois partenaires commerciaux montre qu’elles étaient d’autant plus fortes que
l’intensité du commerce était élevée en Syrie, en Tunisie, et à Oman. Pour les autres pays, la
relation entre les deux variables n’est pas claire. Pour l’Egypte par exemple, la plus grande
intensité de son commerce avec les Etats-Unis par rapport au Japon a été associée à une plus
grande corrélation de son cycle avec le cycle étasunien par rapport au cycle nippon. La
corrélation a été toutefois la plus faible avec l’Union Européenne, partenaire avec lequel elle a
l’intensité bilatérale la plus élevée.
Les corrélations cycliques n’étaient toutefois statistiquement significatives avec au
moins deux des trois partenaires commerciaux (cette restriction est utilisée pour le besoin des
comparaisons) que pour la Syrie et les Emirats Arabes Unis. Dans ces deux pays, une relation
croissante est observée entre intensité du commerce et corrélation des cycles.
27
Tableau N°12 : Intensité du commerce bilatéral (ICB) et corrélations des cycles (Corr) entre les pays ANMO, les Etats-Unis, le Japon et l’Union Européenne (1972-2003) :
Pays Partenaire ICB Corr Pays Partenaire ICB Corr Algérie Japon
Etats-Unis U.E
0.15 0.49 0.62
0.1727 (0.3446) 0.2438 (0.1788) -0.0348 (0.8502)
Arabie Saoudite
U.E Etats-Unis Japon
1.21 1.45 2.91
0.5236* (0.0021) -0.1856 (0.3092) 0.0491 (0.7894)
Egypte Japon Etats-Unis U.E
0.12 0.22 0.23
0.0401 (0.8275) 0.1271 (0.4881) -0.5358* (0.0016)
Syrie Etats-Unis Japon U.E
0.03 0.05 0.12
-0.6462* (0.0001) -0.5005* (0.0035) 0.4189* (0.017)
Israël Japon U.E Etats-Unis
0.2 0.44 0.67
-0.1088 (0.5534) 0.4505* (0.0097) -0.266 (0.1412)
Tunisie Japon Etats-Unis U.E
0.02 0.06 0.24
-0.2327 (0.2) 0.0358 (0.8457) 0.1522 (0.4057)
Maroc Japon Etats-Unis U.E
0.05 0.06 0.24
0.1004 (0.5845) -0.2149 (0.2374) -0.1186 (0.5180)
Turquie Japon Etats-Unis U.E
0.18 0.28 0.56
-0.0751 (0.6831) -0.1063 (0.5624) -0.0591 (0.7478)
Oman Etats-Unis U.E Japon
0.05 0.07 0.43
-0.2823 (0.1174) -0.1476 (0.4202) -0.0282 (0.1181)
Emirats Arabes Unis
Etats-Unis U.E Japon
0.28 0.34 1.8
0.5797* (0.0005) -0.1177 (0.5211) 0.5886* (0.0004)
*Significatives à 5%. Les chiffres entre parenthèses représentent les probabilités d’erreur.
L’évolution dans le même sens de l’intensité du commerce bilatéral et des corrélations
des cycles (nous ne considérons que les corrélations significatives) se trouve également
observée lorsqu’on s’intéresse à chacun des trois partenaires commerciaux. En effet, comparé
au cycle syrien, le cycle émirati est respectivement plus corrélé avec chacun des cycles
japonais et étasunien. Avec chacun de ces deux partenaires, les Emirats ont une intensité
bilatérale plus forte. D’un autre coté, l’Arabie Saoudite et Israël ont aussi bien des intensités
bilatérales que des corrélations cycliques plus importantes avec l’Union Européenne par
rapport à l’Egypte et à la Syrie. La corrélation du cycle de ce dernier avec le cycle européen
est toutefois plus élevée que celle de l’Egypte, bien que son intensité bilatérale avec l’Union
Européenne est moins importante.
28
Graphique N°9: Intensité du commerce (ICB) et corrélation des cycles (Corr) (satistiquement significatives) par paténaire
-1
-0,5
0
0,5
1
1,5
Syrie
_U
E
Eg
ypte
_U
E
Israë
l_U
E
Ara
bie
Sa
ou
dite
_U
E
Syrie
_E
U
Em
irats_
EU
Syrie
_Ja
po
n
ICB
Corr
L’observation de l’évolution parallèle des deux variables (graphiques N°10-a, 10-b et
10-c) montre qu’elles ont la même tendance avec les trois partenaires pour la Turquie
uniquement. Ce constat est observé pour l’Algérie, Israël, et le Maroc avec les Etats-Unis, et
pour l’Arabie Saoudite avec l’Union Européenne.
5-2-3-Libéralisation commerciale et corrélation des cycles :
Pour voir les différences des corrélations cycliques en fonction de la libéralisation
commerciale, nous avons commencé par sélectionner les pays ANMO ayant des corrélations
significatives (marquées par le signe * dans le tableau précédent) avec chaque partenaire
commercial. Nous avons par la suite formé des groupes en fonction des indicateurs relatifs à
la politique commerciale.
Cette démarche permet de voir que les pays membres de l’OMC avaient des
corrélations plus importantes avec les cycles étasunien et japonais. Le même constat n’émerge
pas de l’examen des corrélations avec le cycle européen.
En effet, quelque soit l’indicateur utilisé, il semble y avoir un lien négatif entre
libéralisation commerciale et corrélation des cycles avec l’Union Européenne. Les
corrélations sont plus faibles dans les pays ayant signé des accords de libre échange avec
l’UE, dans les pays membres de l’OMC et dans les pays qui sont passés d’une économie
fermée à une économie ouverte selon le critère de Sachs et Warner (1995).
29
Tableau N°13 : Libéralisation commerciale et corrélation des cycles (corr): Union Européenne1 Etats-Unis2 Japon2
ICB Corr ICB Corr ICB Corr ALE NALE OMC NOMC LibSW NLibSW
0.335 0.665 0.335 0.665 0.335 0.12
-0.0427 0.4713 -0.0427 0.4713 -0.0427 0.4189
0.155 0.28 0.03
0.03
-0.0333 0.5797 -0.6462
-0.6462
1.8 0.05
0.05
0.5886 -0.5005
-0.5005
1Avec l’UE, les corrélations cycliques sont significatives pour l’Egypte, Israël, l’Arabie Saoudite et la Syrie. Les deux premiers ont signé des accords de libre échange avec l’UE, et sont membres de l’OMC avant 2003, ce qui n’est pas le cas pour les deux derniers (c’est ce qui explique que les moyenne relatives respectivement à ALE et OMC et à NALE et NOMC sont les mêmes pour le cas de l’U.E). L’Egypte et la Syrie ont procédé à des politiques de libéralisation selon Sachs et Warner, ce qui n’a pas été le cas pour la Syrie. Les données relatives à NlibSW concernent la Syrie. L’Arabie Saoudite n’a pas en effet été classée par Sachs et Warner. 2Avec les Etats-Unis et le Japon, les corrélations cycliques ne sont significatives que pour la Syrie et les Emirats Arabes Unis. Entre 1972 et 2003 ces deux pays n’ont pas signé des accords de libre échange avec ces deux partenaires, ce qui explique l’absence de données pour la variable ALE pour le Japon et les Etats-Unis. Aussi, les Emirats n’ont pas été classés par Sachs et Warner, et la Syrie est considérée comme une économie fermée selon ce critère (Pour les EU et le Japon, NLibSW est relative à la Syrie.
L’examen de l’évolution des corrélations cycliques depuis les années 1990 par rapport
aux années antérieures conduit aussi à des conclusions différentes en fonction des pays
ANMO et de leurs partenaires. Les graphiques N°10-a, 10-b et 10-c montrent qu’avec aussi
bien les cycles européen, étasunien et japonais, le cycle émirati était devenu moins corrélé,
alors que les cycles égyptien, marocain et turc sont devenus plus corrélés. Les cycles israélien,
omanais, saoudien, et tunisien ont vu leur synchronisation augmenter avec ceux des Etats-
Unis et du Japon et baissé avec le cycle européen. Enfin, les corrélations des cycles algérien et
syrien ont augmenté avec le cycle étasunien et baissé avec le cycles européen et japonais.
Cette première analyse relative aux liens entre libéralisation commerciale, intensité du
commerce et corrélation des cycles ne permet pas d’obtenir les mêmes conclusions dans tous
les pays ANMO de l’échantillon et quelque soit le partenaire commercial considéré. Dans
certains cas, la libéralisation commerciale semble avoir renforcé l’intensité du commerce
bilatéral et la corrélation des cycles. Dans d’autres elle semble les avoir diminué. Aussi, des
intensités de commerce plus importantes ne semblent pas être nécessairement associées à des
renforcements des corrélations des cycles des pays de l’échantillon avec les cycles étasunien,
européen et japonais.
Pour mieux détecter le lien empirique entre les trois variables, un examen
économétrique s’impose. Il fait l’objet du paragraphe suivant.
30
Graphique 10-a: Evolution de l'ICB et de la corrélation des cycles des pays ANMO avec l'UEMaroc
1974 1976 1978 1980 1982 1984 1986 1988 1990 1992 1994 1996 1998 2000 20020.008
0.010
0.012
0.014
0.016
0.018
0.020
-0.6
-0.5
-0.4
-0.3
-0.2
-0.1
ICB_UE_MARCORR_UE_MAR
Tunisie
1974 1976 1978 1980 1982 1984 1986 1988 1990 1992 1994 1996 1998 2000 20020.0018
0.0020
0.0022
0.0024
0.0026
0.0028
0.0030
0.08
0.12
0.16
0.20
0.24
0.28
0.32
0.36
IC B_U E_TU NC OR R _U E_TU N
ICB_UE_ALG CORR_UE_ALG
Algérie
1974 1976 1978 1980 1982 1984 1986 1988 1990 1992 1994 1996 1998 2000 20020.0025
0.0050
0.0075
0.0100
0.0125
-0.160.00
0.16
0.32
0.480.64
0.80
0.96
Egypte
1974 1976 1978 1980 1982 1984 1986 1988 1990 1992 1994 1996 1998 2000 20020.0010
0.0015
0.0020
0.0025
0.0030
0.0035
0.0040
0.0045
0.0050
-0.750-0.725-0.700-0.675-0.650-0.625-0.600-0.575-0.550-0.525
ICB_UE_ EGYC ORR _U E_EGY
Turquie
1974 1976 1978 1980 1982 1984 1986 1988 1990 1992 1994 1996 1998 2000 20020.002
0.003
0.004
0.005
0.006
0.007
0.008
0.009
0.010
-0.5600000
-0.4800000
-0.4000000
-0.3200000
-0.2400000
-0.1600000
-0.0800000
0.0000000
ICB_UE_TURCORR_UE_TUR
Syrie
1974 1976 1978 1980 1982 1984 1986 1988 1990 1992 1994 1996 1998 2000 20020.00050
0.00075
0.00100
0.00125
0.00150
0.00175
0.00200
0.00225
0.00250
0.400
0.425
0.450
0.475
0.500
0.525
0.550
0.575
0.600
IC B_U E_SYRC OR R _U E_SYR
Israel
1974 1976 1978 1980 1982 1984 1986 1988 1990 1992 1994 1996 1998 2000 20020.003250.003500.003750.004000.004250.004500.004750.005000.005250.00550
0.4
0.5
0.6
0.7
0.8
0.9
1.0
IC B_U E_ISRC ORR _U E_ ISR
Oman
1974 1976 1978 1980 1982 1984 1986 1988 1990 1992 1994 1996 1998 2000 20020.0002
0.0004
0.0006
0.0008
0.0010
0.0012
0.0014
0.0016
0.0018
-0.20
-0.18
-0.16
-0.14
-0.12
-0.10
-0.08
-0.06
-0.04
IC B_U E_OMNC OR R _U E_OMN
Arabie Saoudite
1974 1976 1978 1980 1982 1984 1986 1988 1990 1992 1994 1996 1998 2000 20020.000
0.005
0.010
0.015
0.020
0.025
0.030
0.035
0.040
0.50
0.55
0.60
0.65
0.70
0.75
IC B_U E_SAUC OR R_UE_SAU
Emirats Arabes Unis
1974 1976 1978 1980 1982 1984 1986 1988 1990 1992 1994 1996 1998 2000 20020.0012
0.0024
0.0036
0.0048
0.0060
0.0072
-0.15
-0.10
-0.05
0.00
0.05
0.10
0.15
0.20
0.25
IC B_U E_EMUC OR R_UE_EMU
Graphique 10-b: Evolution de l'ICB et de la corrélation des cycles des pays ANMO avec les USAMaroc
1974 1976 1978 1980 1982 1984 1986 1988 1990 1992 1994 1996 1998 2000 20020.0003
0.0004
0.0005
0.0006
0.0007
0.0008
0.0009
0.0010
0.0011
-0.5
-0.4
-0.3
-0.2
-0.1
-0.0
0.1
IC B_U SA_MARC OR R _USA_MAR
Tunisie
1974 1976 1978 1980 1982 1984 1986 1988 1990 1992 1994 1996 1998 2000 20020.00000
0.00025
0.00050
0.00075
0.00100
0.00125
0.00150
-0.96
-0.80
-0.64
-0.48
-0.32
-0.16
0.00
0.16
IC B_U SA_ TU NCOR R _U SA_TU N
ICB_USA_ALG CORR_USA_ALG
Algérie
1974 1976 1978 1980 1982 1984 1986 1988 1990 1992 1994 1996 1998 2000 20020.0000.002
0.004
0.006
0.0080.010
0.012
0.014
-1.00
-0.75
-0.50
-0.25
0.00
0.25
0.50
Egypte
1974 1976 1978 1980 1982 1984 1986 1988 1990 1992 1994 1996 1998 2000 20020.0010
0.0015
0.0020
0.0025
0.0030
0.0035
0.0040
-0.05
0.00
0.05
0.10
0.15
0.20
0.25
0.30
IC B_U SA_EGYC OR R _USA_EGY
Turquie
1974 1976 1978 1980 1982 1984 1986 1988 1990 1992 1994 1996 1998 2000 20020.0010
0.0015
0.0020
0.0025
0.0030
0.0035
0.0040
-0.30
-0.25
-0.20
-0.15
-0.10
-0.05
-0.00
0.05
IC B_U SA_TU RC OR R _U SA_TUR
Syrie
1974 1976 1978 1980 1982 1984 1986 1988 1990 1992 1994 1996 1998 2000 20020.00012
0.00024
0.00036
0.00048
0.00060
0.00072
-1.00
-0.95
-0.90
-0.85
-0.80
-0.75
-0.70
-0.65
-0.60
IC B_U SA_SYRC OR R _U SA_SYR
Israel
1974 1976 1978 1980 1982 1984 1986 1988 1990 1992 1994 1996 1998 2000 20020.0048
0.0056
0.0064
0.0072
0.0080
0.0088
0.0096
-0.8
-0.7
-0.6
-0.5
-0.4
-0.3
-0.2
IC B_U SA_ISRC OR R _U SA_ISR
Oman
1974 1976 1978 1980 1982 1984 1986 1988 1990 1992 1994 1996 1998 2000 20020.00016
0.00032
0.00048
0.00064
0.00080
0.00096
0.00112
0.00128
-0.65
-0.60
-0.55
-0.50
-0.45
-0.40
-0.35
-0.30
-0.25
IC B_U SA_OMNC OR R_ USA_OMN
Arabie Saoudite
1974 1976 1978 1980 1982 1984 1986 1988 1990 1992 1994 1996 1998 2000 20020.005
0.010
0.015
0.020
0.025
0.030
0.035
0.040
-0.3000000
-0.2500000
-0.2000000
-0.1500000
-0.1000000
-0.0500000
-0.0000000
ICB_USA_SAUCORR_USA_SAU
Emirats Arabes Unis
1974 1976 1978 1980 1982 1984 1986 1988 1990 1992 1994 1996 1998 2000 20020.0012
0.0024
0.0036
0.0048
0.0060
0.0072
0.525
0.560
0.595
0.630
0.665
0.700
0.735
0.770
0.805
IC B_U SA_EMUC OR R _U SA_EMU
31
Graphique 10-c: Evolution de l'ICB et de la corrélation des cycles des pays ANMO avec le JaponMaroc
1974 1976 1978 1980 1982 1984 1986 1988 1990 1992 1994 1996 1998 2000 20020.000300.000350.000400.000450.000500.000550.000600.000650.000700.00075
-0.4
-0.3
-0.2
-0.1
-0.0
0.1
0.2
0.3
IC B_J PN _MARCORR _J PN _MAR
Tunisie
1974 1976 1978 1980 1982 1984 1986 1988 1990 1992 1994 1996 1998 2000 20020.00005
0.00010
0.00015
0.00020
0.00025
0.00030
0.00035
0.00040
0.00045
-1.0
-0.9
-0.8
-0.7
-0.6
-0.5
-0.4
-0.3
-0.2
IC B_J PN_TUNCORR _J PN_TUN
ICB_JPN_ALG CORR_JPN_ALG
Algérie
1974 1976 1978 1980 1982 1984 1986 1988 1990 1992 1994 1996 1998 2000 20020.00000.00050.00100.00150.00200.00250.00300.00350.00400.0045
-1.0
-0.8
-0.6
-0.4
-0.2
-0.0
0.2
0.4
Egypte
1974 1976 1978 1980 1982 1984 1986 1988 1990 1992 1994 1996 1998 2000 20020.000250.000500.000750.001000.001250.001500.001750.002000.002250.00250
-0.25
-0.20
-0.15
-0.10
-0.05
-0.00
0.05
ICB_J PN_EGYCOR R_J PN_EGY
Turquie
1974 1976 1978 1980 1982 1984 1986 1988 1990 1992 1994 1996 1998 2000 20020.0005
0.0010
0.0015
0.0020
0.0025
0.0030
-0.4500000-0.4000000-0.3500000-0.3000000-0.2500000-0.2000000-0.1500000-0.1000000-0.0500000-0.0000000
ICB_JPN_TUR
CORR_JPN_TUR
Syrie
1974 1976 1978 1980 1982 1984 1986 1988 1990 1992 1994 1996 1998 2000 20020.0000
0.0002
0.0004
0.0006
0.0008
0.0010
0.0012
-1.0
-0.9
-0.8
-0.7
-0.6
-0.5
IC B_J PN _SYRC ORR _J PN _SYR
Israel
1974 1976 1978 1980 1982 1984 1986 1988 1990 1992 1994 1996 1998 2000 20020.00100
0.00125
0.00150
0.00175
0.00200
0.00225
0.00250
0.00275
0.00300
-0.6
-0.5
-0.4
-0.3
-0.2
-0.1
ICB_J PN _ISRC OR R_J PN _ISR
Oman
1974 1976 1978 1980 1982 1984 1986 1988 1990 1992 1994 1996 1998 2000 20020.0000
0.0025
0.0050
0.0075
0.0100
-0.77
-0.70
-0.63
-0.56
-0.49
-0.42
-0.35
-0.28
IC B_J PN_OMNCORR _J PN_OMN
Arabie Saoudite
1974 1976 1978 1980 1982 1984 1986 1988 1990 1992 1994 1996 1998 2000 20020.01
0.02
0.03
0.04
0.05
0.06
0.07
-0.04
-0.02
0.00
0.02
0.04
0.06
0.08
0.10
0.12
IC B_J PN_SAUCORR _J PN_SAU
Emirats Arabes Unis
1974 1976 1978 1980 1982 1984 1986 1988 1990 1992 1994 1996 1998 2000 20020.0125
0.0150
0.0175
0.0200
0.0225
0.0250
0.0275
0.0300
0.0325
0.575
0.600
0.625
0.650
0.675
ICB_J PN_EMUC OR R_J PN_EMU
6. Intensité du commerce, libéralisation commerciale et synchronisation des
cycles : liens économétriques.
L'objectif de cette section est de déterminer, en premier lieu, l’influence exercée par
l’intensité du commerce bilatéral sur la synchronisation des cycles de croissance de pays
ANMO avec ceux des Etats-Unis, de l’Union Européenne, et du Japon. En deuxième lieu,
d’étudier l'impact supplémentaire de la libéralisation commerciale et de son interaction avec
une politique d’intensification du commerce bilatéral sur cette synchronisation.
6-1- Le modèle estimé et les signes attendus:
Pour évaluer l’influence de l’intensité et de la libéralisation commerciale sur la
synchronisation des cycles économiques, nous nous basons sur les modèles de données de
panel à effets spécifiques. Leurs structures sont les suivantes :
ρijct = αij + βt + γ ICBijt + εijt (1)
ρij
ct = αij + βt + γ ICBijt + δLIB ijt + λ(ICBijt )( LIB ijt ) +εijt (2)
La variable dépendante ρijct est le degré de synchronisation du cycle de croissance
entre le pays i (i étant l’un des pays ANMO de l’échantillon, i : 1…10) et le partenaire j (j
étant les Etats-Unis, le Japon ou l’Union Européenne) à la période t. L’intensité du commerce
32
bilatéral (en log) est mesurée par la variable ICBijt et LIBijt est l’un des indicateurs de
libéralisation commerciale déjà mentionnés. Les paramètres αij,βt,γ, δ et λ sont des
coefficients de régression à estimer.
Nous supposons que les effets fixes individuels αij captent les caractéristiques non
observées des pays de l’échantillon, ce qui nous permet de surmonter le biais des variables
omises. Les effets spécifiques temporels βt permettent par contre de capter les chocs
temporels qui affectent le niveau de l’output.
Dans les estimations, nous commençons dans une première étape par estimer le
modèle (1). Dans une deuxième étape, nous introduisons la variable relative à la libéralisation
commerciale et la variable multiplicative (modèle (2)).
Les signes attendus des trois coefficients à estimer sont théoriquement ambigus (cf
paragraphe 2). L’intensité du commerce renforcerait la synchronisation entre les cycles
lorsque ce sont des chocs de demande qui dominent ou que l’échange est essentiellement
intra-branche (γ>0). Elle le réduirait lorsque l’échange est essentiellement interindustriel et
que les chocs sont spécifiques (γ<0)). De son coté, la libéralisation commerciale augmenterait
l’exposition du pays à des chocs exogènes (Kose et alii (2003)). Elle réduirait donc la
synchronisation des cycles avec ceux des partenaires commerciaux en présence de chocs
asymétriques (δ<0). Elle la renforcerait lorsque ces derniers sont symétriques (δ>0).
Le coefficient λ représente un effet d’interaction de l’intensité du commerce avec la
libéralisation commerciale sur la synchronisation des cycles. Il sera positif ( λ>0) lorsque la
libéralisation commerciale arrive, comme pour le cas du Mexique avec l’ALENA (Torres et
Vela (2003)), à renforcer l’échange vertical, donc l’interdépendance entre les économies des
pays partenaires. Il est toutefois possible que ce soit l’échange basé sur les avantages
comparatifs qui se trouverait augmenté suite à la libéralisation commerciale. Ça sera le cas
notamment lorsque cette dernière est faite dans un contexte de libéralisation financière.
Kalemi-Ozcan et alii (1999) montrent en effet que, dans un contexte d’intégration financière,
il est possible que la spécialisation se trouve renforcée. Le résultat sera un effet d’interaction
négatif (λ<0).
L’ambiguïté théorique des effets des deux variables et de leur interaction n’empêche
pas toutefois de privilégier certaines anticipations. Sur la base de l’analyse préliminaire faite
ci-dessus, nous nous attendons à observer un effet positif exercé par l’intensité du commerce
sur la synchronisation des cycles avec les trois partenaires commerciaux. Nous anticipons
aussi des effets de signes différents exercés par les variables relatives à la libéralisation
33
commerciale et à son interaction avec l’intensité du commerce bilatéral sur la synchronisation
des cycles des pays ANMO avec les cycles européen, étasunien et nippon.
6-2-Les méthodes d’estimation :
Un problème avec les équations (1) et (2) est que l'intensité du commerce bilatéral
peut être elle-même endogène. Nous estimons l’effet de ce facteur à partir des régressions
instrumentées. Suite à Frankel et Rose (1998), nous utilisons des variables de base du modèle
gravitationnel telles que la distance entre la capitale du pays i et celle du partenaire j (pour le
cas de l’UE, nous avons considéré le Luxembourg comme le barycentre de l’Europe), une
variable indicatrice pour la frontière commune et une variable indicatrice pour la langue
commune). Puisque nous utilisons plus d’instruments que de variables endogènes, nous
essayons d'enrayer cette endogéneité potentielle en conduisant des GMM quand les tests
suggéreraient leur nécessité.
6-3-Résultats et interprétations :
6-3-1- Intensité du commerce et synchronisation des cycles :
La relation entre ces deux variables est testée sur la base de la spécification (1). Les
résultats des estimations sont présentés dans le tableau ci - après.
Tableau N°14: Effet de l’intensité commerciale sur la synchronisation des cycles Variable USA UE Japon Ensemble explicative (1) (2) (3) (4)
ICB 0.1476* 0.2363*** 0.1437* 0.0836*** (1.83) (13.97) (1.89) (2.11) Durbin-Wu-Hausman 13.75 34.40 27.09 1.59 (0.00) (0.00) (0.00) (0.209) R2 partiel 0.4923 0.5018 0.60 p-value J-test 0.1198 0.5010 0.0955 R2 0.04 0.91 0.237 0.11 Observations 300 300 300 900
légende: * p<.1; ** p<.05; *** p<.01
En raison de l’endogénéité potentielle de la variable ICB, nous avons appliqué la
méthode des variables instrumentales où les instruments ont été choisit sur la base du modèle
gravitationnel. Différents tests ont été menés pour vérifier la validité économétrique du
modèle. Au bas du tableau sont reportés le test de sur-identification de Hansen et le R² partiel
associé aux instruments. Les R² partiels sont systématiquement supérieurs à 10%, ce qui
atteste d’un pouvoir explicatif acceptable des instruments choisis. Le test de sur-identification
de Hansen permet de vérifier la validité des instruments.
34
Les résultats des estimations confortent nos anticipations quant à l’effet positif de
l’intensité du commerce bilatéral sur la synchronisation des cycles. Plus les échanges
commerciaux s’intensifient entre les pays de la région ANMO et les trois partenaires
commerciaux, plus les cycles deviennent synchronisés, mais à des degrés variables.
Lorsqu’on tient compte des corrélations bilatérales avec chacun des trois partenaires, on
observe en effet qu’elle a un impact plus important avec l’UE.
Avec les trois partenaires pris conjointement ou séparément, ils semblent que ce sont
des facteurs de demande qui dominent dans la conduite des cycles économiques des pays
ANMO en relation avec les cycles des trois partenaires. Ces facteurs semblent être toutefois
beaucoup plus important avec l’Union Européenne par rapport au Japon et aux Etats-Unis.
6-3-2- Intensité du commerce, libéralisation commerciale et synchronisation des
cycles :
Pour l’examen empirique des effets de l’intensité du commerce, de la libéralisation
commerciale, ainsi que de leur interaction sur la corrélation des cycles, nous nous sommes
basées sur la spécification (2). Les résultats de l’estimation concernent la période 1974-1999
lorsque la libéralisation est mesurée par référence à Sachs et Warner (1995). Pour le reste des
estimations, nous avons considéré la période 1974-2003. Les résultats sont présentés dans les
tableaux suivants :
Tableau N°15: Intensité du commerce, libéralisation commerciale et synchronisation des cycles Cas des USA
Variables Equation (1) Equation (2) Equation (3) explicatives
ICB 0.23*** 0.247*** 0.137*** (2.86) (2.47) (3.18) ALE 0.696 (1.57) ICB*ALE 0.246*** (3.10) OMC -1.617*** (2.22) ICB*OMC -0.269*** (2.40) SW -0.856*** (-3.00) ICB*SW -0.286*** (-3.14) Constante 1.27*** 1.423*** 0.784*** (2.28) (2.12) (2.68) Durbin-Wu 20.024 24.48 12.22 -Hausman R2 partiel 0.45 0.62 p-value J-test 0.10 0.14 0.1035 N 260 300 300 R2 0.13 0.12 0.14
35
Tableau N°16: Intensité du commerce, libéralisation commerciale et synchronisation des cycles Cas du Japon
Variables Equation (4) Equation (5) explicatives
ICB 0.2118*** 0.0673 (2.68) (1.14) SW -0.0757*** (-2.20) ICB*SW -0.2756*** (-2.26) OMC 0.1551*** (2.12) ICB*OMC 0.3564*** (4.52) constante 1.131*** 0.1818 (2.21) (0.52) R2 0.75 0.48 R2 partiel 0.182 0.214 N 260 300 J-test 0.12 0.1552
Tableau N°17: Intensité du commerce, libéralisation commerciale et synchronisation des cycles Cas de l’UE
Accord Libre Echange Equation (8) Equation (9) Variables Equation (6) Equation (7) explicatives
ICB 0.2428*** 0.25538*** 0.1420 0.3034*** (13.52) (13.33) (0.15) (11.12) SALE 0.1558 (1.01) ICB*SALE 0.04382 (1.45) VALE 0.3977*** (3.56) ICB*VALE 0.0928*** (4.15) OMC 0.2967*** (2.08) ICB*OMC 0.0461* (1.64) SW 0.102 (0.46) ICB*SW 0.04 (1.03) constante 1.7518*** 1.806*** 0.65*** 2.112*** (12.53) (12.74) (3.68) (11.84) R2 .3215 .912 0.2389 0.74 R2 partiel 0.3755 0.5062 0.3755 0.11 J Hansen 0.5143 0.584 0.5367 0.21 N 300 300 300 260
36
Les résultats montrent que :
1) L’effet de l’intensité du commerce demeure positif et significatif. Les
coefficients liés à l’ICB sont significatifs dans sept équations sur les neuf estimées. Ils ne sont
devenus non significatifs que dans les équations relatives aux corrélations avec le Japon et
l’UE et lorsque c’est la variable OMC qui a été utilisée pour rendre compte de la politique
commerciale (respectivement dans les équations (5) et (8)).
2) L’impact de la politique commerciale n’est pas le même quel que soit
l’indicateur de libéralisation et le partenaire commercial retenu. En effet :
*Mesurée par l’indicateur de Sachs et Warner, la libéralisation commerciale (notée
SW) est associée à des coefficients non significatifs avec l’UE (équation 9) et significatifs
et négatifs pour les cas des Etats-Unis (équation (1)) et du Japon (équation (4)). Avec
chacun des deux derniers partenaires, les corrélations cycliques sont plus faibles dans les
pays qui sont passés de politiques commerciales restrictives à des politiques ouvertes au
cours de la période 1974-1999. Aussi, pour chacun des pays ANMO concernés par la
mesure SW, les corrélations de leurs cycles avec les cycles japonais et étasunien étaient
plus importantes durant la période des restrictions.
*Par rapport aux autres pays de l’échantillon et par rapport aux périodes de non
adhésion, les pays membres de l’OMC (notés OMC) avaient des corrélations cycliques
plus faibles avec les Etats-Unis (équation (2)). Toutefois, avec le Japon et l’Union
Européenne, des résultats opposés sont observés (respectivement les équations (5) et (8)).
*Les synchronisations des cycles économiques des pays ANMO semblent se
renforcer uniquement avec l’Union Européenne en présence d’un accord de libre échange.
Cet effet se manifeste à partir de l’entrée en vigueur de l’accord (VALE) et non pas à
partir de la date de sa signature (SALE). Dans la période d’entrée en vigueur de l’accord,
la corrélation des cycles s’est renforcée en moyenne de 0.3977 (équation 7). Pour Israël,
seul pays ANMO a avoir signé un accord de libre échange avec les Etats-Unis durant la
période considérée, l’effet est positif mais statistiquement non significatif (équation 3).
3) Les effets de la libéralisation sur la corrélation des cycles à travers le canal
commercial varient aussi en fonction des indicateurs et des partenaires :
*Dans les cas des Etats-Unis et du Japon (équations (1) et (4)), l’utilisation de
l’indicateur SW montre que la libéralisation diminue l’effet positif de l’intensité du
commerce. C’est pour les corrélations avec les Etats-Unis que la diminution est la plus
importante (le coefficient est de -0.856 contre -0.02756 au Japon).
37
*Avec les Etats Unis, un effet d’interaction négatif est aussi observé lorsqu’on
distingue entre les pays et les périodes en fonction de l’adhésion à l’OMC (équation (2)),
contrairement aux résultats trouvés avec le Japon (équation (5)) et l’Union Européenne
(équation (8)). Avec ces deux derniers partenaires, l’interprétation des conséquences de la
libéralisation commerciale sur l’impact de l’intensité du commerce est toutefois difficile.
Le coefficient associé à la variable ICB devient en effet non significatif suite à
l’introduction de la variable OMC.
*L’existence d’un accord de libre échange renforce l’effet de l’intensité du
commerce sur la synchronisation des cycles des pays de l’échantillon avec les cycles
européen et étasunien. L’entrée en vigueur d’un accord de libre échange avec l’UE
augmente la synchronisation du cycle du pays concerné de l’ordre de 0.0928 (équation
(7)). L’accord de libre échange signé entre les Etats-Unis et Israël en 1985 a permis à ce
pays d’observer une augmentation de 0.246 de l’impact de l’intensité du commerce sur la
synchronisation des cycles (équation (3)).
7-Conclusions et implications en matière des politiques de change :
L’objectif de ce papier a été d’examiner les liens empiriques entre libéralisation
commerciale, intensité du commerce bilatéral et synchronisation des cycles économiques de
10 pays ANMO avec les cycles des Etats-Unis, du Japon et de l’Union Européenne. Ces trois
partenaires ont été choisis pour, d’une part, leur importance commerciale, ils totalisent en
effet plus que 60% du commerce international des pays de l’échantillon. D’autre part, pour
déduire des conclusions relatives à leurs politiques de change.
L’analyse descriptive des politiques commerciales des pays ANMO a montré qu’elles
étaient devenues plus libres ces dernières années par rapport aux précédentes décennies. Le
résultat a été une rapide évolution de leurs échanges extérieurs, ce qui a affecté les parts et les
intensités du commerce bilatéral avec chacun des trois partenaires commerciaux.
L’analyse empirique de la relation entre les trois variables a été faite sur la base de
modèles de données de panel à effets spécifiques, et l’endogéneité de la variable relative à
l’intensité du commerce a été prise en compte. La discussion des signes attendus des trois
variables a été faite sur la base des enseignements des travaux théoriques et empiriques.
Globalement, les résultats empiriques montrent que :
- L’intensité du commerce bilatéral renforce les corrélations cycliques des pays partenaires.
L’importance de l’effet varie toutefois en fonction du partenaire commercial considéré.
38
- Cet effet se trouve renforcé dans le contexte d’un accord de libre échange entre pays
partenaires. En soi, ce dernier exerce un effet positif sur la synchronisation des cycles (cet
effet est toutefois statistiquement non significatif pour le cas des Etats-Unis).
- Un engagement commercial multilatéral tel que l’adhésion à l’OMC a des effets positifs sur
la synchronisation des cycles avec certains partenaires (Japon et Union Européenne) et
négatifs avec d’autres (Etats-Unis). Il peut aussi réduire l’effet positif exercé par l’intensité du
commerce (Etats-Unis).
- La prise en compte d’un indicateur plus global de libéralisation commerciale (indicateur de
Sachs et Warner) montre qu’elle réduit la synchronisation des cycles et qu’elle diminue l’effet
exercé par l’intensité du commerce (Etats-Unis et Japon).
Sur la base des enseignements de la théorie des zones monétaires et de nos résultats
empiriques, on déduit que :
- L’intensité du commerce renforce, à des degrés différents, l’option d’ancrage des monnaies
des pays ANMO de l’échantillon avec les monnaies des trois partenaires commerciaux. Cette
option est plus forte avec les monnaies des pays de l’Union Européenne, en particulier l’euro
et dans une moindre mesure la livre sterling.
- Ces options se trouvent plus fortement justifiées pour les pays ANMO engagés dans des
accords de libre échange. Plus précisément, l’option d’un ancrage au dollar américain se
trouve consolidée pour Israël depuis 1985, date de la signature de son accord de libre échange
avec les Etats-Unis, et par rapport aux autres pays de l’échantillon. Avec les monnaies des
pays de l’Union Européenne, l’option est la plus forte pour les pays dont les accords de libre
échange issus du processus de Barcelone sont entrés en vigueur. Il s’agit pour, la période
considérée (1974-2003), d’Israël, du Maroc, de la Tunisie et de la Turquie.
- L’adhésion à l’OMC renforce l’option d’un ancrage au Yen Japonais et aux monnaies des
pays de l’Union Européenne. Elle affaiblie l’option d’ancrage au dollar américain.
- Pour les pays ayant transité d’économies fermées vers des économies ouvertes selon
l’indicateur de Sachs et Warner, l’option d’ancrage de leurs monnaies au Yen Japonais et au
dollar américain se trouve affaiblie. C’est le cas de l’Algérie, de l’Egypte, d’Israël, de la
Tunisie et de la Turquie. Ces implications sont résumées dans le tableau suivant :
39
Tableau N°18 : Implications en matière des politiques de change
Dollar américain Monnaies des pays de l’UE (en particulier euro et livre sterling)
Yen japonais
ICB + + + - + + OMC
OMC*ICB - + +
- + (ns) - SW SW*ICB - + (ns) -
+ (ns) + ALE ALE*ICB + +
+ : renforcement de l’option d’ancrage. - : affaiblissement de l’option d’ancrage. ns : statistiquement non significatif.
Les implications sur les politiques de change dans les pays de l’échantillon sont ainsi
clairement établies pour l’intensité du commerce. Elles sont ambiguës par référence à la
libéralisation commerciale. Cette dernière renforce l’option d’ancrage lorsqu’elle est mesurée
avec certains indicateurs. Elles l’affaiblie avec d’autres. Un examen plus approfondi des
caractéristiques des politiques de libéralisation commerciale, de leurs mesures et de leurs
effets sur la structure des échanges et la nature des chocs permettrait de mieux éclaircir les
relations entre libéralisation commerciale et synchronisation des cycles économiques.
40
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