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Alternative en pratiques : Le réseau REPAS N°314 Septembre 2004 4 6 FS S!lence Croissance / décroissance Eléments pour une problématique majeure de notre temps SEL De la monnaie au temps comme mode d’échange Alternative en pratiques : Le réseau REPAS

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Alternative en pratiques :Le réseau REPAS

N°314Septembre

20044 €6 FS

S!lence

Croissance / décroissanceEléments pour une problématique majeure de notre temps

SELDe la monnaie

au temps comme mode

d’échange

Alternative en pratiques :Le réseau REPAS

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Reportages en régionsNous réalisons les numéros régionaux aurythme de deux par an (les prochains porte-ront sur Drôme-Ardèche, puis probablement le Nord-Pas-de-Calais, ensuite peut-être lesud de Midi-Pyrénées). Il nous faut donc plusde quinze ans pour faire le tour de la France.Ceci ne signifie pas pour autant que l’on nepasse pas des reportages sur les autresrégions. N’hésitez pas à nous en proposer sur les initiatives que vous connaissez. Lesarticles passeront simplement dans les numéros intermédiaires.

I L E - D E - F R A N C E

Echos de S!lence L’émission Les échos de S!lence basée sur lesthèmes de la revue aura lieu les mercredis 8 septembre, 6 octobre, 10 novembre, 8 décembre, de 16h30 à 17h30 sur Radio Ici-et-Maintenant, 95,2 FM. Si vous n’habitez pas en Ile-de-France, vous pouvez aussi l’écouter sur internet sur icietmaintenant.com.

Café S!lenceUn café Silence aura lieu le mardi 28 septembre 2004, à 19 heures au café"De l'Autre côté du pont", 25 cours Gambetta,69003 Lyon (station Tram ou MétroGuillotière). Le thème portera sur les alternatives que représente le réseau REPAS- Réseaux d'Echanges et de PratiquesAlternatives et Solidaires, que vous allezdécouvrir dans ce numéro. Vous y êtestoutes et tous les bienvenus. Bonne lecture dudossier et à bientôt !

Au revoir AndréAndré Fenouillet, qui, depuis longtemps, était très actif pour notre revue, nous a quittéen juin dernier. Nous adressons tout notresoutien à ses proches.

Correspondant-e-sDepuis maintenant deux ans, S!lence est diffusé sur les fêtes, foires et salons par deslecteurs-trices bénévoles. Nous sommes ainsireprésentés sur une cinquantaine de manifes-tations chaque année. Il reste toutefois de nombreux départements où nous n’avons pasencore de correspondant-e-s et celles et ceuxqui nous aident déjà ont besoin de soutienpour continuer leur action. Si vous êtes disponibles pour tenir un stand une fois paran ou plus près de chez vous, n’hésitez pas à contacter Dorothée à la revue le lundi au 04 78 39 55 33 ou les autres jours au 04 74 65 50 34. Merci d’avance !

Appel à bénévolesNous avons besoin de vous tout particulière-ment et prochainement pour :n Le festival de «l’Avenir au naturel»à l’Albenc (Isère), les 4 et 5 septembre.Ambiance conviviale garantie.n «La fête de l’écologie en Charente»à Nanclars les 25 et 26 septembre.Merci de contacter Dorothée le plus rapidement possible au 04 78 39 55 33 ou au 04 74 65 50 34.

En chantierEn principe, les prochains dossiers serontconsacrés à la décroissance et non-violence(octobre), les fêtes alternatives (novembre),l’écologie au quotidien, la culture écologiste...(décembre), les alternatives en Drôme-Ardèche (janvier)

SILENCE N°314 Septembre 2004 2

Bulletin d’abonnement page 47

Venez nous voir !13 Alternatives20 Société20 Politique21 Femmes21 Paix23 Santé24 Nucléaire

28 Nord/Sud33 Energies36 Environnement38 Annonces40 Courriers44 Livres

Brèves

Dossier

Les infos contenues dans ce numéro ont été arrêtées au 10 août 2004.

Alternatives : le réseau REPAS

N°315- OctobreComité de clôture des articles : samedi 04 septembre à 14 h

(clôture brèves : mercredi 08 septembre à 12 h)Expédition :

vendredi 24 septembre de 14 h à 21 h 30

N°316 - NovembreComité de clôture des articles :

samedi 02 octobre à 14 h(clôture brèves : mercredi 06 Octobre à 12 h)

Expédition : vendredi 22 octobre de 14 h à 21 h 30

Cette revue est réalisée en grande partie par des bénévoles. Vous pouvez y participer. Pourfaire connaissance, vous êtes invités aux expéditions. Celles-ci comprennent un goûter à 17 h et

un repas à 21h30 offerts par Silence.

27Ami-e-s de S!lence

22

30de Madeleine Nutchey

VUde l’intérieur...

17Système d’Echange Locaux

De la monnaie au temps comme mode d’échange

de Jean-Louis Do

de Franck Schrafstetter

La viande dans notreassiette : quel impact?

BrocéliandeDécroissance

Croissance / décroissanceEléments pour une

problématique majeure

Sommaire

Raynald Rasse.

Végétarisme

de Fabrice Flipo

Artisans d’Utopie de Michel Lulek

Un arpens de vigne à chacun,

un vigneron pour tousde Christophe Beau

Cinq lettres pour un réseau

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SILENCE N°314 Septembre 2004 3

EditorialLE MOIS DE LASSERPE

Ce terme à la mode figure dans le sous-titre de S!lence et au

pluriel, qui plus est. Mais il n’exprime trop souvent qu’un

vague projet, si ce n’est un simple souhait. On voudrait bien,

on cherche, on espère…

Il fallait donc essayer de lui donner du corps, à ce mot accrocheur,

lui donner de la réalité. D’où notre regard vers ceux qui proposent

des démarches concrètes qui fonctionnent depuis un certain temps

et qui peuvent témoigner sur une expérience quotidienne des alterna-

tives qu’ils pratiquent.

Mais ce numéro n’est pas un livre de “ recettes ”. L’alternative,

ce n’est pas le choix de remplacer la sauge par du persil. C’est une

démarche globale, fondée au XIXème siècle par des précurseurs qui

n’employaient pas encore le mot mais pressentaient le sens à lui don-

ner, comme le disait Pierre Leroux : “ Relier la solidarité et la

liberté ”. Une belle ambition à réaliser tous azimuts, dans les multiples

associations existantes, en créant un renfort de réseaux transversaux.

Et quand je dis “ renfort ”, je pense à la toile de l’araignée dont le fil

de soie est plus résistant que l’acier. (1)

Alors, au travail, tissez, tissez les réseaux, canuts d’alternatives !

Madeleine Nutchey

(1) Dix fois plus résistante que l’acier, à diamètre égal – voir Sciences et Avenir août 2004 -

Alternatives

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Septembre 2004 SILENCE N°314 4

Le réseau REPAS

Christophe Beau

Alternative en pratiques

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Septembre 2004 SILENCE N°314 5

Cette diversité est bien le fait duREPAS (réseau d’échanges et depratiques alternatives et soli-

daires), un réseau à géométrie variablequi regroupe une trentaine d’entreprisesque la facilité conduit à rassembler sousl’étiquette un peu fourre tout d’économiesociale ou solidaire. Mais cette diversiténe doit pas gommer l’essentiel, c’est àdire les valeurs qui fondent l’histoire dechacune et que chacune retrouve dans les autres.

Un peu d’histoireOn rêva dans les années 80 d’un vaste

mouvement de l’économie alternative quipuisse inscrire dans les faits la possibilitéde «vivre et travailler autrement». Unsalon ainsi intitulé naissait vers 1988 enopposition à un Marjolaine déjà jugé tropcommercial, et une agence spécialiséeétait née quelques années plus tôt :l’ALDEA (Agence de liaison pour le déve-loppement de l’économie alternative) quifut le vivier des premières Cigales.Malheureusement les réalisations nefurent pas à la hauteur des espérances. Lesalon se relooka quelques années plustard en un plus tranquille «vivre autre-

ment» - aujourd’hui sous-titré «bio etsanté» - qui renvoyait le désir de subvertirle travail aux oubliettes, en se concen-trant sur les plus porteursdéveloppement personnel oubien être individuel… Quant àl’ALDEA elle céda sa place auREAS (réseau de l’économiealternative et solidaire) avantque celui-ci ne disparaisse àson tour. Nous étions au cœurdes années 90 et d’économiealternative il n’était plus guèrequestion, la charge volontierssubversive du terme étantgommée au profit d’une plussage économie solidaire qui sevit même offrir dans le gou-vernement Jospin un maro-quin ministériel.

C’est dans cette mouvanceoù se croisaient universitaires,hauts fonctionnaires, mili-tants verts, pionniers de l’épargne solidai-re (Cigales, Garrigue…), et quelques pra-ticiens investis dans des expériences deterrain que se forma le noyau initial d’oùdevait sortir REPAS. Quelques entreprises(Andines, Ardelaine, Ambiance Bois…)se retrouvèrent dans quelques réunions

où très vite elles virent les limites de dis-cussions et de projets qui arrivaient biendifficilement à déboucher sur du concret.Beaucoup de rencontres et de colloques…déconnectés de réelles mises en pratique.Beaucoup de chercheurs, de théoriciens(et de parisiens), mais peu d’acteurs, depraticiens (et de ruraux). Bref, le projetpourtant séduisant de structurer unréseau «par le haut» posait question.Doutes, interrogations, scepticisme… En1994 ce petit groupe d’entreprises déci-dait d’investir son énergie et son tempsdans des échanges plus modestes où laconfrontation des pratiques serait mise au

premier plan. Des rencontressemestrielles s’organisèrentalors, accueillies à tour de rôledans chacune des structuresdu réseau, autour de thèmestrès pratico-pratiques - et paspour autant insignifiants :comment se prennent les déci-sions ? Comment gère-t-onl’argent ? Comment se pra-tique la gestion collective ?Comment décide-t-on desrémunérations ? Comments’organisent les formations ?etc. Et il se trouve qu’en abor-dant ce genre de questions parce qu’on pourrait penser êtrele petit bout de la lorgnette, sedéfinissaient, rencontre aprèsrencontre, les grandes lignes

d’une «culture d’entreprise» - excusez lemot - aux antipodes de ce que propose lemodèle dominant.

Les salaires ? Egaux ou étalés sur uneéchelle réduite. Les prises de décision ? Al’unanimité ou en tout cas après une largeconcertation. Les embauches ? Rarement

Le sous-titre de Silence qui met un pluriel à alternatives le dit bien : on ne saurait penser et mettre en pratique une Alternative (avec ungrand A) sans s’appuyer d’abord et avant tout -et peut-être même s’en contenter ? - sur desalternatives variées, plurielles et nombreuses.

Artisans d’utopieREPAS

Commentse prennentles déci-sions ?Commentgère-t-on l’argent ?Comment se pratique la gestion collective ?

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par les voies classiques du recrutementmais bien plus par rencontres, coopta-tion, envie de travailler ensemble. L’objetsocial ? Souvent bien au-delà de sa seuledéfinition économique pour prendre encompte l’environnement social, local ethumain dans lequel l’entreprise est instal-lée. Le profit ? Jamais un objectif. Etencore : la pluriactivité plutôt que la spé-cialisation, la recherche d’un équilibreharmonieux plutôt que la croissance, lamaîtrise de l’ensemble de la chaîne écono-mique plutôt que l’investissement exclusifsur quelque créneau porteur, la cohérenceplutôt que la compétence, la coopérationplutôt que la compétition, l’autogestion plu-tôt que la hiérarchie, l’esprit d’équipe plutôtque l’individualisme.

Une certaine radicalité

Une telle énumération montre bienque ces entreprises assument dans leurfonctionnement des choix politiques ouéthiques qui vont bien au-delà de ce qui est demandé à l’entreprise. Peut-êtreparce qu’avant d’être des entreprises, cesont d’abord des équipesd’hommes et de femmes quiont construit ensemble unprojet fort qui n’était, d’unecertaine manière, que subsi-diairement économique.Lorsque dans les années 70un informel «groupe bois»aveyronnais offre du travailà des exilés espagnols, des militants anar-chistes ou des jeunes en rupture avec leurmilieu social, personne parmi eux ne sedoute que leur histoire débouchera sur lacréation vingt ans plus tard d’une SARL

(Eurosylva). Lorsque cinq copains rachè-tent en 1975 la filature en ruine de SaintPierreville (Ardèche), ils n’imaginent pasque trente ans plus tard la SCOPArdelaine dont ils sont à l’origine aurarevivifié une vallée ardéchoise. Lorsque àBeauvais dans les années 75-80 une asso-ciation de jeunes pour l’entraide se met àjouer les biffins et à revendre ce qu’ellerécupère sur les marchés, elle ne peutdeviner qu’elle écrit les premières pagesde l’histoire des Ateliers de la Bergerette,une recyclerie associative devenue depuisune référence dans le secteur de la récu-pération et la gestion des déchets.

Ces trames historiques et humainessont fondamentales dans toutes les his-toires des entreprises du réseau REPAS etelles expliquent assez en quoi les projetsd’entreprise ne sont venus que dans unsecond temps, comme la conséquenced’itinéraires ou de choix antérieurs. Lalogique du créneau, de l’opportunité éco-nomique, ou de la niche commerciale n’ajamais été à la source de ces initiatives, etdemeure, vingt ou trente ans plus tard, unparamètre secondaire voire tout à faitétranger à leur évolution. D’une certainemanière c’est presque l’inverse qui s’est

produit. Qui auraitparier - et qui parie-rait encore aujour-d’hui - sur la laine depays, sur les boislocaux, sur la volailleartisanale ou sur levin bio ? Loin defaire le choix de la

facilité, les entreprises ont souvent essuyéles plâtres de quelques productionsaujourd’hui peut-être commercialementplus attractives (avec la mode du bio, del’authentique et du naturel), mais tou-

jours aussi exigeantes voire ingrates… Laplupart de ces histoires vues aujourd’huicomme de beaux voiliers ont bel et biencommencé par des galères.

De leur passé et des raisons qui lesfirent naître, ces entreprises ont gardéquelques uns de leurs traits identitairesles plus forts. Du coup, sans se renierelles-mêmes, elles ne sauraient mettre enavant ce qui fut toujours second, renver-ser l’ordre des priorités et des objectifs, etfaire croire que leur objet économiqueprédomine. Les caractéristiques qu’on arapidement citées plus haut le prouvent ettémoignent d’une certaine radicalité dansleur principes de fonctionnement. Sanstoujours les afficher avec vigueur (onn’est pas forcément prosélytes chezREPAS), ceux-ci demeurent fondamen-taux pour la plupart des personnes quisont investies dans ces projets. La façadeclassique de l’usine ou du stand très pro-fessionnel dans telle ou telle foire sontune image, certes réelle, mais bien réduc-trice de chacune des structures du réseau.

Le choix du marché

C’est que les entreprises du réseauREPAS ne se situent pas en marge de lasociété dans quelque repli protégé d’unhypothétique «système alternatif». Pas derecherche d’autarcie ou d’isolement deleur part, même si un maximum d’auto-nomie et d’indépendance font partie desobjectifs affichés, et cela pour avoir laplus grande maîtrise sur leur destin.Concrètement cela se traduit pour la plu-part par le choix de ne pas déléguer leur

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Alternative en pratiques

Cela amène à gérerdes compromis mais aussi à refuser certaines compromissions.

REPAS

REPAS

Ardelaine : l’atelier de confection de matelas.

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commercialisation, par une limitation deleur taille qui leur permet de conserverune échelle humaine nécessaire à un bonfonctionnement coopératif, par une pré-sence fréquente sur l’ensemble de leurfilière de production (du mouton au pullchez Ardelaine, de l’arbre à la maisonchez Ambiance Bois, de la semence auxconserves prêtes à consommer dans leGAEC Champs Libres) qui leur permet debien contrôler tous les maillons d’unechaîne et de disposer ainsi de plusgrandes marges de manœuvre dans leschoix qu’elles sont amenées à prendre.Ces marges de manœuvres alliées à laforce collective des équipes sont en effetindispensables pour que ces entreprisesassurent leur pérennité dans leur secteur.

En effet, ayant fait le choix d’être sur lemarché et dans les circuits économiques,elles doivent gérer avec doigté leur posi-tionnement à la fois en tant qu’entrepriseet en tant que projet humain. Aux ques-tions techniques qui seposent à toute entreprise(comment je vends ?Quelle politique de prix ?A qui j’achète ma matièrepremière ? Comment jerépartis mes bénéfices ?etc.), elles doivent répon-dre en tenant compte etd’un certain nombre decontraintes externes (laconcurrence, la législa-tion…) et de leurs prin-cipes de base (gestion partagée, utilité duproduit, cohérence écologique…). Celaamène à gérer des compromis (parexemple l’utilisation d’énergie électrique -et donc nucléaire - pour faire fonctionnerdes machines) mais aussi à refuser cer-taines compromissions (refus de certainsmarchés ou de certains modes de com-mercialisation).

Mais plutôt que d’espérer trouver der-rière chacune d’elles le modèle rêvé etparfait de «l’entreprise alternative idéale»,mieux vaut y déceler la recherche patienteet jamais totalement aboutie d’une plusgrande cohérence entre désirs et réalités,entre objectifs et concrétisations. Cegenre de parcours est souvent long, par-fois tortueux, rarement clos, mais il a lemérite de mettre en mouvement des indi-vidus que les seuls discours ne nourris-sent pas suffisamment et de mettre enpratique, même imparfaite, des idées quidemeurent vaines si elles restent théo-

riques. Pour reprendre une justeremarque de Guy Debord : «La formulepour renverser le monde, nous ne l’avonspas cherchée dans les livres, mais enerrant». Le même nous rappelle ce que

Bakounine écrivait en1873 : «Dans les neufdernières années on adéveloppé au sein del’Internationale plusd’idées qu’il n’en faudraitpour sauver le monde, siles idées seules pou-vaient le sauver (…) Letemps n’est plus auxidées, il est aux faits etaux actes» . A leur échel-le, les «alterentrepre-

neurs» de REPAS ont répondu présents à l’injonction de Bakounine…

Une triple ascendance

Les entreprises du REPAS n’ont pastoute la même généalogie, les mêmes réfé-rences, les mêmes priorités. Elles provien-nent d’au moins trois sources qui ont cha-cune engendré des mouvements ou descourants restés finalement assez étanchesles uns aux autres. La spécificité duREPAS - ce qui explique peut-être aussi samodestie - est d’avoir su rassembler auconfluent de ces traditions.

La première (pour l’exposé et sansprimauté) est la vieille tradition coopéra-tive dont l’histoire remonte au moins audébut du XIXème siècle. C’est celle descoopératives ouvrières de production oudes coopératives de consommateurs qui

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La recherchepatiente et jamais totalementaboutie d’une plus grande cohérence entredésirs et réalités .

Les actions de REPAS

Outre ses rencontres trimestrielles qui ont mené les entreprises de REPAS aux quatre coins de France chez les unes et les autres

et qui ont abordé toute une série de thèmes très variés, allant de chosestrès pratiques sur l’organisation du travail jusqu’à des débats plusgénéraux en lien avec nos pratiques (sur le développement, la transmis-sion, l’argent…), REPAS est régulièrement sollicité pour témoigner de pratiques économiques alternatives.Pour mieux répondre à ces demandes, constantes dans chacune de nosentreprises, nous avons développé deux types d’actions plus spécifiques.La première est le compagnonnage alternatif et solidaire. Il s’agit deproposer chaque année un «tour de France» dans les entreprises duréseau à des «compagnons» qui se confrontent ainsi à des pratiquesalternatives vivantes, découvrent qu’il est effectivement possible de faireautrement, et alimentent ainsi leur réflexion pour l’élaboration de leurspropres projets. La huitième édition du compagnonnage a eu lieu en 2004 et c’est plus de cent personnes qui ont bénéficié de cette «formation» à la culture coopérative depuis sa création.La seconde est le lancement d’une collection de livres témoignages sur des initiatives alternatives et solidaires, regroupés dans une collection «Pratiques utopiques» dans le cadre des éditions REPAS. Trois volumes sont déjà parus, trois autres sont en préparation.Pour en savoir plus sur les actions du réseau REPAS, on peut se rendre sur son site : www.reseaurepas.free.fr mail : [email protected]

REPAS

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parient sur l’association des individus etla mise en commun de leur force de tra-vail. Elle est nourrie de la pensée riche etconcrète (même si elle pêche parfois parun excès d’optimisme) d’auteurs commeFourrier (1772-1837), Cabet (1788-1856) Buchez (1796-1865) ou Leroux(1796-1871). Ce dernier, comme la plu-part des pères fondateurs de la coopéra-tion, ne se contenta pas de théoriser : ils’engagea résolument dans ce qu’aurisque de l’anachronisme nous appelle-rions aujourd’hui une «alternative», encréant en 1845 à Boussac, en Creuse, uneassociation typographique et agricole.Cinq ans plus tard, s’adressant à la Sociététypographique parisienne, Pierre Lerouxdéclarait : «L’on saura bientôt dans toutel’Europe que c’est dans l’ASSOCIATIONautour des instruments de travail qu’est lavéritable société humaine, celle qui soli-darise tous les hommes en les rendantlibres».

Un de ses disciples, AugusteDesmoulins, lui-même membre de l’asso-ciation de Boussac, écrira que la seulesolution pour bâtir une humanité qui nesoit pas faite de maîtres et d’esclaves rési-de dans «une organisation qui réalisedans l’Atelier la liberté, la fraternité, l’éga-lité». Et d’ajouter : «Nous n’en connais-sons pas d’autre valable que celle [de]Pierre Leroux, qui le premier a présentél’idée de l’Association autour des instru-ments de travail, comme adéquate à l’idéede République». L’intérêt et la pertinencede ces propos (y compris pour nousaujourd’hui) est dans l’établissementexplicite d’un lien entre l’économie et lapolitique. Le projet associasionniste -nous dirions aujourd’hui coopératif - estd’aligner le travail et la production sur les

règles de la démocratie. Introduire laliberté, l’égalité et la fraternité dans l’en-treprise. Etablir une organisation écono-mique («l’Ate-lier» dans lelangage de l’époque) confor-me aux principes républi-cains. Re-lier - ce sont lestermes de Leroux - la solida-rité et la liberté. Programmecarrément révolutionnaire etdont la redécouverte à dequoi nous réjouir : n’est-cepas cela que nous faisons ausein des entreprises du réseauREPAS ? Jean FrançoisDraperi, spécialiste de l’his-toire coopérative, résumebien cet héritage : «Cetteéconomie fonde sa démarche de change-ment sur le principe de la non-violence,elle a une finalité éducative et elle sedéveloppe en alternant action et pensée surl’action» .

Les autres filiations sont plus récenteset trouvent leurs sources dans la penséeécologiste contemporaine, l’une se décli-nant davantage par une mise en pratiqueconcrète de modes de production respec-tueux des équilibres environnementaux,l’autre prenant en compte la critique plusglobale de la société industrielle et consu-mériste.

Pour faire vite, il y a le ruisseau del’agriculture biologique qui cherche à pro-poser une production propre et durablequi ne prend pas la terre pour un simpleoutil de production avec la volonté defaire le «plus possible avec la nature» et le«moins possible contre» pour reprendreune belle formule du jardinier-paysagisteGilles Clément. De même le consomma-

teur ne sera pas envisagé comme unsimple acheteur ce qui explique qu’onretrouvera dans la continuité de l’agrobio-

logie, toutes les initiativesvisant à rapprocher produc-teurs et consommateursdans une «alliance» qui pri-vilégiera les circuits courts.

Enfin, il y a le terreaufertile de la critique de lasociété industrielle, appe-lant à une ré-appropriationdes savoirs, à une «sociétéconviviale», voire aujour-d’hui aux modalités encoreà inventer d’une «décrois-sance soutenable». Il n’estpas anodin de croiser les

noms d’Illich, Partant, Ellul ou Rabhidans plusieurs témoignages des entre-prises de REPAS.

De fait, ces trois courants (la coopéra-tion, l’agrobiologie, la critique du déve-loppement) se retrouvent à des degrésvariables dans la plupart des trajectoiresdes membres de REPAS. Et pour se teniraux trois témoignages parus l’an dernieraux éditions REPAS sur Ambiance Bois,Ardelaine ou le vigneron ChristopheBeau, il est caractéristique que le désir deproduire «bio», les volontés de «travaillerautrement» et d’inscrire ses pratiquesdans les limites raisonnables d’une écono-mie «associative» bien éloignée descanons de l’idéologie de la croissance seretrouvent simultanément dans ces troishistoires. Il n’y a pas de hasard !

Michel Lulek n

Ainsi, se court-circuite le faceà face produc-teur-distribu-teur et se crée unmarché qui a un «visage».

Alternative en pratiques

REPAS

REPAS

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Le R de REPAS signifie «Réseau»

Un réseau est une organisation quiexiste réellement sans être pourautant structurée sous une forme

fixe et définitive. L’idée de réseau suggèrela mouvance, la flexibilité, la souplesse.Un réseau grossit ou se rétrécit, il enfle etse dégonfle, se structure temporairementpour mener une action qui regroupe toutou partie de ses membres, se réorganisedifféremment - et pas forcément avec lesmêmes - pour en conduire une autre. Leréseau respire au rythme des membresqui s’y investissent, pouvant facilementen accueillir de nouveaux, en perdre devue quelques uns qui, pendant un an oudeux, sont accaparés sur d’autres fronts,ou qui, à un moment donné, préfèrent semettre en retrait pour investir leur éner-gie sur un nouveau projet, sans perdrepour autant le contact. Bref c’est un orga-nisme vivant !

Ce qui définit le réseau d’un point devue organisationnel, c’est cette fluidité, cettecapacité d’adaptation : les ressources et lesidées de chacun permettent de trouver unesolution aux problèmes les plus variés.

Le réseau est le produit de ce qu’en fontles équipes qui le composent : il ne consti-tue pas un cadre rigide donné une fois pourtoutes. Sans règlement intérieur, sans sala-riés, sans animateurs, il a su cependant,lorsque le besoin s’en est exprimé, se don-ner un cadre juridique associatif : c’étaitpour mener son action de compagnonnagealternatif et solidaire. Mais son fonctionne-ment est décidé collectivement d’une ren-contre sur l’autre : où se retrouve-t-on laprochaine fois ? Sur quel thème ? Quiprend en charge l’organisation ?

Le E de REPAS veutdire «Echanges»

Le E de REPAS témoigne d’une pra-tique fondatrice du réseau, celle del’échange. Et ce n’est pas un hasard si le Ea ce sens et non pas celui d’»Entreprises»ou d’»Economie», termes qui précèdentpresque inévitablement ailleurs les A et Sd’alternative et solidaire… Pourquoi l’ab-sence de ces mots ? Parce que mettre enavant l’économie, c’est gommer bien desaspects de nos expériences, qui, même

économiques, dépassent largement cecadre étroit, devenu hégémonique dansnos sociétés. En expérimentant d’autresfaçons de faire de l’économie, nousdécouvrons qu’il est bien souvent néces-saire d’en sortir pour en garder la maîtriseet non se transformer en ses humbles ser-viteurs. Produire, créer des richesses, tra-vailler, consommer, échanger sont toutautant des actes sociaux, culturels, sym-boliques qu’économiques. Pourquoi alorslaisser à la seule instance économique leprivilège de régenter le reste de la vie aupoint de s’imposer dans notre nom. Donc,réseau d’Echanges. Le réseau est le lieu dela confrontation, de questionnements par-tagés sur nos pratiques : on ne donne pasde leçons, on n’en reçoit pas : on s’exerceensemble aux devoirs collectifs.

Le P de REPAS signifie «Pratiques»Façon d’insister sur ce que nous

sommes d’abord : des praticiens, deshommes et des femmes de terrain, de«doux rêveurs» qui sont aussi et surtoutde «doux réalisateurs», des individus etdes groupes qui ont cherché à recoudredans leur vie le dire et le faire.

De la théorie, nous n’avons cessé d’al-ler à la pratique et inversement, les deuxitinéraires se combinant, s’épaulant, s’en-richissant mutuellement. Lorsque nousconstatons que quelque chose ne tournepas rond, nous ne pouvons nous satisfaired’un jugement, d’une parole, d’une sen-tence. Il nous faut tenter d’y porter remè-de concrètement, de confronter nos désirs

à la réalité, de la remodeler s’il le faut et sicela est possible. Ce faisant nous affi-chons notre méfiance d’une parole quireste parole, d’un conseil qui resteconseil, de cette pratique du faire faireque manient si bien trop de consultants,conseilleurs et développeurs. La paroledoit devenir acte. Le conseil doit se trans-former en coup de main.

A, S : Alternatives et Solidaires

N’entrons pas dans un débat en partiestérile auquel nous n’avons du restejamais pris part. Qu’est-ce qui différenciel’économie alternative de l’économie soli-daire ? Et pourquoi pas des pratiquessociales comme l’économie du mêmenom ? Et pourquoi pas des pratiquescoopératives ou autogestionnaires oucommunautaires ou fraternelles ?

Alternatives, tout simplement parcequ’elles chantent un petit air qui ne sonnepas juste dans le grand orchestre de lamondialisation-marchandisation-écono-micisation du monde…

Solidaires, tout simplement parcequ’elles privilégient l’association des indi-vidus, la mutualisation des projet et desbiens, la coopération entre les hommes,plutôt que l’ndividualisme, la privatisa-tion et la concurrence.

Au final, cela s’écrit REPASParce qu’un réseau vit aussi d’amour

et d’eau fraîche, entendons de convivialitéet de plaisir, de fraternité et d’amitié, etque rien n’est plus représentatif de cela,dans notre culture hexagonale, qu’unegrande table dressée chez des amis pourun bon et long repas…

Cinq lettres pour un réseau

Manu

Des valeurs qui réunissent les entreprises du réseau REPAS, l’essentiel peut se lire dans les termes qui constituent son sigle.

La “promo 2004” : le compagnonage du réseau REPAS.

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Septembre 2004 SILENCE N°314 10

Un arpent de vigne à chacun, un vigneron pour tous.

Les «Cépatou», une expérience coopérative en viticulture biodynamique, un exemple de cheminement économique et social différent, en recherche

et en évolution depuis 1985.

Tout dernièrement, au pied dumazet et des cerisiers en fleurs, lescopropriétaires de la SCI (Société

civile immobilière) «sait pas tout» sesont retrouvés pour une assemblée géné-rale festive. C’est, avec les vendanges enseptembre et la récolte des olives en jan-vier, l’une des trois périodes de rencontredes actionnaires avec leurs vignes etvigneron «emphythéote». Un lien pro-ducteur-consommateurs dont l’aventurea démarré il y a une vingtaine d’annéesavec la «location» de ceps de vignes.

Le partage de la propriété, c’est le der-nier épisode en date de ce petit vignobleen biodynamie.

Nous sommes en Languedoc, uneAOC au nord de Montpellier. Installé surun petit vignoble de cinq hectares, ras-semblés de bric et de broc depuis quinzeans, le vigneron disposait de deux hec-tares, sous statut précaire. Ceux-ci ont étéen dispute locale pendant une année, jus-qu’à ce que la Safer, qui régule le foncieragricole, fasse le nécessaire pour lui réat-tribuer le bien. Le vigneron rachète donc

au prix fort, en partie à crédit, lestantainsi inutilement sa structure viable maismodeste. Mais l’idée vint simultanémentde faire appel à des capitaux extérieurs,auprès de ses clients consommateurs etautres. Cet appel donnera des résultats audelà du nécessaire puisque les deux hec-tares concernés trouvèrent alors acqué-reurs en quelques semaines ; 32 proprié-taires pour 68 parts au total. Il y avaitcependant trois ingrédients utiles dans lesuccès de cette opération :

- certains consommateurs étaient déjàcontractualisés avec le vigneron dans uncontrat d’achat anticipé de vin, sorte deconsommation coopérative sous forme de«location de ceps de vignes» (voir encartCepatou)

- les parcelles concernées ont unaspect paysager évident avec fruitierscomplantés, oliviers, ainsi qu’un élégantmazet (cabane de pierre)

- la SCI proposée, fixait un systèmed’un homme = une voix, des nombres departs par acquéreur limités, une réparti-tion originale du fermage, ainsi qu’un co-usage sur les oliviers et le mazet, etc.

La SCI du «sais pas tout» sur les rails

Voilà donc rassemblés une trentainede propriétaires de ces parcelles acquisesau printemps 2003. Si les vignes sontconfiés au vigneron, la vingtaine d’oli-viers en co-usage y sont maintenantdébroussaillés et portent leur premièrerécolte. Le mazet a été un peu retapé etune table de pique-nique a été construitedans l’entrelac des micocouliers quiombragent l’entrée de la parcelle. Qui veuty vient y faire sa grillade le week-end..

Outre l’offre d’investissement a priorisûr et libre de mouvement, l’objectif étaitbien entendu de dissocier la propriété del’usage, en clair d’éviter au vigneronemphytéote une surcharge d’investisse-ment, tout en donnant à chacun une partde responsabilité collective sur le foncieret sa spéculation positive (ou négative).C

hristophe Beau

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Septembre 2004 SILENCE N°314 11

Cet apport collectif permet indéniable-ment une capacité d’investissement surl’outil de travail, pendant que l’expéri-mentation foncière collective s’épanouitprogressivement. «C’est pas tout, sait pastout, cep atout… : l’agriculture et le foncierrural n’est pas seulement l’affaire des agri-culteurs, et le lien producteur-consomma-teurs est l’un des enjeux de l’alimentationde demain.

Louez vos ceps de vignes

Effectivement, voilà une installationagricole où la place des consommateurs aété l’une des clés du succès d’un domainede seulement quatre hectares et demi,situé dans une région où la concentrationdes terres s’accélère sans pour autantenrayer, loin de là, une crise viticolemaintenant bien installée. Lorsque l’aven-ture démarre sur un hectare en 1985,Christophe Beau propose à son réseau deconnaissance un contrat «Cepatou» delocation de ceps de vignes.Les Cepatou sont desconsommateurs coopéra-tifs. Chacun loue une petitepartie de la production surune période de trois ansrenouvelable. Dix-huit cepsminimum, c’est-à-direl’équivalent de vingt-quatrebouteilles. Et une centainede ceps maximum. «Si tuloues par exemple vingt-sept ceps, tu disposes pen-dant une durée convenue(trois ans renouvelables) de trente-sixbouteilles de vin». En clair, le vignerondivise ses coûts de production par sonnombre de ceps ; et sachant que le cepmoyen a un rendement donné, cela fixe àla fois la valeur annuelle du cep, et donne

l’équivalent de bouteilles dues au regarddu nombre de ceps loués. Ainsi, se court-

circuite le face à face produc-teur-distributeur et se créeun marché qui a un «visa-ge». Voilà un domaine quireprésente désormais autrechose que quelques hectaresde plus dans le paysage viti-cole francais. Avec lesCepatou, il y a une contrac-tualisation sur la quantité,éventuellement variable si,par exemple, un gel atteintune parcelle. Mais l’engage-ment se fait aussi sur le

résultat, puisque l’on est livré de chacundes crus en proportion de l’ensemble.Bien sûr, il est apprécié une participationaux vendanges, parfois à la mise en bou-teilles. Le domaine compte ainsi rapide-ment une cinquantaine de Cepatou, loca-

taires de ceps de vignes. Ils s’engagentpour trois ans, et payent à l’avance (c’estun crédit agricole à échelle humaine, trèsappréciable lorsque l’on n’est pas reconnuagriculteur), tout en disposant du vin àprix coopératif. Bien entendu, une diver-sification des débouchés s’est faite avec letemps (cavistes, foires bio, etc.), mais cequi porte encore l’initiative est cette dimen-sion collective sur la consommationcomme sur la propriété.

Un hymne à la vigne

Aujourd’hui, le domaine Beauthoreyest reconnu tant pour sa démarche quepour ses vins. Entre les lignes, et au-delàdu mode de mise en marché ou de la pra-tique biodynamique, ce qu’il faut lire c’estun positionnement économique particu-lier ; en effet dans un environnementtechnique qui pousse à la surenchèremécanique dans les caves ou dans lesvignes, ici on est dans le moins disanttechnique ; pas de fouloir ni d’érafloir, unpressoir manuel à bras, beaucoup de tra-vail manuel à la parcelle. Des «gestes»absolument pas motivés par une quel-conque nostalgie de l’ancien, mais plutôtpar le souci d’une «performance» écono-mique globale, qui englobe les notions desoin au terroir comme du lien auxconsommateurs.

Un nouvel épisode se profile à l’hori-zon. Christophe Beau a démarré en 2003la plantation d’une vigne d’un genre bienparticulier. 70 ares complantés de frui-tiers et d’une quarantaine de cépagesméditerranéens, où les dispositions encourbe et en trois dimensions ont sup-planté la tradition des plantations enligne, où les plants sont menés (crucifiés ?)

Alternative en pratiques

Christophe Beau

Christophe Beau

Ainsi, se court-circuite le faceà face produc-teur-distribu-teur et se crée unmarché qui a un «visage».

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Septembre 2004 SILENCE N°314 12

sur des palissages fil de fer avec la seuledimension verticale. Il s’agit d’une vigneen forme de feuilles de vigne et en formede grappe de raisin (voir schéma ci-joint), qui aura évidemment une dimen-sion esthétique mais aussi une dimensionexpérimentale quant aux modes deconduites originelles de la domesticationde cette vigne liane ; les modes grecque etétrusque.

Si ce sont les «visages» des Cepatouqui ont donné un sens à cette initiativeéconomique pendant plusieurs années,c’est aujourd’hui, avec cette nouvelleplantation, une dimension culturelle etexpérimentale qui relance la stimulationdu quotidien du vigneron.

Le mazet, la vigne et ses «Sait-pas-tout»!

Vignes vieilles avec des manquants,cépages composites en vin de table.Malgré tout si le vin n’en a pas l’étiquette,la qualité des raisins de ces vieux ceps esttout à fait à la hauteur de l’ AOC locale.Une cuvée est là pour en témoigner. Parcontre elle est d’une belle architecturevégétale, parsemée d’oliviers et de ceri-siers, avec le mazet en bordure..

Les parcelles ont été estimées à30.000 euros dont 2.500 pour les oliviers.Les parts unitaires sont fixées à 510euros, soit au total 68 parts. Le nombre departs par personne est plafonné à huit.Chaque part acquise correspond à envi-ron deux ares cinquante, soit un peumoins de cent ceps ; ou encore l’équiva-lent d’une rangée complète ! Il y a cinqans cette parcelle aurait coté moitié moinscher ; et sera sans doute coté au doubledans cinq ans, étant donnée la notoriétécroissante de l’appellation ! La rémunéra-tion des parts se fait conformément autarif de fermage préfectoral en vigueurpour ce type de bien, c’est-à-dire, selonun bail emphythéotique de 20 ans renou-velable, signé avec la SCI. La rémunéra-tion de chaque part est d’environ dixeuros par an, soit à peu près 2% de rému-nération. Celle-ci se fait en numéraires,en liquide (bouteilles de vin !) ou plutôtse réinvestit collectivement en matérielpour le mazet, la taille des oliviers, ouquelconque décision de l’AG (selon leprincipe d’un homme=une part ; la SCI lepermettant). Tout propriétaire de part,locataire ou pas, aura en outre droit à 5%de réduction sur les tarifs du caveau etdispose bien sûr de quelques centilitresd’huile d’olive ! Les parts sont évidem-ment cessibles, avec un préavis de sixmois. L’assemblée générale décide de lapolitique de réattribution.

Christophe Beau n

Christophe Beau

La danse des ceps. Christophe Beau, Ed. Repas 2004, 140 p. (17 € port compris). A commander au domaine Beauthorey, chemin neuf, 30260Corconne ; 04 66 77 13 11 www.beauthorey.net)Philomène, Momo et bien d’autres, sont les «héros» de cette chronique qui se lit comme l’on boit un bon vin! C’est l’histoire au fil des saisons, d’un vigneron, qui a choisi une autre poésie du vin ; uneautre manière d’envisager son métier loin des tentations technolo-giques superflues ; de soigner la vigne par des pratiques de bon senset une agriculture biodynamique sans dogmatisme. Mais aussi devivre un vrai lien producteur-consommateurs autour devendanges collectives, d’une consommation coopéra-tive, et d’une propriété collective (S.C.I.).Un périple clochemerlesque qui vous mènera jusqu’au Mexique ou en Palestine.Découvrez-y autant l’ivresse de bons momentsde vendanges que des outils pratiques pourd’autres modèles de production agricole.

Christophe Beau est vigneron mais aussi animateur de l’association Terre Ferme, partie prenante du réseau Repas. Terre ferme est un groupe qui expérimente des formes d’économies associatives dans les filières agricoles bio, en circuits courts ou longs (www.terreferme.net)

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Petite phrase«Si le temps c’est de l’argent etsi l’argent ne fait pas le bonheur,perdre son temps est une certaineforme de béatitude»Emmanuel Mère, Florilège 105,décembre 2001.

Annuaire de la pressealternativeS!lence vous propose son annuaire de la presse alternative,mis à jour en 2004 avec plus de 400 adresses (8 pages) pour la modique somme de 4 euros.

Bon de commande page 47.

Voyages écologiquesen avion ? Voici le genre d’informations quenous recevons à S!lence. LeWWF-Suisse organise unconcours pour la promotion deson label sur le bois certifié (lesforêts tropicales seront exploitéesde manière durable !) et offrecomme premier prix… un voyageen Amazonie. Evidemment levoyage se fait en avion… à croireque ce n’est pas le WWF quianime le site internet sur l’em-preinte écologique où l’on peutdécouvrir que c’est l’avion qui détruit le plus sûrement la planète. Ceci n’est qu’un exemple : nousavons reçu la même semaine uneannonce pour un stage deconstruction en paille… en Inde,un voyage pour la découverte dela botanique… en Afrique duSud, ou encore un congrès sur ledéveloppement local… au Maroc. Les «retraites» dans le désertsont aussi à la mode : voir Terredu Ciel qui fait directement de la publicité pour une compagnieaérienne. Ne parlons pas des mil-liers de personnes qui vont deforums sociaux en manifestationsanti-G8, etc. Il serait peut-être temps de réfléchiraux moyens que l’on emploie poursoi-disant «sauver la planète» !

La NEFLa NEF (Nouvelle économie fraternelle) organise des réunionsd’information à Paris, 35 rue deLyon (12è), M° Bastille ou Garede Lyon les : 23 septembre à 19 h, 21 octobreà 19 h, 25 novembre à 19 h et 16 décembre à 19 h.Contact : Émilie Wietzke, tél : 0144 87 00 04, fax : 01 44 87 9959, e-mail : [email protected]

Protectionsociale alternativeL’Association nationale pour uneprotection sociale alternatives’est mise en place en 1986 pourassurer une couverture sociale àdes personnes ne bénéficiant pasdes minimas requis pour entrerdans les catégories des caisses deSécurité sociale. A l’époque, celaconcernait pas mal de maraîchersbio, d’artisans ayant une faibleactivité, de personnes ayant faitle choix de vivre dans la simplici-té, de néo-ruraux, d’éco-entrepre-neurs… Avec l’arrivée du RMI,les effectifs ont fondu, ce mouve-ment s’amplifiant avec la mise enplace de la CMU, couverturemédicale universelle. L’ANPSA a de fait dû revoir sonfonctionnement et elle s’estouverte à des assurés sociauxcomme «complémentaire» sanspour autant abandonner les non-assurés qui existent toujours. Avec un recul d’une vingtained’années, le rapportprestations/cotisations se révèledurablement excellent. Les per-sonnes qui choisissent un modede vie sain et qui sont respon-sables de leur santé sont bien desfacteurs de modération desdépenses médicales.Aujourd’hui l’ANPSA proposeaux associations d’usagers et/ouprofessionnels de médecinesdouces, naturelles, non conven-tionnelles, la constitution d’uneplate-forme de structures sur lethème des assurances alternativeset de la prise en charge de cesmédecines, avec l’idée à terme de déboucher sur une véritablemutuelle d’assurances.ANPSA, c/o J.-M. Dumont, 161, boulevard Lefebvre, 75015Paris, tél : 01 40 45 05 60.

SILENCE N°314 Septembre 2004 13

A G R I C U L T U R E B I O L O G I Q U En Foie gras bio. Sous prétexte queles canards sont gavés avec du maïsbiologique, on trouve dans certainsmagasins bio du «foie gras bio». Unebêtise totale ! Pour qu’un foie soitgras, il faut forcer les canards àmanger plus que normal et donc lesgaver de force. En juillet 1999,l’Europe n’a autorisé la productionde foie gras (bio ou non) qu’à lacondition que cela s’accompagne derecherche de méthodes alternatives«n’impliquant plus la prise forcéed’aliments». La Pologne, la Norvège,le Danemark et l’Italie ont depuisinterdit la pratique du gavage. 70% du foie gras français vient du seuldépartement du Gers, 83% de la production mondiale est française.Une tradition à oublier, fût-elle bio.

n L’aquaculture peut-elle être biologique ? Devant la pénurie depoissons, les élevages se développent de plus en plus. Peut-on envisagerun cahier des charges pour obtenir un label bio dans ce domaine ?Comme le rappelle Vandana Shiva la plupart des élevages utilisent desfarines de poissons… provenant des mers du Sud. Ainsi pour produireun kilo de poissons pour le consommateur du nord, on enlève de cinq àdix kilos de poissons au pêcheur du sud. Il serait donc nécessaire d’envi-sager des élevages sans farines de poisson… ce qu’actuellement person-ne ne pratique. Il y a seulement des essais d’alimentation avec desfarines végétales, mais cela reste expérimental. Et quant à produire cesfarines végétales ne faudrait-il pas mieux les utiliser pour l’hommedirectement sans passer par le poisson ?

n Rôle des vergers. Les prés-vergers permettent de contenir les populations de ravageurs encréant des barrières naturelles.Des prés doublement utiles puis-qu’ils accueillent les animaux quimangent en extensif et que lesarbres fournissent des fruits. Ledéveloppement des pesticides et larecherche de la productivité ontfait passer la surface de ces pré-vergers de 600 000 hectares en1950 à 146 000 hectares aujour-d’hui. Une tendance qu’il faudraitinverser pour aller vers une agri-culture durable.

n Maine-et-Loire : pollution. L’exploitation agricole de Yves etSébastien Freulon a été polluée par le nuage de débroussaillant utilisépar un voisin. La moitié de la surface des vignes cultivées en bio a ététouchée par la pollution et la production 2003 n’a pas pu être homolo-guée en bio. Ils lancent un appel pour que les producteurs se réunissentet demandent des mesures de protection contre ce genre de pollution.Yves et Sébastien Freulon, Domaine de Dreuillé, 49380 Champ-sur-Layon, tél : 02 41 78 87 03.n Bouches-du-Rhône : l’association Graines de vie organise des mar-chés bio : «troisième journée méditerranée bio» le dimanche 5 sep-tembre, place du Cabot à Marseille, «Espace-bio deuxième édition» les10, 11 et 12 septembre à la foire du pays d’Aix, parc des sports deVenelles et «un jour bio en pays d’Aix», le samedi 18 septembre, placede la Rotonde à Aix-en-Provence. Association Graines de vie, 450, alléede la Vieille ferme, 13540 Puyricard, tél : 04 42 92 06 70.n Isère : bientôt un marché bio à Tullins Un marché sera entièrement consacré aux produits issus de l’agricultu-re biologique. Ce marché hebdomadaire se déroulera tous les vendredisaprès-midi sur la place Jean-Jaurès de Tullins-Fures à partir du 10 sep-tembre 2004 et comptera une quinzaine d’exposants majoritairementdes producteurs locaux. Pour tout renseignement : Jean-Noël Roybonau 06 74 16 57 82, Paulette Queyron au 04 76 36 50 10 et JackieDemeusy au 04 76 20 68 65n Isère : Le centre Terre vivante oraganisera son 6e samedi du jardinbio le 2 octobre avec pour thème «les arbres fruitiers du jardin» de 10hà 18 h. Centre écologique Terre vivante, domaine de Raud, 38710 Mens,tél. : 04 76 34 80 80, [email protected]

DR

Alternatives

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B E L G I Q U ENature et progrès propose, enBelgique, de très nombreuses sor-ties tout au long de l’année : bio-construction et bioclimatisme (18septembre, Tournai), bois, terre etlumière, co-conception et co-construction (18 septembre,Namur), une habitation d’archi-tecture (25 septembre, Namur)…Nature et progrès, 520, rue de Dave, B 5100 Jambes, tél : 081 30 36 90.

S U I S S E

Aventure sur la paillePlus de deux cents fermes enSuisse adhèrent au réseauAventure sur la paille. Ce réseaua vu le jour en 1995. Il se définitcomme une entraide solidaire afinde favoriser une meilleure com-préhension entre la ville et lacampagne. L’association accordeune licence aux prestataires quigarantit la qualité de l’accueil.Les personnes peuvent loger àbas prix dans la paille et bénéfi-cier d’un petit déjeuner. Sur réser-vation, elles peuvent bénéficier derepas. Au départ, l’idée est partiedes randonnées à chevaux, puiss’est élargi aux randonneurs àpied ou à vélo. La nuit va de 20 à 30 FrS (soit de 13 à 20 €).

D O R D O G N E

Ecocentre du PérigordL’Ecocentre du Périgord a ouvertdébut juin et propose différentsstages autour des questions d’ha-bitat sain . Du 10 au 12 sep-tembre, il organise un éco-festivalavec présentation de toutes lesalternatives possibles dans ledomaine de l’écologie.

Enfin, l’Écocentre du Périgordpropose des formations en éco-construction : «théorie et pra-tique de la couverture en chau-me» du 27 septembre au 08 octobre, «théorie et pratique de la constructionécologique» du 11 au 15 octobre,«finitions et décors à base de produits naturels» les 12 et 13octobre, ainsi qu’un chantier-école du 06 septembre au 08 octobre. Renseignements : Pégase-Périgord, Froidefon, 24450Saint-Pierre-de-Frugie, tél : 05 53 52 59 50, pour lesformations : Jocelyne Cambuzatau 05 53 52 50 07 et le 06 8655 83 73, pour le chantier-école,tél. : 05 53 30 44 41

Constructiond’un four à painDu 24 septembre au 1er octobre,la ferme à Pons reconstruit sonfour à pain. Ce sera l’occasiond’expérimenter une techniquesimple, à la portée de tous etmettant en œuvre des matériauxcollectés sur place (terre et foin).Des ateliers et discussions serontorganisés selon l’envie des parti-cipants (lactofermentation, mar-mite norvégienne, plantes comestibles, culture sans labour, fourneau en terre...).Autres initiatives et musique bienvenues ! Renseignements et inscriptionspour 1, 2... 8 jours par courrier.Indiquer votre numéro de télé-phone, nous vous rappellerons.Fabienne Recalde, 1668 route de Bélus, 40300 Cagnotte. Et PLAF ! : Participation libre aux frais.

VégétarismeL’Alliance végétarienne organise«les journées mondiales végéta-riennes» du 1er au 7 octobre. Cesjournées se veulent une occasionde réfléchir aux conséquencesnéfastes de l’alimentation carnéesur l’environnement, l’équilibrealimentaire mondial et les rap-ports Nord-Sud. De nombreuxévénements sont programmés :

dégustations, concours de cuisine,

banquets, buffets, débats, pointsd’information. N’oublions pas : lebétail mondial produit 13 mil-liards de tonnes de déjections. Ilest responsable de 40% desémissions d’ammoniac qui contri-buent aux pluies acides. Il émet100 millions de tonnes de métha-ne qui participent à l’effet deserre. Contacts : Diana Chapotin (responsable JMV) au 01 43 8405 44 ou Alliance végétarienneau 01 64 42 38 19.

JeuLe «jeu de la vie» est un jeu de société et un simulateur. Ilaborde d’une façon ludique lesprincipaux aspects de l’organisa-tion sociale et économique. Il est téléchargeable gratuitement sur :http.//users.swing.be/develop,réalisation Abdelkader Aznano,contact : [email protected]

SILENCE N°314 Septembre 2004 14

I T A L I E

Ecovillage de Torri-Superiore

Torri-Superiore est un petit village médiéval construit entre le 14eet le 17e siècle, à flanc de montagne, à 8 km de la frontière fran-

çaise. Il comprend un enchevêtrement de maisons en pierre accolées lesunes aux autres. L’ensemble du village comporte 162 pièces habitables,de nombreuses terrasses et un véritable labyrinthe de ruelles, le tout surde nombreux niveaux. Il est à l’abandon lorsque qu’il est racheté en1989 par une association qui y lance un projet d’écovillage. Le villagecommence alors à être restauré avec pour une moitié des habitationsprivatives et pour l’autre moitié des locaux collectifs avec notammentun centre d’accueil d’une vingtaine de lits. L’association des résidents comprend une trentaine de membres dont lamoitié vit toute l’année sur place, l’autre étant plus itinérante. Chaqueété des chantiers sont organisés pour poursuivre la restauration du siteet on compte alors beaucoup plus de personnes présentes. Les princi-paux principes de base de l’association sont le respect de l’environne-ment et la coopération. Sur les nombreuses terrasses qui entourent le village, l’association adéveloppé l’agriculture biologique selon les principes de la permacultu-re, forme d’agriculture qui favorise les plantations permanentes : arbresfruitiers, oliviers, citronniers… Fruits et légumes produits dans les jar-dins sont entièrement consommés sur place, sans aucune commercialisation. Les repas sont pris en commun quotidiennement, lieu d’échanges pourdéfinir les activités et débattre entre les résidents. Une assemblée géné-rale, deux fois par an, gère les différents problèmes administratifs qui se posent. Chaque habitant développe librement sa propre activité. Souvent il s’agit d’activités d’artisanat ou artistiques. Des stages sont organisés (en anglais et en italien) : cuisine créative(1er au 5 juin), travailler au consensus (2 au 8 juillet), autoconstruc-tion de capteurs solaires (24 au 31 juillet), créer un écovillage (2 au 8 août), la permaculture (17 au 31 août)… Associazione Culturale Torri Superiore, via Torri Superiore 5, 18039Ventimiglia (IM), Italie, tél : (39) 0184 21 55 04.

DR

Alternatives

contact : TERRE EN VIE06 26 10 15 49

SAMEDI 25 ET DIMANCHE 26 SEPTEMBRE 2004

90 exposants Conférences

Animation enfantsForums-débats

9e foire deMuzillac(Morbihan)x

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Mon jardin se créeLe réseau Ecole et nature met enplace un réseau des jardins quiont un volet éducation à l’envi-ronnement et propose un docu-ment d’introduction à la questionLe jardin des possibles à ceux etcelles qui souhaitent commencerun projet dans ce domaine.Stéphane Nahmias, Mon jardin secrée, Réseau école et nature,espace République, 20, rue de laRépublique, 34000 Montpellier,tél : 04 67 06 18 70.

P A R I S

CafézoïdeCafézoïde est un café associatifpour les enfants : pas d’alcool,pas de cigarettes mais un comp-toir des jeux , des spectacles , descoins de causerie, des rencontresavec des personnages fantas-tiques ou quotidiens, des idées desortie, des événements, des pro-jets individuels et collectifs, unespace bébé pour les tout petits,un local boîte à musique pour les ados. Cafézoïde, 92 bis, quai de la Loire, 75019 Paris, tél : 01 42 38 26 37.

EntraidelibertaireL’Association pour l’entraidelibertaire a pour vocation demettre en place une structured’échanges, de mise en commundes idées et des moyens. Dans lebut de promouvoir, dans la sociétéactuelle, un type de relation éco-nomique basé sur la juste réparti-tion et la libre adhésion. Elle s’estcréée en 1988 et a mis en placeun système d’achat et redistribu-tion de produits issus d’une agri-culture respectueuse de l’environ-nement, avec entraide au bénéficede personnes défavorisées. APEL,92, rue de la Villette 75019Paris, tél : 01 42 41 10 51.

Espace PlurielDepuis 1991, Espace Pluriel estune association à vocation éduca-tive et sociale qui se situe entrel’école et la rue dans certainsquartiers de Paris. Elle intervienten lien avec les associations desolidarité avec les immigrés etvise la synergie des activités favo-risant l’éveil, l’émancipation et laresponsabilité. Elle suscite ladynamique de valorisation du rôledes parents au sein de publics endifficultés. Espace pluriel, 5, rueLacharrière, 75011 Paris, tél : 0147 00 79 59.

HAUTS-DE-SEINE

La Ferme du bonheurDepuis une dizaine d’années, laFerme du bonheur, à Nanterre,face à l’université Paris X est unlieu qui propose… du bonheur, àtravers différentes activités artis-tiques à prix libre : tango, jazz,cabaret, table d’hôte, animationspour les enfants… C’est aussi lesiège de l’Observatoire du bon-heur municipal qui propose decréer des lieux de bonheur dansles cités en y installant pendantl’été des yourtes, chapiteaux, tipissous lesquels on pourra faire toutce qu’il nous plaît. La Ferme dubonheur, 220, avenue de laRépublique, 92000 Nanterre, tél : 01 47 24 51 24.

B R E T A G N E

La maison du DibenEn 2000, quatre personnes ontacheté une ancienne colonie devacances à 300 m de la plage. Lelieu a été restauré avec utilisationd’éco-matériaux et recours auxénergies renouvelables, notam-ment une installation photoélec-trique. Une quinzaine de per-sonnes habitent maintenant surplace avec une activité d’accueil :

gîte d’étape pour 20 personnes,appartements locatifs, restau-rants bio… Des expositions et desstages sont organisés autour del’artisanat d’art. Un atelier decéramique Ker Amos fonctionneen permanence. Il est encore pos-sible d’aménager d’autres locauxpour de nouvelles activités aveccomme objectif de vivre l’écologieau quotidien, d’avoir la volonté defaire de l’accueil, de s’investirdans la vie locale. La maison du Diben, 1, route duPort-Blanc, 29630 Plougasnou,tél : 02 98 72 39 69.

SEINE-MARITIME

TéléCoqueli’CauxTélé Coqueli’Caux est une télévi-sion associative présente sur qua-torze cantons ruraux de Seine-Maritime, dans le pays de Caux.Elle produit une cassette VHSmensuelle diffusée sur abonne-ment en vue de favoriser les lienssociaux. Elle bénéficie de l’aidede professionnels du théâtre (lacompagnie La Boucane) et fonc-tionne en étant ouverte à tous :chacun peut proposer la réalisa-tion d’un reportage. Elle intègredans son fonctionnement uneactivité de réinsertion autour des métiers de l’image. Télé Coqueli’Caux, Les Ateliersdu Méandre, 33, rue de la Plage,76400 Fécamp, tél : 02 35 29 06 62.

SILENCE N°314 Septembre 2004 15

I S È R E

Atelier de feutre artisanal

Christina Zofall a ouvert depuisun an un atelier de feutre artisa-nal à Cordéac, près de Mens.Elle a bénéficié pour cela d’unprêt de la Nef, d’une aide d’amiset d’un appui de la municipalité.Une première année de produc-tion a permis la mise en place de différents produits comme desnappes, des vêtements, etc, et des expositions : «feutre, laine et teinture des plantes» en juillet-août, «feutre, laine et mode» enseptembre, «feutre, laine et créa-tions» en octobre. ChristinaZofall, Atelier laine-feutre,38710 Cordéac-Mens, tél : 04 76 34 24 33. D

R

DR

L’Ile-de-France compte 57 jardins familiaux dispo-

sant de 2540 parcelles. Il enexiste même un dans Parisdepuis 2001 : Jardins parisiens,rue Watteau, 75013 Paris, maisles parcelles sont réservées auxlocataires de l’OPAC du 13earrondissement. Pour savoir s’il y en a près de chez vous etcomment obtenir une parcelle,prendre contact avec laFédération nationale des jardinsfamiliaux, 11, rue Desprez,75014 Paris, tél : 01 45 40 40 45.

I L E -DE -FR ANCE

Jardins familiauxAlternatives

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SILENCE N°314 Septembre 2004 16

B E S A N Ç O N

HandicomHandicom a été créé en 2003 àBesançon par Hervé Pizon, pèred’une enfant handicapée.Handicom se présente commepremière agence de communica-tion spécialisée handicap. Ellepropose de réfléchir à l’environ-nement qui peut être adapté auxhandicapés et de ne plus considé-rer l’handicapé comme inadapté.Les handicapés sont en effetnombreux. Selon le dernier recen-sement, 13,4% de la populationa des difficultés pour se déplacer,11,4% a des problèmes de per-ceptions sensorielles, 9,8% ontdes déficiences organiques, 6,6%

ont des déficiences mentales.Handicom, 6 b, boulevardDiderot, 25000 Besançon, tél : 03 81 88 16 31.

A I S N E

LeFamilistère de GuiseEn 1859, un industriel, Jean-Baptiste-André Godin, nourri despensées de Fourier et de Saint-Simon, met en pratique la pre-mière expérience d’utopie socialeà grande échelle en associant àun lieu de travail — l’usineGodin, toujours en fonctionne-

ment (les poêles) — un palaissociétaire pour former une sociétéharmonieuse : habitation collecti-ve, piscine, économats, jardin, nur-serie, écoles et le théâtre,

temple de la communauté familis-térienne. Godin a été influencéégalement par le mouvementhygiéniste de l’époque. Cetteexpérience durera, sous une formecoopérative, jusqu’en juin 1968.Après cette date, les bâtimentssont rachetés par une société quimet en vente les appartements. Depuis 2000, le conseil généraldu département de l’Aisne et lacommune ont lancé le projetUtopia qui consiste à donner auFamilistère une ambition culturel-le, touristique, économique etsociale. Les bâtiments sont clas-sés et certains appartements sontdevenus des ateliers d’artistes.Association pour la FondationGodin, 265, cité Familistère,02120 Guise, tél : 03 23 61 09 67.

◊ Isère. 8e festival de l’Avenir au naturel à L’Albenc les 4 et 5 septembre.Expositions, sorties nature, visites de jardin, animations... Le professeur DominiqueBelpomme, cancérologue, interviendra le vendredi soir 3 septembre sur le thème «cancer, environnement et société». Renseignements : Sébastien Goguet, tél. : 04 76 36 50 10 et Esapce nature Isère, mairie de L’Albenc, 38470 L’Albenc.n Yonne. 11e marché biologique de Vézelay le dimanche 5 septembre.Producteurs, artisans locaux, table ronde sur le thème : «les pesticides, l’environnement et l’homme». Pour tout renseignement, contacter LaëtitiaMassuard, Biobourgogne SEDARB, 19, avenue Pierre-Larousse, 89000 Auxerre, tél. : 03 86 72 92 20, fax : 03 86 72 92 21.◊ Cantal : 16e foire aux produits bio. 5 septembre, quartier Saint-Géraud, à Aurillac, 70 exposants, thème : pourquoi manger bio ? L’arbre à pain, 7, avenue Georges-Pompidou, 15000 Aurillac, tél : 04 71 63 56 40.n Dordogne : Écofestival du 10 au 12 septembre à l’écocentre du Périgord, à Saint-Pierre-de-Frugie. Plus de 50 exposants, des conférences-débats, des films, des témoignages... Une animation enfants, des capteurs solaires, des éoliennes... Écocentre du Périgord, association Pégase-Périgord-CREEE, Froidefon, 24450Saint-Pierre-de-Frugie, tél. : 05 53 52 59 50, fax : 05 53 55 29 99, courriel :[email protected], site : www.cr3e.com◊ Haute-Loire : fête du «Talent rural» les 11 et 12 septembre à Malvières :l’objectif de l’association est de rassembler divers artistes et producteurs dans une ambiance festive au bon goût de terre nouvelle. Au programme : expositions d’artistes en tout genre (peinture, sculpture, photo, ferronnerie d’art...), concert et spectacles (Circus Terra Nostra, Rachel, Ballentines, Frap pas l’dingue...), et le lendemain, un marché de producteurs pour un pique-nique animé, animations jusqu’en soirée (chants, contes, jeux pour enfants, cirques). Association Talent rural, Lagrifolle, 43160 Malvières, tél : 04 71 00 05 82◊ Côtes-d’Armor. 19e foire biologique de Mur-de-Bretagne «Biozone»les 11 et 12 septembre. Cette année, le thème en sera «l’argent, le nerf de l’échange ?».Conférences sur la Nef, la décroissance, les pollutions électromagnétiques, le coûtde la bio et la «consom’action». 200 exposants. Contact : Association «Produire etconsommer biologique», Didier Hassan au 02 96 32 11 14 ou Jean-Pierre Le Mouel au 02 96 24 52 65, site : [email protected] Deux-Sèvres. Festival de la détente du 10 au 12 septembre à Saint-Symphorien, à l’auberge de Crespe. De très nombreux concerts pendant trois jours(jazz, reggae, chansons françaises...), et cinéma, danse, débats. Camping avec canti-ne autogérée, toilettes sèches, buvette 0% d’alcool. Organisation : ministère de la détente, BP 11, 79270 Saint-Symphorien, tél : 05 49 17 35 34.◊ Gard. Terrabio les 11 et 12 septembre sur la place du marché de Collias.Le groupe Nature & progrès Gard, organisateur, a décidé de «marquer le coup» des40 ans de l’association Nature & progrès. Un beau programme de conférences, dontdeux invités de marque : Pierre Rabhi et Dominique Belpomme. Beaucoup d’anima-tions pour faire de cette manifestation la fête de la bio du Gard. Contact : tél : 04 66 76 20 07.◊ Jura. L’association Bio-Lopin organise sa 3e fête «du pain, du vin, du fromage et des bouquins» le 12 septembre. Lieu : le Bio-Lopin à Saint-Maur. Thème2004 : «environnement et pédagogie» avec présentation de la pédagogie Freinet,Steiner et Montessori. Marché, animations, ateliers... Renseignements : tél : 03 8444 23 92 et [email protected].◊ Loire-Atlantique. Planète eau. Les 18, 19 et 20 septembre, centre de loisirs à Pont-Mahé, artistes, scientifiques, photographes de l’eau, conteurs, musiciens.

Conférences sur les vasques vives, la structuration de l’eau, la biocristallisation sensible, rencontre avec un sourcier. Pour tout renseignement : 02 40 23 95 76 ou 02 47 880272 ou 06 74 57 29 45.◊ Creuse. 8e fête écobiologique le dimanche 19 septembre à l’étang deCourtille à Guéret. 60 exposants, conférences et animations gratuites. Contacts :association Colchique, tél : 05 55 81 65 13, courriel : [email protected] etoffice du tourisme de Guéret, tél : 05 55 52 14 29, courriel : [email protected]◊ Jura. Festival de la nature à Juraparc à Lons-le-Saunier les 24, 25 et 26 septembre. Renseignements auprès du comité d’organisation, 614, avenue Edgar-Faure, 39570 Montmorot, tél. : 03 84 86 23 84, fax : 03 84 86 24 26.◊ Drôme. 7e foire biologique et artisanale «Parfum de terre» le 26 septembre à Bourg-lès-Valence. Thème 2004 : «le commerce équitable». Organisée par : MJC Jean-Moulin, BP 205, 26202 Bourg-lès-Valence cedex, tél. : 04 75 43 40 15,courriel : [email protected]◊ Charente : 3e fête de l’écologie les 25 et 26 septembre, à Nanclars, organisée par l’association «la sauce verte». Une centaine d’exposants, des forumssur l’eau, la mobilité, la consommation citoyenne, les énergies et la solidarité.Animations et expositions. Contact : la Sauce verte, bâtiment Ronsard n°11, ma campagne, 16000 Angoulême, tél. : 06 85 02 99 34 et 05 45 65 24 30, site : www.lasauceverte.org◊ Loire : fête du terroir «Fructid’or» le 26 septembre à Saint-Martin-la-Plaine au domaine de la Catonnière, l’association des Croqueurs de pommes duterroir du Jarez organise cette fête avec pour thème : «les insectes, amis ou adver-saires ?» et «fruits et légumes : plaisir et santé». Présence de grands chefs de cuisi-ne, de spécialistes d’arboriculture fruitière, stands de produits locaux, animations et dégustations, conférences, expositions seront au rendez-vous.Pour tout renseigne-ment : 04 77 75 66 21, Domaine de la Catonnière, 42800 Saint-Martin-la-Plaine,courriel : [email protected], [email protected],[email protected] Nantes : Bien-être et art de vivre. 1 au 3 octobre. Parc des expositions de laBeaujoire, 100 stands, santé, bio… Armor Expo, 22, rue de Crech-Feunteun. 22700Perros-Guirec; tél : 02 96 54 61 08.◊ Loire-Atlantique. Festival d’écologie «vivre nature» à Nantes, à la maison de quartier de Doulon et dans le parc du 1er au 3 octobre. Ateliers, conférences,débats, animations et exposants. Scène ouverte pour les âmes artistes. Contact : Humus 44, 8, rue du Professeur-Dubuisson, 44100 Nantes, tél. : 02 51 81 05 05 ou 02 40 59 89 93. ◊ Lot-et-Garonne. Horizon vert, 16e salon de l’écologie, se déroulera les 2 et 3 octobre au parc des expositions de Villeneuve-sur-Lot avec comme thèmepour 2004 : «main basse sur la santé». 20 conférences, 20 ateliers, 200 exposants.Jacques Testart animera la conférence d’inauguration : «technosciences et démocratie :l’exemple des OGM» ; d’autres thèmes : «santé au travail», «l’obésité de l’enfant»,«la santé n’est pas une marchandise», «vaccination et santé publique», «les toxiquesdans notre assiette», «santé et inégalités sociales»... Contact organisation : Horizon vert, BP 208, 47305 Villeneuve-sur-Lot, tél. : 05 53 40 10 10, fax : 05 53 40 24 31, mail : [email protected], site : www.horizonvert.org.◊ Drôme : 21e foire de Montfroc. 2 et 3 octobre, en plein air dans la rue princi-pale de Monfroc (limite avec les Hautes-Alpes). Plus grosse foire de la région. AFBM Montfroc, Hélène Arnoux, Saint-Martin, 04200 Noyers- sur-Jabron, tél : 04 92 62 00 76.n Nord : 14e Cucurbitades, 3 octobre 2004, à Marchiennes, site de l’Abbaye,fêtes de la courge et de la sorcellerie. Office de tourisme, tél : 03 27 90 58 54.

Fêtes, foires, salons (le signe ◊ indique que Silence est présent)DR

Alternatives

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Septembre 2004 SILENCE N°314 17

En 1994 naissait le premier SEL (système d’échange local) françaisen Ariège. Le SEL est un multi-troc.

Exemple : Annie pose des étagères chezRaoul qui coud des vêtements pour Jean-François qui a fourni des plans de tomatesà Annie. Les transactions ne sont paséquivalentes ? Aucun problème, unecomptabilité les enregistre à la valeur déci-dée par chacun, de gré à gré, les soldes,négatifs ou positifs, seront reportés pourla session suivante sur un catalogue.

Les premiers SEL fonctionnaient etfonctionnent toujours à peu près ainsi,une association gère le multi-troc. Ellediffuse à ses adhérents un catalogue deressources, les offres et les demandes dechacun, leur permettant ainsi de s’échan-ger des services et des biens. Elle tientune comptabilité de ces échanges libellésdans une sorte de monnaie parallèle, lesgrains de sel, calquée sur la monnaie offi-cielle (le franc à l’origine).

Depuis, cette idée a fait son chemin,quelques centaines d’autres SEL sontapparus un peu partout en France.Beaucoup des créateurs et adhérentsrêvaient de mettre en place une alternati-ve à l’économie libérale, en permettantdes échanges plus justes, plus directs,plus humains.

Dérives possiblesAujourd’hui, une partie de ce rêve a

été réalisée. Par le SEL, un tissu relation-nel s’est renforcé çà et là, des exclus del’économie ont pu valoriser leur savoir-faire et, surtout, de réelsservices qui améliorentla vie de chacun se sontéchangés, alors qu’ilsn’auraient pas pu l’êtredans l’économie conven-tionnelle. Miracle del’échange, chacun seretrouve à la fin avoirreçu un service ou unbien pour lui difficile à produire, en ayantdonné ce qu’il lui étaitaisé de produire. Le solde comptable deséchanges est équilibré mais le bénéficeréel est positif.

Toutefois à côté de leur succès indé-niable, force est de constater les dérives etles déboires de la première génération deSEL. Quelques exemples :

l Le SEL n’abolit pas forcément lesinégalités sociales. Un professeur d’uni-versité demandait 200 grains de sel del’heure et se plaignait de ce qu’une femmeproposant des ménages en demandait 5Oà la place des 45 habituels.

l Les rapports avec l’économie offi-cielle sont ambigus. Un potier proposaitses œuvres au marché du SEL avec depetites étiquettes portant pour seule ins-cription un nombre qui indiquait le prix

en grains de sel. On pouvait retrouver cepotier avec les mêmes objets et les mêmesnombres portés sur les étiquettes dans desmarchés officiels, ces nombres se lisaientalors comme des francs, avec la TVA com-prise.

L’administration fiscale et la justice sesont intéressées aux SEL, sans que jusqu’àprésent une jurisprudence claire en soitsortie. De l’autre côté, certains adhérentsde ces SEL de première génération recon-naissent que le principal intérêt pour euxest qu’ils disposent d’un système qui per-met de contourner le fisc.

l La logique financière peut parvenirà prendre le pas sur tout le reste : ainsi uncandidat à l’adhésion à un grand SEL seplaignait qu’à la place de la présentationhumaine attendue, on lui ait fait remplirun formulaire et on lui ait demandécomme première question «De quel créditde grains de sel veux-tu disposer ?».C’est-à-dire, quel découvert autorisé,demandes-tu ?

l En grossissant et en devenant com-patibles entre eux, les SEL ont permis deséchanges sur de vastes zones, commed’un bout à l’autre des Pyrénées parexemple. Mais, en même temps, les fraisde fonctionnement et donc les tarifs d’ins-cription ont augmenté. Avec l’effet detaille, l’adhérent devient anonyme, déshu-manisation des rapports, mais aussi porteouverte aux indélicats qui disparaissent

sans laisser d’adresseavec un solde négatifimportant, d’où descrises financières chezcertains des SEL histo-riques. Par ailleurs, uneAriégeoise faisait remar-quer qu’avoir un énor-me catalogue de res-sources était de primeabord séduisant, maisqu’après y avoir enlevétoutes les propositions

concernant des gens à plus d’une demi-heure de voiture, il lui restait une offreutile pas plus importante que dans unpetit SEL, un système d’échange vraimentlocal.

l Les questions politiques se sont éga-lement posées. Dans les SEL de grandedimension, les décisions sont prises parun bureau, lui-même élu par les adhé-rents. D’où les avatars inhérents à ladémocratie indirecte : joutes électoralesdestructrices, enjeux de pouvoir, initiésdu bureau et adhérents de base, etc. Lespetits SEL se sont quant à eux souventorganisés autour d’un «chef» local, voirecomme dans un SEL de l’Aveyron, autourd’une sorte de gourou astrologue qui pré-lève un pourcentage sur tout échange.

Le SEL de Lodève dans l’Hérault, s’est transformé en SELT. En remplaçant

la monnaie fictive par une unité en heures. En quoi ce système peut-il être plus une alternative

économique à l’économie de marché ?

Les SEL qui utilisent la monnaiecomme référence,forment plus uneéconomie parallèlequ’une économiealternative.

Systèmes d’échanges locaux

De la monnaie au temps commemode d’échange

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Septembre 2004 SILENCE N°314 18

Alors comment prolonger la belle idéedu multi-troc en évitant les dérives citéesplus haut ? Bien des transformations desrègles initiales ont été tentées dans lesnouveaux comme dans les anciens SEL.Çà et là, les grains de sel ont été baptisés«cailloux» ou «kroms» ou «talents», avecdes modifications de règles comme unblocage du prix de l’heure à 50 unitéséquivalent au franc. Certains ont uneadministration rémunérée dans le cadredu SEL, d’autres font appel au bénévolat.Des SEL sont informels alors que d’autresont été chapeautés dès leur création par unemunicipalité afin d’aider à la réinsertion.

Avec le recul que nous commençons àavoir sur ces questions des règles ini-tiales, il nous apparaît que la transforma-tion déterminante, celle qui a opéré unecassure entre deux types de SEL vraimentdifférents et presque incompatibles, tientau choix de l’unité de compte : le franc oule temps ; et mainte-nant l’euro ou l’heure.Tant que l’on gardepour référence la mon-naie officielle, etmême si on la déguiseen grains de sel ouautre, les agents éco-nomiques se compor-tent sensiblement de lamême manière quedans l’économie qui ainstitué cette monnaie. L’habitude, l’ap-prentissage ou le conditionnementconduisent à intégrer les mentalités dansl’outil monétaire. En cela, ces SEL de pre-mière génération qui utilisent la monnaiecomme référence, forment plus une éco-nomie parallèle qu’une économie alterna-tive.

Le temps commemode d’échange

Les SEL de deuxième génération ousystème d’échange local au temps (SELT)ont un démarrage beaucoup plus lent queles premiers. Sans référence à la monnaieavec laquelle nous avons appris à échan-ger, l’acteur économique est dérouté. Enfait, sa seule référence en matièred’échanges sans argent provient des habi-tudes d’entraide que presque tout lemonde pratique plus ou moins dans sonréseau de relations. On peut dire que siles SELT ont repris les cadres de l’organi-sation technique des SEL, les comporte-ments et les mentalités y sont, de fait,hérités des réseaux informels.

Entre voisins, amis, relations, au seind’une famille ou d’une association, il estfréquent de se donner des coups de main :

services, prêts ou dons de matériel, sou-tien technique ou moral. Simples et effi-caces à petite échelle, ces pratiques trou-vent leurs limites si on veut les augmenter.

D’abord construire de tels réseaux ous’y intégrer est long, cela se compte enannées, et donc inaccessible à un nouvelarrivant. Ensuite, pratiquer l’entraideavec quelques relations directes permetune confiance forte mais une offre limi-tée. Diluer le système (le cousin de l’amidu voisin) augmente l’offre, mais faitperdre la confiance.

Plus important encore, les relationsde ces réseaux se sont construites sur descritères affectifs : amitié, sympathie,centres d’intérêt communs ou autres, lesutiliser pour des échanges économiques,même de proximité, crée des distorsionsrelationnelles : comment refuser derendre un service sans abîmer une rela-tion entre amis ? Comment évincer un

pirate qui demande beau-coup et rend peu de servi-ce, sans pour autant l’ex-clure du cercle amical ?Comment oser demanderun énième service aumême copain bricoleurdéjà trop sollicité ? Ceuxavec qui on a envie depasser son temps libre nesont pas forcément ceuxdont on a besoin ou ceux

avec qui on a envie de travailler. D’où unrenoncement à faire appel aux autres oubien des temps de travail mal vécus, deshypocrisies ou autres pollutions des rela-tions humaines.

Ce sont justement ceux qui prati-quent le mieux ou le plus ces systèmesd’entraide informels qui s’adaptent le plusrapidement au SELT, car ce système pro-longe et renforce ces réseaux. Sa compta-bilité apporte la confiance et assainit lesrelations humaines. En effet, aucun pro-blème pour oser demander un servicepuisque le refus est toujours possible etsans conséquences relationnelles ; l’ac-ceptation, entraînantquant à elle une contre-partie écrite, est géréepar une administrationindépendante des deuxcontractants.

Un nouvel habitantdu terroir peut, avec le catalogue des res-sources, savoir immé-diatement qui fait quoiautour de chez lui et proposer d’échanger,en ayant a priori la confiance de l’autre.

Et le SELT n’est surtout rien de plusque cela : l’outil le plus léger possiblepour des échanges sans argent. Le reste de

son organisation découle de ces principes :une unité simple, l’heure avec une subdi-vision assez large, la demi-heure, qui éviteles comptes d’apothicaire et la vente audétail.

Le SELT n’a pas de statut même asso-ciatif, donc pas d’enjeu de pouvoir, pas dedémocratie indirecte, pas de rôle institu-tionnel. Il n’est composé que de per-sonnes privées se donnant des coups demain. La réunion bimestrielle (facultati-ve) a d’ailleurs toujours lieu chez une per-sonne privée.

Le coût du fonctionnement est réduitau minimum : cinq euros et une heure deservice pour deux ans. Le but n’est pas,comme beaucoup d’associations, de col-lecter le plus d’argent possible mais lemoins. Le comptable est lui-même intégréà l’outil, puisque son travail est enregistréet rémunéré en temps par le compte«administration». Le bénévolat nousayant paru trop cher en coût humain :remerciements obligatoires entraînant unstatut particulier de la personne.

Le «L» du SELT signifie «local», un can-ton environ, et cette échelle est une garantiecontre l’anonymat, le maintien d’un groupeà dimension humaine et l’oubli, à priori de lanotion de temps de trajet. A ce jour, aucunproblème de personne, ni aucun départ avecun solde négatif significatif, ne s’est produitau SELT de Lodève.

Les rares décisions à prendre ne peu-vent être discutées et adoptées que lorsdes réunions bimestrielles, en toute trans-parence.

Un SELT n’est bien sûr pas une per-sonne physique, mais ce n’est pas nonplus une véritable personne morale, il estjuste un outil qui sert à des individus et ilne doit en aucun cas leur faire écran.Ainsi, face à un membre en difficulté, leSELT n’a pas plus à être solidaire qu’unoutil matériel, mais l’expérience montreque ses membres le sont et que le don yest une pratique courante.

En 1997, année de sa création, leSELT de Lodève générait des échangestrès faibles, de l’ordre de 10 heures parsession bimestrielle. Il a progressé chaqueannée, mais lentement, et aujourd’hui, il

en est au modesterésultat de 60 heures demoyenne par bimestre.Il compte une cinquan-taine de membres, maisseule une dizaine sontvraiment actifs et sont àla base des échanges.Une vingtaine sont peuactifs, et le reste, soitune moitié sont dor-

mants, c’est-à-dire qu’ils n’échangent ques’ils sont sollicités par un des membresactifs.

Mais ce ne sont que les résultats for-mels enregistrés par la comptabilité inter-

Systèmes d’échanges locaux

Les SEL qui utilisent la monnaiecomme référence,forment plus une économie parallèlequ’une économiealternative.

Et le SELT n’estsurtout rien de plusque cela : l’outil leplus léger possiblepour des échangessans argent.

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Septembre 2004 SILENCE N°314 19

ne, qui ne traduisent qu’une part de laréalité. Le but de chacun n’étant pas defaire monter les statistiques, beaucoupd’échanges ne sont pas enregistrés : soitqu’une contrepartie est trouvée directe-ment à un service (il va faire une heure debricolage chez un jardinier amateur etrepart avec des légumes jugés par les deuxparties équivalents au travail rendu), soitque deux membres échangent tellement,et à un niveau de confiance tel, qu’ilsgèrent leurs échanges ensemble, parfois àla journée plutôt qu’à l’heure, soit il s’agitde don plutôt que d’échange. On peutestimer que ce volume de temps échangéhors comptabilité représente entre une etdeux fois les échanges officiels.

Des collaborations qui ne sont pas deséchanges se construisent aussi grâce auSELT : nous faisons notre bois ensemble,tu viens avec ta fourgonnette, j’apportema tronçonneuse, ou bien nous prati-quons toutes les quatre ensemble le taï-chi et le yoga. Et il faudrait ajouter encoreau bilan positif les rencontres humaineset les moments de convivialité que sontles réunions.

La catégorie qui génère le plusd’échanges «officiels» au SELT de Lodèveest celle des travaux agricoles. Viennentensuite les travaux de maison (du petitbricolage au gros-œuvre de maçonnerie) ;les transports, manutentions et déména-gements ; les ménages et services domes-tiques ; les échanges et prêts de biens. Leséchanges de savoir et les gardes d’enfants

ont beaucoup moins de succès, ils ali-mentent plutôt la part hors comptabilité.

Qui adhère et échange au SELT deLodève ? Les ruraux plutôt que lesurbains, les hommes un peu plus que lesfemmes. Les néo-Languedociens sontbeaucoup plus nombreux que lesLanguedociens de souche. Enfin, la«mouvance alternative» locale est majori-taire ; ainsi la plupartdes offres etdemandes de pro-duits alimentairessont précisées «enagriculture biolo-gique». Avec deséchanges en hausse,un fonctionnementsain, et surtout main-tenant un noyau depersonnes très atta-chées à ce système,qui les aide concrète-ment dans leur viepratique, le SELT deLodève ne fait quecroître. Insistonsencore sur le fortbesoin de confianceque nécessite pour se développer ce typede SEL de deuxième génération par rap-port à ceux de la première génération.Ainsi, à l’usage, nous pouvons constateraujourd’hui que les nouveaux arrivantssont sensibles au fait que ce système peutse prévaloir de cinq ans d’existence sansproblème.

Une autre différence entre les deuxgénérations de SEL porte sur l’offre desprofessionnels. Ils sont absents des SELT,du moins dans leur activité principale.Exemple, cet accordeur de piano qui pro-posait des offres de menuiserie, des exper-tises ou conseils en achat de piano, maissurtout pas d’accorder des pianos. Lesseules exceptions sont les paysans-agri-culteurs, tant les parties professionnelleset privées de leurs activités se confon-dent. Cette absence des professionnels,conforme à l’esprit des SELT, montre leslimites auxquelles ceux-ci toucheront forcément. Tous biens et ser-vices demandant des outils chers ou inté-grés, des savoir-faire pointus, resterontinaccessibles au SELT.

Si le SELT est bien une authentiquealternative à l’économie libérale, il esttout de même une alternative très modes-te, et ne pourra jamais constituer unealternative complète. Jusqu’à quel pointpeut-il grandir et toucher un plus grandnombre de personnes ? Seul l’avenir pour-ra le dire, mais nous pouvons spéculer surcertains éléments.

Nous avons étudié ici le cas de Lodèvequi est un terroir particulier au taux dechômage important qui crée de la dispo-nibilité, un paysage accidenté impropre

à l’agriculture productiviste qui a laissésubsister une agriculture paysanne, laprésence de nombreux néo-ruraux arrivésdepuis les années 70 jusqu’à nos jours.Ces caractéristiques sont-elles indispen-sables au développement d’un SELT ?Seulement favorables ? Il est trop tôt pourle dire.

À Genève, le groupe de créateurs duSELT a négligé d’être pré-sent aux réunions. Desétudiants rentrés après lacréation y ont fait évoluerles règles dans le sens d’unrapprochement avec l’éco-nomie libérale. Les créa-teurs ont dû battre le rap-pel et revenir en masse à laréunion suivante pourretrouver les règles origi-nelles au cours d’une séan-ce houleuse. On en estarrivé dans cette ville àavoir un SEL et un SELTqui se côtoient.

Le cas de Bédarieux(Hérault) est intéressant.Un SELT s’y était constituéet avait même compté une

cinquantaine de membres. Mais le choixdu bénévolat, pour la tenue des cata-logues de ressources, laissait trop souventceux-ci mal ou pas faits du tout. C’estalors que deux concurrents sont apparusen même temps. À gauche, le JEU (ou jar-din d’entente universel) supprimait touteorganisation et proposait à chacun degérer ses feuilles d’échange sans aucuncontrôle (ce système s’est avéré être qua-siment un retour aux réseaux d’entraideinformels dont nous avons parlé précé-demment). A droite, un SEL voisin aenvoyé à Bédarieux une «ambassade»vanter les mérites de la référence au franc.Dans le contexte de désorganisation quevivait le SELT de Bédarieux, la plupart desmembres se sont éparpillés vers la gaucheou la droite, les derniers irréductibles pré-férèrent jeter l’éponge ou pour ceux quiétaient en limite de zone, rejoindre leSELT voisin de Lodève. Ce dernier ad’ailleurs connu, en début de vie, desdéfections vers l’une ou l’autre de cesdeux voies opposées.

Enfin, le passage à l’euro a constituéune chance historique pour les SEL. Illeur a fallu décider s’ils transformaientleurs grains de sel/franc en grains desel/euro. Certains (il est trop tôt pourconnaître précisément la proportion) enont profité pour devenir des SELT, maishélas, le prestigieux et puissant SEL histo-rique de l’Ariège a adopté à quelques voixprès le passage à l’euro. Ce n’est peut-êtreque partie remise...

Jean-Louis Do n

Parfois deuxmembres échangenttellement, et à unniveau de confiancetel, qu’ils gèrentleurs échangesensemble, à la journée plutôt qu’à l’heure, il s’agit de don plutôt que d’échange.

SELT Lodève. Texte paru dans réfractions n°9.

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Décroissance«Pour nous, dans le monde indus-trialisé, diminuer le niveau maté-riel de notre vie devient nécessité.Ce qui ne signifie pas une crois-sance zéro, mais une croissancenégative. La croissance n’estqu’un objectif politique immédiatservant les intérêt des minoritésdominantes»Sicco Mansholt, président de laCommission européenne, 1973.

Les richesplus riches

La tendance est toujours lamême : les riches sont plus richeset les pauvres plus pauvres. Selonun classement des milliardairesdans le monde, ceux-ci ont accu-mulé 500 milliards de plus en2003, soit une progression de30%. Les pauvres en ont perduautant. (Marianne, 8 mars 2004)

La plus grande dictature du mondeQuel est le critère qui définit unedictature ? Si c’est le plus grandnombre de prisonniers par rap-port à la population, alors la plusgrande dictature du monde estles Etats-Unis qui viennent depasser le cap des deux millions deprisonniers !

L’Europe des lobbyesIl y a officiellement plus de 10 000 personnes accréditées parle Parlement européen pour y cir-culer librement. Elles représen-tent les différentes branches del’industrie (quelques-unes lesgrandes associations).

Elles forment ce que l’on appelledes «groupes de pression». Ellessont vingt fois plus nombreusesque les élus, ce qui en dit long sur la démocratie européenne.

Clearstream :nouveau procèsLa société Clearstream gère lestransactions internationales entrebanques et brasse des milliardsd’euros. C’est sa fonction officiel-le, mais dans son livreRévélation$, Denis Robert avaitdémontré que la société servaitaussi à faire circuler de l’argentsale. La direction de Clearsteamavait attaqué le journaliste endiffamation. Non seulement elle aperdu son procès, mais le gouver-nement luxembourgeois, soucieuxde ne plus être montré comme leplus laxiste en matière de blan-chiment en Europe, a décidé deporter plainte contre AndréLussi, le directeur de la banqueau moment de l’enquête de DenisRobert. (Soleil Vert, mars 2004)

Droits del’homme en régressionA l’occasion de la parution deson rapport annuel, La Ligue desDroits de l’Homme a présentél’année 2003 comme une annéenoire : régression des libertés enFrance comme jamais vu depuisla guerre d’Algérie, atteintes auxdroits des femmes et des gens devoyage, promesses non tenuespour les handicapés, retour del’ordre moral… Mais le rapportinsiste pour dire que si la poli-tique de la droite y a une part deresponsabilité, ce n’est pas laseule cause : le contexte interna-tional est tout autant morose.

Déficit françaisAprès avoir étranglé les pays duSud, les banques étranglent main-tenant les pays du Nord selon lemême principe : les rembourse-ments ne couvrant plus les inté-rêts de la dette, les pays voientleurs dettes augmenter. Ainsi, laFrance a passé le seuil symbo-lique, début 2004, des mille milliards d’euros, soit environ 15 000 euros par personne, dubébé au vieillard. (Canard enchaîné, 3 mars 2004)

SILENCE N°314Septembre 2004 20

PolitiqueSociété

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Peine de mortDans un rapport publié en avril,Amnesty international recense les exécutions dans les différentspays : sur 1146 exécutionsconnues, dans 28 pays, la Chinearrive largement en tête avec726 mises à mort, devant l’Iran(108), les Etats-Unis (65) et le Vietnam (64).

Europe etassociationsEn France, il suffit d’être deuxpour créer une association et lesfrais d’inscription en préfectureavec publication au journal officielne coûte qu’environ 50 €. Il n’enest pas de même dans les autrespays d’Europe : il faut être aumoins sept en Allemagne, 20 enRoumanie, les frais sont de 120 €en Pologne… et peuvent être trèscher en Italie. Différentes coordi-nations d’associations essaient demiliter pour que l’Europe mette enplace un statut européen de l’as-sociation… basé sur le modèle leplus souple, le français. Comitéeuropéen des associations d’intérêtgénéral, CEDAG, rue de Toulouse,22, B 1040 Bruxelles, tél : 32 2230 00 31.

Droits desanimauxVive Barcelone ! Il est temps queS!lence félicite son maire, JoanClos, qui a interdit en avril lescorridas dans sa ville. Le décretmunicipal précise que «le toro est

un mammifère dont le systèmenerveux a des caractéristiquessimilaires à celles de l’espècehumaine, ce qui signifie que nossystèmes émotionnels ont beau-coup en commun». La petite villede Tossa de Mar a précédéBarcelone en 1991, mais lesarènes de la deuxième ville espa-gnole étaient réputées et il esttrès symbolique que cette déci-sion y ait été prise. Grâce à l’as-sociation pour la défense desdroits de l’animal (Adda) qui aremis une pétition avec 245.000signatures aux élus. La décisionn’a pas force de loi mais peutpermettre d’y parvenir.

F R A N C EGrande distributionLa grande distributionaurait-elle un problème ? Ilsemble qu’elle manifeste une cer-taine inquiétude. Les ventes desproduits les plus consommés etles plus «promus» par la pubseraient en train de chuter ! Pasencore de beaucoup, mais leurchiffres d’affaires des grandessurfaces aurait perdu près de 1%depuis le début de 2004. Lecamembert industriel serait enchute libre et les plats cuisinés enpéril. Mieux : il ne s’agirait pasd’une variation habituelle maisd’un acte délibéré des consomma-teurs boudant de tels produits etles emballages inutiles. Ils lesappellent les «alterconsomma-teurs» qui rechercheraient lasaveur, la mention du terroir,quand ce n’est pas du bio, carré-ment. Bigre, bigre... Où va-t-on...(enquête de publicité McCannrelatée dans Le Monde).

I S È R EDrôle d’atterrisageTrès dangereuses, ces ailes... Un parapentiste savoyard, enseignant paisible, a eu envie, par un beaujour du mois de juin, de faire le tour du massif de la Chartreuse. Maisle temps se gâte, l’orage arrive, et vers 18h30 le contraint à un atterris-sage forcé. Apercevant une surface plane et dégagée, il s’y pose. Mais,hélas, il se rend compte trop tard qu’il se trouve dans l’enceinte du CEAprès du synchrotron grenoblois, zone classée secret défense pour causede recherche atomique. Arrêté par les vigiles affolés, le parapentiste seretrouve au commissariat. Morale de l’histoire : le plan vigipirate devrase méfier des terroristes à voile (l’aile, autrement dit...).

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Que fairecontre laprostitution ?Deux chercheuses, Julie Bindel etLiz Kelly de la Child and WomanAbuse Studies Unit, de l’universi-té londonienne Metropolitan, ontmené une étude comparative surles impacts des choix de quatrepays : Irlande, Pays-Bas, Suède et Australie en matière de luttecontre la prostitution. Il ressortde cette étude que la politique

suédoise, la seule à s’en prendreaux usagers et non aux prosti-tuées, semble la seule à êtrecohérente et à avoir des résultats.(Les Pénélopes, mai 2004)

CANCER DU SEIN

Le cercle vicieuxPour détecter de possibles can-cers du sein, on oblige les femmesde plus de 50 ans à se faire fairedes mammographies (radio desseins). Une étude présentée lorsdu colloque sur le cancer à

l’Unesco, le 7 mai dernier, montrequ’une femme qui subit une dizai-ne de ces mammographies aug-mente de 20% le risque d’avoirun cancer du sein !

U K R A I N E

Agir contre letrafic d’êtreshumainsL’association Avenir a vu le jourà Jytomir, en Ukraine, pour agiren faveur de la prévention contrele trafic d’être humains : femmesincitées à s’expatrier et qui tom-bent ensuite dans des réseaux deprostitution, mais aussi jeuneshommes qui se retrouvent sanspapier dans des exploitationsagricoles des pays méditerra-néens. Avenir essaie de se faireconnaître au niveau internationalpour favoriser le retour de celleset ceux qui veulent revenir enUkraine. Ensuite, elles intervien-nent dans les lycées pour avertirles jeunes adolescentes sur ceque peuvent cacher les petitsannonces pour passer à l’Ouest.L’association a mis en place desliens avec l’Organisation interna

tionale des migrations pour favo-riser les évasions des maisonscloses. En France, l’associationest soutenue par Agir ensemblepour les droits de l’homme, 16,avenue Berthelot, 69007 Lyon,tél : 04 37 37 10 11.

SILENCE N°314 Septembre 2004 21

Prisonnierd’opinionCamilo Mejia Castillo, déser-teur et prisonnier d’opinion.Sergent américain de la gardenationale de Floride, CamiloMejia Castillo a été adoptécomme prisonnier de consciencepar Amnesty international quidemande sa mise en liberté. Il aété condamné à un an de prison,peine maximale, le 21 mai pourdésertion. Suite à une permission,il avait refusé en octobre derejoindre son unité en Irak eninvoquant des raisons morales, lalégalité de la guerre et le compor-tement des troupes à l’égard desciviles et des prisonniers irakiens.Dans sa demande d’exemptionpour objection de conscience,

il avait notammentdécrit les directivesdonnées aux sol-dats pour «briserla déterminationdes

prisonniers».

H É R A U L T

Education à la paixUn forum d’éducation à la paix, à la non-violence et à l’écologiese déroulera les vendredi 24,samedi 25 et dimanche 26 sep-tembre à Bédarieux. Animationsculturelles et interventions deGénération médiateurs,Coordination décennie de la paix, CARI, CDTM, Arche de Lanza del Vasto, Médiation-Aveyron, Étincelle, Spirale...Renseignements au 04 67 23 97 67 ou au 04 67 95 45 98

Larzac solidaritésL’assemblée générale de Larzacsolidarités se tiendra le 04 sep-tembre, à 14h30, au Cun du Larzac.

P A L E S T I N EA Gaza, l’agriculture urbaine une façon de résister pour survivre.Visite à Jabalaya : Depuis juin 2003, Larzac solidarités a relayé l’ac-tion de Palestine 33 en aidant des habitants du camp de Jabalaya àmettre en œuvre des micro-projets d’agriculture urbaine. Le camp deJabalaya, c’est d’abord la densité de population la plus forte du monde,100.000 personnes sur 1 km2. Dans les maisons les plus pauvres, plu-sieurs pièces entourent une cour intérieure. D’autres maisons sontconstituées de plusieurs étages et possèdent un toit en terrasse. C’estpourtant dans ce cadre de béton que les expériences d’agricultureurbaine se multiplient.Vu et entendu à Gaza : à propos de Rafah : «là-bas, c’est Jénine tousles jours». L’objectif des Israéliens est de construire une autoroute surla zone frontalière pour connecter les colonies de Gaza avec BeerSheva dans le désert du Néguev, et ainsi séparer complètement laPalestine de l’Égypte et conserver un contrôle permanent de la frontiè-re, quels que soient les accords politiques à venir. Pour construire cetteroute, il faut donc vider la zone de ses habitants. Les incursions répé-tées, les tirs et les explosions massives qui fragilisent les maisons for-cent les habitants à partir. Les maisons sont alors rasées.A Al Quarara des tentes abritent les familles dépossédées, pour ne paslaisser le terrain vide. Dans ce secteur des plantations d’oliviers, il nereste que quelques rameaux ensevelis sous la terre retournée par lesbulldozers. extrait de «Larzac solidarités, juin 2004.

I L E -DE -FR ANCE

Femmes en résistances aucapitalismeDu 24 au 26 septembre 2004, se déroulera à Arcueil (Val-de-Marne)un festival de films intitulé «Femmes en résistances». Cette année, lefestival se propose d’explorer les luttes des femmes dans le domaineéconomique. Le capitalisme a des conséquences non moins dramatiquespour les femmes que la guerre, qui fait d’ailleurs partie de l’arsenal desmoyens dont il dispose pour s’imposer comme système économiqueunique à l’ensemble de la planète. On n’en finirait pas d’égrener lesmaux que ce système fait subir à l’environnement et aux populations,particulièrement aux femmes. En première ligne face à ses agressions,les femmes sont aussi les premières à construire des actions de résis-tance. Simples aménagements ou bien sources de véritables alterna-tives, les résistances des femmes sur tous les continents seront évoquéeset questionnées au travers d’une quinzaine de films documentaires. Femmes en résistance, Centre culturel Jean-Vilar, 1, rue Paul-Signac,94110 Arcueil, tél : 01 45 46 53 49.

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Paix

Femmes

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Septembre 2004 SILENCE N°314 22

Tout comme le «développementdurable», le «bien-être animal» estun thême à la mode, qu’il est de

bon ton de glisser un peu partout, tant lapréoccupation des Européens pour lasouffrance animale est grande. Ainsi lecommissaire David Byrne affirmait-il quele sort de nos amis les bêtes représente laquantité la plus importante de courrierreçue par la Commission Européenne en2003. Il est donc important que nos poli-tiques donnent, au moins en apparencel’impression de se pencher sur ce problè-me afin de répondre à l’attente de leursélecteurs.

Le saupoudrage du nouveau credo«bien-être animal» dans chacune desfilières qui exploitent l’animal sembledonc être une nécessité électorale : agran-dissement des cages en batterie dequelques centimètres carrés pour lespoules, limitation du transport des ani-maux de rente à 9 heures (avec l’hypocri-sie de l’attente durant 12 heures sans obligation de décharger avant que le cycle de 9 heures ne recommence), comitéd’éthique en expérimentation animale, etc.

Le résultat a l’avantage de donner dutravail au bureaucrate, de légitimer le rôledu politique face à son électorat, maispour le principal intéressé, en l’occurren-ce, l’animal, rien ne change. Sa vie resteréduite au confort du consommateur etdonc à la loi du marché. Avant de recher-cher le «bien-être» de l’animal, faudrait-ilpeut-être en premier lieu le laisser «être».

Oui mais si rien ne change, c’est pré-cisément parce que le système actuel sertl’intérêt de notre société de consomma-tion régie par des règles du commerceinternational élaborée par les principalespuissances économiques. Le consomma-teur a acquis ce droit devenu «inalié-nable» de manger de la viande autantqu’il le souhaite au prix le plus bas pos-sible sans aucune réflexion sur la portéede ses actes. Et toute tentative de contra-diction sur le fond étant taxée de rétro-grade voir même «d’antihumanisme» (cf.Luc Ferry ou Paul Ariès), on se repliealors derrière des «mesurettes» et deseffets d’annonce qui ne sont que «décora-tions» de pure forme.

Ainsi par exemple, peut-on promou-voir le remplacement des élevages en bat-terie par des élevages extensifs sansremettre en cause la quantité d’animauxsacrifiés ? Peut-on parler de «bien-êtreanimal» lorsque l’on sait que les animauxfinissent toujours prématurément àl’abattoir ? Quel est l’impact de ces éle-vages industriels et de la maïsiculture quileur est associée sur l’environnement ?Que penser de l’exploitation des pays envoie de développement pour la produc-tion de protéines végétales visant àengraisser les animaux en batterie despays riches ? Peut-on décemment accep-ter que les protéines provenant de paysdont une partie de la population meurt defaim, servent à sur-nourrir les habitantsdes pays riches ? Qui ose encore nier lefait que cancers et maladies cardio-vascu-laire trouveraient une part de leur originedans une surconsommation de graisseanimale ? De là, pourquoi ne pas s’enga-ger vers une réduction de la consomma-tion de viande plutôt que d’investir dansune recherche expérimentale coûteuse et

le plus souvent inefficace ? Que penserdes recommandations de l’OrganisationMondiale de la Santé qui préconisent toutau plus 3 repas carnés par semaine (dont2 de poissons) ? Le prix extrêmement basde la viande (1) est-il dès lors légitimedans un tel contexte ?

Finalement, peut-on faire l’économiede ce débat en se dissimulant derrière desconsidérations consuméristes, au seulprétexte qu’il touche en profondeur noshabitudes alimentaires et en fait notrevision anthropo et égocentrée du monde ?

Franck Schrafstetter nAfin d’apporter des éléments de réponse

à ces questions, l’association Zyzomys orga-nise une conférence-débat le samedi 2 octobre à 20h salle Sainte Madeleine,place Sainte Madeleine à Strasbourg.

La viande dans notre assiette :quel impact ?

La question du «bien-être animal» fait son apparition dans la filière viande,mais arrivée dans notre assiette, qu’en reste-t-il ?

Association Zyzomys, 1A place des orphelins,67000 Strasbourg, tél : 06 14 82 21 84

(1) NDLR : Certains produits carnés sont effective-ment vendus à des prix très bas par la grande distribu-tion, mais le prix d’une viande de qualité reste élevé.

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Déroute auxEtats-Unis.Avec la phobie du terrorisme, legouvernement américain en arriveà faire n’importe quoi. Il a ainsipoussé à tester en urgence un vaccin anti-variolique sur 420 000 personnes du secteurmédical, alors que ce vaccinn’était pas encore au point. 90% des personnes ont refusé.Elles ont bien fait car sur cellesqui ont été vacciné, il y a eu 52cas d’inflammations cardiaques,huit attaques dont trois mor-telles. Le vaccin a depuis été reti-ré discrètement du marché.(Courrier d’Alis, mars 2004)

CHEVEUX TEINTS

Cancer de la vessieUne étude américaine a montréque les personnes qui se teignentles cheveux en moyenne une foispar mois ont deux fois plus decancers que les autres.Explication : les produits conte-nus dans les teintures migrent àl’intérieur des cheveux puis dansle sang et sont retenus au niveaude la vessie. (Viva, mai 2004)

TéléphonesportablesLes maires manipulés. Le 28 avril,l’Association des maires deFrance et l’Association françaisedes opérateurs mobiles ont pré-senté à la presse un guide intitulé«téléphonie mobile : guide desbonnes pratiques». Beau couppour les opérateurs privés quimouillent ainsi tous les maires deFrance, lesquels se sont fait tota-lement (et volontairement ?)manipuler : en effet ce guide aété réalisé sans aucune consulta-tion des scientifiques qui mettenten doute l’innocuité des antenneset des téléphones, sans aucuneconsultation des associations quidemandent des mesures de pré-caution ! Ainsi le guide encoura-ge les mairies à respecter unniveau d’exposition de 41 à 58 volts par mètre pour lesantennes… alors qu’une étudeofficielle hollandaise indique desproblèmes de bien-être après 45minutes d’exposition à seulement0,7 volt par mètre.

Des nouveau-nés sont contaminés à l’hôpital.«De nombreux hôpitaux utilisenttoujours des équipements en PVCsouple, alors que son plastifiantle DEHP est lié à des problèmesde fausse-couche et d’infertilité etmalgré le fait que des matérielsmédicaux sans PVC sont déjà surle marché,» explique le DrVyvyan Howard, de l’université deLiverpool. «L’Union européenne ainterdit le DEHP dans les pro-duits de beauté et certains jouets,mais continue à autoriser leDEHP dans les équipementsmédicaux qui sont utilisés sur lesenfants malades et d’autres popu-lations à risques, ce qui entraînede plus importants niveaux d’ex-position. C’est le parfait exemplede l’absurdité de la politique chi-mique européenne et de la néces-sité de définir une meilleureréglementation,» a ajouté le DrHoward. Contact France : AurélieGauthier, CNIID, tél. : 01 55 78 28 66 ouwww.cniid.org, campagneD’abord ne pas nuire.

SILENCE N°314 Septembre 2004 23

T A B A CDR

n Interdiction dans les lieux collectifs. Depuis le 1er avril2004, en Irlande, il est interdit de fumer dans les lieux collectifs(travail, commerces, loisirs). Iln’est plus possible de fumer qu’àl’extérieur ou chez soi. Depuis le 1er juin, les mêmes mesures sontentrées en pratique en Norvège.

SantéO G M

Humain génétiquement modifié ?L’actualité fait parfois se télescoper des informations de manièrecurieuse. Ainsi, mi-mai, la Commission européenne autorise la culturede maïs BT11. Simultanément l’AFSSA, Agence française de sécuritésanitaire et alimentaire annonce que des rats ayant mangé ce maïs pen-dant 90 jours présentent des anomalies inquiétantes. Fin mai, le conseilrégional Rhône-Alpes verse une subvention à une firme pour la mise aupoint de rats génétiquement modifiés… pour rapprocher leur ADN de celui de l’homme. Y a-t-il un lien entre ces trois informations ? Espérons que non, sinon,cela voudrait dire que le maïs étant dangereux, plutôt que de l’interdire,on choisit la fuite en avant en modifiant les rats… en attendant demodifier l’humain… MB.

n Canada : publicité remarquée. Fin mars, Greenpeace et des asso-ciations d’agriculteurs ont acheté des encarts publicitaires dans lesjournaux canadiens. La publicité précisait «la plus grande menace pourles producteurs de blé n’est ni la grêle ni la sécheresse, mais le bléRoundup Ready Wheat». Si certains journaux l’ont acceptée, plusieurs,dont la principale revue agricole, l’ont refusée. Cette publicité rappellequelques vérités dérangeantes au moment où le gouvernement doit seprononcer sur les autorisations pour le blé OGM de Monsanto : pour 87% des volumes des achats de blé, les grossistes demandent un certificatde garantie non-OGM, 60 % des Canadiens ne veulent pas de produitsà base de blé OGM.n Mali : coton transgénique. Dépendant de l’aide économique desUSA, le Mali a cédé aux demandes des Etats-Unis et s’apprêtent àautoriser l’implantation des firmes comme Monsanto, Syngenta et DowAgro Sciences. Le gouvernement malien a annoncé fin mars que d’icicinq ans tout le coton cultivé dans le pays serait transgénique, autantdire que tous les Maliens seraient esclaves des multinationales. n Allemagne : les vaches meurent. Après la première récolte de maïsBt176 de Syngenta, en 2000, un agriculteur constate non seulementune baisse de production de ses vaches nourries avec ce maïs, mais éga-lement la mort de cinq vaches en quatre mois, début 2001. Jusqu’enfévrier 2002, sept autres vaches meurent. Des prélèvements de tissusenvoyés pour analyses à un laboratoire disparaissent. Syngenta proposespontanément de payer l’achat de nouvelles vaches alors que rien n’aété prouvé sur le lien entre le maïs et la mort des bêtes. Deux ansaprès, aucune conclusion n’est disponible sur cette affaire. (Nature etProgrès, mai 2004)n Le gouvernement se veut rassurant. Le gouvernement a annoncépeu après la levée du moratoire par la Commission européenne que celan’implique pas que chaque pays autorise la culture d’OGM et rappellequ’en France, toute culture doit d’abord avoir l’aval de l’Agence fran-çaise pour la sécurité sanitaire… agence dont l’efficacité est fortcontestée dans d’autres domaines comme les incinérateurs, les télé-phones portables…n Déni de démocratie. La Fédération nationale de l’agriculture biolo-gique a lancé un appel au respect de la démocratie. Citant les nom-breux sondages sur les OGM qui montrent tous une large hostilité despopulations à l’usage de ces cultures, elle demande de quel droit laCommission européenne peut se permettre de passer outre.n Carcassonne : Monsanto en procès. Contre-attaque judiciaire : des organisations agricoles ont attaqué Monsanto en procès pour avoircultivé en plein air des parcelles de cultures OGM sans autorisation demise sur le marché. Une nouvelle occasion de rappeler que les Françaisne veulent pas des OGM. Selon la Confédération paysanne, le procèsdevrait se tenir avant la fin de l’année.

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Rions un peuPour la manif du 17 janvier àParis, Contratom de Genève avaitorganisé un bus. Celui-ci étantarrivé tôt, un couple décide d’al-ler visiter la tour Eiffel. Pour évi-ter la queue, ils choisissent demonter à pied et cherchent alorsoù laisser leur poussette. Rienn’est prévu, ils la laissent doncdans un coin discret. A leurretour, plus de poussette. Ils inter-rogent un policier qui leur ditqu’elle a provoqué une interven-tion antiterroriste et la destruc-tion d’une de ces fameuses boîtesde conserve que l’on utilise poursymboliser les déchets dans lesmanifs. Le couple avait complète-ment oublié le texte inscrit sur laboite : «le plutonium contenudans cette boîte peut tuer lapopulation entière».

Proliférationiranienne ?Alors que la pression est mise surle gouvernement iranien pourqu’il cesse ses recherches sur lamise au point d’une bombe ato-mique, il est bon de se rappelerd’où provient la matière nucléaireutilisée par ce pays. Dans lesannées 70, la France passe unaccord de partenariat avec leshah d’Iran pour qu’il investissedans la construction de l’usined’enrichissement du combustibleEurodif, à Pierrelatte, dans laDrôme. En 1979, la révolutionislamique chasse le shah d’Iran.Le nouveau gouvernementdemande dans un premier tempsà la France le remboursement des

investissements. Cela ne se ferajamais, et l’Iran qui dispose tou-jours de 10 % du capital aujour-d’hui peut en toute tranquillitérécupérer une partie de l’uraniumenrichi pour ses besoins. La proli-fération iranienne est donc bienfrançaise.

J A P O N

AccidentmortelAccident mortel dans une centralenucléaire : au moins quatreemployés de la centrale nucléairejaponaise de Mihama sont mortset plusieurs autres ont été blesséslundi 9 août à la suite d’une fuitede vapeur. La centrale de Mihamase situe à 350 km à l’ouest deTokyo. Les autorités locales ontannoncé qu’il n’y avait pas defuites radioactives hors des instal-lations où se trouvent les turbinesdu réacteur de la centrale. Le plusgrave accident nucléaire depuis1999 ! Il soulève des questionssur l’état de certaines cantralesjaponaises vieillissantes et sur larigueur des procédures d’entretienet surtout contribue à la mobilisa-tion des citoyens de plus en plusdubitatifs sur le nucléaire.

U S A

Fête antinucléaireLe 28 mars 2004, de nombreusesassociations antinucléaires américaines se sont retrouvées à Harrisburg pour fêter le 25e

anniversaire de l’accident deThree Mile Island, mais égale-ment le 31e anniversaire de ladernière mise en chantier d’unréacteur nucléaire dans le pays.Symboliquement, le film «Le syn-drome chinois» qui raconte unaccident nucléaire avec un scéna-rio inspiré de l’accident de ThreeMile Island a été projeté dans l’undes cinémas de la ville. (WISE-Amsterdam, 13 février 2004)

R U S S I E

Visites animalesConstruites au sein d’une immen-se forêt, la centrale nucléaire deSarov, au bord de la Volga, aintercepté une ourse et son our-son qui avaient réussi à pénétrerdans l’enceinte du réacteur. Leservice communication de la cen-trale a reconnu que ce n’était pasle premier incident de ce genre,des élans ayant déjà fait un tourau milieu des installations.Heureusement, les animaux sontplus pacifiques que les humains.(Contratom, janvier 2004)

ITER : accordfranco-russeLe gouvernement russe a annoncéle 20 mai dernier son soutien à laFrance pour accueillir àCadarache (Bouches-du-Rhône)le réacteur ITER, ceci en opposi-tion aux Etats-Unis qui soutien-nent l’implantation de ce réacteurau Japon. Ce réacteur dont le

coût est énorme ne peut êtreconstruit que par un ensembled’Etat… et il n’est pas sûr qu’ilfonctionne un jour car il s’appuiesur la fusion (réunificationd’atomes) et non la fission (écla-tement d’atomes), technique quel’on ne maîtrise pas malgré déjàcinquante ans de recherche. LaRussie annonce également sonintention de collaborer avec laFrance pour relancer… la surgé-nération et la mise au point denouveaux réacteurs. Seul problè-me : la Russie n’a pas un soupour financer cela et a dû bénéfi-cier d’aides de la France enéchange d’une telle déclaration.

L’Europe se prépare à l’accidentL’Europe vient de fixer de nou-veaux seuils d’indemnisation encas d’accident nucléaire.L’exploitant devra assurer aumoins jusqu’à hauteur de 700millions d’euros, l’Etat concernédevra compléter jusqu’à hauteurde 500 millions d’euros, l’Europeassurant pour sa part une enve-loppe de 300 millions d’euros.Même si ces sommes peuventparaître énormes, elles ne sontqu’une goutte d’eau pour ce quipeut être une catastrophenucléaire : l’Ukraine dépense eneffet sensiblement autant que latotalité de ces sommes chaqueannée pour le suivi des maladesde l’accident de Tchernobyl.

SILENCE N°314 Septembre 2004 24

DR

Danger des rayons XL’AIEA, agence internationale de l’énergie atomique, qui dépend del’ONU, a lancé une mise en garde le 8 mai dernier concernant l’usagedes radiographies aux rayons X. L’étude montre de graves conséquenceslors de certaines opérations comme les angiosplasties cardiaques oùl’on utilise des sondes pour éviter d’opérer à cœur ouvert. L’opérationest suivie sur écran par radiographie aux rayons X. Le patient reçoitl’équivalent de mille radios en vingt minutes ! De quoi déclencher uncancer ! Il y a un million d’opérations de ce genre dans le mondechaque année. 88% des cardiologues consultés ont indiqué qu’ils igno-raient ce risque.

C H I N E

Manque d’électricité

En un an, le manque de puissance électrique en Chine est estimé à20 000 MW soit 5 000 MW de plus que l’année dernière. 70% des

centrales électriques en construction dans le monde le sont en Chine…la plupart sont des centrales thermiques au charbon (70 %) et des bar-rages, le nucléaire restant marginal. La Chine a annoncé fin mai ses dif-ficultés à se fournir en charbon alors que le taux de croissance de la

demande en électricité dépas-se les 17% par an. Alors queSiemens avait eu dans un pre-mier temps l’aval des minis-tères pour exporter une cen-trale nucléaire en Chine, legouvernement a dénoncé cetaccord le 20 mars derniersous la pression interne desVerts. Areva, pour la France,rêve de reprendre le marché.

Nucléaire

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S U I S S E

Projet d’en-fouissementLa commune de Benken, à deuxkilomètres de la frontière alle-mande, au nord du canton deZürich, a été choisie par laNAGRA (société nationale pourl’entreposage des déchets radio-actifs) pour un futur site d’en-fouissement à 600 m de profon-deur. En mars 2002, 15 000signatures sont réunies dans lecanton pour demander un réfé-rendum. Le gouvernement a trou-vé la riposte : avec une nouvelleloi sur l’énergie nucléaire, il asupprimé cette compétence terri-toriale et le référendum n’aurapas lieu. Il peut par contre encorese tenir au niveau confédéral. Lesite, astucieusement placé près dela frontière allemande pourraitaccueillir d’autres déchets queceux des centrales suisses. Cesderniers pour le moment après unaller-retour à l’usine Cogema deLa Hague (Manche), sont stockésà Würenligen, dans le cantond’Argovie. Contratom, CP 65,1211 Genève 8, tél : 022 740 46 12.

F R A N C E

Jeûne Vivre sans nucléaireVous avez été nombreux à soutenir l'action initiée parMichel Bernard, André Larivièreet Dominique Masset (commen-cée le 21 juin et arrêtée après 36 jours pour les plus résistants).Des comités de soutien dans tousl'hexagone, une centaine de per-sonnes qui ont jeûné ponctuelle-ment ou régulièrement : les mili-tants étaient bien au rendez-vouspour relayer l'information maisles médias... . Plus de détailsdans les prochains numéros.

Le MondedésinformeDans son édition du 24 mars2004, Le Monde publie un repor-tage d’un envoyé spécial enRépublique démocratique duCongo concernant une mined’uranium exploitée de manière«sauvage». Arnaud Zajtman yexplique que «l’uranium à la sor-tie de la mine n’est pas radioac-tif». Ah bon, quand est-ce qu’il ledevient alors ?

Dérapages de Robin des BoisAlors qu’en Normandie se mettenten place des collectifs contrel’EPR qui pourrait être implantésoit à Flamanville soit à Penly,Jacky Bonnemains, porte-parolede l’association Robin des Bois adéclaré sur Radio-Bleu Cotentin(Bulletin du CRILAN, janvier2004) à propos des éoliennes : «Ilfaut le contrôle de toutes lesmachines en activité et la suspen-sion de tous les projets (...)». Etde dénoncer en vrac «la ruée versl’énergie éoliennes», le «comporte-ment avide des prospecteurs quicherchent à installer dans descommunes crédules et désargen-tées, chez des agriculteurs intéres-sés, leurs machines à bruit et àdécapiter». N’hésitant pas à parlerdes «accidents majeurs d’éo-liennes». Bref, le discours des pro-nucléaires. Ce n’est pas la premiè-re fois que Robin des Bois dérape.Nous avions déjà signalé en 1999(voir numéro 243) que Jacky

Bonnemains, unique et inamovibleporte-parole de ce groupe, avaitécrit dans la revue officielleContrôle un article «Sortir dunucléaire et de l’antinucléaire» oùil affirmait qu’il était temps «d’in-tégrer le nucléaire de demain dansla diversité des sources d’énergie».

NicolasSarkozy dansle camp desringards !Nicolas Sarkozy aime se donnerles allures d’un jeune dans sontemps. Pourtant pour le nucléai-re, ce n’est pas encore ça ! Le 29 avril, il s’est rendu à la cen-trale nucléaire de Chinon, y fai-sant un discours vantant l’indé-pendance nationale… alors que100 % de l’uranium est importé !

Vantant le prix modeste dunucléaire, alors que celui-ci n’estmodesteque parce que l’essentielde la recherche (plusieursdizaines de milliards d’euros) aété financé par des fonds publics.Malgré cette aide de l’Etat, lekWh nucléaire est plus cher quele kWh produit par le gaz ou legrand éolien. Il a ensuite avancéque le nucléaire était la solutioncontre le réchauffement clima-tique, ce qui montre sa totaleignorance du sujet : le nucléairene fournit que 4% de l’énergiecommerciale mondiale et même si on doublait le nombre de réac-teurs, le résultat resterait margi-nal. Enfin, il a fait la promotionde l’EPR présenté comme plussûr (que les réacteurs nucléairesactuels qui sont donc par déduc-tion officiellement dangereux !)alors que l’EPR ne résisterait pasà une attaque style 11 septembre.Il a oublié de parler du coût énor-me de ce nouveau réacteur, desdéchets radioactifs qui en sorti-raient, de l’épuisement prévu del’uranium… Le ringard Sarkozydevrait essayer de lire de la docu-mentation datant de moins detrente ans. Il comprendrait mieuxpourquoi l’immense majorité desFrançais est hostile à la construc-tion de nouveaux réacteurs.

SILENCE N°314 Septembre 2004 25

Genève sortdu nucléaire

Actuellement 87 % de l’élec-tricité vendue par la

Services industriels de Genève, lacompagnie locale du canton, estd’origine renouvelable (essentiel-lement hydraulique). Le 28 maidernier, la compagnie a pris l’en-gagement de fournir 100 %d’électricité d’origine renouve-lable provisoirement en impor-tant de l’électricité «verte» poursupprimer les 13 % venant dunucléaire mais également de cen-trales thermiques. La compagniea annoncé que cela n’auraitaucune incident sur le prix dukWh. (La Tribune de Genève, 28mai 2004)

DR

DR

Argument européen pour la privatisation du secteur de l’énergie :faire baisser les prix. En France, cela ne marchera sans doute pas.

Dans une conférence de presse, le 21 mai, le président d’EDF, FrançoisRoussely a affirmé que «l’ouverture des marchés ne fera pas forcémentbaisser les prix». Ce qu’il n’a pas dit, c’est que l’Etat français va devoircesser de subventionner le secteur du nucléaire (en particulier dans la recherche, le réseau de distribution et la gestion des déchets) et quecela va avoir de sérieuses répercutions sur le coût de l’électriciténucléaire : ce n’est pas un hasard si toutes les compagnies d’électricitédu monde qui ne sont pas subventionnées ont déjà arrêté depuis longtemps d’investir dans le nucléaire.

Le prix de l’électricité ne baissera pas

Nucléaire

Nouveaux tramways desTransports publics genevois.

DR

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ThermiquecontrenucléaireSi le Danemark a pu se passer dunucléaire en le refusant dès1979, c’est parce qu’il a préféré,avant les énergies renouvelables,développer les centrales ther-miques au gaz et au charbon. Cescentrales thermiques assurentencore aujourd’hui 58% de laproduction d’électricité.L’Allemagne a construit 38 réac-teurs nucléaires, mais a aussicontinué à développer des cen-trales thermiques gaz ou charbon.Alors qu’aujourd’hui la fermeturedes centrales nucléaires s’y faitparallèlement à la montée enpuissance des énergies renouve-lables (toits solaires et fermeséoliennes), les centrales ther-miques fournissent encore 52%de l’électricité. En France, lesscénarios de sortie du nucléairen’envisagent généralement pas lerecours au thermique commesolution transitoire pour accélé-rer la fermeture des réacteurs. Leprincipal argument avancé dans

la mouvance écolo tourne autourdes émissions de gaz par les cen-trales thermiques. C’est oublierun peu vite que l’essentiel des gazà effet de serre provient destransports, du chauffage et del’industrie. En effet, remplacertous nos réacteurs nucléaires pardes centrales gaz augmenteraitun peu nos émissions de gaz…mais cela peut nous éviterd’autres émissions beaucoup plusdangereuses et irréversibles : unnuage radioactif de typeTchernobyl. Un scénario rapidede sortie du nucléaire pourraitconsister à remettre en route lescentrales thermiques qui tournentactuellement au ralenti en France(près d’une trentaine), à lancerun vaste plan d’économies d’éner-gie, puis à lancer un plan de déve-loppement des énergies renouve-lables pour fermer les centralesthermiques. En faisant les chosesdans cet ordre-là, il devient pos-sible de fermer les réacteursnucléaires en quelques années et non en 15 à 30 ans comme onl’entend dans les débats antinu-cléaires. Pour en savoir plus :Stop-Nogent, 81, rue du Temple, 75003 Paris, tél : 01 45 83 85 50.

B O R D E A U X

CanularradioactifUne lettre à l’en-tête d’EDF a étédistribuée dans les boîtes auxlettres dans le quartier de la gareSaint-Jean à Bordeaux, dans lanuit du 10 au 11 mai, annonçantque les personnes se trouvant àproximité des rails le lundi vers18 h avaient reçu une faible dosede radioactivité du fait du passa-ge d’un convoi de déchets radio-actifs. Le tract incitait à appelerle service de médecine radiolo-gique d’EDF… en fait un télé-phone d’EDF à Paris. EDF aindiqué qu’elle avait reçu unecentaine de coups de fil et qu’elleportait plainte, ne pouvant éviterde faire le lien avec le passage dutour de France du Réseau Sortirdu nucléaire précisément à lagare Saint-Jean ce jour-là.

SAINT-LAURENTDES EAUX

Rejet radioactifLors d’une opération de mainte-nance, le 12 mai, un nuage radio-

actif s’est échappé de la centrale

nucléaire de Saint-Laurent-des-Eaux. Selon la direction de la centrale, le nuage est «sansconséquence pour l’environne-ment «le rejet étant 200 fois infé-rieur à la limite annuelle». Or lessyndicats de la centrale rappel-lent que les autorisations derejets sont de 41 106 milliards de becquerels… ce qui divisé par200 donne un relâchement de200 milliards de becquerels !Autre information de source syn-dicale : cette fuite s’est produitelors d’un test cherchant à com-prendre pourquoi les barres decontrôle dans le cœur du réacteursont restées bloquées à plusieursreprises lors de tests. Il est impé-ratif que ces barres tombent trèsrapidement car ce sont elles quipeuvent bloquer la réactionnucléaire en cas de début d’emballement du cœur.

C A T T E N O M

Arrêt d’urgenceLe 16 mai, le réacteur numéro 2de la centrale nucléaire deCattenom (Moselle) a été arrêtéen urgence suite à un incendie àl’extérieur du bâtiment réacteur.EDF a lancé un plan d’urgence.L’incendie a été maîtrisé au boutde deux heures. Le Réseau Sortirdu nucléaire a rendu public àcette occasion un document desautorités de sûreté qui rappelleque toutes les centralesnucléaires sont actuellementhors-normes dans le domaine del’énergie et que les travaux demises en conformité s’étalent jus-qu’en 2006. Le Réseau a égale-ment rappelé que plus les cen-trales vieillissent et plus elles sontfragiles, donc plus le risque d’ac-cident augmente.

SILENCE N°314 Septembre 2004 26

Nucléaire

Francesa Rèines

B U R E

n Calendrier impossible. Selon la loi Bataille, l’Assemblée nationaledoit statuer sur le choix d’un site d’enfouissement pour les déchetsradioactifs avant 2006. Par ailleurs, le procédé scientifique de valida-tion concernant l’étanchéité des couches géologiques de Bure nécessitetrois années d’études… Autant dire qu’il aurait fallu que le «laboratoi-re» soit en place avant la fin 2003 pour que les études soient dispo-nibles à temps. Or le chantier n’est toujours pas fini actuellement et iln’est même pas sûr d’être fini avant début 2005. Va-t-on accepter queles députés décident en n’ayant pas les résultats scientifiques ?n Référendum ? Jean-Luc Bouzon, conseiller général communiste,n’accepte pas que subrepticement le «laboratoire» se transforme en«décharge» sans aucune consultation publique. Il demande au conseilgénéral de Haute-Marne d’organiser un référendum pour que la popula-tion se prononce sur ce stockage. n Indépendance du CNRS. Les études géologiques produites actuelle-ment sur le site de Bure sont-elles valables ? André Mourot, géologue à la retraite, qui met en doute la valeur du travail du CNRS, a décou-vert que le laboratoire qui a la charge des études est financé à 50 %… par l’ANDRA, le propriétaire du site ! n Subventions départementales. Chaque année, l’ANDRA s’assure dusilence des élus en subventionnant largement les conseils généraux deHaute-Marne et de la Meuse : 9 millions d’euros par départementchaque année. Interrogés sur l’usage de cet argent, les élus ont répondulors d’une réunion de la commission locale d’information qu’il servait àfaire des routes… Sans doute pour que les futurs convois de déchetspuissent venir sans difficulté déposer leurs merdes.

«Ecrits du péril ultime» installation de Francesa Rèines (2004)

C H A M P A G N E

Déchets faiblementradioactifs98 % des déchets faiblementradioactifs français sont actuelle-ment stockés dans le départe-ment de l’Aube, àSoulaines depuis1992 et depuis fin 2003 à

Morvilliers.Les fûts sont

entassés dansdes tranchées puis

ensevelis sous dubéton. Cela nécessite tellementde béton qu’une usine de béton aété construite directement sur lesite de Soulaines. Ces sitesdevraient se multiplier avec ledémantèlement des centralesnucléaires. Il y a peu d’opposi-tion à cette méthode car en casde problème, il est relativementfacile d’accéder aux sources duproblème contrairement à l’en-fouissement en profondeur irré-versible prévu pour les déchetsfortement radioactifs.

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Septembre 2004 SILENCE N°314 27

C’est un camp de réfugiés à l’écart de toutes les habitations. Ils arriventon ne sait d’où. Dans un grand terrain

vague entouré de broussailles, encombré decaisses, de seaux, de gamelles, des adulteserrent sans but apparent. Des enfants dedeux ans à peine se traînent à demi nus surl’herbe desséchée.

Une longue file d’attente s’est formée,sans doute pour un peu de nourriture,distribuée chichement à ceux qui par-viennent jusqu’aux bénévoles qui la par-tagent. On entend une sorte de mélopéesyncopée, des onomatopées sans aucunsens apparent mais qui expriment peut-être le désespoir de ceux qui sont arrivéslà. Cela rappelle les chants des esclavesnoirs. Quelques uns se roulent par terre,se contorsionnant en mêlant leursmembres, spectacle poignant.

Sous le climat réputé humide de larégion, ils n’ont pour s’abriter jour et nuitque de minces toiles tendues. Pour sechauffer, ils n’ont qu’un seul minusculebrasero où brûlent quelques planchettesqu’ils arrachent à des cageots

Il n’y a même pas d’eau potable, ilsdoivent aller loin pour en trouver.

Qu’ont-ils du fuir, ces malheureux,pour accepter de telles conditions de vie ?

(version n°1 concoctée à la demanded’un participant. Il s’agit de la rencontrede Brocéliande, dois-je préciser ?…Maispour ceux qui n’apprécient pas cette sortehumour, d’autres versions vont suivre…)

Version N°2Brocéliande, terre de légendes, enchan-

tement garanti par Merlin fondateur duclub, la fée Viviane et la nouvelle féeFleur de la Lune.

Rencontre en lisière de la forêt et de la poésie…

Il pousse ici de la musique dans tousles coins. Un accordéon, un violon et uneflûte traversière se trouvent (se retrou-vent ? on ne sait pas s’ils ont déjà jouéensemble où s’ils improvisent avectalent). Leur rythme fait aussitôt surgirdeux elfes ondoyantes et improbables. Unpeu plus loin, d’autres instruments, auxsons étranges, font voyager l’oreille versdes contrées lointaines. Les chœurs – lescœurs – scandent des blues et c’est beau.Musique à toute heure, la guitare de notreami du Nord accompagne les éplucheursde service en cuisine. Jacques Brel, cour-gettes et carottes.

Car il y a des travaux à effectuer, maisça se fait avec bonne humeur, même lescharrois d’eau en brouette pour la rame-ner de la source et, quelle source ! On ladit miraculeuse, Brocéliande oblige.

Les petits enfants, bouclés comme desamours sculptés, montrent leurs fessesdodues avec une innocence de paradisperdus. Images de liberté totale comme sil’on avait effacé les contraintes. Lesadultes débattent en petits groupes sansquerelles.

Les repas sont simples, et bons, etbios. Le pain est en grande partie fait surplace par Thierry, boulanger itinérant.Cela n’existe pas, un boulanger itinérant.Sauf ici, où tout est magique. Alors il esttrès jeune et porte de longues tuniques lerendant plus incroyable encore. Son painest fameux et l’odeur ajoute à l’ambiance.Hum ! On attend patiemment pour êtreservi. Le stress ? Qu’est-ce que c’est, lestress ? Oublié en quelques jours…

N°3 : version réaliste :Plus de 200 participants, c’est très

lourd à gérer, une telle rencontre. Cela anécessité un gros travail d’organisation etbeaucoup de bénévoles émérites pourtout monter sur le terrain en quelquesjours, le grand chapiteau, les stands, lacuisine rudimentaire mais astucieuse-ment agencée et, surtout, les douchessolaires et les toilettes sèches bienconstruites et… décorées ! Poubellessélectives dans tous les secteurs.

Ils sont vraiment extraordinaires,ceux qui ont réalisé cet exploit, autour deFlorence et Alexis. Et, après, il fallaitdémonter, ranger et nettoyer et l’on peutse demander si les fées locales ont vrai-ment aidé…

Ce séjour était-il, pour les partici-pants, une brève parenthèse dans une viepeut-être difficile ? Ou bien peut-on voirlà les prémisses de ce que serait une socié-té après une décroissance bien ordonnée ?

Madeleine Nutchey n

Xavier Sérédine

Rencontre 2004 à Brocéliande ... ... façons de voir

Un camp de réfugiés, une terre de légendes ou une brève parenthèse estivale pour

plus de 200 participants ?

Xavier Sérédine

Les ami-e-s de S!lence

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C O M M E R C EÉ Q U I T A B L E

Vent de révolte contre les marchands du templeL’association Minga, créée en1999, regroupe des personnesphysiques et des structures —une cinquantaine — qui partici-pent à la construction et au déve-loppement d’actions économiquesintégrant l’exigence d’équité éco-nomique et sociale tout au longdes filières, dans un fonctionne-ment démocratique. Dans tous

les secteurs d’activités, le collec-tif propose la professionnalisa-tion, le refus de la précarité parla création d’emplois et de riches-se partagée. L’un des soucis de ceréseau est le souci de la qualitédes produits et des services pro-posés dans le cadre de circuitscourts et de proximité, ceci enrespectant le renouvellement desressources naturelles. Les activi-tés doivent se faire dans la trans-parence totale et la liberté dansles relations économiques, le res-pect mutuel entre tous les parte-naires des filières, faisant de ladiversité une richesse collective.Dans un communiqué publié le 11mai, ce collectif dénonce la dérivede la «quinzaine équitable» rédui-te «à une bonne cause envers lespopulations les plus fragilisées, àgrand renfort de publicité, miseen place par les entreprises de lagrande distribution ou quelquesassociations telle la marque pri-vée Max Havelaar, financée pardes subventions publiques et lesroyalties sur les ventes». Ces mul-tinationales «tentent une nouvellefois d’abuser les citoyens en fai-sant croire que la charité ou leseul commerce international vontcompenser les dégâts du sacro-saint libre-échange et résoudreles problèmes de pauvreté dans lemonde. Ce que cherchent ces mul-tinationales, ce sont de nouvellesparts de marché, c’est renforcerleur monopole économique etpolitique et perpétuer ainsi uneéconomie productiviste et consu-mériste qui n’engendre que laprécarité, la pauvreté, la faim etla guerre». Le collectif entend ini-tier «une véritable démarched’équité qui consiste à remettreen question nos actes en tant quetravailleurs/consommateurs». Minga, 6, rue Arnold-Géraux, 93450

Ile-Saint-Denis, tél : 01 48 09 92 53.

Commerceéquitable et écologieLe commerce équitable n’exis-te pas. La coordinations desassociations de consommateursqui fédère huit des plus grossesassociations a publié un texte

dénonçant les limites du commer-ce équitable : «Le commerceéquitable doit l’être sur toute lachaîne. Actuellement, il n’existepas de filière équitable. Seuls lesproducteurs sont concernés, maispas les transporteurs ni les distri-buteurs». (60 millions de consom-mateurs, juin 2004)

Syfia, unautre regardsur les paysdu SudSyfia international constitue unréseau d’agences de presse fran-cophones indépendantes, qui pro-duisent et diffusent des informa-tions sur des pays du Sud, en par-ticulier du continent africain.Avec la particularité que celles-cisont émises par des journalisteslocaux, et donnent la parole auxfemmes et aux hommes qui viventla réalité de ces pays.L’immense majorité des informa-tions sur les pays du Sud dans lesmédias occidentaux proviennentdes journalistes occidentaux, sou-vent envoyés spéciaux, dépêchéspour couvrir un événement.

Lequel est le plus souvent unecatastrophe. Abreuvé de conflitset de disettes, le public des paysriches ignore à peu près tout desréalités quotidiennes, de la vieculturelle et du développementdes pays du Sud. Quant à savoirquel regard portent leurs habi-tants sur les grandes questionsd’actualité, c’est pratiquementimpossible, à moins de consulterles presses locales. Comment,dans ces conditions, se faire uneidée juste des enjeux Nord-Sud àl’heure de la mondialisation ? Le lancement de Syfia en 1988au sein de l’agence Periscoop estparti du constat de cet ethnocen-trisme flagrant des médias occi-dentaux. Produire et diffuser desinformations de terrain, qui por-tent un autre regard sur les paysdu Sud, en est restée la vocation.Fonctionnant en association, leréseau est soutenu par l’Agenceintergouvernementale de la fran-cophonie (AIF), sur des fondsprincipalement français, maisaussi suisses, canadiens et belges. Marie-Agnès Leplaideur est res-ponsable de l’Agence françaiseIciLàBas Média, une scop, Sociétécoopérative ouvrière de production, qui a succédé à Periscoop. Basée à Montpellier,elle assure la coordination

SILENCE N°314 Septembre 2004 28

B O T S W A N A

Soutien de poids aux Bushmen

n Depuis maintenant trois ans, l’association Survival se batpour sauver les Bushmen menacés par les prospections de diamants(voir notre quatrième de couverture de juin). Une vaste campagne pourla reconnaissance des droits de ce peuple est en cours et le 7 mai der-nier, Iman, top-modèle qui assure la promotion des produits de la socié-té De Beers a annoncé qu’elle avait décidé de rompre son contrat.Interviewé sur Radio Times, elle a indiqué : «Il est évident qu’on a vouludétruire les Bushmen. Vous arrachez des gens à leur élément et cela setermine avec le sida, les drogues et l’alcoolisme en guise de progrès».La société De Beers est la plus grosse société de diamant dans lemonde, la principale dans le sud de l’Afrique. Survival, 45, rue duFaubourg-du-Temple, 75010 Paris, tél : 01 42 41 47 62.

n Une délégation de députés britanniques a participé à une visite auBotswana organisée et financée par le gouvernement botswanais. LesBushmen, expulsés de leur terre ancestrale et dont la situation devraitêtre examinée, ont dénoncé cette visite comme une opération «contrôléepar le gouvernement». La plupart des députés n’ont passé que quelquesheures à discuter avec les Bushmen dans l’un des camps de relocalisa-tion et la majorité de leurs interlocuteurs avaient été désignés par legouvernement. D’autres Bushmen ont tenté de leur dire qu’ils voulaient

retourner sur leur terre ances-trale mais ils n’ont pu s’adres-ser aux députés. Ces derniersn’ont même pas essayé de ren-contrer quelques-uns des cen-taines de Bushmen qui sontretournés sur leurs terres dansla réserve du Kalahari. Pourplus d’informations : www.survival-

international.org

B R É S I L

Flambée de violencesLula, comme ses prédéces-

seurs, n’a pas réussi à tenirses promesses sur les redistribu-tion de terres. Les conflits semultiplient entre les sans-terred’un côté, les Indiens au milieu et les prospecteurs miniers del’autre. Début avril, des affrontementsentre Indiens d’Amazonie etprospecteurs de diamants ontfait au moins trois morts parmices derniers. Une marche réunis-sant plusieurs centaines de repré-sentants des communautésindiennes a ralliée la capitaleBrasilia le 19 avril. La marchedemande au gouvernement defaire respecter les limites desréserves indiennes, d’empêcherles enlèvements de jeunes fillespoussées à la prostitution dansles villes minières, d’empêcher lesemprises des colons sans-terre àl’intérieur des territoires indiens.(Survival international)

Nord/SudDR

D.R

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rédactionnelle et administrative duréseau, avec quatre autres femmes. Syfia regroupe maintenant neufagences de presse et soixante-douze correspondants dans 35pays, la plupart africains. La progression du projet a étéfavorisée par la formation dejournalistes du Sud. Syfia a à cejour formé 150 journalistes, surdes thèmes tels le développementrural ou sur des techniquescomme la méthodologie d’enquêteou le reportage de terrain. A leurtour, les journalistes Syfia for-ment des rédactions locales. Alors que pour le moment 90 %des journalistes sont des hommes,Syfia essaie d’ouvrir la professionaux femmes. De nombreuxarticles circulent entre pays duSud. Par contre, peu trouvent pre-neur dans les grands médias occi-dentaux qui n’ont aucun intérêt àparler des choses qui fâchent !

Pour ceux qui n’ont pas accès à la presse écrite, Syfia produitun programme de radio mensuelFréquence Verte, qui concernel’Afrique, est produit par lebureau de Syfia à Cotonou(Bénin), et diffusé auprès d’unecentaine de radios sur le conti-nent. Elle traite des thèmes quiconcernent le quotidien deshommes et des femmes enAfrique : techniques agricoles,environnement, santé, éducation,planning familial, rôle desfemmes, enfants, traditionsorales, déforestation, etc. Laparole est donnée en priorité aux acteurs eux-mêmes.

Marie-Agnès Leplaideur, IciLàBasmedia, Syfia international, 20, rue du Carré-du-Roi, 34000 Montpellier, tél : 04 67 52 98 12.

FMI : révoltedu SudLe Fonds monétaires internatio-nal doit faire face à une frondesans précédent des pays du Sud.Le Brésil et l’Argentine ontdemandé que les plans de rem-boursement des dettes ne puissentpas se faire au détriment desbudgets sociaux. Les pays afri-cains revendiquent plus de placeau sein du conseil d’administra-tion (les 44 pays d’Afrique nedisposent actuellement que dedeux administrateurs et de 4,4%des votes). L’Europe et les Etats-Unis font la sourde oreille.

L’Europeplumel’AfriqueEn Europe, la filière volaille estparticulièrement représentatived’un mode de production intensifet non respectueux de l’environ-nement et de la santé humaine.C’est pourquoi Agir ici, le CCFD(Comité catholique contre la faimet pour le développement), leCSFI (Comité français pour lasolidarité internationale) et leGRET (Groupe de recherches etd’échanges technologiques) lan-cent une campagne dénonçantl’impact des importations de pou-lets congelés en Afrique del’ouest, en lien avec SOS Faim etle GRESEA en Belgique, leSAILD (Service d’appui aux ini-tiatives de développement rural)au Cameroun, et le bureaud’Oxfam en Afrique de l’ouest.Contact : Agir ici, 104, rue Oberkampf, 75011 Paris, tél. : 01 56 98 24 40, fax : 01 56 98 24 09, site : www.agirici.org

Paris-Dakar :fine stratégieA chaque fois que se pointe descollectifs contre le Paris-Dakar, lesorganisateurs anticipent en dépla-çant le départ. Comme cetteannée, cela mobilise dans le sud dela France, l’édition 2005 partira le1er janvier… de Barcelone. Il y aquelques années, les Catalanss’étant montrés agités, le tracépassait… par le port de Marseille,pour éviter l’Espagne.

M A N C H ECafé solidaireLe Café solidaire a ouvert àCoutances en septembre 2003. Il est animé par l’associationAlternatives solidaires, associationnée dans la foulée du mouvementsocial du printemps 2003. On y trou-ve bien sûr des produits issus ducommerce équitable, mais aussi dessoirées-débats, des expos, descontacts avec les producteurslocaux… Le café solidaire, 32, rueGeoffroy-de-Montbray, 50200 Coutances.

B O R D E A U X

Equi-TableLes restaurant Equi-Table propo-se de la cuisine traditionnelle àpartir de produits issus du com-merce équitable et de l’économiesolidaire. Les produits sont enpartie bio. Equi-Table, 41, rue desBahutiers, 33000 Bordeaux, tél :05 57 85 99 53.

SILENCE N°314 Septembre 2004 29

P A R I S - D A K A R

Lettre ouverte aux passionnésde sports mécaniquesS’il y a une personne qui aimait le Dakar, c’est bien moi. Ancien moto-cycliste, passionné de vitesse et de sports mécaniques, construisant moi-même mes motos, mes 4x4, j’ai parcouru les causses du Massif central,le Maroc et l’Algérie. Pourtant, ce premier jour de l’an 2004, je mar-chais dans la neige du Mont Seigne, près de Saint-Léons, et le plaisir et le réel bonheur de voir de ce point culminant, dans le calme, la région enneigée m’ont fait oublier jusqu’au fait que le Dakar devait passer à Millau. Que s’est-il passé ?Quinze ans ! Quinze ans durant lesquels j’ai réalisé que certaines tracesque j’avais faites avec mon 4x4 sont encore visibles vingt ans après.Quinze ans pour me souvenir que certains participants à ces rallyesm’avaient avoué avoir «bousculé» quelques femmes, enfants et bourri-cots sur les pistes africaines. Mais surtout, j’ai pris conscience qu’uneminorité d’entre nous était en train, en quelques générations, d’épuiserles ressources de la planète et, plus grave encore, de la polluer d’unetelle manière qu’elle ne sera rapidement plus habitable pour l’Homme.Alors, j’ai changé, non sans mal, de centre d’intérêt et je rêve aujour-d’hui d’une société où les villes ne seraient plus envahies que par desvélos et des piétons, où il n’y aurait plus d’avions bruyants et polluants,et où les véhicules se déplaceraient lentement, sans bruit et sans risque(60 millions de personnes ont trouvé la mort dans le monde depuis l’in-vention de l’automobile).Messieurs les passionnés de sports mécaniques, il existe d’autres loisirsbeaucoup moins destructeurs vers lesquels il est aujourd’hui nécessaireet vital de se tourner. D’autres «combats» sont largement plus impor-tants à mener que celui qui secoue actuellement notre ville. J’ai changé,ils changeront.

Serge SenilMillau, Aveyron.

Nord/SudDR

contact : MJC Jean Moulin04 75 43 40 15

mjc-bourg-les-valence.org

Parfum de terre7e foire biologique et artisanale :

le commerce équitable

26 septembre 2004à Bourg -lès -Valence

(Drôme)sur la berge du Rhône

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Septembre 2004 SILENCE N°314 30

Note introductive

Les éléments présentés ici sont deshypothèses de travail qui ne s’ap-puient pas seulement sur un dis-

cours savant répondant aux normes desproductions issues de l’institution scienti-fique. Le but recherché ici est d’essayer decomprendre ce qui se joue dans la sociétéet ce qui émerge de neuf et qui par consé-quent ne peut pas entièrement être rame-né aux catégories héritées. Le postulatsous-jacent est que les catégories héritées,qui sont des constructions sociales, sontdestinées à être déconstruites par la socié-té elle-même si elle veut arriver à surmon-ter les problèmes nouveaux qui se posent àelle.

Le concept de décroissance sembleposer des questions

nouvelles :– l’économie actuelle, classique et ou

hétérodoxe, s’appuie aujourd’hui en géné-ral sur une vision étroite de la richesse : lacroissance des forces productives et de laproductivité. Politiquement, cela signifieque l’industrie et l’économie ont pris tropde place dans le discourspublic relatif aux finalitésde la collectivité. Celaremet du même coup encause la prééminence durôle et de l’utilité socialedes acteurs principaux dece secteur social (écono-mistes, travailleurs etcapitalistes) par rapportaux autres rôles sociaux(activités domestiques, « lien social », bénévolat,activités associatives, etc.).Ceci cause probablementla plus grande partie deleur agacement et de leurrésistance à ce type de cri-tique. Les nouvelles défi-nitions de la richesse sont en effet desmanières de reconnaître qu’il existed’autres sources de richesse et de biencommun et qu’elles doivent être prises en

compte. Le fait que Smith, Marx etd’autres aient défini la richesse de maniè-re très large en leur temps n’invalide pasle fait qu’aujourd’hui cette définition esten pratique largement confisquée par lesecteur industriel et économique. Les par-tisans de la décroissance prennent àcontre-pied la course à la productivité etcela en mettant en placedes pratiques nouvellesqui correspondent àune nouvelle vision dubonheur et de l’épa-nouissement (« la sim-plicité volontaire » etc.)dont l’ancrage majeursemble être la volontéde protéger la planète etses habitants des consé-quences destructricesde la gabegie producti-viste. Le tiers-monde neconnaîtra jamais unmode de vie compa-rable au nôtre car celan’est écologiquementpas possible. Notremode de vie lui-mêmeest agonisant et disparaîtra prochaine-ment à travers diverses crises. La consom-mation croissante n’est pas de la richessemais de l’endettement (financier et écolo-gique) ou de l’échange inégal avec le tiers-

monde (idem). L’ argu-ment suprême de la dé-croissance est celui-ci : larichesse actuelle n’est pasdurable. Elle est illusoirecar largement fondée surde l’endettement et sur lefétichisme de l’argent. Sil’on veut que les souf-frances du tiers mondesoient soulagées, c’est enréduisant la consomma-tion ici que l’on s’y pren-dra le mieux ;

– les partisans de ladécroissance affirmentque les grands outilssociotechniques sont de-venus contre-productifs,

autrement dit que la production croissan-te de moyens permet de moins en moinsd’atteindre les fins. Par exemple, laconsommation croissante de médica-

ments n’améliore pas la santé mais créedes marchés sur les maladies causées parl’industrie elle-même. La multiplicationdes voitures produit l’encombrement et laperte de temps. Les idées d’économie dematière (une « économie économe »), defacteur 4 ou de dématérialisation semblentinsuffisantes pour différentes raisons :

1/ ces promessesont déjà été faites et ontété trahies (ex de l’ordi-nateur et du papier)

2/ « l’effet rebond »c’est-à-dire que la ré-duction de l’impact éco-logique unitaire desproduits est compensépar l’augmentation desunités en service ou parleur usure accélérée

3/ ce sont desvisions techniques etpartielles qui ne tou-chent pas le cœur poli-tique du problème quiest le productivisme;l’idée que l’économien’est plus au centre des

activités concourant au bien communimplique que le travail productif n’estplus l’élément fondateur du lien social.Aujourd’hui la plupart des droits sont liésà l’exercice d’une activité productive,l’idée défendue par les partisans de ladécroissance est que les droits doiventplutôt être ancrés dans la citoyenneté oula communauté : écovillages, autonomie

Décroissance

Eléments pour une problématique majeure de notre temps

Croissance / décroissance

Les nouvelles définitions de larichesse sont eneffet des manièresde reconnaître qu’ilexiste d’autressources de richesseet de bien communet qu’elles doiventêtre prises en compte.

La consomma-tion croissantede médicamentsn’améliore pas la santé maiscrée des marchéssur les maladies causées par l’industrie elle-même.

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locale et relocalisation des activités et enparticulier l’économie. La délocalisationdes activités serait fondée sur la citoyen-neté et la communauté et pas sur l’écono-mie ni sur le salariat. Dans cette perspec-tive, les acteurs ne se perçoivent pas dansune logique d’expansion ou de croissancemais d’homéostasie et d’équilibre. Ce quiles intéresse, ce n’est pas d’améliorer leurniveau de vie mais de trouver un équilibreavec la nature, leurs voisins et les autresêtres vivants (ce que l’économiste appelle« durabilité forte »). Le décroisseur estune aberration économique puisqu’ilrefuse d’accroître sa consommation. Celainvalide l’idée classique de marchandisa-tion comme idéal des relations humainesmais aussi celle d’autogestion des entre-prises comme projet social : autogérée oupas, ni l’entreprise ni l’économie ne peu-vent être le lieu du gouvernement dessociétés humaines. C’est alors toute laphilosophie politique classique quirevient en force : question de la nation etdu territoire, de l’autorité, de la construc-tion d’un bien commun, etc. Cela modifiela compréhension de la nature de la com-pétitivité internationale qui peut appa-raître comme un instrument idéologiquedestiné à maintenir les populations enétat d’urgence et de mobilisation générale ;il y a donc une discussion sous-jacentesur la nature de la démocratie et sur laconstruction et l’équilibre des pouvoirs.Respecter les conditions de débat démo-cratique au sein des macro-systèmes tech-niques (nucléaire, transports, etc.) suppo-serait que l’instance de décision suprêmesoit le territoire et ses citoyens, ce quisignifie par exemple que les médiationspatronat-syndicats en la matière sontinsuffisantes car corporatistes : ellesdemeurent à l’intérieur de la sphère deproduction et tendent à générer la défensed’intérêts communs — en particulier lacroissance de la production et de laconsommation. Les partisans les plusradicaux de la décroissance préconisentainsi une nouvelle abolition des corpora-tions : ni nationalisation ni privatisationmais démantèlement pur et simple desgrands outils sociotechniques (EDF, etc.)qui sont devenus incontrôlables etcontreproductifs — sans que cela bien sûrne conduise à un néolibéralisme forcenécar les décroisseurs ne sont pas desconsommateurs et n’achèteront rien quine vienne du « marché global », parconséquent celui-ci ne pourra pluss’étendre. L’idée sous-jacente est qu’uneremise en cause radicale du capitalismene peut passer que par la remise en cause du capitalisme en général et passeulement le capitalisme de marché.

Autrement dit le capitalisme d’Etat n’estpas non plus la solution. L’urgence est destopper le productivisme, qui peut êtrecompris comme synonyme « d’esprit decroissance » : le productiviste est celui quivoit le monde comme un ensemble de

moyens inertes dont la productivité seraità optimiser. Le décroisseur voit le mondecomme un ensemble finement interreliéd’équilibres vivants à respecter en soi,dont l’être humain fait partie, faute dequoi la situation se détériore rapidement.

Septembre 2004 SILENCE N°314 31

Mahlen

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Les orientations politiques desdécroisseurs sont donc fondées surune éthique radicalement différentede celle qui anime l’industrie etl’économie. La nature joue un rôlemajeur dans l’organisation de la viecommune. Elle ne peut plus êtrepensée comme étant une ressourced’un côté et un environnement del’autre : ces définitions sont issuesde la vision économique du monde,qui ne perçoit la nature sauvage quecomme un stock extérieur à un sys-tème humain doté de lois naturellespropres et distinctes. La décroissan-ce demande de penser la coexisten-ce des êtres humains au sein de pro-cessus naturels qui traversent tousles systèmes humains et dont la sta-bilité en dépend. L’éthique quistructure les liens d’un être humainau reste du monde ne peut plus êtrelimitée aux seuls êtres humains. Les éco-systèmes et les autres êtres vivants fontpartie de notre monde et leur placedépend d’une politique de la nature quine peut se résumer à l’ex-ploitation de stocks et audéversement d’orduresdans l’environnement. Laréinscription ou non de lanature sauvage au seindes systèmes humains estune question politiquecruciale car pour lesdécroisseurs la volontéd’expurger les systèmeshumains de toute naturesauvage est au cœur duprogramme industriel, desa volonté de sérialisationet homogénéisation tota-le, transformant le mondeen un grand mécanismeduquel toute vie et touteinnovation serait bannie.La nature sauvage au con-traire est la voiequi permet de réintroduire la vie, l’indivi-dualité de l’être humain, son authenticitéet sa singularité (cf. plus haut), en cohé-rence avec la tendance ultra fédéraliste etdécentralisatrice. Enfin la plupart des

courants sympathisants envers l’idée dedécroissance sont préparés à des situa-tions de type catastrophique. L’urgence etles souffrances invoquées par « le monde

du travail », toutes gravesqu’elles soient, semblentassez faibles par rapportaux crises qu’une poursui-te de la croissance engen-drera. A leurs yeux, il nefait pas beaucoup de doutequ’une poursuite de lacroissance et de la logiqueproductiviste conduira tôtou tard une partie de l’hu-manité à considérer l’autrecomme « surnuméraire ».La seule solution est d’agirici et maintenant, dans lespays riches, pour s’échap-per de ce système quicontraint, exploite dans letravail d’un côté etcontraint à consommer de

l’autre, un système devenu autophage.Quoique pacifistes, les écologistes sontplus radicaux dans le prix qu’ils sontprêts à payer pour un changement pro-fond des sociétés. Aucun acteur bien inté-gré dans le système industriel n’envisage

sérieusement sa stratégie avec lapossibilité de voir son niveau de viematériel divisé par deux ou trois.

« Faut-il décroître? Oui, mais pasn’importe quand, ni n’importe où » ditJean-Marie Harribey. C’est effective-ment à partir de là que commencentles problèmes. Mais c’est aussi làque naissent des divergences pro-prement politiques, au sens nobledu terme. Le succès du débat crois-sance/décroissance ne doit rien auhasard. Le débat correspond à unemodification structurelle profondedes catégories et institutions socié-tales dans une perspective globale,processus conflictuel mais aussifécond de solutions et de configura-tions inédites. Qu’il y ait des diver-gences est donc peu surprenant. Ilreste à approfondir le débat et à l’ai-der afin qu’il soit constructif.

Il ne fait aucun doute pour aucun desacteurs qui se sont saisis du débat que « croissance /décroissance » est un débatmal posé. Il est mal posé parce qu’il resteancré dans les catégories anciennes qu’ilscritiquent et rejettent. Ce sont pourtantles catégories publiques les mieux appro-priées aujourd’hui pour ouvrir un débatcrucial d’une manière compréhensible parle grand public. Le caractère hautementpassionné du débat et son succès mon-trent bien qu’il existe un enjeu très fortqui n’arrive pas à se dire autrement pourl’instant mais qui cherche à inventer pourparvenir à générer des catégories nou-velles, des catégories qui évitent lespièges de « croissance » et de « décrois-sance » mais aussi les pièges du conceptde « développement », qu’il soit durable,humain, social ou autre, s’il veutreprendre l’interminable litanie des quali-ficatifs qui ont tenté d’infléchir ce qui estde fait resté principalement de l’ordre dela croissance des moyens de production.

Fabrice Flipo n

Septembre 2004 SILENCE N°314 32

La nature joueun rôle majeurdans l’organisa-tion de la viecommune. Ellene peut plus êtrepensée commeétant une res-source d’un côtéet un environne-ment de l’autre.

Décroissance

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Cherchez oùest l’avenirEntre 1980 et 2000, le coût dukWh nucléaire a été en haussepartout dans le monde pour diffé-rentes raisons : amélioration desmesures de sécurité suite à l’acci-dent de Tchernobyl, réévaluationdes coûts de gestion des déchets,réévaluation des coûts de déman-tèlement des réacteurs.Entre 1980 et 2000, le coût dukWh éolien a été divisé par 8.

E T A T S - U N I S

John Kerry :vers ladécroissance ?John Kerry, le candidat démocratea annoncé qu’il mettrait en placeun vaste plan de développement desénergies alternatives pour sortir dela dépendance vis-à-vis du pétrole.Pour cela, il propose une augmen-tation des taxes fiscales sur laconsommation d’énergie afin definancer le développement des éner-gies renouvelables et surtout il s’en-gage à lancer un plan d’économiesd’énergie de 20 % d’ici 2020 danstoutes les structures gouvernemen-tales. (Politis, 11 mars 2004)

SAN-FRANCISCO

Usine marémotriceDevant les risques de pénuried’électricité et la nécessité deréduire les gaz à effet de serre, laville de San Francisco (USA) étu-die actuellement la possibilitéd’installer une usine marémotricesous le célèbre pont du GoldenGate. A cet endroit, la maréepénètre dans un golfe de plu-sieurs dizaines de kilomètres de

long alors que la largeur du sitene fait que 1500 m provoquantune forte compression. L’usinepourrait atteindre 1500 MW et produire à peu près ce queconsomme actuellement la ville(CLER-Infos, mars 2004)

E U R O P E

EfficacitéénergétiqueL’efficacité énergétique mesure laquantité d’énergie qu’il faut pourproduire quelque chose. Plus ellebaisse, moins il faut d’énergie.Selon les statistiques euro-péennes, entre 1990 et 2001 (surdouze ans), l’efficacité énergé-tique a progressé de 18 % dansl’industrie, 6 % dans les trans-ports, 5 % dans l’habitat. Ceci nesignifie pourtant pas que laconsommation d’énergie baisse.Si une voiture consomme 6 % demoins mais qu’il y a plus de voi-tures qui circulent, le résultat estune hausse de la consommation…ce qui est le cas dans tous lespays d’Europe sauf au Danemarket en Allemagne, pays en pointedans le domaine de la maîtrise del’énergie. (Ademe, janvier 2004)

Objectifs non atteintsLes projections de la commissioneuropéenne dans le domaine desénergies renouvelables d’ici 2010montrent que les objectifs fixésen 2001 ne seront sans doute pasatteints. Alors que les objectifsétaient de 22 % de l’électricité et12 % de l’énergie, une étudepubliée fin mai estime que l’on ensera seulement respectivement à

18-19 % et 10 %. Le 26 mai, lacommissaire européenne chargéede l’Energie, Loyola de Palacio asalué les «efforts magnifiques» del’Espagne, de l’Allemagne, duDanemark et de la Finlande quisont en passe d’atteindre leursobjectifs nationaux notamment,pour les trois premiers pays,grâce à l’énergie éolienne. Lesplus en retard sont la Grèce et lePortugal. Elle a également ajoutéque l’énergie éolienne constituait deloin la meilleure alternative d’aveniren Europe, «le nucléaire n’étant pasune source renouvelable».

B E L G I Q U E

Fête du lac Le dimanche 26 septembre à Rixensart-Genval : les associa-tions Développement durable au quotidien de Rixensart etBrabant-écologie d’Ohain présente-ront à leur stand, au bord du lac,divers capteurs solaires, dontl’»Héliomobile», quantité d’appa-reils utilisants les LEDS, uneéolienne «Windcharger» en fonc-tionnement (la seule petite éoliennede construction industrielle -britan-nique- d’un prix abordable), unetondeuse à gazon solaire et diversvéhicules à propulsion électrique àutiliser, à l’essai, par le public. Lasemaine qui précède (20 au 24sept.) verra donner, dans les huitécoles primaires et secondaires del’entité, diverses animations sur lesénergies renouvelables. Contact : Brabant-écologie, route deRenipont 33, B- 1380 Ohain, tél : 32 (0)2/633 10 48.

F R A N C E

La Francetrès en retardEncore une fois, en ce qui concer-ne le photovoltaïque : en 2003,3MW installés, 2 dans les Dom-Tom, 1 seul en France métropoli-taine, pour 150 MW enAllemagne. Le comble, c’est quel’usine qui les fabrique est... enFrance (d’abord intallée à Caen,puis à Bourgoin-Jallieu),Photowatt produits des panneauxqu’elle exporte, en Allemagnemais aussi en Italie, Hollande,Grande-Bretagne, Chine et Inde.Elle emploie plus de 500 per-sonnes dont 150 nouvellesrecrues. Ce qui prouve que lesénergies renouvelables ça marchebien sur tous les plans et qu’ellesne manquent que d’un peu d’en-couragement politique chez nous.

SILENCE N°314 Septembre 2004 33

n Trucage des chiffres. En début d’année, la direction de Shell a dûavouer qu’elle avait surestimé de 20% les stocks de pétrole exploitableset ceci depuis une dizaine d’années. Le directeur du groupe, PhilippWatts a donné sa démission après ces révélations. Voilà qui met encoreplus de doute sur les réserves de pétrole et sur les possibilités de pour-suivre encore longtemps la consommation actuelle. (Alternatives économiques, mai 2004)

n Les Etats en déroute. Si les multinationales du pétrole empochentbeaucoup d’argent, elles ne sont pas les seules ! Les taxes perçues surle pétrole rapportent aux Etats plus de 1500 milliards de dollars paran et sortir de l’ère du pétrole va aussi nécessiter de revoir le fonction-nement financier de la société. (Sociétal, 4e trimestre 2003)

n Aberration écologique. Alors que le pétrole est en voie d’épuise-ment, Serge Lepeltier, nouveau ministre de l’écologie et du développe-ment durable, a insisté dans son premier discours sur l’»aberration éco-logique» du kérosène détaxé pour le transport aérien. Fort bien, mainte-nant, il faudrait des actes.

DR

A L L E M A G N E

Le vent devance l’eau !

Pour la première fois depuis 120 ans, la production hydraulique (24 milliards de kWh en 2003) a perdu sa première place dans laproduction électrique allemanded’origine renouvelable… dépasséedepuis septembre 2003 par la pro-duction d’origine éolienne (25 milliards de kWh en 2003).L’Allemagne commence l’année2004 avec 15 000 éoliennes en fonctionnement.

(Contratom, janvier 2004)

DR

Fin du pétrole Energie

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Solutions écologiques et économiquesA savoir, l’association Écologismespropose des solutions écologiqueset économiques : déodorisant per-pétuel pour toilettes sèches et WC,rafraîchisseur d’air alternative à laclim d’une consommation de 70watts, réducteur de bruit pourvéhicules et tondeuses, éclairagesà leds : consommation 1 watt,veilleuses à leds pour couloir ouchambre d’enfant : consommation 0,1 watt. Tél : 04 67 81 38 97.

Efficacité énergétiquedans les chemins de ferSi les chemins de fer sont parmiles moyens de transport les moinspolluants, les compagnies cher-chent toutefois toujours à amélio-rer leur efficacité énergétique. Uncolloque s’est tenu à Paris sur cesujet les 4 et 5 février derniers.De quoi faire le plein d’idées.Ainsi la compagnie néerlandaiseNS-Reizigers a mis au point unsystème perfectionné de récupéra-tion d’énergie lors du freinage quilui permet de l’ordre de 10 %d’économie. L’East JapanRailway a mis au point des véhi-cules plus légers, notamment enallégeant les locomotives. Elle aaussi étudié comment éviter lespertes d’énergie au démarrage et au freinage, jouant à la fois sur

les modes de récupération (batte-ries rechargeables), de propulsion(électricité et diesel). Le nouveautrain mis en fonctionnement enoctobre 2003, consomme 20 %de moins que les anciens. LaSNCF a montré que le choix deshoraires a son importance : si lesconducteurs disposent de suffi-samment de temps, la consomma-tion baisse de 5 %. Trenitalia(Italie) a mis au point un pro-gramme d’étude pour des trainscouverts de photopiles. Ces pho-topiles permettent d’alimenter leswagons lorsque le train est à l’ar-rêt. La SNCF en partenariat avecl’INRET travaille actuellement àun projet de locomotive de tiragepour remplacer celles qui serventactuellement dans les gares, quifonctionnent au diesel et sont trèspolluantes en milieu urbain. Lescompagnies des Etats-Unis ontdiminué leur consommationd’énergie de 72 % en vingt ans,notamment en renouvelant leurslocomotives. Dans le cadre d’unerecherche sur le meilleur moyende circuler, ces améliorations sontautant d’arguments pour mieuxcontrer la route. (La Vie du Rail,24 mars 2004)

S O L A I R En Le solaire ne prend pas deplace ! L’association européennede l’industrie photovoltaïque acalculé qu’en mettant des photo-piles sur 40 % des toitures et 15% des façades dans un payscomme l’Allemagne, cela pourraitfournir 30% de la consommationd’électricité. Rappelons toutefoisque les photopiles sont en concur-rence avec les capteurs solaires àeau pour le chauffage qui ontsouvent de meilleurs rendements.

n Le solaire en phase avec lademande. Un des argumentscontre le solaire est que le soleiln’est pas là la nuit… oui, maisles hommes vont aussi se coucheret actuellement 61% de laconsommation électrique se faitaux heures du jour. Le solairethermique fonctionne aussi auxbonnes heures : on se lave et onse chauffe surtout en journée.

Lorsque le soleil est trop faible,en hiver, cela tombe bien : c’est le moment où les éoliennes pro-duisent le plus, un excellent complément.

n Paris. L’OPAC passe au solai-re. L’OPAC de Paris gère environ100 000 logements. Avec l’amé-lioration de la qualité des cap-teurs solaires, il est maintenantpossible de fournir une partie del’eau chaude par les apportssolaires, ce qui permet une baissedes charges locatives dans leshabitats à loyers modérés. 637logements du groupe «Plantes-

Jean Moulin» dans le 14e arron-dissement sont maintenant équi-pés de 1020 m2 de panneauxsolaires, remplaçant des capteursdatant déjà de 1986. Le renou-vellement de ces panneaux par dumatériel plus performant permetune économie de 40 % sur lescharges d’eau chaude. L’opérationde rénovation s’est accompagnéed’un renforcement de l’isolationdes circuits d’eau et le change-ment des chaudières à gaz. Lespanneaux placés sur les toits sontinvisibles depuis la rue. 60 étudessont en cours pour d’autres lotis-sements. (ADEME, avril 2004)

SILENCE N°314 Septembre 2004 34

Energie

C L IMATISATION

Les offres qui tuent !La Sorégie, ancienne régie d’élec-tricité de la Vienne, a lancé débutmai une campagne de publicitéoffrant 500 kWh gratuits pourtout achat d’un climatiseur ! Unbon investissement pour la com-pagnie car un climatiseur peutconsommer en trois mois d’étéjusqu’à 2000 kWh. Une pratiquedéplorable au moment où l’onparle d’économiser l’énergie carun climatiseur peut facilementdoubler la consommation d’éner-gie d’un appartement.(Correspondance Gérard Nallet)

E O L I E Nn 8000 MW de plus. Selon lebaromètre de l’observatoire desénergies renouvelables, plus de8000 MW éoliens ont vu le jouren 2003 (contre 6000 MW en2003) portant le total mondial à 39 294 MW. Sur ces 8000MW, 90 l’ont été en France(contre 50 l’année précédente).n Deux millions d’emplois ?Selon une étude présentée parGreenpeace lors de la foire inter-nationale de l’énergie àHambourg (Allemagne), le 11 mai, l’éolien a déjà créé envi-ron 200 000 emplois dans lemonde, un chiffre qui, au vu du taux de croissance actuel, pourrait êtremultiplié par dix d’ici 2020. Pour que la croissance des éoliennes sepoursuive à son niveau actuel, l’Association européenne de l’énergieéolienne a demandé à cette occasion que l’on cesse de subventionner lesénergies non renouvelables. A chaque fois que l’on remplace du nucléai-re par de l’éolien, on crée cinq fois plus d’emplois qu’on n’en supprime. n Encore plus grosses. Les éoliennes sont de plus en plus grosses. LesEtats-Unis en construisent maintenant de 4,7 MW, un prototype alle-mand est testé actuellement avec une puissance de 6 MW. Pour tripler de puissance, la taille des pales ne fait que doubler. A l’inverse, plus les éoliennes sont grosses, plus elles sont facilementsilencieuses. Avec des éoliennes de cette taille, il suffirait d’en mettreune sur chaque commune pour fermer toutes les centrales nucléaires, moitié moins si on mettait en place en même temps un scénario d’économie d’énergie.n Progression spectaculaire. Voici comment on peut valoriser laFrance dans le domaine des éoliennes. En 2002, la France est ledeuxième pays européen pour la progression en énergie éolienne avecune hausse de 62,8 % ! Juste derrière l’Autriche avec 67,5 % !Génial. Mais les pourcentages sont trompeurs : cela signifie quel’Autriche est passée de 83 à 139 MW, la France de 94 à 153 MW…soit 69 MW installés contre 3500 MW en Allemagne, 1500 MW en Espagne…n France d’en haut, France d’en bas. Dans une interview au Midi-Libre du 11 mai, Jean-Michel Germa, un industriel de l’éolien explique :«Il y a la France d’en haut et celle d’en bas. Cette dernière comprendnotamment les élus locaux dont je me loue de l’intégrité. Contrairementà ce que l’on peut entendre de la part des anti éolien, les élus ruraux ne sont pas circonvenus ! Ils veulent voir ce qu’on leurpropose. Et nous disent qu’ils n’ont pas vu l’ombre d’un investissementdepuis l’exode rural. La perspective d’un développement industriel, rai-sonné et local ne les laisse pas insensibles. De surcroît, 80 des enquêtespubliques sont favorables. Dans les ministères, sur les bancs de l’Assemblée nationale et du Sénat,on trouve la France d’en haut. Celle des gens qui ne jurent que par unsystème d’énergie centralisée et défendent le corporatisme des acteursdu nucléaire. Ces derniers (EDF, Areva, le CEA, la Cogema) défendentleurs intérêts. C’est de bonne guerre ! Nous sommes effectivement dansune bataille commerciale. On souhaiterait pouvoir s’exprimer à armeségales avec les autres formes d’énergie».

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Effet de serren Fonte de la banquise. Selonla météorologie canadienne, alorsqu’en mai, les températuresmoyennes au pôle Nord sont nor-malement entre -15°C et -20°C,elles sont remontées énormémentdepuis trois ans : de -5°C à -7°C.Soit plus de dix degrés d’écartavec la moyenne. Pendant l’été,les températures sont maintenantpositives ce qui entraîne une fonteextrêmement rapide de la calotteglaciaire, le pôle Nord étant eneau libre en été depuis trois ans.Ce qui étonne les météorologues,ce n’est pas le réchauffementattendu, mais la vitesse de ce réchauffement.

n Record de température.Selon une étude publiée le 5 mars2004 dans Science par le météo-rologue suisse Jürg Luterbacher,la canicule de l’été 2003 repré-

sente l’été le plus chaud depuisau moins cinq cents ans enEurope. (L’Ecologiste, printemps 2004)

n L’Europe n’y arrivera pas !Alors que l’Union européenneavait pris l’engagement de rédui-re de 8% ses émissions de gaz àeffet de serre en 2008 par rap-port à 1990, elle n’en est qu’à2,3% de réduction en 2002. Cecis’explique par les résultats fortcontrastés selon les pays : leLuxembourg est le meilleur élèveavec une baisse de 44% (contre28% pris comme engagement), laSuède qui était autorisée à pro-gresser de 4% a baissé de 3,3%.L’Allemagne (-18%) et laGrande-Bretagne (-12%) ontpratiquement atteint leurs objec-tifs. La Grèce était autorisé àaugmenter de 25% et a effective-ment augmenté de 23%. Tous lesautres pays sont loin de leursobjectifs, même la France quidevait simplement se maintenir àson niveau a augmenté légère-ment ses émissions (+0,4%).n Limiter les voitures et lesavions courtes distances. Selondes comparaisons de consomma-tion fournies par l’INRETS etl’ADEME, la consommation parpassager et par kilomètre engrammes équivalent pétrole est de80 pour un avion en ligne intérieu-

re, 58 pour une voiture particuliè-re, 50 pour un avion sur une ligneinternationale, 30 pour un trainrégional, 22 pour un autobus pari-sien, 19 pour un train national, 18pour le métro parisien, 15 pour leTGV (grâce à son excellent tauxde remplissage), 1,5 pour unebicyclette. (Alternatives internatio-nales, mai 2004)

n Prix Tuvalu. Tuvalu est une îlede l’océan Indien menacée par lamontée des eaux. Le 25 mai der-nier, le Réseau action climat aremis pour la première fois leprix Tuvalu à la marque de voitu-re qui pollue le plus : c’estMercedes pour son 4x4 G500Cabriolet qui a reçu le prix.

C H I N E

Inquiétudesenvironne-mentalesEn Chine, l’activité économiquese développe à grande vitesse etceci sans prendre en compte lesquestions écologiques : le dis-cours officiel est «le développe-ment d’abord, le nettoyage ensui-te». Un déséquilibre croissantapparaît entre les villes et lescampagnes. Dans les aggloméra-tions, l’industrialisation provoqueune vaste course à la consomma-tion. Le pays se trouve confrontéà une invasion de déchets. L’Etatchinois a beaucoup de mal àprendre en compte cette question.

Prenant conscience des coûtsnégatifs de la pollution, le gouver-nement essaie de mettre en placeune politique de récupération,mais les produits à traiter sontextrêmement variés, complexes etsouvent dangereux. En 2001, legouvernement indique que l’indus-trie a produit 860 millions detonnes de déchets. Environ lamoitié ont été dispersés sans trai-tement, l’autre moitié a été stoc-kée et seuls 17 % ont été traités.Concernant les déchets ménagers,un ménage chinois produit enmoyenne 440 kg de déchets paran dont seuls 5 % environ sont traités.

Tout le reste part en décharge.Seules 600 décharges sontcontrôlées, les décharges sau-vages sont les plus nombreuses.Lorsqu’une décharge urbaine estcomblée, elle est immédiatementutilisée pour la construction denouveaux quartiers, comme à Pékin, par exemple. Cela risque à terme de poser de graves questions de contaminations pour ceux qui vont y habiter. Plusieurs municipalités voyant les conséquences sur leur budgetdes effets néfastes des pollutionsont commencé à réagir, essayantde faire la promotion des écono-mies et du recyclage. Une délégation chinoise de trentespécialistes est venue en sep-tembre 2003 en Allemagne pourdécouvrir les expériences germa-niques. Un contrat a même étépassé avec une société allemandeGTZ, Gesellschaft fuer TechnischeZusammenarbeit, pour servir deconseil à l’Etat chinois. Les résul-tats ne sont pas sensibles pour lemoment, d’une part parce que leproblème est vaste, d’autre partparce que rien n’est possible sanscommencer par une sensibilisa-tion de la population. (Mullmagazin, 4e trimestre 2003 et www.gtz.de/china, traduction Yvonne Lott)

SILENCE N°314 Septembre 2004 35

G U Y A N En Fin des importations de mercure ? Les maladies provoquées parl’usage du mercure par les orpailleurs se multiplient en Guyane, suffi-samment pour que les autorités prennent officiellement, en ce débutd’année, la mesure d’interdire les importations de mercure.Bizarrement, cette interdiction ne semble avoir provoqué aucun ralentissement dans les exploitations — le plus souvent illicites — des orpailleurs.n Un parc plus au Sud ? Le projet de parc national de Guyane estsans cesse reporté à des jours lointains. Ce parc prévu sur un tiers de la surface de la Guyane devait protéger les forêts primaires encore pré-

sentes. Les ethnologues sou-haitent que ce parc qui atti-rera le tourisme soit distinctdes réserves actuellement envigueur pour protéger lespeuples autochtones. Pourcela, ils demandent que leparc soit le plus au nord pos-sible. Mais les industriels quisont derrière les élus locauxne l’entendent pas ainsi :mettre un parc au nordempêcherait le «développe-ment» économique à partirde la côte déjà urbanisée enpartie et surtout empêcheraitl’exploitation du sous-sol :les massifs qui contiennentde l’or sont au nord

et non au sud. n Quel orpaillage pour la Guyane ? Le groupe ATTAC Guyane a misen place le 28 avril dernier une commission pour faire des propositionsen lien avec la crise que provoque l’orpaillage dans le pays. Cette com-mission a été élargie aux associations d’environnement locales et veutessayer d’avancer des propositions alternatives à l’économie liée à l’ex-ploitation de l’or.

Samsung s’engage à neplus utiliser de substanceschimiquestoxiquesBruxelles, le 10 juin 2004. Leproducteur Samsung a décidé dene plus utiliser de substances chi-miques dangereuses dans ses pro-duits de consommation. Les sub-stances chimiques concernéess’accumulent dans l’environne-ment en raison de leur décompo-sition difficile. La décision deSamsung de retirer ces sub-stances de ses produits a étémotivée par l’analyse deGreenpeace : des phtalates, desretardateurs de flammes aubrome, des muscs synthétiques,des alkylphénols et des organo-étains, tous toxiques et bioaccu-mulables, ont été retrouvés dansune large palette de produits deconsommation. L’organisationenvironnementale a publié lesrésultats des analyses sur sonsite web : greenpeace.org

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Environnement

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I N D E

Pollution et stérilitéUne étude réalisée à New Delhi et à Bangalore montre que 80 %des agents de circulation qui res-pirent les gaz d’échappements à longueur de journée, souffrentde problèmes de stérilité.(Nouvelles clés, printemps 2004)

I L E - D E - F R ANC E

Marcher sur l’eauParis est alimenté en eau potablepar plusieurs aqueducs : celui deVanne (165 km), celui de Loing(165 km), celui de la Voulzie (60km), celui de l’Avre (102 km),celui de Dhuis (131 km). Ces cou-lées vertes artificielles sont pourle moment fermées au public. Unprojet est à l’étude pour transfor-mer sur 25 km le canal de laDhuis en parcours piétons etvélos. Si l’essai est concluant, lesautres aqueducs pourraient deve-nir autant d’entrée de Parisaccessible aux vélos et aux pié-tons. Ile-de-France environne-ment, 54, rue Edison, 75013Paris, tél : 01 45 82 42 34.

Paris polluépar les avionsUne étude sur les sources de pol-lution à Paris montre que lesaéroports d’Orly et de Roissy pol-luent, pour les oxydes d’azotes,autant que deux millions de voi-tures ! La ville sans voiture, c’estpossible, mais il faudra aussiqu’elle soit sans avion.

Alpes maritimesL’association Hélichryse organiseun stage sur l’évolution desespèces végétales : des conifèresaux plantes à fleurs les 9 et 10octobre à la Commanderie. Cestage sera animé par Jean-MichelFlorin, coordinateur du mouve-ment d’agriculture biodynamiqueet co-rédacteur de la revueBiodynamis. Renseignement :association Hélichryse, la Commanderie, 06750Valderoure, tél./fax : 04 93 60 39 63.

GRAINELe GRAINE pays du Nord orga-nise les sixièmes rencontres régio-nales de l’éducation à l’environ-nement et à la citoyenneté les 2et 3 octobre à Lisbourg (Pas-de-Calais) sur le thème : «activitésphysiques, éducation à l’environ-nement et à la citoyenneté : com-ment s’enrichir des deuxapproches ?». Contact : GRAINEpays du Nord, 23, rue Gosselet,59000 Lille, tél. : 03 20 86 4602, fax : 03 20 86 15 56, cour-riel : [email protected]

N Î M E SIncinérateuren zone nonétancheLors d’une manifestation organi-sée le 6 mars dernier par lesopposants au nouvel incinérateurde Nîmes, à Saint-Cézaire, il aété constaté que de l’eau remon-tait dans la fosse de réception desdéchets, prouvant sa non-étan-chéité. Si l’eau peut passer dansun sens, elle peut aussi passerdans l’autre… entraînant dans lanappe phréatique les produitstoxiques présents dans lesdéchets, menaçant la qualité del’eau laquelle alimente 32 com-munes avoisinantes.

Une deuxième visite le 15 avril a montré qu’il y avait toujours del’eau. Les associations locales ontdemandé au préfet de ne pasautoriser la mise en fonctionne-ment de l’usine tant que ce pro-blème n’est pas résolu. Suite àune plainte déposée le 19 avril, le tribunal a décidé l’ouvertured’une enquête. Ici-Rom, c/oAVEC, BP 69, 34401 Lunelcedex, tél : 04 67 73 51 10.

Eaux en bouteilles : ne pas consommern’importe quoiSuperbe filon pour les grandesentreprises : d’un côté on vend lesproduits qui polluent les sols etensuite l’eau, de l’autre, on déve-loppe les «eaux minérales» quel’on vous conseille à grand ren-fort de publicité. Avant d’acheterdes bouteilles d’eau, il convient dese renseigner sur la qualité deseaux du robinet. La mairie doittenir publiques les analyses faitessur cette eau. Les critères analy-sées sont les microbes, le tauxd’oxygène (qui doit être élevé), ladureté (teneur en calcaire), laminéralisation et les divers pol-luants : nitrates, métaux, fluor,pesticides, etc. Généralement, laqualité de l’eau augmente avec la taille des installations et, parexemple, l’eau au robinet à Parisou à Lyon est tout à fait buvable.

Si l’eau du robinet n’est pas debonne qualité, il faut se rensei-gner (auprès d’un médecin) surles eaux à consommer. Ainsi, sivous utilisez de l’eau du robinetpour la cuisson qui est calcaire(si vous habitez dans les Alpes oules Pyrénées), il vous faut boirede l’eau au pH faible (légèrementacide) provenant des massifs gra-nitiques (Vosges et Massif cen-tral). Si vous habitez ces derniers,c’est l’inverse. Il est important devarier les eaux, pour éviter lessurcharges en certains élémentsminéraux : la plupart dépassentcertaines normes. Seules cinqsont considérées comme suffisam-ment équilibrées pour être buesen continuité : Mont-Roucous,Valvert, Volvic, Abatilles et Alet.

La radioactivité de l’eau n’est pasindiquée sur les bouteilles. Il fautsavoir qu’au moins six eauxdépassent la norme de 0,37Bq/litres : quatre sources deVichy et deux sources de Boulou.Enfin, il faut savoir qu’il existedes filtres à osmose inverse (voirnotre numéro 281) qui permet-tent d’utiliser l’eau du robinetpour bien moins cher que l’eau en bouteille.

SILENCE N°314 Septembre 2004 36

P Y R É N É E S

Vingt-cinquième année de suivi de la migration dans les Pyrénées.

Vingt-cinquième anniversaire de la directive européenne sur laconservation des oiseaux sauvages. Pour réussir au mieux ce vingt-

cinquième «Transpyr», Organbidexka Col Libre recherche des observa-teurs bénévoles entre le 15 juillet et le 15 novembre, pour collaborer au Transpyr 2004 sur les sites basques d’Organbidexka, Lindux etLizarrieta. Contact : Jean-Paul Urcun, tél. : 05 59 25 62 03, courriel : [email protected]

L O N D R E S

Contre les 4 x 4Ken Livingstone, le maire deLondres a commencé sa cam-pagne pour sa réélection en trai-tant d’idiots ceux qui utilisentdes 4 x 4 pour emmener leursenfants à l’école et envisage d’in-terdire ces véhicules dans lacapitale britannique.

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Environnement

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Polluants persistantsTrente-neuf députés européensont accepté de servir de cobayespour l’étude de la persistance dessubstances cancérigènes dans lecorps. Soixante-seize substancesont été recherchées dans le cadredu projet Reach mené par leWWF (Word Wildlife fund, Fondsmondial pour la nature). Le résul-tat est absolument effrayant : tousles députés présentent des conta-minations de leur sang à desdegrés divers. Marie-Anne Isler-Béguin, députée française verte, ason sang contaminé par plus decinquante molécules cancéri-gènes, à des taux supérieurs à cequi est admis. Presque tous pré-sentent des taux de pollution parle DDT ou les PCB, des produitspourtant interdits depuis plus de vingt ans.

Du cuivre pour remplacer le plombInstallées pour la plupart avant1950, les canalisations en plombne permettent plus aujourd’hui derépondre aux nouvelles exigencesde la réglementation sur l’eaupotable : depuis le 25 décembre2003, la teneur maximale enplomb dans les eaux destinées àla consommation humaine, fixéepar décret, est passée de 50 à 25 microgrammes par litre d’eau.A compter de 2013, ce seuil sera de nouveau abaissé à 10 micro-grammes par litre d’au, imposantle remplacement intégral descanalisations en plomb. Par sescaractéristiques techniques, sanitaires et environnementales,

le cuivre est la solution idéalepour ce grand chantier de rénova-tion qui s’impose désormais. Il contient notamment des oligo-éléments intéressants, mais les mines de cuivre s’épuisent ! Pour plus de renseignements :Centre du cuivre, Yann Petiteaux,tél. : 01 58 65 00 22, fax : 01 5865 00 03, courriel :[email protected]

PesticidesLa France consomme chaqueannée 100 000 tonnes de pesti-cides. Il y en a environ 500 decommercialisés dont seulement60 ont fait l’objet d’études pous-sées sur leurs nocivités. Les pre-mières victimes de ces pesticidessont les agriculteurs : leucémie,lymphome, myélomes multiples,cancers du cerveau, de la vessieet des reins y sont en quantitébien supérieur à la normale. Onconstate également qu’il donnenaissance à un nombre d’enfantsmalformés importants. C’est leprincipe pollueur-payeur ?

Protectiondes oiseauxLa LPO (ligue pour la protectiondes oiseaux) lance une campagnede pétitions pour obtenir duCommissaire européen à l’agri-culture de véritables engagementsen faveur de la biodiversité enEurope. Informations et pétitionsur le site : www.lpo.fr

Pollution desordinateursL’ONU a publié début mars unrapport sur le «poids» environne-mental des ordinateurs. Pour pro-duire une unité centrale et unécran, il faut en moyenne 240 kgde combustible, 22 kg de produitschimiques et 1,5 tonne d’eau.L’étude estime qu’un ordinateur«pèse» dans l’environnement aumoins dix fois son poids réel.Sachant qu’il se vend 130 mil-lions d’ordinateurs dans le mondechaque année (et avec 10% decroissance par an) et que leurdurée de vie est actuellementinférieure à deux ans, les auteurssuggèrent de mettre en place unefilière de recyclage comme c’estdéjà le cas dans treize pays euro-péens. Suggérons de penser aussien amont en fabricant des ordina-teurs qui durent plus longtempset de supprimer la publicité pourdes usages inutiles des ordina-teurs (les jeux par exemple).

SILENCE N°314 Septembre 2004 37

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Alors que le prix du pétrole commence à grimper et que le transportroutier va devenir de plus en plus coûteux, la SNCF prévoit pour

son «plan Fret» la fermeture de quatre gares de triage, seize gares prin-cipales, cent gares secondaires et de 2500 emplois… le transport étanttransféré sur le trafic routier ! Aveuglement à très court terme.

Droits du piéton

Le mode de déplacement leplus doux, le moins technolo-

gique, le plus ancien et le plusdéveloppé est la marche à pied :plus de six milliards de per-sonnes la pratiquent ! Et pour-tant, en ville, elle est souvent dif-ficile. Même si le code de laroute chez nous indique que lepiéton est prioritaire sur lesautres modes de déplacements,cela reste largement théorique. Il existe pourtant une méthodequi arrange bien les choses : devrais trottoirs suffisammentlarge (que l’on puisse se croiseravec des bagages), protégés desvoitures. Pour traverser, se déve-loppent dans quelques villes(Chambéry par exemple) destrottoirs traversants, c’est-à-diresans dénivelé par rapport autrottoir, obligeant les voitures àmonter et descendre très douce-ment, ceci indiquant clairementque le piéton est prioritaire. Destrottoirs à développer partout.Une utopie ? Pas du tout, lanotion de trottoirs traversants(et donc de chaussées interrom-pues) figure dans la nouvelleréglementation belge mise enplace depuis le 1er janvier 2004.

Manque de perspectives à la SNCF

Environnement

COLCHIQUEFETE BIO ECOLOGIQUEDimanche 19 Septembre 2004

(de 10h à 19h)

ETANG DE COURTILLEà GUERET (CREUSE)

Entrée Gratuite

producteurs bio

artisans

associations

commerçants produits bio,

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Conférences

Restauration bio

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Musique avec le quatuor Théophraste

office du tourisme : 05 55 52 14 29Colchique : 05 55 81 65 13

Dans la vallée du Jabron(Drôme), entre Sisteron etB u i s - l e s - B a r o n n i e s .

Producteurs bios, produits trans-formés, plantes aromatiques etmédicinales, artisans... Théâtre,musique, manège, conférences,débats.

contact : 04 92 62 00 76

21e foirede

Montfroc2 et 3 octobre

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Entraiden Nous sommes un couple de marion-nettistes qui tournons nos spectaclesdans toute la France et nous recher-chons quelqu’un pour s’occuper de nosdeux enfants (5/12 ans et 2 ans etdemi) et qui aurait envie de vivre cette vie de bohème avec nous à partirde fin septembre jusqu’en juin 2005.Contacter : Muriel et Joseph ARNACE, tél. : 06 10 52 29 90n Souhaitant expérimenter l’école à la maison en septembre, cherchonscontacts avec famille ou personneavec enfants dans le coin (Rhône,Alpes-de-Haute-Provence, Hautes-Alpes, Var). Deux enfants 7-9 ans à la campagne dans ferme. Vie simple. Tél. (le soir) : 04 93 05 84 50n Ferme équestre 15 ha (avec petitélevage et hébergement) et atelier delutherie dans les Vosges montagnecherche stagiaire. Accueille personnedésirant vivre une expérience (ou/et)se former pour le métier d’enseignant(préparation au brevet professionnelactivités équestres) en vue éventuelle-ment d’une installation sur l’exploita-tion. Pour minimum trois mois, avoir16 ans et avoir vécu avec des chevaux.Étudie toute proposition. Courriel :[email protected] ou tél. : 03 29 23 29 38

Convivialitén Vivre ensembleLe projet Vivace.Vivre de façon supportable à la planète et par ses enfants présents et futurs. C’est-à-dire réduire

nos consommations et tendre à l’auto-nomie. Créer un, puis plusieurs lieuxde vie écologique à proximité. Danschaque lieu des cabanes en terre et en bois coupé sur place à la scie et auto chauffées au soleil.Moréna, trois ans, et son papa rassem-blent des familles pour une éducationalternative. Un chantier festif a lieu du 4 au 6 juin pour construire lacabane école. Les premiers «Vivaces»se rassembleront alors.D’autres chantiers festifs auront lieu un week-end sur deux (premier week-end les 19 et 20 juin). Nous construi-sons des cabanes écolos (avec très peud’argent : environ 100 euros). Des ani-mations sont proposées aux enfants :baignade en rivière, canoë, vélos, cabane, etc.Deux lieux existent déjà : chez AlainAuguste, les Drouilhèdes, 30160Peyremale, à 80 km de Nîmes et 30d’Alès. L’autre lieu est un hectare depins à 12 km du premier (une heurede marche en coupant par les bois).D’autres parcelles à 150 euros l’hec-tare sont réservées aux parents dési-rant éduquer leurs enfants eux-mêmesou aux personnes solidaires du projet Vivace.Alain propose que chacun ait sa caba-ne et une autonomie alimentaire. Unecabane collective pourrait réunir lesVivaces autour de repas que nous pré-parerions à tour de rôle (sans obliga-tion, ni de cuisiner, ni de venir mangerensemble).Pour acheter d’autres terrains et créerde nouveaux lieux de vie alternatifs,nous proposerons des stages de vie

écologique (à prix social) : construireen terre et bois sans argent (ou trèspeu) — jardiner en permaculture sansmachine et sans chimie — toilettessèches — énergie écolo, etc.Ensemble reconstituons des lieuxsociaux brisés par le passé en parta-geant un mode de vie que la terrepuisse supporter et que nos enfantspourront enseigner à leurs enfants.Alain Auguste, les Drouilhèdes, 30160 Peyremale.n J’ai 41 ans et je cherche à formerun collectif de maraîchers ouverts surle voisinage et ... sur le monde. Unami me loue un lieu de 10 ha qui sontrépartis pour moitié en bonne terre depâturage cultivable et pour l’autremoitié en bois. Les terres se trouvent àproximité d’un joli hameau très calmeau milieu d’une immense zone forestiè-re de petite montagne (alt. 500 m, pasd’agriculture industrielle), tout enétant à 1/4 h - 1/2 h de villesmoyennes. Deux bâtisses y sont àrénover et pourraient abriter dans un premier temps quatre à cinq per-sonnes. Trouvant très intéressante ladémarche d’autonomie et d’ouverturedu réseau REPAS, je souhaiterais quele collectif formé y adhère. Tout enprenant en compte une période d’ef-forts conviviaux pour démarrer le lieu,d’autres activités sociales et cultu-relles seront possibles, car la régionest vivante. Pour touy renseignement,m’écrire : Eberhardt Wittich, c/oSolidarité, BP 52, 7 bis, avenue Foch,81602 Gaillac cédex.

Rencontresn Réf. 314.01. Photographe-journalis-te cherche co-équipière pour réaliserpetit tour de France des communautésproche de la nature. Age en relation30 à 45 ans. Photographe ou modèlebienvenue, un peu sportive de préfé-rence... Moyen de locomotion à définir(bicyclette ou tandem... vélo-voiture ?).Départ prévu en juillet, août ou sep-tembre. Frais à partager selon lesmoyens de chacun. Réponse assurée à tous courriers adressés à S!lence qui transmettra.n Réf. 314.03. Femme 51 ans, habi-tant le Val-de-Marne proche Paris,pratiquant le jardinage bio, aimant lesenfants, la chanson, les danses afro-cubaines, la randonnée, cherche com-pagnon pour partage affinités et ten-dresse. Écrire à la revue qui transmettra.n Réf. : 314/04. Savoyarde, 48 ans, enquête spirituelle, souhaitant construireun lieu de vie convivial à la campagne,aimant les contacts humains, cherchecompagnon profond, chaleureux,ouvert sur le monde, un brin bricoleur,pour vivre une relation basée sur lasimplicité, le partage et le respect dela nature. Amitiés bienvenues.

n RecherchesLyonnais, Lyonnaise : Il me semble qu’il ne faut pas raterl’opportunité du grand projet de villeDuchère pour élaborer un projet alter-natif et militant.En effet, dans ce quartier très vert,des immeubles HLM vont être détruitset remis à des bailleurs privés. C’estl’aspect inquiétant du GPV. Mais leprojet de la municipalité, c’est de fairede nouveaux Duchérois dans des petits

immeubles construits aux normes«haute qualité environnementale»,petits immeubles appelés «maisons deville» parce qu’avec jardinet, dans unquartier où les déplacements douxsont privilégiés.Si des lecteurs lyonnais voulaient bien se donner la main pour pousser la municipalité à aller le plus loin pos-sible dans ce projet d’une ville lamoins polluante possible, pour appor-ter une dimension militante au projeten investissant une (ou plusieurs !)maisons de ville dans un esprit deconvivialité et d’alternative à la socié-té de consommation, vous pouvezm’appeler au 04 78 47 55 83. Colette Baladinn Nous sommes un petit groupe dési-reux de monter un projet de réinser-tion sociale autour du jardinage biolo-gique dans le nord de l’Aube (Romilly-sur-Seine). Nous recherchons desinformations (documents témoi-gnages...) sur le démarrage de telsprojets. Samuel Pate, 9, rue de la Ferme-des-Eaux, 51260Esclavolles-Lurey, tél. : 03 26 80 2678, courriel : [email protected] Cherche petite construction mêmemauvais état sur grand terrain 1-2 hectares et plus ou possibilitéconstruire proximité rivière, lac, étang.Tél. : 03 83 62 30 55.n Cherche personnes intéressées parrénovation écologique pour coups demain occasionnels. Terre, chaux,briques terre crue, murs terre-paille,cloisons ossature bois, chanvre auto-produit, usinage bois, phytoépuration,PSD, bioélectricté, etc... Hébergementpossible. Bretagne. Myriam et Didierau 02 96 82 30 99 ou au 06 77 1619, http://lhotellerie.monsite.wana-doo.fr (en cours d’élaboration).n Cholet (Maine-et-Loire).Recherche des porteurs de projet éco-logique et économique dans le cadrede la création d’un écopole. Projetsérieux uniquement. Tél. : 02 41 64 37 80.n Je recherche des expériences delieux d’accueil multi-générationnels.Me contacter au 02 98 82 75 41.n Femme seule «silencieuse» chercheun terrain arboré + potager en bio + fleurs sur 1000 m2 environ pourconstruction d’une maison en paillenégawatt... sur Souillac (Lot) ou limi-trophe (pas de voiture) pour y prendresa retraite dans quatre ans. ChristianeCounil, 60 bd de Brandebourg, apt 76, 94200 Ivry-sur-Seine, tél. : 01 49 60 75 51, courriel : [email protected] Nous cherchons à acheter un poëleà bois pour sauna + ou - 8 m3. Lesauna est construit dans le jardin(tout en récupération), il nous manquele poële à bois pour des soirées relaxet vivifiantes. Merci ! Michèle etPhilippe Mignon, 20, rue de laMorandière, 35890 Bourg-les-Comptes, tél. : 02 99 52 13 53, cour-riel : [email protected] Cherchons tout renseignement, pho-tos, documentation sur l’élevage inten-sif de porcs (conditions de vie de l’ani-mal, répercussions sur l’environne-ment...) ainsi que conseils et coups demain pour démarche de contestationd’un tel projet (Haute-Garonne).- tout renseignement technique

SILENCE N°314 Septembre 2004 38

Annonces

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sur le plancher solaire direct- hébergement pour ado 16 ans durantl’année scolaire 2004/2005 surToulouse ou environs. Merci de nouscontacter au 05 61 88 73 98.

EmploiProfesseur de français, sept ans d’ex-périence, spécialisée dans l’enseigne-ment aux adultes étrangers (FLE)cherche poste à plein temps ou àtemps partiel sur Paris. Egalement, je parle anglais et portugais, et je maî-trise très bien l’outil informatique etinternet. Contactez-moi si vous avezun poste à me proposer ! Christine, tél : 01 45 35 36 06 ou 06 22 71 49 [email protected]

n Abonnée de S!lence, professeurdésirant décrocher du système éducatiftraditionnel, cherche contacts avec desécoles alternatives intéressées parcours de mathématiques et d’informa-tique. N’hésitez pas à m’appeler au 0383 55 37 64, Nathalie Magnier,[email protected].

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Diversn Vends pouliche née le 2 mai 2003croisée camargue-merins. Débourée enmain. Cheval calme, bien pour un(e)débutant(e). Visible à Coublanc(Saône-et-Loire). Prix : 600 €. Tél :03 85 26 31 91 ou 06 33 05 85 01,courriel : [email protected] Nous sommes un couple avec deuxenfants de trois ans et un an et demi.Nous nous installons comme agricul-teurs bio pour produire des jus depommes et de poires. Nous cherchonsune jeune fille ou un jeune homme aupair pour jouer avec les enfants lorsde la récolte (de septembre ànovembre). Nous proposons égalementtoute l’année un échange d’héberge-ment et nourriture contre 3-4 h detravail quotidien à toute personne vou-lant faire un petit séjour dans le paysd’Auge (même avec des enfants). Tél. : 02 31 61 10 31, Hélène ou Stéphane.n Alsace : mettre du tournesol pourfaire rouler nos bagnoles ! Un groupede citoyens se forme actuellement enAlsace (comme partout en France)pour créer une coopérative associative,en partenariat avec des associationslocales. Objectifs : produire de l’huilevégétale brute, convertir les véhiculeset promouvoir ce bio carburant enAlsace. Appel aux bonnes volontésdésireuses de développer cette alterna-tive à la portée de la population : leséco-mobilistes, agriculteurs intéresséspar la conversion des machines

agricoles, celles et ceux qui souhaitent contribuer à ne plus cau-tionner les guerres ni l’effet de serre ! Rejoignez-nous. Contact : Antoine au 03 88 64 11 69 ou Olivier au 03 89 24 43 19 ou e-mail : [email protected] Approche et transformationconstructives des conflits : Conflitscultures coopérations organise en2004-2005 des journées de sensibili-sation, des stages d’approfondisse-ment, des formations professionnellescertifiantes. Renseignements : IECCC,Le Cun, 12100 Millau, tél./fax : 05 65 61 33 26, courriel :[email protected], site : www.ieccc.org.

Gratuites : Les annonces de Silencesont gratuites pour les abonnés. Elles sont également gratuites pour lesoffres d’emplois.Pour passer une annonce, joindre lebandeau d’expédition qui entoure larevue ou joindre un chèque correspon-dant à un abonnement.Domiciliées : Silence accepte lesannonces domiciliées à la revue contreune participation de 5 € en chèque.Pour répondre à une telle annonce,mettre votre réponse dans une enve-loppe. Ecrire sur cette enveloppe aucrayon les références de l’annonce,puis mettre cette enveloppe dans uneautre et envoyer le tout à la revue. Sélection : Silence se réserve le droitde ne pas publier les annonces qui lui déplaisent.

SILENCE N°314 Septembre 2004 39

Albenc

Festival d’é-cologie

VivreNature1 / 2 / 3 octobre 2004

à NantesParc et Maison de Quartier de Doulon

ateliersconférencesdébats

animationsscène ouverterestauration

contact : Humus 44 tél. 02 51 81 05 05ou 02 40 59 89 93humus44@planetis;com

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Décroissance et grands médiasJe pense que la presse est muselée. J’aimerais lancer une idée en invitantles lecteurs de Silence a essayer de prendre la parole dans les émissions endirect à la radio ou à la télé et à profiter d’un éventuel temps de parolepour aborder les vraies questions dont on ne parle jamais, même si ce n’estpas le sujet abordé dans l’émission. Exemple : nous sommes 20 % de laplanète et nous profitons de 80 % de la richesse mondiale ; on ne peut pastoujours croître dans un monde fini… Bref, parler de décroissance (…).

Christian Pechet nLoire-Atlantique.

Plaidoyer pour une synergie(…) Pour atténuer notre mauvaise conscience de devoir fermer les yeuxsur tout ce qui nous dépasse, à force, mais aussi pour nous rapprocher detemps à autre de nos convictions, nous agissons dans des élans d’espoir,dans des combats, dans la défense de causes qui nous tiennent à cœur, ouindividuellement par générosité pour les aléas de notre quotidien. Nousessayons ainsi de remonter sans cesse le puzzle de notre vision corrected’un idéal de vie (…) Alors que nous plaçons de nouveaux morceaux,d’autres retombent par un nouvel événement qui s’installe et empêche leprocessus de progrès au profit d’un processus complexe et rapide, commel’inégalité ou un souci personnel qui vient nous remorceler intérieurement.(…) Nous nous voyons ainsi contraints de brimer intérieurement notregénérosité personnelle par souci de devoir en premier lieu régler nospropres problèmes. C’est ainsi que la complexité et la multiplicité des pro-blèmes posés entraînent la division de ses membres. La division de soirepose sur le modèle de division sociétale et réciproquement.Tout nous divise, surtout les étiquettes : fumeurs/non-fumeurs,chômeurs/travailleurs/retraités/handicapés, homme/femme, Nord/Sud,riche/pauvre, catho/musulman, communiste/vert…Chacun croit s’abriter dans sa particularité, s’accroche à ses croyances.Parce que nous avons peur. C’est pourquoi, nous nous rassurons dans notresituation, renforçons notre identification à des noms, des étiquettes, pourpouvoir mettre des mots sur ce que nous sommes et identifier ainsi notreplace rejaugée sans cesse. (…) C’est ainsi que nous sommes tous divisés, isolés, divisés. Au prix detrahir nos propres idées et idéaux : ne nous sommes pas habitués à croiserun sans-logis qui fait la manche ? L’argent nous divise. Nous sommes divi-sés aussi dans nos combats : on ne peut pas être sur tous les fronts. Etpourtant, nous sommes tous accablés par les mêmes problèmes, les mêmesinquiétudes, les mêmes injustices, touchés par les mêmes causes, réunis parle même destin. La résolution passe par la synergie : synergie des mouvements, des associa-tions, sans étiquette et sans couleur. Etres humains simplement, c’est cequi nous rassemble. Pour une cause, un combat, nul besoin de savoir pourqui tu votes. Les partis, l’argent, les religions, tout ça nous divise. Synergiedes actions.C’est ce mouvement rassembleur que chacun espérait en 2003, mais querien n’a coordonné malgré le ras-le-bol général et la mobilisation de cha-cun. Parce que ce mouvement général dépassait les étiquettes et les partis,les syndicats n’ayant plus le contrôle du mouvement (…).Il nous faut une synergie rassemblant les êtres humains que nous sommes,au-delà de nos appartenances, autour de causes communes que l’on appe-lait il n’y a pas si longtemps les valeurs, qui sont des thèmes rassembleurs.

Sylvie Nowak n

Ardèche.

En passant par les revuesEn février 2002, je faisais «la gueule» en trouvant que les projets d’éco-construction faisaient la part trop belle aux proprios (foncier) friqués(réponses individuelles au problème de l’habitat), surtout depuis la couver-ture du n°274 sur l’habitat convivial aux USA.Y’a comme ça plein de lotissements de retraités militaires ou fonction-naires d’Etats qui, après avoir foutu la merde sur toute la planète, se pré-occupent sur le tard de leur empreinte écologique… Ce sont les mêmesque l’on croisent sur tous les vols en avion.

Ainsi, je me suis aventuré avec l’Ecologie sociale, silencieuse depuis le numéro d’automne 2003. Puis j’ai fait un tour en compagnie de la revue Greenpeace®, où gre-nouillent les tendres rejetons de la bourgeoisie s’inquiétant de la dispari-tion de leurs beaux paysages vu des balcons du Cap d’Antibes, de la merpoubelle du pont de leur «yachts», bref, lorsque les mineurs de ma régioncrevaient de silicose à 40 ans, ce n’était pas leur problème, seules lesfumées devenaient gênantes (colère ! colère !)Puis avec Passerelles-Eco : hum ! cours camarade, l’autoroute est derrièretoi…Et puis La revue durable pour y découvrir que les banques font leur révo-lution verte.Enfin, l’Ecologiste, la bible de l’écologie… pour preuve le n°9. Ben, oui, onva réenchanter le monde : comme le disait le camarade Mouna : «entre lesagagas, et les à gogo, soyons aguyguystes».Et me revoilà !Viva Zapata !

Christian Junck n

Morbihan.

Non-violenceA Lalji Flutre, de l’Ariège (N°308, Non-violence). J’éprouve une grandeadmiration pour Gandhi, mais jusqu’où a-t-il eu raison ? Le 26 novembre1938, parmi des propos très justes, voire visionnaires, il écrivait à proposdes juifs en Allemagne : «… Si j’étais juif et né en Allemagne et si j’ygagnais ma vie, je déclarerais que l’Allemagne est ma patrie, tout commepeut le faire l’Allemand le plus important et le mettrais au défi dem’abattre ou de m’enfermer ; je refuserais d’être soumis à un traitementdiscriminatoire…» La suite des événements est connue. (source :Résistance non violente, M.K. Gandhi, Ed. Buchet-Chastel, 1986)Les chefs de la secte nazie ambitionnaient de conquérir le monde pourl’expansion de la “race aryenne”, éliminant les peuples au fur et à mesurequ’ils ne pouvaient plus s’en servir comme esclaves. Au nom de la souve-raineté des Etats, les gouvernants de l’époque ont laissé s’installer ce sys-tème politique. Cette «non-violence» a engendré 60 millions de morts.Actuellement, des groupes financiers font main basse sur le patrimoinegénétique pour acquérir toutes les terres de la planète et nous réduire dansune nouvelle féodalité. En associant la non-violence et le respect de la pro-priété privée, nous pouvons les laisser installer leurs champs de dispersionde transgènes. Combien de siècles d’esclavage cette attitude prépare-t-elle ?Il est très coûteux de faire la guerre pour détruire un régime dangereuxmais on sait le faire. Actuellement, on ne sait pas ôter un gène dispersédans la nature. Les gènes ne connaissent aucune barrière, même pas cellede l’espèce et leurs modes de dispersion sont très nombreux.« Pas de liberté pour les ennemis de la liberté ! » a dit Louis Saint-Just(1767–1794) qui n’est pas non plus un modèle absolu. L’exception confir-me la règle ! A chacun de réfléchir !

SILENCE N°314 Septembre 2004 40

France d’en choixCe sacré Rafarien ! Quel pouvoir vous lui avez donné de vous maltraiterLorsque vous avez fait le choix, France d’anchoisDe vous approprier la France d’en basEt de lui accorder la France d’en hautAlors qu’il eût fallu un embargo !Vienne le jour où; France d’engourdis,Vous serez debout sur la France d’envieCessant d’engraisser, France d’en trop, cette France d’en haut,Haut les cœurs ! Bas les larmes, France d’embarras !Empoigne le courage qu’il faut pour embastiller qui il se doit.Et si, France d’en trop, tu persistes en ton droit,En grève générale s’entrouve l’espoir d’une France ensoleilléeQui embrase et s’engage, en acte.Tu as le choix, France d’empoigne,De ne pas faire tien le langage d’enflureD’une France un peu dure,De ne pas faire tien cet en-bas, cet en-haut,A tout bout de champ, c’est en tropCet en-plus, cet en-moins,Abat les valeurs qui mettent l’endroit en taule et l’envers en tête.France emberlificotée,Dénie les mots d’une engeance d’insulte,Dilue l’encre de l’emprise de cette croyance,D’un haut, d’un bas irrémédiables.

Françoise n

Tarn.

Courrier

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SILENCE N°314 Septembre 2004 41

Patrice Néel n

Ardèche.

L’espéranto libre ou ladomination de l’anglaisFaites l’expérience suivante, vous allez sur le site europa.eu.int, site del’Union européenne, vous êtes accueillis dans onze langues (lorsque j’y suisallé en février dernier). En cliquant sur le lien français, vous arrivez surune page d’accueil où un lien en haut d’écran vous propose «Quoi deneuf». Si vous cliquez dessus, vous trouvez les dernières infos… en anglais! Si vous poursuivez vos recherches, vous constaterez que de très nombreuxdocuments n’existent qu’en anglais et donc qu’un citoyen des Etats-Unis oude l’Australie a plus de chance d’être informé de ce qui se passe en Europequ’un Européen français, allemand, portugais ou grec. Est-ce normal ? (…) En 2002, je suis allé en avion en Bulgarie avec Air France. Toutes lesannonces, y compris celles de sécurité ont été dites en français et enanglais. Aucune en bulgare ! Pas même «bonjour». J’en ai parlé avec unmembre du personnel qui m’a simplement répondu qu’ils étaient tenus deparler dans ces deux langues.Situation similaire dans les trains internationaux. Je revenais de Berlin entrain direct jusqu’à Paris. Le train a une heure de retard. L’annonce estfaite par le contrôleur en français et en anglais. A Berlin : pas un mot enallemand ! (…) Lors du récent forum social européen, je suis sur un stand présentantl’espéranto. Chose stupéfiante, des Allemands, des Italiens jetaient un coupd’œil sur les affiches (en français et espéranto) et demandaient immédiate-ment les documents… en anglais, alors que nous les avions prévus dansune quarantaine de langues. Le Forum social ne fait finalement que repro-duire à son échelle ce que font les sommets officiels. Pourquoi unAllemand ou un Italien ne demande-t-il pas d’abord si le document existedans sa propre langue ? Sans doute que depuis des années, ils ont l’habitu-de de ne pas voir leur demande satisfaite et de se voir proposer l’anglais !Alors, ils entrent dans le cercle vicieux (…) Les langues non utiliséesdeviennent des langues mortes. (…) Si l’on enseignait l’espéranto quelques mois à tous les élèves, tout lemonde pourrait communiquer beaucoup mieux qu’actuellement et on pour-rait se remettre à enseigner toutes les langues : l’italien à Nice, l’alsacienà Strasbourg, le breton à Brest…Et maintenant que va-t-il se passer avec les nouveaux pays membres ?Venez avec votre économie, mais pas avec votre langue ! Votre langue,c’est sous-entendu, votre culture, on n’en a pas besoin ! (…) En communiquant avec l’espéranto, personne n’impose sa culture,chacun communique le plus parfaitement possible et chacun a alors dutemps libre pour apprendre les langues (et les cultures) de son choix (…).

Laurent Vignaud n

Maine-et-Loire.

Langue internationaleVous êtes partisans de l’apprentissage de l’espéranto qui aurait vocationd’être la langue internationale. Là, je ne suis pas du tout d’accord avecvous, car l’espéranto est une langue créée artificiellement. Chanter seslouanges, je ressens cela comme une injure vis-à-vis de toutes les autreslangues qui ont, elles, une «épaisseur» (dans le bon sens du terme !),laquelle est due à leur histoire — histoire qui est d’ailleurs passionnante.A propos de l’anglais, de plus en plus utilisé comme langue internationale,je trouve qu’il a le grand avantage d’être une langue simple. Ce n’estquand même pas parce que nous parlons anglais pour nous comprendreentre peuples que nous allons sombrer dans l’actuel libéralisme des Etats-Unis ! Dans tout cela, comment oublier toute la richesse de la culture dela Grande-Bretagne, de toute la littérature anglo-américaine ?Voilà donc en quelques lignes le cri de protestation que depuis longtemps,je voulais vous adresser. Par ailleurs je vous redis quand même «bravo!»pour votre façon globale de voir les choses.bien amicalement.

Geneviève Soubise n

Drôme.

Crise du pétro-leAbonné depuis deux ans à votre revue quim’a (un peu) sorti de mon ignoranceconformiste, j’ai lu avec passion l’articled’Alain Dorange «La crise du pétrole estlà» dans le n° 309.Deux passages me paraissent contestables: «Sans énergie, plus d’agriculture durable»(paroles d’un dénommé Simons, directeurd’une banque d’investissement pour l’éner-gie au Texas). On peut penser qu’aucontraire c’est l’agriculture productivistequi sera condamnée. Le numéro 7 deL’écologiste («comment nourrir l’humani-té») raconte comment Cuba s’est convertieà l’agriculture biologique par la force deschoses, par pénurie énergétique et chutedes importations de pesticides et d’engrais.D’autre part, concernant les énergies desubstitution «le charbon et le nucléaireseront les remèdes d’urgence auxquels nous aurons recours, mais ne seront pasefficaces, sinon pour colmater les brèches». On peut lire dans le quid : «le charbon est l’énergie fossile la plus abon-dante (...) sept fois plus que le gaz et le pétrole».Perspectives : «obtention de gaz méthane»Liquéfaction : «l’Allemagne produisit pendant la guerre de 39-45 cinq mil-lions de tonnes par an d’essence à partir de la houille. Actuellement l’usinepilote de BASF et mines de Sarre produit trois tonnes d’hydrocarbures àpartir de six tonnes de houille. L’Afrique du Sud produit à Sasol 230.000 tonnes d’essence synthétique par an».Les multinationales pétrolières sont capables, quand on connaît leur rapa-cité, de faire croire à l’absence d’énergie de substitution pour faire monterles cours.Il est probable qu’une énergie aussi abondante que le charbon ne soit pasexploitée à grande échelle après tarissement du pétrole, avec bien sûr ledrame que provoquera cette énergie pour la planète : explosion de l’effetde serre.J’espère me tromper, et que vous me détromperez (?).Bien amicalement.

Philippe Le Coz n

Ille-et-Vilaine.

Attac équitable ?Attac en début d’année a diffusé des écharpes en batik «équitable» avecson gros logo % dessus. Ceci est une réponse à cette opération.Toute l’industrie textile en France a été vendue à la ferraille. Le ferrailleur,le gros, celui qui peut acheter l’usine entière pour l’installer en Afrique ouailleurs. Des contrées où il n’y a pas de RMA, d’Assedic, de sécu, de retrai-te, d’allocations familiales…Alors «éthique», ça blanchit : on sait qu’il n’y a pas d’enfants esclave, etencore.L’Ethique exploite moins, mais pour ceux qui bossent, c’est une exporta-tion de leur travail contre de la monnaie, ou des constructions post-coloniales.Je suis artisan métier d’art (tourneur sur bois). Depuis plus de vingt ans,nous sommes envahis par des produits artisanaux d’Inde, de Chine,d’Indonésie, d’Afrique, etc. A présent, avec l’Ethique, nous commençons àêtre envahis dans les réseaux informels ou associatifs où nous commerciali-sions, avec de plus en plus de difficulté, nos produits.Les produits éthiques sont entre trois et dix fois moins cher qu’un produitqui correspondrait, fait en France, à la main, par un artisan d’art. Je ne revendique par l’arrêt des échanges internationaux. Cependant, plusnous consommons local et moins nous nourrirons l’industrie pétrolière.

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Nous avons alors une traçabilité du produit, tant au niveau social qu’envi-ronnemental.

J. D. Denis n

Ardèche.

Guerre aux pauvresLa guerre aux pauvres est déclarée ! Supprimons-les pour éradiquer lamisère !Sur tous les continents, de nombreux pays ont déclaré une guerre sansmerci à tous ceux qui ne peuvent accéder «aux bienfaits» du capitalisme.Cette vague déferlante de rejet et de violence nous atteint, les exclus detous poils sont de trop en France.Comment s’opère cette élimination ?Elle est active à trois niveaux : physique, social, et civique.Sur le plan physique, il s’agit d’atteindre la santé, l’intimité, la sécurité.La santé : en réduisant progressivement le droit aux soins, en supprimantles établissements hospitaliers non rentables, en diminuant le rembourse-ment des traitements de première nécessité, en faisant pression sur les tra-vailleurs de la santé pour déshumaniser les services, en culpabilisant lesconséquences du mal-être : tabagisme, alcoolisme, drogues, chômage etdélinquance surtout.Il n’y a plus de victimes mais seulement des coupables. Le mot «victime»devient la suprême injure chez les jeunes.Ainsi, une bonne partie des malades de milieux défavorisés deviennent cou-pables de leur état. La société peut donc arrêter de les soigner. Elle peutles condamner, les refouler en prison et autres lieux carcéraux.L’intimité : il n’y a pas mieux pour détruire un être humain que de s’atta-quer à son intimité physique. D’où les viols de toutes sortes atteignant lesenfants, les femmes, et même les hommes.A l’hôpital, les malades des milieux pauvres sont trop souvent manipuléssans précaution, utilisés comme champ d’expériences, mis à nus dans leurvie privée.Dans le secteur social, c’est l’intrusion de plus en plus fréquente de la poli-ce qui humilie, matraque et emprisonne. Les dernières mesures gouverne-mentales laissent quartier libre à la police face à la délinquance des ban-lieues au détriment de la justice déjà défavorable aux pauvres. Ce sontd’autres formes de viols qui se mettent en place.Au nom de la sécurité : l’Etat cherche à briser toute solidarité entre défa-vorisés. Ainsi, une personne qui héberge un sans-papier risque amende etprison. Les églises, anciennement lieu de refuge sacré, ferment leurs portesou sont profanées par des interventions policières. Au nom de la sécurité,des adolescents de 13 ou 14 ans se retrouvent en prison avant d’êtrejugés, ils y subissent la loi du milieu où le viol est omniprésent.Dans le domaine du social, celui-ci a perdu sa priorité en France. Il n’est

plus qu’un boulet, un poids dont veut se débarrasser la société avancée.Les médias affirment que 67% des Français estiment que les chômeurssont trop indemnisés... D’où les mesures actuelles : suppression ou réduc-tion des droits ASSEDIC, l’Etat se décharge du RMI pour le reléguer audépartement, le SMIC est battu en brèche par le RMA (cinq fois moinscher pour le patronat), les petites retraites sont encore réduites, et le gou-vernement généralise les «coupes sombres» dans le budget social.Pire que cela, l’être humain, s’il n’est pas friqué, n’est plus considéré. Iln’y a plus qu’une valeur sur terre : l’argent et ce qu’il procure. Toutes lesinjustices et tous les crimes deviennent possibles en toute impunité, etmême justifiés quand il s’agit des pauvres. Ainsi, des sans-papiers sont ren-voyés manu-militari, par charters entiers, dans leurs pays, souvent pour s’yfaire massacrer.Au nom de la libéralisation du profit, les pays riches — dont noussommes — pillent les richesses et détruisent les fragiles organisationssociales des pays défavorisés, provoquant famines, maladies, pollutionsextrêmes, catastrophes écologiques et violences.Ainsi, de partout, nous fabriquons des multitudes d’exclus qui ont encorele tort de s’accrocher à la vie, de survivre, d’être coupables d’exister.N’en doutez pas, dans notre beau pays de France, il ferait si bon vivre s’iln’y avait pas tous ces chômeurs, ces RMistes, ces jeunes beurs des ban-lieues, ces malades du sida, ces assistés que sont les vieux des «mouroirs»,et combien d’autres indésirables.Enfin sur plan civique, pour supprimer les pauvres, il importe de les priverde tous leurs droits durement acquis. Pour éliminer physiquement ou main-tenir dans l’esclavage certains groupes humains, l’Eglise et l’Etat (parfois)n’ont pas hésité à déclarer qu’ils n’avaient pas d’âme... ainsi, les Indiensd’Amérique et, en d’autres temps, les femmes.J’ai entendu cela de prêtres catholiques en Algérie, concernant les fells(combattants pour l’indépendance de l’Algérie). Pas d’âme, donc bon àtorturer et à abattre.Aujourd’hui, les droits civiques les plus élémentaires, comme celui de voter,sont sévèrement battus en brèche. Les partis au pouvoir, de gauche ou dedroite, se fichent depuis belle lurette de la classe ouvrière (il paraît mêmequ’elle n’existe plus) et de la masse d’électeurs qu’elle représente. Déjà, lamoitié ne vote plus et c’est tant mieux, il suffit de manipuler l’autre moitiéet ce qui aurait pu être un obstacle devient un troupeau soumis et berné.La gauche de Mitterrand s’est appuyée sur les classes moyennes considé-rées comme les chiens de garde du progrès capitaliste. La droite d’aujour-d’hui n’est que le valet des plus riches du monde, elle dicte toutes ses loisen leur faveur.Le pauvre n’est plus un citoyen, et sans doute plus un homme. Sachez-le,camarades de misère, ne votez plus, ne faites plus confiance à aucun deces valets du pouvoir capitaliste. Ne vous laissez pas non plus manipulerpar l’extrême-droite ultra-libérale et raciste. Cessez de courber l’échine,

L’immobilier bobo, les bonnes adresses passées sous silence !Échange 45 m2 en HLM contre la maison de Reinhold et Brigitte... ou, plus modestement, une des maisons (éco-habitats du canton de Vouillé)... Quant àla yourte (?!) venue d’Orégon (simplicité volontaire ?) ... du délire ! Christian Junck n Morbihan.ndlr : voir n° 312- 313 (Poitou-Charentes).

Courrier

SILENCE N°314 Septembre 2004 42

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Vous avez été nombreus-e-s à réagir au courrier de Sylvie Nowak (n°311), voici rassemblées vos premières réactions.

Je suis une nouvelle lectrice de la revue S!lence et compte bien devenir uneadepte tant je la trouve bien conçue, détaillée et riche en informations. Desurcroît, je m’y sens «chez moi» car elle est rédigée dans une langue que je comprends, à croire qu’il y a plusieurs languesfrançaises ... J’apprécie beaucoup la rubrique «annonces» et la variété des idées présentes.Deux articles m’incitent particulièrement pour vous adresser ces quelqueslignes car ils me touchent de près. Il s’agit de celui rédigé par MadeleineNutchey et sa notion d’indépendance et du message de Sylvie Nowak, quisemble vivre une certaine galère et avec qui je partage entièrement l’opi-nion que vivre en total accord avec ses idées écologiques n’est pas à la por-tée des bourses modestes. Pardon si je parle un peu de moi, tel n’est pasmon but, mais seulement de tenter de transmettre le fruit de l’expérienceque j’ai connue par rapport à la notion de liberté, d’indépendance et derichesse dans une société de consommation despote.J’ai consacré mes 30 premières années à aller à contre courant de la des-tinée qui est promise lorsqu’on naît dans une famille à problèmes (fami-liaux et sociaux), à savoir à m’instruire, quelle qu’en soit l’impossibilitéévidente. J’ai vu dans l’instruction la seule porte possible pour moi de sor-tir d’un cercle infernal intergénérationnel. (...) Après trois ans de chômageet de profonde remise en question, j’ai créé mon propre emploi de traduc-trice d’où une misère accrue pendant les trois premières années. Au coursde cette période, j’ai connu de nombreux moments de pur désespoir.Maintenant, mon entreprise est pérenne et j’ai accompli tous les rêves quej’avais à 15 ans, et même au-delà si je prends en compte que mon vécu anuancé ces rêves, je veux dire que si j’avais connu la facilité pour y accé-der, je me serais trompée de notion de liberté, d’indépendance ou tout sim-plement de ce que je me sens être réellement. Aujourd’hui, je suis financiè-rement autonome et cela me suffit, j’ai accédé à davantage de confort etde sécurité matérielle mais j’essaie de maintenir un état de détachementoù aucun des biens matériels que je possède ne peut servir à quiconque àfaire pression sur moi. Je réalise après coup à quel point la pauvreté afinalement été un cadeau de la vie tant elle m’a appris. En fait, la pauvretéest une illusion dont on souffre matériellement, physiquement et morale-ment jusqu’au tréfonds, mais elle a une fin dans les deux sens du terme.Mais elle n’est rien d’autre qu’un consensus ou une étiquette qu’on appose.En fait, lorsqu’on est très pauvre, on n’apprend pas seulement à se conten-ter du «vital», on révise à la baisse d’une façon draconienne sa notion duvital, on se trouve très marginalisé, donc seul. Plus aucun avenir ne peutvenir de l’extérieur, on est contraint d’aller creuser au fond de soi, au cœurde soi, là où il est donné à peu de gens d’aller, dans notre société occiden-tale d’enfants repus. Et là on découvre des trésors, on découvre sa véri-table identité, sa foi, l’authentique sens qu’on donne à la vie, la force desoulever sa montagne. C’est une traversée du désert dans laquelle on semétamorphose, on perd sa vieille peau constituée de tous les conditionne-ments reçus dès la naissance. C’est une véritable cure de désintoxicationqui laisse l’esprit clair, débarrassé de tout attachement aux apparences etautres préjugés. Là, on commence à entrevoir que la vraie liberté se trouvedans le détachement et l’amour de la vie.(...) Le sourire est la seule vraie possession humaine. Le sourire est trèsécologique, gratuit, énergisant et renouvelable et tout le monde peut parti-ciper. Alors, si c’est possible, j’aimerais adresser au passage un grand etamical sourire à Sylvie (...). Moi aussi, je suis obligée de renoncer à, parexemple un chauffe-eau solaire (..) et même je roule dans une voiturepourrave qui pue, en attendant de pouvoir me payer mieux (la vie à lacampagne, ça coûte cher en déplacements + le fils fait des études et passeson permis de conduire). Les seuls trucs écolos que je peux faire à parttrier mes poubelles et éviter les déchets inutiles, c’est rationaliser mesdéplacements, les rentabiliser en prenant les auto-stoppeurs et me chaufferuniquement au bois car j’ai la chance d’avoir une cheminée avec un foyerfermé d’un bon rendement muni d’un moteur qui répartit la chaleur. Là jefais vraiment des économies mais j’accepte qu’il ne fasse que 16 degrésmaxi chez moi tout l’hiver. Mais c’est déjà rudement bien d’avoir uneconscience écologique et d’essayer de faire au mieux selon ses possibilités.Parler d’écologie, c’est déjà agir en faveur de l’environnement.

Muriel Fossard nOrne.

J’aimerais répondre à Sylvie Nowak (S!lence 311) parce que sa lettrem’a beaucoup touchée. En fait il y a longtemps que je songe à vousenvoyer une telle lettre. En effet je lis toujours votre revue avec plaisir, etje me sens très proche de vos idées, mais il est difficile de les appliquerau quotidien. Je suis professeur de français pour étrangers, non titulairede l’éducation nationale, et je fais malheureusement partie de ceux quel’on nomme les « précaires «. Je travaille pour une petite association àParis, dans le treizième. J’ai un salaire de base de 860 euros par mois,auquel s’ajoutent parfois des heures supplémentaires et des cours parti-culiers, mais je ne gagne jamais plus de 1000 euros et je peux vous assu-rer que c’est très difficile de vivre «bio et écolo» avec ce salaire, d’autantplus lorsqu’on paie 450 euros de loyer... donc comme Sylvie je vais plu-tôt dans les supermarchés discount, je ne m’achète jamais de vêtementsneufs, je ne peux pas acheter les produits «locaux», je me déplace en busou en métro, je me chauffe au chauffage électrique, je n’ai pas de quoiavoir un bout de jardin (impossible à Paris !)... et je rêve d’un mondemeilleur ! Je milite pour ATTAC, je fais du bénévolat, je fais partie desréseaux «Stop-précarité» et «Sortir du nucléaire»... mais bon, la vie quo-tidienne est loin d’être simple quand on n’a pas d’argent dans une sociétéoù l’argent est roi... difficile dans ces conditions de vivre en accord avecses idées ! Bonne continuation.

Christine Avignon nParis.

J’ai 57 ans. En 1971, après avoir fondé un foyer, j’ai vécu normalement— c’est-à-dire sur le mode consommateur — durant une douzained’années. Mon divorce, en 1985, m’a peu à peu amené à remettre encause les valeurs enseignées par le Système et à entamer, inconsciem-ment, une décroissance personnelle. Depuis une dizaine d’années, je dis-pose d’environ 800 euros mensuels. Je vis seul. Mon loyer (maison d’ar-tiste située en pleine campagne et disposant du confort standard) est de275 euros ; je possède une petite voiture (Punto) avec laquelle j’effectueenviron 10.000 km par an (à mon grand regret, car la violence routièreme désole chaque jour davantage; mais c’est la rançon de la vie aumilieu des champs et d’une famille située à 300 km de là). Mon alimen-tation est plutôt végétarienne, mais il m’arrive cependant de consommerdes plats cuisinés industriels. J’achète peu de vêtements, faisant durerceux que j’ai (par exemple, en évitant de les laver à tout bout de champ,alors qu’ils ne sont pas sales, parce que la culture en place veut que noussoyons toujours plus blancs que blanc...). Je dépense davantage en achatde livres..., question de choix! Et ce niveau de vie me suffit amplement.Mais il est vrai que la proximité de la nature y est pour beaucoup. Enville, je dépérirais.La décroissance, je la vis bien, au quotidien, avec les possibilités qui sontaujourd’hui miennes. Bien sûr, il serait préférable que je revende ma voitu-re et ne me déplace qu’à vélo et en train; bien sûr, des panneaux solairesseraient moins polluants que la chaudière au fioul; bien sûr, mon alimenta-tion serait plus respectueuse de l’environnement si je préférais la coop bio(40 km) à la supérette locale. Mais tout cela n’étant pas envisageable, je«décrois» autrement : j ‘évite autant que faire se peut de tomber dans leschausses-trappes de la publicité, de la mode, des médias, de tout ce quitend à nous faire prendre des vessies pour des lanternes. Comme, parexemple, que la décroissance s’adresse surtout aux individus matérielle-ment disposés à l’accepter.Autrefois, on disait que pour gagner de l’argent, il fallait investir.Aujourd’hui, on dit que pour économiser de l’argent — et par la mêmeoccasion, la Terre — il faut encore investir : certes, l’Economie manie leparadoxe avec brio! Si, en effet, la décroissance consiste à recon vertir toutle matériel existant en matériel écologique, l’Industrie a encore de beauxjours devant elle... et la Terre n’en a pas fini de «dérouiller». Et seuls lesgens en mesure d’investir auront l’impression de participer à son pseudo-sauvetage. En réalité, les investissements des nantis en matière d’écologieleur donnent bonne conscience et leur permettent de déléguer à la tech-nique le soin de sauver la Terre à leur place. Reste que leur esprit, lui, n’apas changé, ou fort peu. Or, la décroissance, pour qu’elle porte ses fruits,doit avant tout être vécue dans la tête. Ce sont nos idées, notre culture, nos comportements qui doivent d’abord décroître. C’est pour cette raison,Sylvie, qu’en étant pauvre, vous êtes mieux placée que ces gens richescondamnés à paraître au lieu d’être. Je crois en effet que notre rôle, surcette terre, est d’être vrais, authentiques. Et cela, tout l’or du monde nel’achètera jamais!

Yves Emery nCôtes d’Armor.

Suite page 48

SILENCE N°314 Septembre 2004 43

CourrierDécroissance et niveau de revenus

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Les libertairesdu YddishlandJean-Marc IzrineÉd. Alternatives Libertaireset Le Coquelicot1998 - 98 p. - 11 €

À travers cet ouvrage, l’auteurnous dresse un portrait du mili-tantisme juif au sein des mouve-ments ouvriers, communistes etanarchistes. Il nous propose untour du monde de ces militants etnous présente au passage uneface cachée de la communautéjuive. Et, même si ces militantsfurent peu nombreux, il n’en restepas moins qu’ils participèrentactivement à différentes luttessociales d’Uruguay en Russie enpassant par la Pologne, la France(édition d’un journal début desannées 80), Israël (existence fur-tive du mouvement !)... Si vous voulez tout savoir sur lesdifférentes tendances libertaires,cet ouvrage vous présentera l’his-torique du mouvement au sein dela communauté juive. Par contre,pas grand-chose sur l’actualité dece mouvement et sur les militantsisraéliens (non-libertaires) d’au-jourd’hui pour la paix et la déco-lonisation. JP.

Cités de femmes, l’espoir maintenantCécile Petident et Muriel-André SourireEd. du Félin2002 - 160 p. - 18,30 €

Journalistes à France Bleu, lesauteures avaient réalisé toute unesérie d’émissions en laissant par-ler des femmes des cités. Dans celivre, elles reprennent ces émis-sions en classant les témoignagespar thèmes. Cela donne un livre

avec un seul long chapitre,comme un immense dialogueentre femmes de plusieurs villes,un dialogue qui fait ressortir biendes espérances, loin des clichéshabituels. Revigorant. FV.

Les miragesde l’aideinternationaleDavid SoggeCollectif d’éditeurs(L’Atelier pour la France)2003 - 330 p. - 15 €

L’aide internationale est devenueun énorme business. Supposéeêtre désintéressée, elle dépendpour une bonne part de la bonnevolonté des Etats et est doncorientée en fonction des besoinspolitiques. Des propos que l’onpourrait étendre à l’humanitaireen général. quand on parle dedéveloppement, de quel dévelop-pement s’agit-il ? De celui quireçoit ou de celui qui donne ?L’auteur s’interroge alors sur lespossibilités de démocratiser lesprocessus d’aides pour éviter lesconséquences négatives actuelles.Cela s’inscrit dans la réflexionpour une autre mondialisation. Ilpose la question de l’imaginairequi nous anime, car penser autre-ment l’aide, c’est penser autre-ment tout court. En sommes-nouscapables ? Et il cite un proverbedu Zimbabwe : «les histoires dechasse resteront des épopées glo-rieuses jusqu’au jour où les ani-maux auront leurs propres histo-riens». Il propose quelques prin-cipes de base : d’abord ne pasnuire, s’assurer que cela augmen-te de la part du groupe aidé sonestime de soi, que cela mène à unmieux-être. Cela ne va pas assezloin : si des pays ont besoind’aides, c’est souvent parce qu’ilsont été pillés. Et la premièremesure à prendre serait d’arrêter

le pillage. Bizarrement, l’auteurne s’interroge pas sur notre ponc-tion permanente des richesses duSud. MB.

Le projetgrands singessous la direction de PaolaCavalieri et Peter SingerEd. One Voice2003 - 360 p. - 20 €

Cet ouvrage regroupe les témoi-gnages de plus de trente scienti-fiques issus de disciplines variées :éthologues, biologistes, philo-sophes... Leur point commun estd’avoir tous étudié les comporte-ments des animaux et deshumains, d’avoir réfléchi sur lesdifférences propres aux espècesde grands singes (chimpanzés,gorilles et orangs-outans) et surcelles qui nous servent à justifierles différences d’avec l’êtrehumain. Leur conclusion est onne peut plus parlante : il esttemps d’élargir les droits que l’onaccorde aux êtres humains auxautres grands singes. En effet, endehors de tout jugement moral,les preuves accumulées par lesnombreuses recherches sur lesgrands singes sont incontour-nables. Du comportement social àla transmission de connaissances,de la faculté de faire le lien entreun mot et sa représentation men-tale, de la faculté à se souvenird’un fait ou d’une rencontrepassé à celle de demander unproduit déterminé, les barrièresque l’espèce humaine avait éta-blies pour se démarquer de cesanimaux sauvages ne correspon-dent en fait qu’à des jugementssans fondement issues de laméconnaissance des grands singes.Voici quelque-uns des droits que

nous devrions partager entregrands singes : le droit à la vie, la protection de la liberté indivi-duelle et la prohibition de la tor-ture. Hormis quelques répétitionsdans les témoignages, la diversitédes arguments apportés nousamène à remettre en questionnotre statut au sein du monde des grands singes. JP

Pour avoir dit nonHélène BraccoEd. Paris-Méditerranée2003 - 334 p. - 22 €

Ce livre est une vaste enquête surles mouvements de désobéissance,d’objection de conscience et d’in-soumission pendant la guerred’Algérie (entre 1954 et 1962).On y retrouve les luttes del’époque mais également un tra-vail de recherche pour retrouverce que sont devenus après la finde la guerre ceux qui avaient eule courage de refuser la guerre.Le début d’une reconquête del’Histoire après des décennies de silence sur le sujet. MB.

SILENCE N°314 Septembre 2004 44

V I D E O S

Témoin gênantYves Elie et Renée GaraudEd. VB Films (Montpellier)2003 - 55 mn - 22 € (+ 2 € de port)

Les abeilles meurent en grand nombre. Le phénomène commence en France et apiculteurs de tous bords essaient de comprendre.

Les concordances avec l’arrivée du Gaucho et du Régent comme pes-ticides dans le tournesol et le maïs se font de plus en plus insistantes.Les apiculteurs essaient alors d’obtenir l’interdiction de la molécule à la base des deux produits. Mais la firme Bayer fait de la résistanceet bénéficie d’appuis dans les ministères. Le film raconte comment ledoute devient certitude, comment les résultats scientifiques sont écar-tés, comment le ministère joue la montre… pendant que les abeillesmeurent. Le film s’arrête fin 2003 peu de temps avant que le gouver-nement ne cède… mais en 2004, s’il y a interdiction de commerciali-ser la molécule, il est encore possible d’écouler les stocks. Très bondocumentaire. MB.

Livres

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Les femmeset les enfantsd’abordCécile BertrandEd. Luc Pire (Bruxelles)2003 - 96 p.Cécile Bertrand est bien connuedes militant-e-s belges pour sesdessins percutants sur le féminis-me entre autres dans la revueécolo Imagine. Voici un fortagréable recueil de dessins sousforme d’un abécédaire du sexismede A comme amour à Z commezizi. De grandes réflexions en seu-lement quelques traits de crayon.

La philosophiedu punkHistoire d’une révolteculturelle.Craig O’HaraÉd. Rytrut (38190 Saint-Maury)2003 - 224 p. - 14 €Cet ouvrage, traduit de l’améri-cain, ne s’adresse pas qu’à ceuxet celles qui vivent ou ont vécucette épopée contestataire, et qui(re)découvriront les revendica-tions politiques du punk à traversune myriade de groupes engagés,indépendants et autonomes.En effet, pour ceux et celles quirejettent le mouvement punk surun a priori musical ou vestimen-taire, pour ceux et celles qui nevoient dans le punk que bières,drogues, danses violentes et des-tructions, je conseille fortementla lecture de ce livre. En effet,nous partons au fil des pages, auxracines du punk pour remonterjusqu’au courant actuel, tout enayant pris soin de nous arrêteraux philosophies non-violentes,

anti-racistes, anti-autoritaires...de ce mouvement politique, et ceà travers une kyrielle de groupeset de publications.

Cet ouvrage prend la défense dupunk en nous présentant ses cri-tiques du système mais égalementses engagements au quotidiendans des luttes que ne renieraitpas tout bon écologiste. Penchez-vous ne serait-ce que sur le cha-pitre concernant la pratique dudo-it-yourself (faites-le vous-même) et votre attitude face à cemouvement devrait changer. Alorsécolo et punk même philosophie ?A un doigt de bière près conclu-rait le médisant ! JP.Une réussite. MB.

Classe fantômeJean-Pierre LevarayEd. Le Reflet 2003 - 132 p. - 13 €

Après le succès mérité de sonlivre Putain d’usine, Jean-PierreLevaray poursuit ici ses chro-niques du monde ouvrier danslequel il vit.Comme à AZF, il tra-vaille dans une usine d’engrais.C’est toujours aussi bien écrit ettoujours aussi juste au niveau desobservations. La vie de la«France d’en bas» est un moyende nous rappeler que la «classeouvrière» existe toujours, que cen’est plus parce qu’on n’en parlepas qu’elle n’est plus là : il y asept millions d’ouvriers en Franceet on peut y rajouter autantd’employés de bureau. FV.

Codes deconduites desmultinationalesOutils de pro-grès social oucoup de pub ?Réseau-Solidarité (Rennes)2003 - 112 p. - 10 €

Sous la poussée de l'opinionpublique alertée par des réseauxassociatifs comme Réseau-Solidarité, les multinationalescèdent petit à petit du terrain,notamment en élaborant descodes de conduites. Les analysesici montrent bien que les quelquesaméliorations que cela représentene suffisent pas pour permettred'atteindre un progrès social.

SILENCE N°314 Septembre 2004 45

Jean-Pierre TertraisEd. Monde libertaire (145, rue Amelot, Paris)2004 - 48 p. - 3 €

Très bon travail synthétique sur la mythification du «développement»comme nouvelle méthode coloniale du capitalisme : «en utilisant le

tiers-monde comme réservoir de matières premières et de main-d’œuvreservile, cette œuvre ‘civilisatrice’ va créer, précisément, le sous-développe-ment parce que les échanges se dérouleront à l’avantage exclusif dessociétés dominantes, avec la complicité achetée des élites dirigeanteslocales» [p.3]. La croissance est présentée comme une solution miraclealors que «le décalage ne cesse de croître (…) Il était de un à deux auxenvirons de 1700, de un à cinq à la fin du 19e siècle, de 1 à 15 en 1960,de 1 à 45 en 1980. Le sur-développement crée le sous-développement»[p.10]. Lorsqu’il aborde la décroissance, il fait de curieuses généralisa-tions : «De sérieux obstacles se dressent devant nous parce qu’il est difficile pour une société d’accepterl’idée de sa propre finitude (tellement difficile que certains envisagent une décroissance «soutenable», c’est-à-dire qui ne devra pas «générer de crise sociale remettant en cause la démocratie et l’humanisme» et doncqui devra préserver le système capitaliste)» [p.21]. Le lien entre la citation et le renoncement à lutter contre le capitalismen’est pas évident, même s’il est vrai que la mouvance «décroissance» n’est pas claire sur ce plan. Par contre l’auteur se plante en beauté en affirmant que «si globalement à l’échelle planétaire, il n’y a pasd’autre choix que celui de la décroissance physique, il est évident que, compte tenu du fait, dans les payspauvres que de nombreux besoins primordiaux ne sont pas satisfaits, il serait indécent d’exiger d’eux qu’ilsse serrent la ceinture» [p.28]. Il avait pourtant bien expliqué que cette notion de pauvreté a été créée detoute pièce pour vendre les produits du Nord quelques pages avant ! Ce qui est dit côté décroissance, c’estqu’il faut d’abord arrêter le pillage de ces pays, ensuite, ils auront largement de quoi vivre : «Il faut rappelerque jusqu’à la deuxième guerre mondiale, les pays africains sont globalement autosuffisants sur le plan ali-mentaire» [p.3].L’auteur après un rappel de la réflexion anarchiste, appelle au rapprochement entre ceux qui ont prisconscience des limites de la planète et ceux qui luttent pour la justice sociale, deux combats contre la capitalisme. Là, on ne peut que souscrire. MB.

L E L I V R E D U M O I S

Du développement à la décroissanceLivres

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SILENCE N°314 Septembre 2004 46

On trouve un fac-similé d'un bonarticle sur le commerce équitablecomme gadget chez Carrefour.Mais la brochure malheureuse-ment s'arrête là : on ne sort pasde l'idée qu'il est possible d'obte-nir de ces multinationales unebonne conduite. Il n'y a pas deremise en cause réelle de la mon-dialisation qui va avec, encoremoins du système capitaliste, pasplus de l'idéologie occidentale dedéveloppement. Pourtant toutesles analyses présentées y mènent.Alors ? MB.

OGM, farinesanimales et autresvacheriesRené Bickel, 116, rue deMittelWihr, 68150 Ostheim2004 - 48 p. - 10 €

Recueil de dessins et de commen-taires sur les questions qui nouspolluent la vie actuellement.Ouvrage militant : un dessin vautparfois mieux qu’un long dis-cours. FV.

B A N D E S D E S S I N É E S

Frère de laitAndreas Gefe et José-Louis BocquetEd. Emmanuel Proust2002 - 72 p. - 14 €

Deux enfants adoptés à la cam-pagne sont jumeaux. Mais l’un,noir, veut rencontrer d’autres per-sonnes de la même couleur.Voyage à Paris où les deux ado-lescents se laissent entraîner dansdes fêtes louches. Réflexions surle racisme, mais aussi sur la naï-veté de la jeunesse. Un romannoir dessiné dans une techniqueparticulière : huile sur verre,

crayon gras et carte à gratterpour un dessin qui rend particu-lièrement bien le flou de la situa-tion. Une réussite. MB.

Le train desoubliésDidier Daeninckx, MakoEd. Emmanuel Proust2003 - 64 p. - 12 €

Partant d’un fait divers réel, desenfants qui meurent dans unemine du Nord, enquête d’un desparents pour savoir la vérité etdécouverte de la reconversion decertaines mines en décharge deproduits toxiques. Belle plume etnarration efficace. MB.

Oki : souvenirsd’une jeunefille au pairChristian Godard et Eric JuszezakEd. Glénat2003 - 48 p. - 9 €Oki est embauchée pour accom-pagner une femme enceinte dansun lieu de repos. Mais de repos,il n’y aura point car une bande detueurs essaie de flinguer le grosventre. Sous forme d’un polar au

dessin assez classique, un arrière-fond politique qui nous rappelleque Monaco doit sa survie pourune bonne part au blanchimentd’argent, avec le soutien de lafamille princière. MB.

E N F A N T S

Djim Zouglou, l’enfant des ruesOuaga-Ballé DanaïEd. L’Harmattan2003 - 72 p. - 9,50 €

Dès 7 ans. Sous forme d’un conte,la prise de conscience du président d’un Etat africaindevant les montagnes d’orduresqui s’accumulent. La solutionproposée : faire travailler desenfants des rues dans des centresde valorisation des ordures !Bonjour le développementdurable ! Message politique plus que douteux ! Et c’est suivi d’un cahier de travail pour l’enfant dans le même genre. De l’écologie mal comprise. MB.

Ces gens qui sont des arbresDavid DumortierEd. Cheyne (43400Chambon-sur-Lignon)2003 - 48 p. 12,50 €

Dès 10 ans. Richement illus-trée, de la poésie en vers libres,en petits paragraphes, en petitscontes sur les arbres que nouscroisons dans notre vie, depuisl’arbre sauvage jusqu’au sapindésodorisant qui pend sous lerétroviseur, depuis l’arbre fruitierjusqu’au résineux en pot, augarde-à-vous devant une entrée.Agréable. FV.

Livresn A la frontière du monde, Béatrice Gaudy, éd. de l’Agly (66220 Saint-Paul-de-Fenouillet), 2003, 80 p. 12 €. Recueil d’une quinzaine de nouvelles poétiques del’auteure que nous avions publiée dans notre numéro 300. Illustrés par ses proprespeintures.

n Violences et globalisation, sous la direction de Jacques Guigou et JacquesWajnsztejn, éd. L’Harmattan, 2004, 350 p, 29 €. Avant la chute du mur, on avaitd’une part une concurrence impitoyable entre les deux blocs, d’autre part, la pré-sence d’un terrorisme à prétention révolutionnaire. La chute d’un des blocs aurait-il dû marquer la disparition de la violence ? Il n’en a rien été et la guerre à grandeéchelle s’est déplacée dans les pays arabes, tandis que la contestation connaît unnouveau souffle avec les altermondialistes. Ce mouvement est-il une prise deconscience que le capitalisme n’est rien d’autre que le nom de la guerre écono-mique ? Al-Quaïda n’est-il finalement qu’un outil d’une partie de ce système ?Beaucoup de bonnes analyses, de bonnes critiques (libertaires), mais peu d’élé-ments de réponse.

n Développement durable et devenir de l’homme, un enjeu pour la paix, sous la direction de Jean-Philippe Barde, Marie-José Del Rey, Jean-Pierre Ribault, éd. L’Harmattan, 2003, 200 p, 16,80 €. Approche spirituelle pardes membres de différentes religions du concept de développement durable. Mêmeremarque que ci-dessus : ignore totalement que le développement est d’abord vécudans le sud comme un facteur de guerre !

n Devenir son propre médiateur, Joëlle Timmermans-Delwart, éd. Chroniquesociale, 2004, 160 p. 14,50 €. Intéressant livre pour travailler son attitude face auconflit, comment apprendre à se connaître pour mieux écouter l’autre, commenttirer le positif d’un conflit, comment de ce conflit déboucher sur la coopération.

n Les douze preuves de l’inexistence de Dieu, Sébastien Faure, éd. Libertaires(35, allée de l’Angle, Chaucre, 17190 Saint-Georges-d’Oléron), 2004, 96 p. 10 €.Au début du 20e siècle, le débat fait rage sur le rôle de la religion dans la sociétéet conduira à la séparation de l’Eglise et de l’Etat en 1905. En 1903, SébastienFaure publie ce texte… qui un siècle après reste d’actualité.

n Les hommes jardiniers, Caroline et Martine Laffon, éd. Seuil, 2004, 192 p.40 €. Livre plein de belles photos de jardins à la française, avec surtout desdroites et des figures géométriques. Passe à côté des jardins à l’anglaise, des jar-dins évolutifs d’aujourd’hui, des jardins artistiques. Vision passéiste des jardins.

n L’Hommauto, Bernard Charbonneau, éd. Denoël, 2003, 140 p. 13 €. Rééditiond’un célèbre pamphlet contre l’automobile paru initialement en 1967 et quiannonçait déjà l’asphyxie des villes et l’immobilité progressive des monstres demétal. A lire en ces temps de canicule.

NOUS AVONS ÉGALEMENT REÇU

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Numéros régionaux n 218 Alsace Fessenheim. Projet Alter Alsace. Lutterbach.Imagination au pouvoir. Alsace Nature. Steiner.Bilinguisme . . . . . . . . . . . . . . . . . 3,8 €

n 272-273 Rhône Croix-Rousse. La Duende. Le Bastringue.Cabiria. La Gryphe. Bioclima tique. RéseauSanté. Radio-Canut. Hommes violents . 6 €

n 285-286 Isère Superphénix. Moulin Guitare. 400 couverts.MNEI. Jardin alpin. Lo Parvi. P’tit vélo. Terrevivante. Encre Rage . . . . . . . . . . . . . 6 €

n 291-292 AquitaineTerre de Jor. Champ d’action. Démos. Iskatola.Abbadia. Nola-Nohika. Maison des femmes.Azimuts. Boussac. Utopia. . . . . . . . . . 6 €

n 298-299 Franche-Comté Cirque Plume. Eau secours ! TGV. Jardins deCocagne. La Fraternelle. La Batailleuse.Biolopin. Spirale. Pochon magique. MaisonVoisine. Convivialité . . . . . . . . . . . . . 6 €

n 305-306 Bouches-du-Rhône etVaucluse Cours Julien. Loubatas. Ecoforum. Jardins del’Espérance. Ilotopie. Mille babords, Ballonrouge. CIRA. Longo Maï. GERES. Graines devie. Pic Noir . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6 €

n 312-313 Poitou-CharentesLes maisons de Béruges. Défense du maraispoitevin. Kvinpetalo, un centre esperantiste.La Tambouille. Le hameau de la Brousse.Maison du MER 17. . . . . . . . . . . . . 6 €

Autres numéros n 242 Eaux et pollution de nos WC La Cravirola. Palestine. Ecologie en Chine. . . . 3,8 €

n 254 Ecopsychologie Femmes militairement incorrectes. Seattle.Roses venues du Sud . . . . . . . . . . . 3,8 €

n 258 Parcs naturels ou peuples indigènes Les gros dans la communication. L’effet Bové.On ne naît pas tueur . . . . . . . . . . . 3,8 €

n 262 Quelle démocratie ? Climat et négociations. Maison de papier.McDo écolo. Médias différents . . . . . 3,8 €

n 264 Technologies et solitudeCompagnonnage alternatif. Démocratie.Décharge ou incinérateur . . . . . . . . 3,8 €

n 267 Ecologie, où sont les jeunes ?Forces et faiblesses de la bio. Téléphone por-table. Démogestion. . . . . . . . . . . . . 3,8 €

n 269 Déchets nucléaires à Bure Un autre monde est possible. Développementdurable ou croissance infinie. . . . . . . 3,8 €

n 271 Inégalités dans les SEL ?Politique : naïf, conciliateur, rebelle. BP au Tibet 3,8 €

n 274 Habitat convivial aux USA Bure, enjeu international. La bio au secours del’eau. René Dumont . . . . . . . . . . . . . 4 €

n 277 Land-Art et écologie Noël Mamère. Après 11 septembre. Camions et montagnes. Déchets et industrie . . . . 4 €

n 283 Déroutes du voyage Refaire le monde, mais où ? La nourriture, ceproduit manufacturé ? Eoliennes . . . . . 4 €n 284 Jeûner et sortie du nucléaire Développement : de la pauvreté à la misère.Ecovillages . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4 €

n 289 Un monde écolo possible ? Croissance des associations. Sud et pesticides.Mauvais garçons . . . . . . . . . . . . . . . 4 €

n 290 Ne pas oublier le trainService public et gratuité. Micro-hydraulique.Cosmétiques pseudo-naturels. . . . . . . . 4 €n 294 Enfance en collectif Prostitution. Trucs bioclimatiques . . . . . 4 €n 300 Nos lecteurs ont du talent 40 pages réalisées par les lecteurs… . . 4 €n 301 La face cachée des vaccinsCommunauté ? Eoliennes. Indépendance de la Nef . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4 €n 304 Toujours sexistes ? Société de frugalité. Auto-déstructuration.Nucléaire : secret défense. . . . . . . . . . 4 €n 307 Ecocités Carole Poliquin. Féminisme. Grands corpsd’Etat. Entraide . . . . . . . . . . . . . . . . 4 €n 309 Objectif NégawattCrise du pétrole. Armée et nucléaire. Dévaleurd’Illich. Cinéma . . . . . . . . . . . . . . . . 4 €n 310 Nature politique de l’écologieAgribio et circuits courts. Les trois SEL de lavie. Le jeûne de Louis lecoin . . . . . . . . 4 €n 311 OGM Violence marchandeJeûne sortir du nucléaire. SEL : échec écono-mique, réussite sociale. . . . . . . . . . . . 4 €

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N° de commission paritaire : 64946N°ISSN 0756-2640Date de parution : 3e trimestre 2004Tirage : 7 500 ex

Editeur : Association SilencePrésident : Xavier SérédineVice-président : Jacques CaclinTrésorière : Myriam CognardSecrétaire : Madeleine Nutchey

RÉALISATION DE LA REVUEDirectrice de publication :Madeleine Nutchey Secrétaires de rédaction :Michel Bernard et Michel Jarru Gestion et abonnements : Michel JarruCommunication et documentation :Alexandre Esteban Maquette et publicité : Patrice Farine Stands, salons et fêtes : DorothéeFessler Rédaction :Michel Bernard, AlexandreEsteban, Dorothée Fessler, Alain-ClaudeGaltié, René Hamm, Catherine Lefrançois,Madeleine Nutchey, Jocelyn Peyret, SylvianePoulenard, Mimmo Pucciarelli, Francis Vergier Conseillers scientifiques : Roger Bernard,Richard Grantham, Jacques Grinevald,Henri Persat, André Picot Dessinateurs : Altho, Lasserpe, Mahlen Correcteurs : Raymond Vignal, Françoise Weité Expédi tion : Christiane Bessenay, MélanieCombes, Claude Crotet, Christian David,Olivier David, Marguerite Descamps, PaulGarde, Dolores Gracia, Cécile Imbert,Céline Kerdat, Vincent Martin, PauletteMazoyer, Patricia Michel, Sylviane Michel,Mélissa Nayral, Reine Rosset, BertrandRoussel, Myriam Travostino.Ont participé à ce numéro : ChistopheBeau, Jean-Louis Do, Fabrice Flipo,

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n Annuaire de la presse alternative, édition 2004, 8 pages, plus de 400 adresses, 4 € (port compris)

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Septembre 2004 SILENCE N°314

(Suite de la page 43)Vous avez été nombreus-e-s à réagir au courrier de Sylvie Nowak(n°311), voici rassemblées vos premières réactions.

Je réponds sur ta lettre, qui évoque des choses très familières pour moi.Mais je partage peu ton amertume, ni la pensée couramment répanduequ’il faut être friqué pour manger sain. Je mets cartes sur table et je compare :Financièrement je travaille à mi-temps et jegagne 536 euros, il m’en reste 500 à cause dela part de loyer que l’APL ne couvre pas.J’ai deux enfants à charge et un fils étudiantqu’il faut aider un peu. Je suis séparée de leurpère : il n’y a pas de pension, nous nous parta-geons les enfants à mi-temps. Les allocs familiales passent dans le rembour-sement de l’emprunt de la maison que nousavions achetée et que je n’ai pas voulu vendreà notre séparation.Les dépenses scolaires et vestimentaires sontcouvertes par les bourses des filles, ainsi queleur argent de poche (10 euros/mois à 15 et18 ans).J’ai une vieille voiture, je roule peu et je mesers beaucoup du vélo.J’ai la chance de louer une vieille maison encentre ville dans les Pyrénées-Orientales.Elle n’est pas très froide, je me chauffe aubois, à raison de quatre ou cinq stères paran que je faisais jusque-là avec un ami, etque j’espère troquer cette année. Je m’habille à la fripe. Exceptions : meschaussures, chères (75 euros les sandales,100 les bottes) mais solides (cinq ans).Je mange bio en partie (jardins decocagne, marché) produits locaux de base(marché) peu en supermarché, autantqu’à la Biocoop (cet hiver les oranges bioétaient moins chères que celles venduessur le marché sous le nom de «locales» ou «naturelles»). Je ne mangepas de viande tous les jours, je cuisine, j’utilise les protéines végétales, lesgraines germées, les fruits des vergers abandonnés (50 % au moins denotre consommation). Je fais mon pain : quatre à cinq fois moins cher.J’achète la farine bio ou je la troque dans une ferme en biodynamie dont jesuis membre du GFA.Pas de problème de santé, pas de médecin traitant, un peu d’homéopathie,un naturopathe pas cher. Dentiste, oui (j’ai quelques conflits de dévalorisa-tion personnelle, d’où les problèmes dentaires. Mais je tutoie mon dentisteet le prothésiste m’a fait un petit cadeau).Mes frais de correspondance sont assurés par mes activités associatives.Mes loisirs : ciné-club, pas cher à l’année ; festivals d’été dans ma ville ;les copains, le Sel autrefois, la médiathèque ; la nature, sublime, juste àcôté. J’apprends le violon traditionnel et je paie mes cours en purée decynorrhodons. A 35 km de chez moi.Ce qui m’attriste parfois : ne pas pouvoir recevoir beaucoup d’amis chezmoi. Le stress de mes filles pour s’habiller à pas trop cher. Mes filles recru-tent leurs amis dans le quartier un peu «néo-rural» et ne souffrent pastrop de leur différence, surtout quand on compare le niveau santé et joiede vivre. Le vertige de ma différence devant la plupart de mes collèguesde travail, parents d’élèves, et je ne parle pas des profs. La dépréciation du travail de maison : j’essaie de troquer des petits services avec descopains qui gagnent mieux leur vie que moi, mais qui préfèrent mangermal ou galèrer plutôt que demander un service !Conclusion : s’il découvre mon mode de vie le libéralisme a encore de beaux jours devant lui !Un peu de troc (cantine, confitures, services), beaucoup d’échanges intéressants qui ne sont pas que matériels ; un réseau que je connaisdepuis plus de 20 ans. La question que je pose à Sylvie : êtes-vous seule ? J’entends : êtes-vousintégrée dans un ou des réseaux ? L’abondance est une notion très subjec-tive, très personnelle. C’est le nombre et la qualité des échanges qui crée

l’abondance, et non le montant de ce qui est échangé. Pour l’alimentaire, lebio c’est le top, mais la santé c’est l’équilibre, la variété, la fraîcheur, larusticité aussi.Cela dit, je reconnais que j’ai du mal à faire respecter mes besoins et à lesexprimer, à «négocier ma valeur» ! Et c’est pas toujours simple, vous ledites, de jongler sur un fil ! Pourtant la simplicité est là, celle de l’esprit,celle du temps retrouvé, celle des petites gens.Le défi est de ne pas se condamner à la médiocrité, à la dévalorisation.Place à l’originalité !Merci à la revue de m’avoir fait prendre conscience des arguments de fondqui restaurent ma dignité. Ça me fait du bien de savoir que quelque part,c’était pas si fou.

Marie Labesse n

Pyrénées-Orientales.

Je m’appelle Camille, 21 ans, étu-diante à Lille. J’ai été très touchée par ta lettre sur les niveaux de reve-nus, et finalement les classes de per-sonnes concernées par la décroissance.Elle rejoint un questionnement auquelj’ai aussi été confrontée quand j’ai déci-dé de voir s’il était possible, avec un budgetd’étudiant, de manger bio et plus large-ment de consommer de la manière laplus respectueuse possible de la nature(humain inclus). Tout cela sans affecterma qualité de vie...Personnellement, je pense que ce n’est pasune question de niveau de revenu mais deniveau d’information. Tout d’abord, mangerbio ne coûte pas plus cher si l’on en adoptenon seulement les aliments mais aussi lerapport à la qualité de vie qui sous-tend(basé sur le «mieux» plutôt que le «plus»).Manger bio, c’est manger des produits desaison (moins chers), des céréales complètes(plus nourrissantes), moins de viande et/oude lait de vache, moins de produits «super-flus» (mayo, sodas, confiseries, plats prépa-rés...). Par conséquent c’est plutôt moins cherà moyen terme de par la baisse des dépenses de santé.Ensuite, il faut savoir où se procurer ces pro-duits : comme partout il existe des profiteurs

qui s’engouffrent dans le «créneau» bio pour justifier des hausses de prix(supermarchés, boutiques de luxe, «diététiques et naturelles»...). L’imagede la bio qu’ils colportent me révolte ! Je fais partie d’une coopérative deconsommateurs bio (1) qui privilégie les producteurs de la région (Nord-Pas-de-Calais). Quand des amis m’y accompagnent, ils sont étonnés d’y voir autant de produitsbios et équitables... moins chers qu’en grande surface ! Et les adhérents neforment pas la jet set lilloise ! Bon, c’est sûr, ayant intégré une optique dedécroissance soutenable, les après-midi shopping avec certaines amies nem’enthousiasment plus vraiment... Je préfère leur proposer des soirées jeu,ciné, bals folks, estaminet...Enfin, dans des domaines autres que l’alimentation, les initiatives et inno-vations se multiplient pour permettre, à moindre coût, de se procurer (oude se fabriquer) habitat (2), vêtements (3), vacances (4), loisirs, trans-ports (5)... sains, respectueux du vivant, et super conviviaux ! Une fouled’alternatives sont accessibles, c’est l’information qui ne l’est pas.Faire circuler l’information, donner l’envie aux gens de se mettre en lienavec d’autres pour y accéder, voilà un vaste champ d’engagement militant !

Camille Lenancker-Flandrin n

Nord.(1) Coopérative Robin des Bio, MNE, rue Gosselet, Lille(2) Maison à moins de 50 euros ; logements sociaux haute qualité environnementale,Pas-de-Calais(3) Azimut, Ligne et Nature(4) WWOOF Worldwide working on organic farm : vacances à l’étranger logé-nourricontre quelques travaux sur le site, www.wwoof.org), Ecotopia (rassemblement auto-géré de tous les hippies européens pendant un mois, en Europe de l’Est cette année)(5) Allostop, carstop (covoiturage), ADAV (association droit au vélo, Lille), Roule mafleur (réglez votre moteur pour rouler à l’huile végétale / de friture / de vidange /...)ettant d’autres encore !

CourrierDécroissance et niveau de revenus

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