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Activités pilotes d’agriculture durable et d’apiculture au TNS et au TRIDOM

(2014 – 2017)

SYNTHESE DES RESULTATS ET LEÇONS APPRISES

Projet “Towards Pro-Poor REDD+ (Phase II): Promoting Rights-Based Approaches to strengthen the conservation, governance and sustainable management of landscapes in Cameroon”

UNION INTERNATIONALE POUR LA CONSERVATION DE LA NATURE – PROGRAMME CAMEROUN

Synthèse des résultats et leçons apprises des activités pilotes d’agriculture

durable et d’apiculture au TNS et au TRIDOM (2014 – 2017) 2 | P a g e

Ce document est une publication de l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature, Programme Cameroun. Le présent ouvrage a pu être publié grâce à un soutien financier de l’Agence de Développement International Danoise (DANIDA) dans le cadre du projet “Towards Pro-Poor REDD+ (Phase II): Promoting Rights-Based Approaches to strengthen the conservation, governance and sustainable management of landscapes in Cameroon”. Les activités pilotes ont été mises en œuvre grâce aux financements de DANIDA et du Fonds pour les Forêts du Bassin du Congo (FFBC). Publié par : UICN - Programme Cameroun La reproduction de ce document à des fins commerciales, notamment en vue de la vente, est interdite sans autorisation écrite préalable du détenteur des droits d’auteur. La source devra être dûment citée. Droit d’auteur: © 2017 UICN Cameroun. Citation : UICN (2017c). Synthèse des résultats et leçons apprises des activités pilotes d’agriculture durable et d’apiculture au TNS et au TRIDOM (2014 – 2017). Yaoundé, Cameroun : 23 pp. Disponible auprès de : UICN (Union internationale pour la conservation de la nature) Programme Cameroun

B.P. 5506 Yaoundé, Bastos Tél +237 222 21 64 96 Fax +237 222 21 64 97 [email protected] www.iucn.org/fr/propos/union/secretariat/bureaux/paco/cameroun/

Comité de rédaction : Josiane Kakeu, Consultante UICN Ako Charlotte Eyong, REDD+ and Climate Change Project Officer, UICN Programme Cameroun Rémi Jiagho, Chargé de Programme, UICN Programme Cameroun Charles Bassama, Assistant Technique, UICN Programme Cameroun Avec l’apport technique de : Irénée Modeste BIDIMA, technicien en agroforesterie, SAILD Eyan Johnson Oben, Ingénieur des eaux, forêts et chasses



SOMMAIRE

................................................................................................................. 6

1.1. Contexte .................................................................................................................... 6

1.2. Objectifs .................................................................................................................... 6

1.3. Approche méthodologique ...................................................................................... 7

.......................................................................... 8

2.1. Arrondissement de Salapoumbe au TNS ............................................................... 8

2.2. Arrondissement de Djoum au TRIDOM .................................................................. 9

.............................................................................................. 11

3.1. Renforcement des capacités des communautés locales en agriculture durable 11

3.2. Accompagnement des communautés dans la mise en place des parcelles expérimentales ....................................................................................................... 13

3.2.1- Appui en équipements et intrants agricoles ................................................ 13

3.2.2- Mise en place des pépinières communautaires .......................................... 14

3.2.3- Mise en place des plantations ....................................................................... 14

3.2.4-Cultures mises en terre ................................................................................... 14

.............................................................................. 16

4.1. Impacts socio-économiques ................................................................................. 16

4.2. Impacts environnementaux ................................................................................... 16

......................................................................................................... 18

5.1. Le défi de l’abandon de la pratique du brulis ...................................................... 18

5.2. La bonne installation des ruches serait déterminante en apiculture ............... 19

5.3. L’adoption de la domestication des ligneux requiert du soutien ...................... 19

5.4. Les projets communautaires requièrent beaucoup d’encadrement ................. 20

5.5. La nécessité d’un accompagnement de proximité ............................................. 20

5.6. Parer aux difficultés de communication avec les villages éloignés .................. 21

6. ................................................................................................................... 23

.............................................................................................................. 23



LISTE DES ACRONYMES

AFD Agence Française de Développement COOPCAEZA Coopérative du Canton Efoulan-Zaman DANIDA Agence Internationale de Développement Danoise FFBC Fonds pour les Forêts du Bassin du Congo Inades-Formation

Institut Africain pour le Développement Economique et Social

ROSE Réseau des ONGs locales du Sud-Est SAILD Service d’Appui aux Initiatives Locales de Développement REDD+ Réduction des Émissions liées à la Déforestation et à la

Dégradation des forêts, Conservation des Forêts, Gestion durable des forêts et augmentation des stocks de carbone

PFNL Produits Forestiers Non Ligneux TRIDOM Tri-National Dja-Odzala-Minkébé TNS Tri-National de la Sangha UICN Union international pour la conservation de la nature et des

ressources naturelles

LISTE DES TABLEAUX Tableau 1 Analyse des forces et faiblesses des villages du TNS 7Tableau 2 Analyse des forces et faiblesses des villages du TRIDOM 8Tableau 3 Modules de formation en domestication d’essences ligneuses 8Tableau 4 Modules de formation en agriculture durable 10Tableau 5 Modules de formation en apiculture 10Tableau 6 Estimation du carbone total et évité des parcelles

expérimentales d’Efoulan 14

LISTE DES ILLUSTRATIONS Figure 1 Localisation des sites cibles de l’initiative pilote au TNS et au

TRIDOM 6

Figure 2 Emissions séquestrées et évitées par les parcelles expérimentales

14

Photo 1 Remplissage et classement de sachets de pépinière au village Welele

9

Photo 2 Construction d’un bac de propagation de semences au village Welele

9

Photo 3 Démonstration de la technique de marcottage au village Lavie 9Photo 4 Construction d’un bac de propagation de semences au village

Efoulan 9

Photo 5 Piquetage dans les parcelles expérimentales 10Photo 6 Fabrication de ruches par les communautés 10Photo 7 Installation de ruches en foret 10Photo 8 Remise des équipements aux bénéficiaires 11



Photo 9 Remise de plants au village Welele 11Photo 10 Pépinière Communautaire d’Efoulan 11Photo 11 Pépinière Communautaire de Lavie 11Photo 12 Parcelle expérimentale d’un bénéficiaire 12Photo 13 Parcelle d’une bénéficiaire d’Efoulan en début de projet et trois

ans plus tard 13

Photo 14 Récoltes d’arachides dans la parcelle d’une bénéficiaire de Welele

13

Photo 15 Plantations pénibles à nettoyer manuellement 15Photo 16 Ruche installée très près du sol, facile d’accès par les fourmis 16Photo 17 Oranger infesté dans une plantation abandonnée en friche par

les bénéficiaires occupées dans les champs de cacaoyers 16

Photo 18 Plants d’agrumes abandonnés dans la pépinière communautaires d’Efoulan pour difficultés de partage entre les bénéficiaires

17



1.1. Contexte Avec près de 22,5 millions d’hectares de forêts, le Cameroun représente le troisième massif forestier du Bassin du Congo (AFD, 2013), mais dont le taux de déforestation de près de 0,2% est l’un des plus élevés d’Afrique Centrale (Dkamela, 2013). Déterminé à renforcer la protection de son patrimoine forestier et faunique, le gouvernement du Cameroun a adopté le mécanisme de Réduction des Émissions liées à la Déforestation et à la Dégradation des forêts, la Conservation des Forêts, la Gestion durable des forêts et l’augmentation des Stocks de Carbone (REDD+). Le pays a donc engagé le processus de développement de la stratégie nationale REDD+, avec l’objectif d’accroitre les stocks de carbone forestier tout en améliorant la contribution du secteur forestier au développement économique durable. Afin de promouvoir l’élaboration d’une stratégie REDD+ fondée sur des approches respectueuses des droits de l'homme et des principes d’équité sociale, le Programme Cameroun de l’UICN a mis en œuvre le projet “Towards Pro-Poor REDD+ (Phase II): Promoting Rights-Based Approaches to strengthen the conservation, governance and sustainable management of landscapes in Cameroon”, avec le financement de l’Agence Internationale de Développement Danoise (DANIDA). Dans le cadre de ce projet, l’UICN a appuyé des activités pilotes REDD+ au profit des communautés rurales des paysages du Tri-National de la Sangha (TNS) et du Tri-National Dja-Odzala-Minkébé (TRIDOM), avec le co-financement du projet d’appui à la participation multi-acteurs au processus REDD+ du Fonds pour les Forêts du Bassin du Congo (FFBC). Les études sur les moteurs de la déforestation et de la dégradation des forêts ainsi que les consultations menées auprès des communautés riveraines de ces paysages à fort potentiel forestier et biologique révèlent que l’agriculture itinérante sur brûlis, système agricole traditionnel largement pratiqué dans cette localité constitue l’une des principales causes du recul du couvert forestier (UICN-PC, 2014). Pour faire face à ceci, l’UICN y a conduit des activités expérimentales d’agriculture durable basée sur la valorisation des jachères et la domestication des ligneux, ainsi que des activités pilotes d’apiculture.

1.2. Objectifs L’objectif principal des activités pilotes réalisées au TNS et au TRIDOM était d’expérimenter des approches communautaires de réduction des émissions liées à la déforestation et à la dégradation des forêts, et qui contribuent à l’amélioration des moyens de subsistance des communautés forestières, afin de renseigner la stratégie nationale REDD+ en cours d’élaboration et d’encourager la participation des communautés à la base dans les activités REDD+. Plus spécifiquement, cette initiative visait à:



Soutenir les communautés riveraines des zones forestières dans l’adoption des techniques agricoles durables et alternatives à l’agriculture itinérante sur brûlis dans les zones où ils ont le contrôle;

Accompagner les communautés locales dans la pratique de la domestication des essences ligneuses et des PFNL;

Encourager les populations riveraines des forêts à la pratique de l’apiculture comme activité génératrice de revenus.

1.3. Approche méthodologique Pour la mise en œuvre de ces activités, l’UICN a sollicité l’intervention du Service d’Appui aux Initiatives Locales de Développement (SAILD) spécialisé dans l’entreprenariat rural et le développement local, du Réseau des ONGs locales du Sud-Est (ROSE) et de l’institut Africain de Développement Economique et Social (Inades-Formation).

Cette initiative s’est déroulée en 4 étapes principales: Une tournée de reconnaissance de terrain et de prise de contacts au cours de

laquelle les villages et les populations bénéficiaires ont été sélectionnés suivant des critères prédéfinis;

L’organisation des sessions de formation en techniques agricoles, en domestication des ligneux et en apiculture au profit des communautés;

L’accompagnement des bénéficiaires dans la mise en place des pépinières communautaires, des plantations agricoles et des ruches;

L’organisation des missions de suivi des activités des bénéficiaires.



Les activités expérimentales ont été exécutées dans les sections camerounaises du TNS et du TRIDOM, à l’Est et au Sud Cameroun, dans les arrondissements de Slapoumbe et de Djoum (fig 1).

2.1. Arrondissement de Salapoumbe au TNS Dans l’arrondissement de Salapoumbe, les trois villages retenus étaient: Welele, Lavie et Mboli. Dans ces villages établis le long de l’axe routier principal de Salapoumbe, des terres cultivables étaient disponibles pour l’expérimentation et les populations très impliquées dans l’activité agricole. Le tableau 1 présente l’anades forces et faiblesses des trois villages.

Figure 1- Localisation des sites cibles de l’initiative pilote au TNS et au TRIDOM

Sites cibles au TNS

Sites cibles au TRIDOM



Tableau 1: Analyse des forces et faiblesses des villages du TNS

Forces Faiblesses Observations Disponibilité des terres cultivables et en jachères

De vastes étendues de terres cultivables sont disponibles. Les cases d’habitation sont concentrées le long de l’axe routier principal, et l’arrière des maisons est réservé à l’agriculture.

Les techniques agricoles locales sont le plus souvent archaïques

Ceci justifie la prépondérance du système d’agriculture itinérante sur brulis dans cette zone.

Dynamisme des paysans

Les paysans, et particulièrement les Bantu pratiquent l’agriculture sur de grandes superficies d’environ 1 hectare en moyenne chacun.

Méconnaissance des techniques de domestication des espèces ligneuses

La grande majorité des espèces ligneuses, des PFNL et des fruitiers qu’on y trouve ont poussé spontanément. La production des plants reste méconnue des paysans.

Paysans sensibilisés et conscients des enjeux et avantages de la domestication des ligneux et de la gestion durable des PFNL

Avec l’intervention de plusieurs ONGs dans cette zone, les paysans sont informés des enjeux de la préservation de la forêt et de la domestication des ligneux.

Utilisation des semences de qualité médiocre

Les paysans utilisent des semences des récoltes précédentes, ce qui justifie en partie les faibles rendements.

Agriculture peu organisé et ordonnée

Les semis se font sans respect des écartements et des densités requis.

2.2. Arrondissement de Djoum au TRIDOM Dans l’arrondissement de Djoum, les villages Efoulan et Otong Mbong ont été sélectionnés en raison de l’organisation des communautés autour de la coopérative agricole COOPCAEZA. L’analyse des forces et faiblesses de ces villages se présente ainsi:



Tableau 2: Analyse des forces et faiblesses des villages du TRIDOM

Forces Faiblesses Observations Disponibilité des terres cultivables et en jachère

Avec la faible densité démographique (environ 5 habitants/km²), les espaces cultivables sont disponibles.

Agriculture majoritairement vivrière

Le manioc est la principale culture pratiquée, pour ses multiples possibilités de transformation.

Introduction progressive des cultures de rente dans les exploitations agricoles

Des petites cacaoyères et palmeraies sont créées.

Dynamique organisationnelle

Des paysans d’Efoulan et d’Otong-Mbong ont créé une organisation paysanne, la coopérative COOPCAEZA, qui regroupe en son sein la majeure partie des populations du village.

Les techniques de domestication des espèces ligneuses ne sont pas pratiquées / utilisées

Les paysans ont des connaissances théoriques mais qui n’ont pas été approfondies par des exercices pratiques. Les seules pépinières mises en place sont celles des cacaoyers et des palmiers à huile.

Faible maîtrise et pratique des techniques d’agriculture durable

Les méthodes et le matériel de production restent archaïques. En dehors du palmier à huile, les autres cultures ne respectent pas systématiquement les espacements requis.

Mauvais entretien des champs

Champs très souvent envahis par la broussaille.

Ouverture aux innovations

Les paysans d’Efoulan semblent assez ouverts et favorables aux innovations en agriculture.

Pratique de l’agriculture extensive sur brûlis

Pratique à l’origine de la déforestation et dégradation des forets et des sols



3.1. Renforcement des capacités des communautés locales en agriculture durable

Dans l’ensemble des deux paysages, 129 personnes dont 23 femmes et 15 Bakas ont bénéficié des formations théoriques et pratiques en domestication ligneuse et en agriculture durable.

En matière de domestication ligneuse, les modules suivant ont été dispensés:

Tableau 3 : Modules de formation en domestication d’essences ligneuses

Modules de formation

Contenu des formations Travaux pratiques

1: Introduction à la domestication

Définition, buts avantages, connaissances du matériel et infrastructures de domestication.

-Construction d’ombrière -Construction de germoir

2 : Mise en place d’une pépinière

Domestication : Maîtrise du bourrage et du classement des sachets en pépinière.

-Bourrage et classement des sachets en pépinière

3: Domestication Semis, bouturage, marcottage et greffage

-Démonstration des techniques

4 : Entretien et le suivi d’une pépinière

Techniques d’arrosage et gestion d’une ombrière

-Traitement phytosanitaire d’une pépinière. -Technique de sevrage

Les essences étaient choisies par les bénéficiaires (moabi, bubinga, ayous, djansang, andok, safoutier, avocatier, agrumes, goyavier, pomme cythère, corossolier, kolatier) pour leur importance socio-économiques et leur performance agro-écologiques.

Pendant la formation pratique, des pépinières ont été construites et équipées d’ombrières, de germoirs, de châssis de propagation et de sachets de pépinière ensemencés.

Photo 1: Remplissage et classement de sachets de pépinière au

village Welele

Photo 2: Construction d’un bac de propagation de semences au village

Photo 3: Démonstration de la technique de marcottage au village Lavie



Photo 5: Piquetage dans les parcelles expérimentales

En production agricole, la formation a porté sur les thèmes ci-après:

Tableau 4 : Modules de formation en agriculture durable

Modules Contenu des formations Travaux pratiques 1 Mise en place d’un champ a plusieurs

spéculations - Piquetage d’une parcelle -Technique de plantation d’arbre fruitier ou PFNL

2

Conduite d’un champ à plusieurs spéculations

-Taille de formation -Taille d’entretien -Paillage

4

Présentation des fiches techniques de culture des spéculations choisies

-Techniques de multiplication et de conduite de ces cultures.

5

Bonnes techniques de récolte et de conservation

-Démonstration de la technique de conservation du maïs et du haricot

Photo 4: Construction d’un bac de propagation de semences au village Otong-Mbong



En apiculture, 50 personnes dont 21 femmes ont participé aux formations qui ont porté sur les modules ci-dessous:

Tableau 5 : Modules de formation en apiculture Modules Contenu des formations Travaux pratiques

1 L’abeille et son environnement Fabrication et l’installation

des ruches 2 Le matériel d’exploitation apicole 3 Les ennemis des abeilles

3.2. Accompagnement des communautés dans la mise en place des parcelles expérimentales

3.2.1- Appui en équipements et intrants agricoles

Pour la mise en place des champs d’expérimentation dans les deux paysages, 20 bénéficiaires, donc 05 femmes et 02 Bakas ont été retenus et équipés de matériels et d’intrants agricoles, constitué de :

- 20 machettes - 20 pelles rondes - 20 pelles bêches - 20 kg de fongicide - 20 litres d’insecticide

- 20 pioches - 20 doubles décamètres - 20 ficelles - 300 kg de semences d’arachide - 1320 plants de cacaoyers

sélectionnés - 260 plants d’espèces ligneuses et PFNL (safoutier, Andok, Ndjanssang, Ayous) - 780 plants de fruitiers greffés (avocatiers, citronniers, mandariniers, orangers).

Photo 6: Fabrication de ruches par les communautés Photo 7: Installation de ruches en forêt



3.2.2- Mise en place des pépinières communautaires Dans chacun des villages cibles, une pépinière communautaire a été aménagée pour l’approvisionnement des champs d’expérimentation.

3.2.3- Mise en place des plantations Dans l’ensemble des deux paysages, 19 parcelles expérimentales de 0,5 ha chacune ont été aménagées. Ces champs préalablement en jachère ont été défrichées, piquetées et plantés d’essences ligneuses et de PFNL en ligne à écartements de 20m x 20 m, d’arbres fruitiers en ligne à écartements de 10 m x 10 m, de cultures de rente (cacaoyers) en ligne à intervalle de 5 m x 5m, et de cultures vivrières (plantain, manioc, arachide) dans le reste de l’espace disponible.

3.2.4-Cultures mises en terre Après la première campagne dans les deux paysages, il a été planté: 400 plants d’espèces ligneuses et de PFNL ; 1405 pieds d’arbres fruitiers ; 2405 pieds de cacaoyers ; 3010 pieds de bananier-plantain ; 80 pieds de palmier à huile ; 7200 pieds de manioc ; du maïs et des arachides.

Photo 8: Remise des équipements aux bénéficiaires

Photo 10: Pépinière Communautaire d’Efoulan Photo 11: Pépinière Communautaire de Lavie

Photo 9: Remise de plants au village Welele



3.2.3- Suivi des travaux des bénéficiaires Après la mise en place des plantations, des missions de suivi ont été effectuées à l’effet d’évaluer l’évolution des travaux champêtres, d’apporter un appui conseil aux planteurs, d’opérer des corrections en cas de nécessité et d’apprécier les récoltes. A ces occasions, les plants manquant étaient remplacés, les écartements de semis corrigés, et le défrichage prescrit en cas de besoin.

Photo 13: Parcelle d’une bénéficiaire d’Efoulan en début de projet (gauche) et trois ans plus tard (droite)

Plantain

Pied de mangue sauvage

Photo 12: Parcelle expérimentale d’un bénéficiaire

Papayer

Photo 14: Récoltes d’arachides dans la parcelle d’une bénéficiaire de Welele



4.1. Impacts socio-économiques Dans les localités cibles, l’agriculture constitue l’une des principales sources de revenus. Les essences ligneuses des parcelles expérimentales sont encore en phase de croissance. L’âge de fructification des arbres fruitiers plantés est de 4 ans en moyenne ; ceux-ci génèreront des revenus à maturité. Les cultures vivrières quant à eux ont un cycle végétatif plus court. Le rendement de quelques spéculations a été évalué, notamment les récoltes d’arachides. La production moyenne de chaque parcelle pilote a été estimée à six sacs d’arachides d’une contenance de 50kg. Sur le marché local, cette quantité correspond à une valeur monétaire de près de 60.000 FCFA, revenu qui a permis aux bénéficiaires de s’acquitter des frais de scolarité de leurs enfants. L’introduction de l’apiculture durable permet de fournir de l'aliment non périssable aux communautés Baka, de générer des revenus à travers la commercialisation du miel, de la cire et d’autres produits dérivés, et de créer des emplois dans la fabrication du matériel d’apiculture. L’essentiel du miel produit dans cette localité jusqu’à lors était d’origine sauvage et destiné à l’auto consommation. Avec un entretien adéquat, chacun des 10 ruchers constitués d’une dizaine de ruches pourra produire une centaine de litres de miel et générer à chacune des dix familles bénéficiaires près de 300 000 FCFA, à raison de 3000 FCFA par litre de miel.

4.2. Impacts environnementaux L’adoption des techniques d’agriculture durable par les communautés permettra de limiter la pression sur le couvert forestier et de préserver les services écologiques du bloc forestier du TNS et du TRIDOM. Le stock total de carbone séquestré (épigé, hypogé, du sous-bois et de la litière) et les émissions évitées par la mise en place des parcelles pilotes dans l’arrondissement de Djoum ont été estimés. La méthode employée à cet effet est celle des quadras de 25 m x 25 m (625 m²), et les données collectées sur 8 des 10 parcelles expérimentales. Au niveau de chaque parcelle, deux quadras étaient considérés, l‘un sur le champ expérimental et l’autre sur la parcelle témoin. Le tableau 7 présente les estimations de stocks de carbone sur huit parcelles expérimentales évalués au moyen de l’équation de Chave et al (2014).



Tableau 6: Estimation du carbone séquestré et des émissions évitées par les parcelles expérimentales d’Efoulan

Parcelles expérimentales

Stocks de carbone séquestrés par les

parcelles expérimentales

(t/ha)

Stocks de carbone séquestrés par les parcelles témoins

(t/ha)

Emissions de carbone évité

(t/ha)

1 100,47±3,16 258,79±1,19 160,8±1,43 2 121,83±4,00 414,5±3,97 286,61±2,94 3 81,33±9,26 383,76±2,8 301,39±5,1 4 38,48±4,3 203,48±2,58 167,83±2,73 5 228,73±12,39 390,33±3,13 150,74±7,20 6 315,40±8,72 222,93±3,12 7 86,44±6,32 395,41±3,33 303,76±4,4 8 103,89±3,91 216,97±2,28 109,91±2,53

Moyenne 211,58±3,76

La valeur total des stocks de carbone séquestrés dans les parcelles expérimentales oscille entre 204,39±2,58 et 407,63±3,97 t/ha et les émissions évitées entre 109,91±2,53 et 303,76±4,4 t/ha, avec une moyenne de 211,58±3,76 t/ha.

0

50

100

150

200

250

300

350

400

450

1 2 3 4 5 6 7 8

Carbone sequestréspar les parcellesexperimentales (t/ha)

Carbone sequestréspar les parcelles temoins (t/ha)

Emissions deCarbone evités par lesparcelles experimentales (t/ha)

Figure 2 : Emissions séquestrées et évitées par les parcelles expérimentales



5.1. Le défi de l’abandon de la pratique du brulis L’un des objectifs principaux des activités d’accompagnement était d’encourager les communautés riveraines des forêts à se défaire de la pratique de l’agriculture itinérante sur brulis, identifiée comme moteur principal de déforestation, et de valoriser les jachères agricoles. Cependant, l’une des contraintes majeures auxquelles ont été confrontés les bénéficiaires était la pénibilité du défrichage manuel des plantations laissées en jachère, et du sarclage des champs. Certes, certains d’entre eux ont eu recours aux ouvriers; mais ceci est considéré comme un coût de production supplémentaire. La technique du brulis reste ainsi perçue comme un moyen de défrichage moins laborieux et moins couteux en zones forestières où les plantations sont généralement parsemées d’arbres et d’arbustes. En conséquence, le succès de l’abandon de l’agriculture itinérante sur brulis reposerait en grande partie sur la capacité à proposer des alternatives moins laborieuses aux cultivateurs. Au niveau local, des groupes se constituent parfois pour créer un système d’entre-aide communautaire dans les plantations des membres. Une autre approche serait d’étudier la faisabilité de concevoir des machines simplifiées à débroussailler, labourer et sarcler, pouvant éventuellement opérer à base de biomasse de bois. En plus d’alléger le labeur du défrichage, ceci permettrait, contrairement aux pratiques courantes, de labourer les terres, d’enfouir les débris végétaux et de valoriser les déchets de bois en abondance en zone forestière.

Photo 15: Plantations pénibles à nettoyer manuellement



5.2. La bonne installation des ruches serait déterminante en apiculture

L’apiculture était inclue parmi les activités pilotes dans l’optique d’améliorer la capacité des communautés locales à développer des activités génératrices de revenus. Le plus souvent, ces derniers se limitent à la récolte de miel sauvage en forêt. Dans l’ensemble des villages ciblés, la colonisation des ruches par les abeilles s’est faite avec retard, en raison de l’envahissement par les fourmis. Le positionnement des ruches serait un facteur crucial pour le succès de l’apiculture; il serait indiqué de les installer à une hauteur du sol difficile d’accès aux prédateurs, proche des appâts d’abeilles et éloigné de l’environnement immédiat des habitations.

5.3. L’adoption de la domestication des ligneux requiert du soutien

La promotion de la domestication des ligneux à travers l’association des essences ligneuses, des arbres fruitiers, des cultures vivrières et de rente était l’un des enjeux des activités pilotes. Cependant, bien que le choix des essences ligneuses eu été fait par les communautés, il a été observé un plus grand penchant des agriculteurs vers les cultures vivrières et de rente, en raison de leur cycle de production plus rapide. L’adoption de la domestication des ligneux par les communautés nécessiterait donc un accompagnement effectif pendant les années de croissance non-productives des jeunes plants, étant donné la préférence qu’ont les communautés de ces localités à investir dans les activités a rentabilités immédiates.

Photo 16: Ruche installée très près du sol, facile d’accès par les

fourmis

Photo 17: Oranger infesté dans une plantation abandonnée en friche par les bénéficiaires

occupées dans les champs de cacaoyers



5.4. Les projets communautaires requièrent beaucoup d’encadrement

La conduite des activités pilotes a permis d’apprécier les performances des activités individuelles, notamment les plantations agricoles d’une part, et des projets communautaires, en l’occurrence les pépinières communautaires et les ruches d’autre part. De façon générale, les projets communautaires ont connu moins de succès que les activités individuelles, dû en partie à l’absence de l’esprit communautaire dans ces localités, caractérisée par une faible motivation des individus pour les activités dont les intérêts personnels sont incertains. Ainsi, le succès des projets communautaires serait tributaire de l’aptitude des promoteurs à clarifier les responsabilités et les intérêts des personnes impliquées. La conception des projets suivant une approche individuelle semble plus appropriée que l’approche communautaire pour l’appui en matériels. Toutefois, les formations communautaires ont eu du succès et ont favorise une plus grande appropriation des nouvelles techniques d’agriculture durable.

5.5. La nécessité d’un accompagnement de proximité Tout au long du projet expérimental, des missions de suivi des activités des bénéficiaires se sont effectuées quelques fois par année, vu le coût des déplacements vers le terrain. À cause de la faible fréquence de ces visites, certaines erreurs constatées tardivement devenaient difficiles à corriger dans les limites du calendrier agricole. . La stratégie du projet pour répondre à cette situation a été de travailler avec les partenaires basés sur le terrain (précisément le ROSE). Il convient ainsi de s’assurer d’un accompagnement de proximité des communautés locales, soit à travers la formation des formateurs locaux qui serviront de relais dans les différents villages, ou par l’implication des agents des services décentralisés de l’État, en l’occurrence le Ministère en charge de l’agriculture pour le cas d’espèce, avec qui des solutions à certains problèmes agricoles dans ces localités peuvent être discutées. A travers les activités pilotes menées, le projet entendait démontrer aux communautés locales que de meilleurs rendements agricoles peuvent être obtenus en exécutant des techniques améliorées, sans avoir recours à la pratique du brulis. Certes, les

Photo 18: Plants d’agrumes abandonnés dans la pépinière communautaires d’Efoulan pour difficultés de partage entre

les bénéficiaires



productions des parcelles expérimentales étaient appréciables à l’observation; mais les résultats quantifiés seraient davantage convainquant et exploitables au-delà des localités d’expérimentation. Il serait donc judicieux que la situation de référence soit établie, et que les activités expérimentales d’agriculture mettent en place un système simplifié d’estimation et de collecte des résultats des productions obtenues.

5.6. Parer aux difficultés de communication avec les villages éloignés

La communication avec les communautés locales est nécessaire pour la préparation, l’exécution et le suivi effectif des activités; mais plusieurs de ces villages éloignés des points d’agglomérations ne sont pas couverts par les réseaux téléphoniques, ce qui était un obstacle à la communication avec les bénéficiaires. En attendant l’extension des réseaux téléphoniques dans ces localités forestières, des stratégies de communication avec les communautés devraient être explorées durant la réalisation des projets. Pour le cas d’espèce, des missions d’information étaient dépêchées auprès des communautés avant les descentes de terrain; et parfois, les travaux de terrain étaient précédés de tournées d’information des bénéficiaires dans les différents villages. 5.7. L’importance de la valorisation de jachères pour réduire la pression sur les forêts L’une des mesures importantes pour la mise en œuvre de ces activités était de mettre en place les parcelles pilotes dans les jachères proches des zones habitations. Ceci pour réduire l’ouverture des nouveaux champs dans les forêts primaires et réduire les conflits homme-animal qui accompagne la mise en place des parcelles agricoles proches des forêts dense, même dans les jachères. Un témoignage reçut du chef de village Mboli démontre une réduction en conflit homme-animal dans les parcelles de démonstration du projet, comparé aux autres parcelles du village. En effet, il a mentionné qu’il avait moins d’attaque des grands singes, hérissons, éléphants et phacochères dans la parcelle de démonstration située juste derrière sa maison que dans les autres parcelles l’appartenant. Certes, il a pris des mesures de précaution en mettant en place une clôture autour de toutes ses parcelles mais les parcelles situées loin en forêt sont toujours attaqué par les animaux. 5.8. La notion de partage des bénéfices individuels pour un « gain communautaire » Pour la mise en place des actions de démonstration en agriculture durable, le projet a travaillé avec une coopérative dans le TRIDOM et des individus bénéficiaires dans le TNS. Dans les deux cas, les réunions de consultations et sélection ont été organisées avec le village et les chefs traditionnels. Dans le TRIDOM, les bénéfices issus des récoltes ont été partagés avec les membres de la coopérative (membres bénéficiant de l’action et les autres membres qui accompagnaient les bénéficiaires) d’abord et



avec le reste de la population ensuite. Dans le cas du TNS où le travail a été fait avec les individus, volontaires et approuvé par le village, les récoltes étaient personnelles. Toutefois, les pépinières développées par le projet, aménagé par le village ont été utilisé par tout le village. Les bénéficiaires ont produit plus de semence à travers les techniques agro-forestières pour fournir les pépinières villageoises. Cela a été leurs contributions et une manière de partager les bénéfices individuels pour un gain communautaire. Vu que le projet cible à promouvoir le développement communautaire en général, son approche dite « individuelle » avait un caractère de « gain communautaire » à l’égard des modalités de partage des bénéfices issus des récoltes et de partage des connaissances obtenues par les formations reçues.



6.

A travers le projet “Towards Pro-Poor REDD+ (Phase II): Promoting Rights-Based Approaches to strengthen the conservation, governance and sustainable management of landscapes in Cameroon”, l’UICN a conduit des activités pilotes d’accompagnement des communautés du TNS et du TRIDOM en agriculture durable, en domestication des ligneux et en apiculture à l’effet d’expérimenter des approches communautaires de réduction des émissions liées à la déforestation et à la dégradation des forêts, et en vue de renseigner la stratégie nationale REDD+ en cours d’élaboration. Avec le concours du SAILD, du ROSE et de l’Inades-formation, les communautés de Djoum et de Salapoumbe ont été formées en techniques de valorisation des jachères, de domestication d’essences ligneuses et de PFNL, de domestication des ligneux et d’apiculture. Les bénéficiaires ont reçu un appui en équipement et en intrants agricoles pour la mise sur pieds des pépinières communautaires, des plantations d’expérimentation et des ruches.

Ces activités pilotes mises en œuvres pour assister les communautés dans la préservation du potentiel biologique et écologiques de ces espaces forestiers, et d’améliorer les conditions socio-économiques locales ont permis de mettre en évidence la nécessité d’approvisionner les communautés locales d’alternatives moins laborieuses au défrichage pour parvenir à les détourner de la pratique de l’agriculture itinérante sur brûlis, ainsi que l’importance d’un accompagnement de proximité et d’un soutien effectif pour l’adoption des techniques agricoles nouvelles par les communautés locales.

AFD, 2013. L’Agence Française de Développement au Cameroun ; Forêts et environnement : la forêt et la biodiversité en quelques mots; consulté le 15/07/2017, de http://www.afd.fr/home/pays/afrique/geo-afr/cameroun/Projets-developpement-cameroun/forets-et-environnement.

Chave J., Réjou-Méchin M., Burquez A., Chidumayo E., Colgan M. S., Delitti W.B.C., Duque A., Eid T., Fearnside P.M., Goodman R.C., Henry M., Martinez-Yrizar A., Mugasha W.A., Muller-Landau H.C., Mencuccini M., Nelson B.W., Ngomanda A. Nogueira E.M., Ortiz-Malavassi E., Pélissier R., Ploton P., Ryan C.M., Saldarriaga J.G. et Vieilledent G., 2014.Improved allometric models to estimate the aboveground biomass of tropical trees. Global Change Biology, 20, p. 3177–3190.

Dkamela G.P., 2011. Le contexte de la REDD+ au Cameroun: causes, agents et institutions. Papier Occasionnel 57, CIFOR, Bogor, Indonésie.

UICN-PC, 2014. Les Facteurs de Déforestation et de Dégradation des Forêts: Résultats d'une analyse participative dans les Paysages TNS et TRIDOM (Cameroun, Congo, Gabon et RCA). Yaoundé, Cameroun. 81 pages + Annexes.

activités pilotes d’agriculture durable et d’apiculture …¨se des résultats et leçons...

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