500 miles to nowhere

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Dans une lumière de fin d’après-midi, les parapentistes Gavin McClurg, Nick Greece et Matt Beechinor explorent Hurricane Ridge, dans l’Utah. UNE AVENTURE EN PARAPENTE TUMULTUEUSE

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Stunning images capture the freedom of vol biv paragliding across the American West. By Jody MacDonald. Words by Gavin McClurg

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Page 1: 500 Miles to Nowhere

Dans une lumière de fin d’après-midi, les parapentistes Gavin McClurg, Nick Greece et Matt Beechinor explorent Hurricane Ridge, dans l’Utah.

une aventure en parapente tumultueuse

Page 2: 500 Miles to Nowhere

Vu du ciel, Hurricane Ridge est d’une beauté incroyable. N’est-ce pas Gavin?

Page 3: 500 Miles to Nowhere

28 | trente degrés

Texte°°° Frédéric rEin Photos°°° Jody Macdonald

,Matt Beechinor, nate Scales, nick greece et gavin McClurg sont quatre garçons dans le vent. Quatre parapentistes d’exception,

qui ont chacun été détenteur, à un moment donné, du record de distance d’Amérique du nord. Ces quatre mousquetaires des airs, armés d’un désir énorme, ont décidé d’unir leurs forces pour réaliser un rêve: fixer, avec 800 km parcourus, un nouveau record nord-américain de longue distance en parapente – en réalisant une série de vols du sud au nord des mon-tagnes rocheuses, d’Hurricane ridge (Utah) à Jackson Hole (Wyoming). «Ce type de vols est très engagé, explique l’Américain gavin McClurg. Il résulte d’une approche différente, car on se retrouve dans des zones qui ne permettent pas toujours d’atterrir. Il faut donc avoir sur le dos de quoi survivre quelques jours sans assistance.» L’équipe de «500 miles to Jackson», nom donné à cette aventure, a donc planifié son périple avec une minutie toute particulière, prévoyant des sites d’atterrissage et tentant de définir des lieux où un véhicule pourrait venir les ravitailler en eau. «Le matériel de bivouac s’est significativement perfectionné ces dernières années, ce qui nous permet désormais de voler avec des charges allégées, note gavin. Petits kits solaires pour recharger le matériel électrique, bâtons de marche résistants et légers pour les ascensions matinales, aliments de plus en plus compacts, les progrès ont été spectaculaires dernièrement.»La période choisie pour voler ne tient pas non plus du hasard. «norma-lement, fin août, les vols deviennent plus fiables, on reste moins souvent cloué au sol pendant des semaines en raison de l’instabilité du vent, précise gavin. La mousson est passée, les courants sont plus doux, l’air plus stable et le jet stream a reculé, ce qui permet d’envisager de voler du sud vers le nord.»

l’EuropE Et l’ouESt aMéricain, dES tErrainS dE JEux trèS diFFérEntSseulement voilà, le parapente reste un sport aussi imprévisible que la mé-téo est capricieuse et les thermiques versatiles. Une réalité d’autant plus incontournable de ce côté-ci de l’océan Atlantique, à en croire gavin: «J’ai davantage volé en europe que chez moi. Ce n’est pas plus facile d’y piloter, mais il y a nettement plus d’opportunités, même quand le vent est faible, grâce aux lignes éprouvées le long des chaînes montagneuses. dans les rocheuses, rien de tout cela, car l’essentiel du terrain aérien est inconnu des parapentistes. La masse même de la chaîne rend les conditions très instables: temps changeant, vent venant de nulle part, thermiques vicieux, points de départ élevés en altitude, exigeant parfois un recours à une assistance en oxygène. Ici, un vol normal s’étire sur une vingtaine de miles, soit trois fois plus qu’en europe en moyenne, et mène souvent d’un massif à un autre très différent – avec des options inédites qui se

déclinent presque à l’infini. Pas de bus ou de train pour nous ramener facilement à la maison, juste de rares pistes poussiéreuses ou, peut-être, passent un ou deux pick-up chaque jour! tout cela pour dire que ce sont deux terrains de jeux totalement différents.»

du parapEntE à la voiturEdébarqués à Hurricane ridge, nos quatre parapentistes voient vite leurs espoirs douchés: les petits cumulus attendus ont cédé la place à de gros nimbus et à la foudre! L’inverse de ce qu’ils espéraient. décision est alors prise de remonter en voiture vers le nord, où des conditions plus sèches sont annoncées. de kilomètre en kilomètres, de gouttes d’eau en vents puissants, ils se retrouvent finalement, après plus de 800 km, à Jackson Hole, le lieu qui devait être rallié… en parapente! «Avant que la pluie ne nous rattrape, nous avons quand même pu effectuer un très beau vol près de l’emblématique grand teton, une voie aérienne de 48 km rarement empruntée, souligne gavin. nous avons vécu une aventure bien diffé-rente de celle que nous avions imaginée, faite d’incertitudes, d’amitié et, malgré tout, d’un grand vol. C’était bien cela l’essentiel, au fond.» restait à repenser le nom même de l’expédition: les 500 miles to Jackson devinrent ainsi 500 miles to nowhere... «notre projet se voulait réfléchi et raisonnable, alors que l’idée de cette aventure était par définition déraisonnable. La prochaine fois, on se contentera d’empaqueter notre matériel et d’aviser sur place, car au final, c’est ce qui se passe», ajoute gavin, beau joueur. Mieux vaut sans doute ne pas trop avoir les pieds sur terre quand on pratique le parapente!

Nick Greece, Nate Scales et Matt Beechinor marchent jusqu’au prochain site de décollage.

Les parapentistes Gavin McClurg, Nick Greece et Matt Beechinor essaient de progresser en direction de Jackson Hole, dans le Wyoming, avant le coucher du soleil.

Quatre parapentistes de talent ont tenté d’ac-complir le plus long vol en relais d’Amérique du Nord: 800 km du sud au nord des montagnes Rocheuses. Le projet s’est néanmoins avéré plus compliqué que prévu. Récit.