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© AMTRA, Revue suisse de Viticulture, Arboriculture, Horticulture, 1260 Nyon

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1612: Fendans/Fendant/LausannoisPour d’autres auteurs, la première men-tion du cépage ‘Chasselas’ apparaîtraiten 1612 sous les noms de Fendans, Fen-dant ou encore Lausannois dans l’His-toria Plantarum Universalis de Bauhin.En effet, Bauhin décrit trois sortes deraisins qui peuvent toutes être assimiléesau ‘Chasselas’ (traductions de CharlesRouget in Jacques Dubois, 1996):

– Uvae albae duces, un «raisin blancdoux appelé, à Montbéliard et enBourgogne, Raisins fendans, ou del’hospital. Les grappes de cettevigne sont longues, le plus souventà grains espacés ou écartés, blancs,très doux, de maturité facile et mêmeprécoce. Ses feuilles sont profondé-ment divisées et pellucides. On l’ap-pelle Gut edel Trauben dans le duchéde Württemberg, où quelques-uns lemettent à part pour en faire un bonvin, lequel est toutefois de peu dedurée. En Bourgogne, on en plantedes vignes entières.»

– Vitis folia apii, dont «les feuillessont profondément divisées commecelles du persil. Ses grappes sontsemblables à celles du raisin qu’enBourgogne on nomme raisin filantou fendant et en Württemberg Gutedel Reben.» Comme le faisait re-marquer Charles Rouget, on recon-naît aisément dans cette descriptionle ‘Chasselas’ persillé ou cioutat,qui est une mutation du ‘Chasselas’à feuilles laciniées.

– Uvae lausannenses albae, appelé rai-sin blanc de Lausanne ou Lausan-nois, qui «a des feuilles presquerondes, peu profondément décou-pées, vertes sur les deux faces. Leraisin est doux, le grain de médiocregrosseur. Je l’ai entendu nommer fi-derling dans le duché de Württem-berg. Il est d’ordinaire fructifère etson raisin donne un vin de qualité.»L’identité entre le Lausannois (ouLuzannois) et le ‘Chasselas’ sera af-firmée par Charles Rouget (1897).

1639: Weiss Berritsch/Gut Lauter/WelschSelon Marcel Aeberhard (2005), lebailli Daniel Rhagor de Berne men-tionne dans son ouvrage Pflantz-Gartparu en 1639 un cépage nommé «weissBerritsch am Bielersee, im Aargau undanderen Orten gut Lauter genannt», etsignale plus loin le «Welsch», raisinblanc introduit du canton de Vaud. Lenom Weiss Berritsch dérive d’un vigno-ble autrefois complanté de ‘Chasselas’près du lac de Bienne, tandis que le Gut

Lauter correspond au nom local ‘Gut-luter’ parfois rencontré encore dans lescantons du Nord de la Suisse pour le‘Chasselas’. Quant au Welsch, Aeber-hard (2005) n’hésite pas à l’assimilerégalement au ‘Chasselas’.

1654: ‘Chasselas’Selon Pierre Rézeau (1997), la premièremention du nom ‘Chasselas’ remonteraità 1654, dans un livre de Nicolas de Bon-nefons intitulé «Les délices de la cam-pagne» où l’on peut lire que «les francsMuscats, Muscadets, Genetins, Chasse-lats & autres qui ont le Grain plus charnu,sont bons à faire les Vins doux & Bour-rus». Son nom de ‘Chasselas’ dérivesans aucun doute de la petite communebourguignonne de Chasselas, près deMâcon en Saône-et-Loire, d’où étaientvraisemblablement issus les sarments.

Le Fendant des Vaudoisest devenu... valaisan!D’après le Glossaire des Patois de laSuisse romande (Voillat et al., 1992), lapremière mention du nom de Fendant enSuisse remonte à 1716 au canton deVaud: «Ledit vigneron nourrira conve-nablement le partisseur et rendra à Lau-sanne deux corbeillées de bons raisinsfendants.» Plusieurs autres sources té-moignent de l’usage répandu du nomFendant (vert ou roux) dans le canton

de Vaud avant le XXe siècle (de Can-dolle, 1820; Lullin, 1832; Burnat etAnken, 1910; Dubois, 1996). En Valaiscentral, le ‘Chasselas’ est mentionnépour la première fois dans un «Livre deraison sur des vignes de Fully, de Mon-torge et de Sion» lors des vendanges de1828 durant lesquelles «le chasselat etl’arvine de Sion avaient le mieux réussi»(Archives de l’Etat du Valais, FondsAmbuel R 16, Bureau Clio, comm. pers.2007). La présence du ‘Chasselas’ enValais était jusqu’alors sporadique, maisen 1848, le Conseil d’Etat valaisan com-mande 50000chapons de Fendant Blancpour mettre en vigne un terrain situé àla Planta d’en bas (Wuilloud, 1954).Dès lors, l’extension du ‘Chasselas’ enValais sous le nom de Fendant devien-dra inexorable, au point de quasimentsupplanter les anciens cépages valai-sans. Durant le XXe siècle, le canton deVaud abandonnait petit à petit le nomde Fendant au profit des appellationsde villages, tandis que le nom Fendantdevenait une exclusivité valaisanne.

Hypothèses sur l’originedu ‘Chasselas’Suisse, Arc lémaniqueL’ampélographe français Adrien Berget(1921) affirmait: «Jusqu’à découvertecatégorique peu probable, nous croyons

300

Tableau 1. Formes de ‘Chasselas’ mentionnées par Augustin Pyrame de Candolle(1820) dans le catalogue des vignes de la collection du Jardin botanique de Genèvecomptant environ 800 pieds de vigne.

Canton Vignoble Noms

Vaud

Indéfini Blanc Fendant Vert, Chasselas Rose Muscat

La Côte Fendant Vert, Gros Fendant Blanc de la Côte, PlantBlanchette, Rougeasse

LavauxBlanc de Launay, Fendant, Fendant Roux, Gros Fendant,Gros Fendant Vert, Gros Fendant Verd de la Vaud, Plantde la Vaux, Plant dit Fendant ou Ordinaire, Rougeasse

Morges

Blanc, Blanc Fendant de Morges, Blanc Non Fendant,Blanc Non Fendant de France à Grains Ovales,Blanc Non Fendant de France à Grosses Grappes,Fendant Blanc de France à Feuilles Découpées,Fendant Blanc Musqué, Fendant Gris de France,Fendant Noir de France, Fendant Ordinaire,Fendant Rouge de France, Fendant Rouge du Pays,Fendant Vert Ordinaire, Grosse Rougeasse, Non FendantBlanc, Non Fendant Noir de France, Petite Rougeasse

Genève Indéfini Blanc Fendant, Cendré, Grosse Rougeasse, Plant Coley

Savoie Mournex Bon Blanc Fendant

Neuchâtel Indéfini Fendant Blanc, Fendant Noir

Zurich Indéfini Elsasser Traube, Wälsche Traube, Zürich Traube

France

Doubs Chasselas Noir

Seine-et-Marne Chasselas Doré, Chasselet Musqué

JardinsChasselas, Chasselas Blanc, Chasselas Croquant,Chasselas de Fontainebleau, Chasselas Musqué,Chasselas Rouge, Chasselas Royal, Cioutat

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qu’il faut s’en tenir pour les origines duChasselas, comme pour la plupart descépages les plus fameux et répandus, àcette présomption fortifiée des textesdes plus vieux ampélonomes: qu’ils dé-rivent du pays où leur culture est à lafois la plus répandue et la plus ancienne.Or à ce point de vue, il n’y a pas dedoute que le chasselas soit le raisinsuisse par excellence.» Cette hypothèsenous paraît la plus plausible, puisquel’éminent botaniste Augustin Pyrame deCandolle (1820) recensait à Genève etsurtout dans le canton de Vaud de trèsnombreuses formes du ‘Chasselas’(tabl.1). Cependant, plusieurs autreshypothèses plus ou moins fantaisistesont été émises au sujet de l’origine du‘Chasselas’.

Suisse, vigne sauvageComme pour beaucoup d’autres vieuxcépages, l’hypothèse d’une domestica-tion directe à partir des populationssuisses naturelles de vignes sauvages(Vitis vinifera ssp. silvestris) a été avan-cée pour le ‘Chasselas’ (in Aeberhard,2005; in Hoffmann, 1982). Une étudegénétique a pu démontrer qu’aucun lienn’existe entre les individus de la seuleimportante station suisse de vigne sau-vage (près de Martigny, Valais) et plu-sieurs cépages cultivés en Suisse, ycompris le ‘Chasselas’ (Perret, 1997).

Egypte, ‘Fayoumi’Après avoir défendu l’origine lémaniquedu ‘Chasselas’, Adrien Berget (1932)revient sur ses affirmations à la suited’un séjour en Egypte, durant lequel ila observé de nombreuses formes de‘Chasselas’ provenant de l’oasis deFayoum (au sud du Caire), et conclut àl’origine égyptienne du ‘Chasselas’.Cette hypothèse est ensuite soutenuepar Henry Wuilloud (1947) qui a égale-ment pu observer des treilles de ‘Chas-selas’ dans le vignoble du DomaineGianaclis près d’Alexandrie. Quelquesauteurs sont même allés jusqu’à avan-cer que le ‘Chasselas’ était cultivé àl’oasis de Fayoum depuis au moins5000 ans, où il serait encore présentsous le nom de ‘Fayoumi’ (Hoffmann,1982).

Turquie, ConstantinopleD’après des documents examinés par leVicomte d’Aulan1 à l’ambassade deFrance à Constantinople, ce serait en1523 qu’un ambassadeur de François Ier

aurait ramené de Turquie des sarmentsde ‘Chasselas’ pour planter la fameuseTreille du Roy à Fontainebleau, treille

encore existante dans le parc du palaiset source présumée des premiers ‘Chas-selas’ cultivés en France. Cependant,aucun historien n’a trouvé trace de cesdocuments d’ambassade.

France, CahorsDes documents d’archives rapportentque pour doter le domaine de Fontaine-bleau d’un clos de vignes, François Ier

s’adressa à la ville de Cahors qui fitvenir sur place en 1531 un vigneronnommé Jehan del Rival dict Princedans le but de «choisir terre propre àplanter vigne» (Dion, 1959). Plus tard,ce même vigneron aurait rapporté deCahors les plants de ‘Chasselas’ néces-saires pour planter la fameuse Treilledu Roy à Fontainebleau. D’autres plantsen provenance de Marseille auraientservi peu après à l’établissement d’unautre clos royal à Thomery. Or, des do-cuments historiques attestés indiquentque la Treille du Roy fut plantée entre1667 et 1730, soit bien après la mort deFrançois Ier, dont le rôle dans la planta-tion de la treille tient par conséquent dela légende.

France, ChasselasCertains auteurs (comme Goethe, 1887)affirment que le cépage ‘Chasselas’ se-rait originaire du village éponyme prèsde Mâcon. En effet, dans une lettre àl’ampélographe français Victor Pulliat,M. Salomon, viticulteur à Thomery etcontributeur de l’important ouvrageAmpélographie de Viala & Vermorel(1901-1910), admet que la plantationdu ‘Chasselas’ dans les jardins du palaisde Fontainebleau ne devait rien à Fran-çois Ier ni à Henri IV, car il lui «paraîtplus rationnel d’assigner Chasselascomme lieu d’origine du cépage qui

nous occupe plus que toute autre loca-lité. D’autant plus qu’il existe d’asseznombreux et très vieux pieds de chas-selas croissant à l’état sauvage, parmiles broussailles et les châtaigniers quirecouvrent les coteaux dominant le petitvillage de Chasselas.» Certains vieuxvignerons du lieu se souviennent del’existence de vieux pieds de ‘Chasse-las’, qu’ils appelaient ‘Mornant’ et uti-lisaient exclusivement comme raisin detable.Bien d’autres provenances ont encoreété proposées (Grèce, Liban, Palestine,Chypre, Espagne), illustrant la difficultéde cerner l’origine des très vieux cé-pages, en particulier celle du ‘Chasse-las’ qui a fortement intrigué savants etaffabulateurs.

Origine génétiqueLes microsatellites sont des marqueursmoléculaires qui correspondent à deszones d’ADN bien précises et particu-lièrement variables. Ils ont la propriétéd’être stables à l’intérieur d’un individuet de varier fortement d’un individu àl’autre. Avec l’analyse de huit microsa-tellites suffisamment polymorphes, il estpossible de distinguer pratiquement tousles cépages du monde (Sefc et al., 2000).Les microsatellites permettent égale-ment de reconstruire les parentés. Letest de paternité a ainsi permis de dé-montrer que le ‘Cornalin du Valais’ estissu d’un croisement naturel entre le‘Petit Rouge’ et le ‘Mayolet’ du Vald’Aoste (Vouillamoz et al., 2003). Engénéral, il est nécessaire d’analyser 30à 50 microsatellites pour établir une pa-renté de cépages. Comme tous les cé-pages du monde, le ‘Chasselas’ a eu unpère et une mère. Or, comme c’est sou-

301Revue suisse Vitic. Arboric. Hortic. Vol. 41 (5): 299-307, 2009

Fig.1. Le profil ADN du ‘Chasselas’ a été comparé à ceux de 510 cépages provenant de dixpays différents analysés à onze microsatellites. Pour chaque pays, le nombre de cépages in-clus est indiqué dans les secteurs correspondants.

1

117

61

32

190

117

61

32

20

18

17 13 1010

655

3 111

France

Italie

Turquie

Géorgie

Suisse

Espagne

Croatie

Arménie

Allemagne

Autriche

Grèce

Corse

Hongrie

Portugal

Maroc

Bulgarie

Roumanie

Serbie

1NB: d’Aulan et non pas d’Auban, commeretranscrit souvent à tort.

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vent le cas pour les vieux cépages, sesparents ont probablement aujourd’huidéfinitivement disparu. Dans ce cas,même en l’absence des géniteurs, l’ana-lyse des liens génétiques entre les cé-pages permet de les grouper selon leursaffinités et de localiser ainsi leurs ori-gines géographiques. Pour ce faire, ilest toutefois nécessaire d’analyser ungrand nombre de zones d’ADN sur ungrand nombre de cépages provenant derégions distinctes afin d’augmenter laprécision des regroupements génético-géographiques.

Matériel et méthodesMicrosatellitesL’analyse génétique a été conduite en troisphases, avec un nombre de cépages décrois-sant et un nombre de microsatellites crois-sant:1) 511 cépages, 11 microsatellites. Dans

un premier temps, nous avons comparéle profil ADN du ‘Chasselas’ à ceux de510 cépages (fig.1) provenant de 18 paysdifférents (Allemagne, Arménie, Croatie,Espagne, France, Géorgie, Italie, Hon-grie, Suisse, Turquie) et analysés à onzemicrosatellites: VVMD 5, VVMD 7 (Bo-

wers et al., 1996), VVMD 24, VVMD 25,VVMD 27, VVMD 28, VVMD 31,VVMD 32 (Bowers et al., 1999b), VVS 2(Thomas et al., 1994), VrZAG62,VrZAG79 (Sefc et al., 1999). Cette pre-mière approche a permis de sélectionnerles cépages les plus proches du ‘Chasse-las’ et de les intégrer ensuite aux analysesplus fines.

2) 317 cépages, 20 microsatellites. Afin detester l’hypothèse d’une éventuelle ori-gine égyptienne ou orientale du ‘Chasse-las’, son profil ADN a été comparé plusprécisément à ceux de 316cépages d’Eu-rope occidentale et du Proche-Orient(fig. 2) analysés à 20 microsatellites, soit

302

Fig. 2. Le profil ADN du ‘Chasselas’ a été comparé à ceux de316 cépages provenant de neuf pays différents analysés à vingt mi-crosatellites. Pour chaque pays, le nombre de cépages inclus est in-diqué dans les secteurs correspondants.

94

88

47

32

24

13 10 6

3

Italie

France

Turquie

Géorgie

Suisse

Croatie

Arménie

Allemagne

Hongrie

Fig. 3. Le profil ADN du ‘Chasselas’ a été comparé à ceux de131 cépages provenant de six pays différents analysés à 54 microsa-tellites. Pour chaque pays, le nombre de cépages inclus est indiquédans les secteurs correspondants.

57

39

28

4 3

1

Italie

France

Suisse

Allemagne

Hongrie

Croatie

Tableau 2. Analyse génétique fine: les 132 cépages de six pays européens analysés à 54 microsatellites.

Allemagne

Elbling BlancGouaisMadeleine RoyaleSylvaner

Croatie

Plavina Crna

France

AbondanceAltesseCacabouéChenin BlancChichaudChouchillonColombaud BlancDouce NoireDurezaEtraire de la DhuyGamayGraisseGringetHibou BlancJacquèreManseng PetitMarsanne

MelonMonbadonMondeuse blancheMondeuse noireMornen NoirMuscat Blanc PetitsGrainsPersanPetit MeslierPinot NoirRaffiat de MoncadeRaisaineRoussanneRoussette d’AyzeSaint Pierre DoréSauvignon BlancSémillonSérénèze de VoreppeServaninSyrahTraminerVerdesseViognier

Hongrie

FurmintGros BourgogneHarslevelu

Italie

AlbanaAleaticoArneisAvanàAvarengoBarberaBlanc ComunBondaBubbierascoCascaroloChiavennasca BiancaCornalin d’AosteCorvina VeroneseCrovassaDurellaEnantioErbaluceFreisaFuminGarganegaGrisa NeraGroppelloLagreinLugliatica NeraLugliengaMarzeminoMayoletMontepulciano

NebbioloNegraraNegreraNer d’AlaNeret de Saint-VincentNosiolaOriou GrisPetit RougePignolo SpanoPremettaPriéRefosco PedunculoRossoRiesling ItalicoRossara trentinaRosseraRossolaRossolino NeroRoussinRoussin de MorgexSangioveseSchiava GrossaTeroldegoUccellinaVerdecaVerduzzo FriulanoVespaiolaVespolinaVien de NusVuillermin

Suisse

AmigneArvineArvine GrandeBlanc de SaillonBlanc des HombesBondolaBondola BiancaBondolettaChasselasCompleterCornalin ValaisDiolleDurizeEyholzer RoterFindling von MühenGoronHimbertschaHitzkirchlerHumagne BlancLafnetschaMarchisanaRapaRauschling blancRèzeRouge des HombesSchwarze ErlenbacherZanetta

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les 11 ci-dessus additionnés de VVMD 6(Bowers et al., 1996), VVMD 21, 36(Bowers et al., 1999b), VMC 2A5, 2C3,2H4, 5A1, 5H2, 5H5 (Vitis Microsatel-lite Consortium).

3) 132 cépages, 54microsatellites. Pour dé-terminer avec une plus grande précisionles liens génétiques entre le ‘Chasselas’et les autres cépages d’Europe, son pro-fil ADN a été comparé à ceux de 131 au-tres cépages analysés à 54 microsa-tellites (fig. 3 et tabl. 2), soit les 20 ci-dessus additionnés de VVMD 26, 34(Bowers et al., 1999b), SsrVrZAG 21,29, 64, 67, 83, 93, 112 (Sefc et al., 1999),VVS 29 (Thomas et al., 1994), VMC1B11, 1C10, 1E8, 2B3, 2B11, 2E7, 2F10,3D12, 4C6, 4G6, 5C1, 5C5, 5E9, 5G8,6E1, 6E10, 6G1, 8D1, 8D11, 8F10, 8G6,8G9, 9B5, 16F3. Sachant que les liensparentaux de 1er et 2e degré nécessitentl’analyse de 50 à 60 microsatellites(Vouillamoz et Grando, 2006), le nombrede 54 microsatellites est particulièrementélevé et permet une analyse génétiquetrès fine.

Afin de pouvoir comparer toutes ces don-nées, les tailles des valeurs microsatellites(allèles) ont été systématiquement harmoni-sées par rapport à celles de cépages stan-dard (‘Nebbiolo’, ‘Pinot’, ‘Sangiovese’ et‘Syrah’). Les tailles relatives (allèles) desdifférents microsatellites ont été mesuréespar PCR (Polymerase Chain Reaction) avecle kit Qiagen Type-It spécialement conçupour l’analyse des microsatellites. ChaquePCR a été effectuée dans un ThermocyclerBiometra avec un volume de 10 µl en com-mençant par 15’ d’activation à 95 °C, puis30 cycles de 30’’ à 94°C (dénaturation), 90’’à 52 °C ou 56 °C selon les microsatellites(appariement), 30’’ à 72 °C (extension), sui-vis d’une extension finale de 30’ à 60 °C.Chaque microsatellite a été marqué par unedes trois molécules de fluorescence (6-FAMpour bleu, HEX pour vert et NED pourjaune) afin d’être analysé sur un séquenceurautomatique Perkin Elmer ABI PRISM 310

aromatique à odeur de Muscat), plantdroit, rose royal, rouge, tétraploïde, vertet violet. Dans la collection de Frümsen(SG), cinq autres accessions de ‘Chas-selas’ ont également été analysées:‘Chasselas’ de Fontainebleau (= ‘Chas-selas’ fendant doré), ‘Gutedel’ weiss (=‘Chasselas’ blanc), ‘Gutedel’ roter (=‘Chasselas’ rouge), ‘Königsgutedel’ (=’Chasselas’ violet) et ‘Muskatgutedel’(= ‘Chasselas’ musqué). Toutes ces vingtaccessions ont le même profil ADN auxhuit microsatellites analysés (tabl. 3): cene sont par conséquent que des muta-tions clonales du ‘Chasselas’ originel.Le ‘Chasselas’ possède de nombreuxsynonymes répertoriés, auxquels s’ajou-tent plusieurs synonymies ou erreurs dedéterminations mises en évidence parle test ADN (tabl. 4).

Le ‘Fayoumi’ d’EgypteSelon plusieurs auteurs (Berget, 1932;Wuilloud, 1947; Hoffmann, 1982), lecépage égyptien nommé ‘Fayoumi’, cul-tivé en treilles dans l’oasis de Fayoumau sud du Caire, serait identique au‘Chasselas’. Le ‘Fayoumi’ se trouve dansla collection de Vassal et son profilADN a été établi par l’INRA de Mont-pellier: il est tout à fait distinct du‘Chasselas’, avec lequel il n’a d’ailleursaucun lien de parenté (Thierry Lacombe,INRA Montpellier, comm. pers. 2008).

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(Applied Biosystems). La combinaison desdifférentes couleurs et des tailles respectivesdes microsatellites a permis l’analyse simul-tanée de cinq à neuf microsatellites (multi-plexes). Afin d’éviter les erreurs d’amplifi-cation ou de lecture, chaque cépage a étéanalysé au minimum deux fois à chaquemicrosatellite.

Groupes génétiquesLe regroupement génétique des cépages aété effectué par l’analyse factorielle des cor-respondances (AFC) sur les données micro-satellites avec le programme Genetix (Bel-khir et al., 1996-2002).

Résultats et discussionDiversité intra-variétaleLe ‘Chasselas’ existe dans de nom-breuses collections de cépages sous demultiples synonymes et plusieurs sélec-tions de morphologie très différente ontété répertoriées (cf. Vitis InternationalVariety Catalogue, www.vivc.bafz.de).Dans la collection du Domaine du Cau-doz à Pully (Agroscope Changins-Wä-denswil ACW), nous avons analyséquinze accessions de ‘Chasselas’: doré,fendant, giclet, grains pâles, blanchette,bois rouge, cioutat ou persillé (à feuilleslaciniées ressemblant aux feuilles depersil), jaune cire, musqué (mutation

Tableau 3. Profil ADN du ‘Chasselas’ aux huit microsatellites le plus courammentutilisés pour la distinction et l’identification objective des cépages.

VVMD5 VVMD7 VVMD27 VVMD31 VVMD32 VVS2 VrZAG62 VrZAG79

Chasselas 236 228 247 239 189 185 216 212 241 241 143 133 205 195 259 251

Tableau 4. Synonymes ou erreurs d’identification mis en évidence par le test ADN pour le ‘Chasselas’.

Synonyme Source Remarque

Albillo Ibanez et al. (2003) Nom de plusieurs cépages distincts en Espagne. Le ‘Chasselas’ n’est pas lié àl’Albillo’ «vrai»

Albillo Negro Santana et al. (2007) Cépage à baies blanches, malgré son nom. Cultivé dans la région de Cigales.

Elba Santana et al. (2007) Cultivés dans la région de Toro.

Malvasia Santana et al. (2007) Cultivés dans la région de Bierzo.

Mauza Greek Vitis Database Probable erreur de détermination, aucun lien avec le ‘Mauzac’ du Sud-Ouest de laFrance

Priknadi Greek Vitis Database Probable erreur de détermination, il s’agit d’un cépage indigène de Thessalie etMacédoine dont la description diffère complètement du ‘Chasselas’. Galet, (2000)

Temprana Agosteña Santana et al. (2007) Temprano = précoce. Cultivé à Cigales.

Temprana Media Santana et al. (2007) Temprano = précoce. Cultivé à Cigales.

Temprana Tardía Santana et al. (2007) Temprano = précoce. Cultivé à Cigales.

Tempranillo de Nav Santana et al. (2007) Temprano = précoce. Cultivé à Rueda.

Temprano Blanco Martin et al. (2003) Temprano = précoce.

Temprano Colorado Martin et al. (2003) Temprano = précoce.

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‘Mornen Noir’ =‘Chasselas’ x ?Le ‘Mornen Noir’ est un cépage cultivédans la Loire mais dont l’origine se situe-rait dans la région Rhône-Alpes (Galet,2000). Son profil ADN est identique àcelui du ‘Montruchon’ de la collectionde vieux cépages savoyards établie parles pépiniéristes Jean-Pierre et PhilippeGrisard à Fréterive (Savoie), ce quiparle en faveur de la région Rhône-Alpes comme le berceau de ce cépage.Le test de paternité effectué sur vingt-quatre microsatellites a permis d’établirque le ‘Mornen Noir’ est très vraisem-blablement issu d’un croisement naturelentre le ‘Chasselas’ et un autre cépageinconnu. Cette parenté revêt une im-portance particulière car elle permetd’expliquer pourquoi le ‘Chasselas’ estconnu historiquement près de Mâcon(y compris à Chasselas) sous le nom de‘Mornen Blanc’,‘Mornain’ ou ‘Mornant’(Viala et Vermorel, 1901-1910), et pour-quoi le ‘Mornen Noir’ avait été appelé‘Chasselas Noir’ par l’ampélographefrançais Victor Pulliat.

Analyses génétiques1) 511 cépages,

11 microsatellitesDans l’analyse factorielle des corres-pondances (fig. 4), les cépages d’Armé-nie (jaune), de Turquie (bleu) et deGéorgie (rose) se superposent partiel-lement, collant parfaitement à leur dis-tribution géographique. Ces cépagesorientaux sont distincts, mais pas entiè-rement isolés des cépages d’Europe oc-cidentale. En effet, les cépages de Tur-quie, et plus encore ceux de Géorgie,

tiques entre les cépages est très nette.D’après nos analyses, le ‘Chasselas’ seretrouve dans le groupe des cépagessuisses, entouré des cépages italiens etfrançais. Ces résultats permettent d’oreset déjà de rejeter catégoriquement l’hy-pothèse d’une éventuelle origine orien-tale du ‘Chasselas’.

3) 132 cépages,54 microsatellites

La position génétique du ‘Chasselas’ ausein de 132 cépages importants d’Eu-rope occidentale devient nettement plusprécise (fig. 6). Les cépages de Hongrie(noir) sont tout à fait distincts des autrescépages européens, à l’exception d’uncas isolé: le ‘Gouais Blanc’, un vieuxcépage autrefois très répandu et père denombreux cépages européens, dont le‘Furmint’ (Boursiquot et al., 2004).Parmi les cépages italiens (a), français(b) et suisses (c), on observe à chaquefois deux clivages génético-géographi-ques très intéressants (fig. 6).a) Les cépages italiens (rose) les plus

anciens et typiques (‘Barbera’, ‘Neb-biolo’, ‘Sangiovese’, ‘Petit Rouge’,‘Teroldego’, ‘Schiava Grossa’, etc.)forment un groupe relativement ho-mogène, tandis qu’au centre un autregroupe s’en démarque significative-ment, composé de quatre cépages:– ‘Trebbiano Toscano’, vieux cé-

page d’Italie centrale;– ‘Aleatico’, descendant du ‘Muscat

Blanc à Petits Grains’ (Crespan etMilani, 2001);

– ‘Rossara Trentina’, pour lequelnous avons décelé une filiationdirecte avec le ‘Gouais Blanc’(Vouillamoz, non publié) qui ex-plique son rapprochement avec cedernier;

304

recoupent partiellement plusieurs grou-pes d’Europe occidentale, en particulierles cépages d’Espagne (violet) ainsiqu’une portion des cépages de France(gris foncé) et d’Italie (vert). Quant auxcépages de Suisse (gris clair), ils setrouvent entre les cépages italiens etfrançais. Ces regroupements sont tout àfait cohérents d’un point de vue géo-graphique et indiquent que l’analyse deonze microsatellites permet déjà de dis-tinguer relativement bien les grandeslignes des différentes origines des cé-pages, comme l’avaient montré Sefcet al. (2000) avec douze microsatellites.La position du ‘Chasselas’ est ici trèsclaire: il se trouve au milieu des cépa-ges suisses, entouré des cépages d’Ita-lie et de France. Dans cette premièreapproche génétique, le ‘Chasselas’ nemontre aucun lien avec les cépagesdu Proche-Orient (Arménie, Géorgie,Turquie).

2) 317 cépages,20 microsatellites

La séparation Occident-Orient est icitrès nette (fig. 5). Les cépages d’Armé-nie (jaune), Turquie (vert clair) et Géor-gie (violet) sont très imbriqués entreeux et très distincts des autres groupes.Logiquement, les cépages de Croatie(bleu) et de Hongrie (vert foncé) setrouvent dans une position intermé-diaire entre l’Orient et l’Occident. Lescépages de France (gris clair) englobentles cépages d’Allemagne (rose) et sesuperposent partiellement aux cépagesd’Italie (pourpre). Quant aux cépages deSuisse (noir), ils sont à nouveau logi-quement à cheval entre les cépages ita-liens et français. Avec vingt microsatel-lites, la cohérence entre les originesgéographiques et les affinités géné-

Fig. 4. Analyse factorielle des correspondances (AFC). Regroupement de 511 cépages issus de 18 pays analysés à onze microsatellites. Pourune meilleure lecture des groupements, seuls sept pays sont illustrés.

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– ‘Verdeca’, pour lequel nous avonsdécelé une parenté directe avec le‘Plavina Crna’ (Vouillamoz, nonpublié), un cépage de Dalmatie.

De par leurs origines diverses, cesquatre cépages font donc logique-ment partie d’un pool génétique dis-tinct des autres cépages italiens.

b) Les cépages français (bleu) les plusanciens et typiques (fig. 6, bas del’AFC) forment un groupe relative-ment homogène (‘Altesse’ et ‘Grin-get’ de Savoie, ‘Marsanne’ et‘Roussanne’ de la Vallée du Rhône

septentrionale, ‘Sauvignon Blanc’duBordelais, ‘Savagnin Blanc’ ou ‘Tra-miner’ du Jura, ‘Pinot’ de Bourgo-gne,‘Syrah’rhodanienne,‘MondeuseNoire’ savoyarde). Ils se distinguentdu deuxième groupe de cépagesfrançais (fig. 6, centre de l’AFC),composé du ‘Muscat Blanc à PetitsGrains’, du ‘Melon’ et du ‘Gamay’de Bourgogne, du ‘Petit Meslier’ dela Champagne, de la ‘Jacquère’ deSavoie, etc. La position intermédiairede ces quatre derniers cépages entreles anciens cépages français et le

‘Gouais Blanc’ s’explique parfai-tement puisque le ‘Melon’ et le‘Gamay’ sont issus de croisementsnaturels entre le ‘Pinot’ et le ‘GouaisBlanc’ (Bowers et al., 1999a), le‘Petit Meslier’ est issu d’un croise-ment naturel entre le ‘Gouais Blanc’et le ‘Savagnin Blanc’ (Bowers et al.,2000) et la ‘Jacquère’ est une progé-niture du ‘Gouais Blanc’ dont l’au-tre parent est inconnu (Vouillamoz,non publié).

c) Les cépages suisses (vert) les plusanciens et typiques (‘Amigne’, ‘Ar-

305Revue suisse Vitic. Arboric. Hortic. Vol. 41 (5): 299-307, 2009

Fig. 5. Analyse factorielle des correspondances (AFC). Regroupement de 317 cépages issus de dix pays analysés à vingt microsatellites.

Fig. 6. Analyse factorielle des correspondances (AFC). Regroupement de 132 cépages issus de six pays analysés à 54 microsatellites.

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vine’, ‘Humagne’, ‘Lafnetscha’,‘Rèze’ et ‘Rouge du Pays’ du Valais,‘Completer’des Grisons,‘Bondola’et‘Rapa’ du Tessin, etc.) forment euxaussi un groupe relativement homo-gène (fig.6, centre gauche de l’AFC),distinct d’un autre groupe de cépages(‘Rauschling’, ‘Findling von Mühen’et ‘Blanc de Saillon’ (fig.6. centre del’AFC; étudiés dansVouillamoz et al.,2008), dont la position intermédiaireentre les autres cépages suisses et le‘Gouais Blanc’ s’explique égalementpuisqu’ils sont tous vraisemblable-ment des progénitures du ‘GouaisBlanc’ (Vouillamoz, non publié).

Cépages de l’arc alpin prochesdu ‘Chasselas’Comme l’ont prouvé les différentes ap-proches génétiques, l’ADN du ‘Chas-selas’ n’a rien d’oriental. En effet, s’ilavait été originaire d’Egypte ou duProche-Orient, il devrait alors se retrou-ver au sein des groupes orientaux, et ilserait tout bonnement impossible d’ex-pliquer pourquoi le ‘Chasselas’ démon-tre des liens génétiques si forts avec au-tant de cépages de Suisse et des payslimitrophes. La seule explication seraitd’imaginer que le ‘Chasselas’ ait été in-troduit du Proche-Orient avant de don-ner naissance à tous les autres cépagesd’Europe occidentale. Cette hypothèsen’est absolument pas vérifiée par l’ana-lyse génétique et tout indique que l’ori-gine génétique du ‘Chasselas’ est à re-chercher en Europe occidentale.Avec l’analyse de 54 microsatellites, leprofil ADN du ‘Chasselas’ est proche deplusieurs cépages, dont la majorité setrouvent dans l’arc alpin (fig. 7):

a) Italie du Nord (cubes roses): ‘Neb-biolo’ et ‘Pignolo Spano’ du Pié-mont, ‘Negrera’ et ‘Rossolino’ deValteline, ‘Lagrein’ du Haut-Adige,‘Teroldego’ du Trentin, ‘Refosco dalPedunculo Rosso’ de Vénétie, ‘Mar-zemino’ de Lombardie;

b) France voisine (cubes bleus): ‘Al-tesse’, ‘Douce Noire’, ‘Mornen’ et‘Persan’ de Savoie, ‘Viognier’ de laVallée du Rhône, ‘Chouchillon’ et‘Dureza’ d’Ardèche, ‘Traminer’ ou‘Savagnin Blanc’ du Jura, ‘PetitManseng’ du Sud-Ouest, ‘Pinot’ deBourgogne;

c) Suisse (cubes verts): ‘Completer’desGrisons, ‘Hitzkircher’ de Lucerne,‘Bondola’, ‘Bondoletta’ et ‘BondolaBianca’du Tessin, ‘Arvine’duValais.

ConclusionsLa génétique seule ne permet pas delocaliser plus précisément l’originedu ‘Chasselas’. Cependant, la miseen commun des données historiqueset génétiques permet d’affiner la déli-mitation géographique et de proposerune localisation plus précise de l’ori-gine du ‘Chasselas’:! L’analyse génétique permet d’ex-

clure définitivement l’hypothèsed’une origine orientale pour le‘Chasselas’, qui n’a par ailleurs au-cun lien avec le cépage ‘Fayoumi’.

! Le ‘Chasselas’ présente des affini-tés génétiques avec la majorité desvieux cépages de l’arc alpin et adonné naissance au ‘Mornen Noir’dans la région Rhône-Alpes parcroisement avec un autre cépageinconnu.

! L’Italie du Nord peut être excluedes régions d’origine probables,car le ‘Chasselas’ n’y a jamais étémentionné avant le XIXe siècle.

! La région d’Allemagne du Sud oùse situerait la première mention his-torique du ‘Chasselas’ (Württem-berg) est en dehors de la zone d’af-finités génétiques du ‘Chasselas’.

! La Bourgogne, où le ‘Chasselas’était mentionné en 1612 sous lenom de Fendans, Fendant ou Lau-sannois, se trouve à l’intérieur dela zone d’affinités génétiques du‘Chasselas’, en particulier le vil-lage nommé Chasselas près deMâcon qui constitue très vraisem-blablement un lieu de transitiondu cépage.

! Le nom de Lausannois ou Luzan-nois trahit très vraisemblablementla provenance initiale du ‘Chasse-las’. En effet, il s’agit d’une desplus anciennes mentions du cé-page, et c’est indiscutablementdans le canton de Vaud que le‘Chasselas’ offrait autrefois la plusgrande diversité de formes (tabl.1),même si le nombre de types plan-tés aujourd’hui est relativementlimité.

En conclusion, l’hypothèse la plusvraisemblable, qui ressort de la miseen commun de l’analyse génétique etdes documents historiques, est de si-tuer l’origine du ‘Chasselas’ dansl’Arc lémanique, plus probablementdans le canton de Vaud.

RemerciementsCe travail a été financé par la Commu-nauté interprofessionnelle du vin vau-dois (CIVV), avec le soutien de la Con-frérie des Vignerons de Vevey. Nous ex-primons notre gratitude à M. Jean-LouisSimon pour son appui scientifique et auDr François Murisier pour son soutieninconditionnel dans ce projet.

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306

Fig. 7. Analyse factorielle des correspondances (AFC). Cépages les plus proches du ‘Chas-selas’ parmi les 132 cépages issus de six pays analysés à 54 microsatellites (projection surles axes 1 et 2 de l’AFC).

Nebbiolo

NegreraLagrein

Rossolino

Pignolo Spano

Refosco dalPedunculo

Rosso Marzemino

BondolaBianca

Altesse

Completer

Hitzkircher

Arvine

Bondola

Viognier

Teroldego

DurezaChasselas

Manseng Petit

Bondoletta

Persan Chouchillon

Mornen

Douce Noire

Traminer

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307Revue suisse Vitic. Arboric. Hortic. Vol. 41 (5): 299-307, 2009

SummaryHistorical and genetic study of the origin of ‘Chasselas’

‘Chasselas’ is one of the most widespread white grape varieties in the world. There areseveral legends about its origins: it could have been brought back from Egypt orTurkey, it could have been born in France or Switzerland, etc. The earliest mentions of‘Chasselas’ occur in the 16th and 17th centuries, first in Württemberg (D), then inBurgundy (F) and in the canton of Vaud (CH). A genetic study based on 511, 317 and132 varieties from Europe and the Near East analyzed at respectively 11, 20 and54 molecular markers (microsatellites) allowed to reject the possibility of an Easternorigin for ‘Chasselas’, and to locate its cradle at the crossroads between Switzerland,France and Italy. Combined with historical data, genetic analysis points out the LakeGeneva region as the most likely center of origin for ‘Chasselas’, particularly the cantonof Vaud where the diversity of forms was the most important during the 19th century.

Key words: grape cultivar, kinship, microsatellite, Switzerland, Gutedel.

ZusammenfassungHistorischen und genetischen Untersuchung der Ursprung des ‘Chasselas’

Der ‘Chasselas’ ist eine der meistangebauten weißen Rebsorten der Welt. Es gibt ver-schiedene Geschichten über seine Herkunft: er wurde aus Ägypten oder aus der Türkeieingeführt, er wurde in Frankreich oder in der Schweiz geboren sein, usw. Chronolo-gisch wurde der ‘Chasselas’ während des 16. und 17. Jahrhunderts zuerst in Württem-berg (D), dann im Burgund (F) und im Kanton Waadt (CH) erwähnt. Eine genetischeStudie von 511, 317 und 132 Rebsorten aus Europa und den Nahen Osten, gestützt aufbzw. 11, 20 und 54 molekulare Marker (Mikrosatelliten) wurden durchgeführt, und er-möglichte, die Ost-Herkunft des ‘Chasselas’ abzulehnen, und das Geburtsort der Sorteim Grenzgebiet zwischen der Schweiz, Frankreich und Italien zu lokalisieren. Die Ver-bindung der historischen Daten mit den genetischen Analysen ermöglicht höchst wahr-scheinlich die Genferseeregion als Ursprungszentrum des ‘Chasselas’ zu bezeichnen,möglicherweise der Kanton Waadt, wo die grösste Klonenvielfalt im 19. Jahrhundertbeobachtet wurde.

RiassuntoStudio storico e genetico sull’origine dello ‘Chasselas’

Il ‘Chasselas’ è uno dei vitigni bianchi più diffusi nel mondo. Esistono diverse leggen-de sulle sue origini: sarebbe stato importato dall’Egitto o dalla Turchia, sarebbe natoin Francia o in Svizzera, ecc. La prima citazione storica dello ‘Chasselas’ appare fra ilsedicesimo e il diciassettesimo secolo, dapprima nel Württemberg (D), poi in Borgo-gna (F) e nel cantone di Vaud (CH). Uno studio genetico basato su 511, 317 e 132 va-rietà provenienti dall’Europa e dal Vicino Oriente, analizzati rispettivamente utilizzan-do 11, 20 e 54 marcatori molecolari (microsatelliti), ci ha permesso di respingere unapossibile origine orientale dello ‘Chasselas’, ed individuare la sua culla al crocevia traSvizzera, Francia ed Italia. Combinata con i dati storici, l’analisi genetica localizza laregione del Lago di Ginevra come probabile centro di origine dello ‘Chasselas’, moltoverosimilmente il cantone di Vaud, dove si poteva osservare la più grande diversitàdelle forme nel diciannovesimo secolo.