[2015-9-20] femina, ballade en enfance

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14 FEMINA 20SEPTEMBRE2015 WWW.FEMINA.CH FEMINA 15 air de famille Sandrine  Bal lade en enf ance VALAISANNE PURE SOUCHE, CETTE HUMORISTE, COMÉDIENNE ET MUSICIENNE BRILLE SUR LES PLANCHES DE SUISSE ROMANDE ET DONNE LE LA AUX «DICODEURS» SUR LA PREMIÈRE TEXTE ISABELLE BRATSCHI PHOTOELSA GUILLET VIGLINO L es princesses qui attendent le baiser du prince charmant, ça l’énerve. «Soit elles roupillent, soit elles font le ménage.» Les héroïnes, elle s’en moque, fait la liaison et se plaît à les appe- ler les «zéro-ines». Cendrillon et Blanche-Neige? Ringardes. «Ellesparlentauxoiseaux.Elles ont des coiffures horribles.» Sandrine Viglino, elle, a les cheveux courts. A la garçonne. Elle s’habille tout en noir, avec des baskets fluo pour seule touche de couleur. «Je n’ai jamais été robe, car je galope trop.» C’est surtout qu’elle est vivante, libre, heureuse de croquer la vie à pleines dents. Enfant, elle grimpait aux arbres, construi- sait des cabanes, jouait au foot avec les copains. Aujour- d’hui elle aime le sport, la moto. L’évasion. Garçon manqué? Pas vraiment. Celle qui est devenue la musicienne adorée des  Dicodeurs , l’humoriste qui brille sur les planches de Suisse romande, a eu les mê- mes rêves que toutes les petites filles: devenir maîtresse. «Depuis l’âge de 4 ans, je savais que je voulais être insti- tutrice. A l’école, j’étais sage, hyper-studieuse, genre première de classe. Mais j’étais cool avec les autres. Je n’avais pas de meilleure copine, on faisait tout en groupe, une bande de copains qui s’amusait bien. Personne ne  voulait redou bler de peur de perdre les potes. Alors on s’aidait, on se filait les résumés.» La bonne humeur, c’est ce qui l’a toujours entourée. Une famille nombreuse, une ribambelle de cousins qui s’agitent, des aînés qui rigolent. «Chez les Viglino, ça parle fort. Il y a quatorze conversations en même temps. Mes taties adoraient dire et faire des bêtises pendant les repas. On dansait, on chantait. Encore maintenant d’ailleurs. Je n’ai pas eu de Barbie ou de poupées, j’avais trop de petits cousins, de vrais bébés autour de moi. Donc les faux ne m’intéressaient pas.» Des bonheurs simples Elle est directe, Sandrine. Elle va droit au but. Et les images heureuses défilent. «Le soir de Noël, avec des amis et mes cousins, on allait faire de la luge. Depuis Martigny- Combe, on voyait toute la vallée. C’était ma- gique.» Aussi virtuose avec les mots qu’avec les notes, la musicienne valaisanne enchaî- ne les souvenirs. Comme ils viennent. Dans le désordre. Peu importe. «Mon enfance, c’est le camping au bord du lac, aller ramas- ser les framboises, les vendanges, des mo- mentsconviviaux.» Elle évoque aussi son grand-père. «Il a passé des heures à jouer au foot avec moi alors qu’il détestait ça. Avec mon frère Pas- cal, quand on allait chez mes grands-pa- rents, à Champlan, c’était la fête. Chaque matin, mon grand-père nous achetait des croissants. Il n’a jamais manqué le rendez-  vous. On a eu de la chance. On a été gâtés.» Elle se revoit encore jouer aux policiers et aux voleurs dans le chalet de sa tante, à La Forclaz, au-dessus de Martigny. Manger les raisins bien mûrs dans les vignes familiales. CURRICULUM  VITAE 1976Naissance le 10 janvier à Martigny. «Capricorne, bête à cornes.» 1996 Fin de l’école normale. Début de l’enseignement et rencontre avec l’hu- moriste et imitateur Yann Lambiel. 2016 «J’aurai 40 ans. Je me suis toujours dit que c’est l’âge d’or pour une femme. Je vais tout déchirer. J’aurai aussi un nouveau spectacle.»

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14 FEMINA 20 SEPTEMBRE 2015 WWW.FEMINA.CH FEMIN

air de fami

Sandrine

 Ballade en enfanceVALAISANNE PURE SOUCHE, CETTE HUMORISTE, COMÉDIENNE

ET MUSICIENNE BRILLE SUR LES PLANCHES DE SUISSE ROMANDEET DONNE LE LA AUX «DICODEURS» SUR LA PREMIÈRE

TEXTE ISABELLE BRATSCHI PHOTO ELSA GUILLET

VIGLINO

Les princesses qui attendent le

baiser du prince charmant, çal’énerve. «Soit elles roupillent,soit elles font le ménage.» Leshéroïnes, elle s’en moque, faitla liaison et se plaît à les appe-ler les «zéro-ines». Cendrillonet Blanche-Neige? Ringardes.«Ellesparlentauxoiseaux.Ellesont des coiffures horribles.»

Sandrine Viglino, elle, a lescheveux courts. A la garçonne. Elle s’habille tout en noir,avec des baskets fluo pour seule touche de couleur. «Jen’ai jamais été robe, car je galope trop.» C’est surtoutqu’elle est vivante, libre, heureuse de croquer la vie àpleines dents. Enfant, elle grimpait aux arbres, construi-sait des cabanes, jouait au foot avec les copains. Aujour-d’hui elle aime le sport, la moto. L’évasion.

Garçon manqué? Pas vraiment. Celle qui est devenuela musicienne adorée des  Dicodeurs , l’humoriste qui

brille sur les planches de Suisse romande, a eu les mê-mes rêves que toutes les petites filles: devenir maîtresse.«Depuis l’âge de 4 ans, je savais que je voulais être insti-tutrice. A l’école, j’étais sage, hyper-studieuse, genrepremière de classe. Mais j’étais cool avec les autres. Jen’avais pas de meilleure copine, on faisait tout en groupe,une bande de copains qui s’amusait bien. Personne ne

 voulait redoubler de peur de perdre les potes. Alors ons’aidait, on se filait les résumés.»

La bonne humeur, c’est ce qui l’a toujours entourée.Une famille nombreuse, une ribambelle de cousins quis’agitent, des aînés qui rigolent. «Chez les Viglino, ça

parle fort. Il y a quatorze conversations en même temps.

Mes taties adoraient dire et faire des bêtises pendant lesrepas. On dansait, on chantait. Encore maintenantd’ailleurs. Je n’ai pas eu de Barbie ou de poupées, j’avaistrop de petits cousins, de vrais bébés autour de moi.Donc les faux ne m’intéressaient pas.»

Des bonheurs simplesElle est directe, Sandrine. Elle va droit aubut. Et les images heureuses défilent. «Lesoir de Noël, avec des amis et mes cousins,on allait faire de la luge. Depuis Martigny-Combe, on voyait toute la vallée. C’était ma-gique.» Aussi virtuose avec les mots qu’avecles notes, la musicienne valaisanne enchaî-ne les souvenirs. Comme ils viennent. Dansle désordre. Peu importe. «Mon enfance,c’est le camping au bord du lac, aller ramas-ser les framboises, les vendanges, des mo-ments conviviaux.»

Elle évoque aussi son grand-père. «Il apassé des heures à jouer au foot avec moialors qu’il détestait ça. Avec mon frère Pas-cal, quand on allait chez mes grands-pa-rents, à Champlan, c’était la fête. Chaquematin, mon grand-père nous achetait descroissants. Il n’a jamais manqué le rendez-

 vous. On a eu de la chance. On a été gâtés.»Elle se revoit encore jouer aux policiers et

aux voleurs dans le chalet de sa tante, à LaForclaz, au-dessus de Martigny. Manger lesraisins bien mûrs dans les vignes familiales.

CURRICULUM

 VITAE

1976Naissance

10 janvier à Mart

«Capricorne, bê

à cornes.»

1996 Fin de l’éc

normale. Début

l’enseignement rencontre avec

moriste et imita

Yann Lambiel.

2016 «J’aurai 40

Je me suis toujo

que c’est l’âge d

pour une femm

Je vais tout déch

J’aurai aussi un

nouveau specta

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De ces bonheurs simples, elle s’en excuse presque.«Nous étions et nous sommes toujours une famille sou-dée. C’est tout tranquille. Je n’ai pas connu de drame, jen’ai pas fait de grosses bêtises, pas de crises d’adolescen-ce. Il n’en faut pas forcément pour se construire.»

Seule ombre au tableau, un mini-nuage qui passedans ses grands yeux bruns: «On bossait à la vigne pen-dant que d’autres allaient à la piscine. Mais plus tard, onse rend compte que tout cela vous apprend les vraies

 valeurs. Evidemment, il y a des moins bons souvenirs,mais je les oublie. C’est dans ma mentalité.»

Sandrine Viglino ne s’arrête pas sur les tracas de la

 vie. Elle préfère courir, ou foncer sur sa moto. Pour seremettre de l’arrêt soudain de l’émission radiophonique

 L’agence, les dimanches matin, elle a fait Sierre-Zinal,cet été. «J’ai toujours adoré le sport. J’ai hésité un tempsà faire du volley ou à être prof de gym. Mais c’est vrai-ment la musique et l’enseignement qui ont primé.»

Deux activités qu’elle mènera de concert. Il y a le pia-no, qu’elle apprend dès l’âge de 4 ans (avec comme pre-mier morceau Savez-vous planter des choux), et les bals.«J’ai commencé à 15 ans. Il fallait que mes parents mefassent confiance pour que j’anime seule des soiréesavec des adultes. Je les faisais danser, avec des valses, des

tangos, des marches. Ma mère venait me rechercher àtrois heures du matin.»

C’est de cette dernière, qui a créé une troupe théâ-trale à Martigny-Croix, qu’elle tient cette passion pourla musique, ce besoin d’échange avec les gens. «Elle atoujours été présente quand j’étais gamine. Elle est in-croyable. Elle a commencé l’accordéon à 50 ans.»

Un air de musique, un air de famille qui se joue àplusieurs. «Mon frère Pascal est percussionniste profes-sionnel. Il a sa propre compagnie. Il a fait le monde en-tier avec le Verbier Festival, il a été en Afrique du Sud, ila vécu à Barcelone, à Berlin. Aujourd’hui, il est installé àBerne. Pour moi, c’est lui le vrai artiste.»

 Voir plus loin que les montagnesSandrine a aussi beaucoup de respect pour son père. Delui, elle tient son côté fonceur. «Carrossier de métier, jene l’ai jamais entendu se plaindre, ni rechigner à la tâ-che. Pendant des années, il a conduit le train Martigny-Châtelard. Mes parents ont toujours été très actifs. Ilsfaisaient partie de deux groupes folkloriques, ils étaient

impliqués dans la vie sociale de la commune. Ils m’ontappris non seulement l’importance des traditions, maiségalement à voir plus loin que les montagnes. Grâce àeux, j’ai voyagé, je suis allée aux Etats-Unis pour étudierla musique et faire partie d’un groupe de funk.»

Apprendre.Transmettre. Communiquer. C’estla se-condepassion deSandrine.Elleenseignera desannées,

 jusqu’en2003. «Etreprof, c’est êtresur une scène.C’estdonner,partager.Jedisquec’estunedesrareschosesque

 jesavaisfaire.J’étaisassezstrict,maisassezcoolen mêmetemps.J’aicartonné,j’aiadoréça.J’avaisdesélèves«gentilsterribles».Maintenant,ilsont 27 ans.Jeles voistoujours.»

 Je n’ai pas fait de grosses

BÊTISES, pas de crisesd’adolescence. Il n’en faut 

 pas forcément pour se construire

La scène, la vraie, c’est son univers. C’est là où elle sesent bien, où elle peut enchaîner les mots et les notes

avec brio. En 1996, elle rencontre Yann Lambiel. «Nousformions un super duo imitateur-pianiste. Je l’ai accom-pagné, je lui ai donné la réplique. Il m’a encouragé àmonter sur scène. Il sort son prochain spectacle en no-

 vembre, dont j’ai composé toute la partie musicale.»Lui dira d’elle avec douceur: «Son côté instit’ fait

qu’elle a toujours été à l’écoute de nos egos d’artistes.» Labande de copains se forme. Une fois encore, comme aubon vieux temps. Elle rencontre Patrick Nordmann quil’engage aux  Dicodeurs , puis  La Revue avec Cuche etBarbezat,  La Soupe est pleine avec Laurent Flutsch. Sansoublier Frédéric Recrosio, Thierry Meury… Elle seracelle qui les accompagne en musique, leur complice.

Une super copine qui a aussi besoin de prendre sonenvol en tant que comédienne et humoriste. En 2003,elle se lance dans  Drôles de gammes   et enchante Mor-ges-sous-Rire. Puis elle enchaîne avec C’est ma tournée,plus de 70 représentations en Suisse romande. L’air derien, et Sandrine Viglino se pose des questions mais se fout 

des réponses , titres de deux autres de ses spectacles.Enfin, avec le musicien électro Franco Mento ,  elle semoque gentiment d’Alain Morisod, qu’elle admire (voir note ci-dessous).

Le rire de ses élèves, l’humour de ses tantes etgrands-parents, l’amour de ses parents, la créativité deson frère, l’amitié de sa bande de copains, d’hier et d’au-

 jourd’hui: elle a su prendre tout ce que la vie lui a donné.En toute simplicité.

Le spectacle «Tribute to Alain Morisod», du duo Viglino-Mento,sera chez Barnabé, à Servion, le 26 septembre à 20 h 30.Infos sur sandrineviglino.ch

air de fami

1. «La traditionnphoto de tatie: tles cousins ont même!» 2. «Au air, sur les genode ma marrainede confirmation3. «Avec mon toau chalet côtématernel.» 4. «Dles bras de mam je suis entouréede mes quatregrands-parents.5. «Un peu plusgrande, sourianle soir de Noël…

QUESTIONSD’ENFANCE

Un parfum d’enfance

Le gâteau aux abricots. Celui de

ma grand-mère paternelle qui en

faisait tous les dimanches, puis

celui de ma mère. Je m’y suis mise

aussi. C’est la tradition familiale,

valaisanne.

Mon jouet fétiche

Un ballon. J’adorais jouer au foot,

aller dehors avec les copains.

Aujourd’hui mon jouet, c’est une

moto. C’est ce qui me vide la tête.

La phrase que l’on me répétait

et qui m’agaçait

«Va faire ton piano.» Mes parents

ont dû bagarrer ferme pour que je

fasse tous les jours mes gammes.

Je n’y allais pas spontanément,

c’était du travail. Je préférais jouerà cache-cache, monter dans les

arbres. Aujourd’hui, je les remercie.

Mon légume détesté

Petite, je n’aimais pas les tomates

et les asperges. Je devais toujours

en goûter un peu. Je suis partie en

Allemagne à 17 ans et il n’y avait

que des tomates de mangeable

dans ma famille d’accueil... Mainte-

nant j’en raffole. J’avais aussi de

la peine avec la choucroute.

Mon bonbon préféré

Je suis plutôt chocolat. Si je d

me rappeler d’un bonbon, c’e

ceux, triangulaires, à l’eucaly

de ma tatie. Elle en avait toujo

pour mon frère et moi dans so

J’aimais surtout le sucre au d

après, ça piquait un peu trop

Les premières vacances

Elles ont été à répétition. C’ét

au camping de la Maladère, à

La Tour-de-Peilz. je pouvais fa

la planche à voile et bronzer,

un endroit sympa. On a passé

nos étés là-bas, et mes paren

vont encore aujourd’hui. C’es

cela que j’adore le Léman. Si j

pouvais, j’habiterais une mais

au bord du lac.Les vêtements dont j’étais f

J’ai toujours aimé les habits d

dimanche. Les pantalons plu

que les jupes.

Le héros qui m’a fait rêver

Les super-héros qui véhicule

la liberté, comme Robin des

Le livre de votre enfance

Un livre d’histoires avec une r

en cuivre. Petite, mes parent

le lisaient le soir.

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