127466755 sophocle 2 les trachiniennes philoctete oedipe a colone les limiers 85 86

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5o LES ÏRACHINIENNES fis® Le Coryphée. Quia frappé? Comment? Voyons, parle. La Nourrice. C'est elle-même, de sa propre main, qui a fait la chose. Le Coryphée. Que dis-tu ? La Nourrice. La vérité. Le Coryphée. Elle a enfanté, oui, elle a enfanté, celte 895 foie, la Jeune épousée, une redoutable Erinys*. La Nourrice. Une trop redoutable : si tu avais été témoin de ce qu'a fait Déjanire, ta pitié aurait encore été plus profonde. Le Coryphée. Et cette mort, une main de femme a eu le courage de l'accomplir ? La Nourrice. Oui, et d'une manière horrible. Ecoute 900 et tu me rendras témoignage. Quand elle fut entrée dans le palais, seule, et qu'elle eut vu dans la cour son fils pré- parer une litière pour aller retrouver son père, elle se cacha personne ne pût la découvrir, elle déplora à grands cris, en se prosternant au pied des autels, qu'elle go5 fût devenue veuve, et elle versait des larmes, venait-elle à toucher un des objets, l'infortunée, dont elle se servait naguère ; puis, errant çà et là dans le palais, si elle aper- cevait un de ses chers serviteurs, elle se lamentait, la mal- 910 heureuse, à sa vue, se désolant hautement sur sa propre destinée et sur celle de sa maison désormais privée d'enfants légitimes. Quand elle eut cessé ses plaintes, sou- ce deuil subit, multiplie ses questions. Elle n'y répond qu'en paroles brèves. Puis, peu à peu sa langue se délie et, comme elle joue dans la pièce le rôle d'un âffs^oç, elle se met à raconter, sur un autre ton qu'au début, la mort de Déjanire. La convention drama- tique est seule responsable de ce changement. ' Ce thrène est composé de vers qui ne se répondent pas. Dans l'oeuvre conservée du poète, si on laisse de côté les Limiers dont les vers lyriques ont été très maltraités, il est unique en son genre. Ordinairement les deux formes, antistrophique et astro- phique, sont juxtaposées, la première précédant l'autre. Cf. Phil. 1081-1217, OEd. à Col. 117-253.

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127466755 Sophocle 2 Les Trachiniennes Philoctete Oedipe a Colone Les Limiers 85 86

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5o LES ÏRACHINIENNES

fis® Le Coryphée. — Quia frappé? Comment? Voyons, parle.

La Nourrice. — C'est elle-même, de sa propre main, qui

a fait la chose.

Le Coryphée. — Que dis-tu ?

La Nourrice. — La vérité.

Le Coryphée. — Elle a enfanté, oui, elle a enfanté, celte

895 foie, la Jeune épousée, une redoutable Erinys*.

La Nourrice. — Une trop redoutable : si tu avais été

témoin de ce qu'a fait Déjanire, ta pitié aurait encore été

plus profonde.

Le Coryphée. — Et cette mort, une main de femme a eu

le courage de l'accomplir ?

La Nourrice. — Oui, et d'une manière horrible. Ecoute

900 et tu me rendras témoignage. Quand elle fut entrée dans

le palais, seule, et qu'elle eut vu dans la cour son fils pré-

parer une litière pour aller retrouver son père, elle se

cacha où personne ne pût la découvrir, elle déplora à

grands cris, en se prosternant au pied des autels, qu'elle

go5 fût devenue veuve, et elle versait des larmes, venait-elle à

toucher un des objets, l'infortunée, dont elle se servait

naguère;puis, errant çà et là dans le palais, si elle aper-

cevait un de ses chers serviteurs, elle se lamentait, la mal-

910 heureuse, à sa vue, se désolant hautement sur sa propre

destinée et sur celle de sa maison désormais privée

d'enfants légitimes. Quand elle eut cessé ses plaintes, sou-

ce deuil subit, multiplie ses questions. Elle n'y répond qu'en

paroles brèves. Puis, peu à peu sa langue se délie et, comme elle

joue dans la pièce le rôle d'un âffs^oç, elle se met à raconter, sur un

autre ton qu'au début, la mort de Déjanire. La convention drama-tique est seule responsable de ce changement.

' Ce thrène est composé de vers qui ne se répondent pas. Dansl'œuvre conservée du poète, — si on laisse de côté les Limiers

dont les vers lyriques ont été très maltraités, — il est unique en son

genre. Ordinairement les deux formes, antistrophique et astro-

phique, sont juxtaposées, la première précédant l'autre. Cf. Phil.

1081-1217, Œd. à Col. 117-253.

TPAXINIAI 5o

XO. Tiç î|v ; ttSç ; <J)Ép'etné. 890

TP. AOt^i Ttpôc; aÛTf]ç j^EipoTioieÎTai tocSe.

XO. Ti <()oveî<; ;

TP. Zac^Ji^vf^.

XO. ^Etekev etekev ^Eyt^Xav

à vÉopxoç &5e v\3^<|>a

Sô^oiai ToîaS' 'Epivùv, 895

TP. ""Ayav ys' li&XXov S' eÎ TtapoOoaTtXr)ofa

IXEuaoEÇ oî' ISpacE, KdtpT' Sv axiiacaq.

XO. Kal xaÛT* ItXi] tiç X^^P Y"^°"-'^^^°'KTCaai ;

TP. AELVcâç yE" TTEÛaî] S', ooTE napxupEÎv k\ioL.

'EnElTxapfjXBE Sco^dcTuv EÏaa> \i6vr\, 900

Kal TiatS' EV aôXatç eÎSe KotXa Se ^via

aTopv\jv9', oTtoç âijjoppov àvT(âr| Traxpl,

Kpûipaa' iauTi^v IvSa ^r\ tiç EÎalSoi,

BpUX"'^® t^^^' (iGJtiOÎOt TtpOOTl^TlTOUo', OTl

yâvoiT* Ip^niT], "«XaiE S' opyàvcùv bxou goS

t|^ai!ioEiEV otç EXpf^TO SEiXaia Ttâpoç*

aXXr| Se KaXXr) So^dcTcov aTpcoc{)co^iÉvr|,

El TOI) (|>(Xqv fiXÉijJEiEV oÎketGv Sé^aç,

EKXaiEv 1^ S\jaTr|voç ELOopo^Évr|,

auTif) Tèv aÛTf^ç 5a(^ov' àvaKaXou^Évr) 910

Kal Tdç ânaiSaç êç t6 Xoittov oôo(aç.

891 oÙT^J) LII894 à vëopioç (cf. schol.) edd. : àv ê'opToç (sic) L, dvÉcp-

Toç AII895 êd(jioK7t LA, -otç Nauck

||896 [xâXXov ô' d AL* : [xSXXov ^ L

Il897 'ù.ivaaeç A : àlEuaeç L

||898 sq. spurios notât Herm.

||898 £tXï)

Tiç edd. : 'ézlri xi; L, xiç om. TricL, àvirXT] éd. Lond. 1722 ||900 Trapri>.68

(cf. O. n. i2ii, El. 1337) LA, yàp ^XGs Schaefer||901 xoîXa ê£(jivia LA,

Yp. xoivà in mg L', xoijxaTT^pux Hense||902 ivTwr) Tricl.: -oît) LA

||

Post 9o3 lacunam ind. Radermacherj|gOByivoiT' épr^ptY) (x'^P* superscr.

L') LA, Tournier, ydvoivT' lp7)p,oi Nauck||"xlait (cf. 767) Tournier :

xXoTe laII906 ôeilaîa A : -a"a L

||908 a tou L : eï uou A

|i910 aÙTTiç

A : au- L, cf. l>bi||àvaxaXoujxdvT) (cf. Soph. EL 693) LA, à^xal-Herm.

Il911 del. Dind.

Ilîàç Sitaiôaç... oûai'aç LA, tî^ç étt' iSXXotç... ovaîaç

Jebb. Alii alia.