1. references documentaires
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I
1. REFERENCES DOCUMENTAIRES
Référence dossier : 06033.82.9/3.1
Commune : Carros le Neuf (06510).
Auteur du dossier : J.L. Bonillo, R. Telese.
Date d’enquête : 2005-2006.
2. DESIGNATION
Appellation d’origine : Piscine Tournesol, piscine municipale de Carros.
Appellation courante : piscine municipale de Carros.
3. LOCALISATION
Adresse : Quartier Lou Plan, 06510 Carros le Neuf.
4. HISTORIQUE ET DESCRIPTIF
Date de la construction : Permis de construire 1981, réception 1982.
Maître d’œuvre : Bernard SCHOELLER, architecte (Cabinet d’Urbanisme et d’Architecture
B. Schoeller & Associés) concepteur du modèle et François DRUET architecte DPLG à
Biot, responsable de l’aménagement extérieur.
Maître de l’ouvrage : Ministère de la Jeunesse, des Sports et des Loisirs, représenté par
la Direction Départementale de l’Equipement.
Entreprise(s) : coupole – DURAFOUR et MATRA PLASTIQUES, Paris ; cloison –
DURAFOUR, Paris ; gros œuvre – GENERAL BATIMENT ; filtration – TNEE (Tunzini Nessi
Entreprise d’Equipment), Argenteuil ; Carrelage – COTTIN JONNEAUX ; chauffage
plomberie – A.D.F. IMATEC, Pérenchies ; électricité BOUVIER. Bureau d’Etude VERITAS.
Concepteurs associés : Thémis CONSTANTINIDIS, ingénieur.
Utilisation originelle : piscine municipale.
Utilisation actuelle : piscine municipale.
Matériaux et système constructif : La piscine Tournesol associe à une charpente
métallique une couverture en éléments préfabriqués de coques plastiques ou “tuiles”. Ces
panneaux sandwich sont composés de deux peaux de polyester teinté dans la masse et
armé de fibres de verre et d’une âme en mousse phénolique ininflammable qui assure
l’isolation thermique. La structure métallique porteuse en acier à 36 côtes identiques a été
mise au point par l’ingénieur Thémis Constantinidis. Elle est ancrée dans un socle de béton
armé de 35 mètres de diamètre mis en œuvre avec un coffrage métallique étudié
spécialement pour le coulage de la longrine circulaire par secteurs de 30°. Sur ce
soubassement est installé le rail de roulement de la partie escamotable de la couverture et
sont fixés les quatre arcs principaux, encastrés en partie haute sur une couronne centrale.
Cette dernière, qui est la clé de voûte de l’édifice, comporte les accessoires nécessaires à
la mise en place de l’extracteur d’air constitué par une double virole en tôles soudées de
2,50 mètres de diamètre. Une fois la structure principale assemblée, des arcs secondaires
II
sont positionnés tous les 10° pour soutenir les panneaux constituant la coupole. Les
secteurs entre les arcs métalliques sont remplis de la base au sommet de quatre tuiles
plastiques. Un secteur sur deux est équipé d’une rangée de sept hublots de forme ovoïde
en plexiglas transparent qui assurent l’éclairage et accentuent l’effet de perspective par
leurs dimensions décroissantes de la base au sommet. L’ouverture de la coupole sur 120°
est assurée par deux parties de même constitution que les parties fixes, qui coulissent sur
60° de part et d’autre de l’axe nord sud, libérant une ouverture de 350 m2 sans traverse ni
montant. L’ouverture est assistée par des moteurs électriques.
5. ANALYSE SYNTHETIQUE
Contexte : Le concept innovant de la piscine Tournesol est mis au point par Bernard
Schoeller pour répondre aux concours lancés en 1969 par le secrétariat d’Etat chargé de la
Jeunesse, des Sports et des Loisirs, dont il remporte les deux premiers prix. Préfigurant
l’opération « Mille piscines », soutenue par le général de Gaulle face aux mauvais résultats
des nageurs français aux Jeux Olympiques de Montréal en 1968, pour construire le plus
rapidement possible des piscines et enseigner la natation aux jeunes Français, ces
concours visent à recenser de nouvelles solutions et propositions en matière de piscines,
capables de prendre en compte les besoins des petites villes, accrus par la décentralisation
de l’enseignement secondaire. Le premier concours concerne la recherche de solutions
urbaines pour les agglomérations moyennes et les quartiers des grandes villes
(programme : bassin de 25 m sur 15 m équipé d’un tremplin, bassin d’apprentissage,
pataugeoire, annexes fonctionnelles). Le second concours requiert des propositions
innovantes pour des piscines très économiques adaptées aux petites agglomérations dans
lesquelles des collèges d’enseignement secondaire ont été implantés en 1964. Les études
doivent se concentrer sur l’économie globale du projet, prenant en compte le coût de
réalisation, les frais d’exploitation et d’entretien (programme : bassin de 25 m sur 10 m,
façade facilement escamotable, annexes fonctionnelles, possibilité d’extension par
l’adjonction de bassins de plein air). Cette piscine doit répondre à la fois aux usages
d’apprentissage et de détente.
Bernard Schoeller propose un modèle de piscine couverte, transformable en piscine de
plein air, permettant donc l’apprentissage en période scolaire et aussi une utilisation pour
les loisirs lors des vacances d’été. Le concept initial est celui d’une coupole mobile en
matériaux légers de production industrielle. Le haut niveau d’industrialisation et la
compatibilité avec un type de production en série, sont les atouts complémentaires du
modèle Tournesol.
Le concours est suivi dès février 1970 d’une phase d’études techniques en liaison avec le
bureau d’études et d’ingénierie SERI-Renault. Un appel d’offre international est lancé en
août 1971 pour la mise au point et la réalisation de la coupole et du bassin de la piscine
III
Tournesol. Lauréate, la solution élaborée par la société Durafour associe des coques
plastiques à une structure métallique en treillis de tubes soudés, conçue par l’ingénieur
Thémis Constantinidis. Après la mise au point des panneaux plastiques avec la contribution
de la société Matra Plastiques, la construction du prototype Tournesol est réalisée à Nangis
au cours du premier semestre 1972. En décembre 1972, l’agencement de 250 piscines
Tournesol est amorcé dans le cadre de l’opération « Mille piscines ». En réalité, 180
piscines seront réalisées par la société de construction Durafour en France entre 1972 et
1984.
L’architecte : né le 4 novembre 1929 à Vieux-Condé, Bernard Schoeller fait ses études à
l’Ecole Nationale des Beaux arts de Paris où il fait la connaissance des frères Xavier et Luc
Arsène–Henry avec lesquels il s’associe dans les premières années de son activité
professionnelle. Au sein du cabinet Xavier et Luc Arsène–Henry, J.C. Dubost, B. Schoeller,
V. Fay, F. Ambroselli architectes associés, il s’occupe essentiellement d’opérations de
logement et de logement sociaux. Après avoir été désigné lauréat des concours pour les
piscines transformables et économiques en 1969, Schoeller s’installe à son compte. Au fil
de sa carrière professionnelle, les concours d’architecture restent une constante. Il en
remporte quinze, parmi lesquels une R. P. A. à Clermont de l’Oise (2ème prix, 1991) ; pour
l’antenne de Beauvais de l’Université de Picardie (1er prix en association, 1er tranche
terminée en 1993) ; 72 appartements à Lacroix–Saint-Ouen, O.P.A.C. de l’Oise (1er prix,
1993) ; et 59 maisons individuelles à Pierrefitte (94) pour la S.C.P.P.B. (1997). Son
domaine d’activité principal reste celui des logements sociaux dans lequel il développe des
recherches sur la distribution et les typologies (appartements à distribution libre au gré de
l’occupant ; logements innovants en gradins et terrasses ; immeuble expérimental et 150
appartements à Eragny, ville nouvelle de Cergy-Pontoise). Il construit environ 8700
logements entre Suresnes, Sèvres, Beauvais, Pierrefitte, Gisors et Estrées- Saint-Denis, et
réalise des études d’urbanisme (sur le quartier Argentine de Beauvais, sur les cités
minières dans le département du Pas-de-Calais pour la D.D.E. et la DATAR, sur les cités
minières du Nord pour la DATAR, sur la ville de Calais pour la D.D.E.), plusieurs
ensembles industriels (à Lille, Lyon, Grenoble, Marseille), des immeubles de bureaux, dont
une tour à la Défense (en association). Architecte conseil du Ministère de l’Equipement de
1975 à 1995 dans l’Oise puis le Val de Marne, Schoeller suit la réalisation de 183 piscines
de modèle Tournesol en France, trois au Luxembourg et une à Ryadh en Arabie Saoudite,
pour le Prince Fahd Abdulaziz.
L’édifice : le principe de reproductibilité en série est à la base de l’opération « 1000
piscines » aussi bien que du concept de la piscine Tournesol. Les prestations et les
caractéristiques principales du type sont définies par le marché d’Etat du 18 décembre
IV
1972 ainsi que les options possibles, les adaptations et les variantes qui peuvent être
nécessaires en fonction des caractéristiques du terrain (fondations spéciales) ou des
conditions locales (température, neige, qualité de l’eau…), ou concernant également la
coloration des panneaux sandwich de la coupole. Les architectes locaux associés au
concepteur sont donc chargés uniquement de l’aménagement extérieur des piscines. Tous
les éléments du programme sont distribués sous une coupole légère, de 35 mètres de
diamètre et 6 mètres de hauteur, qui peut s’escamoter sur un quart de sa circonférence. Le
bassin de 10 mètres par 25 présente un revêtement en micro mosaïque et il est bordé de
larges plages cernées par un banc périphérique au pied de la coupole. Les « plages » ont
une superficie de 392 m2 et celle au sud est spécialement élargie pour obtenir une grande
surface ensoleillée, une fois la coupole ouverte. L’accueil et les vestiaires, se développent
dans le quart nord, organisés en arcs de cercles où la lumière pénètre par les hublots de la
coupole. Par beau temps, lorsque la piscine est ouverte, toute la longueur du bassin et la
plage au sud sont en plein air. Les parties mobiles de la coupole recouvrent alors les
parties fixes, et les hublots se superposent parfaitement.
Tous les éléments de la coupole, structure métallique et panneaux, et les cloisons
intérieures étant fournis par les sociétés Matra et Durafour, les entreprises locales ne
réalisaient sur place que le gros œuvre et les réseaux techniques. La piscine Tournesol de
Carros est située sur un terrain en pente au nord du gymnase dont une partie de la toiture
sert de plage. Cette dernière est en béton teinté dans la masse avec calepinage délimité
par un muret surmonté d’un garde-corps. La desserte se fait par un chemin piéton qui
contourne le gymnase. Le dossier de permis de construire révèle un souci particulier pour
l’intégration de la piscine dans le contexte urbain de la ZAC de Carros le Neuf. On choisit
alors le gris et le bleu comme couleurs pour la coupole (la coupole aujourd’hui est jaune !?)
et un paysagiste est mandaté pour l’étude des plantations des abords de la nouvelle
piscine.
Parties détruites et modifications : en 2004-2005 l’atelier d’architecture Merlin a procédé
à un réaménagement des intérieurs de la piscine. Les vestiaires ont été refait à neuf et des
opérations d’entretien ont concerné les revêtements des sols et le bassin. La distribution
des espaces intérieurs est restée grosso modo inchangée et la coupole n’a pas été
touchée.
6. Intérêt patrimonial : L’intérêt particulier de la piscine Tournesol réside dans
l’expérimentation dont elle est issue qui produit son originalité comme témoignage des
politiques de programmation territoriale basée sur la grande série d’une part et
l’industrialisation fermée d’autre part. Les innovations techniques de la construction de la
piscine témoignent des processus d’industrialisation qui se développent pour les bâtiments
V
publics dans les années de la croissance. L’industrialisation des éléments de construction à
partir d’un prototype permet d’envisager des séries à l’échelle du territoire national pour
répondre à des programmes d’équipements très ambitieux propres aux Trente Glorieuses
comme les 1000 piscines, les 1000 clubs…
La piscine bénéficie du label Patrimoine du XXe siècle (CRPS du 16 octobre 2006).
7. Statut juridique : propriété de la commune de Carros. 8. Références imprimées et sources d’archives :
FACON P., « Les piscines Tournesol », dans MONNIER G. et KLEIN R. (sous la direction de), Les Années ZUP. Architecture de la croissance 1960-1973, Paris, Editions Picard, 2002, pp. 91-110. FACON P., « Les piscines Tournesol. L’industrialisation en tête», dans KLEIN R. (sous la direction de), Les Architectures de la croissance. Actes du séminaire du 16 mai 1998 à Villeneuve-d’Ascq, Lille, 1998. MONNIER G. (sous la direction), « De la croissance à la compétition. 1967-1999 », L’architecture moderne en France, Tome III, Paris, Editions Picard, 1997. pp. 16-18. SERTGOZ A., Piscine Tournesol à Carros, Séminaire d’Histoire du projet, pole 6, Master, ENSA Marseille, 2005-2006. Archives du Service de l’Urbanisme de la Mairie de Carros. Dossier de permis de construire du 16 juin 1981.
9. Légendes des illustrations :
PG1. Plan de situation. Coordonnées systèmes Lambert II et Lambert III (en km, arrondies au dam) X (L. II) 991,23; Y (L. II) 1875,20 ; X (L. III) 990,72 ; Y (L. III) 3174,83. Labo. INAMA / ENSA.M et DESC / SDC - Service du patrimoine culturel.
PG2. Plan de masse et de situation de la piscine Tournesol de Carros. (Archives du
Service de l’Urbanisme de la Mairie de Carros. Dossier de permis de construire du 16 juin 1981.
PG3. Plan, coupe est-ouest, façades nord et sud de la piscine Tournesol de Carros. (Ibid). PG4. Plan et coupes de la piscine Tournesol type. (FACON P., « Les piscines Tournesol.
L’industrialisation en tête», dans KLEIN R. (sous la direction de), Les Architectures de la croissance. Actes du séminaire du 16 mai 1998 à Villeneuve-d’Ascq, Lille, 1998).
PG5. Vues de la piscine dans le cadre de la Z.A.C. de Carros le Neuf : photomontage et
photos de la maquette. (Archives du Service de l’Urbanisme de la Mairie de Carros. Dossier de permis de construire du 16 juin 1981).
PG6. Façades en couleur de la piscine. (Ibid). PG7. Photos récentes. La coupole : vue générale ; détail des coques plastiques ; la
structure métallique porteuse en acier, vue depuis l’intérieur de la coupole. (Photos J.L. Bonillo).
VI
PG8. L’ouverture de la coupole sur 120° : vue sur la plage en plein air ; détail des secteurs mobiles de la coupole ; vue sur le bassin de natation. (Photos R. Telese).
PG9. Détails de la surface intérieure de la coupole : la couronne centrale ; la structure
métallique porteuse ; détail des hublots de forme ovoïde en plexiglas. (Photos R. Telese).
PRE-INVENTAIRE DU PATRIMOINE ARCHITECTURAL DES «TRENTE GLORIEUSES» DANS LES ALPES MARITIMES
Laboratoire INAMA / ENSA MarseilleJean Lucien Bonillo et Raffaella TeleseConseil Général des Alpes MaritimesMinistère de la Culture DRAC de PACA
PG 1CarrosPISCINE TOURNESOL DE CARROS LE NEUF
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Laboratoire INAMA / ENSA MarseilleJean Lucien Bonillo et Raffaella TeleseConseil Général des Alpes MaritimesMinistère de la Culture DRAC de PACA
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Laboratoire INAMA / ENSA MarseilleJean Lucien Bonillo et Raffaella TeleseConseil Général des Alpes MaritimesMinistère de la Culture DRAC de PACA
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Laboratoire INAMA / ENSA MarseilleJean Lucien Bonillo et Raffaella TeleseConseil Général des Alpes MaritimesMinistère de la Culture DRAC de PACA
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PRE-INVENTAIRE DU PATRIMOINE ARCHITECTURAL DES «TRENTE GLORIEUSES» DANS LES ALPES MARITIMES
Laboratoire INAMA / ENSA MarseilleJean Lucien Bonillo et Raffaella TeleseConseil Général des Alpes MaritimesMinistère de la Culture DRAC de PACA
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