1 doubl'e 16 septembre 1920. · 2019. 3. 26. · tra annee. - n'• 30-31. numdo doubl'e 16...

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tra ANNEE. - N'• 30-31. NUMdO DOUBL'E 16 SEPTEMBRE 1920. Bulletin ·Communiste OR61\NE DU COMITÉ DE LI\ TROISIÈME INTERNI\TIONI\LE 123, rue Montmartre, Paris l-lebctornadaire Le Numéro : 50 centimes SOMMAIRE sont vos Arguments ? (Flory). Crirtique des déclarations et rapports faits par Marcel Cachin devant 1 'Internationale Commudisoe (V a. - La Social-Démocratie indépendante et la Dictature du Prolétariat (Kurt Geier). - Le Con- grès de la 3 8 Internationale (L. Trotsky). sont \70S 1 A tous les membres du P. S. français; A tous prolétaires conscients de France (G. Zinoviev, N. LétJine, G• U. Serrati, A. Rosmer, Paul Lévz). - La Dictature du Prolétariat (L. Kamenev). - .. nine (Maxime Go•·ki). -- Lettre de Russie (jacques Sadoul). - Documents divers. tlrguments ? 1 ...... Le groupement des forces révolutionnaires communistes, marqué par le rapprochement inévitable et l'étroite collaboration des élé- ments socialistes et syndicalistes acquis à la a• Internationale, provOque la plus grande in- quiétude et un visible désarroi dans le camp réformiste. Le parlement confédéral sait bien que la supériorité des moyens de propagande dont il dispose encore, grâce à l'appui de la bourgeoisie, aux coups portés à l'opposition révolutionnaire par le patronat et le pouvoir à ses ordres, à la campagne de toute la presse co'ltr6 l'extrémisme. à IBAïuelle il fait chorus et dont il .bénéficie, au prestige que lui donne auprès des hésitants des timorés qui cherchent leur ·voie, .Ja possessioe du pouvoir syndical, vont lui assoTer à Orléans une ma- jorité plus ou moins forte. Mais il sent passer sur sa tête le vent de la défaite et ce ne sont pas ses manifestations de colère et de dépit qui le sauveront. Jamais la menace m'a triomphé d'une argumentation solide, et cela fortifie notre confiance et nos espoirs de. constater qu'à nos arguments les contre-révolutionnaires de la C. G. T. n'ont pu opposer j111squ 'ici que menaces, doléances et arguties de circonstance. Parce que le Parti socialiste manifoete stt volontê de devenir vraiment socialiste, parce que l'Humanité échappe de plus en plus à 1&: pesante tutelle du Comité confédéral, voici qu'on essaie de dresser oontre la se Intenna- tionale les syndiqués membres du Parti en leur faisant croi.re .que Je syndicalisme est auto- nome l'organisation jaune it' et qu'il est réduit en servitude daos l'Interna· tionale de Moscou ; voici que Dumoulin dé- nonce l'organe du Parti et écrit qu'il est devenu cc un organe d'injures contre les militants de la classe ouvrière n. Il se demande si le joW'nal a cc le droit de déchoir à ce point et de descen- dre à ce niveau n. L'Humanité aux ordres d'Albert Thomas et de Jouhaux, aux mains des cc délégués de la bourgeoisie dans la classe ouvrière n, l'Humanité au service de la der- nière des guerres, de la victoire de la Justice et du Droit, l'Humanité des ministres des obus et du charbon prêchant en de retentissants discours la Sainte Allimn.ce des explo.ités avec leurs exploiteurs ... était évidemment aux yeux de Dumoulin un fort honnête journal. Mais l'Humanité évoluant sous l'impulsion des élé- ments révolutionnaires du l'arti juSqu'à mena- cer de devmir vraiment un journal prolétarien, voilà qui apparaît .aux soutiens de la démo- cratie bourgeoise comme un scandale intolé- rable. Depuis que Dumoulin est passé à .la contre- révolution, il a oublié que ce qui fait déchoir un journal ouvrier, ee qui le discrédite dans l'esprit des) militants honnêtes, ce qui lui fait perdre la confiance des prolétaires qui enten- dent y trouver chaque jour l'expression claire de leur pensée, de leurs aspirations, de leurs désirs et de leurs espoirs. ce ne sont pas les articles sans fard, dépouiUés d'artifices et im- pitoyable aux soutiens conscients ou aveuglrs ite ln ca pit a liste. que l'Humanité publie au.ionrit'hni sous la signat1.11re quel- qnrs f'Ommunhdrs. re sont. lf's fl'ar.tati()ns lon- 1

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  • tra ANNEE. - N'• 30-31. NUMdO DOUBL'E 16 SEPTEMBRE 1920.

    Bulletin ·Communiste OR61\NE DU COMITÉ DE LI\ TROISIÈME INTERNI\TIONI\LE

    123, rue Montmartre, Paris l-lebctornadaire Le Numéro : 50 centimes

    SOMMAIRE

    Où sont vos Arguments ? (Flory). ~ Crirtique des déclarations et rapports faits par Marcel Cachin ~ ~t'rossard devant 1 'Internationale Commudisœ (V a. rit~e). - La Social-Démocratie indépendante et la Dictature du Prolétariat (Kurt Geier). - Le Con-grès de la 38 Internationale (L. Trotsky).

    Où sont \70S 1

    A tous les membres du P. S. français; A tous le~ prolétaires conscients de France (G. Zinoviev, N. LétJine, G • • U. Serrati, A. Rosmer, Paul Lévz). -La Dictature du Prolétariat (L. Kamenev). - Lé .. nine (Maxime Go•·ki). -- Lettre de Russie (jacques Sadoul). - Documents divers.

    tlrguments ? 1 ......

    Le groupement des forces révolutionnaires communistes, marqué par le rapprochement inévitable et l'étroite collaboration des élé-ments socialistes et syndicalistes acquis à la a• Internationale, provOque la plus grande in-quiétude et un visible désarroi dans le camp réformiste. Le parlement confédéral sait bien que la supériorité des moyens de propagande dont il dispose encore, grâce à l'appui de la bourgeoisie, aux coups portés à l'opposition révolutionnaire par le patronat et le pouvoir à ses ordres, à la campagne de toute la presse capi~sliste co'ltr6 l'extrémisme. à IBAïuelle il fait chorus et dont il .bénéficie, au prestige que lui donne auprès des hésitants des timorés qui cherchent leur ·voie, .Ja possessiœ du pouvoir syndical, vont lui assoTer à Orléans une ma-jorité plus ou moins forte.

    Mais il sent passer sur sa tête le vent de la défaite et ce ne sont pas ses manifestations de colère et de dépit qui le sauveront. Jamais la menace m'a triomphé d'une argumentation solide, et cela fortifie notre confiance et nos espoirs de. constater qu'à nos arguments les contre-révolutionnaires de la C. G. T. n'ont pu opposer j111squ 'ici que menaces, doléances et arguties de circonstance.

    Parce que le Parti socialiste manifœte stt volontê de devenir vraiment socialiste, parce que l'Humanité échappe de plus en plus à 1&: pesante tutelle du Comité confédéral, voici qu'on essaie de dresser oontre la se Intenna-tionale les syndiqués membres du Parti en leur faisant croi.re . que Je syndicalisme est auto-nome da~Js l'organisation jaune it' AmstPritam~

    et qu'il est réduit en servitude daos l'Interna· tionale de Moscou ; voici que Dumoulin dé-nonce l'organe du Parti et écrit qu'il est devenu cc un organe d'injures contre les militants de la classe ouvrière n. Il se demande si le joW'nal a cc le droit de déchoir à ce point et de descen-dre à ce niveau n. L'Humanité aux ordres d'Albert Thomas et de Jouhaux, aux mains des cc délégués de la bourgeoisie dans la classe ouvrière n, l'Humanité au service de la der-nière des guerres, de la victoire de la Justice et du Droit, l'Humanité des ministres des obus et du charbon prêchant en de retentissants discours la Sainte Allimn.ce des explo.ités avec leurs exploiteurs ... était évidemment aux yeux de Dumoulin un fort honnête journal. Mais l'Humanité évoluant sous l'impulsion des élé-ments révolutionnaires du l'arti juSqu'à mena-cer de devmir vraiment un journal prolétarien, voilà qui apparaît .aux soutiens de la démo-cratie bourgeoise comme un scandale intolé-rable.

    Depuis que Dumoulin est passé à .la contre-révolution, il a oublié que ce qui fait déchoir un journal ouvrier, ee qui le discrédite dans l'esprit des) militants honnêtes, ce qui lui fait perdre la confiance des prolétaires qui enten-dent y trouver chaque jour l'expression claire de leur pensée, de leurs aspirations, de leurs désirs et de leurs espoirs. ce ne sont pas les articles sans fard, dépouiUés d'artifices et im-pitoyable aux soutiens conscients ou aveuglrs ite ln bonr~eoisie ca pit a liste. que l'Humanité publie au.ionrit'hni sous la signat1.11re d~ quel-qnrs f'Ommunhdrs. re sont. lf's fl'ar.tati()ns lon-

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  • 2 BULLETIN COMMUNISTE

    ches que la masse devine avant de les. connaî-tre, celles qui laissent à 1 'organe un pied dans la classe ouvrière et l'autre dans la clas::;e,bour-geoise, c~lles qui ~ tr~ui~nt par .un:e _evolu-tion habde parfms difficdement saiSISsable pour le lect'eur, par des articles où le poisctl de la trahison est lentement et prudemment distillé ; ce sont les basses manœu.vres du genre de celles qui o~t f~it de la Bataz.lle Syn-dicaliste pauvr~, ~ais hbr~, la Bata'tlle tout court subitement nche, mais serve. . . Le Parti socialiste, en orientant auJourd'hui san journal dans la voié communiste ~t vévo-Jutionnaire en attendant que le prochain Con-grès lui assure en ce sens l'unité de vu~s ind~pensable,. non seulem:oot exerce un drOit, mais remplit un haut devmr.

    Qu'on ne feigne pas de s'y méprendre, ce n'est pas contre la C. G. T. q~e. nous enten: dons agir, mais con~re. la politique. que. lut imposent quelques dizaines de fonctionnaires confédéraux, champions d'œ ~fo~isme trompeur, qui n'ont pas hésité en pleine guerre à transformer ses statuts pour se retrancher plus fortement à sa tête . .C'est contre eux, e~ tant que représentants d'une d(lctrine et d'une tactique dont le régime capitaliste est le se: al~ bénéficiaire, que nous menons et que nous. me-nerons la lutte à l'intérieur de nos syndicats et en plein accord avec les fractions révolu· tionnaires Hes autre,s ~rga.nisations ·prolréta. riennes.

    Contre cette action, on récrimine, on m~· nace, on déclare que noœ aHons trouver !t qui parler, on affirme et on ergote pour expli-quer que la dictature du prolétariat est un·~ cc vessie u qu'on est bien dé_cidé à ne ~pas p~ndre pour une lanterne, ~ais on se garde bi~-..1 de ·répondre à nos questiOns, d'aborder la dis · cussion des problèmes posés devant la con.c;-cience ouvrière. On claironne à tous les échos qu'on n'acceptera pas que des cc entrepreneurs de démolition n fassent prévaloir dans la C. G. T. des méthodes et des systèmes cc que le Slyndicalisme n'admet pas u, mais on glisse Jlrudemment sur les méthodes et les ~ystèmes que le syndicalisme selon Jouhaux admet pour réaliser la fameuse révolution !économiq.qe en négligeant dédaigneusement la prise ~·u pou-voir politique par le prolétariat.

    Qu'est-ce que cette révolution ·f)Olitique, Si totalement étrangère à 1 'économie, que le petit Parlement de la r.ue Grange-aux-Belles aJuto-rise les communi.sœ.s à faire à leur gré en se réservant le droit de lui témoignee sa bienveil-lance, sa neutralité ou son hostilité ?

    Qu'est-ce que cette révolution économique qu'on prétel'ld reruiser dans un superbe mépris des formes et de la puissance de l'Etat, dans un désintéressement absolu des grands problèmes pol if i(•n-écnnomtiqucs dont ta solution fixel'a

    1 'histoire du monde pendant u.ae longue pé-~~? .

    Voilà ce qu'on ne dit pas. On )?Ue adroite-ment du discrédit jeté sur la politique par les bas politioiens de tous les pa~tis! et, parce que la politique des Etats capitalistes est celle d'une classe corrompue~ on en co~clut qu~ la classe ouvrière peut fall'e ses petites affatres en abandonnant à d'autres le soin de tr81Ilcher les questions ·politiques et de déterminer la structure politique de la société.

    Une pareille conception de l'autonomie syn-dicale est une trahison des intérêts du prolé-tariat. Elle .est de plus une imposture lors: qu'elle est formulée par œux-là mêm~ qu,I ont lié tout nu long de la guerre leur acbo~ a celles de politiciens avérés qui n'appartenaient même pas tous au Parti ·socialiste.

    Vouloir transformer la société en isolant la politique de l'économie, c'est pure aberration quand ce n'est pas un moyw d'assurer le suc-cès d'une politique. .

    Le syndicalisme réformiste essaie de justi-fier sa neutralité à l'égard de la politique ct de l'organisation politique de .la S

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    BULLETIN COMMUNISTE 3

    Critique des Déclarations faits par Marcel Cachin devant l'Internationale

    et Rapports et Frossard

    Col1ll1luniste Un numéro spécial de l'Humanité, (12 sep-

    tembre), a publié le rapport de Frossard sur la mission qu'il a remplie en Russie en compa~ gnie de Marcel Cachin. Ce rapport contient les déclarations faites par Frossard et Cachin devant le Comité Exécutif de l'Internationale Communiste, et l'Appel du Congrès communis-

    te International aux membres du Parti Socia-liste français. La discussion de ces documents est ouverte et c'est le devoir de tous les mili-tant-; d'y l>articiper en s'efforçant de clarifier le débat par la franchise et la .précision.

    Notre attitude à l'égard de Frossard et de Cachin et de la fraction qu'ils représentaient à leur départ pour Moscou, est bien connue. Nous 'avons critiqué sans ménagements les re-constructeurs, et leur politique à nos yeux con-traire aux intérêts du prolétariat et de la révo-lution. Nous leur avons opposté le programme communiste qui rép

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    des trois ans, la campagne pour la paix ·avec la Russie a été insignifiante. Cela tient à l'hos-tilité avouée ou sourde d'une fraction du Parti à l'égard des boloheviks ; contrainte d'adopter un pacifisme humanitaire et petit-bourgeois qui n'es~ d'ailleurs pas l'apanage de socialistes, cette fraction né voulait à aucun prix d'une véri-tabit: solidarité avec la révolution bolchevique et prétextait toujours du ntraire, ils ont tout fait pour perdre la co!l-fiance des masses. Chaque année, le chômage du 1er mai est précédé d'une semaine ou d'une quinzaine de propagande intense de réunt'):lS, de tracts, d'affiches. La démonstration Ju 21 juillet n'a été précédèe de rien de tel. Com-ment eût-elle pu réussir.? Qu'on se rappelle le texte des deux manifestes lancés par la C. G. T. au sujet de la grève de 24 heures : le premier, qui appelait les ouvriers à quitter le travail, était mou, terne, sans chaleur, et com-me écrit par contrainte ; le second, qui invi-tait les ouvriers à rester à l'ouvrage, était vi-goureux, enflammé. Toute l'histoire de ce mou-vement avorté pourrait se résumer dans cette constatation.

    Cachin a tenté de justifier les dirigeants syn-dica.ux en disant :

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    .sophismes, et suivant laquelle l'Internationale est un pussle dont il s'ag~t de rassembler les morceaux. .C'est ensuite la thèse de u l'autono-mie syndicale ,, comprise de telle sorte que les socialistes devraient s'abstenir de faire leur pro-pagande socialiste dans le~ rangs syndicaux. .et qui identifie la C. G. T. à ~on oiigarchie dirigeante actuelle. Nous avons souvent réfuté ce point de vue et nous ne renouveller~:>ns pas ici notre 'argumentation. Sur la quesbon des exclusions, Frossard s'exprime ainsi : cc Le Part; ne peut pas admettre, sans s'amoindrir, que l'exclusion de certains de ses membres lui soit imposée .de l'extérieur. ,, Nous répondons : L'Internationale Communiste ne .peut pas ad-mettre, sans se corrompre, que l'aqmission de certains réformistes lui soit imposée sous pré-texte d'indépendance de~. Partis aodhér~nts. Si le Parti ne veut pas subu de suggesbons de l'extérieur, qu'il. s'épu~e lui-~e .. S'il,, ne ~e fait pas - et 1l ne 1 a pas fait jusqu a ~re: sent - il ne mérite pas la confiance a pnon, que demandait Frossard. . . .

    Celui-ci écrit que cc le souc1 de la dzgnzté de notre Parti ,, lui a interdit de répondre à la question de Bouklharine sur cc l'attitude de trahison du Parti pendant la guerre n. Nous pensons, nous, que le souci . de la dignité ,. du Parti lui impose au contraire de reconnadre ses fautes et de répudier ses er~ur~. ,

    Dans la déclaration lue par Cach1~ a la sean. ce du 29 juin, nous lisons : cc Il zmporte tout d'abord de reconnaître que, depuis deuz an• nées, la majorité de .notre farti. a répudié ~~~ tozttt.· occasion la tactzque réformzste n. En fait, cette majorité n'a cessé de .p.r'atiquer le réfor-misme, qu'elle répudiait en paroles d_ans les congrès. Collaboration avec les réformistes de la C. G. T., collaboration avec les jaunes de la 28 Internationale, collaboration avec les pat-tis bourgeois à la Chambre, etc ...

    En réponse à la question de Trotsky :cc Quel-le sera votre attitude à l'égard de la minorité syndicaliste française ? n Frossard a ré-pondu u en sig11alant qu'iZ est impossible de présenter la minorité syndicaliste française com-me une minorité homogène n. Constater cette hétérogénéité n'est pas résoudre la question. Ce n'était pas en restant dans la majorité que Frcss'ard pouvait contribuer à unifier la mino-rité. Cette unification ne sera réalisée que sur la base de la doctrine communiste, hors de la-quelle il n'y a pas de conception révolution-naire logique.

    1. ~ objections faites par Cac"ti.1 et Fros-sard à certaines conditions d'entrée dans l"ln-temationale Communiste doivent aussi être re-lev&:s. Passons rapidement sur le commentai-re du travail du groupe socialiste ·au Parle-ment, au sujet duquel nous aurions trop à dire. Il faut reconnaitre qu'il est exact que les

    résolutions du Parti, pendant la grève de mai, ont été votées à: l'unanimité par la Commis-sion Administrative permanente. La fraction de Ja 3e Internationale paraît avoir été désorien-tée à la suite des arrestations opérées. Rappo-port et d'autres pourraient dire quels vifs re-proches leur ont été adressés quand ils eurent signé avec Renaude! les manifestes du Parti. l\1ais cette faute de nos représentants ne saurait justifier l'attitude de la majorité. Le Comité d~ la 38 ln~ernati~nal~ ne prétend pas orga-niser en un Jour, n1 meme en un an,.un groupe absolument homogène et discipliné ; nou~ souf-frons de l'héritage d'un passé d'opportunisme, de . nonchalance, de camaraderie corruptrice ; ma1s nous luttons contre cette corruption et nous nous efforçons de réaliser une véritable unité, une vraie discipline. Il ne dépend pas seulement de nous d'y parvenir.

    cc La solidarité matérielle et morale n à l'égard des emprisonnés et révoqués, dont Ca-chin et Frossard disent qu'elle (c ne s'est dé-1nentie à aucun moment u, en réalité n'a ja-mais existé. Seul, le Journal du Pezeple a prou-vé cette solidarité, le fait doit être reconnu. Mais l'Humanite a observé une attitude qui a fait scandale, et le scandale dure encore. Mal-gré de vives protestations et de pressantes dé-marches de camarades dont certains n'appar-tiennent pas au Comité de la ~8 Internationale, l'Humanité a persisté dans son indifférence en-vers les victimes de la répression. Les quel-ques articles qu'elle a publiés l'ont été comme pour se débarrasser d'une corvée. Aucune cam-p'agne sérieuse et suivie n'a été entreprise pour la libération des prisonniers.

    Les portes de l'Hztmanité se sont-elles cc en-tr' ouvertes de mauvais gré aur Communistes franfais ? n Les deux délégués disent non. Nous disons oui. Après le Congrès de Stras-bourg, il a fallu un esclandre pour que les lea-ders désignés par l'extrême-gauche puissent exercer leur mandat. Après le I 8r mai se trouve une interruption de collaboration de deux mois pendant lesquels le citoyen Amédée Dunois a discuté à perte de vue avant de permettre aux représentants de la fraction communiste de don-n~r leurs deux articles par mois, c'est-à-dire d'exercer le droit, de remplir le devoir, qu'ils tiennent d'un Congrès. Par contre, Léon Blum, Paul-Boncour, Mayéias, qui ne sont désignés par aucune fraction, avaient la, faculté de ba-fouer le socialisme à leur aise dans le journal socialiste officiel. Et constamment, des obsta-cles à la collaboration, pourtant bien intermit-tente, des Communist~s, surgissent par la vo-lonté- des sous--Renaude! qui r~gnent en maî-tres à l'Humanité et se rient de l'opinion du Directeur, impuissant parce qu'il n'ose pas épu-rer la rédaction. Qu'anf à la partie essentielle, au corps du journal, il n'y faut pas chercher

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    trace d'esprit communiste. D'ailleurs une rédac-tion qui tolère le contact de Grumbach et de Ma!)'éras est jugée.

    L'assertion sui~ant laquelle l'Humanité n'a pas inséré les documents officiels de l'Inter-nationale Communiste parce qu'elle ne les re-cevait pas ne résiste pas à la discussion. Pour ne prendre qu'un exemple topique, la réponse du Comité Exécutif de Moscou au Parti Indé-pendant allem·and a ,été publ_iée dan~ le Bu~letin Communiste et 1 H umanzté ne 1 a pas In-sérée.

    Il reste la controverse sur '' le cas Longuet n. Il n'y a pas de u cas Longuet n. Lo~~uet. ne peut prétendre à des ménagements parbcuhers sous prétexte qu'il a été calomnié. et outr,agé par la réaction. Celle-ci calomnie et outrage souvent des gens qui ne méritent pas ses sé-vérités. Dira-t-on que MM. Caillaux et Malvy sont dignes d'entrer dans l'Internationale Colll-muniste parce qu'ils ont été couverts de boue par les trublions ? Ce serait plai-santer. Longuet doit, comme tout mem-bre du Parti, ou servir la cause com-muniste ou renoncer à entrer dans l'Intern'a-tionale 'communiste. Nous avons nous-mêmes trop longtemps fait crédit à Longuet, eu égard à son rôle de cible des attaques réactionnai-res. Jusques à quand faudrait-il attendre qu'il devienne vraidnt digne des attaques dont il a été honoré ? Devons-nous aussi tolérer son rôle incohérent et brouillon, son verbiage sen-timental et mélodramatique, son action trouble ~t confuse ? Zinoviev a déclaré : u Si le ci-toyelz Longuet accepte de se placer sur le ter-

    La J.

    Social· Démocratie et la

    rain de la 38 1 nternationale, nous serons ·heu .. reu1· de l'accueiUir parmi noz:s n. Naturelle-ment. '' S'il accepte de se placer sur le teTTain, etc ... n. 1\iais il n'acce_pte pas. Toute la ques-tion est là. Le u cas Lohguet n est donc ré-solu par Longuet lui-même.

    En résumé, nous n'approuvons pas les décla. rations faites par Cachin çt Frossard à Mos-cou. Nous considérons qu'elles reflètent les erreurs réformistes contre lesquelles lutte le Comité de la 3e Internationale. Par contre, nous trouvons dans I'.A .. ppel du Congrès de l'Inter-nationale Communiste aux membres du Parti français une admirable expression de notre pen-sre Il suffirait de parcourir la collection du Bulletin C ommttniste pour constater que si nous n'avons pas formulé le point de vue commu-nistè avec la même force, la même éloquence, la même dialectique irrésistible, que celles de nos camarades russes, nous avons défendu les mêmes principes, propa:gé les mêmes idées, soutenu la même cause, dans la mesure de nos moyens.

    Il nous reste à constater que depuis leur re-tour en France, :Cachin et Frossard ont été fidèles à leur parole -donnée en Russie, qu'ils ont tenu leurs engagements, en publiartt les documents à eux confiés, en préconisant dans les meetings l'adhésion à 1 'Internationale Com-muniste, 1 'accepfaHon loyale des conditions po-sées. Nous y voyons un gage de collaboration féconde entre eux et nous, et ce n'est pas de notre côté que la bonne volonté et la volonté pourront faire défaut dans l'avenir pour en assurer le succès. VARINE.

    Indépendante Dictature du Prolétariat

    -------.•••MM:••~•---------

    Le programme prati1ue du parti social-démocrate in-dépendant c.l'Allemagnc a été créé par la lutte même. II

    a réflété la tendance dérerminée des éléments conscients de ]a c1asse ouvrière ,·ers une lutte révolutionnaire pré-l'ise dans ses principes et sa tactiqu-e, créant des cond•-tions nouvelles ab!'=olument différentes de celles aux-quellec; nous étionC3 habitués. Voici ete que dit ce pro-gramme sur la quE':ition fondamentit-le de la lutte ré-\'Olutionnaire et de la dictature du prolétariat.

    u Le parti socialiste indépendant tend à la réalisa-tion de la dictâtt.Jre du prolétariat, qui représtenœ J'immense majorit~ du peuple, comme à une condition provisoire indispensable à ]a réalisation du sodalis-. . me. ,.

    Ce programme qui jnue un rôle si décisif dans les difiércnts miliE'ux du parti reçoit de

  • BULJ_ETIN COMMUNISTE t

    dictature d"unte minorité prolétarienne. Jamais encol'E" une maJorité énonnc n'a dirigé aucune r~volution et ltJ sont toujours les ré!Wlutions pleines de détermi-nation de la minorité qui y ont jc-ué au contraire un rôle rlominant. Ce n'est qu'au cours m~me du pru-œssuc; de ]a httte révolutionnaire et seulement;. au moyen de la dictature, en exploitant énergiquement les victoire~ remportées, que l'avant-ga·rde dr~ ~rolétatiat militant peut entratner la majorité à .sa suite.

    Le prolétariat, dans le sens le plus large de cc mot, représente effœtivement la majorité du peuple. 1 1 n'est pas dit dans l·e programme que la dictature du pn)lt:tariat soit ]a dictature de la majorité du peu-ple : il y est Steulement dit que le prolétariat est le teprhentant de la majorité du peuple. Et pourtant c'est précisément ce point du programme qui donne naissance aux deux tendances indiquées plus, haut et qui prête en effet à des interprétation~ diverses. Le prochain congrès du parti devra étabhr dans quelle mesure res in~rprétations correspondent à la volonté de la majorité du parti. En se prononçant pour la dictature du prolétariaJt avec les réticences indiquées, les rP.présentants de ces deux directions sont encore Join de la reconnaître effectivement. D'ailleurs aucun comœentaire :mssi catégorique qu'il puisSie être ne saurait remplare-r un texte nettement rédigé. Dan.ç z·;nt,,rJt d'"ne clarté absolue il est indis~ensable qu'au point ir.3iqué du, .,mgramme les mots cc re~résentant de la grande majCitité du ~eu~le ,, soient rayés dr~ texte.

    La tlictatura du prolétariat au moment ou à la v(•ille de la révolution est une exig~enœ de 1 'heure courante et non pas celle d'une perspective éloignée. J..,... prtrtj n:volutionnairc dans de te11es circonstances Jt,it conœntrer toute son activité non sur le rappro-..:Ju•ment de re but dans les cadres du régime existant, mnis bien sur 'la réalisation même. Les exigcn savoil.· si les soviets et· le ~arl t•-meutm-i.~me sont des armes révolutionnaires de valeur égaif.'. J .c parl~mentar isme ne peut servir qu'à exploi-ter les conditions de la lutte, tandis que les soviets repr~sentent 1f's nrmes ml\mes du prolétariat contJ"(! Je r:apitahsrnP. Une trouée décisive vers le socialisme ne peut être faite qu~ft l'aide des soviets.

    N' otre programme tnr.tique dans sa rédaction actuf']. je dit :

    cc Poul' atteindre re but (c"cst-~\-dire Je soci:llisme) le Parti Socinli:.te Ind(.pcndant sc sC'rt de toutes !E>s armes de combat politiques et économiques y compris le parlement n.

    Afin d'atteindre gur cc point (.g,alement tm

  • • UULl.l!:TIN COMMUNIST~ p.1rfaitl· il l'::.it indbpensable d'indiquer d'une fw;on

    déterminée que le Parti Socialiste Indépendant consi-dère les soviets comme l,arme principale du combat f'our Ile .ror.ialisme et qu'il tient tous les autres moyens !/ compris le parlementarisme pou,- des moyens au:d-liaireJ.

    J.n précision d'une telle rédaction mettra fin à toutes }es tentatives d'amener le parlementarisme à ses dernières conrlusion:; et d'enotTaîner par là le parti dans la voie de la politique opportuniste des compromis. C;elui qui dans la situation actuelle cher-chP. un rapprQchement, sur le tJerrain du parlementa-risme, avec le 1 a1ti socialiste de d1oite ou, ce qui plus .r-stJ travaille ~ la formation sur œtte base d'un gou-\'ernentent com~un avec les socialistes de la droite - celui-là s'engag·e dans la voie politique qualifiée Jl{'vi~ionniste, avant la guerre.

    Le pa•·ti socialiste de droite n~est resté socialistle que d~ nom. F.n réalité il représente le parti bour-geois des réformes let soutient sans restrictions le rlogime bourgeois. Et les reproches que nous adres-sons .\ ce parti pour avoir formé un gouvernem('nt de conC(!rt avtec les partis bourgeois, se retourneraient contre nous si nous ne refusions en principe de for-mer un gouvemement quel qu'il soit avec ce parti houl"gJe(•is qui se pare du titre mensonger de u parti socialiste ,.

    L'unification du prolétariat ne s'opérera pas au moyen de cette un!on mécanique du Parti Socialiste Jnd~~ndant a\·ec le Parti Socialiste de droitie. Ce der-.nil"r est notre ennemi, et celui de la révolution dans la même mec;ure que n'importe •quel autre p~rti bour-geois. Sotrte lutte est dirigée contre lui. Notre but est de le vaincre définitivement, d'ouvrir les yeux aux ou"riers qui le soutiennent encore, sur l'es-~nce n~elLe de ce paTti et de les déterminer à s "unir avec nous sur le terrain du programme révolution-rmire conform~ment aux paragraphes concluants de notre programme tactique.. ·Celui qui considère que notre devoir est, entre autres, de lutter contre les éléments de la droite fait preuve d'une incompréhen-sion totale des buts poursuivis par le Parti Socialiste Indépendant.

    Nohe ennemi se tfout'e _à droite et non à gauche. C'est e-n partant die ce point de we que nous ùe-

    vons résoudre définitivement la question de l'Inter-nationale. Les organes centraux de notre parti avait rJ(.cidé d 'en•.ro} er à Lucerne des délégués, ayant ~ésolu que notre parti n'entrerait dans la 2 8 Internationale qur. dans le cas où les socialistes de droite en seraient exclus et à la condition que notre programme y serait tout au moins soumis aux délibérations.

    Ni 1 un ni i ':mtre n'a eu Heu. Néanmoins les or-ganes du parti n'ont tirP. aucune conclusion de ce fait Ils étaient d'avis que Je P. S. 1. doit mq.!gré tout ~f.,e 'l'epré~ent~ au congrès de Genève. .

    Au lieu de pre~dre une r~solution déterminée ils voulailent pml~1nger cette inosupporable situation d'in-certitude. ils voulaient renoncer aux conditions ou'ils avait•nt posées avant Lucerne. Mais le congrè~ du .parti a dlclaré catégoriquement que la 28 Int:.'rna-t;onale n,e:riste plus Pour 7e P. S. I. et il n'a pas rn7.•oyé ~e délégués au congr~\s de Genève

    Il s'ensuit que le Parti Sorialiste IndéPendant al-lf'mnnd doit ch('rch

  • .,.

    BUI .. LBTIN COMMUNISTE

    Le Congrès de la 3e Internationale Conditions de l'admission dans la 3° Internationale

    1 dictature du prolétariat n'est possible qu•à la con• Les social-patriotes et leurs inspirateurs bour- ditiQll que, dans la 2• Internationale, ne sevont ad-geoi'$ f.ont remarquer que les guides de la ae In- mises que les collectivités qui sont pénétrées du ternationale, appelés quelquefois " Moscou n, ou véritable esprit de l'insurrection prolétarienne " les bolcheviks n, posent des exigences d;ictato- contre la domination de .Ja bourgeoisie et qui, pax• · il'iales oox autres partis concermmt l'exclusion de · conséquent, sont intéressées elles-mêmes à ce que, leurs membres. les changements dans la tactique, dans leur milieu aussi bien que dans le milieu etc., comme conditions à l'admission dans la. des autres collectivités politiques et profession-ae Jnternati'ODale. nelles qui travaillent avec elles, soient absents Les socialistes du centre (les Kautsklens, les non seulement les traltres et le~ délateurs mais Longuettistest répètent ces accusb.tlo.ns, dans WH~ aussi les sceptiques sans volonté, ces éléme~ts des forme un peu délayée, en essayant de piquer ét.ernelles hésitations, ces semeurs de paniquo au vif les sentiments nationaux des ouvriers de et de. con_fusion dans les idées. Et on ne peut tel ou tel pays, en éveillant chez eux le soupçon Y a-rriver que par un nettoyage continuel et obiS-que quelqu'un tàehe de les commander " du tiné de ses rangs des fausses idées, des fausses dehors ,,. méthodes d'~tion, et de leurs porteurs. · En réalité, les accus.ations et les insinuations Les ~ondxt1ons ·que la 3e Internationale pose de ceLte sorte expriment l'altération, du~> à la mau- et continuera à pose·r à toute organisation qui vaise foi bourgeoise, ou bien la non-compréhen- entre dans ses rangs sont justem·ent destinées iL sion, bourgeoisement bête, de l'essence même de lmrvir ce but. l'Internationale ComiDIUJliste, qui ne présente nul- Je le répète : l'Internationale Communiste n'est lement un ensemble des assodations ouvrières et pas un ensemble des partis ouvrie·rs nationaux. suc1alistes e:xJstant en différents pays, mais forme Elle est le parti communiste du prolétariat inter-une organisation internationale intégrale et auto- national. Les communistes allemands ont I.e droit nome poursuivant des buts définis et exactement et sont obligés de demander carrément la r.aison ~ormulés par des moyens révolutionnaires égaLe- pour laquell~ TuTati se trouve df1;ns leur parti. ment définis. Les commumstes russes ont le drmt et sont obli-L'orga.nisati·on de chaque pays, en adhérant à la. gés, e~ examinant la question de l'admission dans 3- Internationale, non seulement se soumet à sa la 3e lnterna:tionale des s·ocial-démocrates indépen-dir.ection générale, vigilante et exigeante, mais dants d'Allemagne et du part.i socialiste fran-&lle acquiert elle-même le droit de prendre une çais, de poser les rriêmes ·oo,nditions qui, de leur part active dans la direction de toutes les autr:es point de vue, garantiront notre parti internatio· parties de l'Internationale Communiste. nal contre la liquéfaction et la décomposition. L 'ad:b"ési·on à l'Internationale poursuit non les Mais toute organisati.on qui entre dans l'Interna-buts d'une étiquette internationale, mais les tAches tionale Communiste acquiert, à son tour, le droit de combat révolutionnaires. Par conséquent, elle et la possibilité d'une influence active sur la ne pelllt en .aucun cas se baser sur des omissions, théorie et la pratique des bolcheviks russes, spar-des malentendus ou des obscurités du langage. rta.kistes allemands, etc., etc. L'Internationale Communiste rejette avec mépris

    les conventions qui paralysaioent de haut en bas les relations à l'intérieur de la 211 .Internationale et qui étaient bnsé.es s.ur le fait que les chefs de chaque parti national faisaient semblant de ne pas s'apereevoir des déclarations et des actions opportunistes et chauvines~ des chefs d.es autres partis nationaux, dans l'espoir que ces derniers leur rendront la pareille.

    Les relati'Ons entre les partis u socialistes ,, ~atio.naux n'étaient qu'une ·misérable reproduc-tion des relations entre les diplomaties bour-geoises à l'époque de la paix armée. C'est juste-ment. grAce à cela que, au moment où les géné-raux. capitalistes ont rejeté la diplomatie capi-taliste, le mensonge -conventionnel diplomatique des partis « fraternels , de la 2• Intematioonale a été remplacé par le militarisme ouvert de ses chefs.

    La 3e Internationale est une organisation de l'ac:. tio.n révolutionnaire de l'immrreetion prolétarienne internationale. Les éléments qui se déclarent prêts à entre-r .dans _la Se Intem.ationale, mais s'1nsur-gent, en mêm-e temp,s, contre l'imposition, u du dehors n, des conditions de cette enJtrée, démon-!rent par cP-la m~me leur entièrP. inutilité et len.1r mcnracité ~n poi.nt de vue des prinr.ipc!'l e.t des méthodes d'action de la '3•~" Internationale·. La creation d~ane organisation de la lutte pour la ..

    II Dans son appel, qui épuise la matière, adressu

    au P:a.rti indépendant allemand, le Comité exé-cutif de l'Internationale Communiste identifie, en principe, les indépendants allemands avec les longuettistes français. C'est absolument vrai. Mais, lorsque la question touchant le parti so-c_ialiste. français est .posé~ d'une façon plus pra-tique, Il est nécessaire, à ooté des traits fonda-mentaux· de ressemblance, d'établir également les différences.

    Le fait que le .Parti socialiste français l mar-qué, dans son ensemble, des aapirations vers la 3• lnlternationale, amène par lui-même, de primo abord, des craintes naturelles. Ces craintes ne peuvent qu'augmenter, .si l'on compare, d'une fa-çon plus positive, la situation du socialisme en France .avec sa situation en Allemagne.

    La vieille social-démocratie allemande s'est di-visée actuellement en trois branches : lo Ja so-cial-démocratie ouvertement gouvernementale et chauvine d'Ebert-Scheidemann : 2° le parti u indt'•-pe.ndant n dont les chefs officiels essaient de rester rlnnR les cadres de l'opposition parlementnire, pPn-rlant que les masses brdlent de -se· jP.ter rlnn~ nn•' i wmrrection ouverte oontre In société honrgl"'oi.~n : 3° le iPa1·ti Communiste faisant pUl·l ic iulé~I·untc de lu 311 Internationale. ~

    1

  • ..

    10 BULLETIN COMMUNISTE

    En examinant La question de l'entrée du parti indépendant dans la :ill Internationale nous cons-tatons d'abord la. non .. con.formité susmen.tionnée entre la conduite des chefs officiels et les aspiJrn-tion des masses. Cette non-conformité est le point .d'application de nortre levier. En ce qui con-cerne la social-démocratie de Scheidemann, qui passe actuellement, avec 1a f.o·rmation d'un gouvernement purement bourgeois, à la semi-op· position, il n'est pas même question, pour nous, d'admettre ce parti dans la 38 Internationale ou d'entrer, dans une mesure quelconque, en pour-parlers avec: lui . .Cependant, le Parti socialiste français n'est nullement une 'Organisation équi-valente au Parti indépendant allemand dans son état actuel, car aucune scission ne s'est produite dans le Parti soc-ialiste français, et les Ebert, Scheidemann et Noske .francais y conservent tous leurs postes responsables.

    Pendant la g~uerre, la oonduite des chefs du Parti Socialiste francais n'a pas été pour un iota au-dessus de la conduite des social-traltres alle-mands les plus patentés. La trahison · die classe a été ici, comme de l'autre côté, également pro-fonde. Quant aux formes de son expression, du côté français elle~ ont été encore jplus CJ;'iardes et vuJgai:res que dans le camp de Sdheide.ma;n.n. Mais aJors que la social .. dlémocratie indépendante o.Jiema.nde avait rompu, sous la. pression des mas-ses, avec ses Soheidemann, - :MM. Thomas, Re-na;udel, Varenne, Sembat, etc ... , restent, comme par le passé dans les rangs du Parti Socialiste français. Ce qui est pourtant le .plus essentiel, c'iest aa manière véritable, eff-ective, pratiqp.~ des guides officiels du Parti Socialiste français & con-sidérer ia lutte révo~utionna.ire pour la prise du pouvoir. Guidé par des Longuettistes, le Parti socialiste non seulement ne se prépare pas à .cet~ Lutte ·pu. tous le1;1 moyens d'agitation et d'm'· ganisation, OUIVertemiQP.t QUI cla.ndestinement, mais au cont.rair.e, en la personne de ses .représentants, il suggère aux massee la pensée que l'époque actuelle dei désorganisation et de· ruine éco• norniques n'est pas favorable à la dominatioo de la classe. ouVIl'ière. .En d'autres termes, le Parti Socialiste ftançais, ~ous l'impulsion des longuettis-tes, impose aux mass-es ouvrières une· tactique de passivité et d'attente, leur inculque la pensée que la bolLI'geoisie, aux époques des -catastrophes im· péria.listes, est capable de S().I'tir ae pays de }'.état du chaos écononuque et de la misère, et de pré-parer de cette fa.çon, les conditions " favorables , pou.r la Jdictature du prolétatral. Il est Inutile de' dire, que si 1~ bourgeoisie ~éussisS{Ùt ce qill'elle ne peut; réuss1r en aueun cas; c'est-à-dire la. ll'e-maissan~e ~n~itque de 1!1 F~ et Kite I'Eu11'0pe, le !Part1 Soc1ahste franÇ&s a.uralt encore moins de ~isons, de possibiJ.itée. et d'intéil"êt qu'il n'en a auJolH"d'bui, pour appeler le prolétariat au ren-ver~etrnent révolutionnaire de la domination boUII'-gemse.

    En d'autres .termes, dans sa lactique capitale i!' Part~ .Socialiste français guidé par des longuet~· tist~s, JOUe un ~ôle contre-révolutionnaire. Il est vrru . que, contrairement à l'ex.emp:le du parti de Sche1demann, Je Parti Socialiste français· est sorti d~ la ~e lntematim·nle. Mais si l'on prend en con-sidération que cette sortie a été entreprise sans aooun préjUidli.ce à l'unipn avec Renaudel, Tho-!fl&S ~t . tous _les autres serviteurs de la guerre 1mpér1e.MBte, 1Is devient !p8J'faitement dlja.ir que JJOu.r une p~rti.e très considérable des représen-t•OCllllB du socialisme officiel français la sortie de la~ Internationale n'a rien de co~mun avec le t·emement de ses méthodes, mais n'est qu'une sim·

    pie manœuvre faite pour continuer à trompe.r les masses des travailleurs.

    \Pendaantt la guerre, le Parti Socialiste français s'opposait av·ec une telle p.bstination au sociali.s· me kaiserien de ~.heidemann, qu'à l'heure qu':l est, il est devenu très malaisé, non seulement pour Longuet, Mistral, Pressemane et autres par-tisans du œntre, mais même pmu .. Renaud.el, 1bo-mas, Varenne, de rester dans le cercle ldle la. ~e InternationaLe, face à face avec Ebert, Soheide-mann et Noske, comme sïJs étaient dans une communion d'idées très étroite avec ces -derniers. De cette .maJ!lJère, la snr.tie. de la cuisine ldle RUIY~mans ~LD;It dictée au ~o.Ciahsme officiel francais par les,. rSm.tes. de sa posthon patriotique. 11 est vrai qu Il a fai_t ~out son possible pour donner à sou relus patr1obque d'une collaboration immédiate ~voo Noslœ et Scheidemann l'air d'un geste dli.cté e.~ale~ent par l'lnte~tionalisme. Mais la phra-seologie des résolutions de Strasbo.ur.g ne .saurait non seulemen.t abolir, mais même atténuer la valeur du fait que dans les rangs de la majorité de ~arti de Str~sbourg ne figurent pas les Com-mwnstes fr.atlliÇais, mais qœ tous les clhaUNins connus s'y trouvent. Le parti indépendant d'AUe· magne, ~ppo·sé . comme organisation, à la s.ocia.I-dém.C?Crati~ patr·1ote, es.t forcé de mener contre cette dermère Ulll'e lutte .ouverte idéologiqille et politique ldla.n.s aa. presse et dans les réunions et par cela mém:C, malgré le caractère archi--apportuniste de ::Jes JOUrnaux et de ses chefs, il collabore à ren-dre révolutionnaires les masses des travailleurs · en F_ranoe, au contrQ.ire, . nous observons, -ce~ dern!ers . temps, ~ . rapprodhement croissant en-tre 1 ~lenne ma.Jorlté et l'ancie~ minorité lon .. guetti~te et ~tl; suppr·ession, entre elle, de toute lutte Idéo-pohbque .et organisatrice. · Dans .ces ~OD;ditions, la q.uestion ldle l'adhésion du Part1 SoCJahste français à lQ, 38 Internationàle présente encore p~us de ùifti

  • c

    BULLETIN COMMUNISTE 11 v-endent leurs services publics aux gouv.erne- socialiste de. soulever - dans une liai~on étroite ments capitalistes, aux orgalliisations du ca1pltaJ, avec Loriot, avec Monatte, avee Rosmer - dans à 1a presse capitaliste, en qœlité d'ageJPJts res:pon- les masses ouvrières une agitation énergique dans sables de la liRue de brigands, 91ppelée la Ligue le 1but de nettoyer le mouvement professionnel dies Nations (Albert Thomas). de l"édacteurs de français de Jou;haux, Dumoulin, Merrheim et au-la presse bGurgeoise (A. Varenne), d'avocats ou tres traitres à la classe ouvrière 'l Oui ou non 'l de défenseurs parlementair·es des intérêts capitu- 5. Trouvez-,·ous possible de souffrir dans le~ listes (Paul-&ncOIUr), etc., etc... Oui ou non •'! rangs du Parti Sociatîsre· les prédicateurs de la 3. Vu la violence exercée par l'impérialisme fran- passivité qui paralysent la voionté révolutionnaire çais sur une série de peuples faibles, et sur- du prolétariat, en lui inculqua·nt la pensée que le tout sur les peuples coloniaux arriérés de l'Ah·i- " mouvement aetuel , n'est pas favorable pour 10. que et de l'Asie ; cousidérez-vous comme votre dictature? Considérez-vous, au contraire, comme de devoir une lutte irréconciliable avec la bourgeoi- votre devoir de dénoncer aux masses ouvriè~es la sie française, son parlement, son armée, dans les tromperie d'après laquelle le u mouvement actuel u, questions du pillage mondial ? Vous engagez-vous dans l'interprétation des arge:nts de la .bourgeoisie, à soutenir, par tous les moyens à votre disposi- convient tou~ours uniquement à la disparition do tion, cette lutte partout où elle surgit, et avant la bourgeoisie ; av~ut-hier, parce que l'Europe tro-tout dans la forme d'une in.surrectio:g ouverte des versait la période d'une puissante montée indus-peuples coloniaux opprimés cont:fe l'impérialisme trielle qui faisait baisser le nombre des mécon-français ? Oui ou non 'l tuents ; hier, parce qu'il s'agissait de la défense 4. ·Considérez-vous comme nécessaire l'ouverture nationale ; aujourd'hui, parce qu'il faut guérir les immédiate d'une lutte systématique et sans merci plaies causées par les ·exploits de la défense natio-contre le syndicalisme officiel français, qui s'est nale ; dema~n, {laree que le travail reconstrueteur orienté e-ntièrement du cOté de la concorde ·écono- de la bourgeoisie aura amené une nouvelle guerre, mique, de la collaboration des classes, du palrio- et, avec elle, le devoir de la défense nationale. tisme, etc., et qui remplace systématiquement la Pensez-vous que le parti socialiste do-ii commen-lutte pour l'expropriation révolutionnaire des capi- cer sans retard une véritable préparatiou, socio-talistes au moyen. de la dictature du prolétariat, logique et organisatrice, de fa poussée I.'évolutiol1-par un programme de la nationalisation des che- umre contre la société bourgeoise, dans le but de mins de fer et des mines par l'Etat capitaliste? s'emparer, dans le temps le plus court, du pou-Considérez-vous comme un devoi~ .pour 1~ Parti voir d'Etat 'l Oui ou non?

    1 Les groupements dans le mouvement ouvrier français et les tAches du Communisme français

    1 A l'époque pl"éoédant la g·oorre, le ·Parti .So('i u:-liste français se présentait, sur ses sommets direrJ"' teurs, eomme l'expression la plus complète et la plus achevée de tous les cOtés négatifs de la 28 In-ternationale : l'aspiration continuelle vers la colla-boration des olasses (le nationalisme, la partièipn-tion à la presse bourgeoise. les votes de crédits et de conlfiance à des ministères bourgeois, etc.) ; attitude dédaigneuse ou indiffére.nte à l'égard de.:> ta tdloorie eoc.ia.llste, c'œt-ll=-d.ire des tâches fondu-mentales sociales-révolutionnaires de la ela.sse ou-vrière : le respect superstitieux à l'égard des idoles de la démocratie bourgeoise (la Répwblique, ·le Parlement, le .suffrage universel, la responsabilité du ministère, etc., ete.) ; l'intemationalisme osten-tatoire et purement décoratif, allié à une extrême médiocrité nationale, au patriotisme J?etit-bou~geois et, souvent, à un grossier chauvimsme.

    II La forme la plus éclatante de protestation con-tre œs eOtés du Paxti socialiste fut le syndicalisme révolutionnaire français. Comme la pratique du réformisme et du Eatriotisme parlementaires se dissimulaient derrière les dé:b:ds .· d'Wll faux marxisme, le syndicalisme ·tAchail d'opposer 11on opposition au' l'léformiste parlementaire par une théorie anarchiste, adaptée aux méthodes et au..~ formes du mouvement professionnel de la classe ouvrière. La lutte contre le réformisme parlem·entaire se transformait en lutte non -seulement coof.re le parlementarisme, mais aussi contre ~8! cc politi· que ,, en général, en la pure négation de l'Etat .comme tel. Les syndir.ats (associations profession-nenes) ont été proclam~s la seule forme révolu-tionnaire légale et véritable du mouvement ouvrier. A la représentation parlementaire et à la substi-tutio~, se passant derrière les coulisses, à la. classe ouvrière des éléments étrangers, on opposait l'action directe de.~ masses ouvrières, et le rôle dé-

    cisif était .attribué à la 'IIJÙioritë ctapabll d'initia-tive, en qualité d'organe de cene action directe. Cette b~ève caractéristique du syndienlismP montre qu'il s'efforcait à donner l'expression aux besoins d.e l'époque révolutionnaire qui s'appro-chait. Mais les erreurs théoriq_ues fondameulales (celles de· l'anarchisme) rendment unposstble la création d'un solide noyau révolutionnaire, bien soudé o.u point de vue Idéologique et eapable de résister ·effectivement aux teudances patriotiques eL J•éformistcs. La chute .social-patriotique du socialisme fran-çai.s se produisit. tout. à. fait parallèlement à la chute du .Parti socialiste. Si, à l'extrème-gauche du Parti, le drapeau de lïnsu.rt;ection contre le social-~triotismc fut dépl{lyé par un petit groupe aytS.Ilt à· sa tête Loriot, à l'extrême-gauche du so-czalisrne le même rôle échut au petit (à son début( groupe Monatte-Rosmer : entre ces deux sroupes s'établit bientôt le lien nécessaire idéalogique et organisateur.

    III Nous aY.ons indiqué ci-dessus que la majoritê longuettiste, sans force et sans moelle, se confond avec sa minorit~ renaudelienne. .En ce ~ui concerne ce qu'on appelle la mino-rité ;syndrcaliste, qui, au del'lni-er Congrès des. syndicats à Lyon, atteignait, p.our certaines ques-tJi..o.ns, un tiers des d-élégués présents, elle repré-sente un courant encore très peu formé, dans lequel les communistes révolutionnaires se trou-vent à côté des anarchistes, qui n'ont pas encore rompu av.ec les vieilles superstiti.ons, ~t des cc lon-guettistes u du sochtlisme français, les cc réconci-liatrm·::~ J), Dans cPt1e rninoritt> ~ont encore. tri>~ fortes les sùperst.iti.ons anarchistes contre la prisP-du pouvoir d'Etnt, et chez beaucoup se cachent, sous de pauvres ~npcrstiUons, tout simp,lement la peuT dev.ant J'initiative révo4tfionnaire e"t _l'ab-sence de la volonté d'agir·. C::'est ctu miliPu dP. r-ettA minoritl" Ryndir.Rliste qu'est sortie 1'idP.e de la grève générale comme moy-en pour la réalisation

    ,

    ,

  • ~.

    12 aULLETIN COMMUNISTE

    de la nation.alisati.on des chemins de fer. Le' pll"o-·gramme de la nationaliaation, mis en avant, d~accord. avec les réformistes, eomme mot d'ordre de la eoU.aboratl.on avec les classes bourgeoises, s'op. pose ·essentiellement comme un problème concer-nant toute la nat~on, au pur programme de classe, c'est-à-dire à l'expropi:iation révolutionnaire des capitaux des chemins ae fer et autres par lat classe ouvrière. Mais justement le caractère réconcilia-teur et opportuniste du mot d'ordre, imposé à. la grève générale, paraly~ l'élan révolutionnai~ du prolétariat, amène le manque d'assurance e' les hésitations dans &on milieu et le force de re-·culer, indécis, aevant l'application d'un des moyens aussi extrêmes q.ue la grève génér.ale, qui lui demande les plus grands sacrifices, au nom des buts purement réformistes, propres au radi-calisme bourgeois.

    Il n·y a que la manière cleire et nette, ·empl4lyée par les communistes, pour poser les problèmes révolutionnaires, qui ~mTa apporte:t" la clartê nécessaire à la miuon~ syndicaliste elle-même. · 1a. nettoyer des superRtitions et des coiupagnons de hasard, et, ce q.ui est le principal, fournir un programme précis d'ac~.on aux masses r&Nolu-tionnaires prolétariennes.

    IV nes groupements purement intellectuels sembla·

    bles à " Clarté , apparaissent comme très symp-tOmatiques pour une époque préré~~lution~aire, quand une petite et la meilleure pa:rit1e dee mtel-lectuels b.ourgeois, .pressentant l'approèlle d'une. très profonde crise Têvolutionnaire, s~ détache «;tes classes dominantes entièrement pourr1es et s~ ~t à la recbelrche .d'Ionie autre orientation idéolo-gique. Conformément à Jeur nature intellectue~, les éléments de cette sorte, naturellement encl..ins à l'individuaLisme, à. la division en groupements séparés fondés sur les sympathies et les opinions personnelles, .sont incapables de cré~r, e,t ~n~ore moins d'appliquer un système précis d opinions révolutionnaires, et, par conséquentJ ramènent leur travail à une p:çopagande abstrai~ et purement idéaliste teintée d'un eommlll:nisme délayé par des tendances purement Jmmanitai:res. Sinc~rement sympathiques au mouvement commumste de la classe ouvrière, les éléments de ce g-enre se détaChent néanmoins souvent du prolétariat au moment le pl.us aigu,. lorsque. ~es· armes de la critique sont rempla-cées pa·r La cnt1qœ des armes, pom- restituer, c::nsuite, au prol~~t:ïat leurs sym-pathies, quand 11 aura 1&: possiba.llté, ayant pris le pouv.oi-r dans. ses mams1 de développer. son génie créateur dans le dom&~e de .la cult~._ L!io tà.c·he du communisme révolut1onna1re est 1 expli-cation aux ouvrieœs avancés de la vaJeur pure-ment symptomB;tique des groupe~ts. de . cette .sorte et la critique de leur passivité Idéaliste et de le'ur médiocrité. Les .ouvriers avancés ne peu-. vent en aucun cas se grouper en qualité ~·e chœur attar.hé aux sol·istes intellectuels, - lls doivent créer une organisation autonome, qui fera son rtravail indépendamment du _:flUXi et dU }'eflUX des sympathies llllême de la meilleure pm·tu~ des intellectuels bourgeois

    v Actuellement en France, 'èst nécessaire, de pai·r

    avec une revision .radicale de la th(."'rie e.t de la politique du socialisme parlementaire français, une revision décisive de la théorie et de la pra-tique du synd~calisme français, afin que se·s su-perstirti.ons qui se sont sur~écues à elles-mêmes, n'entravent pns le .,développement liu mouvement communiste révoluf.i.onnaire.

    ___ :;;__ .. :.:.. ·----,;...... ...

    . a) Il est manifeste que la c négation ,, continu~ de la politique et de l'état de la part du sy]ldl-calisme français serait une capitulation devant LI) politique bourgeoise et l'Etat capitaliste. Il ne .suffit' pas de renier l'Etat, U faut s'en emparer pour le surmonter. La. lutte pour la possession de l'appareil de l'Etat est la politique rév·olution-naire. Renoncer à elle, c'est renoncer aux tAches 1on.damentales de la classe ·révolutionnaire ;

    b) La minorité possédmnt l'initiative; A qui la .théorj.e .. syndicaliste abandonnait la dir~cti~n, en la mettant, en fait, au-dessus des orgamsat~s pro-fessionnelles des masses de la. cLasse ouvnè.re, 10e saurait exister sans prendre une forme. Mais si l'on organise régulièrement cette minorité, capab~e d'initiative, de la classe ourvrière ; si on Ja he enaemtie par une d.iscipline intérieure répondant aux besoins inexorrubles de l'époque .révolution-naire; si on l'arme d'une juste doctrine, d'un pro-gramme, construit scientifiquement, d~ la révolu-tion proléta.rfenne, - on n'obtiendra .rien d'autre que le pe.rti communiste. se trouvant au-dessus de~ synldieats aussi bien que de toutes les autres for-mes du mouvement ouvrier. l'f'.S ·fécondant au point de vue des idées et donnant la direction à tout leur travail;·· · .

    c) .Les syndicats qui groupent les ouvriers d'ap~s .les braillChes de l'industrie ne peuwnt pas devemr ·les organes de la d(lmination .révolutionnaire du ·prolétariat. ···La minorité .possédant l'initiative .{le Parti com-m~istef ne ,peut trouver cet appareil que dans les sOYiet"R embrassant les OUVriers de tous .ces myon~. de toutes. ces branches de l'industrie, de too,tes les professions; et par 1là-~me mettant sur le prr-mier p.lR.Il les intérêts fondamentaux. communs. ·c''esWt....(lit~: sooial-révolutiomiaires. du proléta-riat.• ; ·

    VI .. De 1à viènt une. nécessité de fer de çréer un Pal"tf communiste français 9w doit dissoudre entièrement. en lui-IIlêine aUB~i bum l'aide révolutionnaii'e du Parti soc.taliete ~tnrel que le . détachement révolJu-tionnaire: du .Syndicalisme français. Le Parti doit créer son propre appareil parfaitement autonome, rigoureusement -centralisé, indépendant aussi bien du Parti socialiste actuel que de la C.G.T. et. des syndicats locaux. .

    La situation actuel~·e des communistes françmE& qui représentent une opposition inrtérieure, et, d'un côté, de la CG. T., et, d'un autre cOté, du Parti &o-cia.lisœ transforme le communisme français en une SOI'te. de facteur p.~.·ivé d'autonomi-e, en une sorte de complément négatif des orgœnes. fondiamentaux existants (du Parti et des syndicats) et le prive de la. force combative nécessaire, de da liaison jmmt:-·diate avec les masses et de l'autorité directrice .

    De cette périadle 'Preparatoire, le communiSme franç&s doit sortir à tout prix .

    Le tiDOYOOI de sorti:r est le commencement im-médiat de la construction d'un Parti communiste centralisé et. avant tout, la. création sa.ns retard, dans les centres principaWt du mouvement ou-vrier, de jouma,ux qui, à la QUféreoce des publiœ· tions .hebdomadaires actuelles, eeraient non des organes· d'une critique de l'organisation intérieure et d'une propagande abstraite, mais ·ceux ùe l'agita-tion 'révOJ;u1lionntliire !directe e~ de 4a direc~.ion politique de la lutte ~es masses prolétariennes.

    La création d'uil Parti militünt communiste en France est aujourd'hui une question de vie et de .mort p·our le mouvement révolutionnaire du pro-létar.iat français.

    L. '1'1\0'l'BKY.

  • \

    . BULLETIN COMMUNISTE 13

    r:;mf!lllf!lll~ll!lllllmnnrtmrmununllunmrmrmmrmmmm:mmmmrrrmnmllllll!lllrlntm!:!t!WHumrrrrnmrrmtmnunmnmmultmtunuulllllllltrri•JrrJUJ· · ''''" ~-...:~ .... ~-..:-.......... ,._....._,~ ...... -----.. ....... --...,....,~,...___... ..... ~ ................................ ~,'--''~'~ DOCUMENTS DU MOUVEMENT COMMUNISTE~, INTERNATIONAL

    A lous les membres du P. S. Jrançais A lous les prolétaires conscients de France

    (De la part du Comité exécutif de l'Internationale Communiste) 1 ..... 1

    A une énonne majorité, le dernier Congrès du Pn-rti .Socialiste français a décidé de se retirer de la .2e Inter.nationrule, considérée m.aintenanb par toœ les travailleurs .conscients du monde entier comme U[}Je organisation de trattres. !\fais ce méme Gongrès, p-ar une majorité des deux tiers des voix environ, a repoussé l'adhésion imm(•diate à l'Internationale Communiste et s'est borné, par ~Une t·ésolution à double .sens, à décider d'.entrer en rela-tions avec la ae futernationalle en même temps, d'or-ganiser les partis qui .se -placent entre la ·2-' Interna-tionale et la ae Interna.tionale.

    Deux délégués de la majorité du Congrès, Mar-cel Cachin et Frossard, sont venus en Russie pour entamer des pourparl-ers, conformément à la décision dlJI Congrès précité. Le Comité Exécutif de l'Internationale Communiste, avec 1a parlici-patian de déUtgués d'Italie. d'Angtfit~·rP. d'Am.Pri-q:ue, d\Autriche, de H~rie, de Bulgarie, d'Alle-magne et autres pays, a ronsacré deux séances à l'examen des questions qUI se posaient, par suite de l'a·rrivée de Cachin et de Frossard. De plus, le Comité eentt·al a eu avec les délégués du Parti Socialiste français un certain nombre d'ent.retiens. Nou:s avons reçu les trois rapports écrits, qui sont publiés ern toutes langues, dans la presse .officielle de a"lnternp.tionale Comm.uniste. ·.Nous avons invité les cam.al"ades Frossard e.t Cachin au ~ Congrès mondial de l'Internationale Com-muniste, ·en leur octroyant une· voix consultativ:e. Nous avons entendu Cachin et Frossard dans La Commission du Congrès. Le Comité Exécutif de l'Internationale Communiste considère nature:Lle-ment de son devoir de se comporter de la façon la plus bienveillante à l'égard de toute délégation de p11.rti ou de groupe qui désire rompre avec 1a 28 JnternaUonale et qui a l'intentton d'entrer dans l&Z rangs d-e l'Internationale Communiste.

    Nous sommes reconnaissants a.u Parti Socialiste f.r:ançais de ce que, par l'envoi de ses délégués, il nous a donné la possibilité de nous expliquer avec vous ouvertement, franchement, comme iJ convient à des révolutionnaires. Vous apprendrez par la suite quelle est notre opinion sur la situa-tion en Fran-ce. Notre réponse, nous en sommes

    c~nvain.cus, sera imprimée en France, tue t>t cti~cutée avec la plus \grande. a:ttentioll pat· tou~ les ouv·riers conscients.

    [)eux. circ-onstances constituent pour /nous la. pierre angul.aire de n'Otre appréciation de la si-tuati-on du Parti Socialiste en France :

    1° Le rOle q.ue joue actuellement la bourgeoi-sie française dans le monde ;

    2° La situation inté-rieure du Parti socia.Iiste français.

    La bourgeoisie française rempart de la rêaction mondiale

    La bourgeoisie française, par une série de cir-constances, jooe actuellement, sans contredit I.e rôle le plus réacti-onnaire qui soit dans le mo'nde entier. La bourgeoisie française est devenue le rempart de la réadion mondiale. Le capital imp('-.rialiste fl'ançai-s, aux. yeux de ·l'univers emtier a assumé le r01e de gendarme international. Plus que t,outes les autres, la bourgeoisie française a travaillé à étouffor la Ré_llll.I>Hque sovi.étist.e pr.olé-tarienne en Hongrie. La bourgeoisie française a t?ujour~ jo.ué .et jQ_ue encore le principal rôle da:ns 1 orga.msation de la guerre de brigandage contre la Hussie soviétiste. La bourgeoisie française joue le l'Ole du plus infAme bourreau dans Les Bal-kans. Enfin, 18. bour:geoisie française a assumé la principale cc tAche ,, dans l'étouffement de la révo-lution prolétarienne qui se développe en Allema-gne. C'est elle q.ui a eu le principal rôle dans l'élaboration du traité de Versailles, traité de ra-pine. Elle envoie les troupes nègres occuper te.s villes allemandes. En réalité, elle -est entrée en al-liarrce avec la bourgeGisie allemande contre la classe ouvrière allemande. Il n'est pas de mons-truosité que n'ait commis le gouvernement de ln bourgeoi.sie frança.ise. La révolution mondiale, en son développement, n'a. pas -de plus cruel ennemi que le capitalisme français. .•

    Cela impose aux ouvriers français ct à leur

    1

  • BULLETIN COMMUNISTE

    Parti un devoir internati(}nal très important. L'His-toire a voulu qu'une tâche très noble mais d'une grande responsabilité vous incombe, à vous, pro-létaires françai.s, celle de repousser l'assaut de la bourgeoisie la. plus furieuse et- la. plus follem"nt réac t.ionnaire.

    La sltuatfon du P. S. en France

    Mais le Comité exédutü de l'Internationale ·com .. muniste constate avec. regret - et ici nous aUo·na ·parler du deuxième point des circonstances ind1· quées pl11;s ~aut - qu~ la situation. intérieuoo. du Parti Socialistle flranç:a.Is est dans 1 état le moms favorable à l'acoomplissement de la mission histo-r.ique que la marc·he des événements lui impose.

    L'avant--garde du pr.olétariat français · ser J. st.so-lument d'aocord avec nous si nous di13ons que, pendant les quatre années de ia guerre impérid-liste nulle part le socialisme imPérialiste, nulle part' si ce n'est en Allemagne, le socia1j~.me n'a été ~ussi .bassement trahi que dans vot!:" 11ays J;l.ll'

    · il'ancienne majorité du Parti. La conduite des chefs de c&tte ancienne majo-

    rité : :Ren,audel, Thomas et autres, apr~s le 4 ao'Ot 1914, n'a pas été meilleure que la conl•titP. ignoble et traitresse des Scheidemann et d91 Noske en Allemagne. Ces ,chefs n'ont pas seulem~nt. ,.t~té !}t..s arMts de ~erre, mais encore ils ont mis au ser-vice de 'la bourgeoisie impérialiste toute la. presse et tout l'appareil do. Parti. Ces chefs du Parti ,so-cialiste français ont empoisonné 1' Ame du soLdat !Bt de l'ouvrier. Ils ont aidé la bourgeoi.sie impéria-liste à soulever dans rtout le pays une vague boueu-se d'abject chauvinisme. Ils ont aidé la bour-geoisie à institu-er dans les fabriques e-t les usines -tm régime despotique et à annuler les loiB les .plus modérées pour la défense du travail. lis .ont pris la resp'()nsabilité entière de la tuerie impérialiste. Jls ont pris .place dans le gouvern.emelllt bou.r-geois. Ils ont exécuté les plus méprisabl-es com-missions des meneurs de l'F;ntente. Quand la révo-lutiOill éclhta en Russie, en février 1917, Albert .Thomas, au nom .du Parti français, fut envoyé chez nous par les impérialistes français pour per .. suader les ouvriers et les soldats œu.sses de la nécessité de continuer la !tuerie imp-érialiste. Ainsi, des socialistes français ont .aidé à organiser la l·u.Ue de la garde blanche russe proclamant .la guerre contre la classe ouvrière .et paysanne. Quant à l'ancienne minorité de votre Parti, elle n'a jamais mené contre cette majorité abjecte la lutte de principe, la. lutte vigoureuse et claire, la lutte révolutionnaire qu'elle avait Je devoir de mener. Devenue majorité, elle a persisté jusqn\à ce jour dans une politique équivoque, sans net-teté et sans énerg.ie, tristement opportuniste.

    Albert Thomas, Renaude!, Jouhaux e.t .consorts continuent encore comme à l'heure actuelle à jouer le rOle odieux des valets de la bourgeoisie. Dans vos rane-s, non seulement les social-patriotes avé-rés, mats en-core beaucoup d'autres représentant.s du ,u c.entre , Longuet et ·autres, continuent jus-qu'à présent à affirmer que la guerre impérialiste et de brigandage de 1914-1918 a été pour la Fran-ce une guerre de défense nationale. Votre Par-ti personnifié .par sa. majoTité .centriste n'a pas en-core dit clairement jusqu'ici aux ouvriers de Fran-ce que la récente guerlie mondiale, lto..nt du .côté de la. bour~eoisie allemande que de la bourgeoisie française, lut une guerre de pillage, une .guerre d'assassins, une guerre de brigandage? Les dis-cours prononcés par Longuet, Faure, Pressemane

    ~·"...:.____._ ... "--· ---

    ·et certains nutrrs de vos c'11efs, au Congrès de Strasbourg snr lo dé1ense nationule, ne se difr,··-rencient .guère de ceux des sor.ial-potr.iot.e.s. Nous devons vous le dire .sincèrement camarades, ln situa.ti'()n intérieure du Par.ti socialiste français est pire que celle du Parti indépendant allemand. V.ous êtes en retard, m~me relativement au déve-loppement allemand. Vous n'avez pas encore fait ce que les indépendants allemands ont fait en 1916. Dans votl"e •Parti restent toujours, comme autre-fois, des traltres tels que Albert Thomas, qui n'a pas rbonte d'occuper un haut emploi dans cette Ugue de brigandage qu'est la •Société des Nations. Dans votre Parti se trouvent encore des person-nages comfue Pierre R.enaudel, le serviteur le plUB zélé de la bourgeoisie française. Vous v.oœ comportez encore patiemme.nt à l'égard des tral-tres à la cause ouvrière, reis que Jouhaux et ses adeptes, qui "Ont fait rena1tre maintenant l'inter-natiOnale jaune des syndicats l

    Dans vos rangs, vous supp'()rtez des hommes qui, sur les -ordres des capitalistes de l'Entente, jouent la. comédie· de l'organisation du Burea11 Interna-tional du Travail. Dans votre Parti restent mem-bres, au m~me titre que les autres, des .députés qui ont l'ignorrrlnie de s'abstenir de voter lorsque la. Chambre des députés s'est prononcée sur le banteux et san.già.ht traité de Versailles.

    Reconnaissez, C{l.marades, qu'une telle situation à l'intérieur du ·Par.ti IJ:.:est pas de nature à vous pennettre d'.a.ccomplir la miss~on que l'histoire vou.q a dévolue.

    II n \est pas étonnant, camarades, que, dans de teJle,q conditions, la majorité officielle actuelle du Parti socialiste français, qui se figure être inter--nationaliste et révolutionnaire, mène. en fait une politiq.ue d'hésitati:ons et d'équivoques. ExaminonR les points les plus importants de votre c activité présente ,, : Jo Votre travail parlementaire; 2° Votre presse ; So Vob""e propagande dans 1' ar-mée et dans les villages; 4° Votre attitude à l'égard des syndicats ; 5° Votre manière d'envj. sa.ger :tes actes récents de violence qui oot été 'commis p.a.r le gouv.ernement fr&nÇalS; 6° Vos rapports avec l'aile gauche communiste de votre propre Parti et 7°, votre attitude à l'égard de !"In-ternationale.

    Le Groupe parlementaire I. - Le ·travail parlementaire de v.otre fracticm

    socialiste ·à la Chambre des Déportés continue à ne pas 'être révolutionnaire, ·sooial' .. ste .Prolétariem. Chaqûe député socialiste .agit à sa. guise. La frac-tion parlementair-e en entier n'obéit pas au Parti et exécute ses d-écisions uniquement quand elles lud plaisent. Elle ne sert pas de :porte-voix: aux masses proMtariennes qui brOient d'indignation contre la lAche conduite de la bourgeoisie fran-çaise et elle ne lui rend aucun compte de ses actes, Elle ne dénonce pas les ci·imes du gouvernement franç.a.is. Elle ne fai-t pas de propagande parmti la masse innombrable des anciens combattants. Elle me se donne pas pour tàc1le de montrer aux: masses laborieuses de France le caractère scél~il'at de la. tuerie impérialiste qui vient de finir. ELle klJe se préoccupe pas d~ l'am1enrent dJu proléta.ria.t.

    .En un mot, non seulement elLe ne prépare pas la révol.ution prolétnrienne, mms encore, par tous Les moyens, eUe la sabote. Un grand nombre de vos députés orestent, comme auparavant, non pas des lutteurs politiques ae la classe ouvrière, mais des politiciens. P:ar leur conduite, i1s provoquent chez les masses o0uvrières de France, de la réJ!ulsf()n pour tout travail parlementaire, amenant ainsi de

  • BULLI!~TIN COMMUNISTE 15

    l'eo.u au moulin anarchiste. Par son opportunism-e, votre fraction parlementait·e ue fait que noun.i1· et fortifier les erreurs et les préjugés. de l'anar-chi.sme.

    La conduite de vos députés engendre chez le~ masses prolétariennes le mépris des parlementai-res intrigants, hommes qui se disent socialistes et Q'Ui, elnl fait, sont 1es amis des pires advocsaü·es de la classe ·ouVrière.

    La Presse et la propagande II. -Vos quotidiens, et en premiè;~:e ligne l'Hu-

    manité et le Populaire ne sont pas des feuilles pro-létariennes ·révolutfonnai;res. Noœ n'y voyous pas une propagande suivie, systématique en faveur de l'idée de la révolurtlon_prolétari.enne. Tout au plus y trouve-t-on quelques mots secs, sur la dictature du proU'ftariat. Mais ces mots da.ns vytre littéra-t.u.re de pi'opagand-e journalière restent .. sans vie et sans âme. Vos organes ·ressemblent souvent, com-me deux gouttes d'.eau, à eeux de la bourgeoisie française. Vous y réservez la place principale aull bagatelles parleiDMtaires et nnx petits événe-ments .de la vie du monâe bourgeois. Vos orga-nes ne savent pas et ne v-eulent pas être les vérita-bles pori~pa.role de la cplère révolutionnaire des masses prolétariennes en eff.ervescence. Vos orga-nes ne décrivent pas les misères nées de la guerre et que ~upporten;t ~les les masses travailleuses de la France. Vos .organes se bornent à des pro·

    · testations sèches, pédantes, platoniques ; votre ()r .. gane de propagande panni les paysans a été aban .. donn-é par .vous . aux mains·· de Compère-Morel le social-patriote bien connu. Il est indispensable que vous renonciez à l'inndmissible méthode de représentation proportionnelle qui ouvre les o.rgn .. nes· de votre presse aux: articles empoisonnés des Henaudel et Ct•.

    III. - Il faut en dire autant de votre propagan-de parmi les ;paysans et les solclnts. Ou cette pro-pagande n'existe p.as, ou elle n'a qu'un caractère essentiellement oréformiste (le journal que vous avez créé pour les paysans -le seul qui existe -vous en avez confié la direction au social-trattre Compère-Morei). Où et quand votre Parti a-t-il expliqué aux solld!ats français leur devo:ilr revolU-tionnaire de p-rolétariat ? Autant que nous le sa-chions, nulle part •et jamais. Les forces de la réa1c. tian en France sont telles que les socialistes e.n France ne peuvent pas le ·faire légalement, le de-'IJnir de tout j.ozzrnal prolétarien conscient co,nsis .. te cl com.pléter la propagande clandestine et à. remplir ainsi son devoir envers la classe ouvrière de son pays et envers les prolétaires du monde entie~ ·

    Le Parti et les Syndicats 1V. - Votre attitude 'envers les .syndi'}B.'S est

    tout à fait équivoque. Non seulement vous ne menez pas une llntte sy.stématique contre ~es Jdées soci~lpatrio~ Id/es dhefs de la QmfédératiOn Générale au Tr:avail, ·mais vous les sout.enez. Qüand Jouh.nnx et aa .aident la bourgeoisie à reconstituer, à Ams-terdam, l'Intennntionale jaune des syndics ts, qmmd œ lll(ême .ToUihaUiX, avec Albert Thomas. se rendent à la !Conférence. I•Illternationale du Trav.ail, orga-nisée par les impérialistes, qua.nd les lea.der·s de ,~a Corufédëration fon)t. perfidemenb échouer la grève du 21 j!Uillet 1919. vous ne déc'lalriez pas la gLl.~·t'rf', vo·ts n'atrracbez pas le masque à œs infAm.es t.rnh·•':s. vous ne le.s clouez pas nu pUori devant la France entièi'C. Non. vous continuez la cc collaboration n avec eux. Toub a111 plus vous arrive-t-il de les gour-mander, mais vous ne luttez pas contre .eux. Vous ne · VlJClant Jes prolétaires allemands à défenf(ire la ré-publique avec Noskie et Scheidemann. Ou VOUIS tai. sez son existence, ou vous menez contre elle une sorte d'ogilation. Dans le r&ppoprt qui nous a été remis à Moscou par votll"e représentarn;t Frossard, vous continuez ~encore à expliquer votre non-adhé-sion -à la 38 Internationale par le fait que les pa.rtis les plu.s forts de l'·EUJrope occidentale n'y sont pas' encore entrés. Mais, vous ne devez pas oublier ·que s1 par " lies plus forts partis ,,, de l'Europe oc.ci-d~ntale, vous entendez les partis contaminés par le social-patriotisme, nous vous ré;pon:dtm!s que nous n'en n'avons pas :be·soin et que nous ne les accep-terons jamuis dans les ~rangs de l'lntennntionalc Commwliste. Mais les partis vramnent révolution .. naires d~Europe et d'Amérique sont dans nos rangs. L'Internationale Communiste est une force si gr.ande que, poUII" certains socialistes, e~e est de-ven'Ule une mode. Quelques partisans du " centre ,, commencent à .se nommer communistes et suppo-sent qu'on peut entrer dans la 38 IntP,rpatinnal·e en

  • 16 Bl!LLETIN COlvfMUNISTE

    ('urtlinuunt IClle Inener en fait la politique m.i-réfor-Htiste d'autr.efois. Ceci, l'Internationale. Communiste ne peut l'admetbre. Nous ne pe.mnettoolls. ·pDIS de mettre de l'eoo dans notre vin :révolUJtionnaire. L 'InternationaJle Communiste doit rester l'associa-tion intennlationale de combat des ouvriers commu-niste·s. ·

    Les Syndicats français Nous allons passer à .présent aux quœtions que

    votre représentant Frossard nous a posées da.lls son premier rapport écrit.

    Ce rapport, t"'.atœ autres Choses, nous demande queUe est notre attitude à l'égard des syndicats fr.ançalis. Cette question est très importante et il est :ri.écessaire de s'y at·rêter.

    Pa:r nPtS tllèses et par d'au.tœs documents offl.-ciel.g de l'Inte:rnationale Communiste, vous ,:~avez q·ue nous sommes résolument opposés à quelques communistes de cc gauche , .qui proposent de' sOI'-t.i.t• sans comlbat des syndicats réactionnaires et de leur opposer l'organisation d:e nouvelles umons ·ou-vrières.

    Gast notre panSée, n.on seud.ement en ce q.ui concerne les syndicats soci-al-démocrates jaunes J~ien et consorts, ma.is aussi à l'égard des syn· dioo.ts :firançais à la tête desquels sont Jouhaux et consorts. Nous sommes contre la. SO"rtie des révo-lutionnaires et des communistes des s~ndioots, même .si ces derniers ont ·encore le rilalheur de suivre Legien et Jouhaux. ·

    Les révoluti001œires et les communistes doi-vent être là où sont 1$ masses ouvrières. Les Communistes rus~ ont été pendant longttemps en minorité dans le·s organisatiaDIS professiOnnel-les, mais ils p.nt su lutter pour leu:rrs idées au sain des organi&ati4:>ns ouvrièi'es même purement l"·éactionnaires.

    Nous demo.ndOO$ à nos partisans en Fmnce de ne pas abandonner des rangs ldies syndicats en aucun cas. Au contraire, s'ils veulent accomplir leur devoir devant l'IJrutern.a.tionale Communiste, ils sont obligés d'int-ensifi.er leur travail au sem des syndiœts jaunes professionnels. La 2" Inter-nationale. qui était UJQle organisation politique, est tombée comme un ehà.teau de cartes. La nouvelle Internationale d'Amsterdam, celle des syllldicats jaunes, est en œ moment plus dangereuse et pL\$ nuis.i.ble pour la Œ"évolutlŒlj mondia.lle qu.e la Société des Nations. IPar l'intermédiaire de Le.. f:{len, de Gompers et de· Joulhlwx, .la bourgoolsie tente de fai:re de rinternationale d'Amsterdam le mêlme instrument de ses buts qu'ont été pendant la guerre les partis socialistes du •monde en-tier.

    Ceci nous impose, à nous Communistes, l'obli-~ation de fixer davantage noflre attention sur le mo~v.ement syndicaliste. tNou.s devons, coû.te que ooO.te, arracher ces syndicats des mains des ca.· pitalist~s et des spcia.l-tratt'I'es. Et ·pour cela, n.ou.s devons être dans ces syn~icats : jp()lllr cela nous devons y envoyer .nos meilleures forees.

    Nos .partisans ~l"esteront dans les syndicats, mais ils n'y agiront pas comme des éléments épars:

    L'action communiste Intérieure Dans chaque syntiiœt, dans chaque section de

    syndicat, nous devons. organise.r un groupe en un petit groupement communiste. Sur le terro.in de la Lutte quot.lidienne, !Ilou.s devons démasquer les Jouhaux grands et ·petits. Nous devons oovrir les yeux ldJe tous les membres du syndieat. NoUJS de-vons ex:pulscr des syndicats l-es leaders S.Ocial-pa-tl'iot.es. Nous devons, J.'n.r une l·ullte longue et per-

    sévénm~, .arracher syndicat après syndicat à l'i:n-fluence des soc.ial-tra.ltres et des syndicats jau-nes du type Jouhaux. Pat· une longue action., !c.s 1bolclleviks rrœses ont su a.ooompllr cette tâche. A la veilJe de la. revolution d'octobre, :iils étaient encore en mioorité dans les syndicats. Ayant pris le pouvoir, ayant donné aux travailleurs cons-cients de nouveaux moyens de propagande., les bo1cheviks russes ont pu, bientôt après la. révolu .. tion, conquérir l'étOOrme majorité dans les syn-dicats. C'est .cette voie que doivent ·suivre le.s Commurustes et les Révolutionnaires dans ile mon-de enti~r. . Si, dans son rapport de Moscou, Frossard dé-clare · u La Confédération Génétrale du Travail rœ fera. :Pas la révolution sans nous (le 'Parti), nous ne la ferons pas sans eux (les syndicats). Jt Cet.te p:hrase est pour le moins insuf1isamment cl&ilt··c. n qollj· ~st unpossible de fail'\e la révolution avec ceux qud. ne veulent pas. Vou.s ne ferez pas la révtilution prolétarienne avec ces messieul's Jou-ha.ux, qui ont donné toutes leurs ·pensées, toua leurs efforts, pour faire .échouer la révolution pro-léta-rienne. VOIUS' aa ferez ·e.n dépit. de Jou.ha'UIX et OOlli-tre Eud, de même qu'en dépit e• contre Albert Thomas ~t IPjerre · Renauldel. Si vous puri-fiez le Parti de l'opportunisme, si vos députés au Parle-ment se mettent à fait·e de la propagande com-muniste, si voqs expulsez les i&m.es des rangs de votre Parti, si, en UQl .mot, vous dev.enc.z Coln-munistes" les travailleurs non o.rganisés. tout aussi bien que les membres des syndicats, marcheront avec vous contre Jouhaux; plus vite vous wioorez les ·préjugés du syndicalisme pLus vite vous vous débarrasserez de l'opportunisme.

    Les sylllKliœts rouges ont commencé à s'orga-niser dans une série de pays. Sur l'initiative du Comité Exécutif de l'Internationate Communiste, les sy.ndi.cats, les Confédérations du Travail d'Ha·· lie, de Hussie et les syndicats de gauche d'Angle-terre, Oillt fondé une Triple-Alliance qui conv.oq·uc. l'a pour aoll.t ou septembre un Congrès intt:.&'-national de synd:ioo.ts r.oug.es, en oppos1tion à J'In-ternationa.l·e d'Amsterdam des syndicats jaune8. Soutenez cet]e entreprise en France. Obtenez que vos syndicats s'a.ssoc.ient à l'lntet·nationale lles syndicats fl'o~es et ll'OIDpent, une fois pou.r toutes, avec les syildiœts jaunes. TeHe doit êh·e, eu F:rance, la ~Ache des vrais .révolutiolllill8.ires.

    La question des exclusions Frossard nous demande, dans son· rapport, sur

    un ton de demi-reproche., ai DOUIS continuons à demander d'eXJClure d.u Po.·rti œt1.uilnes personnes déterminées.

    Ce.tte question a sans dorute une gronde im'}lOr-tanoe. mais elle n't:st pas l'unique facteur qui dé-cide de notre attitude envers v.o.us. Oui, noœ vous le disons ouve.rtemetnJt. vous êtes des retatxl!atai-res, mêr:ne par comparaison avec les Indé-pendants alLemands. Tandis qoo les Inklépenda.nts aaaemands ont enfitQj posé la question de l'exclusion de Kalllts-ky, et, par suite, des Ka.utsk!istes, vous donnez droit de eilié dans votre lParti à Albert Thomas, Renaude!, c'est-à-dire aux Noske et aux Sche.i.-demann français. Oui, nous vous le déclarons ca-tégoriquement : ma'lgré ~·a lutte menée pBJr Loo.. guet en faveur de la Révolution :I'IUISse et maJ.gré son adhésion en paroles à la dictature du prolé-tariat, la position doctrinale et l'action générale de Longuet dans la presse et a.u Parlement ressenl-ble comme deux gouttes d'eau à la propagande d~ Kautsky E!!ll Allel'llJagne. Oud, il faudra romp1·H avec toute une série de vos ehefs de droite, gan-grenés jusqu'à la moone par le réformisme.

    Mais la question princ~.pale n'est '"*s cellle de

  • BULLETIN COMMUNISTE 17

    l'exclusion de certaines personnes, c'est la ques-tion de la rupture avec la tradition réform1.stt~.· l.'lnt.erna.tion.ule Comm·wliste ne vous_dl~mnn~ _pa~:~ de " faire , immédiatement la révolnt10n so.viétlste. Ceux q.ui présentent à. vos yeux sous. ce J01;bl' les exil:{ences de ·l'Inte:mat10nale Commumste. denatu-rent la vérité.

    Nous ne r,éclamons qu'une dhose :c'est qœ dans votre travail quotidien, d·ans la presse, dans le:-syndicats, au lP~;'rlement, d~s les réuniOID'~ pubh-qu.es, vous fassiez systématiquement, contmUJelle., mem, une propagande t;tonnète ef.. franche ~n fa-veur de l'idlée de la dictatllii'e du prolétanat et du Commlinlisme, c'est ~e vous déblayiez la y~ie à la révolution prolétar1enne, qœ . vous ~utb~z honnêtement contre 1es idées b()'UII1Iemses réfomuN-tes. ·

    Les conditions d'adhê,ion

    Pour conclure, nous a:Uons fomni.Ie~ quelques points précis qui nous· semblent essentiels et sut' lesq.uals nous attœ.-.drons de vous. une .réponse clmre et .précise. Nous

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    18 BULLETIN COMMUNISTE

    La Dictature du Prolétariat .. ,. ... Le . con::;ervalisme de l'idéologie, de la théorie,

    de.s principes, la lenteur de leur ad01ptation au courant oopide ldle 1a vie, leur retard COIIl·tinuel à l'é·gard des nouvelles et changeantes formes de la ·lutte, ont~ été lnoté's •plus d'lune fOiis .par. 1~ nmrxisme. Dans la lutte pouli" le Commumsme, 1l I•nus ar1·ive continuellement de nous heurter con-tre le fait ùe· constater combien grande est en-f~Ol'e ln ù('f_pcnrdmnce servile de l'ancienne idt'~ologie . même ('lhez les meilleurs hommes du mouvement ouvrier contemporain, en tant que c.es hommes ont été élev·és dans l'atmosphère de l'Em·Qpt! d' a.vant~n.e.rre.

    Ce conservatisme de la pensée se manifesie de la façon la pLus éclatante quanld on aborde la qœstiori de la dictature. Il a.pparatt que six an-nées de ~uerre et de révolutiOn (1914-1920) au,. raient d'Il éclaircir cette question définitivement, de tous les côtés, dans la pratique·, par les faits de la vie qootidienne des masses., et pourtant mêm.e dans ie milieu de camarades, acLhiérant d'une manière ou d'une autre à la 38 Internatio-nale, on entemd plus d'une fois la question : u Qu'est-ce que la dictature du prolétariat ? ,, " Le moUtvemcnt onv.rier ne ·pou.r~·ait-il p.ns atte.indro son but sans ln. dictnture ? n cc \Pourquoi la dicta-turc est-eUe inévitable ? ,, J'ai entendu poser c·es questions non seulement :par ln. délégation des t.m.de-unionistes anglais, mais aussi par certains nwmbres de la délégation des socialistes italiens.

    Qnand on entellld ·ces .questions, ll vjenfl invo-lontairement à l'esprit, que ceux q.ui les posent ont dormi Jlendant toute une période histot'iquc, el. avmn.t tout ·pendant la guerre mondiale de 191·1~1918. Car ces années ont été un modèle de l'1{•,poque de La dictature et les· may·ens de faire la Wierre ont été un modèle de l'application des méthodes td:ictatoriales pour goorverner un Etat.

    D.u point de vue de l'administration de r.Etat, la guerre impérialiste avait pour. but de réunir ct de mettre sous ume direction uniqué, des mil-lions d'hommes, d'assurer leurr entretien et leull" tr.u.nsport, et d'o'bUger ces millions d~hommes d'exé-euter des ttlclles définies. Ces tâches étaient étran-gèrP.s à ces mtllions ld·'hornmes et étai.ent ratto. .. c~hées, pour chacunt d'eux en ;particuŒier, et pour tous eœemble à des souff.ranoes inoW:es, à des pri-vations et a.u ·risque die l'&n'éantissement. Comment donc les .gouvernem·ents de l'Europe, de l'Amé-rique et de l'Asie ont-iŒs réalisé cette tàdhe 'l Par quelles méthodes ont-ils assuré le rassemble-ment, l'approvisionnement, le tra.nsport, la d~ec .. .Uon da ces millions d'bommes ? Pa.r quelles métho-des sont-Us arrivés à c~ que toute la vie politique, éoonomique, sociale de 1' Etat devint adaptée ·à ser-vir les iàches posées par les gouvernements "f Est-ce po..r la voie de la d!émocratie ? Ou par celle du parlementarisme ? Ou :par la ·realisation de ln. souveraineté '' du pelllple 1, 'l

    La souveraineté du .peuple, la démocratie, d'Etat, le Jk'U'lementarisme ne sa.uraient, même au voint de vue de leurs défenseuœ hypocrites op.partenant à la bourgeoisie, ne !PflS SigJnifier la délibération et la sollltion au moins des questions les plus importantes de la vie politique et soc.iale •par les citoyens cc libres ill et (( égam.x n devant la lof.

    Et pourtarut, aujollli'Id~Ilui, le ~paysan le plus .inculte fln rplus arriéré dies pays entratnés dans la guerre, sait que l'administration de l'Etat poo!da.nt Ie.s an·

    nées 10B-1!}18 ne fut, aussi bien dans son ensem-ble que dans chaque particularité-, qu'une néga· Hoo éclatante, simple, élémentaire de cette thèse de ln. démocratie :bourgeoise. La démocratie, les purlemCIIlis, les .élections, la liberté de la presse rcstulent -- en tant qu'ils existaient. en général -un sJ.mple paravent : en fait, tous les Etats en-tra.tnés dans La gue-rre, (·'est-ù-ùire ('eux. du mond.e entier, éto.Jent gQuYerné~ par ies méthodes de la dictature Iaqueli1e a cxploitt.., q.uand cela ·était dans son intérêt ct commode, et les élections, et les parlements, et ln pt·esse.

    Il fa,udrait être un aveugle stupide, ou bien llllt trompeur des masses pour ne pas voir, on pour dissimul·el' cc fait fondamental : les ~tuts boW"geois de l'Europe, de l'Asie et de l'Amérï.que~ pendant la période la plus critiqt11e de leur his-toire,, au al?Omantt de La. lutte J>OUr leur existeOC7, se defendment non par Ja vme de la diémocratle et du ,parlomentarisme, mais par celle d.w passoge ouvert aux métbodes de la dictature.

    C'était la dictature des états-majors du col'jps d'officiers et de la lourde industrie, à qui appat·· tenait non seulement dans son essence. mais aussi dans sa forme le pouvoir dalr\"s l'armée et• duns le pay's, qu1 d'isposaient non seuJement de lo. vie, mais aussi de la :propriété de tout J.;e pay& et ldle chaque citoyen v1vant ou qu'il soit encore à na.ttre. Les BID!PrUillits mih·taires et les dettes de MM. Romonoff, Hohenzollern, Clt~m.enceau et Lloyd George ont été ca.Iculés en v1w de ln. vie et· du travail des g-éné1·atï.ons à veni1·. Jlendant plu.siewrs années s'est dt'~Yeloppë, à Jn. 1':.11·•~ de l'huma.ui~ entière, un tableau de La prati

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    BULLETIN COMMUNISTE 11

    La dictature du prolétariat appa.ratt s~ les programmes des .partis socialistes pas plus. tarcl que dans les années 70 au XlXe siècle. Cepen-dant, panda.nt tpute la période de la 2e Interna-tionale elle n'est jamais, en aucun cas, d'evenue un problème pratique d'actuaJité et n'a ~ttiré l'attention ni des praticiens, ni des théori-ciens du mouv·ement ouvrier. Ce n'.est que lorsque, dans l-es années ·1914-1918, A travers le voile ldre la. démocratie, du parlementarisme et des libertés politiques se mon~rërent cl~irement les ~raits de ~a dictulure bourgemse, que l1dée de la dictature du proléta:rio.t est devenue une foree réelle. Elle est devenue cette force parce qrue - sel-oll' l'exprASl· siqnJ de Marx - elle a conquds les masses des prolétai.res. Dans le programme du Parti Socinl-Démocr.u.lA russe de 1903, programme qui .lll'e voulait êt.ro qu'ooe expression exacte et corrigée du program-me des Parti.s Social-Démocrates ,formés aupn-rnvant et q.ui comprenait alorf! en 1903, les bol .. cllevilts et les mencheviks, J'jdée de la dlctatu1·e dlll rprolétariat est exprimée oomme suit • " La condition indispensable de la .révolution sociale est la dictature du .::prolétariat~ c'est--à-dirA la conq.uéte, par le proléta.nat, d'·un ppuvoi_r poU-tique qui lui permette d'.étouffer toute résiStunce

    des e:xtploiteurs. " Cette défmltion est entree en entier dans le programme du Parti Colllmuniste r.usse. Les auteurs du programme de 1003 ne pouva.ieut nullement pl"é.voir les conditions réelles dans hls· fJucUes le prolétariat de tel ou tel pays serait obligé de prendte le pouvoir du111s ses muins. CerlaJ/Iw· m-eut, ils n'ont pas même essayé, alors, de déll·

    IlÏil' duns que1le nresure la ld[ctature du proléta· riu.t serait Uée à lu construction d'u1n1e armée pro-létarienne (rouge), avec 1a pratique de la terreur, uvee la limitation des libertés polittques. Ils de· vaient souligner et ont soud.igné, non ces élé-mt';Jlts chul'geant.s de la lillctuture du proJétaxtat, diffc-l·ep.ts dans différents pu.ys, muis son tt•ait fondn.-rnentad. et i.nv.ariable, Obligato·io:e pour n'importe quel pays et pour r. 'importe •queJJ.es

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    20 9t.;LLETIN COMMUNISTE

    ces méthodes de lutte, s'étant convuinc.u de leur iw·~,, Habilité.

    Le passage on- cette Vendée .russe - prend de grundes proportions, sous la condUJite du géné1·a1 h.rasnov. Parallèlement à œla s'opère la concentration de toute l'attention et de toute l'énergie de la classe ouvrière sur les lp'l'Oblèmes de la guecre, et l'état des Soviet~ se ~sforme en u.n camp du prol·étariat a.nné.

    Telle est l'expérience du prolétariat russe. Au .. joW'd';hui, npus connaissons l'e:x,périence de la lutte de classes pour nm état prolétarien en Finlande, eil\ Hongrie et en Allemagne. La principale différen-ce entre l'expérience .de la Hongrie, de iLa Fin-lande et de l' Alllemagne et J'expérience russe consiste en ceci que la bourgeoisie de ces pruys, ainsi qu'il fallait s'y attendre, s'est montrée beau-

    coUriJ plus orgunh;t:e, mlle et cupa.ble de t:om.J.mltn:~ que la H.ussie bourgeoise. La période de sa sm·-prise fut beaucoup plus coUrJ:te ; elle s'est Lruus-formée plus rapidement et plus énergiquement en contre-offeusive à l'égard du prolétariat, et pur cela m'ème a raœourci la période des illusions du prolétariat lui-même sur le caractère de su. dictature. L'expérience faite par les prolétaires de Hœsie, de Finlande, de Hongrie et d'Allemagpe nous perunet d'établir une certaine loi empirique du dévelopP.emoort de la dictature du prolétarmt. Cette loli peut ébre furmUJlée à peu près de la fa.çon suivante : Le fait de la conquête par le proléta-riat du pouvoir politique cenkal ne termine tnna.le-ment la lutte ·pour oe pouvoir, II)...is sert unique-ment de commencement à une période nouvelle et la plU§ exaspérée de 1a lutte entre le prolé-tariat et la .bour.geoisie. Aprè::; l.a premirer cou.p de la révolution prolétarienne et la. prise par e.llu de l'appareil centJ:ul du pouvoü·, lu bourgeoisie a inévitablement besoin d'un certain ben1ps pom· la .mobilisat