1 avril 2019 compte rendu du cce du 18 avril 2019 · pour faire simple, on sacralise le nucléaire...
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Avril 2019 - Compte rendu du CCE du 18 avril 2019
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La presse révèle le projet de
réorganisation du Groupe EDF
Pour faire simple, on sacralise le nucléaire dans le do-
maine public (et un peu d’hydraulique). Ne prenons pas
cette promotion de l’entreprise nationalisée pour un
cadeau des méchants libéraux : cette
« renationalisation » se fera en contrepartie de l’ouver-
ture du Capital d’ENEDIS. Cela revient à offrir à des
investisseurs privés la rente et les profits du régulé.
Lire la suite p2
CCE DU 18 AVRIL 2019
DECLARATION LIMINAIRE
Le caractère préoccupant de la situation d’ENEDIS
a été confirmé par le Tribunal de Grande Instance. Il
appartient au Conseil de Surveillance d’en tirer les
enseignements. C’est de sa responsabilité !
ENEDIS doit rompre avec les objectifs financiers de
court terme pour s’inscrire dans un vrai projet
industriel. Cela interroge sur la crédibilité du dossier
de cette séance, ENEDIS 2035 : comment peut-on
espérer envisager l’avenir si on n’est déjà pas
capable de gérer le présent ?
Lire l’extrait de la déclaration p3
ENEDIS 2035… On n’en voit
pas le bout !
Les élus du Collectif CGT du CCE exigent la mise
en place d’un vrai projet industriel pour ENEDIS, en
cohérence avec nos missions de service public et
exemplaire sur le plan social et industriel.
Lire la suite p4
Pour faire simple, on sacralise le nucléaire dans le domaine pu-
blic (et un peu d’hydraulique).
Ne prenons quand même pas cette promotion de l’entreprise
nationalisée pour un cadeau des méchants libéraux : au vu de la
situation financière d’EDF, des difficultés de la filière nucléaire (voire
les déboires de l’EPR) et des besoins énormes d’investissements liés
à l’entretien, au renouvellement du parc existant et à la déconstruction
future…On applique la maxime « socialisons les pertes » (et là
rajoutons les risques) et privatisons les profits.
En effet, cette « renationalisation » dont les conditions et le coût
pour la collectivité restent obscurs à ce jour se fera en contrepar-
tie de l’ouverture du Capital d’ENEDIS (entre autres filiales). Cela
revient à offrir à des investisseurs privés la rente et les profits du
régulé. Une activité très rémunératrice, et sans risque puisqu’assise
sur le paiement de la facture par les fran-
çais ! Rappelons pour mémoire qu’ENEDIS
est la principale contributrice aux résultats
du Groupe…
On se demande comment les proprié-
taires des réseaux, c'est-à-dire les col-
lectivités locales, vont réagir au moment
où se renégocient les contrats de
concessions ? Tiens, on serait eux, on
exigerait que nos actifs soient valorisés en
échange du capital d’ENEDIS. Paf, ENEDIS
resterait publique ! Un beau pied de nez aux
fonds d’investissements déjà à l’affut ! Mais
nous ne sommes pas certains que cette
idée les traverse, contrairement à celle d’un
retour en Régie qui fait déjà fantasmer
certaines Métropoles.
En attendant, ce projet « herculéen »
valide l’ouverture totale du marché et
l’explosion définitive du modèle français.
Ce n’est pas une bonne nouvelle tant les
impératifs des marchés sont contradictoires
avec l’égalité de traitement des usagers, la péréquation tarifaire, la
recherche d’un équilibre des territoires...
C’est à se demander si la politique menée depuis 2017 par les
dirigeants d’ENEDIS n’avait pas pour unique objectif de préparer le
terrain…Il suffit de lire le dossier « ENEDIS 2035 » à l’ordre du jour du
CCE pour avoir un (énorme) doute.
Sur ce dossier « Hercule », unanimité syndicale ! Après la parution
dans la presse, chaque organisation (sauf la CFDT, ou alors on
l’a raté…) s’est fendu d’une communication au personnel.
Le style est différent selon la chapelle mais le fond est le même, si on
prend le temps de lire entre les lignes :
1. On n’est pas au courant ! On apprend l’info dans la presse et
on n’a jamais discuté de rien avec personne.
2. Renationaliser le nucléaire c’est bien quand même.
3. C’est triste pour les autres, en particulier pour ENEDIS, mais bon,
faites l’effort de leur laisser le Statut.
Voilà un effort qui ne coûtera d’ailleurs pas très cher aux employeurs
vu qu’il n’y a déjà plus grand chose dans le Statut…Sauf sur les
retraites et le tarif agent. Mais là, sur ces sujets…demain…Bon,
personne ne discute là-dessus non plus… !?
Nous qui sommes au fait des pratiques syndicales des appareils
nationaux, nous pouvons affirmer qu’on vous raconte des
carabistouilles ! Jamais on n’a vu un tel sujet arriver sur la table
sans des discussions préalables, au moins en Off.
Bref, les appareils syndicaux nationaux
négocient en toute opacité. Les
salariés d’ENEDIS apprécieront d’être
sacrifiés pour préserver le nucléaire. A
vendre son âme pour un plat de
lentilles, on est rarement bien payé.
Pour donner le change, côté FNME-
CGT au moins, vous aurez droit à
quelques appels à la lutte en agitant
quelques objets dialectiques, puis le
constat d’un échec porté aux débits de
syndicats qui n’auront pas su mobiliser…
Et fin de l’histoire.
Avec un peu de culot (et ça les autres
syndicats n’en manqueront pas) on
criera victoire sur la renationalisation et
le maintien arraché de haute lutte du
Statut pour les salariés (partiel puisque le
Statut pourrait ne plus concerner les
nouveaux embauchés).
Alors que faut-il faire face à ces constats désespérants ? La solu-
tion passe d’abord par la transparence de la part de ceux qui sont
censés représenter les salariés. De la lucidité, du courage, et une
capacité à trouver de réelles alternatives à négocier. Bref, recons-
truire une légitimité et une crédibilité suffisantes pour établir un
rapport de force permettant d’influer sur les dossiers. On l’a
connu à ENEDIS jusque 2018…
C’est donc possible ! Reconstruisons !
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Ils ont osé le dire...Avec honnêteté ! La CFDT : « On
ne découvre rien, nous étions tous bien au courant
depuis un an »
Le caractère préoccupant de la situation d’ENEDIS a été
confirmé par le Tribunal de Grande Instance. Il appartient au
Conseil de Surveillance d’en tirer les enseignements. C’est de
sa responsabilité !
ENEDIS doit rompre avec les objectifs financiers de court
terme pour s’inscrire dans un vrai projet industriel. Cela
interroge sur la crédibilité du dossier de cette séance, ENEDIS
2035 : comment peut-on espérer envisager l’avenir si on n’est
déjà pas capable de gérer le présent ?
Retranscrivons simplement les paroles de salariés ins-
crits dans les groupes de travail mis en place sur
l’astreinte :
« Nos avis ne sont pas pris en compte. En réalité, la Direction
nous impose ses choix via un cabinet chargé d’animer la
réunion. Manifestement les décisions sont déjà actées. C’est
une parodie de consultation. Les accords précédents ne sont
déjà pas appliqués. Ce n’est pas à nous d’assumer les
conséquences des choix du Président de l’entreprise.
Nous ne sommes pas considérés. Au plan salarial, c’est
insuffisant et il n’y a pas d’équité ».
Les salariés ont bien compris que les décisions prises depuis
2017 dégradent l’exercice de leurs métiers et la qualité de
service : ENEDIS cherche à dégager du cash. Cela se traduit
par une recherche d’économies dans tous les domaines, un
abandon progressif des territoires les plus fragiles, à rebours
de tous les discours d’ENEDIS, une recherche d’externalisa-
tion massive pour compenser le manque de moyens.
Par exemple, sur l’astreinte, des tentatives d’externalisation
ont déjà eu lieu et nous savons que des appels d’offres ont été
lancés : c’est seulement parce qu’ils sont revenus infructueux
que l’externalisation n’est pas d’actualité…Comme quoi,
l’Agora, ça sert et ça marche…
Bref, la Direction tient un double discours, ne tire pas les
enseignements de l’expérience et refuse de constater l’échec
de plusieurs réorganisations, en particulier en exploitation.
Certaines battent de l’aile car la mise en œuvre n’est pas
maîtrisée ou le dossier est dévoyé, comme pour
Convergence. D’autres ont été définies sur une base théo-
rique démentie par l’usage, comme pour les CPA. La suite ne
s’annonce pas mieux, comme pour les BEX… Avec les
salariés en bout de chaînes qui payent les pots cassés. Les
salariés n’ont donc plus confiance et ils ont raison.
On ne réglera pas les questions de proximités et les relations
dans les territoires ruraux en passant des conventions avec La
Poste pour réaliser des contrôles de chantiers pendant et post
travaux. On ne règlera pas non plus l’absence de résilience de
notre réseau BT par du numérique. Les nouvelles technolo-
gies n’ont pas vocation à gérer la pénurie ou des carences
structurelles.
On trouvera par contre un début de solution dans les propos
des salariés : « Nous voulons que les accords soient
respectés. Il faut remettre de la cohérence dans les services.
Le hiérarchique de proximité reste le plus apte a priori pour
gérer ses équipes ».
Ce que demandent les salariés sur le terrain c’est de la cohé-
rence et pas de la subsidiarité. C’est de la proximité pour
répondre aux attentes des usagers. Ce sont des moyens
adaptés aux besoins. C’est que l’entreprise utilise les
nouvelles technologies pour améliorer les conditions de travail
et la qualité de service. C’est qu’ENEDIS profite des nouveaux
outils numériques pour déconcentrer les effectifs.
C’est le projet stratégique du collectif des élus CGT au
CCE ENEDIS ! C’est une alternative crédible et
enthousiasmante pour l’entreprise et ses salariés !
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Le projet industriel 2035 ne tient aucun compte de la nécessité
de réinterroger les orientations de l’entreprise au regard des
éléments objectifs révélés par le droit d’alerte économique et
social lancé par le CCE.
Le message de la Direction est simple : « notre bilan est
positif, et on va faire plus et mieux demain ». Les risques sont
bien identifiés et couverts. L’avenir s’annonce radieux.
Finalement ce n’est pas un projet industriel, mais une déclara-
tion de bonnes intentions de portée générale !
L’axe majeur de la direction serait de produire une qualité de fourni-
ture au meilleur niveau. Le contraire aurait été surprenant.
Au moins la direction reconnait que la question de la BT est
centrale pour concrétiser son objectif. Ouf, il était temps ! Lors du
dernier CCE, on nous annonçait une concertation sur cette
question…Celle-ci ne semble plus d’actualité…
Mais, le problème, c’est que ce tableau idyllique est très
éloigné de la réalité : les charges d’exploitation baissent, les
moyens pour l’exploitation, les achats, les effectifs…Itou.
Les prévisions investissement sont elles aussi revues à la baisse
depuis 2014 au fil des PMT : à l’horizon de 4 ans, c’est encore
moins 205 millions, hors LINKY ! Et les principales cibles de ce
énième coup de rabot concernent le renouvelle-
ment des réseaux (qualité et modernisation), et les
renforcements/ raccordements.
C’est la même tendance au regard des PMT 18/21
et 19/22, alors que les objectifs fixés sur les années
antérieures, n’ont pas été atteints, systématique-
ment !
Ces reniements ne sont pas de nature à améliorer la qualité, et
encore moins de résorber les écarts entre territoires. Des
écarts qui se renforceront d’autant plus que les investisse-
ments ne sont pas ciblés sur les régions en difficultés…Et que
la Direction ne prend aucun engagement sur le maintien de la
proximité de nos structures.
L’équilibre mis en avant entre les investissements urbains et ruraux
n’est qu’un gros mensonge. Il s’agit en réalité d’un partage 50/50
entre les métropoles et le reste du pays, donc en défaveur de la
majeure partie du territoire. ENEDIS marque son choix
d’abandon des zones rurales et de la mise en place d’un
service public à plusieurs vitesses. Les usagers concernés et
les collectivités locales apprécieront…Comme les salariés,
grand absents de ce « projet industriel ».
En conclusion, ce dossier n’est qu’une opération de communication
déconnectée de la réalité, une vaste fumisterie destinée à tromper
le monde. En tout état de cause, ce dossier n’est pas crédible.
Cette question centrale du projet industriel d’ENEDIS, ou plutôt son
absence, va peser sur les discussions tarifaires « TURPE 6 ».
C’est inquiétant et justifie une remise en cause par la Direction de
ses méthodes et objectifs.
Les élus du Collectif CGT du CCE exigent la mise en
place d’un vrai projet industriel pour ENEDIS, en
cohérence avec nos missions de service public et
exemplaire sur le plan social et industriel.
Il a osé le dire : A. JOURDAIN, Directeur Technique
d’ENEDIS à propos de son dossier « C’est des hypothèses
mais une projection c’est forcément faux »…
Les bras nous en tombent…!
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Le Groupe EDF lance une offre d’achat d’action réser-
vée aux salariés.
Nous n’allons pas faire une longue déclaration sur nos
réticences quant à l’actionnariat salarié. Rappelons
simplement que nous voyons une évidente contradic-
tion entre les intérêts des actionnaires et ceux des sa-
lariés, ne serait-ce que dans le partage de la valeur
ajoutée.
Bref, entre la rente et le travail, la confrontation ne date
pas d’hier. Et nous adhérons au bon sens populaire : la
bourse profite d’abord aux gros patrimoines qui influent
et non aux petits porteurs qui subissent.
Ceci étant, nous ne sommes pas conseillers finan-
ciers ni banquiers, et il ne nous appartient pas de
dire aux salariés comment ils doivent gérer leur
budget ou investir. Chacun voit midi à sa porte.
La CFE-CGC a la prétention contraire puisqu’elle a
envoyé le 17 avril aux salariés une publi-
information pour vendre cette offre aux salariés.
D’après cette organisation, le cours de l’action EDF
sera volatile ces prochaines années mais l’investisse-
ment est sécurisé, voire garanti. Pas de risque, on
gagne à coup sûr !
Achetez brave gens, d’ailleurs, la CFE-CGC en bon
bateleur de foire prévient : il n’y en aura pas pour
tout le monde !
Vous hésitez encore ? La CFE-CGC a des arguments
sublimes : ce n’est pas qu’une question d’argent, ma
brave dame, mais de cœur puisque l’attachement à
l’entreprise se mesurerait à l’aulne de son stock
d’actions…
Et vous pourrez réaliser un acte militant mon bon
monsieur sans compter que votre
acquisition vous permettra d’influer sur les choix
de l’entreprise.
C’est vrai que le Président d’EDF téléphone souvent à
ses petits actionnaires pour leur demander leur avis…
Il est depuis très pris.
Sérieusement, à combien se monte la commission
de VRP de la CFE-CGC et assumera-t-elle une res-
ponsabilité en cas de difficultés financières des
salariés ?
La CGT dénonce cette pratique qui contribue à créer la
confusion sur le rôle d’un syndicat et ne va pas servir à
améliorer l’image du syndicalisme déjà bien écornée
dans le pays.
Nous appelons les salariés à bien lire les
notices obligatoires sur cette offre avant de
se décider, en particulier concernant les
risques et la non garantie de la préservation
de leur capital.