Étude comparÉe des locutions phrasÉologiques …

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UNIVERSITÉ DES SCIENCES DE L’ÉDUCATION DE FACULTÉ DE PHILOLOGIE DÉPARTEMENT DE PHILOLOGIE ET DIDACTIQUE FRANÇAISE Dalia ROCH ÉTUDE COMPARÉE DES LOCUTIONS PHRASÉOLOGIQUES DANS LE CONTEXTE CONTEMPORAIN FRANÇAIS ET LITUANIEN Mémoire Directrice du travail Doc.dr. Daiva Mickūnaitytė Vilnius, 2015

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UNIVERSITÉ DES SCIENCES DE L’ÉDUCATION DE

FACULTÉ DE PHILOLOGIE

DÉPARTEMENT DE PHILOLOGIE ET DIDACTIQUE FRANÇAISE

Dalia ROCH

ÉTUDE COMPARÉE DES LOCUTIONS PHRASÉOLOGIQUES

DANS LE CONTEXTE CONTEMPORAIN FRANÇAIS ET

LITUANIEN

Mémoire

Directrice du travail

Doc.dr. Daiva Mickūnaitytė

Vilnius, 2015

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LIETUVOS EDUKOLOGIJOS UNIVERSITETAS

FILOLOGIJOS FAKULTETAS

PRANCŪZŲ FILOLOGIJOS IR DIDAKTIKOS KATEDRA

Dalia Roch

FRAZEOLOGIZMŲ LYGINIMAS ŠIUOLAIKIN ĖJE PRANCŪZŲ IR LIETUVIŲ KALBOSE

Magistro darbas

Humanitariniai mokslai, filologija (04H)

Magistro darbo autorė Dalia Roch

Patvirtinu, kad darbas atliktas

savarankiškai naudojant tik darbe

nurodytus šaltinius

______________________________

(Parašas, data)

Vadovas doc.dr. Daiva Mickūnaitytė

______________________________

(Parašas, data)

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Table des matières

AVANT-PROPOS 4

INTRODUCTION 4

1. PRÉSENTATION GÉNÉRALE DE LA RECHERCHE DE LOCUTIONS IDIOMATIQUES………………………………………………………………………..…… 7

2. THÉORIE SUR LE CONCEPT DE PHRASÉOLOGIE 10

2.1.La notion 10

2.2. Terminologie 11

2.3. Définition de la locution 13

2.4. Critères définitoires de la phraséologie 17

2.5. Caractéristiques générales de la locution: figement et défigement 22

3. CLASSEMENT DES LOCUTIONS PHRASÉOLOGIQUES 26

3.1. Classement étymologique 26

3.2. Classement traditionnel d’éléments lexicaux 31

3.2.1. Locutions nominales/ Noms composés 31

3.2.2. Locutions adjectivales 31

3.2.3. Locutions adverbiales 31

3.2.4. Locutions verbales 31

3.3. Structure syntaxique 32

4. LES COULEURS DANS LES LOCUTIONS IDIOMATIQUES 37

4.1. Définition de la couleur 38

4.2. Présentation des couleurs principales dans les locutions et expressions 38

4.3. Classifications des locutions phraséologiques 57

4.4. Fréquence d‘utilisation de couleurs dans les phraséologismes en français et en lituanien........................................................................................................................ 66

CONCLUSION 69

RÉSUMÉ 71

BIBLIOGRAPHIE 73

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AVANT-PROPOS

« Paris vaut bien une messe », « Couper les cheveux en quatre », et, « Žalias aguonas krėsti », etc. Voilà bien les préceptes, sous forme d’expressions idiomatiques, que nous allons suivre. Dans ce travail nous tenons à faire étude comparée des phraséologismes en français et en lituanien. Nous allons analyser et établir les parentés ainsi que les différences entre les phraséologismes utilisant les couleurs. Ce travail consiste également à faire une petite revue des caractéristiques classificatoires, syntaxiques, sémantiques, étymologiques, des nuances de la traduction de l’expression idiomatique française et lituanienne.

Avant d’entreprendre toute(s) analyse(s) théorique(s) ou, classifications thématiques, il conviendra de définir, le plus précisément et le plus diversement possible cette forme particulière de construction.

« Les mêmes sensations, les mêmes sentiments, les mêmes images ou des sensations, des sentiments, des images analogues - marquent ce fonds commun et humain de locutions. La « sagesse de nations » est souvent du même ordre, et des locutions pareilles ou identiques en témoignent. » (Larousse.2007, 9)

INTRODUCTION

LITTRE, FURETIERE, LARROUSSE, LE ROBERT (Petit et Grand), QUILLET, FRAZEOLOGIJOS ŽODYNAS - tous vont à l’unisson, tendus vers une seule et même définition : une expression idiomatique, phraséologisme ou une locution phraséologique est un système d’expressions propres à une langue, un peuple, une communauté, une spécialité, une époque ou même un écrivain, sans nécessairement d’équivalent(s) ou traduction(s) dans d’autres ou, vers d’autres langues, pays, population. De plus, ces expressions idiomatiques sembleraient figées, sans aucune possibilité, ni même besoin d’évolution, d’actualisation, de reformes ou même de « mise aux normes ». Ainsi, si « casser du bois » signifiait, aux balbutiements de l’aviation légère, écraser son avion et le briser dans un champ de pommes de terre, les ingénieurs de Airbus Industrie continuent d’œuvrer et travailler pour éviter à L’A380 de voir cette phraséologie ternir son Curriculum Vitae. Nous oublierons, ou tout au moins, ne travaillerons pas avec la définition purement péjorative, faisant de ce système d’expression un assemblage de formules prétentieuses, de termes compliquées ou vides de sens. Gardons-nous de « hurler avec les loups » ou de « brasser de l’air ». Nous allons donc, diviser notre travail d’étude en quatre chapitres principaux :

1) une analyse théorique des locutions phraséologiques,

2) une liste de classement traditionnel d’éléments lexicaux,

3) une liste de classification étymologique, 4) une étude thématique de locutions phraséologiques utilisant ou comprenant le

thème des couleurs.

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La problématique et l’état de la question

Forts d’une étude approfondie liée à la définition du « phraséologisme », des différents types d’analyse menée concernant les locutions phraséologiques, des classifications thématiques des expressions idiomatiques et enfin, de la classification comparative des locutions en français et en lituanien. L’instabilité conceptuelle du terme scientifique relève également des priorités fluctuantes accordées au matériel phraséologique qui souffre également d’une certaine confusion terminologique : phrases toutes faites, locutions, idiotismes, expressions idiomatiques, formules, clichés, etc. Toutes ces appellations réfèrent à un nombre infini d’éléments polylexicaux, figés, de nature formelle hétérogène, qui sont désormais nommés unités phraséologique, aussi bien en langue générale qu’en langues de spécialité. Le nombre d’ouvrages (E.Jakaitienė. Leksikologija, V. Drotvinas. Lietuvių kalbos leksika ir frazeologija, J.Barauskaitė. Leksikologija, P. Guiraud. Les Locutions françaises, Khovanskaja, Z., Dmitrijeva, L, Stylistique française, G.Gross. Les expressions figées en français, noms composés et autres locutions, Gross, M. Les limites de la phrase figée, R.Martin. Sur les facteurs du figement lexical, Marouzeau. Précis de stylistique française, Picoche, J. Précis de lexicologie française, etc) qui traitent de ce sujet, le nombre de dictionnaires de locution et les nombreuses conférences sur ce thème démontrent l’ampleur de cette problématique difficile à cerner. Nous allons donc nous poser la même question fondamentale : Qu’est-ce qu’une locution figée ?

Notre idée serait, d’une part de mettre en évidence les nombreux phraséologismes de la langue française utilisant les couleurs, comparés au manque des mêmes utilisations dans la langue lituanienne. Et d’autre part, l’équivalence ou, différence des « codes couleur » utilisés dans les deux langues. Et ce, afin d’établir le parallèle linguistique qui pourrait, ou non, exister entre les deux cultures.

L‘objet du travail – les phraséologismes français et lituaniens. Le travail sera réalisé en utilisant comme bases les ouvrages suivant : Le Robert. Dictionnaire d’expressions et locutions (A. Rey& S.Chantreau, 2012); Les 1001 expressions préférées des français (G.Planelles, 2013); Dictionnaire des expressions et locutions traditionnelles (M. Rat, 2007); La puce à l’oreille (Claude Duneton, 1978), Frazeologijos žodynas (Lietuvių kalbos institutas, 2001); Lietuvių kalbos frazeologijos žodynas (J.Paulauskas, 1977). L‘un des thèmes du travail - les couleurs dans les phraséologismes.

L’objectif principal de l’étude – trouver les ressemblances et les différences des phénomènes analysés.

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Tâches de l’étude :

1. Présenter l’analyse théorique les locutions phraséologiques/expressions idiomatiques. 2. Etudier et définir l’opportunité des différentes classifications proposées et disponibles. 3. Effectuer une classification comparative entre les locutions phraséologiques

françaises et lituaniennes selon l’étymologie, la structure syntaxique, et thématique : les couleurs dans les locutions et expressions.

4. Effectuer une analyse comparée prenant pour matériel et base les différents dictionnaires de la langue française et lituanienne.

5. Analyser les résultats obtenus.

La méthodologie et méthodes d’analyse. Pour réaliser notre travail nous allons utiliser la méthode descriptive pour définir la notion du phraséologisme (= locution / expression) et pour décrire ses caractéristiques théoriques. Nous allons présenter les théories qui définissent les phraséologismes et leurs fonctions.

Nous allons faire une analyse pratique des dictionnaires français et lituaniens et, nous allons utiliser la méthode comparative en cherchant des correspondances et des différences entre les deux langues mentionnées au regard des locutions idiomatiques lituaniennes et françaises. Le dictionnaire, notre outil linguistique de référence, nous permettra de mener à bien une étude comparative.

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1. PRÉSENTATION GÉNÉRALE DE LA RECHERCHE DES LOCUTIONS PHRASÉOLOGIQUES

Les faits de la phraséologie ont mis beaucoup de temps à se faire une place dans la linguistique. Elle est considérée comme discipline à partir des années 1970. Depuis cette époque, la phraséologie se sépare de la lexicologie et devient une science autonome, dotée d’un objet d’étude précis et d’une méthodologie concrète.

Le premier linguiste qui a commencé les recherches théoriques de la phraséologie française a été Charles Bally (1909). Il parle de la phraséologie comme d’une discipline en 1909, dans son « Traité de Stylistique française », où il fait allusion aux locutions et à la phraséologie : « Si, dans un groupe de mots, chaque unité graphique perd une partie de sa signification individuelle ou n’en conserve aucune, si la combinaison de ces éléments se présente seule avec un sens bien net, on peut dire qu’il s’agit d’une locution composée (...) c’est l’ensemble de ces faits que nous comprenons sous le terme général de la Phraséologie » ( Bally, 1951, 65-66). Selon la terminologie de Bally : « la locution phraséologique est ou bien phrasème (un groupement usuel), collocations (séries ou périphrases verbales) ou bien – locution (une unité phraséologique) ». Il est le premier linguiste qui a classifié les locutions phraséologiques et a établi leurs traits particuliers : unités, dont la cohésion est absolue et, séries, celles dont la cohésion n’est que relative. Plus tard, on peut citer Marouzeau qui avait dit : « On peut constater que la langue est faite des formules autant que des mots » (Marouzeau, 1959, 145). En 1965 Mitterand et 1971 Galisson - les deux linguistes suivent le concept de l’école britannique qui découvre le rôle du contexte et invente le terme de collocation pour imposer un concept nouveau de syntagme. Galisson analysait les collocations (combinaison caractéristique de deux mots, par ex : gravement malade) en « un terme – noyau et un terme satellite qu’il appelle collocatif » (Galisson, 1971, 11). En 1973 P. Guiraud distingue trois types des locutions phraséologiques. L’importance du figement et de l’idiomaticite est bien expliquée dans les ouvrages de Gross (1986). A la fin de XXe siècle, Rastier prétend que la langue française n’est qu’un vaste gallicisme (« une tournure ou une locution particulière à la langue française, consacrée par l'usage, c'est-à-dire un idiotisme » (Le Robert, T.2, 2012). Hausmann (1994) affirme que « tout est idiomatique ». La phraséologie dans les ouvrages des auteurs récents (par ex : J. Picoche, J. Gardes-Tamine, A. Niklas – Salminen) est élargie en ayant des tendances analytiques très prononcés, et abonde en périphrases de toutes sortes de locutions : verbiales, nominales, adverbiales, prépositives, conjonctives. La majeure partie de ces périphrases est entièrement conforme à la syntaxe du français d'aujourd'hui, ce qui permet de les (les périphrases) rapporter aux locutions analytiques. Pourtant, ce sont des locutions à significations phraséologiquement liées, leur

alliance avec d'autres mots étant traditionnellement consacrée par l'usage.

Par exemple, J. Gardes-Tamine dans son ouvrage La Stylistique (1992, 24), parle de l’étude syntagmatique des mots : « il faut repérer si le mot entre dans une collocation, c’est-à-dire dans une association prévisible, qui peut même être stéréotypée avec d’autres mots ». Les locutions sont conditionnées par les particularités du système lexical français, par l’histoire du peuple. Pour elle, la phraséologie est une espace de collocation.

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J. Picoche dans son ouvrage Précis de lexicologie française donne la définition de la phraséologie comme unités lexicales graphiquement complexes. Les mots sont les unités de fonctionnement. Ainsi elle dit : « Dans les cas où cette unité est graphiquement complexe et lorsqu’on veut attirer l’attention sur ce fait, on pourrait appeler ses éléments mots graphiques, et leur totalité, selon une terminologie très usuelle et bien connue de tous, mot composé ou locution ». (Picoche, 1992, 23)

Selon Niklas-Salminen (La lexicologie, 2007) les locutions peuvent être des : locutions nominales (le qu’en dira-t-on, bouche à oreilles, nez à nez, des clous! ), locutions verbales (chercher des noises, faire les 400 coups), locutions adjectives (bon enfant, blanc Bleu Belge, pauvre d’esprit), locutions adverbiales (sur le champ, à corps et cris, à dix lieues à la ronde, à grande échelle, à la bonne franquette, etc. (beaucoup des locutions adverbiales commencent par la préposition « à ») locutions prépositives (autour de, au risque de, du milieu de, en raison de ), locutions conjonctives (afin que, de telle sort que, de niveau avec) et locutions interjectives (nom de Dieu, Dieu me pardonne!, gardez la monnaie, aux armes, voyons voir, ma parole d’honneur! ). L’auteur classifie les locutions phraséologiques d’après les parties du discours, et détermine que les locutions prépositives / conjonctives sont souvent construites selon le modèle : à + nom + de (à partir de, à force de, à l’aide de), de + nom+ avec (de niveau avec) ou nom + de (défense de).

Aujourd’hui, le terme de collocations (combinaison caractéristique de deux mots, par ex. gravement malade) vient du langage usité par les linguistes, afin de permettre d’emblée, d’établir certaines distinctions fondamentales entre les concepts de locution, d’expression, et de collocation. En réunissant les littératures de tradition anglo-saxonne et francophone, il est possible de redéfinir les notions de phraséologie (ou figement) et de collocation (ou semi-figement). « Les outils qui existent aujourd’hui offrent déjà une liberté méthodologique, sans s’enfermer dans une technique imposée par un logiciel. Le corpus comme la notion et l'objet risque d'être victime aujourd'hui en France de son succès. Pas une discipline, pas un comité scientifique, pas un chercheur, un linguiste qui n'y fasse référence. » (Bernard Fallery, Florence Rodhain, 2007).

Chaque linguiste essaye de présenter ce phénomène phraséologique différemment et, le terme phraséologie est traité de différentes façons.

On peut souligner que, jusqu’en 2000 les dictionnaires de terminologie linguistique en matière de phraséologie étaient d’une grande pauvreté. Pour que cela change, il a fallu attendre le dictionnaire d’A. Rey & S.Chantreau (1989), de Charadeau & Maingueneau (2002). Il existe beaucoup de dictionnaires de locutions et d’expressions phraséologiques/idiomatiques, mais il n’y a pas assez de littérature théorique concernant les problèmes de la phraséologie française.

En Lituanie, la phraséologie est l'une des plus jeune branche de la linguistique. Elle a seulement commencé à être explorée au milieu du XXe siècle. Les deux premiers explorateurs de la phraséologie sont B. Larinas (1956) et Z. Jonikaitė (1961). Elle étudiait les phraséologismes dans le dictionnaire Lietuvių kalbos žodynas. B. Kalinauskas reconnait la phraséologie dans les textes de Žemaitė. (1962). Les phraséologismes comparatifs étaient décrits par K.Vosylytė (1972). L’auteur du dictionnaire comparatif affirme qu’« elles

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(expressions idiomatiques) sont toutes reproduites de mémoire, elles ont un sens plus ou moins continu et sont imagées. ». A. Ruškys argumentait les phraséologismes somatiques. (1983). J. Pikčilingis étudiait les traits stylistiques des phraséologismes et leur fonctionnement. (1975). E. Jakaitienė (1980) a imposé, dans son ouvrage, des règles générales de la phraséologie comme discipline. Selon elle « l’approche visuelle est un facteur important dans la recherche de leurs (= phraséologismes) propriétés. ». J. Barauskaitė a fait l’analyse de la sémantique des phraséologismes et de leur structure grammaticale. (1982). Le linguiste V. Drotvinas a consacré une partie de son ouvrage Lietuvių kalbos leksika ir frazeologija à l’étude de la phraséologie dans lequel il dit, « plus on étudie la phraséologie, plus elle obtient les droits d’une discipline particulière et d’une science indépendante, ayant ses méthodes et sa terminologie. ». De nombreux auteurs lituaniens se concentrent sur la recherche des caractéristiques du phraséologisme : leur figuration et leur expressivité. En 2002, Labutis continue à travailler sur l’idée que le caractère imagé est une chose assez subjective, par conséquent il ne devrait pas être considéré comme un trait distinctif essentiel. Selon ce linguiste : « L’important est la recherche de leurs particularités représentatives ». R.Marcinkevičienė souligne : « il faudrait élargir la notion traditionnelle lituanienne de la phraséologie en y incluant des composantes, des constructions ou des phrases de mots stables de types différents, car la stabilité, le caractère figé et la collocation fréquente devraient être considérés comme la caractéristique la plus importante et la plus fiable. Les autres caractéristiques (continuité du sens, changement de sens total ou partiel, caractère imagé) ne devraient être considérées comme obligatoires que pour une couche du lexique stable, très grande, en raison de la nature difficilement appréciable et assez suggestive. ».

R.Marcinkevičienė aboutit à la conclusion qu‘en respectant les conventions linguistiques, il faudrait conserver les notions traditionnelles d‘idiome et d‘expression idiomatique, et en plus, donner des noms aux differents composants des mots stables: formules, constructions et composés de mots qu‘on peut appeler par des termes déjà bien etablis en linguistique de collocation.

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2.THÉORIE SUR LE CONCEPT DE PHRASÉOLOGIE

2.1. La notion

La phraséologie étudie l’ agencement des mots particuliers. Le terme Phraséologie est emprunté (1668) au latin de la Renaissance phraseologia (1558), lui-même repris du grec phraseolgia, mot formé à l’aide de phrasis (= phrase) et de l’élément –logia (=logie). Le mot a été introduit et employé dans la langue classique au sens de, recueil de phrases conçu pour l’enseignement des langues et, repris au XXe siècle.

En effet, le nom même de phraséologie date du XVIIIe siècle (1778) et se réfère, tel qu’il est décrit et définit dans les dictionnaires (Le Trésor de la langue française, le Dictionnaire alphabétique et analogique de la langue française de Robert, le Grand dictionnaire encyclopédique Larousse, etc.), à trois types d’éléments :

1. Ensemble de tournures propres à une langue, un milieu, une époque, un individu, un groupe ou une discipline ;

2. Ensemble d’expressions prétentieuses et vides de sens, synonyme de verbiage ;

3. Ensemble de phrases toutes faites, locutions figurées, métaphores et comparaisons figées, idiotismes et proverbes présents dans l’usage d’une langue, et employés soit par un individu (à l’écrit), soit par un groupe donné (à l’oral).

Nous présentons quelques exemples d’expressions idiomatiques employées par des écrivains. Par exemple, en français : les moutons de Panurge (François Rabelais, Le quart livre, chapitre VII.) [suivre sans réfléchir le troupeau], la tarte à la crème (Molière, L’école des femmes.) [parler pour ne rien dire], fier comme Artaban (G. de la Calprenede, Cléopâtre.) [fierté proche de l’arrogance], faire la mouche du coche (Jean de La Fontaine. Le coche et la mouche. Extrait livre VII, fable 9) [désigne quelqu'un qui s'agite beaucoup sans rendre de réels services ou qui est empressé inutilement.], mais où sont les neiges d’antan ? (François Villon, La ballade des dames du temps jadis) [évocation mélancolique de la destinée humaine] et en lituanien : iš stuomens ir iš liemens (Žemaitė. Marti) [homme très fort], į šunies dienas išdėti (Žemaitė. Marti) [traiter brutalement], po šimts pypkių (Žemaitė. Marti) [malédiction], be reikalo kojas būtum sukūlusi (Žemaitė) [action inutile], parduotos vasaros (Baltušis. Parduotos vasaros) [travailler tout l’été], kaip musę kandusi pareinu (Žemaitė. Marti) [être déçu].

Suivi de quelques exemples issus de la tradition orale. Par exemple, en français : aller à Canossa [s’humilier devant quelqu’un], payer en monnaie de singe [payer en fausse monnaie], trancher le nœud gordien [résoudre un problème de façon expéditive mais efficace], c’est l’œuf de Christophe Colomb [idée simple mais ingénieuse], Paris vaut bien une messe [obtenir un avantage important en consentant un petit sacrifice]; en lituanien : iš kailio nertis [faire des efforts], už nosies vedžioti [se faire avoir] ; dinderį mušti [se trainer], čioringes varinėti [parler de rien du tout] ; alų midų gerti [ne manquer de rien], Telšių pliumpis [imprudent].

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« Le terme phraséologie désigne une série de phénomènes linguistiques qui se situent entre la grammaire et le lexique. La phraséologie est une sous-discipline de la lexicologie. » (J. Picoche, 1992), et, le terme comprend traditionnellement des constructions aussi diverses que les proverbes et les expressions idiomatiques.

2.2. Terminologie

Dans cette partie nous essayons d’éclaircir la terminologie utilisée car, en étudiant la phraséologie, on apprend que dans la langue française il y a quelques termes pour désigner les phraséologismes. A l’heure actuelle, la terminologie de phraséologie n’est pas unifiée dans la langue française. Les dictionnaires phraséologiques sont avec les titres suivants : Dictionnaire des expressions et locutions; Les expressions préférées des français; Dictionnaire des expressions et locutions traditionnelles; etc.

Que sont une locution et une expression ?

« Locution, façon de parler particulière, locution élégante, mauvaise, vicieuse…Il en est des mots et des locutions comme des fruits : il y en a qui ne viennent jamais à maturité, mais tombent presque aussitôt qu’ils sont formés, ou sèchent sur l’arbre ; d’autres murissent malgré les vents, les pluies et tous les autres obstacles d’une saison peu favorable »

(Vaugelas. Nouvel rem. Observ. P190, dans Pougens).

Alain Rey nous fournit une explication éloquente de la locution : « La locution est une unité fonctionnelle plus longue que le mot graphique, appartenant au code de la langue en tant que forme stable et soumise aux règles syntaxiques de manière à assumer la fonction d’intégrant. » (Alain Rey. Le Robert. Dictionnaire d’expressions et locutions. 2007).

La locution, selon le dictionnaire LE ROBERT (2007), est empruntée (1342) au latin (action de parler, manière de parler, expression) dérivé du supin de logui [parler]. Le mot est apparu au sens moderne de « groupe de mots ayant une fonction grammaticale donnée (locution adverbiale, prépositive). »

Terme de grammaire : locution adverbiale, prépositive, réunion de deux ou de plusieurs mots qui équivaut à un adverbe, à une préposition.

Malgré les incompréhensions les locutions les plus obscures peuvent vivre des siècles, parfois sans changer de sens, et constituer le seul témoin vivant de mots, de sens perdus depuis longtemps, « par exemple : au fur et à mesure ou prendre les vessies pour des lanternes [se tromper grossièrement] la valeur est constante depuis des siècles. Les mots vivent très souvent sur l’oubli complet de leurs sources, comme la locution « laisse jouer des éléments qui refusent de s’effacer » (A. Rey. Le Robert. Dictionnaire d’expressions et locutions, préface. 2007,11).

Pierre Guiraud dans son étude sur Les locutions françaises explique que « La locution est à la fois un signe arbitraire et motivé, ce qui constitue un véritable paradoxe des formes idiomatologiques et leur confère leur originalité. Arbitraire dans la mesure où, l’image qui est à l’origine de la locution et qui en motive le sens tend à s’obscurcir. Cependant, il est dans la nature des locutions de retenir leur motivation car, les mots qui la composent, bien que

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formant une unité, gardent une certaine autonomie et, continuent à évoquer des images qui leur sont propres. » (Pierre Giraud. Les locutions françaises. Que sais-je ? PUF. 1973,7-11). De plus, dans le même ouvrage, Pierre Giraud souligne l‘archaïsme des locutions: « L‘archaïsme est la marque de presque toutes les locutions; il est soit dans les choses, la locution référant à des objets, des institutions, des coutumes aujourd‘hui disparus; soit dans la langue, la locution ayant conservé une construction ancienne; ou un sens désuet. ». Pierre Guiraud élit trois critères pour caractériser les locutions :1) c’est « unité de forme et de sens » (1973, 5), 2) la locution « s’écarte de la forme grammaticale et lexicale » (1973, 5), 3) « la plupart des locutions sont prises dans un sens métaphorique » (1973, 7).

Selon A. Rey et S. Chantreau, le sens global des locutions et des expressions figurées est relativement fixe et constant, ce qu’elles suggèrent, leurs valeurs connotatives, par opposition à cette valeur dénotative peut varier selon les époques, les connaissances et les références de ceux qui les emploient. En fait, A. Rey reprend les critères de P. Guiraud, et il définit les locutions comme des « suites de mots convenues, fixées, dont le sens n’est guère prévisible » (Rey et Chantreau, préface, VII)

Les locutions figurées sont des groupes de mots stabilisés dont la forme (parfois) et les sens (souvent) offrent des particularités qui les différentient des unités lexicales ordinaires. Le mot locution se réfère à un groupe de mots figés et, l’adjectif figuratif rappelle les figures de style ou les significations auxquelles ces locutions renvoient : la comparaison, la métaphore

ou la métonymie.

Dans le dictionnaire le plus populaire de la langue française le Nouveau Petit Larousse illustré (2007, 639) on lit au mot locution : « expression, façon de parler »

Expression est un emprunt (1314) au latin expressio « action de faire sortir en pressant », au figuré « expression de la pensée » et, au sens grammatical « description vivante ». Le mot est dérivé du supin exprimere et, il est employé en sémantique et en sémiotique pour désigner l’une des deux fonctions essentielles de signes, distingué de communication.

Le Nouveau Petit Larousse illustré définit le mot expression comme: « manière de s’exprimer, phrase, mot. ». « Cette définition se confond avec une locution si, elle se compose de plusieurs termes et, n’a pas une valeur individuelle ou personnelle mais, une valeur commune, générale et courante.» (2007, 446)

Selon le dictionnaire Le Robert (2007), expression et locution étant très généralement employés comme deux synonymes. L’un et l’autre sont indispensables à l’idée courante, concrète, pratique que nous avons du langage. On pourrait dire la même chose d’expression, mais une distinction réapparait pour peu qu’on met l’accent sur la genèse de deux termes. Locution c’est manière de dire, manière de former le discours. D’organiser les éléments disponibles de la langue pour produire une forme fonctionnelle. Les mots grammaticaux complexes (par exemple, locutions adverbiales ou prépositives) ne seraient jamais appelés d’expressions. L’expression est cette même réalité considérée comme « une manière d’exprimer quelque chose ». Elle implique une rhétorique et une stylistique. Les expressions mettent dans les discours une couleur. Elles sont fixées traditionnelles et souvent caractéristiques d’une classe, d’un milieu. « En les conservant, la langue produit des effets

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bizarres : les locutions véhiculent des mots archaïques, incompréhensibles aujourd’hui ». (Le Robert, 2007, 9). Par exemple, fur dans au fur et à mesure (progressivement, en même temps, etc.) ou des assemblages des mots obscurs gorges chaudes dans faire gorges chaudes de « … » (s’approprier). Aujourd’hui on ne se pose pas la question pourquoi bâtir des châteaux en Espagne (et pas ailleurs), même si tous les mots en sont clairs, on peut s’interroger sur l’existence, et le sens de l’expression. « C’est l’expression signifiant à l’origine, ou utilisée en premier pour exprimer le fait qu’on ne trouve aucun château dans les campagnes espagnoles » (Le Robert. Dictionnaire d’expressions et locutions. 2013, 173). Donc dans ce travail nous allons considérer les expressions comme synonymes.

Les expressions idiomatiques, par leurs caractéristiques appartiennent à une certaine langue, un certain dialecte ou patois, ces expressions sont facilement reconnaissables et, une fois de plus, approuvées par le peuple. Leur présence dans le discours confirme l’authenticité de l’énoncé dans la langue respective et, par ailleurs, fait persuader l’idée de rapprochement du produit à son public. Certaines expressions sont même porteuses de lexèmes disparus, qui n’existent que dans l’expression figée. C’est le cas de battre la chamade [accélération du rythme cardiaque]. Le terme de Chamade n’est plus usité en dehors de cette expression et bien peu de personnes savent qu’il réfère à un signal sonore donne grâce à des tambours ou trompettes pour signifier à l’adversaire que l’on souhaitait se rendre ou engager des pourparlers. Cet écart n’empêche en rien la compréhension et l’usage de cette expression.

2.3. Définition de la locution

Les nombres d‘ouvrages qui traitent de ce sujet, le nombre de dictionnaires de locution et les maintes conférences sur ce sujet témoignent de l‘ampleur de cette problématique très difficile a cerner. Les mêmes questions fondamentales reviennent de façon récurente: qu‘est-ce qu‘une locution figée? Qu‘est-ce qui n‘est plus une locution figée?

Dans La nouvelle grammaire française M. Grevisse (1986, 261) « une locution, est une unité de lexique, une association permanente qui appartient à la langue et dont les mots sont séparés par les blancs dans l‘écriture et qui forment pourtant une unité lexicale. » La typologie des locutions possibles est la suivante: locution nominale (chemin de fer), adjectivale (comme il faut), pronominale (quelque chose), verbale (avoir lieu), adverbiale (tout à fait), prépositionnelle (quant a), conjonctive (bien que), interjective ou locution-phrase (par exemple). Selon les linguistes analysant les phraseologismes, ces locutions ne sont pas liées aux phraseologismes. N’étant ni imagées, ni expressives, elles conservent cependant l’appellation locutions dans la grammaire traditionnelle.

Afin de conférer une dimension idiomatique aux locutions, il faut établir le degré de stabilité et le caractère idiomatique des groupes de mots ayant servi de base aux typologies des unités phraséologiques de Bally et de Vinogradov. Bally distingue deux types de locutions phraséologiques selon la cohésion:

1) les unités dont la cohésion est absolue (par exemple, bon sens dans le bon sens suffit pour montrer l‘absurdité représente une unité phraséologique);

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2) les séries des unités dont la cohésion n‘est que relative (par exemple, grièvement blessé ou grièvement ne peut être employé qu‘avec blessé, forme une série phraséologique).

Vinogradov distingue les locutions les locutions phraseologiques suivantes: les locutions soudées, les ensembles et les combinaisons phraséologiques. Les locutions soudées sont les plus stables et les moins indépendantes. Elles ne se décomposent pas et leur sens ne découle de leur structure lexicale. Leur sens est conventionnel comme le sens d‘un mot immotivé. Par exemple, la locution soudée marquer un jour d'une pierre blanche qui signifie être heureux pendant un jour vient d'une croyance qui remonte aux anciens Romains, pour qui la couleur blanche symbolisait le bonheur. L’autre expression « aller au diable Vauvert dont le sens est aller fort loin, se perdre, disparaitre se rattache à l’ancien château de Vauvert, situe aux environs de Paris, qui, sous le règne de Louis XI passait pour hanté par le diable » (A. Rey, 2007, préface). Un autre exemple, « ne pas être dans son assiette signifie n’est pas être dans son état normal. Les gens cultivés sachant que l’assiette illustre « la manière d’être placé », « la disposition », tant physique que psychologique. Le sens général de toutes ces locutions ne saurait plus être expliqué dans le français moderne par le sens des mots les composants. » (Rey, 2007, préface) ». Certaines locutions soudées ont à leur base quelque(s) fait(s) historique(s) ou, un épisode littéraire oublié. Par exemple, fauché(e) signifie sans argent. Par allusion à une moisson, à un pré qui vient d’être fauché. L'expression rompre la paille avec qqn [se brouiller avec qqn] est d’un usage ancien, disparu, qui consistait à rompre la paille et à la jeter pour signaler qu'on renonçait à toute relation avec la personne dont on voulait se

séparer. Les locutions soudées ont, dans la langue une valeur expressive et émotionnelle. Dans les œuvres littéraires elles sont utilisées comme moyen stylistique. Il faut bien connaître l’histoire du pays pour être capable de comprendre une locution et en expliquer sa naissance.

Les ensembles phraséologiques (idiomes) « ont un sens qui se laisse plus ou moins révéler à travers le sens de leurs mots - composants. Par exemple, passer l’éponge signifie oublier, pardonner » (Vinogradov, 1946); avoir la langue liée [avoir un motif qui ne permet pas de dire qqch], rankas surišti [se marier], akis sumerkti [s’endormir]. La plupart des ensembles se comprennent d’eux-mêmes. Par exemple, laver son linge sale en famille [liquider ou, trouver une solution en secret, ne pas rendre publique les scandales] ; nenešk šiukšlių iš namų [neviešinti šeimos paslapčių= de ne pas publier des secrets de famille]. Cependant, un certain nombre d’ensembles renferment une allusion à quelques évènements historiques, quelques faits littéraires ou mythologiques pour comprendre le sens réel : par exemple, être sur son trente-et-un [avoir / se mettre ses plus beaux habits] cette phrase a deux explications : mot trentain du XIIe au XVe siècle a désigné un drap de qualité supérieure dont la trame était formée de trente centaines de fils ou bien encore que ce chiffre était en rapport avec le jeu de cartes de même nom, ou il fallait totaliser trente et un points pour gagner, l’autre exemple : coiffer sainte Catherine signifie rester vieille fille, cette phrase ne peut être comprise qu’à condition de connaître l’antique usage dans certains pays catholiques (France, Italie, Espagne) qui consistait à coiffer dans les églises la statue de sainte Catherine (la patronne des vierges) , ne pas s’endormir sur le rata [être diligent], et signifie avoir/se mettre ses plus beaux habits, cette phrase peut être expliquer par deux explications : mot trentain du

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XII e au XVe siecle a désigné un drap de qualité supérieure dont la trame était formée de trente centaines de fils ou bien encore que ce chiffre était en rapport avec le jeu de cartes de même nom, ou il fallait totaliser trente et un points pour gagner. l’exemple en lituanien, užkalbėti dantis [exorciser les dents] ne peut être expliqué sans savoir ou connaitre le rituel magique. Tous ces exemples donnés peuvent être absolument signalés comme étant des ensembles phraséologiques ou des idiomes. Les combinaisons phraséologiques « sont caractérisées par l’autonomie syntaxique de leurs composants, les rapports syntaxiques entre ces composants étant conformes aux normes du français moderne » (Vinogradov, 1946). Par exemple, un temps pourri [temps très pluvieux], être noyé de dettes [être couvert de dettes], user ses dents/ s’user les dents sur/ contre quelque choses [s’épuiser en lutte inutile] šokti pagal tavo dūdelę [exécuter qqn]. Les combinaisons phraséologiques ne sont point des équivalents de mots et, par conséquent, n’entrent pas dans le vocabulaire en tant qu’unités lexicales. Toutefois, la lexicologie aborde la question des combinaisons phraséologiques dans l’étude des sens liés des mots.

Selon Maurice Rat:

1. « Les locutions, (façons de parler) qui ont fait fortune parce qu’elles ont plu par leur caractère expressif, sans qu’on puisse dire si c’est leur tour même, ou une image, ou une comparaison amorcée ou exprimée, qui leur a valu leur succès. Elles tiennent par leurs éléments aux premiers moments de langue parlée ou écrite. Elles maintiennent souvent, par leur durée à travers les siècles, des mots, le plus souvent monosyllabiques, qui ont disparu de l’usage, parce qu’on les pouvait confondre avec des homonymes, et qui survivent aujourd’hui dans les locutions, parce que la locution forme un élément-bloc de la phrase. Val, par exemple ( du latin vallis), n’est plus guère employé de nos jours que dans des expressions géographiques (le Val d’Andorre, le Val d’Ajol, les Vaux-de- Cernay) ou poétique (« Le Val fut tout le jour désert » [Hugo]), mais il demeure au pluriel dans la locution par monts et par vaux, [de tous côtés], au singulier, sous sa forme vocalisée, dans les locutions à vau-de-route [dans un complet désordre], et à vau- l’eau [en déroute, à la débandade, en périclitant]. La figuration même du mot vau dans des noms de lieux-dits ou dans certaines locutions indique que ces noms de lieux ou ces locutions ont été formées anciennement. Elle prouve aussi qu’un nom peut rester dans la langue, protégé par une locution dont il fait partie comme par un entourage qui le défend des confusions possible ou il était exposé dans un emploi isolé.» (2007, VI-VI)

2. Locutions, ce sont des citations qui sont restées populaires depuis sept siècles déjà, grâce aux œuvres littéraires. « Clément Marot et François Rabelais au XVIe siècle, Jean de La Fontaine et Molliere au XVIIe, Voltaire au XVIIIe n’ont pas créé de locutions, mais le gout qu’ils avaient pour elles les a popularisées sous la forme, d’ordinaire, qu’ils leur avaient donnée. » (Maurice Rat, 2007, préface, VII). « Locutions autant en emporte le vent et, où sont les neiges d’antan ? se trouvent dans la langue bien avant que François Villon en ait fait le vers-refrain de deux de ses plus célèbres ballades, mais qui ne voit que les succès de celles-ci en multiplié l’usage ?» (Rat, 2007, VII). Quelques fois, les plus grands écrivains emploient une locution courante en lui donnant une forme un peu différente. Par exemple, la locution fort ancienne dormir sur ses deux oreilles demeure courante

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sous l’autre forme : je vous conseille de dormir comme moi, sur l’une et l’autre oreille. (Jean de La Fontaine, Contes et Nouvelles, III « Les Oies du frère Philippe »). Quant aux citations devenues proverbiales, rendons honneur, à la foi aux grands auteurs de la littérature ancienne et, aux écrivains ou auteurs contemporains. Remercions Jean de La Fontaine et Molière d’avoir écrit un bon nombre de locutions et d’avoir donné une nouvelle vie, parfois plus « glorieuse », ou au moins plus heureuse aux locutions populaires.

3. Locutions qui ont caractère historique ou anecdotique plus ou moins authentique. Prudence quant à l’époque historique précise d’une locution, c’est marcher sur des œufs que d’affirmer, tout comme Honoré de Balzac dans son œuvre Eugénie Grandet que, Napoléon est l’auteur et l’inventeur du, lavage de linge sale en famille. En effet, Casanova (Mémoires VIII) usait déjà du même procédé pour confiner les histoires privées. Il est imprudent de penser que la naissance des locutions date de l’instant de détermination, l’instant de leur(s) succès.

Les groupes principaux de locutions idiomatiques lituaniennes concernant leurs origines sont les suivantes (selon V. Drotvinas, 1987, 76-80)

1. Locutions purement lituaniennes :

- Locutions idiomatiques construites d’un fondement de vocabulaire principal (souvent des mots somatiques) : akmens širdį turėti, blusa perbėgo per plaučius, delnus pustytis, žarna žarną ryja, linus pratęsti, etc.

- Locutions construites avec les mots lituaniens très spécifiques : barakatą sukti [1.faire le fou, 2.faire du commerce], basynas sėdėti [gaspiller inutilement du temps], dinderį mušti [paresser], žibainys pilasi [rapidité], mikšys perša užkuriom [fatigue subite], etc.

- Locutions composées de noms propres et de toponymes: kaip nuo Striūpų tilto [partir à hue et à dia], Kilučių agaras [qqch d’inaccessible], revijas kelti [se disputer], Raseinių Magdė [guindée ou pédante], Vilniaus dūda [ignorant], kaip žydas Kalvarijoje [qqn qui court partout], utėlę į Kauną nuvaryti [être très radin], Luokės keliais eiti [aller en prison], jaunimo kaip velnių Šarkės dvare [beaucoup], etc.

- Locutions qui gardent le lexique emprunté (slavismes) : kaip čebato aulas [bête], jomarkus rodyti [l’horloge qui indique la mauvaise heure], sūdna diena [des temps difficiles], viena koja grabe [vieux ou très malade], etc.

- Locutions qui sont arrivées de proverbes et de dictons : duobę kasti [faire mal à qqn], laukas gimė, laukas ir dvės [sauvage], miško paukštis [diffèrent de la famille].

- Locutions comme citations d’auteurs lituaniens : parduotos vasaros [travailler tout le temps] (J.Baltušis), įkrito kaip musė į išrūgas [la pauvre], kojas sukūlusi [très fatigué] ( Žemaitė], etc.

2. Locutions communes ayant une ressemblance de par leur origine étymologique, leur sémantique, leur lexique, leur structure et leurs nuances stylistiques. Elles sont équivalentes, analogiques et adéquates.

-Par exemple, prendre le taureau par les cornes- взять быка за рога ( russe)- veikt bullis ar ragiem (létonien) - griebti jautį už ragų [s'attaquer à la difficulté avec détermination] ; vendre son âme au diable – продать душу дьяволу- pārdot savu

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dvēseli velnam (létonien)- parduoti savo dūšią /sielą velniui [compromettre son salut par une action impardonnable]- ces locutions sont équivalentes. -Les locutions analogiques dont le sens est identique et dont la structure est presque équivalente : se faire toute une montagne de rien- делать из мухи слона – iš adatos vežimą priskaldyti [dramatiser] ; -Les locutions adéquates, dans plusieurs langues elles sont le même sens, mais leur lexique et leur structure sont différentes : en plein jour - среди бела дня - vidury baltos dienos [en milieu de journée], à toute bise - su vėjeliu [à toute vitesse, très vite] ; c’est toujours la même histoire - amžinos istorijos [ce sont à chaque fois les mêmes incidents qui se reproduisent], avoir la parole facile- valdyti žodį [être disert, éloquent].

(Tableau 1 donnera une liste non exhaustive d’exemples de locutions communes aux deux langues, lituanienne et française).

3. Locutions empruntées : il s’agit de la source supplémentaire importante du système de phraséologie lituanien. Ces locutions sont classées en deux groupes : traduits et non-traduits (autrement nommés citâtes). La source principale de locutions non-traduites est la langue latine : ad rem, carpe diem, terra incognita, etc. D’autres langues, comme l’italien, le grec, l’anglais, le français (par exemple, en français: tête-à-tête, idée fixe, déjà vu, chercher la femme, femme fatale, laisser faire, laisser passer, laisser tomber, etc.), sont très populaires auprès des auteurs lituaniens et des lituaniens dans leur ensemble.

Toutes les explications théorique et les exemples donnés (français et lituaniens), mènent à la théorie de Pierre Guiraud qui élit trois critères pour caractériser les locutions :1) « unité de forme et de sens » (1973, 5), 2) éloignement de la « forme grammaticale et lexicale » (1973, 5), 3) « la plupart des locutions sont prises dans un sens métaphorique » (1973, 7).

2.4. Critères définitoires de la phraséologie

Les linguistes Bally, Guiraud, Rey, Burger, G. Gross et M. Gross en traitant de la phraséologie parlent de quelques facteurs importants : le figement lexical et syntaxique ainsi que le « sens global » (l’indépendance sémantique). Un autre facteur, comme l’opacité sémantique (anomalie syntaxique et lexicale), n’est désigné que par Rey, Burger et Guiraud. Le troisième facteur concernant les changements grammaticaux possibles n’est expliqué que par Burger, M. Gross et G. Gross. Le caractère usuel et reproductif n’intéresse que Burger sur l’ensemble de ces linguistes.

Burger (2007, 11-31) souligne que dès le début de la phraséologie ont été proposés trois critères définitoires :

1. La polylexicalité (un phrasème, ou phraséologismes). On parle de polylexicalité parce que les éléments sont figés au moins lexicalement : c’est une séquence de deux ou plusieurs mots non sondés qui possèdent un fonctionnement syntaxique autonome.

2. La fixité de la locution (= figement lexicale, syntaxique). Certaines locutions ne supportent aucune modification, d’autres sont plus souples. Par exemple, baisser pavillon (céder devant quelqu’un, reconnaître sa supériorité ; abandonner, renoncer, s’avouer vaincu),

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constitue une unité syntaxique indissoluble ; on ne dit pas lever pavillon, ou baisser un pavillon, ou baisser doucement pavillon, etc. ; la locution ne conserve son sens et son identité que sous sa forme figée. Elle constitue aussi une unité de sens et ne se laisse pas librement décomposer dans l’idée de baisser et celle de pavillon ; elle signifie céder. Cette unité de forme et de sens constitue la marque de toute locution. Ces locutions se définissent par trois caractères qui étaient établis par Guiraud: unité de forme et de sens ; écart de la norme grammaticale ou lexicale ; valeurs métaphoriques particulières.

D’autres types de phrasés peuvent être plus flexibles, par exemple : perdre la tête. Il / elle / je / nous / vous / a / ai / avons / avez perdu la tête (il est possible d’utiliser la forme plurielle, féminine, et même de modifier la syntaxe : As-tu perdu la tête ? ou Ne perds pas la tête !

Il existe des constitutions qui consistent à remplacer certains éléments par d’autres, par exemple : réveiller / éveiller le chien / le chat qui dort. Ainsi que des variantes à matière étoffée, par exemple envoyer qqn au diable / à tous les diables / aux cinq cents diables. Et des variantes à composants différents, par exemple avoir / porter le cœur sur la main.

Pour caractériser les locutions, les plus importants sont les traits formels communs : polylexicalité et figement.

3. L’idiomaticité (la signification figurée, imagée) est le critère facultatif : les idiomes font, aujourd’hui encore, l’objet de nombreux questionnement et divergences quant à leur(s) définition(s).

Les combinaisons de mots avec des degrés de figement, à valeur de lexèmes ou de phrases sont analysées de façon plus large : par la phraséologie (degré de figement plus libre) et, de façon plus restreinte, par l’idiomatique (degré de figement plus élevé).

Dans la langue lituanienne, les expressions idiomatiques sont caractérisées comme suit :

- du point de vue de l’expression : composées figées à composition lexicale et structure

grammaticale stables, reproduites de mémoire en raison de leur stabilité, utilisées telles quelles, sans les recréer à chaque fois de nouveau, ainsi utilisées comme des unités de la langue bien établies et habituelles. Par exemple : kojas pakratyti [mourir], nosį užriesti [être mécontent] ;

- sous l’aspect sémantique : continues, avec un sens général, décrites autant que possible par un seul mot. Par exemple : kaip varlė varškėje [richement] ;

- du point de vue de l’usage : ayant un environnement lexical défini qu’on appelle distribution idiomatique, celui-ci serait impossible ;

- sous l’aspect stylistique : elles sont expressives, imagées, et ont la mission de rendre la langue plus expressive, car les notions abstraites sont incarnées par des images concrètes. Par exemple : varnas gaudyti /ganyti [regarder autour de soi, être distrait, ne pas être concentré], kaip sviestu patepta [très bien]

Les linguistes lituaniens Paulauskas et Jakaitienė mettent en avant la continuité du sens, Barauskaitė l’expression en plusieurs éléments telle que les composés libres de mots,

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Galnaitytė le caractère imagé et Vosylyte souligne que la stabilité est la plus importante. Toutefois, toutes ces caractéristiques sont mentionnées comme étant indispensables pour distinguer une expression idiomatique d’une expression non idiomatique. « Il est d’usage d’affirmer que si un composé ne possède pas une de ces trois caractéristiques (continuité du sens, caractère image et stabilité), ce n’est pas une expression idiomatique » (Paulauskas, 1977, 7). « Par exemple, les composés de mots stables et de sens continu, mais non imagés, tels que kalio druska, geležies rūda ou Rentgeno spinduliai sont classés comme non idiomatiques. Les autres termes de structure similaire: perkūno oželis, kiškio kopūstai, Paukščių takas, Rentgeno spinduliai sont considérés en même temps stables, continus et imagés, et donc sont répertoriées comme expressions idiomatiques. » (Paulauskas 1997, 7). Et « les deux groupes de termes mentionnés se distinguent non pas tant par le caractère imagé que par le transfert de sens, le degré de changement de sens, car kalio druska du sel, Rentgeno spinduliai sont des rayons, tandis que Perkūno oželis est un oiseau et Paukščių Takas une partie de la galaxie. » (Paulauskas, 1997, 7)

Selon le linguiste Pikčilingis (1975, 347), les phraséologismes sont :

- Des expressions stables, constants (par exemple, kaip ant mielių kilti [bien grandir], širdį rodyti [être sincère et franc], etc.

- Des expressions plus ou moins désémantisées, dans le sens, complètement « mortes » ou composés de valeurs atténuées (par exemple : kaip Pilypas iš kanapių [apparu soudain], galvą laužyti [réfléchir], etc.

La recherche de leur stabilité se traduit par le fait que le composé est résumé dans la sémantique, ce qui est loin de celle de la signification des mots, et soumis à un lexical fixe. De plus, leur composition grammaticale, s’inscrit dans un environnement lexical défini. Donc, sur la base de travaux de Pikčilingis: les expressions phraséologiques ambigües sont des unités lexicales complètes et constantes, dans lesquelles les significations individuelles des mots sont plus ou moins mises en retrait, où sont éclipsées par le sens général. Il y a deux types de motifs: entièrement disparus ou atténués et libres. Entièrement disparus (où idiomes), ils sont complétement figées et, sont fermées, de plus, la signification de l’expression est éloignée de la signification individuelle de chaque mot. Par exemple, molio motiejus signifie apsileidėlis [débraillé et échevelé]. « Le contenu composé ne fait pas la somme des significations des mots: il a une toute nouvelle quantité, une autre équivalence ». (Pikčilingis, 1975, 348). La linguiste Jakaitienė souligne que : « Ce sont des éléments fixes, qui ne sont pas stylistiquement neutres. Parce qu’ils sont dépeints ou décrits par des personnes qui les utilisent avec une approche évaluative certaine, et dans la plupart des cas avec une forte connotation composante. » (Jakaitienė, 1980, 107).

Barauskaitė (1995, 62) explique : « En classant les expressions idiomatiques du point de vue du sens et, selon leur degré de justification en expressions idiomatiques, tropiques et comparatives, ainsi qu’en combinaisons idiomatiques: les composantes des combinaisons idiomatiques sont liées par la stabilité. Le changement de sens, autre caractéristique importante des expressions idiomatiques typiques, ne les caractérise pas ». L’auteur propose de classifier les phraséologismes comme combinaisons de composés de mots de même nature grammaticale appelés phraseoloides: kraują išsiurbti, į galvą įsikalti, juokus krėsti, akį

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užmesti, kvapą gaudyti, pykčiu nesitverti. Jakaitienė (1980, 107) propose elle, un élargissement des phraseoloides aux composés de mêmes membres d’un discours : skūra ir kaulai (kaulai ir skūra), rytas vakaras, šleivas kreivas, trumpai drūtai, aux composés partageant la même racine : diena iš dienos, tiek ir tiek, ainsi qu’aux morceaux de phrases ayant une tonalité émotionnelle marquée : kad negali - dans le sens de beaucoup, kur tau signifiant désespoir. Dans la langue française, les locutions de même racine existent aussi, par exemple : blanc de blanc [vin méthode champenoise].

En rencontrant des cas de phraséologie, on élargit sa notion, on montre un manque de séparation claire, certains lexicographes trouvent plus acceptable une notion de la phraséologie plus large, et dans les dictionnaires de phraséologie on présente des composés de mots « qui ne sont pas particulièrement imagés et expressifs, mais souvent utilisés dans la langue, par exemple : antre vertus, galų gale, verkiant reikia » (Galnaitytė, 1989, 5)

R. Marcinkevičienė propose de classifier comme unité composée lexicale et/ou phrases de mots stables et autres composés stables largement répandus : «proverbes, dictons, devinettes, énigmes, contes, jeux, formulettes d’élimination, éléments d’imitations, ainsi que des jurons, les mots de différents rites (cérémonies, prières), les phrases de l’étiquette et autres politesses, des aphorismes, des sentences, des citations de tous ou des allusions à ces citations, des slogans , des avertissements, des éléments lexicaux des publicités, s’ils sont suffisamment figés, universellement répandus, reproduits de mémoire et leurs éléments manquants faciles à deviner ». (Marcinkevičienė, 2001, 4(48), 81-96).

« Dans la langue lituanienne, il n’y a pas de tradition bien établie et stricte de dénomination des composés stables. Il existe quelques noms de nature générale, pas directement liés à la phraséologie : composés ou combinaisons de mots stables, figés, indivisibles. »( Marcinkevičienė, 2011, 49(48),91). Dans les grammaires, des composés de plusieurs mots sont nommés composés de mots (DLKG, 1994), groupes de mots, phrases, constructions (Balkevičius, 1998). Ici, on considère plutôt la structure à la sémantique ou à l’usage. Labutis distingue : « Composés de mots libres et composés de mots non libres » (Labutis, 1998, 52-53). Ce sont des « expressions idiomatiques knygų žiurkė, akmens ant akmens nepalikti et des noms géographiques composés de deux mots : Kuršių marios, Grįžulo Ratai sémantiquement indivisibles, mémorisés, utilisés telsquels, en ayant la structure d’un principe de mémorisation totale et de citation ». (Labutis, 1998, 52-53). Ces composés de mots sont la propriété de la langue, plus par conditionnement des modes de vie et de culture que par les particularités même de cette langue.

Dans les manuels de lexicologie et de stylistique, on analyse plutôt la sémantique que la grammaire. On mentionne des termes qui sont des éléments de phraséologie : idiomes et expressions idiomatiques, et on mentionne à leur limite les combinaisons de mots stables, les combinaisons idiomatiques et phrasèmes. Dans les dictionnaires spécialisés lituaniens, on présente des termes généraux en un seul mot « expressions idiomatiques, formules » (Lipskienė, 1979, 9-10).

Les phraséologismes idiomatiques sont venus de sources extralinguistiques : de la mythologie, de sources traditionnelles rituelles, d’évènements historiques. Par exemple, la locution užkalbinėti dantis signifie apgauti [se faire avoir], à une époque était une méthode

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pour soigner les dents grâce aux mots magiques (il y avait des gens qui croyaient qu’il était possible de conjurer le mal de dents, ce qui permettait aux tricheurs d’en profiter. Ces derniers murmuraient à leur(s),,patient(s)’’naïf(s) des mots insensés en tentant de les convaincre que les mots,, magiques’’ les délivreraient du mal.), mais maintenant, cette phrase n’a rien à voir avec l’odontologie.

Pour comprendre le sens de ces phraséologismes il faut connaître l’étymologie, les causes d’apparition du ou des phraseologismes et le contexte. Les phraséologismes vyti (nevyti) Dievą į medį ; kaip laumės apmainytas ont un lien avec les images de la mythologie archaïque lituanienne. Par exemple, kailį lupti [battre], kraują gerti [battre très brutalement]- sont liés à l'exploitation de classe, ožį parduoti [se confesser], kryžių nešti [supporter sa peine, sa douleur], l’origine de ces phraséologismes est la foi chrétienne.

D’après le degré de motivation on distingue, les locutions immotivées : ne pas avoir froid aux yeux [avoir de l’énergie, du courage], beržinė košė (= bouillie de bouleau) [badine]. Comme on peut le constater dans ces exemples, ces locutions ne s’utilisent pas au sens propre. Dans la linguistique lituanienne, ces locutions immotivées sont nommées comme étant des idiomes. Les composants d’idiome, utilisés au sens propre ne sont pas réels, et, la relation avec le dénotât n’est pas tangible. Et les locutions sémantiquement motivées, par exemple rire du bout des lèvres [rire sans en avoir envie], priremti prie sienos [capturer], elles sont utilisées au sens propre.

M. Pecman (linguiste français) dans L’enjeu de la classification en Phraséologie explique : « Les idiomes sont des expressions complètement figées. Les combinaisons libres quant à elles ne présentent aucune contrainte combinatoire, si ce n’est celle de la compatibilité sémantique entre les unités mises en relation. Les idiomes figuratifs connaissent un double emploi : en emploi libre avec sens compositionnel et un emploi figé ou le sens de l’ensemble est figuratif. Ainsi, c’est dans la poche peut-être employé au sens propre qqch est dans la poche et au sens figuré c’est réussi. Quant aux collocations restrictives, elles concernant les relations préférentielles qui s’établissent entre les unités lexicales. ». L’exemple en lituanien serait le suivant: kailį lupti (au sens figuré išnaudoti, mušti ou au sens propre dépecer).

Dans les autres langues, les composés de mots sont traditionnellement classés comme phraséologie et idiomatique. « Dans les pays anglo-saxons, le terme d’idiome est plus usité et englobe non seulement de vrais idiomes, mais aussi des expressions idiomatiques tropiques ainsi que des comparaisons. Un autre terme populaire est cliché (idée ou expression trop souvent utilisée, par exemple : j’en passe et des meilleurs) qui a une étendue sémantique large, englobant tous les signes fréquemment utilisés lexicaux ou non lexicaux (images, sonores). Ce terme est surtout répandu aux Etats-Unis, mais il est aussi rencontré dans les études de phraséologie des linguistes français. » (Marcinkevičienė, 2001, 4(48), 81-96).

Le degré de stabilité et de caractère idiomatique de groupes a servi de base aux typologies bien connues des unités phraséologiques de Bally et de Vinogradov.

Z. Khovanskaja et L. Dmitrijeva (des auteurs russes) dans leur Stylistique française parlent de l’actualisation des unités phraséologiques et, constatent, que les traits spécifiques de leur

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actualisation sont liés à leur caractère discret, et à leur nature imagée et expressive. Elles sont caractérisées par l’actualisation double du sens dénoté et connoté, qui nous permettent de créer des effets du style éclatant. Les unités se distinguent des groupes de mots libres par leur stabilité, leur invariance formelle et leur reproduction en parole en tant que telles, référant à un objet ou un phénomène de la réalité. « Un groupe de mots figés est une dénomination complexe toute faite qui s’emploie sans aucune modification d’ordre morphologique, syntaxique ou lexicale. Autrement dit, elle existe dans le système de la langue au même titre que les unités lexicales et fait partie d’une classe finie de moyens d’expression constituant le vocabulaire dont le locuteur choisit une dénomination qui correspond le mieux à sa tache communicative, tandis que les groupes de mots libres se construisent à nouveau à chaque nouvel emploi, leur nombre est aussi infini que celui des situations réelles. Leur construction obéit à des modelés bien déterminés tandis que leur contenu lexical est variable. » (Z. Khovanskaja et L. Dmitreva, 1991, 231-232).

2.5. Caractéristiques générales de la locution: figement et défigement

« Le figement est un processus par lequel un groupe de mots dont les éléments sont libres, devient une expression dont les éléments sont indissociables. Le figement se caractérise par la perte du sens propre des éléments constituant le groupe de mots, qui apparaît alors comme une nouvelle unité lexicale, autonome et à sens complet, indépendant de ses composantes. Les expressions figées, ou locutions idiomatiques se définissent par les contraintes qui limitent leur morphologie, et par la non-compositionalité de leurs composants sémantiques » (Charaudeau et Maingueneau 2002, 262). Selon R. Martin (1997, 291), « Une locution est un syntagme (syntagme- indépendamment de ces emplois, le mot a été réemprunte en linguistique par F. Saussure) figé, situe au-delà du mot et en-deca de la phrase figée ». « Une séquence est figée du point de vue syntaxique quand elle refuse toutes les possibilités combinatoires ou transformationnelles qui caractérisent habituellement une suite de ce type. Elle est figée sémantiquement quand le sens est opaque ou non-compositionnel, c’est-à-dire, quand il ne peut pas être déduit du sens des éléments composants. Le figement peut être partiel si la contrainte qui pèse sur une séquence donnée n’est pas absolue, s’il existe des degrés de liberté ». (Gross, G. 1996, 154). Par exemple, les locutions figées : mettre les pieds dans le plat [aborder une question délicate avec une franchise brutale, commettre une gaffe] ; mordre la poussière [être jeté à terre au cours d'un combat. Par extension, être vaincu.]; les carottes sont cuites [tout est perdu. Il n'y a plus aucun espoir], remuer ciel et terre / sumaišyti dangų su žeme [à la chasse : parcourir le terrain de chasse dans tous les sens pour faire lever le gibier. Parcourir de grandes étendues à la recherche de quelque chose ou quelqu'un].

Le figement peut également être caractérisé par une perte de la compositionalité du sens qui donne lieu à une opacité sémantique.

D’après G. Gross, le figement est formé par trois critères :

1. Opacité ;

2. Manque des propriétés transformationnelles (on ne peut pas transformer une phrase affirmative en question, etc.) ;

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3. Non-actualisation des éléments qui ne peuvent pas être actualisés individuellement, et on ne peut pas insérer entre eux d’autres éléments.

L’opacité sémantique, est le premier critère du figement. « Une séquence donnée est dite opaque quand, à partir du sens des éléments composants, on ne peut pas reconstituer le sens de l’ensemble. » (Gross, G.1996, 155). D’après Martin, la locution se compose de deux mécanismes principaux : l’enrichissement sémantique et la démotivation étymologique, ainsi, une séquence de mots peut signifier plus que l’addition simple de ses parties. Une expression transparente est une expression dont on comprend le sens, par exemple : faire amende honorable [action d’un coupable de]. Le sens général de cette locution idiomatique n’est pas déductible du sens des mots qui la composent.

Une locution difficile (ou impossible) à comprendre est opaque. Par exemple, la locution il est heureux comme un poisson dans l’eau n’éprouve pas de grandes difficultés à être interprétée, mais, l’expression il est haut comme trois pommes peut poser des problèmes de compréhension. Dans ce cas, haut comme trois pommes serait plus opaque que heureux comme un poisson dans l’eau (analogue en lituanien : kaip žuvis vandeny [se sentir très bien]. Par exemple, la locution j’ai les foies blancs [j’ai peur] (analogue lituanien : tulžis sprogo [se mettre en colère]) fait preuve d’une opacité totale. Un autre exemple il a un menton bleu [un homme ayant une barbe noire] (analogue en lituanien : plaukai rausta [la honte]) nous permet de parler d’opacité partielle.

Blocage des propriétés transformationnelles (non-insertion, absence de libre actualisation des éléments composant), est le deuxième critère: les éléments de la phrase ne peuvent pas être librement transformés et, leur valeur est intentionnelle et non référentielle. Par exemple, « boire la tasse [1. Se noyer ; 2.faire banqueroute]- Il est possible parfois de modifier l’article – avaler involontairement de l’eau en nageant, parce qu’il y a des degrés de figement syntaxique » (Rey, 2007). En parlant de blocage grammatical, Chapira (1999, 9) explique comme « impossibilité de changer l’ordre des mots dans la séquence figée, la suspension de la variation en nombre des composantes, le segment figé n’admet pas la manipulation transformationnelle, le segment figé ne permet pas l’extraction d’un des composants pour la relativisation, la tropicalisation, la voix passive ou la mise en vedette au moyen de la corrélation ». Par exemple, casser sa pipe on utilise le mot singulier et non pluriel casser ses pipes ; les carottes sont cuites (pluriel) et non singulier la carotte est cuite ; à bon chat bon rat (singulier) et non pluriel- à bons chats bons rats; donner carte blanche – non donner plusieurs cartes blanches; et les suivantes construites exclusivement au singulier : au jour le jour ; mordre la poussière ; au fur et à mesure ; prendre une veste ; la bailler belle. Et de blocage lexical selon Chapira : « l’impossibilité de remplacer l’un ou l’autre des mots du groupe, éléments archaïques de nature syntaxique (ordre des mots) ». Par exemple, la locution casser sa pipe ne peut être changée avec les autres mots : briser sa pipe ou casser son cendrier; il y a anguille sous roche- il y a poisson sous roche - il y a anguille sous pierre; douche écossaise - bain écossais - douche anglaise.

Mais, Burger (1998, 25), G. Gross (1996, 16-17) et M. Gross (1988, 22), en parlant de figement syntaxique, (dans le sens de transformation bloquée, non-actualisation des éléments, mais changements possibles), sont d’accord pour dire que, la majorité des phrases figées françaises connaissent une certaine liberté à l’intérieur de l’unité, voulant dire par là

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que les changements syntaxiques sont possibles : les verbes peuvent être conjugués ou déclinés. Par exemple : se tirer par les cheveux / être tiré par les cheveux ; il a perdu la tête / elles avaient perdu la tête).

Non-actualisation des éléments, est le troisième critère du figement : les locutions sont figées quand les éléments lexicaux constitutifs ne peuvent être actualisés individuellement.

On résume que le terme locution désigne « un syntagme dont les éléments composant ne sont pas actualisés individuellement et qui forme un concept autonome, que le sens global soit figé ou non. » (Gross, 1996, 154).

R. Martin dans son étude Sur les facteurs du défigement lexical (1997, 291) explique que la locution se compose de deux mécanismes principaux : l’enrichissement sémantique et la démotivation étymologique, ainsi, une séquence de mots peut signifier plus que l’addition simple de ses parties. Par exemple, tirer le diable par la queue [manquer, ne pas avoir assez]- tous les mots sont compréhensibles, mais cela ne suffit pas pour comprendre ce que veut dire cette locution. D’après Chapira, ce critère est nommé comme « séquence dite ‘opaque’ ». La non-compositionalité peut être partielle ou totale. « Les termes partielle et totale peuvent aider à préciser la nature de la compositionalité des expressions. La notion de non-compositionalité est souvent évoquée comme une caractéristique d’expressions figées. La motivation d’un syntagme ne se laisse décider qu’une fois le sens du syntagme révélé. Une fois le sens connu, le locuteur peut juger si les mots composant contribuent au sens d’une façon logique. Si cela est le cas, les mots sont motivés. Dans la phrase Les carottes sont cuites [tout est perdu] les mots composants peuvent être motivés ou non, selon le contexte. Lors de la préparation du dîner, ces mots sont tous motivés, tandis que dans un contexte sans nourriture, où la même phrase a la signification tout est perdu, la motivation des mots composant n’existe plus et l’expression est dans ce cas non-motivée. » (Gross M., 1984, 156) Les mêmes exemples existent dans la langue lituanienne : į purvą įminti [humilier honteusement], upeliais tekėti [beaucoup], plikomis rankomis [sans armes], etc. Les sens de ces phrases dépendent du contexte.

Pour mieux comprendre le phénomène de défigement, rappelons-nous le fonctionnement des phrases libres: « Les constructions libres sont caractérisées par l’existence de paradigmes permettant des substitutions définies par les contraintes d’arguments, par des modifications, et par des restructurations qui dépendent de la nature sémantique et syntaxique de la relation existant entre le prédicat et ses arguments. On peut ainsi calculer le nombre de variations potentielles pour une construction donnée. Toute transgression à ces possibilités est considérée comme une faute, comme par exemple une construction avec un verbe intransitif. Le seul jeu possible consiste à introduire dans un domaine d’arguments, caractéristique d’un prédicat donné, un substantif qui ne fait pas partie de la classe sémantique en question. La littérature use de cette possibilité de façon constante dans le cadre de la métaphore. » (Gross, G. 1996, 20) Par exemple, l’expression figurée prendre d’un sac doubles moutures signifie tirer double profit d’une chose. Dire de quelqu’un qu’il a cassé sa pipe peut très bien signifier qu’il est mort ou, moyennant quelques éléments contextuels, qu’il a vraiment cassé une pipe avec laquelle il avait l’habitude de fumer. Ces expressions peuvent être prises dans certain contexte au sens propre, par exemple s’il s’agissait d’un meunier qui volait ses clients ou du

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fumeur collectionneur. Le défigement et son degré dépend éminemment du contexte, de la culture et des compétences de récepteur. Selon M. Gross (1984), il y a une rupture entre la séquence figée et la séquence libre qui est le resultat de la structure à la fois formelle et sémantique. Si la séquence libre oblige des unités lexicales fonctionnant avec leur potentiel à la fois sémantique et référentiel, et, par conséquent la liberté syntaxique qui en est la suite logique et directe, l’intégrité sémantique et référentielle de la séquence figée entraîne une syntaxe ne pouvant être modifiée ou transformée d’aucune manière. Par exemple, la phrase Pierre a cassé sa pipe (sa pipe a été cassée) n’est possible que pour la séquence libre, tandis qu’elle est exclue pour la séquence figée.

Selon l’approche sémantique les locutions sont :

1) Arbitraires, dont la signification globale ne s’analyse pas directement à partir des significations des éléments constituants. Par exemple, ne pas avoir froid aux yeux : cette forme expose une image assez bizarre en contradiction avec les expériences et

les sciences humaines : les yeux « n’ont jamais froid » ou avoir une araignée dans la tête/au plafond [être emprunt a une certaine forme de folie] ; se faire limoger [être mise en disgrâce](sachant que la ville de Limoges était la ville de garnison dans laquelle les officiers de l’armée française étaient reclassés a défaut d’être exclu des rangs), akis pamuilinti [tricher], devintame danguje [être très heureux], akis paganyti [admirer], akim šaudyti [regard de séduction], bala žino [le suspense].

2) Partiellement motivées comme : Paris vaut bien une messe [être prêt à sacrifier pour sauver], ou, faire l’objet et les frais d’une chasse aux sorcières [être victime de discrimination], ou encore, avoir une vue de Lynx [une vue perçante]. Expressions dont tout ou partie du contenu, tout ou partie des éléments ne participe pas aux transformations sémantiques des phrasémes idiomatiques.

3) Motivées : avoir le vent en poupe [être pousse dans la bonne direction par des éléments favorables], être entre le marteau et l’enclume [se trouver en position

défavorable], ou bien, être aux pièces [devoir faire vite], ou encore, se faire tondre la laine sur le dos [se faire déposséder], akis užmerkti [mourir], gumą tempti [trainer], pirštinę mesti / jeter son gant [provoquer en duel], užkirsti kelią [interdire qqch] locutions dont la signification peut être directement déduite et tirée de la définitions des éléments constituants. L’arbitraire, la délocalisation géographique et historique ou, la perte de motivation déclenchent aussi dans les phrasèmes le processus de démotivation par étymologie populaire : « Se croire sorti de la cuisse de Jupiter...ou cuisse devient cuisine de Jupiter, Subir le supplice de Tantale…Avec Tantale remplacé par la ville bretonne de Cancale». (A. Rey, 2007, préface).

« Les spécialistes en phraséologie signalent des particularités de sens des unités phraséologiques telles que la présence obligatoire d’une composante connotative, sa liaison avec l’image due à la forme analytique de ces unités , le caractère diffus de leur sens , c’est-à-dire leur base sémantique générale, la référence à une situation et non à un objet, la de-sémantisation complète ou partielle de leurs éléments, etc. » (Rey, 2007, préface) On peut constater que les traits spécifiques de l'actualisation de locutions phraséologiques sont liés à leur caractère discret et à leur nature imagée et expressive.

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3. CLASSEMENTS DES LOCUTIONS PHRASÉOLOGIQUES

3.1. Classement étymologique L’origine étymologique française des locutions phraséologiques est bien décrite et bien présentée dans plusieurs sources littéraires françaises. En langue française, le classement des locutions phraséologiques proposé par Mel’čuk (1998) se fait selon des critères étymologiques et de la façon suivante (voir tableau 1), il va nous montrer les mêmes phraseologismes traduits mot pour mot et ayant le même sens dans les deux langues comparées. Ces locutions communes ayant une ressemblance de par leur origine étymologique, leur sémantique, leur lexique, leur structure et leurs nuances stylistiques. Elles sont équivalentes, analogiques et adéquates. Tableau 1. Classement étymologique

ORIGINE EXEMPLES (lituaniens et français) Mythologique Achilo kulnas- Talon d’Achille

Ariadnės siūlas – Fil d’Ariane Aštunas pasaulio stebuklas- La huitième merveille du monde Augijaus arklidės/ tvartai- Les écuries d’Augias Damoklo kardas- L’épée de Damoclès Gigantiškas darbas- Un travail gigantesque Nemesidės ranka- La main de Némésis Pandoros skrynia- La boite de Pandore Paniška baimė- La peur Panique Pyro pergalė- La victoire du Pyrrhus Prokrusto lova- Le lit de Procruste Prometėjo ugnis- Le feu de Prométhée Scilė ir Charibdė- Charybde en Scylla Sizifo darbas- Le travail de Sisyphe Sfinkso mįslė- Le secret du Sphinx Titano darbas- Un travail de titan

Historique Absoliutus nulis- Zéro absolu Aukso amžius- L’Age d’or Bloga akis – Le mauvais œil Džiunglių įstatymas – La loi de la jungle Geležinė uždanga- Rideau de fer Geneologinis medis – Arbre généalogique Kolumbo kiaušinis- L’œuf de Christophe Colomb Neturėti nė kapeikos- Ne pas avoir un kopeck Nusimesti kaukę- Jeter le masque Perbristi Rubikoną- Franchir/ passer le Rubicon Peržengti ribas- Dépasser les bornes Raganų medžioklė- Chasse aux sorcières Skaldyti malkas- Casser du bois Sudėti ginklus – Déposer les armes Surišti rankas- Lier les mains à qqn Šviesoje (kieno nors)- A la lumière de qqch Užkasti karo kirvį- Enterrer/déterrer la hache de guerre

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Antique Aukso vidurys- Nombril du monde

Danajų dovanos- Le tonneau de Danaïdes Ezopo kalba- La langue d’Esope Gausybės ragas- Corne d’abondance Ikaro skrydis- Le vol d’Icare Įkvėpimo šaltinis- La source d’inspiration Ilsėtis ant laurų- Se reposer sur les lauriers Kas leista Jupiteriui, nevalia jaučiui Krokodilo ašaros- Larmes de crocodile Laimės ratas- La roue de la Fortune Laurų vainikas-la couronne de lauriers Mirties taškas- Au point mort Mūzų įkvėpti- Inspiré par la Muse Olimpinė ramybė- La calme olympien Panacėja nuo visų ligų- La panacée Pasaulio bamba- Nombril du monde Regulo ištikimybė- La fidélité du régule Statyti ant pjedestalo- Mettre/placer qqn sur un piédestal Visi keliai veda į Romą- Tous les chemins mènent à Rome

Religieux Adomo vaikai-Les enfants d’Adam Akis už akį, dantis už dantį- Œil pour œil, dent pour dent Atpirkimo ožys- Bouc émissaire Babelio bokštas- la tour de Babel Dangiška mana-Manne céleste Gyventi kaip atsiskyrėliui- Vivre comme un ermite Judo pabučiavimas- Baiser de Judas Iki pasaulio pabaigos- Jusqu’à la fin des temps Išmesti perlus kiaulėms- Jeter des perles aux cochons Kaip vagis naktį- Comme un voleur dans la nuit Kalnus pakelti - Soulever / déplacer des montagnes Kasdienė duona-Le pain quotidien Kopti į Golgotą- Monter au Golgotha Kryžiaus keliai-Le chemin de croix Kryžių nešti-Porter sa croix Mesti akmenį į…- Jeter la pierre à qqn Nuo Adomo ir Ievos- D’Adam à Eve Nusiplauti rankas- S’en laver les mains Pabelsti į medį- Toucher du bois Padėti kryžių- Mettre une croix Paklydusi /pasiklydusi avis- Brebis égarée Pažadėtoji žemė- La terre promise Rojaus sodas- Le jardin du paradis Savo krašte pranašu nebūsi- Nul n'est prophète en son pays Sodoma ir Gomora- Sodome et Gomorrhe Spygliuotas kelias- Chemin épineux Sūnus palaidūnas- L’enfant prodigue Taikos balandis- Colombe de la paix Uždraustas vaisius- La fruit défendu Velniui sielą parduoti-Vendre son âme au diable Vilkas avies kailyje-Un loup déguisé en agneau

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Visa širdimi- De tout cœur Žemės druska- Le sel de la terre Žemės dulkė-La poussière de la terre

Littéraire Aukso gysla-Le veine d’or Amerikietiška svajonė- Le rêve américain (J.Truslow-Adams) Amžinasis žydas- Le Juif errant (E.Sue) Apvalusis stalas- La table ronde (Wace) Atgal į gamtą- Retour à la nature (J.J. Rousseau) Audra vandens stiklinėje - La tempête dans un verre d’eau [Ch. Montesquieu] Bumerangu grįžti- Un retour de boomerang (J.Verne) Būti ar nebūti- Etre ou ne pas être (W. Shakespeare) Būti Don Žuanu- Être un Don Juan (T. de Molina) Daug triukšmo dėl nieko- Beaucoup de bruit pour rien (W. Shakespeare) Drugelio efektas- L’effet papillon (R. Bradbury) Ezopo kalba- La langue d’Esope Gordijaus mazgas- Nœud gordien (R. Graves) Gulbės giesmė- Le chant du cygne (Pline l’Ancien) Karalius nuogas- Le roi est nu (E. Schwartz) Kelias rožėmis klotas- Chemin parsemé de roses Kova su vėjo malūnais- Se battre contre des moulins(Cervantès) Laukti Godo- En attendant Godo (Samuel Beckett) Likimo ironija – L’ironie du sort (O.de Balzac) Liūdnojo Vaizdo riteris- Chevalier à la Triste Figure (Cervantès) Meilės laiškas- billet doux (Michel Berny) Nuvarytus arklius nušauna-On achève bien les chevaux (H.Mac.Coy) Pabaigos pradžia- Le début de la fin (W. Shakespeare) Paskutinis Mohikanas- Le dernier des Mohicans (J.F.Cooper) Pragaro ratus pereiti- Par les chemins de l’enfer (Dantes) Švęstas vanduo- Eau benite (Coquillart, XVe)

Vakaruose nieko naujo- à l’ouest rien de nouveau (E.M.Remarque) Vieta po saule- Une place au soleil (T. Dreiser) Žiurkės iš skęstančio laivos- Les rats quittent le navire (W. Shakespeare)

Populaire Atversti kortas- Abattre ses cartes Auksinė širdis – Avoir un cœur d’or Auksinė taisyklė – Regle d‘or Baltas kaip drobė /paklodė- Pale comme un linge Belstis į visas duris-Frapper/ heurter à toutes les portes Dailioji lytis- Le beau sexe Daryti iš musės dramblį- Faire d’une mouche un éléphant Duoti į galvą / ranką nukirsti- Donner/ mettre sa tête à couper ,,Durnių’’ volioti – Faire l’imbécile Drumsti vandenį- Troubler l’eau Eiti atbulomis- S’en aller/partir/sortir les pieds devant/en avant Eiti miegoti su vištomis- Se coucher comme les poules Įkalti / įsikalti į galvą – Enfoncer/ s’enfoncer qqch dans la tête Iki kaulų smegenų- Jusqu’à la moelle des os Iki beprotybės – A la folie Įleisti šaknis- Jeter des racines

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Imti jautį už ragų- Prendre le taureau par les cornes Įstatyti ragus- Planter les cornes a qqn Gimti po laiminga žvaigžde- Etre né sous une bonne étoile Kaip žuvis vandeny- Comme un poisson dans l’eau Kalbėti ne ta pačia kalba- Ne pas parler la même langue Klijuoti etiketes- Coller des étiquettes Kristi kaip musės- Tomber comme des mouches Kryžminė apklausa –Jugements croisés Laikytis žodžio-Tenir parole Mėtyti žaibus /žaibuoti- Lancer/Jeter des éclairs Mirti iš juoko- Mourir de rire Mirties taškas- Au point mort Mirtinai- A mort Neturi kainos- N’avoir pas de prix Nė žodžio- Pas un mot Nusisukti sprandą- Se rompre/casser le cou Pasverti už ir prieš- Peser le pour et le contre Pinigai neturi kvapo- L’argent n’a pas d’odeur Pirkti katę maiše- Acheter un chat dans un sac Po manęs nors ir tvanas- Apres moi le déluge Ropierinis tigras-Un tigre de papier (venu de Chine) Protinis dantis- dent de sagesse Rūkyti taikos pypkę - Fumer le calumet de la paix Rūkyti kaip garvežys –Fumer comme une locomotive Sandoris su sąžine- Capitulation de conscience Saugoti savo kailį- Sauver sa peau Senas kaip pasaulis- Vieux comme le monde Skaityti tarp eilučių- Lire entre les lignes Stiprioji lytis- Le sexe fort Storas kaip kiaulė- Gras comme un cochon Sudėti taškus ant i- Mettre les points sur les i Sudurti galą su galu- Joindre les deux bouts Sumaišyti kortas- Brouiller les cartes Širdies reikalai- Affaires de cœur Širdis kraujuoja- Le cœur de qqn saigne Šlapia višta- Poule mouillée Štai kur šuo pakastas- C’est là que le bât blesse Šviesi kaip diena- Clair comme le jour Šuns gyvenimas- Vie de chien Tarp dviejų ugnių – Entre deux feux Tyli kaip žuvis- Mou comme un poisson Užsispyręs kaip asilas- Entêté/têtu comme un âne /mulet/mule Viskas savo vietoje- A sa place Žaibas iš giedro dangaus- Coup de tonnerre dans un ciel serein Žodis į žodį- Mot à mot Žiūrėti mirčiai į akis- Regarder la mort en face

L’origine de beaucoup de locution se perd dans la nuit des temps et des peuples. Beaucoup de locutions française, ainsi que lituaniennes sont mortes. Et entre les langues vivantes : langues

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romanes, anglaise, allemande, russe, lituanienne, letonienne, etc., existent des locutions semblables ou identiques. « Les mêmes sensations, les mêmes sentiments, des images analogues – marquent ce fonds commun et humain de locution. » (Larousse, 2007, préface). Dans les phraséologismes se reflètent l’âme et la mémoire du peuple. Ce qui rend ce travail d’explication(s) et de classification(s) difficile, c’est, qu’à côté d’expressions courantes et mystérieuses pour lesquelles l’éclairage est compliqué mais possible, il existe un grand nombre de locutions n’ayant comme valeur que celle de leur définition d’usage au sens courant. Les mots, dans ces locutions, ayant conservé leur valeur banale, il existe la question de l’assemblage et de l’organisation : parler du bout des lèvres, plutôt que du bord de celles-ci, donner la voix plutôt que l’offrir.

Avec cette question se pose celle de l’agencement et l’utilisation des mots en général, bien au-delà des phraséologismes, ainsi, pourquoi ne dit-on pas : à motif de mais à cause de ?

Même si, quantitativement, le nombre de locutions semble sans limite, il n’en obéit pas moins à ses propres lois et règles. Les transferts sémantiques réguliers, du concret à l’abstrait et du physique au psychique. Le panel de jugements sociaux et la panoplie de contenus cohérents tels que plaisir ou douleur, réussite et échec, santé et maladie, vie et mort.

Tout comme il existe des lois et des règles régissant les constructions, les éléments de départ servant à exprimer ces ‘sagesses populaires’ eux non plus ne sont pas quelconques. Ils conservent les traces du passé, du droit des ancêtres, de la religion, de la guerre, des arts ou des techniques, naissantes ou abouties. Et ce musée, ou conservatoire de la civilisation, sauvegarde depuis le moyen âge jusqu’à aujourd’hui des réalités historiques grâce aux locutions. Ainsi, malgré le tout à l’égout et les progrès réalisés en matière d’urbanisme, il est souhaitable et préférable de tenir le haut pavé.

A moins de se contenter d’aligner les locutions en utilisant une méthode alphabétique de base, les étudier relève autant du travail d’historien que de celui de linguiste pur et dur. Toute la tradition textuelle garde en son sein les grands moments du passé homérien, biblique et littéraire. Il est ainsi plaisant de constater, selon les auteurs ou les époques, combien ces formules envahissent plus ou moins les textes. Leur fréquence d’utilisation dans les œuvres du moyen âge à nos jours, d’une manière générale, correspond à l’intérêt porté au langage oral, spontané, au langage en tant que symptôme du comportement social.

Du roman de Renard à Prévert, de Rabelais à Aragon, de Molière à Proust, ou de Diderot à Flaubert ; du milieu le plus modeste et populaire décrit avec sincérité et réalisme, à celui de la bourgeoisie romancée ou exacerbée et combattue, cette opposition des genres, des lieux et des moments, tous les auteurs excellent à caractériser les psychologies et les milieux par la façon de parler et de s’exprimer propre à chaque situation ou contexte. Et, l’opposition des genres pourrait être testée à chaque œuvre mesurée par le plus ou moins ‘envahissement’ du texte par les locutions figurées.

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3.2. Classement traditionnel d’éléments lexicaux

3.2.1. Locutions nominales/ Noms composés

« Le nom est une catégorie que la grammaire a privilégié du point de vue du figement : il est le seul qui ait reçu une dénomination particulière (nom composé) ; toutes les autres sont désignées sous le terme générique de locutions : locutions verbales, adjectivales, adverbiales. » (Gross, 1996, 27). Les locutions : une patience d’ange [patience à toute épreuve], un temps de chien [mauvais temps], oie blanche [jeune fille « bête comme une oie », latin de cuisine [mauvais latin], purée septembrale [le vin] un froid de canard [il fait très froid], c’est un Nicodème [c’est un homme simple et borné] ], larmes de crocodile [larmes fausses et hypocrites], la Loi et les Prophètes [une verite incontestable], et en lituanien krokodilo ašaros [larmes fausses et hypocrites], senas vilkas [l’homme malin], devintas vanduo nuo kisieliaus [qqn de très loin], pelų maišas [misérable], šiaudų galva [une mémoire déficiente], vėjo botagas [l’homme pas sérieux], molio Motiejus, balti pyragai [la vie facile] fonctionnent comme une unité, même si elles sont constituées de plusieurs

éléments lexicaux. 3.2.2. Locutions adjectivales

« Un mot que l’on joint à un nom pour exprimer une qualité de l’être ou de l’objet nommé ou pour introduire un nom dans le discours » (Grevisse, 1969, 284). D’après Gross, les formes considérées comme adjectifs doivent correspondre aux deux critères : « 1) elles figurent, en position d’attribut, à droite du verbe être ; 2) elles peuvent être nominalisées par le pronom invariable » (Gross, 1996, 15). Par exemple, en français : léger/ tendre du cerveau [bête, faible d’esprit] ; mou du bulbe [bête] ; joli à croquer [très joli], bête à manger du foin [sot], à la noix [mal fait, construit, mauvais]; mouillé(e) jusqu’aux os [trempé(e) par l’eau], šlapios akys [travail difficile], svetimos akys [l’homme étrange], smailos akys [jaloux, cupide], dyka kišenė [pauvre].

3.2.3. Locutions adverbiales

Les locutions adverbiales sont celles faisant partie de la catégorie la plus diversifiée. Elles sont, à la différence des arguments des verbes, obligatoire d’emploi. Comme le vent [rapide], a volo [partir en morceaux], avec panache [avec noblesse], entre quatre yeux [tète a tète, de près et sans témoin], sur le papier [théoriquement, en projet] sans reproche(s) [libre de tous soupçons], con comme la lune [sot, bête], en vain ; en lituanien : nei štai, nei antai [ce n’est pas grave], tiek ir tiek [beaucoup, énormément], nei ten, nei šen [nulle part], kur čia [timidité], ryt poryt [un jour],

3.2.4. Locutions verbales

« Une suite verbe + complément est une locution verbale si l’assemblage verbe/ complément n’est pas compositionnel ou, si les groupes nominaux sont figés (c’est-à-dire qu’on ne peut les modifier d’aucune manière : les déterminants sont fixes et les modifier est interdit) » (Gross, 1996, 69-70). Par exemple, planter un clou [s’établir, se fixer par allusion], baisser pavillon ou mettre pavillon bas prendre la fuite [se sauver], se laisser prendre [se laisser convaincre en étant trompé / se faire avoir], donner du fil à retordre [donner des difficultés],

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dresser l’oreille [écouter attentivement] ; ausis pastatyti [écouter attentivement], padus parodyti [se sauver, fuir], dantį galąsti [fâcher], į šarkų bažnyčią eiti [mourir].

Les linguistes lituaniens classifient selon les mêmes critères ; en fonction des classes grammaticales (différents éléments constituant la phrase) - Nom, adjectifs, verbes, circonstanciels de lieu, de temps ou adverbes, et rarement adjectif numérique ou pronom.

La classification de locutions phraséologiques françaises et lituaniennes d’après les parties du discours nous montre que les locutions phraséologiques verbales sont les plus nombreuses.

3.3. Structure syntaxique

Le classement selon la structure syntaxique est un type de classification très fréquemment pratiqué dans les études en phraséologie. Les tableaux 2 - 4 aident à trouver des exemples pour les structures aussi bien en lituanien qu’en français.

Kalinauskas (1974, 93) divise les modèles structuraux en deux types de phraséologismes :

1) les phraséologismes qui prennent la forme de phrases, par exemple, juoda katė perbėgo).

2) les phraséologismes qui prennent la forme d’additions de mots, (n’obéissant pas au modèle traditionnel sujet, verbe, complément) par exemple, po padu laikyti.

Les composants binaires :

Tableau 2. Structure syntaxique

Structure Exemples en lituanien Exemples en français Nom + nom Zuikio pyragas, Achilo

kulnas, Babelio bokštas, likimo ženklas, dantų galas, juokas juoku

Talon d’Achille, tour de Babel, le signe du destin, un coup de fil

Adj + nom Juodas darbas, smulki žuvelė, kasdienė duona

Mauvaise graine, bonne cuvée

Pron + nom Visokio plauko, kitom akim, visa gerkle

Tout d’un trait

Adj. numer + nom Viena ausim, vienu balsu, pusė velnio, devintame danguje

Septième ciel

Nom + adj - Enfant gâté, feuille morte, eau vive, chien couchant âme damnée, un écorché vif

Adj + adj Juodas baltas, nuogas pilkas, juodu baltame

Bleu gris

Adv + adv Noromis nenoromis, skersai išilgai

Dare-dare

Adv + adj Namie augintas (augintas-dalyvis, neveik, rūšis)

Bien portant, mal luné, une bien bonne, grièvement blessé, mais gravement malade éperdument amoureux

Adv + nom Pigiau grybų, puse lūpų,

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skersai gerklę Nom + verbe Liežuvį iškišti, ožius varinėti,

dūdą paleisti, nosį įkišti le menton tombe à (qqn)

Verbe + nom Iškišti liežuvį, varinėti ožius, paleisti dūdą, galvą sukti

tirer la langue, laver la tête, vendre la mèche, raconter des bobards, peindre renard, faire attention, prendre congé, rendre service, prêter attention

Verbe + adj - Manger chaud, être cousu, être abimé, être verni, être médusé

Adv + verbe Pasroviui plaukti, kiaurai matyti, skradžiai prasmegti, namo eiti

Verbe + prép Commencer à, monter en Nom + adv Saukštai popiet Nom + prep - Vache à (lait) Prep + nom Su bėda, su galva, per

kraštus, po dantimis Sans prix,

Pron + adj. numer. Nous deux Adj.numer + adj. numer Vienų vienas Adj + prep. - enclin à, fier de, fort en,

ingrat envers Prep + nom Prie lovio A la côte, sur le carreau

Verbe + pron Bassiner quelqu’un Adj + verbe Keliaklupstas vaikščioja

Verbe + adv Couche-tard

Tableau 3. Les composants ternaires :

Structure Exemples en lituanien Exemples en français Nom + nom + verbe Alų midų gerti, Dievo valiai

palikti, žarna žarną ryja

Adj + nom + verbe Gera skonį turėti, paskutinį kvapą išleisti, žalio supratimo neturėti

Adj. numer + nom + verbe Pirmuoju smuiku griežti, devintame danguje būti

Verbe + adj. numer + nom Etre le premier violon Nom + adv + verbe Plaukai piestu stoja,

karavanas toliau eina

Adj.numer + nom + verbe Vienas Dievas težino Seul Dieu sait Adj + nom + verbe Juoda katė perbėgo Pron + nom + verbe Koks velnias nešė, savo

dvilekį prikišti

Adj + adv + nom Didelė čia kupeta

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Nom + prép + nom Le coq du village Prep + nom + verbe Po padu minti, ant kojų

pastatyti, į akį dėti

Adj + prép + verbe Dur à cuire Adj + prép + adj Dur de dur Prep + nom + nom Į kojų autą, ant liežuvio galo,

ant bedugnės krašto Sur le bout de la langue

Nom + prép + nom Žodis į žodį, diena iš dienos Démon de midi, salaire de misère, moulin à paroles, la corde au cou

Prep + pron + verbe Ant savęs atsisėsti Nom + conj+ nom Pienas ir kraujas Sodome et Gomorrhe Pron + pron + nom Tom pačiom akim Prep + adj.numer + nom Tarp keturių sienų Entre quatre murs, entre

quatre planches verbe + prep + nom Užsisėsti ant galvos Appuyons sur la chanterelle,

dansons devant le buffet Verbe+ adj.numer+ nom Saigner aux quatre veines Verbe + nom + adj - Jouer à cartes ouvertes Verbe + adj + nom Žaisti atviromis kortomis faire un long nez, faire la fine

bouche Verbe + nom + nom Avoir un chat dans la gorge,

avoir un poil dans la main, vendre la peau de l’ours, être cucul la praline

Verbe + verbe + nom Se laisser pendre la jambe Nom + nom + nom Audra vandens stiklinėje Une tempête dans un verre

d’eau ou sous un crane.

Tableau 4. Les composants de quatre et plus :

Structure Exemples en lituanien Exemples en français Nom + prep + nom + verbe Akys ant kaktos užlipo,

akmuo nuo širdies nukrito

Pron + nom + nom + verbe Savo krašte pranašu nebūsi

Pron + nom + pron + verbe Koks velnias mane nešė, kur karalius pėsčias vaikšto

Prep + adj.numer + nom + verbe Į vieną dūdą pūsti Prep + nom + prep + nom De siècle en siècle, de jour

en jour (en lituanien : per amžius amžinųjų)

Pron + pron + pron + pron Tai šen, tai ten Adv + pron + nom + verbe Aukščiau savo bambos

neiššoksi

Prep + pron + nom +verbe Į rankas save suimti, iš kur kojos dygsta, į kito kailį įlįsti

Nom + conj + nom + verbe Galą su galu sudurti

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Nom + nom + nom + verbe Audrą vandens stiklinėje sukelti

Verbe + adj + nom + prep + nom Mettre du mauvais bois au feu

Verbe + pron + adj+ nom voler de ses propres ailes Verbe + adj + conj + adj pendre haut et court Verbe + nom + prep + nom Užsidėti kilpą ant kaklo Mettre la corde au cou, Prep + nom + nom + verbe Ant liežuvio galo sukasi Prep + pron + nom +verbe + nom Iš tų šiaudų nebus grūdų Verbe + nom + prep + nom Kaišioti pagalius į ratus Mettre des bâtons dans les

roues, Lever les bras au ciel

Prep + adv + prep + nom + conj + pron + verbe + prep + pron + verbe

En moins de temps qu’il ne faut pour le dire

Nom + adj + nom + adj Les vaches grasses, les vaches maigres

Verbe + nom + conj + nom Se défendre bec et ongles

Conj+prep+nom+conj+prep+nom Ir prie juodos, ir prie baltos

Dans les deux langues comparées les composants au-delà de trois peuvent se composer de 7 ou plus (même 10 en lituanien) parties du discours. Par exemple :

Per vieną ausį įeiti, per kitą išeiti [oublier vite]

Kur šilkas, kur vilkas, kur žvirblio galva [fil inégal]

Vienam daikte kaip žvirblio galva, kitam daikte kaip musės žarna [fil inégal]

En français les composants multiples peuvent être composés de 8 parties du discours.

N’être bon ni à rôtir ni à bouillir [ne rien valoir] ;

Comme une vache qui regarde passer un train [passif] ;

La cinquième roue du carrosse, de la charrette [une personne inutile dans une activité] ;

Les plus vieux dans le grade le plus élevé [ancien] ;

Etre comme une poule qui a trouvé un couteau [déconcentré(e)]

C’est clair comme deux et deux font quatre [indiscutable] ;

Faire contre mauvaise fortune bon cœur [ne pas se laisser décourager, accepter son sort] ;

Quand on parle du loup on en voit la queue ; quand on parle de la rose, on en sent le parfum (= vilką mini, vilkas čia] ;

Recevoir quelqu’un comme un chien dans un jeu de quilles [faire un très mauvais accueil] ;

Voir venir quelqu’un avec ses gros sabots [deviner les intentions, voir clair dans le jeu] ;

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Parler français comme une vache espagnole [parler très mal le français] ;

Le diable bat sa femme et marie sa fille [il pleut et il fait soleil en même temps] ;

Selon A. Rey, le verbe faire, (dans Le Robert, 2007, 620 locutions avec ce verbe existent) le plus courant de la langue française, après avoir et être, sert à former de très nombreuses locutions, qu’on trouvera en général en tant que substantif du sujet ou complément. Par exemple quelques-unes : la faire à quelqu’un [agir de manière à tromper, à abuser], s’en faire [s’inquiéter], n’en faire jamais d’autres [être toujours maladroit], avoir à faire avec quelqu’un [avoir un travail commun], avoir fort à faire pour [avoir beaucoup de difficultés], ni fait ni à faire [mal fait], ça ne fait rien [ça n’a aucune importance], il n’y a rien à faire [la chose est impossible], y a rien de fait ![rien n’est certain], faire et dire, c’est toujours travailler [la destruction est aussi difficile que l’élaboration], faire foi [prouver la véracité d’une assertion / d’un document], etc.

Au niveau syntaxique, les deux lexèmes de la locution idiomatique peuvent appartenir à des catégories grammaticales différentes. Par exemple, en général, dans la langue française les locutions les plus nombreuses sont les suivantes (les exemples en gras représentent les groupes équivalents) : nom + nom

nom + verbe

verbe + nom

nom + adj

verbe + adj

adv + adj

Et en lituanien :

nom + nom

nom + verbe

verbe + nom

adv + adj

adj + nom

Les locutions, en tant que membres à part entière de la famille des structures syntaxiques, sont un ensemble constitué de mots, formant une unité figée par la tradition populaire plus ou moins ancienne, et ne pouvant être modifiée à volonté. La locution n’accepte que des variations minimes, le plus souvent peu apparentes à l’oral, et en principe, la traduction littérale dans une langue étrangère est impossible. Afin de démontrer ceci, nous allons comparer des locutions et expressions qui incluent des noms de couleur.

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4. LES COULEURS DANS LES LOCUTIONS IDIOMATIQUES

Nous allons parler des locutions idiomatiques et des expressions qui incluent des noms de couleurs. Dans la langue française, les locutions idiomatiques qui sont formées sur la base d’un terme de couleur sont beaucoup moins nombreuses que les expressions dans lesquelles figure le nom d’une partie du corps humain ou d’un animal. Beaucoup de phrases comportent des noms de couleur employés seuls. Elles prennent divers sens, uniquement compréhensibles dans un contexte donné. « L’approche linguistique de la couleur ne constitue pas simplement un problème de langage, mais embrasse l’ensemble du patrimoine culturel. Traduire la couleur, c’est aussi penser autrement la couleur, dans les diverses langues et cultures, dans le temps et l’espace. ». (Annie Mollard-Desfour, 2008, 30)

Les locutions idiomatiques utilisant les couleurs sont fréquentes en français, mais dans la phraséologie lituanienne, les phraséologismes contenant un nom de couleur sont rares. En fait, la langue lituanienne n’abonde pas en expressions idiomatiques utilisant les couleurs. Ce phénomène de relativement faible utilisation de phraseologismes avec des couleurs, peut s’expliquer grâce à une théorie selon laquelle les mots de couleurs sont des mots à forte charge culturelle, et font partie de ce lexique que, Galisson ( 1989, 113-117) qualifie de mots à « charge culturelle partagée, c’est-à-dire, de mots qui véhiculent tout particulièrement la culture d’une société, ses coutumes, ses croyances, et, porteurs de codes culturels lexicalisés, partagés par une grande partie ou, par l’ensemble d’une communauté, d’une même époque et d’un même lieu géographique. ». Les locutions idiomatiques et les expressions ont des emplois codés de la couleur, des coutumes et des traditions, ainsi que des formules lexicalisées reflétant des conceptions particulières.

Le texte qui suit est comme un exemple, une illustration de ce que le monde des sentiments ou même celui des simples affaires judiciaire et financières peut être, pour peu que de simples phrases soient émaillées de poudres colorées :

« Quand on a une peur bleue on est vert de rage, rouge de colère. Quand on fait le jaune on est un traître aux camarades syndiqués, on est un briseur de grève, un larbin du patronat, et si le jaune est la couleur des cocus, ce n’est pas un hasard. Moi, en ce moment j’ai des idées noires parce que je me suis laissé emporter par mon côté fleur bleue ; il vaut mieux les aimer toutes un peu, qu’une seule à la folie, c’est moins douloureux. Du coup, je connais des nuits blanches, en effet, et le jour où je l’ai connue ne sera pas à marquer d’une pierre blanche. Je ferme les yeux et le rose de l’émotion marbre mes joues... je me souviens... toutes les couleurs de l’arc-en-ciel défilent dans ma tête. Je suis marron... j’ai perdu... je l’aime... Et je l’aime passionnément, pas comme dans les verts paradis des amours enfantines. Sans elle le quotidien ne serait grisaille, elle est ma lumière... Elle l’était car, je me suis brûlé les ailes à sa flamme. Je n’aspire plus qu’au noir de l’oubli.

Un blanc-bec qui se livrait au blanchiment de l’argent sale, espère maintenant sortir blanchi du tribunal. Certes, avec un avocat marron tout est possible, mais ses actes n’étaient pas blanc-bleu. Un spécialiste du mariage blanc cet avocat, et qui plaide qu’un homme qui tire à blanc avec son épouse a le droit d’aller tirer un chèque en blanc à une péripatéticienne , et ce, au risque de fiche les finances du ménage dans le rouge. Ah, ça revient cher de se regarder dans le blanc des yeux ! Vous prendrez bien un petit coup de rouge pour vous en

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remettre ? Ah non, vous ne voulez pas prendre la carte du parti ? Comme il vous plaira, mais inutile de broyer du noir, il faut voir la vie en rose. La vie est un ballet, tantôt ballet-bleu, tantôt ballet-rose, comme un long fleuve pas tranquille. Ne soyez pas en rage, à quoi bon être rouge de colère, vous avez franchi le rubicond, ou quoi ? Allez à la neige, l’or blanc des pistes vous fera du bien, ne pensez plus à vos actions en bourse, le cours de l’or noir fluctue et cela affecte votre moral, il y a de quoi rire jaune, je vous l’accorde. Vous me donnez le feu vert pour acheter ? Parfait, parfait, vous avez le don de prendre quelqu’un sans vert, vous, il n’y a pas à dire, d’ailleurs, le vert galant est plus vert que galant, c’est bien connu ; à trop jardiner le jardin secret des nymphettes, à s’imaginer avoir la main verte, il risque fort d’en voir de toutes les couleurs. » (Daniel-François Carrodano, 1999 ; http://www.langue-fr.net )

4.1. Définition de la couleur

Les dictionnaires consacrés au lexique des couleurs nécessitaient de résoudre la division de la langue en se référant aux dictionnaires et aux encyclopédies, définissant la couleur, en tant que matière, fraction et diffraction de la lumière, sensation, ensemble de mots, concept.

Dans le dictionnaire Le Robert. Dictionnaire historique de la langue française, la notion de couleur s’explique: « La couleur est une qualité de la lumière renvoyée par la surface des objets, perçue par le sens de la vue et permettant de distinguer des surfaces indépendamment des formes. C’est une propriété que l’on attribue à la lumière, aux objets de produire une telle impression » (2012, 873)

Les couleurs sont des objets symboliques dont il est difficile de parler. Les difficultés de traduction des termes chromatiques d’une langue à une autre sont aussi grandes que pour les termes abstraits et philosophiques. La pensée symbolique, est universelle dans les règles : elle diffère dans ses énoncés, variables selon la culture. On retrouve souvent dans toutes les cultures les mêmes analogies fondamentales empruntées à l’environnement naturel : le bleu, le ciel et divin, le rouge, le sang et la vie, le noir, la mort et l’angoisse. Tout ceci, fait que l’on peut parler d’une symbolique universelle de base à propos des couleurs. Les conceptions, les perceptions de couleurs varient selon les cultures.

Les couleurs sont définies comme le résultat de la perception du contenu chromatique d’une image, exprimée par les termes chromatiques présents parmi les annotations associés à l’image. Ceux-ci expriment en effet l’interprétation de l’être humain qui regarde l’image et sélectionne celles qui lui semblent significatives.

4.2. Présentation des couleurs principales dans les locutions et expressions

Nous tenterons ici une présentation des sept couleurs principales et une supplémentaire : le blanc, le rouge, le bleu, le noir, le vert, le jaune, le marron/ brun, le gris et le rose.

Pour comparer les locutions idiomatiques, ont été utilisés les dictionnaires phraséologiques lituaniens (Frazeologijos žodynas, Lietuvių kalbos frazeologijos žodynas, Mokyklinis lietuvių- rusų kalbų frazeologijos žodynas) et français (Le Robert. Dictionnaire d’expressions et locutions, Dictionnaire des expressions et locutions traditionnelles, Les 10001 expressions préférées des français), ainsi que diverses sources internet. Quelques locutions sont similaires en français et en lituanien, par exemple : blanc comme neige- baltas kaip sniegas ; jaune

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comme un citron - geltonas kaip citrina; écrire noir sur blanc - rašyti juodu ant balto; un homme encore vert - dar žalias; être vert de jalousie - pažaliuoti iš pavydo; sang bleu - mėlynas kraujas; avoir des idées noires - turėti juodų minčių; être vert de peur - pažaliuoti iš baimės; se faire des cheveux blancs- plaukai pabalo. Il existe des expressions dans lesquelles l’emploi des couleurs est différent pour exprimer et traduire la même idée, par exemple : en

français, avoir une peur bleue – en lituanien iš baimės pažaliuoti. Dans ces deux langues la couleur bleue n’a pas la même signification. En imaginant un état d’ébriété ; pour dire de quelqu’un qu’il est saoul, les français utilisent quelques couleurs être gris; se griser ; être noir ; se noircir (la couleur s’emploie selon l’intensivité de l’ivresse). Mais en lituanien, c’est la couleur blanche qui signifie l’état d’ivresse : baltos akys. Pour exprimer des émotions proches de la colère, les locutions idiomatiques françaises sont composées avec les couleurs rouge et verte : se fâcher tout rouge; vert de rage; mais les phraseologismes lituaniens sont composés avec la couleur blanche : pabalti iš pykčio; išbalti nuo įniršio ou être vert de froid- pamėlynuoti iš šalčio. Les exemples démontrent que les couleurs dans ces deux cultures sont différentes pour signifier ou, exprimer une émotion, un état physique et psychique. On traduit certaines expressions complètement différemment, par exemple : donner carte blanche – atrišti rankas/ duoti laisvas rankas; voir des éléphants roses - matyti baltus arklius. Il y a beaucoup d’expressions françaises pour lesquelles n’existent pas d’expressions traduites ou utilisées en lituanien, donc, il faut les exprimer, ou les traduire de façon périphrastique.

Des expressions idiomatiques faisant référence à des noms de couleurs. Il en a été trouvé 256 en français et 151 en lituanien (62 locutions sont communes, ayant une ressemblance de par leur origine étymologique, leur sémantique, leur lexique, leur structure et leurs nuances stylistiques. Elles sont équivalentes, analogiques et adéquates.). Sous chaque couleur, les expressions répertoriées suivantes :

1. Le sens de couleur en tant que simple substantif (un rouge, un bleu), éventuellement accompagné d’un adjectif simple (un petit blanc, la grande bleue) ;

2. Les expressions simples constituées d’un nom et de la couleur en tant qu’adjectif (le péril jaune, une colère noire) ;

3. Les expressions à plusieurs composants (être blanc comme un lavabo).

Chaque locution phraséologique avec les couleurs à sa signification.

Le blanc

Du point de vue de la physique, le blanc n’est pas une couleur : il est obtenu en mélangeant la lumière de toutes les couleurs. Dans la symbolique occidentale, la couleur blanche symbolise la pureté, l’innocence, la lumière ou la bonté. Elle est associée à la lumière du jour, et réveille l’infini sentiment de paix. Blanc est perçu comme l'élévation spirituelle la plus élevée, la couleur exaltée (la magie blanche - baltoji magija ; blanc comme un ange - baltas kaip angelas). Cette couleur ne cache rien. C’est la couleur de la paix. Elle symbolise la joie, la gloire, la bénédiction, la sainteté, l'éternité, la divinité. Dans les légendes et les contes de fées, dans la nuit obscure, des fantômes nous effraient avec des silhouettes blanches. Le drapeau blanc de la capitulation dans la guerre ou symbolisant les fins pacifiques autant que la reddition. Cette couleur symbolise aussi la lâcheté. La couleur blanche reflète et symbolise

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aussi la cécité (bâton ou canne blanche-baltoji lazdelė) et le silence absolu (surdité). Néanmoins, le blanc est aussi associé à la faiblesse, à la stérilité, à la vieillesse (cheveux blancs; balti plaukai), à la mauvaise santé (blanc comme un linge - baltas kaip drobė [très pâle]), elle peut aussi symboliser la tristesse, la mort et le deuil dans les pays divers, par exemple en Inde ou dans les pays d’Extrême Orient. Par contre dans l’Egypte antique, la couleur blanche était associée à la joie, à l’aurore et à la lumière qui terrassait l’obscurité.

Avec la couleur blanche, existent 58 expressions idiomatiques en français et 33 en lituanien. 9 expressions idiomatiques françaises ont leur équivalent en lituanien : cela veut dire que la source de ces expressions est commune.

La couleur blanche dans les phraséologismes lituaniens associée à la colère : pabalo iš pykčio, išbalo iš įniršio, perbalusiomis akimis, balta akimi ; ou pour signifier l’ivresse : baltos akys. Surtout avec le mot akis (akys), la couleur blanche dans les locutions idiomatiques symbolise l’état psychique / physique, les émotions ou les sentiments négatifs : colère, peur, ivresse, manque, étonnement, ennuis. En français, il existe aussi des expressions avec la couleur blanche exprimant la colère (être chauffé à blanc) et le peur (avoir les foies blancs) Autrement, les locutions françaises composées avec la couleur blanche expriment des états ou des éléments plus neutres : l’innocence, la nourriture et la boisson, le quotidien, le statut social, l’aspect en société.

Selon l’analyse grammaticale, on trouve beaucoup de locutions qui sont composées de deux membres du discours : souvent, nom + adjectif, par exemple : baltos mintys, baltasis melas, baltos laumės, balta sąžinė expriment les vertus positives pour expliquer et exalter la pureté et l’innocence. Leurs fonction est nominale. Les locutions qui sont composées de verbe signifient l’état physique, psychique ou sentimental. (voir les tableaux 21 - 28).

Tableau 5. Couleur blanche :

Exemples en français Exemples en lituanien Une blanche [note de musique qui équivaut à deux noires]

Page blanche [page vierge] Baltas lapas Carte blanche [donner à qqn toute liberté d’initiative]

Baltas bilietas [être dispensé de service militaire]

Bâton blanc ou canne blanche [bâton d’aveugle]

Baltoji lazdelė

Voix blanche [voix sans timbre] Oie blanche [une ingénue] Eléphant blanc [gouffre financier/projet démesuré]

Bulletin blanc [bulletin de vote vierge] Pain blanc [un produit fabriqué ; la vie des riches]

Balti pyragai

Blanche colombe [symbole de la paix] Baltas balandis Vers blancs [vers non rimés – en poésie] Baltosios eilės Mariage blanc [mariage arrangé] Magie blanche [magie qui n’a pas recours à de mauvais esprits]

Baltoji magija

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Une arme blanche [une arme qui n’est pas une arme à feu]

Baltoji armija

Un col blanc [employé de bureau] Un petit blanc [un verre de vin blanc] Blanc bec [jeune homme ignorant] Chauffé à blanc [très remonté] Saigner à blanc [épuiser] De but en blanc [dire /faire qqch sans préparation, spontanément]

=nei iš šio,nei iš to

Les cartouches à blanc [les projectiles inoffensifs]

Blanc de blanc [vin méthode champenoise] Merle blanc [chose d’une grande rareté ou personne aux qualités exceptionnelles]

Balta varna [qqn qui distingue de l’environnement]

La semaine du blanc [période consacrée par les magasins à la vente de linge de maison]

Blanc comme un lys [symbole d’innocence/pureté, de netteté]

Blanchir l’argent [mettre dans le circuit officiel de l’argent issu d’un commerce illégal]

= Plauti pinigus

Faire chou blanc [échouer] Porter du blanc [des vêtements blancs] Mélanger les blancs [mélanger les blancs d’œufs]

Sortir blanc ou blanchi du tribunal [innocenté]

Išeiti pabalus

Préférer le blanc [le vin blanc] Acheter sa blanche [sa poudre blanche/héroïne]

Porter des chemises blanches [Avoir une vie facile]

Ne pas être blanc [coupable]

Akis pabalinęs [en colère] Akis išbalinęs [étonné] Akys bąla [qqn qui boit de l’alcool] Akys babalo [avoir peur] Akis pabalinti [regarder méchamment] Balta galva [femme voilée] Balta diena [il est tard] Baltą dieną [en public] Iki balto kaulo [ennuyer qqn] Baltasis badas [manque de nourriture pour

les animaux durant un hiver rigoureux] Dangumi baltinti [cuisiner pauvrement] Baltos akys [ivre] Blanc Bleu Belge [une race bovine belge destinée a la production de viande]

Sépulcre blanchi [hypocrites]

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Avoir les foies blancs [avoir grand peur]

Tableau 6. Les expressions plus complexes : elles sont construites avec des composants multiples :

Exemples en français Exemples en lituanien Être blanc comme un linge [être très pâle] Baltas kaip drobė Être blanc comme neige [ne rien avoir à se reprocher/être innocent]

Baltas kaip sniegas

Être chauffé à blanc [être très en colère] Être blanchi dans une affaire [innocenté] Être blanc comme un linge [être pâle de visage]

Avoir un blanc–seing, donner un blanc-seing a qqn [donner son aval sans limite]

Manger son pain blanc en premier [commencer par ce qui est agréable]

Valgyti baltą duoną [mener une existence aisée]

Montrer patte blanche [s’identifier afin de pouvoir être admis]

Laisser le nom en blanc [ne pas remplir le nom dans un formulaire]

Connu comme le loup blanc [personne connue de tous]

Passer du blanc au noir [changer d’avis] Blanchir sous le harnais [prendre de l’expérience]

Bonnet blanc et blanc bonnet [veut dire « c’est la même chose »]

Histoire cousue de fil blanc [une histoire dont le caractère mensonger saute aux yeux]

Baltais siūlais siūta

Choisir les pièces blanches [avoir les blancs aux échecs, être celui qui a l’initiative]

Pasirinkti baltuosius

Une blanche vaut deux noires [note de musique]

Il est tout blanc [cheveux sont blancs] Visas baltas (-pražilęs) Laisse un blanc dans ton texte [un trou] Laisse l’ordre en blanc [ne pas écrire l’ordre d’un chèque qu’on remet en main propre]

Se regarder dans le blanc des yeux [regarder fixement sans rien dire]

Baltos rankos [les mains faites pour une vie facile plutôt qu’une avec un travail dur]

Du baltus, trečią kaip sniegą[ne rien trouver] Prie baltos duonos sėsti [commencer une vie

facile] Vidury baltos dienos [faire qqch en public]

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Le rouge

D’après Aristotelès, le rouge est la couleur qui est associée au(x) caractère(s) cholérique(s). Le rouge se caractérise par une symbolique polysémique dans la culture occidentale : l’énergie, l’activité, la passion, l’amour, la chaleur, la vie, la force vitale. Ces associations plus ou moins positives, peuvent glisser vers les associations ou émotions plutôt négatives ou trop intensives : la violence, le feu, l’agressivité, la vengeance, la destruction, la mort, la révolution, les guerres, les émotions fortes (rouge de colère, voir rouge signifient la furie de qqn). Le rouge, symbolique de la souffrance et du sacrifice, cela signifie la puissance, la majesté. La couleur rouge est utilisée dans la magie, Elle est la couleur héraldique principale. En Lituanie une des couleurs héraldiques. « Entre Empire, République et Révolution, la couleur rouge prédomine en effet, qu’elle soit employée seule ou associée aux couleurs précitées » (M. Pastoureau, 1989, 45).

Dans la langue française existent 36 expressions idiomatiques avec la couleur rouge, contre 16 phraséologismes composés avec cet adjectif en lituanien. 5 expressions sont équivalentes et elles signifient le même état psychique, la honte. Cela doit être commun à tout le monde parce que la honte s’exprime de l’intérieur vers l’extérieur (le visage rougit), il en va de même pour la majorité des gens.

La couleur rouge dans les locutions phraséologiques signifie les émotions très fortes et très intensives : la colère, la honte. Utilisée en tant que simple substantif, la couleur rouge caractérise la puissance, la force, par exemple : chapeau rouge, l’Armée rouge, les rouges, enfants rouges, banlieue rouge, etc. Dans la langue lituanienne la couleur rouge est associée à la honte raudoniu plyšti, raudonuoja baltuoja. Ainsi en français on dit; rougir, pour la honte qui transparait sur le visage. De même, la couleur rouge désigne l’ivresse : raudonį išmesti. Pour dire d’une fille qu’elle est belle, on utilise des phraésologismes incluant la couleur rouge : raudoniu /iš raudonio plyšti. Pour exprimer le sentiment de colère en langue lituanienne, à la place de la couleur rouge, on utilise le mot sang : kruvinomis akimis.

Tableau 7. Couleur rouge :

Exemples en français Exemples en lituanien Les rouges [les communistes] Petit rouge [un verre de vin rouge] Peaux-rouges [indiens d’Amérique du Nord] Lanterne rouge [être le dernier ou le perdant] L’Armée rouge [Armée soviétique] Raudonoji armija Chapeau rouge [chapeau d’un cardinal] Enfants rouges [mousquetaires] Rouge de confusion [embarrassé] Du gros rouge [du vin rouge de basse qualité]

Rouge de colère [être très remonté] Pétrole rouge [pétrole de vente illégale] Piste rouge [piste de ski classée dans la catégorie des pistes difficiles et dangereuses pour des personnes inexpérimentées]

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Banlieue rouge [endroit dangereux ou communiste extrême]

Boire du rouge [boire du vin rouge] Se mettre du rouge [se maquiller] Heure rouge / période rouge [heure/période surchargée pendant laquelle les usagers ne peuvent bénéficier de tarifs réduits]

Se fâcher tout rouge [enrager, endiabler] Voir rouge [être ‘hors de soi’ en général à cause de la colère, de la fureur]

Sortir du rouge [avoir amélioré sa situation bancaire]

Préférer le rouge [vin ordinaire] Voter rouge [voter pour les partis d’extrême gauche, en particulier pour les communistes]

Iš raudonio plyšti ; raudoniu plyšti [une fille jeune et belle]

Raudonį išmesti [ivresse] Raudonuoja baltuoja [honte] Raudonos ausys [de qqn qui veut faire ses

besoins] Raudonas gaidys [incendie] Raudoni gaidžiukai [griffures aux pieds] Varlė raudonoji [imprécation]

Tableau 8. Les expressions plus complexes : composées de composants multiples

Exemples en français Exemples en lituanien Être rouge de colère [être très en rage, en colère, voir même, furieux]

Ne rougir de rien [ne pas avoir de honte] Net neraudonuoti Faire rougir quelqu’un [décontenancer qqn] Priversti raudonuoti Être rouge comme un coq/ comme un coquelicot/ une écrevisse/ le sang [avoir le visage complètement rouge]

Raudonas kaip vėžys/ kraujas/aguona

Être dans le rouge [se trouver dans une situation délicate, ne plus avoir d’argent sur son compte]

Être sur la liste rouge [quand qqn refuse de communiquer son numéro de téléphone dans l’annuaire]

Marquer au fer rouge [traumatiser] Tirer à boulets rouges [attaquer durement] Agiter le chiffon rouge [aborder un sujet polémique]

Du gros rouge qui tache [vin de basse qualité]

Etre méchant comme un âne rouge [être très méchant]

Rougir jusqu’aux oreilles, jusqu’au blanc Paraudonuoti iki ausų

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des yeux [rougir complétement de honte] Le rouge lui monte au visage, au front [il rougit]

Manger du pain rouge [vivre de crimes, d'assassinats]

Raudoną kirminą spausti [faire des efforts] Be raudonos kepurės neik / neprieisi [de qqn

qui est très orgueilleux] Raudoną gaidį sukelti ant stogo [déclarer un

incendie] Raudonas gaidys užgiedos [un incendie va se

déclarer]

Le bleu

Bleu, en association directe avec le ciel, l’eau ou les yeux. Sitôt le mot bleu employé, l’environnement se refroidi de quelques degrés, devient humide et silencieux. Bleu foncé - sombre et froid, provoquant et évoquant l'abîme, le danger, l'humeur de l'incertitude. Couleur de la lumière et de l'obscurité. La couleur bleue, symbole du vide sidéral. Largement utilisée dans l'information visuelle. Elle est l'une des principales couleurs héraldiques.

« L’histoire du bleu, en effet pose un véritable problème historique : pour les peuples de l’Antiquité, cette couleur compte peu, pour les Romains, elle est même désagréable et dévalorisante ; c’est la couleur de Barbares. Or, aujourd’hui le bleu est de loin la couleur préférée de tous les Européens, loin devant le vert et rouge » (M. Pastoureau, 2006).

La couleur bleue, dans les expressions, est moins fréquente que le blanc, le noir et le vert: 32 en français contre 7 en lituanien. Les 4 locutions sont équivalentes dans ces deux langues.

La couleur bleue, dans les locutions idiomatiques n’est pas aussi populaire que les couleurs blanche, rouge et verte. La structure syntaxique de ces locutions est plutôt simple, comparée avec celle des couleurs rouge, blanche et verte. La sémantique de ces locutions exprime des contextes mentaux : transcendance (contes bleus, oiseau bleu) ; état d’esprit (avoir les bleus, fleur bleu). « Dans l’expression avoir une peur bleue, « peur » désigne bien la peur. La couleur bleue, quant à elle, est une image langagière qui n’a pas de réalité dans le contexte, et ne sert qu’à l’expression d’une intensité ». (Burger, 2007, 32)

Dans la langue lituanienne n’existent pas de locutions d’origine lituanienne qui se composent avec la couleur bleue. Les locutions mėlynoji paukštė (L‘oiseau bleu, Maurice Maeterlinck), mėlynas kraujas (le Dictionnaire des expressions et locutions de Rey et Chantreau (éd. Le Robert) mentionne un emploi récent en français (XVIe siècle), sans doute par reprise de l’espagnol « sangre azul » : Les grandes familles castillanes, disent les auteurs, s’enorgueillissaient de leur ascendance exempte de « sang » maure ou juif. On a invoqué le fait que les personnes d’un teint plus clair ont des veines bleutées apparentes), mėlynbarzdis (le conte; à l'origine inspiré de la tradition orale) ce sont des locutions traduites d’autres langues. Une expression avoir une peur bleue = juodai mėlynas signifie le même état

émotionnel avoir une très grande peur dans ces deux langues comparées.

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Tableau 9. Couleur bleue :

Exemples en français Exemples en lituanien Oiseau bleu [le chemin de l’infini, ou le rêve devient la réalité]

Mėlynoji paukštė

Cordon bleu [une personne douée en préparation et recettes culinaire]

Conte bleu [discours mensonger/ conte pour enfants, récit imaginaire et invraisemblable]

Col bleu [ouvrier] Colère bleue [colère violente] Casque bleu [soldat de l’ONU] Menton bleu [menton rasé] Zone bleu [stationnement règlementé] Heure bleu [la période entre le jour et la nuit] Contes bleus [les chimères ou les contes de fées]

Fleur bleue [rêveur ou naïf, sentimental] Carte bleue [carte de crédit] Un petit bleu [télégramme] Mot en bleu [faute d’orthographe] Un bas-bleu [un terme péjoratif pour une femme intellectuelle, écrivaine]

Du gros bleu [vin rouge de mauvaise qualité] Ballet-bleu [pédophilie] Barbe–bleue [personnage du conte] Mėlynbarzdis Passer au bleu [oublier dans un but précis] Manger du bleu [du fromage] Avoirs des bleus à l’âme [triste, mélancolique]

Avoir le sang bleu [être noble] Turėti mėlyno kraujo Faire des coups bleus [faire des efforts inutiles]

Détenir le ruban bleu [avoir la première place]

Être bleu de qqn [être amoureux fou] En rester bleu [stupéfait] Avoir une peur bleue [avoir une très grande peur]

=Juodai mėlynas [avoir une très grande peur]

La bleusaille [jeune conscrit, ou débutant dans un métier]

Mėlynos dienos [misère]

Tableau 10. Couleur bleu- les expressions composées de composants multiples :

Exemples en français Exemples en lituanien Se faire avoir comme un bleu [ne pas avoir profité de son expérience et s’être fait avoir comme un débutant]

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N’y voir que du bleu [se laisser abuser] Cuire une truite au bleu [dans l’eau bouillante], un steak bleu [cuisson bleue]

Bleu comme le ciel [très bleu] Pamėlynuoti iš šalčio [avoir très froid] Mėlis mėliu [énormément]

Le noir

Dans toutes les cultures, le noir est spontanément associé à l'absence de lumière. Dans la Bible, le noir est la couleur des ténèbres primordiales, du chaos avant la Création, principalement la création de la lumière.

Le noir est la couleur sombre. Pôles de passivité. Elle est perçue comme une couleur sombre et difficile. Raide et vide. Terrible, la couleur des ténèbres, de la mort et de l’enfer. Deuil, l'incertitude infinie, macabre et mystérieuse. Le diable, la criminalité, la couleur de péché (le drapeau des pirates était noir). La couleur noire est causée par la dépression, elle écrase. La couleur noire peut se perdre, comme dans la nuit, ou masquer. Elle symbolise la fin de tout, sombre comme l’abîme, aussi profond, aussi sombre et froid que les fosses abyssales, cavité terrestre ou maritime si profonde qu’on ne peut en revenir. La couleur noire n’a pas toujours été une couleur négative, elle a aussi été associée à la fertilité, à la tempérance, à la dignité, à l’autorité. Michel Pastoureau dans le livre Noir. Histoire d’une couleur (2011) retrace la destinée européenne et la symbolique ambivalente de cette couleur pas comme les autres : « Le noir a sa place dans les faits de langue, les pratiques sociales (teintures, vêtements, vie quotidienne), la création artistique et le monde des symboles. Le noir dévoile une histoire culturelle extrêmement riche, depuis les mythologies des origines jusqu’à son triomphe dans tous les domaines, au XXe siècle. » (2011, 56)

Le noir peut aussi prendre des connotations politiques, aussi violentes que symboliques, et, hormis le célèbre Martin Luther King, plus proche de la francophonie il faut citer le non moins célèbre Bernard Binlin Dadié dans sa lutte contre le colonialisme avec son magnifique poème : « Je vous remercie mon Dieu de m’avoir créé Noir. Le blanc est la couleur de circonstance, le noir, la couleur de tous les jours. Et je porte le Monde depuis l’aube des temps. Et mon rire sur le Monde, dans la nuit, crée le jour. » (Je vous remercie mon Dieu, Poésies, 1956, 19)

Dans les phraséologismes lituaniens, la couleur noire est plus populaire que les autres couleurs. Il existe 48 phraséologismes en lituanien, et 31 en français. Les 10 expressions idiomatiques sont équivalentes dans ces deux langues. Les 7 expressions ont la fonction nominale, et elles ont la même étymologie, par exemple : Peste noire = juodasis maras, la boite noire = juodoji dėžė (en aéronautique), liste noire = juodasis sąrašas, noir sur blanc= juoda ant balto, travail au noir = juodas darbas, l’humour noir = juodas jumoras (origine de l’expression qu’on attribue généralement à André Breton dans son Anthologie de l’humour noir).

Le pessimisme est signifié par la couleur noire dans ces deux langues : Peindre une situation en noir= viską piešti juodomis spalvomis; noircir une situation ; voir tout en noir=viską

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matyti juodai. La couleur noire est composante dans les phraséologismes lituaniens pour signifier l‘obscurité physique et psychique: la misère, impolitesse, infraction, pauvreté, travail dur.

Dans la langue lituanienne, la couleur noire désigne « le personnage mythologique du Diable [velnias] : juodasis ponas, juodas ponaitis, juodkelnis, juočkiukas, juodukas, juodasis. » (Jasiūnaitė, 2010) « Dans la langue française, jusqu’au Moyen Âge, le bon et le mauvais noir ont cohabités. A partir de l’époque féodale, il devient sinistre et mortifère » (M. Pastoureau, 2011, 132), couleur infernale, couleur du diable. Tout autant que le noir, le rouge et le vert sont les couleurs des Enfers et des diables.

Tableau 11. Couleur noire :

Exemples en français Exemples en lituanien Un petit noir [une tasse de café] L’or noir [le pétrole] Juodasis auksas [tourbe] Colère noire [forte colère] Peste noire [pandémie de peste bubonique] Juodasis maras Nuit noire [nuit sans étoiles], nuit d’encre Marché noir [marché illégal] Homme noir, femme noire [de race noire] La boite noire (orange en réalité !) [boite qui contient l’information sur le vol d’un avion]

Juodoji dėžė

Liste noire [liste de suspects, des exclus] Juodasis sąrašas La caisse noire [l’argent non-officiel] Humour noir [humour sur des sujets tristes, dramatiques ou graves]

Juodasis jumoras

Noir et blanc [mal et bien] Juodas baltas Juoda balta neatskirti Juodo ir balto nematyti Juodai mėlynas Ir prie juodo, ir prie balto Être noir(e) de monde [être envahi(e) par la foule]

Net juoda

Nė juodo, nė balto Kaip juodžio nuo nago Juodos ir baltos nematyti Ir juoda, ir balta Noir sur blanc [par écrit / en toutes lettres] Juoda ant balto Être noir [avoir beaucoup d’enregistrement dans le casier judicaire]

Des ongles noirs [des ongles sales] Juodos panagės Être complètement noir [être ivre] Se noircir [s’enivrer/ s’ivrogner] Juodoji ugnis [gangrène] Juodas vakaras [obscurité] Juoda diena [ce qui peut conduire à la

misère] Juodos dienos [la misère] Juodas gomurys [impoli, discourtois]

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Nago juodymo [rien du tout] Iki nago juodymo [tout] Travail noir [infraction] Juodas darbas Juodai dirbti [beaucoup]

Tableau 12. Couleur noire - les expressions plus complexes :

Exemples en français Exemples en lituanien Voir tout en noir [être pessimiste] Viską matyti juodai Travailler au noir [travailler sans payer de taxes]

Être le mouton noir [être diffèrent et unique mais en sens négatif]

Être noir comme un charbonnier /ramoneur/l’enfer/l’ébène/l’encre/un corbeau

Juodas kaip anglis / pragaras/ smala/derva /žemė /velnias Juoda kaip varna

juoda dėmė Juodi pinigai Avoir des idées noires [être abattu, déprimé] Turėti juodų minčių Faire un œil noir [regarder qqn avec désapprobation]

S’enfoncer dans le noir [être mélancolique] =Nugrimzti į tamsą Peindre une situation en noir [être exagérément pessimiste]

Viską piešti juodomis spalvomis

Un endroit noir de monde [un lieu populeux] Œil au beurre noir [œil tuméfie suite à un coup]

Noircir une situation [être pessimiste] Juodinti asmenį Être la bête noire de qqn [être une personne ou une chose détestée]

Être dans le noir [ne rien comprendre à qqch]

= Būti tamsoje

Kaip juodas verši / jautis [travailler durement]

Su juodu dumblu maišyti [gronder, réprimander]

Juodos duonos plutą graužti [être dans la misère]

Iki juodo karsto [jusqu’à la mort] Juoda katė perbėgo [de personnes qui ne

s’entendent pas] Juoda katė perbėgo taką [qqn qui n’a pas de

chance] Per nago juodymą [manquer de peu] Nė ant nago juodymo [rien du tout] Juodos duonos plutą graužti [être dans la

misère] Už juodą arklį [travailler très durement]

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Kaip juodas arklys [travailler dur] Juodą klumpę vilkti [travailler durement] .

Le vert

Selon Pastoureau, « le vert est la couleur du destin, de la chance et de la malchance, de l’espérance et du désespoir. Elle est associée à tout ce qui est changeant : la jeunesse, l’amour, l’argent, le hasard, la destinée. C’est aussi la couleur de Diable, des démons et des êtres étranges. » (2013, 21). Des êtres étranges : fées, sorcières, lutins, génies de bois et des eaux. C’est la couleur instable, rebelle. D’un autre coté c’est la couleur de l’indécision, le visage du destin. Elle symbolise l’espoir, la vie, la jeunesse. Dans la langue lituanienne, vert foncé est associé à la cupidité, à l'envie et à la colère : pažaliavo iš pykčio.

Dans la langue française, la couleur verte a la même popularité que les couleurs bleue, noire et grise : il existe 32 expressions idiomatiques composées avec cette couleur. Le même nombre de phraséologismes existe en lituanien, 32 aussi. 7 expressions ont le même sens. Dans quelques locutions lituaniennes, la couleur verte signifie les choses qui ne sont pas mûres : žalia jaunystė, dar žalias, žalia ranka, kaip žalias nedega, žalio medžio kryžius, žalias aguonas krėsti, žalią kelmą graužti, žalių barščių šeimininkė. Les états psychiques et physiques, désignés avec la couleur verte sont divers : la peur, la honte, la haine, la malédiction, la faiblesse à cause de travail dur, le jeûne, etc.

La couleur verte est une couleur populaire en tant que composante des expressions idiomatiques, même en lituanien c’est la couleur employée pour composer les phraséologismes. Tableau 13.Couleur verte :

Exemples en français Exemples en lituanien Les verts [parti des écologistes] Žalieji Les fruits verts [pas mûrs] Žali vaisiai [neprinokę] Billet vert [dollar américain] Enfer vert [forêt vierge] = pamėlynuoti iš šalčio Langue verte [argot, la langue des joueurs de cartes ou le fait de parler crument]

Cuir vert [peau fraiche qui n’a pas encore été travaillée]

Espace vert [les parcs, les jardins publics] Carte verte [document d’assurance automobile ou permis de travail aux Etats-Unis, ou carte de golf]

Žalioji korta

Dames vertes [femmes qui habitent dans la forêt]

Une piste verte en ski [la piste la plus aisée pour un skieur de faible niveau ou débutant]

Etre vert de froid [avoir grand froid] Être vert [être frais/tomber dans le panneau, gober le morceau]

Etre vert de peur [avoir une grosse peur] Žaliuoti iš baimės

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Un homme encore vert [encore vigoureux] Dar žalias [nesubrendęs] Les petits hommes verts [les extraterrestres, notamment les martiens]

Parler/engueuler/tancer vertement [parler rudement, critiquer]

Etre vert de rage [être très enragé et coléreux]

Etre vert de jalousie [être très jaloux] Žaliuoti iš pavydo Boire du vert, la petite fée verte [l’absinthe] Avoir la main verte [être un très bon jardinier, avoir succès avec le jardinage]

Žalia ranka [encore jeune]

Se mettre au vert [se reposer dans la nature, à la campagne, prendre les vacances]

Avoir le nombril vert [être trop jeune]

Prendre quelqu’un sans vert [prendre au dépourvu, à l'improviste]

Žalias mėlynas [très battu] Žalias ir raudonas [des toutes

condamnations] Kaip žalias nedega [feignant] Akyse žalia [faiblesse] Žalias vynas [vin jeune] Žaliasis velnias [un homme méchant] Žalios idėjos [des idées jeunes] Žalia jaunystė [la jeunesse] Choux vert et vert choux [la même chose] Žalių barščių giltinė [méchant] Žaliasis auksas [la forêt] Žalių barščių šeimininkė [mauvaise] Žalio medžio kryžius [grande pauvreté/

misère] Rūta žalia [pas mariée] Te žalią ranką [qqn qui souhaite de bonnes

choses] Akyse žalias [détesté] Akyse žalia [faiblesse] Akys apžaliuoja [la tête qui tourne] Akys žaliuoja [en travaillant difficilement] Akyse pažaliavo [a travaillé dur] Žalia (ios) diena (os) [une bonne vie]

Les expressions plus complexes :

Tableau 14. Couleur verte :

Exemples en français Exemples en lituanien Voir/dire des vertes et des pas mûres

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[voir/dire des choses peu communes, amusantes ou surprenantes Donner/avoir/obtenir le feu vert [donner/avoir/obtenir une autorisation, un agreement, un accord]

Duoti žalią šviesą

Employer le vert et le sec [employer tous les moyens possibles]

Mettre un animal au vert [le nourrir de produits frais, naturels]

Recevoir une volée de bois vert [recevoir une série de coups violents]

Les vertes années, un vieillard encore vert [être en pleine forme]

Être vert(e) comme une salade [être complétement vert(e)]

Les bois vert fait plus mal que le bois sec, une volée de bois vert [Infliger / recevoir une sévère réprimande ou correction/ Émettre / subir des critiques violentes

Žalią kelmą graužti [mourir de faim/affamer] Žalias aguonas krėsti [la calomnie et la

malédiction] Akyse žalia atlieka [perdre de l'intérêt]

Le jaune Il a des significations très contradictoires. Jaune sale depuis le Moyen Age, jusqu'à présent associé à la jalousie et à la trahison (Juda, a livré le Christ aux romains, (ou aux pharisiens), ces vêtements étaient jaunes). Couleur de l’indécence (de presse jaune). D’insanité et insalubrité, la maladie, les mensonges, la couleur de la cupidité. Placard avec une croix jaune sur un fond noir ; emblème de la fièvre contagieuse et du danger de mort. Il était apposé dans les endroits où, les maladies sévissaient sous forme d’épidémie. Dans la symbolique occidentale, le jaune est associé à la joie, la richesse, la bonne humeur, l’idéalisme, la lumière, la sagesse. Elle était toujours la couleur des rayons solaires, du soleil et de l’or. Et pour cela, le jaune est plein de vitalité, de lumière et de clarté. D’un autre aspect, c’est aussi la couleur qui évoque les sentiments négatifs : la jalousie, l’orgueil ou l’envie.

Dans la phraséologie, cette couleur n’est pas populaire. Les expressions idiomatiques composées avec cette couleur sont au nombre de 19 en français, contre 7 seulement en langue lituanienne.

En lituanien les phraséologismes d’origine lituanienne (ceux employant la couleur jaune) n’existent pas, tous les phraséologismes sont traduits d’autres langues et s’utilisent dans des langages professionnels.

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Tableau 15. Couleur jaune :

Exemples en français Exemples en lituanien Un jaune [un briseur de grève] Le métal jaune [l’or] Geltonasis metalas La jaunisse [une maladie qui donne une coloration jaune a peau]

Geltligė

Péril jaune [le conflit Japon-Russie ou l’invasion civile, économique et militaire chinoise de la France, célèbre dans un film de Jean Yanne de 1974 « Les Chinois à Paris »]

Tache jaune [autre nom de la macula au fond de la rétine]

Geltonoji dėmė

Jaune cocu [couleur de l’époux, ou de l’épouse trompée]

Syndicat jaune [organisation syndicale] Etoile jaune [étoile des juifs pendant le régime nazi]

Geltonoji žvaigždė

Jaune d’œuf [partie de l’œuf au milieu] Maillot jaune [le maillot pour le champion d’une étape du Tour de France cycliste]

Un petit jaune [boisson du sud de la France à base d’anis]

La race jaune [race asiatique] Geltonoji rasė Être jaune [un sportif peureux] Fièvre jaune [une maladie tropicale] Geltonasis drugys Rire jaune [faire semblant de rire ou rire pour cacher sa honte ou sa gêne]

Être jaune de jalousie [éprouver une forte jalousie]

Être peint(e) en jaune [être trompé(e) par sa femme, son mari]

Franchir la ligne jaune [aller trop loin] Être jaune comme un citron /canari Geltonas kaip citrina

Le brun / marron

« Le brun est une forme foncée et obscurcie d’orange et de jaune. C’est un marron particulier. Certains francophones (comme en Suisse ou en Belgique) utilisent brun à la place de marron. C’est une couleur utilisée dans la description des cheveux (brun/brune), de la couleur de peau ou de la fourrure des animaux. » (Le Petit Larousse illustré, 2006)

Le brun est le symbole de la stabilité, de la dureté. Couleur de la terre. Il est lourd et sec. C’est le symbole signifiant la nature, la sagesse, la courtoisie et l’ascétisme (les habits de certains moines, leurs robes de bure sont brunes).

Les exemples de phraséologismes lituaniens avec le composant marron / brun n’existent pas, sauf un synonyme pour exprimer la tourbe (juodasis arba rudasis auksas).

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Utilisée dans la coloration des anciens textiles (les vêtements traditionnels, les tissus traditionnels) ou dans les œufs décorés pendant la tradition de Paque, la couleur marron ou brune était très populaire, mais dans la phraséologie ces couleurs n’ont pas laissé de traces.

Les expressions idiomatiques sont au nombre de 15 en français, contre 0 en lituanien.

Tableau 16.Couleur brune / marron :

Exemples en français Exemples en lituanien Un brun, une brune [personne aux cheveux bruns]

=šatenas, šatenė

une langue brune [une lèche bottes]

Ouvrage marron [ouvrage imprimé clandestinement]

La peste brune [contamination par des idées d’extrême droite]

les chemises brunes [sections d’assauts sous le régime nazi]

rendez-vous à la brune [avant de commencer la nuit]

il fait brun [il fait presque la nuit]

Être brun au jeu [être chanceux] Aller de la brune, à la blonde [être inconstant dans ses amours]

Être marron [se faire avoir, être refait, dupé, victime, ou être pris sur le fait, arrêté]

avocat / médecin marron [qui exerce une profession le plus souvent sans titre et dans une intention malhonnête]

ouvrage marron [ouvrage imprimé clandestinement]

donner/envoyer un marron [donner un coup de poing]

faire quelqu'un marron [abuser, tromper] paumer/ faire/ servir quelqu'un marron [le surprendre, l'arrêter]

Le gris

Le gris n’est pas une couleur, mais une valeur d’intensité lumineuse, moindre que celle du blanc et supérieure à celle du noir. C’est un ton intermédiaire entre le blanc et le noir. « Le vêtement du pauvre est gris, écru, beige : ainsi nomme-t-on, au XIXe siècle, grisette la jeune femme pauvre que son travail dans un atelier ou une boutique ne met pas à l'abri de la faim, et dont la robe est grise, faute des moyens d'avoir du tissu teint. Dans le symbolisme occidental, le gris est associé à l'ennui, à la dépression, à la tristesse, caractères mélancoliques associés au Moyen Âge à la sagesse et la connaissance. » (Le Petit Larousse illustré, 2007).

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Les expressions idiomatiques composées avec cette couleur sont au nombre de 18 en français, contre seulement en langue lituanienne. Les 5 expressions lituaniennes sont équivalentes à celles utilisées en langue française, et, sont nominatives.

Tableau 17.Couleur grise

Exemples en français Exemples en lituanien Etre gris [être légèrement ivre] La matière grise [une certaine partie de cerveau humain, et, par métonymie, l’intelligence]

Pilkoji masė

Le temps est gris/il fait gris [pour désigner un ciel nuageux]

Avaleur de pois gris [gourmand] Éminence grise [un agent du pouvoir qui agit dans l'anonymat/c’est le surnom du père du Christ, Joseph]

La carte grise [le certificat d’immatriculation d’un véhicule automobile]

Littérature grise [document dactylographié ou imprimé, souvent à caractère provisoire, reproduit et diffusé à un nombre d’exemplaire inférieur au millier, en dehors des circuits commerciaux de l’édition et de la diffusion]

La nuit, tous les chats sont gris [sans les couleurs ; il est facile de se tromper ou ni vu, ni connu]

Visos katės pilkos/ juodos

Faire travailler sa matière grise [réfléchir] Faire grise mine [réserver a qqn un mauvais accueil]

La vie grise [vie terne et sans éclat] Pilkas gyvenimas /pilka kasdienybė Le vin gris [une sorte de vin blanc, en particulier un vin de Lorraine]

Or gris [de zinc et de nickel] Pilkasis auksas Bois gris [bois de chauffage] Gris de Lille [fromage] Chanson grise [terme inventé par le poète Verlaine]

Souris grise [personne discrète] Pilka pelytė [personne discrète] En voir de grises, en faire voir de grises [éprouver, faire éprouver de vives contrariétés]

Le rose

Le rose n’est pas considéré comme une couleur principale, elle est le résultat obtenu en mélangeant du rouge avec du blanc. Il existe beaucoup de nuances de rose (par exemple, fuchsia, rose bonbon (rose vif), rose thé (d’un jaune rosé), vieux rose (rose fané, atténué), « La couleur rose s'ajoute tardivement aux couleurs de base du langage. Rose n'est

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pleinement utilisé comme nom de couleur qu'au XIX e siècle. La « couleur de rose », différente du pourpre, se trouve à propos des variétés de jaspe au XVIe siècle. La poésie de la Renaissance fait de « l'aurore, cette rose qui colore les beaux lys de ce beau teint » un lieu commun. » (Le Petit Larousse illustré, 2007). Le rose est une couleur très positive qui symbolise la séduction, la pureté et la fidélité. C’est le symbole de l’amour et de la féminité.

En français, on trouve 15 expressions idiomatiques avec la couleur rose, et 3 en lituanien. Les expressions sont équivalentes dans les deux langues. Cela peut vouloir dire que la couleur rose n’est pas un élément pour composer les phraséologismes purs lituaniens.

La vie en rose : l´expression rendue célèbre par Edith Piaf « la vie en rose » pour toutes et tous les optimistes, amoureux/ses et autres joyeux/ses. D'autres expressions se rapportent plutôt à la fleur (la rose du rosier) : envoyer (qqn) sur les roses [envoyer promener, se débarrasser de (quelqu'un)]. Ici, les roses désignent les fleurs. Découvrir le pot aux roses [découvrir un secret]. Il n’y pas de roses sans épines / nulle rose sans épines (expression équivalente en lituanien : nėra rožių be spyglių [toute belle chose cache un défaut / toute joie comporte une peine / aucun plaisir n’est absolu]. Pour cette expression idiomatique existe le complément : toute médaille a son revers / kita medalio pusė. Envoyer qqn sur les roses [se débarrasser d'une personne gênante] ; cette expression serait apparue au XIXe siècle. Etre fraiche comme une rose [avoir bonne mine, être bien reposé(e)]. Etre couché(e) sur des roses / être couché(e) sur un lit de roses [jouir d’un état de mollesse, de plaisir, de félicitée] ;et négativement : n’être pas sur le lit de roses [être dans une situation pénible, douloureuse, angoissante] ; Aux doigts de rose [ teintant en rose le ciel matinal], ne pas sentir la rose [sentir mauvais ] ; jeter des roses sur quelque chose [rendre quelque chose plus facile, plus supportable] ; rose des vents [ figure représentant les quatre points cardinaux et marques des 32 directions du vent]. La traduction de cette expression a pris sa greffe en lituanien : vėjų rožė [vėjas/ le vent]. Dans la langue française existent les usages de rose : Champagne rosé [Vin pétillant de la région de Champagne] Verre, bouteille de rosé. Boire du rosé. Obtenir un rosé. Servir du rosé. Servir (un plat) avec du rosé. Dans la phraséologie lituanienne, la rose (rožė) est un composant dans les phraséologismes suivants: rožių vainikas [rožančius]; rykštinė rožė [japoninis svarainis], rožėmis klotas [sėkmingas/ chanceux], vargo roželė [vargas/ la misère], vėjų rožė [vėjas/ le vent].

Tableau 18. Couleur rose :

Exemples en français Exemples en lituanien Téléphone rose [service téléphonique érotique]

Bibliothèque rose [collection de livres pour jeunes enfants, éditée par Hachette]

Ce n’est pas tout rose [ce n’est pas agréable, pas gai]

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Ce n’est pas rose [ce n’est pas facile] Film, roman à l’eau rose [film, roman très sentimental, mièvre et romantique, mais, loin de la réalité]

Voir des éléphants roses [être ivre ou avoir des hallucinations]

Matyti rožinius dramblius [būti apsvaigusiam]

A travers des lunettes roses [avoir une vision trop positive]

Žiūrėti pro rožinius akinius

Voir toute la vie en rose [voir le bon côté des choses, être optimiste]

Viską matyti rožine spalva, matyti gyvenimą rožinėm spalvom

Faire les cuisses roses [rendre plus aimable] Ballets-roses [réunions clandestines de filles mineures pour satisfaire la perversion de personnes d'un certain âge]

La période rose bonbon [la période "Barbie" ou "princesse" des petites filles]

Peindre quelque chose en rose [décrire avec positivisme]

Sur un nuage rose [ne pas vivre dans la réalité]

Voir l’avenir en rose [être confiant dans l’avenir]

Littérature rose [littérature nettement érotique]

Les couleurs

Le mot « couleur » aussi, a sa place dans les locutions idiomatiques. Il prend les sens suivants : opinion et intention, évènements et situations en fonction de leur éclat et de leur brillance. En français, on trouve 20 expressions idiomatiques avec le mot couleur, et 4 en lituanien.

Tableau 19. Le mot couleur(s) dans les locutions idiomatiques :

Exemples en français Exemples en lituanien Couleur [opinion politique d’une personne, d’un groupe]

Couleurs [brillant, éclat d’un évènement, d’une situation]

Homme de couleur [personne qui n’a pas la couleur blanche]

Spalvotas žmogus

Couleur locale [ensemble des caractéristiques extérieures des personnes et des choses en lieu et une époque donnée]

Annoncer la couleur [faire connaître clairement ses intentions]

Changer de couleur [pâlir ou rougir sous le coup d’une émotion]

Keisti spalvas

Hisser les couleurs [monter le drapeau]

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Prendre des couleurs [bronzer] Haut en couleurs [d’une originalité accentuée]

En faire voir toutes les couleurs [faire subir de tracasseries]

Peindre l’avenir sous de belles / de tristes couleurs [voir l’avenir de manière optimiste/pessimiste]

Des goûts et des couleurs on ne discute pas [chacun peut légitimement avoir ses propres goûts, opinions et méthodes]

= Dėl skonio nesiginčijama

Couleur de muraille [se dit d’un vêtement, manteau, cape ; couleur des murs]

Rêver en couleur [se faire des illusions] Couleur du temps [la nature des évènements, des circonstances]

Sous couleur de…[en utilisant comme prétexte, avec l’apparence trompeuse de…]

Afficher la couleur [dire franchement ses intentions]

connaître, voir la couleur de qqn/qqch [s’emploie surtout négativement : ne rien voir]

Faire le salut aux couleurs [être en érection] Juger de qqch comme un aveugle des couleurs [juger sans rien connaitre ; sans être capable d’apprécier ce dont on parle]

Spalvotas gyvenimas [la vie en couleurs] Matyti visas gyvenimo spalvas [ressentir la

vie comme elle est]

Dans les emplois liés à des contextes caractéristiques et des extensions de nuances et de sens, les huit termes de couleurs s’éloignent de leurs sens originel, de leurs nuances premières, et, en s’appliquant à certains objets, glissent dans une autre nuance et basculent dans de multiples sens figurés. Les couleurs ne signifient plus rouge, bleu, noir etc. Elles étendent leurs significations dans certains contextes d’emplois bien particuliers et caractéristiques de la phraséologie en général, notamment, dans la description d’une personne : peau, yeux, regard, émotions : la race jaune, l’homme noir, blanc bec, baltos akys [ivre], être bleu de qqn, voir rouge, rire jaune, etc. Ou des syntagmes phraséologiques dans lesquels les locutions désignent des produits fabriqués ou manufacturés : pain blanc, pain noir / balta duona, juoda duona ; viande rouge, viande blanche / raudona mėsa, balta mėsa. La couleur perd sa consistance, se dématérialise et n’est plus qu’une valeur figurée et symbolique. Les couleurs prennent une valeur d’objets inanimés, immobiles et\ou abstraits: rêve bleu, conte bleu, voir rouge, vie grise, écriture blanche, bibliothèque / Collection rose, littérature jaune / Roman noir, sur un nuage rose, ouvrage marron, avoir la main verte, etc.

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Les locutions idiomatiques avec les couleurs construites de deux composants sont le plus populaires : nom + adj (en français), adj+ nom (en lituanien), nom + verbe (en lituanien), verbe + adj (en français), verbe + nom (en français et en lituanien).

4.3 Classification des locutions phraséologiques suivant différents critères et modèles

Les couleurs semblent être associées à des émotions, mais est ce que les mêmes couleurs ont les mêmes associations dans les deux langues comparées ? Colère, haine, mépris, dégout, peur, déception, honte, culpabilité, tristesse, compassion, amour, admiration, contentement, plaisir, joie, fierté, amusement, intérêt, toutes ces émotions peuvent être associées aux locutions phraséologiques utilisant les couleurs.

Les locutions idiomatiques avec les couleurs peuvent être classifiées selon qu’elles désignent une attitude corporelle, un mouvement du corps : état physique, état sentimental, état moral, considération sociale, perception, situation matérielle, disposition, rapport à son prochain, rapport à l'environnement, qualités humaines, activités humaines. Les locutions idiomatiques associées aux boissons, sensées ou supposées les représenter et les désigner, utilisent souvent les noms de couleur ou même des objets colorés: blanc, rouge, bleu, gris, jaune, vert et même paille (vin de paille). Les lituaniens ont une seule et unique locution pour nommer et désigner le vin jeune et fort « žalias vynas ». Les couleurs, et ce même pour désigner les effets du vin ou des alcools, sont différentes et plus nombreuses en langue française : par exemple, Molière aurait utilisé ces teintes «gris, rose, noir, blanc », en lituanien Žemaitė aurait dit «blanc » ! Pas de différences entre la langue lituanienne et française pour exprimer la jeunesse ; « le vert - žalias ». Il en va de même pour opposer une vie d’opulence et de richesse à une existence de misère : manger son pain noir / blanc, juodos duonos plutą graužti, žalią kelmą graužti, juodą klumpę vilkti. Dans les phraseologismes lituaniens, la misère est symbolisée et exprimée par les couleurs noire et verte. La fatigue elle, est exprimée avec des couleurs différentes : blanche en français, et žalias (verte) en lituanien. Les signifiants liés à la sante et la maladie sont communs dans les deux langues, mais il en va de même partout dans le monde tant ces locutions sont communes. Les lituaniens, comme les français utilisent des locutions importées d’autre(s) berceau(x) linguistique(s). Concernant l’âge avancé, les cheveux sont blancs dans toutes les langues d’origine indo-européennes : « être tout blanc- visas baltas » Tableau 20. Etat physique :

Etat physique Couleur en français Couleur en lituanien Santé, maladie Fièvre jaune ; être blanc

comme un linge ; un vieillard encore vert ; la jaunisse ; peste noire

Baltas kaip drobė, geltligė, juodasis maras, geltonasis drugys, juodoji ugnis, raudoni gaidžiukai

Fatigue

Saigner à blanc Akyse žalia

Faim, repas

Avaleur de pois gris ; gris de Lille ; manger du bleu ; pain blanc, pain noir

Balta duona, juoda duona, žalią kelmą graužti

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Soif, boisson

Le vin gris, boire du vert ; du gros bleu ; un petit jaune ; petit rouge ; p’tit blanc, boire du rouge ou du blanc, du rouge qui tache, blanc de blanc,

Žalias vynas

Ivresse

L’éléphant rose, être gris ; être complètement noir ; se noircir ; se griser

Baltos akys; raudonį išmesti,

Aspect extérieur, vie sociale Etre tout blanc, menton bleu ; jaune comme un citron ; un brun/une brune, se mettre du rouge,

Visas baltas, plaukai pabalo ;geltonas kaip citrina; žalia rūta, balta galva

Âge Avoir le nombril vert ; un homme encore vert ; un jeune blanc bec

Dar žalias ; žalia jaunystė, žalia ranka

L’état sentimental dans les locutions idiomatiques est symbolisé par 5 principales couleurs : le blanc, le noir, le rouge, le bleu et le vert. Les couleurs blanche, bleue, verte, rouge et noire sont associées à des impressions et des passions intensives, elles signifient les émotions, et les sentiments forts : la peur, la tristesse, la colère. En lituanien, les phraséologismes utilisant et employant le bleu n’existent pas : la peur et la colère sont exprimées avec la couleur verte. Mais la déception, dans ces deux langues, est désignée par la couleur noire. Tableau 21. Etat sentimental :

Etat sentimental Couleur en français Couleur en lituanien Peur, crainte avoir une peur bleue ; être vert

de peur ; avoir les foies blancs žaliuoti iš baimės ; juodai mėlynas,

Tristesse, pleurs

Avoir des bleus à l’âme; s’enfoncer dans le noir ; peindre une situation en noir,

Mauvaise humeur, colère, fureur

Colère bleue ; voir rouge ; être rouge de colère ; être chauffé à blanc ; être vert de rage ; colère noire ; œil au beurre noir, se fâcher tout rouge ; faire moucher rouge, tirer à boulets rouges,

Iš pykčio pažaliuoti, su juodu dumblu maišyti

Souci, chagrin, souffrance

Ce n’est pas rose

Joie exubérante, insouciance

Vie mêlée de blanc et de noir,

Déception

Noircir une situation, voir tout en noir ; broyer de noir, faire choux blanc, être la lanterne rouge,

Viską matyti juoda spalva/ juodai, juodinti situaciją, du baltus, trečią kaip sniegas

Ingratitude, satisfaction malsaine éprouvée devant le malheur d'autrui

Comme un âne rouge ; faire quelqu'un marron

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Revenant sur ces deux expressions idiomatiques communes dans les deux langues : manger son pain blanc ou son pain noir, l’origine est à rechercher à l’époque de la renaissance : le pain étant devenu un aliment très populaire, les paysans le cuisait eux-mêmes, le préparait à base des céréales qu’ils réussissaient à se procurer. Ils n’avaient donc que du pain noir. Les nobles, eux, mangeaient du pain blanc, préparé à base de farine blanche, plus raffinée, donc plus coûteuse. Par analogie, on dit d’une personne qui traverse une période prospère qu’elle mange son pain blanc. Et donc, l’autre côté de la médaille, en cas de revers de fortune ; la période de vaches maigres devient celle durant laquelle on mange son pain noir !

Tableau 22. Perception et situation matérielle :

Perception Couleur en français Couleur en lituanien Entendre et comprendre (ou ne pas comprendre) ce qu'on entend

Etre dans le noir

Situation matérielle Couleur en français Couleur en lituanien Aisance, richesse, luxe

Sortir du rouge ; La caisse noire ; être brun au jeu, manger son pain blanc

Valgyti baltą duoną /pyragą, žalias gyvenimas, prie baltos duonos sėsti

Paupérisation, endettement, pauvreté

Etre dans le rouge ; éléphant blanc ; manger son pain noir

Valgyti juodą duoną /juodos duonos plutą graužti, mėlynos dienos, juodą klumpę vilkti

Les qualités humaines positives sont désignées par les couleurs suivantes: bleu, à dix reprises (exprimant l’intelligence et le travail consciencieux); blanc, à huit reprises (surtout employé en exprimant l’innocence et la bonté); vert à trois reprises (pour le zèle lui aussi, la dureté liée à la jeunesse et des qualités plutôt techniques; grise, à deux reprises (servant à designer l’intelligence, qu’elle soit aux yeux de tous ou cachée). Les qualités négatives, quand a elles sont: le noir, à quatre reprises (le pessimisme, la tristesse et l’échec); le vert, à deux reprises (pour exprimer soit une forme d’agacement, soit une forme de raideur d’esprit), le rouge, à une reprise (exprimant l’issue dramatique d’une situation ou d’un geste). Afin d’exprimer les qualités extrêmes comme l’extravagance, la folie, l’introversion ou toutes qualités ou vertus exacerbées, les couleurs favorites et fétiches seront le bleu et le noir.

Tableau 23. Qualités humaines :

Qualités humaines Couleur en français Couleur en lituanien Connaissances, subtilité, intelligence, actions intelligentes

Faire travailler sa matière grise ; Se faire avoir comme un bleu ; merle blanc ; un bas–bleu ; cordon bleu, passer au bleu, éminence grise,

Maîtrise de soi, manque de contrôle

Blanchir sur le harnais, bruler les feux rouges, rouge de confusion, choisir les blancs,

Su juodu dumblu maišyti

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Manque d'intelligence, étroitesse d'esprit

Parler vertement ; blanc bec Juodas gomurys, žalias aguonas krėsti,

Extravagance, folie

Un bas-bleu, poussé au noir

Vaillance, courage, ténacité

Employer le vert et le sec, détenir le ruban bleu

Raudoną kirminą spausti

Optimisme, confiance, illusion/désillusion

A travers des lunettes roses Voir tout, la vie en rose ; voir tout en bleu ; être vert, oiseau bleu, se faire avoir comme un bleu, histoire cousue de fil blanc, laisser l’ordre en blanc

Juodo ir balto matyti

Pessimisme, tristesse (qui fait triste mine), insuccès

Noircir une situation, voir tout en noir ; broyer de noir, avoir des idées noires

Bonté, caractère inoffensif, innocence, ingénuité

Sortir blanc du… ; blanc comme un lys/ neige ; sortir blanc ou blanchi du tribunal ; être blanchi dans une affaire ; Oie blanche

Zèle, application au travail et à l'étude

Etre un cordon bleu ; avoir la main verte ; un jaune

Blâmer, punir, traumatiser Recevoir une volée de bois vert, marquer au fer rouge

Naïveté Fleur bleue Juoda balta neatskirti

L’état moral et la considération sociale dans les locutions idiomatiques françaises s’épanouit grâce aux couleurs noire, blanche, rouge, bleue, marron, brune et verte. En lituanien, ce même état et cette même considération sont symbolisés grâce aux couleurs verte, rouge et noire.

Il est très rare que la couleur marron soit auréolée d’une connotation positive, elle est surtout employée pour exprimer ou désigner la mauvaise réputation, la malhonnêteté. La malhonnêteté, quant à elle, est aussi désignée par les couleurs grise, verte, bleue et noire, les couleurs froides. L’expression de honte, dans ces deux langues utilise la même couleur : le rouge. Mais dans les phraséologismes lituaniens ce sentiment « rouge » est utilisé en tant que verbe, à l’instar du français qui l’utilise en tant qu’adjectif et verbe.

Tableau 24. Etat moral, considération sociale :

Etat moral, considération sociale

Couleur en français Couleur en lituanien

Réputation, considération, influence

faire quelqu'un marron ; être la bête noire de qqn ; être noir ; montrer patte blanche, connu(e) comme le loup blanc

Malhonnêteté (= ce qui déshonore)

avocat / médecin marron ; Faire grise mine ; En voir/en

Žalias ir raudonas, juodas darbas, raudoną gaidį

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dire des vertes et des pas mures ; conte bleu ; travailler au noir ; blanchir l’argent ; ouvrage marron

sukelti ant stogo, raudonas gaidys užgiedos, žalių barščių giltinė

Séduction, subornation, déchéance

A peste brune

Honte Le rouge lui monte au visage ; ne rougir de rien ; rire jaune ; faire rougir qqn, être rouge de honte

Paraudonuoti iki ausų ; raudonuoja baltuoja

Paresse Kaip žalias nedega, žalių barščių giltinė, žalias aguonas krėsti, juodas gomurys

La disposition, le rapport avec son prochain, ou l'environnement sont codés dans les locutions idiomatiques françaises avec les couleurs : blanche, noire, bleue, grise, rose, verte et jaune. Dans les phraséologismes lituaniens, uniquement avec la couleur verte. Elle (le vert) est utilisée dans les deux langues pour désigner et exprimer la jalousie. Dans la langue française, la confiance est exprimée grâce à la couleur blanche. La signification positive: pureté, innocence et virginité de cette couleur peut expliquer ou rendre crédible ce phénomène. Et, l’antonyme de ce sentiment est symbolisé par la couleur jaune. Dans la langue lituanienne, les phraséologismes qui signifient la confiance ou encore même la défiance n’existent pas.

Tableau 25. Disposition, rapport à son prochain, rapport à l'environnement :

Disposition, rapport à son prochain, rapport à

l'environnement

Couleur en français Couleur en lituanien

Inclination, amour, sympathie Faire les cuisses roses ; aller de la brune à la blonde ; être bleu(e) de qqn

Mépris, dédain Faire grise mine ; faire un œil noir ; être le mouton noir

Akyse žalias

Jalousie Etre vert ou jaune de jalousie

Pažaliuoti iš pavydo

Confiance / Défiance Jaune cocu ; Etre peint(e) en jaune, avoir un blanc-seing, laisser le nom en blanc, donner carte blanche, n’y voir que du bleu

Pour exprimer ou parler du temps qu’il fait, les expressions idiomatiques dans ces deux langues sont construites avec la couleur noir, mais, la langue française a une palette de couleurs plus importante et plus fournie pour désigner le temps (gris, bleu ou brun).

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Tableau 26. Environnement, monde extérieur :

Environnement, monde extérieur

Couleur en français Couleur en lituanien

Apprendre et travailler (avec ou sans succès)

Faire des coups bleus

Le temps qu'il fait Le temps gris ; nuit noire ; il fait brun ; à la brune, une tempête de ciel bleu

Juoda naktis, juodas vakaras

Relation temporelles La semaine du blanc

Pour discourir ou parler aux foules, l’orateur va utiliser la couleur rouge pour attirer l’attention, comme le torero l’utilise pour exciter le taureau. L’initiative, elle, est désignée par la couleur verte, cela peut s’expliquer en se référant à la nature ou à tout autre processus initiatique : par exemple, les saisons s’enchainent et se suivent inlassablement.

Tableau 27. Activités humaines :

Activités humaines Couleur en français Couleur en noir Tromper, abuser, induire en erreur

Etre vert, une langue brune, franchir la ligne jaune, en voir/ en dire des vertes et des pas mures, les cartouches à blanc, passer du blanc au noir, en rester bleu,

Žalias ir raudonas

Parler, discourir Agiter le chiffon rouge Baltą akį turėti Participation, activité, initiative

Choisir les pièces blanches, être jaune, donner le feu vert, employer le vert et le sec,

Généralement, dans chaque langue il y a des expressions idiomatiques qui peuvent être traduites à la lettre sans que leur sens et leur signification ne changent. Mais, constatant le fait que la langue lituanienne dispose d’une faible ressource lexicologique en matière de couleurs dans sa propre phraséologie, les couleurs en tant que composants de phraseologismes ou de locutions idiomatiques ne sont pas aussi populaires que les parties du corps humain, les animaux, les articles ménagers qui eux, font partie intégrante de la grande famille des composant de locutions figées.

En étendant plus largement le spectre des locutions phraséologiques utilisant les couleurs, il serait possible d’élargir les locutions aux noms utilisés pour décrire les couleurs. Une nuance ou un ton sont souvent issus de la nature (noms des plantes, d’arbres, de fleurs, de fruits, d’animaux, de minéraux ou de matériaux naturels,...). En voici quelques exemples : tomate (rouge comme une tomate), neige (blanc comme neige), ébène (noir comme l’ébène), fraise (rouge comme une fraise), canard (jaune canard), corail (rouge), menthe (verte), olive (vert), blé (jaune), safran (jaune), mauve (violet), carotte (cheveux roux, ou, poil de carotte), souris (grise), noisette (marron clair), malachite (vert),etc. Une autre façon de nommer la couleur est l'utilisation du nom du produit alimentaire associé, comme par exemple la crème blanche,

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jaune moutarde, café au lait, caramel, vert absinthe, jaune beurre, chocolat, etc. Ou l'emprunt du nom d'un pays ou d'un lieu (Blanc d’Espagne, Bleu de Prusse, Champagne doré, Bleu des mers du Sud, Vert Prairie, ...).

Les locutions françaises rouge sang et sang rouge ont des sens différents. Rouge sang évoque une des nombreuses variations possible de la couleur rouge, tandis que, sang rouge n’est utilisé que pour définir celle (la couleur) du sang en médecine, au quotidien ou un état d’esprit permanant proche de la colère chez certaines personnes (personne sanguine).

Dans ce cas, la différence notable entre la langue lituanienne et la langue françaises, est la possibilité d’une modification radicale du sens, et ce, uniquement grâce à la construction pure ou la place et l’organisation des membres du discours (nom + adj, adj + nom). Modification de la structure syntaxique possible en langue française et en langue lituanienne, mais, sans changement de sens en lituanien. Raudonas kraujas ir kraujas raudonas ayant le même sens.

Pour conclure, il est possible d’affirmer que, dans les deux langues étudiées, la source d’étude liée aux couleurs est intarissable.

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4.4. Fréquence d’utilisation des couleurs dans les locutions françaises et lituaniennes

Diagramme 1 Fréquence d’utilisation des couleurs dans les locutions françaises

Diagramme 2 Fréquence d’utilisation des couleurs dans les locutions lituaniennes

Blanc 22 %

Rouge 14 %

Bleu 13 %

Vert 13 %

Noir 12 %

Jaune 8 %

Gris 6 %

Rose 6 %

Marron 6 %

Noir 31 %

Blanc 20 %

Vert 17 %

Rouge 10 %

Jaune 8 %

Bleu 6 %

Gris 5 %

Rose 3 %

Marron 0 %

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Diagramme 3 Comparatif des fréquences d’utilisation des couleurs dans les locutions françaises et lituaniennes

1/ Au premier regard, et ce bien avant une conclusion scientifique, il semblerait que les français utilisent, dans leurs locutions idiomatiques au quotidien, les couleurs principales de leur drapeau, en effet, blanc, rouge et bleu occupent le pourcentage le plus important. Aucune conclusion du même type ne peut être faite concernant les locutions idiomatiques lituaniennes.

2/ La couleur noire est la seule qui semble être utilisée à part égale dans le vocabulaire idiomatique en français et en lituanien. Nous pouvons peut être en déduire que cette couleur prend la même valeur symbolique dans les deux langues.

3/ La fréquence d’utilisation des couleurs, et ce d’une façon générale est plus importante en français, il semblerait que les lituaniens aient moins recours aux phraséologismes colorés.

4/ Un grand absent en lituanien, le marron. Fait étrange du fait que les vêtements folkloriques et les textiles ethniques lituaniens regorgent de cette couleur ainsi que de toutes ses nuances.

5/ Le blanc tient une place importante dans les locutions idiomatiques françaises, il en va de même en lituanien, cette couleur se tenant au même niveau de fréquence que le vert.

6/ Concernant les couleurs bleue, grise et rose, elles semblent ne faire partie du paysage lituanien des phraseologismes que par le pur fruit du hasard, les phraseologismes utilisant ces couleurs sont, pour la plupart, traduits d’autres langues mot pour mot.

7/ Regardant l’utilisation de la couleur jaune, expressions idiomatiques françaises et lituaniennes sont identiques, comme empruntées d’une langue, et, transposée dans une autre sans aucune différence notable, comme un vocabulaire scientifique et médical international.

0

10

20

30

40

50

60

70

Blanc Rouge Bleu Vert Noir Jaune Gris Marron Rose

Français

Lituanien

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8/ les connotations aux aspects colorés dépendent de la culture et, les locutions idiomatiques avec les couleurs démontrent comment, le symbolisme fonctionne et s’organise au niveau du subconscient.

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CONCLUSION

D’un point de vue purement technique et universitaire, et ce malgré les études, ouvrages, publications, dictionnaires et sources diverses utilisées pour mener à bien notre étude, fort est de constater une certaine faiblesse, ou du moins, une certaine carence dans la littérature moderne liée à l’étude des phraséologismes. Nous constatons que les théories concernant la phraséologie sont encore loin d’être unifiées. Concernant la classification sémantique, les recherches que nous avons menées en analysant, et en présentant les locutions françaises, nous permettent de souligner qu’elle est correctement effectuée (par exemple, les origines étymologiques des locutions de la langue française, comparées à celles utilisées dans la langue lituanienne, sont mieux décrites, mieux présentées, mieux répertoriées et mieux étudiées dans les divers écrits, dictionnaires, essais et ouvrages de référence d’auteurs français). En effet, et ce, malgré des origines aussi diverses que la mythologie, l’histoire, l’antiquité, la ou les religions, la littérature et la plus simple culture populaire, les classifications proposées reste en deçà de la montagne source utilisée au quotidien dans la construction de la langue. Pourquoi un tel creuset, une telle richesse n’est-elle pas plus mise en avant dans la recherche ?

Dictionnaires des synonymes, dictionnaire d’histoire des mots, recueil de citations ou de mots d’auteurs, dictionnaires des expressions, ou dictionnaires de langues, tous ces ouvrages, déjà écrits et publiés, enrichis au jour le jour, sont des outils formidables de simplicité (souvent) ou de complexité (parfois) utilisés par les chercheurs. Néanmoins, il convenait d’avoir une démarche et un regard plus humain, quotidien et pragmatique afin de définir les relations existantes entre les phraséologismes et la culture, et découvrir que ces relations s’épanouissent pleinement grâce, aux structures lexicales, à leur(s) origine(s) et motivation(s), et, au(x) contexte(s) folklorique(s) et ethnoculturel(s) qui les lient aux phraséologismes.

La phraséologie est une source importante pour reconstruire la vision ou la conception du monde de la langue, et, en comparant la présence des locutions dans la langue lituanienne et celles utilisées en langue française, les origines étymologiques de celles de la langue française sont mieux décrites, et mieux présentées par les auteurs français. En effet, mis à part l’ouvrage de B. Jasiūnaite (Šventieji ir nelabieji frazeologijoje ir liaudies kultūroje.2010), les origines étymologiques des locutions lituaniennes ne sont pas décrites.

Les phraséologismes les locutions ou les expressions idiomatiques) nous permettent de voir les relations entre locuteur(s) et objet(s). Non pas relations logiques, mais, relations émotionnelles (positives ou négatives), et ce grâce à la connotation (composant supplémentaire du sens des phraseologismes).

Au travers du prisme de l’aspect stylistique, les locutions phraséologiques avec les couleurs sont imagées et expressives. Elles réalisent et constituent une fonction d’expressivité, parce qu’elles donnent une valeur concrète et même palpable de tous les concepts abstraits. Cette idée est d’autant plus vraie que les couleurs sont purement relatives, on peut affirmer que les couleurs empruntent leur vocabulaire à la langue courante pour représenter clairement et simplement des phénomènes abstraits.

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Au travers du prisme sémantique, elles sont intégrales et, leurs sens est aussi général qu’il est possible de définir ou évoquer une situation complexe en utilisant un seul mot.

Et enfin, au travers du prisme de la résolution, elles sont figées, leur structure lexicale et grammaticale est constante. Selon le linguiste lituanien Paulauskas, ces trois regards portés sur les expressions idiomatiques sont aussi importants l’un que l’autre pour définir la notion de locution phraséologique.

Avant d’en voir de toutes les couleurs, il faut bien admettre que, la langue française, et donc, les francophones qui la manipulent et l’utilisent sont, pour le moins friands des locutions colorées. Elles, les couleurs, sont, aux conversations, aux discussions, aux explications et même aux polémiques ce que les épices sont à la cuisine indienne ; indispensables. Ces couleurs sont à la fois le sel, le poivre et le safran, sans elles, la langue risquerait de perdre sa fameuse saveur, voir même, de disparaitre, ou même, devenir un langage froid, brut, technique ou informatique et binaire.

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RÉSUMÉ

Dalia Roch

FRAZEOLOGIZMŲ LYGINIMAS ŠIUOLAIKIN ĖSE PRANCŪZŲ IR LIETUVIŲ KALBOSE

Darbe atlikta lyginamoji dviejų kalbų- prancūzų ir lietuvių- frazeologizmų analizė pateikiant teorinę apžvalgą, kurioje skleidžiasi įvairios mokslininkų nuomonės frazeologijos klausimu. Dar ir šiandien tiek lietuvių, tiek prancūzų kalbose nėra aiškiai apibrėžtų frazeologizmų vertinimo kriterijų. Frazeologija yra palyginti nauja lingvistikos mokslo šaka, todėl diskusijos šioje srityje greitai nenurims. Aiškiai bei tiksliai neapibrėžti frazeologizmų vertinimo kriterijai atsispindi skirtinguose tos pačios sąvokos terminuose / pavadinimuose – prancūzų kalboje nėra vieno termino frazeologizmui įvardinti, netgi žodynai yra vadinami « dictionnaires des expressions et locutions », nors abu terminai laikomi sinonimais. Todėl šiame darbe pabandyta patyrinėti, kokius požymius, būdingus frazeologizmams, pateikia prancūzų ir lietuvių lingvistai savo teoriniuose veikaluose. Išsamesnė frazeologizmų charakteristika atsispindi pateiktose frazeologizmų klasifikacijose :

1. Etimologinė - ji apima antikinę mitologiją, istoriją, religiją bei populiarius daugeliui kalbų būdingus frazeologizmus. Tokia klasifikacija parodo, kad frazeologizmai neturi ribų/ sienų – jie keliauja iš vienos vietos į kitą per graikų ir romėnų mitologiją, grožinės literatūros kūrinius bei bendrą pasaulio istoriją. Daugelio tokių frazeologizmų šaltinis yra Biblija. Kai kurių frazeologizmų, tapusių populiariais daugelyje pasaulio kalbų, kilmę sunku atsekti.

2. Tradicinė – pagal leksinius vienetus : nominatyviniai, būdvardiniai, veiksmažodiniai, prieveiksminiai ir t.t.

3. Sintaksinė – pagal struktūrinius sintaksės tipus : ši klasifikacija padeda pažinti skirtingų kalbų sintaksės panašumus bei skirtumus. Daugelis analizuotų pavyzdžių įrodo esant nemažai sintaksinės struktūros atitikmenų abiejose – prancūzų ((analitinėje) ir lietuvių (sintetinėje) – kalbose. Tokia klasifikacija atskleidžia ir gramatinę frazeologizmų raišką.

4. Semantinė klasifikacija, atskleidžianti esminius frazeologizmų bruožus, panaudota lyginant frazeologizmus, turinčius spalvos dėmenį.

Tyrinėjimas atliktas remiantis prancūzų ir lietuvių frazeologijos žodynais: Le Robert. Dictionnaire d’expressions et locutions (A. Rey& S.Chantreau, 2012); Les 1001 expressions préférées des français (G.Planelles, 2013); Dictionnaire des expressions et locutions traditionnelles (M. Rat, 2007); La puce à l’oreille (Claude Duneton, 1978), Frazeologijos žodynas (Lietuvių kalbos institutas, 2001); Lietuvių kalbos frazeologijos žodynas (J.Paulauskas, 1977). Rasti 254 prancūziški frazeologizmai ir 151 lietuviškas. Lyginimui pasirinktos 8 spalvos. Atliktas tyrimas parodė, kad prancūzų kalboje frazeologizmai su spalvos elementu yra populiarūs, dažnai vartojami aktyviajame žodyne ir jų yra nemažai, tačiau lietuvių kalboje spalva, kaip vienas iš dėmenų, sudarantis frazeologizmą, yra

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pakankamai retas: iš 886 puslapių turintį Frazeologijos žodyną (naujausią frazeologijos žodyną Lietuvoje) tik 151 frazeologizmas su spalvomis rodo spalvos, kaip frazelogizmo komponento, nepopuliarumą. Palyginimui, koks tai mažas tokių junginių skaičius, galime imti frazeologizmą akis - su šiuo leksiniu vienetu FŽ (2001) pateikia 1170 frazeologizmų (11 frazeologizmų su spalvomis- balta ir žalia- sudaro sustabarėjusius junginius su daiktavardžiu akis). Daugelis frazeologizmų su spalvos komponentu yra išverčiami žodis žodin iš prancūziško frazeologizmo ir turi tą pačią reikšmę – tokių, bendrų abiem kultūroms, rasta 62. Peršasi išvada, kad spalva lietuvių kultūroje buvo (turima galvoje buvo, nes frazeologizmai - gyvas kultūros palikimas) vienas iš abstrakčių reiškinių, kurie nesudarė pagrindo įvardinti daiktus, jausmus bei emocijas taip, kaip tuo pagrindu pasitarnavo somatiniai (kūno dalių) bei zoomorfiniai pavadinimai - jie būtent ir sudaro didžiąją frazeologizmų dalį lietuvių kalbos žodyne/ diskurse. Frazeologizmai, suklasifikuoti pagal emocijų, jausmų, išgyvenimų bei pagal padėtį ar jauseną socialinėje plotmėje, atspindi ir panašumus, ir skirtumus tyrinėjant spalvų reikšmes stabiliuosiuose, arba sustabarėjusiuose, žodžių junginiuose. Abiejose kalbose daugelis spalvų sukelia tas pačias jausmų bei emocijų asociacijas, tačiau yra ir tokių, kurie skiriasi savo konotacijomis. Atlikta frazeologizmų statistika suteikia galimybę išvysti, kurios spalvos dominuoja frazeologizmuose, o kurių visai nesama bei kokiu santykiu spalvos pasiskirsto dviejose kultūrose - prancūzų ir lietuvių. Tam tikrų kalbos reiškinių lyginimas su svetimomis kalbomis duoda apčiuopiamų rezultatų - kitų kalbų kontekstas į gimtąją kalbą padeda pažvelgti kitu žvilgsniu ir ją giliau pažinti. Atliktas darbas galėtų pasitarnauti kaip užuomazga platesniems frazeologizmų tyrinėjimams, pavyzdžiui, atliekant etimologinę lietuviškų (savakilmių ar skolintų) frazeologizmų kilmės paiešką bei atverti naują žvilgsnį į abstrakčius konceptus, sudarančius vieną iš frazeologizmo elementų. Frazeologijos tyrinėjimas suteikia galimybę ne tik pažinti kalbos gramatinę ar sintaksinę struktūras, bet ir leksiką, kuri yra vienas svarbiausių dalykų atpažįstant unikalią tautos kultūrą – žmogaus santykį su jį supančia aplinka bei jos reiškiniais.

Liste des abréviations utilisées dans le texte

adj adjectif

adj.numer adjectif numéraire

adv adverbe

conj conjonction

qqn quelqu’un

qqch quelque chose

par ex. par exemple pron pronom

prep préposition

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