these docteur en medecine clemence …doxa.u-pec.fr/theses/th0641991.pdf · discipline :...

81
UNIVERSITE PARIS EST CRETEIL - UPEC FACULTE DE MEDECINE DE CRETEIL ANNEE 2013 N° 1049 THESE POUR LE DIPLOME D'ETAT DE DOCTEUR EN MEDECINE Discipline : Ophtalmologie Présentée et soutenue publiquement le 8 octobre 2013 à Paris Par CLEMENCE VIREVIALLE Née le 19 juillet 1982 à Melun (Seine-et-Marne) EVALUATION CLINIQUE DE LA SURFACE OCULAIRE ET ANALYSE MORPHOLOGIQUE DES NERFS CORNEENS SOUS EPITHELIAUX DANS LE BLEPHAROSPASME PRESIDENT DE THESE : LE CONSERVATEUR DE LA M. le Pr Jean-Philippe Nordmann BIBLIOTHEQUE UNIVERSITAIRE DIRECTEUR DE THESE : M. le Dr Antoine Labbé JURY: M. le Pr Christophe Baudouin Mme le Pr Brigitte Girard M. le Dr Alexandre Denoyer Signature du Cachet de la bibliothèque Président de thèse universitaire

Upload: dangkhanh

Post on 10-Sep-2018

232 views

Category:

Documents


0 download

TRANSCRIPT

Page 1: THESE DOCTEUR EN MEDECINE CLEMENCE …doxa.u-pec.fr/theses/th0641991.pdf · Discipline : Ophtalmologie Présentée et soutenue publiquement le 8 octobre 2013 à Paris Par ... 2 Anatomie

UNIVERSITE PARIS EST CRETEIL - UPEC

FACULTE DE MEDECINE DE CRETEIL

ANNEE 2013 N° 1049

THESE

POUR LE DIPLOME D'ETAT

DE

DOCTEUR EN MEDECINE

Discipline : Ophtalmologie

Présentée et soutenue publiquement

le 8 octobre 2013 à Paris

Par

CLEMENCE VIREVIALLE

Née le 19 juillet 1982 à Melun (Seine-et-Marne)

EVALUATION CLINIQUE DE LA SURFACE OCULAIRE ET ANALYSE

MORPHOLOGIQUE DES NERFS CORNEENS SOUS EPITHELIAUX

DANS LE BLEPHAROSPASME

PRESIDENT DE THESE : LE CONSERVATEUR DE LA

M. le Pr Jean-Philippe Nordmann BIBLIOTHEQUE UNIVERSITAIRE DIRECTEUR DE THESE : M. le Dr Antoine Labbé

JURY:

M. le Pr Christophe Baudouin

Mme le Pr Brigitte Girard M. le Dr Alexandre Denoyer

Signature du Cachet de la bibliothèque Président de thèse universitaire

Page 2: THESE DOCTEUR EN MEDECINE CLEMENCE …doxa.u-pec.fr/theses/th0641991.pdf · Discipline : Ophtalmologie Présentée et soutenue publiquement le 8 octobre 2013 à Paris Par ... 2 Anatomie

2

Petite Fable

“ - Hélas! » dit la souris, « le monde devient plus étroit chaque jour. Il était d’abord si

large que j'avais peur, j'ai continué à courir, et j'étais contente de voir enfin, de

chaque côté, des murs surgir au loin; mais ces longs murs se rapprochent si vite l'un

de l'autre que me voici déjà dans la dernière pièce, et là-bas, dans un coin, il y a le

piège vers lequel je cours.”

“ – Il te faut simplement changer de direction”, dit le chat avant de la manger.

Franz Kafka

La Muraille de Chine et autres récits, 1931.

Page 3: THESE DOCTEUR EN MEDECINE CLEMENCE …doxa.u-pec.fr/theses/th0641991.pdf · Discipline : Ophtalmologie Présentée et soutenue publiquement le 8 octobre 2013 à Paris Par ... 2 Anatomie

3

REMERCIEMENTS

A Monsieur le Professeur Jean-Philippe Nordmann,

Vous me faites l’honneur de présider cette thèse. C’est un immense privilège que vous

m’accordez en me permettant de poursuivre ma formation à vos cotés. Je mesure tout

l’honneur qui m’est fait en travaillant dans votre service. J’espère ne jamais décevoir la

confiance que vous m’avez accordée. Veuillez trouver dans ce travail le témoignage de toute

ma reconnaissance et de ma très grande admiration.

Page 4: THESE DOCTEUR EN MEDECINE CLEMENCE …doxa.u-pec.fr/theses/th0641991.pdf · Discipline : Ophtalmologie Présentée et soutenue publiquement le 8 octobre 2013 à Paris Par ... 2 Anatomie

4

A Monsieur le Docteur Antoine Labbé,

Merci d’avoir suscité et dirigé ce travail. J’ai eu la chance de profiter pendant deux semestres

de tes grandes qualités de médecin, de chirurgien et de tes connaissances dans la prise en

charge du glaucome. Merci pour ton enseignement, ta disponibilité et ta gentillesse, même à

l’autre bout du monde ! Trouve dans ce travail l’expression de ma profonde reconnaissance.

Page 5: THESE DOCTEUR EN MEDECINE CLEMENCE …doxa.u-pec.fr/theses/th0641991.pdf · Discipline : Ophtalmologie Présentée et soutenue publiquement le 8 octobre 2013 à Paris Par ... 2 Anatomie

5

A Monsieur le Professeur Christophe Baudouin,

Je vous remercie d’avoir accepté de juger ce travail. Votre présence m’apporte une grande

fierté. Durant ma formation, j’ai eu la chance de profiter de vos enseignements. Vos qualités

humaines, de chirurgien et de chercheur, ainsi que votre dévouement pour la spécialité font de

vous un exemple dont j’espère profiter longtemps. Veuillez trouver dans ce travail

l’expression de mon profond respect et de ma très grande admiration.

Page 6: THESE DOCTEUR EN MEDECINE CLEMENCE …doxa.u-pec.fr/theses/th0641991.pdf · Discipline : Ophtalmologie Présentée et soutenue publiquement le 8 octobre 2013 à Paris Par ... 2 Anatomie

6

A Madame le Professeur Brigitte Girard,

Je vous remercie d’avoir accepté de juger cette thèse. Ce travail n’existerait pas sans le vôtre.

J’ai eu la chance de bénéficier de vos connaissances et de vos qualités humaines dans la prise

en charge des patients souffrant de blépharospasme. Je suis heureuse de pouvoir vous

témoigner toute ma gratitude.

Page 7: THESE DOCTEUR EN MEDECINE CLEMENCE …doxa.u-pec.fr/theses/th0641991.pdf · Discipline : Ophtalmologie Présentée et soutenue publiquement le 8 octobre 2013 à Paris Par ... 2 Anatomie

7

A Monsieur le Docteur Alexandre Denoyer,

Je te remercie d’avoir accepté de juger ce travail. Ton dynamisme, ta disponibilité et la clarté

de ton raisonnement scientifique sont pour moi un exemple. Reçois dans ce travail le

témoignage de ma sincère amitié.

Page 8: THESE DOCTEUR EN MEDECINE CLEMENCE …doxa.u-pec.fr/theses/th0641991.pdf · Discipline : Ophtalmologie Présentée et soutenue publiquement le 8 octobre 2013 à Paris Par ... 2 Anatomie

8

A mes Maîtres d’Internat,

Monsieur le Docteur GRUSS,

Monsieur le Docteur CHEVALIER,

Monsieur le Docteur BARREAU,

Monsieur le Professeur CHAINE,

Monsieur le Professeur BAUDOUIN,

Monsieur le Professeur BREZIN,

Monsieur le Professeur NORDMANN,

Page 9: THESE DOCTEUR EN MEDECINE CLEMENCE …doxa.u-pec.fr/theses/th0641991.pdf · Discipline : Ophtalmologie Présentée et soutenue publiquement le 8 octobre 2013 à Paris Par ... 2 Anatomie

9

A mes aînés, pour la confiance qu’il m’ont accordée,

L’équipe du Professeur Nordmann :

Raphaël Adam, merci pour ta gentillesse, tes compétences, ta patience, ta bonne humeur, ta

disponibilité. Reçois le témoignage de mon admiration, de ma reconnaissance et de mon

affection sincère.

Thibault Rodallec et Jad Akesbi, merci pour votre disponibilité et votre enseignement, merci

d’avoir cru en moi.

Brivael Le Dû, ma « team de choc ».

Esther Blumen-Ohana, Olivier Laplace, Sylvia Cayette, travailler auprès de vous me réjouis.

L’équipe du Professeur Baudouin :

Alexis Chassignol, Charles Van Went, Liem Trinh, Emmannuelle Brasnu, Emmanuel Dodé,

Sylvère Dupont-Monod, Vassiliki Iordanidou, Gaël Gendron, Pascale Hamard, Nawel Amar,

Ghislaine Rabut, Bénédicte Dupas, Hong Liang, Luisa Riancho, travailler avec vous tous a

été un réel bonheur et une grande source d’apprentissage.

L’équipe du Professeur Chaine :

Valérie Sarda, Cyrine Khammari (1ère

cataracte !), Typhaine Grenet, Franck Fajnkuchen,

Sylvia Nghiem-Buffet, grâce à qui j’ai fait mes 1ers

pas en chirurgie, toujours dans la joie et

la bonne humeur.

L’équipe du Professeur Brézin:

Mikaël Guedj, Jean-Baptiste Daudin, Dominique Monnet, les tâches léopards n’ont plus eu

aucun secret pour moi depuis.

Docteur Emmanuel Barreau, et Alexandra Sitbon, sans qui je ne saurais probablement pas

utiliser une lampe à fente aujourd’hui.

Page 10: THESE DOCTEUR EN MEDECINE CLEMENCE …doxa.u-pec.fr/theses/th0641991.pdf · Discipline : Ophtalmologie Présentée et soutenue publiquement le 8 octobre 2013 à Paris Par ... 2 Anatomie

10

A mes amis et collègues,

Elise Landman, Brivael Le Dû, Romain Nicolau, Mohamed El Hamdaoui, Audrey Fel,

Margaux Guillard, Anne-Astride Hui-Bon-Hoa, Nathalie Deschamps, Edouard Colas, Léa

Jouve, Clément Dubois-Roussel, Cyrille Temstet, Xavier Ricaud, Nacim Bouheraoua,

Marlène Francoz, Jean-Rémi Fénolland, Patrick Loriaut, Karen Melloul-Barak, Anne-Sophie

Griffon, Lyes Meziani, Damien Sendon, Stéphanie Lemaitre, Alexis Pinel

Merci pour les bons mots, les bons jeux de mots et tous les bons moments passés avec vous au

quotidien, pour votre soutien et votre amitié.

A mes patients, souffrant de blépharospasme qui, malgré leur sécheresse oculaire, ont

réussi à verser une petite larme pour ce travail… afin de remplir un peu mes Schirmer.

Page 11: THESE DOCTEUR EN MEDECINE CLEMENCE …doxa.u-pec.fr/theses/th0641991.pdf · Discipline : Ophtalmologie Présentée et soutenue publiquement le 8 octobre 2013 à Paris Par ... 2 Anatomie

11

A mes amis, mes acolytes, mes comparses,

Mélanie, Cécile, Diane,

Isab, Doudou, Cédric, Jérôme, Jérémie, Sophie, Pierre, Pierrick

Elsa, Annina, Julie, Cathy, Roger, Leslie, Louise

Les Gouezel’s, les Villoing’s, Bertrand, Philou, Sophie, Blanche

Barbara, Manu, Marine

Merci pour tous ces bons moments et pour votre soutien depuis déjà de nombreuses années.

A ma sœur Hameline, et mon frère « Bill »,

A mes parents, à Marine, à Justine, à Manou, à Jean-Louis,

Merci pour votre amour, vos encouragements et votre confiance.

A Julien et Tiwi,

Mes points de repère, points de mire, points de chute, points d’ancrage, points de

suspension…

Je vous dédie ce travail.

Page 12: THESE DOCTEUR EN MEDECINE CLEMENCE …doxa.u-pec.fr/theses/th0641991.pdf · Discipline : Ophtalmologie Présentée et soutenue publiquement le 8 octobre 2013 à Paris Par ... 2 Anatomie

12

TABLE DES MATIERES

TABLE DES ILLUSTRATIONS .......................................................................................... 14

ABREVIATIONS ................................................................................................................... 16

INTRODUCTION .................................................................................................................. 17

CHAPITE 1: ........................................................................................................................... 19

RAPPELS ANATOMIQUES ET PHYSIOPATHOLOGIQUES ...................................... 19

1 Généralités ................................................................................................................................. 20

2 Anatomie et physiologie de la surface oculaire ........................................................................ 22

2.1 Le film lacrymal et les glandes lacrymales ........................................................................ 22

2.2 La conjonctive .................................................................................................................... 24

2.3 La cornée et le limbe .......................................................................................................... 24

3 Anatomie des paupières et mécanismes du clignement ............................................................ 26

3.2 La musculature, l’innervation et la vascularisation palpébrale ........................................ 26

3.3 L'ouverture et la fermeture palpébrale .............................................................................. 29

4 Evaluation de la sécheresse oculaire ........................................................................................ 29

4.1 L'Ocular Surface Disease Index (OSDI) ............................................................................ 29

4.3 La mesure du temps de rupture du film lacrymal (BUT).................................................... 30

4.4 Le test de Schirmer et le test de Jones ................................................................................ 31

4.5 La mesure de l'osmolarité des larmes ................................................................................ 31

5 Apports de la microscopie confocale in vivo (MCIV) ............................................................... 32

5.1 Les principes de la microscopie confocale ......................................................................... 32

5.2 L'exploration de la surface oculaire en microscopie confocale in vivo (IVCM) ................ 33

5.3 L'interprétation des images obtenues en microscopie confocale ....................................... 34

5.3.1 Le logiciel d'analyse NeuronJ .................................................................................................. 34

5.3.2 L'échelle d'évaluation des nerfs cornéens ................................................................................ 34

5.3.2.1 La densité ........................................................................................................................ 35

5.3.2.2 Le nombre de nerfs cornéens ........................................................................................... 35

5.3.2.3 Le nombre de branches ................................................................................................... 35

5.3.2.4 La nombres de ramifications ........................................................................................... 35

5.3.2.5 La tortuosité .................................................................................................................... 36

5.3.3 L'analyse du nombre de cellules inflammatoires cornéennes ................................................... 36

7 Etiologie des syndromes secs ..................................................................................................... 36

7.1 Le syndrome de Gougerot-Sjögren ..................................................................................... 36

7.2 Le syndrome sec dans le blépharospasme .......................................................................... 38

7.3 Les autres pathologies associées au syndrome sec ............................................................ 38

Page 13: THESE DOCTEUR EN MEDECINE CLEMENCE …doxa.u-pec.fr/theses/th0641991.pdf · Discipline : Ophtalmologie Présentée et soutenue publiquement le 8 octobre 2013 à Paris Par ... 2 Anatomie

13

8 Présentation clinique du blépharospasme essentiel ................................................................. 38

8.1 Les spasmes palpébraux ..................................................................................................... 38

8.2 Qualité de vie et handicap .................................................................................................. 39

8.3 Traitements du blépharospasme essentiel ......................................................................... 41

8.3.1 Toxine botulique ...................................................................................................................... 41

8.3.1.1 Toxines, dilutions, dosages et techniques d'injection ...................................................... 41

8.3.1.2 Précautions et effets secondaires .................................................................................... 42

8.3.1.3 Périodicité des injections ................................................................................................ 43

8.3.2 Traitements médical, chirurgical et psychologique .................................................................. 43

CHAPITRE 2: ........................................................................................................................ 44

EVALUATION DE LA SURFACE OCULAIRE ET DES NERFS CORNENS SOUS-

EPITHELIAUX DANS LE SYNDROME SEC (GOUGEROT-SJOGREN ET NON

GOUGEROT-SJOGREN) ET LE BLEPHAROSPASME ESSENTIEL ......................... 44

1 Introduction ............................................................................................................................... 45

2 Patients et méthode .................................................................................................................... 46

2.1 Patients .............................................................................................................................. 46

2.2 Microscopie confocale in vivo ........................................................................................... 46

2.3 Analyse statistique .............................................................................................................. 48

3 Résultats ..................................................................................................................................... 48

4 Discussion .................................................................................................................................. 51

CHAPITRE 3: ........................................................................................................................ 54

EFFET DE L’INJECTION DE TOXINE BOTULIQUE SUR LA SURFACE

OCULAIRE ET LES NERFS CORNEENS DANS LE BLEPHAROSPAME

ESSENTIEL ............................................................................................................................ 54

1 Introduction ............................................................................................................................... 55

2 Patients et méthode .................................................................................................................... 55

2.1 Patients .............................................................................................................................. 55

2.2 Microscopie confocale in vivo ........................................................................................... 56

2.3 Analyse statistique .............................................................................................................. 56

3 Résultats .................................................................................................................................... 56

4 Discussion .............................................................................................................................. 6160

CONCLUSION ET PERSPECTIVES ................................................................................. 65

REFERENCES ....................................................................................................................... 68

Page 14: THESE DOCTEUR EN MEDECINE CLEMENCE …doxa.u-pec.fr/theses/th0641991.pdf · Discipline : Ophtalmologie Présentée et soutenue publiquement le 8 octobre 2013 à Paris Par ... 2 Anatomie

14

TABLE DES ILLUSTRATIONS

Figure 1: Coupe anatomique de l’œil dans la cavité orbitaire. Images Kamina P. Anatomie,

Tête et Cou, Tome 2. Editions Maloine, Paris, 1996 [54]. ...................................................... 22

Figure 2: Anatomie et physiologie du système lacrymal EMC Ophtalmologie 2006, J.Olver

[80]. .......................................................................................................................................... 23

Figure 3 : Innervation oculaire : les nocicepteurs cornéens (jaune) font synapse avec les

neurones sensitifs, moteurs et autonomes et innervent les production lacrymale, le muscle

orbiculaire et le clignement [86]. ............................................................................................ 24

Figure 4 : Les nerfs cornéens sous-épithéliaux pénètrent uniformément sur toute la cornée

périphérique au niveau du limbe [69]. ..................................................................................... 25

Figure 5: Rameaux nerveux cornéens (flèches) pénétrant le stroma près du limbe à

différentes profondeurs [69]. ................................................................................................... 25

Figure 6 : Représentation anatomique des muscles superficiels de la face dans la région

périoculaire (d’après l’EMC 2006 d’Ophtalmologie, Adenis J.P., Camezind P.,

Blépharospasme) [2]. ............................................................................................................... 27

Figure 7: Trajet du nerf facial (d’après Lynch)[67]. .............................................................. 28

Figure 8: Trajet du nerf trijumeau (d’après Gray)[42]. ..................................................... 2829

Tableau 1: Ocular Surface Disease Index (OSDI) [96]. ..................................................... 3031

Figure 9: Mesure de l’osmolarité lacrymale à l’aide du TearLab™. ................................. 3233

Figure 10 : Représentation schématique du principe de confocalité: La lumière incidente

sortant du condensateur est focalisée sur la structure observée grâce au système optique

(lentilles). La lumière réfléchie provenant du plan focal est captée par l’objectif ou

observateur (trait continu). La lumière réfléchie sur les structures adjacentes au plan focal

n’est pas captée par l’objectif (trait en pointillés). (Baudouin et al. Apport de la microscopie

confocale in vivo pour l'exploration de la surface oculaire, 2006) ..................................... 3334

Figure 11: Exemple d’un patient installé pour la réalisation d’un examen en microscopie

confocale in vivo à l’aide du Heidelberg Retina Tomograph Rostock Cornea Module (HRT

RCM). (Image Dr A. Labbé) ................................................................................................ 3435

Tableau 2 : Critères internationaux pour le diagnostic deu syndrome de Gougerot-

Sjögren[112]. ....................................................................................................................... 3839

Tableau 3: Jankovic Rating Scale (JRS) décrite pat Jankovic and Orman en 1987[51]. ... 4041

Page 15: THESE DOCTEUR EN MEDECINE CLEMENCE …doxa.u-pec.fr/theses/th0641991.pdf · Discipline : Ophtalmologie Présentée et soutenue publiquement le 8 octobre 2013 à Paris Par ... 2 Anatomie

15

Tableau 4: Blepharospasm Scale Disease Index (BSDI) décrit par Goertelmeyer et al. en

2002[64]. .............................................................................................................................. 4041

Figure 12: Sites et doses d’injection de la toxine botulique dans un cas de blépharospasme

essentiel (avec la toxine américaine Wisconsin-Botox). D’après l’EMC 2006

d’Ophtalmologie Adenis J.P., Camezind P., Blépharospasme[2]. ...................................... 4243

Figure 13: Analyse de la densité des nerfs cornéens en microscopie confocale in vivo (MCIV)

à l’aide du logiciel NeuronJ® (tracé en jaune) chez les sujets témoins (A et B; 34 mm/mm2),

dans le groupe Gougerot-Sjögren (C et D; 5,9 mm/mm2), dans le groupe blépharospasme (E

et F; 10,2 mm/mm2) et dans le groupe syndrome sec non lié à une maladie de Gougerot-

Sjögren (G et H; 7 mm/mm2). ............................................................................................... 4849

Tableau 5 : Données démographiques et cliniques (Schirmer, BUT, osmolarité) des différents

groupes (exprimés en moyenne ± écart-type). ..................................................................... 5051

Tableau 6 : Analyse en microcopie confocale in vivo (MCIV) des différents paramètres des

nerfs cornéens sous-épithéliaux (exprimés en moyenne ± écart type). ................................ 5152

Tableau 7 : Données démographiques et cliniques (Schirmer, Jones, BUT et osmolarité) des

différents groupes (exprimés en moyenne ± écart-type). ......................................................... 58

Graphique 1: Evolution des tests de Schirmer et de Jones en fonction du temps entre 2

injections de toxine botulique. .............................................................................................. 5859

Graphique 2: Evolution de la mesure du BUT en fonction du temps entre 2 injections de

toxine botulique. ................................................................................................................... 5859

Graphique 3: Evolution de la mesure de l’osmolarité en fonction du temps entre 2 injections

de toxine botulique. .................................................................................................................. 59

Tableau 8 : Analyse en microcopie confocale in vivo (MCIV) des différents paramètres des

nerfs cornéens sous-épithéliaux (exprimés en moyenne ± écart type). .................................... 60

Tableau 9: Evaluation de la surface oculaire (BUT et Schirmer) en fonction de la presence

ou non d’une malocclusion palpébrale secondaire aux injections de toxine botulique. ...... 6061

Tableau 10: Evaluation de la surface oculaire (BUT et Schirmer) en fonction du nombre

d’années d’évolution du blépharospasme (< ou > à 5 ans). ............................................... 6061

Tableau 11: Effets secondaires liés à l’injection de toxine botulique dans le cadre du

traitement du blépharospasme essentiel. ................................................................................. 61

Tableau 12: Revue des articles évaluant les différents tests de surface oculaire dans le

blépharospasme en fonction des injections de toxine botulique. ......................................... 6465

Page 16: THESE DOCTEUR EN MEDECINE CLEMENCE …doxa.u-pec.fr/theses/th0641991.pdf · Discipline : Ophtalmologie Présentée et soutenue publiquement le 8 octobre 2013 à Paris Par ... 2 Anatomie

16

ABREVIATIONS

B: Blépharospasme

BSDI: Blepharospasm scale disease index

BUT: Temps de rupture du film lacrymal

EC: Empreinte conjonctivale

EDTA: Ethylenediamine tetraacetic acide

ET : Ecart-type

GS: Gougerot-Sjögren

HA: Humeur aqueuse

HRT RCM: Heidelberg Retina Tomograph Rostock Cornea Module

MCIV: In vivo confocal microscopy, microscopie confocale in vivo

JRS: Jankovic Rating Scale

NGS: Non Gougerot-Sjögren

OSDI: Ocular surface disease index

PMMA: Polyméthacrylate de méthyle

Page 17: THESE DOCTEUR EN MEDECINE CLEMENCE …doxa.u-pec.fr/theses/th0641991.pdf · Discipline : Ophtalmologie Présentée et soutenue publiquement le 8 octobre 2013 à Paris Par ... 2 Anatomie

17

INTRODUCTION

Le blépharospasme essentiel est une dystonie focale fonctionnelle caractérisée par un

clignement exagéré et involontaire des paupières. Bien que le blépharospasme n’engage pas le

pronostic vital des patients, son impact sur leur qualité de vie est majeur, les spasmes pouvant

entrainer une cécité fonctionnelle brutale par impossibilité d’ouverture volontaire des

paupières. Conséquence ou cause du blépharospasme, cette pathologie d’étiologie inconnue

est souvent associée à une sécheresse oculaire.

La cornée est le tissu le plus densément innervé du corps humain. L’innervation

cornéenne provient principalement des fibres sensorielles de la branche ophtalmique du nerf

trijumeau, ainsi que par quelques fibres sympathiques. Ces nerfs pénètrent dans la cornée au

niveau du limbe et donnent naissance à un plexus nerveux modérément dense au niveau du

stroma antérieur puis plus dense au niveau sous-épithélial, directement sous la membrane de

Bowman. Les nerfs cornéens possèdent des terminaisons dans toutes les couches de

l’épithélium cornéen. En plus de leur fonction sensitive, les nerfs cornéens ont une fonction

trophique et régulent la cicatrisation de l'épithélium cornéen. Le blépharospasme

s’accompagne de symptômes douloureux d’irritation oculaire et d’une photophobie souvent

non corrélée à l’atteinte clinique de la surface oculaire. Compte tenu de leur fonction

sensitive mais aussi trophique, les nerfs cornéens pourraient être impliqués dans la

physiopathogénie du blépharospasme.

L'anatomie des nerfs cornéens a été étudiée par une grande variété de méthodes et

notamment depuis le milieu des 1990 en microscopie confocale in vivo (MCIV). La MCIV

est une technique d'imagerie non invasive qui offre des images de haute résolution des

structures cornéennes in vivo. Ce système d’imagerie permet ainsi de visualiser directement

sur les patients les fibres nerveuses sous-épithéliales et stromales, sous la forme de structures

linéaires hyper-réflectives ramifiées. Des paramètres d’analyse morphologique ont été mis au

point afin de permettre une analyse précise de ces structures nerveuses. Grâce à cette

méthode, l’atteinte des nerfs cornéens a été évaluée dans différentes pathologies comme la

sécheresse oculaire, le kératocône, le diabète, le glaucome, chez les porteurs de lentilles de

contact et après chirurgie réfractive ou cornéenne. Le premier objectif de ce travail a donc été

d’analyser l’atteinte des plexus nerveux sous-épithéliaux chez des patients atteints de

sécheresse oculaire avec un blépharospasme, et de la comparer aux autres types de sécheresse

Page 18: THESE DOCTEUR EN MEDECINE CLEMENCE …doxa.u-pec.fr/theses/th0641991.pdf · Discipline : Ophtalmologie Présentée et soutenue publiquement le 8 octobre 2013 à Paris Par ... 2 Anatomie

18

oculaire.

D’autre part, les paupières jouent aussi un rôle fondamental dans l’étalement du film

lacrymal, une modification du clignement dans le blépharospasme pourrait donc jouer un rôle

direct sur la qualité du film lacrymal. La réalisation d’injections de toxine botulique dans le

muscle orbiculaire est un traitement utilisé depuis longtemps et qui semble avoir de

nombreux effets bénéfiques sur le blépharospasme. En effet, tout en diminuant le nombre et

l’intensité des spasmes, ces injections sembleraient avoir un effet bénéfique sur les douleurs

dont se plaignent les patients et sur le syndrome sec oculaire. Dans une deuxième partie nous

avons donc analysé l’effet des injections de toxine botulique sur la surface oculaire, les

douleurs et les plexus nerveux sous-épithéliaux afin d’apporter de nouveaux éléments de

compréhension du lien unissant sécheresse oculaire et blépharospasme.

Page 19: THESE DOCTEUR EN MEDECINE CLEMENCE …doxa.u-pec.fr/theses/th0641991.pdf · Discipline : Ophtalmologie Présentée et soutenue publiquement le 8 octobre 2013 à Paris Par ... 2 Anatomie

19

CHAPITE 1:

RAPPELS ANATOMIQUES ET PHYSIOPATHOLOGIQUES

Page 20: THESE DOCTEUR EN MEDECINE CLEMENCE …doxa.u-pec.fr/theses/th0641991.pdf · Discipline : Ophtalmologie Présentée et soutenue publiquement le 8 octobre 2013 à Paris Par ... 2 Anatomie

20

1 Généralités

Le globe oculaire se compose d’une paroi et d’un contenu. La paroi est constituée par trois

membranes concentriques (Figure 1) [52].

Une membrane externe constituée par:

La sclère opaque, résistante, inextensible, lisse et blanche. Elle constitue les

5/6ème

postérieurs de la membrane externe du globe oculaire. Elle a un rôle de

support et de protection.

La cornée arrondie et parfaitement transparente. Elle fait saillie sur la partie

antérieure du globe oculaire avec un segment de sphère de plus petit rayon que

celui de la sclère. La cornée est reliée à la sclère par le limbe scléro-cornéen,

zone de transition entre la sclère opaque et la cornée transparente.

La conjonctive qui est une membrane muqueuse vascularisée couvrant la

surface antérieure du globe en dehors de la cornée et de la face postérieure des

paupières supérieures et inférieures. La conjonctive s’arrête au niveau du limbe

scléro-cornéen.

Une membrane moyenne musculo-vasculaire, ou uvée, constituée:

En arrière, de la choroïde, membrane très richement vascularisée.

En avant, du corps ciliaire formé de deux parties distinctes: le muscle ciliaire,

participant à l’accommodation et les procès ciliaires, épithélium sécrétoire

responsable de la sécrétion d’HA.

De l’iris placé comme un diaphragme vertical, circulaire, dans le prolongement

du corps ciliaire, en avant du cristallin. Son centre est percé d’un orifice appelé

pupille.

Une membrane interne et nerveuse: la rétine est un tissu neurosensoriel, capable de

capter les rayons lumineux et de transmettre les informations visuelles au système

nerveux central par l’intermédiaire du nerf optique.

Le contenu de l’œil, souvent appelé milieux transparents de l’œil, comprend:

Le cristallin placé en arrière de l’iris est une lentille biconvexe, avasculaire et

transparente. Elastique, il est responsable de l’accommodation. Il est maintenu en

Page 21: THESE DOCTEUR EN MEDECINE CLEMENCE …doxa.u-pec.fr/theses/th0641991.pdf · Discipline : Ophtalmologie Présentée et soutenue publiquement le 8 octobre 2013 à Paris Par ... 2 Anatomie

21

place par des fibres élastiques et transparentes qui vont de la face interne du corps

ciliaire à la périphérie du cristallin, les fibres zonulaires.

L’humeur aqueuse (HA), est un liquide incolore, limpide, remplissant l’espace

compris entre la cornée et le cristallin, espace séparé par l’iris en deux chambres, l’une

antérieure, l’autre postérieure. Ces chambres communiquent entre elles par l’orifice

pupillaire.

Le vitré, ayant la consistance d’un gel, est situé en arrière du cristallin jusqu’à la

rétine, soit les 2/3 du volume du globe oculaire. Par sa rigidité, il contribue au

maintien de la forme du globe, par son élasticité, il absorbe les chocs et par sa

transparence, il transmet 99% de la lumière.

On individualise deux segments dans l’œil:

Le segment antérieur formé de la conjonctive, de la cornée, de l’iris, de l’angle irido-

cornéen, du corps ciliaire et du cristallin. Au sein du segment antérieur sont également

individualisés:

La chambre antérieure est l’espace compris entre la face postérieure de la

cornée en avant et la face antérieure de l’iris en arrière.

La chambre postérieure est l’espace compris entre la face antérieure du

cristallin et la face postérieure de l’iris.

Le segment postérieur est formé par la sclère, la choroïde, le vitré et la rétine.

Page 22: THESE DOCTEUR EN MEDECINE CLEMENCE …doxa.u-pec.fr/theses/th0641991.pdf · Discipline : Ophtalmologie Présentée et soutenue publiquement le 8 octobre 2013 à Paris Par ... 2 Anatomie

22

Figure 1: Coupe anatomique de l’œil dans la cavité orbitaire. Images Kamina P.

Anatomie, Tête et Cou, Tome 2. Editions Maloine, Paris, 1996 [52].

2 Anatomie et physiologie de la surface oculaire

2.1 Le film lacrymal et les glandes lacrymales

Le film lacrymal a un rôle majeur dans la défense de la surface oculaire. Le volume du

film lacrymal est de 7 à 9 µL, avec une sécrétion basale de 1 à 2 µL/minute [56].

Chaque couche du film lacrymal (aqueuse, muqueuse et lipidique) joue un rôle important dans

la physiologie de la surface oculaire : hydratation, prévention de la kératinisation, stabilité,

adhérence et répartition du film lacrymal, véhicule des protéines protectrices et cicatrisation,

élimination des microorganismes, limitation de l’évaporation des larmes, et participation au

pouvoir réfractif. Les larmes sont éliminées en partie par évaporation mais surtout par les

conduits lacrymo-nasaux [17].

Page 23: THESE DOCTEUR EN MEDECINE CLEMENCE …doxa.u-pec.fr/theses/th0641991.pdf · Discipline : Ophtalmologie Présentée et soutenue publiquement le 8 octobre 2013 à Paris Par ... 2 Anatomie

23

Les larmes sont sécrétées par la glande lacrymale principale et les glandes accessoires

de Krause (dans le cul-de-sac conjonctival supérieur) et de Wolfring (dans la conjonctive

tarsale) [97].

La glande lacrymale principale mesure environ 15mm de long sur 5mm d’épaisseur et

se trouve sur la partie antéro-postérieure de l’orbite dans une fossette de l’os frontal [78]

(Figure 2). La sécrétion lacrymale est sous le contrôle des voies sympathiques et

parasympathiques.

Figure 2: Anatomie et physiologie du système lacrymal EMC Ophtalmologie 2006,

J.Olver [78].

La sécrétion des larmes permet la bonne lubrification de la surface oculaire. En cas de

stimulation (traumatique, évaporation excessive,…), un influx nerveux via le nerf trijumeau

entraîne une sécrétion de larmes par la glande lacrymale. A noter que les stimuli émotionnels

empruntent le même trajet. La qualité du film lacrymal répond aussi à une régulation

hormonale [8] (Figure 3).

Page 24: THESE DOCTEUR EN MEDECINE CLEMENCE …doxa.u-pec.fr/theses/th0641991.pdf · Discipline : Ophtalmologie Présentée et soutenue publiquement le 8 octobre 2013 à Paris Par ... 2 Anatomie

24

Figure 3 : Innervation oculaire : les nocicepteurs cornéens (jaune) font synapse avec

les neurones sensitifs, moteurs et autonomes et innervent les production lacrymale, le

muscle orbiculaire et le clignement [84].

2.2 La conjonctive

La conjonctive est une couche muqueuse richement vascularisée responsable de la

sécrétion muqueuse et permettant la stabilité du film lacrymal. Elle recouvre la face antérieure

du globe (excepté la cornée) et la face postérieure des paupières. Elle possède un rôle

immunologique dans la défense de la surface oculaire [53].

2.3 La cornée et le limbe

La cornée est un tissu avasculaire situé à la partie antérieure du globe. Elle

possède un rôle réfractif majeur grâce à sa transparence et sa capacité à transmettre la lumière.

Son épaisseur est approximativement de 550 µm au centre et mesure jusqu’à 800 µm en

périphérie. Elle est recouverte du film lacrymal en avant, en contact avec l’humeur aqueuse en

arrière et se continue par la sclère et la conjonctive latéralement. Elle est composée d’avant en

arrière de 5 couches: l’épithélium, la couche de Bowman, le stroma, la membrane de

Descemet et l’endothélium [89, 90].

Le limbe relie la cornée à la conjonctive et la sclère. Il possède un rôle de barrière

Page 25: THESE DOCTEUR EN MEDECINE CLEMENCE …doxa.u-pec.fr/theses/th0641991.pdf · Discipline : Ophtalmologie Présentée et soutenue publiquement le 8 octobre 2013 à Paris Par ... 2 Anatomie

25

sélective, est le siège de phénomènes immunologiques et est un réservoir de cellules souches

permettant le renouvellement de l’épithélium cornéen [66, 93].

L’innervation de la cornée est uniquement sensitive et se fait via une branche du nerf

trijumeau: la branche naso-ciliaire du nerf ophtalmique qui pénètre la cornée par le limbe. Des

rameaux nerveux vont ensuite se prolonger dans le stroma et l’épithélium cornéens en un

plexus particulièrement développé. Cette innervation va jouer un rôle dans la transmission de

la sensibilité, sur la trophicité cornéenne par le biais de cytokines, et dans l’inflammation [67,

75] (Figure 4 et 5).

Figure 4: Les nerfs cornéens sous-épithéliaux pénètrent uniformément sur toute la

cornée périphérique au niveau du limbe [67].

Figure 5: Rameaux nerveux cornéens (flèches) pénétrant le stroma près du limbe à

différentes profondeurs [67].

Page 26: THESE DOCTEUR EN MEDECINE CLEMENCE …doxa.u-pec.fr/theses/th0641991.pdf · Discipline : Ophtalmologie Présentée et soutenue publiquement le 8 octobre 2013 à Paris Par ... 2 Anatomie

26

3 Anatomie des paupières et mécanismes du clignement

3.2 La musculature, l’innervation et la vascularisation palpébrale

Les paupières sont constituées d’une peau fine en avant, du tarse, de glandes (de

meibomius, de Moll et sébacées) de muscles et de la conjonctive palpébrale en arrière. Leur

rôle est principalement de protéger le globe oculaire et de participer à l’étalement du film

lacrymal.

La musculature palpébrale est constituée par cinq muscles [2] (Figure 6) :

- le muscle orbiculaire,

- le muscle frontal qui est élévateur du sourcil et antagoniste des muscles corrugateur,

procerus et orbiculaire,

- le muscle procerus qui abaisse le sourcil et est antagoniste du muscle frontal,

- le muscle corrugateur du sourcil ou sourcilier qui permet de froncer les sourcils et les

rapproche, créant lorsqu’il est trop actif, la ride dite « ride du lion »,

- le muscle abaisseur du sourcil (depressor supercilii) qui permet d’abaisser la tête du sourcil.

A ces muscles s’ajoutent les muscles de la face et de la région péri-oculaire:

- le muscle releveur naso-labial attire vers le haut l'aile du nez et la lèvre supérieure,

- le muscle releveur de la lèvre supérieure est élévateur de la lèvre supérieure,

- le muscle petit zygomatique porte la lèvre supérieure vers le haut.

Page 27: THESE DOCTEUR EN MEDECINE CLEMENCE …doxa.u-pec.fr/theses/th0641991.pdf · Discipline : Ophtalmologie Présentée et soutenue publiquement le 8 octobre 2013 à Paris Par ... 2 Anatomie

27

Figure 6: Représentation anatomique des muscles superficiels de la face dans la

région périoculaire (d’après l’EMC d’Ophtalmologie 2006, Adenis J.P., Camezind P.,

Blépharospasme) [2].

1. Muscle occipital frontal ;

2. Muscle corrugateur du sourcil (muscle sourcilier) ;

3. Muscle abaisseur du sourcil ;

4. Muscle procerus ;

5. Muscle releveur nasolabial

6. Muscle releveur de la lèvre supérieure ;

7. Muscle petit zygomatique ;

8. Muscle orbiculaire.

L’innervation motrice palpébrale est assurée par deux nerfs crâniens et par le système

sympathique :

- La IIIème

paire crânienne (nerf oculo-moteur) innerve le muscle releveur de la paupière

supérieure et permet l’élévation de la paupière supérieure et l’ouverture de la fente palpébrale,

- La VIIème

paire crânienne (nerf facial) innerve le muscle orbiculaire, le muscle peaucier ainsi

que le muscle frontal et les muscle orbiculaire, corrugateur et dépressor supercilii (abaisseur

du sourcil) (Figure 7).

- Le système sympathique contrôle le muscle de M ller et le muscle tarsal inférieur.

Page 28: THESE DOCTEUR EN MEDECINE CLEMENCE …doxa.u-pec.fr/theses/th0641991.pdf · Discipline : Ophtalmologie Présentée et soutenue publiquement le 8 octobre 2013 à Paris Par ... 2 Anatomie

28

Figure 7: Trajet du nerf facial (d’après Lynch) [65].

L’innervation sensitive est assurée par deux des trois branches terminales du nerf

trijumeau (Vème

paire de nerfs crâniens) (Figure 8).

- le nerf ophtalmique qui assure principalement la sensibilité de la paupière supérieure,

- la deuxième branche terminale du nerf trijumeau innerve principalement la paupière

inférieure.

Figure 8: Trajet du nerf trijumeau (d’après Gray) [40].

Page 29: THESE DOCTEUR EN MEDECINE CLEMENCE …doxa.u-pec.fr/theses/th0641991.pdf · Discipline : Ophtalmologie Présentée et soutenue publiquement le 8 octobre 2013 à Paris Par ... 2 Anatomie

29

3.3 L'ouverture et la fermeture palpébrale

L’un des rôles principaux des paupières est l’étalement et la stabilité du film lacrymal

(et son excrétion) et ainsi la prévention de la sécheresse oculaire par le biais du clignement.

La fermeture palpébrale met en jeu différents relais cérébraux notamment au niveau

du lobe frontal et du bulbe entraînant une inhibition du releveur et une activation du

rétracteur. La force de fermeture est d’environ 2-3g (fermeture simple) jusqu’à 20-40g

(fermeture forcée), voire 80g (force maximale) avec un seuil douloureux à 90g. Seul le

contingent orbiculaire prétarsal intervient dans la fermeture simple alors que la portion

orbitaire de l’orbiculaire est mise en jeu dans la fermeture maximale. Ceci explique la

difficulté de la chirurgie des blépharospasmes. En effet, pour diminuer efficacement les

spasmes, il faut être relativement invasif (sur la résection du muscle orbiculaire) car une force

de quelques grammes permet encore la fermeture intempestive des paupières [33, 38].

L’ouverture palpébrale implique principalement le muscle releveur de la paupière

supérieure aidé par le muscle de M ller et par le muscle frontal. La force d’ouverture

moyenne est de 65g avec une force maximale à 180g [37, 113].

4 Evaluation de la sécheresse oculaire

4.1 L'Ocular Surface Disease Index (OSDI)

Différents questionnaires permettant la quantification des symptômes ont été

développés pour l’évaluation de l'oeil sec. L’OSDI (Ocular Surface Disease Index) est un

questionnaire validé, qui explore divers aspects du syndrome sec: les symptômes oculaires (5

items), l'impact sur la qualité de vie et la fonction visuelle (4 items) et les facteurs

déclenchants environnementaux (3 items). Le score obtenu par le patient permet de

déterminer l’importance des symptômes [1, 7, 94] (Tableau 1).

Page 30: THESE DOCTEUR EN MEDECINE CLEMENCE …doxa.u-pec.fr/theses/th0641991.pdf · Discipline : Ophtalmologie Présentée et soutenue publiquement le 8 octobre 2013 à Paris Par ... 2 Anatomie

30

Tableau 1: Ocular Surface Disease Index (OSDI) [94].

4.3 La mesure du temps de rupture du film lacrymal (BUT)

Ce test consiste à mesurer le temps de rupture du film lacrymal (BUT) à la lampe à

fente à l’aide d’un filtre jaune et après instillation de Fluoresceine® FAURE 0,5% collyre. Le

seuil du BUT pour le diagnostic de l'oeil sec est <10 secondes, voire <5 secondes pour

certains auteurs [1, 7].

Page 31: THESE DOCTEUR EN MEDECINE CLEMENCE …doxa.u-pec.fr/theses/th0641991.pdf · Discipline : Ophtalmologie Présentée et soutenue publiquement le 8 octobre 2013 à Paris Par ... 2 Anatomie

31

4.4 Le test de Schirmer et le test de Jones

Le test de Schirmer de type I, sans stimulation, est le plus utilisé. Il s’effectue sans

anesthésie locale, à l’aide de bandelettes de papiers buvard graduées, repliées à une extrémité

et glissées dans le cul de sac conjonctival de la paupière inférieure au niveau du tiers externe.

La lecture s’effectue au bout de 5 minutes. On considère qu’une longueur d’imprégnation

inférieure à 5 mm correspond à un test positif (sécheresse oculaire quantitative) [1, 7].

Le test de Schirmer peut aussi être réalisé après anesthésie locale (Chlorhydrate

d'Oxybuprocaine® unidoses 1,6 mg/0,4 ml Théa, France) et s'appelle alors test de Jones. Ce

test supprime la composante réflexe du larmoiement due à l’irritation conjonctivale.

Cependant, la distinction entre la sécrétion basale et la sécrétion réflexe n’est pas toujours

aisée. Ce test doit être réalisé au moins deux minutes après l’instillation d’anesthésique local.

La lecture du test demeure cependant identique au test de Schirmer [15, 17, 18, 34]

4.5 La mesure de l'osmolarité des larmes

L’hyperosmolarité est un marqueur objectif de la sécheresse oculaire. Elle peut être

secondaire à une hyperévaporation ou à une réduction du volume des larmes entraînant la

libération de cytokines inflammatoires et une souffrance épithéliale [64]. Le TearLab™ est

l’appareil le plus utilisé actuellement pour la mesure de l’osmolarité lacrymale. L’osmolarité

normale est de 304 ± 1,4 mOsm/L. Des valeurs comprises entre 312 à 318 mOsm/L

pourraient permettre d’identifier les syndromes secs oculaires. Le système TearLabTM

permet

de recueillir un échantillon de 50 nanolitres de larmes au niveau de la rivière lacrymale à

l’aide d’une tête de prélèvement, et de l’analyser. Un simple contact avec la conjonctive

bulbaire est nécessaire, puis les larmes sont transmises par capillarité vers une puce

électronique qui analyse l’osmolarité en quelques secondes [55] (Figure 9).

Ce test est bien toléré et indolore mais encore limité par le coût élevé de la mesure

(matériel à usage unique). Il faut également souligner que cette technique ne mesure

l’osmolarité qu’au niveau du ménisque inférieur et non au niveau du film lacrymal pré-

cornéen où l’osmolarité est souvent plus élevée [1, 56].

Page 32: THESE DOCTEUR EN MEDECINE CLEMENCE …doxa.u-pec.fr/theses/th0641991.pdf · Discipline : Ophtalmologie Présentée et soutenue publiquement le 8 octobre 2013 à Paris Par ... 2 Anatomie

32

Figure 9: Mesure de l’osmolarité lacrymale à l’aide du TearLab™.

5 Apports de la microscopie confocale in vivo (MCIV)

5.1 Les principes de la microscopie confocale

La microscopie confocale in vivo (MCIV) s’est beaucoup développée ces

dernières années [55, 57-59, 98]. Le principe de la MCIV a été décrit initialement en 1955 par

Minsky [73]. Développé par l’université de Rostock en Allemagne [99], le HRT RCM est un

microscope confocal utilisant la technique à balayage laser. L’examen en microscopie

confocale in vivo de la cornée centrale a été réalisée à l'aide du module cornéen du Heidelberg

Retina Tomograph (HRT, Heidelberg Engineering GmbH, Heidelberg, Allemagne). Les

images obtenues par ce microscope confocal à balayage laser couvrent une surface de 400 μm

× 400 μm soit 384×384 pixels, avec une résolution optique théorique de 2 µm en longitudinal

et 4 µm en transversal, et un temps d'acquisition de 0,024 seconde (Heidelberg Engineering).

La source laser est un laser diode de 670 nm de longueur d’ondes. L’ajustement de

l’acquisition des images est contrôlé par une caméra CCD (480×460 pixels, RGB, 15

images/s) placée sur le coté de l’appareil, donnant une image latérale de l’œil du patient.

L’appareil donne également la distance focale de l’image obtenue, permettant ainsi de

connaître la profondeur en microns de la coupe observée (figure 10) [55, 60].

Le laser est focalisé sur un point focal de la structure analysée grâce à un système de miroirs

oscillants. La surface examinée est balayée, permettant l’acquisition des images. La lumière

émise par le point focal, est ensuite analysée via un récepteur afin de permettre une

reconstruction en deux dimensions des différents points focaux obtenus. L’appareil donne

également la distance focale de l’image obtenue, permettant ainsi de connaître la profondeur

en microns de la coupe observée.

Page 33: THESE DOCTEUR EN MEDECINE CLEMENCE …doxa.u-pec.fr/theses/th0641991.pdf · Discipline : Ophtalmologie Présentée et soutenue publiquement le 8 octobre 2013 à Paris Par ... 2 Anatomie

33

Figure 10 : Représentation schématique du principe de confocalité: la lumière

incidente sortant du condensateur est focalisée sur la structure observée grâce au

système optique (lentilles). La lumière réfléchie provenant du plan focal est captée par

l’objectif ou observateur (trait continu). La lumière réfléchie sur les structures

adjacentes au plan focal n’est pas captée par l’objectif (trait en pointillés). (Baudouin

et al. Apport de la microscopie confocale in vivo pour l'exploration de la surface

oculaire, 2006)

5.2 L'exploration de la surface oculaire en microscopie confocale in vivo

(MCIV)

La MCIV permet l’observation de l’œil humain in situ directement à un niveau

cellulaire quasi-histologique. Toutes les couches de la cornée ont ainsi pu être observées

directement sur l’œil humain in vivo. Compte tenu de la résolution des images ainsi obtenues

et de la simplicité d’acquisition, de nombreux auteurs utilisent la MCIV pour étudier la cornée

dans différentes pathologies (dystrophies cornéennes, kératite, kératocone, diabète, …) [55,

60, 61] ou après chirurgie (greffes, chirurgie réfractive…)[20, 63, 70]

L’examen est rapide (quelques minutes par oeil) et indolore pour le patient. Avant

l'examen en IVCM, un anesthésique topique (Chlorhydrate d’Oxybuprocaïne 0,4%,

Laboratoires Théa, Clermont-Ferrand, France) et une goutte de gel lacrymal (Lacrigel,

Europhta, Monaco) sont instillées dans le fornix conjonctival inférieur. Le patient est installé

Page 34: THESE DOCTEUR EN MEDECINE CLEMENCE …doxa.u-pec.fr/theses/th0641991.pdf · Discipline : Ophtalmologie Présentée et soutenue publiquement le 8 octobre 2013 à Paris Par ... 2 Anatomie

34

devant l’appareil, menton et front appuyés sur les reposoirs. L’objectif du microscope,

préalablement recouvert d’un capuchon stérile en PMMA à usage unique rempli de gel

lacrymal, est ensuite mis en contact avec la surface oculaire du patient. Les images obtenues

et la profondeur du plan focal sont visualisées sur l’écran, le contrôle axial (x, y) et la

profondeur des images (z) se règlent manuellement et l’acquisition numérique automatique se

fait par le biais d’une pédale (Figure 11).

Figure 11: Exemple d’un patient installé pour la réalisation d’un examen en

microscopie confocale in vivo à l’aide du Heidelberg Retina Tomograph Rostock

Cornea Module (HRT RCM). (Image Dr A. Labbé)

5.3 L'interprétation des images obtenues en microscopie confocale in vivo

5.3.1 Le logiciel d'analyse NeuronJ

Neuron J est un plug-in gratuit issu du logiciel ImageJ (National Institutes of Health,

Bethesda, MD, Etats-Unis) permettant le traitement et l’analyse d’images scientifiques. Ce

programme est semi-automatique et permet le traçage et la quantification de structures

allongées tels que les nerfs cornéens [55, 71, 85].

5.3.2 L'échelle d'évaluation des nerfs cornéens

Les nerfs cornéens humains ont été largement étudiés en microscopie optique et

électronique. Les nerfs cornéens sous-épithéliaux ne sont cependant pas visibles lors de

l’examen à la lampe à fente. Ils sont par contre bien visibles en microscopie confocale in

vivo.

Commentaire [AL1]: Même commentaire, tu es dans le chapitre rappel de ta these et tu as copié-coller le materiel et method de ton article. Dans cette partie tu dois parler en general ou ce qui existe.

Page 35: THESE DOCTEUR EN MEDECINE CLEMENCE …doxa.u-pec.fr/theses/th0641991.pdf · Discipline : Ophtalmologie Présentée et soutenue publiquement le 8 octobre 2013 à Paris Par ... 2 Anatomie

35

Des paramètres d’analyse morphologique ont été mis au point afin de permettre une

analyse précise de ces structures nerveuses. Grâce à cette méthode, l’atteinte des nerfs

cornéens a été évaluée dans différentes pathologies comme la sécheresse oculaire, le

kératocône, le diabète, le glaucome, chez les porteurs de lentilles de contact, et après

chirurgie réfractive ou cornéenne [55, 72, 77]. L’analyse des nerfs cornéens en MCIV s’est

nettement améliorée ces dernières années. Des critères de plus en plus objectifs (logiciels

semi-automatisés ou automatisés) se sont développés permettant de limiter toute subjectivité

dans l’interprétation des images obtenues et la variabilité inter-examinateur. Bien qu’il

n’existe pas encore d’échelle validée d’analyse, les critères les plus pertinents qui permettent

de suspecter un remodelage nerveux (régénération, souffrance, …etc) semblent être la

densité, le nombre de troncs principaux et de branches nerveuses, les ramifications et la

tortuosité.

5.3.2.1 La densité

La densité des nerfs cornéens est définie comme étant la longueur totale des nerfs

visibles à l'intérieur d'une image (exprimée en mm/mm2).

5.3.2.2 Le nombre de nerfs cornéens

Le nombre de nerfs cornéens est défini comme la somme du nombre de longues fibres

nerveuses (troncs principaux) observés par mm2 (exprimé en nombre/mm

2).

5.3.2.3 Le nombre de branches

Le nombre de branches nerveuses est défini comme le nombre moyen de fibres

nerveuses issues de troncs nerveux principaux par mm2 (exprimée en nombre/mm

2).

5.3.2.4 La nombres de ramifications

Le nombre de ramifications est défini par la présence de branches primaires,

secondaires ou tertiaires issues d’un tronc principal. Elle est cotée de 0 à 3 ; 0, absence de

branche secondaire ; 1, présence d'au moins une branche au tronc principal ; 2, présence d'une

branche issue d'une autre branche d'un tronc principal ; 3, présence d'au moins une branche

issue d'une branche secondaire du tronc principal.

Page 36: THESE DOCTEUR EN MEDECINE CLEMENCE …doxa.u-pec.fr/theses/th0641991.pdf · Discipline : Ophtalmologie Présentée et soutenue publiquement le 8 octobre 2013 à Paris Par ... 2 Anatomie

36

5.3.2.5 La tortuosité

La tortuosité est évaluée selon une échelle semi-quantitative (cotée de 1 à 4).

5.3.3 L'analyse du nombre de cellules inflammatoires cornéennes

L’inflammation joue un rôle majeur dans le syndrome sec oculaire et son auto-

entretien, comme cela a déjà été démontré. Néanmoins, il est parfois difficile de savoir si un

mécanisme inflammatoire est à l’origine d’un syndrome sec et si la persistance d’une activité

inflammatoire, pas toujours évidente à observer à l’examen clinique, entretient encore le

cercle vicieux de la souffrance oculaire [7].

Le nombre de cellules inflammatoires cornéennes a été défini comme la somme du

nombre de cellules inflammatoires observées par mm2 (exprimé en nombre/mm

2).

7 Etiologie des syndromes secs

L’œil sec a été défini lors du Dry Eye WorkShop de 2007 comme étant : « une

maladie multifactorielle des larmes et de la surface oculaire entraînant des symptômes

d’inconfort, de fluctuation de la vision et d’instabilité du film lacrymal, avec un

retentissement potentiel sur la surface oculaire. Il s’accompagne d’une hyperosmolarité du

film lacrymal et d’une inflammation de la surface oculaire » [7].

7.1 Le syndrome de Gougerot-Sjögren

Le syndrome de Gougerot-Sjögren (GS) est une pathologie chronique auto-immune

rare (1 à 3% de la population) caractérisée par un dysfonctionnement des glandes exocrines

associé à un infiltrat lymphocytaire. Il touche plus généralement les femmes que les hommes

(9 pour 1) et peut être primaire (50% des GS) ou secondaire (à une polyarthrite rhumatoïde ou

un lupus, le plus souvent). Les glandes salivaires mais aussi les glandes lacrymales sont les

plus atteintes, engendrant une sécheresse buccale et oculaire.

Le syndrome sec oculaire dans le GS fait office de référence en matière de sécheresse

oculaire de part l’importance des symptômes, de la répercussion à la fois clinique et sur la

qualité de vie des patients, ainsi que de la thérapeutique parfois difficile à optimiser. Au-delà

des critères européens du syndrome de GS (tableau 2), nous utilisons généralement en

Page 37: THESE DOCTEUR EN MEDECINE CLEMENCE …doxa.u-pec.fr/theses/th0641991.pdf · Discipline : Ophtalmologie Présentée et soutenue publiquement le 8 octobre 2013 à Paris Par ... 2 Anatomie

37

ophtalmologie: l’OSDI, le test de Schirmer, la mesure du BUT, le test d’osmolarité des larmes

(quand il est disponible) pour évaluer le syndrome sec oculaire dans le GS.

Critères européens révisés ou internationaux du syndrome de Gougerot-

Sjögren 2002

I. Symptômes

oculaires

II. Symptômes

buccaux

III. Signes

objectifs

d’atteinte

oculaire

IV. Signes

histologiques

V. Signes objectifs

d’atteinte salivaire

VI. Auto-

anticorps

Au moins un des

3 critères ci-

dessous :

Au moins un des

3 critères ci-

dessous :

Au moins un

des 2 tests ci-

dessous

positifs :

Sialadénite avec

focus score ≥ 1

sur la biopsie de

glandes

salivaires

accessoires

(focus score =

nombre de

foyers par 4mm2

de tissu

glandulaire, un

foyer étant

défini par

l’agglomérat

d’au moins 50

lymphocytes)

Au moins un des 3

tests ci-dessous

positifs :

- présence

d’anticorps

anti-SSA

(Ro) ou

anti-SSB

(La) - sensation

quotidienne,

persistante et

gênante d’yeux

secs depuis plus

de 3 mois

- sensation

quotidienne de

bouche sèche

depuis plus de 3

mois

- test de

Schirmer ≤ 5

mm/5 mn

- flux salivaire non

stimulé ≤ 1,5 mL/15

mn

- utilisation de

larmes artificielles

plus de 3 fois par

jour

- à l’âge adulte,

épisodes

récidivants ou

permanents de

gonflement

parotidien

- score de van

Bijsterveld ≥ 4

- sialographie

parotidienne

(ectasies

canaliculaires,

cavités ou

destructions

canaliculaires)

- sensation

fréquente de

« sable dans les

yeux »

- consommation

fréquente de

liquides pour

avaler les

aliments secs

- scintigraphie

salivaire (captation

retardée, diminution

de la concentration

et/ou de l’excrétion

du traceur)

--> Syndrome de Gougerot-Sjögren primitif :

- ≤ 4 critères avec au moins critères IV ou VI présents

- ≤ 3 des critères III, IV, V, VI

--> Syndrome de GS secondaire : association d’une autre connectivite bien définie et de la présence de l’item I

ou II + 2 des items III, IV et V

Les critères d’exclusion retenus par le Comité International sont :

- antécédent d’irradiation cervicale ou céphalique

- hépatite C

- immunodéficience acquise

- antécédent de lymphome

- sarcoïdose

- réaction du greffon contre l’hôte

- utilisation de médicaments anticholinergiques (depuis une période inférieure à 4 fois la demi-vie du médicament)

Page 38: THESE DOCTEUR EN MEDECINE CLEMENCE …doxa.u-pec.fr/theses/th0641991.pdf · Discipline : Ophtalmologie Présentée et soutenue publiquement le 8 octobre 2013 à Paris Par ... 2 Anatomie

38

Tableau 2: Critères internationaux pour le diagnostic du syndrome de Gougerot-

Sjögren[109].

7.2 Le syndrome sec dans le blépharospasme

De nombreux patients atteints de blépharospasme se plaignent de sécheresse oculaire

mais il est parfois difficile de savoir si leur plainte douloureuse est plutôt liée au syndrome

sec, aux spasmes ou à la photophobie fréquemment retrouvée chez ces patients. Cette

photophobie pourrait par ailleurs être liée au syndrome sec. Le rôle de la sécheresse oculaire a

été évoqué comme étiologie possible à l’origine du blépharospasme mais l’origine exacte du

blépharospasme demeure indéterminée.

Chez les patients atteints de blépharospasme, la sécheresse oculaire serait aussi

favorisée par différents facteurs: le clignement intempestif des paupières, la malocclusion

retrouvée chez certains patients traités pas toxine botulique, la relative hyposécrétion

lacrymale engendrée par la toxine sur la glande lacrymale [11, 35, 41, 44].

7.3 Les autres pathologies associées au syndrome sec

Les autres pathologies associées au syndrome sec comprennent: les pathologies

hyperévaporatives telles que les dysfonctionnements meibomiens avec notamment les

rosacées, les hyposécrétions lacrymales, les syndromes secs liés à l’âge ou hormonaux…

8 Présentation clinique du blépharospasme essentiel

8.1 Les spasmes palpébraux

Le blépharospasme est une dystonie focale acquise se manifestant par une fermeture

involontaire des paupières. C’est la contraction tonique, spasmodique et bilatérale des

muscles orbiculaires, sourciliers, procerus, corrugateurs qui va engendrer la fermeture

douloureuse, complète ou partielle des paupières pendant quelques secondes jusqu’à plusieurs

minutes. Les spasmes ne relèvent pas d’un événement déclenchant précis et se lèvent ensuite

spontanément. Cette pathologie toucherait le plus souvent les femmes avec un âge de début

entre 50 et 70 ans.

Bien que la physiopathologie du blépharospasme soit encore mal connue, certaines

études suggèrent qu'une sensibilisation du trijumeau jouerait un rôle dans sa physiopathogénie

Page 39: THESE DOCTEUR EN MEDECINE CLEMENCE …doxa.u-pec.fr/theses/th0641991.pdf · Discipline : Ophtalmologie Présentée et soutenue publiquement le 8 octobre 2013 à Paris Par ... 2 Anatomie

39

et pourrait être responsable d'un dysfonctionnement dans le circuit des ganglions cortico-

thalamiques [43, 46, 69, 100, 112, 115]. Certains auteurs rapportent un stress psychologique,

des troubles obsessionnels-compulsifs ou un traumatisme crânien à l’origine du début des

spasmes, sans que cela n’ait été confirmé sur de larges groupes [13, 22, 23].

On rencontre trois types de symptômes douloureux dans le blépharospasme: la douleur

liée aux spasmes en eux-mêmes, la douleur secondaire au syndrome sec oculaire et la

photophobie. Il est cependant difficile de déterminer si l’atteinte de la surface oculaire est

causée par les spasmes anormaux des paupières ou si la sécheresse oculaire est responsable du

blépharospasme par une stimulation nerveuse anormale [11, 41].

8.2 Qualité de vie et handicap

Le blépharospasme est une maladie chronique, invalidante, à l’origine de douleurs et

d’un retentissement sur la qualité de vie. Elle est aussi à l’origine d’une dépendance vis à vis

de l’entourage devant l’imprévisibilité des spasmes oculaires (au moment de traverser une

rue, ou à cause d’une incapacité à conduire par exemple). Les éléments cliniques seuls ne

peuvent donc pas refléter l’impact réel sur la qualité de vie des patients [41].

Deux questionnaires ont été proposés pour évaluer les spasmes et sont utilisés pour

évaluer l’efficacité des injections de toxines botulique : le Jankovic Rating Scale (JRS) décrit

par Jankovic et Orman en 2002 (tableau 3), et le Blepharospasm Scale Disease Index (BSDI)

décrit par Goertelmeyer et al. en 2002 (Tableau 4). Ils sont cependant assez restreints dans

les questions posées aux patients et ne prennent pas en compte les éléments de souffrance

autres que les spasmes tels que la photophobie et la sécheresse oculaire [48, 49, 62].

Page 40: THESE DOCTEUR EN MEDECINE CLEMENCE …doxa.u-pec.fr/theses/th0641991.pdf · Discipline : Ophtalmologie Présentée et soutenue publiquement le 8 octobre 2013 à Paris Par ... 2 Anatomie

40

Tableau 3: Jankovic Rating Scale (JRS) décrite pat Jankovic and Orman en 1987[49].

Tableau 4: Blepharospasm Scale Disease Index (BSDI) décrit par Goertelmeyer et al.

en 2002 [62].

Page 41: THESE DOCTEUR EN MEDECINE CLEMENCE …doxa.u-pec.fr/theses/th0641991.pdf · Discipline : Ophtalmologie Présentée et soutenue publiquement le 8 octobre 2013 à Paris Par ... 2 Anatomie

41

8.3 Traitements du blépharospasme essentiel

8.3.1 Toxine botulique

8.3.1.1 Toxines, dilutions, dosages et techniques d'injection

Les injections de toxine botulique dans l’orbiculaire pour le traitement du

blépharospasme remontent à 1987 avec Scott. Le Clostridium Botulinum est une bactérie qui

produit une neurotoxine spécifique, ayant une action paralysante, dont 6 types différents sont

individualisés: de A à F. La toxine se fixe sur des récepteurs spécifiques situés sur les

terminaisons nerveuses de nerfs moteurs. Son rôle est de bloquer la transmission

cholinergique synaptique en empêchant la formation d’acétylcholine [95, 110]. L’injection de

toxine botulique entraîne une paralysie musculaire puissante dans un délai de 1 à 7 jours, mais

n’atteint son maximum qu’en 12 jours, car il faut attendre l’épuisement de toutes les vésicules

présynaptiques contenant de l’acétylcholine. L’effet inhibiteur de la transmission

neuromusculaire est transitoire et d’autant plus réversible que la toxine botulique n’engendre

pas de lésions, tant au niveau de la fibre nerveuse afférente qu’au niveau de la fibre

musculaire elle-même. Ainsi, la paralysie induite persiste en moyenne de 2 à 4 mois, mais sa

durée varie en fonction de la dose injectée.[101]

La toxine utilisée est la toxine A. C’est la plus stable. Il en existe trois formes

commerciales :

- la toxine Botox®

(OnabotulinumtoxinA, Allergan Inc., Irvine, CA, USA),

- la toxine Dysport®

(Abobotulinumtoxin A Ipsen Biopharm Limited Company),

- la toxine Xeomin® (Incobotulinumtoxin A; Merz Pharmaceuticals, Frankfurt am Main,

Germany). Cette dernière toxine est exempte de protéines complexantes et ne contient que la

neurotoxine pure (150 kD). Il y aurait donc moins de formation d'anticorps neutralisant à long

terme [36, 51, 91].

La dose injectée est en moyenne de 30 unités par oeil pour la toxine Botox® (5 unités

par site d’injection), 50 unités Speywood par œil pour le Dysport® (20 unités Speywood® par

site d’injection) et 35 unités par œil pour le Xeomin® (5 unités par site d’injection) (Figure

12) [26, 28].

Commentaire [AL2]: Références, ce n’est pas de la pub, cela?

Page 42: THESE DOCTEUR EN MEDECINE CLEMENCE …doxa.u-pec.fr/theses/th0641991.pdf · Discipline : Ophtalmologie Présentée et soutenue publiquement le 8 octobre 2013 à Paris Par ... 2 Anatomie

42

Figure 12: Sites et doses d’injection de la toxine botulique dans un cas de

blépharospasme essentiel (avec la toxine américaine Wisconsin-Botox). D’après

l’EMC d’Ophtalmologie 2006, Adenis J.P., Camezind P., Blépharospasme [2].

8.3.1.2 Précautions et effets secondaires

On évite d’injecter les zones médianes des paupières pour prévenir la diffusion vers le

muscle releveur ou les muscles oculomoteurs.

Les effets secondaires sont dominés essentiellement par :

– la diplopie par atteinte du droit supérieur le plus souvent, ou par l’oblique inférieur plus

rarement,

– le ptosis par atteinte du releveur de la paupière supérieure.

Ils sont le plus souvent régressifs spontanément en 3 à 30 jours. Les patients doivent être

préalablement prévenus du risque.

On peut observer aussi :

– des ecchymoses spontanément régressives,

– une diminution de la sécrétion de la glande lacrymale,

Certains patients peuvent présenter une inefficacité d’emblée, attribuée à l’absence de

récepteurs à la toxine.

Les injections de toxine botulique sont le traitement de choix du blépharospasme

essentiel. Elles améliorent nettement le confort et la qualité de vie des patients au prix de rares

complications, transitoires et acceptables. Elles permettent de limiter les indications

chirurgicales dont l’efficacité est variable [28].

Page 43: THESE DOCTEUR EN MEDECINE CLEMENCE …doxa.u-pec.fr/theses/th0641991.pdf · Discipline : Ophtalmologie Présentée et soutenue publiquement le 8 octobre 2013 à Paris Par ... 2 Anatomie

43

8.3.1.3 Périodicité des injections

La fréquence des réinjections est en moyenne de 3 à 4 mois pour le blépharospasme.

On recherche au fur et à mesure à espacer les réinjections, en injectant 1 à 2 semaines après la

réapparition des contractions. En cas d’insuffisance du traitement, on peut augmenter

progressivement les doses [4, 27, 28].

L’effet de l’injection n’est perceptible que 2 à 21 jours après, il est maximal entre 4 et

6 semaines et dure environ 8 à 15 semaines selon les patients.

De nombreux travaux sont venus confirmer l’intérêt de ce type de traitement. La diminution

d’efficacité à long terme peut être liée à la production d’auto-anticorps contre la toxine. Ces

anticorps sont produits d’autant plus facilement que les doses injectées sont fortes et

dépendent aussi du type de toxine injectée [96, 110].

8.3.2 Traitements médical, chirurgical et psychologique

La prise en charge thérapeutique comporte tout d’abord le traitement de la surface

oculaire par le biais de collyres mouillants en cas de syndrome sec associé et de traitements

cicatrisants en cas de kératite [41].

Certains auteurs proposent aussi l’utilisation de traitements d’appoints tels que les

benzodiazépines ou des neuroleptiques (Baclofène, Liorésal). Toutefois, leur efficacité est

limitée et leur utilisation ponctuelle [2].

Le traitement chirurgical est préconisé en cas d’échec de la toxine botulique. On peut

proposer principalement la résection de l’orbiculaire prétarsal et/ou préseptal à partir d’une

incision réalisée dans le pli palpébral supérieur. En cas de formes résiduelles après la

chirurgie, les injections de toxine botulique pourront être réitérées [3, 39, 79, 92, 110].

Le soutien psychologique fait partie intégrante du traitement de cette maladie

chronique ayant un retentissement majeur sur la qualité de vie.

Page 44: THESE DOCTEUR EN MEDECINE CLEMENCE …doxa.u-pec.fr/theses/th0641991.pdf · Discipline : Ophtalmologie Présentée et soutenue publiquement le 8 octobre 2013 à Paris Par ... 2 Anatomie

44

CHAPITRE 2:

EVALUATION DE LA SURFACE OCULAIRE ET DES NERFS

CORNENS SOUS-EPITHELIAUX DANS LE SYNDROME SEC

(GOUGEROT-SJOGREN ET NON GOUGEROT-SJOGREN)

ET LE BLEPHAROSPASME ESSENTIEL

Page 45: THESE DOCTEUR EN MEDECINE CLEMENCE …doxa.u-pec.fr/theses/th0641991.pdf · Discipline : Ophtalmologie Présentée et soutenue publiquement le 8 octobre 2013 à Paris Par ... 2 Anatomie

45

1 Introduction

La cornée est le tissu le plus densément innervé du corps humain. L’innervation

cornéenne provient principalement des fibres sensorielles de la branche ophtalmique du nerf

trijumeau, ainsi que par quelques fibres sympathiques et parasympathiques [67, 77]. Ces

nerfs pénètrent dans la cornée au niveau du limbe et donnent naissance à un plexus nerveux

modérément dense au niveau du stroma antérieur puis plus dense au niveau sous-épithélial,

directement sous la membrane de Bowman. Les nerfs cornéens possèdent des terminaisons

dans toutes les couches de l’épithélium cornéen [67]. En plus de leur fonction sensitive, les

nerfs cornéens ont une fonction trophique et régulent la cicatrisation de l'épithélium

cornéen[77].

L'anatomie des nerfs cornéens a été étudiée par une grande variété de méthodes et

notamment depuis le milieu des 1990 en microscopie confocale in vivo (MCIV) [47, 67, 81,

82]. La MCIV est une technique d'imagerie non invasive qui offre des images de haute

résolution des structures cornéennes in vivo [77, 81]. Ce système d’imagerie permet ainsi de

visualiser directement sur les patients les fibres nerveuses sous-épithéliales et stromales, sous

la forme de structures linéaires hyper-réflectives ramifiées [72]. Des paramètres d’analyse

morphologique ont été mis au point afin de permettre une analyse précise de ces structures

nerveuses [55, 72, 77]. Grâce à cette méthode, l’atteinte des nerfs cornéens a été évaluée dans

différentes pathologies comme la sécheresse oculaire, le kératocône, le diabète, le glaucome,

chez les porteurs de lentilles de contact et après chirurgie réfractive ou cornéenne [81].

Le blépharospasme est une dystonie focale fonctionnelle caractérisée par un

clignement exagéré et involontaire des paupières [41]. Conséquence ou cause du

blépharospasme, cette pathologie d’étiologie inconnue est souvent associée à une sécheresse

oculaire [41]. Le blépharospasme s’accompagne également de symptômes douloureux

d’irritation oculaire et d’une photophobie souvent non corrélée à l’atteinte clinique de la

surface oculaire. Compte tenu de leur fonction sensitive mais aussi trophique, les nerfs

cornéens pourraient être impliqués dans la physiopathogénie du blépharospasme. L’objectif

de ce travail était donc d’analyser l’atteinte des plexus nerveux sous-épithéliaux chez des

patients atteints de sécheresse oculaire avec un blépharospasme et de la comparer aux autres

types de sécheresse oculaire.

Page 46: THESE DOCTEUR EN MEDECINE CLEMENCE …doxa.u-pec.fr/theses/th0641991.pdf · Discipline : Ophtalmologie Présentée et soutenue publiquement le 8 octobre 2013 à Paris Par ... 2 Anatomie

46

2 Patients et méthode

2.1 Patients

Cette étude a été réalisée au Centre d'Investigations Cliniques (CIC INSERM 503) du

Centre Hospitalier National d’Ophtalmologie des Quinze-Vingts à Paris (France) avec

l’accord du Comité de Protection des Personnes de l’Hôpital Saint-Antoine (CPP-Ile de

France 5, numéro 10793) et en accord avec la déclaration d’Helsinki. Treize patients atteints

de sécheresse oculaire associée à un blépharospasme (groupe blépharospasme) et 28 patients

qui présentaient une sécheresse oculaire non associée à un blépharospasme ont été

consécutivement inclus dans cette étude. Parmi ces derniers, 11 patients avaient un syndrome

de Gougerot-Sjögren (groupe GS) et 17 une sécheresse oculaire non associée à un syndrome

de Gougerot-Sjögren (groupe NGS).

Dix-huit volontaires sains ont été également inclus (groupe contrôle). Tous les

volontaires sains étaient indemnes de pathologies de la surface oculaire et présentaient un

examen clinique du segment antérieur normal. Les critères d’exclusion pour l’ensemble des

sujets étaient, un âge < 18 ans, une incapacité à répondre au questionnaire ou à comprendre

les examens complémentaires réalisés, la présence d’une maladie oculaire ou systémique, ou

la prise de médicaments susceptibles d’affecter la surface oculaire (en dehors du traitement la

sécheresse oculaire), un antécédent de chirurgie oculaire ou le port de lentilles de contact. La

sécheresse oculaire était définie par la présence de symptômes cliniques, un OSDI altéré et

associés à un test de Schirmer ≤ 10 mm et une mesure du temps de rupture du film lacrymal

(BUT) ≤ 10, en l’absence d’autre pathologie de la surface oculaire [1].

Les renseignements démographiques et les antécédents médicaux ont été obtenus à

partir des dossiers médicaux. Tous les sujets ont bénéficiés, d’une évaluation des symptômes

(OSDI) et d’un examen complet de la surface oculaire incluant dans l’ordre: une mesure du

BUT, un test de Schirmer sans anesthésie, une mesure de l’osmolarité des larmes (Tearlab®,

TearLab Corp., San Diego, CA) et une analyse en MCIV des nerfs cornéens sous épithéliaux

au centre de la cornée.

2.2 Microscopie confocale in vivo

L’examen en microscopie confocale in vivo de la cornée centrale a été réalisée à l'aide

du module cornéen du Heidelberg Retina Tomograph (HRT, Heidelberg Engineering GmbH,

Page 47: THESE DOCTEUR EN MEDECINE CLEMENCE …doxa.u-pec.fr/theses/th0641991.pdf · Discipline : Ophtalmologie Présentée et soutenue publiquement le 8 octobre 2013 à Paris Par ... 2 Anatomie

47

Heidelberg, Allemagne). Les images obtenues par ce microscope confocal à balayage laser

couvrent une surface de 400 μm × 400 μm soit 384×384 pixels, avec une résolution optique

théorique de 2 µm en longitudinal et 4 µm en transversal, et un temps d'acquisition de 0,024

secondes (Heidelberg Engineering) [55, 60]. La source laser est un laser diode de 670 nm de

longueur d’ondes. L’ajustement de l’acquisition des images est contrôlé par une caméra CCD

(480×460 pixels, RGB, 15 images/s) placée sur le coté de l’appareil, donnant une image

latérale de l’œil du patient. L’appareil donne également la distance focale de l’image obtenue,

permettant ainsi de connaître la profondeur en microns de la coupe observée. Avant l'examen

en MCIV, un anesthésique topique (chlorhydrate d’oxybuprocaïne 0,4%, Laboratoires Théa,

Clermont-Ferrand, France) et une goutte de gel lacrymal (Lacrigel, Europhta, Monaco) ont

été instillées dans le fornix conjonctival inférieur.

Afin de réaliser des images des nerfs cornéens sous-épithéliaux, le plan focal du

microscope confocal a été défini entre l’épithélium basal et le stroma antérieur. Pour chaque

sujet, 20 images des nerfs cornéens sous-épithéliaux ont été acquises au centre de la cornée

en utilisant la même intensité lumineuse (mode manuel). Les 5 images présentant le plus de

fibres nerveuses ont été sélectionnées pour l'analyse quantitative. Les images ont été

analysées rétrospectivement à l'aide du logiciel NeuronJ® par un investigateur unique (C.V.)

et de manière masquée par rapport à l’étiologie du syndrome sec et aux résultats des autres

examens de la surface oculaire. Le logiciel NeuronJ® est une extension libre du logiciel

ImageJ® (National Institutes of Health, Bethesda, Etats-Unis) permettant le traçage et la

quantification semi-automatisée des neurones [55, 60, 71]. Les différents paramètres évaluant

les nerfs cornéens étaient les suivants [55, 77]: la densité des nerfs cornéens, définie comme

la longueur totale des nerfs visibles par mm2 (exprimé en mm/mm

2), le nombre de nerfs

cornéens, défini comme la somme du nombre de longues fibres nerveuses (troncs principaux)

observés par mm2 (exprimé en nombre/mm

2), le nombre de branches, défini comme le

nombre moyen de fibres nerveuses issues de troncs nerveux principaux par mm2 (exprimé en

nombre/mm2), l’importance des ramifications définie par la présence de branches primaires,

secondaires ou tertiaires issues d’un tronc principal (cotée de 0 à 3; 0, absence de branche

secondaire; 1, présence d'au moins une branche au tronc principal; 2, présence d'une branche

issue d'une autre branche d'un tronc principal; 3, présence d'au moins une branche issue d'une

branche secondaire du tronc principal) [72], et la tortuosité évaluée selon une échelle semi-

quantitative (cotée de 1 à 4) [72]. Enfin le nombre de cellules d’aspect dendritique au

voisinage des nerfs cornéens a également été quantifié (exprimé en nombre/mm2). Pour

chaque œil et chacun des paramètres, les résultats représentent la moyenne de l'analyse de

Page 48: THESE DOCTEUR EN MEDECINE CLEMENCE …doxa.u-pec.fr/theses/th0641991.pdf · Discipline : Ophtalmologie Présentée et soutenue publiquement le 8 octobre 2013 à Paris Par ... 2 Anatomie

48

cinq images (Figure 13).

Figure 13: Analyse de la densité des nerfs cornéens en microscopie confocale in vivo

(MCIV) à l’aide du logiciel NeuronJ® (tracé en jaune) chez les sujets témoins (A et B;

34 mm/mm2), dans le groupe Gougerot-Sjögren (C et D; 5,9 mm/mm

2), dans le groupe

blépharospasme (E et F; 10,2 mm/mm2) et dans le groupe syndrome sec non lié à une

maladie de Gougerot-Sjögren (G et H; 7 mm/mm2).

2.3 Analyse statistique

Les résultats statistiques sont présentés sous forme de moyennes ± écart type. La

comparaison entre les paramètres des différents groupes a été effectuée en utilisant le test de

Kruskal-Wallis. Les valeurs de probabilités inférieures à 0,05 ont été considérées comme

significatives. Toutes les analyses statistiques ont été effectuées à l'aide du logiciel XLSTAT

2013 (Addinsoft, Paris, France).

3 Résultats

Les 3 groupes de patients atteints de sécheresse oculaire étaient comparables en termes

d’âge, seul le groupe blépharospasme présentait un âge moyen statistiquement plus élevé que

le groupe de sujets normaux (tableau 5). Les patients atteints de sécheresse oculaire

présentaient significativement plus de symptômes (OSDI) que le groupe contrôle mais il n’y

Page 49: THESE DOCTEUR EN MEDECINE CLEMENCE …doxa.u-pec.fr/theses/th0641991.pdf · Discipline : Ophtalmologie Présentée et soutenue publiquement le 8 octobre 2013 à Paris Par ... 2 Anatomie

49

avait pas de différence significative entre les groupes atteints de sécheresse oculaire.

Les résultats de l'évaluation de la surface oculaire montraient une diminution

significative du test de Schirmer et du BUT dans les 3 groupes de patients présentant une

sécheresse oculaire par rapport aux sujets normaux (tableau 5). Le BUT était par ailleurs

significativement plus court chez les patients du groupe GS par rapport aux patients du

groupe NGS. L'osmolarité du film lacrymal était significativement plus élevée chez les

patients du groupe GS par rapport aux sujets témoins et au groupe blépharospasme. Par

contre, il n’existait pas de différence significative entre l’osmolarité des témoins et celle des

patients atteints de blépharospasme (tableau 5).

L’évaluation morphologique des plexus nerveux sous-épithéliaux en MCIV retrouvait

une diminution significative de la densité des nerfs, du nombre de nerfs et du nombre de

branches nerveuses dans les 3 groupes de patients présentant une sécheresse oculaire par

rapport aux sujets normaux (tableau 6). Cependant, les patients atteints de blépharospasme

présentaient une densité de nerfs cornéens sous-épithéliaux significativement plus élevée que

les patients des groupes GS et NGS. De même, le groupe blépharospasme avait un nombre de

nerfs plus élevé que le groupe GS et plus de branches nerveuses que le groupe NGS

(Tableau 6). Il n’existait pas de différence entre les groupes GS et NGS pour la densité des

nerfs, le nombre de nerfs ou encore le nombre de branches nerveuses. Le groupe GS avait

moins de ramifications que le groupe contrôle. Le groupe NGS avait moins de ramifications

que les patients atteints de blépharospasme et les sujets témoins, et une tortuosité inférieure

aux sujets témoins.

Enfin, la densité de cellules inflammatoires dendritiques au voisinage des nerfs

cornéens était significativement plus faible dans le groupe blépharospasme par rapport aux

autres groupes de sécheresse oculaire (GS et NGS) et par rapport au groupe contrôle

(Tableau 6).

Page 50: THESE DOCTEUR EN MEDECINE CLEMENCE …doxa.u-pec.fr/theses/th0641991.pdf · Discipline : Ophtalmologie Présentée et soutenue publiquement le 8 octobre 2013 à Paris Par ... 2 Anatomie

50

Contrôle Gougerot-

Sjögren (GS)

Blépharo-

spasmes (B)

Autres

syndromes

secs (NGS)

Test de

Kruskal

-Wallis

p

Compa-

raisons

multiples

par paires

p

Nombre de

patients

18 11 13 17

Nombre

d’yeux

21 13 26 19

Age 46,3 ± 18,1 60,1 ± 11,4 66,5 ± 10,2 56,7 ± 14,2

<0,05 >0,05

<0,05†

Sexe 10F, 8H

10F, 1H 10F, 3H 12F, 5H

OSDI 2,9 ±5,4

32,2 ± 7,9 24,3 ± 9,2 28,9 ± 12,4 <0,05

>0,05

Test de

Schirmer

(mm)

17,0 ± 8,2 7,0 ± 7,5 8,8 ± 8,5 3,9 ± 5,0 <0,05

<0,05

BUT

(secondes)

11,8 ± 3,8 3,1 ± 2,1 4,8 ± 2,6 6,2 ± 5,1 <0,05

<0,05

>0,05‡

Osmolarité

(mOsm/L)

298,5 ± 10,2 327,5 ± 14,3 303,3 ± 15,2 316,2 ± 20,6 <0,05 >0,05

<0,05††

F = femmes, H = hommes

† groupe blépharospasme vs. groupe contrôle.

‡ groupe NGS vs. groupe GS

†† groupe GS vs. groupe blépharospasme et contrôle.

Tableau 5: Données démographiques et cliniques (Schirmer, BUT, osmolarité) des

différents groupes (exprimés en moyenne ± écart-type).

Page 51: THESE DOCTEUR EN MEDECINE CLEMENCE …doxa.u-pec.fr/theses/th0641991.pdf · Discipline : Ophtalmologie Présentée et soutenue publiquement le 8 octobre 2013 à Paris Par ... 2 Anatomie

51

Contrôle Gougerot-

Sjögren

(GS)

Blépharo-

spasmes

(B)

Autres

syndromes

secs (NGS)

Test de

Kruskal

-Wallis

p

Compa-

raisons

multiples

par

paires

p

Densité

mm/mm2

18,14 ± 5,39 10,24 ± 4,32 12,66 ±3,72 10,96 ± 6,40 <0,05

<0,05

>0,05†

Nombre de

fibres

Nombre

/mm2

40,83 ± 12,44 25,72 ± 12,52 29,31± 9,14 28,19 ± 15,04 <0,05

<0,05

>0,05‡

Nombre de

branches

Nombre

/mm2

36,84 ± 20,08 18,21 ± 13,92 21,21± 14,50 14,47 ± 15,25 <0,05

<0,05

>0,05‡‡

Nombre de

ramifi-

cations

Grade

(0 à 3)

1,44 ± 0,57 1,16 ± 0,66 1,46 ± 0,82 0,95 ± 0,58 <0,05

>0,05

<0,05†, †‡

Tortuosité

Grade

(1 à 4)

2,22 ± 0,48 2,12 ± 0,66 2,05 ± 0,66 1,90 ± 0,64 <0,05

>0,05

<0,05*

Cellules

inflam-

matoires

Nombre

/mm2

43,39 ± 60,39 69,56 ±

113,38

39,44 ± 88,54 81,25 ±

152,78 <0,05

>0,05;

<0,05††

† groupe GS vs. groupe NGS.

‡ groupe NGS vs. groupes GS et blépharospasme.

‡‡ groupe NGS vs. groupes NGS et blépharospasme.

†‡ groupe blépharospasme vs. groupes GS et contrôle.

* groupe NGS vs. groupe contrôle.

†† groupe blépharospasme vs. groupe GS.

Tableau 6: Analyse en microcopie confocale in vivo (MCIV) des différents

paramètres des nerfs cornéens sous-épithéliaux (exprimés en moyenne ± écart type).

4 Discussion

L'innervation cornéenne joue un rôle primordial dans le renouvellement de l’épithélium

cornéen et lors des processus de cicatrisation de la surface oculaire. Les mécanismes qui

régissent l'intégrité fonctionnelle et structurelle des nerfs cornéens demeurent néanmoins

complexes et imparfaitement connus. L'avènement de la MCIV permet désormais d’analyser

in vivo la morphologie des nerfs cornéens notamment grâce au développement de paramètres

Page 52: THESE DOCTEUR EN MEDECINE CLEMENCE …doxa.u-pec.fr/theses/th0641991.pdf · Discipline : Ophtalmologie Présentée et soutenue publiquement le 8 octobre 2013 à Paris Par ... 2 Anatomie

52

d’analyse quantitative et semi-quantitative de plus en plus précis [9, 55, 108].

L’objectif de cette étude était de mieux comprendre le mécanisme de la douleur dans

le blépharospasme et d’essayer d’apporter des éléments d’ordre étiologique sur cette

pathologie dont la physiopathologie demeure encore mal connue. L'atteinte des nerfs

cornéens sous-épithéliaux a déjà été étudiée en MCIV dans la sécheresse oculaire [9, 11, 41,

44, 45, 102, 104, 111], cependant à notre connaissance, une seule étude avait évalué la

morphologie des nerfs cornéens dans la sécheresse oculaire associée au blépharospasme [9].

Borsook et Rosenthal ont ainsi décrit des altérations des nerfs cornéens suggérant une

régénération nerveuse anormale chez 4 des 5 patients évalués avec une augmentation de la

densité et de la tortuosité des nerfs, et du nombre de branches nerveuses [11]. Inversement,

dans notre étude, nous avons observé une diminution de la densité des nerfs cornéens sous-

épithéliaux chez les patients atteints de blépharospasme par rapport aux sujets normaux. Le

faible nombre de patients (5 vs. 13) mais aussi l’absence de groupe contrôle dans l’étude de

Borsook et Rosenthal pourrait expliquer en partie ces différences. La manière d’analyser les

altérations morphologiques des nerfs cornéens, plus précise grâce à l’utilisation d’un logiciel

de quantification semi-automatisé, pourrait être aussi expliquer ces résultats [55].

La précision et la sensibilité de cette évaluation sont donc bien supérieures à une

analyse d’image purement subjective comme cela avait été réalisé dans l’étude précédente.

Les patients atteints de blépharospasme avaient une densité des nerfs cornéens plus

importante par rapport aux patients des groupes GS et NGS. Au delà des différences de

méthodologie entre les deux études, cette observation pourrait être un signe de la

régénération nerveuse observée par Borsook et Rosenthal [11] chez les patients atteints de

blépharospasme et semble confirmer le rôle des nerfs cornéens dans cette pathologie.

Le blépharospasme est une dystonie focale se manifestant par une fermeture

involontaire des paupières. Bien que la physiopathologie du blépharospasme soit encore mal

connue, certaines études suggèrent qu'une sensibilisation du trijumeau jouerait un rôle dans

sa physiopathogénie et pourrait être responsable d'un dysfonctionnement dans le circuit des

ganglions cortico-thalamiques [11, 41]. On rencontre trois types de symptômes douloureux

dans le blépharospasme: la douleur liée aux spasmes, la douleur liée au syndrome sec

oculaire et la photophobie [11]. Il est cependant difficile de déterminer si l’atteinte de la

surface oculaire est causée par les spasmes anormaux des paupières ou si la sécheresse

oculaire est responsable du blépharospasme par une stimulation nerveuse anormale. Dans

notre travail, les résultats de l’évaluation de la surface oculaire des patients atteints de

Page 53: THESE DOCTEUR EN MEDECINE CLEMENCE …doxa.u-pec.fr/theses/th0641991.pdf · Discipline : Ophtalmologie Présentée et soutenue publiquement le 8 octobre 2013 à Paris Par ... 2 Anatomie

53

blépharospasme, qui retrouvaient un syndrome sec plus modéré chez ces patients par rapport

aux groupes GS et NGS, sembleraient exclure l’hypothèse de la responsabilité de la

sécheresse dans la genèse des spasmes. Néanmoins, la relative préservation des nerfs

cornéens ou la régénération nerveuse observée chez les patients présentant un

blépharospasme [11] pourrait expliquer une stimulation nerveuse plus intense chez ces

patients et ceci, malgré une atteinte de la surface oculaire moins importante. La complexité

des relations qui unissent l’atteinte morphologique et l’atteinte fonctionnelle des nerfs

cornéens dans la sécheresse oculaire complique cette analyse. En effet, les publications qui

ont étudié la corrélation entre la sensibilité cornéenne et la densité des nerfs cornéens

demeurent contradictoires [12, 21, 29, 55, 105, 114].

Dans cette étude nous avons également analysé le nombre de cellules inflammatoires

dendritiques au voisinage des nerfs cornéens dans les espaces sous-épithéliaux. Les patients

atteints de blépharospasme avaient ainsi une densité de cellules inflammatoires dendritiques

moins importante que les patients du groupe GS. De même, les patients du groupe

blépharospasme avaient une osmolarité des larmes inférieure aux groupes GS et équivalente

aux sujets normaux. La physiopathologie de la sécheresse oculaire est complexe et implique

les larmes, les cellules épithéliales, les cellules inflammatoires mais aussi les nerfs de la

surface oculaire [6]. En fonction de l’étiologie de la sécheresse oculaire, ces différents

éléments jouent probablement un rôle plus ou moins prépondérant dans le déclenchement ou

l’auto-entretien de la maladie. L’observation chez les patients qui présentent une sécheresse

oculaire associée à un blépharospasme d’une plus faible densité de cellules inflammatoires

mais aussi d’une moindre altération du film lacrymal semble souligner encore une fois

l’origine nerveuse plus qu’inflammatoire dans cette pathologie.

Les patients atteints de sécheresse oculaire associée à un blépharospasme présentent

des modifications significatives des nerfs cornéens sous-épithéliaux. Ces altérations

morphologiques sont cependant plus modérées que dans les autres types de sécheresse

oculaire. Ces résultats suggèrent un rôle central de l’innervation cornéenne dans le

blépharospasme. Compte tenu de la complexité des relations qui unissent les altérations

morphologiques et fonctionnelles des nerfs cornéens dans les pathologies de la surface

oculaire, d’autres études évaluant la corrélation entre la sensibilité cornéenne, les symptômes

et les altérations nerveuses sont nécessaires dans le blépharospasme.

Page 54: THESE DOCTEUR EN MEDECINE CLEMENCE …doxa.u-pec.fr/theses/th0641991.pdf · Discipline : Ophtalmologie Présentée et soutenue publiquement le 8 octobre 2013 à Paris Par ... 2 Anatomie

54

CHAPITRE 3:

EFFET DE L’INJECTION DE TOXINE BOTULIQUE SUR LA

SURFACE OCULAIRE ET LES NERFS CORNEENS DANS LE

BLEPHAROSPAME ESSENTIEL

Page 55: THESE DOCTEUR EN MEDECINE CLEMENCE …doxa.u-pec.fr/theses/th0641991.pdf · Discipline : Ophtalmologie Présentée et soutenue publiquement le 8 octobre 2013 à Paris Par ... 2 Anatomie

55

1 Introduction

Le blépharospasme est une dystonie focale fonctionnelle caractérisée par un

clignement exagéré et involontaire des paupières, souvent associée à une sécheresse oculaire

[41], sans que l’on sache précisément si elle en est la cause ou la conséquence. Les paupières

jouent un rôle fondamental dans l’étalement du film lacrymal. Une modification du

clignement peut donc jouer un rôle direct sur la qualité du film lacrymal. La réalisation

d’injections de toxine botulique dans le muscle orbiculaire est un traitement utilisé depuis

longtemps et qui semble avoir de nombreux effets bénéfiques sur le blépharospasme. En effet,

tout en diminuant le nombre et l’intensité des spasmes, ces injections sembleraient avoir un

effet bénéfique sur les douleurs dont se plaignent les patients et sur le syndrome sec oculaire.

L’objectif de ce travail était donc d’analyser l’effet des injections de toxine botulique

sur la surface oculaire, les douleurs et les plexus nerveux sous-épithéliaux des patients

présentant un blépharospasme associé à une atteinte de la surface oculaire.

2 Patients et méthode

2.1 Patients

Cette étude a été réalisée au Centre d'Investigations Cliniques (CIC INSERM 503) du

Centre Hospitalier National d’Ophtalmologie des Quinze-Vingts à Paris (France) avec

l’accord du Comité de Protection des Personnes de l’Hôpital Saint-Antoine (CPP-Ile de

France 5, numéro 10793) et en accord avec la déclaration d’Helsinki. Treize patients atteints

de sécheresse oculaire associée à un blépharospasme ont été consécutivement inclus dans

cette étude. La sécheresse oculaire était définie par la présence de symptômes cliniques

associés à un test de Schirmer ≤ 10 mm et une mesure du temps de rupture du film lacrymal

(BUT) ≤ 10, en l’absence d’autre pathologie de la surface oculaire. Des analyses en sous-

groupes ont été réalisées. Nous avons ainsi comparé le test de Schirmer et le BUT en fonction

de la présence d’une malocclusion, complication fréquente des injections de toxine. Nous

avons aussi comparé ces deux tests en fonction du nombre d’années d’évolution du

blépharospasme, (< 5 ans ou > 5 ans).

Les données démographiques et les antécédents médicaux ont été obtenus à partir des

dossiers médicaux. Tous les sujets ont bénéficié, d’un questionnaire de qualité de vie de

Page 56: THESE DOCTEUR EN MEDECINE CLEMENCE …doxa.u-pec.fr/theses/th0641991.pdf · Discipline : Ophtalmologie Présentée et soutenue publiquement le 8 octobre 2013 à Paris Par ... 2 Anatomie

56

symptômes (OSDI) et d’un examen complet de la surface oculaire incluant dans l’ordre: une

mesure du BUT, un test de Schirmer sans anesthésie et avec anesthésie (test de Jones), une

mesure de l’osmolarité des larmes (Tearlab®, TearLab Corp., San Diego, CA) et une analyse

en MCIV des nerfs cornéens sous épithéliaux au centre de la cornée. Ces examens ont été

réalisés 2 semaines, puis 4 à 6 semaines et enfin 3 mois après injection de toxine botulique.

Le protocole d’injection utilisé était le suivant: le produit est dilué avec du sérum

physiologique à 0,9‰, nous utilisons des seringues à insuline de 1 mL et des aiguilles 30 G.

La dose injectée est en moyenne de 30 unités par oeil pour la toxine Botox® (5 unités par site

d’injection), 50 unités Speywood par œil pour le Dysport® (20 unités Speywood® par site

d’injection) et 35 unités par œil pour le Xeomin® (5 unités par site d’injection) [26, 28].

Après désinfection cutanée, l’injection était réalisée en sous-cutané chez un malade

allongé ou demi-assis [2] selon les sites d’injections décrits précédemment (cf Chapitre 1)

(Figure 12). L’évaluation à 3 mois correspondait au moment où l’effet de la dernière

injection de toxine botulique s’était estompé et où la réalisation d’une nouvelle injection

devenait nécessaire.

2.2 Microscopie confocale in vivo

L’examen en microscopie confocale in vivo de la cornée centrale a été réalisé à l'aide

du module cornéen du Heidelberg Retina Tomograph (HRT, Heidelberg Engineering GmbH,

Heidelberg, Allemagne) comme décrit précédemment (cf Chapitre 2).

2.3 Analyse statistique

Les résultats statistiques sont présentés sous forme de moyennes ± écart type. La

comparaison entre les paramètres des différents groupes a été effectuée en utilisant le test de

Kruskal-Wallis. Les valeurs de probabilités inférieures à 0,05 ont été considérées comme

significatives. Toutes les analyses statistiques ont été effectuées à l'aide du logiciel XLSTAT

2013 (Addinsoft, Paris, France).

3 Résultats Il existait une diminution significative du test de Schirmer et du test de Jones 4-6

semaines après l’injection par rapport à l’évaluation à 3 mois (tableau 7). Cependant, le BUT

était significativement plus court lors de l’évaluation à 3 mois par rapport à celle réalisée 2

Page 57: THESE DOCTEUR EN MEDECINE CLEMENCE …doxa.u-pec.fr/theses/th0641991.pdf · Discipline : Ophtalmologie Présentée et soutenue publiquement le 8 octobre 2013 à Paris Par ... 2 Anatomie

57

semaines après l’injection. L'osmolarité du film lacrymal et la quantification des symptômes

n’étaient pas significativement modifiées aux différents temps évalués.

L’évaluation morphologique des plexus nerveux sous-épithéliaux en IVCM ne

retrouvait pas de différence significative pour la densité, le nombre ou la tortuosité des nerfs

après l’injection de toxine (tableau 8). Néanmoins, lors de l’analyse des nerfs sous-

épithéliaux 3 mois après l’injection, les patients présentaient statistiquement moins de

branches nerveuses que lors des autres évaluations (2 semaines et 4-6 semaines). On

retrouvait également moins de ramifications nerveuses 3 mois après l’injection de toxine par

rapport à l’analyse réalisée à 4-6 semaines (Tableau 8).

Enfin, la densité des cellules inflammatoires dendritiques au voisinage des nerfs

cornéens n’était pas modifiée aux différents temps évalués après l’injection de toxine

(tableau 8).

Les effets secondaires de l’injection de toxine sont rapportés dans le tableau 11.

Examen à

2 semaines

(S2)

Examen à

4-6 semaines

(S4-6)

Examen à

3 mois

(M3)

Test de

Kruskal-

Wallis

p

Comparaisons

multiples par

paires

p

Nombre de

patients

13 14 9

Nombre d’yeux 26 28 18

OSDI 29 ± 8,4 21,7 ± 8,2 20,7 ± 9,9

<0,05 >0,05

Test de Schirmer

(mm)

8,9 ± 8,9 6,4 ± 7 12 ± 7,7 <0,05 >0,05

<0,05†

Test de Jones

(mm)

7,4 ± 7,2 4,3 ± 4,7 11,6 ± 5,7 <0,05 >0,05

<0,05†

BUT (secondes) 4,3 ± 1,8 3,9 ± 2 3,1 ± 1,1 <0,05 >0,05

<0,05‡

Osmolarité

(mOsm/L)

306,4 ± 17 312,2 ± 16,2 318,4 ± 20,7 <0,05 >0,05

† groupe S4-6 vs groupe M3

‡ groupes S2 vs groupe M3

Page 58: THESE DOCTEUR EN MEDECINE CLEMENCE …doxa.u-pec.fr/theses/th0641991.pdf · Discipline : Ophtalmologie Présentée et soutenue publiquement le 8 octobre 2013 à Paris Par ... 2 Anatomie

58

Tableau 7: Données démographiques et cliniques (Schirmer, Jones, BUT et

osmolarité) des différents groupes (exprimés en moyenne ± écart-type).

Graphique 1: Evolution des tests de Schirmer et de Jones en fonction du temps entre

2 injections de toxine botulique.

Graphique 2: Evolution de la mesure du BUT en fonction du temps entre 2 injections

de toxine botulique.

Page 59: THESE DOCTEUR EN MEDECINE CLEMENCE …doxa.u-pec.fr/theses/th0641991.pdf · Discipline : Ophtalmologie Présentée et soutenue publiquement le 8 octobre 2013 à Paris Par ... 2 Anatomie

59

Graphique 3: Evolution de la mesure de l’osmolarité en fonction du temps entre 2

injections de toxine botulique.

Examen à

2 semaines

(S2)

Examen à

4-6

semaines

(S4-6)

Examen à

3 mois

(M3)

Test de

Kruskal-

Wallis

p

Compa-

raisons

multiples

par paires

p

Densité mm/mm2

12,65 ± 3,76 13,16 ± 4,23 12,41 ± 5,55 <0,05

>0,05

Nombre de

fibres

Nombre

/mm2

28,59 ± 8,87 30,12 ± 11,77 31,87 ± 13,73 <0,05

>0,05

Nombre de

branches

Nombre

/mm2

21,77 ± 15,79 25,40 ± 15,69 17,12 ± 13,65 <0,05

>0,05

<0,05†

Nombre de

ramifications

Grade

(0 à 3)

1,51 ± 0,85 1,3 ± 0,61 0,98 ± 0,47 <0,05

>0,05

<0,05†

Tortuosité Grade

(1 à 4)

2,04 ± 0,61 2,16 ± 0,69 1,94 ± 0,31 <0,05

>0,05

Cellules

inflam-

matoires

Nombre

/mm2

30,58 ± 62,46 15,91 ±

35,72

16,37 ± 27,28 <0,05

>0,05

† groupe S2 et S4-6 vs groupe M3

Page 60: THESE DOCTEUR EN MEDECINE CLEMENCE …doxa.u-pec.fr/theses/th0641991.pdf · Discipline : Ophtalmologie Présentée et soutenue publiquement le 8 octobre 2013 à Paris Par ... 2 Anatomie

60

Tableau 8: Analyse en microcopie confocale in vivo (MCIV) des différents

paramètres des nerfs cornéens sous-épithéliaux (exprimés en moyenne ± écart type).

L’analyse en sous-groupes ne montrait pas de différence significative pour la mesure

du BUT et le test de Schirmer en fonction de l’existence d’une malocclusion (Tableau 9).

Néanmoins, il existait une différence significative pour ces deux tests en fonction de la durée

d’évolution du blépharospasme, avec une atteinte plus marquée de la surface oculaire lorsque

le blépharospasme évoluait depuis plus de 5 ans (Tableau 10).

Malocclusion Pas de

malocclusion p

Mesure du BUT à S2

4,43±1,78 4,09 ± 2,23 > 0,05

Test de Schirmer à S2 8 ± 9,13

9,17 ± 9,37 > 0,05

Tableau 9: Evaluation de la surface oculaire (BUT et Schirmer) en fonction de la

présence ou non d’une malocclusion palpébrale secondaire aux injections de toxine

botulique.

Durée d’évolution du

blépharospasme

< 5 ans > 5 ans p

Mesure du BUT à S2 5,67±1,50

3,07 ± 1,49 < 0,05

Test de Schirmer à S2 13,08±10,14

4,64 ± 5,99 < 0,05

Tableau 10: Evaluation de la surface oculaire (BUT et Schirmer) en fonction du

nombre d’années d’évolution du blépharospasme (< ou > à 5 ans).

Page 61: THESE DOCTEUR EN MEDECINE CLEMENCE …doxa.u-pec.fr/theses/th0641991.pdf · Discipline : Ophtalmologie Présentée et soutenue publiquement le 8 octobre 2013 à Paris Par ... 2 Anatomie

61

Effets secondaires de la toxine

Nombre de patients %

Ecchymose 2

15

Ptosis 1

7,5

Malocclusion 7

53%

Tableau 11: Effets secondaires liés à l’injection de toxine botulique dans le cadre du

traitement du blépharospasme essentiel.

4 Discussion

La relation entre les spasmes palpébraux, le syndrome sec oculaire et la souffrance

cornéenne demeure mal connue dans le blépharospasme. De même, bien que de nombreuses

hypothèses aient été avancées son étiologie reste mal définie [32, 41].

L’objectif de cette étude était de mieux comprendre le lien qui unit la surface oculaire

et les spasmes palpébraux, et ainsi d’essayer d’apporter des éléments physiopathologiques

nouveaux afin de mieux comprendre le mécanisme du blépharospasme.

Les études précédemment réalisées sur le blépharospasme essentiel et l’influence des

injections de toxine botulique montraient une amélioration des symptômes et une

augmentation du BUT après injection de toxine [32, 44, 80]. Cependant dans la plupart de ces

études, le test de Schirmer avait tendance à s’aggraver après l’injection [16, 44, 76, 80, 86].

Nos résultats sont concordants avec ces études (Tableau 7), avec une amélioration précoce

du BUT et de la mesure de l’osmolarité des larmes, qui vont ensuite se dégrader un mois

après l’injection. Le test de Schirmer s’aggrave après l’injection et jusqu’à 4 à 6 semaines,

puis s’améliore à nouveau 3 mois après l’injection (Tableau 7). Quand les spasmes

palpébraux diminuent, le syndrome sec oculaire s’aggrave. Il est donc difficile de

comprendre le rôle du clignement sur la répartition qualitative et quantitative du film

lacrymal [68].

Le test de Schirmer est un test d’évaluation quantitative des larmes. On remarque que

Page 62: THESE DOCTEUR EN MEDECINE CLEMENCE …doxa.u-pec.fr/theses/th0641991.pdf · Discipline : Ophtalmologie Présentée et soutenue publiquement le 8 octobre 2013 à Paris Par ... 2 Anatomie

62

c’est au pic d’efficacité de la toxine (à 4-6 semaines) que le test de Schirmer est le plus altéré.

La toxine botulique pourrait ainsi avoir une action directe sur la glande lacrymale, entrainant

une hyposécrétion [80, 106]. D’ailleurs, la toxine botulique est déjà couramment utilisée sur

d’autres glandes sécrétoires telles que la glande salivaire dans les hypersalivations ou les

glandes sudoripares dans les hypersudations, pour son effet anticholinergique réduisant leur

sécrétion [50, 86].

Ceci ne nous permet cependant pas d’expliquer l’amélioration initiale de la qualité du

film lacrymal (BUT et osmolarité) rapidement suivie par sa dégradation. La diminution des

spasmes pourrait avoir un effet bénéfique direct sur la qualité du film lacrymal comme cela a

déjà été décrit [44, 80], expliquant ainsi l’amélioration initiale du BUT et de l’osmolarité.

L’altération quantitative secondaire du film lacrymal, due à l’effet de la toxine sur la glande

lacrymale, pourrait également se répercuter ensuite directement sur la qualité des larmes.

L’amélioration du BUT et de l’osmolarité des larmes résulterait de la diminution des

spasmes. Cette amélioration qualitative des larmes serait ensuite réduite par l’effet iatrogène

de l’hyposécrétion lacrymale relative à la toxine. On se retrouve donc dans un cercle vicieux:

les injections de toxine botulique diminuent le clignement et améliorent la qualité du film

lacrymal, puis l’hyposécrétion lacrymale secondaire aux injections réaggrave le syndrome

sec, et ainsi de suite.

Par ailleurs, nous avons aussi tenté d’évaluer l’influence, sur le syndrome sec, d’autres

paramètres tels que l’existence d’une malocclusion (complication fréquente des injections de

toxine botulique) et le nombre d’années d’évolution de la maladie. Nous avons ainsi observé

que les patients ayant une malocclusion palpébrale, secondaire à l’injection de toxine,

n’avaient pas plus d’atteinte de la surface oculaire que les autres (Tableau 9). Néanmoins, les

patients dont la pathologie évoluait depuis plus de 5 ans avaient un test de Schirmer et une

mesure de BUT significativement plus altérés que ceux dont le blépharospasme était apparu

plus récemment (Tableau 10). Le syndrome sec oculaire paraît donc s’aggraver avec le

temps et le nombre d’années d’évolution. La sécheresse oculaire dans le blépharospasme

pourrait ainsi correspondre à une altération lente et progressive de la surface oculaire.

Concernant les nerfs cornéens sous-épithéliaux, entre 2 injections, on observait

initialement une augmentation significative du nombre de ramifications puis du nombre de

branches nerveuses (Tableau 8). Ceci pourrait être du à une régénération nerveuse. La

diminution du clignement permettrait aux nerfs cornéens de se régénérer expliquant le fait

Page 63: THESE DOCTEUR EN MEDECINE CLEMENCE …doxa.u-pec.fr/theses/th0641991.pdf · Discipline : Ophtalmologie Présentée et soutenue publiquement le 8 octobre 2013 à Paris Par ... 2 Anatomie

63

que les nerfs cornéens soient moins altérés dans le blépharospasme par rapport aux patients

atteints de syndrome de Gougerot-Sjögren (cf Chapitre II). Plusieurs études ont mis en

évidence une régénération des nerfs cornéens après laser excimer (LASIK ou

Photokératectomie réfractive PKR) ou dans le diabète par exemple [19, 30, 63, 70, 103]. La

régénération nerveuse correspondait à une augmentation de la densité nerveuse et une

augmentation de la longueur des troncs et des branches. Dans notre étude, la densité des nerfs

n’augmentait pas, mais les nerfs cornéens sont très probablement beaucoup moins altérés que

chez les patients dont une partie du stroma et de l’épithélium cornéen est photo-

ablatée comme c’est le cas dans le lasik ou la PKR. La reprise des spasmes pourrait aussi

inhiber une régénération nerveuse débutante entre 2 injections de toxine botulique.

Si l’on considère que la diminution du clignement permet une régénération nerveuse, et

que les nerfs seraient beaucoup plus altérés en cas de persistance du blépharospasme, on peut

aussi supposer que ces spasmes palpébraux ont un effet délétère, de manière possiblement

mécanique, sur les nerfs cornéens. Ceci viendrait alimenter le cercle vicieux dans lequel la

surface oculaire altérée aggrave les spasmes afin de compenser un film lacrymal défaillant.

Les spasmes viendraient ainsi aggraver l’atteinte de la surface oculaire en lésant les nerfs

cornéens.

Beaucoup d’éléments viennent s’imbriquer pour expliquer le lien qui unit la genèse des

spasmes, le syndrome sec oculaire et la souffrance des nerfs cornéens. Peshori et al. ont

montré que le circuit trigéminé du clignement augmente (en durée, latence et excitabilité)

avec l’âge et notamment après 60 ans. Ceci serait expliqué par une perte de neurones

dopaminergiques de la substantia nigra liée à l’âge [31, 87]. Evinger et al. [32] ont également

montré qu’en cas de syndrome sec oculaire, les oscillations du muscle orbiculaire augmentent

à l’électromyogramme, ce qui pourrait expliquer qu’à partir d’un certains seuil, chez des

patients prédisposés, ces oscillations se transformeraient en véritables spasmes, afin de

compenser la souffrance de la surface oculaire.

Le mécanisme du blépharospasme est complexe, probablement multifactoriel et auto-

entretenu. D’autres études évaluant la corrélation entre la sensibilité cornéenne, les

symptômes, les altérations nerveuses et l’effet des injections de toxine botulique sont

nécessaires afin de mieux comprendre le blépharospasme.

Commentaire [AL3]: C’est l’inverse que ce que tu écris quelques lignes plus haut

Commentaire [AL4]: Pas très beau, c’est français cela?

Page 64: THESE DOCTEUR EN MEDECINE CLEMENCE …doxa.u-pec.fr/theses/th0641991.pdf · Discipline : Ophtalmologie Présentée et soutenue publiquement le 8 octobre 2013 à Paris Par ... 2 Anatomie

64

Acta

Ophthalmol.

2013

Tear production

and drainage

after botulinum

toxin A injection

in patients with

essential

blepharospasm.

Park et al. [80]

Arq Bras

Oftalmol. 2010

Botulinum toxin

type A influence

on the lacrimal

function of

patients with

facial dystonia

Oliveira et

al.[76]

Arq Bras

Oftalmol.

2006

Lacrimal film

evaluation of

patients with

facial dystonia

during

botulinum

toxin type A

treatment

Costa et al.[16]

Br J

Ophthalmol.

2003

Botulinum toxin

A treatment in

patients

suffering from

blepharospasm

and dry eye.

Horwath-

Winter et al.

[44]

J Clin

Neuroophthal

mol. 1993

A comparative

study of tear

secretion in

blepharospasm

and hemifacial

spasm patients

treated with

botulinum

toxin.

Price and

O'Day[86]

Nombre

de

patients

23 26 24 16 107

23

Blépharospasme

11

Blépharospasme

15 Hémispasme

facial

Blépharospasme

Hémispasme

facial

57

Blépharospasme

50 Hémispasme

facial

Délai par

rapport à

l’injection

de toxine

Avant

S2

Avant

S4

Avant

S1

S4

Avant

S1

S4

S12

Avant

S1

Test

d’évalu-

ation de

la surface

oculaire

Schirmer

-BUT ↗

-Ménisque de

larmes (OCT) ↗

-Dacryo-

scintigraphie

Tc99 ↗

-Schirmer ↘

-BUT ↗

-OSDI ↘

Clairance

lacrymale

-Rose Bengal ↗

-Schirmer ⟷

-BUT ⟷

-Schirmer ↘

puis ↗

-BUT ↗ puis ↘

-Rose Bengal ↗

puis ↘

-Empreintes

conjonctivales

-Schirmer ↘

Tableau 12: Revue des articles évaluant les différents tests de surface oculaire dans le

blépharospasme en fonction des injections de toxine botulique.

Page 65: THESE DOCTEUR EN MEDECINE CLEMENCE …doxa.u-pec.fr/theses/th0641991.pdf · Discipline : Ophtalmologie Présentée et soutenue publiquement le 8 octobre 2013 à Paris Par ... 2 Anatomie

65

CONCLUSION ET PERSPECTIVES

Le blépharospasme essentiel se caractérise par des contractions spasmodiques et

répétées du muscle orbiculaire entraînant la fermeture parfois prolongée des paupières. Une

intégration sensori-motrice erronée et une zone de contrôle cérébral centrale située au niveau

des noyaux gris centraux (boucle du circuit cortico-striato-pallido-thalamique) pourraient

jouer un rôle dans la physiopathologie du blépharospasme [112, 115]. Des stimuli d’origine

multifactorielle tels que la lumière, l'émotion, le stress et d'autres facteurs psychologiques

viendraient alimenter le cercle vicieux de cette pathologie [13, 22, 24].

La sécheresse oculaire est une maladie complexe de la surface oculaire conduisant à

une instabilité du film lacrymal [1, 6, 7]. Il est difficile de déterminer si la sécheresse oculaire

est à l’origine du blépharospasme ou si le blépharospasme cause la sécheresse oculaire [41].

Le syndrome sec chez les patients souffrants de blépharospasme, ainsi que l’atteinte des nerfs

cornéens sous-épithéliaux, sont moins importants que ceux des patients atteints de Gougerot-

Sjögren ou d’autres types de syndromes secs.

Les injections de toxine botulique réduisent de manière significative la fréquence des

clignements [3, 28]. L’amélioration des spasmes n’est cependant pas corrélée à une

amélioration des tests d’évaluation de la surface oculaire. La sécheresse oculaire s’aggrave

malgré les injections, probablement en raison d’une hyposécrétion lacrymale, et semble

s’aggraver avec le nombre d’années d’évolution du blépharospasme [44, 80, 86]. L’existence

d’une malocclusion ne semble cependant pas modifier la sécheresse oculaire. L'absence

d'amélioration du syndrome sec après traitement du blépharospasme par la toxine botulique

suggère que le blépharospasme et l'œil sec sont deux maladies relativement indépendantes.

Les nerfs cornéens sous-épithéliaux sembleraient par contre se régénérer entre deux

injections. Toxicité mécanique des spasmes ? Régénération nerveuse aidée par la diminution

des spasmes entre 2 injections ? D’autres études sont nécessaires pour analyser ces

hypothèses. Cependant, bien que la toxine botulique améliore le blépharospasme, elle ne

permet pas de restaurer une fonction lacrymale et nerveuse normale, une aggravation des

symptômes et des signes de sécheresse oculaire étant observée dans notre étude.

Page 66: THESE DOCTEUR EN MEDECINE CLEMENCE …doxa.u-pec.fr/theses/th0641991.pdf · Discipline : Ophtalmologie Présentée et soutenue publiquement le 8 octobre 2013 à Paris Par ... 2 Anatomie

66

Le lien entre souffrance de la surface oculaire et blépharospasme est encore mal

compris. Les spasmes auraient un effet mécanique sur la surface oculaire, alimentant un

cercle vicieux où l’atteinte de la surface oculaire viendrait ensuite aggraver les contractions

spasmodiques des paupières.

De nouvelles études utilisant différents types d'imagerie, tels que l’imagerie par

résonance magnétique fonctionnelle ou l’électromyogramme, tentent de mieux définir les

mécanismes du blépharospasme [32, 112, 115]. Des études physiologiques évoquent une

augmentation de la plasticité, une perte d'inhibition, une intégration sensori-motrice anormale

et une sensibilisation du trijumeau [87]. Leur relation demeure incertaine même si ces

anomalies ont été attribuées à un dysfonctionnement des noyaux gris centraux [31, 41, 43].

Le traitement des spasmes reste aussi un défi thérapeutique. Les injections de toxine

botulique sont la pierre angulaire du traitement. Les principales limites de ce traitement sont

la nécessité d'injecter environ tous les 3 mois et les effets secondaires transitoires tels que

ptosis, diplopie, malocclusion ou syndrome sec [3, 28, 44]. D'autres perspectives

thérapeutiques sont en cours d’évaluation: chirurgicales (myectomies), [39, 79] mais aussi la

stimulation cérébrale [54, 74, 83, 88, 107] ou l’injection dans le releveur de la paupière de

produits tels que la bupivacaïne, qui entraine un raccourcissement et un enraidissement

musculaire [5]. Néanmoins, le traitement ne peut être que symptomatique tant que l’origine de

cette pathologie reste inconnue [10].

Les études sur le blépharospasme nécessitent des outils de mesure validés et

spécifiques. Les échelles d'évaluation utilisées actuellement (OSDI, JRS ou BSDI) [48, 62,

94] ne permettent pas l’appréciation globale des caractéristiques motrices des spasmes, de

l’évaluation de la surface oculaire, de la qualité de vie... etc.

Quelle est l'influence génétique dans le blépharospasme et comment expliquer sa

variabilité ? Bien que toutes les dystonies focales (laryngées, cervicales, des membres…)

paraissent fortement reliées les unes aux autres, on ne sait pas encore quels gènes sont en

cause, même si des gènes codant pour la TorsinA (DYT1) et le récepteur D5 de la dopamine

(DRD5) [14, 25] ont été associés à un risqué plus élevé de dystonie focale [50]. Par ailleurs,

quelle est l’influence des facteurs environnementaux sur cette susceptibilité génétique ? L'âge

semble être davantage un facteur de risque dans le développement du blépharospasme, que les

Page 67: THESE DOCTEUR EN MEDECINE CLEMENCE …doxa.u-pec.fr/theses/th0641991.pdf · Discipline : Ophtalmologie Présentée et soutenue publiquement le 8 octobre 2013 à Paris Par ... 2 Anatomie

67

autres types de dystonie focale. La consommation de café aurait quant à elle, un rôle

protecteur dans le blépharospasme, ce qui est aussi le cas dans la maladie de Parkinson [24,

42].

Le blépharospasme est une maladie complexe, probablement plurifactorielle et

impliquant de nombreux domaines de la médecine. Ceci nous laisse encore de nombreuses

perspectives de recherche sur l’étiologie et la prise en charge de cette pathologie.

Page 68: THESE DOCTEUR EN MEDECINE CLEMENCE …doxa.u-pec.fr/theses/th0641991.pdf · Discipline : Ophtalmologie Présentée et soutenue publiquement le 8 octobre 2013 à Paris Par ... 2 Anatomie

68

REFERENCES

1. Research in dry eye: report of the Research Subcommittee of the International Dry

Eye WorkShop (2007). The ocular surface.2007: 5(2): 179-93.

2. Adenis JP. Blépharospasmes. EMC Ophtalmologie, Elsevier - Masson.2006.

3. Adenis JP ,Smolik I. [Treatment of blepharospasm: injection of botulinum toxin or

surgical treatment?]. L'Annee therapeutique et clinique en ophtalmologie.1987: 38: 207-12.

4. Adenis JP, Smolik I ,Maes S. [Treatment of facial spasm with botulin A toxin].

Journal francais d'ophtalmologie.1990: 13(5): 259-64.

5. Andrews RM, Griffiths PG, Chinnery PF ,Turnbull DM. Evaluation of bupivacaine-

induced muscle regeneration in the treatment of ptosis in patients with chronic progressive

external ophthalmoplegia and Kearns-Sayre syndrome. Eye (London, England).1999: 13 ( Pt

6): 769-72.

6. Baudouin C. The pathology of dry eye. Survey of ophthalmology.2001: 45 Suppl 2:

S211-20.

7. Baudouin C. [A new approach for better comprehension of diseases of the ocular

surface]. Journal francais d'ophtalmologie.2007: 30(3): 239-46.

8. Baudouin C, Les lentilles de contact, Société Française d'Ophtalmologie, Paris, F.

Mallet, 2009

9. Benitez-Del-Castillo JM, et al. Relation between corneal innervation with confocal

microscopy and corneal sensitivity with noncontact esthesiometry in patients with dry eye.

Investigative ophthalmology & visual science.2007: 48(1): 173-81.

Page 69: THESE DOCTEUR EN MEDECINE CLEMENCE …doxa.u-pec.fr/theses/th0641991.pdf · Discipline : Ophtalmologie Présentée et soutenue publiquement le 8 octobre 2013 à Paris Par ... 2 Anatomie

69

10. Blackburn MK, et al. FL-41 tint improves blink frequency, light sensitivity, and

functional limitations in patients with benign essential blepharospasm. Ophthalmology.2009:

116(5): 997-1001.

11. Borsook D ,Rosenthal P. Chronic (neuropathic) corneal pain and blepharospasm: five

case reports. Pain.2011: 152(10): 2427-31.

12. Bourcier T, et al. Decreased corneal sensitivity in patients with dry eye. Investigative

ophthalmology & visual science.2005: 46(7): 2341-5.

13. Broocks A, Thiel A, Angerstein D ,Dressler D. Higher prevalence of obsessive-

compulsive symptoms in patients with blepharospasm than in patients with hemifacial spasm.

The American journal of psychiatry.1998: 155(4): 555-7.

14. Clarimon J, et al. Assessing the role of DRD5 and DYT1 in two different case-control

series with primary blepharospasm. Movement disorders : official journal of the Movement

Disorder Society.2007: 22(2): 162-6.

15. Clinch TE, Benedetto DA, Felberg NT ,Laibson PR. Schirmer's test. A closer look.

Archives of ophthalmology.1983: 101(9): 1383-6.

16. Costa PG, Cardoso IP, Saraiva FP, Raiza AC, Tanaka LK ,Matayoshi S. [Lacrimal

film evaluation of patients with facial dystonia during botulinum toxin type A treatment].

Arquivos brasileiros de oftalmologia.2006: 69(3): 319-22.

17. Creuzot-Garcher C, Inflammatory Diseases of the Conjunctiva, Stuttgart, Germany, T.

Hoang Xuan, 2001

18. Creuzot-Garcher C. Examen de la sécrétion lacrymale. EMC Ophatlomologie,

Elsevier - Masson.2006.

19. Darwish T, Brahma A, Efron N ,O'Donnell C. Subbasal nerve regeneration after

LASEK measured by confocal microscopy. Journal of refractive surgery (Thorofare, N.J. :

1995).2007: 23(7): 709-15.

Page 70: THESE DOCTEUR EN MEDECINE CLEMENCE …doxa.u-pec.fr/theses/th0641991.pdf · Discipline : Ophtalmologie Présentée et soutenue publiquement le 8 octobre 2013 à Paris Par ... 2 Anatomie

70

20. Darwish T, Brahma A, O'Donnell C ,Efron N. Subbasal nerve fiber regeneration after

LASIK and LASEK assessed by noncontact esthesiometry and in vivo confocal microscopy:

prospective study. Journal of cataract and refractive surgery.2007: 33(9): 1515-21.

21. De Paiva CS ,Pflugfelder SC. Corneal epitheliopathy of dry eye induces hyperesthesia

to mechanical air jet stimulation. American journal of ophthalmology.2004: 137(1): 109-15.

22. Defazio G, et al. Environmental risk factors and clinical phenotype in familial and

sporadic primary blepharospasm. Neurology.2011: 77(7): 631-7.

23. Defazio G, et al. Risk factors for spread of primary adult onset blepharospasm: a

multicentre investigation of the Italian movement disorders study group. Journal of

neurology, neurosurgery, and psychiatry.1999: 67(5): 613-9.

24. Defazio G, et al. Influence of coffee drinking and cigarette smoking on the risk of

primary late onset blepharospasm: evidence from a multicentre case control study. Journal of

neurology, neurosurgery, and psychiatry.2007: 78(8): 877-9.

25. Defazio G, et al. A family study on primary blepharospasm. Journal of neurology,

neurosurgery, and psychiatry.2006: 77(2): 252-4.

26. Dressler D. Five-year experience with incobotulinumtoxinA (Xeomin((R)) ): the first

botulinum toxin drug free of complexing proteins. European journal of neurology : the

official journal of the European Federation of Neurological Societies.2012: 19(3): 385-9.

27. Elston J ,Lee J. Clinical use of botulinum toxin. Lancet.1988: 2(8620): 1139.

28. Elston JS. Long-term results of treatment of idiopathic blepharospasm with botulinum

toxin injections. The British journal of ophthalmology.1987: 71(9): 664-8.

29. Erdelyi B, Kraak R, Zhivov A, Guthoff R ,Nemeth J. In vivo confocal laser scanning

microscopy of the cornea in dry eye. Graefe's archive for clinical and experimental

Page 71: THESE DOCTEUR EN MEDECINE CLEMENCE …doxa.u-pec.fr/theses/th0641991.pdf · Discipline : Ophtalmologie Présentée et soutenue publiquement le 8 octobre 2013 à Paris Par ... 2 Anatomie

71

ophthalmology = Albrecht von Graefes Archiv fur klinische und experimentelle

Ophthalmologie.2007: 245(1): 39-44.

30. Erie JC, McLaren JW, Hodge DO ,Bourne WM. Recovery of corneal subbasal nerve

density after PRK and LASIK. American journal of ophthalmology.2005: 140(6): 1059-1064.

31. Etgen T, Muhlau M, Gaser C ,Sander D. Bilateral grey-matter increase in the putamen

in primary blepharospasm. Journal of neurology, neurosurgery, and psychiatry.2006: 77(9):

1017-20.

32. Evinger C, et al. Dry eye, blinking, and blepharospasm. Movement disorders : official

journal of the Movement Disorder Society.2002: 17 Suppl 2: S75-8.

33. Evinger C, Manning KA ,Sibony PA. Eyelid movements. Mechanisms and normal

data. Investigative ophthalmology & visual science.1991: 32(2): 387-400.

34. Farrell J, Grierson DJ, Patel S ,Sturrock RD. A classification for dry eyes following

comparison of tear thinning time with Schirmer tear test. Acta Ophthalmol (Copenh).1992:

70(3): 357-60.

35. Foulks GN. The correlation between the tear film lipid layer and dry eye disease.

Survey of ophthalmology.2007: 52(4): 369-74.

36. Frevert J. Content of botulinum neurotoxin in Botox(R)/Vistabel(R),

Dysport(R)/Azzalure(R), and Xeomin(R)/Bocouture(R). Drugs in R&D.2010: 10(2): 67-73.

37. Frueh BR ,Musch DC. Levator force generation in normal subjects. Transactions of

the American Ophthalmological Society.1990: 88: 109-19; discussion 120-1.

38. George JL, Maalouf, T., Pecheur, C. Physiologie des mouvements palpébraux. EMC

Ophtalmologie, Elsevier - Masson.2007.

Page 72: THESE DOCTEUR EN MEDECINE CLEMENCE …doxa.u-pec.fr/theses/th0641991.pdf · Discipline : Ophtalmologie Présentée et soutenue publiquement le 8 octobre 2013 à Paris Par ... 2 Anatomie

72

39. Georgescu D, Vagefi MR, McMullan TF, McCann JD ,Anderson RL. Upper eyelid

myectomy in blepharospasm with associated apraxia of lid opening. American journal of

ophthalmology.2008: 145(3): 541-547.

40. Gray H. Henry Gray's Anatomy of the Human Body.1858.

41. Hallett M, Evinger C, Jankovic J ,Stacy M. Update on blepharospasm: report from the

BEBRF International Workshop. Neurology.2008: 71(16): 1275-82.

42. Hancock DB, et al. Smoking, caffeine, and nonsteroidal anti-inflammatory drugs in

families with Parkinson disease. Archives of neurology.2007: 64(4): 576-80.

43. Horovitz SG, Ford A, Najee-Ullah MA, Ostuni JL ,Hallett M. Anatomical correlates

of blepharospasm. Translational neurodegeneration.2012: 1(1): 12.

44. Horwath-Winter J, Bergloeff J, Floegel I, Haller-Schober EM ,Schmut O. Botulinum

toxin A treatment in patients suffering from blepharospasm and dry eye. The British journal

of ophthalmology.2003: 87(1): 54-6.

45. Hosal BM, Ornek N, Zilelioglu G ,Elhan AH. Morphology of corneal nerves and

corneal sensation in dry eye: a preliminary study. Eye (London, England).2005: 19(12): 1276-

9.

46. Hotson JR ,Boman DR. Memory-contingent saccades and the substantia nigra

postulate for essential blepharospasm. Brain : a journal of neurology.1991: 114 ( Pt 1A): 295-

307.

47. Jalbert I, Stapleton F, Papas E, Sweeney DF ,Coroneo M. In vivo confocal microscopy

of the human cornea. Br J Ophthalmol.2003: 87(2): 225-36.

48. Jankovic J, Kenney C, Grafe S, Goertelmeyer R ,Comes G. Relationship between

various clinical outcome assessments in patients with blepharospasm. Movement disorders :

official journal of the Movement Disorder Society.2009: 24(3): 407-13.

Page 73: THESE DOCTEUR EN MEDECINE CLEMENCE …doxa.u-pec.fr/theses/th0641991.pdf · Discipline : Ophtalmologie Présentée et soutenue publiquement le 8 octobre 2013 à Paris Par ... 2 Anatomie

73

49. Jankovic J ,Orman J. Botulinum A toxin for cranial-cervical dystonia: a double-blind,

placebo-controlled study. Neurology.1987: 37(4): 616-23.

50. Jinnah HA, et al. The focal dystonias: Current views and challenges for future

research. Movement disorders : official journal of the Movement Disorder Society.2013:

28(7): 926-43.

51. Jost WH, Blumel J ,Grafe S. Botulinum neurotoxin type A free of complexing proteins

(XEOMIN) in focal dystonia. Drugs.2007: 67(5): 669-83.

52. Kamina P. Anatomie tête et cou. Editions Maloine Elsevier.1996: Tome 2.

53. Kantelip B ,Creuzot-Garcher C, Inflammation chronique de la conjonctive, Marseille,

T. Hoang Xuan, 1998

54. Kiss ZH, Doig-Beyaert K, Eliasziw M, Tsui J, Haffenden A ,Suchowersky O. The

Canadian multicentre study of deep brain stimulation for cervical dystonia. Brain : a journal

of neurology.2007: 130(Pt 11): 2879-86.

55. Labbe A, Alalwani H, Van Went C, Brasnu E, Georgescu D ,Baudouin C. The

relationship between subbasal nerve morphology and corneal sensation in ocular surface

disease. Investigative ophthalmology & visual science.2012: 53(8): 4926-31.

56. Labbe A, Brignole-Baudouin F ,Baudouin C. [Ocular surface investigations in dry

eye]. Journal francais d'ophtalmologie.2007: 30(1): 76-97.

57. Labbe A, Dupas B, Hamard P ,Baudouin C. In vivo confocal microscopy study of

blebs after filtering surgery. Ophthalmology.2005: 112(11): 1979.

58. Labbe A, Dupas B, Offret H, Baudouin C ,Labetoulle M. Evaluation of keratic

precipitates and corneal endothelium in Fuchs' heterochromic cyclitis by in vivo confocal

microscopy. Br J Ophthalmol.2009: 93(5): 673-7.

Page 74: THESE DOCTEUR EN MEDECINE CLEMENCE …doxa.u-pec.fr/theses/th0641991.pdf · Discipline : Ophtalmologie Présentée et soutenue publiquement le 8 octobre 2013 à Paris Par ... 2 Anatomie

74

59. Labbe A, et al. Corneal nerve structure and function in patients with non-sjogren dry

eye: clinical correlations. Investigative ophthalmology & visual science.2013: 54(8): 5144-50.

60. Labbe A, Niaudet P, Loirat C, Charbit M, Guest G ,Baudouin C. In vivo confocal

microscopy and anterior segment optical coherence tomography analysis of the cornea in

nephropathic cystinosis. Ophthalmology.2009: 116(5): 870-6.

61. Labbe A, Nicola RD, Dupas B, Auclin F ,Baudouin C. Epithelial basement membrane

dystrophy: evaluation with the HRT II Rostock Cornea Module. Ophthalmology.2006:

113(8): 1301-8.

62. Lee RM, Chowdhury HR, Hyer JN, Smith HB ,Jones CA. Patient-reported benefit

from botulinum toxin treatment for essential blepharospasm: using 2 assessment scales.

Ophthalmic plastic and reconstructive surgery.2013: 29(3): 196-7.

63. Lee SJ, Kim JK, Seo KY, Kim EK ,Lee HK. Comparison of corneal nerve

regeneration and sensitivity between LASIK and laser epithelial keratomileusis (LASEK).

American journal of ophthalmology.2006: 141(6): 1009-1015.

64. Lemp MA, et al. Tear osmolarity in the diagnosis and management of dry eye disease.

American journal of ophthalmology.2011: 151(5): 792-798.e1.

65. Lynch PJ, Jaffe, C.C. Course of the facial nerve. Center for advanced instructional

media medical illustrations 1987-2000: Multimedia teaching projects ( Yale University Scholl

of Medicine).

66. Majo F, Rochat A, Nicolas M, Jaoude GA ,Barrandon Y. Oligopotent stem cells are

distributed throughout the mammalian ocular surface. Nature.2008: 456(7219): 250-4.

67. Marfurt CF, Cox J, Deek S ,Dvorscak L. Anatomy of the human corneal innervation.

Experimental eye research.2010: 90(4): 478-92.

Page 75: THESE DOCTEUR EN MEDECINE CLEMENCE …doxa.u-pec.fr/theses/th0641991.pdf · Discipline : Ophtalmologie Présentée et soutenue publiquement le 8 octobre 2013 à Paris Par ... 2 Anatomie

75

68. Martino D, et al. Relationship between eye symptoms and blepharospasm: a

multicenter case-control study. Movement disorders : official journal of the Movement

Disorder Society.2005: 20(12): 1564-70.

69. Martino D, et al. Cortical gray matter changes in primary blepharospasm: a voxel-

based morphometry study. Movement disorders : official journal of the Movement Disorder

Society.2011: 26(10): 1907-12.

70. Mehra S, et al. Corneal confocal microscopy detects early nerve regeneration after

pancreas transplantation in patients with type 1 diabetes. Diabetes care.2007: 30(10): 2608-

12.

71. Meijering E, Jacob M, Sarria JC, Steiner P, Hirling H ,Unser M. Design and validation

of a tool for neurite tracing and analysis in fluorescence microscopy images. Cytometry. Part

A : the journal of the International Society for Analytical Cytology.2004: 58(2): 167-76.

72. Midena E, Cortese M, Miotto S, Gambato C, Cavarzeran F ,Ghirlando A. Confocal

microscopy of corneal sub-basal nerve plexus: a quantitative and qualitative analysis in

healthy and pathologic eyes. Journal of refractive surgery (Thorofare, N.J. : 1995).2009: 25(1

Suppl): S125-30.

73. Minsky M. Memoir on inventing the scanning microscope. Scanning.1988: 10: 128-

138.

74. Moro E, Gross RE ,Krauss JK. What's new in surgical treatment for dystonia?

Movement disorders : official journal of the Movement Disorder Society.2013: 28(7): 1013-

20.

75. Muller LJ, Marfurt CF, Kruse F ,Tervo TM. Corneal nerves: structure, contents and

function. Experimental eye research.2003: 76(5): 521-42.

76. Oliveira FC, Oliveira GC, Cariello AJ, Felberg S ,Osaki MH. [Botulinum toxin type A

influence on the lacrimal function of patients with facial dystonia]. Arquivos brasileiros de

oftalmologia.2010: 73(5): 405-8.

Page 76: THESE DOCTEUR EN MEDECINE CLEMENCE …doxa.u-pec.fr/theses/th0641991.pdf · Discipline : Ophtalmologie Présentée et soutenue publiquement le 8 octobre 2013 à Paris Par ... 2 Anatomie

76

77. Oliveira-Soto L ,Efron N. Morphology of corneal nerves using confocal microscopy.

Cornea.2001: 20(4): 374-84.

78. Olver J. Anatomie et physiologie du système lacrymal. EMC : ophtalmologie, Elsevier

- Masson.2006.

79. Pariseau B, Worley MW ,Anderson RL. Myectomy for blepharospasm 2013. Current

opinion in ophthalmology.2013: 24(5): 488-93.

80. Park DI, Shin HM, Lee SY ,Lew H. Tear production and drainage after botulinum

toxin A injection in patients with essential blepharospasm. Acta ophthalmologica.2013: 91(2):

e108-12.

81. Patel DV ,McGhee CN. In vivo confocal microscopy of human corneal nerves in

health, in ocular and systemic disease, and following corneal surgery: a review. The British

journal of ophthalmology.2009: 93(7): 853-60.

82. Patel S, McLaren J, Hodge D ,Bourne W. Normal human keratocyte density and

corneal thickness measurement by using confocal microscopy in vivo. Invest Ophthalmol Vis

Sci.2001: 42(2): 333-9.

83. Perlmutter JS ,Mink JW. Deep brain stimulation. Annual review of

neuroscience.2006: 29: 229-57.

84. Pflugfelder SC. Tear dysfunction and the cornea: LXVIII Edward Jackson Memorial

Lecture. American journal of ophthalmology.2011: 152(6): 900-909.e1.

85. Popko J, Fernandes A, Brites D ,Lanier LM. Automated analysis of NeuronJ tracing

data. Cytometry. Part A : the journal of the International Society for Analytical

Cytology.2009: 75(4): 371-6.

Page 77: THESE DOCTEUR EN MEDECINE CLEMENCE …doxa.u-pec.fr/theses/th0641991.pdf · Discipline : Ophtalmologie Présentée et soutenue publiquement le 8 octobre 2013 à Paris Par ... 2 Anatomie

77

86. Price J ,O'Day J. A comparative study of tear secretion in blepharospasm and

hemifacial spasm patients treated with botulinum toxin. Journal of clinical neuro-

ophthalmology.1993: 13(1): 67-71.

87. Quartarone A, et al. Enhanced long-term potentiation-like plasticity of the trigeminal

blink reflex circuit in blepharospasm. The Journal of neuroscience : the official journal of the

Society for Neuroscience.2006: 26(2): 716-21.

88. Reese R, et al. Long-term clinical outcome in meige syndrome treated with internal

pallidum deep brain stimulation. Movement disorders : official journal of the Movement

Disorder Society.2011: 26(4): 691-8.

89. Renard G. La cornée. Atlas en ophtalmologie.2001: Elsevier - Masson.

90. Renard G. Les lentilles de contact. Société Francaise d'Ophtalmologie.2009: Elsevier -

Masson.

91. Roggenkamper P, Jost WH, Bihari K, Comes G ,Grafe S. Efficacy and safety of a new

Botulinum Toxin Type A free of complexing proteins in the treatment of blepharospasm.

Journal of neural transmission (Vienna, Austria : 1996).2006: 113(3): 303-12.

92. Roggenkamper P ,Nussgens Z. Frontalis suspension for essential blepharospasm

unresponsive to botulinum toxin therapy. First results. German journal of

ophthalmology.1993: 2(6): 426-8.

93. Schermer A, Galvin S ,Sun TT. Differentiation-related expression of a major 64K

corneal keratin in vivo and in culture suggests limbal location of corneal epithelial stem cells.

The Journal of cell biology.1986: 103(1): 49-62.

94. Schiffman RM, Christianson MD, Jacobsen G, Hirsch JD ,Reis BL. Reliability and

validity of the Ocular Surface Disease Index. Archives of ophthalmology.2000: 118(5): 615-

21.

Page 78: THESE DOCTEUR EN MEDECINE CLEMENCE …doxa.u-pec.fr/theses/th0641991.pdf · Discipline : Ophtalmologie Présentée et soutenue publiquement le 8 octobre 2013 à Paris Par ... 2 Anatomie

78

95. Scott AB, Kennedy RA ,Stubbs HA. Botulinum A toxin injection as a treatment for

blepharospasm. Archives of ophthalmology.1985: 103(3): 347-50.

96. Siatkowski RM, et al. Serum antibody production to botulinum A toxin.

Ophthalmology.1993: 100(12): 1861-6.

97. Smadja D. Anatomie des voies sympathiques et parasympathiques oculaires. Encycl.

Méd. Chir. : Ophtalmologie.1988: 21007(A50): 4.

98. Sonigo B, et al. In vivo corneal confocal microscopy comparison of intralase

femtosecond laser and mechanical microkeratome for laser in situ keratomileusis.

Investigative ophthalmology & visual science.2006: 47(7): 2803-11.

99. Stave J, Zinser G, Grummer G ,Guthoff R. [Modified Heidelberg Retinal Tomograph

HRT. Initial results of in vivo presentation of corneal structures]. Ophthalmologe.2002: 99(4):

276-80.

100. Suzuki Y, Kiyosawa M, Wakakura M, Mochizuki M ,Ishii K. Gray matter density

increase in the primary sensorimotor cortex in long-term essential blepharospasm.

NeuroImage.2011: 56(1): 1-7.

101. Tapiero B, Robert PY, Adenis JP ,Riss I. [Use of botulinum toxin in ophthalmology:

current concepts and problems]. Journal francais d'ophtalmologie.1997: 20(2): 134-45.

102. Tavakoli M ,Malik RA. Corneal confocal microscopy: a novel non-invasive technique

to quantify small fibre pathology in peripheral neuropathies. Journal of visualized

experiments : JoVE.2011(47).

103. Tavakoli M, et al. Corneal confocal microscopy detects early nerve regeneration in

diabetic neuropathy after simultaneous pancreas and kidney transplantation. Diabetes.2013:

62(1): 254-60.

Page 79: THESE DOCTEUR EN MEDECINE CLEMENCE …doxa.u-pec.fr/theses/th0641991.pdf · Discipline : Ophtalmologie Présentée et soutenue publiquement le 8 octobre 2013 à Paris Par ... 2 Anatomie

79

104. Tuisku IS, Konttinen YT, Konttinen LM ,Tervo TM. Alterations in corneal sensitivity

and nerve morphology in patients with primary Sjogren's syndrome. Experimental eye

research.2008: 86(6): 879-85.

105. Tuominen IS, Konttinen YT, Vesaluoma MH, Moilanen JA, Helinto M ,Tervo TM.

Corneal innervation and morphology in primary Sjogren's syndrome. Investigative

ophthalmology & visual science.2003: 44(6): 2545-9.

106. Victoria AC ,Pino A. Botulinum toxin type a and its uses in dry eye disease. Plastic

and reconstructive surgery.2012: 130(1): 209e-210e.

107. Vidailhet M, Jutras MF, Grabli D ,Roze E. Deep brain stimulation for dystonia.

Journal of neurology, neurosurgery, and psychiatry.2013: 84(9): 1029-42.

108. Villani E, Galimberti D, Viola F, Mapelli C ,Ratiglia R. The cornea in Sjogren's

syndrome: an in vivo confocal study. Investigative ophthalmology & visual science.2007:

48(5): 2017-22.

109. Vitali C, et al. Classification criteria for Sjogren's syndrome: a revised version of the

European criteria proposed by the American-European Consensus Group. Annals of the

rheumatic diseases.2002: 61(6): 554-8.

110. Wojno T, Campbell P ,Wright J. Orbicularis muscle pathology after botulinum toxin

injection. Ophthalmic plastic and reconstructive surgery.1986: 2(2): 71-4.

111. Xu KP, Yagi Y ,Tsubota K. Decrease in corneal sensitivity and change in tear function

in dry eye. Cornea.1996: 15(3): 235-9.

112. Yang J, et al. Altered regional spontaneous neuronal activity in blepharospasm: a

resting state fMRI study. Journal of neurology.2013.

113. Yuzuriha S, Matsuo K, Ishigaki Y, Kikuchi N, Kawagishi K ,Moriizumi T. Efferent

and afferent innervations of Mueller's muscle related to involuntary contraction of the levator

Page 80: THESE DOCTEUR EN MEDECINE CLEMENCE …doxa.u-pec.fr/theses/th0641991.pdf · Discipline : Ophtalmologie Présentée et soutenue publiquement le 8 octobre 2013 à Paris Par ... 2 Anatomie

80

muscle: important for avoiding injury during eyelid surgery. British journal of plastic

surgery.2005: 58(1): 42-52.

114. Zhang M, Chen J, Luo L, Xiao Q, Sun M ,Liu Z. Altered corneal nerves in aqueous

tear deficiency viewed by in vivo confocal microscopy. Cornea.2005: 24(7): 818-24.

115. Zhou B, Wang J, Huang Y, Yang Y, Gong Q ,Zhou D. A resting state functional

magnetic resonance imaging study of patients with benign essential blepharospasm. Journal

of neuro-ophthalmology : the official journal of the North American Neuro-Ophthalmology

Society.2013: 33(3): 235-40.

Page 81: THESE DOCTEUR EN MEDECINE CLEMENCE …doxa.u-pec.fr/theses/th0641991.pdf · Discipline : Ophtalmologie Présentée et soutenue publiquement le 8 octobre 2013 à Paris Par ... 2 Anatomie

81

ANNEE : 2013

NOM ET PRENOM DE L’AUTEUR : VIREVIALLE Clémence

PRESIDENT DE THESE : Professeur Jean-Philippe NORDMANN

DIRECTEUR DE THESE : Docteur Antoine LABBE

TITRE DE LA THESE : EVALUATION CLINIQUE DE LA SURFACE OCULAIRE ET ANALYSE

MORPHOLOGIQUE DES NERFS CORNEENS SOUS EPITHELIAUX DANS LE BLEPHAROSPASME

Résumé: Introduction: Le but de cette étude était d'évaluer la morphologie des plexus

nerveux cornéens sous-épithéliaux en microscopie confocale in vivo (MCIV) chez les

patients atteints de sécheresse oculaire associée à un blépharospasme et leur modification

entre 2 injections de toxine botulique dans le cadre du traitement du blépharospasme.

Patients et méthodes: Dix sept patients présentant une sécheresse oculaire non liée à

syndrome de Gougerot-Sjögren (NGS), 8 patients avec un syndrome de Gougerot-Sjögren

(GS), 13 patients présentant une sécheresse oculaire associée à un blépharospasme et 8

témoins indemnes de pathologies de la surface oculaire ont été inclus dans cette étude.

L’ensemble des patients ont bénéficiés d’un examen complet de la surface oculaire incluant,

un questionnaire de symptômes Ocular Surface Disease Index (OSDI), une mesure du temps

de rupture du film lacrymal (BUT), un test de Schirmer, un test de Jones une mesure de

l’osmolarité du film lacrymal et une analyse des plexus nerveux sous-épithéliaux en MCIV.

La densité et le nombre de nerfs cornéens sous-épithéliaux, leur nombre de branches, de

ramifications et leur tortuosité ainsi que la densité en cellules inflammatoires ont été

analysés en MCIV au centre de la cornée pour tous les sujets. Ces mesures ont été répétées

2 semaines (S2), 4-6 semaines (S4-6), 3 mois (S12) après injection de toxine botulique.

Résultats: L’évaluation de la surface oculaire retrouvait une diminution significative du test

de Schirmer et du BUT dans les 3 groupes de patients présentant une sécheresse oculaire.

L'osmolarité du film lacrymal était significativement plus élevée chez les patients des

groupes NGS et GS par rapport aux sujets normaux. Par contre, il n’existait pas de

différence significative entre l’osmolarité des témoins et celle des patients atteints de

blépharospasme. En MCIV, on retrouvait une diminution significative de la densité des nerfs

cornéens, du nombre de nerfs et du nombre de branches nerveuses dans les 3 groupes de

patients présentant une sécheresse oculaire. Les patients atteints de blépharospasme

présentaient une densité de nerfs cornéens sous-épithéliaux significativement plus

importante que les patients des groupes GS et NGS. La densité en cellules inflammatoires

dendritiques au voisinage des nerfs cornéens était significativement plus faible dans le

groupe blépharospasme par rapport aux groupes GS et NGS.

Entre 2 injections, les tests de Schirmer et de Jones augmentaient significativement entre S4-

6 et S12 alors que le BUT diminuaient significativement. L’OSDI et l’osmolarité ne

montraient pas de différences significatives. En ce qui concerne les nerfs cornéens en MCIV,

on observait une augmentation significative du nombre de branches et de ramifications à S2

et S4-6. Les autres paramètres ne mettaient pas en évidence de différences significatives.

Conclusion: Les patients atteints de sécheresse oculaire associée à un blépharospasme

présentent des modifications significatives des nerfs cornéens sous-épithéliaux. Ces

altérations morphologiques sont cependant plus modérées que dans les autres types de

sécheresse oculaire et vont se modifier entre 2 injections de toxine botulique. Ces résultats

offrent de nouvelles hypothèses pour la physiopathogénie du blépharospasme.

MOTS-CLES: - dry eye syndromes

- blepharospasm

- botulinum toxins

- confocal microscopy