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©R.Nicolas-Nelson/Armée de l’air ©R.Nicolas-Nelson/Armée de l’air Ci-contre, le major Dominique travaille sur le logiciel de création d’architecture SIC. Au-dessus, gros plan sur ces schémas colorés. Texte : Asp Julie Beck Photos : Sirpa air Du virtuel au réel Chammal, Barkhane, Sangaris aucune de ces opérations ne pourraient se dérouler sans des systèmes d’information et de communications (SIC) performants. En coulisses, une poignée d’architectes SIC prépare minutieusement ces installations. Rencontre. I ls ne sont ni commandos grimés, ni pilotes de chasse… Et pourtant ils occupent une place fondamentale dans les missions opérationnelles de l’armée de l’air. À l’ère du web 2.0 et des réseaux sociaux, les « SIC men », spécialistes des systèmes d’information et de communications (SIC), mettent en œuvrent des outils indispen- sables aux opérations aériennes. Tous les jours, que ce soit en Jordanie pour l’opé- ration Chammal ou dans la bande sahélo- saharienne pour Barkhane, les aviateurs uti- lisent des SIC. Ces spécialistes de l’armée de l’air interviennent dans l’ensemble des phases de planification et de projection des forces avec un seul objectif : assurer le fonc- tionnement des liaisons de commandement et des systèmes d’information nécessaires à la conduite des opérations aériennes. Ils bâtissent quotidiennement des architectures SIC, capables de répondre aux besoins des chefs militaires. Derrière les schémas colorés agrémentés de pictogrammes en tout genre se cache un travail titanesque. Actuellement affecté à l’antenne « pro- jection SIC » de la brigade aérienne d’ap- pui à la manœuvre aérienne (BAAMA) sur la base aérienne 105 d’Évreux, le major Dominique fait partie de ces architectes atypiques. « J’ai commencé ma carrière en 1975 à Saintes et, avec le temps, j’ai gravi les échelons », confie cet authentique pas- sionné. Outre sa progression linéaire, son parcours épouse l’évolution technologique de la spécialité. Dominique débute sa car- rière en tant que mécanicien radio-sol sur la base aérienne 107 de Villacou- blay. Il y reste 9 ans, avant d’être muté à Istres au sein d’un centre radio des forces aériennes stratégiques. En 1997, une mutation sur la base aérienne d’Or- léans au groupement de transmissions (GT) SIC, marque un tournant dans sa carrière. À l’époque, le GT a une vocation filaire (réseaux et téléphonie). Un grand projet de développement des systèmes de projection voit le jour sur la base. « À ce moment, nous étions au début du dévelop- pement d’Internet, nous devions faire évo- luer nos méthodes de travail pour s’adap- ter aux nouvelles technologies. » En moins de quatre ans, une division « déploiement des réseaux » voit le jour, armée par 200 personnes. La tête plongée dans les télé- communications, Dominique est affecté au bureau « opérations », l’équivalent de l’actuelle antenne « projection SIC » de la BAAMA. « À ce moment-là, j’ai eu l’op- portunité d’effectuer un certain nombre de séjours à l’étranger. Je me souviens de mon détachement à Kinshasa au Congo en 2006, j’intervenais en ouverture de théâtre dans le cadre de l’EUFOR (Euro- pean Union Force). Une mission à la fois intense, où tout était à faire. C’était très enrichissant. » Actuellement affecté à Évreux, le rôle principal du major consiste à transformer les besoins capacitaires en architectures. Ces spécialistes définissent des archi- tectures SIC à la fois pour les opérations extérieures, les missions intérieures, en particulier les dispositifs particuliers de sûreté aérienne (DPSA), et les exercices nationaux et internationaux. 54 55 Air actualités n°681 mai 2015 Air actualités n°681 mai 2015

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Ci-contre, le major Dominique

travaille sur le logiciel de création

d’architecture SIC. Au-dessus, gros

plan sur ces schémas colorés.

Texte : Asp Julie Beck

Photos : Sirpa air

Du virtuel au réelChammal, Barkhane, Sangaris…

aucune de ces opérations ne pourraient se dérouler sans des systèmes d’information et de communications (SIC) performants. En coulisses,

une poignée d’architectes SIC prépare minutieusement ces

installations. Rencontre.

I ls ne sont ni commandos grimés, ni pilotes de chasse… Et pourtant ils

occupent une place fondamentale dans les missions opérationnelles de l’armée de l’air. À l’ère du web 2.0 et des réseaux sociaux, les « SIC men », spécialistes des systèmes d’information et de communications (SIC), mettent en œuvrent des outils indispen-sables aux opérations aériennes. Tous les jours, que ce soit en Jordanie pour l’opé-ration Chammal ou dans la bande sahélo-saharienne pour Barkhane, les aviateurs uti-lisent des SIC. Ces spécialistes de l’armée de l’air interviennent dans l’ensemble des phases de planification et de projection des forces avec un seul objectif : assurer le fonc-tionnement des liaisons de commandement et des systèmes d’information nécessaires à la conduite des opérations aériennes. Ils bâtissent quotidiennement des architectures

SIC, capables de répondre aux besoins des chefs militaires. Derrière les schémas colorés agrémentés de pictogrammes en tout genre se cache un travail titanesque.

Actuellement affecté à l’antenne « pro-jection SIC » de la brigade aérienne d’ap-pui à la manœuvre aérienne (BAAMA) sur la base aérienne 105 d’Évreux, le major Dominique fait partie de ces architectes atypiques. « J’ai commencé ma carrière en 1975 à Saintes et, avec le temps, j’ai gravi

les échelons », confie cet authentique pas-sionné. Outre sa progression linéaire, son parcours épouse l’évolution technologique de la spécialité. Dominique débute sa car-rière en tant que mécanicien radio-sol sur la base aérienne 107 de Villacou-blay. Il y reste 9 ans, avant d’être muté à Istres au sein d’un centre radio des forces aériennes stratégiques. En 1997, une mutation sur la base aérienne d’Or-léans au groupement de transmissions

(GT) SIC, marque un tournant dans sa carrière. À l’époque, le GT a une vocation filaire (réseaux et téléphonie). Un grand projet de développement des systèmes de projection voit le jour sur la base. « À ce moment, nous étions au début du dévelop-pement d’Internet, nous devions faire évo-luer nos méthodes de travail pour s’adap-ter aux nouvelles technologies. » En moins de quatre ans, une division « déploiement des réseaux » voit le jour, armée par 200

personnes. La tête plongée dans les télé-communications, Dominique est affecté au bureau « opérations », l’équivalent de l’actuelle antenne « projection SIC » de la BAAMA. « À ce moment-là, j’ai eu l’op-portunité d’effectuer un certain nombre de séjours à l’étranger. Je me souviens de mon détachement à Kinshasa au Congo en 2006, j’ intervenais en ouverture de théâtre dans le cadre de l’EUFOR (Euro-pean Union Force). Une mission à la fois

intense, où tout était à faire. C’était très enrichissant. » Actuellement affecté à Évreux, le rôle principal du major consiste à transformer les besoins capacitaires en architectures.

Ces spécialistes définissent des archi-tectures SIC à la fois pour les opérations extérieures, les missions intérieures, en particulier les dispositifs particuliers de sûreté aérienne (DPSA), et les exercices nationaux et internationaux.

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Garant de la transmission de l’information

Une grande faculté d’adaptation

Comment devenir concepteur et manager des systèmes d’information ?Les conditions à réunir

- être de nationalité française ;- être âgé (e) de moins de 24 ans au moment du

dépôt de candidature et de moins de 25 ans au moment de la signature du contrat d’engagement ;

- être titulaire d’un baccalauréat général, technologique ou professionnel ;

- réussir les tests de sélection et satisfaire aux normes médicales de la spécialité.

Formation

- 16 semaines de formation militaire à l’école de formation des sous-officiers de l’armée de l’air de Rochefort ;

- 27 semaines de stage de qualification élémentaire ;- cette formation initiale est suivie d’une

phase d’application en unité, sous la forme d’un parrainage de 6 mois.

Que fait ce spécialiste ?

- concevoir et mettre en œuvre des systèmes d’information (applications client/serveur, applications spécifiques…) ;

- assurer la maintenance logicielle corrective et évolutive ;

- administrer et sécuriser bases de données, sites web (création, animation), applications… ;

- garantir une assistance technique et fonctionnelle aux utilisateurs.

Page de gauche, le major Dominique présente

son projet d’architecture SIC, pendant d’une

réunion de travail à Évreux.

Page de droite, des techniciens en OPEX étendent

le maillage des télécommunications militaires.

Le travail collectif est à son apogée.

Quand il s’agit de déployer des moyens aériens sur un théâtre, l’antenne « projec-tion SIC » de la BAAMA est mandatée par le centre de planification et de conduite des opérations (CPCO) par le biais de l’état-major opérationnel de l’armée de l’air (EMO Air).

« L’EMO Air nous fournit un cahier des charges très précis, témoigne Dominique. Nous disposons alors des éléments sur la nature de la structure à ériger (une base aérienne projetée par exemple) ainsi que sur les capacités devant être déployées ». Partant

de ces éléments et souvent dans un délai très réduit, les architectes réalisent une esquisse du projet sous forme de plans, tout en col-lectant les besoins de chaque acteur. « Dans la mesure du possible, nous participons à la reconnaissance du terrain pour évaluer chaque élément, détaille le sous-officier. Nous imbriquons une série de matériels comme les réseaux satellitaires, les réseaux informatiques sécurisés, la téléphonie claire et sécurisée, les moyens de détection et communications par radio ainsi que les élongations par faisceaux hertziens. Notre projet réalisé, il est soumis à la validation technique de la direction inte-rarmées des réseaux d’infrastructure et des systèmes d’information (DIRISI). » Lorsque les délais de déploiement le permettent, une mise en condition opérationnelle (MECO)

est réalisée. Cela consiste à tester l’ensemble des équipements, en atelier, étapes certes invisibles mais déterminantes pour la réus-site du déploiement. « Il est important que tout soit prêt pour le jour-J », souligne le major. En ce qui concerne les exercices natio-naux, l’unique commanditaire sera le com-mandement de la défense aérienne et des opérations aériennes (CDAOA). « Même si les exercices sont souvent les mêmes, les tech-nologies évoluent, estime le major. Ce qui est valable aujourd’hui dans le monde civil n’est pas toujours transposable dans le milieu

militaire à cause des barrières sécuritaires l’adaptation est le quotidien du militaire. »

Plus que jamais ces experts sont les garants de la transmission des infor-mations. « Nous sommes, un intermé-diaire majeur entre les donneurs d’ordres et ceux qui réalisent physiquement nos architectures », ajoute le sous-officier. En plus de traduire les besoins en systèmes d’information, le rôle de ces spécialistes consiste à trouver des pistes d’améliora-tion, optimiser les performances tout en respectant la sécurité des réseaux. « Nos architectures ne sont jamais figées, elles évoluent sans cesse sur le terrain, témoigne Dominique. Nous devons veiller lors de la construction de l’architecture aux normes de sécurité, notamment liées aux conditions

d’accès. Les informations qui transitent sont de nature très différentes, aucune faille n’est tolérée. »

Impliquant une vision synthétique et globale des SI, cette fonction requiert aussi une excellente connaissance du fonction-nement de l’armée de l’air et d’une manière générale du ministère de la Défense. « C’est un métier qui s’apprend, confie le major. Le cursus idéal serait de venir d’une unité de projection tactique avant d’être affecté ici. De plus, nous suivons de près l’évolu-tion très rapide du matériel et des techno-logies. C’est un métier enivrant, surtout lorsque nous partons sur des ouvertures de théâtre. Nous sommes en contact régulier avec les autorités et les techniciens. L’ex-périence technique ne suffit pas, elle doit forcément être associée à une connais-sance des opérations aériennes et des cycles de planification, de programmation et de conduite. Il faut arriver à traduire la technique pour qu’elle soit compréhen-sible de nos autorités. C’est un travail de longue haleine, car nous travaillons sur des domaines extrêmement complexes. »

Pour élaborer des architectures SIC propres au besoin de chacun et opérationnelles à des milliers de kilomètres du territoire fran-çais, un dialogue sans faille est nécessaire. « Pour accomplir au mieux notre mission, nous devons faire appel à un panel de spécia-listes, détaille Dominique. Je travaille tous les

jours avec le GTSICAéro ainsi qu’avec les ins-tances décisionnaires comme l’EMO Air, le CPCO et la DIRISI. Nos échanges améliorent notre qualité de service. Nous ne pouvons à aucun moment prétendre tout connaître sur les réseaux. » En somme, un métier d’avenir où beaucoup reste à concevoir.

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Moniteur de simulateur de vol

Page de droite, vue du moniteur de

simulateur de vol en place centrale

dans le simulateur de l’A400M. En

médaillon, visuel de la manette

des gaz de l’avion de transport de

dernière génération l’A400M Atlas.

I l n’est pas macaroné. Il connaît pour-tant la machine aussi bien qu’un pilote

de transport aguerri. L’adjudant Sylvain, moniteur de simulateur de vol au centre d’instruction des équipages de transport (CIET) d’Orléans est l’un des six moni-teurs qui forment et entraînent les pilotes d’A400M Atlas, avion de dernière généra-tion. Assis derrière son pupitre, il s’apprête à enchaîner les tâches habituellement dévo-lues à plusieurs spécialistes : loadmaster (chef soutier), pilote de chasse ou pilote de transport. Et cela en deux heures chrono.

À l’heure dite, la séance commence par le rituel briefing. « Aujourd’hui, c’est une mission de navigation en basse alti-tude d’environ deux heures avec un posé de nuit sous jumelles de vision nocturne », annonce l’adjudant. Il aborde la mission en mettant l’accent sur la sécurité des vols,

les procédures normales et de secours. En moins d’une heure, les règles du jeu sont fixées. Dans le simulateur, c’est au tour des pilotes de prouver qu’ils sont en mesure d’exécuter sans hésitation la mission. Au cours du vol, le moniteur augmente pro-gressivement le degré de difficulté et va jusqu’à introduire des anomalies. Il veille à la bonne utilisation de la phraséologie aéronautique en langue anglaise. Tout à coup, le moniteur de simulateur provoque

une panne qui rend le système de naviga-tion indisponible. L’équipage doit réagir et appliquer les procédures. À l’aide de la radio, le moniteur de simulateur transmet de précieux conseils.

« Plus qu’un métier, moniteur de simu-lateur de vol est une passion », ajoute le sous-officier. Une vie de pilote sans quitter le sol, mêlant virtuel et réel. Mais attention, ce métier n’est pas un simple jeu de simulation ou un jeu

vidéo. Culture aéronautique et pédago-gie sont deux des qualités fondamen-tales requises pour exercer cette profes-sion. Préparer des scénarios, déclencher des pannes, savoir anticiper les gestes du pilote sont des capacités essentielles à l’exercice de ce métier. Pour se perfec-tionner, il lui arrive même de prendre la place de l’équipage en amont de sa séance. « Je m’entraîne sur certains scéna-rios dans le simulateur, pour comprendre

dans quel état d’esprit les pilotes peuvent se trouver, confie le sous-officier. Et plus ponctuellement, je vole en A400M pour m’imprégner des conditions réelles de vol. » Depuis 22 ans, Sylvain partage sa culture aéronautique et ses conseils avi-sés avec des chasseurs et des transpor-teurs. Il instruit et entraîne les pilotes sur simulateur dans des conditions proches de celles qu’ils rencontreront dans leurs missions futures. « Pendant une séance

de simulateur, l’équipage se familiarise avec un environnement tactique qu’il est susceptible de rencontrer en mission, ajoute l’adjudant. Le plus frappant c’est qu’une heure de simulateur est similaire à une heure de vol. Nous nous rapprochons le plus possible de la réalité afin que les pilotes aient l’ impression d’être en vol. »

Ce sous-officier souriant et dynamique a commencé sa carrière sur simulateur Mirage 2000 C. « J’ai découvert la spécialité

Texte : Ltt Julie Beck

Photos : Adc Richard Nicolas-Nelson

Savoir piloter un avion de chasse, un

hélicoptère ou un avion de transport nécessite

un entraînement intensif. Le simulateur de vol fait partie intégrante de la

formation. Éclairage sur le métier de moniteur de simulateur de vol.

54 55Air actualités n°694 août-septembre 2016 Air actualités n°694 août-septembre 2016

Page de gauche, l’adjudant Sylvain

suit une séance de débriefing. Page

de droite, en haut, vue de la tête

haute du simulateur de l’A400M.

En bas, séance de simulateur pour

un équipage d’hélicoptère.

Un degré de réalisme incomparable

Plus qu’un métier, une passion

Comment devenir moniteur de simulateur de vol ?Les conditions à réunir

• Être de nationalité française ;• Avoir moins de 24 ans au dépôt de candidature

et moins de 25 ans à la signature du contrat ;• Être titulaire d’un baccalauréat ;• Réussir les tests de sélection et satisfaire

aux normes médicales de la spécialité.

Formation

• 16 semaines de formation militaire commune aux élèves sous-officiers de Rochefort ;

• 46 semaines de stage de qualification élémentaire ;

• Phase d’application en unité, sous la forme d’un parrainage de six mois.

Perspectives d’évolution

• Du grade d’aviateur jusqu’au grade de caporal-chef après quatre mois de service, puis au grade de sergent dès le 13e mois de service ;

• Possibilité d’évoluer par la suite vers le statut de sous-officier de carrière, voire d’officier.

Que fait ce spécialiste ?

• Entraîne au sol le personnel navigant, à l’aide notamment d’un simulateur de vol ;

• Conduit des missions d’instruction dont le niveau de technicité s’est accru avec la dernière génération d’aéronefs A400M Atlas ou Rafale ;

• Enseigne notamment les connaissances cabine, les procédures normales et de secours de l’aéronef, ainsi que la phraséologie aéronautique en langue anglaise.

Pour plus d’informations, rendez-vous sur : www.air-touteunearmee.fr

lors d’un forum des métiers, explique Syl-vain. À l’époque déjà, j’étais fasciné par la simulation et les aéronefs. » Quelques années plus tard, il participait à la mise en place du simulateur Mirage 2000-5 à Dijon. Lorsqu’il arrive à Saint-Dizier en 2007, il est à l’apogée de sa carrière dans le monde de la chasse. « J’ai participé à la mise en place du simulateur Rafale, détaille le sous-officier. C’était un vrai défi. Nous assurions l’ instruction des pilotes de A à Z. » Après 19 ans dans le monde de la chasse, il répond à une prospection pour participer à la mise en place du simula-teur A400M Atlas à Orléans. « Ce fut alors une pleine remise en question profession-nelle, confie l’adjudant. En arrivant à

Orléans j’ai apporté mon expertise de la chasse et mes connaissances en matière de simulation distribuée. Par contre, j’ai entièrement découvert le monde du trans-port. À la fois dans les procédures et dans la nature des missions. » Deux aviateurs armaient l’équipe aux côtés de l’indus-triel ; ils ont été rejoints par trois jeunes moniteurs de simulateur de vol arrivés au

terme des 42 semaines de formation (pla-neur, cours théorique, instruction au sol).

L’adjudant Sylvain a eu une carrière inté-ressante. Sur A400M, il a le privilège de travailler sur le premier simulateur de vol des armées certifié Level D par la régle-mentation civile. Le Full flight simulator (FFS) de l’A400M rejoint ainsi le cercle fermé des simulateurs dits Zero flight time training device. « Le simulateur A400M offre un degré de réalisme incomparable. Il permet d’aller dans les détails de l’ins-truction, détaille Sylvain. D’ici 2019, un deuxième simulateur sera mis en place au CIET. Nous pourrons ainsi interconnec-ter deux systèmes et passer un cap dans la complexité de l’entraînement des équipages.

Avec l’arrivée des nouvelles fonctionnali-tés sur l’avion, il va falloir adapter nos pro-grammes de formation. » Entré en service dans l’armée de l’air en novembre 2013, ce simulateur placé sur vérins hydrauliques et relié à un serveur informatique, permet de créer des scénarios complexes adaptés aux besoins de l’entraînement. Géré par le CIET, le simulateur est une réplique

exacte du cockpit de l’avion. Il reproduit les sons et mouvements de l’appareil au sol et en vol : sensations d’accélération, vibrations, inclinaisons en virage… Une image en haute résolution fait office d’environnement extérieur. Des postes moniteurs embarqués, débarqués et un système d’enregistrement et de rejeu pour faciliter le briefing et le débriefing sont également prévus.

Parallèlement à son activité de moniteur, le sous-officier parraine plusieurs jeunes recrues. « La formation d’un moniteur de simulateur de vol sur Rafale dure en moyenne deux ans et un an sur A400M. Durant toute cette période, nous l’accompagnons dans sa formation. La nature des missions effectuées par les Rafale rallonge le temps d’apprentis-sage. Le Rafale réalise des missions tactiques, l’A400M accomplit pour l’instant unique-ment des missions logistiques. Mais cette situation est amenée à évoluer prochaine-ment. » Une fois sur leur site d’affectation, les jeunes moniteurs apprennent à utiliser

l’avion avec le simulateur associé. « Il y a un long travail d’apprentissage de la documen-tation. Les moniteurs doivent, dans un pre-mier temps, connaître l’appareil, prendre la place de l’équipage pour assimiler toutes les particularités du poste avant de commencer les premières simulations. »

Enfin, comme nombre de ses collègues, l’adjudant Sylvain travaille avec l’industriel à l’amélioration des systèmes de simulation

de l’armée de l’air. Régulièrement, des nou-veaux standards font leur apparition sur l’aé-ronef. « À chaque fois que l’avion connaît une évolution, le simulateur suit, ajoute l’adjudant. Pour nous, cela nécessite de tester les procédures et de les améliorer, pour avoir une formation optimale. » Pour le simulateur A400M Atlas, les prochaines évolutions devraient intervenir d’ici à la fin de l’année 2016. « Elles prendront en compte le ravitaillement en vol et le largage matériel », détaille Sylvain. De belles perspectives pour cette équipe enthousiaste de faire partager ses compétences aéronautiques. 

Un peu de traditionsC’est une nouveauté : les

moniteurs de simulateur ont dorénavant leur insigne de brevet de spécialité ! Le 11 mars

2015, l’ensemble des chefs de services simulateurs

ont été conviés à une cérémonie de remise d’insigne

sur la base aérienne 705 de Tours. Forte de 127 sous-officiers, cette spécialité se singularise par son domaine d’emploi : il couvre la formation et les activités du personnel navigant par un non-navigant.

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