terminale 2010-2011

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Lyce Moderne Port-Bout. Conseil denseignement de franais

TerminaleFranais

Nom et prnoms de llve :

Anne scolaire 2010-2011M. Ndri Ange Maxime

SOMMAIRELecture MthodiqueDonnes mthodologiques tude des uvres uvre 1 : Laventure ambigu, roman uvre 2 Les rayons et les ombres Le groupement de textes thtraux page 2 ..page 4 page 7 ..page 16 .page 30

Expression criteQuestions Rsum Production crite La dissertation littraire Le Commentaire compos .page 43 ....page 56 ..page 65

Exercices cours de renforcement

page 72

1 Le franais en Terminale Edition 2010-2011

LECTURE MTHODIQUEDONNES MTHODOLOGIQUESI La dmarche de la lecture mthodique1. Situation/Prsentation du texte La situation d'un texte se fait en trois tapes : - nonc des rfrences du texte (Titre de l'uvre, nom de l'auteur date et lieu de naissance), - nonc de l'axe d'tude - Rappel des vnements antrieurs : ce propos l'lve rappelle les vnements qui prcdent immdiatement le texte tudier. Si ce texte est l'incipit d'une uvre intgrale ou un texte potique on donne un aperu gnral de la trame de l'uvre. 2. Lecture La lecture doit tre expressive. Le candidat doit lire le texte haute et intelligible voix. Dans le cadre du cours la lecture est ncessairement magistrale. 3. Hypothse gnrale II s'agit pour le candidat de proposer une hypothse de sens partir de l'analyse du paratexte et de la lecture du texte. L'hypothse gnrale est donc constitue de la nature (type) du texte, de la tonalit et de l'ide essentielle. 4. Vrification de l'hypothse gnrale par des axes de lecture La vrification est trs importante. Elle se fait l'aide de tableau de vrification. Ce tableau comporte quatre colonnes. La premire est la colonne est celle des "Entres". La seconde est celle du "Relev" de ces entres. Dans la troisime colonne, on procde 1'"Analyse" de ces entres. La quatrime et dernire colonne permet de procder F "Interprtation" de ces entres. Ainsi, l'lve est appel, partir des axes de lecture, et de l'analyse des entres (voir tableau des entres cidessous), confirmer ou infirmer l'hypothse formule aprs la lecture. 5. Bilan II doit consister en la confrontation des acquis de la vrification avec l'hypothse gnrale, et en la formulation d'un jugement critique sur le texte.

II lments pour l'analyse des textesI. Le texte narratif Entres (outils d'analyse) -structure du texte -rapport dialogue/rcit, analyse/rcit description/rcit -marques temporelles -temps grammaticaux (comprenant modesnonciation aspects) -narration -nonciation -focalisation -tonalit (s) -lexique dprciatif/apprciatif -connotations -procds rhtoriques II. Le texte argumentatif Entres (outils d'analyse) -structure du texte -liens logiques -ponctuation -champs lexicaux -procds rhtoriques -structure des phrases -types de phrases -rythme des phrases -procds d'insistance -modes et temps

2 Le franais en Terminale Edition 2010-2011

Le texte descriptif Entres (outils d'analyse) -indices spatiaux -focalisation -champs lexicaux -lexique dprciatif/apprciatif -comparaisons et mtaphores -connotations -expansions du nom -temps grammaticaux -tonalit (s) Le texte potique en vers Entres (outils d'analyse) -champs lexicaux -forme potique (rgulire, libre) -figures d'analyse et de substitution -figures d'opposition -figures de construction -disposition des strophes -mtre, rimes, coupes -nonciation -dterminants -pronoms -temps grammaticaux -rythmes, accents, enjambements -connotations -sonorits -structure du texte -tonalit (s)

Le dialogue de thtre Entres (outils d'analyse) -structure du texte -double nonciation/nonciation : jeu des pronoms ; aparts ; monologues ; didascalies -structure et types des phrases -enchanement des rpliques -procds rhtoriques -ponctuation -champs lexicaux -tonalits Le texte potique en prose Entres (outils d'analyse) -champs lexicaux -mtaphores, comparaisons et figures diverses -articulations -disposition en paragraphes -types de phrases -ponctuation -rythmes des phrases -figures de construction -pronoms personnels -dterminants -temps -connotations -ton, tonalits -sonorits

3 Le franais en Terminale Edition 2010-2011

TUDE DES UVRESI Le genre littraire : Le romanA. Qu'est - ce qu'un roman ? Le texte romanesque est un rcit de taille trs variable mais assez long, aujourd'hui en prose, qui a pour objet la relation de situations et de faits prsents comme relevant de l'invention mme si l'auteur recherche souvent un effet de rel, ce qui le distingue du simple rcit-transcription (biographie, autobiographie, tmoignage...) mais aussi du conte qui relve du merveilleux. Le roman appartenant au genre narratif, on peut rendre compte de l'enchanement plus ou moins complexe des vnements en tablissant le schma narratif de l'uvre et dfinir le principe gnral de l'action par le schma actantiel qui expose les diffrents rles prsents dans le rcit. On peut galement dfinir le statut du narrateur (ou des narrateurs), distinct(s) de l'auteur, ainsi que les points de vue narratifs choisis et la structure chronologique de l'uvre. B. Analyser un roman a) L'intrigue Un roman est constitu d'actions qui s'organisent en une intrigue. Cette intrigue est compose de squences, c'est--dire de passages qui forment une unit sur le plan du temps, des lieux, de l'action et des personnages. On a pu constater qu'une intrigue romanesque possdait une structure-type, commune tous les rcits. Elle peut tre reprsente par un schma appel schma narratif simple qui prend en compte la succession logique des vnements comme suit: tat initial Perturbation - Transformation - Rsolution tat final

Un tat initial qui dfinit le cadre de l'intrigue: il met en place le lieu, l'poque, les personnages... Un vnement perturbateur ou modificateur qui remet en cause l'tat initial: rencontre, dcouverte, vnement inattendu... Une suite de transformations modifie la situation des personnages: elles peuvent prendre la forme de pripties, de rebondissements ou de coups de thtre. Un vnement quilibrant ou lment de rsolution qui annonce la rsolution de l'intrigue. L'tat final est celui, heureux ou malheureux, des personnages la fin du rcit. b) Les personnages - La prsentation des personnages: Dans un roman, le personnage est un tre de fiction. Cependant, comme pour une personne, on peut identifier son identit: nom, ge, sexe, origine sociale, pass... Les informations sont donnes sous la forme de portraits, ou, au contraire, dissmines tout au long du rcit. Elles peuvent galement tre classes en deux catgories: 1. La caractrisation directe: Le romancier dresse le portrait physique ou psychologique d'un personnage. Les indications sont donnes par le narrateur, un autre personnage ou le personnage lui-mme. 2. La caractrisation indirecte: Une parole, une action, le cadre de vie peuvent renseigner sur les personnages du roman. Il appartient alors au lecteur d'interprter ces indications. Elles viennent complter et parfois modifier le portrait du personnage. - Le rle des personnages: Pour une tude du personnage de roman, on distinguera d'abord les personnages secondaires des personnages principaux. Si le personnage principal se signale par une destine remarquable (heureuse ou malheureuse), on peut le qualifier de hros.4 Le franais en Terminale Edition 2010-2011

Le personnage de roman est d'abord un acteur de l'intrigue laquelle il participe. Son rle dpend cependant de la place qu'il occupe par rapport aux autres personnages. Il mrite d'tre tudi sur plusieurs plans regroups dans un schma appel schma actantiel de la faon suivante: Adjuvant(s) ou auxiliaire(s): c'est celui qui aide le hros raliser son dsir ou but. Sujet: c'est la fonction du hros de l'histoire qui part la recherche d'un idal atteindre, personnage, objet ou valeur morale. Opposant(s): c'est celui qui fait obstacle au projet du hros et l'empche de l'atteindre.

Destinateur(s): c'est celui (ou ce) qui charge le sujet d'une mission.

Objet: c'est celui (ou ce) que le hros cherche atteindre.

Destinataire(s): c'est celui (ou ce) qui profite de la mission du sujet.

c- L'espace Un roman peut prsenter un espace ouvert et des lieux diversifis ou bien un espace restreint et un lieu unique. L'espace donne un sens au roman. On cherchera dfinir la fonction des diffrents lieux dans le roman en tablissant par exemple un rseau d'oppositions. Les choix effectus par un auteur peuvent offrir de nombreux aspects symboliques. Un lieu, par exemple, peut symboliser l'enfermement; une priode comme la nuit peut signifier l'angoisse; une saison la tristesse ou le bonheur. Cette priode, cette saison peuvent reflter l'tat d'esprit du hros. d- Le temps: Un roman peut s'inscrire de faon trs prcise dans une poque, comme presque tous les romans historiques; ou bien accorder au contexte historique une place secondaire (c'est le cas, par exemple, de certains romans psychologiques). tudier le temps dans un roman conduit valuer la dure des vnements rapports. Cette dure peut tre brve ou au contraire tendue. Une narration ne rapporte pas toujours les faits dans leur droulement chronologique. L'ordre de succession des vnements peut s'interrompre pour laisser place un retour en arrire . Lorsqu'une priode de temps n'est pas raconte, on dit qu'il y a ellipse dans le rcit. L'ellipse met en valeur le fait qui la suit en attirant l'attention du lecteur. La temporalit dans le roman dpend galement de la vitesse du rcit. Il est important de mettre en relation la dure de la fiction et la longueur de la narration. Une longue priode peut tre raconte en quelques mots. Au contraire, une rencontre de quelques minutes peut donner lieu une narration de plusieurs pages. Ces variations suggrent une hirarchie dans les faits et donnent au roman son rythme propre. Le rythme du rcit dpend enfin du mode adopt pour raconter: Soit plusieurs vnements diffus et disperss dans le temps sont envisags et rassembls dans la narration. On a un rsum. Soit une action ponctuelle est rapporte comme si elle se droulait en temps rel . On a alors une scne. Dans le roman, rsum et scne alternent en gnral.

5 Le franais en Terminale Edition 2010-2011

C. Diffrence entre nouvelle et roman Si la nouvelle se distingue du conte par son contenu (le conte construit un univers de fantaisie, alors que la nouvelle, mme fantastique, est marque par le dsir de restituer un fragment de ralit), elle semble se distinguer du roman par sa brivet. Une nouvelle excde rarement une centaine de pages. Pourtant, il existe galement des romans trs courts. Plus essentiellement, ce qui distingue la nouvelle du roman est sa particulire densit d'criture : l'auteur d'une nouvelle supprime les mots en trop, les pisodes inessentiels ; tous les lments sont orients en fonction de la fin de l'histoire. Cette concentration de la narration, qui s'oppose la libert du roman, fait que la nouvelle est particulirement apte crer des effets de suspense ou livrer un bloc de ralit brute. Citation Roman : uvre d'imagination en prose, assez longue, qui prsente et fait vivre dans un milieu des personnages donns comme rels, fait connatre leur psychologie, leur destin, leurs aventures. (Le Petit Robert)

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II uvre 1 : Laventure ambigu, Cheick Hamidou Kane, roman. Prsentation gnrale de luvre

A. L'auteur : biobibliographie 1. Biographie Cheick Hamidou Kane est n le 03 avril 1928 Matam au Sngal. A l'ge de dix ans il est inscrit l'cole des fils de chef Saint-Louis Diplmes ; baccalaurat srie philosophie Dakar ; deux licences en lettres et en droit Paris Parcours professionnel : carrire administrative ds 1959 ; fonctionnaire l'UNICEF en 1962 Parcours politique : Ministre en 1976 2. Bibliographie C. H. Kane est l'auteur de deux uvres, { savoir L'aventure ambigu (1961} qui obtient le Grand prix littraire de l'Afrique noire en 1962 et Les gardiens du temple 2001. B. Contexte socio-historique de l'uvre Le roman est publi au moment o la plupart des pays africains accdent l'indpendance quoique sa rdaction remonte bien avant cette priode, c'est--dire l'poque coloniale. Il s'inspire de l'exprience vcue cette poque par de nombreux tudiants noirs cartels entre leurs racines et l'ducation vhicule par l'cole occidentale. Au plan littraire, cette poque reste encore marque par le courant de la Ngritude. C. Analyse du paratexte 1. La premire de couverture L'dition "10/18" est illustre par un lment essentiel de la culture africaine : un masque Dan aux yeux crevs, image qui pourrait symboliser une Afrique en qute de repre. 2. Le titre Le titre "l'aventure ambigu" traduit une absence de but et de perspectives dans le parcours existentiel d'un individu. Il voque donc l'itinraire confus du hros. L'adjectif ambigu met en effet en relief le dchirement intrieur du personnage, prcisment dans son itinraire spirituel. 3. La quatrime de couverture La postface de Jacques Chevrier voque une opposition entre la pense technique de l'occident tourn vers l'action, et la pense de l'Islam, mtaphore de la culture africaine replie sur elle-mme. D. Axe d'tude L'Aventure ambigu, rcit d'un conflit de cultures E. Rsum de l'uvre Samba Diallo, petit cousin du chef des Diallob, frquente l'cole coranique dirige par Thierno, le matre qui l'duque dans le respect de l'Islam. Quand l'cole occidentale s'installe dans le fief des Diallob, ceux-ci sont confronts un dilemme : inscrire les enfants l'cole des blancs et perdre leur me de Diallob, ou y renoncer et refuser les secrets de l'occident. Si me chef des Diallob pense que l'cole trangre donnera le confort et la scurit matrielle au peuple, le matre estime plutt que les Diallob y perdent Dieu. Mais l'instigation de la Grande Royale qui veut s'inscrire dans le sens de l'histoire, Samba Diallo est inscrit dans la nouvelle cole. Brillant lve, il ira poursuivre ses tudes Paris. Mais les tudes de philosophie l'cartent peu peu de l'enseignement du matre. Incapable de rsoudre l'ambigut de sa situation, il est rappel ses sources. Ayant perdu l'habitude de la prire, il est poignard par le fou qui met un terme son dchirement physique et le rconcilie avec le monde de l'ombre.7 Le franais en Terminale Edition 2010-2011

LecturesLECTURE MTHODIQUE N1 (Extrait 1) Aprs le discours de la Grande Royale exhortant les Diallob accepter l'cole trangre, le narrateur, dans un flash-back, voque les premiers contrastes entre l'occident et l'Afrique. Le pays des Diallob n'tait pas le seul qu'une grande clameur et rveill un matin. Tout le continent noir avait eu son matin de clameur. trange aube ! Le matin de l'occident en Afrique noire fut constell de sourires, de coups de canons et de verroteries brillantes. Ceux qui n'avaient point d'histoires rencontraient ceux qui portaient le monde sur leurs paules. Ce fut un matin de gsine. Le monde connu s'enrichissait d'une naissance qui se fit dans la boue et dans le sang. De saisissement, les uns ne combattirent pas. Ils taient sans pass, donc sans souvenir. Ceux qui dbarquaient taient blancs et frntiques. On n'avait rien connu de semblable. Le fait s'accomplit avant mme qu'on prit conscience de ce qui arrivait. Certains, comme les Diallob, brandirent leurs boucliers, pointrent leurs lances ou ajustrent leurs fusils. On les laissa approcher, puis on fit tonner le canon. Les vaincus ne comprirent pas. Dautres voulurent palabrer. On leur proposa, au choix, l'amiti ou la guerre. Trs sensment, ils choisirent l'amiti : ils n'avaient point d'exprience. Le rsultat fut le mme cependant, partout. Ceux qui avaient combattu et ceux qui s'taient rendus, ceux qui avaient compos et ceux qui s'taient obstins se retrouvrent le jour venu, recenss, rpartis, classs, tiquets, conscrits, administrs. L'aventure ambigu, pp 59-60, ditions 10/1S

Situation

Lecture Hypothse gnrale

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Vrification de lhypothse gnrale par des axes de lecture Axe de lecture n1 : ENTRES REPRAGE ANALYSE

INTERPRTATION

Axe de lecture n2 : ENTRES REPRAGE

ANALYSE

INTERPRTATION

BILAN9 Le franais en Terminale Edition 2010-2011

LECTURE MTHODIQUE N2 (Extrait 2) Aprs son discours invitant les Diallob s'inscrire l'cole trangre, un long conciliabule runit le chef des Diallob, le matre et la Grande Royale. Ceux-ci prennent la dcision d'inscrire Samba Diallo l'cole occidentale. Inform par une lettre, le chevalier, pre de Samba Diallo, est constern. En vrit, ce n'est pas d'un regain d'acclration dont le monde a besoin ; en ce midi de sa recherche, c'est un lit qu'il lui faut, un lit sur lequel, s'allongeant, son me dcidera une trve. Au nom de son salut ! Est-il de Civilisation hors l'quilibre de l'homme et sa disponibilit ? L'homme civilis, n'est-ce pas l'homme disponible ? Disponible pour aimer son semblable, pour aimer Dieu surtout. Mais, lui objectera une voix en lui-mme, l'homme est entour de, problmes /qui empchent cette quitude. Il nat dans une fort de questions. La matire dont il participe par son corps - que tu hais- le harcle d'une cacophonie de demandes auxquelles il faut qu'il rponde: Je dois manger, fais-moi manger?, ordonne l'estomac. Nous reposerons-nous enfin ? Reposons-nous, veux-tu ? lui susurrent les membres. A l'estomac et aux membres, l'homme rpond les rponses qu'il faut, et cet homme est heureux. Je suis seule, j'ai peur d'tre seule, je ne suffis pas seule... cherche-moi qui aimer, implore une voix. J'ai peur, j'ai peur. Quel est mon pays dorigine ? Qui m'a apport ici? O me mne-ton? interroge cette voix, particulirement plaintive, qui se lamente jour et nuit. L'homme se lve et va chercher l'homme. Puis il s'isole et prie. Cet homme est en paix. Il faut que l'homme rponde toutes les questions. Toi, tu veux en ignorer quelques unes... Non, objecta le chevalier pour lui-mme. Non ! Je veux seulement l'harmonie. Les voix les plus criardes tentent de couvrir les autres. Cela est-il bon ? La civilisation est une architecture de rponses. Sa perfection, comme celle de toute demeure, se mesure au confort que l'homme y prouve, l'appoint de libert qu'elle lui procure. Mais prcisment les Diallob ne sont pas libres, et tu voudrais maintenir cela ? Non. Ce n'est pas ce que je veux. Mais l'esclavage de l'homme devant une fort de solutions vaut-il mieux aussi ? Le chevalier tournait et retournait toutes ces penses de mille faons dans son esprit. L'aventure ambigu, pp 80-81, dition 10/18 Situation

Lecture Hypothse gnrale

10 Le franais en Terminale Edition 2010-2011

Vrification de lhypothse gnrale par des axes de lecture Axe de lecture n1 : ENTRES REPRAGE ANALYSE

INTERPRTATION

Axe de lecture n 2 ENTRES REPRAGE

ANALYSE

INTERPRTATION

BILAN11 Le franais en Terminale Edition 2010-2011

LECTURE MTHODIQUE N3 (Extrait 3) Samba Diallo rencontre Paris o il fait ses tudes, un vieux magistrat, Pierre Louis. Invit chez celuici, il fait la connaissance d'Adle, sa petite-fille avec laquelle il se retrouve plus tard dans un caf et parlent de la colonisation. Raconte-moi comment ils t'ont conquis, demanda-t-elle. Elle en profita pour quitter la chaise qu'elle occupait, et s'installa tout contre Samba Diallo, sur la banquette. je ne sais pas trop. C'est peut-tre avec leur alphabet. Avec lui, ils portrent le premier coup rude au pays des Diallob. Longtemps, je suis demeur sous la fascination de ces signes et de ces sons qui constituent la structure et la musique de leur langue. Lorsque j'appris les agencer pour former des mots, agencer les mots pour donner naissance la parole, mon bonheur ne connut plus de limites. Ds que je sus crire, je me mis inonder mon pre de lettres que je lui crivais et lui remettais en main propre, afin d'prouver mon savoir nouveau, et de vrifier, le regard fix sur son visage pendant qu'il lisait, qu'avec mon nouvel outil.je pouvais lui transmettre ma pense sans ouvrir la bouche. J'avais interrompu mes tudes chez le matre des Diallob au moment prcis o il allait m'initier enfin la comprhension rationnelle de ce que, jusque l, je n'avais fait que rciter, avec merveillement, il est vrai. Avec eux, voil que, subitement, j'entrais de plain-pied dans un univers o tout tait, de prime abord, comprhension merveilleuse et communion totale... Le matre des Diallob avait, quant lui, pris tout son temps. Voulant t'apprendre Dieu, il croyait avoir pour cela, jusqu' sa mort, C'est cela mme, Adle. Mais ils... Mais ils s'interposrent et entreprirent de me transformer leur image. Progressivement, ils me firent merger du cur des choses et m'habiturent { prendre mes distances du monde. Elle se serra davantage contre lui. Je les hais, dit-elle. Samba Diallo tressaillit et la regarda. Elle tait adosse de tout le poids de son corps sur lui et regardait la rue, les yeux mi-clos. Un trouble trange envahit Samba Diallo. Doucement, il la repoussa. Elle cessa de s'adosser lui, et lui fit face. Il ne faut pas, Adle, dit-il. il ne faut pas quoi ? Il ne faut pas les har. Alors tu dois m'apprendre { pntrer dans le cur du monde. Je ne sais pas si on retrouve jamais ce chemin quand on l'a perdu, dit-il, pensivement. L'aventure ambigu, pp 172-174, dition 10/18 1. Situation/Prsentation Situation

Lecture Hypothse gnrale

12 Le franais en Terminale Edition 2010-2011

Vrification de lhypothse gnrale par des axes de lecture Axe de lecture n1 : ENTRES REPRAGE ANALYSE

INTERPRTATION

Axe de lecture n2 : ENTRES REPRAGE

ANALYSE

INTERPRTATION

BILAN13 Le franais en Terminale Edition 2010-2011

Laventure ambigu. Conclusion gnrale

14 Le franais en Terminale Edition 2010-2011

uvre 2 : Les rayons et les ombres, Victor Hugo, PosieI Le genre littraire : La posie1. Quelles sont les particularits du genre potique ? Le mot "posie" vient du verbe grec poiein, qui signifie produire , crer . Le pote se donne un pouvoir d'invention, de cration verbale : il invente un langage nouveau o les mots ont plus de sens et de densit que dans leur usage habituel. C'est la beaut et le pouvoir de suggestion des mots qui importent plus que leur sens premier. Au XIXe sicle, la thorie de l'art pour l'art, que dveloppe notamment Thophile Gautier, radicalise mme cette conception : II n'y a vraiment de beau que ce qui ne peut servir rien ; tout ce qui est utile est laid, affirme-t-il notamment dans La Prface de Mademoiselle de Maupin. Le pote est comme un orfvre qui travaille le langage ; ainsi la posie est le genre qui se donne les plus fortes contraintes formelles (vers, rime, strophe, sonnet, ballade, etc. sont autant de spcificits qui la distinguent bien souvent des autres genres. 2. Qu'apporte le vers ? Le vers est un segment de phrase qui a traditionnellement deux caractristiques ; - le mtre, c'est--dire sa longueur, qui peut tre rgulire ou irrgulire selon l'impression que veut produire le pote. - la rime, ou rptition sonore en fin de vers. Au sein mme du vers, le pote peut travailler sur la musicalit des mots en formant des assonances (rptitions vocaliques) ou des allitrations (rptitions consonantiques). Ces procds permettent souvent de crer une harmonie imitative : ces sonorits contribuent exprimer le sens du pome. Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur vos ttes ? (Racine, Andromaque) : ici l'allitration en [s] imite le sifflement des serpents. 3. Quelles sont les rgles de la versification ? La versification est un ensemble de contraintes que se donne le pote afin d'obtenir certains effets lis au sens du pome : rythme sautillant ou grave, sonorits inquitantes ou comiques, harmonie ou discontinuit, etc. Parmi les vers, il existe les vers pairs qui confrent souvent une certaine rgularit au rythme du pome, on distingue entre autres : l'alexandrin (12 syllabes), le dcasyllabe (10 syllabes), l'octosyllabe (8 syllabes) et l'hexasyllabe (6 syllabes). Quant aux vers impairs (5, 7, 9,11 syllabes) sont plus rares et leur prsence doit tre considre comme un lment signifiant. Dans son Art potique, Verlaine prconise ainsi l'emploi du mtre impair : De la musique avant toute chose. Et pour cela prfre l'Impair Plus vague et plus soluble dans l'air Sans rien en lui qui pse ou qui pose. En rgle gnrale, plus un vers est court, plus le retour des sonorits la rime est frquent, et plus le rythme est saccad ; l'inverse, plus un vers est long, plus le rythme est pos. Par exemple, dans cette strophe tire des Orientales de Victor Hugo, l'alternance, mtrique permet de transcrire le doux balancement de Sara dans son hamac et le mouvement de l'eau : Sara, belle d'indolence, Se balance Dans un hamac, au-dessus Du bassin d'une fontaine Toute pleine D'eau puise l'Ilyssus. Le choix du schma de rimes est galement significatif. On distingue ainsi tes rimes plates (aabb), les rimes croises (abab) et les rimes embrasses (abba).

15 Le franais en Terminale Edition 2010-2011

Enfin, suivant l'effet d'cho et de musicalit que le pote cherche donner, les rimes peuvent tre pauvres (un seul son en cho, comme voix/choix), suffisantes (deux sons en cho, comme infiniment/ terriblement) ou riches (au moins trois sons en cho, comme latente / clatante), 4. Pourquoi avoir invent le pome en prose ? Au XIXe sicle, certains potes { lexemple de Baudelaire, refusent dans certains de leurs pomes la contrainte trop forte de la rime et du vers, et donnent ainsi naissance au pome en prose. Nanmoins, ces textes conservent une syntaxe rythme et des rptitions sonores et lexicales. Comme dans la posie traditionnelle, ils usent d'images trs libres. 5. La cration potique Diffrentes fonctions ont t attribues la posie. La clbration C'est la commmoration des hauts faits d'un hros (pope), clbration de la nature, de la beaut, des dieux (hymnes, odes), exaltation de l'tre aim (lyrisme) ; le pote prend souvent, par sa musicalit et le jeu de rptitions qui lui est propre, le caractre d'un chant. La posie aurait pour mission essentielle de garder une trace d'vnements primordiaux ; elle se tourne vers les origines du monde, vers l'histoire des hommes, ou vers un pass plus personnel : celui du pote. L'exploration Pour recrer le monde ( posie vient du grec poiein : faire, crer) ; la posie veut donc redonner leur pouvoir aux sensations premires en les veillant par ses images. L'exploration potique se veut en effet connaissance de l'homme de l'homme et du monde par l'imagination ou le rve, acte magique (Sartre) qui entend percer le secret des choses. Celui - ci sera alors rvl par les signes du langage. Cette connaissance peut faire l'objet d'un enseignement (posie savante, philosophique, didactique comme dans la fable). Le pote se veut penseur, se dclare prophte, se nomme voyant et interpelle les hommes. Cette attitude dbouche souvent sur la notion d'engagement social du pote. - L'invention Le pote reste un artisan du langage. Le lieu central de sa cration est l'univers des mots. La posie est donc souvent un jeu sur le langage... qui suit des rgles (celles de la mtrique, de la syntaxe, de la rhtorique) pour mieux s'en librer. Dans la posie moderne, l'emploi du vers libre, de la prose, de l'absence de ponctuation, sont des signes de cette libert. La citation Un pote est un monde enferm dans un homme. (Hugo, la Lgende des sicles)

II Prsentation gnraleA. L'auteur : biobibliographie

1. Biographie Victor Marie Hugo est n le 26 Fvrier 1802 Besanon en France du commandant Lopold Hugo et de son pouse, Sophie Trbuchet Hugo. Si sa vie familiale est relativement mouvemente, son cursus scolaire et acadmique est par contre exemplaire. a- Sa vie familiale Elle est ponctue de crises et de frasques : Divorce de ses parents Infidlit de son pouse Adle Hugo16 Le franais en Terminale Edition 2010-2011

Ses nombreuses liaisons extra - conjugales avec Juliette Drouet partir de 1833, Mme Biard en 1844, Alice Ozy en 1846, et la femme de chambre de Juliette Drouet en 1872 b- Son cursus scolaire et acadmique En mme temps qu'il effectue des tudes scientifiques (prparation de polytechnique), l'adolescent s'adonne dj la posie et obtient en 1817, une mention de l'acadmie franaise. Il est lu l'Acadmie Franaise en 1841 c- Cursus politique Victor Hugo est considr comme un crivain politiquement engag. En 1851, son opposition au coup d'tat de Louis Napolon Bonaparte, le contraint un long exil en Belgique jusqu'en 1870. A son retour, il est lu dput en 1871 et snateur en 1876. 2. Bibliographie Victor Hugo s'est illustr dans plusieurs genres : Roman Thtre Posie Notre Dame de Paris (1831) Cromwell (1827) Les feuilles dautomne (1831) Les Misrables (1862) Hernani (1830) Les chants du crpuscule (1835) Les travailleurs de la Mer(1866) Le Roi s'amuse (1832) Les voix intrieures (1837) L'homme qui rit (1869) Ruy Blas (1838) Les rayons et les ombres (1840) Les chtiments (1853) Les contemplations (1856) La lgende des sicles (1859) B. Les rayons et les ombres : le contexte historique et littraire 1. Le contexte historique Le XIXe sicle en France est marqu par l'instabilit politique. Sept rgimes se succdent dans la violence : le 1er Empire, la Restauration, la Monarchie de Juillet, la lie Rpublique, le IIe Empire, la Commune et la Ille Rpublique. 2. Le contexte littraire Deux courants littraires dominent le XIXe sicle : le Romantisme d'une part, le Ralisme et le Naturalisme d'autre part. Mais une troisime voie est explore par certains crivains dus par l'chec de la Rvolution de 1848 ; il s'agit des parnassiens [l'art pour l'art). C. L'uvre 1. Prsentation Le recueil Les Rayons et Les Ombres est publi le 16 Mai 1840. II comprend 44 pices composes avant l'exil : une (1) pice de juillet 1836 neuf (9) pices de 1837 Deux (2) pices de 1838 vingt - deux (22) pices de 1839 dix (10) pices de 1840. Ce recueil a t salu comme le chef- d'uvre du lyrisme d' avant l'exil 2. L'analyse du titre de l'uvre II forme une antithse smantique : Les rayons voquent l'univers joyeux de la beaut, de la nature, de l'amour, des jours heureux. C'est aussi une clbration de la vertu des valeurs sociales comme la justice. Les ombres expriment au contraire la tristesse, la mort, les tnbres, les mystres et le vice. A travers cette publication, Victor Hugo prtend amener la posie plus prs des hommes et de leur vie, d'o notre axe d'tude. Citation de V. Hugo : " Unissons-nous dans une pense commune, et rptez avec moi ce cri : Vive la Rpublique universelle ! Vive la Rpublique universelle ! "17 Le franais en Terminale Edition 2010-2011

3. Axe d'tude Les Rayons et les Ombres, une vision romantique de la mission du pote.

III Lectures

LECTURE MTHODIQUE N1 FONCTION DU POTE I Pourquoi texiler, pote. Dans la foule o nous te voyons ? Que sont pour ton me inquite Les partis, chaos sans rayons ? Dans leur atmosphre souille Meurt ta posie effeuille ; Leur souffle gare ton encens ; Ton cur, dans leurs luttes serviles. Est comme ces gazons des villes Rongs par les pieds des passants. Dans les brumeuses capitales Nentends-tu pas avec effroi. Comme deux puissances fatales. Se heurter le peuple et le roi ? De ces haines que tout rveille quoi bon remplir ton oreille, O pote, o matre, semeur ? Tout entier au Dieu que tu nommes, Ne te mle pas ces hommes Qui vivent dans une rumeur ! Va rsonner, me pure, Dans le pacifique concert ! Va tpanouir, fleur sacre. Sous les larges cieux du dsert ! rveur, cherche les retraites. Les abris, les grottes discrtes. Et loubli pour trouver lamour. Et le silence afin dentendre La voix den haut, svre et tendre. Et lombre afin de voir le jour ! Va dans les bois ! va sur les plages ! Compose tes chants inspirs Avec la chanson des feuillages Et lhymne des flots apurs ! Dieu tattend dans les solitudes ; Dieu nest pas dans les multitudes ; Lhomme est petit, ingrat et vain. Dans les champs tout vibre et soupire. La nature est la grande lyre, Le pote est larchet divin !

Victor Hugo, Les rayons et les ombres18

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Situation

Lecture Hypothse gnrale

Vrification de lhypothse gnrale par des axes de lecture Axe de lecture n1 : ENTRES REPRAGE ANALYSE

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Axe de lecture n2 : ENTRES REPRAGE

ANALYSE

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LECTURE MTHODIQUE N2 FONCTION DU POTE II Hlas! hlas! dit le pote, J'ai l'amour des eaux et des bois ; Ma meilleure pense est faite De ce que murmure leur voix. La cration est sans haine. L, point d'obstacle et point de chane. Les prs, les monts, sont bienfaisants ; Les soleils m'expliquent les ross ; Dans la srnit des choses 0 Mon me rayonne en tous sens. Je vous aime, sainte nature! Je voudrais m'absorber en vous ; Mais, dans ce sicle d'aventure, Chacun, hlas! se doit tous. Toute pense est une force. Dieu fit la sve pour l'corce, Pour l'oiseau les rameaux fleuris, Le ruisseau pour l'herbe des plaines, Pour les bouches, les coupes pleines, Et le penseur pour les esprits! Dieu le veut, dans les temps contraires, Chacun travaille et chacun sert. Malheur qui dit ses frres : Je retourne dans le dsert! Malheur qui prend des sandales Quand les haines et les scandales Tourmentent le peuple agit ; Honte au penseur qui se mutile, Et s'en va, chanteur inutile Par la porte de la cit! Le pote en des jours impies Vient prparer des jours meilleurs. Il est l'homme des utopies ; Les pieds ici, les yeux ailleurs. C'est lui qui sur toutes les ttes, En tout temps, pareil aux prophtes, Dans sa main, o tout peut tenir, Doit, qu'on l'insulte ou qu'on le loue, Comme une torche qu'il secoue, Faire flamboyer l'avenir!21 Le franais en Terminale Edition 2010-2011

Il voit, quand les peuples vgtent! Ses rves, toujours pleins d'amour, Sont faits des ombres que lui jettent Les choses qui seront un jour. On le raille. Qu'importe? il pense. Plus d'une me inscrit en silence Ce que la foule n'entend pas. Il plaint ses contempteurs frivoles ; Et maint faux sage ses paroles Rit tout haut et songe tout bas! Situation

Victor Hugo, Les rayons et les ombres

Lecture Hypothse gnrale

Vrification de lhypothse gnrale par des axes de lecture Axe de lecture n1 : ENTRES REPRAGE ANALYSE

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Axe de lecture n2 : ENTRES REPRAGE

ANALYSE

INTERPRTATION

BILAN

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LECTURE MTHODIQUE N3 FONCTION DU POTE II Peuples! coutez le pote! coutez le rveur sacr! Dans votre nuit, sans lui complte, Lui seul a le front clair. Des temps futurs perants les ombres, Lui seul distingue en leurs flancs sombres Le germe qui n'est pas clos. Homme, il est doux comme une femme. Dieu parle voix basse son me Comme aux forts et comme aux flots. C'est lui qui, malgr les pines, L'envie et la drision, Marche, courb dans vos ruines, Ramassant la tradition. De la tradition fconde Sort tout ce qui couvre le monde, Tout ce que le ciel peut bnir, Toute ide, humaine ou divine, Qui prend le pass pour racine A pour feuillage l'avenir. Il rayonne! il jette sa flamme Sur l'ternelle vrit! Il la fait resplendir pour l'me D'une merveilleuse clart. Il inonde de sa lumire Ville et dsert, Louvre et chaumire, Et les plaines et les hauteurs ; tous d'en haut il la dvoile ; Car la posie est ltoile Qui mne Dieu rois et pasteurs! Situation Victor Hugo, Les rayons et les ombres

Lecture Hypothse gnrale

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Vrification de lhypothse gnrale par des axes de lecture Axe de lecture n1 : ENTRES REPRAGE ANALYSE

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Axe de lecture n2 : ENTRES REPRAGE

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BILAN25 Le franais en Terminale Edition 2010-2011

LECTURE MTHODIQUE N4 V. LE POTE LUI-MME Tandis que sur les bois, les prs et les charmilles, S'panchent la lumire et la splendeur des cieux, Toi, pote serein, rpands sur les familles, Rpands sur les enfants et sur les jeunes filles, Rpands sur les vieillards ton chant religieux! Montre du doigt la rive tous ceux qu'une voile Trane sur le flot noir par les vents agit ; Aux vierges, l'innocence, heureuse et noble toile ; la foule, l'autel que l'impit voile ; Aux jeunes, l'avenir ; aux vieux, l'ternit! Fais filtrer ta raison dans l'homme et dans la femme. Montre chacun le vrai du ct saisissant. Que tout penseur en toi trouve ce qu'il rclame. Plonge Dieu dans les curs, et jette dans chaque me Un mot rvlateur, propre ce qu'elle sent. Ainsi, sans bruit, dans l'ombre, songeur solitaire, Ton esprit, d'o jaillit ton vers que Dieu bnit, Du peuple sous tes pieds perce le crne austre ; Comme un coin lent et sr, dans les flancs de la terre La racine du chne entrouvre le granit.

Victor Hugo, Les rayons et les ombres

Situation

Lecture Hypothse gnrale

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Vrification de lhypothse gnrale par des axes de lecture Axe de lecture n1 : ENTRES REPRAGE ANALYSE

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Axe de lecture n2 : ENTRES REPRAGE

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BILAN27 Le franais en Terminale Edition 2010-2011

Le groupement de textes thtraux1 Le genre littraire : Le thtreUne pice de thtre est destine tre joue par des acteurs sur scne, dans un temps limit. De ces contraintes se dgage une criture proprement thtrale. quelles rgles un texte de thtre obit-il ? Peut-on distinguer diffrents genres thtraux ? 1. Quelles sont les particularits du texte thtral ? La singularit du texte thtral tient tout d'abord au fait que l'auteur s'y exprime uniquement travers les paroles de ses personnages et ne peut intervenir directement dans le dialogue. Il ne dispose pas de la souveraine libert du romancier qui peut dtailler les penses des personnages, commenter l'action, etc. De plus, le dramaturge doit tenir compte non seulement des caractristiques formelles imposes par le genre, mais aussi de la vocation du texte tre jou. Bien qu'il existe de rares textes qui ne sont pas prvus pour la scne, la plupart en effet, sont crits avant tout en vue de leur reprsentation. Une pice de thtre dveloppe trois types d'nonc, qui se distinguent visuellement les uns des autres par des variations typographiques : - les paroles prononces par les personnages (les rpliques) qui sont transcrites sans enrichissement typographique particulier ; - les noms des personnages qui prennent la parole ou sont prsents sur scne, sont transcrits le plus souvent en capitales d'imprimerie ; - Les didascalies, c'est--dire les informations relatives au lieu de l'action, aux gestes ou dplacements des personnages, aux intonations, aux bruits, aux costumes, etc., sont en italique. Enfin, le texte thtral est singulier en ce qu'il repose sur une situation de communication originale. - II est d'abord le lieu de deux nonciations, celle des personnages qui changent entre eux et celle de l'auteur qui, travers les didascalies, dtermine les rpliques des personnages, dcoupe la pice et oriente la mise en scne. - On y distingue ensuite trois types de rcepteurs : les personnages qui s'adressent les uns aux autres ; le metteur en scne et les comdiens, qui interprtent les didascalies de l'auteur ; enfin, le spectateur qui est le destinataire essentiel des informations changes sur la scne. Cette situation particulire porte le nom de double nonciation : le personnage et l'auteur sont nonciateurs en mme temps ; de mme, lorsqu'un personnage s'adresse un autre (ou lui-mme, dans un monologue), ses paroles sont aussi destines au public. 2. Quelles sont les diffrentes modalits de la parole au thtre ? Le texte thtral est construit comme un long dialogue, constitu de rpliques changes par les personnages : la longueur des rpliques, les jeux d'chos qui se crent entre elles, renseignent souvent sur la nature des relations entre les personnages. Ainsi, par exemple, lorsque de trs courtes rpliques se font suite et s'enchanent rapidement, on les appelle des stichomythies : ce procd caractrise un change vif entre deux personnages et peut traduire une intensit tragique ou, au contraire, produire un effet comique. Lorsqu'un personnage prononce des paroles que les autres ne sont pas censs entendre, il fait un apart. Ce type de rplique est parfois annonc par la didascalie part. Le spectateur, vritable destinataire de cette parole, devient alors le complice du personnage. L'apart rend sensible le dcalage entre ce que dit et ce que pense le personnage. Un monologue est un discours que se tient un personnage lui-mme. Il s'agit avant tout d'une convention thtrale qui permet d'clairer une situation ou d'exprimer les sentiments profonds d'un personnage. Une tirade est une longue rplique qui repose le plus souvent sur une succession de phrases complexes, de questions et d'arguments.28 Le franais en Terminale Edition 2010-2011

Enfin, le quiproquo est M dialogue- fond au dpart sur une mprise^ source d'effets comiques : un personnage ou un objet est pris pour un autre, une phrase est mal interprte, etc. Le quiproquo comporte gnralement trois tapes- : la mprise parfaite, l'apparition progressive du doute, la rvlation de la mprise. Cest ainsi que dans le Mariage de Figaro (Beaumarchais), le comte fait, la faveur de la nuit, la cour sa propre femme qu'il prend pour Suzanne, la jeune femme qu'il dsire sduire. Exemple : LE COMTE (prend la main de sa femme.) : Mais quelle peau fine et douce, et qu'il s'en faut que la Comtesse ait la main aussi belle ! LA COMTESSE ( part) ; Oh la prvention ! LE COMTE : A-t-elle ce bras ferme et rondelet ? ces jolis doigts pleins de grce1' et d'espiglerie ? LA COMTESSE : (de la voix de Suzanne) Ainsi l'amour ?... LE COMTE : L'amour... n'est que le roman du cur : c'est le plaisir qui en est l'histoire ; il m'amne tes genoux, LA COMTESSE : Vous ne laimez plus ? LE COMTE : Je l'aime beaucoup ; mais trois ans d'union rendent l'hymen si respectable ! 3. Qu'est-ce que l'action dramatique ? L'action dramatique dsigne la faon dont les vnements et les relations- entre les personnages s'imbriquent pour faire progresser lintrigue d'une situation initiale un dnouement. La structure dramatique dune pice peut tre analyse selon un schma actanciel , c'est--dire une mme situation fondamentale dont la ceinte de base est la suivante : un sujet dsire un objet (ce n'est pas ncessairement un objet rel, il peut sagir dune ide, dune valeur) ; ce sujet est contrari dans son dsir par des opposants et, en mme temps, aid par des adjuvants ; lobjet est promis par un destinateur des destinataires. Dans une mme pice, il arrive que les figure varient, les fonctions restant les mmes. Par exemple, dans la pice Britannicus de Racine, le schma actanciel peut tre analys ainsi : le dsir, la soif de pouvoir (destinateur) pousse Nron ( la fois sujet et destinataire), vouloir possder Junie (objet). Il est aid dans sa qute par Narcisse (adjuvant) et sopposer lui Britannicus, Agrippine, Snque (opposants). 4. En quoi consistent les rgles classiques ? La structure d'une pice classique (postrieure 1640 environ} doit respecter un certain nombre de rgles pour tre conforme ce que l'art classique appelle le Beau. a- La rgle des trois units : l'unit d'action (une seule action principale que soutiennent ventuellement des actions secondaires) ; l'unit de temps (pour renforcer l'intrt dramatique, l'action ne doit pas dpasser 24 heures) ; l'unit de lieu (l'action prend place en un seul lieu, plutt un palais pour la tragdie et un intrieur bourgeois pour la comdie). b- La vraisemblance Ce qui se passe sur scne doit rester crdible, ce qui, bien souvent, semble incompatible avec les exigences de la tragdie qui donne voir des tres hors du commun (issus de la mythologie, par exemple). c- La biensance Elle proscrit tout ce qui pourrait tre de nature choquer le spectateur (sang, grossirets, etc.) : dans une tragdie classique, un meurtre a toujours lieu hors-scne. En rgle gnrale, l'action thtrale est organise autour de quatre temps forts : - l'exposition (concentre dans les premires scnes de l'acte I) qui prcise la situation initiale en renseignant sur le lieu, le temps, les personnages et leurs relations.29 Le franais en Terminale Edition 2010-2011

- Le nud de l'intrigue (actes II et m) qui correspond l'ensemble des conflits qui gnent la progression de l'action et sont autant d'obstacles la volont des hros. * - Les pripties (acte IV) qui inflchissent le cours de l'action et retardent ou modifient le dnouement attendu. - Le dnouement (acte V) qui marque la rsolution dfinitive du conflit. Heureux dans la comdie, il est le plus souvent marqu par la mort dans la tragdie. Idalement, il doit rsulter de la logique de l'action elle-mme et viter les interventions peu crdibles. La citation Je voudrais bien savoir si la grande rgle de toutes les rgles nest pas de plaire, et si une pice de thtre qui a attrap son but n'a pas suivi un bon chemin. (Molire, la Critique de l'cole des femmes). Axe d'tude du groupement de textes: L'expression de l'amour dans le thtre franais du XVIIe sicle

II Prsentation du groupement de textes thtrauxLes auteurs du groupement- Pierre Corneille

a. Biographie Pierre Corneille, n Rouen le 6 juin 1606 et mort Paris le 1er octobre 1684, est un dramaturge franais. An des six enfants dune famille aise de magistrats rouennais, Pierre Corneille entame en 1624 une carrire davocat { Rouen. En 1641, il pouse Marie de Lamprire, fille du lieutenant particulier des Andelys, avec qui il aura sept enfants dont un mort une semaine aprs sa naissance. En 1647, il est lu { lAcadmie franaise au fauteuil 14 quoccupera son frre et collaborateur occasionnel Thomas aprs sa mort. b. Bibliographie En 1629, un chagrin amoureux le conduit crire ses premiers vers, puis sa premire comdie, Mlite. Avec les pices qui suivront : Clitandre, la Veuve, la Galerie du Palais, la Suivante, la Place Royale, Mde et lIllusion comique, apparat un nouveau style de thtre o les sentiments tragiques sont mis en scne pour la premire fois dans un univers plausible, celui de la socit contemporaine. Ses pices les plus clbres sont Le Cid, Cinna, Polyeucte et Horace. La richesse et la diversit de son uvre refltent les valeurs et les grandes interrogations de son poque. Corneille, auteur officiel nomm par Richelieu, rompt avec ce statut de pote du rgime et avec la politique conteste du cardinal, pour crire des pices exaltant la haute noblesse (Le Cid, uvre aujourdhui universellement connue), rappelant que les hommes politiques ne sont pas au-dessus des lois (Horace), ou montrant un monarque cherchant reprendre le pouvoir autrement que par des reprsailles (Cinna). partir de 1650, ses pices connaissent un succs moindre, et il cesse dcrire pendant plusieurs annes aprs lchec de Pertharite. Ce n'est qu'{ la toute fin des annes 1650 que le vieux pote renoue avec la scne avec la tragdie dipe.30 Le franais en Terminale Edition 2010-2011

partir des annes 1660, ltoile montante du thtre franais s'appelle Jean Racine, dont les intrigues misent davantage sur le sentiment et apparaissent moins hroques et plus humaines. La comparaison avec Racine tournera au dsavantage de Corneille lorsque les deux auteurs produiront presque simultanment, sur le mme sujet, Brnice (Racine) et Tite et Brnice (Corneille). la fin de sa vie, la situation de Corneille est telle que Boileau demande pour lui une pension royale qu'il obtient de Louis XIV. Luvre tendue et riche de Corneille a donn naissance { ladjectif cornlien qui dans l'expression "un dilemme cornlien" signifie une opposition irrductible entre deux points de vue, par exemple une option affective ou amoureuse contre une option morale ou religieuse c. Les thmes - L'Hrosme L'hrosme cornlien revt un aspect moral et psychologique, qui reflte les sentiments d'enthousiasme, d'orgueil, de bravoure, de gnrosit, qui reprsentaient encore l'idal aristocratique de la noblesse au temps de Louis XIII. Personnage d'exception, incarnation des valeurs fodales, le hros cornlien, par son caractre chevaleresque et sa conception de l'amour (proche du modle courtois), tendait en effet aux gentilshommes un miroir flatteur, mais il devait progressivement apparatre dmod au public de la seconde moiti du sicle, gagn par les valeurs bourgeoises : ses ambitions taient en effet essentiellement dictes par le sentiment, historiquement dat, de la gloire. - Passion et gloire Le fondement mme de l'hrosme cornlien est l'orgueil, c'est--dire l'amour-propre, qui ne va pas sans le souci de sa propre rputation. Bien davantage que par l'ide du devoir, le hros de Corneille est domin par son besoin absolu de libert, aussi se laisse-t-il volontiers conduire par la passion. Cependant, loin d'tre dchir par celle-ci, il parvient toujours l'accorder aux ncessits de sa gloire et, quels que soient les vnements auxquels il se trouve confront, il est toujours victorieux. C'est le cas dans le Cid, o Rodrigue choisit l'honneur avant l'amour, et obtient finalement les deux. De manire gnrale, l'orgueil du hros cornlien, fond sur le sentiment de sa supriorit aristocratique, le conduit exhiber sa propre valeur, donner sa grandeur en spectacle aux autres personnages. Cependant, l'hrosme cornlien n'est pas exclusivement spectaculaire. Il symbolise aussi un idal personnel de dfi et de noblesse, destin conjurer la menace de l'chec, de l'anantissement et de la mort. La morale cornlienne consiste en dfinitive faire concider les dsirs, les passions et les instincts de ses personnages avec la conception qu'ils ont de leur propre supriorit, ce qui les entrane inluctablement dpasser le statut de simple personnage pour accder au rang de hros. Toujours admirables par l'exemple qu'ils offrent du pouvoir de la volont humaine contre la force des choses, les hros de Corneille ne sont donc pas ceux de la vritable tragdie : loin d'tre anantis par une fatalit qui les dpasse, ils sortent victorieux des preuves. En outre, une fois leurs grandes actions acheves et aprs qu'ils ont assur leur salut et leur gloire vient pour eux le temps de l'amour, de la clmence et de la srnit, temps bni qui est interdit dfinitivement aux hros tragiques. Le cid : Rsum Le Cid est une tragi-comdie en cinq actes et en vers cre au Thtre du Marais, Paris, dbut janvier 1637, publie en mars 1637. Le Cid apparat comme une tragi-comdie romanesque, dont l'action reprend le schma traditionnel des amours contraries. Rodrigue, jeune noble espagnol, aime Chimne d'un amour partag. Il est lui-mme aim de l'infante et a pour rival Don Sanche. Mais une violente altercation clate entre le pre de Chimne, Don Gormas, et le pre de Rodrigue, Don Digue : Don Gormas, dpit de ne pas avoir t choisi par le roi comme prcepteur du prince de Castille, donne un31 Le franais en Terminale Edition 2010-2011

soufflet Don Digue qui a eu la prfrence. De retour chez lui, Don Digue demande son fils de le venger, le plaant ainsi en face du fameux dilemme cornlien, l'amenant choisir entre son bonheur personnel et l'honneur de sa famille. Aprs quelques hsitations, qu'il exprime dans les clbres stances (acte I, scne 6), il choisit l'honneur, provoque Don Gormas en duel et, malgr son inexprience, le tue. Aprs avoir remport une victoire clatante sur les Maures, il revient la cour du roi et vainc en un nouveau duel Don Sanche que Chimne a charg de venger son pre. Et la pice s'achve sur la promesse d'un mariage entre Rodrigue et Chimne, aprs le dlai de rigueur qu'impose la dcence. Le Cid est une uvre-carrefour pour Pierre Corneille. Elle met en scne ce hros soucieux de sa gloire et de son image, qui s'imposera, par la suite, dans son thtre. Elle unit dj intimement intrigue amoureuse et sujet politique. Le pouvoir royal est ici, en effet, en jeu : confront la puissance des fodaux, il finira par l'emporter. Dveloppant une action complexe qui se droule sur vingt-quatre heures elle inclut donc une nuit , se situant dans plusieurs lieux, cette uvre est marque par l'irrgularit { laquelle Pierre Corneille renoncera, par la suite, au profit de la rgularit. LECTURE MTHODIQUE N 1 Don Rodrigue Je fais ce que tu veux, mais sans quitter l'envie De finir par tes mains ma dplorable vie ; Car enfin n'attends pas de mon affection Un lche repentir d'une bonne action. L'irrparable effet d'une chaleur trop prompte Dshonorait mon pre, et me couvrait de honte. Tu sais comment un soufflet touche un homme de cur ; J'avais part l'affront, j'en ai cherch l'auteur ; Je l'ai vu, j'ai veng mon honneur et mon pre ; Je le ferais encore, si j'avais le faire. Ce n'est pas qu'en effet contre mon pre et moi Ma flamme assez longtemps n'ait combattu pour toi ; Juge de mon pouvoir : dans une telle offense J'ai pu dlibrer si j'en prendrais vengeance. , Rduit te dplaire, ou souffrir un affront, J'ai pens qu'a son tour mon bras tait trop prompt ; Je me suis accus de trop de violence ; Et ta beaut sans doute emportait la balance, A moins que d'opposer tes plus forts appts Qu'un homme sans honneur ne te mritait pas ; Que, malgr cette part que j'avais en ton me, Qui m'aima gnreux me harait infme ; Qu'couter ton amour, obir sa voix, C'tait m'en rendre indigne et diffamer ton choix. Je te le dis encore ; et quoique j'en soupire, Jusqu'au dernier soupir je veux bien le redire : Je t'ai fait une offense et j'ai du m'y porter Pour effacer ma honte et pour te mriter ; Mais quitte envers l'honneur et quitte envers mon pre, C'est maintenant toi que je viens satisfaire : C'est pour t'offrir mon sang qu'en ce lieu tu me vois.32 Le franais en Terminale Edition 2010-2011

J'ai fais ce que j'ai d, je fais ce que je dois. Je sais qu'un pre mort t'arme contre mon crime ; Je n'ai pas voulu drober ta victime : Immole avec courage au sang qu'il a perdu Celui qui met sa gloire l'avoir rpandu. Pierre Corneille, Le Cid, acte, scne 4, page 86 88 Situation

Lecture Hypothse gnrale

Vrification de lhypothse gnrale par des axes de lecture Axe de lecture n1 :

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Axe de lecture n2 :

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-Jean Racine

1. L'auteur Jean Racine (1639-1699) est un dramaturge franais du XVIIe sicle. Il est trs clbre pour ses tragdies classiques inspires notamment par les grandes figures de la mythologie grecque : Andromaque (1667), Iphignie (1674) ou Phdre (1677). Orphelin, Jean Racine fait ses tudes au monastre de Port-Royal. tudiant, il commence par composer des pomes classiques. Racine connat rapidement le succs. Ses principales pices Andromaque (1667), Les Plaideurs (1668), Britannicus (1669), Brnice (1670), Iphignie (1674), Phdre (1677) sont considres comme le modle absolu de la tragdie classique. La rgle des trois units (de temps, de lieu et d'action) y est scrupuleusement respecte. Le thtre de Jean Racine doit son intensit la peinture de l'amour-passion. Ni la raison ni la volont ne peuvent s'lever contre l'amour. La passion est dvorante et dvastatrice : les hros tuent et meurent par amour. Enfin, la tragdie racinienne comporte peu de personnages, une intrigue simple et un dnouement souvent dramatique. Jean Racine est lu l'Acadmie franaise en 1673. 2. Phdre, La pice a- Prsentation gnrale Phdre est une tragdie en cinq actes (comportant respectivement 5, 6, 6, 6 et 7 scnes) et en vers (1 654 alexandrins) de Jean Racine reprsente le 1er janvier 1677 l'Htel de Bourgogne. Phdre (selasphoros, "Lumire" en Grec) est la dernire tragdie profane de Racine avant un long silence de douze ans au cours duquel il se consacrera au service du roi et la religion. Une nouvelle fois, il choisit un sujet dj trait par les potes tragiques grecs et romains. Le roi Thse tant absent (donn pour mort en campagne), Phdre finit par avouer son amour Hippolyte, fils de Thse et d'une amante amazone. Contrairement Euripide dans Hippolyte porte-couronne, Racine fait mourir Phdre la fin de la pice, sur scne : elle a donc eu le temps d'apprendre la mort d'Hippolyte. Le personnage de Phdre est l'un des plus remarquables des tragdies de Racine. Elle est la fois coupable du malheur des autres et victime de ses pulsions. b- Prsentation des personnages et du lieu -THSE, fils d'ge, roi d'Athnes, PHDRE, femme de Thse, fille de Minos et de Pasipha, HIPPOLYTE, fils de Thse et d'Antiope (reine des Amazones), ARICIE, princesse du sang royal d'Athnes, NONE, nourrice et confidente de Phdre, THRAMNE, gouverneur d'Hippolyte, ISMNE, confidente d'Aricie, PANOPE, femme de la suite de Phdre, GARDES La scne est Trzne, ville du Ploponnse. c- Rsum de la pice Acte I - Hippolyte, fils de Thse et d'une Amazone (nomme Antiope), annonce son confident (nomm Thramne) son intention de quitter la ville de Trzne pour fuir son amour pour Aricie, sur des Pallantides, un clan ennemi de Thse. Phdre, pouse de Thse, avoue { none, sa nourrice et confidente, la passion qu'elle ressent pour son beau-fils Hippolyte. On annonce la mort de Thse.35 Le franais en Terminale Edition 2010-2011

Acte II - Aricie dit qu'elle aime aussi Hippolyte. H lui propose de prendre le trne d'Attique. Phdre supplie Hippolyte de s'occuper de son fils, mais elle finit par lui annoncer son amour envers lui. En le voyant tonn et timide, elle prend son pe pour en finir avec sa vie. none l'arrte. Thramne dit qu'on a peut-tre vu Thse. Acte III - Thse, qui n'est pas mort, arrive Trzne et s'tonne de recevoir un accueil si froid : Hippolyte veut fuir sa belle-mre et il envisage d'avouer Thse son amour pour Aricie, Phdre est submerge par sa culpabilit. Elle vole mme l'pe d'Hippolyte, ce qui empchera ce dernier de se dfendre moralement durant le dernier acte. Acte IV - none, qui craint que sa matresse ne se donne la mort, dclare { Thse qu'Hippolyte a tent de sduire Phdre. Thse bannit Hippolyte et prie Posidon, dieu de la mer, de le tuer. Phdre veut le faire changer d'avis mais elle apprend qu'Hippolyte aime Aricie. Furieuse d'avoir une rivale, elle renonce le dfendre. Acte V - Hippolyte part aprs avoir promis Arice de l'pouser hors de la ville. Thse commence avoir des doutes sur la culpabilit de son fils, mais la nouvelle de sa mort survient. Phdre avoue tout { Thse, aprs avoir banni none qui s'est ensuite jete dans les flots; elle a pris auparavant du poison et s'effondre sur scne. Thse, pour venger son fils et respecter la dernire volont d'Hippolyte, dcide d'adopter Aricie. L'uvre de Racine s'inscrit dans le registre tragique par le caractre de Phdre { inspirer terreur mais aussi piti (registre pathtique, on parle de catharsis, ou purgation des passions), accable par le poids de l'hrdit qui la condamne ds l'acte I.

LECTURE MTHODIQUE N2Phdre Ah ! cruel, tu m'as trop entendue ! Je t'en ai dit assez pour te tirer d'erreur. Eh bien ! connais donc Phdre et toute sa fureur. J'aime. Ne pense pas qu'au moment que je t'aime, Innocente { mes yeux, je m'approuve moimme, Ni que du fol amour qui trouble ma raison, Ma lche complaisance ait nourri le poison. Objet infortun des vengeances clestes, Je m'abhorre encor plus que tu ne me dtestes. Les dieux m'en sont tmoins, ces dieux qui dans mon flanc Ont allum le feu fatal tout mon sang ; Ces dieux qui se sont fait une gloire cruelle De sduire le cur d'une faible mortelle. Toimme en ton esprit rappelle le pass. C'est peu de t'avoir fui, cruel, je t'ai chass : J'ai voulu te paratre odieuse, inhumaine, Pour mieux te rsister, j'ai recherch ta haine. De quoi m'ont profit mes inutiles soins ? Tu me hassais plus, je ne t'aimais pas moins. Tes malheurs te prtaient encor de nouveaux charmes. J'ai langui, j'ai sch, dans les feux, dans les larmes. Il suffit de tes yeux pour t'en persuader, Si tes yeux un moment pouvaient me regarder. Que disje ? Cet aveu que je te viens de faire, Cet aveu si honteux, le croistu volontaire ?36 Le franais en Terminale Edition 2010-2011

Tremblante pour un fils que je n'osais trahir, Je te venais prier de ne le point har. Faibles projets d'un cur trop plein de ce qu'il aime ! Hlas ! je ne t'ai pu parler que de toimme ! Jean Racine, Phdre, Acte 2, scne 5 pp 47-48 Situation

Lecture Hypothse gnrale

Vrification de lhypothse gnrale par des axes de lecture Axe de lecture n1 : ENTRES REPRAGE ANALYSE

INTERPRTATION

37 Le franais en Terminale Edition 2010-2011

Axe de lecture n2 ENTRES REPRAGE

ANALYSE

INTERPRTATION

BILAN

Molire

1. L'auteur et l'uvre Molire (1622-1673) est un dramaturge et comdien franais du XVIIe sicle. travers ses comdies, il a su peindre son sicle ainsi que la vanit et la btise des hommes. De son vrai nom Jean-Baptiste Poquelin, Molire nat Paris dans une famille bourgeoise. Il fait des tudes de droit pour tre avocat puis, contre l'avis de son pre, dcide de devenir comdien. En 1643, il fonde avec la famille Bjart une compagnie thtrale baptise l'Illustre-Thtre. Aprs des dbuts catastrophiques, la troupe part sur les routes de province pendant prs de quinze annes.38 Le franais en Terminale Edition 2010-2011

Rentre Paris, la compagnie bnficie de la protection de Louis XIV. Molire triomphe en 1659 avec les Prcieuses ridicules. En 1660, la troupe s'installe au Palais-Royal. Molire se consacre essentiellement au comique : il crit et monte deux pices par an. Avec finesse et humour, il russit mettre en scne la vanit, le ridicule et la btise des hommes. Ses pices les plus clbres sont l'cole des femmes (1662), Tartuffe (1664), Dont Juan (1665), le Mdecin malgr lui (1666), l'Avare (1668), le Bourgeois gentilhomme (1670), les Fourberies de Scapin (1671), les Femmes savantes (1672). Molire meurt d'un malaise cardiaque l'issue de la quatrime reprsentation du Malade imaginaire, en 1673. Sa pice Dom Juan [1] ou le Festin de pierre est une comdie en cinq actes (comportant respectivement 3, 5, 5, 8 et 6 scnes) et en prose joue pour la premire fois le 15 fvrier 1665 au Thtre du Palais-Royal. 2. Les personnages Dom Juan, fils de Dom Louis. Sganarelle, valet de Dom Juan. Done Elvire, femme de Dom Juan. Gusman, cuyer de Done Elvire. Dom Carlos & Dom Alphonse, frres de Done Elvire. Dom Louis, pre de Dom Juan. Charlotte & Mathurine, paysannes. Pierrot, paysan et amant de Charlotte. La Statue du Commandeur. La Violette & Ragontin, laquais de Dom Juan. M. Dimanche, marchand. La Rame, Spadassin. Francisque, un pauvre. Un Spectre. 3. Rsum Cette pice relate la vie d'un personnage infidle, sducteur, libertin blasphmateur, tre de l'inconstance et du mouvement. Dom Juan, jeune noble vivant en Sicile accompagn de son fidle valet Sganarelle, accumule les conqutes amoureuses, sduisant les jeunes filles nobles et les servantes avec le mme succs. Seule la sduction l'intresse et les jeunes femmes sont bafoues et dshonores aprs que le beau seigneur en a dcid. Mais l'une d'entre elles, Done Elvire, va lui donner bien du fil retordre avec, entre autres, la venue de ses deux frres en Sicile pour trouver Dom Juan et le punir de l'affront commis leur gard : en effet, Dom Juan a enlev Done Elvire d'un couvent afin de l'pouser, puis l'a abandonne. Ses conqutes lui valent certaines inimitis et certains duels auxquels il ne se drobe pas. Il affiche un certain cynisme dans les relations avec ses proches, notamment avec son pre (Dom Louis) et remet en cause les conditions chrtiennes mais galement sociales, son libertinage symbolisant son indpendance. Il aime les dfis, jusqu' celui de la fin : le repas avec la Statue du Commandeur, que Dom Juan avait tu auparavant, qui l'emportera dans les flammes de l'Enfer. Dans son rcit, Molire a cr un personnage ayant tous les vices de son poque mais en expliquant ses buts, ses convictions et ses raisonnements. H s'est inspir du personnage principal de El Burlador de Sevilla y Convidado de piedra de Tirso de Molina, sauf que ce Dom Juan espagnol, qui passe son temps renier Dieu et sduire les femmes, demande se confesser avant sa mort lors du dnouement. 4. Les intentions de Molire Molire entretient l'ambigut sur ses intentions en dcrivant un personnage qui n'est pas totalement noir. Il est intelligent et courageux. Dans ses duels verbaux contre Sganarelle, contre son crancier et contre son pre, il gagne haut la main. D'autre part, son cynisme et son hypocrisie ne peuvent que rvulser le spectateur. En fait, la pice est une rflexion sur le libertinage et ses excs. Molire est adepte de la librepense, mais respecte les convictions religieuses. Il s'attaque principalement toute forme d'hypocrisie que ce soit celle du dvot ou celle du libertin. Dom Juan est prt tout pour satisfaire ses plaisirs. La fin de la pice est trs ambigu. Certes, Dom Juan est puni de ses pchs par la mort, il est ananti physiquement (en effet les didascalies l'indiquent comme aval par la terre), la conclusion semble donc morale (comme on peut l'attendre l'poque). Nanmoins, peut-on dire qu'un hros est vaincu s'il a prfr mourir plutt que de renoncer ses convictions ?39 Le franais en Terminale Edition 2010-2011

5. Le dnouement Un dnouement tragique, mais qui reste comique (acte V, scnes 4,5 et 6). On sait que Dom Juan est emport dans les Flammes des Enfers par la Statue du Commandeur. Dom Juan meurt, on pourrait se croire dans le dnouement d'une tragdie. Mais trs rapidement, le registre comique revient au galop avec la rplique finale de Sganarelle : Mes gages, mes gages ! ; un Sganarelle pein, non de la mort de son matre niais de la perte de son argent Le chtiment de Dom Juan peut paratre exemplaire : un homme qui dfie toutes les lois sociales et la puissance divine ne peut survivre. Pourtant le comique de cette rplique finale annule l'effet voulu : Dieu n'a pas le dernier mot. La pice se finit sur une note bouffonne et le valet Sganarelle nonce une morale. Et le chtiment n'est peut-tre pas si fatal Dom Juan, qui n'a cess de provoquer Dieu durant toute la pice : maintenant sr du fait que ce dernier existe, le dernier cri du sducteur peut alors tre peru comme un cri d'orgasme final, et fatal. Le dnouement de Dom Juan ne peut tre vraiment appel dnouement tant celui-ci est ambigu. Le ciel emploie tous les moyens possibles afin de convaincre Dom Juan, et doit se rsoudre utiliser la violence. Finalement, Dom Juan ne va jamais se repentir, personne ne russira le convaincre et vaincre sa logique. Molire a lev Dom Juan (libertin invent par Tirso de Molina en 1630) au rang de mythe, en lui donnant une profondeur et une certaine complexit. cause de son dnouement cette pice est tragique, mais est constamment berce -par le registre comique. Ce mlange des genres fait de Dom Juan une pice baroque, ne respectant pas les rgles du classicisme. LECTURE MTHODIQUE N3 Dont JUAN DOM JUAN - Quoi ! Tu veux qu'on se lie demeurer au premier objet qui nous prend, qu'on renonce au monde pour lui, et qu'on ait plus d'yeux pour personne ? La belle chose de vouloir se piquer d'un faux honneur d'tre fidle, de s'ensevelir pour toujours dans une passion, et d'tre mort ds sa jeunesse toutes les autres beauts qui nous peuvent frapper les yeux ! non, non : la constance n'est bonne que pour les ridicules ; toutes les belles ont droit de nous charmer, et l'avantage d'tre rencontre la premire ne doit point drober aux autres les justes prtentions qu'elles ont toutes sur nos curs. Pour moi, la beaut me ravit partout o je la trouve, et je cde facilement { cette douce violence dont elle nous entraine. J'ai beau tre engag, l'amour que j'ai pour une belle n'engage point mon me faire injustice aux autres ; je conserve des yeux pour le mrite de toutes, et rend chacune les hommages et les tributs o la nature nous oblige. Quoiqu'il en soit, je ne puis refuser mon cur { tout ce que je vois d'aimable ; et ds qu'un beau visage me le demande, si j'en avais dix mille, je les donnerais tous. Les inclinations naissantes, aprs tout, ont des charmes inexplicables, et tout le plaisir de l'amour est dans le changement. On gote une douceur extrme rduire, par cent hommages, le cur d'une jeune beaut, { voir de jour en jour les petits progrs qu'on y fait, combattre par des transports, des larmes et des soupirs, l'innocente pudeur d'une me qui a peine rendre les armes, forcer pied pied toutes les rsistances qu'elle nous oppose, vaincre les scrupules dont elle se fait un honneur, et la mener doucement o nous avons envie de la faire venir. Mais lorsqu'on en est matre une fois, il n'y a plus rien dire ni rien souhaiter ; tout le beau de la passion est fini, et nous nous endormons dans la tranquillit d'un tel amour, si quelque objet nouveau ne vient rveiller nos dsirs et prsenter { notre cur les charmes attrayants d'une conqute faire. Enfin, il n'est rien de si doux que de triompher de la rsistance d'une belle personne, et j'ai sur ce sujet l'ambition des conqurants, qui volent perptuellement de victoire en victoire, et ne peuvent se rsoudre borner leurs souhaits. Il n'est rien qui puisse arrter l'imptuosit de mes dsirs : je me sens un cur { aimer toute la terre ; et comme Alexandre* je souhaiterais qu'il y eut d'autres mondes pour y pouvoir tendre mes conqutes amoureuses. Molire, Dom juan, Acte 1, scne 2, pp 360 - 36140 Le franais en Terminale Edition 2010-2011

1. Situation/Prsentation

2. 3.

Lecture Hypothse Gnrale

Vrification de l'hypothse gnrale par des axes de lecture Axe de lecture n l ENTRES REPRAGE ANALYSE

INTERPRTATION

Axe de lecture n 241 Le franais en Terminale Edition 2010-2011

ENTRES

REPRAGE

ANALYSE

INTERPRTATION

BILAN

42 Le franais en Terminale Edition 2010-2011

EXPRESSION CRITEQUESTIONS - RSUM - PRODUCTION CRITElments d'apprentissageIntroduction Le rsum du texte est un exercice qui porte sur un texte argumentatif et qui vise dire en peu de mots ce que l'autre aura dit en plusieurs mots. Cela consiste donc se comporter comme si on tait l'auteur du texte mais en prenant dans un style personnel les ides essentielles de l'auteur. A cet effet, il faut tre concis et rester fidle au texte. Au-del du rsum proprement dit, cet exercice comporte galement deux autres tches additives savoir les questions et la production crite.

I Les Questions sur le texteElles ont pour objectif de guider le candidat vers une comprhension globale du texte. La rubrique porte sur deux o trois questions qui peuvent tre tires du systme nonciatif, de l'organisation argumentative, du lexique ou de l'organisation lexicale. Il faut rdiger entirement les rponses toutes ces questions. TEXTE 1 : LES SYNDICATS ALARMS PAR LE CHMAGE DES JEUNES Les pays industrialiss comme les pays en dveloppement connaissent des taux de chmage jamais atteints depuis les annes trente et il n'y a gure de signes que la situation puisse s'amliorer dans un proche avenir. Le chmage des jeunes est particulirement proccupant. Non seulement il reprsente un norme gaspillage de ressources humaines, mais il a galement des consquences sociales de plus en plus lourdes supporter : les taux de criminalit et de toxicomanie s'lvent et les jeunes se sentent toujours plus frustrs de ne pouvoir pleinement participer la vie de la socit. Dans de nombreux pays en dveloppement, la majorit des jeunes n'a que peu ou pas de perspectives d'emploi dans le secteur structur de lconomie ; ils sont des milliers { devoir s'exiler pour tenter leur chance dans les pays industrialiss. Ceux-ci, pour leur part, ne peuvent intgrer cet afflux de main-duvre dans leurs conomies gnralement affaiblies. De ce fait de nombreux immigrants restent sans travail ou ne peuvent trouver que des emplois occasionnels dans l'conomie souterraine. Ils ne bnficient alors d'aucune protection sociale et sont exposs la monte alarmante du racisme et de la xnophobie, orchestre de plus en plus souvent par l'extrmisme politique. Si l'impact social du chmage se manifeste de diverses faons qui peuvent tre identifies et mesures, le cot conomique de l'exclusion de toute activit productive de ces millions de jeunes est beaucoup plus difficile calculer. Il n'en continuera pas moins de peser pendant bien des annes encore. Pourquoi le phnomne a-t-il pris une telle ampleur ? D'abord, sans doute, parce qu'un grand nombre, sinon la plupart, des gouvernements se sont attachs d'troites politiques montaristes privilgiant la lutte contre l'inflation au dtriment de la dfense prioritaire de l'emploi. En vrit, le monde paie trs cher aujourd'hui l'hypothse selon laquelle tout rentrera dans l'ordre si certains critres financiers sont respects. L'une des solutions prconises pour rsoudre le problme du chmage des jeunes est de rduire encore le cot relatif de leur emploi, en particulier en diminuant ou en bloquant leurs salaires. Pourtant, l'exprience a montr que les rsultats obtenus sont au mieux marginaux, car ils43 Le franais en Terminale Edition 2010-2011

entranent une substitution et non la cration d'un nombre significatif de postes de travail et une embauche court terme au lieu de contrats permanents. Nanmoins, selon des sources syndicales, divers gouvernements s'efforcent encore de rduire les salaires et les prestations des jeunes travailleurs et d'empcher les syndicats de ngocier librement en leur nom. Il n'y a pourtant aucune raison pour que les jeunes ne bnficient pas pleinement des droits consacrs par les conventions de l'Organisation Internationale du Travail (OIT). Dans de nombreux pays, les pouvoirs publics ont lanc des programmes spciaux d'intgration des jeunes dans la vie active : systmes d'emploi court terme, initiatives de formation professionnelle, d'activits destines favoriser la croissance des petites entreprises et des coopratives. Ces systmes ont certainement une place dans toute politique globale de lutte contre le chmage des jeunes ; cependant, ils ne peuvent eux seuls rsoudre le problme. Les questions relatives l'emploi des jeunes ne peuvent tre traites indpendamment du problme du chmage en gnral. C'est seulement en venant bout de la rcession conomique mondiale qu'on pourra esprer garantir aux jeunes des perspectives raisonnables de scurit conomique. Pour inverser la tendance gnrale l'accroissement du chmage, les pouvoirs publics doivent imprativement mettre la recherche du plein emploi au centre de leur politique conomique en cessant de prendre les indicateurs financiers comme seul repre d'action. En sa qualit d'institution tripartite des Nations Unies, l'OIT peut jouer un rle considrable pour encourager les gouvernements revenir des politiques de plein emploi. Les institutions financires internationales doivent tenir pleinement compte des normes de l'OIT et de sa vaste exprience concernant les questions d'emploi dans la conception des programmes d'ajustement structurel. L'homme et ses besoins doivent tre mis au centre de la restructuration conomique. Quant aux gouvernements des pays industrialiss, ils devraient se persuader d'une vidence : savoir qu'ils ne pourront rsoudre leurs problmes long terme tant que les niveaux de vie et le pouvoir d'achat des pays en dveloppement continueront de dcliner. Le chmage est un problme plantaire qui exige des solutions plantaires. Martin FERGUSON, " Les syndicats alarms par le chmage des jeunes " In Travail, Le magazine de l'OIT. NI 3, Avril 1993 pp 20-21 QUESTIONS SUR LE TEXTE a) Vous expliquerez en contexte le sens des expressions suivantes : afflux de main-duvre extrmisme politique . b) Donnez la vise argumentative de lauteur RSUM Ce texte comporte environ 740 mots. Rsumez-le au quart de son volume, soit environ, 190 mots. (Une marge de plus ou moins 10% sera admise. Vous indiquerez la fin de votre rsum le nombre exact de mots employs). PRODUCTION CRITE Partagez-vous ce point de vue de l'auteur : "Le chmage est un problme plantaire qui exige des solutions plantaires".

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- valuation 1- Quels sont les diffrents types de questions poses sur un texte argumentatif?

2- A quel(s) type(s) renvoient les questions poses sur le texte 1 ?

3- Relevons les lments correspondant dans le texte.

4- Rdigeons les rponses aux questions poses sur le texte 1.

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II Le rsum de texte proprement dit1. Principes de base -Suivre l'ordre du texte -se mettre la place de l'auteur -ne pas apporter d'lments nouveaux -ne pas tirer de conclusion -viter les paragraphes, les ides de l'auteur et ne pas apprcier ou commenter les ides de l'auteur 2. La dmarche -lire attentivement le texte et plusieurs fois jusqu' sa comprhension -dgager le thme, les ides gnrales, la thse dveloppe par l'auteur -porter une trs grande attention aux connecteurs logiques afin de mieux cerner la dmarche argumentative de l'auteur. - Supprimer les exemples : on considre comme exemple, les illustrations, les digressions (dveloppement qui s'carte du sujet), les insistances, les citations, les expansions... -relever ainsi les ides essentielles de chaque paragraphe en gardant l'esprit l'ide matresse autour de laquelle viennent se greffer ces ides. TEXTE 2 : LA LIBERT D'EXPRESSION N'est-il pas significatif que lun des premiers signes de l'intention d'un gouvernement de s'carter des principes dmocratiques soit le renforcement de son contrle sur l'information par le muselage de la presse ? Le phnomne va de violations quotidiennes mineures dans les dmocraties occidentales - tel le recours abusif la lgislation sur la scurit nationale pour empcher la publication d'informations que les autorits prfrent garder sous silence - des rgimes de terreur qui suppriment par la violence toute opposition, information voire libert de pratique religieuse. L'absence de libert de parole et de presse indpendante facilite incontestablement la tche des gouvernements rsolus utiliser la propagande pour encourager les conflits ethniques, la guerre et le gnocide. Le droit la libert d'expression est officiellement garanti par les grands traits internationaux, y compris la Dclaration universelle des droits de l'homme, le Pacte international relatif aux droits civils et politiques et la Convention europenne des droits de l'homme. Il figure galement dans de nombreuses constitutions nationales, sans tre garanti pour autant. L'obligation de respecter la libert d'expression s'tend aujourd'hui aux pays qui n'ont pas ratifi les traits internationaux en la matire car la reconnaissance de la Dclaration universelle implique que ses dispositions font dsormais partie intgrante du droit coutumier. Mme s'il est gnralement admis que la libert d'expression est la pierre angulaire de la dmocratie, des restrictions sont autorises par certains traits internationaux. A l'inverse du premier Amendement amricain qui n'autorise pratiquement pas d'entraves la libert de parole, les traits internationaux sont la recherche d'un quilibre entre des droits concurrents ; ainsi, par exemple la libert de parole peut tre limite lorsqu'elle empite sur le droit la vie prive ou lorsqu'elle constitue une incitation la violence ou la haine. Les restrictions autorises ayant ncessairement une porte assez large, les limites de la libert d'expression sont remises en question devant des tribunaux nationaux ou rgionaux. Plusieurs affaires rcentes ont ainsi permis de prciser les restrictions qu'un gouvernement est en droit dimposer et dans quelles circonstances. La Cour europenne de Justice a notamment soulign que toute restriction devait rpondre un triple critre : elle doit tre prescrite par la loi (et ne pas tre impose de manire arbitraire), elle doit tre proportionnelle aux objectifs lgitimes poursuivis, et sa ncessit pour46 Le franais en Terminale Edition 2010-2011

assurer la protection de l'individu et/ou de ltat dans une socit dmocratique doit tre dmontrable. En dpit des dispositions rgissant les restrictions en matire de libert d'expression, les gouvernements continuent d'invoquer toute une srie de motifs pour justifier la suppression d'informations n'allant pas dans le sens de leurs politiques ou de leurs intrts. Ces motifs relvent le plus souvent de la scurit nationale ou de "lintrt public", et les mcanismes utiliss pour entraver la libre circulation de l'information vont de subtiles pressions conomiques et de voies dtournes pour mater l'opposition politique et la presse indpendante jusqu'{ ladoption de lois limitant la libert de presse et de rgles limitant loctroi de permis aux journalistes. Ce type de mthode peut aller, dans des cas extrmes, jusqu{ la dtention illgale, la torture et la disparition de journalistes et dautres personnes impliques dans la diffusion d'opinions indpendantes. Frances De Souza, in Le Courrier, n158, juillet-aot 1996, p. 42. QUESTIONS SUR LE TEXTE a) Dgager la thse de lauteur de ce texte b) Dfinissez les expressions suivantes selon le contexte : utiliser la propagande , ratifier les traits internationaux RSUM PRODUCTION CRITE tayez l'ide selon laquelle "la libert de parole peut tre limite lorsqu'elle empite sur le droit la vie prive ou lorsqu'elle constitue une incitation la violence ou la haine." - valuation 1- Identifions la situation d'argumentation : - Quel est le thme du texte 2 ?

- Quels sont les indices d'nonciation ? Que peut-on en dduire ?

- Quelle(s) est (sont) la (les) thse(s) en prsence ?

47 Le franais en Terminale Edition 2010-2011

- Relevons le champ lexical propre au thme et le champ lexical propre aux thses en prsence.

- Dgageons enfin la vise argumentative de l'auteur travers ce texte.

2- Slectionnons les ides essentielles - Reprons les connecteurs logiques dans le texte pour identifier les squences argumentatives

- Supprimons les exemples dans le texte

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3- tablissons un enchanement logique entre les ides essentielles - Pour cela utilisons des connecteurs quivalents ceux relevs dans le texte

4- Reformulons les ides essentielles du texte 2 - Utilisons par exemple des synonymes, des mots englobant ou gnriques pour les numrations. - Transformons des phrases complexes en phrases simples (en remplaant la relative par un adjectif qualificatif la compltive par un GN, la circonstancielle par un GNP par exemple).

5- Rdigeons un rsum

49 Le franais en Terminale Edition 2010-2011

Je traite mes exercices

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III La production criteC'est le second volet de l'exercice du rsum de texte. C'est un sujet propos par le compositeur de devoir en occurrence le professeur et peut porter sur tout le texte ou partie de l'argument. On doit partir des consignes du libell (tayer, rfuter) pour traiter ce sujet portant sur un problme dvelopper dans le texte de rsum. 1. Dfinition La production crite comporte trois parties : l'introduction, le dveloppement et la conclusion. Cependant le contenu de ces diffrentes parties diffre en fonction des consignes du libell car nous pouvons avoir des sujets portant sur tout ou une partie de l'argumentation du texte de base dans le cas contraire, sur une citation tire galement du texte de base. a- cas d'un sujet de production crite portant sur tout ou une partie de l'argument du texte de base L'introduction L'introduction dans ce cas de figure commence par la prsentation des circonstances de l'argumentation savoir le nom de l'auteur, le passage partir duquel est formul le sujet, le type de l'ouvrage d'o est extrait le texte. H faut par la suite rappeler la thse tayer ou rfuter puis prendre position, c'est--dire annoncer la position qui sera adopte dans le dveloppement. Le dveloppement Dans ce cas de la consigne rfuter il faut d'emble commenter l'argumentation et l'analyser en montrant les limites de la thse de l'auteur c'est--dire en apportant des contre arguments et des contre-exemples. Dans ce cas de la consigne tayer : commencer par faire un commentaire de l'argumentation et de l'analyse des ides tout en montrant la validit. Dvelopper par la suite la thse de l'auteur en apportant des arguments et des exemples nouveaux. La conclusion Elle fait le bilan de la dmarche argumentative mene dans le texte et largit le thme en l'actualisant. b) cas d'un sujet de production crite portant sur une citation tire du texte de base L'introduction Ici, il faut partir d'une phrase d'accrochage au texte de base c'est--dire le nom de l'auteur, le titre de l'uvre d'o est extrait le texte, l'dition, le rappel de la thse { tayer ou { rfuter. Par la suite, il faut prendre position en annonant celle qui sera la votre dans le dbat. Le dveloppement Dans ce cas de la consigne rfuter : il faut d'emble rejeter la thse de l'auteur en commentant la citation et apporter des contres arguments et des contre-exemples. Dans ce cas de la consigne tayer : dvelopper la thse de l'auteur en commentant la citation puis donner des arguments et des exemples nouveaux. La conclusion Elle fait le bilan des ides dveloppes et ouvre le thme sur un dbat plus large.

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TEXTE 3 : URBANISATION: DANGER ! La ville ne cesse d'exercer son attraction sur une population de jeunes ruraux plus ou moins dsuvrs qui souhaitent s'affranchir des contraintes familiales. Des enqutes menes Ouagadougou par Isabelle Barden, il ressort que les jeunes, et principalement les femmes, viennent la ville pour chapper aux mariages arrangs, pousss par un dsir d'accder une libert individuelle dont ils entrevoient le reflet - sans doute dform - travers la radio et parfois la tlvision. La ville, pour les jeunes, c'est le lieu des plaisirs dfendus, de l'animation, de la vie facile. La musique, le sport, le cinma, les botes de nuit, les biens de consommation, vtements, cyclomoteurs, matriel hi-fi font partie de la "vie moderne". La presse, la radio, et mme l'cole contribuent de manire dsastreuse populariser l'image d'une vie urbaine prestigieuse, facile, oppose la monotonie du cadre villageois, trop souvent jug rtrograde. Les manuels scolaires manifestent l'vidence que la ville est du ct de l'avenir; le village, la brousse, du ct du pass rvolu et les traditions sont prsentes comme des entraves au dveloppement. Cette vision simpliste est parfois criminelle. A aucun moment la ralit urbaine, faite de chmage, de misre, d'inscurit, de violence souvent, n'est voque. La ville est prsente comme un lieu o sont rassembls - cela est manifeste dans l'iconographie - des maisons blanches quipes de tout le confort mnager (lectricit, frigidaire), des jardins entretenus, des rues bitumes, des dispensaires et des btiments scolaires flambant neuf, des cinmas et des stades sportifs accessibles tous, des magasins o chacun semble pouvoir s'approvisionner sans limite. Mme si on fait semblant de trouver le village attrayant, il est toujours prsent comme le sjour de vacances scolaires auprs de grands-parents gs. De jeunes ruraux, on n'en voit gure parmi les hros des manuels scolaires. Tout cela n'est pas sans consquence. La vie la ville constitue le seul idal social. Occuper un emploi en ville devient un but en soi, celui de l'enfant, celui des parents. Trs souvent, ds que l'enfant de la campagne entre en sixime, il est dj considr comme un citadin potentiel qui sera dispens du travail des champs ou du gardiennage du btail. La vie rurale, c'est dj fini pour lui. Malheureusement, un grand nombre de ces enfants ne poursuivront pas leurs tudes et trouveront difficilement une place. Ils risquent de se retrouver en situation d'chec dans un milieu rural auquel ils croyaient avoir chapp, inadapts aux contraintes de ce milieu ou, la plupart du temps, tenteront leur chance en ville. Les villes africaines croissent ainsi de 9% 11 % par an environ. Les nouveaux venus ont en gnral un point de chute, parents citadins qui, solidarit lignagre oblige, les accueilleront bon gr mal gr. Il fut un temps o c'tait de bon gr, quand on trouvait encore s'employer assez facilement la ville. Cela devient de plus en plus difficile car le secteur informel, autrefois grand pourvoyeur d'emplois est aujourd'hui quasiment satur. Alors on dit que les mentalits changent, que les traditions d'hospitalit commencent se perdre : mais surtout, les citadins ont de plus en plus de mal survivre dans un contexte difficile et sont contraints par les rigueurs conomiques vivre un rel dchirement : la solidarit lignagre, n'est tout simplement plus possible dans bon nombre de cas. L'espace se rduit : les villes africaines constitues l'poque coloniale d'un quartier "indigne" isol de la ville europenne ont cr de manire anarchique, s'tendant parfois sur des dizaines de kilomtres dans les zones libres aux franges de la ville. Dans certains cas des limites sont poses par la gographie : flancs de montagne, marcages, fleuves, rivages des ocans. Les quartiers alors se densifient l'extrme. Franoise PLOQUIN, "Urbanisation: Danger!" in Diagonales, n 29, janvier 199452 Le franais en Terminale Edition 2010-2011

QUESTIONS SUR LE TEXTE a) Vous expliquerez le sens, dans le texte, des expressions suivantes : solidarit lignagre pourvoyeur d'emplois b) Dgager la vise argumentative du texte RSUM Ce texte comporte environ 640 mots. Rsumez-le en 150 mots. (Une marge de plus ou moins 10% est accepte). PRODUCTION CRITE Dans une argumentation bien structure, discutez ce point de vue : "Les citadins ont de plus en plus de mal survivre dans un contexte difficile et sont contraints par les rigueurs conomiques vivre un rel dchirement" - valuation Cas 1 : Sujet de production crite portant sur une citation tire du texte de base (cf. Texte 1) Partagez-vous ce point de vue de l'auteur : "Le chmage est un problme plantaire qui exige des solutions plantaires".

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Cas 2 : Sujet de production crite portant sur tout ou une partie de l'argument du texte de base (cf. Texte 3) Dans une argumentation bien structure, discutez ce point de vue : "Les citadins ont de plus en plus de mal survivre dans un contexte difficile et sont contr