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EMILIE THIBAUDEAU
IMPACT DE LA RÉDUCTION DU SODIUM DANS
UNE PRODUCTION DE FROMAGE MOZZARELLA
Mémoire présenté
à la Faculté des études supérieures et postdoctorales de l’Université Laval
dans le cadre du programme de maîtrise en Sciences et technologie des aliments
pour l’obtention du grade de Maître ès sciences (M. Sc.)
DÉPARTEMENT DES SCIENCES DES ALIMENTS ET DE NUTRITION
FACULTÉ DES SCIENCES DE L’AGRICULTION ET DE L’ALIMENTATION
UNIVERSITÉ LAVAL
QUÉBEC
2011
© Emilie Thibaudeau, 2011
ii
Résumé
Le but de ce projet était de déterminer l’impact de la réduction du sodium et de sa
substitution par des succédanés dans du fromage mozzarella de type pasta-filata. D’abord,
du fromage mozzarella a été saumuré dans 12 conditions salines (NaCl, KCl et/ou MgCl2).
La nature des sels a eu peu d’influence sur la composition, les activités microbiologiques et
enzymatiques et sur les propriétés fonctionnelles du fromage entreposé pendant 14 jours.
Ensuite, il a été montré que ces conditions salines ont eu peu d’impact sur l’évolution des
activités microbiologiques et enzymatiques des bactéries lactiques thermophiles utilisées
dans des caillés modèles. Il a été possible de produire du fromage mozzarella réduit en
sodium ayant des caractéristiques comparables à un fromage mozzarella régulier. Toutefois,
l’incorporation de KCl peut entraîner l’apparition de défauts de goût dans le fromage frais.
Ces défauts de goût peuvent être masqués lorsque le fromage est utilisé comme ingrédient.
iii
Résumé long
Le but de ce projet était de déterminer la possibilité de produire du fromage mozzarella de
type pasta-filata, à faible teneur en humidité, ayant une teneur réduite en sodium sans
diminuer la qualité et les propriétés sensorielles du fromage. Dans un premier temps, les
effets de 12 conditions salines sur la composition, les activités microbiologiques et
enzymatiques, ainsi que sur différentes propriétés fonctionnelles du fromage mozzarella ont
été évalués. La nature des sels a eu peu d’influence sur la composition, les activités
microbiologiques et enzymatiques et sur les propriétés fonctionnelles du fromage
mozzarella entreposé pendant 14 jours. Ensuite, l’impact de ces douze conditions salines
sur l’évolution des activités biologiques et enzymatiques a été évalué sur deux souches de
bactéries lactiques thermophiles dans des caillés modèles. La réduction du NaCl et sa
substitution par du KCl et du MgCl2 a eu peu d’impact sur l’évolution des activités
microbiologiques et enzymatiques des bactéries lactiques thermophiles utilisées. À la
lumière de ces résultats, quatre conditions salines ont été sélectionnées pour être utilisées
en vue d’une optimisation du procédé de fabrication. L’impact de ces quatre conditions
salines sur les caractéristiques physico-chimiques, les activités microbiologiques et
enzymatique, les propriétés fonctionnelles du fromage mozzarella et sur les propriétés
sensorielles du fromage mozzarella frais et utilisé dans un aliment complexe (pizza) a été
évalué. Il a été possible de produire du fromage mozzarella réduit en sodium ayant une
composition et des caractéristiques fonctionnelles comparables à un fromage mozzarella
régulier. Toutefois, la substitution du NaCl par du KCl peut entraîner l’apparition de
défauts de goût dans le fromage frais. Ces fromages réduits en sodium pourraient être
utilisés comme ingrédients dans des préparations alimentaires sans diminuer la qualité du
produit final.
iv
Abstract
The goal of this project was to quantify the impact of sodium reduction and substitution by
KCl and MgCl2 on the production of mozzarella cheese. The reduction of NaCl and its
replacement by KCl or MgCl2 did not have an impact on the evolution of the growth and
the enzymatic activities of thermophiles lactic bacteria in cheese slurry and mozzarella
cheese. Mozzarella cheeses were salted in 12 brines solutions. The concentration of salts in
the brine solutions had more impact on the cheese than the type of salts used in the brine.
Low sodium mozzarella cheese may be produced without decreasing the quality and
functional properties of the cheese, but the substitution of NaCl by KCl may induce a
flavour defect in fresh mozzarella cheese, but this cheese could be used as food ingredient
without modifying the quality of the final product.
v
Avant-Propos
Ce mémoire de maîtrise comprend quatre chapitres dont je suis la principale auteure. J’ai
planifié et réalisé la totalité des expérimentations au Centre de Recherche et de
Développement sur les Aliments d’Agriculture et Agroalimentaire Canada (CRDA, AAC,
Saint-Hyacinthe). J’ai effectué la totalité des analyses des résultats et la rédaction de ces
chapitres. J’ai été supervisée par le Dr. Denis Roy (directeur) et par le Dr. Daniel St-Gelais
(co-directeur). Ils m’ont apporté leurs expertises, conseils et soutien scientifique. Le projet
a pris part dans le cadre de la Chaire de recherche CRSNG-industrie laitière en technologie
et typicité fromagère (titulaire principal Denis Roy). Les partenaires financiers de la Chaire
de recherche étaient le Conseil de Recherche en Science Naturelle et Génie (CRSNG), les
producteurs laitiers du Canada, Novalait, Agropur, Damafro, Parmalat et Saputo.
Le premier chapitre est une revue de littérature qui relève l’importance du NaCl dans les
fromages, ses rôles technologiques pendant et après la production fromagère. Ce chapitre
met en lumière l’impact de la réduction du NaCl dans les fromages, ainsi que le potentiel et
les limites de l’utilisation de succédané du NaCl tel que le KCl ou le MgCl2. Ce chapitre
informe aussi sur les caractéristiques du fromage mozzarella, de sa production jusqu’à son
utilisation. Les lignes directrices de ce projet sont présentées avec le but, l’hypothèse de
recherche et les objectifs de recherche.
Le deuxième chapitre « Impact de la réduction du NaCl et de sa substitution par du KCl et
du MgCl2 dans du fromage mozzarella » porte sur l’impact de douze conditions salines sur
différentes caractéristiques chimiques, biologiques et fonctionnelles des fromages
mozzarella. Ce chapitre a permis de mettre en valeur les limites de la réduction NaCl et de
l’utilisation de succédané. Les résultats de ce chapitre ont permis de sélectionner quatre
conditions salines ayant un bon potentiel de réduction de sodium dans des fromages
mozzarella. Les résultats obtenus ont mis en lumière certaines limites du procédé de
fabrication utilisé. Ces résultats ont permis d’établir des bases en vue d’une optimisation de
la fabrication de fromage mozzarella réduit en sodium.
vi
Le troisière chapitre « Impact de la réduction du NaCl et de sa substitution par du KCl et du
MgCl2 sur l’évolution de bactéries lactiques thermophiles, du pH et de la protéolyse dans
des caillés modèles de type mozzarella » porte sur l’évaluation de différentes conditions
salines sur l’évolution de deux souches de bactéries lactiques. Des souches différentes de
celles utilisés pour la fabrication fromagère du chapitre 2 ont été utilisées. Ce chapitre a
permis de confirmer le comportement de différentes souches de bactéries lactiques
thermophiles lorsque celles-ci sont mises en contact avec différents sels.
Le quatrième chapitre « Impact de la réduction du NaCl et de sa substitution par du KCl
dans du fromage mozzarella » a été réalisé à la lumière de résultats issus des chapitres 2 et
3. De nouveaux fromages mozzarella ont été produits et salés selon les quatre conditions
salines sélectionnés à partir des résultats du chapitre 2 avec les souches utilisés dans les
caillés modèles (chapitre 3). L’impact de ces 4 conditions salines sur la composition, les
propriétés fonctionnelles, les caractéristiques sensorielles et l’évolution du fromage au
cours d’une entreposage de 28 jours a été évalué. Ce chapitre a permis de confirmer
certains comportements qui avaient été observés au chapitre 2. De plus, il a été possible de
mieux identifier les limites de réduction et de substitution du NaCl dans des fromages
mozzarella salés en saumure.
Cet ouvrage se termine par une conclusion générale de l’ensemble des résultats. Les
perspectives du projet exposent le potentiel de production de fromage mozzarella réduit en
sodium, ainsi que la possibilité d’optimisation du procédé de fabrication.
vii
Remerciements
Je tiens à remercier monsieur Daniel St-Gelais et monsieur Denis Roy pour ce projet de
recherche si intéressant et pour le financement de celui-ci. Merci pour votre support, vos
conseils et votre patience tout au long du projet.
Un gros merci aux précieuses assistantes de recherche de l’équipe du Dr. St-Gelais: Annie
Caron et Sophie Turcot. Un énorme merci à monsieur Gaétan Bélanger, maître-fromager,
qui m’a enseigné et aidé à fabriquer du fromage mozzarella. J’ai fort apprécié vous côtoyer
durant tout le projet au Centre de recherche et de développement sur les aliments (CRDA)
d’Agriculture et agroalimentaire Canada.
Je tiens à remercier les organismes subventionnaires de la Chaire de recherche CRSNG-
industrie laitière en technologie et typicité fromagère pour leur soutien dans le cadre de
cette chaire de recherche : le Conseil de Recherche en Sciences naturelles et en Génie du
Canada (CRSNG), les producteurs laitiers du Canada, Novalait, Agropur, Damafro,
Parmalat et Saputo.
Merci à mes parents Luc et Sylvie, mes frères Jean (et Marie-Claude) et Jérôme pour votre
soutien pendant la durée du projet. Merci aussi mes amis et la famille proche pour votre
soutien et votre aide à n’importe quel moment, dont une mention spéciale à Thérèse et
Sophie pour votre aide si précieuse en fin de parcours.
viii
Table des matières
Résumé ................................................................................................................................... ii
Résumé long ......................................................................................................................... iii
Abstract .................................................................................................................................. iv
Avant-Propos .......................................................................................................................... v
Remerciements ..................................................................................................................... vii
Table des matières .............................................................................................................. viii
Introduction ............................................................................................................................. 1
Chapitre 1 : Revue de littérature ............................................................................................. 3
1.1. Le Sel ............................................................................................................................... 3
1.1.1. Le sel au quotidien .................................................................................................... 3
1.1.2. Le NaCl dans le fromage .......................................................................................... 3
1.1.3 Influence du NaCl sur la microbiologie et les réactions enzymatiques ..................... 4
1.1.4 Influence du NaCl sur la structure du fromage .......................................................... 5
1.1.5. Influence du NaCl sur la texture des fromages ......................................................... 5
1.1.6. Influence du NaCl sur les propriétés fonctionnelles des fromages ........................... 6
1.1.6.1. Aptitude au râpage ............................................................................................. 6
1.1.6.2. Capacité de rétention de la phase aqueuse ......................................................... 7
1.1.6.3. Étalement à la fonte ........................................................................................... 7
1.1.6.4. Extensibilité ....................................................................................................... 8
1.1.6.5. Rétention de la matière grasse ........................................................................... 8
1.1.6.6. Brunissement ..................................................................................................... 8
1.1.7 Influence du NaCl sur les flaveurs ............................................................................. 9
1.2. Méthode de salage des fromages : salage par saumurage ................................................ 9
1.3. Fromage réduit en sel ..................................................................................................... 12
1.3.1 Protéolyse ................................................................................................................. 13
1.3.2. Lipolyse .................................................................................................................. 13
1.3.3. Qualités organoleptiques ......................................................................................... 13
1.3.4. Croissance microbienne .......................................................................................... 14
1.3.5. Saumurage avec KCl .............................................................................................. 14
1.4 Le fromage mozzarella ................................................................................................... 15
1.4.1 Origines et normes ................................................................................................... 15
1.4.2 Méthode de fabrication ............................................................................................ 16
1.4.3 Propriétés du fromage mozzarella ........................................................................... 16
1.6. But, hypothèse, objectif général et objectifs spécifiques ............................................... 19
1.6.1. But ........................................................................................................................... 19
1.6.2. Hypothèse ............................................................................................................... 19
1.6.3. Objectif général ....................................................................................................... 19
1.6.4. Objectifs spécifiques ............................................................................................... 19
Chapitre 2 : Impact de la réduction de la teneur en NaCl et de sa substitution par du KCl et
du MgCl2 dans du fromage mozzarella ................................................................................. 20
Résumé .................................................................................................................................. 21
2.1 Introduction ..................................................................................................................... 22
ix
2.2 Matériel et Méthodes ...................................................................................................... 24
2.2.1. Production ............................................................................................................... 24
2.2.1.1 Préparation des ferments ................................................................................... 24
2.2.1.2. Fabrication fromagère ...................................................................................... 24
2.2.1.3. Préparation des saumures ................................................................................. 25
2.2.2. Analyses post-production ....................................................................................... 26
2.2.2.1 Prélèvements ..................................................................................................... 26
2.2.2.2. Analyses microbiologique ............................................................................... 27
2.2.2.3. Analyses de Composition ................................................................................ 28
2.2.2.4. Analyses de la texture et des propriétés fonctionnelles ................................... 29
2.2.2.4.1. Texture ...................................................................................................... 29
2.2.2.4.2. Fermeté du fromage fondu ........................................................................ 29
2.2.2.4.3. Étalement à la Fonte ................................................................................. 29
2.2.3. Analyses statistiques ............................................................................................... 30
2.3. Résultats et Discussion .................................................................................................. 31
2.3.1. Composition ............................................................................................................ 31
2.3.2. Évolution microbiologique et enzymatique ............................................................ 42
2.3.3. Analyses de la texture et des propriétés fonctionnelles .......................................... 44
2.4. Conclusion ..................................................................................................................... 54
Chapitre 3 : Impact de la réduction de la teneur en NaCl et de sa substitution par du KCl et
du MgCl2 sur l’évolution des activités microbiologiques et enzymatiques dans des caillés
modèles de type mozzarella .................................................................................................. 55
Résumé .................................................................................................................................. 56
3.1. Introduction .................................................................................................................... 57
3.2. Matériel et Méthodes ..................................................................................................... 59
3.2.1 Souches bactériennes et matériels ............................................................................ 59
3.2.2. Production des caillés modèles ............................................................................... 59
3.2.2.1. Production de la poudre de caillés modèles ..................................................... 59
3.2.2.2. Préparation des solutions salines ..................................................................... 60
3.2.2.3. Préparation et concentration des ferments ....................................................... 60
3.2.2.4. Production de caillés modèles .......................................................................... 62
3.2.3. Analyses de la composition et microbiologiques ................................................... 62
3.2.3.1. Composition ..................................................................................................... 63
3.2.3.2. Décomptes bactériens dans les caillés modèles ............................................... 63
3.2.4 Analyses statistiques ................................................................................................ 63
3.3. Résultats ......................................................................................................................... 64
3.3.1. Composition ............................................................................................................ 64
3.3.2. Évolution des caillés au cours de l'entreposage ...................................................... 65
3.4. Discussion ...................................................................................................................... 70
3.4.1. Composition ............................................................................................................ 70
3.4.2. Évolution des caillés au cours de l'entreposage ...................................................... 71
3.4 Conclusion ...................................................................................................................... 76
Chapitre 4 : Impact de la réduction de la teneur en NaCl et de sa substitution par du KCl
dans du fromage mozzarella ................................................................................................. 77
Résumé .................................................................................................................................. 78
4.1 Introduction ..................................................................................................................... 79
x
4.2. Matériel et Méthodes ..................................................................................................... 81
4.2.1. Production ............................................................................................................... 81
4.2.1.1 Préparation des ferments ................................................................................... 81
4.2.1.2. Fabrication fromagère ...................................................................................... 81
4.2.1.3. Préparation des saumures ................................................................................. 83
4.2.2. Analyses post-production ....................................................................................... 83
4.2.2.1. Prélèvements .................................................................................................... 83
4.2.2.2. Composition ..................................................................................................... 84
4.2.2.3. Évolution microbiologique et protéolytique .................................................... 85
4.2.2.4. Sucres et Acides ............................................................................................... 86
4.2.2.5. Pouvoir tampon ................................................................................................ 86
4.2.2.6. Capacité de rétention de la phase aqueuse ....................................................... 86
4.2.3. Analyses de texture et des propriétés techno-fonctionnelles .................................. 87
4.2.3.1. Profil de texture ............................................................................................... 87
4.2.3.2. Fermeté du fromage fondu ............................................................................... 87
4.2.3.3. Étalement à la fonte ......................................................................................... 88
4.3.2.4 Utilisation de fromage mozzarella sur une pizza .............................................. 88
4.2.3. Évaluation sensorielle ............................................................................................. 88
4.2.3.1. Test de différence ............................................................................................. 89
4.2.3.2. Test de similarité .............................................................................................. 89
4.2.4. Analyses statistiques ............................................................................................... 90
4.3. Résultats et discussion ................................................................................................... 92
4.3.1. Composition ............................................................................................................ 92
4.3.5. Évolution microbiologique et protéolytique ..................................................... 101
4.3.2. Sucres et acides ................................................................................................. 104
4.3.3. Pouvoir tampon ................................................................................................. 105
4.3.4. Capacité de rétention de la phase aqueuse ........................................................ 108
4.3.6. Analyses de texture et des propriétés techno-fonctionnelles ............................ 112
4.3.6.1. Profil de texture ......................................................................................... 112
4.3.6.2. Fermeté du fromage fondu ......................................................................... 116
4.3.6.3. Étalement à la fonte ................................................................................... 118
4.3.7. Évaluations sensorielles .................................................................................... 120
4.3.7.1. Test de comparaison à un témoin .............................................................. 120
4.3.7.2. Test de similarité ........................................................................................ 123
4.5. Conclusion ................................................................................................................... 125
Conclusion générale ............................................................................................................ 127
Perceptives de recherche ..................................................................................................... 129
Bibliographie ...................................................................................................................... 130
Annexe A ............................................................................................................................ 137
Annexe B : Commentaires des juges dégustateurs ............................................................. 139
Annexe C : Test de comparaison des fromages sur une pizza ............................................ 141
Annexe D ............................................................................................................................ 149
xi
Liste des tableaux
Tableau 2.1 : Identification et composition des différentes saumures. ................................. 26
Tableau 2.2 : Teneur en humidité (%) de 12 fromages mozzarella. ..................................... 31
Tableau 3.1: Composition des 12 conditions salines utilisées pour saler des caillés modèles
de type mozzarella. ............................................................................................................... 62
Tableau 3.2: Composition des caillés modèles selon les 12 conditions salines. .................. 65
Tableau 3.3: pH des caillés modèles inoculés avec le lactobacille SR-X et avec le
streptocoques M8. ................................................................................................................. 70
Tableau 4.1 : Identification et composition des quatre saumures. ........................................ 84
Tableau 4.2: Teneur en Ca et en P dans le bord et le centre des 4 fromages mozzarella. .... 96
Tableau 4.3: Teneur en Na dans les zones des fromages durant l’entreposage. ................... 97
Tableau 4.4: Teneur en Na dans les zones de quatre fromages mozzarella. ......................... 97
Tableau 4.5: Teneur en Ca, P, Na, K et Mg, soluble et totale, dans les fromages. ............. 111
Tableau 4.6: Intensité de la différence du goût de sel ....................................................... 121
Tableau 4.7: Intensité de la différence du défaut de goût ................................................... 122
Tableau 4.8 : Résultats du test de similarité. ..................................................................... 124
Tableau A.1 : Poids moléculaire d’éléments et de sels ....................................................... 139
Tableau A.2 : Pourcentage de chaque composante d’un sel ............................................... 139
Tableau C.1 : Identification des pizzas .............................................................................. 143
Tableau C.2 : Grille d’évaluation des fromages mozzarella après cuisson (production 3). 145
Tableau C.3 : Grille d’évaluation des fromages mozzarella après cuisson (production 4). 145
Tableau C.4 : Taux de brunissement, de l’huile libre et de l’étirement de fromages
mozzarella sur des pizzas .................................................................................................... 147
Tableau C.5 : Effets de différentes conditions salines sur le taux de brunissement, l’huile
libre et l’étirement des fromages mozzarella sur des pizzas. .............................................. 147
xii
Liste des figures
Figure 1.1 : Schéma de production de fromage mozzarella à faible teneur en humidité. ..... 17
Figure 2.1: Diagramme de la première (a) et de la seconde coupe (b) d’un bloc ................. 27
Figure 2.2 : Humidité des zones des fromages durant l’entreposage. .................................. 32
Figure 2.3 : Teneur en minéraux entre le bord et le centre de 12 fromages mozzarella. ...... 34
Figure 2.4 : Teneur en cendres (%) de 12 fromages mozzarella durant l’entreposage. ........ 40
Figure 2.5: pH de 12 fromages mozzarella après 14 jours d’entreposage. ........................... 41
Figure 2.6: Évolution des populations de lactobacilles SR-F et de streptocoques SC-32
durant l’entreposage .............................................................................................................. 42
Figure 2.7 : Évolution de la teneur en NS-TCA dans les fromages mozzarella durant
l’entreposage. ........................................................................................................................ 43
Figure 2.8: Fermeté des bords (a) et des centres (b) des fromages mozzarella après 7 et 14
jours d’entreposage. .............................................................................................................. 45
Figure 2.9: Élasticité de 12 fromages mozzarella en fonction de l’entreposage (a) et selon
les zones des fromages (b). ................................................................................................... 47
Figure 2.10 : Cohésion des bords et des centres de 12 fromages mozzarella. ...................... 48
Figure 2.11: Fermeté des bords (a) et des centres (b) de fromages fondus en fonction des
conditions salines. ................................................................................................................. 50
Figure 2.12: Taux d’étalement à la fonte (%) des bords (a) et des centres (b) des fromages
mozzarella selon les conditions salines au cours de l’entreposage. ..................................... 51
Figure 3.1: Population des lactobacilles SR-X durant les jours d’entreposage (a) et selon les
conditions salines. ................................................................................................................. 66
Figure 3.2: Évolution de la protéolyse primaire et secondaire dans des caillés modèles
inoculés avec le lactobacille SR-X. ...................................................................................... 67
Figure 3.3: Évolution de la protéolyse primaire dans des caillés de streptocoques M8, selon
les conditions salines (a) et selon le temps d’entreposage (b). ............................................. 68
Figure 3.4 : Évolution du pH dans les caillés modèles inoculés avec le lactobacille SR-X et
le streptocoque M8 au cours de l’entreposage. ..................................................................... 69
xiii
Figure 4.1: Diagramme de la première (a) et de la seconde coupe (b) d’un bloc de fromage.
.............................................................................................................................................. 84
Figure 4.2 : Humidité dans les zones des fromages selon les conditions salines durant
l’entreposage. ........................................................................................................................ 92
Figure 4.3 : Teneur en cendres (%) dans les zones des fromages en fonction des conditions
salines (a) et selon les jours d’entreposage (b). .................................................................... 93
Figure 4.4 : Taux de sel dans les fromages selon les conditions salines (a) et dans les zones
des fromages durant l'entreposage (b). ................................................................................. 94
Figure 4.5 : Teneur en K dans les zones des quatre fromages selon les jours d’entreposage.
............................................................................................................................................ 100
Figure 4.6: Population de bactéries lactiques dans les fromages durant l’entreposage. ..... 101
Figure 4.7 : Protéolyse primaire (NSE) et secondaire (NS-TCA) durant l’entreposage. ... 103
Figure 4.8 : Protéolyse secondaire (NS-TCA) selon les zones des fromages. .................... 103
Figure 4.9: Teneur en galactose et en acide lactique dans les 4 fromages mozzarella durant
l’entreposage. ...................................................................................................................... 104
Figure 4.10 : Teneur en acide lactique dans les zones des fromages mozzarella. .............. 104
Figure 4.11 : Pouvoir tampon des 4 fromages mozzarella durant les jours d’entreposage. 106
Figure 4.12: Évolution du pH des 4 fromages mozzarella au cours de l’entreposage. …..107
Figure 4.13: Teneur en solides totaux dans la PA selon les conditions salines (a) et la teneur
en solides totaux en en protéines dans la PA au jour 1 et jour 13 d’entreposage. .............. 109
Figure 4.14 : La fermeté (a), l'élasticité (b) et l'intensité de la cohésion (c) des zones des
fromages. ............................................................................................................................. 113
Figure 4.15 : Intensité de l’adhérence de 4 fromages mozzarella au cours de l’entreposage.
............................................................................................................................................ 116
Figure 4.16: La fermeté selon les zones des fromages fondus durant l’entreposage. ......... 117
Figure 4.17: Étalement à la fonte des fromages durant l’entreposage (a) et selon les zones
des fromages (b). ................................................................................................................. 118
1
Introduction
Le sodium est un élément omniprésent dans notre environnement et dans notre
alimentation, soit par la composition même de l’aliment ou par l’ajout de sel lors de
transformations alimentaires. Le sodium est essentiel au bon fonctionnement de
l’organisme, notamment pour le maintien du volume et de la composition du liquide
extracellulaire. Toutefois, selon l'American Heart association, une surconsommation de
sodium a des effets néfastes sur la santé, dont l’hypertension et divers problèmes cardio-
vasculaires (Sacks 2001). La consommation quotidienne en sodium des Canadiens dépasse
l’apport nutritionnel recommandé (ANR) de 1500 mg/jour. Selon le rapport sur la santé,
émis en 2007 par Statistique Canada, plus de 85 % des hommes et de 60 % à 80 % des
femmes avaient un apport quotidien de sodium qui excédait l’apport maximal toléré (AMT)
de 2300 mg/jour.
Au Canada, les aliments transformés contribueraient à 77 % de l’apport quotidien en
sodium, 12 % pour le sodium intrinsèque à l’aliment, 6 % pour le sel de cuisson et 5 %
pour le sel de table (Statistique Canada, 2007). L’organisation mondiale de la Santé (OMS)
fait mention dans son rapport sur la Santé dans le Monde : Réduire les risques et
promouvoir la Santé, publié en 2002, que la réduction de la quantité de sel dans les
aliments industriels permet de réduire les risques de maladies cardio-vasculaires. L'Agence
française de sécurité sanitaire des aliments (AFSSA) a émis, en 2007, des recommandations
concernant l’emploi du sel dans la transformation alimentaire, par exemple dans les
secteurs de la boulangerie, de la charcuterie et de la fromagerie. La consommation annuelle
de fromage, en 2007, était de 12,39 kg par Canadien et 18,34 kg pour un Français
(Commission Canadienne du Lait, 2010; INSSE, 2007). L'étude individuelle Nationale sur
les Consommations Alimentaires (INCA), menée par l’AFSSA, montre que le fromage
occupe la quatrième place des aliments vecteurs de sodium et représente, en moyenne, 8,8
% de l’apport quotidien en sodium pour une personne. Au Canada, la consommation de
fromage représente 5 % de l’apport quotidien en sodium (Conseil de la transformation
agroalimentaire et des produits de consommation, 2009).
2
Pour l’industrie fromagère, le sel est très important et il a des rôles tant technologiques que
gustatifs. L’étape de salage lors d'une production fromagère est une étape clé dans la
fabrication des fromages. La présence de sel influence le goût et les caractéristiques
rattachées à une catégorie de fromage (cheddar, feta, emmental, etc), l'évolution et
l'innocuité des produits finis. Lors d’une production fromagère, le sel intervient dans le
processus d’égouttage, abaisse l’activité de l’eau (Aw), contribue à la préservation du
produit, module les réactions microbiologiques et enzymatiques, influence la flaveur et les
propriétés fonctionnelles du produit final (Hardy, 2004 ; St-Gelais et Tirard-Collet, 2002).
Les principales propriétés des fromages, tel le fromage mozzarella, sont la fermeté,
l’aptitude au râpage, la capacité d’étalement et de filage, le brunissement ainsi que la
rétention de la matière grasse (Mietton et al. 2004 ; Rowney et al. 2004). Les propriétés
fonctionnelles de la mozzarella sont importantes, en raison de son utilisation culinaire,
particulièrement pour la pizza. Dans l’industrie de la transformation alimentaire, la
principale utilisation du fromage mozzarella est pour la production de pizza (Rowney et al.
1999; Guinee et al. 2002; Ruban et Barnano, 1998).
Les fromages mozzarella et cheddar contiennent, en moyenne, 1,5 % de NaCl (Guinee et
Fox, 2004). Des études ont été menées pour vérifier l’impact du remplacement (total ou
partiel) du NaCl par d’autres sels, principalement le KCl, dans certains fromages dont les
fromages cheddar, feta et halloumi. Ces études montrent qu’un remplacement partiel est
possible sans affecter la qualité du produit fini, selon différents taux de substitutions qui
peuvent atteindre près de 50 % (p/p). Selon le type de fromage, une substitution plus grande
pouvait entraîner des problèmes, notamment au niveau des caractéristiques gustatives
(Katsiari et al. 1997; Lindsay et al. 1982; Reddy et Marth, 1994; Fitzgerald et Buckley,
1985). La littérature renferme plusieurs études portant sur la réduction du sodium dans les
fromages, ainsi que son remplacement par des succédanés. Toutefois, aucune étude n’a
porté sur l’impact de la réduction de la teneur en sodium et l’incorporation de succédanés
sur les propriétés techno-fonctionnelles d’un fromage mozzarella à faible teneur en
humidité, salé par saumurage. La présente étude visait à quantifier l’impact de la
diminution du sodium sur les différentes propriétés fonctionnelles et organoleptiques du
fromage mozzarella.
3
Chapitre 1 : Revue de littérature
1.1. Le Sel
1.1.1. Le sel au quotidien
Le sel est présent quotidiennement dans notre alimentation. Le goût salé est un des cinq
goûts, avec le sucré, l’amer, l’acide et l’umami. Le sel est utilisé depuis fort longtemps pour
moduler le goût des aliments et aussi comme agent de conservation. Dans l'usage courant,
le sel de qualité alimentaire est un produit cristallin se composant principalement de
chlorure de sodium (NaCl). Il peut provenir de la mer, de gisements souterrains de sel de
gemme, ou encore de saumure naturelle (FAO, 1985).
Dans un contexte de transformation alimentaire, le NaCl pourrait être remplacé par d'autres
ingrédients qui ont la capacité de modifier le profil de saveur d'un aliment pour que ce
dernier ressemble à sa version originale, tout en diminuant la quantité de sodium dans
l'aliment. Ces ingrédients sont variés et leurs utilisations potentielles le sont tout aussi. Ces
ingrédients peuvent être des extraits de levures, des protéines végétales hydrolysées, du
glutamate monosodique, des arômes, des épices et des succédanés du chlorure de sodium.
Cette dernière catégorie renferme d'autres sels et additifs alimentaires dont le chlorure de
potassium (KCl) et le chlorure de magnésium (MgCl2). Le KCl semble être le remplaçant le
plus probable pour conserver le goût du NaCl. Cependant, quand le KCl substitue
complètement le NaCl, il induit un goût désagréable, plutôt amer (Fregly, 1981). La
possibilité d'utiliser ces différents ingrédients lors de la transformation alimentaire est
variable selon le produit et la législation en vigueur.
1.1.2. Le NaCl dans le fromage
La production fromagère inclut une étape importante de salage. Le pourcentage (% p/p) de
sodium peut être de 0,7 % pour un fromage emmenthal et près de 6 % pour un fromage
domiati. De la production jusqu’à l’affinage, le sel joue, directement ou indirectement,
plusieurs rôles importants. Lors de la production, il favorise l’égouttage sous l’effet de la
pression osmotique, réduit la teneur en humidité du caillé et abaisse l’activité de l’eau (Aw).
4
Il permet de contrôler diverses réactions enzymatiques, contrôle la flore microbiologique en
favorisant sélectivement les bactéries utilisées à l’affinage et limite le développement des
bactéries nuisibles et/ou pathogènes. Il intervient aussi au niveau de l’arrêt de
l’acidification et aide à la prévention de la déminéralisation excessive du caillé (Floury et
al. 2009; Hardy, 2004; Guinee et Fox, 2004; St-Gelais et Tirard-Collet, 2002).
1.1.3 Influence du NaCl sur la microbiologie et les réactions
enzymatiques
Le sel influence directement et indirectement la croissance des micro-organismes. L’action
principale du NaCl sur la croissance des micro-organismes est l’abaissement de l’activité de
l’eau. Le sel permet de limiter et/ou de ralentir la croissance des micro-organismes
sensibles au sel. L’abaissement de l’Aw intervient dans les réactions enzymatiques, telles la
protéolyse et la lipolyse au cours de l’affinage. La protéolyse est un facteur important dans
l'évolution des fromages. Lors de l’affinage d’un fromage, une fraction de caséines est
convertie en composés azotés solubles de plus petite taille, tels que des peptides et des
acides aminés. La protéolyse primaire dans un fromage provient de l’action du coagulant
(chymosine). Le ferment lactique intervient surtout lors de la protéolyse secondaire
(Kindstedt et al. 1999) et le type de ferment utilisé va faire varier le taux de protéolyse au
cours du vieillissement. La teneur en NaCl influence le taux de protéolyse et le type de
peptides libérés dans le fromage. Le NaCl diminue la capacité de la chymosine à hydrolyser
la caséine-β et l’inhibe si la teneur en NaCl excède 5 % (St-Gelais et Tirard-Collet, 2002 ;
Hardy, 2004). L’effet inhibiteur du NaCl sur l’hydrolyse de la caséine-β permet de limiter
l’apparition de composés peptidiques amers dans le fromage au cours de l’affinage (Guinee
et Fox, 2004 ; St-Gelais et Tirard-Collet, 2002). La présure résiduelle s’attaque
préférablement à la caséine-αs1 et elle aurait peu d’impact sur la caséine-αs2. L'hydrolyse
de la caséine-αs1 est stimulée par la présence de NaCl jusqu'à un optimum de 5-6 %.
Cependant, cette hydrolyse est limitée à très basse ou à haute teneur en NaCl (20 %)
(Guinee et Fox, 2004; Hardy, 2004). La lipolyse est moins influencée que la protéolyse par
la teneur en NaCl dans les fromages et la diminution de l’Aw.
5
1.1.4 Influence du NaCl sur la structure du fromage
Le sel modifie la structure du caillé et il interagit avec le réseau protéique et la phase
aqueuse de la matrice fromagère. La présence de sels influence fortement la capacité
d’hydratation des protéines avec des variations selon les anions et les cations présents dans
le milieu en fonction de la densité de charge ou du champ électrique qu’ils génèrent (Hardy,
2004). L’augmentation de l’hydratation des protéines mène à une réduction du niveau de
sérum libre et donne une apparence plus translucide à la matrice fromagère (Guinee et Fox,
2004). Ainsi, un fromage salé a une matrice protéique plus homogène et sans poche de
sérum libre, tandis que le fromage non salé présente des poches de sérum libre à travers la
matrice de para-caséines et les subs-agrégats de protéines sont plus espacés à l’intérieur de
cette même matrice (Guinee et Fox, 2004). Comparativement à un fromage salé, un
fromage non salé peut présenter une humidité élevée et une protéolyse élevée, ce qui peut
entraîner des problèmes d’affinage, tels que le développement d’un corps mou et faible, une
forte adhésion et un goût indésirable. Comparativement à un fromage salé, les fromages
non salés sont généralement faibles, mous et adhérents avec l’âge. Au contraire, un fromage
à fort taux de NaCl entraîne une contraction, un assèchement et un durcissement du caillé,
souvent liés à un temps de saumurage excessif (Guinee et Fox, 2004). L’interaction NaCl-
protéines influence les propriétés viscoélastiques du produit final et son comportement à la
cuisson. Le sel influence directement les propriétés fonctionnelles du fromage mozzarella.
Par exemple, une diminution du taux de sel dans une masse fromagère ferait diminuer le
taux de rétention d’huile (Kindstedt, 2004b) et une forte concentration de NaCl diminuerait
l’étalement à la fonte du fromage (Guinee et Fox, 2004).
1.1.5. Influence du NaCl sur la texture des fromages
L’influence du sel sur la texture des fromages est probablement causée par ses effets sur la
composition (teneur en humidité et l’humidité sur matière sèche dégraissée), sur
l’hydratation/solubilité de la para-caséine et sa conformation, sur le pH et la protéolyse liée
à l’âge des fromages. Selon Gunasekaran et Ak (2003), les paramètres ayant un impact (du
plus important au moins important) sur le profil de texture TPA (texture profile analysis)
sont les suivants : le contenu (%) en protéines, en NaCl, en humidité, le pH et la matière
grasse. L’humidité dans un fromage mozzarella faible en gras est inversement reliée à la
6
fermeté, au caractère collant et caoutchouteux (Kindstedt, 1993a). Un fromage à fort taux
en sel sera plus sec et ferme. Celui-ci sera plus facilement fracturable qu’un fromage
équivalent avec un moindre taux de sel (Guinee, 2004). Un taux de sel plus élevé diminue
la protéolyse dans le fromage et le rend plus ferme (Guinee, 2004 ; Kindstedt, 1993a). Il y a
diminution de la fermeté et de la cohésion du fromage avec l'augmentation de la protéolyse
(Kindstedt, 2004a; Lucey et al. 2003, Upadhay et al. 2004). Une réduction de la teneur en
calcium dans un fromage peut se traduire par une diminution de la fermeté. Une diminution
de la teneur en calcium peut entraîner une réduction du taux d’association calcium-caséine,
ce qui résulte en une matrice protéique moins inter-reliée et donc moins ferme. Une hausse
du contenu en humidité entraîne une augmentation de l'adhérence d'un fromage
(Gunasakaran et Ak, 2003).
1.1.6. Influence du NaCl sur les propriétés fonctionnelles des
fromages
1.1.6.1. Aptitude au râpage
L'aptitude au râpage (shreddability) d'un fromage est la facilité de son utilisation à être râpé
et par la qualité des morceaux de fromage râpé (fines). Un problème de râpage est
désagréable pour un consommateur, mais se révèle être un problème important pour un
transformateur alimentaire. Une bonne partie du marché du fromage râpé se base sur
l'intégrité et l'uniformité des fines de fromage (Gunasekaran et Ak, 2003). Tous les facteurs
qui feront diminuer ou augmenter de façon significative la fermeté du fromage
influenceront son aptitude au râpage. Un corps mou, collant, pâteux et/ou trop humide
(fromage trop humide et/ou insuffisance en sel) peut rendre le travail mécanique difficile et
encombrer la machine à râper le fromage, ce qui entraîne la formation de morceaux
difformes, de taille et de géométrie irrégulière et la formation de boules de fromage
collantes (Kindstedt, 2004a; Gunasakaran et Ak, 2003). À l’inverse, un fromage dur et sec
risque de se fracturer plus facilement, comme pour un fromage à fort taux en sel. Il devient
alors difficile de travailler avec le produit et il y a risque de formation de morceaux de
fromage de taille et de géométrie irrégulière diminuant ainsi la qualité du produit fini
(Kindstedt, 2004a).
7
1.1.6.2. Capacité de rétention de la phase aqueuse
La rétention de la phase aqueuse (water-holding capacity) peut être déterminée par
l’application d’une pression sur le fromage (presse hydraulique ou par centrifugation)
(Lucey et al. 2003; Kindstedt et al. 1995). Cette capacité est une mesure du niveau
d’hydratation des fibres de para-caséines, car la réduction de la quantité de phase aqueuse
libérée est liée à l'augmentation de l'hydratation des protéines (Guinee et al. 2002; Lucey et
al. 2003). L’hydratation des protéines ou la capacité de rétention de la phase aqueuse
augmente au cours de l’entreposage. Cette capacité augmente considérablement durant les
premières semaines après la production, car l'eau libre est habituellement absorbée
rapidement par la matrice protéique (Kindstedt et al. 1995). L’augmentation de
l’hydratation des caséines en présence de NaCl pourrait être attribuée à la liaison du Na+
avec les caséines. La liaison entre le Na+ et les caséines est possible par le déplacement du
calcium ou du phosphate de calcium de la para-caséine par le Na+ (Guinee, 2004). La lente
solubilisation du phosphate de calcium colloïdale et la protéolyse influencent la capacité de
rétention de la phase aqueuse (Lucey et al. 2003). La diffusion du sel dans le fromage
augmente la force ionique et la pression osmotique de la phase aqueuse, ce qui peut rendre
plus difficile l'extraction de la phase aqueuse lorsqu'une faible pression est appliquée
(Lucey et al. 2003). L'augmentation de la capacité de rétention de la phase aqueuse d'un
caillé affecte positivement l'habilité du caillé à conserver son humidité et son habilité à
fondre, à s'étirer durant la cuisson (Guinee et al. 2002; Kindstedt, 2004a). La capacité d'un
fromage à retenir sa phase aqueuse libre dépend aussi de la rigidité de la matrice protéique.
Ainsi, un fromage mozzarella qui a une matrice de protéines plus compacte que le fromage
cheddar devrait mieux retenir sa phase aqueuse (Kindstedt et al. 1993).
1.1.6.3. Étalement à la fonte
L’étalement à la fonte (meltability) est le comportement physique d’un fromage lorsqu’il
est soumis à une température et à un temps donnés. L’étalement à la fonte est une des plus
importantes propriétés du fromage, essentiellement en raison de l’utilisation du fromage
comme garniture ou ingrédient de certaines préparations alimentaires, telle la pizza. La
qualité de la fonte est influencée par la composition du fromage (teneur en matières grasses,
en humidité et en sel) et le temps d’entreposage (protéolyse). L’étalement à la fonte
8
augmente avec le taux de la matière grasse sur la matière sèche et le temps d’entreposage
(Tunick et al. 1995). Une teneur en NaCl élevée (>1,78-2 %) diminue l’étalement à la fonte
(Rowney et al. 1999; Kindstedt, 1993b; Gunasekaran et Ak, 2003). Un fromage mou (haute
teneur en humidité, augmentation de la protéolyse durant l'entreposage) augmente la
capacité d'étalement à la fonte du fromage (Gunasekaran et Ak, 2003; Kindstedt, 2004a).
1.1.6.4. Extensibilité
L'extensibilité (stretchability) est la capacité du fromage fondu à s'étirer et à former des fils
quand le fromage est soumis à une tension (McMahon et al. 1993; Kindstedt, 2004a).
L'extensibilité diminue durant l'entreposage en raison de l'augmentation de la protéolyse
(Lucey et al. 2003). L’action du sel sur le taux de protéolyse influencera indirectement
l’extensibilité. L’extensibilité d’un fromage mozzarella est influencée par le travail
mécanique utilisé lors de l’étirement du caillé chaud, lors de la production, ainsi que par le
pH du caillé lors de cette étape.
1.1.6.5. Rétention de la matière grasse
Il y a expulsion de la matière grasse liquéfiée hors des poches de matières grasses et elle se
retrouve en surface lorsqu’un traitement thermique suffisant est appliqué au fromage
(oiling-off). L’expulsion excessive résulte de la formation d’une couche de gras en surface
et dans des cavités du fromage fondu, donnant au fromage une apparence visuelle et une
sensation graisseuse en bouche, généralement considérées comme désagréables (Kindstedt,
2004a). L’expulsion d’huile augmente avec l’augmentation du taux de matière grasse,
l’augmentation de la protéolyse (temps d’entreposage) et avec la diminution de la quantité
de chlorure de sodium (NaCl) incorporé au caillé (Kinsdtedt, 1993a).
1.1.6.6. Brunissement
Le brunissement d’un fromage résulte d’un assombrissement de la couleur du fromage en
surface durant la cuisson (Wang et Sun, 2003). Le brunissement non enzymatique ou
réaction de Maillard est le résultat de la réaction entre un groupement carboxyle d’un sucre
réducteur et d’un groupe amine d’un acide aminé. La qualité de brunissement d’un fromage
dépend de la quantité de sucre réducteur dans le milieu pour un traitement thermique
donné. Le brunissement accru serait causé par l'accumulation de produits de protéolyse
9
et/ou de galactose libérés par des ferments lactiques pendant l’entreposage du fromage
(Kindstedt, 2004b). Encore une fois, l’impact du sel sur la protéolyse joue indirectement sur
le brunissement des fromages à la cuisson.
1.1.7 Influence du NaCl sur les flaveurs
Le sel est un exhausteur de goût et un agent de sapidité et il entre dans les caractéristiques
de chaque variété de fromage. Le NaCl intervient dans le développement des flaveurs et la
teneur en sel dans le fromage intervient sur l’appréciation du produit fini par les
consommateurs. En plus d’avoir un goût acide, les fromages à faible teneur en sel peuvent
présenter un goût amer, ce qui est souvent associé à un défaut de saveur (Guinee, 2004). La
protéolyse est essentielle au développement des flaveurs et à la texture d’un fromage
(Sihufe et al. 2006). Tout changement dans la composition d’un fromage dont sa teneur en
sel peut entraîner une variation de goût et de la texture du fromage, et donc influencer
l’appréciation du fromage par les consommateurs (voir section 1.1.5 et 1.1.7.).
1.2. Méthode de salage des fromages : salage par
saumurage
Il existe trois méthodes de salage, soit le salage sur le grain, l’utilisation d’une saumure ou
encore le salage du caillé en surface. Un fromage mozzarella est traditionnellement salé par
une saumure de NaCl, mais la combinaison de salage direct sur le grain en combinaison
avec un temps de saumurage peut être aussi utilisée. Une saumure est une solution saline
dans laquelle un fromage est immergé pendant un temps donné. Une saumure contient un
taux de sel près du niveau de saturation et peut contenir du CaCl2. Idéalement, le
saumurage des fromages se fait sous agitation constante de la solution saline et le rapport
volume de saumure/volume de fromage ne devrait pas être inférieur à 10 (Hardy, 2004).
Lors du saumurage, des échanges osmotiques se produisent entre le caillé et la saumure. Le
fromage gagne en sel et peut perdre de l’eau. Il peut aussi se produire une perte minérale
(par exemple le calcium) du fromage vers la saumure. L’incorporation de calcium
(généralement du CaCl2) dans la saumure aide à prévenir la perte de calcium du caillé vers
la saumure.
10
La cinétique de diffusion du sel entre le caillé et la saumure est influencée par le taux de
diffusion de la saumure dans la matrice fromagère. Le taux de diffusion dans le fromage
peut être considéré comme étant la vitesse à laquelle le sel pénètre à l’intérieur de la
matrice fromagère. Il est possible d'estimer la prise de sel (NaCl) dans un fromage salé par
saumurage, selon l'équation suivante : (Mietton et al. 2004).
S = 2C * (A/V) * ((D*t)/π)½
S = Concentration en sel (%) dans le fromage par rapport à la teneur en eau du fromage
(rapport sel/humidité).
C = Concentration en sel (%) dans la saumure.
A = Surface du fromage, en cm2.
V = Volume du fromage, en cm3.
t = durée du salage, en heures ou en jour.
D = coefficient de diffusion (caractéristique à un fromage).
Le coefficient D est un indice de la capacité du soluté à migrer dans le produit. Il dépend de
la composition de la pâte, principalement de la teneur en humidité et en gras dans le
fromage, ainsi que de la structure (homogène, hétérogène ou anisotrope) et de la
température (Hardy, 2004). Le taux de diffusion est variable selon la taille, la forme, la
porosité de la structure et le type de fromage, la concentration et la viscosité de la saumure,
ainsi que du différentiel de température entre le fromage et la saumure (Mietton et al. 2004;
Hardy, 2004; Kindstedt, 2001; Guinee et Fox, 2004; Melilli et al. 2005; Zorrilla et Rubiolo,
1994b). La quantité de sel pénétrant dans le fromage varie aussi en fonction du temps de
saumurage. Le taux de diffusion du sel dans le caillé affecte la cinétique de déshydratation
pendant le salage et au cours de l’affinage (Hardy, 2004). Pour équilibrer la pression
osmotique entre le fromage et la saumure, la quantité d’eau qui sort du fromage est environ
le double de la quantité de sel qui diffuse dans le fromage, car la taille des ions Na+ et Cl
-
est environ le double de la taille des ions H+ et OH
- (Guinee, 2004). Au cours du
saumurage, un barrière à la surface du fromage peut se créer. Cette barrière apparaît grâce à
la diffusion du sel dans la structure et à l'expulsion de l'eau à la surface du fromage. La
11
perte d'humidité entraîne une diminution de la porosité à la surface des blocs de fromage
dans la saumure (Melilli et al. 2005). Une diminution de la porosité peut se traduire en une
réduction de la perméabilité à la surface du fromage, limitant ainsi les échanges entre le
fromage et la saumure et donc limite la diffusion du sel de la saumure vers le fromage et la
sortie de l'eau hors du fromage. Cette barrière peut se développer plus rapidement lorsque
le fromage est plongé dans une saumure saturée comparativement à une saumure non
saturée (Melilli et al. 2005).
La migration du sel dans le fromage se poursuit au cours de l'affinage jusqu'à ce qu'un
équilibre s’établisse entre la teneur en sel et en humidité dans toutes les zones du bloc de
fromage. Après la période de saumurage, le bord du fromage est moins humide et plus salé
que son centre. Cette différence tend à s'équilibrer au cours de l'entreposage et il peut y
avoir des irrégularités dans la diffusion (Kinstedt, 2001). Ce dernier rapporte que les
fromages de types pasta-filata ont une teneur et une distribution moins prévisibles que
d'autres fromages saumurés. La vitesse de déplacement du sel dans la structure est variable
et dépend de la porosité et du réseau des canaux de phase aqueuse dans la structure du
fromage, ainsi que de la proportion d'eau lié, de la viscosité de la phase aqueuse et de
l'interaction entre le sodium et la matrice protéique (Melilli et al. 2005).
Une saumure près du point de saturation permet de maximiser le taux d’absorption et de
minimiser la croissance microbienne (Kindstedt et al.1999). L'utilisation de saumure froide
permet aussi de diminuer la perte d'humidité entre le fromage et la saumure,
comparativement à une saumure plus chaude (12-20°C) (Kindstedt et al. 1996). La saumure
à basse température permet d’abord de saler le caillé, mais aussi de le refroidir et ainsi
éviter un développement microbien indésirable. Une saumure qui ne contient pas
suffisamment de sel (solides totaux) peut entraîner des défauts de texture comme une une
surface trop humide et une texture molle (soft rind defect). Ce défaut de surface peut être
présent dans tous les fromages qui subissent une étape de saumurage (Kindstedt, 1993a).
Des études ont porté sur l’utilisation de salage direct ou en combinaison pour un fromage
mozzarella. Le salage direct permet d’éviter les problèmes d’hétérogénéités de la
composition chimique du fromage associés aux dimensions des blocs, la contamination
12
microbienne et du large espace nécessaire aux bassins de saumure. Guinee et al. (2000) ont
comparé l’utilisation du salage direct, par saumure et la combinaison salage direct et par
saumure. Ils ont montré que la méthode de salage influence le produit final (composition
chimique, rendement, dureté et fonctionnalité du fromage. Barbano et al. (1994) ont, quant
à eux, modifié la méthode de production de mozzarella, afin d’obtenir un fromage
mozzarella grâce au salage direct similaire à un fromage saumuré. Ainsi, il est possible
d’obtenir un fromage de bonne qualité selon différentes méthodes de salage.
1.3. Fromage réduit en sel
La qualité des fromages commerciaux réduits en sodium dépend de plusieurs facteurs,
incluant le pH, le type et le taux de coagulant résiduel, le type et le compte des bactéries
(ferment et flore secondaire), la composition et la température d’affinage (Guinee et Fox,
2004). La littérature rapporte des études sur l’effet de la diminution du NaCl dans différents
fromages. Plusieurs de ces recherches proposaient une diminution du sodium dans les
fromages par la substitution partielle du NaCl par des succédanés, dont le principal était le
KCl. Ces études ont été réalisées sur différents fromages, notamment les fromages cheddar,
gruyère, feta, fynbo et kefalograviera (Lindsay et al. 1982; Fitzgerald et Buckley, 1985;
Reddy et Marth, 1993a,b,c, 1994, 1995 a,b; Lefier et al. 1987; Katsiari et al. 1997, 1998,
2000a,b, 2001a,b; Sihufe et al. 2006; Karagözlu et al. 2008). La littérature ne fait pas
mention de travaux sur la substitution partielle du NaCl par du KCl ou autres succédanés du
NaCl dans une production de fromage mozzarella salé par saumurage.
Les sels substituts du NaCl les plus rapportés pour l’usage fromager sont le KCl et le
MgCl2. Fitzgerald et Burckley (1985) ont montré que le meilleur substitut est le KCl, car il
entraîne le moins de modifications du produit fini, dans le cadre d'une production de
fromage cheddar. Plusieurs auteurs ont démontré qu’un ratio NaCl :KCl de 1 :1 n’affectait
pas de manière significative le fromage cheddar (Reddy et Marth, 1993a; Fitzgerald et
Buckley, 1985; Lindsay et al. 1982). Toutefois, la substitution complète du NaCl par un
succédané (MgCl2, CaCl2 ou KCl) ne serait pas recommandée. Fitzgerald et Buckley
(1985) ont démontré qu’une substitution complète du NaCl entraînait des défauts majeurs
13
de goût et de texture (augmentation de la lipolyse et de la protéolyse, diminution de la
fermeté et de la dureté), pour un fromage cheddar affiné 4 mois.
1.3.1 Protéolyse
Plusieurs auteurs ont démontré que la substitution du NaCl par le KCl, jusqu'à un rapport
1:3 NaCl:KCl, n'a pas d'impact significatif sur la protéolyse de différents fromages (Ayyash
et Shah, 2010; Reddy et Marth, 1993c; Katsiari et al. 2000a, 2001a; Sihufe et al. 2006).
L’influence des ions sur l’activité protéasique des cellules entières n’est en général pas
significative pour les cations monovalents K+ et Na
+ (Guinee et Fox, 2004). Lefier et al.
(1987) ont démontré qu’en réduisant de 80 % la teneur en sodium, par l’utilisation de
MgCl2, le processus fermentaire et l’activité protéolytique d'un fromage gruyère n’étaient
que légèrement modifiés. Cette étude a montré que l'hydrolyse de la caséine-αs1 était
légèrement favorisée par rapport à un fromage témoin.
1.3.2. Lipolyse
La lipolyse ne serait pas affectée par l’utilisation d’un mélange de NaCl :KCl dans un
fromage feta et kefalograviera (Katsiari et al. 2000b, 2001b) ou encore par un mélange de
NaCl :MgCl2 dans un fromage gruyère (Lefier et al. 1987). Par contre, un mélange
NaCl:KCl entraînerait une augmentation des acides gras libres dans un fromage cheddar
(Lindsay et al. 1982).
1.3.3. Qualités organoleptiques
L'utilisation de KCl, de MgCl2 ou de CaCl2 pour remplacer complètement le NaCl
donnerait des fromages trop mous et favoriserait l’apparition de saveurs indésirables et
amères (Guinee et Fox, 2004; Lindsay et al. 1982; Fitzgerald and Buckley, 1985). Lindsay
et al. (1982) ont démontré que le pourcentage de sel (% p/p) a un effet gustatif plus
important que la composition de la source de sel. Certains auteurs n’ont pas détecté de
différences significatives entre un fromage témoin et un fromage avec un mélange
NaCl/KCl, pour un même taux de sel (Demott, 1984; Fitzgerald et Buckley, 1985; Katsiari
et al. 1998). Par contre, il a été démontré que, durant l’affinage d’un fromage cheddar (plus
de 3 mois), un mélange NaCl/KCl peut entraîner l’apparition d’un goût plus amer et plus
14
fade qu’un fromage témoin (Lindsay et al. 1982). Il serait possible de produire un fromage
gruyère hyposodique au goût acceptable grâce à l’incorporation de MgCl2. Ces fromages
présentaient une légère amertume et une pâte plus souple (Lefier et al. 1987). Fitzgerald et
Buckley (1985) ont démontré que des fromages cheddar salés avec des mélanges de
NaCl/MgCl2 ou de NaCl/CaCl2 obtenaient un taux d’appréciation des juges (évaluation
sensorielle) moins élevé que le fromage témoin.
1.3.4. Croissance microbienne
Le type de sel n’aurait pas d’effet sur les espèces de bactéries prédominantes du ferment
(Guinee et Fox, 2004). Le sel joue un rôle important pour inhiber la croissance microbienne
par un abaissement de l’Aw et la pression osmotique dans la matrice protéique. La
substitution partielle du NaCl par du KCl aurait un effet inhibiteur similaire, car le KCl
exercerait lui aussi une pression osmotique (Guinee et Fox, 2004). La croissance de
microorganismes indésirables, tel le Staphylococcus aureus, n’est pas favorisée par
l’utilisation d’un mélange NaCl : KCl (Lindsay et al. 1982).
1.3.5. Saumurage avec KCl
Le KCl a été utilisé pour produire des fromages salés dans des saumures réduites en
sodium. L’incorporation de KCl dans une saumure n’aurait pas d’effet sur le coefficient de
diffusion du sel de la saumure vers le fromage (Zorrilla et Rubiolo, 1994a et 1994b). Ces
auteurs proposent que le comportement d’une saumure témoin et celui d’une saumure
constituée d’un mélange NaCl:KCl seraient similaires en raison de la proximité de taille et
de la force des ions (Na+ versus K
+). Cette hypothèse permettrait de prétendre que la
présence de KCl n’affecterait pas la diffusion des sels lors du saumurage. Plusieurs auteurs
on démontré qu'il était possible d'incorporer du KCl dans une saumure pour diminuer la
teneur en sodium dans différents fromages (feta, fynbo, kefalograviera, et halloumi) sans
affecter la qualité des produits finis (Aly, 1995; Katsiari et al. 1997, 1998; Zorrilla et
Rubiolo 1999; Ayyash et Shah, 2010). Le taux d'incorporation du KCl est variable selon les
fromages. Toutefois, Karagözlu et al. (2008) ont montré que le taux de remplacement du
NaCl par du KCl en saumure ne se reflète pas nécessairement dans les mêmes proportions
dans le fromage. Ils ont démontré que, dans un fromage d'origine turc (white pickled
15
cheese), le fromage saumuré dans un mélange 1:1 NaCl:KCl ne contient pas 50 % moins de
sodium que le témoin (100 % NaCl). Puisque la taille et la porosité sont différentes pour
chaque type de fromage, il est difficile de prédire le taux de diffusion de chaque composé
de la saumure vers un fromage donné. À ce jour, aucune étude n’a porté sur l’incorporation
de KCl ou tout autre succédané du NaCl dans une production de fromage mozzarella de
type pasta-filata salé par saumurage.
1.4 Le fromage mozzarella
1.4.1 Origines et normes
Le fromage mozzarella est d’origine italienne. Il fait partie de la catégorie des fromages à
pâtes filées (pasta-filata). À l’origine, la mozzarelle était fabriquée avec du lait de
bufflonne, à haute teneur en matières grasses. Toutefois, avec l’augmentation de la
popularité de la pizza et l’avènement de l’ère industrielle, il a été nécessaire d’augmenter le
volume de production. Pour atteindre cet objectif, la mozzarelle a aussi été produite à partir
de lait de vache, de bufflonne ou d’un mélange des deux laits. En Amérique du Nord, le
fromage mozzarella provient principalement, voire presque totalement, de lait de vache.
Toutefois, seule la mozzarelle faite de lait de bufflonne peut porter l’appellation d’origine
contrôlée Mozzarella di Bufala Campana.
La FAO décrit le fromage mozzarella comme étant un fromage non affiné, conformément à
la Norme générale pour le fromage (CODEX STAN 283-1978) et à la Norme pour les
fromages non affinés, y compris le fromage frais (CODEX STAN 221-2001). La
mozzarelle est un fromage lisse à texture élastique composée de longues fibres de protéines
parallèles, sans présence de grains de caillé. Ce fromage ne possède pas de croûte et peut se
présenter sous diverses formes. La mozzarelle à haute teneur en humidité est un fromage à
pâte molle à couches superposées pouvant former des poches contenant du liquide
d’apparence laiteuse. Le fromage est de couleur blanc cassé. La mozzarelle à basse teneur
en humidité est un fromage homogène à pâte ferme/semi-dure sans trous, qu’il est possible
de râper (Norme CODEX STAN 262-2006). La mozzarelle peut être à forte ou à faible
teneur en humidité. En Amérique du Nord, la mozzarelle qui est la plus consommée et la
16
plus produite est la mozzarelle à faible teneur en humidité (low-moisture mozzarella cheese
(LMMC)). Cette mozzarelle est aussi connue sous l’appellation de fromage à pizza (pizza
cheese). Le présent travail portera principalement sur la mozzarelle à faible teneur en
humidité. La composition générale de ce type de mozzarella est la suivante : 47 %
humidité, 24 % matière grasse, 21 % protéine et 1,5 % NaCl (Kindstedt, 2004b).
1.4.2 Méthode de fabrication
À l’exception du ferment utilisé et le profil de température appliqué sur le caillé lors de la
cuisson, la méthode de fabrication du fromage mozzarella est similaire à celle du fromage
cheddar jusqu’à l’étape du salage, tel que présenté à la figure 1.1. Comme il a été
mentionné précédemment, le salage du fromage mozzarella peut être fait par saumurage
et/ou salage sur le grain. Dans bien des cas, la saumure est favorisée pour sa capacité à
refroidir rapidement le fromage après l’étape du cuisseur-fileur.
1.4.3 Propriétés du fromage mozzarella
Le fromage mozzarella doit avoir un goût frais, légèrement salé et un léger goût acide. Le
fromage mozzarella est surtout consommé pour ses propriétés techno-fonctionnelles plutôt
que pour ses qualités organoleptiques. Les principales caractéristiques d’une mozzarelle
sont la texture et l’aptitude au râpage. Les propriétés fonctionnelles du fromage mozzarella
lorsqu’il est soumis à un traitement thermique sont l’étalement à la fonte, l’extensibilité, la
formation d’huile à la surface et le brunissement. La texture et la capacité de fonte de la
mozzarelle sont gouvernées par les caractéristiques structurales du caillé (Kindstedt,
1993b). Ces deux aspects sont les qualités déterminantes du fromage mozzarella faible en
humidité, autant pour le consommateur que pour les entreprises alimentaires. Par exemple,
lorsque traité thermiquement, le fromage mozzarella cuit devrait avoir fondu uniformément
sans qu’aucune particule individuelle de fromage ne soit évidente (McMahon et al. 1993;
Rowney et al. 1999), tout en évitant que sa phase lipidique se retrouve à la surface.
17
Figure 1.1 : Schéma de production de fromage mozzarella à faible teneur en humidité.
La texture et les propriétés fonctionnelles de la mozzarella changent en fonction de la
production et du temps d’entreposage. Les caractéristiques d’un produit peuvent être
modulées en modifiant certains aspects lors de la production. Le fromage mozzarella n’est
pas un fromage de longue conservation (quelques semaines). En peu de temps, les réactions
chimiques et enzymatiques s’opèrent dans la matrice fromagère. Un fromage très jeune est
ferme, il a un étirement et une extension limitée ainsi qu’une faible capacité à fondre
Standardisation
Pasteurisation
Découpage
Coupage
Lait
Coagulation
Cheddarisation
Salage
Présure
Ensemencement
Égouttage
Moulage
Ferment thermophile
Cuisson
Cuisseur-fileur Eau 60-70°C
pH 5,1-5,3
18
(Kindstedt et al. 1999). Durant l’entreposage, entre une et trois semaines, des réactions
enzymatiques, telle la protéolyse, provoquent un changement dans la structure de la matrice
et améliorent les propriétés du fromage, ainsi que l’augmentation de l’hydratation des fibres
de para-caséines. La matrice fromagère tend à se ramollir, tend à avoir une meilleure
capacité à fondre et à être plus facile à étirer. Un fromage mozzarella contenant moins de
calcium (moins d’association calcium-caséines) tend à avoir une fermeté moins
élevée(Kinstedt, 2004). Toutefois, un temps d’entreposage prolongé peut provoquer une
perte de fermeté du fromage et le rendre très mou. Un manque de fermeté du fromage va
diminuer l'aptitude du fromage à remplir certaines fonctions telles que son aptitude au
râpage et la rétention de la matière grasse.
19
1.6. But, hypothèse, objectif général et objectifs
spécifiques
1.6.1. But
Le but de ce projet était de déterminer la possibilité de produire du fromage mozzarella de
type pasta-filata, à faible teneur en humidité, ayant une teneur réduite en sodium sans
diminuer les qualités sensorielles du fromage.
1.6.2. Hypothèse
La substitution partielle du NaCl par du KCl, dans une production de fromage mozzarella,
permet de produire un fromage mozzarella réduit en sodium sans affecter ses propriétés
techno-fonctionnelles et son goût.
1.6.3. Objectif général
Quantifier l’impact de la réduction du NaCl dans une production de fromage mozzarella de
type pasta-filata, à faible teneur en humidité, afin d’obtenir un fromage hyposodique ayant
un profil (gustatif et fonctionnel) le plus similaire à un fromage mozzarella standard.
1.6.4. Objectifs spécifiques
1) Comparer les effets de 12 conditions salines sur la composition, l’évolution de la
population microbienne et la protéolyse, ainsi que sur différentes propriétés
fonctionnelles du fromage mozzarella.
2) Vérifier l'effet des 12 conditions salines (objectif 1) sur l’évolution du pH, de
bactéries lactiques thermophiles utilisées en production fromagère et la protéolyse
dans des caillés modèles de type mozzarella.
3) Évaluer l’impact de 4 conditions salines sur la composition physico-chimiques des
fromages, sur l’évolution microbienne et de la protéolyse et sur des propriétés
fonctionnelles du fromage mozzarella. Évaluer l’impact des 4 conditions salines sur
les propriétés sensorielles du fromage mozzarella frais et lorsqu’ils sont utilisés
dans un aliment complexe (pizza).
20
Chapitre 2 : Impact de la réduction de la teneur en NaCl
et de sa substitution par du KCl et du MgCl2 dans du
fromage mozzarella
Emilie Thibaudeau1,2
, Denis Roy2, Daniel St-Gelais
1,2
1 Centre de Recherche et de Développement des Aliments, Agriculture et Agro-alimentaire
Canada, 3600 boul. Casavant Ouest, QC, Canada, J2S 8E2
2 Institut des Nutraceutiques et des Aliments Fonctionnels, Centre de recherche STELA,
Université Laval, Québec, QC, Canada, G1V 0A6
21
Résumé
Le but de ce travail était de quantifier l’impact de la réduction de la teneur en NaCl et sa
substitution par du KCl et du MgCl2, dans du fromage mozzarella à faible teneur en
humidité. Du fromage a été produit et a été soumis à douze conditions salines : A = 100 %
NaCl (témoin salé), B et C = 100 % KCl, D et E = 75/25 NaCl/KCl, F et G = 50/50
NaCl/KCl, H = A -25%, I = A - 50 %, J = non salé, K = 50/50 NaCl/MgCl2, L = A + 25%.
Les saumures B, D et F avaient la même quantité de sels (% p/p) que la saumure A (20 %
p/p). Les saumures C, E et G étaient ajustées pour obtenir une force ionique (FI) provenant
des sels équivalente à celle que le NaCl apportait dans la saumure A. La composition, le pH
et l’évolution des activités microbiologiques et enzymatiques, le profil de texture du
fromage frais et fondu ainsi que l’étalement à la fonte ont été déterminés au centre et en
bordure des fromages après 7 et 14 jours d’entreposage. Les résultats ont révélé que la
concentration en saumure a eu plus d’effets sur les fromages que le type des sels utilisés.
Les teneurs en protéines et en matières grasses n’ont pas été influencées par les conditions
salines. Généralement, plus une saumure était riche en solides totaux, plus le fromage était
riche en sels et en cendres, ce qui a influencé la teneur en humidité des fromages. Les
différences de composition ont influencé le profil de texture des fromages. L’utilisation de
MgCl2 a influencé à la hausse le taux d’humidité dans les fromages et à la baisse le pH des
fromages. Le KCl a fait légèrement augmenter le pH, selon sa teneur dans le fromage. Le
temps d’entreposage a influencé l’évolution de la protéolyse et des populations de bactéries
lactiques. Les conditions salines ont eu peu d’impact sur ces activités enzymatiques et
microbiologiques. Dans les conditions de saumurage utilisées, la substitution partielle de
NaCl par du KCl ou du MgCl2 n’a pas permis de faire diminuer la teneur en sodium dans le
fromage proportionnellement à la substitution dans la saumure. Le remplacement de 25 %
du NaCl n’a pas permis de réduire significativement la teneur en sodium dans les fromages.
Le remplacement de 50 % du NaCl par du KCl (FI) a permis de diminuer de 35 % la teneur
en sodium dans le fromage. Il serait possible d’obtenir un fromage mozzarella réduit en
sodium, salé par saumurage, ayant des caractéristiques comparables à un fromage
mozzarella régulier si le remplacement du NaCl par du KCl est, au minimum de 50 %.
22
2.1 Introduction
Le sodium est un élément omniprésent dans notre environnement. Il est essentiel au bon
fonctionnement de l’organisme, notamment pour le maintien du volume et de la
composition du liquide extracellulaire. Le sodium fait partie de la diète quotidienne.
L’organisation mondiale de la Santé (OMS) fait mention dans son Rapport sur la Santé
dans le Monde : Réduire les risques et promouvoir la Santé, publié en 2002, que la
réduction de la quantité de sel (NaCl) dans les aliments industriels permet de réduire les
risques de maladies cardio-vasculaire. Au Canada, les aliments transformés contribueraient
à 77 % de l’apport quotidien en sodium, 12 % pour le sodium intrinsèque à l’aliment, 6 %
pour le sel de cuisson et 5 % pour le sel de table (Statistique Canada, 2007). En 2007, les
Canadiens ont consommé, en moyenne, 12,39 kg de fromage (Commission Canadienne du
Lait, 2010). Au Canada, 5 % de l’apport quotidien en sodium proviendrait des fromages
(Conseil sur la transformation agroalimentaire et des produits de consommation, 2010).
Le sel est un joueur important dans l’industrie fromagère. Il influence le type de fromage, le
goût et les caractéristiques qui lui sont rattachés, l'évolution et l'innocuité des produits finis.
Au cours d’une production fromagère, le sel intervient dans le processus d’égouttage,
abaisse l’activité de l’eau (Aw), contribue à la préservation du produit, module les réactions
microbiologiques et enzymatiques, influence la flaveur et les propriétés techno-
fonctionnelles du produit final (Hardy, 2004; St-Gelais et Tirard-Collet, 2002; Kindstedt,
2004a; Guinee 2004). Les principales propriétés des fromages, tel que le fromage
mozzarella, sont la fermeté, l’aptitude au râpage, la capacité d’étalement et de filage, le
brunissement ainsi que la rétention de la matière grasse (Mietton et al. 2004; Rowney et al.
2004). Les principales propriétés des fromages, tel que le fromage mozzarella, sont la
fermeté, l’aptitude au râpage, la capacité d’étalement et de filage, le brunissement ainsi que
la rétention de la matière grasse (Mietton et al. 2004; Rowney et al. 2004). Les propriétés
techno-fonctionnelles de la mozzarelle sont importantes en raison de l’utilisation culinaire
du fromage mozzarella, particulièrement sur la pizza.
23
La problématique de la présence du sodium dans le fromage a déjà été abordée dans le
passé. Plusieurs études portant sur différents fromages (cheddar, gruyère, feta) ont
proposées l'utilisation de succédané du NaCl tel que le KCl et le MgCl2, afin de réduire la
teneur en sodium dans le produit fini (Fitzgerald et Buckley, 1985; Reddy et Marth,
1993a,b,c, 1994, 1995a,b; Lindsay et al. 1982; Lefier et al. 1987; Katsiari et al. 1997, 2000a).
Ces études montrent qu’un remplacement partiel peut être possible sans affecter la qualité
du produit fini, selon des ratios qui peuvent atteindre près de 50 %. Selon le type de
fromage, une substitution plus grande pouvait entraîner des problèmes, notamment au
niveau du goût (Katsiari et al. 1997; Lindsay et al. 1982; Reddy et Marth, 1994; Fitzgerald
et Buckley, 1985). À ce jour, aucune étude n’a porté sur l'impact de la réduction du sodium
dans du fromage mozzarella salé en saumure. La présente étude visait à quantifier l’impact
de la réduction du NaCl et l’incorporation de substituts de NaCl tel que le KCl et le MgCl2
sur la composition (humidité, protéines, matières grasses, cendres, pH et minéraux),
l’évolution des bactéries lactiques et de la protéolyse ainsi que sur différentes propriétés
techno-fonctionnelles de fromage mozzarella salé en saumure.
24
2.2 Matériel et Méthodes
2.2.1. Production
2.2.1.1 Préparation des ferments
Deux souches thermophiles congelées, soit Lactobacillus delbrueckii ssp. bulgaricus SR-F
et Streptococcus thermophilus SC-32 (Cargill, Waukesha, WI, USA) ont été utilisées pour
préparer le ferment lactique destiné à la production de fromage mozzarella. La
revitalisation des souches a été réalisée dans du lait écrémé reconstitué à 12 % de solides
totaux (p/p) (Crino Milk skim powder low-heat, René Rivet, Terrebonne, Qc, Canada)
préalablement stérilisée à 110 °C/10 min. Le lait reconstitué stérile (2 x 200 g) a été inoculé
à un taux de 1 % avec la souche de lactobacilles SR-F et à un taux de 0,5 % pour la souche
de streptocoques SC-32, puis incubé pendant 16 heures à 37 °C et ensuite refroidi à 4 °C.
Chaque souche a été revitalisée séparément. Pour chacune des souches, un second
repiquage a été fait dans les mêmes conditions que décrites précédemment, mais à plus
grand volume dans le but d'obtenir 10 kg de ferment de SR-F et 13 kg de SC-32.
2.2.1.2. Fabrication fromagère
Les fabrications fromagères ont été réalisées à l'usine pilote du Centre de Recherche et de
Développement des Aliments (CRDA) (Saint-Hyacinthe, Qc, Canada). La veille de la
production fromagère, du lait cru a été standardisé à 1,35 protéine/gras et conservé à 4 °C
jusqu’à son utilisation. Le jour de la fabrication, 450 L de lait standardisé a été pasteurisé
(72 °C/16 sec.) et refroidit jusqu'à 34 °C. Du chlorure de calcium 45 % (p/v) (Calsol, Chr.
Hansen’s Laboratory, ON, Canada) a été ajouté au lait de fromagerie à raison de 0,26 ml/L
de lait. Sous faible agitation, 9,82 kg de ferment SR-F et 12,59 kg de SC-32 ont été ajoutés
au lait pour obtenir une population initiale totale de 1 × 107 UFC/ml avec un ratio
lactobacilles/streptocoques de 1:1. Après 60 minutes de maturation, de la présure (Chymax,
Chr. Hansen’s Laboratory, ON, Canada), préalablement diluée avec de l'eau distillée (1:20),
a été ajoutée au lait à un taux de 0,01 %. Le caillé a été coupé après 30 minutes de
coagulation. Le caillé était ensuite brassé et chauffé graduellement pendant 30 minutes pour
atteindre une température de 40 °C. Cette température a été maintenue jusqu’au moment du
25
soutirage. Le soutirage du lactosérum a été effectué lorsque le pH du sérum a atteint un pH
de 6,0. Le caillé était entassé pour former de larges blocs et retourné périodiquement.
Lorsque le pH du caillé a atteint une valeur de 5,2, le caillé a été coupé en morceaux
d’environ 5 cm x 5 cm x 5 cm pour être ensuite passé au cuiseur-fileur (E.B.R. Québec, Qc,
Canada). L’eau du cuiseur était à 72 °C et la vitesse des vis sans fin dans le cuiseur-fileur
était de 50 rpm horizontalement et verticalement. Le temps moyen de résidence du fromage
dans le cuiseur-fileur était de 8 minutes. Le premier et le dernier bloc de fromage ont été
écartés, car la composition pouvait être différente en raison d’un temps de résidence dans le
cuiseur-fileur supérieur aux autres blocs de fromages. Les blocs de fromage ont été placés
dans un moule de dimensions 10,5 cm x 10,5 cm x 25,5 cm et placés dans un bain d’eau et
de glace pour un refroidissement rapide. Chaque bloc de fromage pesait environ 2,5 kg. Les
fromages ont été démoulés après 45 minutes de refroidissement. Chaque bloc de fromage
était coupé en deux et les deux morceaux ont été déposés dans la même saumure (voir
section 2.2.1.3). Les fromages ont résidé dans la saumure pendant 17 heures à 10 °C. Un
fromage J (non salé) a été laissé dans le moule et couvert d'une pellicule plastique afin de
prévenir la déshydratation en surface, puis déposé à 10 °C. Le fromage J a été coupé le
lendemain avant l’emballage. Après les 17 heures de saumurage, les fromages ont été
retirés des saumures et tous les fromages ont été mis en sacs individuellement, scellés sous-
vide et déposés à 4 °C. Les fromages ont été analysés après 7 et 14 jours d'entreposage à
4 °C.
2.2.1.3. Préparation des saumures
Onze saumures de 5 kg chacune, ont été préparées la veille de la fabrication fromagère
selon les différentes compositions présentées au tableau 2.1. Dans des petits bassins, les
sels ont été dissous dans de l'eau préalablement stérilisée (95 °C/30 minutes). Les saumures
ont été supplémentées avec 2,0 ± 0,2 g de chlorure de calcium 45 % (p/v) (Calsol, Chr.
Hansen’s Laboratory, ON, Canada). Les saumures B, D, F et K ont été ajustées pour
contenir la même quantité de sel que la saumure témoin A. Les saumures C, E, et G ont été
ajustées pour que la force ionique provenant des sels soit identique à la force ionique
apportée par le NaCl de la saumure A. Le pH des saumures était ajusté à pH 5,2 ±0,1 avec
de l'acide lactique 85 % (Fisher Scientific). La température des saumures était maintenue à
26
10 °C. La condition J était un témoin non salé. Les solutions salines ont été produites avec
du sel granulé (chlorure de sodium (NaCl)) Hi-Grade Windsor (La Société Canadienne de
Sel Limité, Pointe-Claire, Qc, Canada), de la poudre cristalline de chlorure de potassium
(KCl) (Galenova, Saint-Hyacinthe, Qc, Canada) et du chlorure de magnésium hexadrydrate
(MgCl2) (Galenova, Saint-Hyacinthe, Qc, Canada).
Tableau 2.1 : Identification et composition des différentes saumures.
Identification Composition des sels Teneur en solides
A NaCl 20 % (p/p)
B KCl 20 % (p/p)
C KCl F.I = A (25,6 %)
D 75 NaCl/ 25 KCl 20 % (p/p)
E 75 NaCl/ 25 KCl F.I = A (21,40 %)
F 50 NaCl/ 50 KCl 20 % (p/p)
G 50 NaCl/ 50 KCl F.I = A (22,80 %)
H NaCl 15 % (p/p)
I NaCl 10 % (p/p)
J Aucun sel 0
K 50 NaCl/ 50MgCl2 20 % (p/p)
L NaCl 25 % (p/p)
2.2.2. Analyses post-production
2.2.2.1 Prélèvements
Après 7 et 14 jours d’entreposage à 4 °C, les 12 différents fromages ont été analysés.
D’abord, 11 g de fromage étaient prélevés de façon aseptique pour réaliser les analyses
27
microbiologiques. À l’aide d’un couteau aseptisé, une tranche de fromage mince et
profonde a été prélevée au tiers de la hauteur du bloc, afin d'obtenir un échantillon de bord
et de centre dans un même prélèvement. À l’aide d’un couteau et d’un emporte-pièce de
dimensions 5 cm x 5 cm, les blocs de fromage étaient coupés une première fois en 3 parties
(2 bords et 1 centre) (Fig. 2.1 a). Le centre était sectionné à nouveau de manière à conserver
que le cœur de cette section pour les analyses dites « de centre » (Fig. 2.1 b). Tous les bords
ont été mélangés ensemble pour les analyses de la partie du « bord » des fromages.
Figure 2.1: Diagramme de la première (a) et de la seconde coupe (b) d’un bloc
Les analyses ont été faites en duplicata, sauf pour l’analyse microbiologique et le profil de
texture. Toutes les analyses ont été réalisées sur chacune des zones (bord, centre) des
fromages, sauf pour la quantification des populations microbiennes, de la teneur en matière
grasse et en protéines totales. À la suite d’une production fromagère et d’analyses
préliminaires, il a été déterminé que les teneurs en matières grasses et en protéines étaient
similaires (P > 0,05) au bord et au centre du fromage. Pour le dosage de la matière grasse,
des protéines totales et de la population microbienne, un seul échantillon a été prélevé pour
l’ensemble d’un bloc de fromage.
2.2.2.2. Analyses microbiologique
Le dénombrement des bactéries lactiques a été fait dans la masse (pour-plate), sur milieux
sélectifs. Le milieu M17-agar (Difco Laboratories, Détroit, USA) a été utilisé pour les
streptocoques et le milieu MRS-agar acidifié pour les lactobacilles. Le milieu MRS-agar a
été acidifié jusqu'à pH 5,5 avec de l'acide acétique glaciale (Fisher Scientific). Onze
grammes de fromage ont été ajoutés à 99 ml d’eau peptonée 0,1 % stérile (121 °C/15 min.),
Bord Bord
Centre
Bord
Bord Bord
Centre
Centre
Bord
Bord Bord
Centre
(b) Seconde coupe : sectionnement du
centre du fromage
(a) Première coupe d’un
bloc de fromage
28
puis homogénéisés au stomacher (Stomacher 400 Circulator, Seward Laboratory System,
NY, USA) pendant 2 minutes, à haute vitesse. Pour chaque échantillon de fromages une
série de dilution dans des bouteilles d’eau peptonée a été réalisée pour s’assurer d’obtenir
un dénombrement de 30 à 300 unité formatrice de colonie (ufc) par plat de Pétri. Les
dénombrements ont été faits en duplicata, par facteur de dilution, pour chaque milieu de
dénombrement. Les plats de Pétri ont été incubés 48 heures, à 37 °C dans une hotte
anaérobie.
2.2.2.3. Analyses de Composition
La teneur en matière grasse des fromages a été déterminée par la méthode Mojonnier
(AOAC, 2000). La teneur en protéines totales et les extraits azotés ont été analysés par la
méthode macro-Kjeldahl (St-Gelais et al. 1998). Le pourcentage de fractions azotées sur
l’azote total (azote soluble dans l’eau (NSE) et l’azote soluble dans l’acide
trichloroacétique à 12 % (NS-TCA)) a été préparé comme décrit par Turcot et al. (2002).
Le facteur de conversion de l’azote utilisé était de 6,38. Les solides totaux des fromages ont
été obtenus par séchage dans un four ventilé à 100 °C pendant 16 heures et les cendres ont
été déterminées dans un four à mufle à 550 °C pendant 18 heures (AOAC, 2000).
L’humidité a été calculée par différence [humidité (%) = 100 - solides totaux (%)]. La
quantification du Ca, Na, K, Mg et P a été obtenue par spectrophotométrie de plasma à
couplage inductif optique à émission (ICP-OES, Teledyne Leeman Labs, modèle Prism for
HIGH Dispersion ICP Spectrometer). Le Ca a été mesuré à une longueur d’onde de
317 nm, le Na à 589 nm, le K à 766nm, le Mg à 279 nm et la P à 178 nm. Les échantillons
pour effectuer le dosage des minéraux ont été préparés à partir des cendres des fromages.
Les cendres ont été dissoutes dans 5 g de TCA 20 % et 0,5 g d'yttrium (standard interne)
(1000 ug/ml, PlasCAL, SCP Science, Baie d’Urfé, Qc, Canada) a été ajouté dans le
mélange cendres-TCA. Le poids final a été complété à 50 g avec de l'eau déionisée. Chaque
échantillon a été filtré à l’aide de filtre 0,45 µm PES (Canadian Life Science, Peterborough,
Ont, Canada). L’appareil injectait 3 fois le même échantillon dans le ICP. Le pH des
fromages a été mesuré, après 14 jours d’entreposage, avec un pH-mètre (DL 15 Titrator,
Mettle Toledo, Missisauga, ON, Canada) et une électrode combinée en verre scellée
(Acumet, BNC H011-0001, Cole-Parmer, Illinois, USA).
29
2.2.2.4. Analyses de la texture et des propriétés fonctionnelles
2.2.2.4.1. Texture
L'analyse de profil de texture (TPA) a été réalisée avec l’analyseur de texture TA-XT2
(Stable Micro Haslemere, Surry, England). L’analyseur de texture a permis de quantifier la
fermeté, l’élasticité et la cohésion des échantillons. Six cylindres de fromage, de
dimensions 10 mm x 10 mm, ont été prélevés à l'aide d'un emporte-pièce en acier
inoxydable pour chaque zone d’un fromage. Les cylindres devaient être exempts de bulles
d'air et de fissures apparentes. Les cylindres ont été déposés dans un plat de Pétri et
tempérés à 21 °C pendant 30 minutes avant d'être analysés. Un poinçon de 25 mm de
diamètre attaché à une cellule de charge de 5 kg a effectué une double compression. Le
temps de relaxation était de 80 secondes entre les deux compressions. Le taux de
déformation était de 60 % et la vitesse de compression était de 1 mm/s.
2.2.2.4.2. Fermeté du fromage fondu
L’évaluation de la fermeté du fromage fondu a été effectuée comme proposé par Roy et al.
(1998) avec quelques modifications. Pour chaque zone de fromage, 2 carottes de fromage,
de 20 mm x 40 mm et d’une masse de 15 g, ont été prélevées avec un emporte-pièce en
acier inoxydable. Chaque carotte était transférée dans un tube de plastique (Kim-Kap,
OpticsPlanet Inc, Northbrook, Illinois, USA) de 25 mm x 85 mm avec bouchon et 2 ml
d'huile de paraffine ont été déposés sur le haut du fromage pour prévenir l'assèchement de
l'échantillon durant le traitement thermique. Les tubes ont été chauffés dans un bloc
chauffant (Select Heatblock, VWR Scientific) préchauffé à 63 °C pendant 1 h 30, pour
atteindre une température au cœur de la carotte de 60 °C pendant 30 minutes. Une simple
compression de 10 mm a été effectuée par un poinçon de 15 mm de diamètre, à une vitesse
de 1 mm/s immédiatement après le traitement thermique. Le résultat de la fermeté était la
force maximale nécessaire pour effectuer le déplacement.
2.2.2.4.3. Étalement à la Fonte
L'évaluation de l'étalement à la fonte a été réalisée en adaptant le test de Schreiber proposé
par Kosikowski et Mistry (1997). Pour chaque zone de fromage, deux disques de 7 mm de
30
hauteur et de 20 mm de diamètre ont été prélevés avec un emporte-pièce. Les disques
étaient déposés au centre d'un Petri de verre 100 mm x 20 mm avec couvercle (Pyrex,
Corning Laboratory Science, New York). Les échantillons ont été soumis à un traitement
thermique de 100 °C pendant 60 minutes, puis refroidis pendant 30 minutes à température
pièce. Chaque échantillon était numérisé avec un numériseur (Epson Perfection V750
PRO). L'aire du fromage avant et après le traitement thermique a été déterminée à l'aide du
logiciel SigmaScan Pro 5.0. Le taux d'étalement à la fonte était calculé avec l'équation
suivante :
Taux d'étalement (%) = Aire après traitement thermique x 100
Aire avant traitement thermique
2.2.3. Analyses statistiques
Trois productions fromagères ont été effectuées. Un plan factoriel a été appliqué pour les
teneurs en protéines totales et en matières grasses. Le pH des fromages a été analysé selon
les zones (sous-parcelle) et les conditions salines (parcelle principale). Un dispositif en
double-tiroirs a été utilisé pour déterminer les effets de conditions salines (parcelle
principale) selon le temps d’entreposage (sous-parcelle) et les zones du fromage (sous-
sous-parcelle), pour les données de composition (humidité, cendres, minéraux), de
propriétés techno-fonctionnelles et de l’évolution de la population des bactéries lactiques et
de la protéolyse. La procédure GLM a été utilisée pour l’analyse statistique à l’aide du
logiciel SAS. Les différences significatives ont été analysées à un seuil de P ≤ 0,05.
31
2.3. Résultats et Discussion
2.3.1. Composition
À la sortie du cuiseur-fileur, les blocs de fromages mozzarella avaient tous la même
composition (pH, humidité, protéines et matière grasse). Le temps, la température de
saumurage et d’entreposage étaient identiques pour tous les fromages. Les conditions
salines (sels utilisés et concentrations) étaient donc le seul facteur de la production qui a pu
avoir un impact sur la composition finale des fromages et le comportement de ces derniers
au cours de l'entreposage. Les conditions salines n'ont pas eu d'impact significatif sur les
teneurs en protéines totales et en matière grasse (P > 0,05). La teneur moyenne en protéines
totales et en matière grasse était respectivement de 24,9 % et 20,1 %. Le tableau 2.2
présente le taux d'humidité dans les zones des fromages selon les conditions salines et la
figure 2.2 présente l’humidité dans les zones des fromages durant l’entreposage.
Tableau 2.2 : Teneur en humidité (%) de 12 fromages mozzarella.
Conditions Zone
Bord Centre ESM
A 49,25 e,f
48,78 e,f,g,h
± 0,29
B 49,61 c,d,e
48,94 e,f,g
± 0,30
C 47,14 j,k,l
47,87 g,h,i,j,k
± 0,31
D 48,38 f,g,h,i
49,01 e,f
± 0,32
E 48,15 f,g,h,i,j
48,65 e,f,g,h,i
± 0,33
F 48,84 e,f,g,h
48,50 e,f,g,h,i
± 0,34
G 46,93 k,l
47,77 h,i,j,k
± 0,35
H 50,46 b,c,d
50,43 b,c,d
± 0,36
I 51,42 a,b
49,59 d,e
± 0,37
J 48,88 e,f,g
49,11 e,f
± 0,38
K 51,18 a,b,c
51,75 a
± 0,39
L 46,50 l
47,61 i,j,k
± 0,40 ESM : Erreur standard sur la moyenne.
a-l Les moyennes suivies de lettres différentes diffèrent à (P ≤ 0,05).
32
48
48.4
48.8
49.2
49.6
50
Bord Centre
Hu
mid
ité (
%)
Jour 7 Jour 14
Figure 2.2 : Humidité des zones des fromages durant l’entreposage.
Deux interactions significatives conditions x zones et temps x zones (P ≤ 0,05) ont été
observées pour l’humidité des fromages, mais aucune interaction triple. Il n'y avait pas de
différence significative de l'humidité dans les zones des fromages en fonction des
conditions salines (Tab. 2.2), sauf pour le fromage I et L. Le bord du fromage L était moins
humide que le centre et inversement pour le fromage I. Comparativement au témoin A, le
bord des fromages C, G et L était plus sec tandis que le bord des fromages H, I et K était
plus humide que le témoin. Ces différences n'étaient pas les mêmes pour le centre des
fromages. Le centre des fromages H et K était plus humide que celui du témoin A et le
centre du fromage L était plus sec que A. L’humidité du fromage était significativement
plus élevée dans le centre des fromages à jour 7 qu’à jour 14, mais comparable au bord à
jour 14. Le bord tendait à gagner en humidité durant l’entreposage, mais l'augmentation n'a
pas été statistiquement significative.
La méthode de salage par saumurage peut entraîner une variation de la composition
(humidité et sel) selon des zones dans les fromages (bord plus sec et plus salé que le centre)
(Guinee et Fox, 2004; Kindstedt et al. 1999; Farfye et al. 1991). Lorsqu’un fromage est
plongé dans une solution concentrée ou saturée de chlorure de sodium, la différence de
concentration entre la phase aqueuse du fromage et la saumure provoque une diffusion du
sel dans la pâte et une migration inverse de la phase aqueuse vers la saumure. Cette
33
diffusion est lente et l’absorption de sel se fait en en fonction du temps de saumurage (Eck,
1987). La cinétique d’absorption de sel par les fromages tend à suivre une courbe
logarithmique, de telle sorte que la vitesse de diffusion en sel est rapide au début du
saumurage pour ralentir et tendre à un équilibre entre le fromage et la saumure au cours
d’une période de saumurage prolongée. Lorsque le saumurage est terminé, le sel se trouve
concentré dans les couches superficielles du fromage, conférant à cette région une Aw
pratiquement égale à celle de la saumure (Eck, 1987). La longue durée du saumurage et le
petit volume des fromages seraient les causes potentielles de la similarité d'humidité entre
les zones des fromages (sauf I et L). Au cours du saumurage, les fromages auraient gagné
un maximum de sels et auraient atteint un certain équilibre entre le fromage et la saumure.
Une concentration en sel élevée de la saumure permet un assèchement superficiel rapide de
la surface des fromages ce qui ralentit la diffusion du sel dans le fromage (Arilait
Recherches, 2004). Le fromage L, dont la concentration en sel de la saumure était à 25 %,
présentait un effet de zones comme rapporté par Kindstedt et al. (1999) et Farfye et al.
(1991), c’est-à-dire que le bord était plus sec que le centre. Par osmose, la forte
concentration en sel dans la saumure L aurait permis de créer un assèchement à la surface
assez important pour expulser de l'eau du fromage vers la saumure en même temps que
l'absorption d'une forte teneur en Na dans les surfaces extérieures de ce fromage. À
l'inverse, le fromage I a été plongé dans une saumure dont la pression osmotique était
beaucoup moins élevée, ce qui a entraîné une augmentation de la teneur en eau dans le
fromage. Une barrière superficielle ne s'est pas créée à la surface du fromage I. Une
saumure qui ne contient pas suffisamment de sel (solides totaux) peut entraîner des défauts
de texture comme une texture molle et une surface trop humide (soft rind defect). Ce défaut
de surface peut être présent dans tous les fromages qui subissent une étape de saumurage
(Kindstedt, 1993a). L’humidité du centre des fromages était significativement plus élevée
au jour 7 qu’au jour 14. L’humidité au centre des fromages au jour 14 était comparable à
l’humidité du bord des fromages (jours 7 et 14). La forte teneur en sel à la surface des
fromages après le temps de saumurage crée un différentiel de pression osmotique qui cause
une migration de l'humidité vers la surface du fromage (Guinee et Fox, 2004) comme il a
été observé pour les fromages dans le temps selon les zones des fromages.
34
Les conditions non-optimales de saumurages (ratio volume saumure/fromage, absence
d'agitation, temps de saumurage), n'ont pas semblé nuire à la migration des sels dans les
différents fromages saumurés. La figure 2.3 (a) présente la teneur en sodium (Na+)
et en
potassium (K+) pour tous les fromages, ainsi que la teneur en magnésium (Mg) pour le
fromage K et la figure 2.3 (b) présente la teneur en calcium (Ca) et en phosphore (P), selon
les zones des fromages.
0
1000
2000
3000
4000
Na K Na K Na K Na K Na K Na K Na K Na K Na K Na K Na K Mg Na K
A B C D E F G H I J K L
Min
éra
ux (
mg
/ 100g
)
Bord Centre
(a)
200
400
600
800
1000
1200
Ca P
Ca P
Ca P
Ca P
Ca P
Ca P
Ca P
Ca P
Ca P
Ca P
Ca P
Ca P
A B C D E F G H I J K L
Conditions salines
Min
éra
ux (
mg
/ 100g
)
(b)
Figure 2.3 : Teneur en minéraux entre le bord et le centre de 12 fromages mozzarella.
35
Une interaction conditions x zones (P ≤ 0,05) pour chacun des minéraux a été observée. Le
temps d’entreposage n’a pas eu d’effet significatif sur les minéraux. Le bord des fromages
renfermait généralement plus de sels (Na, K et/ou Mg) que le centre, sauf pour le fromage
J. Pour un élément donné (Na, K ou Mg), il n’y avait pas de différence significative dans
les zones des fromages si la saumure utilisée ne contenait pas cet élément. Ainsi, il n’y
avait pas de différence significative de zone pour le potassium dans les fromages A, H, I, J,
K et L et pas de différence de zone pour le sodium dans les fromages B, C et J. Pour les
conditions salines contenant du NaCl (fromages A, D à I et K), il y avait plus de sodium
dans le bord que dans le centre des fromages, sauf pour les fromages F et G. Le bord du
fromage G avait moins de sodium que le témoin, tandis que le bord des fromages D, E, H et
L avait plus de sodium que le témoin A. Il n'y avait pas de différence significative pour la
teneur en sodium et en potassium entre les fromages en saumures mixtes produites sur base
pondérale (p/p) (saumure D et F) ou sur base de force ionique (E et G). Le bord du fromage
G contenait plus (P ≤ 0,05) de potassium que le bord des fromages D, E et F. Seul le
fromage D avait une teneur en potassium similaire entre le bord et le centre. Le bord du
fromage C contenait plus de potassium que le bord du fromage B, mais les centres étaient
comparables (P > 0,05). Les centres des fromages B et C avaient plus de potassium que les
centres des fromages A, D à L.
L’incorporation de KCl dans une saumure n’aurait pas d’effet sur le coefficient de diffusion
du sel de la saumure vers le fromage (Zorrilla et Rubiolo, 1994a et 1994b). Ces auteurs
proposent que le comportement d’une saumure témoin et d’une saumure constituée d’un
mélange NaCl:KCl serait similaire en raison de la proximité de taille et de la force ionique
des ions (Na+ versus K
+). Ainsi, la présence de KCl n’affecterait pas la diffusion des sels
lors du saumurage. Dans le cas présent, le comportement du KCl serait proche de celui du
NaCl, mais non identique. Les résultats des fromages B et C ont montré que la quantité de
KCl absorbée par le fromage au cours du saumurage était supérieure à la quantité de NaCl
absorbée par le fromage témoin A. Il semblerait que le KCl ait eu une plus grande facilité à
pénétrer dans le fromage mozzarella que le NaCl. Plusieurs auteurs ont démontré la
possibilité d'incorporer du KCl dans une saumure et de diminuer la teneur en sodium des
fromages saumurés (feta, fynbo, kefalograviera, et halloumi) sans affecter la qualité du
36
produit fini (Aly, 1995; Katsiari et al. 1997; Zorrilla et Rubiolo 1999; Katsiari, 1998;
Ayyash et Shah, 2010). La réduction de la quantité de NaCl par substitution de KCl ne
serait donc pas proportionnelle à la quantité de sodium et de potassium retrouvée dans les
fromages. Dans un ratio 75 % NaCl/25 % KCl (p/p), les deux sels ont montré une bonne
diffusion dans le fromage puisque le bord des fromages D et E avait plus de sodium que le
témoin, tout en gagnant du potassium. Ainsi, la présence du potassium ne semblerait pas
gêner la diffusion du sodium dans le fromage et vice-versa. Seule la saumure G
(50 % NaCl/50 % KCl (FI)), a induit une diminution significative de la teneur en sodium
dans le fromage pour les conditions de substitution partielles (fromage D à G et K).
Globalement, le fromage G contenait 35 % moins de sodium que le fromage A. Dans le cas
du fromage F (50 % NaCl/50 % KCl (p/p)), le bord du fromage contenait moins de sodium
que le témoin, bien que la réduction ne soit pas significative. Les résultats obtenus ne
concorderaient pas avec certaines autres études (Aly, 1995; Katsiari et al. 1997; Zorrilla et
Rubiolo 1999; Katsiari, 1998; Ayyash et Shah, 2010), mais seraient en accord avec celle de
Karagözlu et al. (2007). Ces derniers ont montré que le taux de remplacement du NaCl par
du KCl en saumure ne se reflète pas nécessairement dans les mêmes proportions dans le
fromage. Ils ont démontré que dans un fromage d'origine turc (white pickled cheese), le
fromage saumuré dans un mélange 1:1 NaCl:KCl ne contenait pas 50 % moins de sodium
comparativement au témoin (100 % NaCl). Ainsi, chaque type de fromage est unique. La
composition, l’organisation protéique et de la phase aqueuse dans la matrice fromagère
(porosité et alignement des fibres de caséines), la forme et le volume des fromages, ainsi
que le processus de fabrication est propre à chaque type de fromage. Les différences entre
les fromages peuvent rendre difficile à prédire la migration du sel, de l’eau et d’autres
minéraux solubles lors du saumurage.
Le fromage L avait une teneur en sodium significativement plus élevée que le témoin A,
mais une teneur au centre comparable à A. Le bord du fromage H (saumure à 15 % NaCl)
contenait significativement plus de sodium que le témoin A et était comparable au bord du
fromage L. Le centre des fromages H et L n’étaient pas différents (P > 0,05) du témoin A,
mais contenaient moins de sodium que le centre I. Les bords du fromage I (saumure à 10 %
NaCl) contenaient une teneur en sodium comparable au fromage A (bord et centre). Ainsi,
37
lorsque la saumure a été réduite en NaCl (saumure H, I), le pourcentage de diminution de
Na dans la saumure n’était pas proportionnel à la teneur en sodium retrouvée dans les
fromages correspondants. L'augmentation de la teneur en sel dans la saumure signifie
accroître proportionnellement la teneur en sel dans le fromage (Arilait Recherches,
2004).Toutefois, l'utilisation de saumure saturé permet de rapidement diminuer la porosité à
la surface des fromages. Une diminution de la porosité permet de créer une barrière à la
surface des fromages et ainsi permettre une diminution des échanges entre le fromage et la
saumure. Melilli et al. (2005) ont montré qu'un fromage ragusamo plongé dans une
saumure saturé absorbé moins de sodium d'un même fromage plongé dans une saumure à
18% NaCl (p/p), pour un même temps donné. Ces auteurs ont montrés que la porosité à la
surface du fromage dans la saumure saturé était moins élevé que le fromage dans la
saumure à 18% NaCl. La diminution de la teneur en NaCl de 5 et de 10 % dans les
saumures H et I n'a pas favorisé la création de cette barrière par la diminution de la porosité
à la surface des fromages comparativement à la condition A. L'apparition moins rapide de
cette barrière a permis au fromage I d'avoir une teneur en sodium similaire au fromage A,
tandis que le fromage H avait une teneur en sodium plus élevé que le fromage A.
Pour la teneur en phosphore (P), à l’exception du fromage G, il n’y a avait pas de différence
significative pour les 2 zones. Le bord du fromage G contenait moins de P que son centre.
La quantité de phosphore retrouvée dans les fromages n'a pas été affectée par les conditions
salines, à l'exception du fromage G. Ce dernier est le seul fromage dont la teneur en P
présente dans le bord du fromage était inférieure à la teneur qui était présente dans le centre
des fromages. Ce fromage avait aussi une teneur élevée en différents sels. Ces résultats
obtenus avec le fromage G seraient peut-être dus au déplacement du P du fromage vers la
saumure et/ou que l'absorption importante de sels a eu pour effet de diminuer la proportion
occupée par le P par gramme de fromage.
Dans le cas du Ca, à l’exception des fromages B, F, G, J et L, le centre des fromages
contenaient plus de Ca que le bord. Il n’y avait pas de différence significative pour la teneur
en Ca dans les deux zones des fromages F, G, J et L. Rowney et al. (1999) ont démontré
que la teneur en humidité et en calcium étaient significativement plus basse à la surface des
38
fromages mozzarella ayant été salés par saumurage. Le fromage témoin A avait moins de
Ca dans ses bords que le témoin non salé J, mais les centres de ces fromages étaient
comparables. La différence de la teneur en Ca entre un fromage saumuré et un fromage non
saumuré suggère qu'il y a eu une perte de Ca du fromage vers la saumure, malgré l'ajout de
CaCl2 dans la saumure. Ayyash et Shah (2011b) ont proposé que la diminution de P et de
Ca dans du fromage nabulsi seraient due à une migration de ces éléments vers la saumure.
Des conditions de saumurage différentes (temps, forme des fromages et ajout
supplémentaire de CaCl2 dans la saumure) auraient peut-être permis de limiter la perte de
Ca durant le salage. Le fromage B était le seul dont la teneur en Ca était significativement
plus élevée au bord qu'au centre du fromage. Les fromages B et C étaient les deux fromages
qui contenaient le moins de Ca comparativement au témoin A. Dans le cas des fromages B
et C, il y avait tendance à avoir moins de Ca total que dans les autres fromages. Avec le fort
taux de pénétration du KCl dans le fromage au cours du saumurage, il est possible que la
différence de concentration de certains minéraux créée par ce sel dans ces fromages aurait
favoriser le déplacement de la phase aqueuse et des minéraux (présents dans le fromage
avant salage) à la surface des fromages, entraînant ainsi le transfert de Ca dans le fromage
vers la saumure, et cela, sans nécessairement faire varier la teneur en humidité dans cette
zone du fromage (par rapport à son centre). Dans le cas où il n'y avait pas de différence de
zone dans la teneur en Ca (fromage F, G et L), il est possible que l'équilibre osmotique
entre le fromage et la saumure ait été plus rapide pour ces fromages, permettant de limiter
la perte de Ca, notamment en raison de la teneur en solides totaux dans la saumure et la
quantité de sels absorbés par le fromage.
À l’exception du fromage K (mélange NaCl et MgCl2) les fromages avaient une teneur
faible en magnésium, soit de 39,8 mg/100 g de fromage. La condition saline K a permis de
multiplier la teneur en Mg par un facteur de 10,98 dans le bord et par 5,21 au centre du
fromage par rapport à la teneur moyenne de tous les autres fromages. Le MgCl2 est un
additif alimentaire couramment utilisé pour faire coaguler le lait de soja lors de la
fabrication du tofu. Certains auteurs (Lefier et al. 1987; Fitzgerald et Buckley, 1985)
avaient sélectionné le MgCl2 comme un potentiel succédané au NaCl dans des fromages.
La substitution partielle du NaCl par du MgCl2 a entraîné un gain significatif d’humidité
39
(en comparaison avec le fromage non salé J) dans le fromage K, sans diminuer la teneur en
sodium dans le fromage (comparativement au témoin A). Fitzgerald et Buckley (1985) ont
aussi remarqué que des fromages cheddar salés avec du MgCl2 avaient tendance à avoir une
teneur en humidité plus élevée que des fromages salés avec du NaCl. La tendance du
fromage K à avoir une humidité plus élevée que celle du témoin pourrait être liée à la
concentration molaire de la saumure par rapport à la saumure témoin A. La substitution du
NaCl par du MgCl2 de la saumure K a été faite sur base pondérale. Cette substitution a
entraîné une différente de concentration molaire des différents ions en solution
(comparaison entre le témoin et la saumure K). Il en résulte une diminution de la
concentration molaire du Mg par rapport au Na. Il est possible que cette diminution de la
concentration molaire ait eu un effet similaire sur le fromage à celle d'une saumure à faible
teneur en sel. Au même titre qu'une saumure à faible teneur en solides (p/p), une faible
concentration molaire ne permettrait pas la saturation en sels à la surface du fromage et
diminue ainsi la porosité à la surface du fromage. En plus de ne pas favoriser l'expulsion de
l'eau à la surface du fromage vers la saumure, cette condition saline a permis à l'eau de la
saumure de pénétrer dans le fromage. D’ailleurs, les résultats (Tab. 2.2) ont montré que le
fromage K avait une humidité supérieure à celle du fromage J (non salé, non saumuré).
L'estimation de la teneur en sel dans le fromage proposée par Mietton et al. (2004) (voir
annexe D) se base sur la concentration (p/p) du NaCl et non par rapport à une concentration
molaire ou encore de la force ionique du sel. Il aurait été intéressant de comparer l'effet du
MgCl2 dans une saumure préparée avec une concentration molaire similaire à celle du
témoin. De plus, le fromage K n’a pas montré d’effet de zone tant pour la composition que
pour les propriétés fonctionnelles, à l’exception d’une concentration plus élevée en Na et en
Mg dans le bord du fromage que dans le centre.
La figure 2.4 présente la concentration en cendres dans les 12 différents fromages après une
période d’entreposage de 7 et de 14 jours. Une interaction double (temps x conditions
salines) a été observée, sans effet des zones des fromages.
40
0
1
2
3
4
5
6
7
A B C D E F G H I J K L
Conditions salines
Cen
dre
s (
%)
Jour 7 Jour 14
Figure 2.4 : Teneur en cendres (%) de 12 fromages mozzarella durant l’entreposage.
Tous les fromages avaient une teneur en cendres significativement plus élevée que le
témoin non salé J à l’exception du fromage I au jour 14. Le fromage J avait évidemment
moins de cendres que les autres fromages, car il était non salé et il n'a pas pu gagner des
minéraux (Na+, K
+ et Mg
2+) au cours du salage. Comparativement au fromage témoin A, au
jour 7 et 14, le fromage B avait une teneur en cendres supérieure. Le fromage I contenait
moins de cendres que le fromage A, au jour 7 seulement. En général, plus un fromage avait
absorbé de sels provenant de la saumure, plus la teneur en cendres était élevée, sans
distinction si la saumure était réalisée sur base pondérale ou sur base ionique, car il n’y
avait pas de différence significative de la teneur en cendres entre les fromages B et C, entre
D et E et entre F et G. La teneur en cendres diminuait significativement durant
l’entreposage (P ≤ 0,05), sauf pour les fromages F, I, J et K. Cette diminution est difficile à
expliquer. Entre le moment de l'emballage et le temps d'analyse, il n'y a pas d'échanges
entre les fromages et l'environnement. Les minéraux peuvent se déplacer dans la matrice
fromagère, mais ne peuvent pas se volatiliser. Le fromage est une matrice hétérogène
composée de poches de sérum dans une structure de fibres de protéines. Il est possible que
les échantillons prélevés n’aient pas été représentatifs de l'ensemble de la composition du
fromage.
41
La figure 2.5 présente le pH des fromages après 14 jours d'entreposage. Le pH n’a été
influencé que par les conditions salines (P ≤ 0,05).
4.6
4.8
5.0
5.2
5.4
5.6
A B C D E F G H I J K L
Conditions salines
pH
Figure 2.5: pH de 12 fromages mozzarella après 14 jours d’entreposage.
Le sel permet de réguler le pH des fromages par son effet sur la flore microbienne et sur la
protéolyse (Guinee, 2004). Les fromages B, C et J avaient un pH significativement plus
élevé que le fromage témoin A, tandis que le pH du fromage K avait tendance à être plus
bas, bien que cette différence ne soit pas significative. Ces tendances à la hausse (pour le
KCl) et à la baisse (pour le MgCl2) du pH ont aussi été observées par Fiztgerald et Buckley
(1985) lors de production de fromage cheddar. L'utilisation des substituts du NaCl (tant
KCl que MgCl2) semblerait modifier la concentration d'ions H+ et donc le pH des fromages.
Le mélange de KCl avec du NaCl permet de limiter l’augmentation du pH causée par ce
sel. Le fromage non salé J avait un pH plus élevé que les autres fromages, mais comparable
aux fromages B et C. Le pH plus élevé dans un fromage non salé a aussi été remarqué par
Reddy et Marth (1995a). Ainsi, le type de sel et sa concentration dans les fromages
influencent le pH des fromages mozzarella. Il aurait été intéressant d'évaluer la teneur en
sucres et acides dans le fromage ainsi que le pouvoir tampon de ceux-ci. Le dosage des
sucres et acides aurait permis de déterminer si les échantillons ont un taux d’activité
glycolytique similaire. Le dosage du pouvoir tampon aurait permis de déterminer si les
échantillons ont la même capacité à absorber les composés acido-basiques libérés dans le
milieu durant l’entreposage (glycolyse et protéolyse).
42
2.3.2. Évolution microbiologique et enzymatique
La figure 2.6 présente l’évolution des bactéries lactiques thermophiles (SR-F et SC-32)
utilisées lors des productions fromagères après 7 et 14 jours d’entreposage à 4 °C.
6
7
8
9
7 14Jours
Lo
g U
FC
/gSR-F SC-32
Figure 2.6: Évolution des populations de lactobacilles SR-F et de streptocoques
SC-32 durant l’entreposage
La nature des sels n’a pas eu d'impact significatif sur la croissance des bactéries lactiques
thermophiles utilisées comme ferment dans la production des fromages mozzarella. La
population de streptocoques était significativement plus élevée que celle des lactobacilles,
tant au jour 7 qu'au jour 14. Seule la population de streptocoques SC-32 a été influencée par
le temps. La population de streptocoques a eu une légère augmentation, mais
statistiquement significative (P ≤ 0,05) de 0,16 log entre le jour 7 et le jour 14. Les
succédanés (KCl et MgCl2) auraient le même effet que le NaCl sur les bactéries lactiques.
Le KCl aurait la même capacité que le NaCl à exercer une pression osmotique sur le milieu
et abaisser l'Aw (Guinee et Fox, 2004). Reddy et Marth (1995a,b) ont démontré que
l'utilisation de différents mélanges de sels n'avait pas d'impact significatif sur la croissance
de bactéries lactiques mésophiles dans du fromage cheddar et que la population de bactéries
lactiques diminuait au cours de l'entreposage (entreposage de 16 semaines). Reddy et Marth
(1995a) ont montré qu’un fromage non salé serait plus favorable à la croissance des
bactéries lactiques comparativement aux fromages cheddar salés (NaCl et/ou KCl) après 4
semaines d'affinage. Dans le cas présent, le fromage J (non salé) n’a pas une population
43
supérieure comparativement à tous les autres fromages. Ces différences de résultats
pourraient être causées par le temps d’entreposage moins long et le type de bactéries
lactiques utilisées (Lactococcus lactis subsp. lactis et L. lactis subsp. cremoris vs
Lactobacillus delbrueckii ssp. bulgaricus et Streptococcus thermophilus). Un temps
d’entreposage plus long aurait peut-être pu permettre d’évaluer l'effet bactériostatique des
différents sels sur la population de bactéries lactiques par rapport à un fromage non salé.
La protéolyse primaire (NSE) a été influencée uniquement par le temps (P ≤ 0,05). La
teneur en NSE était significativement (P < 0,05) plus élevée au jour 14 qu’au jour 7. La
teneur moyenne en NSE est passée de 7,25 % à 10,03 % du jour 7 au jour 14. La figure 2.7
présente l'évolution de la protéolyse secondaire (NS-TCA) dans les fromages entreposés
pendant 7 et 14 jours. Pour la protéolyse secondaire, une interaction conditions x temps a
été observée. Pour tous les fromages l’entreposage n’a pas eu d’effet sur la protéolyse
secondaire, sauf pour les fromages C et D. Pour ces derniers la teneur en NS-TCA étaient
significativement plus élevée (P ≤ 0,05) au jour 14 qu’au jour 7.
0
1
2
3
4
5
6
A B C D E F G H I J K L
Conditions salines
NS
-TC
A (
%)
Jour 7 Jour 14
Figure 2.7 : Évolution de la teneur en NS-TCA dans les fromages mozzarella
durant l’entreposage.
44
Dans le fromage mozzarella, la protéolyse résulte de l'action de la présure résiduelle, des
protéases indigènes du lait et des enzymes du ferment (Kindstedt et al. 1999). Les 12
conditions salines n'ont pas affecté significativement la protéolyse primaire pour un même
temps d'entreposage. Ces résultats ont aussi été observés par Reddy et Marth (1993c) avec
du fromage cheddar, Katsiari et al. (2000a, 2001a) avec des fromages feta et kefalograviera,
Sihufe et al. (2006) avec du fromage finbo et Ayysh et Shad (2010, 2011a,e) avec du
fromage halloumi et mozzarella. Ainsi, l’activité de la présure résiduelle ne serait pas
affectée par la présence de succédané du NaCl et pourrait agir durant l’entreposage quelque
soit le type de sel et la concentration dans le fromage. Ces mêmes études avaient montré
qu'il n'y avait pas de différence au niveau de la protéolyse secondaire. À l'exception des
fromages C et D au jour 14 seulement, les résultats obtenus sont similaires aux résultats de
ces études. Ces deux fromages à 14 jours avaient des teneurs en NS-TCA supérieures à
tous les autres fromages. Toutefois, la composition, la teneur en NSE et les populations de
bactéries lactiques se sont révélées similaires. Il ne semble donc pas y avoir de facteur
permettant d’expliquer cette protéolyse secondaire plus élevée observée pour ces deux
fromages. Un plus grand nombre de répétitions aurait peut-être permis de limiter l’effet des
variations entre les répétitions. De plus, il aurait été intéressant de prolonger l’entreposage,
afin de déterminer si les conditions salines auraient eu un effet sur la protéolyse au cours
d’un entreposage prolongé.
2.3.3. Analyses de la texture et des propriétés fonctionnelles
Les propriétés fonctionnelles et la texture des fromages mozzarella sont liées à la
composition notamment, la teneur en protéines, sel, humidité, matière grasse et le pH, le
ratio calcium soluble/insoluble, le Ca total ainsi que le temps d'entreposage (Gunasekaran
et Ak, 2003; Kindstedt et al. 1999; Mietton et al. 2004; Hardy, 2004). Comme mentionné
précédemment, les conditions salines utilisées n'ont pas eu d'impact significatif sur les
concentrations en protéines et en matières grasses. Ainsi, les teneurs en sels, en minéraux et
en humidité seraient les principaux facteurs pouvant influencer la texture des fromages
produits.
45
La figure 2.8 présente la fermeté des fromages selon les zones des fromages après 7 et 14
jours d’entreposage. Une interaction triple (condition x temps x zones) (P ≤ 0,05) a été
observée pour la fermeté des fromages.
0
0.1
0.2
0.3
0.4
A B C D E F G H I J K L
Fe
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té B
ord
(M
Pa
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Jour 7 Jour 14
(a)
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A B C D E F G H I J K L
Conditions salines
Fe
rme
té C
en
tre
(M
Pa
)
(b)
Figure 2.8: Fermeté des bords (a) et des centres (b) des fromages mozzarella après 7
et 14 jours d’entreposage.
Le bord des fromages était généralement plus ferme que le centre, sauf pour les fromages
A, B, I, J et K. Pour ces fromages, la fermeté entre le bord et le centre était similaire. La
fermeté a diminué au cours de l'entreposage. La fermeté des bords était significativement
plus élevée (P ≤ 0,05) au jour 7 qu'au jour 14, sauf pour les fromages A, E, I et J dont leur
fermeté est demeurée stable durant l'entreposage. Pour les centres, seul le fromage K a vu
46
une diminution significative de sa fermeté durant l'entreposage. La diminution de la fermeté
des bords était telle que la fermeté des bords est devenue similaire à celle des centres après
14 jours, sauf pour le fromage E où il y avait toujours une différence de fermeté entre les
deux zones. La fermeté des fromages plus élevée dans les bords qu'aux centres des
fromages serait causée par la composition minérale plus importante aux bords des fromages
due à la forte présence de sels. Plus un fromage absorbait de sels lors du saumurage, plus il
avait tendance à avoir une fermeté élevée, pour un taux d'humidité comparable. Les bords
des fromages G et L, qui présentaient une forte teneur en sel(s), ont montré une fermeté
plus élevée que le fromage témoin A. Les fromages I, J et K (plus humides et/ou moins de
sels) étaient moins fermes que A. La fermeté plus basse du fromage J serait causée par
l’absence de sel, car pour une teneur en humidité comparable, les fromages non-salés
étaient souvent moins fermes que des témoins salés (Guinee et Fox, 2004; Gunasekaran et
Ak, 2003). La fermeté moins élevée des fromages I et K serait liés à leur taux d'humidité
supérieure à celle du fromage A, car l’humidité dans un fromage mozzarella est
inversement reliées à la fermeté, au caractère collant et caoutchouteux (Kindstedt, 1993a).
Ainsi, l’utilisation de différents sels n’influencerait pas la fermeté des fromages pour une
composition similaire, notamment en ce qui concerne la teneur en humidité des produits.
L'augmentation de la protéolyse entraîne une diminution de la fermeté et de la cohésion des
fromages (Kindstedt, 2004a; Lucey et al. 2003). L’hydrolyse des caséines intactes (i.e.
protéolyse primaire) par le coagulant est une des forces conductrices derrière les
changements des caractéristiques fonctionnelles durant le vieillissement de fromages
mozzarella (Guo et al. 1997). La dégradation du réseau protéique provoquée par la
protéolyse, a entraîné une diminution de la fermeté de tous les fromages au cours de
l'entreposage. L’effet de la protéolyse sur la fermeté a surtout été observé dans les bords
des fromages. Bien que non statistiquement significatif, le déplacement de minéraux
(principalement le sodium et le potassium) à travers le réseau protéique au cours de
l'entreposage aurait contribué à la diminution de la fermeté des bords. Le déplacement des
minéraux et de l'eau aurait aussi permis de ralentir la perte de fermeté provoquée par la
protéolyse.
47
L'élasticité d'un fromage est définie comme étant la capacité d'un échantillon à retrouver sa
hauteur initiale entre deux compressions (Gunasekaran et Ak, 2003). La figure 2.9 montre
l'élasticité des 12 fromages en fonction du temps d’entreposage (Fig.2.9 a) et selon les
zones des fromages (Fig. 2.9 b). L’élasticité des fromages est marquée par deux interactions
doubles significatives (P ≤ 0,05) conditions x temps et aussi conditions x zones. Une
diminution significative (P ≤ 0,05) de l’élasticité au cours de l’entreposage a été observée
pour tous les fromages, à l’exception des fromages E, G et I. La diminution de la force du
réseau protéique par la protéolyse entraîne une diminution de l’élasticité d’un fromage et
ainsi de sa capacité à reprendre sa force originale après une compression.
0.010
0.011
0.012
0.013
A B C D E F G H I J K L
Éla
sti
cit
é
Jour 7 Jour 14
(a)
0.010
0.011
0.012
0.013
A B C D E F G H I J K L
Conditions salines
Éla
sti
cit
é
Bord Centre
(b)
Figure 2.9: Élasticité de 12 fromages mozzarella en fonction de l’entreposage (a) et
selon les zones des fromages (b).
48
Au jour 7, tous les fromages avaient une élasticité comparable (P ≤ 0,05). Au jour 14,
l'élasticité des fromages était comparable au témoin A, toutefois, pour les fromages B et C,
l’élasticité était plus faible que pour les fromages E, G et I. Les fromages B et C avaient
aussi une teneur en Ca moins élevée que les autres fromages. Ainsi donc, l’élasticité moins
importante des fromages B et C, au jour 14, pourrait être liée à la combinaison de
l'augmentation de la protéolyse et de la teneur en Ca moins importante dans ces deux
fromages. L’élasticité était significativement plus élevée sur le bord des fromages qu’au
centre, sauf pour les fromages F, I, J et K. Ces quatre fromages ont montré une élasticité
similaire (P > 0,05) entre le bord et le centre des fromages. La présence de sel dans les
bords contribuerait à l’élasticité des fromages. L’uniformité de la composition du fromage J
a entraîné l’uniformité de la texture dans les zones du fromage. La forte teneur en humidité
dans tout le fromage K a diminué l’effet de la teneur en sels plus élevée dans les bords
qu’au centre du fromage, tandis que la plus haute teneur en humidité dans le bord du
fromage I a abaissé l’élasticité de cette zone par rapport à son centre.
La cohésion est un indice de la force des liaisons internes dans le corps d’un produit
(Gunasekaran et Ak, 2003). La figure 2.10 présente la cohésion dans les zones des
fromages. Une interaction conditions x zones (P ≤ 0,05) a été observée pour la cohésion
des fromages, sans influence du temps.
0.005
0.007
0.009
0.011
A B C D E F G H I J K L
Conditions salines
Co
hésio
n
Bord Centre
Figure 2.10 : Cohésion des bords et des centres de 12 fromages mozzarella.
49
Les centres des fromages ont montré une cohésion plus élevée que les bords des fromages,
sauf pour les fromages H à K. Les centres avaient une cohésion similaire (P > 0,05), tandis
que les bords I et J présentaient une intensité de la cohésion plus élevée (P ≤ 0,05) que le
témoin A. Le bord L avait moins de cohésion que le bord de K. La forte présence de sel
dans le bord des fromages et la tendance des bords à être plus secs (bien que non
significatif) feraient abaisser la cohésion des fromages. Pastorino et al. (2003) ont montré
que la diminution de la teneur en humidité et du pH, via l'injection de calcium dans la
matrice, favoriserait une diminution de l'intensité de la cohésion. La teneur en sels et son
impact sur l'humidité aurait plus d'importance sur la cohésion dans les fromages que la
nature des sels.
La figure 2.11 montre la fermeté des zones des fromages fondus. Une interaction triple
significative conditions x temps x zones (P ≤ 0,05) a été observée. Globalement, les centres
des fromages étaient moins fermes que le bord et il y avait diminution de la fermeté au
cours de l'entreposage, sauf pour les fromages fondus E, H, J et K qui avaient une fermeté
similaire entre les zones tout au long de l'entreposage. Seuls les fromages D, G et L avaient
un bord significativement plus ferme que le centre aux jours 7 et 14. Ainsi, la différence de
fermeté entre le bord et le centre des fromages fondus A à C, F et I a disparu au cours de
l'entreposage. Au jour 7, le bord des fromages G et L étaient plus fermes que le témoin A,
tandis que le bord des fromages B, E, H, I, J et K était significativement moins ferme que
A. Au jour 14, il n'y avait que les fromages B, I, J et K qui étaient moins fermes que A.
Pour le centre, seul les fromages D et L étaient plus fermes que le centre du fromage témoin
A et au jour 14, tous les centres des fromages fondus étaient similaires (P > 0,05). Le
comportement de la fermeté des fromages fondus comparé aux fromages frais était
similaire, soit que les bords plus minéralisés étaient plus fermes que les centres et que les
fromages plus humides étaient moins fermes. Ainsi, la forte teneur en NaCl dans le bord du
fromage L a favorisé une fermeté élevée par rapport aux autres fromages dans les
conditions thermiques utilisées pour chauffer les carottes de fromages et la protéolyse a
permis un ramollissement de la matrice protéique.
50
0
0.1
0.2
0.3
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A B C D E F G H I J K L
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Jour 7 Jour 14
(a)
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A B C D E F G H I J K L
Conditions salines
Fe
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té C
en
tre
(M
Pa
)
(b)
Figure 2.11: Fermeté des bords (a) et des centres (b) de fromages fondus en fonction
des conditions salines.
L’étalement des fromages mozzarella selon les zones du fromage est présenté à la figure
2.12. Le temps d’entreposage a eu un effet significatif sur l’étalement et une interaction
triple conditions x zones x temps (P ≤ 0,05) a été observée. L’étalement à la fonte a
généralement augmenté dans le temps. L’augmentation de l’étalement a surtout été
observée dans les bords des fromages. Entre le jour 7 et 14, il y a eu augmentation
significative de l’étalement du bord pour les fromages B, C, E, G, I et K, tandis que
l’augmentation pour les centres a seulement été observée pour les fromages E, F et G. Le
centre des fromages s’étalait généralement plus que le bord, sauf pour les fromages A, H, I,
J et L (au jour 7 et 14) et pour les fromages D et K au jour 7, ainsi que pour les fromages F
et G au jour 14. Seul le fromage K avait un bord qui s’étalait mieux que le centre, au jour
51
14 seulement. Les différences entre les conditions salines ne s’appliquent que pour les
bords de fromages, car tous les centres étaient similaires durant tout l’entreposage (P >
0,05). Au jour 7, le bord des fromages B, C et E s’étalaient significativement moins que le
bord des fromages H, I et J. Le bord du fromage L s’étalait moins que le bord E, toujours
au jour 7. Au jour 14, les fromages H, I et J tendaient à s’étaler plus que les autres
fromages. Le bord du fromage K s’étalaient significativement plus que les autres bords,
sauf pour les fromages H et I. Le bord du fromage F s’étalait moins que les bords des
fromages A et H à L.
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A B C D E F G H I J K L
Éta
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t B
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(%
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Jour 7 Jour 14
(a)
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A B C D E F G H I J K L
Conditions salines
Éta
lem
en
t C
en
tre
(%
)
(b)
Figure 2.12: Taux d’étalement à la fonte (%) des bords (a) et des centres (b) des
fromages mozzarella selon les conditions salines au cours de l’entreposage.
52
Les fromages qui présentaient une plus faible fermeté se sont révélés avoir une meilleure
capacité d’étalement à la fonte après un certain temps d’entreposage. La teneur en sel
moins élevé au centre des fromages qu’au bord aurait permis l’étalement plus élevé des
centres comparativement à l’étalement des bords. L’étalement généralement plus élevé au
centre des fromages qu’au bord serait causé par la teneur en sel moins élevée. L’absence de
sel dans le fromage J a encore une fois éliminé le facteur zone et montrer une meilleure
capacité d’étalement. Un fromage mou (haute teneur en humidité, augmentation de la
protéolyse durant l'entreposage) augmente la capacité d'étalement à la fonte du fromage
(Gunasekaran et Ak, 2003; Kindstedt, 2004a). Les fromages qui avaient une tendance à être
plus humides que les autres fromages s’étalaient plus, tout comme ils avaient une fermeté
moins élevée. Une teneur en NaCl élevée (>1,78-2 %) diminue l’étalement à la fonte
(Rowney et al. 1999; Tunick et al. 1995; Kindstedt, 1993b; Gunasekaran et Ak, 2003). La
forte teneur en sel ainsi que la teneur en Ca totale moins élevée pour les fromages B et C
serait la cause de l’étalement moins élevé de ces fromages au jour 7. La protéolyse et la
migration des sels du bord vers le centre des fromages a permis à ceux-ci d’acquérir une
meilleure capacité d’étalement durant l’entreposage. Cette combinaison de protéolyse et de
migration des minéraux n’aurait pas été suffisante dans le cas des fromages E, F et G qui
avaient toujours un effet de zones après 14 jours. Le bord du fromage L était à la fois plus
sec et plus riche en Na, mais il n'y a pas eu de différence de zone dans la capacité
d'étalement à la fonte. Ce résultat peut sembler étrange d'autant plus que le fromage fondu
avait montré une plus grande fermeté au bord qu'au centre. L'augmentation du rapport
humidité/matière sèche améliore les capacités d'un fromage à s'étaler (Gunasekaran et Ak,
2003; Kindstedt, 2004a) et les fromages avaient un rapport humidité/matière sèche
significativement plus bas au bord du fromage qu’au centre. Bien que la teneur en Ca dans
le fromage L soit similaire, la forme dans lequel le Ca se retrouve (colloïdale ou soluble)
pourrait influencer les capacités fonctionnelles des fromages. L’augmentation de la teneur
en NaCl conduit à la diminution de la teneur en Ca dans la phase aqueuse du fromage ce
qui dégrade leurs aptitudes au filage et à l’écoulement (Mietton et al. 2004). Durant
l’entreposage, l’augmentation de l’hydratation des caséines en présence de NaCl pourrait
être attribuée à la liaison du Na+ avec les caséines causée par le déplacement du calcium ou
du phosphate de calcium de la para-caséine par le Na+ (Guinee, 2004), donc, le Ca passe de
53
sa forme liée aux caséines à la phase aqueuse. Mietton et al. (2004) ont démontré que
l'augmentation du rapport Cacoll (calcium colloïdal/ESD (extrait sec dégraissé)) dégradait
l’aptitude à l'étalement du fromage. Ainsi, une augmentation de la teneur en Na pourrait
avoir favorisé une plus grande solubilisation du Ca dans la phase aqueuse comparativement
à d'autres fromages. Il aurait été nécessaire d'extraire la phase aqueuse des fromages afin de
connaître la proportion de Ca liée aux caséines et dans la phase aqueuse, afin de vérifier si
cette proportion serait responsable des capacités d'étalement du fromage L.
54
2.4. Conclusion
Le KCl et le MgCl2 pourraient être utilisés partiellement pour substituer le NaCl dans la
production de fromage mozzarella, sans affecter significativement la composition et
certaines propriétés techno-fonctionnelles ainsi que les activités microbiologiques et
enzymatiques des fromages. Les résultats ont révélé que la concentration en saumure serait
probablement plus responsable des différences entre les échantillons que la nature des sels
utilisés. Généralement, plus la saumure était riche en solides totaux, plus le fromage était
riche en sels et en cendres a influencé la teneur en humidité des fromages, mais pas la
teneur en protéines totales et en matières grasses. Toutefois, l’utilisation de MgCl2
permettrait de faire augmenter le taux d’humidité dans les fromages et diminuer le pH du
fromage. Le KCl tend à faire augmenter le pH des fromages, selon la concentration de
potassium dans le fromage. La substitution partielle de NaCl par du KCl ou du MgCl2, dans
les conditions de saumurages utilisées, n’induit pas une diminution de la teneur en sodium
dans le fromage proportionnelle à la réduction faite dans la saumure. En saumure mixte, un
remplacement de 50 % de NaCl par du KCl (FI) (fromage G) a permis de réduire de 35 %
la teneur en sodium dans le fromage. La substitution de 25 % de NaCl par du KCl, ainsi
que la diminution de la teneur en NaCl dans la saumure (sans substitution) n’a pas permis
de réduire la teneur en sodium dans les fromages. La petite taille des fromages et la longue
période de saumurage aurait pu permettre au fromage de gagner une forte teneur en sels. Un
mode de salage sur le grain pourrait permettre un meilleur contrôle de la teneur en sel dans
le fromage et éliminer le facteur des zones créé par le saumurage. Le profil de texture des
fromages serait d’avantage influencé par la relation humidité/ESD que par la nature des
sels. Ainsi, il est possible d’obtenir un fromage mozzarella réduit en sodium, salé par
saumurage, ayant des caractéristiques comparables à un fromage mozzarella régulier si le
remplacement du NaCl par du KCl est d’au moins 50 % ou encore total. Une optimisation
du processus de fabrication (mode de salage, temps de saumurage, concentration des sels et
taille des fromages) serait souhaitable pour permettre le développement de fromage
mozzarella réduit en sodium.
Chapitre 3 : Impact de la réduction de la teneur en NaCl
et de sa substitution par du KCl et du MgCl2 sur
l’évolution des activités microbiologiques et
enzymatiques dans des caillés modèles de type mozzarella
Emilie Thibaudeau1,2
, Denis Roy2, Daniel St-Gelais
1,2
1 Centre de Recherche et de Développement des Aliments, Agriculture et Agro-alimentaire
Canada, 3600 boul. Casavant Ouest, QC, Canada, J2S 8E2
2 Institut des Nutraceutiques et des Aliments Fonctionnels, Centre de recherche STELA,
Université Laval, Québec, QC, Canada, G1V 0A6
56
Résumé
Dans cette étude, des caillés modèles de type mozzarella ont été utilisés pour déterminer
l'impact de la réduction de la teneur en NaCl et de sa substitution par du KCl et du MgCl2
sur l'évolution du pH, de la croissance de deux souches de bactéries lactiques thermophiles
(un lactobacille et un streptocoque) et de la protéolyse au cours d'un entreposage de 19
jours à 4 °C. Douze conditions salines différentes ont été évaluées. La composition
(humidité, sel, protéines totales) des caillés a été déterminée. La nature des sels n’a pas eu
d'effet sur la composition des caillés, l’évolution de la population des bactéries lactiques, ni
sur la protéolyse secondaire des deux caillés. Les différentes conditions salines ont eu un
léger effet sur la protéolyse primaire des caillés mais uniquement avec le streptocoque.
L'incorporation de MgCl2 a légèrement abaissé le pH tandis que l'ajout de KCl a légèrement
augmenté le pH initial des caillés.
57
3.1. Introduction
Pour l’industrie fromagère, le sel est très important autant lors de la production qu’au cours
du suivi post-production. La présence de sel influence le goût et les caractéristiques qui lui
sont rattachés, l'évolution et l'innocuité des produits finis. Lors d’une production fromagère,
le sel intervient dans le processus d’égouttage, abaisse l’activité de l’eau (Aw), contribue à
la préservation du produit, module les activités microbiologiques et enzymatiques,
influence la flaveur et les propriétés fonctionnelles du produit fini (Hardy, 2004 ; St-Gelais
et Tirard-Collet, 2002).
Le sel affecte directement et indirectement la croissance des micro-organismes. L’action
principale du NaCl sur la croissance des micro-organismes est l’abaissement de l’activité de
l’eau (Aw). Il permet de limiter et de ralentir la croissance des micro-organismes sensibles
au sel. L’action combinée de l’abaissement de l’Aw et l’augmentation de la pression
osmotique exercée par le NaCl intervient dans les réactions enzymatiques (protéolyse et
lipolyse) au cours d’affinage. La protéolyse est un facteur important dans l'évolution des
fromages au cours de l’entreposage. Lors de l’affinage d’un fromage, une fraction des
caséines est convertie en composés azotés solubles de plus petite taille, tels que des
peptides et des acides aminés. La protéolyse primaire dans un fromage mozzarella débute
par l’action du coagulant (présure). Le ferment lactique participe surtout lors de la
protéolyse secondaire (Kindstedt et al. 1999) et le type de ferment utilisé fera varier le taux
de protéolyse au cours du vieillissement. La teneur en NaCl influence le taux de protéolyse
et le type de peptides libérés dans le fromage. Le NaCl diminue la capacité de la chymosine
à hydrolyser la caséine-β et l’inhibe si la teneur en NaCl excède 5 % (St-Gelais et Tirard-
Collet, 2002; Hardy, 2004). La présure résiduelle s’attaque préférentiellement à la caséine-
αs1 et elle aurait peu d’impact sur la caséine-αs2. L'hydrolyse de la caséine-αs1 est stimulée
par la présence de NaCl jusqu'à un optimum de 5-6 %, mais est limitée à très haute (20 %)
teneur en NaCl (Guinee et Fox, 2004; Hardy, 2004).
Les fromages mozzarella et cheddar contiennent, en moyenne, 1,5 % de NaCl (Guinee et
Fox, 2004). Selon cette même étude, le fromage serait responsable de 5 % du sodium
58
ingéré (Statistique Canada, 2007). La consommation de sodium dans plusieurs pays
industrialisés, une grande proportion de la population active consomme quotidiennement
plus que l’apport nutritionnel tolérable (ANT) de 2300 mg de sodium (OMS, 2002;
Statistique Canada, 2007). Dans le but de diminuer la consommation de sodium provenant
des produits laitiers, notamment le fromage, plusieurs études ont été menées. Ces études
portaient sur l’impact du remplacement (total ou partiel) du NaCl par d’autres sels comme
le KCl et le MgCl2, dans certains fromages dont les fromages cheddar, feta, fynbo et
halloumi. Plusieurs auteurs ont démontré que la substitution de NaCl par du KCl, jusqu'à un
rapport 1:3 NaCl:KCl, n'a pas d'impact significatif sur la protéolyse des fromages (Reddy et
Marth, 1993c; Katsiari et al. 2000a, 2001a; Sihufe et al. 2006; Ayyash et Shah, 2010) et que
l'absence de sel dans les fromages cheddar entraîne une augmentation de la protéolyse
(Reddy et Marth, 1993c). Le type de sel n’aurait pas d’effet sur les espèces de bactéries
prédominantes du ferment (Guinee et Fox, 2004). La substitution partielle du NaCl par du
KCl aurait un effet inhibiteur similaire, car le KCl exercerait lui aussi une pression
osmotique (Guinee et Fox, 2004). À ce jour, il n’y a pas d’étude portant sur l’impact de
l’utilisation de succédanés du NaCl sur les bactéries lactiques thermophiles ayant un
potentiel pour être utilisé lors de la production de fromage mozzarella.
Dans le but d'étudier le comportement de bactéries lactiques dans un environnement
fromager, des caillés modèles ayant une composition comparable à celle d'un véritable
fromage peuvent être utilisés. Cette approche a notamment été utilisée par Lacroix et al.
(2010) dans le but de caractériser le potentiel de bactéries lactiques pouvant être utilisées
pour la production de fromage cheddar. Cette approche permet de bien contrôler la
composition ainsi que la population bactérienne qui est introduite dans le caillé.
L'utilisation de caillé modèle permet d'évaluer une souche à la fois, comparativement à
l'utilisation de deux types de bactéries (et plus) dans les fromages, sans oublier la flore
secondaire du lait. Le but de cette étude était de quantifier l’impact de différentes
conditions salines sur la croissance de bactéries lactiques thermophiles, la protéolyse et le
pH en utilisant des caillés modèles de type mozzarella.
59
3.2. Matériel et Méthodes
3.2.1 Souches bactériennes et matériels
Des cultures thermophiles congelées, soit Lactobacillus delbrueckii ssp. bulgaricus SR-X
(Cargill, Waukesha, WI, USA) et Streptococcus thermophilus M8 (Chr. Hansen’s
Laboratory, ON, Canada), gracieusement fournies par les deux compagnies, ont été
utilisées dans cette étude. Du lait écrémé a été reconstitué à 12 % de solides totaux à partir
d’une poudre de lait écrémé (Crino Milk skim powder low-heat, René Rivet, Terrebonne,
Qc, Canada). Le lait cru pour fabriquer la poudre de caillé modèle provenait d’Agropur
(Granby, Qc, Canada). Les solutions salines ont été produites avec du sel granulé (chlorure
de sodium (NaCl)) Hi-Grade Windsor (La Société Canadienne de Sel Limité, Pointe-Claire,
Qc, Canada), de la poudre cristalline de chlorure de potassium (KCl) (Galenova, Saint-
Hyacinthe, Qc, Canada) et du chlorure de magnésium hexadrydrate (MgCl2) (Galenova,
Saint-Hyacinthe, Qc, Canada).
3.2.2. Production des caillés modèles
3.2.2.1. Production de la poudre de caillés modèles
Une poudre de caillé modèle a été produite tel que décrit par Farkye et al. (1995) avec
certaines modifications. Le lait cru a été standardisé à 1,35 protéine/gras et puis pasteurisé
(72 °C/16sec.). Le lait (400 kg) tempéré à 30°C a été supplémenté avec 110 ml de chlorure
de calcium (CaCl2) 45% (p/v) (Calsol, Chr. Hansen’s Laboratory, ON, Canada). Le lait a
été agité doucement pendant 60 minutes. Sous douce agitation, 1,560 kg de glucono-δ-
lactone (GDL) (Sigma-Albrich, St-Louis, USA) solubilisé dans 5,33 l d’eau distillée, a été
ajouté pour acidifier le lait. Après 30 minutes, 40 ml de présure (Chymax, Chr. Hansen’s
Laboratory, Ont, Canada) ont été ajoutés et brassés pendant 1 minute. La présure a été
préalablement diluée dans de l’eau distillé selon un ratio 1 ml de présure pour 20 ml d’eau.
Après trente minutes de coagulation, le caillé a été coupé et chauffé graduellement pendant
30 minutes, sous agitation douce, jusqu'à ce que la température s'élève à 40 °C. La cuisson
du caillé s'est poursuivie jusqu’à ce que le pH du caillé ait atteint pH 5,6. Le caillé a été
alors égoutté et transféré sur des plateaux en acier inoxydable avant d'être congelé à -40 °C
60
jusqu'au moment de la lyophilisation. Le caillé lyophilisé a ensuite été réduit en poudre
grâce à un broyeur (Quadro Comil, modèle 196, Quadro engineering incorporated,
Waterloo, Ont., Canada). Le caillé a été transféré dans des sacs de plastique et irradié (5
KGy minimum) dans le but d’éliminer les contaminants potentiels. La poudre a été
conservée à -20 °C jusqu'au moment de son utilisation. Les teneurs en protéine totale, en
matière grasse et en solides totaux ont été respectivement déterminées par la méthode
macro-Kjeldahl (St-Gelais et al. 1998), au Mojonnier et dans un four ventilé (AOAC,
2000).
3.2.2.2. Préparation des solutions salines
Les douze conditions salines utilisées pour saler les caillés modèles sont présentées au
tableau 3.2.1. Les saumures B, D, F et K ont été ajustées à une quantité (g) de sel(s)
identique à la solution saline A (témoin). Les saumures C, E et G ont été ajustées de façon à
ce que la force ionique provenant des sels soit identique à la force ionique provenant de la
quantité de sel solubilisé dans la solution saline A. Les différents sels ont été solubilisés
dans de l'eau déionisée. Deux cents grammes de chaque solution saline ont été préparés
pour la réalisation d’un minimum de trois répétitions. La condition J est de l'eau déionisée
seulement. Les solutions ont été filtrées dans des unités de filtration 0,22 μm (Millipore
Express, Massachusettes, USA) et transférées dans des contenants stérilisés.
3.2.2.3. Préparation et concentration des ferments
La revitalisation de chacune des souches congelées a été faite dans le lait écrémé
reconstitué (12 % solides totaux (p/p)) et préalablement stérilisé (110 °C/10 min) et refroidi
à température pièce. Le taux d’inoculation était de 10 %, et l’incubation s’est faite pendant
16 h à 37°C. Par la suite, les souches SR-X et M8 ont été repiquées, respectivement, dans
du MRS et du M17 (Difco Laboratories, Détroit, USA) préalablement stérilisés (121 °C/15
min), à un taux d'inoculation de 10 %, puis incubées pendant 16 h à 37 °C. Les souches ont
été concentrées par deux cycles de centrifugation (4300 rpm/30 min à 4 °C) (ST 40R, rotor
TX-750, ThermoScientific, Montréal, Canada). Entre les deux cycles, le culot a été
suspendu dans de l'eau physiologique (0,9 % NaCl) stérilisée (121 °C/15 min). Après la
deuxième étape de centrifugation, le culot a été suspendu dans de l'eau physiologique, à
61
raison de 1/5 du volume du bouillon de culture initialement utilisé pour le repiquage. Les
souches concentrées ont été conservées à 4 °C jusqu'à leur utilisation. Les souches étaient
concentrées afin d'obtenir des populations minimales de 1 x 108 ufc/ml pour chaque souche.
Tableau 3.1: Composition des 12 conditions salines utilisées pour saler des
caillés modèles de type mozzarella.
Identification Composition des sels Teneur en solides
A NaCl 20 % (p/p)
B KCl 20 % (p/p)
C KCl F.I = A (25,6 %)
D 75 NaCl/ 25 KCl 20 % (p/p)
E 75 NaCl/ 25 KCl F.I = A (21,40 %)
F 50 NaCl/ 50 KCl 20 % (p/p)
G 50 NaCl/ 50 KCl F.I = A (22,80 %)
H NaCl 15 % (p/p)
I NaCl 10 % (p/p)
J Aucun sel 0
K 50 NaCl/ 50MgCl2 20 % (p/p)
L NaCl 25 % (p/p)
Une série de dilution a été effectuée pour vérifier la population de chaque souche
concentrée. Le dénombrement dans la masse (pour-plate) des streptocoques a été fait sur un
milieu M17-agar et le dénombrement des lactobacilles a été fait sur un milieu MRS-agar
(Difco Laboratories, Détroit, USA) acidifié à pH 5,5 avec de l’acide acétique glaciale
(Fisher Scientific). Les plats de Pétri ont été incubés 48 h à 37 °C sous condition anaérobie.
62
Les dénombrements ont été faits en duplicata pour chaque facteur de dilution et pour
chaque milieu de dénombrement.
3.2.2.4. Production de caillés modèles
La composition des caillés modèles a été déterminée de façon à ce qu’elle soit le plus
similaire à un fromage mozzarella régulier et que la teneur en sel du caillé témoin (A) soit à
1,8 %. Les caillés modèles ont été inoculés avec une seule souche, soit avec le lactobacille
SR-X ou le streptocoque M8. Chaque caillé était composé de 58 g de poudre de caillé
modèle de type mozzarella, 51 g d’eau acidifiée (eau déionisée acidifiée à pH 2,75 avec de
l'acide lactique 85 % (Fischer Scientific) préalablement stérilisée à 121 °C/15 minutes, de
10,8 g d’une des solutions salines présentées au tableau 3.2.1 et de 5 ml d’une des deux
souches de bactérie lactique concentrée. Les cibles de compositions étaient de 50-52 %
d’humidité, de 1,8 % de sel et de 22-23 % de protéines totales avec un pH initial de 5,2 ±
0,1 pour le caillé témoin (caillé A). La poudre de caillé modèle contenait 31 % de matière
grasse. Tous les caillés modèles allaient contenir 15 % de matière grasse.
Dans un environnement aseptique, la poudre de caillé modèle a été mélangée à de l'eau
acidifiée et à une solution saline dans un sac de type whirl-pak (VWR, Mississauga, Ont,
Canada). Le contenu du sac a d'abord été mélangé manuellement en pétrissant le mélange à
la main, puis pendant 2 minutes à 260 rpm dans un stomacher (Stomacher 400 Circulator,
Seward Laboratory System, NY, USA). Par la suite, le ferment a été ajouté et l’ensemble a
été mélangé de nouveau au stomacher à 230 rpm pendant 30 secondes. De façon aseptique,
le mélange a été transféré en 4 parts égales dans des pots ambrés avec couvercles de 100 ml
(Fisher Scientific) préalablement stérilisés (cycle à sec, 121 °C/10 min.). Les pots ont été
entreposés à 4 °C pendant 5, 13 et 19 jours. Un pot par condition saline a été utilisé
immédiatement après la production des caillés pour les analyses au jour 0.
3.2.3. Analyses de la composition et microbiologiques
La teneur en sel, en solides totaux et en protéines totales a été mesurée en duplicata, à un
seul temps pour chaque répétition, par souche utilisée. La population microbienne, le pH et
la protéolyse ont été évalués après 0, 5, 13 et 19 jours d'entreposage à 4 °C.
63
3.2.3.1. Composition
La teneur en protéines totales et le suivi de la protéolyse ont été analysés par macro-
Kjeldahl et l'extraction de l'azote soluble dans l'eau et de l'azote soluble dans le TCA ont été
réalisées tel que décrit par Turcot et al. (2002). Le facteur de conversion de l'azote utilisé
était de 6,38. Le pH a été mesuré avec un pH-mètre (DL 15 Titrator, Mettle Toledo,
Missisauga, Ont, Canada) et d’une électrode combinée en verre scellée (Acumet, BNC
H011-0001, Cole-Parmer, Illinois, USA). La matière sèche a été obtenue par séchage du
caillé modèle dans un four ventilé à 100°C pendant 16 heures (AOAC, 2000). La teneur en
sel a été mesurée à l’aide d’un chlorure mètre analyseur de sel Corning MK II 926 (Nelson-
Jameson, Inc. Marshfield, WI). L’appareil permet de doser la quantité de chlore dans un
échantillon. Le pourcentage de sel est obtenu par un facteur de conversion selon le poids
moléculaire du sel utilisé (voir annexe A pour des exemples de calculs de la teneur en sel).
3.2.3.2. Décomptes bactériens dans les caillés modèles
Le dénombrement des bactéries lactiques s'est effectué dans les mêmes conditions que le
dénombrement de la population après concentration tel que décrit précédemment (section
3.2.2.3). Dans un sac à stomacher, 11 grammes de caillé ont été ajoutés à 99 ml d’eau
peptonée 0,1 % stérile (121 °C/15 min) et homogénéisée au stomacher (Stomacher 400
Circulator, Seward Laboratory System, NY, USA) pendant 2 minutes à 260 rpm. Les
dénombrements ont été faits en duplicata pour chaque facteur de dilution et pour chaque
milieu de dénombrement.
3.2.4 Analyses statistiques
La procédure GLM a été utilisée pour l’analyse statistique à l’aide du logiciel SAS. Les
différences significatives ont été analysées à P ≤ 0,05. Les résultats obtenus avec le caillé
lactobacille SR-X ont été traités séparément des résultats obtenus avec le caillé
streptocoque M8. Un plan en tiroir a été utilisé pour l’analyse statistique de l’évolution des
populations de bactéries lactiques, du pH et de la protéolyse. La parcelle principale est le
facteur conditions salines et le facteur temps était la sous-parcelle. Les teneurs en protéines
totales, en humidité et en sel ont été seulement comparées selon les conditions salines pour
chaque souche de bactéries.
64
3.3. Résultats
3.3.1. Composition
La composition des caillés modèles est présentée au tableau 3.2. La teneur moyenne en
protéines totales, pour les deux souches, était de 22,71 ± 0,47 %. En général, pour les deux
souches, les teneurs cibles en humidité de 50-52 % ont été atteintes.
Tableau 3.2: Composition des caillés modèles selon les 12 conditions salines.
Conditions
Sel
%
Lactobacilles SR-X 1 Streptocoques M8
2
A 1,80b 1,86
c
B 1,90 b 1,85
c
C 2,32a 2,36
a
D 1,91 b 1,85
c
E 1,91b 1,93
b,c
F 1,85 b 1,86
c
G 1,77b 2,11
b
H 1,40c 1,40
d
I 0,89d 0,97
e
J 0,15e 0,22
f
K 1,31c 1,34
d
L 2,25a 1,99
b,c
1-2 : Erreur standard sur la moyenne :
1 0,06;
2 0,05.
a-f Les moyennes suivies de lettres différentes dans une même colonne diffèrent à (P ≤ 0,05), pour
la même souche.
Pour les caillés SR-X, l’humidité était généralement la même dans les caillés, sauf pour les
caillés C, E et L qui étaient significativement moins humides que le caillé I. Pour les caillés
M8, les caillés avaient une teneur en humidité similaire, sauf pour le caillé H qui était
significativement plus humide que le caillé C. La teneur désirée en sel pour le témoin A
65
était de 1,8 %, ce qui a été atteint pour les deux souches. Pour les SR-X et M8, les caillés
H, I, J et K étaient significativement moins salés que le témoin. La réduction en sel mesurée
dans le caillé suit la réduction de sel désirée, soit près de 25 et de 50 % moins que le témoin
que pour les fromages H et I, respectivement. La teneur en sel des caillés K (SR-X et M8)
était similaire au caillé H. Le taux de sel des caillés C SR-X et M8 était significativement
plus élevé que celui du caillé A. Dans les caillés L, l’augmentation de sel visée était de 25
% comparativement au témoin A. L'augmentation en sel a été significative seulement dans
le caillé SR-X. Dans le caillé L M8, bien que le taux de sel ait tendance à être plus élevé,
l’augmentation n’a été que de 11 % (différence non significativement avec le caillé A).
Pour les mélanges de sels NaCl:KCl, il n'y a pas eu de différence significative entre les
échantillons D à F, ni entre ces caillés et les caillés A et B. Le caillé G avait plus de sel que
le caillé témoin pour le caillé M8. La teneur en sel du caillé G SR-X était similaire aux
caillés A, B, D à F. Lorsque la quantité de sel ajoutée a été préparée sous la base de
pondérale (p/p), la teneur en sel (%) était similaire au témoin A. L’utilisation de KCl sur
base de la force ionique (FI), tel que les caillés C (SR-X et M8) et G (M8), a fait augmenter
le pourcentage de sel dans le caillé comparativement au même sel(s) mais préparés sur base
pondérale (p/p).
3.3.2. Évolution des caillés au cours de l'entreposage
L’évolution des populations des lactobacilles SR-X dans les caillés modèles est présentée à
la figure 3.1. La population de lactobacilles a été influencée (P ≤ 0,05) par le temps
d’entreposage et par les conditions salines, sans interaction significative entre ces deux
facteurs. La population initiale de lactobacilles était similaire pour toutes les conditions
salines. Le temps d’entreposage a entraîné une diminution significative de la population de
lactobacilles pour toutes les conditions salines. À chaque temps d’analyse, la population de
lactobacilles était moins élevée (P ≤ 0,05) que le jour d’analyse précédent. Durant
l’entreposage, la diminution de population était plus rapide pour certains caillés. Les caillés
salés avec du KCl (B à G) avaient tendance à avoir une perte de population un peu plus
rapide que les caillés salés uniquement avec du NaCl. Ainsi, la population de lactobacilles
des caillés B et C était globalement moins élevée que celle du caillé H. La population de
streptocoques M8 n'a pas été influencée significativement (P > 0,05) par les conditions
66
salines, ni par le temps d'entreposage. La population moyenne de la souche M8 était de log
8,23 UFC/g de caillé et est demeurée stable durant l’entreposage.
6.5
7
7.5
8
0 5 13 19
Jours
Lo
g U
FC
/g
(a)
6.5
7
7.5
8
A B C D E F G H I J K L
Conditions salines
Lo
g U
FC
/g
(b)
Figure 3.1: Population des lactobacilles SR-X durant les jours d’entreposage (a) et
selon les conditions salines.
La figure 3.2 présente l’évolution de la protéolyse primaire et secondaire dans les caillés
modèles préparés avec la souche de lactobacille SR-X. Tant pour la protéolyse primaire
(NSE) que pour la protéolyse secondaire (NS-TCA), seul le facteur temps a eu un impact
significatif (P ≤ 0,05). L’augmentation des protéolyses n’a été significative qu’à partir du
jour 13, comparativement aux jours 0 et 5, sans différence significative entre les jours 0 et 5
ou entre les jours 13 et 19.
67
0
2
4
6
8
10
12
0 5 13 19Jours
Pro
téo
lys
e (
%)
NSE NS-TCA
Figure 3.2: Évolution de la protéolyse primaire et secondaire dans des caillés
modèles inoculés avec le lactobacille SR-X.
La figure 3.3 montre l’évolution de la protéolyse primaire selon les conditions salines (a) et
selon le temps d’entreposage (b) dans les caillés modèles M8. Dans le cas des caillés
modèles produits avec la souche de streptocoques M8, la protéolyse primaire (figure 3.3 a)
a été influencée par les conditions salines et le temps (P ≤ 0,05). Aucune interaction
significative n’a été observée entre le facteur temps et les conditions salines.
Le fromage J avait une teneur en NSE plus faible que les autres caillés, mais comparable
aux caillés B, F, H et I. La teneur en NSE pour le caillé F était significativement plus basse
que pour les caillés E et L. Le NSE dans le caillé L avait tendance à être plus élevé que
dans les autres caillés, sauf pour les caillés D, E et K. La teneur en NSE dans les caillés M8
augmentait significativement à chaque temps d’entreposage (figure 3.3 b). La protéolyse
secondaire n’a pas été affectée par les conditions salines, ni par le temps. La protéolyse
secondaire moyenne dans les caillés modèles M8 était de 1,41 %.
68
4
6
8
10
12
A B C D E F G H I J K L
Conditions salines
NS
E (
%)
(a)
4
6
8
10
12
0 5 13 19
Jours
NS
E (
%)
(b)
Figure 3.3: Évolution de la protéolyse primaire dans des caillés de streptocoques
M8, selon les conditions salines (a) et selon le temps d’entreposage (b).
Les pH des caillés modèles sont présentés au tableau 3.3 et la figure 3.4 présente le pH dans
les caillés modèles SR-X et M8 en fonction du temps d’entreposage. Le pH des caillés
modèles était influencé significativement (P ≤ 0,05) par le temps d’entreposage (Fig. 3.4) et
par les conditions salines. Aucune interaction significative n’a été observée entre les deux
facteurs. Le caillé K, avec du MgCl2, présentait un pH plus bas que les autres caillés, tandis
que les caillés contenant du KCl avaient tendance à avoir un pH plus élevé que les autres
caillés. Il y a eu augmentation significative du pH des caillés modèles au cours de
l’entreposage. Pour les caillés SR-X, le pH du jour 19 était significativement plus élevé que
le pH des autres jours. Dans les caillés M8, le pH était significativement plus élevé entre les
jours 0 et 5 et entre les jours 13 et 19. Il y a eu augmentation significative du pH des caillés
modèles au cours de l’entreposage (Fig. 3.4). Pour les caillés SR-X, le pH du jour 19 était
significativement plus élevé que le pH des autres jours. Dans les caillés M8, le pH était
significativement plus élevé entre les jours 0 et 5 et entre les jours 13 et 19.
69
Tableau 3.3: pH des caillés modèles inoculés avec le lactobacille SR-X et avec le
streptocoque M8.
Conditions SR-X 1 M8
2
A 5,12 e,f
5,17 d
B 5,25 a
5,28 a,b
C 5,25 a
5,29 a
D 5,15 d
5,19 c,d
E 5,16 c,d
5,19 c,d
F 5,19 b,c
5,21 c,d
G 5,21 b
5,23 b,c
H 5,13 d,e
5,18 c,d
I 5,16 c,d
5,21 c,d
J 5,21 b
5,27 a,b
K 5,01 g
5,03 e
L 5,09 f
5,17 d
1-2 : Erreur standard sur la moyenne :
1 0,009;
2 0,01.
a-g : Les moyennes suivies de lettres différentes dans une même colonne diffèrent à (P≤0,001),
pour la même souche.
5.10
5.15
5.20
5.25
5.30
0 5 10 15 20
Jours
pH
SR-X M8
Figure 3.4 : Évolution du pH dans les caillés modèles inoculés avec le lactobacille
SR-X et le streptocoque M8 au cours de l’entreposage.
70
3.4. Discussion
3.4.1. Composition
L'utilisation de caillé modèle permet de simuler les conditions pouvant être présentes dans
un véritable fromage. Un fromage mozzarella à faible teneur en humidité peut avoir entre
47 et 54 % d'humidité, 18 à 24 % de matières grasses, 21-22 % de protéines et de 0,7 à
1,5% de sel, selon le type de mozzarella (Kindstedt, 2004b). La composition des caillés
avait une teneur en humidité, sel, matières grasses et protéines totales se rapprochant de la
composition d'un fromage mozzarella à faible en humidité. À l'exception de la teneur en
sel, la composition entre les caillés était donc relativement similaire. Cette composition
similaire a permis de comparer les effets des conditions salines sur les bactéries lactiques et
sur les phénomènes post-production qui s’opèrent au cours de l'entreposage.
L’ion potassium (K+) possède un poids atomique supérieur à celui de l’ion sodium (Na
+).
Pour un même poids, il y a plus d'ion Na+ dans 1g de NaCl que d'ion K
+ dans 1 g de KCl.
Afin obtenir une force ionique comparable, il faut mettre quantitativement (g) plus de KCl
que de NaCl en solution. Cette différence pondérale entre les deux ions expliquerait la
différence du pourcentage de sel entre le caillé C et le témoin A lorsque les caillés étaient
ajustés sur une base ionique. Toutefois, lorsque les caillés ont été salés avec une solution
ayant une concentration (p/p) similaire au témoin A, cette différence de pourcentage de sel
n’était pas présente. C’est pourquoi les caillés C et G (M8) avaient une teneur en sel plus
élevé que le témoin A. Lorsque le NaCl et le KCl était mis ensemble dans un même caillé
(caillé D, E ou F), la différence de sel entre la base pondérale et la base ionique n’était pas
suffisamment élevée pour provoquer des différences significatives de la teneur en sel. Pour
ce qui est du pourcentage de sel moins élevé dans le caillé K cela pourrait être dû à un
problème de préparation du caillé ou d’analyse car la teneur théorique calculée aurait due
être de 1,8%. Dans les caillés réduits en sodium et salés uniquement avec du NaCl (caillés
H, I et J), il y avait nécessairement moins de sel que le témoin en fonction des cibles de
compositions visées. Dans le cas du caillé L (M8), la cible de +25 % NaCl n'a pas été
atteinte. Les différences entre la composition visées et celles obtenues, ainsi que les
71
différences entre les caillés SR-X et M8 (pour un même caillé) seraient le fruit
d’inexactitudes lors de la préparation des caillés modèles. Il serait aussi possible que
l’échantillon utilisé pour cette analyse ne soit pas le reflet de l’ensemble de la composition
du caillé. Un plus grand nombre de répétitions aurait pu permettre de diminuer les
déviations au niveau de la composition causées par des erreurs de manipulations.
3.4.2. Évolution des caillés au cours de l'entreposage
Il a été démontré que la croissance de lactocoques mésophiles est fortement inhibée à des
concentrations de plus de 1,5 % (p/p) de NaCl dans du fromage cheddar (Guinee et Fox,
2004). Les bactéries lactiques thermophiles, comme Streptococcus thermophilus et
Lactobacillus spp., sont plus sensibles au NaCl que Lc. lactis subsp. lactis (Guinee et Fox,
2004). Dans la présente étude, la concentration en sel n'a pas dépassé 2,3 %. Le
comportement des lactobacilles a été différent de celui des streptocoques. La population de
lactobacilles SR-X a été influencée par le temps d’entreposage et les conditions salines,
tandis que la population de streptocoques M8 n'a pas été influencée par ces deux facteurs.
L'utilisation de KCl seul (caillé B et C) semble avoir eu un léger effet comparativement au
caillé H dont la teneur en sel a été réduite de 25 % par rapport au caillé A. Sans être
significative, la population des lactobacilles dans les caillés modèles contenant du KCl seul
ou en combinaison avec du NaCl aurait tendance à être légèrement inférieure
comparativement aux caillés ne contenant pas de KCl. L’absence d’effet significatif des
mélanges sels NaCl :KCl sur la population de bactéries lactiques (caillés D à G) a aussi été
obtenue lors de production de fromage mozzarella (chapitre 2) et aussi remarquée par
Reddy et Marth (1995a) dans des fromages cheddar. La réduction de la population en
bactéries lactiques dans les caillés B et C est différente des observations faites par Ayyash
et Shah (2010, 2011b) avec du fromage halloumi et du fromage nabulsi. Ces derniers (2010)
ont remarqué que la population totale (ferment lactique thermophile) dans les fromages
salés avec des mélanges NaCl/KCl tendait à être plus élevée que celle dans le fromage
témoin, pour du fromage halloumi en cours d’affinage. Reddy et Marth (1995a) ont observé
qu’en absence de NaCl la croissance des bactéries lactiques augmentait après la 4e semaine
d'affinage. Les caillés J n’avaient pas des populations de lactobacilles ou de streptocoques
supérieures à celles des caillés salés, comme il a été observé dans les fromages mozzarellas
72
entreposés 14 jours (chapitre 2). Les divergences entre les résultats obtenus dans la présente
investigation et ceux rapportés par certaines études pourraient être expliquées par le choix
des souches (Lactococcus lactis subsp. lactis et L. lactis subsp. cremoris vs Lactobacillus
delbrueckii ssp. bulgaricus et Streptococcus thermophilus), les différents niveaux de
sensibilité aux sels des souches, les conditions de production de fromage halloumi, cheddar,
caillé modèle de type mozzarella) ainsi que le temps d'entreposage. Le comportement de
chaque souche est unique et les influences extérieures n’ont pas toutes les mêmes effets sur
son évolution dans un milieu donné. De plus, dans le cas présent, les souches ont été
traitées en souche unique tandis qu'une production fromagère utilise généralement une
combinaison de souches. Par exemple, dans un milieu inoculé avec deux souches, la
population d’une souche peut diminuer tandis que l’autre peut augmenter. Le profil de
l’évolution de la population totale peut être différent de l’évolution de souche traitée
individuellement.
Dans le fromage mozzarella, la protéolyse résulte de l'action du coagulant résiduel, des
protéases indigènes du lait et des enzymes du ferment (Kindstedt et al. 1999). Plusieurs
auteurs ont montré que la combinaison de NaCl/KCl n'aurait pas d'impact sur la protéolyse
primaire et secondaire pour du fromage cheddar, feta, finbo, halloumi et mozzarella (Reddy
et Marth, 1993c; Katsiari et al. 2000a, 2001a; Sihufe et al. 2006; Ayyash et Shah 2010,
2011a,d). L'action de la chymosine dans le temps a permis l'augmentation de la teneur en
NSE dans tous les caillés. L’évolution de la protéolyse des caillés modèles s’apparente aux
tendances générales de la protéolyse qui ont été observées dans des fromages mozzarella
(chapitre 2), soit que la protéolyse primaire et secondaire augmente durant l’entreposage,
sans influence de type de sels utilisés. Dans les caillés SR-X, les conditions salines n’ont
montré aucun impact sur la protéolyse primaire et secondaire. La réduction du pourcentage
de sel dans les caillés M8 (caillé H, I et J) a montré une tendance à avoir une NSE à la
baisse comparativement au caillé témoin A. L'absence de sel dans le caillé J semble avoir
limité l'activité protéolytique comparativement aux résultats obtenus par Reddy et Marth
(1993c). Ces caillés avaient un pourcentage de sel moins élevé que dans les autres caillés
pour une humidité et une population bactérienne comparables. La protéolyse primaire dans
un fromage provient principalement de l’action du coagulant (chymosine) et le ferment
73
lactique intervient surtout lors de la protéolyse secondaire (Kindstedt et al. 1999). Bien que
la protéolyse primaire soit principalement influencée par la présure résiduelle, il pourrait y
avoir un effet du ferment utilisé lorsqu’il y a diminution de la teneur en sel. De plus,
l’hydrolyse de la caséine-αs1 par la présure résiduelle est stimulée par la présence de NaCl
jusqu'à un optimum de 5-6 %. Cependant, cette hydrolyse est limitée à très basse ou à haute
teneur en NaCl (20 %) (Guinee et Fox, 2004; Hardy, 2004). Ainsi, il semblerait que la
diminution de la teneur en sel comparativement aux autres caillés n’aurait pas favorisé la
protéolyse dans les caillés H, I et J au cours de l’entreposage.
Les lactobacilles sont reconnus pour être plus protéolytiques et plus résistants au sel que les
streptocoques (Upadhay et al. 2004). L’activité protéolytique secondaire s'est révélée plus
importante dans les caillés du lactobacille SR-X que dans les caillés du streptocoque M8.
Les résultats ont montré que les conditions salines n'ont pas eu d'effet significatif sur la
protéolyse secondaire, tant pour les caillés SR-X que pour les caillés M8. Le temps
d’entreposage a eu un impact sur la protéolyse secondaire uniquement pour les caillés SR-
X et aucun pour les caillés M8. Un temps d’entreposage plus long aurait peut-être permis à
la souche M8 d’avoir une activité protéolytique plus élevée et révéler si les conditions
salines avaient eu un effet significatif sur la protéolyse secondaire pour cette souche. Reddy
et Marth (1993c) ont remarqué que les fromages cheddar non salés tendaient à avoir une
protéolyse plus élevée, mais de tels résultats n'ont pas été observés dans la présente étude.
Le type de souches utilisées (Lactococcus lactis subsp. lactis et L. lactis subsp. cremoris
versus Lactobacillus delbrueckii ssp. bulgaricus et Streptococcus thermophilus), le type de
fromage et le court temps d'entreposage (19 jours versus 36 semaines) pourraient ne pas
avoir favorisé dans cette étude la protéolyse secondaire dans les caillés modèles non salés.
Contrairement aux résultats de l’évolution des bactéries lactiques dans un fromage
mozzarella (souche SR-F) (chapitre 2), la population de lactobacilles SR-X dans les caillés
a diminué durant l’entreposage tandis que la population SR-F est demeurée stable durant
les 14 jours d’entreposage. Il serait possible que la souche SR-X soit moins résistante au sel
que la souche SR-F. Les microorganismes présents dans un fromage interviennent au cours
de l'affinage soit en larguant des enzymes exocellulaires, soit après leur mort et leur lyse en
libérant leurs enzymes intracellulaires (St-Gelais et Tirard-Collet, 2002). Ainsi, l'activité
74
protéolytique était plus élevée que celle des streptocoques malgré la baisse de la population.
La population de streptocoques M8 dans les caillés modèles n’a pas montré une tendance à
la hausse tel qu’il a été observé avec la souche SC-32 dans les fromages mozzarella
(chapitre 2). Il serait possible que 14 jours d’entreposage pour les fromages mozzarella
n’aient pas été suffisants pour pouvoir observer une augmentation ou une diminution
significative de la population des bactéries lactiques SR-F et SC-32.
Fitzgerald et Buckley (1985) ont montré que le remplacement total de NaCl par du MgCl2
entraînait une augmentation de la protéolyse dans du fromage cheddar, affiné de 8 à 16
semaines. Lefier et al. (1987) ont montré que la substitution partielle de NaCl par du MgCl2
dans une production de fromage gruyère entraînait peu de différence au plan de la
protéolyse, car le MgCl2 aurait un effet activateur de l'hydrolyse de la caséine-αs1. À la
différence de ces études, le caillé K (mélange NaCl:MgCl2) n'a pas montré de différence
significative au niveau de la protéolyse. Dans le cas présent, la protéolyse de chaque
caséine n’a pas été suivie. De plus, le type de fromage utilisé, les souches et les conditions
post-productions seraient des facteurs pouvant entraîner des différences de protéolyse entre
la présente étude et celles de la littérature dont celles de Lefier et al. (1987) et de Fitzgerald
et Buckley (1985). Le temps d'entreposage ne dépassait pas 19 jours, tandis que l'affinage
des fromages était de 8 à 16 semaines pour le fromage cheddar et de 90 jours pour le
fromage gruyère. Tant pour les caillés SR-X que pour M8, le pH des caillés K contenant du
MgCl2 était significativement plus bas que les autres caillés. Ce résultat est similaire à ceux
obtenus par Fitzgerald et Buckley (1985) qui ont aussi démontré que l'utilisation de MgCl2
entraînait une baisse du pH dans des fromages cheddar par rapport à un fromage témoin
(NaCl). Par contre, contrairement au caillé contentant du MgCl2, le pH des caillés contenant
du KCl avait tendance à être plus élevé et augmentait avec la teneur en KCl. Plusieurs
auteurs ont noté les variations de pH avec l'utilisation de KCl. Fitzgerald et Buckley (1985)
ont obtenu du fromage cheddar à pH plus élevé que le témoin lorsque le fromage contenait
du KCl. Ayyash et Shah (2011a) ont aussi montré, dans le cadre de production de fromage
halloumi, qu'il y avait une augmentation du pH initial du fromage en fonction de la
quantité de KCl ajoutée. Le pH initial plus élevé des caillés avec KCl serait lié au sel lui-
même et non pas à l'effet du sel sur les processus enzymatique et microbiologique au cours
75
de l'entreposage, car au jour 0, le pH des caillés B et C était plus élevé que le caillé témoin.
De plus, le pH des caillés avait tendance à être plus élevé. Toutefois, les variations de pH
initial causées par l’utilisation de différents sels n’ont pas été suffisamment élevées pour
influencer positivement les activités microbiologiques et enzymatiques, car les populations
étaient similaires et les protéolyses étaient comparables. Les tendances du pH à augmenter
avec la présence de KCl et à diminuer avec l’addition de MgCl2 ont aussi été observées lors
de production de fromage mozzarella saumuré dans les mêmes conditions salines (chapitre
2). Au cours de l'entreposage, le pH des caillés avait tendance à augmenter en raison de la
protéolyse et de la libération de composés peptidiques de nature basique dans le caillé. La
tendance d’un pH à la hausse au cours de l'entreposage obtenue est similaire aux résultats
obtenus par Guo et al. (1997).
76
3.4 Conclusion
Par leur composition, les caillés de cette présente étude étaient des modèles adéquats pour
simuler un vrai fromage mozzarella et pour déterminer l’impact des différentes conditions
salines sur l’évolution de la population des lactobacilles et des streptocoques ainsi que sur
celle de la protéolyse. La nature des sels n’a pas eu d’impact sur la composition des caillés.
La croissance du lactobacille utilisé dans cette étude diminuerait légèrement en présence de
KCl, tandis que celle du streptocoque n’a pas été affectée par la réduction et substitution du
NaCl. Ainsi, les activités des bactéries lactiques thermophiles au contact du KCl et du
MgCl2 seraient variables selon le type de souche et la concentration en sels dans le milieu.
La présence de KCl a fait augmenter le pH initial des caillées, tandis que le MgCl2 a abaissé
le pH des caillés modèles, mais sans affecter les variations de pH au cours de l'entreposage.
Il serait intéressant de valider le comportement des bactéries lactiques au cours d'une
période d'entreposage prolongée et lorsque deux souches sont mises dans un même caillé
modèle selon les mêmes conditions salines. Il serait aussi pertinent d’étudier le
comportement de ces souches ou d'autres souches thermophiles dans le cadre d'une
production de véritables fromages mozzarella.
77
Chapitre 4 : Impact de la réduction de la teneur en NaCl
et de sa substitution par du KCl dans du fromage
mozzarella
Emilie Thibaudeau1,2
, Denis Roy2, Daniel St-Gelais
1,2
1 Centre de Recherche et de Développement des Aliments, Agriculture et Agro-alimentaire
Canada, 3600 boul. Casavant Ouest, QC, Canada, J2S 8E2
2 Institut des Nutraceutiques et des Aliments Fonctionnels, Centre de recherche STELA,
Université Laval, Québec, QC, Canada, G1V 0A6
78
Résumé
Cette étude a porté sur l'impact de la réduction de la teneur en NaCl par sa substitution avec
du KCl sur la composition et l’évolution des caractéristiques fonctionnelles et sensorielles
dans le fromage mozzarella au cours de l’entreposage. Des fromages mozzarella à faible
teneur en humidité ont été produits et saumurés dans quatre conditions salines différentes,
soit A = 20 % (p/p) NaCl (témoin), B = 75/25 NaCl/KCl, C = 50/50 NaCl/KCl et D = 15 %
(p/p) NaCl. Les mélanges de NaCl et de KCl ont été établis de manière à ce que la force
ionique soit similaire à celle de la saumure témoin A. Les résultats ont montré que les
conditions salines n’ont pas significativement affecté la teneur en humidité, en protéines
totales, en matières grasses, en calcium et en magnésium, la protéolyse, la fermeté du
fromage frais et fondu, l’élasticité, la cohésion et la capacité de rétention de la phase
aqueuse. Les conditions salines ont eu un léger impact sur le pH, la teneur en galactose et
en acide lactique, la teneur en cendres et en phosphore, le pouvoir tampon, l’adhérence et
l’étalement à la fonte. Les conditions salines ont eu aussi un impact important sur la teneur
en sodium et en potassium et sur les caractéristiques sensorielles des fromages. Il a été
possible de réduire de 21,8 % et de 32,4 % la teneur en sodium dans les mozzarelles B et C,
respectivement. Le fromage D avait une adhérence plus élevée que les autres fromages, à
jour 1 seulement. L’étalement à la fonte du fromage D a augmenté durant l’entreposage,
tandis que l’étalement à la fonte des autres fromages n’a pas varié durant l’entreposage. La
substitution partielle de NaCl par du KCl serait possible pour produire du fromage
mozzarella à teneur réduite en sodium ayant une composition et des propriétés techno-
fonctionnelles comparables à un fromage mozzarella régulier.
79
4.1 Introduction
Le sodium est un élément omniprésent dans notre environnement et dans notre
alimentation, soit par la composition même d’un aliment ou par l’ajout du sel lors de
transformation alimentaire. Le sodium est essentiel au bon fonctionnement de l’organisme,
notamment pour le maintien du volume et de la composition du liquide extracellulaire.
Toutefois, selon l'American Heart Association, une surconsommation de sodium a des
effets néfastes, dont l’hypertension et divers problèmes cardio-vasculaires (Sacks, 2001).
La consommation quotidienne en sodium des Canadiens dépasse l’apport nutritionnel
recommandé (ANR). Selon le rapport sur la santé, émis en 2007 par Statistique Canada,
plus de 85 % des hommes et de 60 % à 80 % des femmes avaient un apport habituel de
sodium qui excédait l’apport maximal toléré (AMT) recommandé.
Au Canada, les aliments transformés contribueraient à 77 % de l’apport quotidien en
sodium, 12 % pour le sodium intrinsèque à l’aliment, 6 % pour le sel de cuisson et 5 %
pour le sel de table (Statistique Canada, 2007). L’Organisation Mondial de la Santé (OMS)
fait mention dans son rapport sur la Santé dans le Monde : Réduire les risques et
promouvoir la Santé, publié en 2002, que la réduction de la quantité de sel (NaCl) dans les
aliments industriels permet de réduire les risques de maladies cardio-vasculaire. L'Agence
Française de Sécurité Sanitaire des Aliments (AFSSA)
a émis, en 2007, des
recommandations concernant l’emploi du sel dans la transformation alimentaire, par
exemple dans le secteur de la boulangerie, la charcuterie et la fromagerie. En 2007, un
canadien a consommé, en moyenne, 12,39 kg de fromage (Commission Canadienne du
Lait, 2010). Au Canada, 5 % de l’apport quotidien en sodium proviendrait des fromages
(Conseil sur la transformation agroalimentaire et des produits de consommations, 2010).
Pour l’industrie fromagère, le sel est très important. Il a des rôles technologiques et
gustatifs. La présence de sel influence le type de fromage, le goût et les caractéristiques qui
lui sont rattachées de même que l'évolution et l'innocuité des produits finis. Lors d’une
production fromagère, le sel intervient dans le processus d’égouttage, abaisse l’activité de
80
l’eau (Aw), contribue à la préservation du produit, module les réactions microbiologiques et
enzymatiques et influence la flaveur et les propriétés techno-fonctionnelles du produit final
(Hardy, 2004; St-Gelais et Tirard-Collet, 2002; Kindstedt, 2004a; Guinee 2004). Les
principales propriétés des fromages de type mozzarella, sont la fermeté, l’aptitude au
râpage, la capacité d’étalement et au filage, le brunissement ainsi que la rétention de la
matière grasse (Mietton et al. 2004 ; Rowney et al. 2004). Les propriétés fonctionnelles de
la mozzarelle sont importantes, particulièrement en raison de son utilisation dans diverses
préparations culinaires, tel que la pizza. La production de pizza est la principale utilisation
du fromage mozzarella dans l’industrie alimentaire (Rodney et al. 1999; Guinee et al. 2002;
Ruban et Barnano, 1998). Dans le but de limiter l’apport quotidien en sodium provenant du
fromage, plusieurs études ont été menées pour vérifier l’impact du remplacement (total ou
partiel) du NaCl par d’autres sels, tels que le KCl et le MgCl2, dans certains fromages dont
les fromages cheddar, feta, gruyère et halloumi (Fitzgerald et Buckley, 1985; Reddy et
Marth, 1993a,b,c, 1994, 1995a,b; Lindsay, 1982; Lefier et al. 1987; Katsiari et al. 1997,
2000a, Ayyash et Shah, 2010, 2011a; Ayyash et al. 2011). Ces études montrent qu’un
remplacement partiel peut être possible sans affecter la qualité du produit fini, selon
différents ratios qui peuvent atteindre près de 50 %. Selon le type de fromage, une
substitution plus grande pouvait entraîner des problèmes, notamment au niveau du goût.
(Katsiari et al. 1997; Lindsay et al. 1982; Reddy et Marth, 1994; Fitzgerald et Buckley,
1985). La littérature contient des études qui ont été menées sur différents types de
fromages, toutefois, peu de recherches ont porté sur l'impact de la réduction du sodium lors
d'une production de fromage mozzarella à faible teneur en humidité de type pasta-filata. La
présente étude visait à quantifier l’impact de la réduction du NaCl et de l’incorporation de
KCl sur la composition (humidité, protéines, matières grasses, cendres, pH et minéraux),
l’évolution des bactéries lactiques et de la protéolyse, les différentes propriétés techno-
fonctionnelles du fromage mozzarella ainsi que l'impact sur les caractéristiques sensorielles
des fromages.
81
4.2. Matériel et Méthodes
4.2.1. Production
4.2.1.1 Préparation des ferments
Le ferment fromage a été préparé avec deux cultures thermophiles, soit la souche
Lactobacillus delbrueckii ssp. bulgaricus SR-X (Cargill, Waukesha, WI, USA) et la souche
Streptococcus thermophilus M8 (Chr. Hansen’s Laboratory, ON, Canada). La revitalisation
des souches congelées a été effectuée dans du lait écrémé reconstitué à 12 % de solides
totaux (p/p) (Crino Milk skim powder low-heat, René Rivet, Terrebonne, Qc, Canada)
préalablement stérilisé à 110 °C/10 min. Chaque souche a été revitalisée séparément. Le lait
reconstitué stérile (2 x 200 g) a été inoculé à un taux de 10 % pour les deux souches,
incubé pendant 16 heures à 37 °C, et ensuite refroidi à 4 °C jusqu'au second repiquage. Le
second repiquage a été fait dans les mêmes conditions, mais à plus grand volume dans le
but d'obtenir 15 kg de ferment de SR-X et 5 kg de M8. C’était la quantité nécessaire de
chaque ferment pour obtenir une population de 1 x 107 UFC/ml de lait, avec ratio 1:1 de
chaque souche lors de l’inoculation au moment de la fabrication fromagère.
4.2.1.2. Fabrication fromagère
Les fabrications fromagères ont été réalisées à l'usine pilote du Centre de Recherche et
Développement sur les Aliments (CRDA, Saint-Hyacinthe, Québec, Canada). La réception
du lait standardisé (ratio 1,35 protéine/matière grasse) et pasteurisé (72 °C/16 sec.) s’est
faite la veille de la production fromagère. Le lait a été conservé à basse température (4 °C)
jusqu’à son utilisation. Le jour de la fabrication, le lait a été chauffé jusqu’à une
température de 34 °C. Du chlorure de calcium 45 % (p/v) (Calsol, Chr. Hansen’s
Laboratory, ON, Canada) a été ajouté au lait de fromagerie à raison de 0,26 ml/L de lait.
Sous faible agitation, 7,25 kg de ferment SR-X et 2,5 kg de M8 ont été ajoutés dans chaque
bassin de lait de 440 kg. Après 60 minutes de maturation, de la présure (Chymax, Chr.
Hansen’s Laboratory, ON, Canada) a été ajoutée au lait à un taux de 0,01 %. La présure
était préalablement diluée (1:20) avec de l'eau distillée. Le caillé a été coupé après 30
82
minutes de coagulation. Le caillé était ensuite brassé et chauffé graduellement pendant 30
minutes pour atteindre une température de 40 °C. La température a été maintenue jusqu’au
moment du soutirage. Le soutirage du lactosérum a été effectué lorsque le pH du sérum a
atteint 6,0. Le caillé a été entassé pour former de larges blocs et ceux-ci ont été retournés
périodiquement. Lorsque le pH du caillé a atteint 5,2 et que l’humidité était de 50 % (soit
deux caractéristiques du produit final désiré), le caillé de fromage a été coupé en morceaux
d’environ 5 cm x 5 cm x 5 cm. Les morceaux de fromage étaient ensuite passés au cuiseur-
fileur (E.B.R. Québec, Qc, Canada). L’humidité du caillé lors de la production a été
déterminée rapidement par micro-ondes (SMART System-5 Microwave Moisture/Solids
Analyzer, CEM Corporation, North Carolina, USA). L’eau du cuiseur était à 72 °C et la
vitesse des vis horizontales et verticales était de 50 rpm. Le temps moyen de résidence du
fromage dans le cuiseur-fileur était de 8 minutes. Le premier et le dernier bloc de fromage
ont été écartés, car la composition pouvait être différente en raison d’un temps de résidence
dans le cuiseur-fileur supérieur aux autres blocs de fromages. Les blocs de fromage ont été
placés dans un moule en acier inoxydable de dimensions 10,5 cm x 10,5 cm x 25,5 cm puis
placés dans un bain eau et de glace pour un refroidissement rapide. Chaque bloc de
fromage pesait environ 2,5 kg. Les fromages ont été démoulés après 45 minutes de
refroidissement. Les blocs de fromages ont été déposés dans les 4 différents bassins de
saumures, à raison de 6 blocs de fromage par bassin. Les fromages ont été saumurés
pendant 16 heures à 10 °C. Après le saumurage, les fromages ont été retirés des saumures,
mis en sacs individuellement, scellés sous vide et entreposés à 4 °C. Un bloc de fromage
par saumure a été réservé pour les analyses du jour 1 tandis que les autres blocs ont été
entreposés pendant 5, 9, 13 et 28 jours. Un bloc de fromage a été réservé pour les analyses
sensorielles. À noter, comparativement au chapitre 2, les blocs de fromage n'étaient pas
coupés en deux parties égales et donc étaient plus volumineux que ceux utilisés dans le
chapitre 2. Afin de réaliser toutes les analyses prévues, la quantité de fromage devait être
augmentée, comparativement au chapitre 2. De plus, le temps de saumurage a été réduit
d'une heure.
83
4.2.1.3. Préparation des saumures
À la lumière des résultats du chapitre 2, quatre conditions salines ont été sélectionnées. Les
paramètres de saumurages (poids des blocs de fromages et temps de saumurage) ont été
légèrement modifiés. Quatre saumures, de 50 kg chacune, ont été préparées la veille de la
fabrication fromagère selon les différentes compositions du tableau 4.1. Dans des bassins,
les sels ont été dissous avec de l'eau pasteurisée (72 °C/16 secondes) et supplémenté avec
0,02 % (p/p) de chlorure de calcium 45 % (p/v) (Calsol, Chr. Hansen’s Laboratory, ON,
Canada). Les saumures B et C ont été ajustées de façon à ce que la force ionique provenant
des sels soit identique à la force ionique de la saumure A. La saumure D a été réduite de 25
% du poids en sel, soit une saumure à 15 % solides totaux. Le pH des saumures a été ajusté
à 5,2 ± 0,1 avec de l'acide lactique 85 % (Fisher Scientific). Les saumures étaient
conservées à 10 °C.
Tableau 4.1 : Identification et composition des quatre saumures.
Identification Composition des sels Teneur en solides
A NaCl 20 % (p/p)
B 75 NaCl/ 25 KCl F.I = A (21,4 %)
C 50 NaCl/ 50 KCl F.I = A (22,8 %)
D NaCl 15 % (p/p)
4.2.2. Analyses post-productions
4.2.2.1. Prélèvements
Pour chaque jour d'analyse, les 4 différents fromages ont été analysés. D’abord, un
échantillon de 11 g de fromage a été prélevé en condition aseptique pour réaliser les
analyses microbiologiques. À l’aide d’un couteau aseptisé, une tranche de fromage mince
et profonde est retirée au tiers de la hauteur du bloc, afin d'obtenir un échantillon de bord et
de centre dans un même prélèvement. Par la suite, chaque bloc a été sectionné en deux
zones, soit le bord et le centre de chaque bloc tel que présenté à la figure 4.1. À l’aide d’un
84
couteau et d’un emporte-pièce de dimension 5 cm x 5 cm, les blocs de fromage étaient
coupés une première fois en 3 parties (2 bords et 1 centre) (Fig. 4.1 a). Le centre était
sectionné à nouveau de manière à conserver que le cœur de cette section pour les analyses
dites « de centre » (Fig. 4.1 b). Tous les bords ont été mélangés ensemble pour les analyses
de la partie du « bord » des fromages.
Les analyses ont été faites en duplicata, sauf pour l’analyse microbiologique et le profil de
texture. Les analyses microbiologiques de pH, de teneurs en matière grasse et en protéines
totales, de pouvoir tampon ainsi que l'extraction de la phase aqueuse ont été réalisées sans
distinction des zones des fromages. Lors de tests préliminaires, il a été déterminé que les
teneurs en matières grasses et en protéines n’étaient pas significativement influencées par le
facteur zone. Toutes les autres analyses ont été faites sur les deux zones (bord et centre).
Figure 4.1: Diagramme de la première (a) et de la seconde coupe (b) d’un bloc de fromage.
4.2.2.2. Composition
La teneur en matière grasse des fromages a été déterminée par la méthode Mojonnier
(AOAC, 2000). La teneur en protéines totales et les extraits azotés ont été analysés par la
méthode macro-Kjeldahl (St-Gelais et al. 1998). Le facteur de conversion de l’azote était
de 6,38. Les solides totaux ont été obtenus par séchage des échantillons de fromage dans un
four ventilé à 100 °C pendant 16 heures et les cendres dans un four à moufle à 550 °C
pendant 18 heures (AOAC, 2000). L’humidité était calculée par différence de la teneur en
Bord Bord
Centre
Bord
Bord Bord
Centre
Centre
Bord
Bord Bord
Centre
(a) Première coupe d’un bloc
de fromage entier (2,5 kg)
(b) Seconde coupe : sectionnement du
centre du fromage
85
solides totaux [humidité (%) = 100 - solides totaux (%)]. La quantification du Ca, Na, K,
Mg et P a été obtenue par spectrophotométrie de plasma à couplage inductif optique à
émission (ICP-OES, Teledyne Leeman Labs, modèle Prism for HIGH Dispersion ICP
Spectrometer). Le Ca a été mesuré à une longueur d’onde de 317 nm, le Na à 589 nm, le K
à 766 nm, le Mg à 279 nm et la P à 178 nm. Les échantillons de fromage ont été préparés à
partir des cendres. Les cendres ont été suspendues dans 5 ml de TCA 20 % et 0,5 g
d'yttrium (standard interne) (1000 ug/ml, PlasCALPascal., SCP Science, Baie d’Urfé, QC,
Canada) est ajouté au mélange cendres-TCA et le poids final a été complété à 50 g avec de
l'eau déionisée. Deux tubes de 15 ml ont été remplis de chaque échantillon solubilisé filtré
sur filtre 0,45 µm PES. L’appareil effectuait un triplicata de chaque échantillon, soit 3
injection par tube. Le pH du fromage a été mesuré avec un pH-mètre (DL 15 Titrator,
Mettle Toledo, Missisauga, ON, Canada) et une électrode combinée en verre scellée
(Acumet, BNC H011-0001, Cole-Parmer, Illinois, USA). La teneur en sel a été mesurée à
l’aide d’un chlorure mètre analyseur de sel Corning MK II 926 (Nelson-Jameson, Inc.
Marshfield, WI). L’appareil permet de doser la quantité de chlore dans un échantillon. Le
pourcentage de sel est obtenu par un facteur de conversion selon le poids moléculaire du sel
utilisé (voir annexe A pour des exemples de calculs de la teneur en sel).
4.2.2.3. Évolution microbiologique et protéolytique
Le dénombrement des bactéries lactiques a été fait dans la masse (pour-plate), sur milieux
sélectifs, soit le milieu M17-agar (Difco Laboratories, Détroit, USA) pour les streptocoques
et le milieu MRS-agar (Difco Laboratories, Détroit, USA) acidifié pour les lactobacilles. Le
milieu MRS-agar a été acidifié avec de l'acide acétique glacial (Fisher Scientific) pour que
le milieu MRS-agar ait un pH de 5,5. Onze grammes de fromage étaient ajoutés à 99 ml
d’eau peptonée 0,1 % stérile (121 °C/15 min.) et homogénéisés au stomacher (Stomacher
400 Circulator, Seward Laboratory System, NY, USA) pendant 2 minutes à haute vitesse.
L’homogénat était la solution-mère pour effectuer une série de dilutions, afin d’obtenir un
dénombrement d’unités formatrices de colonies (UFC) comprises entre 30 et 300 sur une
même boîte de Pétri. Les dénombrements ont été faits en duplicata pour chaque facteur de
dilution et chaque milieu de dénombrement. Les boîtes de Pétri ont été incubées 48 heures,
à 37 °C dans une chambre anaérobie.
86
Les fractions azotées (azote soluble dans l’eau (NSE) et l’azote soluble dans le TCA 12 %
(NS-TCA)) sur la teneur en protéines totales ont été préparées tel que décrit par Turcot et
al. (2002).
4.2.2.4. Sucres et Acides
Le dosage des sucres et acides (lactose, galactose, glucose, acide lactique et citrique) par
HPLC a été effectué tel que décrit par St-Gelais et al. (1991).
4.2.2.5. Pouvoir tampon
La détermination du pouvoir tampon a été adaptée de la méthode de Hassan et al. (2004).
Cinq grammes de fromage ont été utilisés pour faire l'homogénat de fromage. Un titrateur
automatique TIM 856 (Tritation Manager, Radiometer analytical) et une électrode
combinée en verre scellée (BNC H011-0001) ont été utilisés pour la titration des
échantillons. Les courbes d'acidification et d’alcalinisation ont été traitées à l'aide du
logiciel Table Curve version 4.0 (Systat Sofware Inc, Richmoind, Ca, USA).
4.2.2.6. Capacité de rétention de la phase aqueuse
L'extraction de la phase aqueuse (PA) a été effectuée par l'application de faible pression
croissante pendant 180 minutes tel que décrit par Salvat-Brunand et al. (1995). Toutefois,
seulement 1 kg de fromage a été utilisé pour faire l’extraction. Le fromage a été mélangé à
du sable selon un ratio 1:2, tel que suggéré par ces auteurs. La phase aqueuse a été extraite
sur des échantillons de fromage râpés aux jours 1 et 13. Les échantillons ont été râpés et
congelés à -20 °C jusqu'au moment des extractions. Les échantillons ont été décongelés
pendant 16 heures, dans une chambre froide à 4 °C. Le rendement, les analyses de la teneur
en humidité, en protéines totales ainsi que la composition minérale ont été effectuées sur la
PA obtenue après le pressage. Le rendement est le pourcentage de PA extraite d'un
fromage. Le rendement est calculé comme suit :
Rendement PA (%) = Quantité PA obtenue (g) x 100
Quantité fromage (g)
87
L'eau libre est le pourcentage de toute l'eau du fromage qui s'est retrouvé dans la PA
extraite. L'eau libre se calcule comme suit :
Quantité d'eau dans la PA = humidité (%) PA x quantité PA (g) /100
Quantité d'eau dans le fromage = humidité (%) fromage x quantité de fromage / 100
Eau libre (%) = Quantité d'eau dans la PA x 100
Quantité d'eau dans le fromage
4.2.3. Analyses de texture et des propriétés techno-fonctionnelles
4.2.3.1. Profil de texture
L'analyse de profil de texture (TPA) a été réalisée avec l’analyseur de texture TA-XT2
(Stable Micro Haslemere, Surry, England). L’analyseur de texture a permis de quantifier la
fermeté, l’élasticité, la cohésion et l’adhérence des échantillons. Pour chaque zone d'un
fromage, 12 cylindres de fromage de dimensions 10 mm x 10 mm ont été prélevés à l'aide
d'un emporte-pièce en acier inoxydable. Les cylindres devaient être exempts de bulles d'air
et de fissures apparentes. Les cylindres ont été déposés dans une boîte de Pétri et tempérés
à 21 °C pendant 30 minutes avant d'être d'analysés. Un poinçon de 25 mm de diamètre
attaché à une cellule de charge de 5 kg a effectué une double compression avec un temps de
relaxation de 80 secondes entre les deux compressions. Le taux de déformation imposé était
de 60 % et la vitesse de compression était de 1 mm/s.
4.2.3.2. Fermeté du fromage fondu
L’évaluation de la fermeté du fromage fondu a été effectuée tel que proposé par Roy et al.
(1998) avec quelques modifications. Pour chaque zone de fromage, 3 carottes de fromage,
de 20 mm x 40 mm et d’une masse de 15 g, ont été prélevées à l’aide d’un emporte-pièce
en acier inoxydable. Les carottes étaient transférées dans des tubes en plastique (25 mm x
85 mm) avec bouchon et 2 ml d'huile de paraffine étaient déposés sur le haut des carottes de
fromage pour prévenir l'assèchement de l'échantillon durant le traitement thermique. Les
tubes ont été chauffés pendant 1 h 30, dans un bloc chauffant (Select Heatblock, VWR
Scientific) préchauffé à 63 °C. Ce traitement thermique a permis d'obtenir une température
88
au cœur de la carotte de 60 °C pendant 30 minutes. Immédiatement après le traitement
thermique, un déplacement de 10 mm était effectué par le TA-TX2. Le déplacement était
effectué par un poinçon de 15 mm de diamètre, attaché à une cellule de charge de 5 kg, à
une vitesse de 1 mm/s. Le résultat de la fermeté était la force maximale nécessaire pour
effectuer le déplacement.
4.2.3.3. Étalement à la fonte
L'évaluation de l'étalement à la fonte dans la présente étude est une adaptation du test de
Schreiber proposé par Kosikowski et Mistry (1997). Trois disques de 7 mm de hauteur et de
20 mm de large ont été prélevés avec un emporte-pièce pour chaque zone de fromage. Les
disques ont été déposés au centre d'une boîte de Pétri de verre 100 x 20 mm avec couvercle
(Pyrex, Corning Laboratory Science, New York). Les échantillons ont été soumis à un
traitement thermique de 100 °C pendant 60 minutes puis refroidis pendant 30 minutes à
température pièce. Chaque échantillon a été numérisé avec un numériseur (Epson
Perfection V750 PRO). L'aire du fromage avant et après le traitement thermique a été
obtenue à l'aide du logiciel SigmaScan Pro 5.0. Le taux d'étalement à la fonte était obtenu
par l'équation suivante :
Taux d'étalement (%) = Aire après traitement thermique x 100
Aire avant traitement thermique
4.3.2.4 Utilisation de fromage mozzarella sur une pizza
Le comportement du fromage lorsqu’il est utilisé dans un aliment plus complexe comme
une pizza a été évalué. Le taux de brunissement et la dimension des zones de brunissement,
le taux de recouvrement de la surface de la pizza par l’huile libérée, l’étirement du fromage
fondu, la qualité de la fonte et la saveur globale du fromage ont été évalués. Dans le cas
échéant, une échelle qualitative a été élaborée. La méthodologie détaillée ainsi que les
résultats sont présentés à l’annexe C. Les pizzas ont été préparées avec les fromages issus
des productions fromagères 3 et 4, après 28 jours d’entreposage.
4.2.3. Évaluation sensorielle
Deux analyses sensorielles ont été réalisées en collaboration avec l'équipe de l'évaluation
89
sensorielle du CRDA. Pour chaque analyse, le jury de dégustateurs était des employés et
étudiants, amateurs de produits laitiers. Après avoir vérifié leur intérêt et leur disponibilité, ils
ont été sélectionnés et informés de la technique de dégustation. Les juges ont été invités à
participer aux séances prévues.
4.2.3.1. Test de différence
Le test de différence par rapport à un témoin est une méthode de différenciation dans
laquelle sont présentés simultanément à chaque juge un témoin identifié et un ou plusieurs
échantillons à comparer au témoin. Ainsi, les fromages B, C et D étaient comparés au
fromage témoin A. Les juges devaient évaluer l'intensité de la différence en sel et l'intensité
du défaut de goût si présent. Les juges devaient quantifier ces intensités selon une échelle
qui variait de 0 (absence de différence) à 6 (différence extrême). Les juges étaient aussi
invités à émettre des commentaires sur les échantillons (goût, odeur, sensation). Le test de
différence a été réalisé avec les quatre productions de fromages mozzarella après un temps
d'entreposage de 15 jours. L’ordre de présentation des échantillons était déterminé
aléatoirement et cet ordre variait d’un juge à l’autre. Les produits étaient présentés un à la
fois, en compagnie de la référence identifiée, afin de s’assurer que chaque produit
expérimental était bien comparé avec la référence et non pas avec les échantillons
précédents. Pour ce test les fromages ont été coupés en cubes avec une matrice (1,5 cm par
1,5 cm) et 5 cubes ont été disposés dans des contenants de verre ambré avec couvercle de
plastique et codés à 3 chiffres. Une attention particulière était apportée lors du cubage: les
pourtours des blocs ont été retirés et les cubes adjacents ont été présentés à un même juge
(échantillon A, A, B). Soixante minutes avant le début de la séance, les échantillons ont été
tempérés à 14 oC.
4.2.3.2. Test de similarité
Un test triangulaire de similarité a été effectué avec des fromages utilisés sur une pizza
pepperoni fromage. Le test triangulaire de similarité est une méthode de différenciation
comprenant trois échantillons codés présentés simultanément, deux d’entre eux étant
identiques. Le juge évalue les échantillons de gauche à droite et il est prié d’identifier
l’échantillon différent. Le juge sait que deux des trois échantillons sont semblables. Il est
90
obligé de fournir une réponse, même s’il ne trouve pas d’échantillon différent ou qu’au
contraire, il les trouve tous différents. Les échantillons codés ont été présentés à 60
participants. Le test de similarité a été effectué deux fois, soit avec les deux dernières
productions, pour les fromages A et C seulement. Le fromage avait un temps d'entreposage
de 30 jours. L’ordre de présentation doit être équilibré de façon à ce que chacun des
produits soit présenté un nombre égal de fois. De plus, l’ordre de présentation des
échantillons est déterminé aléatoirement et cet ordre varie d’un juge à l’autre.
Les pizzas ont été préparées le matin même du test. Une pizza de chaque traitement a été
cuite à toutes les 20 minutes dans le four à pain (275 °C, 8 minutes). Immédiatement après
la cuisson, les pizzas ont été coupées en portions identiques. Quatre pizzas par traitement
étaient nécessaires pour 30 personnes. Les morceaux étaient de 5,5 cm par 5,5 cm. Chaque
pizza entière de 20 cm par 20 cm, ronde, était composée de 90 ml de sauce à pizza
(Originale Gustosso), 150 g de fromage mozzarella râpé, de 31 tranches de pepperoni de
marque Mikes, et d’une pâte à pizza croûte mince, Choix du Président. Chaque portion était
placée dans une boîte de Petri en verre préchauffé (incubateur, 60 °C) avec couvercle de
verre et conservé à 60 °C jusqu’au moment du service. La première ronde de cuisson
débutait 30 minutes avant l’arrivée du premier groupe de juge.
4.2.4. Analyses statistiques
Quatre productions fromagères ont été effectuées. Un plan factoriel a été utilisé pour les
teneurs en protéines et en matières grasses. Un dispositif en tiroir a été utilisé pour
l'évolution des populations de bactéries lactiques, le pH, le pouvoir tampon. La parcelle
principale était le facteur conditions salines et le facteur temps (jours d’entreposage) était
la sous-parcelle. Un dispositif en double-tiroirs a été utilisé pour déterminer les effets de
conditions salines (parcelle principale) en fonction des zones du fromage et du temps
(parcelles secondaires), sur la composition (humidité, cendres, minéraux), les propriétés
techno-fonctionelles, les sucres et acides et la protéolyse. La procédure GLM a été utilisée
pour l’analyse statistique à l’aide du logiciel SAS (P ≤ 0,05). Dans le cas des tests de
l'évaluation sensorielle, le logiciel de gestion de l’analyse sensorielle et des tests
consommateurs Biosystèmes Fizz (version 2.4A) a été utilisé pour la saisie des données et
91
l’analyse des résultats. Le test de Duncan (avec un risque α = 0,05) a été utilisé pour
l’analyse des résultats des analyses sensorielles.
92
4.3. Résultats et discussion
4.3.1. Composition
Les pourcentages de protéines totales et de matière grasse n’ont pas été influencés par les
différentes saumures utilisées. Les fromages contenaient, en moyenne, 26,74 ± 0,30 % de
protéines totales et 20,41 ± 0,24 % de matières grasses. Les figures 4.2, 4.3 et 4.4
présentent, respectivement la teneur en humidité, en cendres et en sels des quatre fromages
mozzarella.
42
44
46
48
50
1 5 9 13 28 1 5 9 13 28 1 5 9 13 28 1 5 9 13 28
A B C D
Conditions salines
Hu
mid
ité (
%)
Bord Centre
Figure 4.2 : Humidité dans les zones des fromages selon les conditions salines
durant l’entreposage.
Les analyses statistiques ont mis en évidence une interaction triple conditions x temps x
zone pour le taux d'humidité (P ≤ 0,05). Le centre des fromages était significativement plus
humide que le bord, jusqu'au jour 13 (inclusivement) pour tous les fromages, sauf le
fromage D. Au jour 28, la différence d'humidité selon les zones s'est estompée et l'humidité
était similaire dans le bord et le centre des fromages (P > 0,05). Il n'y avait pas de
différence d'humidité entre les zones du fromage D, sauf au jour 13. Au jour 13, le bord
était plus humide que le centre du fromage. Bien que non significatif, le fromage D tendait
à être plus humide que les autres fromages. La teneur en cendres (%) des fromages, tel que
93
montrée à la figure 4.3 (b) a été influencée par les conditions salines, le temps et les zones
des fromages. Une interaction (P ≤ 0,05), conditions x zones (Fig. 4.3 a) ainsi qu’une
interaction temps x zones (Fig. 4.3 b) ont été observées.
0
1
2
3
4
5
A B C D
Conditions salines
Cen
dre
s (
%)
bord centre
(a)
0
1
2
3
4
5
1 5 9 13 28
Jours
Cen
dre
s
(%)
(b)
Figure 4.3 : Teneur en cendres (%) dans les zones des fromages en fonction des
conditions salines (a) et selon les jours d’entreposage (b).
La concentration en cendres était plus élevée dans le bord des fromages qu'au centre. Par
contre, la teneur en cendres dans le bord était significativement différente d’une condition
saline à l’autre. En ordre décroissant : Cbord > B bord > A bord > D bord. Le centre du fromage C
contenait plus de cendres (P ≤ 0,05) que n’importe quel autre fromage. Le taux de cendres
au centre du fromage B était comparable à celui du centre A et plus élevé que le centre de
D. Les teneurs en cendres des centres A et D étaient similaires (P > 0,05). Tout comme
l'humidité, la différence de la teneur en cendres entre le bord et le centre des fromages
94
tendait à s’uniformiser durant l’entreposage. Toutefois, après 28 jours d’entreposage, le
taux de cendres était toujours significativement différent entre le bord et le centre. Cette
migration des cendres était similaire à celle du sel dans les fromages. La figure 4.4 présente
le taux de sel dans les 4 différents fromages (Fig. 4.4 a) et selon les zones des fromages en
fonction des jours d’entreposage (Fig.4.4 b). Une interaction temps x zones a été observée
pour la teneur en sel. Les conditions salines ont affecté le taux de sel dans les fromages,
sans interaction avec les autres facteurs.
0
0,5
1
1,5
2
2,5
A B C D
Conditions salines
Sel
(%
)
(a)
0
0,5
1
1,5
2
2,5
1 5 9 13 28
Jours
Sel
(%
)
Bord Centre
(b)
Figure 4.4 : Taux de sel dans les fromages selon les conditions salines (a) et dans les
zones des fromages durant l'entreposage (b).
95
Le fromage C avait significativement un plus haut taux de sel que le fromage D. À tous les
jours d’analyses, il y avait plus de sel (%) dans le bord des fromages qu’au centre. Dans le
centre des fromages, la teneur en sel augmentait significativement à tous jours d’analyses,
sauf qu’il n’y a pas eu d’augmentation significative entre le 5e et le 9
e jour. Dans le bord
des fromages, la teneur en sel a diminué durant l’entreposage. La diminution de sel entre
trois temps d’analyses successifs n’était pas significative. Il y avait significativement plus
de sel dans les bords au jour 1 qu’au jour 13 et 28, tout comme il y avait plus de sel au jour
5 qu’au jour 28.
Les différences de composition (humidité, sel, cendres) selon les zones ont aussi été
observées par plusieurs auteurs (Guinee et Fox, 2004; Kindstedt et al. 1999; Farkye et al.
1991). Durant l’entreposage, une pression osmotique permet un déplacement de l'eau à
travers la matrice fromagère, tandis que la diffusion des sels est soumise au différentiel de
concentration des éléments entre les zones d’un fromage. Ces phénomènes expliqueraient
les variations d’humidité, de sel et de cendres durant l’entreposage. La forte teneur en sel à
la surface des fromages après le temps de saumurage crée un différentiel de pression
osmotique qui cause une migration de l'eau du centre vers la surface des fromages (Guinee
et Fox, 2004). La présence d'un mélange NaCl:KCl n'aurait pas affecté cette migration de
sels dans le fromage, car le comportement des fromages (humidité, cendres, sels) B et C
était similaire au témoin A. Le K aurait la même capacité de migration à l'intérieur de la
matrice fromagère que le Na. Ainsi donc, tel que suggéré par Guinee (2004), Ayyash et
Shah (2011b,c,d) et Katsiari et al. (1997, 1998), la substitution de NaCl par du KCl
n’affecterait pas l’humidité, la teneur en cendres. Toutefois, la concentration de sels utilisés
en saumure aurait des effets sur la composition. Afin d'avoir une force ionique (FI)
identique à la FI apportée par le NaCl dans la saumure témoin A, avec une saumure avec du
K, il faut ajouter, quantitativement, plus de KCl. Cet ajustement entraîne une augmentation
en solides (p/p) dans la saumure, entraînant ainsi une augmentation du taux de cendres et
du pourcentage de sel dans les fromages, notamment dans le fromage C comparativement
au fromage A et au fromage D.
96
La teneur moyenne en Mg était de 33 mg/100 g de fromage. La teneur en Mg n’a pas été
influencée par le temps, les zones et les conditions salines. Le tableau 4.2 présente la teneur
en Ca et en P retrouvée dans les zones des fromages. La teneur en Ca était similaire dans
les fromages sans influence du temps, des zones et des conditions salines (P > 0,05). Une
interaction conditions x zones (P ≤ 0,05) pour la teneur en P (Tab.4.2) a été observée. La
teneur en P était plus importante dans le centre des fromages qu'au bord pour les fromages
C et D seulement.
Tableau 4.2: Teneur en Ca et en P dans le bord et le centre des 4 fromages mozzarella.
Bord Centre ESM
Ca (mg/100 g)
A 755,07 a
881,30 a
40,76
B 805,21 a
814,57 a
48,23
C 822,51 a
930,53 a
40,76
D 804,10 a
993,28 a
40,76
P (mg/100 g)
A 496,34 b,c
499,74 a,b,c
17,30
B 498,03 a,b,c
517,08 a,b,c
19,23
C 476,48 c
557,71 a,b
16,25
D 467,72 c
593,89 a
16,25 ESM : Erreur standard sur la moyenne.
a-c Les moyennes suivies de lettres différentes diffèrent (P ≤ 0,01) pour un même minéral.
Le tableau 4.3 et le tableau 4.4 présentent la teneur en Na retrouvée dans les zones des
quatre fromages durant l'entreposage. Deux interactions (temps x zones (Tab.4.3) et zones x
conditions (Tab.4.4)) ont été observées pour la teneur en Na, sans interaction triple. Pour
tous les fromages, il y avait significativement plus (P ≤ 0,05) de Na dans les bords des
fromages qu’aux centres des fromages. Durant l’entreposage, la teneur en Na dans les
zones des fromages tendait à s’équilibrer et à devenir similaire (Tab. 4.3), sans néanmoins
atteindre l’équilibre après 28 jours d’entreposage. La teneur en Na a augmenté dans les
centres des fromages durant l’entreposage. Il y avait significativement plus de Na dans les
centres au jour 5 comparativement au jour 1. Les centres, au jour 28, contenaient
significativement plus de sodium que tous les autres jours. Les fromages A et D
contenaient significativement plus de Na que les fromages B et C, tant pour le bord que
97
pour le centre des fromages. La réduction de 25% de la teneur en NaCl dans la saumure
(condition D) n'a pas permis de diminuer la teneur en Na dans le fromage comparativement
au fromage témoin A. Toutefois, la substitution de 25% de NaCl par du KCl (condition B)
a permis de diminuer significativement la teneur en Na dans le bord du fromage.
Tableau 4.3: Teneur en Na dans les zones des fromages durant l’entreposage.
Jours
Na
Bord Centre ESM
(mg/100g de fromage)
1 617,95 a
52,33 d
25,71
5 617,95 a
183,77 c
23,80
9 561,05 a
266,12 c
23,80
13 615,18 a
336,01 c
25,71
28 575,59 a
410,24 b
25,71 ESM : Erreur standard sur la moyenne.
a-d: Les moyennes suivies de lettres différentes (P ≤ 0,01).
Tableau 4.4: Teneur en Na dans les zones de quatre fromages mozzarella.
Conditions
Na
Bord Centre ESM
(mg/100g de fromage)
A 693,84a
290,01 d
21,29
B 560,37 b
208,79 e
25,19
C 456,01 b
208,58 e
21,29
D 679,96 a
291,39 d
21,29 ESM : Erreur standard sur la moyenne.
a-e : Les moyennes suivies de lettres différentes diffèrent (P ≤ 0,01).
L'augmentation de la teneur en sel dans la saumure vise à accroître proportionnellement la
teneur en sel dans le fromage (Arilait Recherches, 2004). Le fromage D avait une teneur en
Na similaire au témoin A (Tab. 4.4), malgré que la saumure était réduite en NaCl de 25 %.
Ce phénomène a aussi été observé pour les fromages mozzarella du chapitre 2. Lorsqu’un
fromage est plongé dans une solution concentrée ou saturée de chlorure de sodium, la
98
différence de concentration entre la phase aqueuse du fromage et la saumure provoque une
diffusion du sel dans la pâte et une migration inverse de la phase aqueuse vers la saumure.
Cette diffusion est lente et la prise de sel est en fonction du temps (Eck, 1987). La cinétique
d’absorption de sel par des fromages mis dans une saumure suivrait une courbe
logarithmique, de telle sorte que la vitesse de diffusion en sel est rapide au début du
saumurage pour ralentir avec le temps de saumurage et tendre à un équilibre entre le
fromage et la saumure au cours d’une période de saumurage prolongée. L'absorption de sel
entraîne une diminution de la porosité à la surface des fromages, ce qui cause un
ralentissement des échanges entre la saumure et la fromage. Lorsque le saumurage est
terminé, le sel se trouve concentré dans les couches superficielles du fromage, conférant à
cette région une Aw (activité de l’eau) pratiquement égale à celle de la saumure (Eck,
1987). Dans le cas du fromage D, la réduction de NaCl dans la saumure aurait réduit la
vitesse de diffusion du NaCl dans le fromage. Par contre, une diminution de la
concentration en sel dans la saumure peut retarder la baisse de la porosité à la surface des
fromages, permettant ainsi de former une barrière à la surface du fromage. Tel qu'observer
par Melilli et al. (2005), l'utilisation d'une saumure saturé à permis de diminuer la teneur en
sodium dans un fromage ragusamo comparativement à un même fromage plongé dans une
saumure à 18% NaCl (p/p). Ces auteurs ont observer une plus grande et plus rapide baisse
de la porosité à la surface du fromage dans la saumure saturé que celui dans la saumure à
18%. L’utilisation de saumure près du point de saturation provoque une rapide
déshydratation superficielle; une importante concentration de NaCl dans la saumure
permettrait de limiter l’absorption de sel (Arilait Recherches, 2004). En réduisant la
quantité de NaCl dans la saumure, cette déshydratation superficielle à la surface des
fromages aurait été moins rapide, voire moins importante que pour le témoin A. De plus, le
fromage D tendait à être plus humide que les autres fromages. Le retard de la
déshydratation superficielle des surfaces et ainsi de la diminution de la porosité à la surface
du fromage a permis une bonne diffusion du NaCl dans la matrice, sans diminuer
l’humidité dans les bords du fromage D. Dans certains cas, le retard de la formation de cette
couche est volontairement appliqué par des concentrations de saumurages de 15-18°B. Ces
conditions limitent la formation trop rapide de la croûte qui limite la prise de sel, ce qui fait
diminuer le coefficient de diffusion du sel (Mietton et al. 2004). Il serait possible de
99
diminuer la teneur en Na dans le fromage D en diminuant le temps de saumurage, donc en
variant le facteur t de l'équation de l'estimation de la teneur en sel dans un fromage :
2C*(A/V)*((D*t)/π)½
(Mietton et al. 2004) (voir annexe D pour les détails de l'équation.
La diminution de la teneur en Na dans le fromage salé dans une saumure mixte n’est pas
proportionnelle au taux de substitution du NaCl par du KCl. Les fromages B (saumure
75/25) et C (saumure 50/50) contenaient globalement 21,82 % et 32,45 % moins de Na par
portion de 100 g que le témoin A (moyenne des temps d'entreposage et des zones). Les
résultats du chapitre 2 avaient montré que le fromage saumuré dans une solution saline 75
% NaCl/25 KCl (FI) (identique à la condition B) n’avait pas obtenu une diminution de sa
teneur en Na. Les paramètres afffectant la prise de sel sont les paramètres du fromage, le
rapport surface/volume et la concentration en NaCl dans la saumure. Contrairement au
chapitre 2, les blocs de fromages produit au chapitre 4 n'étaient pas séparés en deux avant
d'être mis en saumure, ce qui fait diminuer le rapport surface/volume (A/V). Les détails de
l'équation, ainsi que le calcul du rapport surface/volume des fromages 2 et 4 sont présentés
à l'annexe D. De plus, la création d'une couche superficielle ou « croûte » permettrait de
diminuer le coefficient de D durant le saumurage. Ainsi, en diminuant le rapport
surface/volume (A/V) ainsi que le temps de saumurage, il a été permis de diminuer la prise
de sel des fromages du chapitre 4 comparativement aux fromages du chapitre 2.
Cette barrière permettrait de limiter les pertes de minéraux vers la saumure, notamment le P
et en Ca, tel que proposé par Ayyash et al. (2011). Toutefois, un retard de la création de
cette barrière superficielle à la surface des fromages pourrait faire augmenter les échanges
entre le fromage et la saumure. L'addition de CaCl2 dans la saumure a semblé permettre de
limiter l'échange de Ca entre la saumure et le fromage, car il n'y avait pas de différence en
Ca selon les zones des fromages. Par contre, une perte de P dans le bord des fromages C et
D a été observée. Les fromages C et D avaient une teneur moins élevée de P dans le bord
que le centre du fromage. Sans être significatif, les fromages C et D avaient aussi tendance
à avoir une teneur en P moins élevé que les fromages A et B. Pour le fromage D, le retard
de l'obtention de l'équilibre entre la surface du fromage et la saumure aurait pu permettre la
diffusion de P du fromage vers la saumure et donc diminuer la teneur en P dans le fromage.
100
Dans le cas du fromage C, la forte entrée en sels dans le fromage aurait pu permettre le
déplacement du P du fromage vers la saumure. La quantification de la teneur en Ca et en P
dans la saumure après le temps de saumurage, par spectrophotométrie ICP, a été tentée.
Toutefois, les teneurs en Ca et en P étaient très faibles et en dessous du seuil de détection
de l’appareil.
La figure 4.5 montre la teneur en K retrouvée dans les zones des quatre fromages durant
l'entreposage. Les résultats ont montré une interaction triple conditions x temps x zones
pour le K (P ≤ 0,05). Il y avait peu de K dans les fromages témoins A et D et nettement
plus de K dans les fromages B et C. Les teneurs en K dans les fromages A et D étaient
similaires (P > 0,05).
0
200
400
600
800
1000
1 5 9 13 28 1 5 9 13 28 1 5 9 13 28 1 5 9 13 28
A B C D
Jours - Conditions salines
K (
mg
/10
0 g
)
Bord Centre
Figure 4.5 : Teneur en K dans les zones des quatre fromages selon les jours d’entreposage.
Le fromage C a été le fromage ayant absorbé le plus de K lors du saumurage. Le bord du
fromage C était plus riche de K que son centre et que le bord du fromage B, pour tous les
jours d’entreposage. La teneur en K dans les bords des fromages B et C diminuait dans le
temps et augmentait au centre. Seul le fromage B a eu une teneur en K non
significativement différente entre le bord et le centre du fromage après les 28 jours
d’entreposage. En tenant compte de la quantité de K diffuser dans le fromage
101
comparativement à la teneur en Na, il semblerait que le K aie plus de facilité à diffuser dans
la masse de fromage que le Na. Les fromages salé uniquement avec du KCl au chapitre 2
avaient absorbé plus de K (mg/100g fromage) que pour le témoin salé uniquement avec du
NaCl. Ce constat est valable autant pour une substitution sur base massique ou sur une base
de force ionique. Ainsi, la teneur en sel et en cendre plus élevé pour le fromage C
proviendrait d'une meilleure capacité du KCl à diffuser dans la matrice que le NaCl. Cette
meilleure capacité de diffusion pourrait expliquer la teneur en sel plus élevée du fromage C.
Cette différence pourrait aussi être en lien avec la plus grande teneur en solides (p/p) dans
la saumure pour l’ajustement de la force ionique tel que mentionnée précédemment.
4.3.5. Évolution microbiologique et protéolytique dans les fromages
La figure 4.6 montre l'évolution des bactéries lactiques thermophiles (le lactobacille SR-X
et le streptocoque M8) au cours des jours d'entreposage des fromages. Les conditions
salines n'ont pas eu d'impact sur les populations des lactobacilles SR-X et des streptocoques
M8 (P > 0,05), contrairement à Ayyash et Shah (2011c) dont la population de bactéries
lactiques était affectée par la réduction du NaCl et de la présence de KCl dans du fromage
mozzarella.
6.5
7.0
7.5
8.0
8.5
9.0
0 5 10 15 20 25 30
Jours
log
UF
C/g
fro
mag
e
Lacto. SR-X Strep. M8
Figure 4.6: Population de bactéries lactiques dans les fromages durant l’entreposage.
102
La population de chacune des souches a diminué significative (P ≤ 0,05) au cours de
l’entreposage. La baisse de population s'est révélée significative après le 13e jour
d'entreposage. La perte de population dans le temps était plus importante pour le
lactobacille que pour le streptocoque, soit une perte d’un peu plus d'un log (UFC/g) pour le
lactobacille SR-X et environ 0,5 log pour le streptocoque M8. La nature des sels n’aurait
pas d'impact sur la croissance des micro-organismes prédominants provenant du ferment,
soit de L. delbrueckii ssp. bulgaricus SR-X et de S. thermophilus M8, dans les fromages
mozzarella. L’absence d’effet des sels sur les bactéries lactiques a aussi été observée dans
les caillés modèles (chapitre 3) et les fromages mozzarella du chapitre 2 (souches
différentes) ou encore par Reddy et Marth (1995a,b) dans du fromage cheddar (bactéries
lactiques mésophiles). Le KCl aurait la même capacité que le NaCl à exercer une pression
osmotique sur le milieu et à abaisser l'Aw (Guinee et Fox, 2004). Toute comme dans le
chapitre 3, la population de bactéries lactiques tendait à diminuer durant l’entreposage,
surtout pour la souche de lactobacilles SR-X. La réduction de population serait causée par
une diminution de la quantité et de la qualité des nutriments qui ont été consommé dans les
premiers temps de l'entreposage par les bactéries lactiques. Reddy et Marth (1995a) ont
aussi observé une diminution de la population de bactéries lactiques durant l’entreposage
de fromage cheddar.
L’évolution de la protéolyse des fromages mozzarella durant l’entreposage est présentée à
la figure 4.7. Les protéolyses primaire et secondaire ont été influencées par le temps
d’entreposage, mais les conditions salines n’ont pas affecté significativement la protéolyse
des fromages (P > 0,05). Les deux protéolyses (primaire et secondaire) ont augmenté (P ≤
0,05) au cours des 28 jours d’entreposage.
L’absence d’influence des conditions salines sur l’évolution de la protéolyse ont aussi été
observés par plusieurs auteurs (Reddy et Marth; 1993c; Katsiari et al. 2000a, 2001a; Sihufe
et al. 2006; Ayysh et Shad 2011b,e). Dans le fromage mozzarella, la protéolyse résulte de
l'action de la présure résiduelle, des protéases indigènes du lait et des enzymes du ferment
(Kindstedt et al. 1999). Ainsi, la chymosine ne serait pas affectée par la présence de KCl
dans les fromages B et C.
103
0
2
4
6
8
10
12
1 5 9 13 28
Jours
Pro
téo
lys
e (
%)
NSE NS-TCA
Figure 4.7 : Protéolyse primaire (NSE) et secondaire (NS-TCA) durant l’entreposage.
La figure 4.8 présente la protéolyse secondaire en fonction des zones des fromages. Les
résultats ont montré une teneur en NS-TCA (protéolyse secondaire) était légèrement plus
importante au centre des fromages qu'au bord. La différence de protéolyse selon les zones
serait liée à la faible teneur en sel et au plus haut taux d'humidité dans le centre des
fromages. Le taux de protéolyse augmente avec un accroissement de l'humidité dans le
fromage, mais ne semble pas être affecté par des différences de pH, du moins lorsque le pH
se situe entre 5,1-5,3 (Kindstedt et al. 1999).
2.2
2.4
2.6
2.8
3
BORD CENTRE
Zones
NS
-TC
A (
%)
Figure 4.8 : Protéolyse secondaire (NS-TCA) selon les zones des fromages.
104
4.3.2. Sucres et acides
La teneur moyenne en lactose et en acide citrique étaient respectivement de 0,045 % et de
0,159 %, sans être influencées par aucun facteur (conditions salines, temps et zones). La
teneur en glucose s'est révélée négligeable et souvent sous le seuil de détection de
l'appareil. La figure 4.9 présente le pourcentage de galactose et d’acide lactique dans les
fromages mozzarella au cours de l’entreposage. La figure 4.10 présente la teneur en acide
lactique dans les zones des quatre fromages.
0.6
0.7
0.8
0.9
1
1 5 9 13 28 1 5 9 13 28 1 5 9 13 28 1 5 9 13 28
A B C D
Ten
eu
r (%
)
Galactose Ac.Lactique
Figure 4.9: Teneur en galactose et en acide lactique dans les 4 fromages mozzarella
durant l’entreposage.
0.6
0.7
0.8
0.9
1
A B C D
Conditions salines
Ac.
Lacti
qu
e (
%)
Bord Centre
Figure 4.10 : Teneur en acide lactique dans les zones des fromages mozzarella.
105
Une interaction conditions x temps (P ≤ 0,05) a été observée pour la teneur en galactose. À
l’exception du fromage C, le temps n’avait pas d’influence sur la teneur en galactose dans
les fromages. Au jour 1, le fromage C contenait moins de galactose comparativement aux
autres jours. La teneur en acide lactique a été influencée par deux interactions doubles
temps x conditions (Fig. 4.9) et conditions x zone (Fig. 4.10). Durant l’entreposage, la
teneur en acide lactique du fromage B n’a pas varié. Pour les fromages A et D, il y a
significativement moins d’acide lactique au jour 1 qu’aux autres jours. Pour le fromage C,
la hausse d'acide lactique a été significative après le 13e jour d'entreposage. Ce fromage
avait significativement plus (P ≤ 0,05) d’acide lactique que les fromages A et B après 13
jours et après 28 jours pour le fromage D. Seul le fromage A avait significativement plus
d’acide lactique au centre qu’au bord (Fig. 4.10). La teneur en humidité plus élevée et la
teneur en sel moins élevée auraient permis aux bactéries lactiques de produire un peu plus
d’acide lactique dans le centre que dans les bords du fromage A.
Le lactose est principalement éliminé lors de l'égouttage du caillé lors de la production. Les
caillés contiennent un faible taux de lactose résiduel qui est rapidement métabolisé en
lactate au début de l'affinage (McSweeney, 2004). Ayyash et Shah (2010) ont observé que
des niveaux d'acide lactique et citrique similaires dans des fromages halloumi saumurés
dans des mélanges NaCl/KCl. Ces mêmes auteurs, dans une autre étude portant sur la
mozzarelle (Avyash et Shah, 2011c), ont observé que les fromages salés avec des mélanges
NaCl/KCl ont montré une plus forte teneur en acide lactique et citrique, sans variation de
ces acides organiques durant l’entreposage. Dans le cas présent, il y a eu seulement une
augmentation de 0,1 % de la teneur en acide lactique pour le fromage C.
4.3.3. Pouvoir tampon
L’impact du temps d’entreposage sur le pouvoir tampon des fromages mozzarella est
présenté à la figure 4.11. Une interaction temps x conditions a été notée pour le pouvoir
tampon des fromages.
106
0
0.002
0.004
0.006
0.008
0 5 10 15 20 25 30
Jours
Po
uvo
ir t
am
po
n
A B C D
Figure 4.11 : Pouvoir tampon des 4 fromages mozzarella durant les jours d’entreposage.
Pour la condition A, le pouvoir tampon au jour 1 était supérieur (P ≤ 0,05) aux autres
temps. De plus, le pouvoir tampon des fromages A était significativement plus élevé que
celui du fromage D, au jour 1. Le pouvoir tampon du fromage B était significativement plus
bas entre le jour 28 et les jours 1 et 9. Pour les fromages C et D, il n’y avait pas de
différence (P > 0,05) du pouvoir tampon au cours de l’entreposage. Le pouvoir tampon des
produits laitiers est relié directement à la richesse de leur composition. Outre les protéines,
différentes espèces ioniques comme le phosphate inorganique, le citrate et le lactate
contribuent à la valeur du pouvoir tampon. Un produit laitier a un pouvoir tampon d'autant
plus élevé qu'il est riche en ces espèces (protéines, différentes espèces ioniques), car ces
contributions sont proportionnelles à leur concentrations (Gaucheron, 2004). Bref, plus un
fromage est riche, plus son pouvoir tampon est susceptible d'être élevé. Le pouvoir tampon
des quatre fromages a été généralement constant et sans influence des conditions salines. Le
fromage témoin A possédait un pouvoir tampon plus élevé au jour 1 que les autres jours
d'entreposage et aussi que le fromage D pour le jour 1 seulement. Entre ces deux fromages,
il n'y a pas de différence significative au niveau de la composition. Le comportement du
fromage B a été plus variable (variation non constante dans le temps). Toutefois, la
composition du fromage B (notamment le P et le Ca total et soluble) n'a pas changé de
façon significative durant les jours d'entreposage et ne peut expliquer les variations du
pouvoir tampon durant l'entreposage.
107
La figure 4.12 présente l’évolution du pH des quatre fromages au cours des jours
d’entreposage. Le temps et les conditions salines ont eu un impact significatif sur le pH des
fromages, mais sans interaction significative entre ces deux facteurs. Le pH de tous les
fromages a augmenté significativement (P ≤ 0,05) au cours de l'entreposage. Pour un même
jour d'analyse, les fromages avaient un pH similaire (P > 0,05), sauf entre les fromages A et
C au 28e jour. Après 28 jours, le fromage A avait un pH significativement (P ≤ 0,05) plus
bas que le fromage C.
5.1
5.2
5.3
5.4
5.5
5.6
0 5 10 15 20 25 30
Jours
pH
A B C D
Figure 4.12: Évolution du pH des 4 fromages mozzarella au cours de l’entreposage.
Plusieurs auteurs ont remarqué que le remplacement partiel ou total du NaCl par du KCl
avait tendance à augmenter le pH initial des fromages et plus la quantité de KCl augmente,
plus le pH avait tendance à augmenter (Chapitres 2 et 3, Fitzgerald et Buckley, 1985;
Ayyash et al. 2011). En accord avec les résultats obtenus par ces auteurs, le pH des
fromages avec du KCl (fromages B et C) avait tendance à avoir un pH initial plus élevé que
le témoin A, sans nécessairement être significativement différent. La présence de KCl ne
semblerait pas influencer l’évolution du pH, puisque le pH de tous les fromages a augmenté
au cours de l'entreposage en accord avec les résultats de Guo et al. (1997) sur du fromage
mozzarella. Toutefois, l'augmentation du pH dans le temps n'a pas été au même rythme
108
pour les quatre fromages après 28 jours d'entreposage. Le pH plus bas du fromage A à jour
28, comparativement au fromage C, serait le fruit d’une accumulation de facteurs, qui,
individuellement ne sont pas significatifs. La combinaison d'un pH légèrement plus bas et
d’un pouvoir tampon un peu plus élevé à jour 1 aurait permis au fromage A d'obtenir une
hausse de son pH moins élevé que les autres fromages pour un même temps d’entreposage.
4.3.4. Capacité de rétention de la phase aqueuse
La figure 4.13 a présente la teneur en solides totaux dans les quatre différentes phases
aqueuse, tandis que la figure 4.13 b présente la teneur en solides totaux et en protéines dans
la PA. La quantité de phase aqueuse (PA) obtenue, le rendement et la quantité d’eau libre
dans les fromages n’ont pas été influencés par les conditions salines, ni par le temps. La
quantité moyenne de PA extrait était de 131,95 ± 19,38 ml/kg de fromage, le rendement
était de 14,46 ± 2,19 % et l’eau libre était de 457,62 ± 8,71 g/kg de fromage. La teneur en
solides totaux dans la phase aqueuse a été influencée par les conditions salines. Les teneurs
en solides totaux et en protéines ont été influencés par le temps, sans interaction entre les
facteurs.
La PA du fromage C contenaient significativement plus de solides totaux que la PA du
fromage D. Cette différence entre ces deux conditions salines pourraient être causé par la
plus forte teneur cendres du fromage C comparativement au fromage D. Cette différence de
teneur en cendres serait liée à la teneur en sels (NaClet KCl) plus élevé dans le fromage C
que le fromage D. Les teneurs en solides totaux et en protéines dans la PA ont augmenté
durant l’entreposage. L’augmentation des protéines dans la PA a fait augmenter les solides
totaux dans la PA. Les fractions azotées solubles augmenteraient dans la PA en raison de
l’augmentation de la protéolyse. La protéolyse entraîne une accumulation de peptides dans
le sérum de fromage mozzarella au cours de l’entreposage (Guo et al. 1997). Les résultats
ont montrés que les conditions salines n'avaient pas d'influence sur la protéolyse (primaire
et secondaire), ce qui a été confirmé par la teneur en protéines dans les PA des quatre
conditions salines. La présence de sels influence fortement la capacité d'hydratation des
protéines avec des variations selon le type d'anion ou de cation en fonction de la densité des
charges ou du champ électrique qu'ils génèrent (Hardy, 2004). L'ion K pourrait favorisé la
109
mobilité, la dissociation et l'effet de « salting-in » comparativement à l'ion Na. La présence
plus importante de protéines dans la PA du fromage C pourrait avoir été favorisé par la
présence plus marqué du K comparativement au Na, sans relation avec une protéolyse plus
importante pour ce fromage.
9
10
11
12
A B C D
Conditions
So
lid
es
to
tau
x (
%)
(a)
0
2
4
6
8
10
12
1 13Jours
Co
ncen
trati
on
(%
)
Solides totaux (%) Protéines (%)
(b)
Figure 4.13: Teneur en solides totaux dans la PA selon les conditions salines (a) et la
concentration en solides totaux en en protéines dans la PA au jour 1 et jour 13
d’entreposage.
110
Les résultats de l'expression de phase aqueuse (quantité obtenue) durant l’entreposage ne
concordent pas avec la tendance générale trouvée dans la littérature. La capacité de
rétention de la phase aqueuse augmente de façon significative durant les premières
semaines après la production des fromages, et l'eau libre est typiquement absorbée dans le
bloc de fromage dans les premiers jours (Guinee et al. 2002; Guo et al. 1997; Kindstedt et
al. 1999). L’absence de différence de capacité de rétention de l'eau pourrait être liée aux
conditions de saumurage utilisées (temps, concentration en sels dans les saumures et la
quantité en sel dans les fromages). Il est possible que les conditions de production utilisées
dans l’étude aient retardé une hydratation importante des fibres de caséines ou encore dans
le cas inverse que l'hydratation des protéines ait été élevée dès le premier jour d'analyse.
Aussi, l'étape de congélation et la forme dans lequel le fromage a été congelé pourrait aussi
avoir influencé l'expression de la phase aqueuse. La formation de cristaux de glace a pu
entraîner des changements et des bris dans la structure de la matrice. Contrairement à
Salvant-Brunand et al. (1995), le fromage était congelé après avoir été râpé et non en bloc
entier. L'étape de râpage aurait détruit l'arrangement des poches de sérum entre les fibres de
para-caséines, ce qui pourrait avoir un impact sur la quantité de phase aqueuse pouvant être
extraite.
Le tableau 4.5 présente la teneur en Ca, P, Na, K et Mg dans la phase aqueuse (soluble) et
total par kg de fromage durant l’entreposage. Les conditions salines ont influencé
significativement (P ≤ 0,05) les teneurs en Na, K et Mg dans la PA, mais pas les teneurs
Ca et en P. Le temps d’entreposage n’a pas eu d’effet significatif sur la composition
minérale de la PA. Il y avait significativement moins (P ≤ 0,05) de Na dans la PA du
fromage C que celle de A. Il y avait aussi moins de K dans les PA des fromages A et D que
dans les fromages B et C. Ces différences en Na et en K dans la PA correspondent au type
de sel utilisé lors du salage. Les teneurs en Ca et en P des PA n’ont pas été affectées par les
conditions salines, ni le temps d’entreposage. L’absence de différence de la teneur en Ca
dans du fromage mozzarella durant l’entreposage est différente des résultats obtenus par
Guo et al. (1997) et par Ayyash et Shah (2011c). Ayyash et Shah (2011c) ont montré que la
PA de fromages mozzarella salés avec des mélanges de NaCl/KCl s’enrichissait de Ca et de
P durant l’entreposage. Guo et al. (1997) ont remarqué que la teneur en Ca et en Mg
111
augmentait au cours de l'entreposage de fromage mozzarella, suggérant un déplacement des
ions Ca et Mg dans le sérum par une dissociation ou étant associés à des caséines solubles.
Bien que non significative, la teneur en Ca soluble dans les PA des fromages B et C
(fromage avec KCl) avait tendance à être plus faible que dans les PA des fromages salés
uniquement avec du NaCl. L’équilibre minéral du lait est fortement lié au pH. Un équilibre
entre le calcium et le phosphate s’établit selon le pH. Dans le lait, la diminution du pH
pousse les équilibres vers la formation du Ca(H2PO4) qui se dissocie facilement pour
former des ions et ainsi solubiliser le calcium (Amiot et al. 2002). Sans être
significativement différent, le pH des fromages A et D tendait à être plus bas que le pH des
fromages B et C. Cette différence de pH aurait favorisé la solubilisation du Ca dans la PA
des fromages A et D comparativement aux fromages B et C.
Tableau 4.5 : Teneur en Ca, P, Na, K et Mg soluble et totale dans les fromages.
Minéraux Fromage
mg/kg fromage A B C D
Ca Soluble
* 634,97 a 434,38 a 352,39 a 558,21 a
Total **
8181,81 a 8098,90 a 8765,21 a 8986,89 a
P Soluble
* 852,71 a 546,08 a 395,12 a 699,99 a
Total **
4980,38 a 5075,56 a 5170,93 a 5308,04 a
Na Soluble
* 852,71 a 546,08 a,b 395,12 b 699,99 a,b
Total **
4919,26 a 3845,80 b 3322,96 b 4856,71 a
K Soluble
* 144,50 b 437,42 a 641,28 a 104,54 b
Total **
863,22 c 2903,37 b 5789,18 c 1080,36 a
Mg Soluble
* 117,34 a,b 92,89 a,b 81,00 b 196,60 a
Total **
325,28 a 311,44 a 339,34 a 348,74 a
a-c : Les moyennes suivies de lettres différentes différent (P ≤ 0,01) dans une même rangée pour un même
minéral.
*ESM pour la teneur en minéraux solubles : Ca = 130,17 ; P= 3,59 ; Na = 109,92; K = 54,06; Mg = 23,08.
** ESM pour la teneur en minéraux totaux : Ca = 362,02 ; P= 196,88 ; Na = 155,14; K = 196,26; Mg = 16,24.
112
La PA du fromage D était plus riche en Mg que la PA de C. La présence de K semble
influencer à la baisse la teneur en Mg soluble. L’augmentation de l’hydratation des caséines
en présence de NaCl pourrait être attribuée à la liaison du Na+ avec les caséines causée par
le déplacement du calcium ou du calcium phosphate de la para-caséine par le Na+ (Guinee
et Fox, 2004). La répartition et l’estimation du magnésium dans le lait seraient similaires à
celles du calcium (Gaucheron, 2004). Ainsi, le comportement du Mg pourrait suivre le
celui du Ca. Le processus de déplacement du Ca lié à la caséine vers la PA provoqué par
l’hydratation des caséines pourrait aussi s’appliquer au Mg. Le processus de déplacement
du Mg lié à la caséine dans la PA semble être influencé par la présence de K. Bien que le
Na et le K aient des caractéristiques chimiques voisines, le K interagirait de façon similaire,
mais non identique, au Na dans le processus de déplacement du Mg (et du Ca) de la forme
liée à la caséine à la forme soluble retrouvée dans la PA.
4.3.6. Analyses de texture et des propriétés techno-fonctionnelles
4.3.6.1. Profil de texture
Les propriétés fonctionnelles et la texture des fromages mozzarella sont particulièrement
liées à la composition notamment la teneur en protéines, sel, humidité, matière grasse et le
pH, le pourcentage de Ca soluble et insoluble, le Ca total ainsi que le temps d'entreposage
(Gunasekaran et Ak, 2003; Kindstedt et al. 1999; Mietton et al. 2004; Hardy, 2004). Le
pourcentage de sel et d'humidité seraient les facteurs importants pour la texture des
fromages mozzarella. Les résultats ont montrés que les conditions salines utilisées n'ont pas
eu d'impact significatif sur le pourcentage de protéines et de matières grasses et de calcium
total dans les fromages.
La figure 4.14 présente la fermeté, l'élasticité, la cohésion des fromages frais et l'adhérence
est présentée à la figure 4.15. La fermeté des fromages (figure 4.14.a) a été influencée par
une interaction zones x temps (P ≤ 0,05), sans effet des conditions salines (P > 0,05). Les
bords des fromages étaient plus fermes que les centres, sauf au jour 1. Le maximum de
fermeté des fromages a été atteint au jour 5, dans les bords des fromages. Après le 5e jour
d’entreposage, il y a eu diminution de la fermeté. Les bords, au jour 1, n'avaient pas une
113
fermeté significativement différente des bords au jour 28, ni des centres au jour 1 et au jour
5.
0
0.1
0.2
0.3
0.4
1 5 9 13 28
Fe
rme
té (
MP
a)
Bord Centre
(a)
0.01
0.012
0.014
0.016
0.018
0.02
1 5 9 13 28
Éla
sti
cit
é
(b)
7
8
9
10
11
1 5 9 13 28
Jours
Co
hésio
n (
Pa*s
ec)
(c)
Figure 4.14 : La fermeté (a), l'élasticité (b) et l'intensité de la cohésion (c) des zones
des fromages.
114
Les activités protéolytiques auraient provoquées la diminution de la fermeté des fromages
durant l’entreposage. Un fromage frais a tendance à être ferme, à avoir une faible capacité
de fonte et un étirement limité. De plus, l'augmentation de la protéolyse entraîne une
diminution de la fermeté des fromages (Kindstedt, 2004a; Lucey et al. 2003).
L’augmentation de la teneur en calcium dans la phase soluble sur la teneur en calcium total
entraînerait une diminution de la fermeté et de la viscosité apparente immédiatement après
la fabrication (Kindstedt, 2004a). La diminution de fermeté a été surtout marquée dans les
bords des fromages. La migration des sels du bord vers le centre des fromages en
combinaison avec une augmentation de l'humidité dans le bord auraient influencées à la
baisse la fermeté des bords. Cette migration aurait aussi permis de limiter l’effet de la
protéolyse au centre, par l’augmentation des solides dans le centre des fromages.
Les résultats ont montré que la fermeté des fromages avait atteint un maximum à jour 5 et
non à jour 1. Le temps d’entreposage permet aux fibres de para-caséines d’absorber la
phase aqueuse et d’être bien hydraté. L’hydratation des caséines (évaluée par la capacité de
rétention de la phase aqueuse) augmente considérablement durant les premières semaines
après la production, car l'eau libre est habituellement absorbée rapidement par la matrice
protéique (Kindstedt et al. 1995). La capacité d'un fromage à retenir sa phase aqueuse libre
dépend aussi de la rigidité de la matrice protéine. Un fromage mozzarella qui a une matrice
de protéines plus compacte que le fromage cheddar devrait mieux retenir sa phase aqueuse
(Kindstedt, 1993a). Ainsi, quelques jours après la production, l’augmentation de
l’hydratation des protéines permettrait d'améliorer la cohésion des fibres de protéines et
ainsi influencerait à la hausse la fermeté entre le jour 1 et le jour 5. L'extraction de la phase
aqueuse des fromages au jour 5 aurait permis de confirmer cette hypothèse.
Une interaction temps x zones a été observée pour l'élasticité et la cohésion des fromages
(figure 4.14 b et c). À l'exception des bords au jour 1, l'élasticité des fromages était
similaire durant la durée de l'entreposage et dans les zones des fromages. De manière
générale, la cohésion était plus importante au centre des fromages qu'au bord. Dans le
temps, la cohésion était sensiblement la même à l'exception du jour 1. Le centre des
fromages avait une cohésion significativement plus élevée que le bord, sauf au jour 1 où il
115
n’y avait pas de différence entre les zones. L'élasticité d'un fromage est définie comme
étant la capacité d'un échantillon à retrouver sa hauteur initiale entre deux compressions
(Gunasekaran et Ak, 2003). Dong et al. (2009) ont montré que le caractère élastique de
fromages mozzarella n’avait pas varié significativement au cours d’un entreposage de 60
jours. À l’exception des bords à jour 1, l’élasticité des fromages mozzarella n’avait pas
varié durant l’entreposage. L’élasticité plus élevée des bords à jour 1 pourrait être une fois
de plus liée au caractère rigide d’un fromage mozzarella jeune et par les différences de
compositions (principalement humidité et minéraux).
La cohésion est un indice de la force des liaisons internes dans le corps d’un produit
(Gunasekaran et Ak, 2003). L'augmentation de la protéolyse diminue la cohésion dans les
fromages (Kindstedt, 2004a; Lucey et al. 2003). Dans le cas présent, la protéolyse n'a pas
semblé affecter la cohésion des fromages durant l'entreposage, car elle n’a pas varié
significativement dans le temps. Les résultats obtenus sont similaires à ceux de Dong et al.
(2009). Ces auteurs n’ont pas observé de variation de la cohésion dans des fromages
mozzarella entreposés 60 jours. La cohésion plus stable du centre des fromages au cours de
l'entreposage pourrait être liée à la meilleure homogénéité de la matrice. L’absence d’effet
des conditions salines sur l’élasticité et la cohésion des fromages montre que
l’incorporation de KCl dans les fromages mozzarella n’affecterait pas le caractère élastique
et la force des liaisons internes dans la matrice fromagère.
La figure 4.15 met en relation l’intensité de l’adhérence des 4 différents fromages
mozzarella en fonction du temps d’entreposage. Pour l’adhérence des fromages, une
interaction conditions x temps (P ≤ 0,05) a été observée. À l'exception du fromage D,
l’adhérence des fromages était similaire dans le temps. Le fromage D a présenté une
adhérence plus élevée que les autres fromages et a diminué significativement après le jour
1, pour être stable entre les jours 5 à 28 et comparable aux autres fromages.
116
-0.015
-0.012
-0.009
-0.006
-0.003
0
1 5 9 13 28Jours
Ad
hére
nce
A B C D
Figure 4.15 : Intensité de l’adhérence de 4 fromages mozzarella au cours de l’entreposage.
L’adhérence est définie comme étant le travail nécessaire pour vaincre les forces attractives
entre la surface de l’aliment et la surface d’autres matériaux avec lequel l’aliment est en
contact (Gunasekaran et Ak, 2003). L’adhérence était généralement similaire, car les
fromages avaient une humidité similaire, sauf pour le fromage D. Ce fromage tendait à
avoir une teneur en humidité plus élevée, particulièrement au bord. Cette humidité plus
élevée aurait causé une adhérence plus forte pour le jour1, car un fromage plus humide a
tendance à être moins ferme, plus adhérent, collant et caoutchouteux (Kindstedt, 2004a;
Guinee, 2004). Le temps d’entreposage aurait diminué le caractère collant du fromage D
par une meilleure hydratation des fibres de caséines.
4.3.6.2. Fermeté du fromage fondu
La figure 4.16 présente la fermeté des fromages fondus en fonction des jours d’entreposage.
La fermeté des fromages fondus a été influencée par une interaction temps x zones, sans
influence des conditions salines.
117
0
0.1
0.2
0.3
1 5 9 13 28
Jours
Fe
rme
té (
MP
a)
Bord Centre
Figure 4.16: La fermeté selon les zones des fromages fondus durant l’entreposage.
Tout comme pour le fromage frais, les zones ont eu un impact sur la fermeté des fromages
fondus. Les fromages fondus étaient moins fermes lorsque l'échantillon était prélevé au
centre plutôt qu'en bordure. Cette différence de fermeté entre les zones a diminué avec le
temps d'entreposage. Au jour 28 d'entreposage, il n'y avait plus de différence de fermeté
entre le bord et le centre des fromages. La fermeté des fromages fondus a atteint son
maximum de fermeté au jour 5 comme pour la fermeté du fromage frais. Au jour 5, les
bords des fromages étaient significativement plus fermes que les bords au jour 9. Les bords
des fromages, au jour 9, étaient plus fermes que les bords des fromages au jour 1 et au jour
13. La fermeté des centres de fromage était constante durant l’entreposage, sauf à jour 5
dont la fermeté était plus élevée qu'aux jours 13 et 28. Pour les mêmes raisons qu’évoquées
pour la fermeté du fromage frais, le centre des fromages étaient moins élevé que le bord des
fromages. L'application d’un traitement thermique de faible intensité sur le fromage a mis
en valeur la différence d’humidité et de sels dans les fromages, l’impact de la migration de
sels dans la matrice ainsi que la protéolyse durant l’entreposage.
118
4.3.6.3. Étalement à la fonte
La figure 4.17 présente l’étalement à la fonte des fromages, selon les zones des fromages,
au cours des 28 jours d’entreposage des fromages. L'étalement à la fonte a été influencé par
les conditions salines, le temps et les zones des fromages.
2
2.5
3
3.5
4
4.5
1 5 9 13 28
Jours
Éta
lem
en
t (
%)
A B C D
(a)
2
2.5
3
3.5
4
4.5
A B C D
Conditions salines
Éta
lem
en
t (
%)
Bord Centre
(b)
Figure 4.17: Étalement à la fonte des fromages durant l’entreposage (a) et selon les zones
des fromages (b).
Deux interactions ont été observées, soit conditions x temps (Fig. 4.17 a) et conditions x
zones (Fig. 4.17 b). À l’exception du fromage D, le temps d’entreposage n’a pas eu
d’influence sur l’étalement à la fonte des fromages (P > 0,05). Le fromage D s’étalait
significativement moins que les autres fromages jusqu’au jour 13 et il s’étalait plus que les
autres fromages au jour 28. Le fromage D était le seul fromage dont le bord s’étalait
119
significativement moins que son centre. Le bord du fromage D s’étalait moins que le bord
des trois autres fromages. L’étalement des centres des fromages A, B, et C était similaire
(P > 0,05). Le centre du fromage D s’étalait significativement moins que ceux des
fromages B et C, mais comparable à celui du fromage A. La composition et la protéolyse
influencent les capacités d'étalement à la fonte des fromages. Le remplacement de NaCl par
du KCl n’a pas affecté les capacités d’étalement à la fonte des fromages B et C
comparativement au fromage A, en accord avec les résultats obtenus par Ayyash et Shah
(2011c) avec du fromage mozzarella. Les résultats ont montré que, généralement,
l'étalement à la fonte n'a pas changé au cours de l'entreposage, contrairement à la tendance
générale que l'augmentation de la protéolyse améliore l'étalement à la fonte (Tunick et al.
1995; Kindstedt et al. 1995). Il n’y avait pas de différence d’étalement entre le jour 1 et le
jour 28, sauf pour le fromage D. Seul le fromage D avait un comportent différent dans le
temps des autres fromages. Le taux d'humidité plus élevé pour le fromage D aurait pu
suggérer une meilleure capacité de l'étalement à la fonte pour une teneur en sodium
comparable au témoin. L'augmentation du rapport humidité/matière sèche améliore les
capacités d'un fromage à s'étaler (Gunsekaran et Ak., 2003). Toutefois, ce fromage s'est
révélé avoir une moins bonne capacité à s’étaler au début de l’entreposage. Par contre, ce
même fromage avait une meilleure adhérence que les autres fromages au dernier temps
d’analyse. L'adhérence plus élevée du fromage D à jour 1 que les autres fromages pourrait
diminuer l'étalement du fromage D, comparativement aux trois autres fromages. Avec le
temps, la dégradation de la structure protéique par l'augmentation de l'activité protéolytique
et une réduction de l'adhérence permettraient au fromage D de mieux s'étaler. Il aurait été
intéressant de comparer l'étalement à la fonte sous d'autres conditions thermiques (temps et
température) afin de vérifier si le comportement était similaire dans d'autres conditions
thermiques.
L’étalement à la fonte a aussi été évalué qualitativement sur des pizzas (voir annexe C). Le
comportement des fromages sur une pizza étaient relativement similaire entre les quatre
fromages. Il n’y a pas eu de différences significatives de la capacité des fromages à s’étirer,
des zones de brunissement et de rétention de la matière grasse. Par contre, les pizzas
produites avec le fromage D (saumure à 15 % de NaCl) avaient tendances à moins bien
120
retenir la matière grasse dans la matrice fromagère. L’étalement à la fonte plus élevé pour
ce fromage après 28 jours d’entreposage aurait pu faire diminuer la capacité de rétention de
la matière grasse dans la matrice sous l’influence de la chaleur lors de la cuisson. De plus,
le fromage C avait tendance à avoir une moins bonne capacité à s’étirer que les autres
fromages. La longueur des fils obtenus par le test de la fourchette avait tendance à être plus
basse que les autres fromages.
4.3.7. Évaluations sensorielles
4.3.7.1. Test de comparaison à un témoin
Les résultats du test de comparaison à un témoin pour l’intensité de la différence du goût de
sel sont présentés au tableau 4.7. Aucune différence significative n’a été observée pour les
productions 2 et 3. L'intensité moyenne de la différence du goût salé a été définie entre très
légère et légère modérée. Des effets de juges ont été observés, mais sans causer
d'interaction juge x produit.
Tableau 4.6: Intensité de la différence du goût de sel
Production Analyse Traitement
Probabilité A B C D
1 P ≤ 0,0235 1,18 b
2,3 a
2,45 a
1,5 a,b
2 P ≤ 0,22 1,5 2,35 2,6 2,15
3 P ≤ 0,6 1,5 1,7 2,15 2,05
4 P ≤ 0,0007 1,15 b
1,65 b
2,05 b
3,1 a
0 = absence de différence et 6 = différence extrême
La différence entre modalités reliées par une même lettre n'est pas significative (P ≤ 0,05).
Les résultats de la production 1 ont révélé que les fromages B et C avaient une plus grande
différence au plan de l'intensité du goût de sel que le témoin. Pour la production 4, seul le
fromage D avait une différence d'intensité en sel significativement plus élevée que les
autres fromages. Sans être statistiquement significatif à toutes les productions, le fromage B
121
et surtout le fromage C avait tendance à présenter une intensité du goût de sel plus élevée
que le fromage A. Bien que les dégustateurs aient trouvé une différence au plan de
l'intensité du goût salé, le test utilisé ne permet pas de qualifier cette différence (positive ou
négative), de telle sorte que l'intensité peut être plus élevée ou moins élevée que le témoin.
Les commentaires laissés par les juges (voir annexe B) indiquent que, pour un même
fromage, certaines personnes ont trouvé que l'intensité du goût salé était plus élevée, tandis
que d’autres juges ont perçus une intensité moins élevé que le témoin. Pour tous les
fromages, en comparaison avec le témoin, une intensité du goût de sel moins élevée serait
contraire au pourcentage de sel (Fig. 4.4a). Les résultats ont montrés que les fromages B et
C avaient tendance à avoir un pourcentage de sel plus élevé que le fromage témoin A,
tandis que le fromage D avait un pourcentage de sel comparable au fromage témoin A. En
raison des résultats du pourcentage de sel, il aurait été possible d'anticiper que le fromage D
présente une intensité du goût de sel similaire au fromage témoin et que les fromages B et
C tendent à présenter une intensité du goût de sel plus élevée et non moins élevée tel que
rapportée par les juges (voir annexe B). La non répétitivité des résultats entre les
productions ainsi que la différence des commentaires des juges sur l'intensité du goût salé
pourrait avoir été causé par la présence d’un gradient du sel. Malgré la grande attention
apportée à la préparation et à la répartition des fromages, un gradient de sel était présent à
l’intérieur du fromage. Ce gradient de sel a pu influencer la qualité des résultats et être une
cause possible de la différence entre les résultats d’une production à l’autre, ainsi que les
résultats entre les traitements. Ce gradient de sel a été confirmé par les résultats du dosage
de minéraux par ICP qui ont montré que ce gradient de sel existe encore après 15 jours
d'entreposage. Il aurait probablement été préférable d’évaluer les fromages plus tard durant
l’entreposage pour diminuer l’effet du gradient de sel.
Les résultats de l’intensité de la différence du défaut de goût sont présentés au tableau 4.8.
Les analyses statistiques ont montré une différence significative entre les produits pour les
productions 1, 3 et 4 avec des probabilités statistiques différentes pour chacune des
productions fromagères. Des effets juges ont été observés sans toutefois avoir d’interaction
juge x produit.
122
Tableau 4.7: Intensité de la différence du défaut de goût
Production Analyse Traitement
Probabilité A B C D
1 P ≤ 0,0431 1,05 b
2,00 a
2,20 a
1,55 a,b
2 0,2 0,95 1,4 1,55 1,95
3 0,02 1,20 b
0,95 b
2,05 a
0,85 b
4 0,0009 0,75 b
1,45 a,b
2,05 a
1,85 a
0 = absence de différence et 6 = différence extrême
a,b : La différence entre modalités reliées par une même lettre n'est pas significative (P ≤ 0,05).
Pour les productions 1, 3 et 4, le fromage témoin a été trouvé différent du traitement C (50
% KCl). La différence du défaut de goût était plus marquée dans le fromage C que le
témoin. Les différences observées entre le témoin A et le fromage D n’étaient pas
constantes d’une production à l’autre. Bien que non statistiquement différents pour les 4
productions, les résultats tendaient à montrer que la présence de KCl accentuait l’intensité
du défaut de goût. Plus le défaut de goût était élevé, plus les juges ont remarqué que
l’échantillon de fromage présentait un profil gustatif différent du témoin et était
généralement moins agréable en bouche. Par exemple, certains juges ont remarqué des
notes métalliques, de l’amertume, parfois un goût acide, etc. (voir annexe B). Plus un
fromage contenait du KCl, plus l’intensité du défaut de goût semblait être augmentée. Le
fromage B et D avaient une intensité du défaut de goût comparable au témoin A dans 3 des
4 productions. Le fromage C avait une intensité du défaut de goût plus élevé que le fromage
A, sauf pour la production 2. L'utilisation de succédané peut induire des changements
profonds conduisant à la diminution de son acceptabilité (Hardy, 2004). Les fromages
contenant du KCl, particulièrement le fromage C (50/50 NaCl/KCl), ont obtenu plusieurs
commentaires de nature non favorable (voir annexe B). Plusieurs études ont porté sur
l'impact de la réduction du NaCl dans les fromages avec ou sans agent de remplacement tel
que le KCl, MgCl2 ou encore le CaCl2 (Katshiari et al. 1997; Reddy et Marth, 1993a;
Lindsay et al. 1982; Lefier et al. 1987; Zorrilla et Rubiolo, 1999). Ces études ont montré
123
qu'il serait possible de réduire la teneur en NaCl et obtenir un produit aux caractéristiques
acceptables, selon différents taux de substitutions pour chaque type de fromage. Dans le
présent cas, la diminution de la teneur en NaCl pourrait entraîner une intensification des
défauts de goût (exemple un goût métallique et/ou de l'amertume) dans le fromage
mozzarella, selon le taux de substitution du NaCl par du KCl.
4.3.7.2. Test de similarité
Le tableau 4.9 présente le nombre de bonnes réponses obtenues (identifier correctement
l'échantillon différent) par 60 juges dégustateurs pour le test de similarité entre le fromage
témoin et le fromage C sur une pizza.
Tableau 4.8 : Résultats du test de similarité.
Production Analyse statistique
Répondants Réponses exactes p
3 60 24 0,0262*
4 60 29 0,2585
* significatif à 5 %, ** significatif à 1 %, *** significatif à 0,1 %
La différence entre modalités reliées par une même lettre n'est pas significative.
Les résultats de la production 3 indiquent aucune différence entre les produits n’a pu être
remarquée alors que le résultats de la production 4 montrent qu’une différence (P ≤ 0,05)
entre les produits a été notée par les juges. Ainsi, uniquement pour la production 4, la pizza
avec le fromage témoin A était statistiquement différente de la pizza produite avec le
fromage C (50/50 NaCl/KCl). Donc, pour une production sur deux, les juges dégustateurs
n’ont pas été capables d’identifier, de façon significative, le morceau de pizza différente
des deux autres morceaux pizza qui leur étaient présentés. Le produit évalué dans ce test
était une pizza et non seulement le fromage. La perception des dégustateurs était un
ensemble de saveurs. La sauce et la viande étaient des distractions gustatives par rapport
aux fromages utilisés. Ces distractions auraient permis de masquer les notes métalliques et
amères qui avaient été perçues lors de l'évaluation du fromage seul (voir section 4.3.7.1).
Les résultats ont montré que l’utilisation de fromage contenant du KCl pourrait peut-être
124
être utilisé dans une préparation culinaire et être similaire au produit original. Un plus
grand nombre de répétitions aurait permis de confirmer significativement cette tendance.
Puisque le fromage C était le fromage avec le taux de substitution de NaCl par du KCl le
plus élevé, un taux de remplacement moins élevé (par exemple, le fromage B, 25 % de
substitution en saumure) pourrait sûrement être utilisé sur des pizzas sans diminuer la
qualité des pizzas. La littérature rapporte plusieurs études portant sur les effets de la
substitution du NaCl par du KCl sur les qualités sensorielles d’un fromage dégusté seul
(Lefier et al. 1987; Lindsay et al. 1982, Reddy et Marth, 1994). À ce jour, aucune étude ne
comprend l'évaluation sensorielle de fromage mozzarella réduit en Na consommé seul et
lorsqu’il est utilisé sur une pizza. Dans le présent cas, l'évaluation sensorielle des fromages
mozzarella sur des pizzas a permis d'identifier les limites au plan gustatif de l'utilisation de
KCl pour la substitution au NaCl. Il a été possible d’identifier les tendances sur le profil
gustatif de l’utilisation de KCl dans les fromages.
125
4.5. Conclusion
Il a été possible de produire du fromage mozzarella, salé en saumure, réduit en sodium,
sans affecter la composition générale et les propriétés techno-fonctionelles des fromages
par une substitution partielle du NaCl par du KCl dans les saumures. Il a été possible de
réduire de 21,8 % et de 32,4 % la teneur en sodium dans les mozzarelles B (75/25
NaCl/KCl) et C (50/50 NaCl/KCl), respectivement, par rapport au fromage témoin A
(saumure à 20 % NaCl). L’incorporation de KCl a fait légèrement augmenter le pH initial
des fromages B et C, la teneur en acide lactique et en galactose dans le fromage C, sans
toutefois affecter les activités microbiologiques et enzymatiques des fromages mozzarella
durant les 28 jours d’entreposage. La PA du fromage C avait moins de Mg que la PA du
témoin A. Toutefois, l’utilisation de KCl peut affecter les caractéristiques sensorielles des
fromages mozzarella (seuls). Généralement, la présence de KCl a entraîné des défauts de
goût dans le fromage. Plus la teneur en KCl était élevée, plus l’intensité des défauts de goût
était remarquée par les juges lors de la dégustation du fromage frais (fromage seul). Par
contre, il serait possible de masquer significativement la présence de KCl en utilisant ces
fromages comme un ingrédient dans la production d’aliments plus complexes, tel qu’une
pizza. La réduction de 25 % de NaCl dans la saumure (fromage D) n’a pas entraîné une
diminution en Na dans le fromage en comparaison au fromage témoin (fromage A). Le
fromage D a aussi présenté un profil de fonte et d’adhérence durant l’entreposage différent
des autres fromages. Comme il a été décrit par Guinee et Fox (2004) et Kindstedt et al.
(1999), la méthode de salage en saumure a entraîné un gradient de sels (solides totaux) dans
les fromages. Ce gradient tendait à s’atténuer durant les 28 jours d’entreposage. Ce gradient
de sels a provoqué des différences entre le bord et le centre des fromages, particulièrement
au plan de la fermeté des fromages frais et fondus, de l’humidité, des cendres et des
minéraux (Na, K et P). Une méthode de salage sur le grain, telle que proposée par Ayyash
et Shah (2011c), permettrait de produire du fromage mozzarella réduit en Na, sans présence
d’un gradient de sel. Le procédé de fabrication de fromage mozzarella hyposodique
pourrait être optimisé (différents mélanges de sels, taille des fromages, temps de
saumurages et d’entreposage) afin obtenir un fromage mozzarella réduit en Na, tout en
126
ayant des propriétés gustatives acceptables par les consommateurs, voire similaires à un
fromage mozzarella régulier.
Conclusion générale
Le but de ce projet était de déterminer la possibilité de produire du fromage mozzarella de
type pasta-filata, à faible teneur en humidité, ayant une teneur réduite en sodium sans
diminuer la qualité et l’acceptabilité du fromage. En regard avec la littérature portant sur la
réduction du NaCl dans les fromages et de l’utilisation de succédanés du sel, tel que le KCl,
il a été posé comme hypothèse que la substitution partielle du NaCl par du KCl, dans une
production de fromage mozzarella, permettrait de produire un fromage mozzarella réduit en
sodium avec les mêmes les propriétés techno-fonctionnelles et le goût du fromage.
Le chapitre 2 a permis de mettre en lumière les limites de la réduction du sodium dans le
fromage mozzarella salé en saumure. Les résultats ont montrés que la concentration en
solides totaux dans la saumure avait généralement un impact plus important sur la
composition des fromages que la nature des sels. En raison des liens étroits entre la
composition d’un fromage et ses propriétés fonctionnelles, les différences de compositions
(humidité, cendres) entre les fromages se sont reflétées sur les propriétés du fromage,
particulièrement sur sa fermeté. L’utilisation de MgCl2 a entraîné une augmentation de
l’humidité du fromage ce qui a profondément influencé sa composition et son profil de
texture. Les activités microbiologiques et enzymatiques n’étaient majoritairement pas
influencées par les conditions salines. Ainsi, les succédanés agiraient de façon similaire sur
l’environnent que le NaCl lors de l’entreposage des fromages. La substitution total du NaCl
par du KCl et le mélange de sels 50/50 NaCl/KCl (force ionique) ont permis de produire un
fromage mozzarella réduit en sodium ayant des caractéristiques biochimiques et
fonctionnelles comparables à un fromage mozzarella régulier. Le petit volume des
fromages et la longue période de saumurage ont entraîné la diffusion d’une grande quantité
de sels dans les différents fromages.
Dans le but de valider l’impact des différents sels sur des bactéries lactiques thermophiles,
des caillés modèles de type mozzarella ont été produits, inoculé avec des souches
différentes de celles utilisés au chapitre 2 et salés avec 12 conditions salines du chapitre 2.
Toutefois, le salage a été fait directement dans le caillé et non par saumurage. Pour une
période d’entreposage de 19 jours, les résultats ont montré l’absence de l’influence des
conditions salines sur la croissance des streptocoques M8 et que les lactobacilles SR-X
seraient potentiellement plus sensibles à la présence de KCl. L’utilisation de succédanée
modulerait le pH initial des caillés, car le MgCl2 abaisse de pH initial et le KCl tend à faire
augmenter le pH initial des caillés. Toutefois, ces variations de pH par rapport au témoin
NaCl n’auraient pas affecté les activités microbiologiques et enzymatiques durant
l’entreposage des caillés.
La dernière partie avait pour objectif d’évaluer l’impact de 4 conditions salines sur la
composition physico-chimiques, sur l’évolution microbienne et de la protéolyse, sur des
propriétés fonctionnelles du fromage mozzarella et d’évaluer l’impact des 4 conditions
salines sur les propriétés sensorielles du fromage mozzarella frais et utilisés dans un
aliment complexe (pizza) durant une période d’entreposage de 28 jours. Le salage par
saumurage a entraîné des gradients de sels dans les fromages et les sels ont diffusé à travers
la matrice pour tendre vers un équilibre après 28 jours d’entreposage. Il a été possible de
diminuer significativement la teneur en sodium dans les fromages en remplaçant
partiellement le NaCl par du KCl sans affecter les différentes propriétés fonctionnelles des
fromages. La simple diminution de la teneur en NaCl dans la saumure n’a pas fait diminuer
la teneur en sodium dans le fromage. Encore une fois, les activités microbiologiques et
enzymatiques n’ont pas été influencées par les conditions salines. L’incorporation de KCl
pourrait entraîner l’apparition de défauts de goût dans le fromage frais. Toutefois, lorsque
celui-ci est utilisé dans un aliment plus complexe tel qu’une pizza, il serait possible de
masquer ces défauts de goût.
129
Perceptives de recherche
Les résultats des chapitres 2 et 3 ont permis d’identifier certaines limites dans l’utilisation
de succédanés du NaCl ainsi que du salage du fromage par saumurage. La taille des
fromages et le temps de saumurage, ainsi que la teneur en solides totaux de la saumure sont
des facteurs importants influençant la quantité de sel qui va se retrouver dans le fromage à
la fin de l’étape de saumurage. De plus, la méthode de salage par saumurage a provoqué un
gradient de sel dans le fromage. Les résultats de composition et de propriétés fonctionnelles
auraient pu être différents si le salage s’était effectué sur le grain avec ou sans une brève
étape de saumurage. De plus, une absence de gradient de sel aurait peut-être permis de tirer
des conclusions différentes sur les caractéristiques gustatives du fromage, particulièrement
pour l’intensité du goût salé. Il serait très intéressant d’évaluer le potentiel de mélanges de
NaCl et de KCl lors de salage sur le grain. De plus, il serait intéressant de suivre la
diffusion des différents sels dans le fromage en fonction du temps (en saumure et sur le
grain).
Il a été possible de produire un fromage mozzarella ayant des caractéristiques physico-
chimiques et techno-fonctionnelles comparables à un fromage mozzarella salé avec du
NaCl. Toutefois, la présence de KCl aurait des effets sur les caractéristiques gustatives du
produit. Ces défauts pourraient être masqués lorsque le fromage est utilisé comme
ingrédients dans un aliment complexe. Dans le cas présent, des pizzas ont été réalisées avec
le fromage C dont la diminution de sodium et l’augmentation en potassium étaient les plus
importantes. Bien que de fermes conclusions concernant la similarité des fromages sur une
pizza n’ont pu être tirées, il serait intéressant de répéter l’expérience avec ce même
fromage, mais aussi avec d’autres fromages mozzarella réduits en sodium contenant moins
de KCl (que le fromage C).
130
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137
Annexe A
Le tableau A.3.1 présente le poids moléculaire des sels utilisés et des ions composants les
différents sels. Le tableau A.3.2 présente la proportion de chaque ion composant les trois
différents sels utilisés. La proportion de chaque élément (Na, K, Mg et Cl) a été calculée en
considérant que les substances sont pures.
Tableau A.1 : Poids moléculaire d’éléments et de sels
Élément Poids Moléculaire
g/mol
Sodium (Na) 22,98977
Magnésium (Mg) 24,305
Chlore (Cl) 35,453
Potassium (K) 39,0983
Calcium (Ca) 40,08
NaCl 58,443
KCl 74,551
MgCl2 95,211
Tableau A.2 : Pourcentage de chaque composante d’un sel
NaCl KCl MgCl2
% Cl 60,66 47,56 74,47
% Na 39,34 - -
% K - 52,44 -
% Mg - - 25,53
138
Exemples de calcul pour le pourcentage de sel :
Exemple 1 :
Condition saline A : 100 % NaCl
Teneur en Cl dosée : 195 mg/L
Facteur de dilution (FD) de l’échantillon : 55
% sel = [(Taux de Cl- (mg/L) x proportion de Na)/10] x FD x 1000
proportion du Cl- dans le sel
% sel = [(195 x 1)/10] x 55 x 1000 = 1,77 % de sel
0,607
Exemple 2 :
Condition saline E : mélange 75 % NaCl et 25 % KCl, sur base ionique
Teneur en Cl dosée : 195 mg/L
Facteur de dilution (FD) de l’échantillon : 55
% sel = [(Cl- x portion Na)/10] x FD x 1000 + [(Cl
- (mg/L) x (1-Na))/10] x FD x 1000
proportion du Cl- dans le sel proportion du Cl
- dans le sel
% sel = {[(195 x 0,75)/10] x 55 x 1000} + {[(195 x (1-0,75))/10] x 55 x 1000} = 1,89 %
0,607 0,4756
139
Annexe B : Commentaires des juges dégustateurs
Ci-dessous, les commentaires (bruts) donnés par les 20 juges dégustateurs lors de l’analyse
sensorielle des fromages mozzarella (frais) selon l’intensité de la différence du goût de sel
et du défaut de goût.
Produit 1 : Fromage A (témoin)
MOINS FERME, très granuleux, C'est bon !!!!!!!! Encore! plus ferme, moins amère
herbeux, moins sale, drôle de goût, 311 me semble moins salé (fade), Fade, moins salé que
le témoin, Granuleux et très salé, COMPLETEMENT DIFFERENT, 311 amertume,
amertume plus intense, moins cassant, 311 moins salé que T, texture plus sèche, 311 moins
salé, moins salé. J'aime, 311: odeur moins intense, texture plus molle, Semble moins salé,
Échantillon légèrement plus sale que ref, très salé, 025 plus dur que témoin.
Produit 2 : Fromage B (75 % NaCl, 25 % KCl)
SENT YOGOURT NATURE AVEC ACIDITE MOINS FERME, 247 plus caoutchouté,
plus amer, arrière gout, amertume, Texture moins ferme que témoin, 494 pas salé,
texture élastique, plus élastique, plus salé, plus salé, plus mou que T, léger gout amer,
moins salé que le témoin, granuleux, 494 moins amer mais plus acide, acidité, plus mou que
témoin, moins acide, amer, arrière-gout acide étranger, 494 plus farineux, moins salé,
difficile à identifier. Métallique?, 494: odeur lactée, texture de l'échantillon plus ferme que
la ref, 463 plus salé que t, différence texture, 463 est plus ferme, moins salé et plus ferme
que le témoin.
Produit 3 : Fromage C (50 % NaCl, 50 % KCl)
Goût pas salé, texture plus caoutchouteuse, 139 moins salé, Moins acide que témoin, 762
moins salé et texture granuleuse, Beaucoup moins salé, goûte l’étable, vraiment très salé:
désagréable, moins salé que T, amer, métallique KCl, plus salé que le témoin, moins
salé, 762 plus ferme et cassant, moins amer, DROLE DE GOÛT, métallique et amer, plus
mou et moins cassant, amer, 762 moins salé et moins ferme, goût d’étable en finale..., très
sale texture différente, amertume, métallique, granuleux, comme pas le même goût de sel
140
mais bon, le témoin est très salé, Semble plus salé, Échantillon moins salé, léger gout
d'ammoniaque, pas très bon au goût, amer
Produit 4 : Fromage D (saumure à 15 % de NaCl)
Gout plus doux en sel, 800 est amer, amertume arrière gout ???, texture + molle. Saveur
moins salée, 213 est plus salé et moins ferme, gout de fleuri, texture plus souple, fade au
goût, 213 Fade au flairage, légèrement plus salé, Goûte un peu plus salé, L'échantillon est
plus mou que le témoin, moins ferme, granuleux, 213 moins amertume, manque flaveur de
lait frais, FADE, T est plus amer et moins salé, texture plus sèche, granuleux, 213: texture
plus souple, Trop salé, Échantillon fade, Semble moins salé et plus fade, Échantillon moins
salé, plus caoutchouteuse, moins salé, plus caoutchouteux,
500 est peu goûteux, 500 semble un rien moins salé, peu salé
141
Annexe C : Test de comparaison des fromages sur une
pizza
Méthodologie : Paramètres de conception des pizzas :
Pâte : une pâte du commerce étirée manuellement pour former une pizza ronde de 12˝ (31
cm de diamètre)
Quantité de sauce à pizza : 75 ml de sauce (Gustosso original)
Quantité de peperonni : 31 tranches, disposées pour former 4 cercles de 11, 9, 7 et 4
tranches de peperonni (Mike’s)
Quantité de fromage : 125 g de fromage râpé le jour même de l’analyse.
Paramètre de cuisson :
Température du four : 275 °C
Temps de cuisson : 9 minutes
Temps de repos avant évaluation : 2 minutes
Pizza cuite sur une plate de cuisson pour pizza en aluminium (marque Sans Nom).
Les pizzas ont été cuites en paires pour un même fromage de telle sorte que les pizzas d’un
même fromage ont été cuites en même temps. L’ordre de cuisson était aléatoire.
Tableau C.1 : Identification des pizzas
Identification de la pizza Ingrédients
A 100 % NaCl – saumure à 20% (p/p)
A + p 100 % NaCl + peperonni
B 75% NaCl – 25% KCl
B + p 75% NaCl – 25% KCl + peperonni
C 50 % NaCl – 50 % KCl
C + p 50 % NaCl – 50 % KCl + peperonni
D 100 % NaCl – saumure à 15% (p/p)
D + p 100 % NaCl + peperonni
Identification : lettre du fromage (voir tableau 4.1), si viande, + p (peperonni).
142
Grille d’évaluation qualitative :
Qualité et quantité des filaments de fromages étirés :
1. < 3
2. 3 -5
3. > 5
Formation d’huile libre à la surface :
1. Aucune
2. peu
3. Beaucoup, présence de poche d’huile visible
Fonte :
1. non fondu/non fusionné
2. pas complètement fondu
3. bien fondu/bien fusionné (côte cible)
4. trop fondu/trop fusionné
5. trop fondu/trop fusionné/trop coulant
Tendreté :
1. Ferme
2. Mi-ferme
3. Tendre qui ne doit pas se désintégrer rapidement
4. Trop tendre
5. Beaucoup trop tendre
Saveur globale :
4) Neutre (cible)
5) Trop huileux
6) Trop salé
7) Pas assez salé
8) Présence de goût étrange léger
9) Présence de défaut de goût
Analyses statistiques
Les tests ont été effectués avec les fromages des productions 3 et 4. Un plan factoriel a été
utilisé pour le pourcentage de brunissement et d’huile libre ainsi que pour l’étirement. La
procédure GLM a été utilisée pour l’analyse statistique à l’aide du logiciel SAS (P≤0,05).
143
Résultats et discussion Les tableaux C.2. et C.3 présentent les grilles d’évaluation des fromages mozzarella sur des
pizzas après cuisson avec les fromages des productions 3 et 4.
Tableau C.2 : Grille d’évaluation des fromages mozzarella après cuisson (production 3).
Pizza
Zone de Brunissement Filaments
Étendue Diamètre Étirement Quantité/Qualité
(%) (cm) (cm) (Fils et/ou rubans)
A 20
0,6 x 1,0
20 Fils - 2 2,5 x 3,3
A+p 15
0,4 x 0,7
20-35 Ruban -2 1,0 x 2,5
B 15
0,5 x 0,5
15-18 Fils - 2 1,5 x 3,0
B+p 20
0,5 x 0,5
15-32 Fils - 2 2,0 x 3,0
C 40
0,5 x 1,0
25-35 Fils - 2 0,8 x 2,0
C+p 30
0,7 x 1,1
17-nov Fils - 2 2,0 x 2,5
D 20
1,0 x 1,0
15-24 Fils - 3 2,0 x 3,7
D+p 50
0,7 x 1,2
30-40 Fils - 3 2,0 x 4,0
Pizza Huile libre
% Fonte Tendreté Saveur globale
A 30 3 2 1
A+p 30 3 2½ 1
B 50 2½ 3 1
B+p 35 2 2 1
C 50 2½ 2 1- très léger goût métallique(5)
C+p 60 2½ 2 1-léger goût métallique (5)
D 60 2½ 3 1
D+p 20 2½ 3 1 - goût de viande bien
présent.
144
Tableau C.3 : Grille d’évaluation des fromages mozzarella après cuisson (production 4).
Pizza
Zone de Brunissement Filaments
Étendue Diamètre Étirement Quantité/Qualité
(%) (cm) (cm) (Fils et/ou rubans)
A 60 0,5 x 0,7
20-30 Rubans - 3 1,0 x 2,0
A+p 30 0,5 x 0,5
16-40 Rubans - 2 0,5 x 2,30
B 50 0,5 x 0,5
30 Rubans - 3 0,7 x 2,0
B+p 40 0,6 x 0,8
30-40 Rubans - 3 1,0 x 1,5
C 55 0,8 x 0,5
30-50 Fils - 3 1,5 x 2,0
C+p 45 0,5 x 0,5
15-20 Fils – 1 et 2 1,5 x 2,0
D 75 0,7 x 1,0
15-20 Fils - 2 1,0 x 1,5
D+p 50
0,5 x 0,5
15-20 Fils - 3 2,5 x 3,0
grandes zones
Pizza Huile libre
% Fonte Tendreté Saveur globale
A 40 3 3 1 tend vers 3
A+p 30 3 3 1 tend vers 3
B 60 3 2½ 1
B+p 40 2½ 2½ 1+peperonni
C 40 2¾ 3 1 + léger goût métallique
(5)
C+p 35 2¾ 2¾ 1 + léger goût métallique
(5)
D 60 2¾ 2½ 1
D+p 70 2¾ 2½ 1
Le tableau C.4 présente le pourcentage moyenne de brunissement de la surface des pizzas
et de l’étendue de l’huile à la surface (huile libre) ainsi que la hauteur moyenne de
145
l’étirement des fromages (test de la fourchette). Il n’y a pas eu de différence significative du
taux de brunissement, de l’huile libre et de l’étirement dur fromage (voir tableau C.5).
Tableau C.4 : Taux de brunissement, de l’huile libre et de l’étirement de fromages
mozzarella sur des pizzas
Conditions
Brunissement Huile libre Étirement
Moyenne ESM* Moyenne ESM Moyenne ESM
% % cm
A 40 9 35 11 23 5
A + p 22,5 9 30 11 28 5
B 32,5 9 55 11 23 5
B + p 30 9 37.5 11 29 5
C 47,5 9 45 11 35 5
C + p 37,5 9 47.5 11 16 5
D 47,5 9 60 11 19 5
D + p 50 9 45 11 26 5 *ESM : Erreur standard sur la moyenne
Tableau C.5 : Effets de différentes conditions salines sur le taux de brunissement, l’huile
libre et l’étirement des fromages mozzarella sur des pizzas.
Source df Carré moyen
Brunissement Huile libre Étirement
Modèle 8 462,54 189,84 70,32
Erreur 7 155,13 232,14 49,7
Valeur F - 2,98 0,82 1,41
Pr > F - 0,0839 0,6113 0,3303
Aucune différence significative (P > 0,05) n’a été observée entre les quatre fromages pour
l’étendue du brunissement et de l’huile libre ainsi que pour la hauteur moyenne de
l’étirement. Toutefois, en raison de la variabilité entre les répétitions et le petit nombre de
répétition, il est difficile d’établir de solides conclusions. Tout comme les tests de
l'évaluation sensorielle (voir chapitre 4), il y a beaucoup de variations entre les répétitions.
146
Ainsi pour la 3ième
répétition, les pizzas avec du fromage D avaient une faible zone de
brunissement, tandis qu'à la répétition 4, l'étendue de la zone de brunissement de ces pizzas
était élevée. Pour les autres pizzas, l'étendue des zones de brunissement était
qualitativement similaire. La couleur du brunissement globale n’a pas été évaluée de façon
quantitative. Seulement l’étendue des zones de brunissement a été évaluée. Les pizzas avec
de la viande présentaient généralement des zones de brunissement moins importantes que
les pizzas sans viande. De plus, les pizzas avec viande présentaient une qualité de fonte
légèrement moindre que son homologue sans viande. La présence du pepperoni ralentirait
le transfert de la chaleur du four vers le fromage à travers la pâte et la sauce à pizza. Un
temps de cuisson supérieur aurait pu permettre de pallier cette différence, mais le temps de
cuisson globale aurait été supérieur à la pizza sans fromage, ce qui aurait pu influencer les
résultats.
L’expulsion d’huile augmente avec l’augmentation du taux de matière grasse, une
augmentation de la protéolyse et/ou en fonction du temps d’entreposage et avec la
diminution de la quantité de chlorure de sodium incorporé dans le caillé (Kindstedt, 1993a).
Les fromages avaient une composition (matière grasse, humidité, sel) et une protéolyse
généralement similaire à l’exception de la teneur en sodium et en potassium. Toutefois, le
fromage D avait tendance à avoir une expulsion de l'huile à la surface supérieure aux autres
fromages. En raison des facteurs de composition similaire du fromage témoin A et le
fromage D, l’augmentation de l’expulsion de l’huile libre est difficile à expliquer. Seule la
capacité d’étalement plus élevé pour ce fromage aurait peut-être influencé la capacité de
rétention de la matière grasse. La structure de la matrice fromagère perdrait de la force et de
sa capacité émulsifiante lorsque le fromage s’étale sous l’effet de la chaleur. Le fromage
aurait alors plus de difficulté à retenir la matière grasse à l’intérieur de la matrice lors de la
cuisson de la pizza. Par un plus grand étalement, la force de rétention serait diminuée et
ainsi donc entraînerait la présence de plus d’huile libre à la surface de la pizza.
L'étirement du fromage à la fourchette tendait à être plus faible pour le fromage C (un peu
plus cassant). Le fromage C avait tendance à faire plusieurs fils minces de fromage tandis
que le fromage A ou B formait préférentiellement des rubans (filaments de fromage minces
147
et larges) en nombre moindre que C. La teneur en solides totaux plus élevée pour le
fromage C aurait diminué la capacité de ce fromage à faire de très longs fils de fromage
avant de se briser (15 cm pour C vs 40 cm pour B ou A). Il n’a pas été possible de valider
l’effet de l’augmentation de la protéolyse au cours de l’entreposage sur l’étirement du
fromage, car les tests ont été effectués seulement sur un seul jour d’analyse. Le test de la
fourchette possède ces limites. Les résultats peuvent différer selon les manipulateurs et la
qualité de répétitivité d'un même mouvement et d'une force utilisée d'un échantillon à
l'autre. Dans le but de minimiser les variations, une seule personne a été entraînée a
effectuée les tests.
Le goût du fromage était neutre, ni fade, ni trop salé. L'utilisation de KCl pour remplacer
complètement le NaCl donnerait des fromages trop mous et favoriserait l’apparition de
saveur indésirables et amères (Guinee et Fox, 2004; Lindsay et al. 1982 ; Fitzgerald et
Buckley, 1985). Dans notre cas, le plus haut taux de remplacement était de 50 %. Les
analyses sensorielles sur du fromage seul avaient montré qu’il y avait une différence du
défaut du goût en comparaison avec le témoin A. Lorsque le fromage était utilisé dans un
aliment complexe, ce défaut de goût s’atténuait. Seul le fromage C présentait un goût
légèrement métallique en raison de la présence de KCl, mais cette petite différence de goût
était masquée par la viande dans la pizza avec pepperoni. Ces observations ont aussi été
remarquées lors du test de similitude avec des pizzas pepperoni et fromage mettant en
comparaison le fromage A et le fromage C (voir chapitre 4, section 4.4.4).
Conclusion En général, les caractéristiques des pizzas étaient peu influencées par le type de fromage
utilisé. Le fromage C montrait une tendance à être plus cassant et à avoir un étirement un
peu moins élevé que les autres fromages. Le fromage D (saumure réduite à 15 %) tendait à
avoir une moins bonne capacité de rétention de la matière grasse que les autres fromages.
Le goût « métallique », provenant de la forte présence de KCl, était léger pour la pizza
(sans viande) produite avec le fromage C (50 % NaCl/50 % KCl). Ce goût « métallique » a
été masqué par la présence de viande (pepperoni). Toutefois, en raison de la grande
variabilité entre les répétitions, il aurait été préférable de réaliser plus d'échantillons
148
(pizzas) par fromage, avec et sans viande, pour une même répétition et effectuer les
évaluations sur plus de répétitions.
Ainsi, la substitution partielle du NaCl par du KCl n’influencerait pas significativement les
propriétés fonctionnelles du fromage mozzarella lorsque celui-ci est utilisé comme
ingrédient dans une préparation culinaire tel que la pizza. De plus, lorsque le fromage est
utilisé avec d’autres ingrédients, il serait possible de masquer le goût métallique apporté par
le KCl.
149
Annexe D
Équation de l'estimation de la prise de sel (NaCl) dans un fromage salé par
saumurage (Mietton et al. 2004) :
S = 2C * (A/V) * ((D*t)/π)½
S = Concentration en sel (%) dans le fromage par rapport la teneur en eau du fromage
(rapport sel/humidité).
C = Concentration en sel (%) dans la saumure.
A = Surface du fromage, en cm2.
V = Volume du fromage, en cm3.
t = durée du salage, en heures ou en jour.
D = coefficient de diffusion (caractéristique à un fromage).
Le coefficient D est la capacité du soluté à migrer dans le produit. Il dépend de a
composition de la pâte, principalement la teneur en humidité et en gras dans le fromage,
ainsi que la structure (homogène, hétérogène ou anisotrope). Le coefficient D dépend aussi
de la température (Hardy, 2004).
À l'exception de la durée du salage et le rapport surface volume, les conditions pour la prise
de sel étaient estimées similaires entre les fromages du chapitre 2 et ceux du chapitre 4.
Rapport surface/volume
Fromage du chapitre 2 :
Surface totale = longueur x largeur x nombre de surface
Surface totale = (12,25 x 10,5 x 4) + (10,5 x 10,5 x 2) = 735 cm2
150
Volume = longueur x largueur x hauteur
Volume = 12,25 x 10,5 x 10,5 = 1350,5625 cm3
A/V = 735/1350,5635 = 0,544
Fromage du chapitre 4 :
Surface totale = longueur x largeur x nombre de surface
Surface totale = (25,5 x 10,5 x 4) + (10,5 x 10,5 x 2) = 1291,5 cm2
Volume = longueur x largueur x hauteur
Volume = 25,5 x 10,5 x 10,5 = 2811,375 cm3
A/V = 1291,5/2811,375 = 0,459.
Ainsi donc, en raison de la diminution du rapport surface/volume, la prise de sel des
fromages du chapitre 4 devraient théoriquement être moins élevée que la prise de sel des
fromages du chapitre 2.