sporotrichose traitée par fluconazole : à propos d’un cas

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ADF 2013 S31 instauration du traitement médical proposé par l’OMS. Dans la pré- sente observation nous rapportons le premier cas en Côte d’Ivoire, plus gros foyer mondial de l’Ulcère de Buruli. Notre cas se singu- larise par la précocité de la survenue et la localisation céphalique multiple des lésions. Observation.— L’enfant A. S., quatre ans a été adressé au centre de dermatologie pour des lésions nodulaires bifocales, indolores, ulcé- rées. Le début de la maladie a été marqué par l’apparition d’emblée de deux nodules indolores à la face externe de la cuisse droite et sous la mandibule droite. À l’admission nous avons noté deux ulcérations avec un fond nécrotique, des bords peu décollés. Les écouvillonnages des bords ont retrouvé des BAAR. La PCR a confirmé qu’il s’agissait de Mycobacterium ulcérans. Le traitement a consisté en l’administration de la rifampicine et de la levofloxacine sur huit semaines. Mais au septième jour du traitement médical, nous avons noté une poussée faite de six nodules indolores sur le cuir chevelu. Ces nodules se sont ulcérés progressivement. Nous avons maintenu le même traitement médical. À j54 de traitement, toutes les lésions étaient cicatrisées. Discussion.— Cette observation tire son originalité dans deux faits : le caractère d’emblée bifocal et la poussée évolutive précoce des lésions du cuir chevelu après le début du traitement médical. Le début de l’ulcère de Buruli a toujours été unifocal. Dans notre observation, la maladie a débuté par deux nodules. Mycobacte- rium ulcérans agit par la mycolactone qu’il secrète. La localisation bifocale d’emblée peut s’expliquer par une diffusion rapide de la toxine chez notre jeune patient. Il doit s’agir en ce qui concerne ces nouvelles lésions soit d’une réaction en rapport avec une lyse massive de Mycobacterium ulcérans avec libération d’une quantité importante de toxine avec une atteinte céphalique préférentielle chez notre malade, soit d’une action délétère transitoire des médi- caments utilisés sur le système immunitaire, favorisant ainsi une plus grande et rapide diffusion de la toxine. Mais l’apparition de cette réaction n’a pas entraîné un changement dans le protocole thérapeutique. Conclusion.— Une singularité de notre observation clinique est son début bifocal et cette réaction paradoxale précoce avec multiples lésions du cuir chevelu après instauration du traitement médica- menteux. L’attitude thérapeutique ne doit être modifiée. http://dx.doi.org/10.1016/j.annder.2013.01.400 F24 Sporotrichose traitée par fluconazole : à propos d’un cas N. Zouaghi , A.S. Chehad , S. Baghou Service de dermatologie, CHU Benbadis, Constantine, Algérie Auteur correspondant. Introduction.— La sporotrichose est une affection fongique ubiqui- taire, rare dans notre pays ; due a un champignon dimorphique : sporotrix schenckii. Nous rapportons une observation d’un patient atteint de sporotri- chose et traité avec succès par fluconazole. Observation.— Un patient âgé de 61 ans, mac ¸on de profession aux antécédents de tuberculose cutanée traitée remontant à 19 ans auparavant, consultait pour un placard verruqueux du majeur droit ; débordant sur le dos de la main associé à de multiples lésions nodu- laires échelonnées le long du trajet lymphatique de l’avant bras ; avec une adénopathie épitrochléenne homolatérale. L’examen mycologique direct était négatif; la culture sur milieu de Sabouraud montrait la présence de sporotrix schenckii. L’étude histologique retrouvait un granulome inflammatoire non spécifique pouvant correspondre à une mycose profonde. La radiographie de la main était normale. Devant les données anamnestiques, cliniques et paracliniques le diagnostic de sporotrichose cutanéo-lymphatique était posé. Un traitement à base de fluconazole par voie veineuse à la dose de 200 mg/j était administré pendant trois mois et avait donné une nette amélioration. Discussion.— La sporotrichose est une affection fongique due à Sporotrix schenckii ; elle existe partout dans le monde mais reste endémique dans certaines région rurales des zones tropicales et sub- tropicales, elle reste rare dans les pays tempérés. Elle se présente sous trois formes cliniques : cutanée isolée, cutanéo-lymphatique et disséminée. La forme cutanéo-lymphatique se manifeste par un nodule ferme évoluant vers une ulcération granulomateuse ; des nodules se déve- loppent secondairement le long du trajet lymphatique ; comme dans le cas de notre observation. La maladie touche principalement certains milieux professionnels suite à un traumatisme [1], comme chez notre patient. Le traitement de choix est l’itraconazole, plus agréable et plus effi- cace mais plus onéreux que le traitement par une solution saturée d’iodure de potassium qui est le traitement classique de la sporo- trichose [2]. Vue la non disponibilité des traitements de première intention, nous avons opté pour le fluconazole qui a démontré son efficacité dans certains cas [3] ; et qui a permis une guérison chez notre patient. Conclusion.— Le fluconazole pourrait être proposé en première intention dans le traitement de la sporotrichose cutanéo- lymphatique en cas de contre indication des thérapeutiques de première intention ou de leur indisponibilité. Références [1] Piérard GE, Quatresooz P, Piérard-Franchimont C, Dermatologie et infections sexuellement transmissibles, 5 e édition. [2] Dupont B, Thérapeutique dermatologique. [3] Morand JJ, Maslin J, EMC maladies infectieuses, 8-604-A-10. http://dx.doi.org/10.1016/j.annder.2013.01.401 F25 Les manifestations dermatologiques de la maladie de Crohn : étude prospective à propos de 28 patients A. Aounallah a,, M. Ksiaa b , L. Boussofara a , R. Gammoudi a , N. Ghariani a , C. Belajouza a , M. Denguezli a , S. Ajmi b , R. Nouira a a Service de dermatologie de l’hôpital Farhat Hached de Sousse, Sousse, Tunisie b Service de gastroentérologie de l’hôpital Sahloul de Sousse, Sousse, Tunisie Auteur correspondant. Introduction.— Les manifestations extraintestinales surviennent chez un tiers des patients porteurs d’une maladie de Crohn. Les manifestations dermatologiques représentent le tiers de ces der- nières. À travers notre série, on se propose d’étudier le profil épidémiologique, de rechercher les principales manifestations der- matologiques pouvant se voir dans le cadre de la maladie de Crohn. Patients et méthode.— Il s’agit d’une étude prospective incluant tous les patients atteints de la maladie de Crohn ayant consulté au service de gastroentérologie de l’hôpital Sahloul de Sousse durant la période qui s’est étendue du mois d’avril 2012 jusqu’au mois de septembre 2012. Résultats.— Vingt-huit patients ont été recensés. Le sexe ratio homme/femme était de 1:15. L’âge moyen était de 39,5ans. Vingt- six sur vingt-huit des patients présentaient des dermatoses variées. Nous avions retrouvé des lésions dermatologiques spécifiques de la maladie de Crohn chez dix cas (35,7 %) à type de fistules, de fis- sures, d’abcès périanaux et d’aphtose buccale. Six patients avaient des dermatoses en rapport avec une carence nutritionnelle (chute de cheveux, xérose cutanée). Des lésions cutanées (acné, follicu- lite, toxidermie) secondaires aux traitements rec ¸us étaient notées chez 14 patients (50 %). Six de nos patients avaient des maladies dys-

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http://dx.doi.org/10.1016/j.annder.2013.01.400

F24Sporotrichose traitée par fluconazole :à propos d’un casN. Zouaghi ∗, A.S. Chehad , S. BaghouService de dermatologie, CHU Benbadis, Constantine, Algérie∗ Auteur correspondant.

Introduction.— La sporotrichose est une affection fongique ubiqui-taire, rare dans notre pays ; due a un champignon dimorphique :sporotrix schenckii.Nous rapportons une observation d’un patient atteint de sporotri-chose et traité avec succès par fluconazole.Observation.— Un patient âgé de 61 ans, macon de profession auxantécédents de tuberculose cutanée traitée remontant à 19 ansauparavant, consultait pour un placard verruqueux du majeur droit ;débordant sur le dos de la main associé à de multiples lésions nodu-laires échelonnées le long du trajet lymphatique de l’avant bras ;avec une adénopathie épitrochléenne homolatérale.L’examen mycologique direct était négatif ; la culture sur milieu deSabouraud montrait la présence de sporotrix schenckii.L’étude histologique retrouvait un granulome inflammatoire nonspécifique pouvant correspondre à une mycose profonde.

La radiographie de la main était normale.Devant les données anamnestiques, cliniques et paracliniques lediagnostic de sporotrichose cutanéo-lymphatique était posé.

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n traitement à base de fluconazole par voie veineuse à la dosee 200 mg/j était administré pendant trois mois et avait donné uneette amélioration.iscussion.— La sporotrichose est une affection fongique due àporotrix schenckii ; elle existe partout dans le monde mais restendémique dans certaines région rurales des zones tropicales et sub-ropicales, elle reste rare dans les pays tempérés. Elle se présenteous trois formes cliniques : cutanée isolée, cutanéo-lymphatiquet disséminée.a forme cutanéo-lymphatique se manifeste par un nodule fermevoluant vers une ulcération granulomateuse ; des nodules se déve-oppent secondairement le long du trajet lymphatique ; comme danse cas de notre observation.a maladie touche principalement certains milieux professionnelsuite à un traumatisme [1], comme chez notre patient.e traitement de choix est l’itraconazole, plus agréable et plus effi-ace mais plus onéreux que le traitement par une solution saturée’iodure de potassium qui est le traitement classique de la sporo-richose [2]. Vue la non disponibilité des traitements de premièrentention, nous avons opté pour le fluconazole qui a démontré sonfficacité dans certains cas [3] ; et qui a permis une guérison chezotre patient.onclusion.— Le fluconazole pourrait être proposé en première

ntention dans le traitement de la sporotrichose cutanéo-ymphatique en cas de contre indication des thérapeutiques deremière intention ou de leur indisponibilité.éférences

1] Piérard GE, Quatresooz P, Piérard-Franchimont C, Dermatologieet infections sexuellement transmissibles, 5e édition.

2] Dupont B, Thérapeutique dermatologique.3] Morand JJ, Maslin J, EMC maladies infectieuses, 8-604-A-10.

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25es manifestations dermatologiques de la maladiee Crohn : étude prospective à propos de8 patients. Aounallah a,∗, M. Ksiaa b, L. Boussofara a, R. Gammoudi a,. Ghariani a, C. Belajouza a, M. Denguezli a, S. Ajmi b, R. Nouira a

Service de dermatologie de l’hôpital Farhat Hached de Sousse,ousse, TunisieService de gastroentérologie de l’hôpital Sahloul de Sousse,ousse, TunisieAuteur correspondant.

ntroduction.— Les manifestations extraintestinales surviennenthez un tiers des patients porteurs d’une maladie de Crohn. Lesanifestations dermatologiques représentent le tiers de ces der-

ières. À travers notre série, on se propose d’étudier le profilpidémiologique, de rechercher les principales manifestations der-atologiques pouvant se voir dans le cadre de la maladie de Crohn.

atients et méthode.— Il s’agit d’une étude prospective incluantous les patients atteints de la maladie de Crohn ayant consulté auervice de gastroentérologie de l’hôpital Sahloul de Sousse duranta période qui s’est étendue du mois d’avril 2012 jusqu’au mois deeptembre 2012.ésultats.— Vingt-huit patients ont été recensés. Le sexe ratioomme/femme était de 1:15. L’âge moyen était de 39,5 ans. Vingt-ix sur vingt-huit des patients présentaient des dermatoses variées.ous avions retrouvé des lésions dermatologiques spécifiques de laaladie de Crohn chez dix cas (35,7 %) à type de fistules, de fis-

ures, d’abcès périanaux et d’aphtose buccale. Six patients avaient

es dermatoses en rapport avec une carence nutritionnelle (chutee cheveux, xérose cutanée). Des lésions cutanées (acné, follicu-ite, toxidermie) secondaires aux traitements recus étaient notéeshez 14 patients (50 %). Six de nos patients avaient des maladies dys-