septicémie à neisseria mucosa révélée par une urticaire fébrile

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S452 JDP 2014 P300 Dermohypodermite aiguë abdominale révélant une perforation grêlique A. Le Moing 1,, E. Pape 1 , V. Florin 1 , E. Delaporte 1,2 , D. Staumont 1,2 1 Dermatologie, hôpital Claude-Huriez, Lille, France 2 Université Lille 2, Lille, France Auteur correspondant. Introduction La dermohypodermite (DHD) aiguë est une patho- logie fréquente, localisée dans 85% des cas au membre inférieur. Nous présentons le cas d’une DHD de localisation inhabituelle. Observations Une femme de 79 ans ayant un antécédent d’éventration nécessitant la pose d’une plaque en 1984, était admise aux urgences pour une douleur hypogastrique dans un contexte d’altération de l’état général. Elle prenait un AINS depuis 1 mois pour une poussée d’arthrose. La température était à 38 C, sans signe de choc. Elle présentait un pla- card hypogastrique inflammatoire, douloureux et une souffrance épidermique. La palpation déclenchait une douleur hypogas- trique. Les leucocytes étaient à 9500/mm 3 , la CRP à 169 mg/L. L’échographie abdominale mettait en évidence une infiltration des tissus sous-cutanés. Un traitement par oxacilline était débuté et la malade était adressée en Dermatologie pour la prise en charge d’une DHD. Devant la localisation atypique et l’absence de porte d’entrée cutanée, un foyer infectieux profond était suspecté. Un scan- ner abdomino-pelvien demandé en urgence révélait une collection aérique pariétale communiquant avec une collection hydro-aérique intra-abdominale sur 15 × 4 cm au contact de la plaque, une infiltration des tissus adjacents et une double perforation du grêle. Le diagnostic de DHD hypogastrique révélant une péritonite par per- foration du grêle compliquant une infection de plaque était retenu. L’antibiothérapie était relayée par pipéracilline/tazobactam et l’intervention en urgence consistait en la mise à plat d’un abcès pariétal et intra-abdominal communiquant et la résec- tion de deux segments de grêle. L’examen histologique de la pièce opératoire éliminait un processus néoplasique sous-jacent. L’examen bactériologique de la plaque et d’un abcès mettait en évidence une flore polymorphe. L’évolution était rapidement favorable. Discussion Dans la littérature sont décrits 2 cas de DHD révélant des abcès secondaires respectivement à la perforation d’un cancer colique et à une perforation de vessie post-opératoire. Plusieurs cas de fasciite nécrosante ont été rapportés, secondaires à une appendicite (n = 11), un cancer du cæcum (n = 3), une tumeur du sigmoïde (n = 1), une diverticulite colique (n = 3), un cancer du rec- tum (n = 2) perforés. Dans ces cas le tableau dermatologique était au premier plan, associé à des signes digestifs frustres. Dans la majo- rité des cas l’évolution était fatale en raison du retard de prise en charge. Dans notre observation, les signes dermatologiques étaient aussi au premier plan mais la recherche précoce d’un foyer infectieux profond a permis une prise en charge médico-chirugicale rapide et une évolution favorable. Conclusion Nous rapportons une observation originale d’une sur- infection de plaque d’éventration compliquée d’une perforation du grêle révélée par un tableau de DHD aiguë abdominale. Dans ce contexte, la réalisation précoce d’un scanner abdomino-pelvien a un intérêt majeur. Mots clés Complication tardive de la chirurgie ; Dermohypodermite ; Perforation du grêle ; Péritonite Déclaration d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts en relation avec cet article. http://dx.doi.org/10.1016/j.annder.2014.09.500 P301 Septicémie à Neisseria mucosa révélée par une urticaire fébrile C. Lesort , J.-L. Estival Dermatologie, hôpital Desgenettes, Lyon, France Auteur correspondant. Introduction Les urticaires fébriles sont le plus souvent liées à des infections virales bénignes mais peuvent également révéler des infections bactériennes comme le montre cette observa- tion. Observations Un patient de 44 ans, aux antécédents de dia- bète de découverte récente et de tabagisme actif, consultait pour une éruption prurigineuse dans un contexte fébrile. L’éruption avait débuté une semaine plus tôt, précédée d’une fièvre à 40 C, traitée par son médecin par prednisone 80 mg/jour et antihista- miniques. Il se présentait alors aux urgences pour persistance des symptômes. L’examen général était normal, sans défaillance hémo- dynamique ni point d’appel infectieux, notamment pas de syndrome méningé. On notait un mauvais état bucco-dentaire. Sur le plan cutané, il existait des lésions généralisées d’urticaire (maculo- papules fugaces, migratrices, prurigineuses) sans angioœdème. Le bilan biologique trouvait un important syndrome inflammatoire (neutrophiles 13 G/L, CRP 300). Le patient était alors hospitalisé pour surveillance et prise en charge (arrêt des corticoïdes, antihis- taminiques et paracétamol). Un bilan étiologique infectieux était réalisé : radiographie pulmonaire et ECBU sans anomalie, sérologies virales (VIH, VHB, VHC, CMV, EBV et Parvovirus B 19) négatives ou en faveur d’un contact ancien, parasitologie des selles et copro- culture sans germe. Les hémocultures étaient positives, isolant un diplocoque Gram négatif sur 4 flacons périphériques, identi- fié comme Neisseria mucosa. Un traitement par ceftriaxone était immédiatement débuté. L’évolution était dès lors spectaculaire, avec apyrexie en 24 heures, régression du syndrome inflammatoire biologique et disparition des lésions urticariennes. Le tableau était donc celui d’une urticaire généralisée contemporaine d’une septi- cémie à N. mucosa avec porte d’entrée buccale suspectée (mauvais état bucco-dentaire et kystes apicaux sur l’orthopantomogramme). Notre patient ne présentait aucun signe clinique ou anamnestique en faveur d’un déficit immunitaire. L’échographie cardiaque ne trouvait pas d’endocardite. Le traitement était maintenu 14 jours puis le patient adressé en consultation dentaire pour prise en charge spécifique. Discussion N. mucosa est un saprophyte de la plaque dentaire au même titre que N. sicca ou N. lactamica. C’est un germe peu connu, responsable d’infections sévères à type de septicémies, méningites et endocardites, survenant principalement sur des ter- rains fragilisés (immunodéprimés, valvulopathie...). Notre patient n’était pas immunodéprimé mais la responsabilité de la corticothé- rapie orale à fortes doses peut être un élément d’explication dans la diffusion systémique de cette bactérie d’origine dentaire. Conclusion Il s’agit à notre connaissance du premier cas de septicémie à N. mucosa révélée par une urticaire fébrile. Il est inté- ressant de noter la disparition du tableau cutané dès le démarrage de l’antibiothérapie. Mots clés Neisseria mucosa ; Plaque dentaire ; Septicémie ; Urticaire Déclaration d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts en relation avec cet article. Iconographie disponible sur CD et Internet. http://dx.doi.org/10.1016/j.annder.2014.09.501

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S452 JDP 2014

P300Dermohypodermite aiguë abdominalerévélant une perforation grêliqueA. Le Moing 1,∗, E. Pape 1, V. Florin 1, E. Delaporte 1,2,D. Staumont 1,2

1 Dermatologie, hôpital Claude-Huriez, Lille, France2 Université Lille 2, Lille, France∗ Auteur correspondant.

Introduction La dermohypodermite (DHD) aiguë est une patho-logie fréquente, localisée dans 85 % des cas au membre inférieur.Nous présentons le cas d’une DHD de localisation inhabituelle.Observations Une femme de 79 ans ayant un antécédentd’éventration nécessitant la pose d’une plaque en 1984, étaitadmise aux urgences pour une douleur hypogastrique dans uncontexte d’altération de l’état général. Elle prenait un AINSdepuis 1 mois pour une poussée d’arthrose. La températureétait à 38 ◦C, sans signe de choc. Elle présentait un pla-card hypogastrique inflammatoire, douloureux et une souffranceépidermique. La palpation déclenchait une douleur hypogas-trique. Les leucocytes étaient à 9500/mm3, la CRP à 169 mg/L.L’échographie abdominale mettait en évidence une infiltration destissus sous-cutanés. Un traitement par oxacilline était débuté etla malade était adressée en Dermatologie pour la prise en charged’une DHD.Devant la localisation atypique et l’absence de porte d’entréecutanée, un foyer infectieux profond était suspecté. Un scan-ner abdomino-pelvien demandé en urgence révélait une collectionaérique pariétale communiquant avec une collection hydro-aériqueintra-abdominale sur 15 × 4 cm au contact de la plaque, uneinfiltration des tissus adjacents et une double perforation dugrêle.Le diagnostic de DHD hypogastrique révélant une péritonite par per-foration du grêle compliquant une infection de plaque était retenu.L’antibiothérapie était relayée par pipéracilline/tazobactam etl’intervention en urgence consistait en la mise à plat d’unabcès pariétal et intra-abdominal communiquant et la résec-tion de deux segments de grêle. L’examen histologique de lapièce opératoire éliminait un processus néoplasique sous-jacent.L’examen bactériologique de la plaque et d’un abcès mettaiten évidence une flore polymorphe. L’évolution était rapidementfavorable.Discussion Dans la littérature sont décrits 2 cas de DHD révélantdes abcès secondaires respectivement à la perforation d’un cancercolique et à une perforation de vessie post-opératoire. Plusieurscas de fasciite nécrosante ont été rapportés, secondaires à uneappendicite (n = 11), un cancer du cæcum (n = 3), une tumeur dusigmoïde (n = 1), une diverticulite colique (n = 3), un cancer du rec-tum (n = 2) perforés. Dans ces cas le tableau dermatologique était aupremier plan, associé à des signes digestifs frustres. Dans la majo-rité des cas l’évolution était fatale en raison du retard de prise encharge.Dans notre observation, les signes dermatologiques étaient aussiau premier plan mais la recherche précoce d’un foyer infectieuxprofond a permis une prise en charge médico-chirugicale rapide etune évolution favorable.Conclusion Nous rapportons une observation originale d’une sur-infection de plaque d’éventration compliquée d’une perforation dugrêle révélée par un tableau de DHD aiguë abdominale. Dans cecontexte, la réalisation précoce d’un scanner abdomino-pelvien aun intérêt majeur.Mots clés Complication tardive de la chirurgie ;Dermohypodermite ; Perforation du grêle ; PéritoniteDéclaration d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir deconflits d’intérêts en relation avec cet article.

http://dx.doi.org/10.1016/j.annder.2014.09.500

P301Septicémie à Neisseria mucosarévélée par une urticaire fébrile�

C. Lesort ∗, J.-L. EstivalDermatologie, hôpital Desgenettes, Lyon, France∗ Auteur correspondant.

Introduction Les urticaires fébriles sont le plus souvent liées àdes infections virales bénignes mais peuvent également révélerdes infections bactériennes comme le montre cette observa-tion.Observations Un patient de 44 ans, aux antécédents de dia-bète de découverte récente et de tabagisme actif, consultait pourune éruption prurigineuse dans un contexte fébrile. L’éruptionavait débuté une semaine plus tôt, précédée d’une fièvre à 40 ◦C,traitée par son médecin par prednisone 80 mg/jour et antihista-miniques. Il se présentait alors aux urgences pour persistance dessymptômes. L’examen général était normal, sans défaillance hémo-dynamique ni point d’appel infectieux, notamment pas de syndromeméningé. On notait un mauvais état bucco-dentaire. Sur le plancutané, il existait des lésions généralisées d’urticaire (maculo-papules fugaces, migratrices, prurigineuses) sans angioœdème. Lebilan biologique trouvait un important syndrome inflammatoire(neutrophiles 13 G/L, CRP 300). Le patient était alors hospitalisépour surveillance et prise en charge (arrêt des corticoïdes, antihis-taminiques et paracétamol). Un bilan étiologique infectieux étaitréalisé : radiographie pulmonaire et ECBU sans anomalie, sérologiesvirales (VIH, VHB, VHC, CMV, EBV et Parvovirus B 19) négatives ouen faveur d’un contact ancien, parasitologie des selles et copro-culture sans germe. Les hémocultures étaient positives, isolantun diplocoque Gram négatif sur 4 flacons périphériques, identi-fié comme Neisseria mucosa. Un traitement par ceftriaxone étaitimmédiatement débuté. L’évolution était dès lors spectaculaire,avec apyrexie en 24 heures, régression du syndrome inflammatoirebiologique et disparition des lésions urticariennes. Le tableau étaitdonc celui d’une urticaire généralisée contemporaine d’une septi-cémie à N. mucosa avec porte d’entrée buccale suspectée (mauvaisétat bucco-dentaire et kystes apicaux sur l’orthopantomogramme).Notre patient ne présentait aucun signe clinique ou anamnestiqueen faveur d’un déficit immunitaire. L’échographie cardiaque netrouvait pas d’endocardite. Le traitement était maintenu 14 jourspuis le patient adressé en consultation dentaire pour prise en chargespécifique.Discussion N. mucosa est un saprophyte de la plaque dentaireau même titre que N. sicca ou N. lactamica. C’est un germe peuconnu, responsable d’infections sévères à type de septicémies,méningites et endocardites, survenant principalement sur des ter-rains fragilisés (immunodéprimés, valvulopathie. . .). Notre patientn’était pas immunodéprimé mais la responsabilité de la corticothé-rapie orale à fortes doses peut être un élément d’explicationdans la diffusion systémique de cette bactérie d’originedentaire.Conclusion Il s’agit à notre connaissance du premier cas desepticémie à N. mucosa révélée par une urticaire fébrile. Il est inté-ressant de noter la disparition du tableau cutané dès le démarragede l’antibiothérapie.Mots clés Neisseria mucosa ; Plaque dentaire ; Septicémie ;UrticaireDéclaration d’intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir deconflits d’intérêts en relation avec cet article.� Iconographie disponible sur CD et Internet.

http://dx.doi.org/10.1016/j.annder.2014.09.501