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1 LE Diego Rivera Vendedora des flores Salon du livre Mars 2009

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Le Mexicaine en littérature

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LE

Diego Rivera Vendedora des flores

Salon du livre Mars 2009

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Le Salon du Livre Créé par le syndicat National de l’édition, le Salon du livre de Paris est une manifestation consacrée au livre et à l'écrit. Depuis 1981, elle est organisée chaque année au printemps à Paris, d’abord au Grand Palais, puis, à partir de 1992, au Parc des expositions de la porte de Versailles. La manifestation accueille à la fois grands et petits éditeurs. Son originalité est d'être ouverte aux professionnels comme au grand public. Sur plusieurs jours, de nombreuses rencontres sont organisées avec des écrivains, scénaristes, dessinateurs... La diversité des participants, les séances de dédicaces, les grands débats thématiques et les animations sur les différents pavillons ont contribué à faire de ce rendez-vous un grand moment culturel et festif. Le salon accueille en moyenne chaque année 1200 éditeurs représentant 25 pays. Chaque année le Salon met un pays à l'honneur tels que : les États-Unis (1996), le Japon (1997), le Brésil (1998), le Québec (1999), le Portugal (2000), l'Allemagne (2001), l'Italie (2002), les lettres chinoises (2004), la Russie (2005), l'Inde (2007), Israël (2008) et, pour cette année 2009...

Pour plus d’information : www.salondulivreparis.com www.mexique-livre.com

Sommaire Littératures 3 Arts 22 Musique 32 Cinéma 44 Loisirs 52

LE

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LITTERATURE MEXICAINE CONTEMPORAINE

Il est impossible de résumer la littérature d’un pays en quelques lignes : celle du Mexique n’échappe pas à la règle. Cependant, différentes étapes ont marqué la formation de la littérature mexicaine contemporaine. De 1915 à 1930, le roman mexicain intègre une rénovation stylistique qui s’inspire des avant-gardes européennes. Par ailleurs, un groupe d’écrivains s’empare des thèmes dits « coloniaux » et un mouvement littéraire important commence à publier « les romans de la Révolution » (dont le plus connu est Los de Abajo de Mariano Azuela). Plus tard, et jusqu’au milieu des années 40, les écrivains continuent à utiliser un style réaliste mais le roman « indigène » connaît également son apogée. En même temps, se développe une réflexion sur l’identité et la culture nationale. C’est en 1947, avec la publication de Al filo del agua

d’Agustín Yañez, que naît réellement le roman mexicain contemporain : il utilise des techniques modernes de narration, influencées par les écrivains américains (William Faulkner et John Dos Passos), mais s’inspire aussi des grandes figures de la littérature européenne (James Joyce et Franz Kafka). Les années 50 sont marquées par ce que l’on appelle le « boom latino-américain » caractérisé par le cosmopolitisme et l’expérimentation romanesque : Carlos Fuentes au Mexique en est le plus grand représentant. Aujourd’hui, la nouvelle génération d’écrivains propose une critique virulente de la société mexicaine, souvent présentée comme corrompue et brutale. Ces auteurs sont sans concession et se plaisent à bousculer les idées reçues sur le Mexique et sa culture.

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Les Grandes figures incontournables

Nous avons choisi de vous présenter quelques-uns des grands auteurs de la littérature mexicaine ainsi que certaines œuvres particulièrement représentatives de leur univers.

——– Carlos Fuentes (1928-....)

Carlos Fuentes naît en 1928 à Panama. Ses parents sont diplomates : il passe sa jeunesse dans divers pays d'Amérique (Chili, Etats-Unis, Argentine...). Plus tard, il poursuit ses études supérieures à l'Institut des Hautes Etudes de Genève.

Il publie son premier recueil de nouvelles en 1955, Los Dias enmascarados et son premier roman en 1958, La Plus limpide région, violente critique de la société mexicaine et oeuvre phare du « boom » latino-américain de l'époque.

Il reçoit de nombreux prix parmi lesquels le prix « Romulo Gallegos » en 1977, la plus haute distinction littéraire d'Amérique latine, pour son roman Terra Nostra le prix « Cervantes » pour l'ensemble de son œuvre en 1987 ou encore le prix « Principe de Asturias ». Considéré comme un auteur incontournable de la littérature mexicaine et mondiale, il poursuit également une carrière de professeur dans différentes universités anglaises et américaines. Sa carrière politique, quant à elle, est très marquée à gauche. De 1975 à 1977, il est notamment ambassadeur du Mexique en France.

Auteur prolifique, il écrit aussi bien des essais politiques et littéraires, des romans, que des nouvelles, des scénarii (« La Chasse à l'homme » réalisé par Luis Bunuel) mais contribue également au journal espagnol « El Pais ». Son style est marqué par la recherche de formes narratives complexes et novatrices. Grand ami de Gabriel Garcia Màrquez, Julio Cortàzar, José Danoso ou Juan Goytisolo, ses influences littéraires vont de la cosmogonie préhispanique à Ulysse de Joyce en passant par Cervantes et le Nouveau Roman.

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Les Fils du conquistador /Los Hijos del conquistador Gallimard, 1995 ESP R FUE BIL

Zone sacrée Gallimard, 1968 R FUE

Guillermo, le narrateur, vit dans l'ombre de sa mère Claudia Nervo, monstre sacré du cinéma mexicain. Claudia est une femme de caractère qui a construit son personnage dans la vie comme à l'écran. Entourée d'une cour qui l'adule, elle n'envisage ni passé ni avenir, seule son image au moment présent compte.

Une relation ambiguë s'est créée entre ce fils soumis et cette mère dont l'excès d'orgueil anéantit toute reconnaissance désintéressée. Guillermo perd sa dignité à vouloir à tout prix être remarqué au point de se rapprocher de l'entourage féminin de sa mère et de sombrer dans une certaine folie. Carlos Fuentes nous entraîne ici dans le fantasme sans limite de Guillermo, son idolâtrie face à l'indifférence d'une mère peu aimante. La folie d'un homme qui l'emporte jusqu'à la négation de soi. Il nous livre un roman passionnant sur le désir et ses excès, l'attraction et le rejet qui naissent d'une relation inégale où deux solitudes s'affrontent.

Une nouvelle à deux voix : celles de deux frères ennemis, Martin 1 et Martin 2, fils du conquistador Hernan Cortès. La mère de l'un était indienne, l'autre espagnole. Ils racontent la conquête du Mexique, la gloire et la déchéance de leur père, personnage fascinant et repoussant qui continue de les hanter. « Pourquoi dans cette famille n'y a-t-il pas de place entre le bonheur et le malheur, entre la gloire et la défaite ? Pourquoi ? » se demande l'un d'eux. Il semble que le destin du Mexique soit irrémédiablement attaché à cette figure tutélaire et terrible, celle du conquistador Cortès.

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Autres ouvrages de Fuentes disponibles sur le pôle Littératures : Les Années avec Laura Diaz La Campagne d'Amérique Christophe et son oeuf

Diane ou la chasseresse solitaire Les Eaux brûlées La Frontière de verre

L'Instinct d'Inez La Mort d'Antonio Cruz Peau neuve Le Siège de l'Aigle Terra Nostra 1 et 2 Le Vieux Gringo

L'Oranger (nouvelles) En inquiétante compagnie ( nouvelles)

Constancia et autres histoires pour vierges (nouvelles) Le Chant des aveugles (nouvelles) Géographie du roman (essai)

LIT 864 FUE

R FUE

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——Juan Rulfo (1917-1986)

Pedro Pàramo Gallimard, 1959 R RUL

Écrivain et photographe, Juan Rulfo est une figure majeure de la littérature mexicaine : il est l'auteur de deux œuvres remarquables, ayant profondément marqué la littérature mexicaine et mondiale : un recueil de nouvelles Le Llano en flammes (1953) et un court roman Pedro Pàramo (1955). Rulfo est un auteur atypique : il consacre les vingt dernières années de sa vie à son travail d'anthropologue pour l'Institut National Indigène de Mexico et ne publie plus aucun roman jusqu'à sa mort. Il existe cependant une grande correspondance entre son œuvre de photographe et son œuvre littéraire : Rulfo s'intéresse au Mexique rural, à la perméabilité entre le monde des vivants et le monde des morts, à ce que révèlent les ombres...

Considéré comme l’un des meilleurs romans des littératures de langue hispanique, et même de la littérature tout court selon Borgès lui-même, « Pedro Pàramo » est un roman envoûtant et étrange.

A la frontière entre le rêve et la réalité, l'histoire de ce jeune homme parti à la recherche de son père et qui va trouver en chemin un village peuplé de fantômes errants, tous victimes à divers degrés de ce père despotique, est unique en son genre. Dense et âpre, sa lecture continuera longtemps à vous hanter...

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Le Llano en flammes Gallimard, 1953 (nouvelles) R RUL

Recueil de nouvelles magistral, « Le Llano en flammes » est considéré comme une oeuvre majeure de la littérature hispano-américaine et mondiale.

Les nouvelles, très courtes pour la plupart, ont pour personnages ces paysans, villageois, bergers, qui ont été les principales victimes de la « guerre des Cristeros », rébellion paysanne qui, de 1926 à 1929? a défendu l'Eglise catholique face à l'Etat mexicain violemment anti catholique. Ces paysans se sont vus attribuer des parcelles du Llano, territoire immense, aride et surtout incultivable.

Grâce à son écriture âpre et sèche, Rulfo nous fait sentir la dureté de cette terre autant que la cruauté de la guerre. C'est bien le désespoir des hommes qui est au centre de ce recueil, ces hommes qui s'épuisent au contact d'un sol ingrat et qui, n'ayant plus rien à perdre, sont capables de la pire des révoltes.

——Octavio Paz (1914-1998)

Né en 1914 à Mexico, Octavio Paz était mexicain par son père et d'ascendance andalouse par sa mère. D'une famille d'intellectuels (son père est avocat et promoteur de la réforme agraire, conseiller d'Emiliano Zapata), il débute très tôt sa carrière littéraire et fonde ses premières revues à l’époque où il est étudiant à Mexico. En 1933, il publie son premier recueil de poèmes Luna Silvestre (qu’il reniera ensuite !).

« Contre le silence et le vacarme, j’invente la Parole, liberté qui s’invente elle-même et m’invente, chaque jour ».

Liberté sur parole. Gallimard 1966

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En 1936 il réside en Espagne et soutient le combat anti-fasciste. Par la suite, il voyage au Etats-Unis où il lit notamment Ezra Pound, William Butler Yeats, T. S. Eliot et fait également la connaissance de Williams Carlos Williams et de Robert Frost.

En 1945 il commence une carrière diplomatique et part vivre en France. Il se lie aux poètes surréalistes André Breton et Benjamin Péret dont il devient l'ami. En 1962, il est nommé ambassadeur en Inde mais démissionne en 1968 de son poste pour protester contre la répression des étudiants de la part du gouvernement mexicain au moment des Jeux Olympiques de Mexico.

L'œuvre de Paz puise dans de nombreuses sources parmi lesquelles : les légendes méso-américaines, la poésie baroque du siècle d’Or espagnol, le sym-bolisme, le surréalisme ou encore la poésie japonaise (dont il est également traducteur). Ses thèmes de prédilection sont l’exploration du langage, l’amour et le désir, la fracture du temps, le dialogue possible avec l’autre et l’insupportable solitude. Outre des recueils de poèmes, son œuvre compte également des romans, des essais critiques, des nouvelles. Octavio Paz fut également créateur de plusieurs revues.

Parmi ses œuvres on note l'importance de Liberté sur parole (1958) et de son essai le plus connu, traitant de l'identité mexicaine, Le Labyrinthe de la solitude (1950).

Octavio Paz a reçu le Prix Nobel de littérature en 1990.

Ouvrages disponibles sur le pôle Littératures :

L'Arbre parle (poésie) D'un mot à l'autre (poésie)

Le Feu de chaque jour (poésie)

Liberté sur parole (poésie) Première instance (poésie) L'Autre voix : poésie et fin de siècle (essai/poésie)

Courant alternatif (essai) Itinéraire (autobiographie)

LIT 861 PAZ

LIT 860 PAZ

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——Paco Ignacio Taibo II (1949-….)

Né en Espagne, il grandit au sein d'une famille très engagée dans la lutte contre le franquisme, ce qui les oblige à s'exiler au Mexique alors que Paco Ignacio Taibo II (le II pour le différencier de son père, poète, sociologue et dramaturge) n'a que 9 ans.

Il n'a pas 20 ans quand il prend part au mouvement estudiantin mexicain de 1968 et publie de nombreux articles. Dans les années 80, il devient professeur d'histoire à l'université de Mexico. Considéré comme le fondateur du nouveau roman policier mexicain, Paco Ignacio Taibo II publie en 1976 son premier polar (le premier d'une très longue série) : Jours de combat, où l'on voit apparaître son personnage principal, le détective Héctor Belascoarán Shayne. Directeur de différentes collections, il collabore aussi activement à la Semana Negra, festival de littérature et de cinéma de Gijon, sa ville natale. Romancier, nouvelliste, essayiste, historien du mouvement ouvrier, son oeuvre a été récompensée par de nombreuses distinctions. Il est l'auteur mexicain le plus traduit dans le monde.

Héros atypique, le détective Héctor Belascoarán Shayne, observe la société mexicaine de son seul œil valide. Ce qui ne l'empêche pas de pointer, au cours de ses enquêtes policières, tous les travers et les maux endémiques, abus en tous genres, corruption politique, injustices sociales du Mexique contemporain. Ingénieur de formation, ce privé anarchiste, amateur de sodas, borgne et boîteux, mène ses enquêtes à partir d'un bureau qu'il partage avec un tapissier, un plombier et un ingénieur des égouts de la ville auxquels il n'hésite pas à faire appel pour les besoins de ses enquêtes.

Une écriture très maîtrisée, un brin d'humour décalé, des enquêtes stimulantes, un privé très attachant et nous voilà partis pour faire un bout de chemin très agréable avec Belascoarán Shayne.

Jours de combat RP TAI

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Autres ouvrages de Taibo II disponibles sur le pôle Littératures : A quatre mains Adios Madrid La Bicyclette de Léonard

Cosa fàcil D'amour et de fantômes Mon ami Moran Des hommes qui dérangent Nous revenons comme des ombres Quelques nuages Rêves de frontière

Par ailleurs, il ne faut surtout pas passer à côté des romans de Paco Ignacio Taibo II : Archanges Ces foutus tropiques De passage Mais tu sais bien que tout est impossible Le Trésor fantôme

RP TAI

R TAI

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Des auteurs à découvrir...

Moins connus que les précédents, ces auteurs méritent pourtant le détour. Critiques virulentes de la société mexicaine, cosmopolitisme, thèmes historiques et romans politiquement incorrects, ils n’ont vraiment peur de rien...

—–Guillermo Arriaga (1958-….)

Guillermo Arriaga est un universitaire touche à tout. Il est également écrivain, acteur, scénariste, producteur et réalisateur. Il se lance dans les années 90 dans l'écriture de romans noirs, très ancrés dans la réalité politique et sociale mexicaine. Un doux

parfum de mort est son premier livre traduit en français.

Il se lance ensuite dans le cinéma comme scénariste de nombreux films d'Alejandro González Iñarritú, « Amours chiennes », « 21 grammes » et « Babel » et remporte le prix du meilleur scénario à Cannes en 2005 pour le film « Trois enterrements » de Tommy Lee Jones. Né dans un des quartiers les plus violents de Mexico, il puise son inspiration dans sa connaissance de la rue. Un Doux parfum de mort Phébus, 2003

R ARR Dans un village perdu du Mexique, le corps d'une jeune fille est retrouvé nu dans un champ de sorgho. Parce qu'il a trouvé le corps et qu'il a éprouvé de violentes émotions en le transportant, Rámon est désigné par le village comme le fiancé qui vengera cette mort sordide. Mais qui est la victime, l'auteur de ce crime ? Le village manipulé par le vrai coupable désignera l'assassin idéal. Dans ce livre qui sent la poussière, la sueur et la bière chaude, Arriaga s'amuse à brouiller les pistes et à jouer avec les genres. Entre polar et vaudeville, il nous déroule une histoire bien noire et croustillante.

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—–Mario Bellatin (1960-....)

D’où sort donc le subtil et talentueux Mario Bellatin ? Voilà un homme qui aime décidément traficoter la biographie des autres pour ne pas jouer un peu avec la sienne : son éditeur précise expressément qu’« il l’invente au gré des interviews et des rencontres », ce qui oblige à prendre les quelques informations disponibles avec précaution. Ses dates et lieu de naissance sont à peu près avérés : Mexico, 1960.

Ça se gâte dès qu’on aborde le chapitre des études : on sait qu’il a étudié à l’Université de Lima, au Pérou, mais on ne sait pas exactement quoi (les sciences de la communication selon les uns, la théologie selon les autres) ; c’est en tout cas au Pérou qu’a été publié son premier livre, Las Mujeres De Sal, au début des années 1980. En 1987, il s’envole pour La Havane et y suit les cours de l’École internationale du cinéma latino-américain avec l’intention de devenir metteur en scène ou scénariste ; il rentre finalement au Mexique pour y poursuivre sa carrière littéraire, publiant de nombreux textes dont salon de beauté en 1996, un court roman traduit en français chez Stock et sélectionné à l’époque pour le prix Médicis étranger.

Jeu de dames Gallimard, 2009 R BEL

Jeu de Dames est assurément un livre étrange, composé de deux parties qui semblent indépendantes mais qui ne le sont peut-être pas...

Ne pas se fier aux apparences… rester sur ses gardes. Ce Jeu de dames s'annonce d'abord comme une partie tranquille.

Première partie :

Mario Bellatin décrit la réussite sociale d'un homme, enfant naturel devenu médecin, membre de la bonne bourgeoisie de Mexico. L'homme, à la cinquantaine, se met à fréquenter des prostituées. Sa fille se marie, son fils vit manifestement une adolescence très perturbée.

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Le gynécologue a l'impression de laisser filer sa vie. Même le récit de la mort de son fils, de la main même du père reste mystérieuse. L'absence d'émois inquiète. Folie et perversion empreignent le roman.

Seconde partie : Le récit d'un enfant. Récit qui, dans la première partie, a, semble-t-il, bouleversé le gynécologue. Étrange fable que cette aventure fantasque ou fantasmée... difficile de faire le lien. Dans les deux cas, Bellatin demeure très vague : il n’explique rien, laisse le lecteur combler seul les vides.

C'est un roman plus inquiétant qu'il n'y paraît de prime abord. Au lieu de s'attarder sur les détails d'une vie sexuelle débridée, on nous piège et nous laisse dans l'ignorance, avec assez d'éléments pour tirer des conclusions que l'on n'a pas écrites pour nous - ce qui aurait sans doute été plus rassurant... Un roman très bien écrit, qui sous-entend tout et vous laisse deviner par vous-mêmes...

——Carmen Boullosa (1954-….)

Eux les vaches, nous les porcs Le Serpent à plumes, 2002 R BOU

Avec ce roman, nous voici transportés au XVIe siècle, à l'époque où les Caraïbes servent de repères aux flibustiers les plus cruels. Le narrateur retrace son parcours depuis le temps où, jeune esclave à la merci de ses maîtres, il devient apprenti guérisseur puis flibustier sans foi ni loi appelé « le Trépaneur » rentré au service du terrible pirate « l'Olonnais ».

Véritable roman d'initiation, ce texte nous fait pénétrer l'univers impitoyable de ces bandits des mers, ivres d'or et de sang.

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—Jordi Soler (1963-…) La dernière heure du dernier jour Belfond, 2008 R SOL

—Álvaro Uribe (1953-....)

Né à Mexico en 1953, Álvaro Uribe poursuit des études de philosophie à l'Université nationale, l'UNAM. Il est ensuite nommé attaché culturel au Nicaragua puis en France. Il partage son temps entre la diplomatie, l'édition et l'écriture. Il se fait connaître comme nouvelliste avant de publier des romans et des essais sur ses écrivains préférés comme Borges ou Cortazar.

Bienvenue à « la Portuguesa » ! Cette plantation de caféiers, perdue au milieu de la jungle, est dirigée par une famille de républicains catalans exilés au Mexique à cause du franquisme. Le narrateur qui vit désormais à Barcelone est contraint de revenir à la plantation pour consulter la chamane, figure énigmatique et guérisseuse indispensable de tous ses maux. Ce retour au Mexique fait ressurgir les souvenirs du narrateur : les crises de démence de sa tante Marianne, “folle à lier”, au sens propre comme au sens figuré ; l'éléphant échappé d'un zoo qui erre entre les arbres et fait sa sieste sous la terrasse ; les différents membres de la famille qui noient leur exil dans le whisky et le Mint Julep ; les chantages du potentat local... Ce monde foisonnant -angoissant aussi parfois- revit sous nos yeux jusqu'au dévoilement de l'épisode traumatique qui fera définitivement basculer le narrateur dans le monde des adultes : la nuit de l'invasion.

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L'Atelier du temps Plon 2005 R URI

El taller del tiempo, publié en français sous le titre l'atelier du temps a reçu le prix Antonin Artaud 2003. Histoire de trois générations de Miguel dans la haute bourgeoisie mexicaine. Miguel Pimero, le patriarche, secrétaire d'Etat aux finances, est un homme ambitieux et arrogant. Son fils, Miguel Secundo, n'aura comme solution pour exister que d'essayer de surpasser son père sur son propre terrain, les finances, les femmes et même dans l'écrasement de son fils Miguel Tercero.

A noter un très beau passage, qui pourrait être une nouvelle, sur l'humiliation subie par Miguel Tercero le jour de sa (leur) fête. Cette histoire de rivalité père-fils, maintes fois traitée, se démarque de toute banalité par une construction superbe. La narration à cinq voix donne beaucoup de profondeur au récit. Autre roman de Alvaro Uribe :

—–Ignacio Padilla (1968-….) Amphitryon Gallimard, 2001 R PAD

Amphitryon est un roman subtil qui entrelace différentes époques et différentes voix sur le thème de l'identité et du masque. L'auteur se saisit du mystérieux « Projet Amphitryon », imaginé par Goering au moment du IIIe Reich, projet qui aurait eu pour but de trouver des doublures d'Hitler et de ses proches afin de les protéger dans les situations trop exposées...

Dossier de l’attentat Verdier, 2009 R URI

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——–Homero Aridjis (1940-...)

En plus d'être poète et romancier, Aridjis est militant écologiste, universitaire, ancien ambassadeur et directeur de revues littéraires. Reconnu comme maître de la « prose poétique », il refuse de dissocier l'art poétique de la narration. Dans ses poèmes Aridjis célèbre la réalité, une certaine manière d'être au monde qui refuse le repli du moi sur lui-même. 1492 : Mémoires du nouveau monde (roman) Le Seigneur des derniers jours (roman) Le Temps des anges (poésie)

« Demain tu me diras que tu as regardé la nuit, que tu as regardé son corps : étrange et soumis, curiosité antique avec deux seins vibrants » Mirandola dormir y antès del reino, 1984

R ARI

LIT 861 ARI

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——–Enrique Serna (1959-….)

Enrique Serna n’est pas seulement romancier, il est également scénariste de séries télévisées, biographe, essayiste… . Se tenant volontairement à l’écart du monde littéraire il revisite des genres aussi divers que le polar ou le roman historique. Son ton mêle humour et sens dramatique et ce pour le plus grand plaisir du public mexicain qui l’apprécie beaucoup. Un signe : il commence à être traduit dans d’autres langues…

La Peur des bêtes Phébus, 2006 RP SER

Evaristo Reyes, écrivain raté et ex-journaliste, travaille dans la police sous les ordres du corrompu Maytorena. Celui-ci, pour se faire bien voir du procureur, veut éliminer Lima, un écrivain qui a écrit quelques lignes injurieuses pour le gouvernement dans un obscur journal. Mais Lima est tué le soir-même dans des circonstances mystérieuses et Reyes est chargé de l'enquête.

Evaristo va rencontrer toute l'intelligentsia mexicaine et découvrir les bassesses, renvois d'ascenseur et autres conflits d'intérêt qui mènent ce petit monde. Mais ces petits arrangements ne seraient rien sans les ramifications avec la police et le pouvoir. Les trafics de drogue sont connus mais les policiers suffisamment arrosés pour se taire, et chacun a intérêt à se taire et à protéger l'autre. Reyes se retrouve dans un monde corrompu jusqu'à la moelle et lui-même perd complètement pied ...

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——David Toscana (1961-.…)

El ultimo lector Zulma, 2009 R TOS

Icamole est un petit village au nord du Mexique : le sol y est aride et ne parvient pas à nourrir la population. La sécheresse gagne toujours un peu plus de terrain... Mais un jour le porteur d’eau, Melquisedec arrive avec une nouvelle : une petite fille du village voisin a disparu. Chacun doit être vigilant. Or cette petite fille se trouve dans le puits de Remigio, fils de Lucio, le bibliothécaire du village. Abandonné par les autorités, sans ressource, celui-ci continue à lire, ranger, censurer et classer. Bientôt les gendarmes arrivent sur les lieux pour mener leur enquête...

———Martín Solares (1970-….) Les Minutes noires Bourgois, 2009 RP SOL

Dans la petite ville de Paracuàn, le meutre d’un journaliste suscite l’émoi de la population et de la police locale. Ramón Cabrera, dit le Grizzli, est chargé de l’affaire. Ses collègues semblent lui mettre des bâtons dans les roues car cette nouvelle enquête fait ressurgir de vieilles histoires que certains auraient préféré oublier.

—— Ana Clavel (1961-….) Les Violettes sont les fleurs du désir Métailié, 2009 R CLA

Juliàn Mercader, héritier d’une fabrique de poupées, éprouve du désir pour sa fille Violeta. Angoissé à l’idée de passer à l’acte, il crée une série de poupées, les Violettes, qui lui servent de substitut. Mais ces Violettes, présentées lors d’une foire internationale, commencent à incarner les fantasmes de nombreux clients qui passent des commandes extravagantes. Le succès de son entreprise fait de Juliàn la cible d’un société secrète...

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—— Juan Villoro (1956-….)

« Les ciseaux étaient posés sur la table. Ils étaient immenses. Mon père les utilisait pour découper les poulets. Depuis qu’il était mort, Jorge les trimballait partout avec lui. C’est peut-être normal qu’un psychopathe dorme avec son pistolet sous l’oreiller. Mais mon frère n’est pas un psychopathe. Il n’a rien de normal non plus. »

Mariachi (nouvelles) Denoël, 2009 R VIL Variation sur le thème de nos petites bassesses ordinaires, ces sept nouvelles sont un hommage doux-amer à tout ce que le Mexique contemporain peut receler de rocambolesque et d’inquiétant. —–Guillermo Fadanelli (1963-.…)

L'Autre visage de Rock Hudson Eduquer les taupes

—–Jorge Volpi (1968-…)

A la recherche de Klingsor (thriller) La Fin de la folie Le Temps des cendres

—–Sergio Pitol (1933-…)

Mater la divine garce

—Rafael Bernal (1915-1972) Le Complot mongol

R FAD

R VOL

R BER

R PIT

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Pour aller plus loin Cents ans de littérature mexicaine Philippe Ollé-Laprune Ed. de la Différence LIT 860.9 CEN

Cette anthologie sans équivalent en France propose un panorama critique de la littérature mexicaine contemporaine réunissant poésie, nouvelles, romans et théâtre.

Dans le vaste échantillon de textes, vous trouverez des auteurs aussi célèbres en France qu'Álvaro Mutis (Colombien adopté par les Mexicains), Carlos Fuentes, Octavio Paz et Juan Rulfo. Mais à côté de ces auteurs, vous découvrirez d’autres auteurs, injustement peu ou pas du tout connus en France. Philippe Ollé-Laprune n'en a ignoré aucun et tous apparaissent au long de cette anthologie qui doit se lire, parallèlement, comme une histoire du Mexique, c'est-à-dire comme l'histoire de la passionnante quête de l'identité mexicaine plurielle. Notons par ailleurs que cette anthologie est illustrée par les dessins de Vincente Rojo, dessins extraits de la série Volcanes construidos.

Quelques sites intéressants • www.clubcultura.com Site en espagnol dédié à la culture hispano-américaine • http://www.mexiqueculture.org Site de l’institut culturel du Mexique en France • http://www.mexique-fr.com Site dédié à la découverte du Mexique (histoire, géographie,

culture, coutumes, cuisine)