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Université libre de Bruxelles Faculté de Philosophie et Lettres Rôles et fonctions de la publicité institutionnelle dans les plans de lancement, de relance et de soutien de marques : analyses de cas Mémoire présenté sous la direction de M. Jacques François en vue de l’obtention du titre de licenciée en Information et Communication, section Communication des entreprises Sladden Anne-Catherine

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Université libre de Bruxelles Faculté de Philosophie et Lettres

Rôles et fonctions de la publicité institutionnelle dans les plans de lancement,

de relance et de soutien de marques : analyses de cas

Mémoire présenté sous la direction de M. Jacques François en vue de l’obtention du titre de licenciée en Information et Communication, section Communication des entreprises

Sladden Anne-Catherine

Je tiens d’abord à remercier Monsieur Jacques François, mon directeur de mémoire, pour sa disponibilité, son professionnalisme et ses précieux conseils. Ensuite, je tiens à marquer ma gratitude à l’égard de Madame Decelle et de Monsieur Van Eynde qui m’ont offert de leur temps pour la réalisation des interviews, ainsi que Laura Leone pour m’avoir fourni de nombreuses informations concernant son enseigne. Finalement, je remercie ma famille et mes amis qui, de près ou de loin, m’auront soutenue tout au long de ce travail.

2

Table des matières Résumé………………………………………………………………………….…6

Introduction………………………………………………………………………..7

1. Introduction thématique……………………………………………………………………...7

2. Introduction méthodologique………………………………………………………………...8

Première partie : Concepts et notions relatifs à la publicité institutionnelle et à la marque

Chapitre I : La publicité institutionnelle, de quoi s’agit-il ?

1. Clarification terminologique………………………………………………………………..12

1.1. Qu’est ce que la publicité institutionnelle ?.................................................... ………...12

1.1.1. Distinguer le corporate de l’institutionnel………………………………………14

1.1.2. Distinguer la publicité produit de la publicité institutionnelle …………………15

2. Genèse de la publicité institutionnelle ……………………………………………………...16

3. Objectifs et cibles de la publicité institutionnelle ………………………………………….18

3.1. A quels objectifs répond la publicité institutionnelle ? ………………………………..18

3.2. Quel public cibler ?.........................................................................................................20

4. Enjeux de la publicité institutionnelle dans le positionnement de l’entreprise, son image et sa notoriété……………………………………………………………………………………..22

4.1. Le positionnement de l’entreprise, un acte indispensable…………...…………………22

4.2. L’image de l’entreprise………………………………………………………………...23

4.3. La notoriété de l’entreprise…………………………………………………………….25

5. Les thèmes institutionnels…………………………………………………………………..27

Chapitre II : La marque, concept-clé de l’entreprise

1. La marque, plus qu’un nom, un concept……………………………………………………33

1.1. La marque et le produit………………………………………………………………...33

2. Rôles et fonctions de la marque…………………………………………………………….34

2.1. Rôles de la marque pour l’entreprise…………………………………………………..34

2.1.1. La fidélité à la marque, un enjeu considérable……………………………….…34

3

2.1.2. La marque, une assurance pour les financiers……………………………..……35

2.1.3. La marque, une garantie contre la concurrence…………………………………35

2.2. La marque crée de la valeur pour le consommateur…………………………………...36

2.2.1. Les facteurs créateurs de valeurs………………………………………………..36

Chapitre III : Interaction entre publicité institutionnelle et marque

1. La publicité institutionnelle de l’entreprise au service de la marque……………………….40

2. Intégration du registre institutionnel dans la communication de marque…………………..44

Deuxième partie : Analyse de cas

Chapitre I : La publicité institutionnelle dans le lancement de marque. Le cas de BBL/ING

1. Introduction…………………………………………………………………………………49

1.1. Généralités sur le lancement de marque………………………………………………..49

1.2. Emergence de la notion de marque dans le secteur bancaire…………………………..50

2. BBL/ING, le passage d’une marque à l’autre………………………………………………51

2.1. Historique du changement de nom……………………………………………….…….51

2.1.1. Intérêt du changement de nom………………………………………………….52

2.2. Campagne de publicité institutionnelle………………………………………………...53

2.2.1. Causes du recours à la publicité institutionnelle ……………………………….53

2.2.2. Les campagnes proprement dites……………………………………………….54

2.2.3. Cibles des campagnes…………………………………………………………...58

2.2.4. Médias utilisés…………………………………………………………………..58

3. Résultats des campagnes institutionnelles…………………………………………………..59

Chapitre II : La publicité institutionnelle dans la relance de marque. Le cas Benetton

1. Introduction…………………………………………………………………………………61

1.1. Généralités sur la relance de marque…………………………………………………..61

1.2. Le groupe Benetton…………………………………………………………………….62

2. Historique des campagnes de publicités de Benetton………………………………………63

3. Les campagnes de publicité institutionnelle du groupe…………………………………….70

3.1. Les causes du recours à la publicité institutionnelle …………………………………..70

4

3.2. Les campagnes proprement dites ……………………………………………………...73

Chapitre III : La publicité institutionnelle dans le soutien de marque. Le cas Douwe Egberts

1. Introduction…………………………………………………………………………………79

1.1. La publicité institutionnelle dans le soutien de marque……………………………….79

2. Douwe Egberts : un café, une marque………………………………………………………81

3. Les campagnes institutionnelles de la marque……………………………………………...82

3.1. Les causes du recours à la publicité institutionnelle …………………………………..82

3.2. Les campagnes proprement dites………………………………………………………82

3.3. Médias utilisés…………………………………………………………………….……83

4. Quels objectifs pour quels résultats ?.....................................................................................84

Chapitre IV : Sondage sur l’image des marques : la publicité institutionnelle set-elle efficace ?

1. Méthodologie………………………………………………………………………………..86

1.1. Construction du questionnaire………………………………………………………….86

1.2. Construction de l’échantillon…………………………………………………………..87

1.3. Modalités d’interview………………………………………………………………….88

2. Composition de l’échantillon et exemple de questionnaire…………………………………88

2.1. Composition de l’échantillon…………………………………………………………..88

2.2. Exemple de questionnaire……………………………………………………………...89

3. Exploitation des résultats……………………………………………………………………94

3.1. Résultats du sondage…………………………………………………………………...94

3.1.1. Les résultats d’ING……………………………………………………………..96

3.1.2. Les résultats de Benetton………………………………………………………..97

3.1.3. Les résultats de Douwe Egberts………………………………………………...98

4. Conclusion sur l’efficacité de la publicité institutionnelle………………………………….98

Conclusion générale………………………………………………………………………100

Bibliographie……………………………………………………………………………….102

Annexes……………………………………………………………………………………...106

5

Résumé

L’objectif de ce travail consiste à mettre en perspective publicité institutionnelle et marque.

En effet, ces campagnes publicitaires se justifient le plus souvent dans les démarches

d’amélioration de l’image de l’entreprise. Mais quel est l’impact de cette image sur les

marques ? A une époque où le mot d’ordre est à la différentiation des enseignes, la publicité

institutionnelle apporte-t-elle une réponse efficace à cet impératif ? En nous basant sur la

littérature spécialisée, sur l’analyse de cas concrets ainsi que sur l’opinion des consommateurs

via sondage, nous avons tenté de déterminer l’impact de la publicité institutionnelle sur l’image

des marques à trois périodes-clé de leur développement : le lancement, avec l’analyse du cas

d’ING ; la relance, avec l’enseigne Benetton et le soutien, avec l’étude du cas de Douwe

Egberts.

La publicité institutionnelle en tant qu’outil permet de s’adresser au consommateur avec

d’autres arguments que ceux purement commerciaux. Elle révèle alors les actions que la firme

entreprend, les causes qu’elle soutient, etc. en vue de démontrer son apport à la société. A une

époque où le consommateur souhaite être davantage considéré comme un citoyen que comme

acheteur potentiel, il responsabilise son acte d’achat en se concentrant sur des marques dont il

juge que le contrat avec la collectivité est respecté (respect de l’environnement, programme de

soutien aux démunis, lutte contre la faim, etc.). En fait, la publicité institutionnelle permet de

révéler l’entreprise citoyenne, la marque citoyenne qui fera la différence aux yeux des

consommateurs et qui, à terme, favorisera les ventes et donc la prospérité des marques de

l’entreprise.

Mots-clé : Publicité institutionnelle - marque - entreprise - image- efficacité

6

Introduction

1. Introduction thématique

Publicité et marque constituent deux concepts allant de paire : indépendamment de la

publicité, la marque n’existe pas, ou peu. Exister, tel est le maître mot de tout discours sur la

marque dans une situation de concurrence effrénée où chaque enseigne tente d’être un peu plus

présente dans l’esprit du consommateur que sa concurrente.

Ce principe d’existence implique d’emblée l’obligation de se différencier. Toutefois, les

voies de la différentiation semblent de plus en plus réduites : trop de marques se ressemblent

pour justifier d’un choix. Ce constat est à l’origine d’un bouleversement dans le domaine de la

gestion de marques : il ne suffit plus de mettre en avant ses avantages fonctionnels puisqu’ils

seront rapidement imités et même souvent surpassés par la concurrence. Désormais, le discours

rationnel sur le choix d’une marque, de même que les arguments purement commerciaux

montrent leurs limites.

Pourtant, force est de constater que la différentiation des enseignes constitue un élément clé

pour la croissance des entreprises. Hier réduites à un signe sur le produit, les marques

constituent aujourd’hui le capital des entreprises, s’inscrivant dans une réelle stratégie.

L’apparition de la notion de brand equity pousse les firmes à soigner l’image de leur marque

afin d’acquérir une position privilégiée dans l’esprit des clients.

Quant au consommateur, ses motivations à l’égard du choix d’une marque ont aussi évolué :

il n’est plus à la recherche du meilleur rapport qualité-prix, les raisons de son choix vont au-

delà. En effet, il responsabilise davantage son acte d’achat en s’orientant vers des enseignes

susceptibles de répondre à ses attentes, non pas en tant que client mais en tant que citoyen. Dans

son esprit, il n’achète plus seulement l’enseigne mais également la firme dont elle émane.

Un tel changement trouve ses racines dans le manque de transparence des entreprises avec

comme corollaire une discréditation de nombreux marchés et une méfiance de la part des

consommateurs. De plus, le développement de mouvements consuméristes et écologistes ont

encore accéléré cette évolution. Aujourd’hui, les agents économiques réclament davantage

d’informations sur les entreprises, leurs engagements sociaux, environnementaux, etc. ce qui

leur donne alors une impression de maîtrise et donc de confiance favorisant ainsi l’acte d’achat.

7

Sachant cela, il importe que l’entreprise s’exprime, non pas sur ses produits, mais sur la

manière dont elle envisage son propre rôle institutionnel au sein de la communauté et la manière

dont elle s’y intègre en satisfaisant les besoins de cette dernière, c’est-à-dire en se préoccupant

des questions sociales, morales, culturelles etc.

C’est ici que la publicité institutionnelle montre tout son intérêt. Servant à la construction

d’une image d’entreprise positive, l’impact de cette perception n’est pas sans conséquence sur

les marques. Générer une attitude favorable à l’égard des marques que l’entreprise met sur le

marché, tel est l’enjeu de la publicité institutionnelle. Cette stratégie n’est-elle qu’un miroir aux

alouettes ou constitue-t-elle un réel pouvoir d’influence sur l’image de la marque ? C’est ce que

nous tenterons de déterminer tout au long de ce travail.

2. Introduction méthodologique

Le principal objectif poursuivi par ce travail est de démontrer qu’il existe un lien entre la

publicité institutionnelle et la marque. Traditionnellement, les auteurs traitent de cette forme de

publicité en faisant référence aux rôles qu’elle joue à l’égard de l’entreprise.

Notre but était donc de démontrer que les entreprises peuvent également avoir recours à la

publicité institutionnelle dans les plans de gestion de marque. Cet aspect est rarement traité par

la littérature (et pour ainsi dire quasi jamais), nous avons dès lors tenté d’établir une théorie sur

le sujet à l’aide des ouvrages et des pistes qu’ils proposent.

Notre travail se scindant en deux parties, notre méthodologie s’est adaptée à chacune de

celles-ci

La première partie, traitant des concepts relatifs à la publicité institutionnelle et à la marque,

est essentiellement théorique. Elle cherche en effet à clarifier les différentes notions auxquelles

nous ferons appel tout au long de ce travail.

Compte tenu de la complexité du vocable publicitaire et marketing, il nous a fallu nous

familiariser avec toutes ces notions. Pour ce faire, nous avons eu recours à la littérature

spécialisée. La plupart des ouvrages abordent les thèmes publicitaires et marketing de manière

claire et détaillée. Nombre d’entre eux fournissent des définitions précises pour chaque notion

abordée. Toutefois, il était souvent utile de regrouper plusieurs définitions provenant d’auteurs

différents pour pouvoir comprendre les éléments théoriques dans leur globalité.

8

En ce qui concerne les ouvrages relatifs à la marque, la littérature regorge d’écrits. En effet,

de nombreux auteurs, comme Jean-Noël KAPFERER, se sont spécialisés dans ces domaines et

fournissent dès lors quantité de volumes sur le sujet. Il en va de même concernant le marketing.

Dans ce dernier domaine, on trouve des publications allant du plus simple au plus complexe.

Deux auteurs en particulier font le lien entre une littérature spécialisée et une littérature plus

généraliste, il s’agit de KOTLER et DUBOIS. Ils proposent un éventail de concepts tout en

recourant à un langage clair et précis et illustrant leurs discours d’un grand nombre d’exemples,

ce qui facilite la compréhension des propos.

Par contre, nos recherches concernant plus spécifiquement la publicité institutionnelle ont

été moins fructueuses. En effet, très peu d’ouvrages traitent de ce sujet de manière complète.

Lors de nos investigations sur ce sujet, nous nous sommes aperçus que la plupart des ouvrages

dataient des années septante ou quatre-vingts. Au-delà de cette date, aucun livre spécifique sur

ce thème n’a été publié. Il en va de même en ce qui concerne les articles de revues et les

recherches. YANKELOVICH, SKELLY et WHITE ou encore Marie-Reine DE JAHAM ont

réalisé des études sur ce type de publicité, mais elles remontent aux années soixante. Nous

avons dès lors basé nos propos sur la littérature disponible.

Le principal volume sur la publicité institutionnelle est celui de Nicole HERBERT. Il offre

un panorama intéressant des objectifs, des fonctions et des différentes implications de ces

campagnes. Abondamment illustré, il permet d’aborder cette matière facilement et d’en saisir

tous les aspects.

La compilation de tous ces volumes nous aura permis de nous construire une vision claire et

détaillée des notions théoriques qui interviennent dans l’élaboration de la première partie de ce

travail.

En ce qui concerne la seconde partie, à savoir l’analyse pratique, nous avons été contraints

de revoir plusieurs fois le choix de nos cas. En effet, lors des premiers contacts avec les

entreprises, la plupart étaient enthousiastes et consentaient tout à fait à nous aider dans nos

démarches de recherches d’informations à leur sujet.

Cependant, plusieurs retournements de situation nous ont contraints à revoir nos choix.

Quick, par exemple, était prêt à nous fournir les renseignements demandés pour ensuite nous

refuser leur communication. D’autres entreprises encore n’ont plus donné suite à nos demandes

malgré leur intention préalable de collaboration.

9

Finalement, nous avons retenu les marques pour lesquelles l’entreprise nous a permis de

construire effectivement nos analyses. Il s’agit de ING, Benetton et enfin, Douwe Egberts.

L’entreprise ING est très ouverte à ce genre de collaboration. Très vite, nous avons pu

rencontrer un de leurs collaborateurs qui nous a fourni l’information nécessaire, s’intéressant de

très près à l’évolution de notre travail. Il en va de même avec Douwe Egberts. Cette dernière

firme était cependant moins enthousiaste puisque nous avons dû réitérer notre demande à de

nombreuses reprises avant de pouvoir rencontrer son porte-parole. L’entreprise Benetton, par

contre, est moins tournée vers l’extérieur que les deux précédentes marques. Certes, leurs

collaborateurs en Italie se sont montrés très ouverts à nos demandes d’informations et nous ont

procuré les renseignements utiles. En ce qui concerne la possibilité de rencontrer un de leurs

employés, toutes les portes se fermaient. Chaque personne contactée, que ce soit en Italie, en

France ou en Belgique, nous renvoyait systématiquement auprès d’une autre.

Pour ce dernier cas, nous nous sommes donc concentrés sur les informations procurées par

le groupe ainsi que sur un livre exhaustif traitant de la communication de Benetton depuis ses

débuts, il s’agit de celui de Lorella SALVEMINI : Toscani-Benetton. Cet ouvrage nous aura

permis de nuancer et de poser un regard critique sur les propos contenus dans les documents

provenant de Benetton même. De plus, de nombreux ouvrages recourent souvent à cette

enseigne dans l’illustration de cas pratiques. Ceux-ci nous ont également permis de prendre une

distance critique par rapport aux informations fournies par l’entreprise.

Enfin, compte tenu de l’impossibilité d’obtenir des chiffres de notoriété et d’image pour

deux des trois entreprises, nous ne pouvions conclure ce travail sur des considérations tangibles

et intéressantes. C’est pourquoi, nous avons opté pour la construction d’un sondage. En sondant

l’opinion des consommateurs nous pouvions rendre compte de l’impact de ces campagnes sur

l’image des marques.

10

Première partie Concepts et notions relatifs à la publicité

institutionnelle et à la marque

Chapitre I : La publicité institutionnelle, de quoi s’agit-il ?

Chapitre II : La marque, concept clé pour l’entreprise

Chapitre III : Interaction entre la publicité institutionnelle et la

marque

11

Première partie

Chapitre I La publicité institutionnelle, de quoi s’agit-il ?

Pour appréhender ce concept, nous commencerons par passer en revue les multiples façons

dont il est employé dans la littérature. En raison des innombrables définitions existantes, il

apparaît utile de donner une définition rigoureuse de ce terme dans le sens où nous l’entendrons

tout au long de ce travail.

En quoi la publicité institutionnelle se différencie-t-elle des autres formes de publicité ?

Comment s’inscrit-elle dans l’ensemble des techniques publicitaires ? Quels objectifs poursuit-

elle ? Sont autant de questions auxquelles nous tenterons de répondre au cours de ce chapitre.

1. Clarification terminologique

Force est de constater que la terminologie française reste assez vague quant à la définition

précise de ce qu’est la publicité institutionnelle. Ce concept est souvent usité dans la littérature

mais pas toujours de façon claire et précise. La plupart des auteurs parlent de communication

institutionnelle, regroupant ainsi sous le même vocable, les émissions de messages publics tels

que ceux provenant des institutions publiques, des ministères ou encore des partis politiques, la

communication d’entreprise telle que la communication financière, etc.

1.1. Qu’est ce que la publicité institutionnelle ?

Dans un premier temps, nous détaillerons ce concept et le délimiterons par rapport aux

autres formes de publicité.

Afin de saisir toute la portée de ce terme, partons d’une définition plus générale qu’est celle

de la publicité.

On appelle publicité toute forme de communication non interactive utilisant un support

payant, mise en place pour le compte d’un émetteur identifié en tant que tel1.

1 KOTLER ET DUBOIS, Marketing Management, 10ème éd., Publi-Union Editions, Paris, 2000, p.580

12

Cependant, cette définition est très lapidaire et ne différencie pas la publicité des autres

moyens de communication. En réalité, compte tenu des diverses formes qu’elle peut prendre et

des différents objectifs qu’elle poursuit, il est mal-aisé d’en fournir une définition satisfaisante

et rigoureuse à tous points de vue.

Nous pouvons toutefois catégoriser les différents types de publicité suivant leurs principales

fonctions2 :

- Lorsqu’elle sert la promotion d’une vente spéciale, on parlera de publicité de vente ;

- Si elle vise le développement de la notoriété ou de l’image d’une marque, il s’agira de

publicité de marque ;

- Enfin, servant à la construction à long terme d’une image d’entreprise, elle prendra la

forme de publicité institutionnelle.

Ainsi peut-on observer que la publicité institutionnelle constitue bien une composante de la

publicité poursuivant un but précis et distinct des autres fonctions publicitaires.

Une première ébauche de définition en est à présent donnée.

Toutefois, constatant la multitude de significations présentes dans la littérature, nous

pouvons déduire qu’il n’existe pas de définition unanimement reconnue, et dès lors, cette

ébauche est clairement insuffisante. D’autres tentatives de définitions existent :

Lendrevie et Brochand considèrent par exemple qu’il s’agit d’une forme de publicité qui a

pour but la communication des valeurs de l’entreprise3.

Jean-Noël Kapferer, quant à lui, reprend la notion de communication des valeurs en y

ajoutant l’idée que la publicité institutionnelle constitue le porte-parole de l’entreprise à travers

lequel elle signale son apport à la collectivité4.

Ces définitions ne pourraient suffire dans la mesure où elles omettent de préciser la finalité

de telles campagnes. Lacunaires mais néanmoins intéressantes, elles méritent d’être complétées

par celle qu’en donne Nicole Herbert.

2 Ibid, p. 569 3LENDREVIE ET BROCHAND, Le Publicitor, 5ème éd., Dalloz Editions, 2001, p. 157 4 KAPFERER (Jean-Noël), Les marques, capital de l’entreprise, 3ème éd., Editions d’Organisations, 2003, p. 480

13

La publicité institutionnelle est la publicité destinée à promouvoir l’entreprise en tant que

telle. Il s’agit de donner à l’entreprise une personnalité forte qui lui permettra de progresser

plus facilement sur le chemin de la réussite, de réduire les résistances dues à l’environnement,

en s’y intégrant quel qu’il soit (…). Son rôle consiste essentiellement à augmenter les profits et

la croissance à long terme de l’entreprise, en s’alliant la sympathie et le support de ses publics.

Cette publicité est donc la communication dont l’entreprise est maîtresse et grâce à laquelle

l’entreprise se rapproche de ses interlocuteurs, leur rend des projets concrets, ses hommes

vivants, ses ambitions légitimes5.

Et Nicole Herbert d’ajouter, si les fonctions de l’entreprise d’aujourd’hui consistent à

assurer son existence en rencontrant les attentes du marché, en respectant les exigences des

groupes de pression et en ménageant une rentabilité acceptable par tous, on comprendra que

chacune des ces fonctions d’entreprise (…) est à valoriser auprès de chacun des publics

directement ou indirectement concernés par cette fonction. C’est là le véritable rôle de la

publicité institutionnelle.

Suite à ces définitions, on comprendra que cette communication non-produit vise à créer, à

modifier ou à renforcer une attitude positive de la part des différents publics concernés par

l’entreprise. Les campagnes institutionnelles n’ont dès lors pas pour vocation de vendre

immédiatement un produit mais plutôt de diffuser une image positive, valorisante et gratifiante

de l’annonceur.

1.1.1. Distinguer le corporate de l’institutionnel

Avant toute chose, il convient de préciser que le terme publicité corporate est employé de

manière à regrouper à la fois les concepts de publicité d’entreprise et de publicité

institutionnelle. En effet, certains auteurs ne différencient pas ces deux notions. Il s’agit donc

d’une distinction importante pour la suite de notre travail dans la mesure où la littérature tend à

les confondre.

La publicité dite d’entreprise a pour but de rendre la firme plus transparente. Elle reflète le

physique de l’entreprise, ses moyens humains et financiers. Elle éclaire sur ses ambitions en tant

qu’agent économique. Son contenu est donc factuel et économique. Quant aux destinataires de

5 HERBERT (Nicole), L’entreprise et son image : la publicité institutionnelle, pourquoi, comment ? Editions Dunod, 1987, p. 2

14

cette communication, ce sont en priorité les actionnaires, les fournisseurs, les prestataires

extérieurs, les analystes économiques ou financiers6.

Tandis que la publicité institutionnelle révèle les valeurs de l’entreprise : elle porte la

vocation de l’entreprise. Via ce type de publicité, la firme signale son apport à la collectivité. Ce

dernier élément est essentiel ; il ne s’agit plus de s’adresser aux financiers, aux fournisseurs ou

aux consommateurs, mais bien aux citoyens logés en chacun d’eux. Son contenu est

essentiellement moral, politique ou philosophique7.

La distinction entre les deux s’opère donc principalement en terme de destinataire du

message.

1.1.2. Distinguer la publicité produit de la publicité institutionnelle

La frontière entre la publicité institutionnelle et la publicité produit est difficile à tracer. Où

commence l’argumentation produit, où se termine l’argumentation idéologique ? La

délimitation entre les deux est souvent floue.

Pourquoi ? Parce que la tendance actuelle est à la multiplication de campagnes hybrides

mêlant à la fois de l’argument institutionnel et de l’argument produit. En effet, la construction

de l’image n’est pas un objectif en soi, elle ne trouve son intérêt que si elle s’accompagne de la

commercialisation de marques et produits8. Quant à ces derniers, l’entreprise ne peut en aucun

cas les négliger puisque, pour être crédible, elle doit également s’appuyer sur des faits concrets

qui se traduisent en terme de performances de produits ou de services9. De sorte qu’une forte

image d’entreprise appuie considérablement l’attitude favorable des clients à l’égard de ses

marques et produits. On constate donc que la corrélation se fait dans les deux sens.

La publicité institutionnelle vise la construction d’une image à long terme tandis que la

publicité produit ambitionne la vente à court ou moyen terme. La distinction se fait

principalement en terme de délais de performance pour l’entreprise.

De manière générale, les campagnes institutionnelles s’appuient sur plusieurs types

d’actions :

6 KAPFERER (Jean-Noël), op. cit., p. 479 7 Ibid, p. 480 8 LIBAERT (Thierry), La communication d’entreprise, Editions Economica, 1998, p.27 9 DE JAHAM (Marie-Reine), Le défi de la publicité institutionnelle, in : Revue française de Marketing, février 1979, p. 35

15

- Les relations publiques :

Il s’agit d’actions de type événementiel ayant pour but l’amélioration de l’image

d’entreprise10. Son objectif consiste à faire connaître l’action d’une entreprise afin de susciter

des réactions favorables dans le public11. Elle vise à développer une relation de confiance et

d’adhésion entre l’entreprise, ses marques et son public12.

- Le mécénat :

Sa motivation est sociale et permet de positionner la firme en tant qu’institution notamment

à travers le financement d’activités artistiques, culturelles ou humanitaires13.

- Le sponsoring :

Mû par un objectif commercial, le sponsoring cherche à créer un lien entre la marque,

l’entreprise et un événement médiatique tel que l’organisation d’événements sportifs ou

culturels. En contrepartie d’un appui matériel ou financier, l’entreprise exigera que son nom soit

signalé avant, pendant ou après l’événement14.

2. Genèse de la publicité institutionnelle

Pour saisir toute la portée des campagnes institutionnelles, il nous semble indispensable de

remonter à ses origines et d’en retracer brièvement sa genèse.

Quand ce type de publicité est-il apparu ? Suite à quel événement, à quelle constatation ? A

quelle nécessité répondait-elle ? Ce sont tant de questions auxquelles nous répondrons ici afin

de cerner tout l’intérêt que présentent les campagnes de publicité institutionnelle aujourd’hui.

Les premières campagnes de publicité institutionnelle remontent à 1928 aux Etats-Unis15. A

cette époque, à l’instar de l’Europe, les U.S.A. sont en pleine croissance économique. Jouissant

d’une excellente image, les grandes entreprises apparaissaient comme les institutions de la

modernité et du progrès. Elles bénéficiaient ainsi d’un consensus général reconnaissant le bien-

fondé de la course au profit et de l’innovation technologique. Comme la majorité des gens

profitaient du système, il n’y avait pas lieu de le reconsidérer.

10 KOTLER ET DUBOIS, op.cit., p. 551 11 LEDUC (Robert), La publicité, une force au service de l’entreprise, 9ème éd., Editions Dunod, 1984, p.245 12 LENDREVIE ET BROCHAND, op.cit., p. 77 13 WESTPHALEN (Marie-Hélène), Le Communicator, 3ème éd., Editions Dunod, 2000, p.327 14 Ibid, p. 328

16

Cependant, dans les années septante, on assiste à un net renversement des tendances qui se

caractérisera par un désajustement croissant entre les grandes firmes et le public.

En 1968, une enquête réalisée par Yankelovich, Skelly et White, indiquait que 70% des

personnes interrogées s’accordaient pour dire que les entreprises commerciales s’efforcent de

maintenir un juste équilibre entre leurs profits et les intérêts de la collectivité. En 1977, 15%

seulement partageaient encore ce sentiment16.

Les entreprises prirent conscience qu’il ne leur suffisait plus de valoriser leur propre

production mais qu’elles devaient se construire une image institutionnelle. Cette prise de

conscience fut bien entendu renforcée par le développement des mouvements écologiques et

consuméristes. Ceux-ci remirent en cause les fondements mêmes de l’idéologie de la

consommation et ses conséquences comme la détérioration de l’environnement, l’épuisement

accéléré des richesses naturelles, etc. Ces constatations faisaient suite, entre autre, au naufrage

du Torrey Canyon, au drame de l’explosion d’une usine de produits chimiques en Inde, à la

pollution du Rhin, etc. 17.

Face à ces accusations, les entreprises battirent en retraite. Un silence qui passait auprès de

la population comme un aveu de culpabilité. Devant cette défiance, certaines entreprises prirent

conscience du danger que représentait l’absence de dialogue avec le public18. C’est à cet effet

qu’elles eurent recours à un nouveau type de publicité, la publicité institutionnelle.

Cette mise en avant de la notion de responsabilité sociale des entreprises les ont conduites à

s’inquiéter de leur image et à la faire évoluer vers une identité plus noble, plus conforme aux

attentes de la communauté : celle de l’entreprise citoyenne.

C’est ainsi que paraissent les premières annonces institutionnelles sous la marque de Ford.

Il s’agissait de faire accepter au public l’idée de se déplacer en avion. Objectif ambitieux quand

on sait que le succès du trimoteur Ford dépendrait largement de la vision qu’en aurait

l’Américain moyen. Lift up your eyes titrait l’annonce. Le résultat dépassa les attentes, et la

campagne de Ford pourrait être rétrospectivement reconnue comme l’un des facteurs important

du succès de l’aviation commerciale19.

15 HERBERT (Nicole), op.cit., p.6 16 PASKOWSKI (Marianne), DONATH (Bob), Telling the corporate story, in Industrial Marketing, pp. 43 - 45 17 LENDREVIE ET BROCHAND, op.cit, p. 22 18 PASKOWSKI (Marianne), DONATH (Bob), op.cit., p. 31 19 HERBERT (Nicole), op. cit., p. 6

17

L’évolution allait en effet vers une publicité plus humaine, plus altruiste, insistant sur le rôle

que pouvait jouer l’entreprise dans la résolution de grands problèmes qui se posaient au niveau

national et même mondial : les grands thèmes de protection de l’environnement, de la

conservation des énergies, de solidarité et de dévouement, ne datent donc pas d’hier.

En France, c’est vers les années 20 qu’il faut situer les premières tentatives de publicité

institutionnelle. Ainsi retrouvera-t-on ces thèmes dans les premières annonces de la SNCF ou de

Michelin. A titre d’exemple, le célèbre Bibendum avait été créé pour exprimer la puissance

empreinte de bonhomie de la firme20.

L’intérêt de ces campagnes -qui ne présentent pas de rentabilité à court terme- se justifiait

par la volonté de créer un état d’esprit plus favorable aux entreprises et particulièrement aux

entreprises de dimension importante. Les firmes prirent peu à peu conscience du pouvoir

qu’elles avaient à parler en leur propre nom et de l’influence qu’elles exerçaient ainsi sur leurs

publics.

Dorénavant, l’entreprise prend les devants face aux diverses problématiques et accusations

auxquelles elle se trouve confrontée. Aujourd’hui, le public ne se satisfait plus d’une

appréhension globale de l’entreprise : il veut la comprendre de l’intérieur. Les citoyens

attendent d’une entreprise qu’elle adopte un comportement éthique et responsable, de manière à

devancer leurs interrogations et leurs inquiétudes. Pour y parvenir, la firme doit dépasser le

simple cadre commercial dans sa communication21.

3. Objectifs et cibles de la publicité institutionnelle

Si une entreprise ne construit pas elle-même son image, d’autres risquent de s’en charger

et pas forcément dans le sens souhaité22.

3.1. A quels objectifs répond la publicité institutionnelle ?

On ne pourrait mentionner tous les objectifs auxquels répond une campagne de publicité

institutionnelle tant ils sont nombreux et variés. Signalons d’abord que ce type de campagne est

lié à la nature des cibles auxquelles la firme s’adresse, les arguments utilisés doivent s’adapter

20 loc. cit. 21 LENDREVIE ET BROCHAND, op.cit., p. 161 22 HERBERT (Nicole), op.cit., p. 11

18

au segment de population visé. Ensuite, il existe autant d’objectifs particuliers qu’il existe de

problèmes spécifiques susceptibles d’émerger au sein d’une entreprise.

Quoi qu’il en soit, la mission de la publicité institutionnelle est de fournir au public une

image plus complète et plus favorable de la société afin de lui conférer une certaine crédibilité

et par extension, une certaine légitimité. Aujourd’hui, les consommateurs, et plus largement les

citoyens, attendent d’une entreprise qu’elle remplisse son rôle à l’égard de la société. Dès lors

que ces firmes n’assurent pas les obligations qui leur incombent, il peut se poser pour elles un

sérieux problème de légitimité.

Les principales cibles de la publicité institutionnelle sont en général l’opinion publique et le

consommateur. Il s’agit de leur envoyer des signes forts afin de les rassurer sur la détermination

de l’entreprise à servir les intérêts des uns tout en respectant la volonté des autres. Cela sans

perdre de vue les objectifs industriels et commerciaux de l’entreprise23.

Les campagnes institutionnelles permettent d’atteindre un ou plusieurs objectifs tactiques :

- Les campagnes de publicité institutionnelle peuvent servir à favoriser l’insertion de

l’entreprise dans son environnement.

Quand il s’agit de son environnement naturel, les campagnes seront généralement menées sur le

thème de l’écologie. Par contre, lorsqu’il est nécessaire pour l’entreprise de s’insérer dans son

environnement économique et/ou politique, le thème de l’identité nationale sera privilégié24.

- Elles permettent de défendre l’entreprise contre des attaques dont elle est l’objet.

C’est le cas des entreprises perçues comme gagnant trop d’argent ou exploitant des causes peu

nobles, comme La Loterie nationale. La publicité institutionnelle permet alors de réagir à des

attaques, et de faire face à des situations dans lesquelles l’utilité des sociétés elle-même est

controversée.

- Gagner la confiance du grand public25.

En fait, ce nouveau critère en vertu duquel les entreprises veulent être jugées, on pourrait

l’appeler la « bonne citoyenneté ». Il s’agit d’expliquer les actions et les buts de l’entreprise

afin de les rendre conformes et concrets aux yeux de l’opinion publique. Par extension, il s’agit

23 LENDREVIE ET BROCHAND, op. cit., p. 162 24 Ibid, p. 163 25HERBERT (Nicole), op. cit., p. 5

19

de créer un climat favorable à la firme de sorte que le public établisse une relation entre la firme

et les marques qu’elle fabrique ou commercialise ;

- Remédier à une crise d’identité de l’entreprise, revaloriser ou moderniser son image.

En effet, comme nous le verrons plus loin, l’image de l’entreprise change lentement et souvent

plus progressivement que la firme elle-même. Ce principe est donc de nature à nuire aux

entreprises qui évoluent dans un sens positif ;

- Susciter la sympathie du public pour les produits et les marques de l’entreprise.

Aujourd’hui, trop de marques sont semblables pour justifier d’un choix. Dans ce cas, tout le

revers de la marque (l’entreprise qui la commercialise, son apport à la collectivité, …) peut faire

la différence pour le consommateur ;

- Annoncer un changement de nom ou de structure.

Comme ce fut le cas pour la banque BBL/ING que nous analyserons plus loin.

Il serait fastidieux de citer tous les objectifs auxquels la publicité institutionnelle tend à

répondre. En réalité, dans toute la variété d’objectifs et de formes d’exécutions publicitaires, on

compte seulement trois fonctions que la publicité institutionnelle remplit de manière effective26.

Ce sont ces trois fonctions qui chapeautent toute la variété d’objectifs tactiques cités ci-dessus,

chacun de ceux-ci entrant dans une des catégories de fonctions suivantes :

- Augmenter la notoriété de l’entreprise ;

- Etendre la familiarité ou le taux de proximité psychologique ;

- Influencer les attitudes ou le taux de conviction.

3.2. Quel public cibler ?

Par définition, le public est l’ensemble des personnes situées à l’intérieur de la zone

d’action d’une organisation déterminée en mesure d’en influencer l’activité27. Ainsi défini, le

public d’une entreprise se scinde en plusieurs classes. Le contenu de l’information, de même

que la manière de communiquer, diffèreront naturellement d’une classe à l’autre.

26 X, 1982 corporate advertising, in Business Week , n° hors série, 1983 27 LEDUC (Robert), op. cit., p. 248

20

- Le grand public :

Cette catégorie est très large. Elle comprend aussi bien les clients que les non-clients de

l’entreprise. Il va de soi qu’il est extrêmement rare que le public en général soit pris comme

cible. En fait, l’action de communication doit se concentrer sur une partie de ce public, sur un

segment28.

- Les clients :

En général, la publicité adressée aux clients est essentiellement de nature commerciale ou

promotionnelle29. Toutefois, comme nous l’avons vu plus haut, pour faire la différence aux yeux

des prospects, l’entreprise a tout intérêt à jouer avec d’autres arguments, notamment

institutionnels.

- Le personnel :

Il constitue un public clé pour l’entreprise. Les employés sont les témoins les plus crédibles et

souvent les plus convaincants de la réalité d’une entreprise. A travers sa publicité

institutionnelle, l’entreprise peut tenter de promouvoir auprès de son personnel des valeurs

telles que la notion de sécurité dans le travail. Et ce, afin que chaque employé constitue une

sorte de relais contribuant ainsi à la publicité de la firme30.

- Les candidats à l’emploi :

Suivant le principe qu’il y va de l’intérêt de l’entreprise de recruter ce qu’il y a de mieux sur le

marché de l’emploi, elle doit donc se faire connaître et être estimée par ce public afin de lui

donner envie de travailler pour elle.

En fait, tout ce qui précède démontre l’intérêt de l’entreprise à soigner son image dans

l’esprit des consommateurs et plus largement, du public afin de s’assurer une certaine pérennité.

28 loc. cit. 29 loc. cit. 30 loc. cit.

21

4. Enjeu de la publicité institutionnelle dans le positionnement de

l’entreprise, son image et sa notoriété

En règle générale, ces trois concepts découlent naturellement l’un de l’autre. En effet, la

notoriété de l’entreprise est conditionnée par l’image qu’elle propose d’elle-même et cette

image résulte du positionnement qu’elle se sera défini préalablement. La publicité

institutionnelle agit sur chacun de ces concepts essentiels pour la pérennité d’une entreprise.

4.1. Le positionnement de l’entreprise, un acte indispensable

Toutes les entreprises ont une image, mais rarement celle qu’elles désirent donner d’elle-

même, constate Nicole Herbert31.

Pourquoi ? La réponse à cette question fait appel à ce que l’on appelle le positionnement de

l’entreprise. Encore aujourd’hui, trop d’entreprises ne savent pas précisément ce qu’elles

veulent être. Dans un monde de plus en plus concurrentiel, il est indispensable pour chaque

firme de marquer sa différence. Savoir se positionner permet à l’entreprise d’identifier les

éléments clés qui lui assureront une progression définitive. Voilà pourquoi le positionnement est

un exercice indispensable32.

Plus précisément, le positionnement définit la raison d’être d’une entreprise, ce qu’elle a

d’unique, de singulier et de spécifique33. En ce sens, le positionnement détermine la conception

de l’entreprise et de son image dans le but de lui donner une place déterminée dans l’esprit du

consommateur cible34.

Plusieurs caractéristiques peuvent encore définir ce concept35 :

- Le positionnement est fédérateur : il s’appuie sur le patrimoine des valeurs affirmées ou

latentes cultivées par l’entreprise ;

- Le positionnement est compétitif : il donne à l’entreprise une identité distincte qu’aucun

concurrent ne doit pouvoir s’attribuer ;

- Le positionnement est volontariste : il exprime la manière dont l’entreprise veut être

perçue par ses différents publics.

31 HERBERT (Nicole), op. cit., p. 42 32 loc.cit 33 loc. cit. 34 KOTLER ET DUBOIS, op. cit., p. 322

22

Construire un positionnement implique donc de réfléchir à l’envers : afin de définir son

positionnement de manière optimale, l’entreprise doit partir des attentes des consommateurs et

des préoccupations du citoyen pour que ce positionnement puisse refléter au mieux leurs

aspirations.

Il arrive encore fréquemment que certaines firmes oublient de définir précisément leur

mission avant de se lancer dans des campagnes institutionnelles. Paradoxe étonnant quand on

sait que ce type de campagne cherche à promouvoir et à développer la notoriété de l’entreprise.

C’est pour cette raison qu’avant de se lancer dans ce genre de campagne, il importe que

l’entreprise se soit forgée une image dans l’esprit des consommateurs. Il convient ensuite de

développer ces campagnes en accord avec cette image.

4.2. L’image de l’entreprise

On observe donc bien que la définition du positionnement de l’entreprise n’est pas sans

conséquence sur l’image de la firme.

En quoi consiste cette image que tant d’entreprises tentent de soigner au mieux ? Quelle

relation y a-t-il entre l’image et l’attitude du public ? Pour répondre à ces questions, un constat

s’impose : l’image d’entreprise existe de toute façon, qu’elle soit voulue ou non par l’entreprise.

D’une part, le public est informé par les médias, les associations de consommateurs, etc. et se

forge dès lors une opinion, juste ou injuste, bonne ou mauvaise36. D’autre part, l’idée que

l’entreprise propose d’elle-même à ses différents publics est conditionnée par son nom, son

logotype, ses actions et certains autres éléments qui sont des éléments constitutifs, porteurs de

l’image d’entreprise.

C’est à partir de ces deux points de vue que le public perçoit l’image totale de l’entreprise.

Tout l’intérêt d’une image d’entreprise valorisante réside dans ce constat : aujourd’hui, nous

vivons dans une société de consommation où les produits, les marques, et les services se

banalisent. Dès lors, l’image d’entreprise peut faire la différence.

En effet, en l’absence de caractéristiques distinctives entre les produits, marques ou

services, les consommateurs cherchent à différencier les entreprises qui les fabriquent ou les

35 HERBERT (Nicole), op. cit., p. 43 36 HERBERT (Nicole), op.cit., p. 10

23

commercialisent. Les seules différences qu’ils perçoivent s’expriment alors en terme d’image,

laquelle influencera l’acte d’achat.

En terme de moyens, la publicité institutionnelle constitue un outil incomparable puisqu’elle

permet à l’entreprise de renvoyer une image aussi proche que possible des préoccupations des

consommateurs. Cette démarche publicitaire offre effectivement l’avantage de s’adresser

directement aux citoyens, moins pour lui vendre ses produits que pour montrer qu’elle ne

néglige pas ses obligations envers la société et, qu’en tant que telle, elle mérite la confiance du

public. Cette image, à l’instar des attitudes qui la sous-tendent, présente plusieurs

caractéristiques :

- Elle peut être favorable/ positive ou défavorable/ négative ;

- Elle présente un certain degré d’intensité qui peut être fort ou faible ;

- Elle a aussi un certain degré de précision : elle peut être floue, dans ce cas, l’image

risque de se confondre avec celles des entreprises concurrentes. Au contraire, si l’image

est claire, elle se distinguera de la concurrence ;

- Elle est subjective et correspond à une façon d’appréhender l’entreprise ;

- Elle est stable et n’évolue que très lentement une fois qu’elle s’est imposée au public.

Toute l’élaboration d’un programme d’image institutionnelle crédible et efficace passe par

le respect de quelques impératifs fondamentaux :

- L’image doit être juste : la firme doit se faire connaître pour ce qu’elle est et doit être

crédible tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de l’entreprise37 ;

- L’image doit être positive : c’est là que réside tout l’intérêt d’un programme d’image ;

dévoiler l’entreprise sous ses meilleurs aspects. Surtout dans les secteurs à faible valeur

ajoutée comme le secteur bancaire où une mise en valeur est indispensable38 ;

- L’image doit être durable : puisqu’elle porte la vocation de l’entreprise, elle doit

théoriquement être immuable. Les changements d’image qui s’opèrent doivent

clairement s’inscrire dans une démarche stratégique ;

37 WESTPHALEN (Marie-Hélène), op. cit., p. 11 38 loc. cit

24

- L’image doit être originale : afin de se distinguer de ses compétiteurs, ce qui est

précisément l’un des buts de l’image d’entreprise. Ceci est particulièrement vrai dans les

secteurs où les produits et services sont banalisés : faute de pouvoir vendre des produits

différents, les entreprises sont obligées de se doter d’une vraie personnalité c’est-à-dire

d’une image de firme originale et spécifique39.

4.3. La notoriété de l’entreprise

Comme susmentionné, la publicité institutionnelle a également pour but d’accroître la

notoriété de l’entreprise. Toutefois, notoriété et image sont deux concepts bien distincts qui ne

doivent pas être confondus. En effet, la notoriété n’est qu’un aspect particulier de l’image.

Cette notoriété se définit comme le pourcentage de personnes dans un public donné qui :

- Connaît l’existence de la firme ;

- Sait en plus la catégorie de produit ou le secteur économique auxquels elle appartient.

Si l’on en croit les résultats du tableau suivant, on s’aperçoit que la publicité institutionnelle

constitue un outil non négligeable dans le développement de la notoriété d’une entreprise.

Tableau 1.1. : Attitude du public à l’égard des annonceurs eu égard au recours à la

publicité institutionnelle

Attitude du public à l’égard des annonceurs

Ne faisant pas de

publicité

institutionnelle

Faisant de la

publicité

institutionnelle

Connaissance de

l’existence de

l’entreprise

82% 93%

Familiarité avec

l’entreprise

63% 77%

Impression positive

globale de la firme

38% 51%

Source : De JAHAM (Marie-Reine), Le défi de la publicité institutionnelle, p. 38

39 Ibid., p. 13

25

Au regard du tableau, on constate une différence significative entre les entreprises faisant de

la publicité institutionnelle et celles qui n’en font pas. Compte tenu des résultats plus élevés des

premières, on peut déduire un meilleur taux de notoriété.

Une étude réalisée par Yankelovich en 1977 et portant sur l’attitude du public vis-à-vis des

entreprises qui font de la publicité institutionnelle et celles qui n’en font pas démontre

également qu’il existe un écart entre les deux. En effet, les firmes faisant de la publicité

institutionnelle créent une différence qui rejaillit sur toutes les actions de celles-ci.

Tableau 1.2. : Attribution de qualités aux entreprises eu égard au recours à la

publicité institutionnelle

Attribution de qualités aux entreprises

Ne faisant pas de publicité

institutionnelle

Faisant de la publicité

institutionnelle

Produits de qualité 53% 64%

Leader dans son domaine 52% 64%

Direction compétente 51% 60%

Produits sûrs 53% 58%

Concurrentielles 49% 55%

Recours à des technologies

de pointe

44% 55%

Actions intéressantes 42% 55%

Innovation 45% 52%

Apte à résoudre des

problèmes

39% 48%

Répond aux attentes des

consommateurs

42% 45%

Entreprise honnête 41% 45%

Vérité en publicité 37% 42%

Meilleure utilisation des

ressources naturelles

31% 42%

Se soucie de l’alimentation,

des déchets

30% 36%

Aide à contrôler l’inflation 22% 23%

Moyenne 41% 49%

Source : Etude Yankelovich in De JAHAM (Marie-Reine), Le défi de la publicité institutionnelle, p. 40

26

Ce tableau démontre dès lors tout l’intérêt de la publicité institutionnelle dans les démarches

d’accroissement du taux de notoriété, et plus largement d’amélioration de l’image d’entreprise.

Mais quel message faire passer dans la démarche de construction d’une image

institutionnelle? Quels sont les thèmes à aborder pour la valoriser au maximum ? C’est ce que

nous tenterons de cerner au point suivant.

5. Les thèmes de la publicité institutionnelle

Les thèmes développés dans les campagnes de publicité institutionnelle varient, d’une part,

selon que l’entreprise est résolument centrée sur elle-même ou au contraire orientée vers le

consommateur et, d’autre part, selon que sa démarche est plutôt rationnelle ou affective.

Figure 1.1. : Les thèmes institutionnels

Source : RALET (Pierre), La publicité institutionnelle. Quels résultats ? A quelles conditions ? , in Propos

de forum, , n° 3, février 1983, p. 11

Si l’on observe les intersections des axes Entreprise-Affectif et Entreprise-Rationnel, on

s’aperçoit que les thèmes développés dans cette perspective relèvent de la publicité corporate.

Les campagnes sont alors orientées vers la puissance, le dynamisme et les profits de

l’entreprise. Par contre, si l’on examine les croisements entre Consommateur-Affectif et

Consommateur-Rationnel, on constate que ces thèmes sont plus conformes aux principes de la

27

publicité institutionnelle tels que nous les avons définis précédemment. Les thèmes que nous

envisagerons ci-après relèveront donc d’une attitude de l’entreprise orientée vers le

consommateur dans une perspective rationnelle et affective.

De nombreuses études ont été menées afin de connaître les voies dans lesquelles les

consommateurs souhaiteraient voir l’entreprise s’engager en matière de causes à défendre.

Parmi celles-ci, relevons l’étude du CREDOC40 sur les Conditions de vie et aspirations des

Français41. Cette enquête a été menée en face-à-face, de décembre 2001 à janvier 2002, auprès

d’un échantillon représentatif de 2002 Français âgés de 18 ans et plus :

Tableaux 1.3. : Thèmes de la publicité institutionnelle et citoyens

Source : Régis BIGOT, La consommation engagée. Mode passagère ou nouvelles tendance de la

consommation ?, in : Le 4 pages des statistiques industrielles. 42

Au regard des résultats obtenus dans ce tableau, nous pouvons relever les principaux

thèmes auxquels les consommateurs accordent de l’importance dans leurs décisions d’achats :

40 Centre de Recherche pour l’Etude et l’Observation des Conditions de vie. 41 CREDOC, enquête « Conditions de vie et Aspirations des Français, début 2002 pour le compte du Sessi, Détails de l’enquête, voir annexe 1 42 Régis BIGOT, La consommation engagée. Mode passagère ou nouvelles tendance de la consommation ?, in : Le 4 pages des statistiques industrielles. Source : CREDOC, enquête « Conditions de vie et Aspirations des Français, début 2002 pour le compte du Sessi

28

- Regardez ce que nous faisons pour l’humanité.

L’attention accordée à la qualité de la vie apparaît comme l’un des thèmes les plus porteurs.

La lutte contre le travail des enfants, l’aide au tiers monde, etc. sont des causes que le

consommateur juge importantes de défendre ;

- Regardez ce que nous faisons pour l’environnement.

Le souci de l’environnement constitue également un leitmotiv pour le public. Fabrication

non polluante, meilleure utilisation des ressources naturelles, etc. sont également une plus-value

pour l’image de l’entreprise ;

- Regardez la qualité de nos produits.

La production, par l’entreprise de produits sûrs et de bonne qualité passe par la fabrication

nationale et européenne des produits ;

- Regardez les programmes que nous développons.

L’aide aux activités culturelles et sportives, la participation de l’entreprise à des

programmes éducatifs suscitent également sa part de sympathie aux yeux du public.

Il s’agit ici des principaux thèmes, il en existe bien d’autres. En fait, il pourrait y avoir

autant de thèmes à développer que d’intérêts particuliers propres aux consommateurs. Si nous

avons choisi de nous centrer sur l’étude du CREDOC, c’est parce que les thèmes institutionnels

répertoriés par la littérature étaient semblables à ceux que présentent les résultats de l’enquête.

En ne reprenant que ceux-ci, nous nous centrions bien sur les thèmes phares de la publicité

institutionnelle développés par les entreprises tout en démontrant qu’ils rencontrent

parfaitement les attentes des consommateurs.

Pour conclure ce chapitre, nous pouvons affirmer que, dans le contexte économique actuel, il

importe que l’entreprise précise la façon dont elle envisage son propre rôle institutionnel,

économique et social au sein de la communauté ainsi que la manière dont elle s’y intègre en

satisfaisant les besoins de la société.

En examinant la genèse de la publicité institutionnelle, nous observons que l’apparition de

cette forme de publicité répond à une réelle demande des consommateurs de comprendre

l’entreprise de l’intérieur. Les firmes ne peuvent plus être muettes, elles se doivent d’établir un

dialogue avec les consommateurs -et plus largement avec les citoyens- qui dépasse le cadre

29

commercial. Qu’il s’agisse de lutter contre la pollution, de participer à l’éradication du travail

des enfants ou de développer des programmes éducatifs, les prospects attendent des entreprises

qu’elles assument leur rôle social.

Parmi les nombreuses techniques publicitaires, la publicité institutionnelle tend à apporter

une réponse efficace à ce nouveau besoin de communication. Via ce type de campagne, la firme

mettra en lumière son apport à la collectivité et rencontrera ainsi les attentes des consommateurs

et des citoyens. De cette manière, l’entreprise s’alliera la sympathie et le support de ses publics

avec comme résultat un enrichissement de son image et une attractivité décuplée.

30

Chapitre II

La marque, concept-clé de l’entreprise

Comme l’indique l’intitulé du présent travail, nous nous intéressons au rôle que joue la

publicité institutionnelle à l’égard de la marque. Après avoir défini le concept de publicité

institutionnelle, nous allons à présent examiner le rôle qu’elle joue dans les plans de gestion de

marques.

Dans un premier temps, nous préciserons exactement ce qu’est une marque. Ensuite, nous

envisagerons l’intérêt qu’elle représente pour l’entreprise. En effet, si les firmes s’engagent dans

des campagnes de publicité institutionnelle pour soigner leur marque, on peut supposer que le

marquage des produits entre dans une stratégie de l’entreprise qui lui procure de nombreux

avantages. D’autre part, cet intérêt des entreprises pour les marques est également lié à la

demande des consommateurs. C’est pourquoi nous présenterons finalement les motivations des

consommateurs à préférer les produits à marque, cette préférence justifiant la nécessité pour les

entreprises de gérer l’image de leurs marques.

Depuis plusieurs années, l’intérêt pour les marques dans les entreprises n’a cessé de croître.

Elles sont désormais leur capital et à ce titre doivent être gérées avec précaution. C’est pourquoi

le principe de la publicité institutionnelle s’inscrit également dans les plans de gestion de

marques.

Et ce de deux manières :

- Nous avons vu que face à une offre pléthorique et peu empreinte de différences

fonctionnelles, l’image d’entreprise a nécessairement un impact sur la manière dont

le public considère les marques fabriquées ou commercialisées par les firmes. A ce

titre, l’image de l’entreprise peut faire la différence dans la décision d’achat. Ce

premier principe s’applique essentiellement aux marques qui portent le même nom

que leur entreprise. De cette manière, les consommateurs établissent un lien évident

entre les deux de sorte que les actions de la première se répercutent inévitablement

sur la deuxième, et vice-versa. C’est pourquoi ces entreprises se lancent de plus en

plus dans des campagnes institutionnelles afin que l’image entretenue par le public à

leur égard puisse rejaillir positivement sur l’image de leurs marques et, à terme,

31

avoir un impact sur les ventes. Afin d’illustrer ce propos, nous analyserons le cas

Benetton plus loin ;

- Dans le cas où le lien entre la marque et l’entreprise ne peut être établi de manière

spontanée, la marque doit alors adopter un discours laissant transparaître ses

qualités associatives (cf. infra) intégrant ainsi le registre institutionnel dans sa

communication. Nous envisagerons ce cas dans la seconde partie de ce travail

consacré à l’analyse des campagnes institutionnelles de Douwe Egberts.

1. La marque. Plus qu’un nom, un concept

Comme l’affirme la plupart des auteurs, la marque est un élément clé de la stratégie d’une

entreprise puisqu’elle contribue à augmenter la valeur de son offre.

Avant d’en examiner les rôles et fonctions, une définition s’impose. Ici encore, elles sont

nombreuses à se côtoyer dans la littérature spécialisée. Cependant, à la différence de la publicité

institutionnelle, toutes convergent. On retrouve dans de nombreuses définitions les notions de

valeur, de signature, de repère, en vue de l’identification et la différentiation des produits.

Plus concrètement, une marque est un nom, un terme, un symbole, un dessin, ou toute

combinaison de ces éléments servant à identifier les biens ou services d’un vendeur ou d’un

groupe de vendeurs et à les différencier des concurrents43.

Suite à cette définition, nous pouvons déduire que les rôles premiers d’une marque

consistent à identifier et différencier les marques de l’offre. Toutefois, au-delà de ces fonctions

primaires, une marque est également une promesse faite par le vendeur à l’acheteur.

La marque superpose ainsi différents niveaux de réalité sous un même nom. D’une part,

elle constitue un repère au sein du marché sur lequel elle agit en s’appuyant sur des valeurs

tangibles, c’est-à-dire ses qualités objectives et, intangibles, comme sa sensorialité, sa narration

et son implication dans l’écosystème44. D’autre part, elle représente également la valeur globale

évoquée avec des promesses de satisfaction matérielle et immatérielle.

Une marque est aussi un ensemble de composantes que l’on peut articuler autour de cinq

pôles45 :

43 KOTLER ET DUBOIS, op. cit., p. 424 44 LEWI (Gérard), La marque, Editions Vuibert , ???, p. 4 45 KOTLER ET DUBOIS, op. cit., p 424

32

- Un ensemble d’attributs. Une marque évoque des caractéristiques qui lui sont propres ;

- Un ensemble d’avantages. Une marque communique les avantages fonctionnels et

émotionnels qui y sont associés ;

- Un ensemble de valeurs. La marque exprime également la culture de l’entreprise dont

elle émane. Il est donc essentiel pour le gestionnaire de la marque de repérer les

segments de clientèle qui partagent et recherchent les mêmes valeurs ;

- Une personnalité. La marque projette également une personnalité en principe bien

définie afin de se différencier au maximum de la concurrence ;

- Un profil d’utilisateur. Enfin, la marque évoque un utilisateur type.

Cet ensemble de significations doit être géré de manière à définir les dimensions à exploiter

dans la construction de l’identité de la marque. Pour ce faire, le gestionnaire doit repérer les

dimensions que la marque doit développer pour qu’elle puisse se différencier réellement des

concurrents. Par exemple, se limiter aux attributs serait une erreur ; ils n’intéressent pas les

consommateurs : ils sont facilement imitables par la concurrence et risquent par conséquent de

se dévaluer avec le temps. Il en va de même pour les avantages qui semblent insuffisants

puisqu’un concurrent peut les dépasser. Toutefois, il est évident que, même si les attributs eux-

mêmes ne sont pas déterminants dans le choix des clients, leur traduction en terme de bénéfice

revêt par contre une importance cruciale aux yeux des prospects. Nous envisagerons cette

question au point consacré à la valeur de la marque pour le consommateur.

Quoi qu’il en soit, les valeurs, la culture et la personnalité de la marque sont ses véritables

actifs puisqu’ils permettent de différencier réellement la marque46.

1.1. La marque et le produit

Cette distinction ne s’opère pas aisément puisque la marque constitue un concept marketing

indissociable du produit. Il s’agit pourtant de deux notions spécifiques faisant appel à des

logiques bien différentes. C’est pourquoi nous jugions indispensable d’insister sur cette

distinction.

Dans l’optique marketing, le produit est conçu pour répondre aux attentes non satisfaites sur

le marché. Dans cette perspective, le rôle de la marque est de proposer un point de vue sur la

46 loc. cit.

33

catégorie de produits, lui permettant ainsi d’acquérir un capital confiance chez les

consommateurs47. Ces deux concepts sont indissociables puisque d’une part, on ne peut pas

travailler la marque indépendamment du produit sans risquer de la fragiliser et d’autre part, la

marque oriente indéniablement notre vision des produits.

2. Les rôles et fonctions de la marque

Comme nous l’avons évoqué plus haut, une marque forte crée de la valeur. Tout son intérêt

réside dans ce constat. Elle en crée à la fois pour le consommateur, mais aussi pour l’entreprise

qui la fabrique ou la commercialise dans la mesure où les marques importantes aux yeux des

clients présentent de nombreux avantages pour la firme elle-même.

2.1. Rôle de la marque pour l’entreprise

Il est vrai que, pour qui s’en tient à une lecture juridique de la marque, celle-ci n’est pas un

instrument de protection des consommateurs mais des entreprises. De par son caractère

facultatif, elle est un instrument dont les entreprises font ou non usage48.

Pour l’entreprise, le rôle essentiel de la marque consiste à différencier ses produits et

services de ceux de la concurrence. Cet aspect représente en effet un enjeu majeur sur tous les

marchés49. Et certains analystes d’affirmer que la marque constitue le capital suprême de

l’entreprise. A terme, c’est la fidélité de comportement qui constitue le véritable enjeu pour

l’entreprise, c’est donc le capital client qu’il faut privilégier, la marque n’étant qu’un moyen50.

2.1.1. La fidélité à la marque, un enjeu considérable

Toutes les marques fortes développent aujourd’hui des programmes de fidélisation. Et pour

cause, la caractéristique principale de ce type de marque est son taux élevé de gros clients

fidèles. A une époque où, abondance de l’offre oblige, les acheteurs passent de plus en plus

d’une marque à l’autre, les responsables marketing se doivent de viser bien plus que le zéro

défaut, mais le zéro défection, en particulier des 10% de clients représentant 50% des ventes.

Désormais, les entreprises ne cherchent plus à attirer un maximum de clients mais à conserver

les meilleurs d’entre eux51.

47 KAPFERER (Jean-Noël), op. cit., p. 56 48 KAPFERER (Jean-Noël), Les marques à l’épreuve de la pratique, p. 37 49 LENDREVIE ET BROCHAND, op. cit., p. 191 50 KOTLER ET DUBOIS, op. cit., p. 426 51 KAPFERER (Jean-Noël), op. cit., p. 192

34

Fidéliser le client consiste à créer une relation personnalisée avec lui, base d’un lien plus

intime et par conséquent plus impliquant, ce que les Américains appellent Customer bonding.

Sur le plan offensif, la marque doit devenir une marque d’attentions presque individualisées,

frôlant le sur-mesure, s’adressant non pas à un client mais à une personne. Le consommateur a

donc besoin de mieux percevoir la valeur ajoutée d’une marque pour lui rester fidèle. C’est ici

que la publicité purement commerciale montre aujourd’hui ses limites au profit des arguments

institutionnels52.

En dehors, de l’avantage concurrentiel que représente la fidélisation des clients, comment

les marques sont-elles pensées et vécues dans une entreprise ?

Toutes les entreprises, ou presque, ont des marques, cependant toutes ne leur attachent pas la

même importance. De nombreux dirigeants réduisent encore la marque à ses signes : nom

déposé, symbole visuel, logo, slogan,… Pour les autres, la marque s’inscrit au cœur d’une

stratégie de différenciation et de valorisation.

2.1.2. La marque, une assurance pour les financiers

Le marquage des produits confère une assurance aux financiers. En effet, eux aussi préfèrent

les entreprises à marques fortes. Pourquoi ? Parce que le risque qu’ils encourent est moindre. Il

s’agit ici d’une perspective essentiellement financière sur le capital-marque.

Ainsi la marque fonctionne-t-elle de la même manière pour le financier que pour le

consommateur : la marque forte supprime le risque (cf. infra). Le prix à payer, certes plus élevé,

rétribue la garantie et l’extinction du risque puisqu’une enseigne dominante constitue une

barrière à la concurrence de par son statut de référence. En achetant très cher des entreprises à

marque, le financier acquiert des cash flows futurs quasi certains53.

2.1.3. La marque, une garantie contre la concurrence

La marque crée donc de la valeur pour l’entreprise puisqu’elle différencie ses produits. En

effet, la marque donne du sens au produit en fonction de sa mission, c’est-à-dire par rapport au

niveau d’attente et au type de besoin auquel le produit est dédié et auquel il devra toujours

tenter de répondre au mieux. Cette ligne de conduite est le positionnement.

52 loc. cit. 53 KAPFERER (Jean-Noël), op. cit., p. 28

35

On entend par positionnement la mise en avant des caractéristiques distinctives par rapport

à la concurrence et motivante vis-à-vis du public54. Le positionnement est un concept nécessaire

qui rappelle que pour le consommateur, tout choix est comparatif. Il s’agit d’une démarche

analytique visant à répondre à quatre questions essentielles55 :

- La marque, pourquoi ? C’est l’angle du bénéfice pour le consommateur

- La marque, pour qui ? C’est l’angle de la cible

- La marque, pour quand ? C’est l’angle des conditions d’utilisation

- La marque, contre qui ? C’est l’angle des concurrents immédiats, c’est-à-dire ceux

dont on pense capter une partie de la clientèle

Ces quatre questions permettent d’ancrer et de faire immédiatement percevoir l’apport de la

nouvelle marque en l’inscrivant dans une logique de différenciation.

2.2. La marque crée de la valeur pour le consommateur

Le succès de toute marque est conditionné par la valeur et la satisfaction qu’elle procure à

son acquéreur. Ainsi, un acheteur évaluera les différentes marques de l’offre en fonction de la

valeur qu’il perçoit en elle.

En fait, la valeur de la marque correspond au rapport entre ce que l’acquéreur obtient (la

satisfaction, par exemple) et ce qu’il donne (du temps, de l’argent, etc.)

2.2.1. Les facteurs créateurs de valeurs

Quels sont les facteurs qui font qu’une marque est plus ou moins valorisée dans l’esprit des

consommateurs ? Les réponses à cette question sont multiples puisque chaque individu a des

aspirations et des niveaux d’attentes différents à l’égard des marques.

Le tableau suivant présentera les huit principales fonctions créatrices de valeur pour la

marque.

54 Ibid., p. 104 55 loc. cit

36

Tableau 2.1. - Les fonctions de la marque pour le consommateur56

Fonction Bénéfice consommateur De repérage Voir clair, se repérer dans l’offre, identifier rapidement les

produits recherchés.

De praticité Permettre le gain de temps et d’énergie par le rachat à l’identique

et la fidélité.

De garantie Etre sûr de trouver une qualité stable quel que soit le lieu d’achat

et le moment.

D’optimisation Etre sûr d’acheter le meilleur produit de sa catégorie, la meilleure

performance pour un usage spécifique.

De

personnalisation

Se voir conforté dans son self-concept ou dans l’image que l’on

donne de soi aux autres.

De permanence Satisfaction née de la familiarité et de l’intimité des liens à une

marque que l’on a consommée depuis des années et qui dure.

D’hédonisme Satisfaction liée à l’esthétique de la marque, à son design, à ses

communications.

D’éthique Satisfaction liée au comportement responsable de la marque dans

son rapport à la société (écologie, emploi, citoyenneté,…).

- Le repérage et la praticité :

Ces deux premières fonctions sont d’ordre purement mécanique. Elles se réfèrent à l’essence

même de la marque : être un signe reconnu. Cette reconnaissance permet de simplifier le choix

des consommateurs en fournissant des repères bien identifiés du bénéfice final recherché.

D’autre part, la marque présente un gain de temps57. En effet, en ce qui concerne les achats

répétitifs, une marque forte est plus facile à repérer et par conséquent, favorise les choix

réguliers58.

- La garantie, l’optimisation et la personnalisation :

Ces trois fonctions réduisent le risque perçu puisque fondamentalement, il y a marque quand il y

a risque. Celui-ci est d’autant plus grand que le prix est élevé ou que les conséquences d’un

mauvais choix sont importantes. Dès lors qu’une situation d’achat comporte des risques, le

consommateur cherche à le réduire, c’est naturel59.

56 KAPFERER (Jean-Noël), op. cit., p. 26 57 loc. cit. 58 LENDREVIE ET BROCHAND, op. cit., p. 190 59 KAPFERER (Jean-Noël), op.cit., p. 26

37

- La permanence, l’hédonisme et l’éthique :

Les trois dernières fonctions sont de nature plus hédoniste. En ce qui concerne l’éthique, elle

révèle que les acheteurs attendent de plus en plus un comportement responsable de la part de

leurs marques et par extension de l’entreprise dont elles sont à proviennent60.

Hormis ces huit fonctions, d’autres incombent encore aux marques, à savoir la fonction

informationnelle et d’assurance de qualité.

La fonction informationnelle de la marque recouvre donc un territoire très spécifique

variable suivant les catégories de produits, les situations d’achat et les individus. Il n’y a donc,

on le voit, pas de nécessité de la marque. A l’inverse, quand le consommateur perd ses repères

habituels, la marque devient une exigence, c’est elle qui le guidera à travers l’offre.

La marque est donc non seulement source d’information (révélant ses valeurs) mais elle

constitue également une assurance de qualité61. Plus généralement, elle rassure le client. Les

produits sous marques sont de qualité régulière quel que soit le lieu, le moment et le mode de

distribution. La marque rassure, conforte le choix du client62.

Enfin, et surtout, elle est une valeur subjective. On parle de la valeur imaginaire de la

marque. Elle gratifie le consommateur, le valorise à ses yeux (gratification psychologique) et

dans son groupe (gratification sociale) qu’il s’agisse du groupe d’appartenance ou du groupe de

référence auquel on veut accéder63.

Cette dernière fonction est celle qui, aujourd’hui, retient toute l’attention des gestionnaires

de marques. Du fait de l’évolution de plus en plus rapide du marché sous l’effet des progrès

technologiques, de la globalisation et de la dérégulation, les clients s’attendent à des produits et

services de plus en plus personnalisés. Ils voient de moins en moins de différence dans l’offre et

60 Ibid, p. 27 61 Nous jugions utile de faire une petite parenthèse afin de signaler qu’en dehors de la marque proprement dite, il

existe d’autres signes de qualité. Il s’agit des appellations d’origine et des labels. Les premiers ont pour but de

protéger les produits et donc leur qualité. Les seconds constituent des instruments de promotion s’inscrivant dans

une conception de qualité industrielle et scientifique. Or, à la différence du label, la marque fixe elle-même ses

propres standards auxquels elle doit se conformer. 62 loc. cit. 63 LENDREVIE ET BROCHAND, op. cit., p. 190

38

leur fidélité s’effrite64. Du point de vue des consommateurs, les arguments commerciaux

montrent encore leurs limites.

Une telle évolution est dès lors riche d’implications ; il faut repenser les marques, leur

conférer un nouveau sens qui dépasse leurs aspects purement fonctionnels.

On constate que le mot-clé de tous les discours sur la marque aujourd’hui est celui de

valeur. Chacun préconise de clamer et de défendre ses valeurs. L’engouement pour celles-ci

aboutit à rechercher plus haut, dans l’immatériel, la raison d’être d’une marque.

Les conséquences de cette emphase pour les valeurs se traduit par l’abandon de plus en plus

fréquent d’un discours sur les justifications rationnelles de la consommation de la marque65.

Pour conclure ce chapitre, nous dirons que la marque est un actif incontournable pour

l’entreprise puisqu’elle permet de la valoriser à de nombreux niveaux (financiers, fidélisation,

etc.). C’est pourquoi, afin de conserver le capital de leur marque, les entreprises ont tout intérêt à

répondre au mieux aux préoccupations et attentes de leurs clients. Aujourd’hui, le citoyen est à la recherche de sens dans sa manière de consommer. Le

consommateur s'implique de plus en plus fortement dans ses choix et fait référence à de

nouveaux systèmes de valeurs.

Face à cette tendance de consommation, les entreprises et les marques doivent répondre à ce

nouveau besoin de leurs clients : consommer des produits satisfaisant certes à des critères de

qualité ou de prix, mais aussi à des critères plus éthiques qu'économiques comme les qualités

écologiques du produit, les pratiques humaines et sociales de l'entreprise qui les fabrique, les

engagements stratégiques et politiques de cette entreprise, etc.

64 KAPFERER (Jean-Noël), op. cit., p. 61 65 KAPFERER (Jean-Noël), La marque à l’épreuve de la pratique, 2ème éd., Editions d’Organisations, 2002, p. 92

39

Chapitre III

Interaction entre publicité institutionnelle et la marque

1. La publicité institutionnelle de l’entreprise au service des marques

A présent, nous avons démontré tout l’intérêt que présente la marque tant pour le

consommateur que pour l’entreprise. Nous avons également évoqué le fait que, sur plusieurs

plans, les arguments commerciaux ne suffisent plus pour s’attirer la sympathie du public, ni à la

défendre contre la concurrence compte tenu des nouvelles tendances de consommation, que l’on

appelle, la consommation responsable. Désormais ces arguments sont à chercher ailleurs, dans

l’immatériel et l’intangible qui lient la marque et l’entreprise aux véritables préoccupations des

consommateurs.

Aujourd’hui, l’entreprise ne peut plus être considérée comme un acteur isolé. Une étude

menée conjointement par l’agence de publicité Bates Belgium et le groupe Roularta66 réalisée

de juin à septembre 1997 et menée auprès d’un échantillon de 794 personnes représentatives de

la population belge des 18 à 65 ans, ainsi qu’auprès de 60 chefs d’entreprises rapporte que 71%

du public estiment que, sur le plan social, les entreprises sont des acteurs sociaux au même titre

que tout citoyen67. L’objectif de cette enquête était de mesurer l’impact de la citoyenneté sur le

business général de l’entreprise.

Le consommateur devient plus attentif à ses achats et dispose en outre de sérieux relais

d’opinion en la personne d’associations de consommateurs ou des médias. Or, le lien de

communication le plus évident qui réunit le consommateur et les entreprises est, sans conteste,

la marque. Cette dernière véhicule les valeurs de l’entreprise auprès de sa clientèle et, à chaque

opération d’achat, elle engage sa responsabilité.

La marque concrétise donc la signature de l’entreprise et apparaît comme sa principale

garantie. Elle doit satisfaire les attentes des clients, à la fois par la qualité du produit ou service

qu’elle est en mesure d’offrir, par une information claire et attrayante qui l’amène à considérer

le consommateur comme un partenaire. Ce qui démontre l’importance de l’image de l’entreprise

dans la perception de la marque.

66 Etude Corporate Citizenship menée de juin à septembre 1997. Détail de l’étude, voir Annexe 2 67 DE OLIVEIRA (Valérie), En quête de citoyenneté, in : Marketing Management – http://www.mm.be

40

Comme nous venons de l’évoquer, il y a un lien d’interdépendance qui unit marque et

entreprise. Dans la mesure où la première émane de la seconde, il est évident que la marque

n’existe pas indépendamment de l’entreprise. La plupart du temps, la firme est le prisme de

lecture de la marque qu’elle commercialise.

Cette référence constante à l’entreprise s’inscrit dans une volonté de donner plus de sens,

plus de profondeur à ses activités. Les faire émaner d’un corps, c’est rassurer le public en cette

période d’insécurité (alimentaire par exemple). Or, ne l’oublions pas, la marque hérite du

savoir-faire de l’entreprise.

Pourquoi les entreprises se lancent-elles dans des campagnes de publicité institutionnelle ?

Soigner l’image de leur marque ne suffit-il pas à leur procurer un avantage concurrentiel ? Nous

tenterons de répondre à cette question dans ce qui suit.

Selon une enquête menée par le CREDOC68 début 2002 et portant sur les conditions de vie

et les aspirations des Français, il apparaît que 38% des consommateurs disent tenir compte des

engagements de citoyenneté des entreprises lorsqu’ils achètent une marque. On constate dès lors

que, dans leurs actes d’achats, ils n’achètent plus seulement un produit mais également

l’entreprise qui le fabrique ou le commercialise69. Ils achètent donc ce que l’entreprise leur

inspire comme confiance, sincérité, promesses,… Il apparaît évident que l’entreprise doit

travailler son image institutionnelle car elle traduit sa personnalité.

D’autre part, selon la même enquête, on observe que 52% des personnes interrogées se

disent prêtes à accepter un supplément de prix de 5% pour obtenir certains engagements de

citoyenneté de la part des entreprises commercialisant ou fabriquant la marque. Toutefois,

l’engagement doit aller au-delà de la simple sympathie. Il s’agit bel et bien d’une nouvelle

tendance de la consommation qui s’oppose progressivement au principe qui consacre la

recherche du meilleur rapport qualité-prix. Néanmoins, on observe que 20% des consommateurs

se déclarent prêts à accepter un supplément de prix de 5% en échange d’un engagement de

citoyenneté de la part des entreprises commercialisant ou fabriquant la marque, tandis ce que

32% le seraient peut-être.

68 Centre de Recherche pour l’Etude et l’Observation des Conditions de vie. Détails de l’enquête, voir annexe 1. 69 BIGOT (Régis), La consommation engagée. Mode passagère ou nouvelles tendance de la consommation ?, in : Le 4 pages des statistiques industrielles. Source : CREDOC, enquête « Conditions de vie et Aspirations des Français, début 2002 pour le compte du Sessi

41

Il existe donc une véritable demande de la part des consommateurs à se voir considérés

davantage comme des citoyens responsables et pas uniquement comme des acheteurs potentiels.

On observe bien un réel un glissement du consommateur, qui recherche uniquement le profit,

vers le citoyen, qui repense sa manière de consommer.

Tableau 3.1 : Données relatives au supplément de prix

A ce stade de notre réflexion, il importe de distinguer clairement les différents niveaux de

communication de l’entreprise. On repère généralement quatre niveaux de communication :

- La communication d’entreprise :

Elle a pour but de rendre celle-ci plus transparente révélant son physique, ses moyens

humains, technologiques, financiers. Elle éclaire ensuite sur ses ambitions en tant qu’agent

économique et sur les moyens qu’elle met à leur service70.

- La communication institutionnelle :

Celle-ci constitue le porte-parole de l’entreprise à travers lequel elle signale son apport à la

collectivité71.

- La communication de marque

Cet aspect de la communication exprime le sens des produits. En effet, la marque transforme la

catégorie de produit en y injectant ses valeurs. Dès lors qu’un produit est marqué, il est doté

70 KAPFERER (Jean-Noël), Les marques, capital de l’entreprise, p. 479

42

d’aspérités fonctionnelles et inscrit dans une continuité, celle de la mission de marque. La

communication de marque a donc pour but d’exprimer le concept et l’identité de la marque72.

- La communication de produits ou services :

Elle s’adresse à un consommateur effectif. Son destinataire est un acheteur dans le marché,

c’est-à-dire engagé dans une problématique de choix et désireux de comparer les offres sur un

certain nombre de caractéristiques d’usage et de prix.

Discerner ces quatre registres permet de mettre au point les diagnostics appropriés en

repérant les circonstances sollicitant un registre plutôt qu’un autre. Cela ne signifie pas qu’ils

doivent être considérés de manière indépendante. L’erreur serait de les concevoir comme des

strates séparées. En effet, le consommateur n’est ni stratifié ni cloisonné : il n’a pas une partie

de lui-même qui entretiendrait un rapport uniquement avec l’institution, et une autre avec la

marque73.

Lors de l’achat, le consommateur ne limite pas sa préoccupation à la marque et aux produits

mais il intègre dans ce processus de décision les données relatives à l’efficacité de l’entreprise

et à sa responsabilité sociale. Cette tendance trouve son origine dans le rééquilibrage du rôle de

l’Etat qui, depuis plusieurs années, a conduit à revaloriser le rôle du secteur privé dans le

dynamisme de la nation. C’est la raison pour laquelle une partie croissante du public demande

aux entreprises d’être acteurs à part entière.

La publicité dite institutionnelle vise précisément à rendre ce type d’action plus visible et

éventuellement plus lisible. Ce décloisonnement du consommateur, qui intègre toutes ces

facettes de communication dans son choix, rappelle qu’il ne faut pas gérer ces quatre types de

discours de façon étanche -chacun visant une cible particulière- mais en synergie. Il faut gérer

ces quatre registres à la fois, ce qui n’exclut toutefois pas de distinguer leur finalité propre74.

Lorsque l’institution, l’entreprise, la marque et le produit portent le même nom, pour

l’acheteur les quatre représentations se mélangent et s’imbriquent dans la perception de la

marque, au point que l’on pourrait alternativement parler de facette institutionnelle de

l’entreprise ou de la marque75.

71 Ibid., p. 480 72 Ibid., p. 482 73 Ibid., p. 483 74 Ibid., p. 485 75 loc. cit.

43

Néanmoins, certaines entreprises ne portent pas le même nom que leurs marques. Cette

stratégie est-elle préjudiciable pour l’entreprise ou la marque ? Non, au contraire.

Le cas le plus éloquent est celui de Procter&Gamble. Cette entreprise développe des

marques fortes comme Pampers, Ariel, Bonux, etc., axant sa communication sur la publicité-

produit.

Etant donné que le consommateur n’établit aucun lien direct entre l’entreprise et les marques

qu’elle fabrique ou commercialise, cela permet à l’entreprise de prendre des risques sur de

nouveaux marchés. Ainsi, lorsque l’avenir du segment lessive liquide était encore incertain,

P&G lança une marque-produit : Vizir. Si la firme avait immédiatement lancé Ariel liquide, le

capital marque associé à Ariel aurait pu être menacé.

Derrière cette politique de marque-produit, on suppose donc que le nom de l’entreprise reste

inconnu du public. Cette stratégie confère dès lors une grande liberté à la firme puisqu’elle peut

s’orienter où et quand elle veut vers de nouveaux marchés, et ce, sans risquer de fragiliser les

autres marques de l’entreprise.

De plus, chaque marque étant indépendante des autres, l’insuccès de l’une ne porte pas à

conséquence, ni sur ses sœurs, ni sur l’entreprise. Par exemple, l’accident survenu à Rely qui

contraint P&G à retirer ce produit de la vente, n’eut aucun impact sur les autres marques76.

Néanmoins, lorsqu’une telle entreprise décide de se lancer dans des campagnes

institutionnelles, il lui faudra adopter une autre stratégie. En effet, comme son nom est inconnu

du public, la firme ne pourra pas faire rejaillir -de manière positive- son image sur ses marques.

Il lui faudra dès lors intégrer le registre institutionnel dans la communication de marque elle-

même. Nous détaillerons ces considérations au point suivant.

.

2. Intégration du registre institutionnel dans la communication de marque

Lorsqu’elle est bien gérée, la synergie -quand marque et entreprise portent le même nom-

présente de nombreux avantages. Néanmoins, quand le consommateur ne peut établir le lien

entre deux, la marque doit développer un discours quasi-institutionnel dans sa communication.

Encore aujourd’hui, beaucoup de marques refusent de reconnaître qu’elles sont bien plus

que des marques mais qu’elles font figure de véritables institutions aux yeux des

76 Ibid., p. 236

44

consommateurs. Elles sont perçues comme des acteurs sociaux dominants, et à ce titre, elles se

doivent d’adopter un comportement public responsable, et le porter à la connaissance du public.

Les marques font partie intégrante de notre existence et tiennent plusieurs rôles dans notre

société. Elles doivent nous rassurer et apporter des réponses à nos attentes, à nos espoirs et

même à nos peurs grâce à son offre qui se doit de satisfaire nos besoins.

Cependant, comment les marques font-elles entrer la publicité institutionnelle dans leur

communication ? La réponse à cette question renvoie à ce que l’on appelle les qualités

associatives. Ce sont elles qui rendent compte des fonctions sociétales de la marque77. En

développant ce type de qualités, la marque démontre sa capacité à s’interroger sur les problèmes

de notre existence quotidienne ainsi que son aptitude à y apporter des réponses. La marque, par

son omniprésence, peut donc bien jouer un rôle tutélaire dans la société.

A noter que les crises graves atteignant les marques sollicitent essentiellement l’institution,

la facette collective et la citoyenneté de la marque, celle qui rend compte à la nation et pas

uniquement aux actionnaires. Il faut donc savoir adopter le bon ton, quitte à s’éloigner du

territoire de la communication de marque pour entrer dans le registre de la publicité

institutionnelle78.

Paradoxalement, les crises peuvent être l’occasion pour bien des marques de gagner en

ampleur et en affectivité. Amenées à révéler leurs comportements responsables, soucieuses de

respecter la confiance que le public lui octroie, les marques se révèlent des acteurs

d’envergure79. Et de ne pas oublier que le consommateur reste fidèle aux marques dont on

considère que le contrat tacite, moral, passé avec lui, est toujours intact80.

Comme évoqué précédemment, les entreprises essaient de plus en plus de doter leurs

marques de valeurs distinctives. Ces personnalités sont transmises par l’image de marque

générale de l’entreprise d’une part, mais également par les messages publicitaires, d’autre part.

En règle générale, c’est la publicité qui inscrit l’histoire de la marque. Ceci est logique dans

le sens où la marque est un être de discours. Elle n’existe que par la publicité. Puisque la

marque énonce les produits ou services, il faut nécessairement qu’elle prenne la parole. Toute

marque acquiert au travers de ses communications une histoire, une culture, une

77 LEWI (Gérard), op. cit., p. 5 78 Ibid., p. 499 79 Ibid., p. 500 80 Ibid., p. 14

45

personnalité81.Quels que soient ses engagements sociaux, éthiques, environnementaux, elle doit

les faire connaître82.

La publicité institutionnelle constitue donc un moyen de communication de masse visant à

transmettre des messages aux consommateurs afin de modifier leurs niveaux d’information sur

le comportement responsable de la marque. Et ce, dans le dessein d’agir sur l’image de la

marque, et, à plus long terme, sur le comportement d’achat83.

81 KAPFERER (Jean-Noël), op. cit., p. 136 82 Ibid., p. 58 83 LEWI (Gérard), op. cit., p. 6

46

Deuxième partie Analyse de cas

Chapitre I : La publicité institutionnelle dans le lancement de

marque. Le cas BBL/ING

Chapitre II : La publicité institutionnelle dans la relance de

marque. Le cas Benetton

Chapitre III : La publicité institutionnelle dans le soutien de

marque. Le cas Douwe Egberts

Chapitre IV : Sondage sur l’image des marques. La publicité

institutionnelle est-elle efficace ?

47

Deuxième partie

Dans la seconde partie de ce mémoire, nous allons analyser le cas de trois marques qui à un

moment donné de leur existence ont eu recours à la publicité institutionnelle. Il s’agit de ING,

qui a usé de cette démarche publicitaire dans le cadre de son lancement, de Benetton, qui,

contrainte de rehausser son image de marque, a développé ce type de campagne, et enfin,

Douwe Egberts qui, en tant que grande marque s’est, elle aussi, lancée dans la publicité

institutionnelle.

Nous envisagerons chacun de ces cas en quatre temps.

D’abord, un bref rappel des faits historiques importants de la marque permettra de se

familiariser avec celle-ci.

Ensuite, nous analyserons les raisons pour lesquelles ces marques ont résolu de se tourner

vers la publicité institutionnelle.

Dans un troisième temps, nous détaillerons le contenu de leur campagne de publicité. Afin

d’étayer notre information, nous avons interrogé des responsables concernés par les cas

analysés. Il s’agit de Sandrine Decelle, brand manager chez ING et de Jo Van Eynde, porte-

parole de Douwe Egberts. Quant à Benetton, il nous fut impossible d’obtenir un entretien, et ce

malgré nos démarches. Par contre, Laura Leone, responsable Presse et Communication pour le

groupe, a consenti à nous envoyer un grand nombre de dossiers concernant l’entreprise, ses

activités, ses campagnes publicitaires et sa communication.

Enfin, nous avons effectué une enquête par questionnaire auprès du public afin de connaître

l’image qu’il perçoit de ces marques. Les résultats de ce sondage nous permettront d’apprécier

de manière empirique l’efficacité de ces campagnes dont l’enjeu est, rappelons-le, l’image de la

marque. Ce recours à l’enquête s’imposait en raison de l’absence de chiffres de notoriété et

d’image, le sondage était la seule solution qui nous permettait de dégager des conclusions

intéressantes.

48

Chapitre I La publicité institutionnelle dans le lancement de marque : le cas de

BBL/ING

1. Introduction

Nous envisagions ce cas comme particulièrement intéressant à analyser et ce, pour deux

raisons. La première : le changement de nom récent de la BBL nous offrait la possibilité de

suivre in vivo le développement d’une campagne de publicité institutionnelle. La

seconde renvoie au récent intérêt pour les entreprises de services bancaires de se positionner

comme de vraies marques.

Il est important de rappeler ici que nous nous pencherons exclusivement sur la publicité

institutionnelle de la marque telle qu’elle a été définie au premier chapitre. Nous n’envisagerons

donc pas la publicité d’entreprise destinée aux milieux financiers.

1.1.Généralités sur le lancement de marque

Hier, décriées par les directeurs de marketing et les chefs produits, les campagnes de

publicité institutionnelle ne paraissent plus si budgétivores. Au contraire. Elles préparent le

terrain de futures ventes. Et parfois représentent une étape obligatoire, avant le lancement de

nouvelles marques par exemple84.

En terme de lancement de marque, une évidence s’impose : si la nouvelle marque n’est pas

porteuse de valeurs dès le départ, il est peu probable qu’elle s’établisse rapidement comme une

grande marque85.

Sur le plan opérationnel, la nouvelle marque doit être pensée dans sa totalité dès le

lancement86. En effet, l’identité de la marque forte nous rappelle que celle-ci ne se limite pas à

84 HERBERT (Nicole), op. cit., p. 76 85 KAPFERER (J-N.), op. cit., p. 142 86 Ibid., p. 143

49

des attributs fonctionnels, c’est pourquoi le choix de la référence à l’imaginaire -c’est-à-dire les

attributs non fonctionnels- est aussi important que le choix du produit de référence87.

1.2.Emergence de la notion de marque dans le secteur bancaire

Dans le secteur des services, peut-on réellement parler de marques ? Cette question

préliminaire semble indispensable dans la mesure où le concept de marque dans ce domaine est

relativement récent.

Selon Jean-Noël Kapferer, les marques de service existent bel et bien, identifiant chacune un

ensemble spécifique d’attributs concrétisés dans un service tangible : la location de voiture ou le

travail intérimaire par exemple. Certains services cependant semblent à l’aube de la marque. Ce

changement est particulièrement intéressant à observer car il révèle ce que passer à une logique

de marque signifie, et indique la spécificité d’une marque dans les prestations intangibles. A

noter que le secteur bancaire est exemplaire en cela.

D’ordinaire, les gens connaissent des noms de banques mais pas des marques bancaires. Ce

constat est révélateur : pour le public, ces noms ne sont pas des marques mais des raisons

sociales d’entreprises ou des enseignes attachées à un lieu déterminé. Jusqu’à présent, le nom de

banques identifiait soit le propriétaire de l’entreprise, comme dans le cas de la Banque Lambert,

soit un lieu donné88, la Banque de Bruxelles par exemple.

L’émergence d’une logique de marque se manifeste en général de l’extérieur, par la

contraction du nom. Ainsi, la Banque Bruxelles Lambert devient BBL. Certains ont vu en cela

une intention de simplification graphique ainsi qu’une facilité mémorielle et publicitaire. Plus

fondamentalement, en contractant leur nom, ces banques font un contrat ; certaines d’entre elles

étaient jusqu’alors la banque du lieu, leur nom désignait alors ce dernier sans davantage de

signification, renvoyant exclusivement à une aire de surface délimitée89.

La perception bancaire comme référence à un lieu ou à une personne faisait de ces noms des

noms propres, c’est-à-dire des représentants d’une réalité délimitée dans le temps et dans

l’espace. Or, la marque est atemporelle et aterritoriale : elle identifie un ensemble d’attributs et

s’engage à une différence à long terme dans la prestation bancaire elle-même. C’est en cela, on

peut parler de contrat de marque. En se contractant, le nom de banque ne désigne plus

87 Ibid., p. 147 88 KAPFERER (J-N.), op. cit., p. 82 89 KAPFERER (J-N.), op. cit., p.83

50

seulement une personne ou un lieu mais une certaine relation. Ce point-ci constitue toute

l’essence de leur différence : la relation. Celle-ci se déroule entre le client et le banquier sous

l’égide de la marque90.

Avec ou sans marques, les entreprises de service se plaignent de la difficulté à différencier

leur offre face à la concurrence. La tendance à la déréglementation qui souffle sur certains

marchés, en particulier celui des banques, renforce cette menace91. Cependant, comment

différencier son enseigne quand l’entreprise n’a rien à montrer ? En fait, la mise en images de la

marque de service est structurellement défavorisée. C’est pourquoi elle s’exprime

essentiellement en slogan. En effet, celui-ci passe par la voix, il est la vocatio c’est-à-dire la

vocation de la marque92. Elle ne peut donc que symboliser ses valeurs, son identité. D’autre

part, leur raison d’être s’exprime sous forme de slogan afin de trouver dans la mémoire un appui

que l’absence de produits visibles leur empêche93.

2. BBL/ING, le passage d’une marque à l’autre

De manière générale, l’ouverture des marchés européens accompagnée des progrès

technologiques a provoqué une série de fusions, de concentrations, d’acquisitions, etc. secouant

le marché belge de la finance ces dernières années. Afin de se fixer sur la scène internationale et

rester compétitives, les banques belges ont ainsi dû se doter d’une envergure suffisante pour

répondre à la nouvelle donne économique.

2.1.Historique du changement de nom

Pour comprendre le cas ING/BBL, un petit retour en arrière s'impose.

L'histoire prend forme en 1991, au moment où circulent des rumeurs selon lesquelles le

groupe hollandais ING (Internationale Nederlanden Group) serait intéressé par la BBL. Après

une première offre publique d'achat ratée de la part d'ING, Theo Peeters est remplacé à la

présidence de la BBL par Daniel Cardon. Partisan d'une solution 100% belge, ce dernier défend

alors l’idée de la créer la Grande Banque Belge -laquelle aurait consacré la fusion entre la BBL,

la Générale de Banque et/ou le Crédit Communal. Ce projet tombe à son tour à l'eau et Michel

Tilmant, désormais à la tête de la BBL, préfère se concentrer sur une seconde option, celle d'une

90 loc.cit. 91 KOTLER ET DUBOIS, op. cit., p. 450 92 KAPFERER (J-N.), op. cit., p. 83 93 Ibid., p. 150

51

alliance avec la Royale Belge en vue de former un groupe banque-assurances de portée

européenne. Nous sommes alors en octobre 1997. Entre temps, le dossier subit un nouveau coup

d’accélérateur qui, sans entrer dans les détails, débouche enfin sur l’offre d’ING. Celle-ci

propose de reprendre les actions de la BBL, offrant ainsi à la banque belge une valorisation de

190 milliards de FB94. Si elle accepte, elle formera alors le premier groupe bancaire du Benelux

et le douzième à l’échelle européenne. Faisant suite à l’accord de la Commission bancaire, le

groupe néerlandais sera en possession de 96% des parts de la BBL le 22 avril 200395.

A noter que le groupe ING est actif dans le monde entier et représenté dans pas moins de 60

pays. Avec ses 60 millions de clients et ses 100.000 collaborateurs, il s’agit d’une des plus

grandes institutions financières au monde.

2.1.1. Intérêt du changement de nom

ING bénéficie de la solidité d’une grande marque mondiale dans le domaine des services

financiers intégrés. Grâce aux synergies commerciales et opérationnelles au sein du groupe en

Belgique, ses clients bénéficieront d’une large gamme des produits et de services de qualité.

Cette marque va donc les aider à se différencier sur le marché national de concurrents comme

Fortis ou Dexia.

En fait, la décision de changer de noms repose sur trois piliers :

- Tout le groupe ING souhaite évoluer vers une marque unique, c’est l’orientation

stratégique du groupe ;

- Le résultat d’une vaste étude de marché réalisée en 2000 a confirmé l’ouverture des

clients à une évolution du nom si celle-ci était bien préparée ;

- L’entreprise souhaite se positionner comme un prestataire de services financiers

intégrés96.

Ce processus de changement s’est déroulé en deux étapes.

D’abord, une phase d’endossement -de septembre 2001 à avril 2003- devait

permettre :

- aux clients de s’habituer au changement

- d’assurer un suivi de la perception de la marque

- de rassembler le personnel

94 Soit un peu plus de 4 milliards et demi d’euros 95 DE OLIVEIRA (Valérie), ING-BBL : histoire d’un sans faute – http://www.mm.be

52

- d’augmenter la connaissance de la marque

Ensuite, on assiste au basculement définitif vers ING en 2003

2.2.Les campagnes de publicité institutionnelle

Le changement de nom de BBL vers ING est synonyme d’évolution, mais cela n’exclut pas

la continuité, déclare Sandrine Decelle, brand manager chez ING.

2.2.1. Causes du recours à la publicité institutionnelle

Bien qu’ING elle-même n’envisage pas de changement radical dans la manière de concevoir

sa mission, cette démarche n’est néanmoins pas sans risque.

L’abandon d’une marque signifie que le marché va perdre un de ses repères. En effet, toute

marque véhicule certaines valeurs, auxquelles le public choisit d’adhérer ou non. Nous

constatons donc que les risques en matière de part de marché sont élevés. Une erreur serait de

croire que le transfert de marque se résume au seul changement de nom. Il s’agit bien sûr la

facette la plus périlleuse du changement, car c’est le nom plus que tout autre chose qui, dans la

mémoire des clients, est porteur d’un capital de notoriété, d’associations mentales et de

préférence97.

Changer de nom revient donc potentiellement à modifier ses valeurs, ou, tout au moins, à

suspendre, même temporairement, celle de la marque disparue. Pour l’instant, le consommateur

sait seulement que la marque BBL a disparu au profit de ING, mais il ignore tout des valeurs de

ce groupe néerlandais. Il n’a encore aucune image spécifique. En revanche, la marque BBL

bénéficiait, elle, d’une grande popularité : elle figurait parmi les dix marques les plus connues

dans le pays. 98

D’une part, le point faible de ING en 2001 était son manque de notoriété. En effet, jusqu’à

cette date, la marque était inconnue du grand public belge. A partir de là, il est donc difficile de

bâtir une image de marque. Dans un premier temps, les objectifs principaux du groupe sont de

développer la valeur de la marque (brand equity) et d’asseoir sa réputation.

D’autre part, au fil des années la BBL a tenté de développer -avec succès- des valeurs de

proximité, de chaleur et d’écoute. Elle se positionnait donc comme une banque proche ayant le

96 Rebranding : De BBL à ING, p. 8 97 KAPFERER (J-N.), op. cit., p. 380 98 VAN RUYMBEKE (Laurence), La valse des marques, pp. 35-36 in : Vif l’Express n°2706, mai 2003

53

sens des relations humaines. Ce positionnement se synthétisait dans la signature La BBL pense

à vous, c’était entre 1985 et 1990.

Le risque qu’encourrait ING, qui rappelons-le est un groupe international, était d’être perçue

comme une institution financière impersonnelle et inaccessible. Il s’agit en effet du mal dont

souffrent les grandes entreprises en général et plus particulièrement les grandes banques,

victimes de l’a priori lié à l’aspect inhumain et distant qui caractérise ces géants.

Nous observons dès lors qu’en terme de campagnes institutionnelles, deux objectifs sont à

remplir :

- Dans un premier temps, développer la valeur de la marque (brand equity) et asseoir sa

réputation ;

- Ensuite, rassurer les clients sur sa volonté de s’inscrire dans la continuité de la qualité du

service tout en maintenant -et améliorant- des valeurs qui animaient la BBL. Et de leur

démontrer les avantages à faire partie d’un groupe international.

2.2.2. Les campagnes proprement dites

Comment faire accepter par la clientèle et le personnel, le remplacement d'une des marques

belges les plus fortes au profit d'une marque internationale en devenir ? Dans un premier temps,

avec de la publicité.

La BBL s’appuyait déjà sur une marque dynamique et innovante, comme en témoignait sa

publicité. ING est animé par la volonté de se positionner sur le marché comme créative et

originale. Les efforts de communication se poursuivront donc dans cette lignée. En même temps

qu’elle adopte le nom de ING, l’entreprise entend encore améliorer son efficacité pour que sa

marque inspire toujours davantage de confiance au client. ING veut être une marque proche du

client, à son écoute, qui propose des produits et services adaptés à ses besoins et qui répondent

de manière concrète et efficace à ses attentes tout en lui simplifiant la vie99.

Au niveau du briefing sur les objectifs publicitaires, ING insistait sur l’accompagnement du

changement de marque BBL vers ING en en faisant rapidement une marque forte connue de

tous avec comme Tone of Voice l’innovation, l’audace, la sympathie et l’humanité100.

99 X, La BBL devient ING naturellement, in : ING Magazine, p. 9 100 X, Rebranding, de BBL à ING, p. 18

54

Quant aux campagnes de publicités institutionnelles proprement dites, elles ont été

annoncées pendant la semaine de Pâques 2000 à l’aide une campagne de transition. Il s’agit

d’une affiche mystère déclinée à travers tous les médias (cf. infra).

Figure 4.2. : Publicité « A demain »

La nouvelle campagne ING donne le ton : une approche créative qui symbolise l’évolution

dans la continuité. Cette première étape vise essentiellement l’augmentation de la notoriété, elle

permet par la même occasion d’établir les premiers éléments de positionnement de l’institution.

Signée « A demain », elle annonce l’arrivée prochaine de manière chaleureuse et proche101.

La campagne proprement dite s’est déroulée en plusieurs étapes :

- L’œuf version ING.

Dans un premier temps, une précampagne s’affiche en grand dans les principaux centres

urbains. Elle dévoile un œuf qui se craquelle laissant apparaître une patte de lionceau. C’est un

nouveau départ qui s’annonce, celui de la marque ING en Belgique. Mais on sait que l’œuf ne

naît pas du néant : ING veut ainsi rappeler qu’elle hérite de l’histoire et de l’expérience que la

BBL a accumulés au fil du temps. Il s’agit bien d’évoluer, de rechercher encore et toujours des

améliorations, en assurant la continuité tout en s’appuyant sur les forces du passé102.

Figure 4.3. : Pré campagne ING

101 Ibid., p. 14 102 X, ING, quand le bébé rencontre le lionceau, in : ING Magazine, p. 10

55

- Le bébé et le lionceau.

Dans un second temps, la campagne démarre vraiment et montre deux acteurs pour le moins

inattendus : un bébé et un lionceau. Le bébé, c’est un clin d’œil aux célèbres bébés des

campagnes BBL des années 1990. Le lionceau, c’est ING, qui a entre les pattes les atouts pour

se développer et grandir sur le marché belge. Cette campagne officialise le changement de nom

de la BBL pour le grand public. C’est une annonce pour certains, une confirmation pour

d’autres. Elle témoigne dans tous les cas de la complémentarité qui est à la base de toutes les

relations entre le groupe ING et sa filiale en Belgique, depuis plusieurs années déjà. Chacun

apporte à l’autre sa force et son expertise, pour satisfaire les attentes et les ambitions du client.

Figure 4.4. : Publicité « Le bébé et le lionceau »

Cette campagne est révélatrice du style distinctif qu’ING veut adopter dans le futur.

L’humain est au centre de la communication avec la touche symbolique qui a toujours

caractérisé la publicité à la BBL. L’agence G&Co, qui travaillait avec la BBL depuis plusieurs

années, a développé le concept de cette campagne en s’appuyant sur la connaissance du style

existant et l’enrichissant de nouvelles dimensions liées à la marque ING103.

Nous tenions à ce que l’identité visuelle reflète les valeurs d’ING, explique Sandrine

Decelle. On constate que ce style visuel est centré sur la personne humaine, sans mise en scène

afin de faire transparaître le principe du real life, real people, real solutions104.

Quant à l’adoption par la marque de la couleur orange dans son enseigne, il s’agit d’une

couleur-clé qui a toujours été utilisée par le groupe afin de muscler sa notoriété. En effet, la

banque entendait se démarquer dans un univers financier dominé par la couleur bleue.

103 Ibid., p. 11 104 Conférence de presse du 17 avril 2003 : Bienvenue chez ING

56

Outre les campagnes de publicité stricto sensu, d’autres actions d’ordre institutionnel ont

également été menées afin d’opérer cette transition en douceur et d’installer la notoriété de la

nouvelle marque. Celles-ci se sont déroulées en quatre étapes105 :

Etape 1

- Endossement (2001-avril 2003) : durant cette période de 18 mois, les deux marques -

BBL et ING-, coexistent ;

- Campagne de transition « A demain » (04-05/02 et 10-11/02)

Etape 2

- Envoi de mailings aux 1.800.000 clients dont l’objectif était de les rassurer quant à la

continuité des valeurs et des services ;

- Création d’une brochure afin de répondre à des questions générales ;

- Mise en place d’une ligne info (ING ligne info) pour les questions plus spécifiques ;

- Parutions d’articles dans Banque Active

Etape 3 (avril /mai 2003)

- Campagne de lancement « Bienvenue chez ING »

o Teasing du 15 au 22 avril 2003;

o Démarrage de la campagne le 22 avril 2003 : TV, affichage, presse quotidienne,

communication événementielle ;

o Agence en fête : invitations à ses clients à passer dans leur agence entre le 22 et

le 30 avril 2003 afin de leur souhaiter la bienvenue dans leur nouvelle agence.

L’objectif de cette démarche consistait à accueillir les clients dans une ambiance

conviviale, de répondre aux questions sur le changement de marque, et enfin de

les rassurer sur la continuité du service.

Etape 4 (mi mai 2003)

- Campagne de positionnement

105 loc. cit.

57

Tableau 4.1. : Plan média de la campagne106

Affiche Teasing 36 m.² Du 14/04/03 au 21/04/03

Affiche 36 m² Du 22/04/04 au 11/05/03

Affiche 16 m² Du 22/04/03 au 04/05/03

Affiche 20 m² Du 22/04/03 au 06/05/03

Affiche 10 m² Du 23/04/03 au 06/05/03

Spots TV Du 22/04/03 au 06/05/03

Presse quotidienne Les 22, 26 et 30/04/03

Affichage grand format Anvers, Bruxelles Charleroi,

Knokke, Zaventem

On observe bien qu’un tel changement ne s’opère pas à la légère. Pour preuve : ING

dépensera au total 23 millions d’euros en deux ans pour gommer la BBL du territoire belge.

2.2.3. Cible des campagnes

Lors du lancement de la nouvelle marque, nous avons visé toutes les cibles puisqu'il était

important, dans un premier temps, d'installer la notoriété de la nouvelle marque. Le deuxième

volet de la campagne était plus spécifiquement dirigé vers les professionnels et entreprises,

explique Sandrine Decelle.

2.2.4. Médias utilisés

Ce changement de marque représente un réel bouleversement et implique donc des moyens

publicitaires en conséquence. Résultat: la BBL a augmenté son budget de 47,6%, passant de 8,9

millions à 13,2 millions d’euros en 2002. Elle occupe ainsi la dixième place dans le top 10 des

annonceurs. Parallèlement, ING a préparé le terrain lançant les campagnes « ING à demain »,

afin d’annoncer le changement. Cela s’est traduit par une augmentation importante de la

présence de la banque sur le petit écran et dans la rue. Les investissements TV et affichage ont

ainsi augmenté respectivement de 324,4% et de 233%.

En terme de mix médias, les investissements publicitaires se sont répartis à raison de 20%

pour l’affichage, 30% pour la TV et 40% pour la presse quotidienne. Cette dernière, outre le fait

106 X, Rebranding : de BBL à ING, p. 23

58

qu’elle favorise une certaine sélectivité, est surtout utilisée pour promouvoir des produits

financiers107.

Figure 4.5 : Mix médias des campagnes publicitaires de ING

0

5

10

15

20

25

30

35

40

AffichageTélévisionPresse quotidienne

3. Résultats des campagnes institutionnelles

A ce stade, les campagnes institutionnelles nous ont permis de gagner très rapidement en

termes de notoriété totale et spontanée. Il est cependant évident qu'une nouvelle image ne

s'installe pas en quelques mois et qu'il nous reste encore du chemin à parcourir en termes

d'image, pour être en ligne avec le positionnement désiré, explique Sandrine Decelle. La

dernière étude qualitative date du mois de juin 2003 et avait pour but de vérifier dans quelle

mesure le changement avait été bien accepté par les clients. Le bilan de cette étude montre que

ce changement s'est fait sans problème et a été bien vécu par les clients. L'image perçue à ce

stade était encore plus liée au logo, au passé de la BBL et à l'imaginaire généralement associé

à un grand groupe financier.

Tableau 4.2. : Evolution de la notoriété de ING 108

107 DE OLIVEIRA (Valérie), BBL/ING, c’est demain, in : Média Marketing, ???

59

Si l’on reprend l’évolution de la notoriété de la marque, on observe une très nette

progression : en avril 2002, ING obtenait 3% de notoriété spontanée et 31% de notoriété totale.

Quelques mois avant le rebranding d’avril 2003, soit un an plus tard, la marque atteint un

taux de 29% de notoriété spontanée et 67% de notoriété totale. Suite à la campagne de

rebranding, ces chiffres ont été revus à la hausse puisque ING atteint à présent une notoriété

spontanée de 47% et une notoriété totale de 90%. Ces dernières données datent de la dernière

mesure, en octobre 2003. Ces chiffres sont très encourageants après seulement 6 mois de

rebranding, déclare Sandrine Decelle.

Nous procèderons à une analyse plus approfondie de l’efficacité de la publicité

institutionnelle du groupe lors de l’examen des résultats de notre sondage.

108 X, Rebranding : de BBL à ING, p. 20

60

Chapitre II La publicité institutionnelle dans la relance de marques.

Le cas Benetton

1. Introduction

Le cas Benetton nous paraissait particulièrement intéressant à analyser compte tenu, d’une

part, des nombreuses polémiques provoquées autour de ses campagnes réalité et, d’autre part,

en raison de ses recours fréquents à la publicité institutionnelle.

Tout comme pour ING, nous sommes dans le cas d’une entreprise qui porte le même nom

que sa marque. Le public peut alors établir spontanément un lien entre la marque et l’entreprise,

de sorte que les actions de l’une portent immédiatement à conséquence sur l’autre.

C’est pour cette raison, et suite aux déboires publicitaires du groupe qui s’amorcent dès

1990, que Benetton s’est vu dans l’obligation de redresser son image. Il a donc développé,

depuis 1993, une série de campagnes institutionnelles afin de redorer sa marque ternie par les

excès en tout genre.

1.1. Généralité sur la relance de marque

La nécessité pour une entreprise de relancer sa marque peut intervenir dans de nombreux

cas. Citons toutefois deux cas plus spécifiques à la marque.

Le premier renvoie au phénomène du cycle de vie de la marque. En effet, si la pérennité

des produits rappelle que s’ils sont mortels et régis par un cycle de vie plus ou moins long mais

inéluctable, les marques, quant à elles, peuvent échapper à ce facteur. Cependant, le déclin,

suivi de la disparition des marques, existe bel et bien ; une marque mal gérée est inévitablement

mortelle109. D’où la nécessité de la repenser, de lui donner un nouveau souffle, une nouvelle

mission en accord avec les attentes des consommateurs et, plus largement, des citoyens.

109 KAPFERER (Jean-Noël), op. cit., p. 163

61

Le second fait référence à l’identité de marque. Comme nous l’avons vu, l’image est une

mémoire, ce qui explique la difficulté de la faire évoluer à court terme. Mais elle a aussi une

fonction : créer des repères durables pour s’orienter dans l’offre commerciale. Ce principe est

d’autant plus évident dans le prêt-à-porter puisque chaque marque est cataloguée et étiquetée.

Cette notion de repère implique le fait qu’il ne soit jamais souhaitable de tourner le dos à

son image. En effet, c’est souvent elle qui représente la source d’attraction des derniers

acheteurs mais également des nouveaux, c’est-à-dire des acheteurs les plus sûrs de demain. Leur

fidélisation implique le respect des facteurs qui les ont séduits. Pour s’attacher sa clientèle, la

marque doit donc rester fidèle à elle-même et aux valeurs qu’elle prône110.

C’est sur ce point que le groupe Benetton s’est mépris. D’une image de marque joyeuse et

colorée défendant l’égalité entre tous, elle s’est érigée en porte-parole de la société placardant

sur les murs des grands centres urbains des images crues de malades, de guerre etc.

Les campagnes Benetton jouent effectivement sur le double tableau de la publicité

commerciale et des campagnes institutionnelles. Les publicités ne sont pas faites pour vendre

mais pour illustrer des phénomènes de société et lier la marque à certaines valeurs, déclare

Luciano Benetton111.

1.2. Le groupe Benetton

Avant d’entamer l’analyse du cas Benetton, quelques remarques préalables sur le groupe

nous paraissaient utiles afin de mesurer la dimension qu’il accorde à l’ensemble de sa stratégie

publicitaire. Ceci nous permettra de comprendre l’importance que revêt pour lui la notoriété de

sa marque. Laquelle justifie en fin de compte ses démarches de campagnes institutionnelles.

Présent dans 120 pays, le groupe consacre aujourd’hui plus de 4% de son chiffre d’affaire

annuel à la publicité, avec une présence régulière dans 300 magazines et sur 70 000 panneaux

d’affichage, ainsi que la distribution de 40 000 posters et 5 millions de catalogues aux

détaillants, et ce, à travers le monde entier. Comme ces chiffres l’attestent, Benetton concentre

une grande partie de ses efforts sur la notoriété de sa marque. La création publicitaire représente

d’ailleurs une des seules étapes de la chaîne de valeur qui ne soit pas externalisée. Cette forte

réputation, qui constitue une ressource stratégique intangible, dissuade les membres du réseau

110 Ibid., p. 53 111 X, La Communication Benetton, p. 16

62

de le quitter, car ils savent que la valeur des vêtements Benetton réside uniquement dans leur

marque.

De la même manière, on peut observer que la plupart des réseaux d’entreprises qui

pratiquent ce mode d’intégration ne communiquent généralement pas sur leurs produits, mais

uniquement sur leur marque. Cette stratégie de communication se justifie tout à fait : si

Benetton faisait la promotion de ses produits -en l’occurrence de ses vêtements- il ferait de la

publicité pour ses sous-traitants, encourageant alors l’opportunisme de ces derniers, les poussant

ainsi à proposer les mêmes produits -ce sont eux qui les fabriquent- sous leur propre

enseigne112. En revanche, en ne médiatisant que la marque, par des campagnes extrêmement

coûteuses dont l’impact sur les clients est considérable, Benetton s’assure leur collaboration113.

2. Historique des campagnes publicitaires de Benetton

De renommée internationale, on peut bien dire que la publicité Benetton fait parler d’elle.

Ce sont ces fameuses campagnes qui sont à l’origine des nombreuses démarches

institutionnelles menées par le groupe depuis la fin des années nonante. Et pour cause, les

scandales provoqués autour de ces campagnes réalité ont bel et bien fini par desservir la

marque, lui permettant néanmoins d’acquérir le statut de troisième marque la plus connue à

l’échelle mondiale avec un taux de notoriété semblable à celui de Coca-Cola. Toutefois, aurait-

il fallu que cette notoriété serve la vente de la marque et non pas son boycott…

Ces publicités choc représentant le facteur de déclin de la marque, il semble indispensable

d’en retracer brièvement l’historique afin de saisir le moment où le renversement entre les deux

ordres de valeurs s’est opéré.

Dans ses premières campagnes de publicité, que l’on peut situer autour de 1966, Benetton

semble appliquer les règles standard de la communication publicitaire classique, tout en

adoptant déjà certains éléments en accord avec l’évolution des habitudes socioculturelles. De

façon classique, les affiches présentent le produit. Les photographies montrent des jeunes gens

revêtus des derniers modèles confectionnés par l’entreprise. Jusqu’ici, rien ne s’écarte des règles

du réalisme.

112 FRERY (F.), Benetton ou l’entreprise virtuelle, Editions Vuibert, 2002, p. 56 113 Ibid., p. 57

63

Figure 5.1. : Campagne Benetton 1966 - 1983

La fin des années soixante représente des années de rupture, de fortes contestations, que ce

soit en musique, en art, ou dans le cinéma. Les jeunes ont leurs idoles, des figures contestataires

auxquelles ils s’identifient.

Benetton s’empare immédiatement de cette tendance et, dans sa campagne de

communication de 1975-1976, propose les personnalités idolâtrées par toute la jeunesse portant

les vêtements de la marque. Ainsi peut-on voir Mick Jagger, Jimi Hendrix, et mieux encore, une

Laura Antonelli à demi nue, un Salvator Dali en militant engagé collant une affiche en faveur de

l’avortement. Autant de personnages qui deviennent ainsi les représentants d’une philosophie de

l’entreprise, sensible aux velléités anticonformistes et libertaires de sa clientèle114.

Figure 5.2. : Campagne automne-hiver 1975-1976

114 SLAVEMINI (Lorella Pagnucco), op. cit., p. 19

64

Développés et approfondis avec habileté, ces thèmes constitueront une sorte de leitmotiv,

que l’on retrouvera dans toutes les campagnes à venir115.

En 1982, Oliviero Toscani et Luciano Benetton se rencontrent. Leur collaboration donnera

lieu aux campagnes All the Colors dès le printemps 1984. Au départ, la publicité de la marque

est fondée sur la fraternité et l’antiracisme, présentant des photos d’adolescents de tous les

horizons.

L’année suivante, les photographies renvoient toujours à la joie, au groupe et à la couleur,

mais elles ne sont plus représentées dans un décor. Les paysages font place à des décors blancs

abstraits. Ainsi, l’absence de coordonnées géographiques et temporelles revient à affirmer

l’utilisation à tout moment et en tout lieu des vêtements, lesquels occupent désormais à eux

seuls, toute l’image. Cette absence de repères est une première allusion à la reconnaissance

internationale que vise Benetton et qui, parallèlement, va exprimer de manière explicite la

représentation des différentes races humaines et l’ajout de la phrase, justement en anglais, All

Colours of the world116.

L’année 1984 marque, quant à elle, le début de la globalisation commerciale. Pour soutenir

l'expansion, l'entreprise a besoin d'une véritable image de marque globale. Au début, il s'agissait

de faire passer dans le public l'idée des couleurs, dont le rôle consistait à identifier la marque.

C'est ainsi que naît la première campagne All the Colors of the World exhibant de jeunes

mannequins de toutes les races. Elle offre ainsi un concert de couleurs ethniques et

vestimentaires117.

Figure 5.3. : Campagne printemps-été 1984

115 loc. cit. 116 Ibid, p. 29 117 loc. cit.

65

Grâce à cette campagne, Benetton s'approprie le territoire de la multiracialité deux ans avant

que le thème ne soit à la mode.

A partir de la campagne de 1985, et pour toute la production de 1986 et 1987, l’absence de

contexte dans les photographies est contrebalancée par une très nette caractérisation nationale.

Drapeaux, traits distinctifs, accessoires folkloriques s’ajoutent à la tenue vestimentaire des

mannequins pour préciser l’appartenance ethnique de la personne. Toscani entend placer

l’hétérogénéité au centre de son objectif.

C’est en 1990 qu’apparaît pour la première fois le slogan United Colors of Benetton. Avec

cette campagne, la référence au produit disparaît définitivement pour faire place à des images

symboliquement fortes : deux mains, l’une noire et l’autre blanche, un enfant noir dormant sur

une couverture d’ours en peluche blancs, etc. La campagne, dont le nom devient la marque

officielle de la firme, remportera plusieurs récompenses internationales118.

Dorénavant, aucune communication de Benetton ne comportera de représentation du

produit. Ce principe va à l’encontre du bon sens en publicité et est d’autant plus étonnant que le

fabriquant crée des vêtements, objet qui présente toutes les caractéristiques de l’éphémère et du

plaisir superflu.

Jusqu’alors, une publicité s’avérait d’autant plus efficace qu’elle réussissait à activer le

processus d’identification consommateur-produit. Le publicitaire franchit maintenant un seuil

décisif par rapport à ce modus vivendi : il ne commercialise plus de produits mais propose des

valeurs. Le client n’est dès lors plus convié à s’identifier à des objets mais à des idées, on passe

ainsi du concret à l’abstrait119.

En fait, la disparition du produit laisse place au message suivant : toutes les couleurs se

valent parce que tous les hommes sont égaux. A partir de cette date, les campagnes Benetton

seront sous-tendues par ce même fil rouge. Oliviero Toscani entend communiquer au travers de

ces images, qu'il veut symboliques, l'attachement de Benetton à certaines valeurs : Benetton

contre le racisme, pour la fraternité, pour la communication des différences, pour la paix. Le

message est politique dans le sens où il est porteur de valeurs, comme celles de la démocratie,

de la fraternité et de l'égalité.

118 FRERY (F.), op.cit., p. 35 119 SLAVEMINI (Lorella Pagnucco), op. cit., p. 44

66

Il tente donc d’associer ces valeurs de l’entreprise à l’image de la marque. Cette association

est d’autant plus aisée pour le consommateur que la firme et la marque partagent le même

patronyme. Jusqu’ici, dans l’esprit du public, cette association se fait positivement puisque

Benetton défend des valeurs chères à la majorité des citoyens. La marque bénéficie dès lors du

soutien et de l’engouement du public de voir une entreprise défendre de tels principes.

En fait, ce discours militant fonctionne essentiellement sur le principe du cliché-vérité,

mettant en évidence une préoccupation éthique. Benetton recherche l'émotivité du

consommateur pour, en définitive, accroître la notoriété de la marque. Le logo Benetton opère

dès lors un déplacement du discours militant vers le discours publicitaire120.

Cependant, les campagnes du début sur la fraternité entre les peuples se changent bien vite

en campagnes beaucoup plus sulfureuses dans les années 90. C’est en 1991 que commence la

dérive provocatrice qui sera désormais la caractéristique essentielle de la communication

Benetton.

Les campagnes de 1991 généreront une controverse sans précédent. La première image

devait ouvrir la voie d’une série qui sera connue sous le nom de campagne réalité. Ainsi, la

société entendait présenter des images du monde réel, d’une importance sociale et universelle,

visant à briser le mur de l’indifférence qui entoure ces sujets en général.

La première photo représentait un cimetière de la Première Guerre Mondiale en France,

avec de longues rangées de croix alignées de manière symétrique comme pour dire qu’en temps

de guerre personne ne gagne.

Figure 5.4. : Cimetière, campagne printemps-été 1991

La seconde, c’est la photo de la petite Giusy avec son cordon ombilical encore attaché. Cette

photographie a généré un tollé sans précédent. Apparemment, les réactions négatives et les

67

critiques ont été suscitées davantage par les affiches que par les annonces presse, un peu comme

si les dimensions de la photo étaient ce qui choquait le plus121.

Figure 5.5. : Nouveau-né, campagne automne-hiver 1991

L’année 1992 apparaît comme la période la plus significative et la plus novatrice de la

communication de Benetton. Elle marque un tournant décisif dans la démarche de Toscani, déjà

amorcée l’année précédente avec la photographie du cimetière militaire. Le publicitaire

s’oriente résolument vers un réalisme exacerbé. Cette démarche est tellement radicale que, pour

répondre aux exigences de restitution fidèle des faits, il décide d’abandonner la prise vue en

studio, pour se servir uniquement de clichés d’actualité réalisés par d’autres photographes.

Dorénavant, le monde n’est plus assimilable aux utopies humanitaires, il est au contraire

empli d’injustices, d’assassinats, d’agonies et de drames effroyables122.

En observant cette évolution, on se rend compte que la règle d’or en publicité, qui veut que

soit évitée toute association entre le produit et un événement malheureux, est transgressée sans

répit durant l’année 1992. Cette juxtaposition du logo et d'images potentiellement négatives

conduit le récepteur à un réel effort d’interprétation, et par ce biais, à une prise de conscience du

problème illustré et ensuite à une prise de position plus ou moins marquée123.

En fait, les images appartenant au monde du signifiant, elles restent ouvertes à la libre

interprétation. Partant de ce principe, Toscani joue sur le registre de l'évocation d'une dualité :

guerre/paix, beauté/pollution... Ces affiches apportent une dimension éthique, mais n'imposent

pas la morale, nous sommes libres de répondre aux questions qu'elles soulèvent.

120 http://www.comanalysis.ch/ComAnalysis/Publication3.htm 121 X, La publicité Benetton, éloges et condamnations, p. 14 122 SLAVEMINI (Lorella Pagnucco), op. cit., p. 86 123 http://www.comanalysis.ch/ComAnalysis/Publication3.htm

68

Contrairement à la publicité classique qui s'adresse au consommateur, Benetton s'adresse bel

et bien au citoyen en vue de les sensibiliser sur des problèmes universels.

Au travers de ce bref aperçu de l’évolution de la publicité, on observe bien un glissement

d’un type de valeur à l’autre.

Dans un premier temps, Benetton propose une joyeuse affirmation de l’égalité dans la

diversité symbolisée par les valeurs de fraternité et de paix. Le message est simple et l’on

s’identifie volontiers à la marque parce qu’on en partage le mot d’ordre. Le client de Benetton

pouvait alors se réjouir de porter un vêtement qui lui procurait le sentiment d’être politiquement

correct.

Dans un second temps, le message se fait plus dur, passant de l’optimisme à un pessimisme

effréné. Les images colorées et gaies laissent place au sang et à la violence. Désormais, le client

s’empresse de préférer, à l’orthodoxie idéologique, l’affirmation de sa propre existence, sans

cesse menacée par la succession ininterrompue d’événements malheureux.

Conjuguant réalisme et pessimisme, Toscani a commencé à faire planer sur l’individu une

ombre angoissante et funèbre. Une fois le bénéfice du choc épuisé, force est de constater que

l’inquiétante association entre la marque et des événements tragiques a fini par briser net toute

possibilité de dialogue entre la société et l’acheteur potentiel.

D’aucun s’interrogeront sur la question de savoir si ces campagnes, qualifiées de

provocantes et choquantes, ne revêtent pas déjà un caractère institutionnel. Pour Benetton et

Toscani, oui. C’est d’ailleurs ainsi qu’ils justifient leur démarche : la pub n'est pas faite pour

vendre plus. Il s'agit de pub institutionnelle réalisée pour communiquer les valeurs de

l'entreprise. (...) Nous avons besoin d'une image unique qui puisse passer de la même façon

dans le monde entier, se justifie Luciano Benetton. Et Oliviero Toscani de renchérir : je ne suis

pas là pour vendre des pull-overs, mais pour promouvoir une image124.

Au sens où nous entendons le terme de publicité institutionnelle dans le présent travail, les

campagnes publicitaires d’Oliviero Toscani ne peuvent être assimilées à ce type de publicité.

La raison en est simple. Si l’on se rapporte aux définitions de la publicité institutionnelle

telles qu’exposées au premier chapitre, on se rend compte qu’il s’agit de communication sur les

124 http://www.museedelapub.org/virt/mp/benetton/pub_benetton.html

69

valeurs de l’entreprise, car au travers de cette publicité, l’entreprise dévoile son apport à la

collectivité au travers de ses divers engagements environnementaux, sociaux, etc.

Or, dans le cas que nous analysons ici, Benetton ne prend pas position, ses publicités ne

traduisent aucun engagement. La démarche benetonnienne consiste essentiellement à récupérer

des grands thèmes sensibles de la société contemporaine comme le droit à la différence, la

guerre, le sida, etc. afin de provoquer le débat autour de ceux-ci.

Prenons le cas de ces 26 portraits de condamnés, attendant leur exécution aux Etats-Unis

dans les couloirs de la mort. Que devons-nous comprendre ? Que l’on va tuer des gens de

manière légale et que nous sommes complices de cette violence d’Etat ? Que la peine de mort

doit être abolie ? Ou bien ces images nous informent-t-elles sur le fait que la société sera

débarrassée de ces meurtriers et qu’il existe bien une justice qui punit les coupables ? Qu’avons-

nous en face de nous, les visages d’hommes ou des têtes d’assassins ? Il en va de même

lorsqu’il dévoile les images de marée noire, que fait réellement l’entreprise pour

l’environnement ?

Dans son message, Benetton ne fait rien d’autre que de provoquer le débat. Mais ce débat,

est-il relayé par une action ou un soutien concret à ces causes au sein de l’entreprise elle-

même ? En fait, au sujet des thèmes qu’il prétend défendre, le fabriquant ne s’engage sur aucune

voie tangible. C’est pourquoi, Benetton ne peut prétendre mener des campagnes

institutionnelles par ce biais.

De plus, force est de constater que le débat ne se mène que rarement au profit de ces thèmes

mais plutôt autour la marque elle-même ressassant le plus souvent l’éternelle question de la

légitimité de cette démarche publicitaire.

3. Les campagnes de publicité institutionnelle du groupe

3.1. Les causes du recours à la publicité institutionnelle

Comme nous l’avons vu, c’est en 1991 que débute la dérive provocatrice qui sera la

caractéristique essentielle de la communication de Benetton pour plusieurs années.

C’est avec les campagnes de 1992 qui utilisent des photographies d’actualité faisant

référence à la marée noire, au boat people, à un mercenaire sud-africain brandissant un fémur

humain, et surtout à un homme mourant du sida entouré de sa famille, ensuite, avec les

70

campagnes de septembre 1993 qui présentent des parties de corps humains tatouées HIV

Positive avec l’encre violette utilisée dans les abattoirs et enfin, les campagnes de janvier 1994

qui dévoilent le vêtement ensanglanté d’un soldat bosniaque abattu, que les protestations

atteignent leur paroxysme.

Figure 5.6 : Campagnes printemps-été 1992, automne-hiver 1993, printemps-été 1993

A cette époque, Lucette Michaux-Chevry, déléguée à l’Action humanitaire, demande aux

Français d’arracher les pulls-overs Benetton sur ceux qui les portent et, parallèlement, des

associations de protestation, voire de boycott, comme United Boycott sont mises sur pied125.

Suite à l’image dévoilant cet homme mourant du sida, l’Association française de lutte

contre le sida intente un procès à Benetton. Certains propriétaires de boutique, inquiets de

l’impact négatif sur les ventes -150 d’entre eux en Allemagne et 30 en France- vont jusqu’à

refuser de payer des marchandises livrées par Benetton pour compenser un manque à gagner126.

Les campagnes publicitaires d'Oliviero Toscani seront ensuite boycottées par plusieurs

distributeurs européens, persuadés qu'elles sont partiellement responsables de la fuite des

clients. En France par exemple, le nombre de magasins a fortement diminué en l'espace de

quelques années, suite aux campagnes provocantes. En 1992, la marque y disposait de 650

125 FRERY (F.), op. cit. p. 36 126 loc. cit.

71

points de vente et réalisait un chiffre d'affaires de 2,2 milliards de francs français127. Trois ans

plus tard, il n'y a plus que 350 magasins pour un chiffre d'affaires de 1,2 milliards de francs

français128, soit une chute de près de la moitié du chiffre d’affaire. En 1999, il ne reste plus

"officiellement" que 300 boutiques. Et les fermetures se poursuivent à l'image de celle des

magasins des Halles et des Champs Elysées à Paris... Dans la plupart des villes moyennes, il

n'existe désormais plus de boutique Benetton. Les conséquences de cette polémique ne se firent

réellement ressentir que quelques années plus tard lorsque le rejet, venant cette fois du

consommateur, entraîna la fermeture de 200 points de vente rien qu’en Europe.

En dépit de certains éloges et de jugements cléments, la vague de protestation a poussé

Benetton à réfréner quelque peu les ardeurs provocatrices de Toscani. En effet, vers 1995, les

campagnes recouvrent une tonalité beaucoup moins violentes, et ont, pour la plupart renouées

avec la philosophie multiraciale et pacifiste des débuts.

Néanmoins, le naturel revenant souvent au galop, les publicités aux visuels choquants

réapparaissent vite au devant de la scène.

Année 2000, nouvelle alerte : sous la menace du boycott de l'Amérique profonde, choquée

par les visuels publicitaires de condamnés à mort, la chaîne de magasin US Sears rompt son

contrat avec le groupe italien. Benetton ne compte plus alors que 200 boutiques aux USA,

contre 700 auparavant.

Figure 5.7. : Campagne printemps-été 2000

127 Près de 350 millions d’euros 128 Près de 200 millions d’euros

72

En 2001, et malgré une croissance retrouvée, le chiffre d'affaire du groupe reste inférieur à

celui de 1992… Oliviero Toscani, le créateur de 18 années de campagnes publicitaires

benettoniennes a été remercié. Une nouvelle stratégie commerciale, et une communication

moins provocatrice sont désormais à l'ordre du jour129.

En attendant, les actes de boycottages se poursuivent, les manifestations devant les

boutiques de Benetton se multiplient et gagnent en ampleur. Au point que les financiers de la

chaîne de distribution s’en inquiètent et demandent à l’entreprise de soutenir sa marque et de ne

plus produire de publicités qui semblent de plus en plus s’acharner contre le vêtement130.

C’est ainsi que les images joyeuses et multicolores incarnant l’esprit original de la marque et

que résume son slogan United Colors of Benetton refirent leur apparition. Aujourd’hui s’ouvre

une nouvelle page pour la publicité Benetton. Fabrica, le centre de recherche pour la

communication Benetton, reprend la communication du groupe131.

Les excès de l’enseigne dans le domaine publicitaire avaient fini par irriter un peu tout le

monde, jusqu’aux franchisés qui en avaient assez de se voir boycotter par une partie des

consommateurs. Ajouté à cela, les nombreuses fermetures de magasins et les violentes réactions

de la part des citoyens, Benetton a été contraint de revoir l’ensemble de sa stratégie publicitaire.

C’est ainsi qu’il est revenu à un laïus moins séditieux dans ses thèmes publicitaires.

En fait, on ignore si la cause de cet abandon en est l’épuisement de son parcours, son

incapacité à sortir de l’impasse, ou l’effet de pressions extérieures.

La firme de Trévise n’abandonnera toutefois pas sa communication coup de poing.

Simplement, elle lui donna un nouveau visage pour, d’une part, la rendre plus crédible, et

d’autre part, la décliner sur un ton plus humble.

3.2. Les campagnes institutionnelles proprement dites

Dès que l’on accuse le fabricant d’utiliser le malheur des autres pour accroître les ventes de

sa marque, Benetton réplique par une action humanitaire concrète, dont il fait activement la

promotion.

129 http://www.econovateur.com/rubriques/communiquer/critcom151001.shtml 130 SLAVEMINI (Lorella Pagnucco), op. cit., p. 117 131 X, La communication Benetton, Toscani passe le relais, p. 12

73

C’est ainsi que depuis 1993, la communication internationale annuelle du fabricant se fait en

partenariat avec des organisations humanitaires. La FAO (Food and agricultural organisation),

l’ONU ou le HCR (Haut commissariat pour les réfugiés) par exemple associèrent leur nom à ces

campagnes thématiques. C’est aussi l’esprit de cette opération, avec World Food Programme,

financée entièrement par Benetton que nous détaillerons plus loin.

En fait, si nous analysons scrupuleusement ces campagnes institutionnelles, nous pouvons

constater que chacune d’entre elles a été menée suite aux coups d’éclat provoqués par l’une de

ses publicités choc.

Une des premières campagnes dévoilant le soutien de Benetton aux œuvres humanitaires est

cette fameuse collecte de 460 tonnes de vêtements usagés, promotion pour laquelle Luciano a

posé nu. C’était en 1993. A y regarder de plus près, on s’aperçoit que cette démarche

institutionnelle répond immédiatement au concert de polémiques que le fabricant a déclenché

l’année précédente. Rappelons que 1992 correspond à la date à partir de laquelle Toscani

s’engage dans la voie de la publicité provoc’ avec, notamment, la photographie des adieux

d’une famille à un fils malade du sida.

Figure 5.8. : Opération humanitaire de redistribution de vêtements, printemps-été 1993

Revendiquant la gratuité d’une entreprise menée en collaboration avec l’association suisse

Caritas et la Fédération Internationale de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge de Genève, il

s’agit du premier projet global de redistribution de vêtements en faveur des populations

déshéritées et lancée sous le nom de Clothing redistribution project132.

132 SLAVEMINI (Lorella Pagnucco), op. cit., p. 110

74

Benetton fit de même suite au procès intenté à son encontre par l’Association française de

lutte contre le sida. Désormais, il soutient également la lutte contre cette maladie, en distribuant

des préservatifs, en finançant des manifestations et en aidant des associations à travers le

monde133.

Quant au premier meeting international de SOS Racisme à Trévise, l’entreprise Benetton se

charge de toute l’organisation. Parallèlement, et en collaboration avec l’association, elle lance

une campagne de sensibilisation dans les écoles. Intitulée Les Couleurs de la paix, la firme

entreprend de distribuer des coffrets explicatifs à pas moins de 80 000 enfants. Cette action

remonte à 1996, et une fois encore, on s’aperçoit que cette date correspond au retour au calme

qui fait suite aux débordements publicitaires dont l’affiche présentant la tenue maculée de sang

d’un soldat bosniaque tué au combat fait partie.

Finalement, la communication de United Colors of Benetton de l’automne 2001, réalisée en

collaboration avec les Volontaires des Nations Unies et destinée à promouvoir les différentes

formes de volontariat à l’occasion de l’Année Internationale du Volontariat intervient, elle

aussi, à des mouvements intenses de protestation comme la menace du boycott de la marque par

la marque américaine Sears. C’était en 2000.

Parmi ces nombreuses démarches institutionnelles, nous nous intéresserons plus

particulièrement à la campagne Food for Life. Dernière en date, elle représente le plus gros

budget de publicité institutionnelle dépensé par le groupe, et intervient au moment où Benetton

semble abandonner définitivement le registre de la provocation. Une manière peut-être de

redorer son blason.

Comme nous l’avons évoqué ci-avant, la campagne Food for Life a un prix : 15,7 millions

d’euros. A l’unique charge de Benetton, soit l’équivalent d’un semestre de communication pour

le groupe.

Cette campagne mondiale, lancée en février 2003, a été réalisée en collaboration avec le

World Food Programme, l’agence des Nations Unies en première ligne pour la lutte contre la

faim dans le monde134. Elle entend mettre l’accent sur ce fléau qui constitue aujourd’hui la plus

grande urgence humanitaire mondiale.

133 FRERY (F.), op. cit., p. 39 134 Campagne de communication, p. 2

75

La nourriture devient un véritable agent de changement social. Si nous avons choisi de

collaborer avec le WFP parce que nous partageons leur engagement et le caractère concret de

leurs initiatives. Comme cela s’est déjà produit avec d’autres associations humanitaires, nous

nous sommes rangés sous leur bannière dans une campagne à laquelle nous croyons

fermement135. C’est en ces termes que Luciano Benetton justifie sa collaboration avec le World

Food Programme.

Très visible, la campagne sera diffusée par affichage et dans la presse à travers le monde ;

de l’Europe à l’Amérique latine en passant par le Canada et même l’Orient. Elle est le fruit de

Fabrica, le centre de recherche et développement de Benetton sur la communication.

Food for life n’aborde pas le problème de la faim directement sous son aspect le plus

macabre. Toutefois, comme de tradition, elle met en scène des quidams qui, par leurs stigmates

ou simplement par leur regard, témoignent des vicissitudes qu’ils ont endurées.

Figure 5.9. : Campagne Food for life 2003

La campagne s’articule ainsi autour d’une série de portraits illustrant les différentes facettes

sociales de la malnutrition qui, pour rappel, fait toujours un mort toutes les 5 secondes dans le

135 Campagne Food for Life, p. 7

76

monde. Si certaines images frôlent encore la provocation, comme cet homme muni d’une

prothèse en forme de cuillère, ce n’est plus au détriment du message humanitaire136.

Au travers des photographies, prises par le jeune photographe de Fabrica James Mollison en

Afghanistan, au Cambodge, en Guinée et en Sierra Leone, Benetton entendait témoigner du lien

étroit entre les problèmes de malnutrition et les divers aspects sociaux de l’existence. Les

thèmes de la campagne n’envisagent pas directement le problème de la faim mais le lient à

différents thèmes tels que la protection, le travail, l’éducation ou la paix.

Six affiches déclineront les programmes particuliers de lutte contre la faim dans le monde :

- Food for peace, destiné aux guerriers en Sierra Leone.

Les ex-combattants des différentes factions reçoivent des aides sous forme de nourriture quand

ils rendent leurs armes. De plus, ils sont formés à un métier qui leur permet de subvenir à leurs

besoins en temps de paix.

- Food for education destiné aux enfants en Afghanistan.

Les enfants sont les premières victimes de la pauvreté de leur famille. Pour encourager les

parents à les envoyer à l’école, de la nourriture y est offerte en plus de l’instruction.

- Food for work, destiné aux femmes afghanes

Les personnes sont rétribuées avec des rations alimentaires pour effectuer des travaux d’utilité

publique tels que la reconstruction des bâtiments détruits par la guerre. Le programme

encourage donc les femmes à obtenir leur indépendance et à reconstruire leurs carrières.

- Food to go home destiné aux réfugiés afghans

Quand ils sont rapatriés dans des pays comme l’Afghanistan, les centres d’aide leur fournissent

de la nourriture pour garantir un soutien concret au cours des premiers mois -plus vulnérables-

durant lesquels ils tentent de reconstruire leur vie137.

- Food for protection destiné aux jeunes cambodgiennes et prostituées africaines.

Qu’il s’agisse de cambodgiennes qui vivent dans des refuges, ou de prostituées en Sierra Leone,

l’offre de nourriture les aide aussi à comprendre l’importance des rapports sexuels protégés.

136 X, Les bonnes intentions de Benetton, in : Pepper Plug, n°0, novembre 2003 137 X, United Colors of Benetton, Campagne Food for Life, p. 5

77

- Food for stability destinés aux Libériens réfugiés

Dans le cas des enfants libériens qui vivent dans des camps pour réfugiés, les aides alimentaires

sont importantes non seulement pour leur survie et leur stabilité138.

Il va de soi qu’avec un tel programme, Benetton vise non seulement les consommateurs,

mais également le grand public : les messages qu’il délivre s’adressent à chaque citoyen.

La question récurrente qui émerge dès que l’on évoque le nom de Benetton est la légitimité

de sa démarche institutionnelle. Est-elle sincère ou, est-ce une démarche intéressée ?

Poser la question de cette manière c’est déjà y répondre. On ne saurait prétendre qu’une

entreprise de cette taille investisse de tels montants dans des campagnes à vocation

exclusivement altruiste. Et ce principe est généralement vrai pour toutes les firmes qui mènent

des campagnes de publicité institutionnelle. En effet, puisque l’impact recherché est

l’amélioration de l’image de l’entreprise ou de la marque, l’intérêt commercial est toujours

présent, même si rares sont les firmes qui l’admettent. De plus, comme nous avons pu

l’observer, Benetton développe ce type de campagne à chaque fois que son intérêt risque, ou est,

menacé. Il capitalise donc bien sur l’impact moral de ses initiatives pour développer son image

de marque. D’autres réflexions peuvent encore appuyer cette argumentation.

Si l’on en croit Le Guide éthique du consommateur139, un livre recensant les engagements

des grandes entreprises au niveau écologique, social, etc. le groupe Benetton -et ses filiales

(Playlife, Prince, Sisley)- figure quasiment bon dernier, eu égard à sa taille.

Sa politique salariale et commerciale dévoile des conditions de travail peu contrôlées

notamment dans les pays émergents. Au niveau des actions écologiques, le groupe fait moins

d'efforts que ses concurrents, et certains comportements comme le déplacement de populations

locales lors d'achats de terres en Patagonie rendent à juste titre sceptique quant à la bonne

volonté citoyenne de Benetton140.

Nous procèderons à une analyse plus approfondie de l’efficacité de la publicité

institutionnelle du groupe lors de l’examen des résultats de notre sondage.

138 Ibid., p. 6 139 Observatoire de l’éthique, Le guide éthique du consommateur, Editions Albin Michel, 2001 140 http://www.econovateur.com/rubriques/communiquer/critcom151001.shtml

78

Chapitre III

La publicité institutionnelle dans le soutien de marque.

Le cas de Douwe Egberts

1. Introduction

Le choix de la marque Douwe Egberts pour illustrer le soutien de marque se justifie tout à

fait puisqu’il s’agit d’une grande enseigne qui, jusqu’à présent n’a connu aucune crise ou

bouleversement particulier, par opposition à ING qui s’est installé dans un marché où son nom

était inconnu des quidams, et Benetton qui a surmonté maintes crises liées à ses campagnes de

publicité.

Douwe Egberts illustre le cas d’une marque que les consommateurs n’associent pas

spontanément à l’entreprise qui la commercialise, en l’occurrence Sara Lee. C’est donc la

marque elle-même qui, dans sa communication intègre le registre institutionnel.

1.1. La publicité institutionnelle dans le soutien de marque

Si l’on en croit les résultats de l’enquête du CREDOC portant sur les conditions de vie et

aspirations des Français141, deux facteurs justifient cette démarche.

Le premier concerne les produits eux-mêmes. Les consommateurs se sont exprimés sur la

catégorie de produits qu’ils souhaiteraient voir soutenir un programme de citoyenneté. Dans

l’enquête, la question était formulée de la manière suivante : Pour quels types de produits

pensez-vous qu’il soit important aujourd’hui d’avoir des engagements de citoyenneté de la part

des entreprises ? La réponse des citoyens est claire : pour les produits alimentaires. En effet,

47% des citoyens les citent, et ce, très largement devant le textile (17%), tandis qu’une personne

sur neuf seulement désigne les produits pharmaceutiques.

141 Enquête « Conditions de vie et aspirations des Français » menée début 2002 par le CREDOC pour le compte du SESSI. Détails de l’étude voir, annexe 1

79

Tableau 6.1. : Données relatives aux engagements de citoyenneté par catégorie de produits142

Ensuite, si nous prenons l’étude Corporate Citizenship143 menée conjointement par l’agence

de publicité Bates et le groupe Roularta, on s’aperçoit qu’eu égard aux résultats obtenus à la

question : Une entreprise doit-elle adopter un comportement de corporate citizenship?, 79% du

public se dit favorable. Toutefois, ils considèrent que cette démarche ne doit pas se faire à

n’importe quel prix. Pour 21% des sondés, une entreprise ne doit pas éprouver de difficulté pour

ce faire. Ce qui signifie donc que plus une entreprise se porte bien, plus les consommateurs

attendront un comportement citoyen de sa part.144

Mais quelle forme doit prendre un tel engagement, l’entreprise doit-elle donner son argent,

son know-how, ou son temps ? Pour 39% des personnes interrogées, les compétences arrivent en

tête, suivies du temps (32%) et de l’argent. Quoi qu’il en soit, on préfère généralement que la

firme mette elle-même sur pied un programme de solidarité145.

Au regard de ces résultats, nous pouvons conclure que plus une entreprise est florissante,

plus on attendra d’elle qu’elle développe un programme de citoyenneté, lequel, rappelons-le ne

sera crédible aux yeux des consommateurs que s’il est en accord avec sa mission. En

l’occurrence, Douwe Egberts commercialise du café, symbole de chaleur, ses actions doivent

donc s’inscrire dans cette logique.

142 CREDOC, enquête « Conditions de vie et Aspirations des Français, début 2002 pour le compte du Sessi, Détails de l’enquête, voir annexe 1 143 Etude Corporate Citizenship, menée par Bates et Roularta de juin à septembre 1997. Détail de l’étude, voir Annexe 2. 144 DE OLIVEIRA (Valérie) En quête de citoyenneté, in : Marketing Managemement ??? 145 Etude Corporate Citizenship, menée par Bates et Roularta de juin à septembre 1997. Détail de l’étude, voir Annexe 2.

80

Pour soutenir une marque, le gestionnaire doit tenir compte des tendances de la

consommation. Comme ces chiffres en attestent, la consommation engagée, dont la promotion

passe par les campagnes institutionnelles, correspond à une de ces nouvelles tendances, et dès

lors, pour qu’une marque reste compétente -et compétitive- aux yeux des consommateurs, elle

doit nécessairement s’adapter à cette nouvelle donne.

2. Douwe Egberts : un café, une marque

Née en 1753, Fries Agbert Douwes jetait les bases de ce qui deviendra, 250 ans plus tard,

une marque mondialement connue. Une réputation que ladite marque s’est forgée non

seulement dans son pays, par le biais des grandes surfaces, mais également sur le marché

extérieur (bureaux, horeca, etc.).

Leader sur le marché belge depuis 1975, Douwe Egberts est réputé pour sa qualité, grâce

notamment aux nombreux contrôles effectués à chaque phase du processus de production. En

effet, au sein de l’usine Douwe Egberts, trois personnes sont chargées de goûter et d’évaluer

quelques quatre à cinq cents tasses de café par jour.

L’enquête menée sur le portail MSN par l’agence de publicité LDV/Bates du 27 janvier au 7

février 2003 inclus en Flandre et en Wallonie, s’intéressait aux marques préférées des Belges.

Ce sondage a été réalisé exclusivement via MSN. Une campagne média intensive sur le portail a

constitué la base du recrutement des 17.833 participants. 500 marques, réparties en 33

catégories, étaient concernées par le concours. Pour chacune des 33 catégories, deux questions

étaient récurrentes : « Quelle est la marque que vous aimez le plus? » et « Quelle est la marque

que vous détestez le plus? ». En terme de résultats, Douwe Egberts arrive en tête de la catégorie

du café avec 50, 9% des votes146.

Bien que cette enquête ne revête pas un caractère très scientifique, elle n’en demeure pas

moins instructive et peut alors servir de base de réflexion.

146 Etude Compétition nationale des Marques, menée en 2003 par LDV/Bates. Détails de l’étude, voir Annexe 3

81

3. Les campagnes de publicité institutionnelle de la marque

3.1. Les causes du recours à la publicité institutionnelle

La campagne de publicité institutionnelle de Douwe Egberts s’inscrit dans un plan de

soutien de marque.

D’une part, l’annonceur désirait non seulement renforcer sa présence dans le panier du

consommateur, et donc promouvoir ses ventes à court terme en agissant durant une période -les

mois de novembre et décembre- où les achats sont traditionnellement plus importants, mais

également défendre sa marque contre les attaques des private labels qui sont particulièrement

forts sur le segment café.

D’autre part, Douwe Egberts souhaitait également renforcer son mind space, c’est-à-dire sa

présence dans l’esprit du consommateur. Et ce, en entretenant des relations privilégiées entre le

consommateur et la marque tout en donnant un contenu à son positionnement Care &

Togetherness.

En dépit des nombreuses actions promotionnelles engagées par Douwe Egberts, aucune ne

relayait vraiment ce positionnement. En effet, la marque entendait marquer le coup en période

de fin d’année. C’est ainsi que pendant 5 ans, elle a proposé un CD gratuit à l’achat d’un paquet

de café de 250 grammes. Comme l’intérêt des consommateurs pour ce type de promotion

s’érodait, il fallait trouver une autre action à mener sur le marché. C’est ainsi qu’est né Un peu

de chaleur pour tous.

3.2.Les campagnes proprement dites

Les Banques Alimentaires peuvent en témoigner, la pauvreté est de nos jours encore une

réalité en Belgique. Pour cette raison, elles se sont données pour mission de collecter des vivres

pour les plus démunis. Lors de ces collectes, une denrée se fait rare : le café, tandis qu’il est

justement si précieux pour la chaleur qu’il procure.

C’est ainsi qu’en 1998, soit près de trente ans après son apparition sur le marché belge,

Douwe Egberts lance son action de don de café aux plus démunis, qui portait à l'époque le nom

de Un café pour tous.

Rebaptisée Un peu de chaleur pour tous, le principe de base, inchangé aujourd'hui, est

simple : pour chaque paquet de Douwe Egberts acheté durant le mois de décembre, deux tasses

82

de café sont offertes aux déshérités via les Banques Alimentaires. Cela fait cinq ans que la

marque offre du café aux plus démunis via la Fédération belge des banques alimentaires.

A l'origine, ce sont les Banques Alimentaires qui nous ont proposé de les soutenir. En effet,

une étude réalisée auprès des bénéficiaires finaux montrait que le café constituait l'un des

principaux besoins alimentaires, explique M. Van Eynde, porte-parole de la société.

Douwe Egberts a par conséquent mis sur pied cette opération en fournissant aux Banques

Alimentaires, fin novembre de chaque année, un stock de départ, complété selon les quantités

exactes vendues en magasin jusqu'à la fin du mois de décembre.

Un peu de chaleur pour tous s’inscrit clairement dans le Cause related marketing, en

instaurant tout d’abord un lien logique entre le produit, en l’occurrence, le café, symbole de

chaleur aussi bien physique qu’émotionnelle et l’objectif de solidarité qui se fait via les Banques

Alimentaires.

Figure 6.1. : Un peu de chaleur pour tous

3.3.Les médias utilisés

Aujourd’hui, « Un peu de chaleur pour tous » est suffisamment connu du public pour ne

plus faire de publicité dans les médias, justifie M. Van Eynde omettant de préciser que leur

action est relativement bien relayée par la presse nationale à raison de trois ou quatre articles

chaque année, ce qui contribue -et crédibilise- la publicité de leur opération.

Au lancement du projet, 7 à 8% du budget publicitaire annuel était consacré à sa

promotion. Depuis 2001, nous assurons cette publicité uniquement en magasin par la mise en

évidence de la marque via des affiches dans les rayons et sur les têtes de gondoles, indique M.

Van Eynde.

83

4. Quels objectifs, pour quels résultats ?

Notre objectif ne se traduit pas en terme de profit, explique M. Van Eynde, si tel était notre

but, nous offririons une tasse gratuite à l’achat d’un paquet de café. Ce type d’action nous

permet d’augmenter réellement nos bénéfices, « Un peu de chaleur pour tous » est une action a

vocation exclusivement sociale.

Affirmer cela, c’est faire semblant de méconnaître l’impact respectif de chacune de ces

actions. En effet, offrir une tasse n’a pas le même retentissement au sein de la population que la

participation à un programme de citoyenneté. En terme de bénéfice, le premier se traduit par un

accroissement des ventes à court terme, le second, par une amélioration de l’image de marque

jouant ainsi sur le long terme.

Quoi qu’il en soit, Douwe Egberts ne peut nier que Un peu de chaleur pour tous entraîne

une hausse des ventes, si faible soit-elle, puisque pour prendre part à un tel programme, les

consommateurs doivent acheter la marque. Ce principe s’inscrivant dans la logique des

nouvelles tendances de consommation, pour le prospect, collaborer à cette action, permet de

dépasser son individualité étant donné qu’il ne reçoit rien mais qu’au contraire il donne147.

La marque est donc parvenue à faire d’une pierre deux coups. Par cette action, Douwe

Egberts ne se contente pas de faire augmenter ses ventes –bien qu’elles n’atteignent pas un

niveau de profitabilité maximum- mais parvient également à valoriser sa marque et à la

crédibiliser dans l’esprit du consommateur.

De plus, par opposition à une campagne de promotion classique avec, par exemple, des bons

de réduction de 1 euro à l’achat d’un kilo de café, l’opération Un peu de chaleur pour tous situe

le return de l’entreprise à deux niveaux.

D’une part, le taux de notoriété de cette opération est élevé, ce qui positionne l’entreprise

dans l’esprit du consommateur comme citoyenne. D’autre part, depuis 2 ans, de 30 à 40 % du

personnel participe à des actions de volunteering, distribuant bénévolement des tasses de café à

la gare du midi. Le return communicationnel est donc tout aussi interne qu’externe.

Quant à l’impact de cette action sur le public, le taux de notoriété de la marque reste

inchangé puisque avant l’opération il était déjà de 99% en Top of Mind. Douwe Egberts

entendait simplement assurer un rôle social en tant que grande marque. Néanmoins, sa

147 http://213.193.164.200/dossiers/MM156sales.htm

84

participation à ce programme -relayée par la presse- permet une mise en lumière non

négligeable de la marque de laquelle découle naturellement une amélioration de son image.

Qu’en est-il pour les bénéficiaires finaux ? Alors que pour la première année (décembre

1998), les partenaires de l’opération s’étaient donnés pour mission de distribuer 5 millions de

tasses de café pour réchauffer 88.000 personnes dans le pays, cet objectif a largement été

dépassé puisque le chiffre de 10 millions a été atteint. Un succès qui s’est confirmé lors de la

deuxième édition, clôturée fin 1999 sur plus de 12 millions de tasses distribuées.

Pour fêter ses 250 ans, cette année, plus de 24 millions de tasses ont pu être offertes, soit une

contribution de quelques 550.000 euros.

Ces chiffres démontrent que les consommateurs prennent activement part à ce programme.

Ce qui témoigne de l’impact d’une telle opération sur l’image de la marque. A noter que chaque

année, Douwe Egberts reçoit des dizaines de réactions de leur part, toutes, affirme M. Van

Eynde, louant l’opération.

En conclusion, la marque a bien compris l’évolution des nouvelles tendances de la

consommation. Douwe Egberts est une grande enseigne et à ce titre, elle entend remplir son rôle

à l’égard de la société, tout en ne négligeant pas le return de cette publicité institutionnelle sur

son image.

Nous procèderons à une analyse plus approfondie de l’efficacité de la publicité

institutionnelle de la marque lors de l’examen des résultats de notre sondage.

85

Chapitre IV

Sondage sur l’image des marques.

La publicité institutionnelle est-elle efficace ?

1. Méthodologie

L’objectif de cette enquête est d’apprécier l’efficacité des campagnes institutionnelles

menées par ING, Benetton et Douwe Egberts. Il nous fallait effectivement déterminer l’image

que le public perçoit desdites marques afin de savoir si ces campagnes ont produit l’effet

escomptés dans le public.

1.1. Construction du questionnaire

Nous avons opté pour la méthode du positionnement d’Osgood. Cette technique consiste, à

partir d’une série d’items antonymes deux à deux, à déterminer comment le consommateur juge

une marque donnée. Osgood a établit des échelles bipolaires (ou échelles sémantiques) à cinq

points. Chaque échelle représentant un trait spécifique de l’image.

Exemple d’échelle :

1 2 3 4 5 Marque leader dans son domaine

Marque suiveuse dans son domaine

Les personnes interrogées devront choisir le chiffre qui reflète le mieux leur opinion de la

marque considérée quant au critère d’évaluation proposé. Ainsi, elle notera :

- 1, si elle juge la marque leader dans son domaine ;

- 2, si elle juge la maque plutôt leader dans son domaine ;

- 3, si elle juge la marque moyennement leader dans son domaine ;

- 4, si elle juge la marque plutôt suiveuse ;

- 5, si elle juge la marque suiveuse.

86

Afin d’étayer notre information, nous avons interrogé des responsables concernés par les cas

analysés. Il s’agit de Sandrine Decelle, brand manager chez ING et de Jo Van Eynde, porte-

parole de Douwe Egberts. Quant à Benetton, il nous fut impossible d’obtenir un entretien, et ce

malgré nos démarches. Par contre, Laura Leone, responsable Presse et Communication pour le

groupe, a consenti à nous envoyer un grand nombre de dossiers concernant l’entreprise, ses

activités, ses campagnes publicitaires et sa communication.

1.2. Construction de l’échantillon

La méthode d’échantillonnage choisie est l’échantillon aléatoire simple dans lequel chaque

individu à la même probabilité, connue et non nulle, de faire partie de l’échantillon148.

Nous avons interrogé 100 personnes au total.

Lorsque l’on procède par sondage aléatoire simple, il est nécessaire de définir un intervalle

de confiance, de même qu’une marge d’erreur. En général, on fixe le niveau de confiance à

95%, cela signifie que les réponses fournies peuvent être considérées comme sûres à 95%149.

Quant à la marge d’erreur, elle peut être calculée à l’aide de la formule suivante150 :

nppzpP )1(/

21

−−+=

−α

Où :

- P est la proportion que l’on estimer ;

- p correspond à cette proportion mesurée sur l’échantillon

- 21 α−

Z est le quantile d’ordre 1-α/2, dont la valeur dépend du niveau de confiance (1-α),

c’est-à-dire la probabilité que cet intervalle contienne la valeur de P. Dans le cas d’un

niveau de confiance de 95%, le quantile d’ordre correspondant est de 1,96

- n, l’effectif, c’est-à-dire le nombre d’individus composant l’échantillon.

En ce qui concerne la valeur de p, elle sera déterminée à 40%.

148 DROESBEKE (Jean-Jacques), Eléments de statistique, p. 276 149 HEINDERYCKX (François), Communication politique, p. 68 150 Ibid, p. 67

87

Dès lors :

- n = 100

- p = 40%

- 21 α−

Z = 1,96

D’où :

100

)4,01(4,096,1/4, −−+0=P

P = 0,4 +/ 0,05

P = +/- 5%

L’intervalle de confiance peut s’exprimer ainsi :

35% 40% 45%

1.3. Modalités d’interview

Les interviews se sont déroulées en face-à-face du 2 juillet 2004 au 12 juillet 2004 à

Bruxelles.

2. Composition de l’échantillon et exemple de questionnaire

2.1. Composition de l’échantillon

Notre échantillon se compose de 100 personnes âgées de 15 ans et plus réparties de la

manière suivante :

- Sexe :

Hommes : 48% ; Femmes : 52%

- Age :

15-24 ans : 39% ; 25-44 ans ; 26% ; 45-64 ans : 24% ; 65 ans et plus : 11%

88

- Profession :

Profession libérale : 2% ; Cadres : 6% ; Employés : 32% ; Ouvriers : 4% ; Indépendants :

8% ; Etudiants : 19% ; Sans emploi : 10% ; Retraités : 8% ; Autres : 11%

- Consommant ou non les marques considérées :

Benetton : Consommateurs : 28% - Non consommateurs : 72%

ING : Consommateurs : 46% - Non consommateurs : 54%

Douwe Egberts : Consommateurs : 59% - Non consommateurs : 41%

2.2. Exemple de questionnaire

Voir pages suivantes

89

Fiche d’identification 1) Sexe :

o Féminin

o Masculin

2) Age :

o 15-24 ans

o 25-44 ans

o 45- 64 ans

o 65 ans et plus

3) Profession :

o Agriculteur

o Artisan

o Profession libérale

o Cadre

o Employé

o Ouvrier

o Indépendant

o Etudiant

o Sans emploi

o Retraité

o Autres : ………………………………..

4) Code postal : …………………….

5) Etes-vous consommateurs (ou client)

de la marque Benetton ? 0 Oui 0 Non

de la marque ING ? 0 Oui 0 Non

de la marque Douwe Egberts ? 0 Oui 0 Non

90

Questionnaire relatif à l’image de la marque Benetton

1) Connaissez-vous la marque Benetton ? 0 Oui 0 Non

2) Selon vous : 1 2 3 4 5

La marque est suiveuse dans son domaine

La marque est leader dans son domaine

1 2 3 4 5

1 2 3 4 5

1 2 3 4 5

1 2 3 4 5

1 2 3 4 5

1 2 3 4 5

1 2 3 4 5

1 2 3 4 5

1 2 3 4 5

1 2 3 4 5

1 2 3 4 5

1 2 3 4 5

1 2 3 4 5

La marque se différencie de ses concurrents

Sa publicité est attractive

Les produits de la marque sont bon marché

La marque est en croissance

La marque est éthique

La marque est proche de ses consommateurs

Sa publicité est loyale et crédible

Il s’agit d’une marque de confiance

La marque inspire de la sympathie

La marque assume un rôle social

La marque est dynamique

Les produits de la marque sont de bonne qualité

La marque est soucieuse de l’environnement en général

La marque néglige l’environnement en général

La marque est statique

Les produits de la marque ne sont pas de bonne qualité

La marque n’assume pas un rôle social

La marque inspire de l’antipathie

Il ne s’agit pas d’une marque de confiance

Sa publicité est trompeuse et pas crédible

La marque est distante de ses consommateurs

La marque n’est pas éthique

La marque est en déclin

Sa publicité n’est pas attractive

Les produits de la marque sont chers

La marque ne se différencie pas de ses concurrents

91

Questionnaire relatif à l’image de la marque ING

1) Connaissez-vous le groupe ING ? 0 Oui 0 Non

2) Selon vous : 1 2 3 4 5

1 2 3 4 5

1 2 3 4 5

1 2 3 4 5

1 2 3 4 5

1 2 3 4 5

1 2 3 4 5

1 2 3 4 5

1 2 3 4 5

1 2 3 4 5

1 2 3 4 5

1 2 3 4 5

1 2 3 4 5

1 2 3 4 5

Sa publicité est loyale et crédible

L’entreprise se différencie de ses concurrents

L’entreprise est en croissance

L’entreprise est éthique

L’entreprise est proche de ses clients

Il s’agit d’une entreprise de confiance

L’entreprise inspire de la sympathie

L’entreprise assume un rôle social

L’entreprise est dynamique

Les produits de l’entreprise sont de bonne qualité

L’entreprise est soucieuse de l’environnement en général

L’entreprise est leader dans son domaine

L’entreprise néglige l’environnement en général

L’entreprise est suiveuse dans son domaine

Les produits de l’entreprise ne sont pas de bonne qualité

L’entreprise est statique

L’entreprise n’assume pas un rôle social

L’entreprise inspire de l’antipathie

Sa publicité est trompeuse et pas crédible

Il ne s’agit pas d’une entreprise de confiance

L’entreprise est distante de ses clients

L’entreprise n’est pas éthique

L’entreprise est en déclin

Les produits de l’entreprise sont chers

Les produits de l’entreprise sont bon marché

Sa publicité n’est pas attractive

Sa publicité est attractive

L’entreprise ne se différencie pas de ses concurrents

92

Questionnaire relatif à l’image de la marque Douwe Egberts.

1) Connaissez-vous la marque Douwe Egberts ? 0 Oui 0 Non

2) Selon vous : 1 2 3 4 5

La marque est suiveuse dans son domaine

La marque est leader dans son domaine

1 2 3 4 5

La marque néglige l’environnement en général

La marque est soucieuse de l’environnement en général

1 2 3 4 5

Les produits de la marque sont de bonne qualité

1 2 3 4 5 La marque statique

Les produits de la marque ne sont pas de bonne qualité

La marque est dynamique

1 2 3 4 5 La marque n’assume pas de

rôle social La marque assume un rôle social

1 2 3 4 5

La marque inspire de la sympathie

La marque inspire de l’antipathie

1 2 3 4 5

Il s’agit d’une marque de confiance

1 2 3 4 5 Sa publicité est loyale et crédible

1 2 3 4 5

La marque est proche de ses consommateurs

1 2 3 4 5 La marque est éthique

1 2 3 4 5

La marque est en croissance

1 2 3 4 5

Les produits de la marque sont bon marché

1 2 3 4 5 Sa publicité est attractive 1 2 3 4 5

La marque se différencie de ses concurrents

Il ne s’agit pas d’une marque de confiance

Sa publicité est trompeuse et pas crédible

La marque est distante de ses consommateurs

La marque n’est pas éthique

La marque est en déclin

Sa publicité n’est pas attractive

Les produits de la marque sont chers

La marque ne se différencie pas de ses concurrents

93

3. Exploitation des résultats

Afin de tirer le meilleur enseignement de cette enquête, nous allons combiner l’ensemble

des questionnaire marque par marque. De cette manière, nous pourrons déterminer la perception

du public quant à l’enseigne considérée.

La formule utilisée sera celle de la moyenne arithmétique. Elle se définit comme étant égale

à la somme des observations divisée par l’effectif n de la série151 :

∑=

=n

iix

nX

1

1

Où :

X i représente la cote donnée par l’individu i au trait x ;

X représente la cote moyenne accordée par l’ensemble des personnes sondées au trait x.

A noter que ne seront pas repris dans le calcul de la moyenne, les individus déclarant ne pas

connaître la marque.

Grâce aux résultats ainsi obtenus, nous pourrons facilement repérer les points forts et les

points faibles attribués par les individus à la marque. De cette manière, nous déterminerons si

les objectifs de campagnes institutionnelles menées par chacune de ces marques ont été atteints.

3.1. Résultats du sondage

Nous allons à présent exposer les résultats obtenus pour chaque trait d’image eu égard à la

marque considérée.

Rappelons toutefois que les chiffres présentés dans le tableau correspondent à la note

moyenne attribuée par les individus interrogés. L’échelle comptant cinq pas, 1 représentant la

meilleure note, 5 la moins bonne. Dès lors, plus le chiffre se rapproche de 1, plus la note peut

être considérée comme favorable à la marque.

151 DROESKEKE (Jean-Jacques), op.cit., p. 85

94

Tableau 7.1. : Résultats du sondage

Taux de notoriété assistée 91% 95% 95% La marque est leader dans son domaine 2,8 2,9 2

La marque est

soucieuse de

l’environnement

3,2 2,8 2,7

Qualité des produits de

la marque 2,6 2,1 1,6

Dynamisme de la

marque 2,5 2,1 2,4

La marque assume un

rôle social 3 3 2,1

La marque inspire la

sympathie 2,8 2,6 2,3

Il s’agit d’une marque

de confiance 2,5 2,5 1,8

Sa publicité est loyale

et crédible 2,7 3 2,3

La marque est proche

de ses clients 2,8 3,1 2,3

La marque est éthique 2,8 3 2,3

Marque en croissance 2,3 3,1 2,6

Produits de la marque

bon marché 3,2 3,8 3,1

Publicité attractive 2,9 2,5 2,7

La marque se

différencie de ses

concurrents

2,8 2,2 2,5

95

Nous analyserons les résultats du tableau en deux temps. D’abord, une lecture verticale,

nous permettra de déterminer l’efficacité de la publicité institutionnelle de chaque enseigne eu

égard au diagnostic d’image que nous avions posé lors de leur analyse. Ensuite, une lecture

horizontale mettra les trois enseignes en perspective.

3.1.1. Les résultats d’ING

Comme exposé dans l’analyse de ce cas, les principales raisons du recours à la publicité

institutionnelle sont :

- Développer la notoriété de la marque ;

- Rassurer sur la continuité du service délivré par la BBL ;

- Démontrer aux clients et non clients les avantages à faire partie d’un groupe

international en dépassant les a priori liés aux multinationales.

L’examen des notes attribuées aux traits d’image relatifs à la confiance, à la sympathie et à

la proximité qu’inspire l’enseigne laissent transparaître le constat suivant : la marque bancaire,

en tant qu’entreprise internationale, n’a pas encore réussi à s’imposer dans la continuité des

valeurs qui animaient la BBL. L’a priori lié à l’aspect distant et froid des firmes de cette taille

persiste. On constate également une méfiance à l’égard de cette institution eu égard aux scores

relatifs à la crédibilité et à la loyauté de ses publicités.

Quant aux avantages à faire partie d’un grand groupe, le même constat s’impose puisque la

marque n’a pas convaincu le grand public de son leadership ni de sa capacité à se différencier

de ses concurrentes. Ce constat se confirme encore si l’on tient compte des résultats obtenus

pour l’attractivité de ses campagnes. Ceci laissant supposer que les citoyens ne perçoivent pas

de réelles valeurs ajoutées en la marque de ING.

Quant à l’objectif de notoriété, on s’aperçoit que, bien qu’en croissance, les chiffres

n’atteignent pas encore le taux de notoriété de la BBL.

Que cela signifie-t-il ? Plusieurs pistes d’interprétation sont envisageables. La première, et

la plus simple, serait de dire que leurs campagnes institutionnelles n’ont pas permis d’atteindre

les résultats escomptés. Cette interprétation est néanmoins à nuancer. En effet, passant d’une

notoriété totale de 31% en début de campagne à 90%, et ce en un an et demi, on ne peut pas nier

96

l’évolution considérable de ce taux. Quoi qu’il en soit, le taux de notoriété de ING est toujours

inférieur à celui de la BBL.

La seconde interprétation tendrait à reconnaître que le changement de nom d’une banque

nationale misant sur les valeurs de proximité à savoir la BBL vers une institution bancaire de

taille internationale, ne s’opère pas à la légère. L’acceptation de ce changement par les clients et

les non clients de la banque ne sera réellement mesurable qu’à plus long terme. En effet, la BBL

n’a pas construit sa notoriété du jour au lendemain. Et de ne pas oublier que dans le processus

de construction d’image, le facteur temps est un élément à ne pas négliger, le propre des

campagnes institutionnelles étant de travailler sur le long terme.

Finalement, nous pouvons dire qu’au regard de ces résultats, les campagnes institutionnelles

de ING n’ont pas eu l’efficacité escomptée. Toutefois, faudrait-il attendre encore un an ou deux,

pour pouvoir tirer de réelles conclusions, compte tenu des facteurs exposés dans notre seconde

interprétation.

3.1.2. Les résultats de Benetton

Dans ce cas-ci, la principale raison du recours à la publicité institutionnelle réside dans la

nécessité pour la marque de redorer son blason. Ce besoin faisait suite aux nombreuses

protestations et actions de boycott menées par les citoyens, les distributeurs et les franchisés,

concernant les campagnes provoc’ du groupe Benetton.

En changeant sa stratégie publicitaire, c’est-à-dire en abandonnant ses publicités coup de

poing au profit de campagnes institutionnelles plus humbles, Benetton entendait donner à sa

communication un nouveau visage pour la rendre plus crédible.

Toutefois, on observe que, suite à ces campagnes choc, l’enseigne s’est fortement

discréditée aux yeux du public. Cette perte de confiance va de paire avec un certain scepticisme

à l’égard de la loyauté de ses campagnes institutionnelles. En effet, peu de personne

reconnaissent encore un rôle citoyen à la marque : sa capacité à se préoccuper de l’éthique, de

l’environnement et de la société au sens large, est fortement mise en doute.

Malgré ses tentatives de se rapprocher des citoyens en développant des campagnes

institutionnelles proche de leurs préoccupations, la marque est toujours perçue comme distante

et n’inspirant que peu de sympathie.

97

On constate donc que l’image véhiculée par la marque est encore fort liée à son passé

provocateur. Si l’enseigne n’est plus crédible aux yeux du public, ses actions institutionnelles ne

pourraient l’être davantage. Dans ce cas-ci, le fait que le groupe Benetton tente de se

positionner comme une entreprise responsable afin que puisse rejaillir cette image sur sa

marque, n’aura pas eu l’effet escompté puisque les objectifs en terme d’amélioration de l’image

de marque ne sont pas atteints.

3.1.3. Résultats de Douwe Egberts

De manière générale, la marque Douwe Egberts a toujours été bien perçue par le public. La

raison du recours à la publicité institutionnelle réside dans sa volonté de s’adapter aux nouvelles

tendances de la consommation afin de satisfaire toujours mieux les attentes et préoccupations

des citoyens. Car rappelons-le, aujourd’hui la marque est perçue comme un acteur social et à ce

titre, elle doit remplir les devoirs qui lui incombent.

En tant que grande enseigne, l’effet des campagnes institutionnelles sur l’image de la

marque est difficile isoler. En effet, depuis de nombreuses années, Douwe Egberts jouit d’un

excellent taux de notoriété et d’une image favorable auprès du public.

Toutefois, le fait qu’on lui reconnaisse volontiers un rôle social peut révéler l’efficacité de la

campagne institutionnelle Un peu de chaleur pour tous. A noter que l’action menée par la

marque relaie particulièrement bien son positionnement Care & Togetherness, ce qui contribue

à améliorer l’efficacité des campagnes institutionnelles de manière générale. Indépendamment,

de la société qui la commercialise, la marque a donc bien réussi à prendre la parole afin de

démontrer qu’elle remplit son rôle de citoyen.

4. Conclusion sur l’efficacité de la publicité institutionnelle

Au regard des résultats exposés ci-avant, on constate qu’une campagne de publicité

institutionnelle ne se mène pas à la légère.

Dans un premier temps, le thème institutionnel doit refléter le positionnement de la marque.

Une action institutionnelle en total incohérence avec ce dernier mènerait à de sérieux problèmes

de légitimité pour la marque, comme ce fut le cas pour Benetton. Discréditée par ses reality

pub, ses actions institutionnelles n’ont pas encore permis à la marque de recouvrer la confiance

du consommateur.

98

En fait, on constate qu’une marque ne sera légitime dans son approche institutionnelle que si

elle est déjà bien installée, c’est-à-dire, jouissant au préalable d’un capital confiance dans

l’esprit des consommateurs. Faute de quoi, ses campagnes ne bénéficient d’aucun appui

crédible. C’est ainsi que, dans le cas de ING, le public n’est pas encore convaincu des avantages

à faire partie d’un groupe financier de taille internationale ni des valeurs de proximité, d’écoute

que défend la marque.

Par conséquent, il incombe à la marque de développer d’abord ses qualités objectives,

subjectives et narratives. Dès lors, on ne peut réellement parler d’efficacité que dans le cadre du

soutien de la marque, comme en témoigne le cas de Douwe Egberts. L’impact de son action

institutionnelle est renforcé par la relation que les consommateurs entretiennent préalablement

avec la marque : une relation de confiance, de proximité, etc. crédibilisera ce type de campagne

et contribuera à améliorer toujours davantage l’image de la marque aux yeux des prospects.

99

Conclusion générale

Les entreprises et les marques ont dû s’adapter aux nouvelles tendances de la

consommation. Nombre d’entre elles ont compris que, pour séduire la clientèle actuelle ou

potentielle -et s’assurer une certaine pérennité- il ne suffit plus de décliner uniquement des

arguments commerciaux. Face à un marché publicitaire saturé en campagnes produit, il importe

que l’entreprise se fasse connaître autrement. Un moyen d’y parvenir est de recourir à la

publicité institutionnelle.

Cet outil permet aux firmes de révéler leur apport à la collectivité. Via ce type de campagne,

les entreprises rassurent le public sur la manière dont elles remplissent leurs rôles à l’égard de la

société, la manière dont elles s’y intègrent en satisfaisant les besoins de celle-ci.

Comme le démontrent toutes les études sur le sujet, le grand public attend des firmes

qu’elles assument leurs responsabilités sociales, environnementales, etc. Partant de ce constat,

les entreprises sont obligées de démontrer leur capacité à s’interroger sur les questions sociales,

environnementales, culturelles, etc. Bref, elles se doivent de dévoiler les valeurs auxquelles

elles croient, les causes qu’elles défendent, les actions qu’elles entreprennent. Au-delà de

l’aspect purement commercial, les entreprises doivent devenir citoyenne. En fait, l’image de la

firme constitue tout l’enjeu de ces campagnes.

C’est ici que le lien entre l’entreprise et la marque prend tout son sens. Une image

d’entreprise valorisante et positive se répercutera indéniablement sur ses marques. Et cette

répercussion de procurer de nombreux avantages à la marque : une différenciation avérée, un

taux de fidélité plus important, etc. C’est ainsi que de discours purement commerciaux, on est

passé aux discours plus éthiques et plus responsables justifiant la consommation d’une marque

par les bonnes intentions des entreprises dont elle émane.

Lorsque le nom de l’entreprise qui commercialise la marque est inconnu du grand public, il

lui faut alors faire entrer le registre institutionnel dans sa communication, et ce dans le même

but : améliorer l’image de la marque pour la rendre toujours plus présente à l’esprit du

consommateur.

Le choix des thèmes institutionnels dépend largement des tendances de la consommation,

des mégatrends. Le marketing, au sens large, s’est toujours chargé de récupérer les grandes

100

tendances socioculturelles au profit des intérêts financiers des entreprises. Aujourd’hui, aux

nouvelles propensions éthiques de la consommation, les entreprises répondent par des actions

concrètes en luttant contre la pauvreté (cf. Douwe Egberts), contre la faim dans le monde (cf.

Benetton), en étant toujours plus proche des consommateurs (cf. ING), etc.

Si aujourd’hui, les marques soutiennent des causes sociales, environnementales ou

culturelles, c’est parce qu’elles s’alignent sur les attentes des consommateurs. Ces derniers ont

ainsi le sentiment d’être politiquement correct en achetant telle ou telle marque défendant telle

ou telle cause.

Toutefois, une campagne de publicité institutionnelle, pour être efficace, ne se mène pas

sans condition. En effet, il serait illusoire de penser que ce type de publicité résoudrait tous les

problèmes liés à l’image de la marque. Comme nous l’avons exposé précédemment, il est

indispensable que ce genre de campagne se mène en accord avec le positionnement de la

marque. De même qu’une campagne institutionnelle doit se décliner en dernier lieu, après avoir

acquis une position privilégiée dans l’esprit du consommateur, c’est-à-dire que pour être

réellement efficace, ces campagnes doivent s’inscrire dans le cadre du soutien de marque.

Quoi qu’il en soit, cette propension des entreprises et des marques à remplir leur devoir de

citoyenneté est une tendance profitable pour la société car, pour plaire à leurs clients, ces

dernières s’engagent, de manière philanthropique ou simplement intéressée, dans des actions

concrètes qui contribuent à l’amélioration de la qualité de la vie.

Toutefois, il peut paraître regrettable qu’avec cette nouvelle forme de tendance de la

consommation, les prospects aient bonne conscience en achetant une marque plutôt qu’en

effectuant une donation directe. Mais après tout, c’est sur ce sentiment politiquement correct,

très fort dans la société actuelle, que jouent les marques qui se lancent dans les campagnes de

publicité institutionnelle.

101

Bibliographie

1. Ouvrages :

- AUGOUARD (Jean-Martin), Histoire de marques, Editions d’Organisations, 2001, 672p.

- DROESBEKE (Jean-Jacques), Eléments de statistique, Editions Ellipses, 1997, 550p

- FOUILHE (Pierre), La psychologie commerciale, PUF, 1972, 165 p.

- FRERY (Frédéric), Benetton ou l’entreprise virtuelle, Editions Vuibert, 2002, 122 p.

- HEINDERYCKX (François), Communication politique, Editions des Presses Universitaires

de Bruxelles, 2004, 99p.

- HERBERT (Nicole), L’entreprise et son image : la publicité institutionnelle, pourquoi,

comment ? Editions Dunod, 1987, 205 p.

- HEUDE (Rémy-Pierre), L’image de marque, Editions Eyrolles, 1989, 186 p.

- KAPFERER (Jean-Noël), La marque à l’épreuve de la pratique, 2ème éd., Editions

d’Organisations, 2002, 216 p.

- KAPFERER (Jean-Noël), Les marques, capital de l’entreprise, 3ème éd., Editions

d’Organisation, 2003, 575 p.

- KOTLER ET DUBOIS, Marketing Management, 10ème éd., Publi-Union Editions, Paris,

2000, 790p.

- LAGNEAU (G.), La fin de la publicité : 3 essais sur la communication

institutionnelle, Presse Universitaire de France, 1993, 177 p.

- LAZZARATO (Maurizio), Des entreprises pas comme les autres : Benetton en

Italie, Editions Publisud, 1993, 279 p.

- LEDUC (Robert), La publicité, une force au service de l’entreprise, 9ème éd., Editions

Dunod, 1984, 327 p.

- LENDREVIE ET BROCHAND, Le Publicitor, 5ème éd., Dalloz Editions, 2001, 651p.

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- LEWI (Gérard), La marque, Editions Vuibert, 1999, 127 p.

- LIBAERT (Thierry), La communication d’entreprise, Editions Economica, 1998, 112 p.

- LOGIE (B.), Leur nom est une marque, Editions d’Organisations, 2002, 143 p.

- RUSSEL (H.), La publicité se définit et se mesure, PUF, 1964, 140 p.

- SLAVEMINI (Lorella Pagnucco), Toscani Benetton, Editions de la Martinière, 157 p.

- WESTPHALEN (Marie-Hélène), Le Communicator, 3ème éd., Editions Dunod, 2000, 420p.

2. Articles

- BIGOT (Régis), La consommation engagée. Mode passagère ou nouvelles tendance de la

consommation ? in : Le 4 pages des statistiques industrielles, n°170, décembre 2002

- BURON (S.), Historique d’un changement de nom, in : Trends, mars 2003

- DE JAHAM (Marie-Reine), Le défi de la publicité institutionnelle, in : Revue française de

Marketing, février 1979

- DE OLIVEIRA (Valérie), En quête de citoyenneté - http://www.mm.be

- DE OLIVEIRA (Valérie), ING-BBL : histoire d’un sans faute - http://www.mm.be

- DE OLIVEIRA (Valérie), Quatre mariage et … - http://www.mm.be

- GANESHAN (S.), Unconventional Advertising, in: Advertising Express, mai 2003

- JOURDAN (François), La création de noms de marques – http://www.mm.be

- KRIEF (Yves), L’entreprise, l’institution, la marque, in : Revue française de marketing,

n°109, 1986

- LAURENT (Raphaël), La pub, mode d’emploi, in : La Libre Belgique, 24 janvier 2004

- PASKOWSKI (Marianne), DONATH (Bob), Telling the corporate story, in: Industrial

Marketing

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- RALET (Pierre), La publicité institutionnelle. Quels résultats ? A quelles conditions ? , in :

Propos de forum, n° 3, février 1983

- SENTIN (Jean-Louis), Culture d’entreprise et communication institutionnelle, in : Revue

française de gestion, septembre 1984

- VAN RUYMBEKE (Laurence), La valse des marques, in : Vif l’Express, n°2706, mai 2003

- VESSIERE (Géraldine), ING, c’est demani – http://www.mm.be

- X, Bienvenue chez ING, Conférence de presse du 17 avril 2003

- X, Rebranding, de BBL à ING, mai 2003

- X, Nouveau départ pour ING, in : ING Entreprise, n° 153, avril 2003

- X, InfoBox, ou l’entrée d’une banque dans les rayons de votre supermarché, in : ING

Magazine, n°1, avril 2003

- X La BBL devient ING naturellement, in : ING Magazine, n°1, avril 2003

- X ING, quand le bébé rencontre le lionceau, in : ING Magazine, n°1, avril 2003

- X 1982 corporate advertising, in Business Week, n° hors série, 1983

- X Les bonnes intentions de Benetton, in : Pepper Plug, n°0, novembre 2000

- Documentation fournie par Benetton

3. Ressources électroniques

- http://www.members.lycos.fr

- http://www. comanalysis.ch

- http://www.econovateur.com

- http://www. ucad.fr

- http://www. droitshuamins.org

- http://www. benetton.com

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- http://www. douwe-egberts.be

- http://www.ing.be

- http://www.mm.be

- http://www.prodimarques.com

- http://www.musée de la pub.org

4. Travaux

- DEBEHOGNE (Marie-France), La publicité institutionnelle : étude d’image d’entreprise,

Mémoire, ULB, 1989

- GOURDIN (A.), SACRE (J.), THILMANY (V.), Le C.R.M., évolution ou révolution? ,

Séminaire de marketing, IAG/UCL, juin 2003

5. Entretiens

- Sandrine DECELLE, Brand Manager, ING

- Jo VAN EYDNE, Porte-parole, Douwe Egberts

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Annexes

Annexe 1 : Détails de l’enquête « Conditions de vie et aspirations des Français »

L’enquête Conditions de vie et aspirations des Français a été réalisée par le CREDOC, pour

le compte du SESSI.

Celle-ci a été menée en face-à-face, en décembre 2001 et janvier 2002, auprès d’un

échantillon représentatif de 2002 personnes âgées de 18 ans et plus. Elles ont été sélectionnées

selon la méthode des quotas. Ces quotas (région, taille d’agglomération, âge, sexe, catégorie

socioprofessionnelle) ont été calculés d’après les résultats du dernier recensement disponible en

France.

Afin d’assurer la représentativité par rapport à la population nationale, un redressement a été

effectué à partir des variables suivantes : âge, sexe, catégorie socioprofessionnelle et taille

d’agglomération.

106

Annexe 2 : Détails de l’étude « Corporate Citizenship »

L’étude Corporate Citizenship, a été menée conjointement par l’agence de publicité Bates

Belgium et le groupe Roularta.

Elle a été réalisée de juin à septembre 1997 et portait sur un échantillon de 794 personnes

représentatives de la population des 18 à 65 ans, ainsi que 60 chefs d’entreprises.

L’objectif de cette enquête était de mesurer l’impact de la citoyenneté sur le business

général de l’entreprise.

La définition choisie par Philippe Davister (Bates) et Diminique Catry (Roularta), pour

mener l’enquête est la suivante : Les entreprises apportent leur soutien à des actions de

solidarité, à des actions humanitaires ou autres comme la lutte contre la pollution, la

sauvegarde de l’environnement en donnant soit de l’argent, soit leur compétences, soit leur

temps, soit encore un cocktail des trois. Les résultats ont été classé en fonction de six thèmes :

acceptation globale, contraintes, secteurs économiques, type d’actions, return pour les

entreprises et acceptation du corporate citizenship comme outil marketing.

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Annexe 3 : Détails de l’étude « Compétition nationale des marques »

Le sondage La Compétition Nationale des Marques a été mené conjointement par trois

organisations à savoir, LDV/Bates, These Days et MSN. Ce sondage a duré 10 jours - du 27

janvier au 7 février 2003 inclus - en Flandre et en Wallonie, et exclusivement via MSN. Une

campagne média intensive sur MSN a constitué la base du recrutement des 17.833 participants.

500 marques, réparties en 33 catégories, étaient concernées par le concours. Pour chacune

des 33 catégories, deux questions étaient récurrentes : "Quelle est la marque que vous aimez le

plus?" et "Quelle est la marque que vous détestez le plus?".

En ce qui concerne les personnes interrogées, les Flamands ont été les plus nombreux à

participer à l’enquête, ils représentent 78% du panel. Pour chaque territoire linguistique, la

répartition entre les provinces correspond aux données de l'INS.

Les hommes et les femmes ont participé respectivement à concurrence de 54% et 46%. Cet

échantillon se situe entre la population totale et la moyenne de la population en ligne.

En ce qui concerne l'âge, les jeunes sont surreprésentés.

En terme de niveau d'instruction, il est représentatif du profil de l'internaute belge moyen.

Autrement dit, l’échantillon possède un niveau d’éducation légèrement supérieur à la moyenne

belge.

D’un point de vue socio-démographique, les 17.883 participants sont très comparables à

l'internaute belge moyen, hormis le fait qu'il y ait relativement plus de jeunes et de Flamands.