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ie de Signes journal santé édité par l’institut pasteur de lille 36 Décembre 2014 V Notre dossier : Ne prenons pas la grippe à la légère ça bouge dans l’assiette Les régimes « sans » Le microbiote Fondation reconnue d’utilité publique depuis 1898 Kid campus Kid campus

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journal santé édité parl’institut pasteur de lille

N° 36Décembre2014 V

Notre dossier :Ne prenons pas la grippe à la légère

ça bouge dans l’assietteLes régimes « sans »

Le microbiote

Fondation reconnue d’utilité publiquedepuis 1898

Kid campusKid campus

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SOMMAIRE

Edité par l’Institut Pasteur de Lille - DIRECTEUR DE LA PUBLICATION : Patrick Berche RÉDACTRICE : Emmanuelle DeleplaceCONCEPTION GRAPHIQUE : Carole LeclercqCRÉDIT PHOTOS : ©photothèque Institut Pasteur de Lille p 3, p 16, p 17, encart - ©Sam Bellet p 2,©Kitty, Fotolia.com p 1, ©Concept web Studio, Fotolia.com p 2, ©Brad Pict, Fotolia.com p 6,©denio109, Fotolia.com p 6, ©sommai, Fotolia.com p 6 et 7, ©Uncle sam, Fotolia.com p 7,©fotoliaxrender, Fotolia.com p 12, ©psdesign1, Fotolia.com p 15, ©borzywoj, Fotolia.com p 14,©Sebastian Kaulitzki, Fotolia.com p 18, ©M. studio, Fotolia.com p 19, ©guukaa, Fotolia.com p 8,©tab62, Fotolia.com p 10, ©sharaku1216, Fotolia.com p 11, ©Alexander, Fotolia.com p 13,©Hunor Kristo, Fotolia.com (encart), ©Adfinitas p 20 COMMISSION PARITAIRE : en cours - ISSN : 1288-2690 - PÉRIODICITÉ : trimestriel sur abonnementIMPRESSION : db PRINT - 53, rue de la Lys - 59431 Halluin cedex

L’actu au microscope

3 Ebola, le virus qui terrorise la planète

En bref

4 Contre la méningite C,pensez au vaccin

5 Priscille Brodin, prix Sanofi-Institut Pasteur2014

5 EAT-Cell Biotech,une start-up émergente

Ça bouge dansl’assiette

6 La mode des régimes« sans »

Dossier

8 Ne prenons pas lagrippe à la légèreMême quand l’épidémieest peu intense, la grippetue plus que le Sidachaque année en France.Et pourtant la grippe nefait pas peur et le vaccinest en désaffection.

Itinéraire d’unchercheur

16 Nadira, Laurissa, deuxfemmes déterminées

Kid campusLa science expliquéeaux enfants

18 Le microbiote, voyagedans la vie secrète de nos instestins

BILLET D’HUMEUR

Les virus, c’est pas du cinéma

Une pandémie dévastatriceexplose à l’échelle du globe…Au Centre de prévention et de

contrôle des maladies, des équipesse mobilisent pour tenter de décryp-ter le génome du mystérieux virus,qui ne cesse de muter. Les casmortels se multiplient, jusqu’àmettre en péril les fondements de lasociété... Non, il ne s’agit pas du virusEbola mais du scénario du filmcatastrophe « Contagion » de StevenSoderberg (2011). A une échelle bien moindre heureu-sement, le virus Ebola continue detuer. Après la Guinée, le Libéria et laSierra Léone, le Nigéria, le Sénégal etmaintenant le Mali sont désormaistouchés.Le Mers-Cov, quant à lui, n’a toujourspas disparu de la péninsule arabiquemême si son potentiel épidémiquereste faible.Quant au virus de la grippe, commevous pourrez le lire dans notredossier (p8), nous ne sommes pas àl’abri d’une de ses prochainesmutations.Hépatite B, hépatite C et cancersassociés (voir le portrait de noschercheuses p 16), dengue, chikun-gunya… difficile de venir à bout deces êtres microscopiques qui serépliquent dans nos cellules.Malins, mutants parfois, les virussont un défi permanent pour lemonde scientifique. Nos efforts pourles contrôler ne sont pas vains. Ainsigrâce à la vaccination, la variole aété éradiquée de la surface du globedans les années 1970. En mettant au point un vaccincontre la rage, Pasteur a été l’un deses pionniers de cette lutte acharnéecontre les virus. Un combat toujoursd’actualité pour nos chercheurs. A l’institut Pasteur de Lille, l’étude desvirus, c’est pas du cinéma !

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L’actu au microscope

Le virus Ebola a été identifié pour la 1ère

fois en 1976 au Congo mais que sait-onde son origine ? On sait qu’il est porté par leschauves-souris qui vivent dans laforêt tropicale, et cela probable-ment depuis des centaines de mil-liers d’années. Ces dernières ne sontpas malades, elles sont ce qu’on ap-pelle des porteurs sains. Mais leursdéjections contaminent des fruitsqui vont être ingurgités par des an-tilopes ou des singes qui peuvent,eux, tomber malade. On ne sait pasexactement comment le viruspasse du singe à l’homme. Est-cepar simple contact direct avec leschauves-souris, ou en mangeant laviande de singes infectés ? La ques-tion n‘est pas tranchée.

Comment le virus se propage-t-ildans l’espèce humaine ? A la différence de la grippe, Ebolane se transmet pas par voie respira-

toire. La contamination se fait aucontact de sécrétions : sang, trans-piration, selles, vomi… ce qui ex-plique pourquoi le personnelsoignant est hautement exposé auvirus. La période d’incubation estde 3 à 21 jours mais le patient n’estcontagieux qu’à partir du momentoù il a de la fièvre.

Comment expliquer que la maladie ait quasiment disparupuis réapparu en 2014 ? La maladie existait probablementavant 1976 et n’a jamais disparumais elle était contenue dansquelques foyers épidémiques limi-tés en bord de la forêt tropicale. Levirus aujourd’hui incriminé est trèsproche de celui identifié en 1976 eta été observé, cette année, à 2000Km de son foyer originel, en Afriquede l’Ouest. Dans les pays comme leLibéria, la Guinée et la Sierra Leone,qui comptent parmi les plus pau-

vres du monde, il y a une popula-tion assez dense et des mouve-ments plus importants que dans lestribus de la république démocra-tique du Congo. Ceci pourrait expliquer en partie l’ampleur del’épidémie.

Peut-on craindre la recombinaisond’Ebola avec un autre virus à diffusion plus massive, comme le virus de la grippe ?C’est de la science-fiction. Théori-quement, ce n’est pas totalementimpossible mais c’est extrêmementimprobable. Ce n’est pas la craintedu monde scientifique actuelle-ment. Notre plus grande crainte c’estque ce virus, par mutation, changede virulence ou de comportement.En général lors d’une pandémie lesvirus ont tendance à perdre de leurvirulence au fil du temps mais le scé-nario inverse est aussi possible.

Et l’utilisation d’Ebola commearme terroriste ? Quant à l’utilisation du virus Ebolacomme arme biologique, c’est en-core plus de la science-fiction. Lasecte Aoun a tenté de le faire en1992, sans succès. Manipuler le virusest extrêmement dangereux, tousceux qui le feraient en seraient pro-bablement morts, à moins de pou-voir réaliser ces manipulations dans

Ebola,le virus qui terrorise la planèteLe Pr Patrick Berche, directeur général de l’institut Pasteur de Lille, est un expertinternational en microbiologie qui connaît bien le monde des virus. Il répond icià nos questions sur le virus Ebola.

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En bref

Depuis 2010, la vaccinationcontre la méningite C est forte-ment recommandée pour tousles nourrissons entre un et deuxans et en « rattrapage » pour lesenfants et les jeunes de moins de25 ans. En 2011 et en 2013, la région Nord-Pas-de-Calais a connu plusieurs casvirulents de méningite C parmi lapopulation lycéenne et étudianteprovoquant des décès. « La ménin-gite bactérienne est une maladie raremais très grave, difficile à diagnosti-quer et dont l’évolution peut êtrefoudroyante. Elle se caractérise par de la fièvre, des maux de tête et

des vomissements, des symptômessomme toutes classiques de nom-breuses affections. Quand un cas seprésente il faut, dans les 15 heures,placer le malade sous la bonne antibiothérapie », explique le PrDaniel Camus, de l’Institut Pasteurde Lille.

500 à 800 cas de méningites bac-tériennes (essentiellement desinfections à méningocoques B et C)sont observées chaque année enFrance. Ces méningites se tradui-sent par l'infection du liquide quienveloppe le cerveau et la moelleépinière, appelé méninges.

Les bactéries atteignent le cerveauet peuvent également provoquerune septicémie, une infectiongénéralisée du sang. 20% deformes de méningites s’avèrentgraves pouvant entraîner delourdes séquelles neurologiques ouphysique comme la surdité, lacécité, la paralysie. Plusieurs cas dedécès sont également à déplorerdans une population très jeune.Pourtant, un geste simple et gra-tuit, celui de la vaccination pourraitéviter ce gâchis. Parlez-en avecvotre médecin. n

Prévention

Contre la méningite C, pensez au vaccin

un laboratoire de très haute sécuritéet il n’en existe que quelques dizaines dans le monde, tous trèsprotégés.

Pourquoi a-t-on tant tardé à mettre au point un vaccin ? Le virus Ebola tue ses victimes dans50 à 70% des cas mais il était trèspeu actif. Pour 100 cas sporadiquesen dix ans, la mise au point d’unvaccin n’était pas justifiée.Aujourd’hui, les recherches s’accélè-rent à travers le monde pour prévenirla diffusion du virus et soigner les ma-lades. L’institut Pasteur de Lille tra-vaille aux côtés de l’Institut Pasteur, à la mise en place de stratégies de recherche à court et moyen termepour lutter contre le virus Ebola.

Arrivera-t-on à contrôler cette pandémie ? Techniquement c’est possible. Lespays occidentaux n’ont pas grand-chose à craindre car ils disposentd’un système de contrôle aux fron-tières et de soins performants quileur permettra de contenir le caséchéant, quelques cas importés. En cas de suspicion de fièvre Ebolaen France, il faut appeler le 15, toutest prévu : les traitements, les misesen quarantaine… Il n’y a aucunrisque de développement d’épidé-mie, on l’a vu précédemment avecd’autres virus particulièrement dan-gereux. Mais c’est plus compliquédans les pays où les systèmes desanté sont peu organisés.

Faut-il craindre le développementd’autres épidémies type Ebola et si oui pourquoi ? Oui probablement, avec l’augmen-tation de la population, les déséqui-libres socio-économiques, l’huma-nité se retrouve de plus en plus encontact avec des réserves sauvagesde virus : de nouveaux virus de lagrippe, des coronavirus comme leMers-CoV. D’où l’urgence d’aider lespays en contact avec ces réservessauvages à faire face. n

Retrouvez le Pr Patrick Berche pour uneconférence exceptionnelle le mercredi3 décembre à 18h00 à l’InstitutPasteur de Lille. Conférence gratuite réservation indis-pensable sur www.pasteur-lille.fr

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L’innovation des chercheurs de l’Institut Pasteur de Lille récompensée

Priscille Brodin, prix Sanofi-Institut Pasteur 2014

Quand elle a reçu son prix desmains de la spacionaute ClaudieHaigneré, jeudi 13 novembre, leDr Priscille Brodin n’a pas cachésa fierté et son émotion. Les PrixSanofi - Institut Pasteur récompen-sent chaque année, depuis 2012,des chercheurs d’envergure inter-nationale pour leurs travauxinnovants dans les sciences duvivant et la recherche biomédicale.Directrice de recherche Inserm, ausein du centre d’infection et d’im-munité de Lille – CIIL (structure

CNRS, Inserm, Institut Pasteur deLille et Université de Lille) PriscilleBrodin était ainsi honorée pour sesrecherches sur la tuberculose etl’ulcère de Buruli (voir Signes de Vie n°35). Ses travaux pourraient notammentpermettre à l’avenir de proposerdes stratégies thérapeutiques iné-dites contre les douleurs chro-niques et de tester de nouveauxcandidats-vaccins contre la tuber-culose. n

EAT-Cell Biotech, une start-up émergente

La start-up EAT-Cell Biotech a étéprimée dans le cadre du concoursnational 2014 d’aide à la créationd’entreprises de technologiesinnovantes, dans la catégorie « en émergence ». Cette entreprise en devenir estincubée entre le CNRS, Eurasanté etl’Institut Pasteur de Lille.Les lymphocytes T régulateurs(Treg pour les intimes) sont unepopulation particulière de globulesblancs qui maintiennent le justeéquilibre de notre système immuni-taire afin qu’il puisse protéger notreorganisme contre les agressions.Certaines maladies dérèglent cesTreg. Ainsi les cancers les recrutentet les activent anormalement, cequi a pour conséquence de dimi-nuer la réponse immunitairedirigée contre la tumeur et de faci-liter sa prolifération. Inversementdans le cas des allergies, de mala-dies inflammatoires chroniques oude greffes d’organe, les Treg sont ensous régime et la réponse immuni-taire est excessive.

Les Treg ne sont pas faciles à mani-puler en laboratoire mais NadiraDelhem (voir portrait p 16), OlivierMoralès et Dhafer Mrizak ont acquisun savoir-faire qui pourrait trouverdes débouchés valorisables endehors de la recherche fondamen-tale.« Plusieurs essais cliniques de traite-ment du cancer ont dû être arrêtés en phase 2 ou 3 car ils boostaient les Treg. Nous avons mis au point une méthodologie qui nous permet

d’évaluer ex-vivo et in-vivo l’impactd’un nouveau candidat médica-ment sur le système immunitaire en général et les Treg en particulier »explique le Dr Delhem.Des tests peu couteux au regard dela moindre phase d’essai cliniqueset qui pourraient bien intéresserl’industrie du médicament. Descontacts fructueux ont déjà prisavec plusieurs entreprises du médi-cament. n

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Il y a quelques années le gras, le sucre et les féculents étaient accusés de tous les maux. Aujourd’huice sont le gluten et le lait qui sont cloués au pilori. Popularisés par certaines stars, les régimes «sans»ont le vent en poupe. Quel bénéfice ou quel risque pour la santé ? Les professionnels ont fait le pointsur la question à l’occasion des Entretiens de Nutrition de l’Institut Pasteur de Lille en juin dernier.

Kim Kardashian, Miley Cyrus,Jennifer Aniston, Lady Gagaet même Bill Clinton pour le

sans gluten, Oprah Winfrey, VictoriaBeckham ou Cameron Diaz pour lesans lait… dans la quête du mangersain, le « manger sans » a la côte.Pour ses adeptes, les « régimessans » permettraient de mieux digérer, mieux dormir, retrouver del’énergie….

Adopter un « régime sans » tientsouvent de la pensée magique. « Une personne sur cinq souffre detroubles chroniques que la médecineest incapable d’expliquer, alors la ten-tation est grande de trouver un res-ponsable du côté de l’alimentation »commente Jean-Louis Schlienger,

professeur de médecine interne etnutrition à la faculté de médecinede Strasbourg.

Anti-lait, uneorigine hexagonaleLe Pr Schlienger rappelle que la rumeur anti-lait a une origine fran-çaise. « Le lait a été victime d’unecampagne de dénigrement née dansla mouvance des tenants des méde-cines parallèles et à la suite de travaux jamais publiés émanant d’un médecin de l’université de Mont-pellier, le Dr Seignalet, qui affirmaitque la plupart des maladies chro-niques modernes ont pour facteurdéclenchant l’alimentation lactée. Cedernier, décédé en 2003, prétendaitavoir soigné plusieurs centaines depatients atteints de polyarthrite rhumatoïde par l’éviction du lait. »

« Et le lait, aliment de l’en-fance, serait devenu le plus

redoutable ennemi desadultes ». Une ky-

rielle de trou-

Ça bouge dans l’assiette

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La mode des « régimes sans »… inutile voire dangereuse

Sans gluten

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bles et de maladies lui sont imputés :maladies digestives, allergies, rhu-matismes, cancers, maladies cardio-vasculaires, maladies auto immu-nes, maladies neurodégénératives,maladie de Parkinson, cancer, otites de l’enfant et même autisme.Ne manquent que la chute des cheveux et les cors aux pieds !

Pas d’argumentsscientifiques« Les arguments développés pourjeter l’anathème sur le lait passe-raient pour pittoresques s’ils n’étaientpas aussi scandaleusement faux, estime le Pr Schlienger. Depuis la ru-meur court et rien ne semble pouvoirl’arrêter, pas même les avis autorisésqui ont rappelé que seules l’intolé-rance au lactose par insuffisance enlactase - qui concerne moins de 5%de la population - et l’allergie auxprotéines du lait de vache, qui survient habituellement avant l’âgede 1 an, relèvent d’une éviction totaleou partielle du lait. »A l’inverse, rappelle le DocteurJean-Michel Lecerf, responsable du service de nutrition de l’institut Pasteur de Lille, « le lait reste le meil-

leur fournisseur du calcium, indispen-sable pour assurer la croissance de l'enfant et la solidité osseuse à tout âge. Aucun autre aliment n’estaussi puissant que le lait, ni les sardines en boîte, trop caloriques àdose utile, ni le chou ou les épinardsdont il faudrait manger plus d’un kilo pour remplacer un verre de lait.De plus, les produits laitiers contien-nent aussi des vitamines et des oligo-éléments en quantité. »

Haro sur le glutenLes «noglu» ont fait du gluten, cettesubstance, constituée de deux pro-téines garantes de l'élasticité et de laviscosité de la farine et du moelleuxde notre pain, l'ennemi public numéro un. Pourquoi ? Parce que legluten peut déclencher une maladieà prédisposition génétique : la maladie cœliaque.Cette maladie invalidante qui pro-voque diarrhée, amaigrissement,douleurs abdominales, dénutritionn’a aujourd’hui qu’un seul traite-ment : le régime sans gluten strict à vie. La vie quotidienne des réelsmalades cœliaques a été long-

temps compliquée, tant ilétait difficile pour eux de

s’alimenter sans risque.Pourtant la vogue des

rayons sans gluten et des restaurants

« gluten free » ne

saurait s’expliquer par le dévelop-pement d’un marché qui concernemoins de 1% de la population. Certes la maladie cœliaque est encore sous et mal diagnostiquée. Et, en dehors des malades cœliaquesavérés, les médecins commencent à parler d’hypersensibilité au glu-ten. « Les contours de cette hyper-sensibilité sont encore mal connus,reconnaît le Pr Franck Carbonnel,chef du service d’hépato-gastro-entérologie de l’hôpital Bicêtre.S’agit-il d’un syndrome d’intestin irritable (appelé aussi colopathiefonctionnelle) ou d’une maladie cœliaque a minima ? Mais pour cespatients, il semble toutefois qu’un régime sans FODMAPs (voir ci-dessus) soit plus efficace qu’un régime sans gluten. »Se priver de gluten, comme se priver de lait, sans raison valable,c’est prendre le risque de carenceset de déséquilibres alimentaires. Eneffet, la plupart des produits sansgluten sont de faible valeur nutri-tive, pauvres en fibres, vitamines etminéraux. Suivis sans avis médical,les régimes « sans » sont donc inefficaces, voire dangereux. n

L’acronyme FODMAPs dési-gne des glucides à chainescourtes, non digestibles,fermentant au niveau ducolon. Cette méthode, déve-loppée par des chercheursaustraliens, propose deréduire dans un même bolalimentaire la concentra-tion de ces FODMAPSs afind’éviter les douleurs abdo-minales liés à ces fermen-tations. Aucun aliment n’estexclu mais il faut faireattention aux cuissons et àcertaines associations.

Sans la it

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Dossier

Ne prenons pas lagrippe à la légère

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Signes de vien° 36 - Décembre 20149

Même quand l’épidémie est peu intense, la grippe tue plus que le Sidachaque année en France. Et pourtant la grippe ne fait pas peur et levaccin est en désaffection. Depuis 2012, dans l’hexagone, la couverturevaccinale des personnes à risque est passée sous la barre des 50%.Parce que l’épidémie de grippe A (H1N1) n’a pas eu, en 2009, l’ampleurque l’on pouvait craindre, la maladie et sa prévention semblentbanalisées et reléguées au rang de la bobologie de l’hiver.La grippe saisonnière touche toutefois plusieurs millions de personneschaque année en France (3,3 millions en 2013-2014 et jusqu’à 10millions en 2012-2013) et en tue entre 1000 et 4000 de façon directe etautant de façon indirecte si l’on ajoute les personnes déjà malades quidécompensent après l’épisode grippal. C’est, en France, la premièrecause de mortalité par maladie infectieuse. A l’échelle planétaire,l’Organisation mondiale de la santé (OMS) estime que les grippes sontresponsables de 250 000 à 500 000 décès par an.De plus, les virus grippaux, facilement transmissibles par voie aérienne,et dont le génome évolue en permanence, constituent des candidatspotentiels à l’émergence d’épidémies plus sévères et de grande ampleur.C’est la raison pour laquelle les chercheurs continuent à étudier etsurveiller ces virus « caméléons », leur réplication et leur mode d’action àtravers le monde.

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« L a grippe est souvent béni-gne mais peut se révélerfantasque, inattendue,

déconcertante, parfois impitoyable. »écrit le Pr Patrick Berche, directeurgénéral de l’Institut Pasteur de Lilleen ouverture de son ouvrage«Faut-il encore avoir peur de lagrippe *». La grippe est une maladie respira-toire, infectieuse et contagieusecausée par une famille de virus, lesinfluenza virus. Ces virus peuventinfecter les oiseaux et certainsmammifères, dont les porcs, leschevaux, ou encore… les humains.« C’est une maladie très ancienne. onpense que la grippe existe depuis lenéolithique, Hippocrate l’a décrite dèsle Ve siècle avant notre ère dans sontraité Des épidémies, mais elle est vraiment documentée à la fin du

XIIe siècle dans les chroniques médié-vales et la première grande épidémiea été décrite en 1510 » précise le pro-fesseur Berche.

Le premier virus de la grippe a étéisolé chez le porc 1931 puis chezl’homme en 1933. Les virus de lagrippe, comme les autres virus,sont des êtres vivants de très petitetaille possédant un petit génomeconstitué d’acide ribonucléique(ARN). Ils ne peuvent se répliquerqu’en pénétrant à l’intérieur d’unecellule et en l’obligeant à fabriquerla structure du virus plutôt quecelle de la cellule. Les virus de la grippe sont des virussont classés en trois catégories, A, Bou C. Les virus B et C sont presqueexclusivement humains et très stables. Les virus A touchent princi-

palement les oiseaux et seule uneminorité d’entre eux affecte lesmammifères mais ce sont les plusdangereux car ils sont capables demuter très rapidement. Ils sontaussi les plus difficiles à combattre,ce sont eux qui provoquent lespandémies. Les virus de type B n'entraînent quedes épidémies localisées, surtoutdans des petites communautés depersonnes âgées, tandis que les« type C » sont peu dangereux etprésentent des symptômes quis'apparentent à ceux d'un rhume.Les virus de la grippe A sont identi-fiés par un code à deux lettres et àdeux chiffres qui désigne en fait les deux types de protéines de l'enveloppe du virus : le H pourhémagglutinine et le N pour la neu-raminidase. Dans la nature, il existe

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16 types d'hémagglutinine, et 9types de neuraminidase, ce quidonne 144 virus différents. Aussi lesscientifiques les ont-ils numérotés : H1, H2, H3,… et N1, N2, N3…

Des recombinaisonspermanentesLe virus infecte une cellule, y pro-duit les protéines pour fabriquer denouveaux virus appelés virions quivont sortir de la cellule. L’enzymequi assure le recopiage de l’ARNcommet souvent des erreurs et levirion peut ainsi se modifier généti-quement par « glissement ». Celaexplique pourquoi les virus de lagrippe sont légèrement différentsd’une année sur l’autre, lors desgrippes saisonnières.De plus, si une cellule est contami-née par plusieurs virus grippaux enmême temps, les nouveaux virions

peuvent contenir un mélange desdifférents génomes. « Le génome du virus de la grippe est découpé ensegments et lorsque deux virus de la grippe se rencontrent il y a uneredistribution et échange d’une oudeux segments. C’est ainsi que nais-sent des virus tout à fait nouveaucontre lequel la population humainen’est pas du tout immunisée puisquenotre système immunitaire n’y ajamais été confronté » expliquePatrick Berche. Mais les différencesne s’arrêtent pas là, deux virus A dumême sous-type peuvent ne pasavoir les mêmes pouvoirs de patho-génicité et de contagiosité. Onparle alors de souches virales diffé-rentes.

Tous les ingrédients sont réunis :144 virus, des centaines desouches, un « réservoir naturel »chez les oiseaux sauvages qui véhiculent dans leur tubes digestifde nombreux virus, souvent sans

Signes de vien° 36 - Décembre 201410

Dossier (suite)

Des virus sous hautesurveillanceLes virus grippaux circulent àtravers le monde et fontl’objet, depuis 1952, d’unesurveillance étroite de l’Or-ganisation mondiale de lasanté (OMS) et ses 134laboratoires collaborateursChaque année, plus de 175 000 échantillons sontprélevés auprès de maladespartout dans le monde etprès de 2 000 virus sontétudiés par ces laboratoires.En France, il existe deuxcentres nationaux de réfé-rence de la grippe situés àl'Institut Pasteur de Paris et àla faculté de médecine deLyon.

Cette surveillance constantepermet d’élaborer la for-mule du vaccin antigrippalde la saison suivante ou plusexactement celui de l’épi-démie qui devrait intervenirdans les six mois suivantsdans l’hémisphère opposépuisque, dans l’hémisphèrenord la saison de grippecourt de novembre à marsalors que dans l’hémisphèresud, elle se propage de maià septembre.

La surveillance de l’OMSpermet également de semettre en ordre de bataillepour faire face à uneéventuelle mutation plusimportante entrainant unemaladie plus meurtrière ouplus contagieuse.

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être malade, mais contaminent parleurs fientes les animaux de labasse cours. Des porcs qui fréquen-tent à la fois ces canards, souventen Chine où les élevages porcs-canards sont très fréquents, et leshommes, et qui jouent les « entre-metteurs » viraux. « C’est dans lescellules de porcs que des virus porcinset aviaires se recombinent. La plupartde ces virus recombinant sont éli-minés, mais tous les 10 à 20 ans, l’und’entre eux émerge et devient conta-gieux pour l’homme, provoquant unepandémie» explique le Pr Berche.

En dehors de ces épisodes pandé-miques, les virus les plus courantssont les virus de la grippe dite sai-sonnière. Tout en se modifiant à lamarge chaque année, ces virus circulent dans l’espèce humainechaque saison et se heurtent à unecertaine résistance immunitaire,acquise après une infection ou unevaccination. Enfin, de façon trèsexceptionnelle, au contact directd’oiseaux infectés, un être humainpeut développer une grippe diteaviaire. C’est une grippe a un forttaux de mortalité, de l’ordre de 50%mais qui n’est pas contagieuse carle virus n’est pas adapté à l’homme.

Contrairement aux idées reçues, les virus de la grippe ne circulentpas que l’hiver, ils voyagent toutel’année mais c’est lorsque les tem-pératures sont froides qu’ils trou-vent un terrain plus propice à sedévelopper : regroupements depopulation dans des lieux clos favo-rables à la propagation, systèmesrespiratoires affaibli en hiver, etmeilleure conservation du virus. Eneffet, le virus de la grippe est enve-loppé d’une couche de moléculeslipidiques qui le protège quand lestempératures baissent. Cette enve-

loppe, constituée en partie de cholestérol, fond une fois que levirus a pénétré dans l’appareil respiratoire de sa victime. Il peutalors infecter une cellule et sereproduire.

Une maladiecontagieuseLa grippe est une maladie trèscontagieuse qui affecte entre 5 et10 % de la population dans les picsépidémiques de grippe saisonnière.Lors des épisodes de grippe pandé-mique la vitesse de propagation et la contagiosité peuvent être différentes mais comme la grippeest nouvelle, son évolution est difficilement prévisible. Ainsi en2009, la grippe A (H1N1) a finale-ment était meurtrière au toutdébut de la pandémie au Mexique,ce qui a été une source de craintes,mais sa virulence s’est fortementatténuée en quelques semaines,entraînant des victimes surtoutchez les personnes âgées.

Symptômes et traitementLa grippe est toujours caractérisée par une fièvre élevée,d’apparition brutale avec des frissons, des courbatures, desmaux de tête, une toux sèche et un écoulement nasal. C’estune maladie qui épuise, et cette fatigue générale peut durer,plusieurs semaines.

Si la maladie est très grave, le virus va causer une inflammationdes poumons, une pneumonie, voire entrainer la mort depersonnes dont l’organisme est par ailleurs affaibli. C’est laraison pour laquelle la vaccination est particulièrementrecommandé à un certain nombre de sujets jugés fragiles : lesfemmes enceintes, les personnes âgées, les personnessouffrant de maladies respiratoires comme l’asthme, demaladies cardiaques ou encore de diabète.

On ne peut pas soigner la grippe, on se contente de traiter lessymptômes en utilisant des médicaments pour combattre lafièvre, la toux et des vitamines, éventuellement desantibiotiques en cas de risque de surinfections.

En cas de pandémie ou auprès de personnes fragilisée,l’utilisation d’antiviraux permet de raccourcir la durée de lamaladie pour le patient et limiter le temps de contagion.

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Dossier (suite)

Qu’elle soit saisonnière ou pandé-mique, la grippe se propagetoujours de la même façon, parvoie aérienne. En parlant, on émetdes gouttelettes de salive ; en tous-sant, en éternuant, on émet desmucosités nasales. Ce sont cesmucosités, ces gouttelettes desalive qui contiennent les virus.

Il est également possible de trans-mettre le virus par les mains, onparle de manuportage. « Le simplecontact avec une surface contami-née, que cela soit un téléphone, unerampe d’escalier, une poignée deporte, un clavier d’ordinateur peutsuffire à transmettre le virus de lagrippe. La durée de vie d’un virus surune surface dure est estimée à 24heures » précise le docteur Emma-nuel Dutoit, directeur médical ducentre de vaccination de l’InstitutPasteur de Lille.

La durée d’incubation de la grippeest d’environ 7 jours. Mais le maladeest déjà contagieux 24 heuresavant le début des symptômes.

Quelle prévention ? Pour limiter les risques de propaga-tion du virus, il faut respecter desrègles d’hygiène : lavage régulierdes mains, avec l’eau et le savon ouen utilisant les gels hydroalcoo-liques. Quand on tousse, il faut secouvrir la bouche, le nez quand onéternue, se moucher dans desmouchoirs à usage unique, qu’on

jette dans des poubelles et quandon est malade ne pas hésiter à por-ter un masque pour ne pascontaminer son entourage.Mais pour se prémunir individuelle-ment contre la grippe, le moyen leplus efficace, c’est encore de se fairevacciner. «Les vaccins sont peu chers,inactivés, sans adjuvants et bien tolé-rés, précise le Dr Dutoit. Ils sontefficaces à plus de 90% chez lesmoins de 65 ans, un peu moins del’ordre de 60% seulement chez lesplus âgés, mais la vaccination permetde réduire la gravité et l’incidence descomplications.»

Ainsi, l’Institut national de veillesanitaire estime que, bien que lacouverture vaccinale des plus de 65 ans soit encore trop modeste(50% de l’effectif ), elle permet d’éviter chaque année 2000 décèschez les seniors. Un score qui pour-rait passer à 3000 si la couverturevaccinale atteignait l’objectif de75% fixé par l’OMS. « On a tout intérêt à se vacciner le plus tôt possible dans la saison car l’immunité conférée par le vaccinne sera entière qu’au bout d’unequinzaine de jours. » ajoute le doc-teur Dutoit. Et pourquoi faut-il se

Un poids important pour le monde économiqueEn France, en période épidémique, près de 70 % des adultesgrippés ayant un emploi ont en moyenne 4,8 jours d’arrêt detravail provoquant un absentéisme évalué à 2 millions dejournées de travail pour les épidémies faibles et jusqu’à 12millions pour les épidémies intenses, qui peuventdésorganiser la vie économique et sociale.

C’est la raison pour laquelle de nombreuses entreprisesproposent des campagnes de vaccinations directement surle lieu de travail. Le service de vaccination de l’InstitutPasteur de Lille est l’un des principaux acteurs de lavaccination en entreprise au nord de Paris réalisant 10 000vaccins dans plus de 300 sociétés et collectivités.

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faire vacciner tous les ans ?« D’abord parce que le vaccin estsouvent légèrement différentd’une année sur l’autre en fonc-tion des mutations constatées duvirus. Ensuite parce que les anti-corps que notre organisme ontfabriqué grâce à ce vaccin ontune durée de vie très limitée dansle temps : six moins chez les ainéset un peu moins d’un an chez lesplus jeunes. Alors, même si lacomposition du vaccin n’a pasbougé, ce qui est le cas cet hiver,une vaccination 2013-2014 nevous protégera pas de la grippe2014-2015. » n

* Faut-il encore avoir peur de la grippe ? Patrick Berche, éditions Odile Jacob, 2012.

Une pandémie et une épidémie se définissent toutes deuxpar une forte augmentation des cas d’une mêmemaladie à un moment donné. La différence se situe donc dans l’étendue du phénomène : la pandémie se caractérise par une diffusion géographiquementétendue à plusieurs continents, voire à tous les continents.Les pandémies de grippe sont cycliques. D’après les expertson en trouve 2 à 4 par siècle.

La grippe espagnole (1918-1919) a tué 40 millions de personnesen deux ans. Elle trouve son origine aux Etats-Unis, au Kansas en

février 1918 par une infection apparemment bénigne. Mais en septembreelle devient plus virulente et envahit, par militaires interposés, l’ensemble de la planète. 25% del’humanité est touchée. 2 à 4% des malades en mourront, des malades jeunes pour la plupartentre 20 et 40 ans, des femmes et les nourrissons, affaiblis par les carences imposées par leconflit. Son nom lui vient de sa victime la plus célèbre, le roi Alphonse XIII d’Espagne.

La grippe asiatique (1957-1958) a fait 1 à 2 millions de morts moins d’un an après son apparitionen Chine centrale. L'analyse de son génome a montré qu'elle était composée d'un virus humainayant déjà circulé et d'une partie provenant d'un virus aviaire.

La grippe de Hong-Kong (1968) a tué environ 1 million de personnes à travers le monde. Cettepandémie a touché un demi-million d'habitants de Hong-Kong soit 15 % de la population.

La grippe aviaire de 2009 (grippe A/H1N1) a fait 200 à 400 000 morts selon les dernièresestimations. Le virus aurait été recombiné dans un élevage de porcs au Mexique.

Des pandémies

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Femmes enceintes, attention dangerDepuis quelques années les femmes enceintes font partie despublics prioritaires à qui l’Assurance maladie offre une prise encharge de la vaccination. Elles sont plus facilement touchées parle virus et en se vaccinant elles protégent aussi le bébé à naîtrependant ses premiers mois.

Des chercheurs de l’université de Stanford (Etats-Unis) viennent dedémontrer pourquoi les femmes enceintes sont plus sensibles auvirus. Le coupable est le système immunitaire qui aurait tendanceà faire du zèle au cours de la grossesse. Trop nombreuses, lescellules immunitaires finissent par enflammer les poumons etaccroissent ainsi fortement les risques de surinfections. Dessurinfections d’autant plus difficiles à soigner que l’antibiothérapien’est pas recommandée aux femmes enceintes.

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Dossier (suite)

La recherche médicale est trèsactive pour optimiser notam-ment la vaccination. L’une des

pistes est de parvenir à fabriquer unvaccin universel qui serait efficacecontre n’importe quelle souche devirus. « il s’agit de réussir à cibler unedes protéines du virus qui est stablequelques soient les mutations »explique Patrick Berche. A travers lemonde, plusieurs équipes privilé-gient cette approche. D’autres ont choisi de reproduire enlaboratoire des grippes pandé-miques : mortelles et contagieusespour l’homme. En 2011 des cher-

cheurs néerlandais et américainsont rendu contagieux pour les fu-rets, donc potentiellement pour leshommes, un virus de la grippeaviaire H5N1 non contagieux pourl’homme et mortel à plus de 50%).En 2013, des chercheurs chinois ontcréé un virus hybride en mélangeantdes gènes virus H5N1 à des gènesdu virus H1N1 qui présente la parti-cularité de très bien se diffuser dansla population humaine. A chaquefois, les auteurs de ces études ontavancé l’intérêt de de mieux se pré-parer à une éventuelle émergencenaturelle d’un tel virus et de s’appli-

quer à la fabrication d’un vaccin.Mais la communauté scientifique est largement divisée sur cette ques-tion. « On joue les apprentis sorcierscar un simple accident de laboratoirepourrait être l’origine d’une pandé-mie, commente le Pr Berche. On adéjà connu des accidents, mêmedans les laboratoires de haute sécu-rité. De plus, l’histoire nous enseigneque la nature trouve toujours desmoyens différents de ceux qu’on mo-délise en laboratoire de laboratoire. »

La grippe,côté recherche

La principale cause de morta-lité de la grippe en France n’estpas le virus lui-même, mais les surinfections bactériennes.Celles-ci sont particulièrementactives chez les personnes dontl’organisme est fragilisé. Mieuxprotéger et traiter les per-sonnes « à risque », c’est donctout l’enjeu des recherches surles surinfections bactériennespost-grippales.

Fatigué par l'infection grippale, l'or-ganisme se défend moins biencontre les autres microbes. Unesurinfection bactérienne peut sur-venir, surtout si la personne est trèsjeune et que son système immuni-taire n’est pas mature ou inver-sement si la personne est âgée etque son système immunitaire estmoins performant. Les surinfec-tions bactériennes post-grippalesse traduisent par des pneumopa-

thies, des bronchites, des infectionsORL (otites ou sinusites, surtoutchez l'enfant) et, plus grave encore,des septicémies.Ainsi, ce n’est pas le virus de lagrippe lui-même qui a été le plusmeurtrier lors de la pandémie degrippe espagnole de 1918 mais lasurinfection bactérienne, notam-ment à pneumocoque, unebactérie des voies respiratoiressupérieures. Cette susceptibilité à la

A l’Institut Pasteur de Lille, comprendre et soigner les surinfections bactériennes

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surinfection bactérienne se déclareen général 7 à 14 jours après l’infec-tion grippale et l’issue peut parfoisêtre fatale en l'absence de traite-ment par des antibiotiques, commecela a été la cas lors de la grippeespagnole. Depuis Fleming, pour la pénicilline,et Pasteur, pour les mesures d’hy-giène, sont passés par là. Mais sielles sont mieux contenues, lessurinfections bactériennes sonttoujours meurtrières. Pneumo-coques, Haemophilus influenzae etstaphylocoques dorés continuent àprospérer sur des terrains laminéspar le virus de la grippe.C’est la raison pour laquelle deschercheurs présents à l’Institut Pasteur de Lille étudient, en labora-toire, les mécanismes de l’immunitéqui rendent certains individus grip-pés plus sensibles aux infectionsbactériennes, ou certaines formesde grippes particulièrement viru-lentes et destructrices de nosmécanismes de défense.

L’immunité innée joue un rôle clédans ces mécanismes de défense.Certaines cellules, dites sentinelles,sont les gardiennes de cette immu-nité, principalement les macro-phages (qui jouent les éboueurs denotre organisme en se nourrissantde résidus de cellules mortes, departicules étrangères ou bienencore de microbes) et certainsglobules blancs : les lymphocytes.

Activer les NKTParmi ces derniers, l’équipe du DrFrançois Trottein* s’intéresse plusparticulièrement aux lymphocytesT Natural killer (NKT), des cellulesdouées de fonctions immunorégu-latrices puissantes. « Ces cellules NKTsont inactivées lors de l’infection, cequi a pour conséquence de perturberle système immunitaire. Cependant, lors des phases précocesde l’infection grippale, les cellules NKT ont le temps de produire unesubstance qui renforce la barrière

épithéliale et qui protège les pou-mons à la fois contre l’infection viraleet les surinfections bactériennes. Parla suite, le virus de la grippe se vengeet inactive les cellules NKT, ouvrantainsi les portes aux bactéries patho-gènes » explique le Dr Trottein.Dans leur modèle de laboratoire,les chercheurs ont testé avec succèsdeux stratégies pour limiter lessurinfections bactériennes : unesubstance qui réactive les NKT desindividus grippés et une autre subs-tance qui reproduit artificiellementcelle produite par les NKT. Dans lesdeux cas, le système immunitaireest renforcé, ce qui empêche lesbactéries pathogènes d’envahir lepoumon. Appliquées à l’homme,ces approches permettraient decontenir les surinfections bacté-riennes en cas de pandémie etd’éviter de nombreux décès. n

* Equipe infection respiratoire et immunitéinnée, CIIL - INSERM U 1019 - CNRS UMR 8204 ;Université de Lille - Institut Pasteur de Lille

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Itinéraired’un chercheur

L e maître et l’élève. NadiraDelhem n’aime pas beau-coup la formule. Pourtant

cette enseignante-chercheur a rapi-dement repéré parmi ses étudiantsla brillante Laurissa Ouaguia quiprépare aujourd’hui une thèse à ses côtés. Et c’est d’un déférent « Madame » que Laurissa s’adresse àNadira. Il y a presque 30 ans, Nadiras’adressait en des termes similairesà « Monsieur André Capron », direc-teur du laboratoire dans lequel elleavait fait des pieds et des mainspour réaliser sa thèse de Doctorat. Vives et avides de connaissances,les deux femmes ont bien plus de points communs que leur sim-ple sourire ravageur. Issues toutesdeux d’une famille nombreuse, larecherche fondamentale et cliniquene s’est imposée ni comme un héri-tage, ni comme une évidence. Sielles sont aujourd’hui chercheuses,c’est le fruit d’un cheminement personnel, alliant altruisme, enga-gement et volonté de fer.Nadira est née en France et a passéson enfance à Marcq-en-Barœul,

près de Lille où elle vit encoreaujourd’hui. Laurissa a grandi àDschang, à l’ouest du Cameroun ety a été étudiante jusqu’à l’été 2010avant de rejoindre l’université deLille 1. Dans les deux familles, lesparents ont toujours poussé leursenfants à poursuivre leurs études etencouragé les choix personnels deces femmes bien déterminées. Enfant, Nadira rêvait d’être avocatedes causes perdues. « Je voulaisdéfendre les opprimés, lutter pourplus de justice, puis j’ai été marquée àl’adolescence par les images de lafaim et de la maladie dans le mondealors j’ai entamé des études de méde-cine avec l’espoir de devenir médecinhumanitaire ». A 12 ans, Laurissa voulait être pilotede ligne. « Mon père, professeur demathématiques, m’a gentiment faitcomprendre que ce ne serait pas facilecar la formation n’existait pas dans larégion où nous vivions. Alors j’aiaccusé le coup. J’ai décidé de devenirchercheur en santé lorsque mesgrands-parents sont décédées, tour àtour, de maladies cardiovasculaires ».

Laurissa opte pour une licence puisun master de biologie et de physio-logie animale. « Puis j’ai compris quesi je voulais aller plus loin dans mesétudes, il fallait m’expatrier ».

Nadira, l’ainéeAprès cinq années de médecine,Nadira Delhem décide de seréorienter en biologie-santé et sespécialise en virologie et immuno-logie. « J’ai fait un Master 2 au CHRde Lille sur la stérilité masculine. Puis, j’ai enchaîné avec une thèse à

Laurissa aurait pu être la fille de Nadira. Et pourtant un océanles sépare. L’une est née en France, l’autre au Cameroun. Cequi les réunit aujourd’hui c’est une même passion, unevolonté chevillée au corps, le plaisir de transmettre leursconnaissances et l’envie de soulager l’humanité. Portraitcroisé de deux chercheuses engagées dans la lutte contrel’hépatite C et le cancer.

Pour soutenir la recherche

médicale, faites un don

www.pasteur-lille.frNadira, Laurissa, deux femmes déterminées

Nadira Delhem

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l’Institut Pasteur de Lille en 4 annéesautour du VIH. A l’époque, on cher-chait à voir s’il était possible debooster le système immunitaire avecdes petits virus recombinants. Enpost-doc à Paris puis Washington, je me suis intéressée au virus de l’hépatite C et au cancer du foie. »Après les Etats-Unis, elle souhaiterevenir dans le Nord pour des raisons familiales. Elle rejoint unestart-up, fondée par des scienti-fiques du CNRS et de l’InstitutPasteur de Lille, qui voulait mettreau point un vaccin contre l’hépatiteC. Au bout de quatre ans et deuxentreprises, Nadira veut retrouver la recherche fondamentale. Elleobtient, en 2009, un poste d’ensei-gnant chercheur à l’université deLille.« Aujourd’hui j’ai fusionné mes pas-sions : immunologie, virus et cancer.Je dois admettre qu’initialement l’enseignement n’était pas mon premier choix et que j’ai saisi cetteopportunité pour rejoindre larecherche fondamentale, mais en fait j’adore enseigner, transmettre et j’apprends énormément en prépa-rant mes cours et en me confrontantà mes étudiants. »

Laurissa, la benjamineArrivée en France, le choc clima-tique a été rude pour LaurissaOuaguia. « Je suis venue à Lille enoctobre. En novembre, il neigeait. J’aienchainé les pneumonies. Il y a eutoute une période où je n’arrivais plus à sortir de ma chambre. » Enattendant le printemps, la jeunecamerounaise photocopie les coursdes copines et apprend sans bou-

ger de chez elle. Avec le retour dusoleil, elle reprend le chemin de lafac et termine major de son Master1 au second semestre. Quand Laurissa a eu besoin d’unlaboratoire d’accueil pour son Master 2, elle a tout naturellementrejoint le groupe de Nadira où ellepoursuit aujourd’hui ses recherchesen thèse sur les interactions entre le virus de l’hépatite C et le sys-tème immunitaire. Comme Nadiranaguère, Laurissa bénéficie d’unethèse financée en partie par l’Insti-tut Pasteur de Lille. « Travailler dansun institut Pasteur c’est une vraiefierté ! » commentent les deuxfemmes. Si l’avenir de Nadira est maintenantbien tracé, celui de Laurissa estencore à écrire. Pour l’enseigne-ment, elle a un certain talentpuisqu’elle est déjà doctorante-assistante Lille 1 de travauxpratiques et a obtenu le prix régio-nal de la thèse en 180 secondes quiconsiste, comme son nom l’indique,

à présenter en 3 minutes son sujetde thèse à un public non initié. En recherche, d’après Nadira, elleest plutôt douée. Laurissa rêve elle aussi de devenir enseignant-chercheur et de partager sontemps entre les centres derecherches français et camerounais.Un beau rêve d’humanité croisé ! n

La réponse immunitaire aux cancers

Nadira Delhem étudie la réponse immunitaire del’organisme contre les cancers associés aux infectionsvirales (17% de l’ensemble des cancers). Dans le cadre descancers du foie, qui sont parfois associés à une infectionpar le virus de l’hépatite C, elle évalue la réponse dusystème immunitaire et plus particulièrement de l’un de ses« opposants », les lymphocytes T régulateurs, surnommésTreg. Elle est à la tête d’une équipe de 10 personnes au seinde l’unité Cancer de l’Institut de biologie de Lille (CNRSUMR8161, Institut Pasteur de Lille) et est sur le point dedévelopper une start-up (EATCell Biotech) valorisantcertaines méthodes mises au point au laboratoire (voir p 5).

Laurissa Ouaguia

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Signes de vien° 36 - Décembre 201418

Longtemps on a considéré que les intestins servaient principalement à évacuer les déchets de ladigestion. Puis on a découvert que ces derniers étaient tapissés d’une grande diversité demicroorganismes , appelée flore intestinale ou microbiote, dont des bactéries qui jouent un rôlebien au-delà du simple transit intestinal. Organe oublié, qualifié par certains aujourd’hui dedeuxième génome ou même de deuxième cerveau, le microbiote commence à livrer ses secrets.

Qu’est-ce que lemicrobiote ? Le microbiote intestinal est un éco-système complexe hébergeant ausein de notre intestin 100 000 mil-liards de bactéries, représentantglobalement plus de 1000 espècesdifférentes. Cette population diver-sifiée est composée majoritaire-

ment de bactéries commensales(favorables à notre santé) et de

bactéries opportunistes quidans certains cas peuvent de-

venir pathogènes.

A quoi sert-il ? Le microbiote fermente etdégrade les fibres alimen-taires qui, sans lui, ne pour-raient pas être digérées maisson action est bien pluslarge. Il synthétise certainsvitamines et minéraux, amé-

liore la digestibilité des pro-téines, dégrade une partie du

cholestérol et réduisant ainsi sontaux. En outre, en « occupant le

terrain », il empêche des bactériesou virus pathogènes de colonisernos intestins, il renforce notre sys-tème immunitaire et fait barrière audéveloppement de bactéries pa-thogènes. Le microbiote est ensymbiose avec son hôte car ils nepeuvent survivre l’un sans l’autre.

Comment se formele microbiote ? Dans l’utérus de la mère, l’intestinde bébé est stérile. A la naissance,le nouveau-né se retrouve bruta-lement plongé dans un univers bactérien riche et varié. Son système digestif va se coloniser en quelques jours à partir desgermes maternels d’origine vagi-nale, intestinale, cutanée et aussi de son environnement. Dès le troisième jour, la composition de laflore intestinale va être influencéepar le mode d’alimentation dunourrisson. Selon qu’ils sont nourrisau sein ou à base de lait maternisé,les bébés n’auront pas le même microbiote. Avec la diversification

Kid campus

Le microbiote,voyage dans la vie secrètede nos intestins

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Signes de vien° 36 - Décembre 201419

alimentaire, la différence s’estompeet le profil de la flore intestinale sediversifie et se stabilise. On estimequ’à l’âge de deux ans, l’enfant a acquis un microbiote proche decelui de l’adulte.

Un « supergénome»Chaque bactérie, comme toutes les cellules vivantes, dispose d’un patrimoine génétique, son génome, composé d’ADN. L’ensem-ble des génomes du microbiote est appelé le microbiome, et repré-sente 150 fois plus de gènes quenotre propre génome ! Mais, à ladifférence des cellules humaines,les bactéries n’ont pas de noyau ;leur molécule d’ADN forme un seul chromosome circulaire, ou unchromosome avec quelques plas-mides, contenu dans la cellule. Malgré ou grâce à cela, la diversitédes informations génétiques conte-nues dans les bactéries de notre microbiote est phénoménale.

Quand lemicrobiote dérailleLes bactéries, nichées tout au longde notre tube digestif font l’inter-face entre nos cellules intestinales,notre alimentation mais aussi les pathogènes que nous pouvons ingérer et les médicaments, en par-ticulier les antibiotiques. Leur dys-fonctionnement a des incidencesbien au-delà de notre simple seuledigestion, elles influencent notreimmunité (notamment la protec-tion contre les pathogènes) etmême le fonctionnement de notresystème nerveux.

Des expériences montrent que l’absence de microbiote chez desanimaux provoque des problèmesmétaboliques, immunitaires voireneurologiques ! Lorsque le micro-

biote est en équilibre, il contribue ànotre bonne santé. Inversementlorsqu’il est déréglé, on parle dedysbiose, le microbiote peut entraî-ner des problèmes de santé, voirede maladies :

• troubles intestinaux (gastro-entérite, diarrhées, colopathie…)

• maladies intestinales (rectocolitehémorragique, maladie de Crohn,cancer colorectal)

• allergies chez le jeune enfant• douleurs chroniques• diabète• obésité

Réparer avec de «bonnes bactéries»Le microbiote est un écosystèmecomplexe qui est en général appau-vri en cas de défaillance. L’absencede certaines bactéries peut être en partie compensée par l’apport de probiotiques. Les probiotiquessont définis selon l’OMS comme des « micro-organismes vivants qui,lorsqu'ils sont ingérés en quantité suffisante, exercent des effets positifssur la santé, au-delà des effets nutri-tionnels traditionnels ». Ils peuventêtre ajoutés dans certains aliments(lait fermenté, yaourts, fro-mages…), voire dans descompléments alimentaires.Les effets bénéfiques decertains probiotiques

sur la santé ont été prouvés, maisuniquement de manière transitoirecar ces derniers n’arrivent pas à s’im-planter en lieu et place des bactériesintestinales manquantes.

A l’Institut Pasteur de Lille, l’équipe«Bactéries lactiques et immunitédes muqueuses » essaie de

sélectionner des probiotiquespossédant diverses proprié-tés bénéfiques, notamment

des capacités anti-inflammatoires,anti-infectieusesou anti-obésité. n

le saviez-vous ?

Enorme !Notre corps contient 10 foisplus de bactéries que decellules : il est donccomposé de 90% de bacté-ries (rapporté au nombrede cellules).

La flore digestive héberge100 000 milliards de bacté-ries de 1000 espèces diffé-rentes. 30 à 40 de cesespèces représentent 99%du microbiote.

Le microbiote pèse pluslourd que notre cerveau :entre 1 et 3 kg.

Le microbiome contient 150fois plus de gènes que notregénôme.

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Legs…Donations…Assurance-vie