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Jacques ROEHRIG Procès de sorcellerie aux xvi e -xvii e  siècles dans les terres de l’est (Alsace, Franche-Comté, Lorraine)

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Jacques RoehRig

Procès de sorcellerie aux xvie-xviie siècles

dans les terres de l’est

(Alsace, Franche-Comté, Lorraine)

De la magie à la sorcellerie

À quel moment de l’histoire humaine le sorcier a-t-il fait parler de lui ? Encore faut-il s’entendre sur ce qu’il est exactement. Dans un premier temps, nous nous contenterons du sens primitif tel qu’il apparut au viiie siècle sous le terme latin sorcerius, lequel signifie « diseur de sorts ». Son rôle évoluant avec le temps, nous examinerons la véritable implication du sorcier lorsque la traque des xvie et xviie siècles aura atteint sa pleine mesure pour proposer une définition de la sorcellerie. Quant à la magie, nous rappellerons simplement la définition du dictionnaire Le Petit Robert, à savoir « l’art de produire, par des procédés occultes, des phénomènes inexplicables ou qui semblent tels ».

Rites magiques ou ReLigieux ?

En tout cas, à l’ère préhistorique, entre l’apparition de l’homme et celle de l’écriture, aucune trace ne laisse clairement supposer l’existence parmi nos lointains ancêtres d’un personnage qui pourrait correspondre au profil d’un diseur de sorts. En revanche, nul ne peut douter que l’environnement hostile en ces temps – colères fulgurantes et tonitruantes du ciel, dérèglements climatiques, animaux carnassiers et mastodontes irascibles – suscita chez les hominiens des peurs obsessionnelles, irrépressibles, sans oublier la permanente angoisse de manquer de nourriture et la crainte de rencontrer toute chose qu’ils n’avaient pas coutume de côtoyer. La magie ne serait-elle pas née au

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moment où l’homme, errant dans un monde inconnu, a cherché à se défaire de l’angoisse qu’il lui inspire grâce à des forces qu’il possède au tréfonds de son être quand il lutte pour sa survie ? La magie aurait donc été, à son origine, le moyen pour lui de surmonter ses peurs. Tout logiquement, ou plutôt instinctivement, nos lointains parents en se regroupant en tribus familiales regroupèrent leurs peurs pour mieux les contenir. De plus, pour se concilier les « mauvais esprits », on peut imaginer qu’ils recoururent aux suppliques incantatoires, les plus sensibles d’entre eux s’érigeant en médiateurs auprès des forces occultes. L’ethnologue, également préhistorien de renom, André Leroi-Gourhan avance même l’existence de cultes chamaniques au paléolithique, au motif que les grandes lignes de la pensée sont communes à tous les hommes. Les peintures et les gravures ornant les parois des grottes sont-elles les empreintes laissées par des prêtres-magiciens, précurseurs des chamanes des steppes d’Asie centrale ? Comme si leurs auteurs avaient voulu les cacher à leurs semblables, ces œuvres ont été conçues au plus profond des cavernes, dans des endroits sombres et difficilement accessibles, et ne peuvent donc être des créations à vocation artistique. Sont-elles alors d’inspiration magique ou religieuse ? La représentation d’animaux percés de flèches, si fréquente, n’est-elle pas, comme le suggère l’éminent abbé Henri Breuil, l’expression d’une volonté de possession et de domination à seule fin d’augurer des chasses abondantes et conjurer de la sorte la famine ? En Ariège, dans la grotte des Trois-Frères découverte en 1914, des centaines de dessins d’animaux ornent les parois ; parmi eux, on distingue la silhouette de deux hommes, figuration humaine qui, faut-il le souligner, est rarissime. L’un des deux, selon les spécialistes de l’art pariétal, semble se livrer à une danse d’envoûtement comme s’il eût voulu que la forêt à l’entour demeurât giboyeuse le plus longtemps possible6. Au vu de ces esquisses incantatoires, on peut affirmer que se nourrir a été la principale préoccupation des premiers hommes. Un autre abbé archéologue, qui plus est spéléologue, André Glory, découvrit en avril 1938 à Wettolsheim, village alsacien proche de Colmar, plusieurs squelettes datant de la fin du néolithique. 6 René Laquier, Magie blanche, magie noire, en ville rose, Portet-sur-Garonne, 2003, p. 10.

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Après les avoir débarrassés soigneusement de leur gangue terreuse, le méticuleux exhumateur fut intrigué en constatant que tous les corps étaient orientés la tête vers l’ouest, comme si les officiants de ces pompes funèbres avaient voulu que le regard des défunts fixât à jamais le soleil couchant : horizon crépusculaire du monde qu’ils viennent de quitter ou portail donnant sur l’autre monde, le monde chthonien de la mythologie grecque7 ? Cette dernière demeure de terre n’évoque-t-elle pas le fond de leur caverne, sorte de sas entre le jour qu’ils viennent de quitter pour disparaître dans la nuit de l’inconnu ? Rites magiques ou religieux ? Question sans réponse, jusqu’à présent.

magie Païenne et magie Démoniaque

À l’ère de la préhistoire succède l’Antiquité, période que l’on date entre l’an 3500 avant l’ère chrétienne et l’an 500 de celle-ci. La connaissance que nous avons de cette période se résume essentiellement au monde polythéiste des mythologies grecque et romaine, aux chevaliers de l’épopée celtique et à l’avènement du christianisme dont les apôtres, disciples du Christ et militants du monothéisme, seront les fervents propagandistes. Et la magie n’a pas manqué de hanter nos antiques ancêtres qui, cette fois-ci, nous ont laissé des traces matérielles, les premières étant des tablettes de Chaldée vieilles d’au moins vingt-huit siècles et sur lesquelles se trouvent gravées des prédictions astrologiques. L’astrologie, assurément, a été l’une des premières expressions de la magie ; on peut supposer que les tout jeunes paysans du néolithique, au moment des récoltes, ne cessaient de scruter le ciel et d’invoquer sa bienveillance. Bien plus tard, lors des conquêtes expansionnistes des légions romaines, nul César n’aurait osé s’aventurer dans une guerre sans être accompagné d’astrologues et autres devins, mais gare aux prophètes lorsque leurs auspices ne correspondaient pas aux désirs du commanditaire...

7 André Glory, À la découverte des hommes préhistoriques, Paris, 1944, p. 137.

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Mais la magie de l’Antiquité la mieux connue est celle de la mythologie gréco-romaine avec ses dieux et demi-dieux que prêtres et magiciens apostrophent directement et, parfois, sans ménagement. La magie de ces temps anciens est faite principalement d’enchantements ou d’apparitions spectrales, à l’exemple de Circé qui, au moyen d’un breuvage, métamorphosa les compagnons d’Ulysse en cochons, ou d’Hécate, laquelle effrayait les mortels en lâchant des monstres qui, dans les ténèbres de la nuit, prenaient mille formes. On désigne souvent celle-ci comme étant la novatrice de la sorcellerie, qualification impropre car nous verrons un peu plus loin que, malgré son art maléfique et son titre de déesse des Enfers, elle ne répond pas à la définition de la sorcière. Le culte religieux rendu à ces faiseurs de prodiges et de fantasmagories est si fortement imbriqué à la magie qu’il est bien difficile de distinguer leur domaine respectif ; aussi cette symbiose est-elle fréquemment reprise sous le nom de théurgie8, d’autant plus qu’avec l’intégration des divinités intermédiaires ou inférieures, Platon et les néoplatoniciens assimilèrent ces dernières aux démons : les bons démons avaient droit aux hommages et aux actions de grâce tandis que les mauvais étaient l’objet de conjurations et de purifications. Dans le même temps, pour les Hébreux, les anges étaient les bons démons alors que Satan et sa troupe d’anges déchus étaient les mauvais. Le polythéisme et le monothéisme se rencontraient, face à face. La magie sera l’un des enjeux de cette rivalité théocratique.

L’origine de cet antagonisme remonterait à Moïse, soit, selon la Bible, près de treize siècles avant notre ère. Il fut l’ardent champion d’un dieu unique et universel. Pour les partisans du nouveau culte, les rites païens et la magie qui les accompagnait se réduisaient à adorer des divinités infernales. Aussi les nouveaux censeurs ne cessèrent-ils de harceler leurs prêtres et servants, lesquels durent subir également les poursuites des autorités païennes, poursuites qui, paradoxalement, s’accentuèrent à mesure que s’implantait la nouvelle religion. Il y a lieu de noter que la justice sanctionnait avant tout le dommage matériel

8 L.-F. Alfred Maury, La Magie et l’Astrologie dans l’Antiquité et au Moyen Âge, Paris, 1860, p. 90.

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causé aux tiers ; ainsi l’un des articles des Douze Tables, lois du milieu du ve siècle av. J.-C., condamnait-il ceux qui, au moyen d’incantations, dérobaient les récoltes de leurs voisins9. La répression atteint son paroxysme lorsque, avec l’avènement du christianisme, les empereurs romains en devinrent les zélés protecteurs, à l’instar de Constance qui, en l’an 357, promulgue une loi menaçant de mort les devins et les mages10. La magie n’était plus punie pour ses atteintes purement physiques, mais pour sa transgression à la loi de Dieu, les opérations de magie visant, selon les tenants de la nouvelle religion, à établir entre les mortels et les maîtres des cieux un commerce démonique. Païenne au début de l’Antiquité, la magie se satanisa au fur et à mesure qu’elle approchait du Moyen Âge.

Entre ces deux bornes temporelles s’intercale une autre mythologie, celle des Celtes avec ses dieux et déesses à foison, ses fées et ses druides magiciens. Ce groupe de peuples essaima sur une grande partie de l’Europe occidentale du viiie siècle au dernier siècle av. J.-C., son influence se poursuivant bien après, notamment en Irlande, le caractère insulaire de ce pays ayant certainement préservé celui-ci de la romanisation. Parmi les dieux de la mythologie irlandaise, distinguons d’abord Dianceht ; expert en magie et en médecine, il ressuscitait les morts en les plongeant dans la Fontaine de santé. Dagda, autre dieu irlandais, pouvait assouvir la faim de tous grâce à son chaudron dont le contenu était inépuisable. Comme on peut le constater, cette magie, du point de vue des effets, s’apparente à celle des dieux gréco-romains. Contrairement aux hiérophantes d’Éleusis, les druides ne se bâtirent point de temple, se contentant, pour accomplir les rites de leur religion, de dolmens, autels en plein air aux mégalithes si imposants qu’on se demande encore comment ils ont pu être dressés.

9 Jean-Michel Sallmann (sous la direction de), Dictionnaire historique de la magie et des sciences

occultes, Paris, 2006, p. 443.10 Thomas de Cauzons, La Magie et la Sorcellerie en France, réimpression en 2007 de l’édition Dorbon-Aîné, Paris, 1910, tome 1, p. 5.

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magiciens De Dieu et DiabLeRies

Quittons l’Antiquité pour le Moyen Âge. De siècle en siècle, l’emprise de l’Église est de plus en plus tentaculaire. Tant sur le plan spirituel que sur le plan séculier, son autorité s’affirme jusqu’à être au xiie siècle omnipotente. Toutefois, elle peine encore à contrer les superstitions dont une grande partie émane de l’ancienne religion. Plutôt que de les combattre de front, l’Église juge plus opportun de leur substituer ses propres rites. Aussi façonne-t-elle une espèce de palimpseste sur lequel elle réécrivit, au lieu et place des anciennes croyances, les siennes et, tout naturellement, les églises furent construites sur d’anciens temples, les saints succédèrent aux dieux et héros de l’Antiquité, les fêtes religieuses remplacèrent celles des adorateurs de la nature et du cosmos, les oraisons supplantèrent les incantations païennes. Comme l’a si joliment formulé en 1891 le docteur-écrivain Charles-Alban Fournier : « Au Moyen Âge, tout ce qui du paganisme ne fut pas absorbé par le christianisme, devint la part du sorcier11. » Tout logiquement, le christianisme opposa sa propre magie à celle du Diable, notamment par le truchement de ses saints, à l’exemple de saint Nicolas qui, en l’an 1240, le cinquième jour de décembre, entendit parmi les mille appels venant de la Terre celui de Cunon, sire de Réchicourt, lequel, prostré au fond d’un cachot sarrasin de Palestine, l’implorait de le délivrer afin qu’il puisse revoir les siens avant qu’il ne meure. Ni une ni deux, le saint patron propulsa par les airs le languissant chevalier, lequel en une fraction de seconde se retrouva en l’église de Saint-Nicolas-de-Port, libéré de ses chaînes12. En Alsace, dans la petite commune d’Avenheim, saint Ulrich fit jaillir à l’aide de son bâton une eau miraculeuse qui avait la propriété de guérir la « maladie de consomption », connue aussi sous le nom de « maladie de langueur » ; ce mal, donné ordinairement par la sorcière, avait pour effet de fossiliser peu à peu le corps de la victime jusqu’à être « sec comme du bois13 ». Pour les clercs, la rédaction des hagiographies

11 Charles-Alban Fournier, « Une épidémie de sorcellerie en Lorraine aux xvie et xviie siècles », Les

Annales de l’Est, 1891, p. 228.12 Philippe Duley, Saint Nicolas, Éditions de l’Est, 1993, p. 27.13 Jacques Rœhrig, L’Holocauste des sorcières d’Alsace, Strasbourg, 2011, p. 36.

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avait surtout pour objet de montrer aux paysans* que le christianisme a les meilleurs magiciens, d’autant que ceux-ci pratiquent une magie absolument bénéfique, les saints ayant, entre autres compétences, la faculté de guérir les maladies ou de nous en préserver. À l’inverse, la magie du Diable est foncièrement malveillante, même si cet ange déchu n’inspira que peu de crainte durant la première moitié du Moyen Âge ; il fut même le jouet de nombreuses mystifications. Il n’est pas un recueil de légendes et de croyances populaires qui n’évoque une histoire de Diable berné. Combien de ponts ou d’églises furent construits à bon compte ! Faute de temps ou de moyens, on n’hésitait pas à faire appel à son talent de constructeur ; généralement, celui-ci réclamait en échange l’âme du premier quidam qui traverserait l’ouvrage. Au petit matin – une nuit suffisait –, le malin bâtisseur attendait avec impatience l’âme promise, et que voyait-il arriver ? Une pauvre bête tout apeurée ! À Pont-à-Mousson, sur le pont enjambant la Moselle, les riverains avaient lâché un affreux bâtard de chien tandis que du côté du Rhin, à Aix-la-Chapelle où le Diable avait accepté de terminer l’érection de la cathédrale, les malicieux édiles avaient libéré à l’entrée de l’édifice un vieux loup efflanqué. De même, le public jamais ne se lassait d’assister devant les tréteaux dressés sur la place du village à l’une des représentations des Mystères, genre de théâtre médiéval où le rôle du Diable est toujours celui du vaincu. Jusqu’au xiiie siècle, l’Église se montra à l’égard de ses ouailles une bienveillante matrone. Cette attitude changea à partir du moment où sa position dominante fut contestée et qu’elle ne considéra plus Satan comme un simple maître de l’illusion.

Le temPs Des soRcièRes

Sur le plan de la terminologie apparaît au viiie siècle dans des textes latins le terme de sorcerius (ou sortiarus en latin populaire) pour désigner le magicien, un magicien qui, toutefois, est étymologiquement un « diseur de sorts » qu’on transpose aujourd’hui par « jeteur de sorts » ; de ce nouvel art occulte seront dérivés en ancien français du xiie siècle sorcer (sorcier) et sorceresse (sorcière) alors que le mot « magie » fera

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place à « sorcerie », mot doublonné au siècle suivant par « sorcellerie ». Cette évolution terminologique n’est pas fortuite ; elle traduit en effet l’avènement d’une nouvelle magie : celle du Diable. En somme, la sorcellerie, c’est de la magie diabolique. C’est la raison pour laquelle les procès de sorcellerie ont systématiquement pour protagonistes le Diable et ses affidés humains, les sorciers et sorcières. A contrario, dans les affaires occultes où tout caractère diabolique est absent, on parlera seulement de magie : blanche lorsqu’elle est salutaire, noire lorsqu’elle est malfaisante.

L’appareil judiciaire refléta cette évolution. Bien loin le temps de Moïse où l’une de ses lois énonçait en l’Exode (XXII, 18) ces mots terribles : « Tu ne laisseras point vivre la magicienne », le haut Moyen Âge apparaît plutôt tolérant à l’endroit des magiciens. La loi salique, loi des Francs, prévoit en son article III, Titre XXI que « celui qui aura jeté un sort (maleficium) sur un autre homme » sera puni d’une amende. En l’an 589, le concile de Narbonne ordonne de fustiger (fouetter) les devins et punit également d’une amende ceux qui les consultent. Plus tard, en l’an 805, Charlemagne, dans ses Capitulaires, tout en déclarant fermement qu’il faut châtier les enchanteurs, les fabricants de philtres ou de ligatures, les devins, recommande cependant que leur « examen doit être assez modéré pour épargner leur vie ; les malheureux seront gardés en prison jusqu’à ce que, par l’inspiration divine, ils promettent la correction de leurs péchés14 ». En revanche, à partir du xiiie siècle et jusqu’à la fin du Moyen Âge, la répression judiciaire va aller crescendo, l’Église étant l’inspiratrice, sinon l’instigatrice de cette persécution. En 1233, aux fins de démasquer plus efficacement les hérétiques et de les condamner, le pape Grégoire IX installe officiellement les Dominicains aux commandes de l’Inquisition, la direction de ce tribunal étant jusqu’alors dévolue à l’épiscopat. Quelques années après, en 1252, avec sa bulle Ad extirpanda, le pape Innocent IV approuve le recours à la torture, son application étant toutefois confiée au pouvoir civil. Entre 1320 et 1350, dans le Languedoc dont Toulouse est la capitale ont lieu

14 L’Europe des sociétés secrètes, ouvrage collectif publié par Sélection du Reader’s Digest, Paris, 1980, p. 292.

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les premières chasses collectives ; durant cette période, l’Inquisition de Carcassonne aurait jugé 400 sorciers et sorcières dont la moitié aurait été brûlée, alors qu’à Toulouse même, sur 600 personnes poursuivies, près de 400 auraient péri sur le bûcher15. Le pape Jean XXII publie en 1326 la bulle Super illius specula qui assimile la sorcellerie à la pire des hérésies ; en conséquence, les inquisiteurs auront toute latitude de traquer un plus grand nombre de déviants ou supposés tels. Cette traque va s’accentuer d’autant qu’à partir du xve siècle l’Église croit à la réalité des sabbats ; elle est à présent convaincue que les sorciers et sorcières, en se réunissant secrètement la nuit, constituent une secte conspiratrice dont l’objectif est de troubler l’ordre social, le gourou de cette secte étant évidemment le Diable. Se référant à la bulle du pape Innocent VIII Summis desiderantas affectibus de 1484, laquelle exhorte à réprimer plus durement les crimes de la sorcellerie jusqu’à supprimer physiquement leurs auteurs, les inquisiteurs Institoris et Sprenger publient deux ans plus tard le Malleus maleficarum. Diffusé à grande échelle dans toute l’Europe sorceleuse grâce à la récente invention de l’imprimerie, cet ouvrage, qui traite principalement des agissements de la sorcière et de la conduite des procès de sorcellerie, a été le livre de chevet des pourfendeurs des ferventes vassales de Satan. Près de trois millénaires après la sinistre sentence de la loi mosaïque condamnant à mort la magicienne, les démonologues des Temps modernes ont actualisé cette sentence par celle-ci : « Tu ne laisseras pas vivre la sorcière. »

Paradoxalement, c’est au moment où l’Église, après avoir expérimenté la procédure inquisitoriale contre les hérétiques, est sur le point de l’étendre contre les sectateurs du Diable, qu’elle est contrainte de renoncer à juger les auteurs du crime de sorcellerie. En effet, dans la plupart des États européens, les autorités civiles décident, par pure raison politique, de prendre la maîtrise de l’épuration sorcellaire et de récuser les tribunaux de l’Inquisition au profit des tribunaux laïques. Dès lors, sous la pression harcelante du monde ecclésiastique – lequel par cette participation active compense son éviction de l’instruction des

15 Thomas de Cauzons, op. cit., tome 2, p. 359.

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procès de sorcellerie –, les poursuites enclenchées par la justice laïque se multiplient à tour de bras ; pis ! les inquisiteurs laïques n’hésiteront pas à se montrer beaucoup plus zélés que ceux du pape. Du xvie siècle jusqu’au milieu du xviie siècle, l’Europe chrétienne brûlera de toutes parts et, comme nous le constaterons, près des trois quarts des victimes sont des femmes : c’est le temps des sorcières.

Quant à définir la sorcellerie, il est plus sage d’attendre l’analyse des procès et les attendus des sentences pour en connaître la substance. Pour l’instant, de ce qui précède, nous pouvons inférer seulement que la sorcellerie serait née avec le monothéisme, c’est-à-dire à l’instant où l’Homme a pensé que le monde où il vit est l’œuvre d’un Dieu unique, lequel ne peut donc avoir de rival. Même ledit Satan ne peut lui être opposé ; certes ce dernier cherche à le supplanter, à l’égaler à tout le moins, mais le Prince de ce monde, ainsi que le nommèrent le Christ et les Pères de l’Église, ne doit pas oublier qu’il n’agit qu’avec la permission de Dieu même pour accomplir les plus viles besognes, car, comme l’affirme saint Augustin : « Dieu seul, permet que le mal advienne pour le bien de l’homme16 » ; en conséquence, les prodiges de Satan ne sont point des miracles divins, mais des actes de sorcellerie, ou mieux des maléfices. La sorcellerie serait en somme de la magie satanique. Voilà une ébauche de définition de cette magie maléfique que l’on peut proposer pour le moment.

Vers la fin du Moyen Âge, la sorcellerie connaîtra une profonde mutation. En effet, jusqu’à cette période, elle était plutôt considérée comme relevant du domaine de la croyance populaire. En revanche, à partir du xive siècle, la sorcellerie devient une véritable menace, l’Église est à présent convaincue de la réalité des sabbats, conviction d’autant plus forte depuis que la sorcellerie, par décision papale de 1326, est taxée d’hérésie. De croyance folklorique, la sorcellerie est devenue un culte dissident qui rassemble des fidèles ayant pour maître le Diable, l’antithèse de Dieu. Cette horrible déviance doit être combattue sans la

16 Henry Institoris et Jacques Sprenger, Malleus maleficarum, édition de 1582 traduite du latin par Amand Danet, Grenoble, 2009, p. 154.

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moindre faiblesse : mort aux renégats ! Voici venu le temps des procès de sorcellerie.

La sorcellerie retenue comme chef d’accusation dans les premiers procès est surtout l’expédient auquel recourent certains puissants pour se débarrasser en toute légalité d’individus encombrants ou potentiellement dangereux. Spécialement intentés au nom de la raison d’État, ces procès participent d’agissements politiques. Le plus célèbre d’entre eux est celui de Jeanne d’Arc. Missionnée directement par Dieu pour bouter les Anglais hors du royaume de France, Jeanne s’attira, en retour, les foudres du haut clergé, qui souffrit d’avoir été tenu à l’écart de l’intercession divine, ainsi que la hargne de l’occupant, honteux d’avoir été mis en pièces par un « petit bout de femme ». Aussi, après sa capture à Compiègne, les rancuniers dignitaires ecclésiastiques et les godons* revanchards se hâtèrent d’instruire son procès : les premiers s’employèrent à trouver soixante-dix chefs d’accusation solidement argumentés dont le plus grave la désignait comme apostate17 ; les seconds, par la voix du duc de Bedford, prétendaient qu’elle avait été envoyée par le Diable comme chef de guerre de l’ost du roi de France, une façon pour eux de minimiser leurs défaites en accusant Jeanne d’être l’instrument du Diable18.

Le 30 mai 1431, la jeune Jeanne – elle avait à peine dix-neuf ans – était brûlée vive. Voulant empêcher à tout prix l’émergence d’un culte johannique et la vénération de la moindre relique, le cardinal de Winchester avait ordonné trois crémations successives19. Vaine précaution ! Déjà fabuleuse de son vivant, l’épopée de Jeanne la Pucelle allait se mythifier. En 1456, vingt-cinq ans après été jugée et condamnée à mort comme sorcière, un second procès annule le premier, le déclarant « nul, non avenu, sans valeur ni effet » et réhabilite entièrement Jeanne et sa famille. Enfin, Jeanne d’Arc sera béatifiée en 1909, puis canonisée onze ans plus tard. Sainte après avoir été sorcière, voilà un destin miraculeux !

17 François Ribadeau-Dumas, Dossiers secrets de la sorcellerie et de la magie noire, Paris, 1971, p. 160.18 Xavier Yvanoff, La Sorcellerie médiévale, Agnières, 2008, p. 391.19 Olivier Bouzy, Jeanne d’Arc en son siècle, Paris, 2013, p. 275.

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Ces procès où la sorcellerie sert de prétexte pour liquider sous un semblant de légalité quiconque représente un obstacle à la puissance souveraine sont essentiellement des procès occasionnels. À partir du xve siècle, les procès de sorcellerie changent de cible ; désormais, ils visent un public beaucoup plus nombreux : celui d’un groupe social que l’État désigne au peuple comme étant la cause de ses malheurs. Cette fois-ci, la sorcellerie est utilisée comme moyen pour détourner la colère populaire qui menace d’exploser. Ce procédé par lequel on fait porter par d’autres sa propre responsabilité, et connu habituellement sous le nom de « bouc émissaire », est hélas une solution de facilité que n’hésitent plus à choisir bon nombre de gouvernants. Dans le cas présent, les monarques et dignitaires, aussi bien religieux que laïques, s’empresseront d’accuser le Diable et ses acolytes, les sorciers. Voici venu le temps de brûler en masse les sorcières…

L’europe des sorcières

Avant de présenter le bilan de la traque aux sorcières dans les régions d’Alsace, de Lorraine et de Franche-Comté, découvrons celui qui se rapporte à l’ensemble des pays de l’Europe occidentale des xvie et xviie siècles tout en sachant qu’il y a eu auparavant d’autres chasses aux sorcières, certes de moins grande envergure, mais tout aussi impitoyables. La plus ancienne date des années 1220-1230 ; convaincu qu’une secte infernale hantait le territoire de l’archevêché de Mayence, Conrad de Marbourg, inquisiteur de Germanie, terrifia son monde à réclamer sans cesse le bûcher contre les suppôts de Lucifer ; en 1233, il fut assassiné dans des circonstances obscures. Avait-il suscité tant de détestation pour mériter une telle fin ? Plus tard, de 1428 à 1438, deux cents sorciers et sorcières furent brûlés dans le diocèse de Sion, bourgade suisse. Il est à signaler que du côté français, à peu près à la même époque, de 1426 à 1449, Claude Tholosan, juge laïque du Briançonnais, mena une lutte acharnée contre les sorciers. Pourquoi une telle activité sorceleuse dans ces zones montagneuses ? Les Alpes étaient-elles un refuge, un repaire des supposés agents du Diable ? Contentons-nous pour l’instant de l’observation que l’historien néerlandais Johan Huizinga énonce dans son livre L’Automne du Moyen

Âge en affirmant que « les pays de magie et de sorcellerie sont surtout les pays de montagne ». Enfin, en 1459, eut lieu le procès des « vaudois » d’Arras ; sur trente-deux inculpés, douze périrent en place publique dans les flammes.

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Au cours des deux siècles suivants, les xvie et xviie, s’inscrit ce que les historiens de notre temps appellent « la grande chasse aux sorcières ». Son intensité ne fut pas linéaire, mais connut des périodes de fièvres et d’accalmies parfois ponctuées de vifs soubresauts. Grosso modo, la chasse proprement dite s’étendit de 1580 à 1650 avec des pointes décalées dans le temps selon les pays.

biLan euRoPéen De La gRanDe chasse aux soRcièRes

Sur le plan géographique, la répression commence au cours de la première moitié du xvie siècle dans les territoires où l’Inquisition a fait ses premières armes contre ceux qui ne sont pas de vrais catholiques, notamment en Espagne et en Italie. Dans le premier de ces deux pays, la traque vise principalement les Juifs et les Arabes ainsi que les marranes et les morisques, ces Espagnols juifs ou musulmans convertis en apparence à la religion officielle ; dans le pays du siège pontifical, ce sont les partisans de Martin Luther qui sont pourchassés. Durant la seconde moitié du xvie siècle, l’épidémie sorcellique contamine les pays voisins, le royaume de France, les territoires du Benelux et les États du Saint Empire romain germanique, puis traverse la Manche pour se répandre dans les îles Britanniques, poursuit ensuite dans la seconde moitié du xviie siècle sa progression jusqu’en Scandinavie et achève au-delà du xviie siècle son efflorescence en Europe orientale.

Au terme de ces deux siècles de traque, quel est réellement le bilan ? Pour tout dire, il est peu certain qu’il puisse être établi de manière définitive. En effet, le total général des victimes doit théoriquement correspondre à la somme des résultats par pays ou contrées ; or cette sommation est encore trop lacunaire à ce jour, même si l’on s’en tient aux seuls critères concernant le nombre de victimes poursuivies au titre de la sorcellerie et celui des victimes condamnées à mort. Les chiffres s’affineront au fur et à mesure que seront produites des études ciblées par pays. Néanmoins, partant des données déjà existantes et de leurs propres recherches, des historiens, entre autres le Français

L’euRope des soRCièRes

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Robert Muchembled, les Allemands Kurt Baschwitz et Rita Voltmer, les Américains Brian Levack et E. William Monter, se sont employés à définir le plus objectivement possible l’étendue et l’intensité de cette persécution qui a eu lieu, faut-il le rappeler, dans la partie chrétienne de l’Europe postmédiévale. Le tableau que nous livrons ci-après est le résultat, après compilation, comparaison et croisement des données, des chiffres recueillis dans les ouvrages et documents publiés ces dernières années où, bien souvent, figure le nombre de procès, mais pas celui des inculpés. Les chiffres retenus représentent une hypothèse basse car il faudrait ajouter le nombre d’accusés et de condamnés dont on n’a plus de trace, les minutes des procès ainsi que les actes annexes à ces documents ayant disparu, soit à la suite de circonstances accidentelles comme les incendies ou les inondations – les archives étant généralement entassées dans les caves et sous-sols –, soit détruits volontairement, notamment dans le cas des procès relatifs à un crime abominable comme celui de « bougrerie » où le coupable s’est commis avec un animal. Pour un tel crime, tout doit être réduit en cendres : l’homme abuseur, l’animal, les pièces du procès. À ce total s’ajoutent également les mises à mort extrajudiciaires, c’est-à-dire les exécutions sans procès comme les lynchages consécutifs à des sentences jugées trop laxistes, ce qui arriva le 27 avril 1576 à une femme des environs de Toul, emprisonnée pour avoir « engelé les vignes », qui fut lapidée par une foule en colère alors qu’elle venait d’être innocentée et libérée par les juges, ainsi que les assassinats de prétendues sujettes du Diable. Nicolas Huguin, laboureur de Lamorville dans la Meuse, noya une voisine, réputée sorcière dudit lieu ; malgré ce meurtre, il bénéficia d’une lettre de rémission du duc de Lorraine le 8 février 1595 le graciant à la condition toutefois qu’il fît un don de 40 francs à l’hôpital20.

Quand bien même ces dernières statistiques seraient connues, le résultat final serait encore imparfait pour au moins deux raisons : d’une part, la non-coïncidence géographique des États dont le périmètre a évolué depuis le temps de la grande chasse ; d’autre part, il n’était pas rare que des autorités, aussi bien civiles qu’ecclésiastiques,

20 Archives départementales de Meurthe-et-Moselle, B 66.

pRoCès de soRCeLLeRie Aux xvie-xviie sièCLes dAns Les teRRes de L’est

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détinssent des enclaves extérieures ; ainsi, les ducs de Lorraine étaient propriétaires d’enclaves alsaciennes, notamment de la partie gauche du Val de Lièpvre. En tout cas, les bilans actuels sont bien inférieurs à ceux des démonologues qui, pour souligner l’importance du phénomène sorcellaire et démontrer l’efficacité de leurs actions, n’hésitaient pas à grossir les chiffres ; de plus, la statistique était loin d’être une science appliquée et rigoureuse. Si on se contente d’additionner les chiffres avancés par les auteurs contemporains de la période s’étalant du xvie au xviiie siècle, le total final avoisine le million de victimes ! On peut être étonné des chiffres annoncés, et de façon claironnante, comme s’il s’était agi de trophées de chasse ; par exemple, Benedict Carpzov, jurisconsulte luthérien de l’électorat de Saxe, aurait signé plus de vingt mille condamnations à mort ; Nicolas Remy, comme nous venons de l’apprendre, est tout bonnement fier d’avoir fait brûler neuf cents genots* et genoches* ; Henri Boguet, grand juge de la terre de Saint-Claude dans le Jura, y aurait fait exécuter six cents personnes, tandis que Pierre de Lancre, commissaire royal chargé de purger le Labourd – l’actuel Pays basque –, se flatte d’avoir « ardé et branché » près de six cents brouches*. Enfin, dans plusieurs ouvrages concernant l’Alsace au temps où elle était l’une des « tesselles » de l’immense mosaïque que formait le S.E.R.G.*, on peut lire que sur les terres de l’évêché de Strasbourg, cinq mille Hexen* ont été jetées dans le brasier des bûchers. Signalons, à titre anecdotique, que le chiffre record a été donné au milieu du xixe siècle par un nommé Gottfried Christian Voigt, syndic de la ville de Quedlinburg, située dans la région de Saxe-Anhalt en Allemagne ; selon ce fonctionnaire, le total des victimes des chasses aux sorcières pour toute l’Europe est de… 9 442 994 individus ! Ce total, reconnaît-il, a été établi à partir d’une extrapolation des chiffres relevés dans les procès de sorcellerie dénichés dans les archives municipales ; à sa décharge, il avait ouvert son estimation sur une période assez longue : du viie à la fin du xviie siècle21. De siècle en siècle, de monographie locale en étude sectorielle, le bilan des victimes s’est rétréci considérablement. Aujourd’hui, les historiographes s’accordent

21 Walter Rummel et Rita Voltmer, Hexen und Hexenverfolgung in der Frühen Neuzeit, Darmstadt, 2008, p. 74.

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à dire que plus ou moins cent mille personnes ont été poursuivies au titre de la sorcellerie dont la moitié a péri dans les flammes. C’est ce que montre le tableau ci-après. (Pour des raisons de commodité, nous avons retenu comme périmètre des territoires les frontières actuelles.)

BILAN DE LA GRANDE CHASSE AUX SORCIÈRES EN EUROPE AUX XVIE ET XVIIE SIÈCLES

Zone Pays et provinces

Total des personnes

poursuivies

Total des exécutions

Taux d’exécution

1

AlsaceFranche-Comté

Lorraine

France (hors provinces citées

ci-dessus)

3 0001 0003 000

2 500

2 000570

2 000

500

66,7 %57 %

66,7 %

20 %

2Allemagne

AutricheSuisse

42 0003 0009 000

25 0001 6005 000

59,5 %53 %56 %

3Europe méridionale (Espagne, Portugal,

Italie)8 500 1 300 15,3 %

4 Benelux 4 500 2 050 45,6 %

5Îles Britanniques

(Angleterre, Irlande, Écosse)

5 000 1 850 37 %

6 Pologne 13 000 5 500 42 %

7Europe du Nord

(Islande, Danemark, Norvège, Suède,

Finlande)

3 500 1 250 36 %

8Europe orientale

(Bohême, Hongrie, Moldavie, Valachie,

Transylvanie, Russie)

3 000 600 20 %

Total « Europe » 101 000 49 220 48,7 %

table des matières

AvAnt- propos : LA grAnde chAsse Au sorcières 1

chApitre 1 : de LA mAgie à LA sorceLLerie 9Rites magiques ou religieux ? 9Magie païenne et magie démoniaque 11Magiciens de Dieu et diableries 14Le temps des sorcières 15

chApitre 2 : L’europe des sorcières 21Bilan européen de la grande chasse aux sorcières 22Analyse de la grande chasse par zone géographique 26

chApitre 3 : de LA grAnd-peur Au bûcher 35I - Le temps de la peur 36

Crises économiques et dérèglements climatiques 37La guerre et son cortège de calamités 39Guerre civile et luttes religieuses 44Les peurs ancestrales 46

II - Le temps des agitateurs 47Les chiens de Dieu 48Les marteaux des sorcières 55

III - Le temps de la mise à mort 61Du crime ordinaire au supercrime 61Le crime mixte de sorcellerie 65

IV - Les facteurs d’intensité de la chasse aux sorcières 71

chApitre 4 : un monde suprAréeL 77I - Première rencontre 77

Le ténébreux prince charmant 77Le pacte diabolique 82

II - Les assemblées sataniques 87Les noces diaboliques 87Le sabbat 91

III - Les dernières relations 122

pRoCès de soRCeLLeRie Aux xvie-xviie sièCLes dAns Les teRRes de L’est

chApitre 5 : LA justice sorceLLAire 129Rappel des fondements juridiques 129Organisation de la justice sorcellaire 134

chApitre 6 : Les procès de sorceLLerie 155I - Les principales phases d’un procès de sorcellerie 156

L’inculpation 156Les interrogatoires 165Le jugement proprement dit 190

II - Coût des procès et confiscations des biens 210III - Particularités se rapportant aux procès de sorcellerie 212

chApitre 7 : biLAn de LA chAsse Aux sorcières 219Élaboration du « Mémorial des sorcières » 220Analyse statistique de la chasse aux sorcières de l’espace transvosgien 227

chApitre 8 : gros pLAn sur queLques procès de sorceLLerie 249Les fiancées du Diable 249L’ermite dévoreur d’enfants 257L’infâme sorcière du Void de Belmont 263

concLusion : Les cendres du pAssé 275

Annexe

gLossAire 281

repères chronoLogiques 283

séLection bibLiogrAphique 287

remerciements 295

Le mémoriAL des sorcières d’ALsAce,

de frAnche-comté et de LorrAine 297