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PLOUHINEC (MORBIHAN) - MANE-VECHEN VILLA GALLO-ROMAINE FOUILLE PROGRAMMEE ANNUELLE 2000 EVALUATION DU SITE RAPPORT PRESENTE PAR ALAIN PROVOST MINISTERE DE LA CULTURE ET DE LA COMMUNICATION DRAC BRETAGNE - SERVICE REGIONAL DE L'ARCHEOLOGIE DEPARTEMENT DU MORBIHAN COMMUNE DE PLOUHINEC SIVOM DE PORT-LOUIS t?ol

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PLOUHINEC (MORBIHAN) - MANE-VECHEN

VILLA GALLO-ROMAINE

FOUILLE PROGRAMMEE ANNUELLE

2000

EVALUATION DU SITE

RAPPORT PRESENTE PAR ALAIN PROVOST

MINISTERE DE LA CULTURE ET DE LA COMMUNICATION DRAC BRETAGNE - SERVICE REGIONAL DE L'ARCHEOLOGIE

DEPARTEMENT DU MORBIHAN

COMMUNE DE PLOUHINEC

SIVOM DE PORT-LOUIS

t?ol

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Plouhinec (Morbihan) - Mané-Véchen

Villa gallo-romaine

Rapport de fouille programmée annuelle 2000 : évaluation du site

Siten° 56 169 001 AH

Autorisation n° 2000/004

Programme 020 : Espace rural, peuplement et productions agricoles aux époques gallo-

romaine, médiévale et moderne.

Responsable scientifique : Alain Provost, archéologue indépendant

Equipe professionnelle : Romuald Ferrette : fouille, enregistrement, inventaire du mobilier.

Remerciements :

MM. Deschamps, conservateur régional de l'Archéologie; Lecerf, conservateur du Patrimoine

au service régional de l'Archéologie ; Bardel, technicien au service régional de l'Archéologie.

Mmes Nicolas et Jablonsky, Direction générale de la Culture, des Affaires juridiques et des

Politiques départementales au Conseil général du Morbihan.

MM. Thomas, maire de Plouhinec ; Pahun, président du SIVOM de Port-Louis.

Mme Beauchet, maire-adjoint de Plouhinec

M. André, professeur d'Histoire, directeur des fouilles de Mané-Véchen de 1970 à 1978.

M. Le Goff, animateur du chantier Nature et Patrimoine du SIVOM de Port-Louis.

Cliché de couverture : Haut-relief en tuffeau représentant un « Cortège de Bacchus »

découvert lors de la campagne de fouilles 2000.

Opération réalisée avec le concours de l'Etat (Ministère de la Culture et de la

Communication), du Département du Morbihan, du SIVOM de Port-Louis et de la commune

de Plouhinec.

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Remerciements particuliers aux stagiaires et fouilleurs bénévoles :

Julien Boislève, maîtrise d'Archéologie (Rennes)

Hélène Courty, deug d'Histoire (Rouen)

Lénaïg Feret, maîtrise d'Archéologie (Lorient)

Arnaud Flici

Monique Folio, licence d'Histoire (Tours)

Nicolas Garcia, dess d'Archéologie (Dijon)

Nicole Gaudichon-Provost

Marie-Christine Hautbois, membre du CERAPAR

Brigitte Hureau

Véronique Jouault, professeur d'Histoire

Eloïse Krauze, maîtrise d'Archéologie (Lorient)

Antoine Le Boulaire, maîtrise d'Archéologie (Lorient)

Malorie Lefebvre, deug d'Histoire de l'art (Rouen)

Sylvia Linard, licence d'Archéologie (Brest)

Annie-Claude Loisel, membre du CERAPAR

Agathe Maury, deug d'Histoire et archéologie (Toulouse)

Patrice Musa, membre du CERAM

Grégory Nabat, Maîtrise d'Archéologie (Lorient)

Alan Pézennec, licence d'Histoire et archéologie (Lorient)

Claudine Provost

Julie Pszonak, Deug d'Histoire (Metz)

Stéphanie Revault, Deug d'Histoire (Rennes)

Alexandra Schilliger, Deug d'Histoire (Rennes)

Delphine Soldermann, deug d'Histoire et archéologie (Tours)

Sandrine Talvas, licence d'Histoire et archéologie (Lorient)

Magali Thomas, deug d'Histoire (Rennes)

Jean-Philippe Trellu, Arts et métiers (Nantes)

Rozenn Vassoille, deug d'Histoire (Rennes)

Marie Vigue, licence d'Histoire de l'art et archéologie (Agen)

Ariane Villemaux, licence d'Histoire et archéologie (Lorient)

ainsi qu'aux membres du chantier Nature et Patrimoine.

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Sommaire page

Introduction 1

1. Présentation du site 2

1.1. Le cadre naturel 2

1.2. L'environnement archéologique 2

1.3. Travaux antérieurs effectués sur le site 4

1.4. Principaux résultats des recherches antérieures 5

1.4.1. « bâtiment A » : habitat principal ? 5

1.4.2. « bâtiment B » :fanum ? 7

1.4.3. « bâtiment C » : les thermes 7

1.4.4. Les dépôts monétaires 8

1.5. L'opération d'évaluation 2000 10

1.5.1. Problématique générale et objectifs 10

1.5.2. Opérations préliminaires : débroussaillement et levé topographique 11

1.5.3. Stratégie de fouille 11

2. La fouille 13

2.1. Secteur 1 (aile nord) 13

2.1.1. Les niveaux apparents au décapage 13

2.1.2. Les murs 14

2.1.3. Stratigraphie de la zone A 15

2.1.4. Stratigraphie de la zone B 16

2.1.5. Stratigraphie de la zone C 18

2.1.6. Stratigraphie de la zone D 19

2.1.7. Niveaux et structures en marge des zones B et C et dans la cour 19

2.2. Secteur 2 (aile ouest) 21

2.2.1. Les niveaux apparents au décapage 21

2.2.2. Les murs 22

2.2.3. Stratigraphie de la zone A 24

2.2.4. Stratigraphie de la zone B 25

2.2.5. Stratigraphie de la zone C 28

2.2.6. Stratigraphie de la zone D 30

2.2.7. Stratigraphie de la zone E 31

2.2.8. Structuration et stratigraphie de la zone F 32

2.2.9. Stratigraphie de la zone G 34

2.2.10. Niveaux de la cour centrale 3 5

2.3. Secteur 3 (aile sud) 37

2.3.1. Les murs 37

2.3.2. Sols et niveaux dans l'emprise des fouilles anciennes 38

2.3.3. Tranchée nord 3 9

2.3.4. Tranchée sud 40

2.4. Observations complémentaires dans l'environnement du site 41

3. Synthèse des données 43

3.1. L'organisation de la villa 43

3.2. L'implantation de la villa 43

3.3. Structuration, phasage et identification des secteurs fouillés 44

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3.4. La construction 46

3.5. La datation 47

3.6. Le haut-relief et autres éléments à caractère religieux 48

3.7. L'état sanitaire du site 50

Conclusion 51

Bibliographie du site 52

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Introduction

Implantée dans un site naturel remarquable, au bord de la ria d'Etel, la villa gallo-

romaine de Mané-Véchen est connue pour la richesse du décor stuqué de l'une de ses salles :

figurations humaines et animales et surtout pour l'importance des dépôts monétaires qu'elle a

livré dans la décennie soixante-dix lors des fouilles dirigées par P. André : 22000 monnaies

cachées dans plusieurs vases enfouis sous le sol d'une petite cour intérieure.

Pour autant, ces fouilles n'ont abordé qu'une toute petite partie d'un site que l'on

pressentait important et qui s'inscrit dans la série des villas maritimes résidentielles connues

dans notre région sur les rives du Golfe du Morbihan et réparties sur l'ensemble des côtes de

l'empire romain, autour du Golfe de Naples et des golfes tunisiens pour ne citer que quelques

exemples.

La volonté des services de l'état et des collectivités territoriales et locales d'étudier et

de valoriser le site propriété de l'état depuis plus de 20 ans est à l'origine du programme

d'évaluation qui nous a été confié en l'an 2000. Ce programme avait trois axes principaux :

le nettoyage du site en voie de disparition sous la végétation, l'analyse du potentiel

scientifique et celle de l'état sanitaire des vestiges. A terme, en fonction des résultats, la villa

de Mané-Véchen était l'un des sites pressentis pour être fouillé et présenté au public dans le

cadre du XIIème plan Etat/Région.

1

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1. Présentation du site : cadre naturel, environnement archéologique, recherches

anciennes, objectifs et moyens de l'opération d'évaluation 2000

1.1. Le cadre naturel

La commune de Plouhinec appartient au pays de Lorient. Le littoral morbihanais se

caractérise par de grandes étendues sableuses, dunaires, échancrées par des golfes ramifiés

nés de la convergence du réseau fluvial et de l'affaissement du socle : le golfe du Morbihan, la rivière d'Auray, la ria d'Etel et la ria du Blavet.

La ria d'Etel qui baigne le site de Mané-Véchen est un bras de mer ramifié à l'extrême

faisant sentir loin dans les terres, jusqu'à 13 km, l'action des marées. Cette ria parsemée de

nombreux ilôts -la plus réputée des rias bretonnes- dessine des caps et promontoires enserrant

des criques modestes. C'est une ria dite en « bouteille », à l'embouchure étroite,

problématique pour la navigation à marée remontante (phénomène de la barre d'Etel). Elle

jouit d'un micro-climat qui se traduit par une grande douceur, des températures moyennes de

12 ° et un fort ensoleillement, malgré des vents assez forts.

Sur la rive occidentale de la ria, à 2 km de l'océan, le site de Mané-Véchen occupe un

modeste promontoire à l'altitude moyenne de 6 m, bordé au nord par l'anse de Roch-Veur et

au sud par celle du Gueldro-Marrec.

Au plan géologique, la région de Plouhinec appartient au complexe métamorphique

sud-morbihannais composé de gneiss granitoïdes et de granités aux faciès variés. Le substrat

du promontoire de Mané-Véchen est un granité tardimigmatique à muscovite, dit « granité de

Carnac » dont il constitue d'ailleurs l'extrémité occidentale du massif.

Ces granités, fortement diaclasés, sont impropres à la taille de blocs de gros appareil ;

en revanche ils sont constamment utilisés pour la confection de moellons. Des traces

d'extraction sont d'ailleurs visibles dans la falaise, dans les parois sud et est du promontoire.

Ces carrières sont indatables mais l'une d'elles, forcément postérieure à l'époque romaine, a

fortement entamé l'aile sud de la villa. Sans doute l'activité humaine est-elle à l'origine de

l'érosion de la partie orientale du site, autant que l'érosion marine dans la mesure où, depuis

l'antiquité, on estime à seulement 2 m la remontée du niveau de la mer autour du golfe du Morbihan \

Les formations superficielles n'ont qu'une faible épaisseur et, sur le promontoire, la

roche affleure fréquemment. L'horizon d'altération du substrat est recouvert par un sédiment

brun, à structure sableuse (arène) et limoneuse (limons provenant de l'altération du socle).

Ces sols ont favorisé le développement de la lande d'ajoncs, végétation présente sur le site

après que celui-ci ait cessé d'être voué au pâturage des bovins.

1.2. L'environnement archéologique (Figure 1)

Au néolithique, la région de Plouhinec prolonge, à l'ouest, le complexe mégalithique

sud-morbihannais. Les menhirs isolés ou groupés, reliques d'alignements, et les dolmens sont

particulièrement nombreux entre les rias du Blavet et d'Etel ainsi qu'à l'est de cette dernière,

sur le territoire de la commune de Belz contiguë à celle d'Erdeven.

1 Giot P.-R., Le niveau de la mer : changeant, fluctuant, mouvant... in A.M.A.R.A.I., 3, 1990, p. 5-16.

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L'Age du Bronze est largement représenté avec les tumulus de Belz et les dépôts métalliques de Belz et Riantec.

Marqueurs des nécropoles du second Age du Fer généralement à proximité des

habitats, les stèles funéraires parsèment le territoire à Nostang et Plouhinec où quelques

tombes à inhumation ont été découvertes anciennement. Les prospections aériennes des deux

dernières décennies ont révélé l'habitat rural sous la forme d'enclos fossoyés, attribuables,

pour un grand nombre, au second Age du Fer (Naas, 1999). Par ailleurs, deux éperons barrés

de cette période ont été identifiés sur des promontoires dominant la rive occidentale de la ria

d'Etel, l'un à Mané-er-Hoët en Merlevennez et l'autre au Vieux-Passage en Plouhinec. Ce

dernier, situé sur la même rive que Mané-Véchen, de l'autre côté de l'anse de Roch-Veur, a

fait l'objet, en 1939 d'une fouille conduite par une élève de M. Wheeler. Ces travaux ont mis

en évidence une occupation matérialisée par des vestiges d'habitat et du mobilier (céramique

et verroterie) caractéristique du 1° siècle av. J.-C.2. Le rempart en blocs de granité {inurus

gallicus ?) est toujours visible sur sa face externe, dans un état de conservation remarquable.

A l'endroit le plus resserré de la ria, ce retranchement contrôlait-il un point de franchissement

de la rivière ?3 Etait-ce un lieu d'échouage pour les bateaux remontant la rivière d'après

l'observation d'une interruption du rempart donnant sur une petite plage ( ?) (Naas, 1999).

Découpé par les profondes rias, le territoire du sud-morbihannais est constitué de

terroirs enclavés. La principale voie antique irriguant la cité des Vénétes -la voie littorale

Nantes-Quimper, via Vannes- passe près des fonds de rias, sur les premiers gués à la limite de

remontée des marées. Cette voie frôlait la dernière ramification de la ria d'Etel au Brangolo

en Landévant, à 14 km au nord du littoral. Près de Nostang, s'en détachait une voie

secondaire qui irriguait la région de Plouhinec. Le terminus de cette voie dont la chaussée

aurait été reconnue près de Riantec, se situe entre Port-Louis et Gâvres où de nombreux

vestiges romains sont signalés.

L'estran océanique de la presqu'île de Gâvres a livré au courant des XLXeme et XXeme

siècle, dans un secteur recouvert par les hautes mers, des substructions et plusieurs dépôts

monétaires datés du IIeme siècle, de la fin du nieme siècle et de la période constantinienne4. On

a parfois voulu identifier la zone de Gâvres/Port-Louis -où une amphore tardo-républicaine a

par ailleurs été découverte- au Vindana Portus de la géographie de Ptolémée. Si cette

identification reste sujette à caution, il n'en demeure pas moins que le site de Gâvres/ Port-

Louis, à l'embouchure du Blavet, pouvait être à vocation commerciale.

Les prospections récentes ont permis d'identifier une agglomération secondaire (une

modeste bourgade !) à proximité du premier gué de la ria d'Etel, sur le territoire de Nostang.

Peut-être s'agissait-il d'un point de rupture de charge à la jonction des itinéraires terrestre et

fluvio-maritime ; encore que le franchissement de la barre d'Etel devait singulièrement

limiter la navigation dans la ria. De tels sites de transbordement et d'acheminement des

marchandises semblent avoir été identifiés dans la cité des Vénètes notamment à Brech, sur la

rivière d'Auray et Pont-Scorff sur le Scorff (Naas, 1999).

2 Threipland L., Excavations in Brittany, spring 1939, ArcheologicalJournal, C, 1943, p. 128-149. 3 Un gué est-il envisageable à cet endroit, à marée basse, compte tenu du niveau inférieur d'environ 2 m ? Au

Moyen-Age, ce site au toponyme évocateur servit d'embarcadère pour la traversée du bras de mer (André et alii,

1973). 4 Découvertes effectuées à 4 reprises au moins : en 1766, en 1851 (un vase contenant 300 pièces dont Dioclétien

et Constantin), en 1864 (127 monnaies dont Gallien et Claude II), en 1902 (3 vases contenant 893 monnaies

antonines dans une proportion de 97%)

3

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Figure 1 : La ria d'Etel à l'époque romaine

1 : villa de Mané-Véchen ; 2 : autre villa ; 3 : « agglomération

secondaire » ; 4 : usine de salaisons ; 5 : autre gisement indé-

terminé ; 6 : voie principale ; 7 : voie secondaire.

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Le territoire autour de la ria d'Etel est parsemé de nombreux gisements de tegulae

mais il apparaît clairement que les rives de la ria ont fixé un habitat résidentiel de choix. On

en veut pour preuve un certain nombre de sites identifiés comme des villas par la

qualité des substructions et la présence d'éléments décoratifs significatifs. Outre Mané-

Véchen en Plouhinec, on peut citer Kerfrézec en Sainte-Hélène, Portanguen en Merlevenez,

Légevin en Nostang (monnaie d'or de Trajan) et vraisemblablement Kerguen et Saint-Cado à

Belz. D'autres sites de même envergure sont probables au regard de la toponymie (Maguero

et Magouer en Plouhinec, Magourin en Belz, etc..3

L'exploitation des ressources marines est attestée par la découverte, à Etel,

pratiquement en face de Mané-Véchen, dans la falaise de la rive orientale de la ria, des

vestiges d'une unité de production de salaisons de poissons ou de garum. Si l'exploitation du

sel dans les rias n'est pas formellement attestée pour l'époque romaine, elle est manifeste au

Moyen-Age où les possessions vouées à l'exploitation des marais-salants sont citées dans les

cartulaires des abbayes.

1.3. Travaux antérieurs effectués sur le site (Figure 2)

Des substructions antiques sont signalées à Mané-Véchen en 1929. Z. Le Rouzic et M

Jacq, conservateur du musée de Carnac, visitent le site peu avant la seconde guerre mondiale

et collectent, au bord de la falaise, des tuiles et un tuyau en plomb déposé au musée de

Carnac.

En 1966, G. Bernier conduit une fouille de sauvetage au bord de la falaise où

apparaissait un sol de béton menacé par l'érosion marine. Il dégage ce qui reste de la « salle

d'apparat » de l'habitat (« bâtiment A » du plan de P. André) et découvre les stucs moulurés

et figurés qui sont, pour partie, à l'origine de la réputation du site. Dans sa brève

communication, il indique qu'il a commencé le déblaiement d'une cour, en arrière de la

« salle d'apparat », qu'il y a découvert des monnaies des Ile et Iïïe s. ap. J.-C. et précise que

l'établissement paraît ruiné par un incendie (Bernier, 1967).

Un projet de lotissement privé concernant l'ensemble du promontoire -y compris

l'emprise du site archéologique- se précise à la fin des années soixante. Face à cette menace,

P. André exécute une série de sondages en 1970 et en 1971 sur le bâtiment partiellement

exploré par G. Bernier et sur une construction carrée (« bâtiment B » du plan de P. André)

émergeant de la lande à environ 45 m à l'ouest de l'habitat.

P. André fouille la cour intérieure (patio) et, pour partie, les salles au sot bétonné

disposées autour. L'auteur formule l'hypothèse du bâtiment principal de la villa organisé

autour d'une cour intérieure. La construction carrée de 7,20 m de côté, à l'écart de l'habitat,

est interprétée comme un fanum. (André et alii, 1970).

Lors de la campagne de 1970, un dépôt de 13750 monnaies réparties dans 2 vases est

découvert dans le sol de la cour. L'enfouissement est postérieur à 282. Ces 13750 monnaies

constituent les lots 2, 2 bis et 3 de l'étude de P. André (cf. ci-dessous). Cette découverte ne

sera rendue publique par la direction de la circonscription archéologique que 2 ans plus tard,

après l'acquisition du site en 1972 (Sanquer, 1973).

5 Des substructions importantes ont été signalées au Gueldro-Marrec en Plouhinec avec béton incrusté de galets,

enduits peints et tuiles rondes (Marsille, 1972). A notre avis il y a confusion avec le site de Mané-Véchen lequel

jouxte pratiquement le hameau du Gueldro-Marrec dont il n'est séparé que par une modeste crique. Au Gueldro-

Marrec, nous n'avons retrouvé ni vestige ni témoignage accréditant l'hypothèse d'un établissement distinct.

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PLOUHINEC

section ZR ° , ^0m

Cadastre 1998 - ■ 1

Figure 2 : Plan des vestiges à l'issue des recherches antérieures, sur fond cadastral (1998),

(d'après André P. et Bertrand R., 1974 et plan rectifié Couedel A. , géomètre-

expert, 1975).

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A l'été 1972, une nouvelle campagne de fouilles est conduite sur un édifice situé à 70

m environ à l'ouest du bâtiment principal, découvert lors du creusement d'une fosse et

menacé par la construction de la station d'épuration du lotissement privé. Partiellement

fouillé selon la méthode Wheeler, l'édifice est un petit bâtiment thermal d'environ 12 m sur 9

m (« bâtiment C » du plan de P. André).

Entre-temps, en 1972, l'état s'est rendu acquéreur d'une partie du site (un peu plus de

6000 m2) incluant les bâtiments A et B du plan de P. André, entre autre afin de régler la

question de la propriété du dépôt monétaire découvert en 1970 (officiellement annoncé en

1972)6

En 1974, P. André entreprend une nouvelle fouille de vérification dans le sol du patio.

Cette opération entraîne la découverte d'un nouveau dépôt monétaire (lot n°l de l'étude de P.

André) constitué d'une jarre contenant 629 monnaies enfouie à peu de distance des deux

précédentes mais à une profondeur moindre. L'enfouissement est daté de 259 ou 260

(Sanquer, 1975). Ce dépôt a été acquis par le musée de Bretagne.

A une centaine de mètres au sud, des engins de terrassement du lotissement privé

dégagent plusieurs éléments d'un « mur en grand appareil » (bâtiment D du plan de P. André).

Aucune action archéologique ne semble entreprise à l'occasion de cette découverte fortuite

(Sanquer, 1975).

L'épilogue des recherches antérieures se situe en 1978. En janvier de cette année là,

une fouille clandestine est exécutée suite à l'utilisation d'un détecteur de métaux dans la

banquette stratigraphique réservée sur le côté sud du patio de l'habitat principal. Au moins

7592 monnaies réparties dans 2 vases sont découvertes par les clandestins. Sous la menace de

poursuites, le dépôt est finalement récupéré ; il constitue le lot n° 4 . Un sondage est entrepris

par P. André et M. Clément afin de déterminer la nature et les conditions de l'enfouissement

datable de 259-260 (P. André, Rapport de fouilles 1978, Service régional de l'Archéologie de

Bretagne)1.

1.4. Les principaux résultats des recherches antérieures

1.4.1. « Bâtiment A » : habitat principal (?) (Figures 3, 4 et 5)

Le « bâtiment A » est interprété comme l'habitat de la villa. Il s'organise autour d'une

cour intérieure de 7,10 m par 4,60 m, une sorte de patio, bordée par 5 salles au sol bétonné

partiellement reconnues. Au nord et au sud, 2 larges ouvertures de 2,90 m font communiquer

la cour avec les salles adjacentes dont le béton de sol recouvre les seuils. Les murs du patio,

larges de 0,50 m, sont en petit appareil régulier jointoyé au fer reposant sur une semelle de

fondation débordante à l'intérieur. Les élévations conservent de 2 à 6 assises ; seul le mur

6 Cet état de fait est à l'origine de la procédure judiciaire au terme de laquelle l'ancienne propriétaire du terrain

obtint (mai 1974) la propriété pleine et entière du trésor découvert en 1970 (lots 2,2 bis et 3) ainsi que l'ensemble

du mobilier découvert en fouille. A cette occasion, un inventaire du mobilier des fouilles de 1970, 1971 et 1972, a

été réalisé par P. André. Toujours en 1972, sur instruction de la Sous-direction de l'Archéologie, l'ensemble de la

documentation de fouille a été transférée à Paris. 7 Ce dernier trésor a été déposé au Cabinet des médailles ainsi que l'ensemble de la documentation concernant la

totalité des dépôts monétaires. 8 L'exposé qui suit est renseigné par les diverses publications (cf. bibliographie du site), les rapports de fouille de

1974 et 1978 (déposés au Service régional de l'Archéologie) et les extraits des rapports des années 1970 et 1972,

remis par P. André, et déposé au service régional par nos soins.

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Légende du plan

Enfouissements monétaires du Mane-Vechen.

Pl. 1 : Plan de situation des trois lots..

Pl. 2 : Coupe au niveau de l'enfouissement selon A.B.

1 : sol vierge —. 2 : niveau d'occupation fin 11° S —. 3 : niveau d'occu-

pation fin 111= S —. 4 : tuiles et débris de toitures calcinés —. 5 - 6 :

couche d'effondrement —. 7 : moellons et terre compacte —. 8 :

humus et terre végétale.

Figure 3 : Plan du « bâtiment A » ; position topographique et stratigraphique

des dépôts monétaires (d'après André et Bertrand, 1974 et rapport de fouilles 1978).

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ouest présente un hiatus de récupération. Les murs étaient, par endroits, recouverts d'enduits

peints. La cour était à ciel ouvert : aucun débris de tuiles n'y a été retrouvé, si ce n'est à

proximité des seuils recouverts par une épaisse couche d'incendie. A proximité du mur est,

deux orifices ménagés sous le sol bétonné de la pièce voisine permettaient l'évacuation des

eaux pluviales de la cour. 2 niveaux d'occupation ont été mis en évidence :

- à - 0,24 m par rapport au niveau du sol bétonné de la salle nord, un pavage rudimentaire de

gros galets de granité arrondis, reposant sur le sol vierge et recouvert d'une couche noire qui a

livré 18 sesterces, le dernier frappé en 178 ap.9

- à - 0,15 m du même niveau de référence, couche d'occupation ayant livré des fragments

d'os, déchets de cuisine et coquillages, de menus éclats de verre fin et des tessons appartenant

à un vase caréné à pâte blanche et décor ondé sous le col. C'est sous ce niveau qu'ont été

découverts les dépôts monétaires (cf. ci-dessous).

La cour a été entièrement fouillée à l'exception d'une banquette stratigraphique

réservée côté nord 10 Le sol du meme siècle était recouvert par la couche de tuiles de toiture

calcinées qui s'interrompt à 1 m à l'intérieur de la cour. Au-dessus, 2 niveaux contigus, l'un

contenant des moellons et du mortier blanc dans une matrice de terre grise et l'autre des tuiles

fragmentées non calcinées, étaient remblayés par une couche de moellons et de terre

compacte recouverte par l'humus du sol actuel

Les sols de béton à granulat de galets de quartz des salles environnantes se situaient à

0,25 m au-dessus du niveau de la cour. La salle située à l'est de la cour, amputée aux trois-

quarts par le recul de la falaise et qui offrait une façade de 7,10 m sur la mer était la plus

luxueuse (salle d'apparat). Elle a livré des moulures plaquées sur le mur et des décors en stuc

aux motifs variés : représentations humaines, animales dont une panthère (figure 5) et

florales. Ces stucs qui conservent des traces de polychromie s'intégraient dans un décor de

fresques de couleurs rouge, bleu et jaune sur fond blanc. Les murs des autres salles entourant

la cour étaient revêtus de crépi blanc et d'enduits peints le plus souvent monochromes mais

où des bandes délimitent des panneaux ou dessinent des cercles concentriques. La

stratigraphie de la salle ouest révèle, sur le sol bétonné, une épaisse couche d'incendie de 15

cm d'épaisseur contenant de nombreuses plaques d'enduits peints mêlés à des fragments

d'argile 12 et des éléments de la toiture. Cette couche, non datée faute de vestiges mobiliers,

et vraisemblablement contemporaine de celle observée dans la cour, était recouverte d'une

épaisse couche de terre blanche. L'auteur de la fouille ajoute « Pas plus qu'ailleurs, nous

n'avons trouvé ici trace de l'effondrement d'un mur maçonné »

Dans la salle ouest, un aménagement tardif, daté du rv6"16 siècle14, se compose de piles

hautes de 0,39 m constituées de briques semi-rondes assemblées 2 par 2 sur 4 rang reposant

9 Un document dactylographié remis par l'auteur de la fouille fait état de 20 monnaies trouvées dans la cour, la

plus ancienne de Domitien et la plus récente de Marc-Aurèle. A noter, dans cet inventaire, l'usure des monnaies

les plus anciennes (Domitien, Trajan et Hadrien), dont les légendes sont généralement illisibles. 10 Cette banquette sera en partie détruite par la fouille clandestine ayant entraîné la découverte du dépôt monétaire

(lot n° 4) en 1978. 11 Renseignements tirés de la lecture de la planche ni du rapport de fouilles 1974. 12 Les moulures sont constituées de plusieurs couches de mortier chaux de plus en plus fin recouvertes d'un lait de

chaux. Les reliefs sont composées d'un noyau de mortier de tuileau disposé sur un mortier de chaux à sable

grossier et recouvert par un mortier de chaux à sable fin. Dans tous les fragments étudiés, les enduits adhéraient à

une couche d'argile montée sur baguettes de bois (Frizot, 1977).

Extrait du rapport de fouilles de 1970, p. 14. 14 Les éléments sur lesquels se fonde cette datation ne sont pas précisés (Extrait du rapport de fouilles de 1970,

p. 14).

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Figure 5 : Reliefs sruqués de la salle d'apparat du « bâtiment A ». A droite : « panthè

à gauche : tête d'enfant (cl. G. Chapuy).

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sur l'enduit écroulé ; leur horizontalité et leur équilibre étant assuré par un blocage grossier de fragments de tuiles.

En 1971 est publiée la découverte d'une balance en bronze pratiquement intacte

(figure 10) sans précision du lieu de trouvaille (André, 1971). On suppose, d'après la date de

publication que cet objet fut exhumé dans l'emprise du « bâtiment A ».

1.4.2. « Bâtiment B » : fanum ? (Figure 6)

Considéré comme un édifice indépendant, le « bâtiment B » est une construction

carrée de 7,20 m de côté, au centre duquel s'étend une aire de béton de tuileau de 4,50 m de

côté. Cette plate-forme centrale est délimitée par un muret de briques liées au mortier de

tuileau parementé à l'extérieur de moellons de granité liés au mortier de chaux. Entre ce

muret et le mur extérieur court un canal ou fossé de 0,28 m de largeur. Dans le mur ouest, une

ouverture primitive, de 1,40 m de large, a été obturée par une maçonnerie de moellons et de

briques plates ayant basculé à l'extérieur. Le béton de l'aire centrale présente une cavité

carrée de 0,60 m de côté située dans l'axe de l'ouverture, faisant penser au négatif d'un

socle. D'après le mobilier découvert uniquement dans les niveaux extérieurs aux abords de

l'édifice, celui-ci aurait connu deux phases d'occupation. La première est datée du neme siècle

par des tessons de sigillée de Gaule centrale et une monnaie de Marc-Aurèle « découverte à

0,65 m de profondeur ». La seconde, datée de la fin du meme siècle ou du Bas-Empire d'après

les 9 monnaies « d'inspiration barbare qui gisaient à un niveau supérieur » se caractérise par

une quantité impressionnante de fragments d'ossements animaux cassés ou sciés où les pièces de têtes sont absentes.

Par comparaison avec un édifice fouillé à Rieux par L Maître en 1887, l'auteur

présume15 que ce bâtiment devait être le fanum ou sacellum de la villa, dans sa phase

primitive d'occupation tout au moins. D'après les quantités d'ossements découverts, il admet

que l'édifice fut utilisé à une autre fin au IV° siècle ou dès la fin du HT3 siècle. D'autres

éléments sont vraisemblablement à l'origine de l'hypothèse du sanctuaire notamment la

découverte « à l'extérieur de la cella, à 1,50 m de l'angle nord-ouest, sous les tuiles, d'un

fragment de plomb long de 0,18 m, large de 0,08 m et épais de 0,05 m, façonné en forme d'os

par martelage, à l'intérieur duquel se trouvaient des fragments d'os pouvant correspondre à

un os plat humain de la jambe ». L'auteur pense qu'il s'agit vraisemblablement d'un ex-voto.

Il en est de même pour une plaque de plomb représentant un fragment de buste féminin. Une

patère en bronze fut enfin exhumée à 1,60 m de l'angle nord-ouest et à 0,35 m de profondeur.

Quoi que d'un type plus simple, elle est proche de la patère de Corseul conservée au musée

de Bretagne interprétée comme un instrument liturgique de libation (simpulum)16

1.4.3. « Bâtiment C » : les thermes (Figures 7, 8 et 9)

Les thermes découverts à une centaine de mètres à l'ouest de l'habitat, au point le plus

bas du site, en bordure du rivage de l'anse du Gueldro-Marrec, s'inscrivent dans un édifice

rectangulaire qui devait atteindre 12 m par 9 m. Il n'a été que partiellement fouillé du fait du

L'auteur reste cependant prudent eu égard à l'absence de preuve convaincante (André et Bertrand, 1974). Il

convient de remarquer que les auteurs qui ont suivi se sont montré -comme c'est bien souvent le cas- beaucoup

plus affirmatifs ! 16 Extraits du rapport de fouilles de 1970, non repris dans la publication de 1974. De l'aveu de P. André, les

conditions de découverte des ces objets sont obscures. Ces collectes seraient l'œuvre d'un élément

« incontrôlable » de l'équipe de fouilles, premier fouilleur du site !

7

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Figure 8 : Vue générale des thermes, prise de l'est (cl. G. Chapuy)

Figure 9 : La salle IV (tepidarium), vue prise du sud (cl. G. Chapuy).

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Figure 10: Balance en bronze (cl. G. Chapuy).

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refus du propriétaire d'autoriser la poursuite des fouilles. L'entrée est au nord et donne dans

une salle rectangulaire (I) d'environ 3,40 m x 2,50 m au sol en béton de tuileau et dont la base

des murs était lambrissée de dalles d'ardoise et de calcaire juxtaposées. De ce vestibule, on

accédait par une marche à une salle en contrebas (II) de plus de 4 m de long pour 2,80 m de

large, dont le sol était orné d'un magnifique dallage de schistes verts à grenats provenant de

l'île de Groix. Contigu au sud, le frigidarium (III) n'a pu être étudié. En façade sud, les pièces

TV et V sont des salles sur hypocauste à pilettes, respectivement le tepidarium, d'environ 2,50

m x 2,20 m et le caldarium. Elles étaient chauffées par un praefurniwn (VI) de 1,90 m de

long et 0, 65 m de large précédé par un espace rectangulaire de 2,60 m sur 1,20 m permettant

d'alimenter le foyer en combustible. Cet espace est attenant au vestibule, à l'ouest. Il s'agit

d'un édifice de plan classique que l'absence de mobilier ne permet pas de dater mais qui

cessa de fonctionner peut-être dès la fin du II0 siècle et servit de refuge occasionnel ou de

dépendance dans le courant du ni0 siècle, au regard de la présence d'une épaisse couche

d'abandon comportant des rejets de cuisine et un antonianus de la fin du lHeme siècle

(Tetricus ?). Le dallage comportait une plaque de schiste ardoisier sculptée, de 0,28 m x 0,26

m, dont les rainures latérales délimitent un panneau central orné d'un cercle à l'intérieur

duquel subsistent les lignes estompées d'une rosace 11.

1.4.4. Les dépôts monétaires

Découverte et conditions d'enfouissement (figure 3)

Les dépôts monétaires ont tous été découverts dans la cour intérieure de l'habitat

présumé (« bâtiment A »). La découverte s'est effectuée en 3 temps :

- en 1970 : 13750 monnaies réparties dans 2 vases et qui portent les n° de lots 2, 2 bis et 3. Le

lot n° 2 bis se rapporte à une bourse contenue dans le lot n° 2 ;

- en 1974 : 625 monnaies contenues dans un unique vase constituant le lot n° 1 eu égard à la

période d'enfouissement antérieure à celle des lots découverts en 1970 ;

- en 1978 : 7592 monnaies, découvertes par un clandestin utilisant un détecteur de métaux,

réparties dans 2 vases mais mélangées par l'inventeur avant la récupération du trésor par les

autorités. P. André a attribué à ce lot le n° 4.

Le lot n° 1 était contenu dans une cruche à 2 anses, à pâte blanche, couchée

horizontalement et soigneusement bouchée par une pierre enfoncée dans le goulot. Le vase,

calé par un blocage de pierres, était enfoui à une profondeur de 0,54 m (partie supérieure du

vase) par rapport au niveau de référence constitué par le sol du seuil permettant l'accès de la

cour vers la salle nord, soit à 0,40 m sous le sol du LTI0 siècle. D'après la coupe, la fosse (non

décrite) perforait le sol attribué au second siècle et le substrat granitique. La position de la

fosse est décalée d'environ 0,70 m vers l'angle nord-est par rapport au centre géométrique de

la cour.

Les lots n° 2 et 3 étaient enfouis exactement au centre la cour, à l'intersection des

diagonales, à une profondeur moindre que celle du lot 1, à environ 0,50 m (fond des 2 vases)

sous le niveau de référence. Les deux vases, des cruches à 1 ou 2 anses d'après la coupe,

étaient disposés debout, soigneusement calés par des pierres, et leur orifice recouvert d'un

fragment de tuile n'était qu'à 5 cm sous le niveau du nieme siècle.

La fouille de contrôle du sondage clandestin a permis de localiser l'enfouissement du

lot n°4 à l'emplacement de la banquette stratigraphique réservée, à environ 1,50 m du mur

La strate archéologique d'où provient cet élément n'est pas indiquée.

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bordant la cour au nord, pratiquement dans l'axe nord-sud de la cour. D'après la coupe, les 2

vases étaient positionnés à l'identique de ceux des lots n° 2 et 3 et à la même profondeur. Il

s'agit de jarres à anse unique pratiquement identiques.

Composition des lots

Le lot n° 1 comprend 625 antoniani. A l'exception des 2 exemplaires d'Elagabal et de

Julia Mamaea 18, les monnaies couvrent les 20 années qui vont du règne de Balbin à la fin du

règne commun de Valérien et Gallien (260). La répartition des espèces traduit une

thésaurisation régulière durant cette vingtaine d'années. Les numéraires de Gordien III (154),

de Philippe l'arabe (102) puis de Gallien (85) représentent plus de 50% du dépôt. L'atelier de

Rome fournit 79% du lot. 17 exemplaires proviennent de l'atelier de Viminacium ouvert en

251 et 110 de celui de Cologne ou fut transféré, en 257, l'atelier fonctionnant à Viminacium.

Les dernières monnaies sont des émissions commémoratives de Valérien II à la légende DIVO

VALERIANO CAES, frappées à Cologne en 258-260 et contemporaines des monnaies au type

VICT GERMANICA frappées par Gallien. L'absence des numéraires à l'effigie de Postume

lequel frappe ses premières monnaies à Cologne au printemps 260, incite l'auteur à dater la

fin de l'alimentation du dépôt des années 259-260.

Le lot n° 2 comprend 9063 monnaies y compris les 18 deniers du lot n° 2 bis contenus

dans une « bourse » faite de « feuilles roulées » 19 qui avait été déposée en partie supérieure

du vase. Ces 18 deniers, tous différents, constituant un petit pécule distinct, ont été frappés

entre 81 et 184. Le plus ancien est un numéraire de Domitien et les 2 plus tardifs sont de

Commode. Les monnaies à l'effigie de Marc-Aurèle et de Faustine, son épouse, constituent

50% du lot.

Les 9045 monnaies libres se répartissent de la manière suivante: 115 monnaies

oxydées non identifiées, 150 derniers de Vespasien à Gordien III dont les deux tiers frappés

par les empereurs de la dynastie des Sévères et 8895 antoniani (aucune frappe locale) où les

émissions de Gallien (3016) et de Postume (2682) sont largement dominantes. A l'exception

d'un Elagabal, la série commence à Gordien m pour s'arrêter à Probus (152 monnaies)

Le lot n° 3 comprend 4687 antoniani, de Gordien III à Aurélien avec des proportions

des différents empereurs comparables à celles du lot n° 2 (Gallien : 1848 ; Postume : 1360).

Tant la composition -remarquons toutefois l'absence des deniers dans le lot n° 3- que

les conditions d'enfouissement ont incité l'auteur à réunir les lots n° 2 et 3 pour former un

unique dépôt qui a cessé d'être alimenté vers 280.

Le lot n° 4 n'a pas, à notre connaissance, fait l'objet d'une quelconque étude ; en tout

cas, aucune publication même sommaire n'en a résulté. Des premières observations de P.

André, il ressort que les 7592 monnaies récupérées comprennent des deniers et des

antoniniani ; « un premier regard montre une analogie évidente avec les lots 2 et 3. Même

18 (André, 1975b) mais Julia Maesa au lieu de Julia Mammaea dans l'annexe 1 de l'autre publication (André,

1975a). 19 II s'agirait d'un papyrus épigraphe conservé au Cabinet des médailles (alors que l'ensemble des monnaies des

lots 2 et 2 bis ont été remises à l'ancien propriétaire du terrain) selon une information orale transmise par P.-A.

Besombes (Cabinet des Médailles) via le CRA de Bretagne.

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type de récipient, même faciès du dépôt... On peut donc imaginer une fin de thésaurisation

contemporaine de celle des lots 2 et 3, soit vers 280-82 après J.-C. »

Conclusions de l'auteur

Pour P. André, ces dépôts ne peuvent résulter d'enfouissements précipités. Au

contraire, ils résulteraient d'une thésaurisation progressive aboutissant à l'épargne d'une très

importante masse monétaire. En quelque sorte, ils constitueraient le coffre-fort régulièrement

alimenté de la villa. Confier ses économies à la terre, en lieu sur, si l'on choisissait de ne pas

investir, était une pratique courante dans l'antiquité, recommandée par Sénèque.

A l'appui de cette hypothèse, les arguments ne manquent pas. En premier, le lieu et les

conditions d'enfouissement. Le sol non bétonné de la cour en facilitait l'accès ; le lieu était

discret, à l'abri car clos par les salles adjacentes, et aisé à surveiller depuis ces salles. Les lots

2 et 3 étaient par ailleurs exactement au centre de la cour, ce qui ne peut être fortuit, « un défi

à ceux qui cherchent les trésors dans les coins de murs ». En second, il convient de remarquer

le soin apporté à l'enfouissement des vases, soigneusement calés et munis de bouchons. La

composition des lots irait dans le même sens, notamment le choix des espèces thésaurisées

(deniers et antoniani) où les frappes locales des empereurs gaulois sont très rares au sein des

émissions officielles.

Tous lots confondus, les trois-cinquièmes des espèces sont composés de monnaies

allant de Gordien El à Postume, avec un maximum sous Gallien et Postume. Après 270, la

thésaurisation s'est considérablement ralentie : après cette date, les apports sont très faibles.

L'auteur distingue deux 2 dépôts : le lot n° 1 dont la thésaurisation s'arrête en 259/260 et

l'ensemble des lots 2, 3 et 4 dont l'alimentation s'est poursuivie pendant encore 20 années. La

lecture du papyrus dans lequel étaient conditionnés les deniers du lot n° 2 bis - si celle-ci

s'avérait possible- pourrait être du plus haut intérêt et révéler, peut-être, la provenance des

fonds ( ?).

Les économies n'ont pourtant pas été récupérées par leur propriétaire. Celui-ci aurait-

il disparu ou été remplacé par de nouveaux occupants ? P. André note que la fin de la

thésaurisation correspond à une nette dégradation des conditions de vie sur le domaine

matérialisée par des changements d'affectation des édifices (thermes utilisés comme

dépendances ou lieux de dépotoir) par des « bricolages », dans l'habitat postérieurement à un

incendie ( ?) et dans le « fanum », et par les rejets de déchets culinaires à même les bâtiments

ou dans leur environnement immédiat.

1.5. L'opération d'évaluation 2000

1.5.1. Problématique générale et objectifs

Par sa situation côtière, jouissant d'un superbe panorama sur l'une des plus belles rias

de Bretagne, la villa de Mané-Véchen s'inscrit, de toute évidence, dans la série des villae

maritimae recensées autour du golfe du Morbihan surtout, notamment Kerhan et Le Lodo en

Arradon, Le Hézo, Légénèse à Carnac et dont la densité nous semble forte autour de la ria

d'Etel. Si quelques-unes ont fait l'objet de fouilles plus ou moins poussées à la fin du XLX61116

siècle ou au début du XXeme, force est de constater le total délaissement de cette catégorie de

site depuis 70 ans.

Rapport de fouilles, 1978. Le dépôt serait conservé au Cabinet des médailles.

10

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Outre leur position littorale, ces villas présentent des caractéristiques communes : le

plan et l'organisation qui tranchent avec ceux des villas de l'intérieur, la richesse de la

décoration alliant les marbres, les pierres marbrières et les stucs, et la présence d'éléments architecturaux.

De tels établissements laissent supposer des revenus issus du commerce ou de la

production et de la commercialisation de biens à forte valeur ajoutée tels que le sel, les

salaisons de poissons ou le garum, activités attestées dans les rias du Blavet et d'Etel.

Le projet de recherches 2000 s'entend comme une opération d'évaluation du potentiel

scientifique et de l'état sanitaire du site dans les limites de la parcelle acquise par l'Etat en

1972, dans l'optique d'un futur programme de recherches et de mise en valeur touristique. Le

site de Mané-Véchen est l'un des candidats susceptibles d'être retenu dans le cadre du contrat

de plan Etat - Région, lequel impose 3 conditions : la maîtrise foncière, l'intérêt scientifique et le potentiel de valorisation.

La reconnaissance, au moyen de tranchées et de sondages, de l'emprise du site, de

l'organisation générale, de la stratigraphie et de l'état de conservation des structures en étaient les objectifs précis.

1.5.2. Opérations préliminaires : débroussaillement et levé topographique

Une végétation de lande d'ajoncs de 2,50 m de hauteur occupait la parcelle. Une

opération de débroussaillement intégral au ras du sol a été mise en place à l'hiver et achevée

fin mars. Sous la direction de Yann le Goff et sous le contrôle de J.-P. Bardel du SRA

Bretagne, cette opération, réalisée par le chantier d'insertion Nature et patrimoine du SIVOM

de Port-Louis, a permis de visualiser la surface du site et de mettre en évidence des micro-

reliefs d'autant plus significatifs qu'ils étaient corrélés à la présence de gravats antiques

pointant de l'humus : moellons, mortier détritique, fragments de tuiles, enduits et quelques tessons de céramique.

En conséquence, une topographie détaillée du site s'imposait. Cette opération a été

prise en charge par les étudiants en stage diplômant du département génie civil de l'IUT de

Rennes, sous la direction de L. Martel, dans le cadre d'une convention plus générale passée entre cet institut et le SRA.

La lecture du plan topographique (Figure 11) réalisé en mai s'est révélée fort

instructive, influant grandement sur la stratégie de fouille. Les reliefs (figure ) dessinent un

vaste U enserrant une dépression centrale ouverte sur la ria. La dénivelée entre le centre de la

dépression à la cote moyenne 4,50 et les reliefs l'environnant sur les côtés sud et ouest (à la

cote maximale 6,00), et nord (6,50) s'établit entre 1,50 et 2 m. Le relief sud prolonge le

« bâtiment A » du plan de P. André et le « bâtiment C » s'inscrit dans le relief occidental.

Cet aspect de la surface laissait augurer, à priori, des élévations conséquentes pouvant

atteindre 1 m. On verra, à la lecture de la seconde partie, qu'il convient de tempérer fortement cette appréciation.

1.5.3 Stratégie de fouille : tranchées de reconnaissance et sondages élargis (Figure 12)

Par rapport au projet initial, l'implantation des tranchées de reconnaissance a été

revue à la lumière du plan topographique. 3 tranchées avaient été prévues à la perpendiculaire

du « bâtiment A », au sud, au nord et à l'ouest en direction du « bâtiment C ». Les 3 tranchées

ont été réalisées en travers des 3 ailes supposées. Les tranchées non destructives, stoppées au

n

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niveau des couches archéologiques supérieures, larges de 1 m et longues de 36 m pour les

tranchées nord et ouest, et de 23 m pour la tranchée nord, de part et d'autre du « bâtiment A »,

ont fait l'objet d'un nettoyage manuel précis et ont permis de valider l'hypothèse d'une

organisation générale de l'édifice autour d'une cour centrale, et de cerner l'emprise du bâti.

Dans un deuxième temps, à partir des tranchées, nous avons procédé à l'ouverture de

fenêtres de décapage de 14 m x 5 m sur la branche nord (secteur 1) et de 27 m x 4 m sur la

branche ouest, à jouxter le « bâtiment B » (secteur 2). Ces fenêtres ont fait l'objet d'un

décapage manuel qui a permis de détecter, au sein des remblais de démolition, la surface d'arasement des murs.

Dans un troisième temps, nous avons conduit des sondages jusqu'au substrat, sur la

moitié de la surface de chacune des fenêtres, de manière à dresser le profil en travers de

chaque branche. Sur la branche ouest, une tranchée complémentaire de 6 m de long a été

exécutée au sud du « bâtiment B » afin d'analyser l'emprise de celui-ci et ses abords, en un

point où le sol actuel accuse une forte dénivellation.

Au niveau du « bâtiment A », les travaux se sont résumés à la fouille des tranchées

exécutées de part et d'autre et au nettoyage de la fouille ancienne et des excavations dues aux

clandestins afin d'examiner la stratigraphie des banquettes et de vérifier le potentiel

archéologique subsistant dans la cour intérieure (secteur 3).

Des observations de surface, sur l'éperon, en paroi de la falaise et sur la grève,

complètent le dispositif d'évaluation. Elles ont donné lieu à un simple enregistrement photographique.

Les données ont été enregistrées sur fiches « archéodata » et fiches photographiques.

Des plans et coupes au 1/20 des 2 fenêtres fouillées ont été réalisés ainsi que le plan général

des structures au 1/100 levé au théodolite électronique à distance-mètre. Ce plan a ensuite été calé sur le plan topographique réalisé par l'IUT.

A l'issue de la fouille, des bâches ont été mises en place provisoirement, en l'attente d'une décision concernant le devenir du site.

L'opération de terrain a duré 4 semaines, du 7 août au 2 septembre, avec 2

professionnels, 18 étudiants stagiaires et bénévoles et 5 personnes de l'équipe du chantier

d'insertion, en prolongement de la campagne de débroussaillement. La post-fouille d'une

durée de 1 mois (1 professionnel + 1 céramologue sur 5 journées) s'est déroulée sur septembre et octobre.

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Figure 12 : Plan général des vestiges reportés sur le fond topographique,

à l'issue de l'opération de fouilles 2000, d'après le levé au 1/100.

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2. La fouille

2.1. Secteur 1 : aile nord (Figures 13 - 17)

La surface décapée (tranchée de reconnaissance + fenêtre élargie) atteint 106 m2 et la

surface fouillée jusqu'au substrat 45 m2. La moitié de la fenêtre de 14 m x 5 m a été fouillée

jusqu'au sol initial et, plus ponctuellement, jusqu'au substrat de manière à dresser le profil

stratigraphique de l'aile nord. Les perturbations affectant les murs et niveaux apparaissant au

décapage ont été systématiquement vidées.

Les arases des murs de direction ouest-est apparus au décapage délimitent les zones

suivantes, du nord au sud : zone A au nord du mur 101, zone B entre les murs 101 et 104,

zone C entre les murs 104 et 106 et zone D au sud du mur 106.

2.1.1. Les niveaux apparents au décapage

Zone A :

-us 112 : surface hétérogène à éclats de granité, arène, nodules de mortier et éclats de tuiles

(rares) dans une matrice de terre sableuse brun-clair.

Zone B :

-us 109 : nappe compacte de pierres et moellons cubiques de granité, occupant la totalité de la

surface à l'exception d'une bande perturbée à l'ouest (us 107) ;

-us 124 : même horizon que 109 mais avec mortier détritique dans les interstices des pierres,

limité à l'aplomb du mur 101 ;

-us 116 : terre grise, humifère, à éclats de tuiles et mortier détritique, en comblement de la

perturbation 117.

Zone C :

-us 110 : nappe de pierres et moellons, de même aspect que us 109, limitée à la partie ouest

de la zone ; un outil tranchant en fer (peut-être pour le travail du cuir) a été découvert en

surface.

-us 114 : dense nappe de tuiles fragmentées en partie centrale de la zone et se prolongeant

sous Lus 110 ;

-us 120 : amas dense d'ossements animaux en partie est de la zone et se prolongeant sous l'us

114 et en interférence.

Zone D :

-us 111 : nappe de pierres et moellons de même aspect que us 109 et 110, en limite ouest de

la zone ;

-us 115 : nappe dense de grands fragments de tuiles en partie centrale et se prolongeant sous

l'us 111;

-substrat affleurant sous l'humus en partie est.

Du nord vers le sud et surtout d'ouest en est, l'arasement est progressivement plus

important et se traduit par l'écrêtement en sifflet des remblais de démolition laissant

apparaître, en zone C, un niveau d'épandage d'ossements animaux et, en zone D, le substrat.

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2.1.2. Les murs

-us 101 : mur est-ouest, de 1 m de largeur. Il présente, face sud, 2 niches aménagées dans son

épaisseur, de 1,20 m de large (4 pieds) pour 0,60 m de profondeur (2 pieds) et 0,20 m de

hauteur conservée, dont le fond est à la cote 5,80 (figure 19). Les niches sont séparées par des

plots de maçonnerie (us 102, 103 et 121) qui avaient été pris, à l'issue du décapage, pour des

contreforts internes (!). Le mur est directement fondé sur le rocher et non ancré dedans, par le

biais d'un lit de mortier d'épaisseur variable (5 cm en moyenne), fonction de l'irrégularité du

rocher (cotes mesurées : 5,48 et 5,43). Sur ce lit est disposée une assise de gros blocs de

granité grossièrement équarris liés au mortier qui sert de base aux assises parementées en

petit appareil de granité plus ou moins régulier (1 assise au niveau des niches ; 2 à 3 assises

entre les niches et côté nord) (figure 18). Le liant est un mortier de chaux de couleur blanche

et le blocage, apparemment non lité, est réalisé au moyen de pierrailles de granité. En limite

ouest du sondage, le mur a été récupéré jusqu'au lit de fondation. La tranchée de récupération

(us 117) a été remblayée par l'us 116 (cf. 2.1.1.), couche qui a livré 1 tesson de sigillée de Gaule centrale de la phase VTI.

Aucune trace d'une quelconque enduction pariétale n'a été observée sur les parements ; il en

est de même pour les parois des niches et le fond réalisé par un lissage sommaire du mortier fortement dégradé (us 139).

-us 151 : mur nord-sud, récupéré en quasi totalité (us 117) ce qui laisse apparaître la roche

diaclasée sur lequel il était fondé (cote 5,67) et sur laquelle subsistent quelques plaques de

mortier du lit de pose du mur. D'une largeur de 0,60 m (2 pieds), ce mur est lié au mur 101,

ce que montrent la continuité du lit de pose et l'identité des mortiers (figure 20).

-us 104 : mur parallèle au mur 101, de 0,60 m de largeur (2 pieds), dont la maçonnerie

présente d'importants hiatus, à l'ouest et en partie médiane où la roche apparaît aux cotes

respectives 5,48 et 5,21. En partie est, subsistent le lit de pose à la cote 5,21, l'assise

inférieure de gros blocs et quelques moellons (cote 5,47). A l'ouest, au contact du mur

107/108, ne sont conservés que 3 moellons de 2 assises du parement sud enduites d'un

mortier jaunâtre, lissé à l'épidémie mais sans trace de peinture. L'aspect du substrat laisse supposer la liaison des murs 104 et 151 (figure 21).

-us 106 : mur parallèle aux murs 101 et 104, de 0,50 m de largeur (2 pieds), qui présente des

hiatus en partie médiane et à l'est où la roche affleure aux cotes 5,23 et 4,93. Il conserve, au

mieux, 2 assises parementées sur un lit de mortier étalé sur la roche. Face nord, au contact des

murs 107 et 108, subsiste un enduit pariétal de même nature que celui du mur 104. Au niveau

du hiatus de la partie médiane, subsistent, dans un creux du rocher, 5 fragment d'imbrices

dont 3 en parement sud. L'hypothèse d'un seuil, à cet endroit, n'est pas à exclure (figure 23).

-us 105 : mur nord-sud, de 0,45 m de largeur (1 coudée), fondé sur le rocher. En partie nord, 2

assises de moellons liés par un mortier blanc sont conservées sur une assise inférieure de

blocs de granité. Ce mur s'appuie contre le parement du mur 104. A l'opposé, l'arasement au

niveau du substrat ne permet pas de visualiser sa connexion avec le mur 106 mais il ne peut

se prolonger au-delà, compte tenu de la présence de l'us 115 (cf. 2.1.6.). La face orientale du

mur conserve quelques restes d'un enduit pariétal au mortier jaunâtre (figure 21).

-us 107 : mur parallèle à 105 et de même largeur. Posé sur le rocher ou sur le sol de la zone C

(us 131, cf. 2.1.5.), il conserve 2 assises de moellons de module irrégulier (cotes d'arase : 5,34

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et 5,41) et s'appuie contre l'enduit pariétal du mur 104 au nord et contre celui du mur 106 au

sud. Sa face orientale présente, par places, une enduction de mortier jaunâtre, sans trace de

peinture (figure 22). Un demi-sesterce de CRISPINA AUGUSTA a été découvert sous le

parement du mur.

-us 108 : accolé contre la face ouest du mur 107, mur de 0,35 m de largeur qui présente la

particularité de n'être parementé qu'en face ouest. Un blocage rempli intégralement l'espace

compris entre ce parement et le mur 107. Il s'appuie également contre l'enduction des murs

104 et 106. Son parement conserve un enduit de même facture que l'enduit des murs 107 et

105 (figure 22).

Ces murs appartiennent à 2 états du bâtiment.

Les murs 101, 104, 106 et 151 fondent le premier état. 101, 104 et 151, délimitent une

salle de 5,05 m de largeur nord sud (17 pieds) pour plus de 4,80 m dans le sens ouest-est. Une

seconde salle s'amorce à l'ouest du mur 151. Les murs 104 et 106 délimitent un espace de

2,95 m de large (10 pieds) pour une longueur supérieure à 5,30 m. Cet espace s'apparente à

une galerie bordant la cour centrale, en façade d'une enfilade de salles qui pourrait constituer

le corps principal de l'aile nord de la villa.

Le deuxième état est caractérisé par la division de l'espace apparenté à une galerie.

Les cloisons 105 et 107 délimitent une pièce de 3,15 m sur 2,95 m et 2 autres pièces

s'amorcent, de part et d'autre. D'après la monnaie découverte sous le mur 107, ce deuxième

état est postérieur à 180 ap. J.-C, date d'élévation de CRISPINA, épouse de COMMODE, au

rang d'AUGUSTA.

La cloison 107 est doublée, à l'ouest, par le mur 108. Il ne semble pas qu'il s'agisse

d'un troisième état mais plutôt d'un renforcement de la cloison primitive, qui intervînt peut-

être durant la construction de cette dernière, laquelle aurait pu s'effondrer, ce qui serait

attesté, au nord, par l'absence de nette séparation entre les 2 structures et le lit de mortier

commun aux 2 murs au niveau d'arasement. On notera, par ailleurs, l'absence d'enduction sur

le parement ouest du mur 107, ce qui sous-entend l'absence de finition de celui-ci ; mais on

peut aussi admettre que cet enduit avait été gratté.

2.1.3. Stratigraphie de la zone A

Fouille de la moitié orientale de la zone ; on observe, de haut en bas :

-us 112 (cf. 2.1.1.), couche de 5 cm d'épaisseur ;

Mobilier 21 : Ccst : 17 ; Ccc : 2 ; Vr : 2 ; Fer : 5 clous ; Coquillages : 10.

-us 143, sous us 112 : éclats, pierrailles et blocs de granité dans une matrice d'arène (ép. 10

cm) ;

Mobilier : Ts : 3 dont Curie 21 et D. 18/31 de Gaule centrale, phase VTI ; Cm : 1 à engobe

noir, brillant ; Ccst : 23 ; Ccc :1 ; Vr : 1.

-us 118, sous us 143, limitée à une plage contre le mur 101, en limite orientale : petits

fragments de tuiles erratiques dans un sédiment sableux, gris ;

Abréviations utilisées pour le mobilier: Ts : céramique sigillée ; Cm : céramique métallescente ; Ccst :

céramique commune sombre tournée ; Ccsnt : céramique commune sombre non tournée ; Ccc : céramique

commune claire ; Vr : verre, récipient. Le dénombrement indique le nombre minimum de restes.

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Mobilier : Ccst : 21 ; Ccc : 1 ; Coquillages : 20 .

-us 146, sous us 143 et 118 : sédiment sablo-limoneux brun, à pierrailles de granité erratiques,

mortier détritique et rares fragments de tuiles (ép. 5 à 15 cm), reposant sur le substrat ;

Mobilier : Ts :1 D. 37 de Gaule centrale, phase VI-VII ; Cm : 1 coupe D.40 ( ?) ; Ccst :15 ;

Ccc :1 ; Vr : ; Bronze :1 bouton ; Oss. Animaux .3 ; Coquillages :12 .

Le substrat présente l'aspect du rocher franc et diaclasé près du mur 101, à la cote

5,62. Vers le nord, sa surface est arénisée avec des interstices comblés par un sédiment brun-

clair sablo-limoneux, à la cote 5,75, qui s'apparente à un paléosol résiduel (figure 18). Les us

146 et 118 s'apparentent à un niveau de travail polluant le paléosol. L'us 143, sans sédiment

susceptible d'appartenir au paléosol, s'apparente également à un niveau de travail mais il peut

s'agir d'un remblai faisant office de sol extérieur sans trace de circulation. L'us 112, niveau

supérieur, semble être une recharge, peut-être consécutive à des reprises de construction

compte tenu des éléments qui la composent. D'après la stratigraphie, la zone A est extérieure

au bâtiment. L'absence de tout niveau de démolition indique que le sol extérieur en phase

finale d'occupation était à un niveau égal à la surface d'arasement ( aux cotes 5,92 et 5,98)

voire supérieur. Les céramiques recueillies dans le niveau inférieur indiquent le milieu du

neme siècle, au plus tôt, pour la construction de l'édifice contigu.

2.1.4. Stratigraphie de la zone B

Fouille de la partie orientale jusqu'au sol initial complétée par 2 sondages au substrat le long de la coupe ouest ; on observe :

-us 109/124 : (cf. 2.1.1.). Dans ce niveau dont l'épaisseur varie du nord au sud entre 0,50 m et

0,15 m, les moellons calibrés concurrencent les pierres de granité tout venant et les tuiles sont

pratiquement absentes. La couche est dense, sans interstices importants et sa base est en

interférence avec le niveau sous-jacent (us 119). Le faciès 124, caractérisé par la présence,

entre les blocs, de mortier de liant détritique, n'est présent qu'à l'aplomb du mur 101 et remblaie les niches.

Mobilier : Ccst : 10 (collages avec des tessons de l'us 119) ; Ccsnt : 10 fragments d'un bol à collerette présent en 119 ; Ccc : 37.

-us 119 : sédiment sableux noir (cendres), taché de nodules de mortier détritique notamment

sous l'us 124, d'une épaisseur de 10 à 20 cm, arasé dans l'angle sud-est ;

Mobilier : Ts : 3 dont D.37 de Gaule centrale, phase VI-VII ; Cm : 15 tessons d'un gobelet

Niederbieder 33 (probablement de Trêves) à décor de barbotine blanche (Iïïeme siècle) ; Ccst :

87 ; Ccsnt : 21 appartenant à un bol à collerette; Ccc : 70; Vr : 6; Bronze : 1 épingle ou

ardillon de grande fibule penannulaire; Fer : 350 dont couteau à soie, serpette (fragments),

clous de semelle, clous de charpenterie et très nombreux débris de tôles, de tiges, et de petites

masses ; Scories de forge : 13 ; Oss. Animaux : 179; Coquillages : 10; Monnaies : 4 dont 1 antoninianus et 3 imitations de Tetricus ;

-us 140 : sous us 119, niveau homogène de pierres de granité dans un sédiment de terre brune

sablo-limoneuse tassé, en légère déclivité du nord au sud (cotes respectives 5,42 et 5,33) mais

globalement plan. D'une épaisseur moyenne de 0,10 m, il repose directement sur le substrat

rocheux diaclasé et irrégulier, en léger pendage nord-sud, aux cotes 5,21, 5,30 et 5,37. Ce

niveau présente des recharges et des creusements (figure 24) :

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-us 137, recharge sur Tus 140 : couche de petits galets et graviers dans un maigre mortier de

chaux, de 2 à 4 cm d'épaisseur, limitée à 2 modestes plages, l'une au niveau de la coupe ouest

contre le mur 101 et l'autre en limite orientale du sondage, à la cote 5,37. Ailleurs, ce niveau

ne subsiste qu'à l'état de traces (le plus souvent quelques petits galets).

-us 123, sur us 140 : plot de maçonnerie de petites pierres de granité liées à la chaux, très

dégradé, de 0,40 m x 0,30 m x 0,08 m, à proximité du mur 104 (cote d'arase : 5,32). Le bord

occidental de cette structure était délimité par 2 dallettes de schiste vert, disposées

verticalement, disparues très rapidement par vandalisme !

-us 135 : fosse ovalaire de 1,20 m x 0,80 m, profonde de 0,20 m, à profil en cuvette, dont le

fond recoupe le substrat.

Son comblement (us 145) se compose d'un sédiment fin, sableux et très cendreux (identique

à 119), enrobant des pierres de granité altéré et des fragments de tuiles calcinées ;

Mobilier : Ccst : 3; Ccsnt : 7 fragments du bol à collerette recueilli en 119; Ccc : 8 ; Fer : 27,

clous, et débris de tôle et petites masses.

-us 136 : fosse jumelle de la précédente, de 1,20 m x 0,80 m, profonde de 0,30 m, à profil en

cuvette, dont le fond recoupe le substrat.

Son comblement (us 144) se compose des mêmes éléments que 146, avec un gros bloc de

granité ;

Mobilier : Ccst : 2; Fer : 148, clous et nombreux débris de tôle, de tige et petites masses ainsi

que des scories de forge.

-us 138 : petite fosse carrée, à parois raides, de 0,30 m de côté pour 0,15 m de profondeur

Son comblement (us 134) se compose des mêmes éléments que 119 ;

Mobilier : Fer : 14 débris.

Le substrat rocheux présente globalement un léger dénivelé nord-sud. La coupe ouest

(figure 15) montre qu'en réalité son épiderme est plus ou moins irrégulier et qu'il n'a pas fait

l'objet de terrassement en vue d'obtenir une surface plane. L'us 140 constitue le sol de la

salle délimitée par les murs 101, 151 et 104. Il s'agit d'un radier réalisé à l'aide de pierrailles

de granité tassées dans un sédiment de même texture et couleur que le sédiment du paléosol

et qui doit être le paléosol résiduel. L'us 137 constitue l'épiderme du sol : soit celui-ci

couvrait l'ensemble de la salle et a été érodé, soit il s'agit d'un régalage ponctuel. Les

creusements 135 et 136 sont comblés par le sédiment de l'us 119; les mobiliers sont

identiques avec des collages inter us. L'épaisse couche 119 est une couche

d'occupation/abandon, contenant des céramiques importées typiques du nfme siècle et des

monnaies frappées durant le dernier quart du meme siècle. La profusion de débris de fer (tôles,

tiges, petites masses) parmi les clous, éléments de quincaillerie et outils fragmentés, et la

nature du sédiment très cendreux, désignent une forge à proximité immédiate ou dans cette

salle. Le creusement géométrique (usl38) pourrait être un négatif de support d'enclume ( ?).

Cette forge, dont les fourneaux seraient situés hors de la partie fouillée, aurait fonctionné au

moins lors de la phase finale de l'occupation de cette salle dont l'abandon est à situer dans le

dernier quart du 111° siècle. La salle est remblayée par l'épaisse couche de démolition de l'us

119/124 où l'absence d'ordonnancement exclut toute hypothèse de mur basculé. Deux

remarques s'imposent : l'absence, dans cette couche, de toute trace d'enduit pariétal et la

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quasi absence de fragments de tuiles laissant supposer une récupération de la toiture ou un

rebut hors zone.

2.1.5. Stratigraphie de la zone C

Dans cette zone fouillée en partie ouest où le potentiel stratigraphique apparaissait

plus important, on observe de haut en bas :

-us 110 : (cf. 2.1.1.) de 0,20 m d'épaisseur maximale dans l'angle sud-ouest ; Aucune trace de

liant ne subsiste entre les pierres et les moellons ;

Mobilier : à l'interface des us 110 et 114 : 2 monnaies, imitations de Tetrïcus.

-us 114, sous us 110 : niveau de tuiles très fragmentées, de 5 cm d'ép. maximale, erratique en

partie sud, en interférence avec la couche sous-jacente ;

Mobilier : Ccst : 5 ; Ccc : 1; Vr : 1; Fer : 12 dont clous et débris de tôle; Oss. Animaux : 71.

-us 120, sous us 110 : sédiment de terre sableuse, fine, grise, de 5 à 10 cm d'ép., envahi par

des ossements d'animaux,

Mobilier : Ccst : 1; Vr : 1; Oss. Animaux : 173.

-us 128, sous us 120 : sédiment sableux, gris, à forte teneur en mortier détritique avec

quelques éclats de granité, présent uniquement en partie nord de la zone;

Mobilier : Fer : 4 clous ; Oss. Animaux: 15; Coquillages : 4; Monnaies: 2 imitations

Tetricus ;

-us 131, sous us 128 : sédiment sablo-limoneux de couleur verdâtre, tassé ou damé, présent en

partie nord de la zone, d'environ 5 cm d'ép. (fouillé en partie seulement). L'épiderme,

d'aspect plan, est à la cote 5,10. Cette couche repose sur le substrat. Le demi-sesterce de

Crispina Augusta (cf. 2.1.2.) découvert sous le mur 107 provient de l'épiderme de cette

couche.

-Substrat : Le rocher franc affleure directement sous les us 110 et 114 en partie sud de la

zone à proximité du possible « seuil » du mur 106 (cf. 2.1.2.), à la cote 5,23. Le granité est

compact et diaclasé principalement selon un axe sud-ouest/nord-est. Vers le nord, le faciès

change et il présente un aspect en petites boules dans l'arène. Des creusements suivant les

diaclases sont observables dans le rocher franc (figure 25) :

-us 125 : creusement à parois raides dont l'origine se situe à l'angle des murs 106 et 107, de

0,20 m de largeur pour une profondeur variant entre 0,30 m à son origine et 0,15 m en limite

de fouille, à l'est, où parois et fond présentent un aspect nettement moins régulier ;

-us 126 : creusement de même type mais en gradin, beaucoup moins régulier et estompé en

limité est de la fouille ;

-ces 2 creusements sont comblés par un sédiment de terre sableuse, grise, enrobant des boules

de granité (us 127).

Manifestement, le substrat rocheux a fait l'objet d'un terrassement ponctuel à

l'aplomb du mur 104, où il est à la cote 5,21, afin d'obtenir un niveau à peu près plan pour la

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mise en place du sol de la salle dont ne subsiste que le remblai de terre tassée (us 131) mis en

place afin de régaler la surface. L'hypothèse de logements de lambourdes de plancher pour

les creusements 125 et 126 ne peut être confortée en l'état actuel des travaux. Le niveau du

rocher, à la cote 5,23 à l'aplomb du mur 106, milite en faveur de l'hypothèse du seuil du mur

106 matérialisé par des tuiles (cf. 2.1.2.). L'us 128 n'est pas clairement identifiée : un niveau

d'abandon n'est pas impossible compte tenu de la présence de mortier détritique. C'est cette

interprétation que nous donnerons pour l'us 120 caractérisée par des rebuts culinaires

abandonnés à même le sol. Des rejets de tuiles caractérisent l'us 114 et la présence de

moellons dans l'us 110 déterminent un remblai de démolition. Le niveau d'abandon est

datable du dernier quart du nieme siècle d'après les monnaies.

2.1.6. Stratigraphie de la zone D

Zone fouillée en partie ouest où le potentiel stratigraphique est le mieux conservé

(rocher affleurant en partie est), où l'on observe, de haut en bas :

-us 111, (cf. 2.1.1.) : la couche est compacte et les moellons constituent la majeure partie des

composantes ;

Mobilier : Ccst : 2; Ccc : 2; Vr : 1; Fer : 6 clous; Oss. Animaux : 6.

-us 115, sous us 111 : couche de tuiles à plat, sans hiatus, de 10 cm d'ép. moyenne, constituée

de grands fragments souvent en connexion, avec joints de mortier adhérent aux imbrices

(tegulae : 34 cm x 28 cm ; imbrices : 32 cm x 12 cm x 6 cm) ;

Mobilier : Ccst : 6 ; Ccc : 6; Vr : 2; Fer : 18 (clous, cornière et débris de tôle) ; Oss.

Animaux : 32; Coquillages : 20; Dalles : 2 (l'une de schiste ardoisier, l'autre de schiste vert de

Groix) ; Monnaie : 1 imitation Tetricus .

-us 130, sous us 115 : sédiment d'arène granitique, de couleur grise, contenant des éclats et

petites boules de granité et des inclusions de petits fragments de tuiles. Cet horizon est absent

devant le « seuil » du mur 106 et en partie est, où le rocher franc et diaclasé apparaît à la cote

4,97. Le rocher pointe également, par endroits, en limite ouest de la zone. L'us 130 a été

nettoyée mais non fouillée (figure 23).

-us 132 : petite fosse sub-circulaire creusée dans le substrat franc et Fus 130 et comblée par

un sédiment sableux, gris, à inclusions de mortier détritique et coquillages de mollusques

marins (us 133). Le mur 106 est édifié sur le comblement de cette fosse.

L'us 130 ne présente pas les caractères d'un sol aménagé mais s'apparente au faciès

altéré du substrat présent entre les pointements du granité franc. Directement sur ce niveau,

l'us 115 est un remblai de démolition de toiture dont on présume qu'il provient du bâtiment

contigu au nord, la zone E étant à priori non couverte puisque appartenant à la cour centrale.

Il s'agirait de rejets d'éléments brisés lors d'une récupération mais la connexion des éléments

de tuiles est plutôt contradictoire avec cette proposition. On ne peut exclure un glissement ou

un basculement de la couverture des salles de la zone C. L'us 111 constitue le remblai de

démolition des murs contigus.

2.1.7. Niveaux et structures en marge ouest des zones B et C et dans la cour centrale

(tranchée de reconnaissance)

19

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Il s'agit de niveaux archéologiques supérieurs, décapés mais non fouillés :

-us 152, en marge de la zone B, à l'ouest, à l'angle des murs 105 et 151 : niveau de terre

cendreuse, à la cote 5,60, présentant des hiatus laissant apparaître le rocher. Ce niveau est en

place sous le comblement (us 116) de la tranchée de récupération du mur 151 (us 117).

-us 122, en marge de la zone C, à l'ouest du mur 108, sous l'humus : terre sableuse, grise, à

inclusions de mortier détritique. A l'épiderme, on a recueilli 12 fragments d'un enduit mural

peint en rouge et un élément de placage ou dallage en schiste de Groix.

-cour centrale : depuis la zone D jusqu'à l'axe de la cour, le substrat affleure partout sous

l'humus, alternant rocher franc et roche altérée en boules et arène. L'épiderme du substrat

présente une déclivité régulière du nord vers le sud (cotes relevées : 4,93, 4,80, 4,51) et se

relève légèrement au-delà de l'axe de la cour, à l'extrémité sud de la tranchée (cote 4,60). Au

niveau de l'axe de la cour, un empierrement de granité aux arêtes aiguës recouvre le substrat

sur une longueur de 8,50 m (us 160) et présente, à l'épiderme, sur 2 m de long environ, des

traces de mortier de tuileau (à la cote 4,57) érodé au contact de l'humus (figure 27). Cette

structure très arasée se situe exactement dans l'axe de la cour centrale laquelle ne présente

aucun autre aménagement (qui soit du moins conservé) ou creusement dans les limites de la tranchée de reconnaissance.

20

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Figure 13 : Plan général du secteur 1, d'après le levé au 1/100, zonage du secteur

numérotation des murs et des structures de la tranchée de reconnaissance 4.60 : cote de niveau du substrat.

ZONE A

M 01

ZONE B

ZONE C

I i4.53

i i

Plouhinec Mané -Véchen 2000

O 1m

/

-160

, 4.51

ai m

ro

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0 1m

Figures 14 et 15 : Plouhinec - Mané-Véchen 2000

Plan général du secteur 1 et coupe/profil du secteur 1 suivant A-A,

d'après le levé au 1/20

: substrat

101 : numéro d'unité stratigraphique

4.97 : cote de niveau

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Figure 16: Plouhinec Mané-Véchen 2000. Secteur 1 :vue d'ensemble à l'issue du décapage. Vue prise du nord.

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Figure 17 : Plouhinec Mané-Véchen 2000. Secteur 1 : vue d'ensemble à l'issue de la fouille. De droite à gauche : mur 101, zones B, C, D. Vue prise du nord-est.

Figure 18 : Plouhinec Mané-Véchen 2000. Secteur 1 : parement externe du mur lOlet épiderme du substrat en zone A. Vue prise du nord.

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Figure 19: Plouhinec Mané-Véchen 2000. Secteur 1 : mur 101 et niche orientale. Vue prise de l'est.

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Figure 20 : Plouhinec Mané-Véchen 2000. Secteur 1 : fond de la tranchée

de récupération (us 117) laissant apparaître le lit de pose du mur 15 lsur le

substrat. A droite, zone B : remblai de démolition (us 109). Vue prise du sud.

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Figure 21 : Plouhinec Mané-Véchen 2000. Secteur 1: vue d'ensemble de la zone C à l'issue du déca-

page; au premier plan : mur 105 ; à gauche : mur 106 ; à droite : mur 104 ; au fond : cloison 107/108.

Figure 22 : Plouhinec Mané-Véchen 2000. Secteur 1 : adjonction des cloisons 107 (en haut, à gauche)

et 108 (en bas, à gauche) contre le mur 106 (à droite). Vue prise de l'ouest.

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Figure 23 : Plouhinec Mané-Véchen 2000. Secteur 1: en haut : aspect du mur 106 fondé sur le substrat et

vestiges du seuil ( ?) réalisé à l'aide de fragments de tuiles; au premier plan : aspect du substrat en zone D.

Figure 24 : Plouhinec Mané-Véchen 2000. Secteur 1: zone B, aspect du sol (us 140) et épiderme du

comblement des fosses (us 135 et 136). Vue prise de l'ouest.

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Figure 25 : Plouhinec Mané-Véchen 2000. Secteur 1: zone C, angle des murs 106 et 107; aspect du

substrat et creusements 125 et 126 (négatifs de lambourdes ?). Vue prise de l'est.

Figure 26 : Plouhinec Mané-Véchen 2000. Secteur 1: zone D, aspect de surface du remblai de démo-

lition de toiture (us 115). Vue prise de l'ouest.

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Figure 27 : Plouhinec Mané-Véchen 2000. Tranchée de reconnaissance

en prolongement du secteur 1 dans la cour centrale : empierrement

(us 160) dans l'axe de la cour. Vue prise du sud.

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2.2. Secteur 2 : aile ouest (Figures 28-30)

La surface décapée (tranchée de reconnaissance + fenêtre élargie) atteint 144 m2 et la

surface fouillée jusqu'au substrat 66 m2. La moitié de la fenêtre de 26 m x 4 m a été fouillée

jusqu'au niveau archéologique inférieur et, plus ponctuellement, jusqu'au substrat de manière

à dresser le profil stratigraphique de l'aile ouest. S'y ajoute une bande de 1 m de large,

attenante au sud, sur le « bâtiment B » du plan de André et une tranchée de sondage de 1 m de

large, au droit et à l'extérieur de la façade sud de ce même bâtiment dont les têtes de murs,

émergeant de la lande, ont fait l'objet d'un simple nettoyage.

Les arases des murs de direction nord-sud apparus au décapage délimitent les zones

suivantes, d'ouest en est : zone A à l'ouest du mur 201, zone B entre les murs 201, 202 et 104,

zone C entre les murs 202 et 205, zone D entre les murs 205 et 206, zone E à l'est du mur 206 et zone F au sud du mur 204.

2.2.1. Les niveaux apparents au décapage

Zone A :

-us 272 : sédiment sablo-limoneux brun-verdâtre, limité à la partie ouest de la zone ;

-us 208 : amas de tuiles fragmentées, en partie sud ;

-us 207 : nappe de moellons et pierrailles de granité où pointent quelques fragments de tuiles, dans le reste de la zone.

Zone B :

-us 211 : sédiment sableux brun à mortier détritique, en partie sud de la zone ;

-us 210 : nappe compacte de pierres et moellons cubiques de granité où pointent quelques

fragments de tuiles, sans organisation apparente, occupant la partie nord de la zone.

Zone C :

-us 212 : nappe de pierres et moellons, de même aspect que us 210, limitée à la moitié nord de la zone ;

-us 213 : nappe de tuiles fragmentées à plat, dans l'angle nord-ouest de la zone E

-us 214 : sédiment de terre grise à granules de mortier détritique ennoyant des pierres de granité et des fragments de tuiles ;

-us 218 : sédiment de terre brune ennoyant des pierres de granité (très peu de moellons) et des tuiles très fragmentées et érodées.

Zone D :

-us 219 : nappe de grands fragments de tuiles à plat, limitée à l'angle nord-ouest de la zone ;

-us 221 : sédiment sableux brun à granules de mortier détritique, enrobant des moellons, pierrailles et fragments de tuiles, dans le tiers nord-est ;

-us 222 : nappe très dense d'enduits pariétaux et de stucs moulurés, à plat, très fragmentés et

érodés par endroits au contact de l'humus, et parfois sous forme de plaques morcelées avec fragments en connexion, occupant la moitié sud-ouest de la zone ;

Zone E :

-us 223 : plage de moellons et pierrailles de granité dans un sédiment sableux gris, dans l'angle sud-est de la zone ;

21

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-us 224 : nappe de moellons, pierrailles et fragments de tuiles où pointent de nombreux

fragments d'ossements animaux, occupant la majeure partie de la zone ;

-us 225 : sédiment sablo-limoneux brun, ennoyant des pierres de granité et des enduits très

fragmentés, dans l'angle sud-ouest au contact du mur 206 ;

-us 226 : nappe de tuiles fragmentées à plat, où pointent de nombreux fragments d'ossements

animaux , dans l'angle nord-ouest. E décapage a livré une monnaie : imitation Tetricus.

2.2.2. Les murs

-us 201 : mur nord-sud, de 0,48 m de largeur en élévation. Le mur est arasé au niveau de la

fondation dans la partie fouillée (cote 4.77). Cette fondation (us 261) se compose de

pierrailles de granité sans mortier dans une tranchée à profil légèrement oblique qui recoupe

le paléosol (us 272, cf. § 2.2. .) et s'arrête à l'épiderme du substrat granitique reconnu sous

une tranchée de récupération du mur (us 278) comblée par un sédiment sableux à granules de

mortier (us 279). En élévation, au moins 2 assises parementés de moellons de granité

grossièrement calibrés sont conservées dans la partie non fouillée, à la cote 5,24. Le mortier

de liant est dissous par la terre humique de surface.

-us 202 : mur nord-sud, de 0,60 m de largeur en élévation (2 pieds) (figure 36). Le mode de

fondation est identique à celui du mur 201 (substrat à la cote 4,88). La fondation est

couronnée par une assise de blocs ou moellons de gros module posés sur un lit de mortier

blanc, en retrait de 5 à 10 cm face ouest (seule face observée), par rapport à l'aplomb de la

fondation. L'élévation, sans ressaut, conserve 2 assises de moellons parementés de petit

module (cote 5,32) L'angle que forme ce mur avec le mur 276 (cf. ci-dessous) comporte des

moellons de plus fort module.

-us 205 : mur nord-sud, de 0,48 m de largeur en élévation. Le mode de fondation est identique

à celui des murs décrits précédemment. La fondation est couronnée par 2 assises de moellons

et blocs à la cote 5,12. Au-dessus, en retrait (ressaut) de 5 cm en façade ouest (seule

observée) l'élévation conserve 3 assises de moellons calibrés de petit module (cote

d'arasement : 5,59. Un enduit pariétal de couleur blanche est conservé, par places, face est.

-us 276 (241-251-258) : mur ouest-est, de 0,60 m de largeur en élévation, non apparent au

décapage et reconnu lors de la fouille de la zone C, chaîné aux murs 202 et 205 et arasé au

niveau fondation vers le milieu de la zone (figure 37). La fondation (us 258), identique à

celle des murs 202 et 205 présente un hiatus sur environ 2 m de long où le substrat apparaît à

la cote 5.02. A la jonction avec 202, le lit de pose de mortier est à la cote 4,92 et 2 rangs de

blocs et moellons de fort module sont en place (us 241). A l'opposé (us 251), à la jonction

avec 205, le lit de pose est à la cote 5,01 ; 3 blocs de l'assise de couronnement de la fondation

sont conservés face nord.

-us 206/234 : mur nord-sud, de 0,60 m de largeur en élévation qui présente deux modes de

mise en œuvre. En partie nord (us 206), la fondation est identique à celle des autres murs

décrits, couronnée par une assise parementée de moellons en face ouest (seule reconnue) sur

un lit de pose de mortier blanc. L'élévation, en retrait de 5 cm (ressaut) conserve 2 assises

parementées en moellons de petit module (cote d'arasement : 5,15) (figure 38). En partie sud,

c'est une maçonnerie en opus caementicum où les pierres, en faible densité, sont ennoyées

dans un mortier blanc dans lequel sont inclus des fragments d'enduit blanc concassés. La

maçonnerie, vraisemblablement banchée, arasée à la cote 5,19, est coulée dans une tranchée

22

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qui recoupe le paléosol jusqu'au substrat à la cote 4,89. Un enduit de couleur rosâtre est en

place, en quelques endroits du parement est du mur, sur la section banchée comme sur la

section en moellons.

-us 204 : mur de direction ouest-est, de 0,48 m de largeur en élévation, qui constitue le mur

nord de la couronne extérieure du « bâtiment B » du plan de P. André. De même facture que

celle du mur 201, la fondation en débord de 0,15 m semble liée à cette dernière. En façade

nord, la fondation à sec est couronnée par plusieurs assises de moellons de module allongé

liés au mortier blanc (2 à l'est et 3 à l'ouest) dont l'épiderme (cotes respectives 5,07 et 5,01)

forme un ressaut sous l'élévation. Celle-ci conserve 1 à 2 assises parementées en moellons de

petit module régulier, en retrait de 5 cm (cotes d'arasement : 5,22 et 5,23). Les joints au fer

sont relativement bien conservés.

Au milieu du mur, un «conduit» (us 290) (figure 57)a été aménagé, composé de deux

parements espacés de 0,30 m (1 pied) conservés sur une seule assise et d'un plancher réalisé à

l'aide d'un fragment de tuile, à la cote 5,26. Cet aménagement n'est observable que dans la

partie sud de l'épaisseur du mur dont l'arasement en façade nord est plus prononcé.

L'aménagement de ce « conduit » dans l'épaisseur du mur résulte d'une réfection matérialisée

par l'interruption des joints au fer de la face sud du mur, recouverts par le liant au mortier

blanc de la structure.

-us 283 : mur nord-sud, de 0,48 m de largeur en élévation, qui constitue le retour d'angle à

l'est du mur 204. Le chaînage d'angle comporte des moellons allongés alternés.

-us 281 : mur nord-sud, de 0,48 m de largeur en élévation qui constitue le retour d'angle à

l'ouest du mur 204 chaîné à ce dernier et de même facture. En son milieu, il comportait une

ouverture de 1,84 m de largeur, bouchée dans un second temps (us 336) (figure 58) par des

parements en moellons de petit module et un blocage de plaques de mortier de tuileau en

remploi, disposées à l'oblique au niveau d'arasement, à la cote 5,31.

-us 282 : mur est-ouest, de 0,60 m de largeur qui constitue la façade sud du « bâtiment » B de

P. André. Le mur, observé face externe, est fondé dans une tranchée (us 332) qui recoupe un

empierrement de pierrailles de granité (us 331), à la cote 4,73 à l'aplomb du mur, non fouillé

(cf. 2.2.9.). L'élévation de la face sud conserve sur 9 assises parementées en moellons de

granité de petit module régulier liés au mortier blanc et jointoyés au fer (cote d'arasement :

5,56) (figure 35).

-us 203 : mur nord-sud de 0,60 m de largeur en élévation édifié entre les murs 202 et 204

(figure 36). Le mode de fondation est identique à celui des autres murs décrits. Face est, la

fondation (us 320) débordante de 0,15 m, dont l'épiderme est à la cote 5,02, semble liée à la

fondation des murs 276 et 204. Face ouest, en débord de 0,20 m, la fondation (us 300) dont

l'épiderme est à un niveau inférieur (cote 4,85) apparaît liée à celle du mur 204 mais est

nettement disjointe de celle du mur 202. En élévation, 3 assises de moellons parementés

envahis par le liant de mortier blanc sont conservées (arasement à la cote 5,31). La

maçonnerie n'est pas chaînée aux murs 202 et 204 mais vient s'appuyer contre et recouvrir

les assises de couronnement de la fondation du mur 204.

-us 265 : amorce d'un probable mur dans l'angle sud-est de la zone C. Il est accolé à l'angle

formé par les murs 205 et 276. Son parement ouest est nettement décalé vers l'est par rapport

à l'alignement du parement ouest du mur 205.

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L'analyse de la structuration des murs révèle au moins deux états du bâti dans l'aile

ouest mais, en l'état actuel, la partition proposée reste grandement hypothétique, en terme de

chronologie relative surtout.

Les murs 201, 203, 205, 206 et 276 dessinent un ensemble cohérent d'une largeur en

œuvre de 19,63 m (66 pieds). Les murs 206 et 205 délimitent un espace de 4 m de largeur (13

Vi pieds) qui s'apparente à une galerie de façade bordant la cour centrale. A l'opposé, les

murs 201 et 202 délimitent un espace de même largeur. Il pourrait s'agir d'une galerie, à

l'ouest, encore convient-il de préciser que cet espace est en façade extérieure de la villa.

Entre ces deux galeries, l'espace central délimité par les murs 205 et 202 mesure 9,48 m (32

pieds) est fermé au sud par le mur 276.

Les murs 204,281, 282 et 283 circonscrivent le « bâtiment B » de André, de 6,12 m de

côté hors œuvre (20 Vi pieds), en saillie à l'extrémité sud de l'aile ouest. Alors que les autres

murs du bâtiment mesurent 0,48 m de largeur, le mur sud atteint 0,60 m. Cette épaisseur plus

importante répond vraisemblablement à la nécessité de renforcer le côté sud non contreventé.

Un décalage chronologique entre les deux ensembles est indubitable, renforcé par la

légère différence d'orientation des murs (3 degrés). Les deux ensembles ont été raccordés par

la construction de la cloison 203 ; à moins qu'il s'agisse du simple bouchage d'un passage

(?). Dans la mesure où le mode de fondation des deux ensembles est rigoureusement

identique -de surcroît les fondations semblent liées ce qui n'est peut-être qu'une apparence ee

l'absence de la fouille de ces fondations- et où les niveaux supérieurs sont fortement remaniés

par les récupérations de matériaux (cf. ci-dessous), il est délicat de proposer un ordre

chronologique. Le fait que les élévations du « bâtiment B » apparaissent plus soigneusement

exécutées (moellons d'un module plus petit et plus régulier) n'est d'aucune utilité au plan

chronologique. L'hypothèse d'une postériorité du « bâtiment B » repose sur deux

observations : ce bâtiment apparaît greffé à l'extrémité sud de l'aile ouest et l'édification de

son mur sud a coupé un sol extérieur préexistant (cf. 2.2.9.). Cette hypothèse qui repose sur la

contemporanéité supposée de ce sol et du corps de bâtiment à deux galeries reste purement

prospective.

2.2.3. Stratigraphie de la zone A (Figure 30)

Zone fouillée dans sa moitié sud, en interface avec le « bâtiment B ». On observe:

-us 207 (cf. 2.2.1.), épaisseur maximale conservée 0,20 m .

-us 208 (cf. 2.2.1.), sous 207 (apparent en surface là où 207 est perturbé) : grands fragments

de tegulae et imbrices à plat, de moindre densité vers la limite ouest du secteur fouillé

(dimensions des tegulae : 34 x 28 cm ; L= 34, 35 cm ; 1= 27, 29 cm). Des joints de tuiles sont

conservés en partie inférieure de la couche, de même que des fragments d'enduit

blanc (figure 39);

Mobilier : Ccst : 4; Oss. Animaux : 5; Coquillages : 1; 1 frag. de dallette en calcaire blanc.

-us 209 (259), sous 208 : sédiment sablo-limoneux, brun-verdâtre, contenant des petits

fragments de tuiles roulés. Reconnue sur une bande d'environ 1,40 m de large à l'aplomb du

mur 201 et limitée par le fantôme de ce mur (us 278), cette couche de 0,30 m d'épaisseur

maximale se confond, à l'ouest, avec fus 272 ;

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Mobilier : Ts : 1 pied de vase lisse, érodé, indéterminé ; Ccst : 10; Ccc : 1.

-us 271, sous us 209 : sédiment de terre brune à petits fragments de tuiles érodés, mortier

blanc et mortier de tuileau détritiques. Ce niveau pelliculaire (non apparent sur la coupe),

présentant des hiatus, se limite à une bande d'environ 1 m de large à l'aplomb de la

fondation du mur 201, à l'interface des niveaux 209 et 272 ;

Mobilier : Ccst : 3; Ccsnt : 1; Ccc : 6; Oss. Animaux : 4; Coquillages : 2.

-us 272, sous us 271 et 209 : sédiment sablo-limoneux brun-verdâtre, de 0,20 m à 0,30 m

d'épaisseur, indissociable de l'us 209 en partie ouest. La fondation du mur 201 (us 261) est

installée dans ce niveau dont l'épiderme est à la cote 4,72. Ce niveau repose directement sur

le substrat granitique reconnu dans les deux-tiers est du secteur fouillé (us 272 conservée en

témoin à l'aplomb du mur 201) ; substrat arénisé, en pendage est-ouest entre les cotes 4,44 et 4,27 (figure 40).

-us 237 : tranchée de 0,40 m de largeur, le long des murs 204 et 281 (se prolonge dans la zone

B), coupant les us 207,208 et 209, et dont le fond atteint la fondation des murs. Cette tranchée

était comblée de terre humifère et de tuiles et pierres de granité en partie inférieure (us 244).

L'us 272 appartient au paléosol ; l'us 271 en est l'épiderme et pourrait être un niveau

de travail (résiduel) associé à l'édification du mur 201. L'us 209 présente toutes les

apparences d'un remblai de soutènement du mur 201 mais seule la fouille de la partie nord de

la zone (où la base de l'élévation du mur est en place) pourrait accréditer cette proposition. Le

matériau de ce remblai est extrait du paléosol d'où la difficulté de le distinguer de ce dernier

si ce n'est par la présence de l'interface 271. L'us 208 est un remblai de démolition de toiture

et l'us 207 un remblai de démolition de mur(s). Aucun sol aménagé, aucun niveau

d'occupation ou d'abandon n'est formellement identifié. Le profil en pente du sol naturel

ancien tend à confirmer que cette zone correspond à l'extérieur de l'édifice. Jusqu'au

paléosol, les niveaux en place sont coupés par la tranchée 237. Le profil, les dimensions,

l'implantation et le comblement de cette tranchée permettent d'attribuer celle-ci aux fouilles

anciennes ; à remarquer l'organisation de son comblement : matériaux compacts au fond et

matériaux meubles au-dessus.

2.2.4. Stratigraphie de la zone B (Figure 30)

Zone fouillée dans sa moitié sud, en grande partie jusqu'au substrat. En partie centrale

et touchant au mur 204, un secteur comportant des éléments de démolition structurés (en

connexion) a été conservé en témoin. On observe :

-us 210/240 (cf. 2.2.1.) : niveau d'une épaisseur moyenne de 0,40 m qui atteint 0,70 m au

niveau de l'excavation 328 (cf. ci-dessous) (figure 41).

-us 211 (cf. 2.2.1.) : couche détritique présente contre les murs 202-203 et 204, qui semble

encaissée dans l'us 210 et qui atteint son épaisseur maximale (0,30 m) à l'aplomb des murs .

-us 238 : pellicule de terre brune lenticulaire (non apparente sur la coupe), à l'interface des us

210 et 239, limitée au secteur ouest de la zone fouillée .

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-us 264, sous us 210 et 211 : moellons, pierres de blocage, nombreux nodules de mortier

blanc détritique et fragments de tuiles (rares), englobant une maçonnerie effondrée (us 277)

composée de 11 assises de tuiles en connexion {tegulae et imbrices) liées au mortier blanc.

Ce niveau, présent dans les parties nord-est et sud, a été partiellement conservé en témoin (figure 42).

-us 239/262/298, sous 210 et 211 : sédiment sablo-limoneux, brun-clair, très riche en granules

de mortier détritique et contenant des fragments de tuiles, présent dans les secteurs ouest et

sud-est de la zone fouillée. D'une épaisseur comprise entre 0,20 m et 0,40 m, ce niveau vient

au contact de l'assise parementée couronnant la fondation des murs 203 et 204 ;

Mobilier : Ts : 1 Déch. 72 de Gaule centrale (recolle avec des tessons des us 299/301 et 329);

Ccst : 2; Amphore: 1 ibérique à huile; Oss. Animaux: 51; Coquillages : 36 (dont

bigorneaux); Monnaie : 1 sesterce usé, illisible.

-us 299/301, sous 210, 239 et 264 : nappe de grands fragments de tuiles souvent en

connexion, empilées à plat avec de nombreux joints de mortier dont certains en connexion

avec des imbrices (tegulae de 33 x 26 cm et 35 x 29 cm ; imbrices de 29 x 13 x 6). S'y

ajoutent quelques blocs de béton de tuileau (figure 36). Ce niveau d'une épaisseur maximale

de 0,30 m, dense en partie est et plus diffus (remanié) en partie ouest, épouse le profil de

l'excavation 328 ; il recouvre directement le débord de la fondation du mur 203 (us 300) et

vient buter contre l'assise de couronnement de fondation du mur 202 ;

Mobilier : Ts : 7 appartenant à 1 déch. 72; Ccst : 30; Bronze : 1 fibule penannulaire ; Oss. Animaux : 282.

-us 312/329, sous us 239 et 299/301 : sédiment sableux brun à granules de mortier détritique

et petits fragments de tuiles, de 5 à 10 cm d'ép., présent dans l'angle sud-est de la zone et qui

tapisse la paroi orientale et le fond de l'excavation 328. C'est à l'interface de cette couche

avec l'us 299/301 qu'ont été recueillis plusieurs fragments d'un haut-relief en tufeau

représentant vraisemblablement un « Cortège de Bacchus » et des ossements appartenant à

plusieurs bovins : un crâne complet dans l'angle sud-est (prélevé) (figure 43) et de nombreux

éléments en connexion appartenant à un autre bovin : crâne, membres antérieurs et côtes, non

prélevés car engagés sous les bermes au nord et au sud. Les pièces de cette carcasse gisent sur

la paroi orientale et sur le fond de l'excavation 328 (figures 31 et 44) ;

Mobilier : Ts : 17 appartenant à 1 Déch. 72 dont des tessons ont été rencontrés dans les us 239

et 299/301; Ccst : 25; Oss. Animaux : pas de décompte; Statuaire : haut-relief en tuffeau de 45

x 35 x 10 cm comprenant : fragment principal à 6 personnages avec corps de Bacchus

adolescent à droite ; frag. n° 2, tête de personnage et Eros (partiel : aile et arc) ; frag. n° 3,

tête de bacchus ; frag. n° 4, indéterminé ; frag. n° 5, cuisse de Bacchus ; fragment n° 6,

indéterminé (2 morceaux) ; plus 2 sachets de petits fragments et miettes.

-us 305, sous us 239, 299/301 et 312 : sédiment sablo-limoneux brun-clair, taché en surface

de granules de mortier blanc et de tuileau détritiques, de 10 à 20 cm d'épaisseur. Présent en

partie ouest de la zone fouillée, ce niveau (conservé en témoin) est coupé par la fondation du

mur 201 et par le creusement de l'excavation 328, et repose directement sur le substrat.

-us 321, sous us 299/301 et 329 : sédiment sablo-limoneux brun-clair à granules de mortier

détritique et petits fragments de tuiles en surface, de 10 à 15 cm d'ép. Présent en partie est de

la zone fouillée, ce niveau est coupé par la fondation du mur 202 et par le creusement de

l'excavation 328 ; il repose directement sur le substrat arénisé .

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-us 328 : creusement de 0,60 m de profondeur et de 1,40 m de largeur à l'ouverture, aux bords

légèrement incurvés, à profil en cuvette et fond relativement plat. Cette excavation coupe les

us 305 et 321 ainsi que le substrat. Oblitérée côté nord par la berme et côté sud par le témoin

de l'us 264/277, cette excavation est comblée par les us suivantes: 312/329, 299/301 et

210/240 (figure 45).

L'épiderme du substrat granitique, diaclasé, érodé en petites boules et arénisé présente

une légère déclivité d'est en ouest, aux cotes respectives 4,68 et 4,54. Au fond de l'excavation

328, le rocher franc apparaît. Coupés par l'excavation 328, les us 305 et 321 appartiennent au

paléosol peu ou pas décaissé, pollué en surface par des éléments appartenant

vraisemblablement aux niveaux de travail liés à la constructions des murs 201, 202 et 204.

L'épiderme du paléosol respecte le pendage du substrat, entre les cotes 4,70 et 4,64.

L'excavation 328 dont le fond est à la cote 4,17, était-elle une fosse ou un fossé ?

Difficile de trancher faute de fouille extensive. A remarquer toutefois que l'axe de ce

creusement correspond exactement à l'axe du « conduit » (us 290, cf. 2.2.2.) aménagé dans un

second temps dans le mur 204 (mur nord du « bâtiment B » de André), aménagement dont le

fond est à la cote 5,26 soit à un niveau supérieur de 1,10 m à celui du fond de l'excavation qui

ne présente aucune trace de colluvionnement. Un dépôt d'arène granitique caractéristique

d'une érosion en tapisse le fond, pollué par le niveau 312/329.

L'us 312/329 est un niveau d'occupation/abandon discontinu, présent sur le paléosol à

l'est et qui comble la paroi orientale et le fond de l'excavation 328 en épousant son profil.

Cette couche est datable du même siècle d'après le matériel céramique et contenait, à

l'épiderme, le haut-relief jeté ou tombé dans l'excavation ainsi que les ossements de bovins

en connexion (ces mobiliers semblent constituer une couche distincte (312), mais l'exiguïté

du sondage ne permet guère d'être affirmatif, d'autant que certaines pièces sont bien incluses

dans le sédiment de l'us 329) . L'us 299/301 est un remblai de démolition de toiture en

position primaire compte tenu des connexions permettant la restitution des dimensions des

tuiles et de la présence de joints de mortier connectés aux imbrices. Ce niveau recouvrant l'us

312/329, avec lequel les interférences sont patentes d'après le mobilier recueilli et les

collages de tessons entre couches, épouse le profil de l'excavation 328. L'us 329/262/298

résulte d'un remblai consécutif à une phase de récupération de matériaux ayant partiellement

remanié la couche d'effondrement de toiture et le niveau d'occupation/abandon sous-jacent.

L'us 264 est un remblai de démolition de mur qui se superpose (très partiellement) au remblai

de récupération. Ce niveau englobe la structure 277 interprétée comme un piédroit

appartenant à une ouverture qui pourrait provenir du mur 204. D'emprise limitée aux abords

des murs, l'us 211 résulte d'un remblai de récupération de matériaux. L'us 210/240 est un

remblai de démolition remanié, tout au moins dans la zone fouillée.

Nulle trace d'un quelconque sol aménagé n'a été mise en évidence à l'interface du

paléosol et de la couche d'occupation/abandon. On peut cependant déduire de l'emprise

spatiale et du profil des couches la remblayant que l'excavation 328 devait être couverte d'un

plancher. Par hypothèse, ce plancher se serait effondré sous le poids des mobiliers et des

remblais de démolition le recouvrant. Il convient de s'interroger sur le dépôt des carcasses de

bovins. En l'absence de fouille extensive, cette interrogation reste sans réponse mais, en

constatant les connexions entre les ossements et leur faible taux de fracture, on peut envisager

que la carcasse a été jetée non dépecée. La présence de tuiles coincées latéralement sous la

carcasse, qui auraient pu glisser contre le cadavre, confirmerait cette supposition...

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La présence d'une fibule penannulaire dans le niveau d'effondrement de toiture, outre

qu'il est généralement admis qu'il s'agit d'un élément appartenant au costume militaire, pose

la question de la datation de la démolition. Ce type de fibule est globalement daté du rV™6

siècle ; certains auteurs pensent toutefois qu'il apparaît dès la fin du IJJeme.

2.2.5. Stratigraphie de la zone C (Figures 30-32)

Zone fouillée dans sa moitié sud, jusqu'au substrat, fortement perturbée, partagée par

le mur ouest-est 276 presque totalement arasé au niveau des fondations. Pour cette raison

(bien que des niveaux soient communs aux deux secteurs), nous décrirons séparément les us observées dans les deux secteurs.

Partie nord :

-us 213 (cf. 2.2.1.) : en place en limite ouest de la fouille, à l'angle des murs 202 et 276/241,

ce niveau de tuiles brisées en grands fragments conserve 20 à 30 cm d'épaisseur.

-us 252 : niveau de même constitution que 213 à savoir : grands fragments de tuiles de toiture

à plat, superposées et joints de mortier des tuiles en grand nombre, certains en connexion

avec les imbrices ; s'y ajoutent de rares moellons et un fragment de chapiteau en granité de 41

cm à l'abaque et 28 cm de diamètre pour le fût. Ce chapiteau reposait sur le niveau sous-

jacent (us 254 b). Le niveau 252 est en place en limite est de la fouille, sur 0,20 à 0,40 m

d'épaisseur, à l'angle des murs 205 et 276/251 (figures 46-47).

-us 212 (cf. 2.2.1.) : niveau en place dans le secteur nord (non fouillé) de la zone et ne

débordant que très partiellement dans le secteur fouillé ; de 10 à 20 cm d'épaisseur, il coupe l'us 252 .

-us 253, sous us 212 : sédiment limoneux plus que sableux, brun-clair, ennoyant de nombreux

fragments de tuiles de couleur orangée et comblant une dépression du niveau sous-jacent (us 254) ;

Mobilier : Ccst : 5; Ccc : 2; Vr : 2.

-us 254, sous 212, perturbé par les us 253 et (dans une moindre mesure) 212 : sédiment

limoneux plus que sableux, brun-clair d'épaisseur variant entre 20 cm (est) et 40 cm (ouest),

comprenant quelques pierrailles de granit et de rares petits fragments de tuiles. Ce niveau qui

recouvre en grande partie la fondation arasée (us 258) du mur 276, repose directement sur le substrat ;

Mobilier : Ccst : 3; Fer : 5 clous et une serpette; Oss. Animaux (brûlés): 13 dont 1 mâchoire

de chien; Coquillages : 2; Monnaies : 3 imitation Tetricus;

-us 326, sous 213, et de même emprise spatiale, observé uniquement en coupe (non fouillé) :

sédiment sablo-limoneux brun-clair à nombreux granules de mortier détritique. Contigu à l'us

254, ce niveau repose directement sur le substrat.

-us 254 b, sous us 252 et de même emprise spatiale : sédiment sablo-limoneux brun-clair de

0,30 m d'épaisseur, reposant directement sur le substrat (figure 47).

Partie sud :

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-us 214 (cf. 2.2.1.) : niveau (non apparent sur la coupe) limité à la partie ouest du secteur

fouillé, au contact des murs 204 et 203 ;

Mobilier : Fer : 1 (balle de fronde ?); Oss. Animaux : 3.

-us 217 : sédiment sableux brun-clair, chargé de nombreux granules de mortier détritique, de

0,40 m d'épaisseur, contenant de rares pierres et petits fragments de tuiles, quelques

fragments d'enduits peints et 1 élément de stuc mouluré ; couche limitée à la partie est du secteur fouillé (angle des murs 276/251 et 265) .

-us 243 : sédiment sableux brun-clair contenant de nombreuses granules de mortier

détritique, de 0,50 m d'épaisseur, limité à la partie ouest du secteur fouillé ;

Mobilier : Oss. Animaux : 16; 1 fragment de meule à grains en granité.

-us 218 (cf. 2.2.1.) : niveau de 50 cm d'épaisseur remblayant une vaste dépression affectant les us 217 et 243 ;

Mobilier : Ccst : 1; Ccc : 2; Oss. Animaux : 3; Coquillages : 18; Monnaie : 1 antonianus ind.

-us 242, sous us 214 et sur us 266 : poche de briques et tuiles fragmentées empilées, fichées à

l'oblique contre le mur 204 (briques rectangulaires de 28 cm de large, tegulae de 35 x 28 cm).

-us 266/269, sous 217, 243, 242 et 218 : niveau de tuiles (grands fragments) : tegulae de 40 x

34 cm et imbrices de 30 x 14 x 6 cm, briques demi-rondes (diam. 0,30 m) et joints de mortier

(figure 37). Ce niveau de 10 à 20 cm d'épaisseur vient recouvrir le radier de fondation

débordant des murs 276,203 et 283 et recouvre également le « radier « 307 (cf. ci-dessous) ;

Mobilier : Ccst : 6; Fer : 25 clous et T; Oss. Animaux : 51; Coquillages : 10; 1 affûtoir et 1

fragment de meule à grains en granité.

-us 267, sous 218 : creusement d'ampleur limitée recoupant l'us 266 et la fondation (us 258)

du mur 276 (dans sa portion centrale) jusqu'au substrat. Cette dépression est comblée par un

sédiment de terre brun-clair et d'arène (us 311) ;

Mobilier de l'us 311: Ccst : 1; Vr : 1; Oss. Animaux : 4; Coquillages : 3; Monnaie : 1

imitation Tetricus.

-us 302, sous us 266 : sédiment de terre noire cendreuse, de 0,10 m d'épaisseur, comblant une

légère dépression du substrat sous-jacent dans la partie ouest du secteur fouillé ;

Mobilier : Ccst : 2; Vf M; Bronze : 1 anneau; Fer: 16 (clous, anneau, tige); Oss.

Animaux brûlés: 6; Coquillages : 8; Monnaie : 2 antoniani de Tetricus et 2 imitation Tetricus.

-us 303, sous us 266, dans l'angle des murs 276/251 et 265 : lambeau de terre sablo-

limoneuse brun-clair tachée de mortier blanc détritique et de petits fragments de tuiles, de

0,10 m d'épaisseur maximale, reposant directement sur le substrat ;

Mobilier : Ccst : 3; Fer : 6 clous ; Oss. Animaux : 10; Coquillages : 5 (patelles); Monnaie : 1 imitation Tetricus.

-us 307, sous us 266 : structure compacte de pierres de granité dépourvue de mortier reposant

sur le substrat, disposée selon une bande de 0,50 m de largeur et positionnée entre le mur

276/241 et l'angle des murs 204 -283 Cet empierrement apparaît lié aux fondations des dits murs et de même structuration.

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Le substrat granitique, fortement diaclasé et arénisé, apparaît globalement plan. D'est

en ouest, on relève les cotes suivantes : 4,86 et 4,87, 4,85 et 4,86, 4,76 et 4,87. En quelques

points, il est légèrement surcreusé et présente alors un aspect de roche franche. Recouvertes

par les remblais de démolition de toiture, les us 254 b et 326 présentes en partie nord du

sondage appartiennent, d'après leur composition sédimentaire, au paléosol. Celui-ci est pollué

en surface (us 326) par des éléments provenant vraisemblablement du niveau de construction

des murs 276/241 et 202. Ce paléosol est remanié dans la partie nord de la zone. Son

épiderme devait être globalement plan d'après les cotes relevées à l'est (5,06) et à l'ouest

(5,02). Dans la partie sud de la zone, il ne subsiste qu'à l'état de lambeau (us 303) érodé et

pollué par des rejets culinaires. L'us 303 pourrait d'ailleurs n'être qu'un niveau d'occupation

résiduel ; d'autant qu'il apparaît que, dans la partie sud, le paléosol avait été décaissé avant la

« mise en place » des remblais de démolition. On observe en effet, dans une légère dépression

du substrat, la présence d'une couche d'occupation/abandon (us 302) recouverte par un

remblai de démolition de toiture résiduel (us 266/269) qui repose aussi sur le substrat. Dans la

partie nord, les remblais de démolition de toiture sont représentés par les us 252 et 213. Ces

remblais de démolition ont été sévèrement remaniés par une succession d'opérations de

récupération de matériaux. La première est matérialisée par les us 217 et 243 qui résultent de

remblais consécutifs à une récupération, caractérisés par l'omniprésence du mortier détritique

et la rareté des matériaux compacts. Ces remblais et le paléosol sous-jacent sont, à leur tour,

remaniés par une seconde phase de récupération (des élévations résiduelles du mur 276 ?) qui

affecte l'ensemble de la zone et qui est matérialisée par un remblai encaissé (us 218 - 254).

D'autres remblais de moindre ampleur se superposent à ces niveaux, voire les remanient : us

214, 253 et 212, ce dernier, apparenté à une couche de démolition de murs, n'est évidemment

pas en position primaire, tout au moins dans la partie fouillée de la zone.

Malgré l'importance des perturbations liées aux diverses phases de récupération des

matériaux, il demeure possible de restituer les grandes lignes de l'aménagement de la zone C.

Au nord du mur 276, le paléosol a été conservé mais aucun sol aménagé n'est observable à

l'interface entre le paléosol et les remblais de démolition de toiture (en position primaire

comme le montre la conservation des joints de tuiles) qui le recouvrent. Au sud du mur, la

situation est différente : il semble que le paléosol ait été décaissé lors de la construction

comme le montrent d'une part la couche d'occupation/abandon datable du dernier quart du

ineme siècle (us 303) en place sur le substrat, et d'autre part le remblai de démolition de

toiture en place sur cette couche et sur le substrat. Là encore, aucun sol aménagé n'est

observable. Il convient d'ailleurs d'observer l'absence de tout élément de décoration pariétale

aussi bien dans les remblais de démolition que dans les remblais de récupération. Les seuls

enduits découverts (us 217) proviennent d'un remblai de récupération contigu à la zone D

riche en enduits et qui en proviennent vraisemblablement, cette couche recouvrant

partiellement l'arase des murs séparant les deux zones.

La structure 302 présente toutes les apparences d'une fondation résiduelle d'un mur

liée, en apparence, aux fondations des murs voisins. Il pourrait s'agir d'un premier

cloisonnement entre le « bâtiment B » de André et l'édifice voisin, remplacé ensuite par la

cloison 203. Seule la fouille extensive pourrait trancher : on ne peut exclure l'appartenance de

cette structure à un état antérieur.

Un objet du datable du rv6"16 siècle a été découvert lors de la fouille de la zone C : il

s'agit d'une épingle en jais de Whitby à tête à facettes. On ne peut hélas le situer

stratigraphiquement car il est tombé de la coupe sud ; il peut provenir des us 243, 266 ou 302 comme de l'humus.

2.2.6. Stratigraphie de la zone D (Figure 33)

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Zone partiellement fouillée dans le quart nord-est, jusqu'au substrat à l'aplomb du

mur 206 (bande de 1,20 m). Le secteur à fouiller a été délibérément choisi afin de ne pas

toucher à la nappe d'enduits peints (us 222) (figures 48-49) recouvrant la majeure partie de la

zone, en considérant que celle-ci nécessitait un mode de prélèvement raisonné à réserver pour

un éventuel programme futur. De haut en bas, on observe :

-us 221 (cf. 2.2.1.) : au contact de l'humus, d'environ 10 cm d'épaisseur ; ce niveau a livré

une monnaie (imitation Tetricus) .

-us 227, sous us 221 et 222 : béton de chaux d'environ 5 cm d'épaisseur à granulat de petits

galets, d'éclats de granité et de fragments de tuiles. Son épidémie lissé (us 245), à la cote

5,34, n'est conservé qu'en limite ouest du secteur fouillé. Ce niveau montre une dégradation

progressive d'ouest en est jusqu'à disparaître à l'aplomb du mur 206 .

-us 236, sous us 221 : pellicule de terre sableuse noire à débris culinaires, lenticulaire (non

visible sur la coupe), à l'interface des us 221 et 228 ;

Mobilier : Ccst : 3; Vr : 2; Bronze : 2 ( ferrure de coffre, bague); Fer : 33 clous; Plomb : 1

plaque ; Oss. Animaux : 10; Coquillages : 17 dont ormeaux; Monnaies : 3 imitation Tetricus .

-us 228, sous us 221, 227 et 236 : couche compacte de pierrailles de granité, de 10 cm

d'épaisseur, dégradée à l'aplomb du mur 206 .

-us 233, sous us 228 : niveau de mortier blanc détritique ennoyant des éclats de granité, dont

l'épiderme se situe au niveau de l'assise maçonnée couronnant la fondation à sec du mur 206.

L'épaisseur de ce niveau est maximale (0,10 m) à l'aplomb du mur 206 et s'amenuise

progressivement vers l'ouest jusqu'à sa disparition.

-us 273, sous us 233 : sédiment sablo-limoneux homogène, brun-clair, de 0,20 m d'épaisseur,

dont l'épiderme est à la cote 5,16. Ce niveau repose sur le substrat granitique fortement

diaclasé et érodé en petites boules, à la cote moyenne 4,92 (figure 50).

L'us 273 appartient au paléosol, bien conservé et non pollué car recouvert par des

niveaux compacts. L'us 233 s'apparente, par sa composition et son aspect à un niveau de

travail, sans doute lié à l'édification du mur 206/234. L'us 228 est le radier du sol bétonné

227/245, sol de la « galerie » en façade ouest de la cour centrale (figure 51). Ce sol est

remblayé par la couche d'enduits peints (us 222) et le niveau de démolition remanié et pollué

par l'humus (us 221). L'us 236 qui s'intercale entre les remblais et le radier du sol est

caractéristique d'un niveau d'occupation/abandon. Le terme de niveau d'abandon est plus

judicieux si l'on considère que cette couche repose sur le radier du sol, ce qui sous-entend

une dégradation du sol de la « galerie » avant la mise en place du niveau détritique à

dominante culinaire 236. Cette dégradation est par ailleurs perceptible au niveau des enduits

et des stucs (us 222) dont le dépôt est intervenu alors que la dégradation du sol était amorcée.

2.2.7. Stratigraphie de la zone E (Figure 34)

Zone fouillée dans sa moitié sud. On observe :

-us 223, us 224, (cf. 2.2.1.) : couches superficielles, en interface avec l'humus .

31

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-us 225 (cf. 2.2.1.) : couche superficielle, en interface avec l'humus ;

Mobilier : Ts : 1, Gaule centrale, phase VII; Ccst:l; Ccc : 1; Fer: 1 fiche; Oss.

Animaux : 38; Coquillages : 3.

-us 246, sous us 223, 224 et 225 : nappe de tuiles fragmentées à plat, de 10 cm d'épaisseur

moyenne, contenant du mortier détritique et des fragments d'enduits peints érodés

centimétriques ;

Mobilier : Ts : 1, Gaule centrale, postérieur à 160 ap.; Ccst : 15; Ccc : 17 dont une cruche à

manchon cannelé d'un type fréquent en Aquitaine et en Armorique à la fin du Ier ap.; Vr : 7;

Fer : 13 (clous et T); Oss. Animaux : 143; Coquillages : 3; Monnaies : 5 imitation Tetricus

dont 4 à l'interface de l'us 224 .

-us 248, sous us 246 : nappe de déchets culinaires à plat dans un sédiment de terre brune (non

apparent sur la coupe) de 10 cm d'épaisseur maximale (figure 52) ;

Mobilier : Ccst : 14; Ccc: 11; Vr : 6; Bronze : 1 plaque; Fer: 15 (clous, anneau);

Tabletterie : 1 tête d'épingle; Oss. Animaux : 246; Coquillages : 3; Monnaies : 4 imitation Tetricus .

-us 250, sous us 246 et 248 : sédiment sablo-limoneux compact à mortier blanc et tuileau

détritiques. De 5 à 10 cm d'épaisseur, cette couche n'est présente qu'à l'aplomb du mur

206/234, sur une bande de 0,80 m de large ; épiderme à la cote 5,15 .

-us 275, sous us 248 : empierrement compact de petites pierres de granité conservé en un

lambeau, en limite nord. Non fouillé mais reposant sur l'us 249 ; l'épiderme de ce niveau de

moins de 10 cm d'épaisseur est à la cote 5,15 .

-us 249, sous us 250 et 275 : sédiment sablo-limoneux brun-clair, de 10 à 20 cm d'épaisseur,

dont l'épiderme est globalement en pendage ouest-est aux cotes respectives 5,15 et 5,06. Ce

niveau repose directement sur le substrat granitique à l'épiderme érodé en boules et fortement

diaclasé, globalement en pendage d'ouest en est aux cotes respectives 5,11 et 4,89 (figure 53).

L'us 249 est identifiée au paléosol dont l'épiderme, en pendage d'ouest en est respecte

le pendage général du substrat. L'us 250 est interprétée comme un niveau de travail lié à la

construction du mur 206/234. L'us 275 est un sol aménagé. On doit considérer que les us 250

et 275 constituent le sol de la cour centrale aménagé directement sur le paléosol à l'aplomb

de la galerie. Ce sol est manifestement perturbé notamment par les poches de rejets culinaires

de l'us 246 identifiée comme une couche d'occupation/abandon datable, d'après les monnaies

recueillies, du dernier quart du nieme siècle ap. J.-C. L'us 246 est un remblai de démolition de

toiture : les tuiles sont vraisemblablement en rejet consécutivement à une récupération. Ce

niveau de démolition interfère avec la couche d'occupation/abandon. Les couches

superficielles sont des remblais de démolition des murs interférant avec la couche de tuiles et

remaniés par places (us 223 et 225).

2.2.8. Structuration et stratigraphie de la zone F

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Le « bâtiment B » de André a été fouillé sur une bande de 1 m de largeur attenante à

la zone B (figures 28, 54). Le comblement du « canal périphérique » a fait l'objet de

sondages. Des témoins de chacun des niveaux rencontrés ont été systématiquement préservés.

Les structures (figure 55)

-us 204, 283, 281 et 282 : murs de la couronne extérieure du bâtiment (cf. 2.2.2.) ;

-us 284, 285, 286 : parement externe de la couronne intérieure : maçonnerie de moellons

réguliers de petit module liés au mortier blanc conservant 4 à 5 assises (cotes d'arasement :

5,12 à 5,23). L'empreinte d'un placage est conservée sous la forme d'une enduction support

en mortier blanc contre le parement 283 (mur ouest) ;

-us 287 : parement interne de la couronne intérieure : maçonnerie de briques de 29 cm de

large (1 pied) conservées sur 3 assises au moins, liées au mortier de tuileau (cotes

d'arasement : 5,20 à 5,26) ;

-us 340 : blocage entre les parements, réalisé au moyen de pierres de granité liées au mortier

blanc lequel vient recouvrir, par places, le mortier de tuileau.

L'ensemble constitue la couronne interne du bâtiment ; sa largeur est précisément de 0,59 m

(2 pieds). En phasage de construction, le parement interne a été réalisé en premier .

-us 288 : espace compris entre la couronne extérieure et la couronne intérieure du bâtiment,

large de 0,28 m (1 pied) : « canal périphérique» .

-us 289 : plate-forme de béton à mortier blanc et granulat d'éclats de granité et de fragments

de tuiles, dont l'épiderme, plus ou moins érodé, se situe à la cote 5,40. L'épaisseur de la dalle

de 4,35 m de large (14 lA pieds) dépasse les 20 cm. Entre cette plate-forme et le parement de

briques, subsiste un interstice (perceptible uniquement à l'angle nord-est) de 1 à 2 cm : il

s'agit vraisemblablement d'un négatif de placage.

Le « canal périphérique » (figures 56-57)

-us 291 : comble l'angle nord-ouest du canal sur 0,45 m de hauteur, niveau de terre grise

contenant des pierres, des fragments de tuiles, du mortier détritique et du tuileau ;

Mobilier : Ccst : 12; Ccc : 1; Vr : 3 fragments d'un récipient d'époque moderne ou

contemporaine; Fer : 1; Tabletterie : 1 bouchon; Oss. Animaux : 5 .

-us 295 : niveau supérieur du comblement du canal constitué d'un blocage compact réalisé au

moyen de blocs de béton de tuileau en remploi (souvent lissés sur une face) et de pierres de

granité, d'une épaisseur conservée variant entre 15 et 30 cm. Niveau absent dans l'angle nord-

ouest (perturbé par l'us 291).

-us 296, sous us 295 : niveau de terre sableuse brune de 5 cm d'épaisseur maximale, absent

dans l'angle nord-ouest de la structure, perturbé par l'us 291 ;

Mobilier : Ccst : 17 tessons d'une coupe à panse profilée en « esse » et lèvre évasée, allongée,

à 2 anses plaquées à l'épaule ; Ccc : 4; Bronze : fragments d'une tôle; Fer : 2 (tôle);

Coquillages : 3 patelles.

-us 297, sous us 296 : béton binaire constitué d'éclats de granité et de mortier blanc (opus

caementicum), non lissé à l'épiderme, qui vient s'appuyer contre les parements du canal ;

33

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perturbé par l'us 291, un lambeau en est conservé dans l'angle nord-ouest (épaisseur

mesurée : 19 cm) L'épiderme de ce béton est aux cotes suivantes : 5,00 dans la branche est,

5,06 à l'aplomb du « conduit » 290, 4,89 à l'angle nord-ouest ;

-us 294, sous us 297 : niveau de pierres de granité compactées, de 10 cm d'épaisseur.

-us 293, sous us 294 et us 29 : sédiment sablo-limoneux dont l'épiderme est à la cote 4,71

dans la branche ouest du canal ; ce niveau n'a pas été fouillé.

Le béton de l'us 297 constitue le fond du « canal périphérique ». Il repose sur un radier

de pierres (us 294) qui pourrait appartenir à la fondation commune des murs de la couronne

extérieure et de ceux de la couronne intérieure d'après sa cote (4,87) proche de celle de la

fondation du mur voisin 204, à la cote 4,84. L'us 293 appartiendrait au paléosol (résiduel ?).

L'us 296 est un niveau de fonctionnement ou d'abandon du canal, non daté en l'état. L'us 295

relève d'une transformation du bâtiment ; il s'agit, en effet, d'un bouchage volontaire du

canal effectué à l'aide de matériaux en réemploi, les mêmes que ceux utilisés pour le

bouchage (us 336) de l'ouverture du mur ouest du bâtiment (us 281, cf. 2.2.2.) (figure 58).

L'us 291 est un niveau de comblement moderne d'après son mobilier (verre récent) d'une

excavation vraisemblablement due aux fouilles anciennes dans l'angle nord-ouest du canal.

Cette excavation a perturbé tous les niveaux jusqu'au paléosol supposé.

Si la structure du « bâtiment B » et son évolution ne sont pas encore cernés faute de

fouille extensive, un schéma commence à se dessiner pour ce qui concerne le premier état.

L'interprétation « fanum » nous semble devoir être abandonnée tant la structuration apparaît

éloignée de celle que l'on connaît sur les fana ou sacella des villas. Celle d'une salle chauffée

par un conduit de chaleur périphérique n'est pas tenable : absence de conduction verticale et

de toute trace de chauffe. Celle d'un édifice à vocation hydraulique pourrait être avancée à

partir des quelques données suivantes : dalle centrale à placage pariétal, « canal

périphérique » vraisemblablement plaqué ou enduit en paroi, maçonnerie au mortier de

tuileau. De nombreuses interrogations demeurent. Pourquoi le fond du « canal n'est-il pas

cuvelé ? quid de l'évacuation de ce « canal » ? était-ce le « conduit aménagé dans un second

temps dans le mur nord (us 290) (figure 57) ? Des modifications fonctionnelles sont

manifestes avec notamment le bouchage systématique du « canal » qui accompagne, d'après

la similitude des matériaux, le bouchage de l'ouverture du mur ouest (figure 58). Comment,

par ailleurs, cette ouverture initiale pouvait-elle fonctionner avec le sol bétonné de la plate-

forme dont le niveau est supérieur de plus de 11 cm par rapport au niveau du seuil de l'ouverture ?

2.2.9. Stratigraphie de la zone G (tranchée de sondage) (Figures 35,59)

Au droit du mur sud (us 282, cf. 2.2.2.) du « bâtiment B », tranchée non destructrice

de 6 m de long pour 1 m de large, partiellement fouillée jusqu'au substrat. On observe, de haut en bas :

-us 200 : terre végétale sur 0,20 m à 0,40 m d'épaisseur : sol actuel en fort pendage nord-sud

entre les cotes 5,80 et 4,50, perturbé, vers l'extrémité sud de la tranchée, par une petite excavation récente mal recomblée.

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-us 308, sous us 210 : niveau de moellons, pierres de blocage, placages de schiste (quelques

fragments), petits fragments de tuiles et mortier détritique, dans une matrice de terre marron ,

de 30 cm d'épaisseur à l'aplomb du mur 282 ; niveau coupé par la perturbation, ;

Mobilier : Cm : 1 ; Ccst : 6; Vr : 3; Fer : 6 clous.

-us 309, sous us 308 : niveau de grands fragments de tuiles à plat, empilés sur 15 à 20 cm

d'épaisseur ; niveau présent jusqu'à 2 ,50 m du mur 282 ;

Mobilier : Ccst : 3; Fer : 9 clous de grande taille.

-us 310, sous us 308 et 309 : sédiment sablo-limoneux brun contenant quelques petits

fragments de tuiles de 40 cm d'épaisseur maximale, reconnu jusqu'à 4,50 m du mur 282, ; Mobilier : Ccst : 6; Fer : 2 clous .

-us 330, sous us 310 : amas de pierrailles de granité d'environ 1,40 m de largeur pour 10 à 15

cm d'épaisseur, qui apparaît à 1,60 m du mur 282 .

-us 331, sous us 310 et 330 : empierrement compact d'éclats de granité à surface plane, qui se

développe, à partir du mur 282, sur une longueur de 5 m. Au-delà, il est perturbé par

l'excavation récente en coupe ouest et remanié par la terre végétale en coupe est. Ce niveau

n'a été fouillé que dans les 2 derniers mètres de la tranchée où il devient diffus ; épaisseur reconnue : 5 cm .

-us 332, sous us 310 : creusement de 5 cm de largeur, qui recoupe l'empierrement 331 le long

du mur 282. Ce creusement est comblé par un sédiment de terre brune (us 333) non fouillé .

-us 334, sous us 331 et sous us 200 à l'extrémité sud du sondage : sédiment sablo-limoneux

brun-clair de 40 cm d'épaisseur reposant directement sur le substrat et ennoyant des boules de granité.

L'épiderme du substrat granitique, diaclasé et arénisé, présente une déclivité nord-sud

entre les cotes 4,20 et 3,96. L'us 334 appartient au paléosol. A la cote 4,85, l'empierrement

331 est manifestement un sol aménagé -sol extérieur selon toute vraisemblance- appartenant à

un premier aménagement de la zone, antérieur à l'édification du mur 282 dont la tranchée de

fondation (us 332) semble avoir coupé le sol 331. L'us 310 est un remblai d'exhaussement

installé sur le sol 331, destiné au soutènement du mur 282 et à la nécessité de réduire la

différence de niveau entre le « bâtiment B » et ses abords. Son épiderme constitue le sol

extérieur du « bâtiment B », à la cote 5,24, tandis que le sol intérieur est à une cote

légèrement supérieure à 5,40 (cf. 2.2.8.). Les us 309 et 308 appartiennent au remblai de

démolition du bâtiment.

2.2.10. Niveaux de la cour centrale dans la tranchée de reconnaissance prolongeant le secteur 2 (Figures 28, 60)

Aux deux extrémités de la tranchée, le substrat granitique affleure directement sous

l'humus. L'épiderme du substrat, fortement diaclasé, altéré en boules ou arénisé et plus

franchement rocheux à l'est, est en déclivité d'ouest en est aux cotes respectives 4,94 et 4,59.

Dans la partie médiane de la tranchée, on observe, sous la terre végétale, une

alternance de plages d'arène et de sédiment sablo-limoneux brun-clair. Ces dépôts qui n'ont

pas été fouillés pourraient appartenir à un horizon fortement érodé du substrat pour ce qui

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concerne l'arène et au paléosol pour le sédiment brun. Cependant, ce dernier pourrait résulter

de dépôts de colluvionnement masquant ou comblant des structures en creux. On peut

exclure, par conséquent, la présence de structures fossoyées dans la cour centrale, liées peut-être à des aménagements horticoles.

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ZONE A

ZONE B

ZONE C

ZONE D

8 : Plouhinec Mané -Véchen 2000

Plan général du secteur 2, d'après le levé au 1/100, zonage du secteur,

numérotation des murs et des structures de la tranchée de reconnaissance, 4.59 : cote de niveau du substrat.

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20NE A -I I ZONE B -I I- ZONE C

5.50

Figures 29 et 30 : Plouhinec - Mané-Véchen 2000

Plan général du secteur 2 et coupe nord du secteur 2 suivant A-A (zones A, B, C)

d'après le levé au 1/20

: substrat

207 : numéro d'unité stratigraphique

4.85 : cote de niveau

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: ossements animaux

: céramique

: tuffeau (sculpture)

: tuile

: mortier détritique

: granité

Figure 31 : Plouhinec - Mané-Véchen 2000. Secteur 2 : zone B, partie est, répartition

spatiale des mobiliers au sein des us 312 et 329.

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o 2

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Figure 34 : Ploiihinec - Mané-Véchen 2000. Secteur 2 : zone E, coupe nord suivant D-D.

Figure 35 : Plouhinec - Mané-Véchen 2000. Secteur 2 : zone G, coupe est.

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Figure 36 : Plouhinec Mané-Véchen 2000. Secteur- 2 : à gauche, mur 202 ; à droite, adjonction mur

203. Au premier plan, zone B, niveau de toiles (us 299/301). Vue prise de l'ouest.

Figure 37 : Plouhinec Mané-Véchen 2000. Secteur 2 : mur 276 ; à droite, lit de pose du parement

(us 251) ; à gauche, fondation (us 258). Au l°plan, zone C sud : toiles et briques (us 266/269).

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Figure 38 : Plouhinec Mané-Véchen 2000. Secteur 2 : mur 206, face ouest ; fondation sur le

substrat rocheux, couronnée par une assise en ressaut et 2 assises en élévation. Vue prise de l'ouest.

Figure 39 : Plouhinec Mané-Véchen 2000. Secteur 2, zone A : en bas, angle des murs 204/281

couronné par la tranchée des fouilles anciennes (us 237). En haut : tuiles (us 208). Vue prise du sud.

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Figure 40 : Plouhinec Mané-Véchen 2000. Secteur 2 , zone A : aspect du substrat ; en coupe, le paléosol (us 272). Vue prise du sud.

Figure 41 : Plouhinec Mané-Véchen 2000. Secteur 2 , zone B : remblai de démolition (us 210/240) à droite, mur 202/203. Vue prise du sud.

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Figure 42 : Plouhinec Mané-Véchen 2000. Secteur 2 , zone B : remblai de démolition (us 264) englobant une maçonnerie en miles effondrée (us 277). Vue prise du nord.

Figure 43 : Plouhinec Mané-Véchen 2000. Secteur 2 , zone B, angle sud-est : crâne de bovin et

tessons de céramique de la couche d'occupation/abandon (us 329). Vue prise du sud.

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Figure 44 : Plouhinec Mané-Véchen 2000. Secteur 2 , zone B : carcasse

de bovin et haut-relief en tufeau (us 312) in situ en paroi et sur le fond de

fosse 328. A droite, témoin de Fus 264/277. Vue prise de l'ouest.

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Figure 45 : Plouhinec Mané-Véchen 2000. Secteur 2 , zone B : fond de

la fosse 328 après enlèvement du haut-relief. Carcasse de bovin et témoin de Fus 329 en paroi est de la fosse. Vue prise de l'ouest.

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Figure 46 : Plouhinec Mané-Véchen 2000. Secteur 2 , zone C : remblai de démolition (us 252) à

l'angle des murs 205 et 276 englobant un chapiteau toscan (fragment). Vue prise de l'ouest.

Figure 47 : Plouhinec Mané-Véchen 2000. Secteur 2 , zone C, le fragment de chapiteau toscan

dégagé du remblai de démolition, reposant sur le paléosol (us 254b). Vue prise de l'ouest.

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Figure 48 : Plouhinec Mané-Véchen 2000. Secteur 2 , zone D : en haut, remblai de démolition de

toiture (us 219) ; en bas, enduits peints et stucs (us 222). Vue prise du sud.

Figure 49 : Plouhinec Mané-Véchen 2000. Secteur 2 , zone D, détail de la couche d'enduits peints et

stucs (us 222). Vue prise du nord-ouest.

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Figure 50 : Plouhinec Mané-Véchen 2000. Secteur 2 , zone D: aspect

du substrat à l'aplomb du mur- 206. Vue prise du nord.

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Figure 51 : Plouhinec Mané-Véchen 2000. Secteur 2 , zone D : de gauche à droite, mur 206, niveau de travail (us 233), paléosol (us 273) et sol bétonné (us 227/245). Vue prise du nord.

Figure 52 : Plouhinec Mané-Véchen 2000. Secteur 2 , zone E, épiderme du niveau d'épandage d'ossements anhnaux (us 248) ; à gauche, mur 234/206. Vue prise du sud.

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Figure 53 : Plouhinec Mané-Véchen 2000. Secteur 2 , zone E : aspect du substrat ; à droite, lambeau du sol extérieur (us 275). Vue prise de l'est.

Figure 54 : Plouhinec Mané-Véchen 2000. Secteur 2 , vue d'ensemble à l'issue de la fouille ; en bas,

à droite, zone F ; en bas, à gauche, zone B ; en haut, à gauche, zone C. Vue prise du sud-ouest.

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Figure 55 : Plouhinec Mané-Véchen 2000. Secteur 2 , zone F

« bâtiment B » ; de gauche à droite : mur extérieur (us 204), « canal »

(us 288), mur intérieur (us 284/287), sol bétonné (us 289). Vue prise de l'ouest.

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Figure 56 : Plouhinec Mané-Véchen 2000. Secteur 2 , zone F : angle nord-est du « canal » ; à

gauche, bouchage (us 295) ; à droite, fond du « canal » en béton (us 297). Vue prise de l'ouest.

Figure 57 : Plouhinec Mané-Véchen 2000. Secteur 2 , zone F : au centre, le « canal » ; à droite,

conduit (us 290) aménagé dans le mur 204 puis bouché dans un second temps (au-dessus de la flèche).

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Figure 60 : Plouhinec Mané-Véchen 2000. Tranchée de reconnaissance

prolongeant le secteur 2 dans la cour centrale. Au premier plan, substrat

au second plan, horizons sablo-limoneux. Vue prise de l'est.

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2.3. Secteur 3 : aile sud

Le travail a surtout consisté en un nettoyage du secteur des fouilles anciennes du

« bâtiment A » et des excavations dues aux clandestins, afin d'intégrer le bâtiment au plan

général, de vérifier l'état sanitaire de ces structures qui n'avaient jamais été réenfouies et de

mesurer le potentiel stratigraphique subsistant. A cette opération de nettoyage qui a affecté

une surface de 96 m2, se sont ajoutées 2 tranchées de reconnaissance, l'une de 17 m de long,

au sud du « bâtiment A » et l'autre, de 6 m de long, au nord, afin de reconnaître l'emprise exacte de l'aile sud (figures 61-62).

Pour ce qui concerne le secteur fouillé anciennement, nous nous bornerons à un rappel

sommaire en mettant l'accent sur quelques observations complémentaires. Aucun relevé

détaillé au 1/20 n'a été effectué et aucune coupe stratigraphique n'a été levée dans la mesure

ou le redressement nécessaire aurait eu pour conséquence d'entamer le potentiel du site à préserver pour un futur programme.

2.3.1. Les murs

-us 360 : mur est du « patio », conserve 3 assises en élévation en partie nord (largeur : 0,49m) et arasé au niveau des fondations en partie sud .

-us 361 : mur nord du « patio », conserve 2 à 3 assises en élévation en partie est (largeur : 0,49

m). Le béton du seuil de communication (us 366) entre la galerie nord et le « patio » est

conservé, à la cote 4.69. La fondation du mur se prolonge vers l'ouest, sous le béton du sol,

comme le montre le bombement du béton du sol de la galerie occidentale.

-us 362 : mur sud du « patio », conserve 2 assises en élévation en partie est (largeur : 0,48 m).

Le seuil de communication entre la galerie sud et le « patio » est arasé au niveau des

fondations du mur, fondations qui se prolongent à l'ouest, à l'instar du mur 361.

-us 363 : mur ouest du « patio », conserve 1 à 2 assises en élévation en partie sud (largeur :

0,48 m) et arasé au niveau des fondations en partie nord. Aux extrémités de ce mur -mais

chaînés à ce dernier- des piliers parementés, en saillie de 0,30 m (1 pied), empiètent sur les galeries nord (us 369) et sud (us 367).

-us 364 : mur sud de la galerie bordant le « patio » au sud, conserve 2 à 3 assises en élévation

en partie ouest (largeur : 0,48 m). Il comporte un pilier en saillie de 0,30 m (us 368) en vis à

vis de la structure 367. Au niveau de ce pilier, l'élévation du mur est interrompue et

parementée en piédroit, tandis que sa fondation se prolonge (us 370).

-us 351 : mur nord de la galerie bordant le « patio » au nord, conserve 1 assise en élévation

(largeur : 0,49 m); mur reconnu dans la tranchée de reconnaissance (figure 65).

-us 372 : mur ouest de la galerie bordant le « patio » à l'ouest. Seul son parement oriental a

été reconnu en ôtant le remblai d'une excavation sauvage. Il conserve 5 à 6 assises en

élévation (cote d'arasement : 5,43) ; les parements en moellons réguliers sont jointoyés au fer.

L'assise inférieure est masqué par un enduit au mortier blanc appliqué en 2 couches dont

l'épiderme, érodé, ne présence plus aucune trace de pigmentation (figure 64).

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-us 371 : mur de cloisonnement de la galerie ouest réalisé, par coffrage, en opus caementicum

(largeur : 0,49 m). Arasé au niveau décapé, ce mur conserve 10 cm d'élévation au moins sous

la berme. Le relèvement du sol de béton à l'aplomb de chaque côté de ce mur montre que

celui-ci est une structure d'origine.

Ces murs appartiennent à un même état du bâtiment. La cour intérieure (patio),

délimitée par les murs 360, 361, 362 et 363, mesure 7,12 m (24 pieds) par 4,74 m (16 pieds) ;

la longueur et la largeur sont, par conséquent, dans un rapport 3/2. A l'est, seule une

dimension de la salle « aux stucs », dénommée salle d'apparat, est connue : elle est

équivalente à la longueur du patio.

Les galeries bordant le patio au sud et au nord, délimitées respectivement par les murs

362, 364 et 361, 351, mesurent 3,43 m de largeur (111/2 pieds). La galerie ouest, délimitée par

les murs 363 et 372 est cloisonnée par le mur 371. Les 2 salles en résultant sont de même

dimensions : 7, 12 m (24 pieds) par 5,18 m (17,5 pieds) ; leur longueur est, par conséquent,

équivalente à la longueur du patio. Ces 2 salles communiquent respectivement avec les

galeries nord et sud par des passages à arcades ou à linteau reposant sur des piédroits dont les

bases en saillie sont conservées (367 et 368 pour le passage nord ; 369 et non connu car hors

zone fouillée pour le passage nord. La salle au sud-ouest communique avec l'extérieur par

une porte (370) ouverte dans le mur 364, dont seul le piédroit oriental est reconnu au ras du

passage de communication avec la galerie sud.

2.3.2. Sols et niveaux dans l'emprise des fouilles anciennes

Le « patio » (figure 63)

Fouillé dans la décennie soixante-dix puis entaché de nombreux sondages sauvages, le

sol du « patio » est presque intégralement remanié jusqu'au substrat dont l'épidémie a été

mesuré, dans l'angle sud-ouest, à la cote 4,57. Des lambeaux de sol sont toutefois conservés

dans les angles nord-ouest et sud-est (us 374) à la cote 4,60.

Dans l'angle sud-ouest, des excavations du substrat pourraient être d'origine. En effet,

contrairement aux excavations modernes remblayées de gravats mêlés de terre végétale, ces

creusements sont comblés par un sédiment de terre brune qui n'a semble-t-il pas subi de

remaniement (et dont on a réservé la fouille).

Contre le mur est, à proximité de l'angle nord-est, des moellons récupérés adossé au

parement du mur ayant subi une rubéfaction que l'on observe également à l'aplomb, à

l'épiderme du sol d'origine, trahissent une réoccupation du lieu, non datée. Sur la fondation

du mur sud et débordant vers l'intérieur, un foyer cimenté est postérieur aux fouilles de 1970.

Les galeries périphériques

Le sol de béton à granulat de galets de quartz (us 373) a relativement bien résisté à

l'érosion. Son épiderme lisse, qui ne présente aucune empreinte de dallage, est bien conservé

dans les galeries ouest et nord mais plus arasé dans la galerie sud. Ce sol présente une légère

déclivité générale du sud vers le nord, entre les cotes 4,77 et 4,66 ; il est légèrement relevé à

l'aplomb des murs (à la cote 4,82 près du mur 372).

Le sol bétonné (us 375) de la salle est (celle qui, en 1966, a livré les stucs) est de

même composition que celui des galeries. A la cote 4,64, le béton repose sur un radier de

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pierres de granité directement installé sur un sédiment sablo-limoneux brun-clair identifié au

paléosol.

Sous les bennes, les niveaux qui remblayent le sol des galeries périphériques sont

stratifiés et atteignent 0,50 m de puissance dans la galerie ouest. Ils correspondent grosso-

modo aux observations effectuées par P. André. Globalement, du sol actuel au sol antique, on

observe (figures 66-67):

-us 354 : moellons et pierres de blocage ; couche lacunaire, absente par endroits et remplacée

par un sédiment de terre brune mêlé de nombreuses granules de mortier détritique .

-us 355 : tuiles empilées à plat, en grands fragments parfois en connexion, noircies par le feu,

et chauffées parfois jusqu'à vitrification et déformation .

-us 356 : sédiment cendreux, noir, englobant de très nombreux fragments d'enduits pariétaux

polychromes, parfois en connexion (plaques), le plus souvent face peinte contre le sol. Pour

nombre de ces fragments, le support en terre, induré par la chauffe, adhère encore au mortier.

Globalement, le remblai de démolition est en place même s'il a subi des

récupérations. La couche d'incendie emprisonnant les enduits tombés sur le sol conserve un

potentiel important dans la galerie ouest. Par contre, nous n'identifions nulle part, dans les

bermes, la terre qui devait, d'après l'observation des enduits, constituer la superstructure des

murs -tout au moins de certains murs, peut-être des cloisons-. L'observation d'un support de

terre pour certains enduits rejoint les analyses de M. Frizot, concernant les enduits et stucs de

la salle orientale (Frizot, 1977). Aucun élément susceptible de révéler une occupation tardive

ou une réoccupation -telles les piles maçonnées découvertes par P. André- n'est observable en

paroi des bermes.

2.3.3. Tranchée nord (Figure 65)

Au sud du mur 351 (galerie nord):

-us 354 (cf. 2.3.2.) ;

-us 355 (cf. 2.3.2.) : les tuiles brisées en grands fragments présentent systématiquement des

traces de suies (tegulae : 1= 29 cm) .

-us 356 (cf. 2.3.2.) : dans le sédiment cendreux, les fragments d'enduits sont rares et

pulvérulents (mortier détritique) ;

Mobilier : Ccst : 1; Ccc : 1; Vr : 3; Enduits : 10 (couleurs rouge et blanche).

La séquence stratigraphique est identique à celle reconnue dans les bermes de la

galerie ouest.

Au nord du mur 351 (cour centrale)

-us 350/352 : moellons et pierres de blocage ; niveau présent sur 0,20 m d'épaisseur à

l'aplomb du mur 351, progressivement arasé vers le nord et absent à l'extrémité nord de la

tranchée ;

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Mobilier : Ts : 1 Gaule centrale, phase VT/VÏÏ; Ccst : 18; Fer : 4 clous et tés.

-us 353 : tuiles à plat, en grands fragments en connexion, à l'aplomb du mur 35\{tegulae :

1=28 et 29 ; tuile écaille, brique ronde à enduit de tuileau sur les 2 faces : D= 29 cm) ; parmi

les tuiles, quelques fragments d'enduits peints de couleur rouge à filets blancs ;

Mobilier : Ccst : 24; Ccc : 2; Oss. Animaux : 8.

-us 358 : sédiment sablo-limoneux brun comportant, à l'épiderme quelques éclats de granité

et de calcaire blanc à l'aplomb du mur 351 ; niveau dégradé à 2 m au nord du mur où

apparaît, directement sous l'humus, le substrat granitique diaclasé et altéré, à la cote 4,54 à

l'extrémité de la tranchée .

L'us 358 appartient au paléosol ; les traces d'empierrement à l'épiderme sont

vraisemblablement ce qui subsiste d'un sol aménagé dans la cour centrale, à l'aplomb de la

galerie nord. Les us 353 et 350/352 appartiennent au remblai de démolition résiduel.

2.3.4. Tranchée sud

-us 380 : moellons et pierres de blocage, niveau de 25 cm d'épaisseur à l'aplomb du mur 364

et absent à partir d'une distance de 3,50 m du mur.

-us 381: sous us 380, sédiment sablo-limoneux, brun, présent à l'aplomb du mur 364 et

rapidement dégradé, reposant sur le substrat.

-substrat : affleurant directement sous l'humus, de la limite de l'us 380 jusqu'à l'extrémité de

la tranchée. Fortement diaclasé, il présente, en alternance, des bancs de roche dure et des

bancs érodés en boules ; d'autre part, de nombreuses excavations d'ampleur modeste

(quelques dizaines de centimètres de largeur), comblées par l'humus, le perforent en suivant

les diaclases. L'épiderme du substrat est en déclivité régulière nord-sud aux cotes respectives

4,52 et 3,99.

Aucun aménagement n'a été localisé dans cette zone, à l'extérieur, au sud du bâti. Les

quelques excavations localisées correspondent vraisemblablement à des extractions

sporadiques mais on ne peut exclure, à priori, la présence de négatifs de structures en creux

dans ce secteur où le sol ancien a disparu à l'exception d'une bande limitée à l'aplomb du

mur sud du « bâtiment A ».

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Figure 62 : Plouhinec Mané-Véchen 2000. Secteur 3 : vue d'ensemble du « bâtiment A » prise du

sud-ouest ; à Panière plan, la rivière d'Etel.

Figure 63 : Plouhinec Mané-Véchen 2000. Secteur 3 : le « patio » vu du sud ; au centre, aspect actuel

de la zone des fosses d'enfouissement des dépôts monétaires découverts lors des fouilles antérieures.

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Figure 64 : Plouhinec Mané-Véchen 2000. Secteur 3, galerie ouest : parement oriental du mur 372, vestige de l'enduit pariétal et sol de béton (us373). Vue prise de l'est.

Figure 65 : Plouhinec Mané-Véchen 2000. Secteur 3, galerie nord ;de bas en haut :

sol de la cour centrale (us 358), mur 351, sol bétonné (us 373). Vue prise du nord.

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Figure 66 : Plouhinec Mané-Véchen 2000. Secteur 3, galerie ouest : niveaux de démolition dans la

benne nord-ouest ; de bas en haut : us 356, 355, 354, humus. Vue prise du sud-est.

Figure 67 : Plouhinec Mané-Véchen 2000. Secteur 3, galerie ouest : niveaux de démolition dans la

benne sud-ouest ; de bas en haut : us 355, 354, humus. Vue prise du nord-est.

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2.4. Observations complémentaires dans l'environnement du site

Dans la falaise méridionale du site, en rive de l'anse du Gueldro-Marrec, se voit un

mur coupé transversalement, de 0,60 m de largeur, dont les caractéristiques sont identiques à

celles des murs de la villa : fondation en pierrailles tout-venant dans une tranchée recoupant

le paléosol jusqu'au substrat rocheux, couronnée par des blocs plus importants et parement (2

assises visibles) en moellons grossièrement équarris (figure 68). Ce mur semble être dans

l'alignement du mur de façade de la galerie de l'aile ouest qui borde la cour centrale. Il est en

tout cas aligné avec un relief bien marqué perceptible sur le plan topographique en courbes de

niveaux, relief linéaire de direction nord-sud et de 0,50 m d'élévation, qui joint le secteur de

jonction des ailes ouest et sud de la villa à la falaise méridionale.

Selon toute vraisemblance, ce relief cache un mur clôturant l'espace compris entre

l'aile sud et la falaise méridionale. Rien ne s'oppose d'ailleurs à ce que cette clôture soit un

portique. Un seul mur est visible dans la falaise mais les conditions d'observation sont

défavorisées, de part et d'autre du mur, par la végétation.

Dans la falaise orientale, parmi la végétation envahissante, on devine la présence de

substructions dans le prolongement de l'aile nord de la villa. Sur la grève, au pied de la

falaise, des déblais de construction attestent du recul du rivage et de la destruction -moindre

que sur l'aile sud- d'une partie du site.

Sur la grève orientale, approximativement dans le prolongement de l'aile nord de la

villa, on peut observer les vestiges d'un bassin cloisonné, aménagé dans le rocher,

d'orientation nettement divergente par rapport à celle des murs de la villa. Sa profondeur

résiduelle n'excède par 10 centimètres. Le rocher globalement plan qui en constitue le fond

est en pente vers la rivière d'Etel et son remblai actuel composé de sable, de graviers et de

coquilles est pratiquement inexistant (figure 69).

La fonction de vivier de cet aménagement recouvert seulement à marée haute de nos

jours, est peu vraisemblable si l'on tient pour acquis que le niveau des hautes mers, dans

l'antiquité, était de 2 m plus bas. On s'en tiendra, pour le moment, à ce simple constat qui ne

préjuge ni de la fonction ni de l'attribution chronologique de cette structure.

Une voie à ornières profondément creusée dans le rocher subsiste dans la grève

méridionale à quelques mètres de la falaise. De direction ouest-est, cette voie est grosso modo

parallèle à l'aile sud de la villa et gagne, depuis le fond de l'anse du Gueldro-Marrec, le bord

de la rivière d'Etel. Sa métrique, notamment l'écartement des ornières, n'a pas encore été

analysée.

L'antiquité de cet aménagement n'est pas avérée de prime abord. L'hypothèse d'un

chemin d'exploitation conchylicole n'est pas à exclure (figure 70).

La carrière ayant fortement entamé l'aile sud de la villa, dont la salle aux stucs

dénommée « salle d'apparat » dans les comptes-rendus des fouilles antérieures, présente un

front de taille en gradins partiellement masqués par la végétation. Deux faciès de la roche

apparaissent : le granité fortement diaclasé qui constitue le substrat des secteurs fouillés et un

granité nettement plus compact ayant manifestement permis de débiter des blocs (figure 71).

Le front de taille actuel est évidemment postérieur à l'abandon de la villa.

Une autre carrière est parfaitement observable dans la falaise méridionale. Le front de

taille en gradins est spectaculaire à la pointe sud-est de l'éperon. Aucune trace des techniques

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et des outils d'extraction ne subsiste à cause de l'érosion marine. Le faciès compact du

granité est ici dominant sans être exclusif (figure 72).

Rien ne s'oppose à une exploitation antique pour les besoins de la construction mais

rien ne permet de l'affirmer. Tout au long de la falaise méridional, subsistent d'autres traces

sporadiques d'extraction en interface avec la cour délimitée par le mur visible dans cette

falaise.

Le bord de l'éperon est clôturé, au sud, par un muret de pierres sèches -dont des

moellons provenant des murs de la villa- dont la largeur à la base atteint 1,30 m. On y verrait

volontiers une clôture médiévale ou moderne pour le pacage des animaux. Un autre muret

clôture l'éperon à l'est entre la pointe sud-est et la carrière ayant entamé l'aile sud. Ce mur

présente la particularité d'être constitué de monolithes de granité discontinus avec des

moellons sans mortier entre les blocs (figure 73). Cette particularité méritait d'être signalée,

même s'il semble bien que ce muret appartient à l'enclos de pacage.

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Figure 68 : Plouhinec Mané-Véchen 2000. Coupe du mur dans la falaise méridionale du site (anse du Gueldro-Marrec). Vue prise du sud.

Figure 69 : Plouhinec Mané-Véchen 2000. Vestiges du bassin entaillé dans le rocher sur la grève, à l'aplomb de l'aile nord de la villa. Vue prise de l'ouest.

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Figure 70 : Plouhinec Mané-Véchen 2000. Voie à ornières dans la grève méridionale du site (anse du Gueldro-Marrec). Vue prise de l'est.

Figure 71 : Plouhinec Mané-Véchen 2000. Front de taille de la carrière entaillant la falaise orientale. Vue prise de l'ouest.

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3. Synthèse des données

3.1. L'organisation de la villa (Figure 74 )

Les sondages confirment l'analyse du plan topographique. Le site s'organise autour

d'une cour centrale bordée de 3 ailes ou corps de bâtiment au nord, à l'ouest et au sud. Y eut-

il une quatrième aile -détruite par l'action conjuguée de l'érosion marine et de l'exploitation

des carrières- fermant la cour à l'est ? La question est, en l'état, sans réponse. Si l'aile ouest,

au fond de la cour centrale largement ouverte sur la rivière d'Auray, constituait le corps

principal de l'édifice, cette proposition serait à rejeter. En revanche, si la partie résidentielle

de l'habitat se trouve dans l'aile sud, partie aspectée au midi en face de l'anse du Gueldro-

Marrec, cette proposition ne peut être éliminée d'emblée.

Quelle que soit la réponse, la villa est tournée vers la ria et close, côté terre, par l'aile

ouest que prolonge, jusqu'à la rive, un mur ou un portique fermant une cour méridionale à la

pointe de l'éperon.

L'hypothèse de la villa à péristyle de type pompéien émise par les chercheurs qui nous

ont précédé - mais qui n'avaient pas la vision globale qui est la nôtre à l'issue de l'évaluation-

est évidemment caduque.

Pour ce que l'on en perçoit, la villa s'inscrit dans un carré de 55 m de coté (cour

méridionale non comprise) et couvre une surface d'environ 3000 m2. La partie bâtie couvre

une superficie de 1600 m2 ; l'aile nord atteint 38 m de longueur pour 10 m de largeur soit 380

m2, l'aile ouest 36 m par 20 m soit 720 m2 et l'aile sud 30 m par 16 m soit 480 m2. La

superficie de la cour centrale, de 27 m d'axe nord-sud et 31 m d'axe ouest-est, mesure

environ 840 m2 ; celle de la cour méridionale atteint 1300 m2.

Il est vraisemblable que la villa n'est pas totalement incluse dans la propriété de l'état

et que l'angle nord-ouest, à la jonction des ailes nord et ouest, déborde dans la copropriété du

lotissement de Mané-Véchen.

Enfin, lorsque nous parlons des limites de la villa, ce terme concerne l'édifice

cohérent disposé autour de la cour. Des bâtiments isolés existent dans l'environnement de cet

édifice dont on présume qu'ils font partie du domaine. Il en existe au moins deux : les

thermes fouillés antérieurement, implantés à 45 m à l'ouest, et un édifice situé à une

soixantaine de mètres au nord-ouest signalé anciennement (« bâtiment D » du plan général)

dont l'existence est confirmée par les nombreux débris de moellons, de tuiles et de

céramiques qui affleurent sur le chemin côtier.

3.2. L'implantation du site

Aucun terrassement d'importance n'a précédé l'implantation de la villa. Le substrat et

le paléosol sont presque partout en place sous les sols des secteurs sondés et les

aménagements du sol ancien que l'on a pu observer sont modestes et localisés. L'éperon sur

laquelle elle est construite ne présente pas une surface plane comme le montrent les courbes

de niveaux du plan topographique dans les secteurs non bâtis et les cotes de niveau du

paléosol et du substrat levées dans les secteurs sondés. Pour autant, l'implantation de la villa

résulte d'un choix raisonné fonction de la topographie naturelle. Ainsi, la cour centrale est

une dépression naturelle à double pendage : d'ouest en est où la dénivelée est inférieure à 1 m

et du nord au sud avec une dénivelée inférieure à 0,50 m. Seule l'aile sud est pratiquement de

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Figure 74 : Plouhinec - Mané-Véchen 2000. Emprise présumée du bâti (en grisé)

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plain-pied avec la cour (les forts reliefs que l'on observe sur le plan topographique sont à

mettre au compte de la conservation des élévations sur plus de 0,50 m de hauteur).

L'aile sud est implantée sur un replat pratiquement horizontal qui s'incline ensuite

progressivement vers l'anse du Gueldro-Marrec au sud. L'aile ouest est également installée

sur un replat, qui domine légèrement la cour et qui se termine par un abrupt (relatif!) à

l'ouest et au sud-ouest, ce qui a nécessité des apports de terre afin de contreventer les murs à

l'extérieur. L'aile nord, en revanche, est implantée au flanc d'un affleurement rocheux dont le

sommet se situe dans la copropriété du lotissement : sous le bâti, le substrat accuse

globalement un pendage d'environ 0,60 m, ce qui a nécessité de légers aménagements du sol

naturel corrélés à une installation des sols en gradins.

L'assiette de la villa n'étant pas plane -les replats et pointements sont à des altitudes

différentes- deux solutions se présentaient au concepteur : installer les sols des parties

couvertes au même niveau par l'apport de remblais d'exhaussement dans les parties les plus

basses où s'adapter au terrain. C'est manifestement cette deuxième solution qui fut choisie à

la lecture des cotes de niveaux des sols en place. Dans l'aile ouest, le sol de la galerie et celui

du « bâtiment B » sont de plain-pied (cotes 5,35 et 5,40). Le sol de la pièce principale fouillée

dans l'aile nord est de niveau avec les sols de l'aile ouest tandis que celui de la galerie

bordant cette pièce est plus bas de 0,30 m. Les sols de la partie fouillée anciennement, dans

l'aile sud, sont à un niveau inférieur de près de 0,70 m aux sols de l'aile ouest.

Ces observations démontrent l'adaptation du projet architectural au terrain naturel, ce

qui n'est pas sans conséquence sur l'appréciation que l'on peut porter sur le site. On

considère généralement que l'emprise sur le terrain naturel qui se manifeste par l'adaptation

du terrain au projet et non l'inverse est une marque de puissance.

3.3. Structuration, phasage, et identification des secteurs fouillés

Structurellement, une phase unique du bâti a été mise en évidence sur l'aile nord

reconnue dans le secteur 1. Dans cette phase unique, deux états ont été reconnus. A l'état

initial, l'aile nord se présente semble-t-il comme une enfilade de salles constituant le corps

principal bordé par un espace qui s'apparente à une galerie de façade donnant sur la cour

centrale. Dans un deuxième état, la « galerie » est cloisonnée perdant ainsi sa fonction

première. Les sols de cette aile n'ont pas été bétonnés, tant dans la « galerie » que dans le

corps principal, dans l'état initial comme dans l'état final, et ces pièces n'ont jamais reçu de

décor pariétal à en juger par l'absence d'enduits peints ou de placages dans les remblais de

démolition. Il paraît curieux que l'espace interprété comme une galerie de façade n'ait pas été

traité comme les galeries de façade des ailes ouest et sud. Soit il ne s'agit pas d'une galerie de

façade proprement dite, soit cet espace n'a jamais reçu le sol et le décor pariétal prévu dans le projet initial.

Quoiqu'il en soit, tout caractère résidentiel est à exclure pour l'aile ouest avec ses sols

de terre et de pierre -et peut-être des planchers- et son absence de décorum. En phase

terminale de l'occupation de la villa (à la fin du ]jfme

siècle), la salle nord du secteur 1 est

manifestement vouée aux activités artisanales. Une forge est plus que vraisemblable,

matérialisée par des fosses et une possible empreinte de billot d'enclume. Les très nombreux

déchets de fer autres que la quincaillerie habituelle : tiges, tôles, barres, le démontrent même

si les scories -indubitablement des scories de forge- sont rares. S'y ajoutent des ustensiles et

des outils brisés, peut-être destinés à être reforgés : ciseau, outil pour le travail du cuir,

couteau (figures 75, 76 77). Les fourneaux de forge sont à chercher à proximité du secteur

fouillé. Les importants rejets culinaires présents sur le sol des salles cloisonnant la « galerie »

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montrent une dégradation des conditions de vie ou d'activité dans cet espace où les déchets ne sont plus évacués hors du bâtiment.

A l'opposé, l'aile sud fouillée anciennement présente un caractère purement

résidentiel avec des galeries disposées autour d'une petite cour intérieure (le patio),

intégralement dotées de sols bétonnés et décorées d'enduits pariétaux. C'est dans cet endroit

clos et bien abrité qu'étaient cachées les « économies du propriétaire de la villa » selon les

termes de P. André. On peut supposer que la galerie nord était une galerie de façade ouverte

sur la cour centrale. A l'opposé, dans le mur sud, une porte permettait de pénétrer dans la

cour méridionale. Apparemment -mais les sols n'ont pas été sondés-, cette aile n'a connu

qu'une seule phase de construction, sans modification ultérieure. D'après les observations de

P. André, ce secteur aurait connu une réoccupation au rv61"6 siècle ( ?) consécutive à l'incendie de l'édifice.

L'examen du plan topographique montre que cette aile comporte au moins deux autres salles, peut-être trois, à l'ouest.

L'aile ouest suscite beaucoup plus d'interrogations. Des éléments tels que

l'importance de l'édifice et sa position en fond de cour (dans l'hypothèse de l'inexistence

d'une quatrième aile) incitent à y localiser la partie principale de la résidence. Mais d'autres

éléments telle la rareté des sols bétonnés et du décor contredisent cette hypothèse.

Le corps de bâtiment principal à deux galeries, l'une donnant sur l'extérieur à l'ouest

et l'autre ouverte sur la cour centrale, est de loin le plus important en terme spatial, tout au

moins pour ce qui concerne la largeur (près de 20 m). Se greffe, en saillie dans l'angle sud-

ouest, une vaste salle en bastion (le « bâtiment B »). Il a déjà été proposé que les deux

ensembles devaient être décalés chronologiquement, sans que l'on puisse préciser dans quel

ordre, et qu'ils furent réunis par des cloisons ou des bouchages de passages.

Dans le corps principal de bâtiment, seule la galerie en façade de la cour centrale a été

dotée d'un sol bétonné et d'une décoration pariétale (stucs et enduits peints) dont les débris

gisent sur le sol. Il est pour le moins surprenant que la partie centrale et la galerie occidentale

n'aient reçu ni sol de béton, malgré la présence de ressauts de réglage de sols dans les murs,

ni décoration murale. Il est vraisemblable que des planchers sur lambourdes devaient

constituer le sol de ces espaces ; à l'appui de cette proposition que le sondage ne permet pas

de valider faute de vision suffisamment large, la position des niveaux d'occupation/abandon

entraînés, par hypothèse, sous les ressauts des murs par la réduction en poussière des

planchers. Cette différence de traitement des espaces de ce corps de bâtiment incite à évoquer

un chantier interrompu, un projet architectural non mené à son terme et des solutions de raccroc pour rendre l'édifice fonctionnel (?).

La fonction du bastion en saillie (« bâtiment B») fait problème. Il faudrait évoquer des

fonctions successives tant la structure a subi de modifications. S'il est hors de propos de

disserter sur les fonctions possibles en l'absence d'une fouille exhaustive, il importe de

synthétiser les informations. L'ouverture du mur ouest ne cadre pas avec la plate-forme

bétonnée et le « canal » périphérique. Ce dernier qui suppose, à un moment donné, une

fonction hydraulique, ne semble pas doté de toutes les nécessités que requiert cette fonction :

en particulier, l'étanchéité fait défaut. Quand au « conduit » percé dans un second temps dans

le mur nord, il se trouve en interface avec la « galerie » occidentale du corps de bâtiment

principal, au droit d'une fosse ou fossé que l'on suppose aménagé sous le plancher. A l'état

final, ouvertures et « canal » ont été soigneusement bouchés trahissant une modification

substantielle. En bref, aucune proposition ne peut être avancée, les questions sont posées...

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Comme dans l'édifice de l'aile nord, la dégradation des conditions de l'occupation à

la fin du IIIeme

siècle sont patentes : carcasses, voire cadavres d'animaux abandonnés sur les

sols, rejets culinaires en abondance devant la galerie de façade donnant sur la cour centrale,

sculpture jetée au rebut parmi les carcasses. La galerie occidentale, pour le moins, n'est plus

fonctionnelle bien que le bâtiment soit encore debout.

Seule l'aile sud paraît avoir été détruite par un incendie : la couche de cendres

ennoyant les enduits et tuiles calcinées, omniprésente dans ce secteur, en témoigne. En

revanche, la ruine progressive des ailes ouest et nord semble de règle. Un fait en témoigne : la

dégradation du sol bétonné de la galerie de l'aile ouest bordant la cour centrale avant la chute

des enduits muraux. Comme généralement, l'action des récupérateurs de matériaux s'est

exercée après la ruine du site, les remblais chargés en mortier détritique en témoignent, mais

cette action est demeurée d'ampleur limitée et sectorielle.

3.4. La construction

Les murs sont très peu fondés ; on voudrait dire qu'ils sont mal fondés. Lorsque le

substrat affleure, comme dans l'aile nord, ils sont directement édifiés sur le rocher. Sur un lit

de pose en mortier, de gros blocs de granité grossièrement équarris servent de soubassement

aux élévations. Lorsque le paléosol est en place -son épaisseur n'excède pas 0,25 m-, le mode

de fondation se résume au creusement d'une tranchée dans le paléosol, jusqu'au substrat,

tranchée remplie de pierrailles de granité à sec couronnées par une assise de blocs ou

moellons plus ou moins dressés sur un lit de mortier.

Les élévations sont en petit appareil de moellons de granité local équarris, sans

atteindre la régularité connue sur des monuments tels que le temple du Haut-Bécherel à

Corseul (Côtes-d'Armor). Le module moyen des moellons est de 10 cm par 8 cm avec des

écarts sensibles. L'appareil des murs du « bâtiment B » est plus régulier que celui des autres

murs, à l'exception de ceux de l'aile sud particulièrement soignés. Dans ces parties, les

assises sont soigneusement dressées et les joints tirés au fer. Les murs de l'aile nord sont les

plus frustes. La superstructure de certains murs était en pisé comme l'indique le support en

terre -induré par l'incendie- des enduits muraux de l'aile sud. Peut-être cette mise en œuvre

ne concernait-elle que les cloisons ? Toujours est-il que dans les deux autres secteurs nous

n'avons nulle part identifié, dans les remblais de démolition, de terre prouvant la

généralisation de la construction en terre sur le site.

La construction était normalisée. Les épaisseurs des murs sont basées sur le pied

romain22

. Les valeurs sont toutes de 2 pieds ou 1 pied et 3 palmes. Les piédroits des passages

entre les galeries de l'aile sud (secteur 3) ont 1 pied de côté. Les niches du mur principal de

l'aile nord ont 4 pieds de largeur pour 2 de profondeur. Les dimensions des salles ou

ensembles de salles obéissent à cette normalisation avec des valeurs au pied entier ou au

demi-pied (à titre d'exemple : 32 pieds de large pour l'espace central de l'édifice de l'aile

ouest et 13 Vz pieds pour la largeur des galeries).

Les décors de sols (dallage, mosaïque) sont inexistants dans les parties fouillées et,

compte tenu de l'absence d'empreintes, n'ont jamais existé. Cette observation n'est pas

encore validée pour le « bâtiment B » dont le sol n'a pas été fouillé à l'exception d'une petite

bande nord dégradée par la végétation de surface.

Pied romain de 29,65 cm ; 4 palmes font 1 pied.

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Les schistes et micaschistes à grenats provenant de l'île de Groix, et quelques rares

plaques en calcaire constituent la matière première des décors de placage pariétaux. Toutes

ces pièces proviennent des remblais de démolition et aucune n'a été découverte m situ. Il

convient de remarquer l'absence des marbres pourtant si courants dans les villas maritimes et

les grandes villas rurales. Cette absence pourrait être l'indice d'un projet décoratif non mené

à son terme ou d'une opulence moindre que pressentie. Les enduits et stucs pariétaux

découverts lors de l'évaluation sont restés en place. Les observations succinctes montrent

qu'il s'agit de moulures pour ce qui concernent les stucs et, pour les peintures, de fragments

de panneaux à fond blanc, rouge ou bleu/vert à filets blancs dominants.

Le décor architectonique comprend un unique élément, non en place : un chapiteau

toscan en granité de 0,41 m de largeur à l'abaque et 0,28 m de diamètre en haut de fût, ce qui

admet une colonne d'environ 0,30 m (1 pied) de diamètre à la base. Il est vraisemblable que

les briques rondes ou demi-rondes découvertes en grand nombre dans les remblais de

démolition constituaient les fûts de colonnes maçonnées. Rien ne s'oppose, en effet, à la mise

en place d'un chapiteau de granité sur une colonne de briques enduite à la finition.

3.5. La datation

La villa de Mané-Véchen constituerait un cas particulier dans le corpus des villas

littorales : elle est tardive et sa construction n'intervient pas avant l'extrême fin du IIeme

siècle

après Jésus-Christ, voire le début du IUeme

. Cette affirmation se fonde sur l'analyse du

mobilier céramique importé. Les tessons des phases VFVTI de Gaule Centrale sont rares et

les types du rif™6 siècle sont les plus fréquents : céramique sigillée Déchelette 72 et

céramique métallescente à barbotine blanche de Trêves. L'objection consistant à dire que les

rebuts céramiques antérieurs ont pu être évacués régulièrement vers la décharge naturelle

qu'est la mer -ce qui s'est sans doute passé durant la période d'occupation du site- est levée

par l'absence totale des productions antérieures au milieu du lTme

siècle qu'elles soient

locales, régionales ou importées. Or, même si la vaisselle cassée est régulièrement évacuée, il

demeure toujours quelques petits tessons qui ne sont pas ramassés, notamment sur les sols

meubles ou non bétonnés. Ces tessons résiduels sont totalement absents. Une autre objection

consiste à minorer cette appréciation compte tenu du faible taux de fouille du site en l'état.

Mais on doit constater que les fouilles anciennes -après révision des datations dont les

méthodes ont beaucoup progressé depuis 20 ans- aboutissent à la même conclusion. Un autre

argument est en faveur de cette datation basse : le faible taux de remaniement de la

construction originelle et l'absence de superposition de sols et de niveaux d'occupation. La

présence de monnaies de la fin du Ier siècle relevée lors des fouilles anciennes, tant dans les

dépôts que sur les sols, n'est d'aucune signification dans la mesure où ces monnaies sont

thésaurisées et circulent très longtemps.

A notre sens, la construction de la villa intervient durant la période sévérienne,

période qui voit, en Armorique et ailleurs, les grandes villas rurales atteindre le maximum de

leur développement et, dans les villes, une phase d'urbanisation croissante bien mise en

évidence par les fouilles récentes de Carhaix (Vorgium) où les quartiers périphériques sont

remodelés et où l'on construit un second aqueduc, plus long et de plus grand débit, afin

d'alimenter la ville en eau courante. On a souvent parlé, d'ailleurs de « renaissance

sévérienne » même s'il convient de moduler cette appréciation qui n'est pas forcément universelle.

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Les modifications apportées au plan d'origine de la villa ne peuvent être datées en

l'état ; on sait seulement, par la découverte d'une monnaie de l'épouse de Commode, que le

cloisonnement de la galerie de l'aile nord est postérieure à 180 après J.-C.

La phase d'occupation de la fin du nieme siècle, bien datée par la profusion de frappes

monétaires imitant le monnayage de Tetricus et caractérisée par la dégradation des conditions

de vie et d'activité, est vraisemblablement à associer à l'installation d'une population

nouvelle sur le domaine, après le départ ou la disparition des propriétaires légitimes. Ce

départ est une hypothèse induite par les dépôts monétaires trouvés dans le patio qui montrent

un arrêt de la thésaurisation vers 280 après J.-C, et qui n'ont jamais été récupérés par leur

propriétaire. L'abandon du site surviendrait à l'extrême fin du meme siècle ou au début du

IVeme. Mais l'absence totale de céramiques aquitaines à l'éponge, de sigillées argonnaises et

de monnaies constantiniennes que l'on trouve à profusion sur les sites occupés ou réoccupés

au Bas-Empire exclut le prolongement de cette occupation au-delà de 320. Quelques

découvertes mobilières semblent cependant contradictoires. Il s'agit de la fibule penannulaire

du type Fowler C, daté du iV™6 siècle, mais qui apparaîtrait dès la fin du Iff"16 pour certains

auteurs (figure 78). Il est intéressant de noter que ce type d'objet, très fréquent dans les

camps militaires du limes, appartient au costume du légionnaire et qu'en Armorique il a

généralement été découvert dans les tombes de soldats auxiliaires installés au IV™6 siècle

comme à Pléhérel, Etel ou Guer (des Francs). Une seule autre fibule du même type a été

découverte en contexte non funéraire, celle de Corseul. L'autre mobilier du Bas-Empire est

l'épingle en jais de Whitby (Bretagne insulaire) trouvée malheureusement hors contexte

(figure 79). Ces objets sont trop isolés et leur datation reste trop sujette à caution pour en

déduire une occupation plus tardive du site qui n'est cependant pas à exclure. Un dernier

élément pourrait appartenir au Haut-Moyen-Age : l'épingle en bronze découverte dans le

niveau d'abandon de la salle principale de l'aile nord qui serait un ardillon de fibule

penannulaire de très grande taille caractéristique de cette période (figure 80).

3.6. Le haut-relief et autres éléments à caractère religieux

La sculpture a été découverte dans le niveau d'abandon de la « galerie » occidentale

du corps de bâtiment principal de l'aile ouest, parmi des ossements de bovins, recouverte par

le remblai de démolition de toiture. L'objet était donc au rebut. Autour du fragment principal,

d'autres fragments plus petits qui recollent avec celui-ci -dont l'un des angles de la sculpture-

tendent à montrer que la pièce, qui était peut-être incomplète au moment de son rejet, fut

jetée et qu'elle s'est brisée dans sa chute (figure 81). La sculpture en tuffeau, matériau qui se

comporte comme une éponge en milieu humide, était très fragile au moment de sa

découverte. Conditionnée pour assurer sa conservation dans les meilleures conditions, elle a

été rapidement expédiée au laboratoire Arc'Antique de Nantes pour être nettoyée, imprégnée

et recollée. Des moulages ont par ailleurs été commandés au laboratoire. Pour ces raisons,

l'étude préliminaire de l'objet a été différée.

La sculpture est un haut-relief : les motifs sont en relief très prononcé sur le support en

tuffeau des Pays de la Loire ou de Touraine dont le dos, parfaitement plat, présente de

superbes traces de ciseau. L'épaisseur de la pièce avoisine les 10 centimètres. Sur le fragment

principal d'environ 0,45 m sur 0,35 m, 5 personnages fragmentaires sont représentés (figure

82). Le sujet principal en est le personnage masculin, nu, à droite de la pièce. Un drapé sur

son épaule retombe sur son pied gauche après s'être enroulé autour de son avant-bras gauche.

Au premier plan à gauche, le torse et la tête d'un second personnage masquent partiellement

un troisième sujet au visage « décomposé ». A l'extrême-gauche, le torse et le bras d'un

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quatrième sujet semblent mutilés. A l'arrière-plan, on distingue le torse du cinquième

personnage de profil et drapé. Le fragment n° 2 se place en haut à gauche du fragment

précédent, à l'angle de la sculpture, la tête d'un sixième personnage est représentée et, tout à

gauche, on distingue une aile et un avant-bras tenant un arc appartenant à un septième

personnage (figure 83). Le fragment n° 3 est la tête du personnage principal du grand tableau

(figure 84) et le fragment n° 5, sa cuisse gauche. Le fragment n° 4 et les 2 petits morceaux

constituant le fragment n° 6 sont indéterminés. Deux sachets de très petits fragments et de miettes complètent le haut-relief.

En première analyse, d'après la scénographie du tableau et l'identification de certains

sujets, cette sculpture représenterait un « cortège de Bacchus », par comparaison avec des

scènes de bacchanales représentées sur des modèles italiques. Le personnage principal serait

Bacchus adolescent accompagné des Ménades dont la mine défaite et torturée serait le signe

de l'ivresse. Le personnage ailé tenant un arc est évidemment Eros lequel est presque toujours

présent dans ces tableaux. Jean-Marie Pailler, professeur à l'Université de Toulouse - Le

Mirail, l'un des meilleurs spécialistes de Bacchus, que nous avons contacté pour participer à

l'étude ultérieure de la sculpture, est plus réservé quand à l'interprétation de la scène qu'il n'a

visualisée que sur clichés. Par conséquent, notre première impression est à mettre à la forme interrogative !

Si cette analyse s'avère juste, il faut considérer que l'on ne possède qu'une partie d'un

ensemble qui pouvait comporter 2 panneaux juxtaposés, Bacchus étant généralement

représenté au centre de son cortège. Le niveau dont il provient n'a été que très partiellement

fouillé et l'on peut s'attendre à découvrir, à l'avenir, des parties complémentaires, si la fouille se poursuit.

Ce qui ne fait pas débat, en revanche, c'est le caractère classique du travail

vraisemblablement réalisé d'après des cartons de sculpture gréco-romaine. Pour preuve, la

posture du canon grec classique (Polyclète) en « contraposto » du personnage principal dont

le corps est en parfait équilibre : les épaules suivent une ligne descendante, contraire à la

ligne des hanches ; une jambe sert d'appui, l'autre est pliée. Cette posture met en avant la

virilité et la musculature du sujet. Par cet aspect, cette sculpture est bien différente de celles

que l'on rencontre habituellement en Armorique où l'interprétation locale prévaut. On ne

peut guère lui comparer, du point de vue stylistique, que l'Hercule en marbre de Douarnenez

ou l'Amazon machie de Nantes. Quand au sujet -s'il s'agit bien de Bacchus- il est également

original dans la mesure où le culte de Bacchus n'est pas attesté dans la péninsule armoricaine

où, plus généralement, les dieux purement gréco-romains ne paraissent pas être massivement représentés.

On ne peut guère douter que cette sculpture signale le haut degré de romanisation de son propriétaire.

Le caractère religieux de ce haut-relief ne fait guère de doute. On ne sait évidemment

pas dans quelle partie de l'édifice il trônait. Il convient de signaler que les villas comportaient

un espace sacré, parfois à l'intérieur de l'édifice (le laraire où l'on honorait entre autres les

dieux protecteurs du foyer), parfois constituant un petit temple indépendant, le sacellum. Les

comptes rendus des fouilles anciennes mentionnent d'autres objets à caractère religieux

découverts dans l'environnement immédiat de l'aile ouest, sans que l'on sache précisément

de quelle partie ni de quelle couche ils proviennent. Il s'agit d'une patère à libations en

bronze (simpulum), d'une tôle de plomb enserrant des fragments d'os humains ( ?) et d'une

plaque de plomb représentant une partie d'un torse féminin, ces 2 derniers objets interprétés comme des ex-voto.

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A titre d'anecdote, remarquons la possible parenté du plan du corps de bâtiment

principal de l'aile ouest, dans son état initial avant l'adjonction du mur qui le réunit au

« bâtiment B », avec le plan type du temple dit celto-romain (fanum): une vaste salle centrale

entourée de galeries d'égale largeur. Il convient de n'en tirer aucune conséquence, dans l'état

actuel des recherches.

3.7. L'état sanitaire du site

Contrairement à ce que l'on préjugeait à la lecture du terrain avant le début de la

fouille et à la lecture du plan topographique, la conservation des élévations n'est pas

exceptionnelle -on connaît la raison de ce jugement erroné : l'adaptation des constructions

aux reliefs préexistants- sauf dans l'aile sud où, d'après l'état du mur de la galerie

occidentale, les élévations sont estimées entre 0,50 m et 0,70 m. En conséquence, la

préservation des sols, et peut-être celle des enduits en pied de mur est assurée. Dans cette

partie, le potentiel stratigraphique est particulièrement important. La conservation des

remblais de démolition est propice à la restitution des élévations et du décor intérieur grâce

au piégeage des enduits effondrés dans la couche d'incendie. La partie de l'aile sud fouillée

antérieurement a souffert de sa découverture durant 25 ans. Les dégradations récentes

demeurent cependant modestes et la base des élévations et les sols sont préservés. Le

potentiel de mise en valeur est donc réel.

Sur les ailes nord et ouest, la situation est peu moins brillante sans être catastrophique,

loin de là. Dans le secteur fouillé de l'aile nord, la stratigraphie est préservée. La hauteur des

élévations des murs est inégale. Le mur nord conserve 0,40 m d'élévation et la base des

niches est conservée. Les murs de la partie sud conservent au mieux 0,20 m de hauteur avec

des hiatus, ce qui n'est nullement problématique dans l'optique d'une mise en valeur. Dans

l'aile ouest, les opérations de récupération de matériaux apparaissent plus conséquentes dans

le secteur étudié, mais il convient de relativiser au regard de la partie non fouillée du secteur

décapé où les arasements sont au niveau des élévations conservées sur une hauteur variant

entre 0,20 m et 0,30 m. Vu de l'extérieur, le « bâtiment B » conserve des élévations sur plus

de 0,50 m de hauteur. Comme dans les autres secteurs, nonobstant les remaniements dus aux

récupérateurs de matériaux, les remblais de démolition sont préservés.

L'absence de vocation agricole de la parcelle vouée au pacage a joué en faveur de la

préservation du site. On imagine aisément ce qu'il serait advenu d'un tel site, dont les murs

sont fondés sur le rocher, s'il avait été remis en culture : il n'en subsisterait que des débris

dans la couche arable !

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Figure 75 : Plouhinec - Mané-Véchen 2000. Ciseau à bois en fer

(L : 11,5 cm)

Figure 76 : Plouhinec - Mané-Véchen 2000. Outil en fer pour le travail du cuir (?) (L : 13 cm)

Figure 77 : Plouhinec - Mané-Véchen 2000. Couteau en fer

(L : 12 cm)

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Figure 78 : Plouhinec - Mané-Véchen 2000. Fibule penannulaire en bronze

(Diam. de la boucle : 3 cm; L de l'ardillon : 3,7 cm)

Figure 79 : Plouhinec - Mané-Véchen 2000. Tête d'épingle à facettes, en jais

(Diam. de la tête : 1,1 cm)

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Figure 80 : Plouhiriec - Mané-Véchen 2000. Ardillon de fibule penannulaire (?)

en bronze (L : 8,4 cm)

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Figure 81 : Plouhinec Mané-Véchen 2000. Le haut-relief dans son contexte (ossements de bovins) ;

au centre: fragment principal ; en bas, à gauche: dos du fragment n° 2.

Figure 82 : Plouhinec Mané-Véchen 2000. Haut-relief ; fragment principal .

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Figure 83 : Plouhinec Mané-Véchen 2000. Haut-relief ; fragment n° 2

Figure 84 : Plouhinec Mané-Véchen 2000. Haut-relief ; fragment n° 3

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Conclusion

Au terme de cette campagne d'évaluation intégrant les résultats des fouilles

antérieures, la vision globale du site a changé et des hypothèses sérieuses sont avancées qui

permettent de poser des problématiques précises pour un programme futur.

La villa gallo-romaine maritime de Mané-Véchen s'organise selon un plan plutôt

classique, à trois ailes vraisemblablement, tournée vers la ria. Les dimensions de cette villa ne

sont pas exceptionnelles mais son caractère résidentiel est renforcé par ses deux cours peut-

être aménagées en jardins, l'une centrale et l'autre latérale bordée par la mer sur deux côtés.

Incontestablement, l'originalité du site tient à sa fondation tardive, à la fin du Ueme

siècle ou au début du Iïïeme. Sa durée n'a, semble-t-il, pas excédé un siècle pendant lequel elle

ne semble avoir subi que des modifications structurelles modestes.

Divers indices, tel le haut-relief, laissent supposer que le propriétaire légitime

appartenait à la classe de la population la plus « romanisée » où qu'il était originaire des pays

méditerranéens. Qu'il ait réalisé ses profits de l'exploitation des ressources marines : sel,

garum ou salaisons de poissons, tous produits à forte valeur ajoutée, est une idée

envisageable.

A l'examen des différences de traitement architectural des trois ailes, il est cependant

légitime de se demander si le projet architectural d'origine a bien été mené à son terme. Le

caractère résidentiel de l'aile sud est affirmé par ses décors peints et stuqués où malgré tout le

marbre semble absent, ce qui surprend tant ce matériau est l'un des signes extérieurs

d'opulence parmi les plus marquants. Ces observations -qui restent à confirmer- suscitent de

nombreuses interrogations, de même que les données acquises antérieurement. Que penser

des masses monétaires importantes enfouies sous le sol de la demeure qui n'ont jamais été

récupérées ? Sans doute cette thésaurisation -qui s'opère au détriment des investissements-

est-elle la conséquence des désordres qui affectent l'empire romain et ses provinces à partir

du second tiers du nieme siècle. Ce trésor n'a jamais été récupéré ; la fin de son

« alimentation » coïncide avec la période où la dégradation des conditions de vie dans la villa

est patente. Sans doute, celle-ci a-t-elle « changé de mains » vers la fin du nième siècle. La

plus grande attention doit être portée à la présence d'un mobilier d'origine militaire, de cette

période ou un peu plus tardivement.

Le potentiel scientifique du site est indéniable avec la conservation des sols, des

niveaux d'occupation et d'abandon et des remblais de démolition, ce qui autorise

l'acquisition de données complètes sur l'organisation du site, son évolution, son histoire et

son appareil architectural et décoratif.

En corollaire, sans être exceptionnelles, les possibilités de mise en valeur sont bien réelles.

A notre sens, la fouille exhaustive du site est parfaitement justifiée ; elle devra

impliquer divers spécialités, notamment dans le domaine du décor mural, et s'accompagner

nécessairement d'une relecture du contenu des dépôts monétaires découverts antérieurement

et de la réunion exhaustive de la documentation rassemblée lors des fouilles anciennes.

Nous sommes, pour notre part, disponibles pour assumer la responsabilité d'un

programme qui devrait s'étaler, au minimum, sur deux opérations triannuelles permettant, à

terme, les premières mises en valeur, et qui pourrait être achevé en une ou deux années

complémentaires en fonction des nécessités.

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Bibliographie du site

André P., 1970 - La villa gallo-romaine du Mané-Véchen en Plouhinec (Morbihan), p.-v. du

12 novembre 1970, Bulletin de la Société Polymathique du Morbihan, 1970, p. 26-27.

André P., 1971- Une balance romaine en bronze découverte à Plouhinec, p.-v. du 11

novembre 1971, Bulletin de la Société Polymathique du Morbihan, 1971, p. 39.

André P., 1972 - Découverte de thermes gallo-romains à Plouhinec (Morbihan), p.-v. du 13

décembre 1972, Bulletin de la Société Polymathique du Morbihan, 1972, p. 37-38.

André P., 1974 - La villa gallo-romaine du Mané-Véchen, Plouhinec (Morbihan),

Archéologia, 76, novembre 1974, p. 68.

André P., 1975a - Le domaine gallo-romain du Mané-Véchen en Plouhinec (Morbihan), ITL

L'enfouissement monétaire, Bulletin de la Société Lorientaise d'Archéologie, 1973, p. 15-20.

André P., 1975 b- Le dépôt monétaire du nie siècle de Mané-Véchen en Plouhinec

(Morbihan), Archéologie en Bretagne, 6, 1975, p. 23-32.

André P. et Bertrand R., 1974 - Le domaine gallo-romain du Mané-Véchen en Plouhinec

(Morbihan), Bulletin de la Société Lorientaise d Archéologie, 1974, p. 18-20.

André P., Bernier N. et Bertrand R., 1973 - Le domaine gallo-romain du Mané-Véchen en

Plouhinec (Morbihan), Bulletin de la Société Lorientaise d'Archéologie, 1973, p. 13-14.

Bernier G., 1967 - Fouille de sauvetage au Mané-Véchen en Locquénin, commune de

Plouhinec, p.-v. du 14 mai 1967, Bulletin de la Société Polymathique du Morbihan, 1967, p. 16-17.

Bousquet J., 1971 - Plouhinec, Informations archéologiques de la circonscription de Rennes,

Gallia, 29, 1971, p. 241-242.

Le Loch C, 1974 - Le décor des villas, Archéologia, 74, septembre 1974, p. 34-40.

Frizot M., 1977 - Stucs de Gaule et des provinces romaines, motifs et techniques, 1977, p.

194-197.

Sanquer R., 1973 - Plouhinec, Informations archéologiques de la circonscription de

Bretagne, Gallia, 31, 1973, p. 361-362.

Sanquer R., 1975 - Plouhinec, Informations archéologiques de la circonscription de

Bretagne, Gallia, 33, 1975, p. 345-346.

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Autres sources

Naas P., 1999 - Histoire rurale des Vénètes armoricains (Ve s. av. J.-C. - Ille s. ap. J.-C),

Les dossiers du Centre Régional d'Archéologie d'Alet, supplément n° V, 1999.

Galliou P., 1983 - L'Armorique romaine, Les bibliophiles de Bretagne, 1983.

Marsille L., 1972 (édité et complété par P. André) - Répertoire archéologique du Morbihan

gallo-romain, Bulletin de la Société Polymathique du Morbihan, 1972.

Pape L., 1995 - La Bretagne romaine, Ouest-France - Université, 1995.

Carte archéologique régionale, Service régional de l'Archéologie de Bretagne.

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