quelle évaluation des pratiques professionnelles en anesthésie-réanimation ?

2
253 Le praticien en anesthésie réanimation © 2006. Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés Éditorial Quelle évaluation des pratiques professionnelles en anesthésie-réanimation ? Bruno Bally Correspondance : Bruno Bally, Service EPP, Haute Autorité de santé, 2, avenue du Stade de France, 93218 Saint-Denis La Plaine cedex. [email protected] epuis de nombreuses années déjà, les professionnels de santé, aidés par l’ANDEM puis l’ANAES et mainte- nant la Haute Autorité de santé (HAS), ont développé des démarches pour améliorer la qualité des soins et le service rendu aux patients. Pour cela, deux axes stratégiques ont été privilégiés : le développement et la production de références scientifiques validées (recommandations pour la prati- que clinique, conférence de consensus, etc.) et l’implémentation, c’est-à-dire la mise en œuvre de ces références par l’intermé- diaire de méthodes d’amélioration de la qualité des soins. Depuis 2004, une réglementation est venue appuyer ces démarches, que le législateur (1, 2) a voulu dénommer « Évaluation des Pratiques Professionnelles » (« EPP »). L’EPP se définit (2) comme « l’analyse de la prati- que professionnelle en référence à des recom- mandations et selon une méthode élaborée ou validée par la HAS » (article D. 4133-0-1). L’EPP est donc clairement une évaluation faite pour améliorer et non pour contrôler, comme le précise le décret de 2005 (2) : « L’EPP a pour but l’amélioration continue de la qualité des soins et du service rendu aux patients » (article D. 4133-0-1). L’EPP se positionne ainsi comme une démar- che d’amélioration de la qualité qui doit permettre de répondre aux attentes : – des patients, en termes de qualité, de sécurité et d’informations ; – des médecins, qui utiliseront des réfé- rences scientifiques validées, garantissant une bonne pratique et permettant de justifier leurs choix diagnostiques et thérapeutiques ; – et des gestionnaires, les dépenses de santé générées étant motivées par de bonnes pratiques pour la meilleure efficience possible. Deux caractéristiques importantes de l’EPP ont été rappelées par la HAS (3) : – cette démarche doit être acceptable et applicable par le praticien, donc « connectée à la pratique et ne faisant pas peser sur les praticiens de formalités administrati- ves supplémentaires » (4) ; – elle doit également être efficace et valide, c’est-à-dire utile et pertinente pour l’amé- lioration des pratiques. L’anesthésie-réanimation, du fait d’une orga- nisation structurée et efficace de la disci- pline, dispose depuis le 18 janvier 2006 d’un organisme agréé EPP par la HAS : le Collège Français des Anesthésistes Réani- mateurs (CFAR). Celui-ci pourra proposer aux anesthésistes-réanimateurs qui le dési- rent, des programmes EPP « clés en main », adaptés à leurs pratiques et qui valideront les démarches entreprises, tout en permet- tant des retours d’informations pertinents sur l’exercice professionnel au sein de notre spécialité (points forts, difficultés rencon- trées…). Ces informations pourront débou- cher sur de nouvelles recommandations, de nouvelles propositions de FMC ou de nou- veaux programmes d’EPP… En conclusion, à travers la démarche EPP, un défi fort et motivant est proposé. Il s’agit de poursuivre et de développer une culture et une dynamique d’amélioration des pra- tiques professionnelles à trois niveaux : au niveau de chaque praticien, au niveau des équipes (ou des futurs pôles comme le préconise l’ordonnance de mai 2005 (5) et D

Upload: bruno

Post on 01-Jan-2017

220 views

Category:

Documents


0 download

TRANSCRIPT

Page 1: Quelle évaluation des pratiques professionnelles en anesthésie-réanimation ?

253

Le praticien en anesthésie réanimation© 2006. Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés

Éditorial

Quelle évaluation des pratiques professionnelles en anesthésie-réanimation ?

Bruno Bally

Correspondance :

Bruno Bally, Service EPP, Haute Autorité de santé, 2, avenue du Stade de France,93218 Saint-Denis La Plaine [email protected]

epuis de nombreuses années déjà,les professionnels de santé, aidéspar l’ANDEM puis l’ANAES et mainte-

nant la Haute Autorité de santé (HAS), ontdéveloppé des démarches pour améliorerla qualité des soins et le service rendu auxpatients. Pour cela, deux axes stratégiquesont été privilégiés : le développement etla production de références scientifiquesvalidées (recommandations pour la prati-que clinique, conférence de consensus, etc.)et l’implémentation, c’est-à-dire la miseen œuvre de ces références par l’intermé-diaire de méthodes d’amélioration de laqualité des soins.Depuis 2004, une réglementation est venueappuyer ces démarches, que le législateur(1, 2) a voulu dénommer « Évaluation des

Pratiques Professionnelles » (« EPP »). L’EPP

se définit (2) comme

« l’analyse de la prati-que professionnelle en référence à des recom-mandations et selon une méthode élaborée ouvalidée par la HAS »

(article D. 4133-0-1).

L’EPP est donc clairement une évaluationfaite pour améliorer et non pour contrôler,comme le précise le décret de 2005 (2) :

« L’EPP a pour but l’amélioration continuede la qualité des soins et du service renduaux patients »

(article D. 4133-0-1).L’EPP se positionne ainsi comme une démar-che d’amélioration de la qualité qui doitpermettre de répondre aux attentes :– des patients, en termes de qualité, desécurité et d’informations ;– des médecins, qui utiliseront des réfé-rences scientifiques validées, garantissantune bonne pratique et permettant dejustifier leurs choix diagnostiques etthérapeutiques ;

– et des gestionnaires, les dépenses desanté générées étant motivées par debonnes pratiques pour la meilleure efficiencepossible.Deux caractéristiques importantes de l’EPPont été rappelées par la HAS (3) :– cette démarche doit être acceptable etapplicable par le praticien, donc « connectéeà la pratique et ne faisant pas peser surles praticiens de formalités administrati-ves supplémentaires » (4) ;– elle doit également être efficace et valide,c’est-à-dire utile et pertinente pour l’amé-lioration des pratiques.

L’anesthésie-réanimation, du fait d’une orga-nisation

structurée et efficace de la disci-pline, dispose depuis le 18 janvier 2006d’un organisme agréé EPP par la HAS : leCollège Français des Anesthésistes Réani-mateurs (CFAR). Celui-ci pourra proposeraux anesthésistes-réanimateurs qui le dési-rent, des programmes EPP « clés en main »,adaptés à leurs pratiques et qui validerontles démarches entreprises, tout en permet-tant des retours d’informations pertinentssur l’exercice professionnel au sein de notrespécialité (points forts, difficultés rencon-trées…). Ces informations pourront débou-cher sur de nouvelles recommandations,de nouvelles propositions de FMC ou de nou-veaux programmes d’EPP…En conclusion, à travers la démarche EPP,un défi fort et motivant est proposé. Il s’agitde poursuivre et de développer une cultureet une dynamique d’amélioration des pra-tiques professionnelles à trois niveaux : auniveau de chaque praticien, au niveaudes équipes (ou des futurs pôles comme lepréconise l’ordonnance de mai 2005 (5) et

D

Page 2: Quelle évaluation des pratiques professionnelles en anesthésie-réanimation ?

254

Quelle évaluation des pratiques professionnelles en anesthésie-réanimation ?

au niveau national par le biais d’une véri-table gouvernance professionnelle pilotéepar l’organisme agréé, le CFAR.C’est donc toute une spécialité, avec toutesses composantes, qui se mobilise, s’évalueet s’améliore. L’enjeu, vous l’aurez com-pris, est important…

Références

1. Loi n

°

 2004-810 du 13 août 2004 relative à l’assurance maladie (J.O. du 17 août 2004).

2. Décret n

°

 2005-346 du 14 avril 2005 relatif à l’évaluation des pratiques professionnelles (J.O. du 15 avril 2004).

3. Haute Autorité de santé. Évaluation des prati-ques professionnelles. Mise en œuvre et pers-pectives, 29 juin 2005. (dossier de presse).

4. Rapport d’activité au Parlement et au Gouverne-ment, Haute Autorité de santé, 1

er

 juillet 2005.5. Ordonnance n° 2005-406 du 2 mai 2005

simplifiant le régime juridique des établisse-ments de santé.