poètes du monde pour le français et la francophonie : volume 1

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Poètes du monde pour le français et la Francophonie Volume 1

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Premier volume de poèmes écrits par des centaines de poètes de tous les continents dans le cadre du concours de poésie organisé par l'AFFOImonde en préparation du Sommet de Dakar (Novembre 2014). Ce concours avait pour thème la langue française et la Francophonie et pour sujet un tableau spécialement peint pour l'occasion par l'artiste Cobra Christian Wind.

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Poètes du monde pour le français et la

Francophonie

Volume 1

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Préface En préparation du Sommet de Dakar qui a réuni les Chefs d’Etat des pays de la Francophonie les 29 et 30 Novembre 2014, l’Assemblée des Francophones Fonctionnaires des Organisations Internationales (AFFOImonde) avait organisé un concours de poésie. Le peintre Cobra Christian Wind avait réalisé une toile (elle apparaît en couverture du présent ouvrage) dont devaient s’inspirer les participants pour écrire leur(s) texte(s). Le thème du concours était le suivant : « La forme d’un pays, les couleurs d’un drapeau, le symbole d’une nation ... mille images francophones se cachent dans cette œuvre de Christian Wind. Découvrez-la, ressentez-la, décrypter-la et mettez en vers ce que ses tons et courbes semblent vouloir vous dire ! ». Patronné par Abdou Diouf, alors Secrétaire général de la Francophonie, et soutenu par Michaëlle Jean, qui lui succéda à ce poste en janvier 2015, ce concours fut un incontestable succès. En six semaines des centaines de poètes, amateurs et professionnels, originaires de plus de 50 pays différents, envoyèrent 539 poèmes qui comptabilisèrent au total 3,5 millions de lectures. Le thème ne fut pas toujours respecté ; l’écriture fut parfois hésitante ; vocabulaire et grammaire furent de temps à autre bousculés. Mais tous les participants se livrèrent à l’exercice avec le même enthousiasme, la même passion du français, faisant ainsi de ce concours une véritable apologie de notre langue et une démonstration incontestable de l’immense richesse culturelle que représente la diversité des pays de la Francophonie. Le présent ouvrage rassemble ces textes. Ils sont publiés sans jugement, sans correction, dans le magnifique naturel qui a bercé leur rédaction. Et c’est avec fierté que l’AFFOImonde vous les offre en lecture.

Dominique Hoppe

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Courrier d’encouragement et d’appréciation de la très honorable Michaëlle Jean, 27ème gouverneur général et commandant en chef du Canada (2005-2010) ; Envoyée spéciale de l'UNESCO pour Haïti ; Grand témoin de la Francophonie aux jeux olympiques et paralympiques de Londres 2012 ; Chancelière de l'université d'Ottawa et actuelle Secrétaire générale de la Francophonie : « Cher Dominique, Quel magnifique projet. Faire une place au pouvoir des mots, de l'art et de la poésie, à la force de la créativité et des idées de la jeunesse est une excellente initiative. Votre invitation lancée aussi à l'autre génération, d'un autre âge, mais toujours jeune de cœur et d'esprit, me réjouit également. Je serai très prise cette semaine, à Paris, mais si votre date de tombée est flexible, je reviendrai vers vous avec un texte, pour le plaisir d'une écriture solidaire. Encore bravo! Amitiés. Michaëlle Jean »

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Ce poème a remporté le prix du jury. E.S.P.O.I.R. F.R.A.N.C.O.P.H.O.N.E On n’est pas d’un pays mais on est d’une langue N’en déplaise aux frontières qui séparent les êtres ! Unis par le français, cinq continents s’apprennent. Un mot venant du cœur Ne cesse de vibrer Et ses effets heureux Se diffusent en l’éther Comme Wind le COBRA Oubliant son pinceau On ne sait que penser face à la toile sublime, Il faut portant trancher Faire des tons une rime Les mots, comme les couleurs, Aspirent à être lus, Naviguent en nos esprits, Guident les pas de nos vies. Une phrase est toujours son de sorcellerie Enfer ou paradis ? C’est elle qui choisit. Façonner le monde en quatrains, Rassembler dans l'appel du poète, Alerter sur l’injuste et l’horrible, Ne lutter que par signes de paix, Convaincre sans haine ni violence ! Aimé Césaire en prit son parti, Indigné d’or et de sagesse. Senghor vécu en son ivresse Et fit naître Francophonie.

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Jeunes du monde, Forgez vos choix, Oubliez les douleurs passées, Inventez des lendemains heureux ! A vos pieds est l’avenir ! Faites usage du pouvoir des mots, Face à l’horreur osez un cœur chaleureux. Offrez votre langue en partage, Inspirez le meilleur … pour éviter le pire !

Maher Derbal (TUNISIE)

Signification du titre acronyme:

E n S ’engageant P our des O rganisations I nternationales R énovées F iables R assurantes A ccessibles N ovatrices C onfiantes O bjectives P ositives H umanistes O ptimistes N uancées E mpathiques

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Ce poème a remporté le tirage au sort.

JE PRIE POUR TOI, MALHEUREUX DE L’AUTRE COTÉ DU MONDE Par ma naissance j’ai eu la chance De naître là où tout est vrai Mais avec l’âge j’ai pris conscience Qu’ailleurs parfois la vie effraie. Je pense à toi, de l’autre côté du monde Et aux choses douloureuses qu’on vit dans ton pays. Les enfants tuent dans les écoles, La drogue noircit le goût des rues. L’argent sépare le cœur des hommes Et l’égoïsme est une vertu. Les gens s’épuisent et se combattent Pour des profits bien éphémères Une insatiable avidité vous rend malheureux et amers. Dans la crainte de la vieillesse vous ignorez jusqu’à la mort Et quand enfin votre heure arrive vous n’êtes que terreur et remords. Comment ne pas avoir pitié D’existences aussi ravagées ? A ta place j’aurais moi aussi Vécu comme esclave en sursis, Inconscient de la raison d’être, Victime insensé du paraître. Alors, touché de ton malheur Je prie pour toi de tout mon cœur, Te souhaite une meilleure existence, Remercie Bouddha de ma chance J’ai la joie d’être Cambodgien Mais les aléas de la vie Auraient pu faire de moi aussi Un citoyen Américain. NHIM Akhara (CAMBODGE)

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Ce poème a remporté le prix des internautes avec 4451 « j’aime », 216 partages, et 110.528 lectures sur la page Facebook du concours.

MAIS JE VIS A GAZA J’aimerais admirer et chanter les couleurs Que ce tableau de Wind fait briller et danser. J’aimerais ressentir l’amour et l’amitié Que l’acte poétique fait vibrer dans les cœurs. MAIS JE VIS A GAZA J’aimerais me réjouir de la Francophonie De son message d’espoir, de ses Etats amis. J’aimerais croire l’ONU, outillée du français, Capable d’inspirer l’amitié et la paix. MAIS JE VIS A GAZA Ces mots écrits de larmes, emportés par le vent Passent au delà des armes vers d’autres continents Où le même jeu absurde de pouvoir et d’argent Créé d’affreux murs de haine et tue d’autres enfants NOUS VIVONS TOUS À GAZA Mohammed Malaka (PALESTINE)

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DE L'AUTRE COTÉ DU MUR, MOI AUSSI JE PLEURE POUR GAZA Quelle que soit la couleur de sa peau, Quelle que soit l’origine de son sang, On n’acquitte pas par un drapeau L’horreur de la mort d’un enfant ! De l'autre côté du mur, moi aussi je pleure pour Gaza Des deux côtés les gens ont peur, Des explosions, de la terreur ! Ils prennent donc pour protecteurs Ceux qui profitent de la frayeur. Dès lors les abus sont permis Et le pire n’est jamais acquis. Dans tous les cœurs grandit la haine ; Nous sommes otages des mêmes peines. De l'autre côté du mur, moi aussi je pleure pour Gaza La croix l’étoile et le croissant Ne sont-ils pas symbole de paix ? C’est pourtant en leur nom usurpé Qu’on abat des enfants innocents De l'autre côté du mur, moi aussi je pleure pour Gaza Alors je rejoins cet ami Dont le poème nous unit. Cousin de cœur et de misère J’ai bien entendu sa prière Je dénonce haut et fort en ces lieux La trahison des fous de dieu Des deux côtés de la frontière Ils sont l’ennemi héréditaire ! ET NOUS SOMMES TOUS DES ENFANTS DE GAZA Rachel Wiesel (ISRAEL) PS: Ce poème est inspiré par le magnifique poème 152. Merci Monsieur MALAKA

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UN MONDE À NUL AUTRE PAREIL J’aimerais tisser dans les yeux de ceux qui souffrent Des fils d’argent venus de la lune et de planètes pures, Là où ne vivent pas les hommes. J’aimerais que l’on dresse à la place des murs Des mers bleues où nageraient les enfants de toutes les couleurs Et voir dans leurs prunelles des lumières jamais vues A la place des larmes, A la place des cris, Des chants venus d’ailleurs Emportés par le Ney Emportés par le vent Et la brise chargée des effluves du galant de nuit. Habiter un monde où la haine est bannie, Un monde à nul autre pareil Un monde où le rêve est permis. Rachida Errahmane (ALGÉRIE) Ce poème est inspiré du poème 152, MAIS JE VIS À GAZA

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PLONGÉE DANS L'OEUVRE DU VENT ! D’abord ... Tes lueurs me réjouissent et tes courbes m’inspirent Puis ... Mon esprit carré recherche le message Bleu blanc rouge de la France et couleurs du Maroc Je ressens peu à peu ma langue entre tes courbes Christian Wind comme le vent t’a donné une naissance Et l’AFFOI pour un jour te mettra en lumière Qu’elle est belle cette « ère Reclus » où nous partageons l’or De mots et de formules reliant nos pensées Francophonie je t’appartiens je te chéris et je t’embrasse Que demain fasse que cet élan soit partagé en ton espace. Gabriel Watrin (PAYS BAS)

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JE VOIS ! Dans tes couleurs, Je vois l’empreinte de Senghor Je ressens les larmes de Césaire J’entends les cris de fonds de cale Et hume le sang de trop d’esclaves Dans tes formes Je lis l’espoir et son contraire Amour et haine sont partagés Union de frères et d’ennemis Douleurs et bonheurs mélangés Sur la route parfois ombragée De cette grande Francophonie L’avenir peut être ensoleillé Si nous nous découvrons amis Filip Iliev (POLOGNE)

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MAIS OÙ ÊTES VOUS DONC ? Cachés dans ce tableau vous échappez à mon regard Mais où êtes-vous donc ? Albanie, Haïti et Comores Congo puis Hongrie et Andorre Arménie, Laos, Tunisie Togo, Thaïlande et Géorgie Burkina, Cambodge, Burundi E.A.U, Cap-Vert, Estonie Cameroun et Nouveau Brunswick Bénin, Djibouti, Dominique Luxembourg, Ukraine et Serbie Canada, Chypre et Lettonie Suisse, Vanuatu et Slovénie Uruguay, Vietnam, Slovaquie Rwanda, France et Sainte Lucie République Tchèque et puis Mali Dominicaine République Côte d’ivoire et Centrafrique Qatar, Pologne, Guinée, Belgique Autriche, Québec et Mozambique Seychelles, Maroc et Sénégal Maurice, Guinée Equatoriale Bruxelles, Liban, Monténégro Guinée Bissau et Monaco Egypte, Gabon, Bulgarie Madagascar, Mauritanie Sao Tomé, Tchad et Bosnie Macédoine, Ghana, Moldavie

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Croatie, Niger, Roumanie Grèce et enfin .. Lituanie Têtu je m’obstine à chercher Dans tes lumières et ma folie Les signes flagrants et cachés De notre chère Francophonie Simon Lefèvre (FRANCE)

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UNE ET UNE SEULE LANGUE Sous un pinceau volubile Plongée dans une encre multicolore Wind, pénétré de l'esprit divin Dépeignit une fresque altruiste ! Cette lumière iridescente est éblouissante, Bleu, Blanc, Rouge...variété de couleur Pour diversité de culture ! Dans cet antre, une langue délicieuse : Celle de Molière ! Sous ses pas raffermis Se dérobent des notes précieuses, Fraternité, Solidarité, Egalité... Avec les solfèges tendres d'une association : L'Assemblée des Fonctionnaires Francophones Des Organisations Internationales ! A l'aube de cette aurore harmonieux Scintille l'étoile d'un monde meilleur Pour une et une seule langue brillante A célébrer en cette journée spéciale De la Fran-co-pho-nie ! ABDALA KONE, (CÔTE D'IVOIRE)

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REGARD SIMPLE. SIMPLE REGARD 77 drapeaux 77 nations, 317 O.I. 317 missions, Mélangez tout cela, Un soupçon de cobra, Vous aurez un tableau ! Le trouverez-vous beau ? J’aimerais être poète pour en décrire les tons Ou être fonctionnaire pour son inspiration Mais ce n’est pas le cas ! Je suis monsieur tout l’monde Qui s’exprime en français Et regarde la ronde Sans en saisir les traits. Je n’ai que les moyens D’un simple citoyen Et suis loin des hérauts Qui portent les drapeaux Pourtant frères, nous comptons Car les petits comme nous quand ils sont réunis Sont plus grands qu’un pays, ils sont FRANCOPHONIE Nicolas Lefèvre (SUISSE)

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ENVOÛTEMENT D’UNE PREMIÈRE EXPÉRIENCE POÉTIQUE Tout d’abord pour vous inciter Vous, lecteurs, à participer ; Mais aussi par curiosité Poète je me suis décidé ! Je pris la plume, fixai la toile, Pressé d’en saisir le mystère. J’allais découvrir cette étoile, Livrer ses secrets par mes vers. L’œuvre en décida autrement. Jouant de ses tons envoûtants, De ses courbes « effet-anaphore », Imposa sa loi sans effort. Cobra, elle força mon regard, Son rythme devint un mantra Aux pouvoirs de l’a capella Hypnotique des Voix Bulgares. Hanté d’une force primitive, Je pénétrai ce labyrinthe De formes aiguës et lascives, De réalités sans contraintes. ET LÀ ...... QUELLE FOLIE ! Danseuse, plongeuse et farandole, Hibou, chaton et rossignol ; Drapeau, baobab, et rochers, Géant de Pâques, fleuves d’acier ; Désert de feu, chaines glacées, Couleurs de peaux, armes de paix ... J’y cherchai la Francophonie ! Ses symboles entrèrent dans la danse ! Détours Néo de Bourguiba, Sourire Norodom Sihanouk, Rives du Nil, du Cavally Et du Niger de Diori. Côtes de Chypre et des Comores,

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Plans de Reclus, voix de Senghor, Abdou Diouf et Boutros-Ghali, Sonnant comme une symphonie ... Je me plonge dans cet univers Pour un instant, pour une vie, Et ressens ce tableau en vers, Car malgré moi je deviens Lui. Trop de pensées, trop de possibles, Avenir et passé enlacés. Et si je veux raison garder Il me faut quitter l’intangible ! Alors .... D’un effort douloureux je m’arrache aux méandres Abrupts et merveilleux de ce don de Cassandre. Revenu en mon être je reprends sens et forme Et c’est mère raison qui donne dès lors le ton. Ainsi donc voilà ce qu’est la poésie ! Un voyage inconnu aux frontières de l‘esprit ; Une brise animée de sa propre conscience ; Une bouffée d’ailleurs sans orgueil ni défiance ; Un cœur une âme unis relevant un défi ! Aussi je me le jure ! Je reprendrai bientôt ces chemins de traverse, Pratiquerai sans réserve la liberté légère, Gouterai sans méfiance les fruits de l’intuition, Explorerai sans crainte ces couloirs de passions. Et peut-être un jour ... deviendrai-je poète :-) Dominique Hoppe (FRANCOPHONIE)

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PÉRIPLE D'UNE LANGUE Majesté de cette langue aux divers visages, Voyageant dans l’éther au-dessus des nuées Et fixant sur les mers ses beaux yeux azurés Emplis par les lueurs de tant de blonds rivages Elle fut princesse à Vienne et sous sa noble égide, Metternich, Talleyrand et le tsar Alexandre Ouvrirent le grand bal des gracieuses sylphides Faisant valser l’Europe aux bras des salamandres. Plus tard, elle s’en alla dans de simples atours Arpenter l’univers et conquérir l’amour. Charme, beauté culture et goûts cosmopolites La placèrent au rang d’unique favorite. L’Occident lui offrit de lointaines conquêtes Des terres recélant des richesses secrètes, De Dakar à Tunis son périple insolite Capta à son insu l’adhésion des élites. Les hommes lui firent fête. Au cœur de l’Afrique, Elle fit preuve d’un art et de dons pléthoriques, Son savoir infini et ses œuvres éclectiques Lui ouvrirent le cœur de la bleue Amérique. Elle voulut de l’Asie dévoiler les mystères Et porter ses pas vifs jusqu’à Pondichéry, Des odeurs la grisèrent et sa voix de lumière Vogua sur l’Océan et défia l’infini. Sa grâce subjugua le talent des artistes : Un tableau fut créé aux couleurs de printemps, Le rouge de l’Amour et le bleu des ardents Invitèrent le blanc au ballet fantaisiste. Ainsi se forma vite la ronde harmonieuse De ces êtres nimbés d’une langue fougueuse Dont l’esprit d’aventure et la verve joyeuse Illustraient pour le Monde une France radieuse. Mélika Golcem Ben Redjeb (TUNISIE)

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SUR LE CHEMIN DE LA FRANCOPHONIE… Une femme en rose dont le bas est un nuage Semble se reposer en portant un bateau ! Tout est inspiration sur ce chemin où on partage Ce qui est rêve, ce qui est culture et ce qui est beau… Sur ce chemin, tout est réussite, Aucune passion ne passe inaperçue et petite, Un danseur de ballet peut même s’accrocher à un oiseau Pour aller faire son grand-écart, dans les airs, tout haut ! La colline ressemble à un homme sur ce chemin, Fermant ses yeux, le prenant pour un coussin, Il rêve peut-être de ce qu’imagine la femme en rose De trois jeunes être, unis mais différents, ne voyant pas la vie morose. La francophonie nous unit mes amis, Quelle que soit la couleur de notre peau, Quels que soient notre origine et notre pays, Elle nous unit et nous procure notre repos. La francophonie est une vraie salvatrice Si on aime la littérature française qui est dissipatrice Des maux, des souffrances et de toutes les peines Car quand on les ressent, on lit Aragon et Verlaine ! Les auteurs francophones sont à la chasse De maintes causes à défendre et à soutenir, Ils ont toujours été merveilleusement pugnaces ! Résolus pour bâtir un meilleur avenir Sur ce chemin, laïcité, relativisme et altruisme Sont des normes respectées et par tous appliquées, Pas de place au racisme et à l’ethnocentrisme Tant que la francophonie s’épanouit, assurant la prospérité. Rim Haidar (LIBAN)

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MA LANGUE ... ET LA VÔTRE ! Faire de ce monde un monde meilleur, Rendre au passé toute sa saveur, Avoir le cœur au bon endroit, Ni trop langueur ni trop effroi. C’est un chemin étroit celui de notre langue, Ouvert à tous les pas mais craintif de demain. Pour en porter le verbe puis en rendre l’esprit, Hors des sentiers battus il faut se promener. Ouvert à tous les vents, Ni plus nord ni plus sud, Il honore mon pays Et la Francophonie Hervé Sault (France)

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L’ESPOIR FAIT VIVRE ! On parle donc français A l’ONU, à l’UNESCO ? A l’UA, à la MINURSO ? Que voilà donc une bonne nouvelle ! On partage donc le français A Ventiane et à Kigali ? A Sofia et à Djibouti ? Voilà une autre bonne nouvelle ! Les chemins de cette langue sont tortueux Et ses vérités parfois placebo Mais pour réussir il faut croire Et pour croire il faut espérer Alors tout cela est vrai, On parle français A l’ONU, à l’UNESCO ! A l’UA, à la MINURSO ! On partage le français A Ventiane et à Kigali ! A Sofia et à Djibouti ! Hervé Sault (FRANCE)

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LA DANSE DES COULEURS Danse des couleurs, danse des dieux Infortunes et veinards y sont invités. Danse des couleurs, danse aux cieux, Toute l’humanité y sera abritée. Rois, mendiants et honnêtes gens Tous ensembles, Bras dessus, bras dessous J’y viendrai vêtu d’or et d’argent. Tous ensembles, A Wind, on saura dire bravo Le pinceau du peintre semble me convier Moi et ma mouise avec qui je fais corps A ce chat je ramènerai un asiminier A ce chat j’aimerai bien dire mi amor ZANOUNE Ismail (ALGÉRIE)

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LE SOURIRE DE MARIANNE La chaleur bienveillante d’un sourire maternel Allume la face auguste d’une Marianne pacifique Et Méditerranée, Atlantique, Pacifique Charrient sur leur écume son amour éternel. L’alcyon prend son envol, et son riant babil S’élève dans les nuées et vient gonfler les cœurs Des amants de la France qui accordent en un chœur Chantant leur fière passion d’une langue cantabile Sous la garde bienveillante de l’antique Yggdrasil Qui étend toujours plus ses vénérables racines Enlaçant tendrement les enfants de Racine Leur offrant le plus doux et confortable asile. Héritiers de Bouddha, de Shiva ou d’Abel Ces mille joyeuses cohortes mêlent gaiment leurs couleurs Fois, croyances et coutumes, oubliant la douleur Et l’échec mortifiant de la Tour de Babel Travaillant à l’espoir d’abolir les frontières De reconstruire ensemble, invincible chaîne de mains Un amour fraternel, de meilleurs lendemains D’absorber dans leur âme aimante les pleurs d’hier D’affranchir peur et haine, préjugés prosaïques D’unir leurs différences pour embrasser le monde Et de noyer le stupre, l’innommable et l’immonde Dans l’éclatante lumière de leurs mille mosaïques. Et la langue de Molière, troublante polyphonie Ardente et saisissante rassemble incontinent Toutes ces âmes dispersées sur les cinq continents En un vibrant hommage à la francophonie. Arnaud Marchal (FRANCE/QATAR)

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LA NOUVELLE ÈRE Je courais, les pas apeurés et tétanisés, Je revoyais le ciel sous les balles, se déchirer ! Mon baluchon couvrait des restes de souvenirs. Des pleurs. Des larmes se disputaient mon avenir ! Mes cases se noyaient dans le feu cruel. Tout est désespoir ! Aux sons des chants habituels, Toutes les nuits d'entre les tièdes palissades, Succédait la guerre et son décor maussade. "Il faut se sauver" ! Partir ! "Il ne faut plus tirer sur le martyr ! Rejoindre la file silencieuse dans le drame. Chercher l'ailleurs pour reposer mes dames ! un gite, un repaire, bien plus qu' un asile Je me découvre dans mon univers de mil, Avec mes camarades, autour d'un conte, Autour d'un soupir féérique sans nul compte ! On y voit un grand arbre, un fort vigile Bénir les rondes nocturnes sur les terres d'argile. Et la nuit qui voulait nous voir à l'œuvre Sortit de la nuit et nous mit à l'épreuve ! Elle veilla ! Et l'on dansa ! Les chœurs tonnaient ! Mon village s'était levé ! Je retrouvais tous mes champs et tout mon blé. Ma sœur dansait, son sourire encore plus beau ! Et ma mère, la porteuse d'eau arrose le terreau ! Je soufflais, plein de vie. je revis mon peuple ! Là, je veux m'arrêter. Là je termine le funeste périple ! Je pris l'ailleurs d'entre mes fragiles bras. J’en ferai une planète pour mon village sans voix ! Etres des noires savanes, hibou, marabout, Lynx haut perchés sous hypnose étaient si doux ! Et l'ozone rafraichi donne tout son air A notre nouvelle ère : La FRANCOPHONIE ! Mamadou NGOM (SÉNÉGAL)

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CHANTE LANGUE VERBALE ! Chante langue verbale dans les cœurs errants En construisant un avenir de beauté et sagesse d'études Passage fébrile qui nous amène vers un fleuve de créativités colorées Où l'imaginaire universel de tes accents divers Baigneront toujours ton âme pour une humanité plus juste. Chante langue verbale au sommet d'un espoir jamais vaincu D’une pensée culturelle qui rayonne à la surface d'une planète Qui accueille ton écrit universel d'amour unique. Chante langue verbale avec toutes tes mélodies Ancestrales et novatrices quand ton peuple souffle solidarité Sans trahir ta flamme originale au milieu d'un chemin accidenté. Chante langue verbale avec tes sentiments de pierre craintive Dans cette marche naturelle et tendre qui cherche un autre horizon De civilisation sans barbarie. Chante langue verbale la vie et ses merveilles fleuries Dans ton regard d'amour pour semer l'amour Et rien que l'amour! Construire ainsi un jour ta généreuse "utopie-réelle" De vivre tous ensemble avec nos différences Comme une fresque géante de Paix peint au centre de la solitude. Chante langue verbale douceur sincère de ton orthographe sévère Et joyeusement sensuelle qui régénère les veines analogues D’une raison universelle en déclin. Chante langue verbale avec la sublimation de tes mystères et ta Mythologie millénaire Où chaque pétale de tes jardins célestes devient L’épidermes et symbole de ceux qui ont péri en chantant Ta défense et ton éloge pour que tes accents retentissent toujours Libres ! Pablo Poblète (FRANCE/CHILI)

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LANGUE DE MA MERE Entrailles de mes entrailles, terre de mes terres Terre de FEU qui embrasse mes territoires, crée, anéantie Tu habites, attises, fleuris des arcs en ciel majestueux Dans les terreaux de terres sédentaires fertiles Où jeux de l’esprit se manifestent allègrement Source de vie, émergée de la mer des mers Enracinée profondément dans la mère de ma mère, Le père de mon père, de l’espace de nos espaces Tu te nourris de la richesse des mots, d’exaltation De la poésie de la langue de Molière Coiffée de constellations, parfois habillée de MAJUSCULES Tu brilles de fière allure, de minuscules tu t’insères Dans la quotidienneté, nourriture de continuité Lieu d’univers intimes où la théâtralité se manifeste Performe, danse au rythme de ta musicalité Terre de mes terres, sang de mon sang, vaisseau vivant Tu tangues sur les vagues de la pensée, tu avances parfois Dans les eaux troubles, peuplées du désert d’ignorance D’indifférence totale conduisant insidieusement à la mort des mots de la langue qui nous enflamme Au sein des possibles, féconde d’imaginaire nécessaire Je tressaille, je m’inquiète pour toi, langue-terre en errance En exil dans les étendues d’individualité maladive Où le maître Dieu-argent s’active de plus en plus Dans le monde des mondes Entrailles de mes entrailles, terre de mes terres maternelles J’ai soif de toi pour les enfants de mes petits enfants J’ai soif de conscience, d’égalité, de respect qui germeraient En arbre-poésie, arbre-amour, arbre-caresses réconfortantes Sur les terres de la langue de nos mères, terre de nos espoirs Christiane Simoneau (QUÉBEC, CANADA)

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SUR UN TABLEAU BIGARRE... C’est une danse folle aux mille couleurs, Aux accents bigarrés, un marché de senteurs. Une joyeuse cavalcade de rires et de cris, Des mains qui se joignent, des regards qui se lient. C’est la langue de Villon, celle du vieux Restif, Héritée, malmenée, cultivée collectif, Transportée sur tous les vaisseaux de toutes les mers, Clandestine ignorant les frontières. Aux courageux, aux opprimés, Aux petits africains qui récitent Mallarmé, A ceux qui souffrent, ceux qui ont peur, Aux exilés, français la chaleur. C’est une danse folle aux mille couleurs, Nous la danserons tous aux jours meilleurs. Les femmes seront belles, les enfants rassasiés, Les hommes reposés chanteront en français. Graham Stram (FRANCE)

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LE BALLET D’AMITIE Sur les cimes, dans un arc-en-ciel mythique, Je vis valser des formes exquises. Emportées par l’espoir et la brise, Elles chantent en harmonie un air unique. Je vis le soleil cacher la nuit. Mère Afrique, jadis éclopée, s’éblouit Fredonnant à genou un refrain inouï. Sa face rouge de bonheur reluit. Sur le tempo, dansent main dans la main La Belle Europe dans une robe étoilée, La Grande Asie, parée de mystères et d’entrain, L’Amérique en extase relaxée. L’Océanie bleu renait de ses entrailles Dans une ronde folklorique sans taille. Je vis l’aigle, entre le soleil et la terre Les hisser vers des hauteurs infinies Deux guides illuminés d’un autre univers Assistent à la création de leur synergie. Soudain, je perçois un air familier Les barrières des langues se sont envolées. Les peuples entament l’hymne à l’amitié Et rattrapaient le temps passé sans s’aimer. Sophanira Badio (HAITI)

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LE POÈTE ENDORMI Dans la cage de tes yeux, je vois l’âme endormie, Lève-toi, ô poète, lève-toi et écris ! La nature t’a donné une source infinie De douleur et d’amour et de rêves meurtris. Sois le peintre du monde et colore ta palette De ces teintes empruntées aux silences déchirants. Sur la toile de tes vers surgiront les comètes Filant en longs cheveux d’indicibles tourments. Sois cet Aigle hautain que la terre idolâtre, Cet oiseau sans égal, ce messager de Dieu Ouvrant ses ailes immenses dans l’immensité bleue Et scrutant l’indicible d’un regard opiniâtre. Débusque la beauté quel que soit son repaire, Et donne-lui son dû car elle est rare et précaire, Sois celui qui navigue dans les flots agités Et poursuit les tempêtes dans leur antre secret. Sois l’artiste exalté et l’auteur ébloui Désireux de créer le plus beau des poèmes. Les aurores fleuriront dans les grottes de ta nuit Et l’amour deviendra le plus noble des emblèmes. Car ton don est inné ! Enchaîné à ton corps, Il te suivra longtemps sur les grèves du monde, T’exaltant de sa voix passionnée et profonde Et créant dans ton cœur d’immortels accords. Dans la cage de tes yeux, ton regard a soudain lui, Ton âme s’est agitée, ton esprit assoupi S’est empli de lumière et de vie, Lève-toi, ô Poète, lève-toi et écris! ) Mélika Golcem Ben Redjeb (TUNISIE)

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LA LANGUE DES HOMMES Fresque aux 26 couleurs arc-en-ciel Ravivée par la force de tes consonnes Avance sur la ballade de tes voyelles-miels Nul besoin de syllabes vagabondes Car toutes forment ces mondes aux sonorités essentielles A ces mondes que nos mots façonnent Influencé par ces mots qui raisonnent Sous vos tutelles, le français rayonne Duclair TIOTSOP LAMBOU (CAMEROUN)

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PEUPLES FRANCOPHONES La force du verbe. Plus qu'un mot, La fin des maux ! Le vert dans l'Herbe ! Des enfants Des rires. De la joie. Plus qu'une loi, Un serment ! Du chant des Hommes, L'espérance ! Plus qu'une danse, Une délivrance. La force du baobab Plus qu'un végétal, Mon horizon natal, Mon sourire au toubab. Bras cédés, Sans trésor ni butin, Le peuple sain Est rassasié. La force du monde Plus qu’une armée, Est avancée Belle dans sa ronde : La Francophonie. Mamadou NGOM (SÉNÉGAL)

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DANSE IMMOBILE Le monde danse une ronde qui provoque l’ivresse Mais l’arbre centenaire patiente sous le soleil L’homme s’agite en tous sens pour apprécier sa vie Mais la pierre millénaire se moque de la raison Calmons donc ces ardeurs de l’esprit et des mots Car il nous suffit d’être pour trouver le repos. Alaina Souvannavong (LAOS)

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RWANDA ! POUR NE PAS OUBLIER ! Elle s’appelait Stella elle était mon épouse Ils ont violé son corps et mis fin à sa vie Car elle n’était pour eux qu’un objet méprisable ! Elle s’appelait Judith elle était mon enfant Souillant son innocence ils rirent de sa terreur Laissèrent son corps brisé pourrir sur un sentier La nuit elles accompagnent mes terrifiants cauchemars Le jour elles envahissent mes pensées hasardeuses Je ne suis que mémoire, pierre narrant le passé Vieux monsieur oublié qu’on n’ose regarder Moi aussi j’ai souffert la cruauté bestiale Sadique et libérée des légions génocides. Ils m’ont laissé pour mort Sans pieds pour voyager, sans mains pour travailler Le cœur froid d’agonie l’esprit fou de douleur Chaque jour je veux mourir, enfin les retrouver ! Mais il me faut rester pour honorer leur nom Elle s’appelait Stella, elle était mon épouse Elle s’appelait Judith elle était mon enfant Olivier Kaboneka (RWANDA)

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PRÉJUGÉS Pour certains c’est question de couleur Et pour d’autres plutôt d’origine En tous cas il est dur de lutter Contre la force des préjugés Noir tu seras paresseux Et Roumain tu seras voleur Maghrébin tu es donc agressif Et toi Chinois tu es sournois Il est vraiment dur de lutter contre la force des préjugés Pourtant ceux qui jugent se croient vrais Confondant malheur et couleur Ils oublient par leurs préjugés Le vrai ennemi … la pauvreté ! Bogdan Mataza (ROUMANIE)

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FRANCOPHONIE, POURQUOI N’AIDES-TU PAS LE NIGER ? On parle français à Niamey, Agadez, Diffa, Maradi Dosso, Tahoua et Zinder, dans les rues de Tillaberi Si la langue en partage est sincère Il faudra aider le Niger ! Sècheresse et criquets nous tuent Et nos enfants meurent de faim Notre uranium vous a bien plu Alors tendez-nous donc la main. Si la langue en partage est sincère Il faudra aider le Niger L’ONU connait nos famines Nous désigne comme les pauvres absolus Mais les rapports ne font pas chair Et on meure chaque jour un peu plus. Si la langue en partage est sincère Il faudra aider le Niger ! Et pourtant cette aide ne vient pas On parle, on parle sans agir Francophonie j’ai une question Pourquoi n’aides-tu pas le Niger ? Ousmane ISSAYAYE (NIGER)

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JE PRIE POUR QUE MICHÄELLE JEAN DIRIGE LA FRANCOPHONIE Les yeux s’allument à son passage Et l’espoir nait de sa présence Tant d’empathie dans son message Comment ne pas lui faire confiance ? Je prie pour que Michaëlle jean dirige la Francophonie Elle est femme de plusieurs pays Canada France et Haïti Mais dans son âme francophone Soixante-dix-sept Etats bouillonnent Je prie pour que Michaëlle jean dirige la Francophonie Boutros Ghali montra la voie Abdou Diouf apporta l’aura Pour suivre ce chemin vainqueur Il faut maintenant une femme de cœur Je prie pour que Michaëlle jean dirige la Francophonie Qui mieux qu’elle peut représenter Politique et diversité Elle fut femme de tous les combats Sans pour autant perdre la foi Je prie pour que Michaëlle jean dirige la Francophonie Gouverneur, chancelière, grand témoin, Et pourtant pleine d’humilité Tous les talents sont en ses mains Comment dès lors lui résister ? Je prie pour que Michaëlle jean dirige la Francophonie Et si mes vœux sont exaucés Si la prophétie s’accomplit Aucun doute que sera forgée Une nouvelle Francophonie Je prie pour que Michaëlle jean dirige la Francophonie Martine Chandrel (SAINTE LUCIE)

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ABORIGÈNE Il vivait là en harmonie Comprenait le vent Parlait au soleil Ne faisait qu’un avec la roche, le sable. Il était nu et silencieux, Attentif et respectueux, A sa façon Majestueux ! Ils sont arrivés au printemps Faisant du bruit, brisant le vent Ont décidé de s’installer De transformer de développer. Ils ont jugé sa nudité Son dénuement et son silence. Un coup de feu a éclaté. Il vivait là en harmonie Comprenait le vent Parlait au soleil Ne faisait qu’un avec la roche, le sable. Il n’y a plus qu’eux maintenant. Demain Ils commenceront à construire ! Adam ADDISON (AUSTRALIE)

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HOMMAGE A ABDOU DIOUF Comment peut-on décrire sans risque d’omission Les multiples aspects d’un parcours d’exception ? Gouverneur, Chef d’Etat, Secrétaire général Il fut près de vingt ans destin du Sénégal. Inspiré par Senghor il soutint son pays Sur les chemins ardus de la démocratie. C’est ensuite le français qui eut besoin de lui ! On lui offrit les rênes de la Francophonie. Soixante-dix-sept Etats et autant de visions La tâche à accomplir était herculéenne Avec l’acharnement que permet la passion Il bâtît peu à peu une notion citoyenne Il en fit un ensemble, un acteur reconnu Que l’ONU sollicite et que l’Afrique écoute. C’est aussi grâce au feu qu’il a entretenu Que la langue française évite la déroute. Des centaines de millions de lèvres francophones Devraient le remercier de s’être démené Pour défendre leur droit de parler en français Quand leurs propres Etats se montraient trop aphones Je me fais messager de ces foules anonymes Qui ignorent bien souvent les efforts déployés Mes mots ont donc valeur d’un MERCI unanime Pour un grand Homme d’Etat et un maitre à penser. Manuel Bello (BRÉSIL) Jean-Jacques Saugel (AUTRICHE) Jean Baptiste Diarra (ETHIOPIE) Hommage rédigé sur trois continents par 3 francophones du Nord et du Sud

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HOMMAGE A DOMINIQUE HOPPE Il est des hommes capables de transformer le monde Mais que l’humilité préserve des lumières Ces géants invisibles mènent ainsi la ronde Sans pourtant s’en vanter ni même en être fier Dominique Hoppe est de ceux-là ! Il est des hommes capables d’oublier leur personne Pour prodiguer le bien ou diffuser l’espoir S’ils se tiennent en dehors des cercles du pouvoir C’est pourtant en leurs mains que l’avenir se façonne Dominique Hoppe est de ceux-là ! J’ai eu un jour la chance de croiser son chemin Et les mots échangés ont marqué mon destin. Il est des hommes capables de nous influencer Par leur abnégation et leur sincérité Dominique Hoppe est de ceux-là ! Manuel Bello (BRÉSIL) Jean-Jacques Saugel (AUTRICHE) Jean Baptiste Diarra (ETHIOPIE) Hommage rédigé sur trois continents par 3 francophones du Nord et du Sud

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HOMMAGE A LEOPOLD SEDAR SENGHOR A l'heure de la brise dans mon poumon étiré, Aux trots des souffles venus des vastes champs, Joal ! Me rappellent les semeurs à la volée ! Joal ! Le noir chant des Sigas endimanchées ! Le pont s'étire au triomphe du flux sacré, L’éloge du père à son fils dans l'arène des dieux, Les silos pleins débordent les calebasses de blé, Témoignent les étoiles ravies dans les cieux. A l'heure Mamadou NGOM (SÉNÉGAL)

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FUNÉRAILLES Une lanterne bleue s’allume dans l’entrée, L’orchestre de Bouddha sillonne le village, Des crépons rouge vif encadrent les battants, Protégeant les vivants des esprits menaçants. Toute de blanc vêtue, j’attends la procession, Le regard captivé par la chambre à coucher, Mon amour y repose dans ses habits de soie, Un sourire figé sur les lèvres gelées. Dans quelques heures ses cendres rejoindront nos aïeux Et à mon tour j’attendrai la mort, Patiemment ! Jing Zhang (CHINE)

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JE L’IMAGINE… Dans la douce clarté d’un atelier Penché vers son chevalet, songeur Il était dans un dilemme familier Comment laisser parler son cœur ? Il voulait tant exprimer de choses Que sa petite toile ne suffisait pas. Il n’avait pas l’âme d’un virtuose Et quelquefois, se sentait si las ! Pourtant son dialogue intérieur Jaillissait et guidait son pinceau En des myriades de belles couleurs Aussi vives que des plumes d’oiseau. Je l’imagine exprimant la beauté De mille peuplades en harmonie Parlant un dialecte fait d’amitié Dans un pacte de francophonie. Sa palette de couleurs épuisée Il regarde son œuvre achevée Il est temps d’aller se reposer. L’aube est là et la nuit est chassée. Amina Idrissi, (MAROC)

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DISCOURS D'UN ENFANT FRANCOPHONE Langue des chantres d'amour et des marchands de rêve du Sud et du Nord Brisant sans contraste, sans choc, les frontières au creuset d'un décor Langue de mes imageries au goût de sel Des vagues ensoleillées sur une plage de Jacmel Langue des divas et des poètes à chaque heure on te célèbre Dans une francophonie de Piaf à Rimbaud lumière dans les ténèbres Langue aux mille et une couleurs D'un tableau de Christian Win chanté en chœur Langue façonnée, peinte et repeinte de Senghor à Césaire Ton alphabet s'inscrit en lettre de lumière Toi la langue qui nous berce et nous transporte De Montréal à la Nouvelle Calédonie germe d'une cohorte Langue saveur d'un couscous pour un dîner de convivialité Dans les savanes africaines et dans les cités « Français » toi le mot portant l'initiale d'une lettre phare Femme, féminité, féminin une forme d'art Toi la langue, déesse et diseuse de bonne aventure, voilée Tes mots variés et divers battent la mesure avec sonorité Musicalité Rythmée Sur les notes de « do, ré mi » Instant de transe dans la pensée et dans la parole, c'est la franco- folie O francophonie fais tomber tes masques de bois Car la langue est aussi un credo, une foi O langue qui ne s'appauvrira jamais Sers –nous de guide en guise de plats d'échange à tous les sommets Car tu seras toujours riche, de tes fils de misère. Qui ne sont que des créateurs venant d'horizon divers. O francophonie ! Drapeau, couleur arc-en-ciel Cercle de partage marchant à merveille Que les costumes modernes et traditionnels ne nous éloignent point sur nos pas De ton drapeau, qu'ils nous rapprochent chaque jour près du mât O francophonie ! Muse d'idée nouvelle et de pensée Fais que l'on essaime, modèle d'héritage pour les enfants du monde entier. Garry RAYMOND (HAITI)

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LA TOILE DE VERRE "... Et sous la complainte des cors et des lyres, On devine la plainte des corps et délires D'un soir, artisans main dans la main D'une esquisse d'avenir sans lendemain. Le verre à la proue d'un grand dirigeable Voguant par-delà mil et une contrées Il me faudrait figer l'infigeable Changer l'image d'un grand miroir doré. Je saisis le bleu du ciel, il se grise Je veux le blanc des nuages, ils me fuient Quant au rouge, il me reste sur les mains. Je jette à bas le tableau qui se brise Par-delà les nues, baigné par la pluie, Il me reste pour écrire, ce parchemin. Je suis dessus terre et mer l'Albatros maudit, Spectateur d'un monde qui écrit sa mélodie. Pierre ANTOINE (BELGIQUE)

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LE POÈTE INSOLITE Salut noble poète, paré de verts lauriers, Salut, Géant des mots, Seigneur des fiefs rêveurs, Salut Orphée moderne au chant plein de ferveur, Salut devin étrange aux oracles sacrés ! Seule la terre d’exil peut t’avoir enfanté, Toi qui portes ton don au-delà de ce monde, Toi qui graves ta voix sur les douleurs fécondes, Et offre tes arpèges au luth d’éternité. Car ta force prend sa source aux abysses de l’âme Quand montent des volcans les laves en fusion, Quand roulent les scories des amères déceptions, Quand se mêlent au feu la glace et le rire au drame. Tu crées par tes écrits des saisons insolites Où l’automne impatient convoque le printemps, Sans que l’Hiver trahi n’interroge le temps, Sans que l’été radieux n’ait teinte d’alexandrite. Les roses sous tes doigts sont des fleurs sans pensées, Et les violettes s’effeuillent en de tristes regrets, Tu aimes l’orchidée aux pâleurs somptueuses, Et le mauve lilas aux senteurs vaporeuses. Tes yeux s’enivrent du jour aux aurores nacrées Et ton cœur fier et libre succombe à la beauté, Car pris au sortilège de l’amour sublimé, Tu changes ta propre plume en abeille dorée. Les fleurs qu’elle butine sont les émois des êtres, Et le miel qu’elle engendre a saveur d’hydromel, La douceur de ses vers estompe le mal être Et le charme des mots rend les sons immortels. Mais lorsque gronde l’orage des tempêtes honnies Que les hommes s’insurgent et maudissent le sort Le poète est médium et il tonne les accords De l’ardente, la brûlante et divine symphonie. Mélika Golcem Ben Redjeb (TUNISIE)

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HEROS Haïti la perle rare, perle divine Au centre des offres Oh! Frisson de l’échine Pleure de joie, succès et fierté au mouchoir Feignant tout regard flatteur de l’Oiseau au perchoir Eblouissante, charmante oui! Etonnante Loin, se distingue une allure flamboyante Près, au gré, on ne saurait être résistible Puisque son vif éclat rend ce soi combustible Rebelle mais sensuelle, belle en tant que telle Préfère se lier aux manigances cruelles Pour ignorer Prétendants de race Mystique Rayer, mépriser ceux de race Politique Organiser, réorganiser, elle prévoit Fouillant son passé, y sont des Braves de choix Observant son présent, tâtonne dans le noir Pour l’avenir heureux à penser et à croire Sereine en sentiment, à remettre son cœur Vigilante de guet à moquer Beau Parleur Fixant le Bleu du Ciel, aperçoit le Très-Haut Jurant de Parole que viendra le H E R O S ! Francion Thimothe Jean-Jacques (HAITI)

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ÉLÉGIE Vous aussi, Vous vous sentez comme moi... J'ai rendu visite au royaume du silence. Là, chacun pousse de profonds soupirs en égrenant ses pas Près des marbres froids sur le sol stérile. Là où des bruits creux vous déconcertent, J’ai vu de jeunes années et des années éteintes. A chaque pas, je versais une larme. Je marchais dans l'absolu immobile où la vie avait cessé d'être. Le vent caressait doucement les tiges vierges Des fleurs après avoir dispersé les feuilles mortes. Je me sentais perdue dans les allées étroites de ce royaume rempli D’abris aux bougies éteintes et, par endroits, aux parois enfumées. Je marchais, je me disais: «Ici, quelqu'un n'est pas seul dans sa solitude». Je sentais tout au fond de mon âme que la vie, Généreuse de ses caresses, m'aimait encore fiévreusement, Et je comprenais très bien CELA, ce vécu. Je me suis arrêtée. J'ai mis mes fleurs dans le vase froid. J'ai vu mon reflet sur le marbre à peine nettoyé Et je Lui ai dit, dans un étrange soupir, «Je suis encore en vie. Je reviendrai changer Tes fleurs!» Sofia NAKO SUSAC (ALBANIE)

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NOTRE LANGUE Les visages Souriants, Ravissants, Parfois tristes Parfois en colère Ou en douleur Les silhouettes Minces ou grosses, Grandes ou petites Le monde bariolé Les caractères coloriés Les opinions exprimées Les critères déprimés Les croyants exposés Les luttes menées Mais il y a des paroles douces Qui dégagent la souffrance Remplissant nos cœurs Du bonheur immense Parce que la compréhension Annule la tension Et détruit l'intolérance. Vojka Milovanovic (SERBIE)

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SONNET DE LA LANGUE CHARMEUSE Donne-moi la coupe de cet amour naissant Et que je l’absorbe, là, au grand jour levant. La clarté de mon cœur, rayonne pour la vie, Car depuis tout petit, je t’écris, je te lis. L’air doucereux fleurit de ton benoît visage Et sourd de tes plaisirs telle une eau vive, sage. Langue de Molière, le Français, ils t’appellent. Homme mûr, volage, je te reste fidèle. Tu fais du pied aux hommes et du néant, les sèvre. Tu m’offres ton doux cœur tel un prenant bouquet, De galants balisiers, d’un odorant banquet. Tes mots charmeurs peignent mes papiers, mes lèvres. Je pare ton amour d’une traînée de soie De bonté, de gaité, de vie jouissante en soi. Lucky ETCHRI (TOGO)

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ARC-EN-CIEL ô monde multiforme rempli d’altruistes Quelques milliards de personnes De personnes qui coexistent Malgré les philanthropes-actions dont le monde s’assaisonne Ici et là vous verrez plein d’anarchistes Qui sans vergogne aux viles pratiques s’adonnent Des traditions et des hommes Mille milliers de cultures Des cultures qui en chaque être dorment Je rêve d’aventure D’un monde divers et uniforme D’un monde sans barrière ni clôture Blanc, noir, rouge et jaune Des couleurs qui aux yeux rayonnent Vaste monde-atome D’une diversité, un unique arôme Faire de cette pluralité La force de notre unité Duclair TIOTSOP LAMBOU (CAMEROUN)

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DES REPÈRES DE COULEURS Repères de couleurs, d’envies et d’ennuis, Des jours comme hier, un calvaire infini, L’unité de ce monde, confus s’assagit, Ces couleurs en parlent, les desseins de la vie, Au salut de ce monde, à l’unité attendue, Doucement mais sévère, cette calme têtue, Nous apprend à travers, non aussi facile, Perdu à ces couleurs, un futur aussi tranquille, La lecture de nos cœurs à la gloire de ce monde, Repose à l’amour, que chaque cœur l’entende Rappelle à la paix, SOS à l’amour, Le souhait d’errer, la paix est sa cour RAJAONARIVONY Fidimalala (MADAGASCAR)

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SECRET DE COULEURS Je me demande, derrière ces images, Des paix innocentes aux sourires des courages, S’y noient et émergent, de jour après jour, Ces couleurs dans le monde qui réclament de l’amour, Ce vent de l’automne et les brises du printemps, Ces couleurs expressives à l’air innocent, S’y cachent des messages à l’ombre des courages, J’aime ce paysage, à la paix je partage, D’un regard aussi simple, vois-tu quelque chose ? Je vois de la paix, d’autres des roses, Le défi de tout un peuple, au regard aussi neutre, Mon poème qui va naître au jugement de tout un maître RAJAONARIVONY Fidimalala (MADAGASCAR)

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CHEF ŒUVRE FRANCOPHONE En posant son pinceau sur ce beau paysage Christian Wind progressivement dévoile Verse et distille ce bel arôme de luminance Où l'effluve de la peinture est surtout agréable ! Emporté par la sveltesse de son imagination L'artiste se fait garant de la langue française A travers une fresque d'une beauté rarissime Dont la multiplicité des couleurs est univoque ! Préservant une diversité culturelle en toile de fond La beauté voilée se dévoile dans cette variété Des activités de l'Assemblée des Fonctionnaires Francophones des Organisations Internationales ! Un paysage flexible, ouvert et extravertis, Hommes, Femmes, Enfants... Peuple de tous les pays et nations Se réunissent en cette journée de Francophonie ! L'objectif étant de renforcer et consolider Les liens dans les organisations internationales Afin de faciliter la communication entre francophones, Cette initiative requiert une richesse universelle ! ABDALA KONE, (CÔTE D'IVOIRE)

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JOURNÉE DE LA FRANCOPHONIE Sur les notes mélodieuses De cette sublime journée De la Francophonie, Voltige cet air harmonieux De diversité linguistique ! Mon ouïe se laissa bercer Et mon regard s'élevant, Plonge dans ce magnifique tableau De Christian Wind, Avec ses couleurs variées, alliciantes Splendides et resplendissantes... Plusieurs pays, de nombreux drapeaux, Un monde unique à essence plurielle S'érige sur une multiplicité De cultures pour renforcer les liens Entre les différents organes De l'organisation, Et sur le clavier de cet ange Gardien de la solidarité internationale, Retentissent consécutivement Les lettres F R A N C A I S ! ABDALA KONE, (CÔTE D'IVOIRE)

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IL S'APPELAIT HERVÉ GOURDEL Il s’appelait Hervé Gourdel Aimait la montagne et la vie Sa tête fut tranchée sans appel Un jour d’automne en Algérie ! Il s’appelait Hervé Gourdel Et tous abusent de son nom Ses assassins pour leur chapelle Les politiques pour l’opinion. Il s’appelait Hervé Gourdel Et voulait vivre sa passion Sacrifié dans un jeu cruel Devra-t-il en plus être un pion ? Il s’appelait Hervé Gourdel Montrons lui un peu de respect Il ne se voulait pas modèle Laissons-le reposer en Paix Il s’appelait Hervé Gourdel Il était VOUS, il était MOI Si la vengeance est à l’appel Nous le tuons une seconde fois Terroristes, partisans, dictateurs Chacun croit en sa vérité Et la défend jusqu’à l’horreur. Jusqu'au prix de la vie d’Hervé ! Il s’appelait Hervé Gourdel Et son nom bientôt oublié Restera en cette ritournelle LA FOLIE DU MONDE L’A TUÉ ! Mouloud Mektoub (ALGÉRIE)

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AU NOM DES SANS DENTS Dans les pompeux salons privés de l’Elysée Se tiennent des propos cruels et méprisants Le roi élu se moque, non sans légèreté, De pauvres anonymes qu’il nomme « les sans dents ». Dégoût du citoyen, propos condescendants Sont-ils les attributs de notre Président ? C’est pourtant ces « sans dents » dont il rit à outrance Qui l’ont hier choisi pour gouverner la France ! Comment être surpris du mépris de Caton Le mensonge est une arme dont l’usage corrompt. De sombres qualités l’ont mené au pouvoir Mais par son exercice il nous vole l’espoir. Derrière ce museau rond au sourire ravageur S’il-y-a de belles dents il n’y a plus de cœur. Démagogie, cynisme mènent aujourd’hui la danse Et la nation se meurt de scandales à outrance. Alors je me permets, malgré basse naissance, Un avertissement à valeur de voyance. Peu à peu le pays s’est empli de rancœur Et quand les rues s’enflamment rien n’éteint leur ardeur. Méfiez-vous des « sans dents » qui semblent si soumis Car ils pourraient un jour quitter leur apathie. D’autres maitres avant vous ont goûté au plaisir De rire de la misère et d’en faire un loisir ; C’est par le vêtement qu’ils se sont amusés À mépriser les pauvres aux pantalons rayés. Mais un jour de Juillet ce sont ces « sans culottes » Qui se sont transformés en héros patriotes. Ils ont vaincu les rois, repoussé les armés, Inventé la patrie, l’espoir, l’égalité ! Ces soldats de fortune de la révolution Que vos discours encensent comme fils de la nation Sont en tous points semblables aux « sans dents » anonymes Victimes de vos sarcasmes et de vos pantomimes. Citoyens sans moyens aux vies parfois amères Ils aiment leur pays et leur cœur est sincère.

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Et malgré les soucis et le dur labeur S’ils ont perdu les dents ils gardent leur honneur. C’est par leur énergie que ce pays survit Et c’est donc grâce à eux que vous vivez aussi. Maximilien Danton (FRANCE)

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Et si Avons-nous le choix? Étant sur la même terre Avons-nous le choix? Étant couverts du même ciel Et si on se parlait tous L’un à l'autre Le même langage, la même langue Échanger des mots magiques Dans le partage Il y a de l'amour Et seul l'amour est vrai Et si on se donnait la main Autour de l'arc-en-ciel Esquisser de beaux pas de danse Tous ensembles Dans le partage Il y a de l'amour Et seul l'amour est vrai Et si on regardait tous Dans la même direction Voir le coucher du soleil Célébrer la lune et les étoiles Tous ensembles Dans le partage Il y a de l'amour Et seul l'amour est vrai Et si on mangeait La paix Le bonheur Tous ensembles Dans la même cuvette À la même table Dans le partage Il y a de l'amour Et seul l'amour est vrai Mory Toure (MALI)

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LA NATURE et L’AMOUR Si quelqu’un me demande: "Quels sont les mots les plus beaux?" Je n’hésite pas à répondre: "Seulement les deux mots: La Nature et l'Amour". Le vert des arbres, des forêts. Le rouge, le jaune des fleurs. Le bleu des océans, des fleuves. Le chant des oiseaux. Le cri des animaux. Oh! La nature est merveilleuse! Au milieu de la nature, L’homme existe. Au cœur de l’homme, L’amour domine. Sans amour de la nature, L’homme serait puni. Avec amour des gens, La guerre serait finie. Thuy Phuong NGUYEN (VIET NAM)

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LES LILAS DE MA SOEUR "Au jardin de ma sœur les lilas sont fleuris Tous les oiseaux du monde viennent y faire leur nid. Auprès de ma blonde, qu'il fait bon, fait bon, fait bon." Dans le jardin de mon père nous étions réunis. Nous riions, nous chantions, et nous nous amusions. Maintenant, il n'est plus, mais nous ne l'oublions pas. Je me rappelle qu'il nous aimait et nous l'aimons. Il prenait soins de nous et nous étions très heureux. C'est un bon papa, bon papa, bon papa. Dans le jardin de ma mère il y a beaucoup de fleurs, Les fleurs de toutes couleurs, les fleurs de bonheur Qu'elle cherchait à nous donner avec sa douceur. Dans le jardin de mon frère il n'y a pas de soucis Car ses fleurs me sourient et je sourie. Elles sont très belles, très belles. Je ne sais pas tout, mais je sais une chose. La vie est belle et courte, nous avons le choix De nous en réjouir ou de souffrir. C'est pourquoi, profitez de toutes les possibilités Pour jouir la vie et servir autrui Et nous pouvons nous réjouir d'une vie abondante. André Huynh (ÉTATS UNIS)

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LE FLEUVE TRICOLORE Dans ton lit coule le bleu blanc rouge Fleuve aux eaux douces Sur toi glisse un voilier sans secousses Laisse passer la muse qui bouge. Elle a un message de paix Pour tous les peuples. Aussi pour tout vert doré couple Écoutez et passez à tous le relais. Véhicule de nos pensées Tu nous permet d’exprimer nos diversités. Du Togo au Congo le son du cocorico S'élèvera plus haut au sommet du Kilimandjaro Mawusse Kouassi (NIGÉRIA)

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RENDRE VIE Aujourd'hui plus rien ne brille Sauf les riches et leurs folies Comme les grandes vedettes Qui paraissent dans la presse Et dont la seule noblesse C’est leur trop grande richesse. Il faut remettre à jour Tout ce manque d'amour Et qu'au son du tambour On lutte dans sa cour Pour encore dénoncer Les pleurs des opprimés. Il y a tant de guerres D’horreur et de misère Qui règnent sur cette terre Comme les soldats d'hier C’est tellement inquiétant Que l'on cherche chaque soir comment Sortir de ces tourments.

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La colombe si jolie Chante pourtant la vie À la veille de chaque nuit En poussant de grands cris. Et de ses battements d'ailes Elle nous prouve qu'elle nous aime Simplement par bonté Elle demande charité Et en faisant des rondes elle clame la paix dans le monde. Il faut donc rendre vie À tous les appauvris Et par la poésie Se battre pour les plus petits Afin que l 'univers Soit un asile de frères Et que de chaque vers On fasse une prière. André - Aligatorpoète - Pecquet (BELGIQUE)

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JOUER AVEC LE SOLEIL Il voulait jouer avec le soleil. Il en a attendu Le premier rayon, S’est haussé Pour le toucher de ses doigts Ne serait-ce qu'un instant. Caressé par le rayon, Il s'est mis à jouer avec, Goûtant à sa chaleur Avec le bout des doigts. Il voulait lui offrir Tout son corps, Être caressé, embrassé, Mais le soleil N’avait pas le temps de jouer Indéfiniment, Aussi s'est-il couché Pour se cacher Derrière la montagne. Il lui a fallu Attendre le jour suivant Pour recommencer À jouer avec le soleil... Sofia NAKO SUSAC (ALBANIE)

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NOTRE SYMBOLE L’instinct m’appelle et me dit Quelle est cette mosaïque, Belle et énigmatique ? Je la considère et ris ; Brûlant d’ardeur je répondis, Que ce tableau ci est un nid De couleurs françaises valeurs ! Oui agencées et sans erreur. J’y découvre ces merveilleux Symboles dits francophones Comme tableau de meilleurs vœux A tous ceux pour qui ça sonne A l’oreille la conscience L’âme voire tous les sens Cette langue de Molière ! Universelle et fondatrice Maîtresse et créatrice Mère et sève nourricière ! Témoins des âges et relie Québec Dakar TUNIS Paris Tananarive et Haïti ! Fait merveilles et mille vies ! Elle efface les frontières Et brûle les tabous Par elle tous restent des frères Loin là bas et autour de nous. Mère féconde tant aimée ! Rassemble toute sa couvée Sous sa force qui est beauté, Source riche et tant douée. Oumar Ag Idouwal (MAURITANIE)

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C’est ma patrie ! Dans ma patrie On est francophone D’Afrique D’Amérique D’Asie D’Europe D’Océanie Dans ma patrie On navigue Sur le Mékong Sur le Nil Sur le Rhin Sur le Niger Sur le lac Tchad Dans ma patrie On danse La salsa Le tango Le hip hop Le R N B Le bikutsi Dans ma patrie On parle Bantou Wolof Anglais Arabe Vietnamien Roumain Oui c’est ma patrie Oui c’est la Francophonie Andre NGUINI AYISSI (CAMEROUN)

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PASSEPORT POUR JÉRUSALEM Demain j’irai vers toi, ô cité des Seigneurs, A tes portes de bronze je présenterai mon cœur, Passeport de chair dont les lignes sanguines Tracent en filigrane le nom de Palestine. Mes yeux qui, si longtemps n’ont point vu tes lumières, Laisseront leurs regards errer sur tes splendeurs, Et mon âme si longtemps privée de tes prières Vers Dieu élèvera son cantique de bonheur. Mes genoux fléchiront sous l’or de tes coupoles Et mon front s’abîmera sur ton sol sanctifié, Mes mains s’épanouiront en de blanches corolles Pour toucher pieusement tes murs ressuscités. Car tu fus, ô ma ville, un lieu choisi par Dieu Pour dire aux mortels qu’ils sont frères sur la terre, Car tu fus, ô ma ville, un corps élu par Dieu Pour souffrir dans ta chair les stigmates de la guerre. On t’a dit que la paix en ton nom s’est logée, Mais sais-tu qu’à Gaza, à Naplouse et dans d’autres cités, L’honneur de mourir pour ma terre bien-aimée Arme de pierres blanches mon peuple désespéré? Demain j’irai vers toi ô cité des prophètes, J’irai droit devant moi, j’irai dans les sentiers Où les cyprès se meurent en l’absence des rosiers, Où les hommes sont las des terrestres conquêtes. Sous mes pas revivra la divine aventure De ces princes appelés au service divin, Seigneurs dont l’âme altière connut toutes les blessures Avant de s’affirmer la force des humains. Comme eux je m’en irai vers la Terre Promise Conduisant tout mon peuple vers les lieux où Moïse Les yeux encore brûlants des saints commandements S’en alla pour l’histoire et la fin des tourments. Comme eux je gravirai le chemin du calvaire, Porté par une foule ardente et téméraire, Et sur le Golgotha de pierre, je transmettrai aux miens Le message d’amour du Christ palestinien. Comme eux, je suivrai l’ange dans les cieux sanctifiés, Je volerai très haut vers les blancs minarets, Au Dôme du Rocher, mon verbe mélodieux Dira le nom de Mahomet et la puissance de Dieu. Demain, j’irai vers toi ô cité du pardon, L’enfant qui te quitta pleurant ton abandon,

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L’enfant qui s’en alla dans les nuits solitaires Ne sera plus cette ombre sur les routes étrangères. Car tout est devenu pour moi pur comme un poème, Et je reviens à toi à l’âge des goûts suprêmes, L’esprit illuminé par ta sainte splendeur, A tes portes de gloire, je présenterai mon cœur Passeport de chair dont les lignes divines Tracent en filigrane le nom de Palestine. Mélika Golcem Ben Redjeb (TUNISIE)

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A la frontière ... A la frontière des horizons... Rien qu'une langue... le français... Qui prend nos mains... dans une ronde... De vers qui ne s'interrompent jamais! Pénétrant au fil du poème Un chat qui boude... dans l'allée.. Les bleus du ciel... et de la mer... Ou ma plume finit de tremper! Dans les couleurs du paradis... Les feux violents... de la poésie... Toutes nos lignes réunies... Tarissent tout au fond du tamis... Peu importe le nom du pays! Qu'il soit montagnes... Qu'il soit vies... Croissant de lune... cierge qui luit... Dans un ballet de fortune... Tangue toute la francophonie! Sur toutes lèvres... un drapeau... Qui flotte de Beyrouth a Paris... Cette œuvre est belle... Elle me sourit... quand la colombe s'y introduit... Entre son jour et mes nuits... Entre mes êtes qui fuient... Vers tous les rêves... d'un pays... D'un Liban fort... surtout uni... Ou la première et la dernière Et la deuxième et la troisième... Et toutes ses pages réunies... Prennent naissance dans la beauté Des âmes toutes englouties! Myrna Najjar Serhal (LIBAN)

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LES OUBLIES Il est de ces lieux où les pires des péchés Dans les rues sont commis et les églises, prêchés; Il est de ces lieux où le meurtre est permis, Et où est même par chacun conseillé et prescrit. Nul besoin d'ouvrir une quelconque porte Pour découvrir le lieu où les terribles cohortes De l'erreur règnent d'une main de fer Gantée de sang, de feu, et de pierre! Nul besoin de chercher dans une divine absinthe Ou une quelconque ivresse ce lieu, où les plaintes Des vivants forment l'angélique arrière-plan sonore D'un orchestre démoniaque dont le chef est la Mort! Nul besoin de quérir dans les jardins de Satan Les carnages et massacres, les morts et mourants; De chercher ailleurs que dans nos lâches cœurs Les cris d'agonie et gémissements de douleurs! Nos yeux hypocrites, le meurtre choque, le vice étonne; Et face à l'erreur, les masses s'amassent et tonnent Dans les rues comme le tonnerre dans les cieux: Mais le silence revient bien vite dans ce lieu. Car ce monde où le chaos est le pain quotidien, Où le vin journalier se mêle d'un goût malsain, C'est celui où nous vînmes en voulant le quitter Et que nous quitterons un jour en voulant y rester Wajd Meskini (TUNISIE)

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ENSEMBLE Têtes rondes Chat rieur Chouette sonde La surprise D’un regard Et puis fonde La couleur D’un oiseau Si beau Bleu, vert, rouge Ocre, jaune, noir Blanc, orange, marron Formes, fond, soirs Eau, terre, air, aire, Chant, danse, musique, soi Animaux, végétaux, pierres Ma langue est métisse Et les corps qui s’y tissent Ressemble Ensemble A toutes les nations Un sourire tout rond ! Andéa Mouzky (FRANCE)

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LITANIE DU BONHEUR FRANCOPHONE Ensemble sur le mont des aphorismes bigarrés Nous courons sur la lande de fleurs décorées Les sourires d’écrivains chamarrés Baignent nos jours de métaphores retrouvées Et nos nuits ne ressemblent qu’à nos rêves, De longues litanies resplendissantes de trêves Ô qu’elles sont belles vos âmes sans frontières Le long d’horizons de jeux de mots, de plaisirs fiers Ô qu’ils sont subtils vos cœurs à l’unisson Lorsqu’ils dansent réellement au son des violons Pour un oui, pour un non, les rires affluent Entraînant vos déraisonnables acuités Un pas, un autre, et tout le pays enfiévré Est noyé de bonheur et de phrases musicales et enjouées. De magnifiques chants colorés. Andéa Mouzky (FRANCE)

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LES MOTS COLORÉS DE LA FRANCOPHONIE Au clair d’une rivière, d’un océan, d’une mer Un pays Celui bien fier Des mots de la vie Un mot de joie dans l’été de nos cœurs Une femme au sourire du bonheur Entraîne les pas de beaux pays dansants Sous l’œil bienveillant de l’oiseau Chamarré Sous l’œil rieur du chat épaté Et les notes colorées Forment un tapis de danse Envoûtante, telle une transe Couvrant cette terre, une aire immense De touches de senteurs, de parfums affolés Et nos âmes soudainement transportées Volent sous le regard de la chouette étonnée. Et nos âmes soudainement enjouées Vibrent le long des mots qui nous ressemblent Et nous assemblent. Andéa Mouzky (FRANCE)

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FRANCOPHONIE Les mots que je me dis Je ne les comprends pas Car ce que je te dis N’a ni pays, ni croix, Mon pays est bien plus Qu’une frontière en soi Qu’une image ténue J’appartiens à la vie, les couleurs de la joie Une aire immense et belle, horizon de la langue Et j’ai autant d’amis dans le fond de ma gangue Avec tous ces millions de francophones en moi Qui colportent le monde et danse avec éclat. Andéa Mouzky (FRANCE)

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QUI ÊTES-VOUS? Main dans la main, à parcourir Rivières et paysages ensoleillés, A chanter l'Union. A s'ouvrir Aux couleurs d'un monde de paix. Au-delà des hauteurs naines, Le toucher, noble sens, Unit les bras aux jaunes fontaines: O Fraternité ! Eau de France ! Plus de pourtours du cœur, Rythmes et danses en veillée, Multiples faces en chœur Ornent la vie de la joie de l'Amitié. Aux loges du salon égayé, La critique ailée suspend son envol: Le ballet n'est plus carnassier La sérénité renait des sols. Du rouge ! Du noir ! Du jaune ! un univers de beautés Complémentaires de l'ozone: Azur de souffles et de diversité. Tout est couleurs. Tout est oubli et pardon; D'une planète jadis tout heurts Mêlons tous les dons. Main dans la main, à s'aimer Partout. A semer l'Espérance Aux quatre coins du monde, refaits Au bonheur de toutes les races. MAMADOU NGOM (SÉNÉGAL)

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C'EST POSSIBLE ! Par l'addition, la somme de nos bras, Par la soustraction de nos peines, Différents mais unis sans haine, Un monde de vies sans désarroi. C'EST POSSIBLE ! Ce silence au milieu des pleurs, Symbolique requiem des peuples, Forts, riches, légitimes disciples D'un nouvel ordre mondial sans heurt. C'EST POSSIBLE ! Par la division des richesses, Par le respect des traditions, Par la protection des civilisations, Avec les femmes, pour la jeunesse. C'EST POSSIBLE ! De retrouver ton prochain, De le sentir avec toi, Faire de lui la Loi : Aimer sans penser à demain. C'EST POSSIBLE !

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Si mes armes sont culturelles, Elles pousseront de la tombe des morts. Elles donneront des fleurs au décor. Elles seront belles. C'EST POSSIBLE ! A la France, de tirer la source Vers les terres multicolores. Par la Méditerranée qui dort Nous la suivons à la course. C'EST POSSIBLE ! D'émouvoir le Pacifique, lustre froid ! Haut perché qui ne peut sentir Le doux flot, l'onde de l'Avenir Chanter la Fraternité d'une si belle voix : L'Unité dans la Diversité. MAMADOU NGOM (SÉNÉGAL)

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FRANCOPHONEMES Totale, ma vue ! Au loin les chars ! Soudures fraiches du monde épars ! L'obscur souvenir fuit ces aires, Aujourd'hui, ile gaie des ères. L'ouïe du regard tremblant Qui veut tout voir du temps ; Est-ce la fin de la clameur? Est-ce la bonne heure? Cet horizon sorti des décombres, Réchauffe tous les nombres. Totale symbiose ! Plus de psychose ! Valse, tangue et saute l'osmose. Plus de chars qui piétinent la terre ! Point de victimes, ni de chants mortuaires ! Tous au pied du faste chêne ! Que les bras se déchainent ! Lever les sols au faite des vagues Veiller sur la pirogue et sur la barque. Naturelle maman, sur la rive, L'assoiffée, la veilleuse, la tardive ! Est-ce la fin des souffrances ? Est-ce le début de l'allégeance ? Totale saison de toutes les moissons! Vies, pétales innocentes, vives à l'unisson ! Qui voltigez dans le ciel étanche, Parfumez les chaumières blanches, De l'Atlantique et du Pacifique. Ecoutez le silence des cases de l'Afrique. Ecoutez..... MAMADOU NGOM (SÉNÉGAL)

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LA VIE DES HOMMES DANS L’ESPACE ET LE TEMPS Souviens-toi que tes ancêtres, Chevauchaient dans les lointaines steppes. Ou voguaient sur des fleuves disparus, Dans les déserts des antiques tribus. Tu sais que tes anciens pères, Longeait les failles de la terre, Pour atteindre des rives fertiles, Et des territoires aux frontières mobiles. Depuis les millénaires, Les peuples suivent les chemins planétaires. Hommes et femmes pérégrinent, Le long des routes bédouines. Les civilisations coulent et se mélangent, Les pays entremêlent leurs franges. Pourtant, dans l’instant figé : Chaque homme a sa propre identité. Sa couleur est révélée : Par son destin et ses souvenirs. Par les ombres des hommes du passé, Par les éclats de lumière des enfants à venir. Mais, quand le temps et l’espace auront bougé, Les motifs seront renouvelés. Ce mouvant paysage formé par les hommes du présent, N’est qu’un instant : Onirique et éphémère, Qui marque à peine la surface de la terre. Son étrange brièveté, Lui confère son émouvante beauté. Pascale HACHET(FRANCE)

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ESPOIR En cette mère aimante, l’Afrique se dessine. Elle sent son cœur qui bat tout près de sa poitrine. Lui l'enfant du futur, citoyen de demain, Elle le chérira en lui tenant la main. Elle lit dans l'avenir et voit tous les obstacles Qu'il faudra affronter espérant le miracle. Des montagnes enneigées aux aigles menaçants, Mais toujours victorieux de combats incessants. Tel sera son périple pour rejoindre la ronde Ou des bras s'entremêlent tout autour du monde. En formant une danse, la danse des couleurs, Du jaune, du brun, du blanc comme en apesanteur; Offerte à cette terre aux couleurs chatoyantes, Ou femmes et hommes louent la nature accueillante. Et ou toutes les nations qui enfin réunies, Clament leur liberté, celle qui n'a pas de prix. Brahimi Hanifa (ALGÉRIE)

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VOICI LE CIEL ! Voici le ciel ! Ses couleurs d'arc-en-ciel nous protègent. Elles nous parlent. Cèdent le bras sans rente. Son ballet paradisiaque uni sans fente, Est un rêve divin meilleur qu’un solfège. Voici le ciel ! Egal à la terre, un nounours qui soupire! Rois ! Plus de hauteurs ni de terreurs ! Mes sujets sont mes frères de cœur ! Monde royal ! Que d'Hommes sur la ligne de mire ! Voici la terre ! Ouverte ! Ses enfants retrouvés. Aujourd'hui, la ronde est infinie. La tribune animale, critique et bénit. Sublime décor du panax de beautés. Voici la terre ! A l'expression féminine source de vies. Au-delà des mers et des savanes, A vous mes éloges et l'eau des vannes. Ton verbe émergé, mon véto à votre avis. Voici la Francophonie ! Le partage ! le phonème rassembleur ! Le musc ! L'humanitaire bonheur ! L'Universelle symphonie ! Voici la Francophonie ! Une langue de fraternité et d'amitié Plus qu'une tour dans le ciel Plus que l'Etoile de Monsieur Eiffel; Un Espoir, un commun legs, une fierté. Mamadou NGOM (Sénégal)

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L'AMBASSADRICE Elle est belle. Son costume est d'azurs lointains. Ses bras s'allongent au firmament, Rattachant les peuples libérés des tourments. Son emblème cosmique unit les astres, N'atteigne son orbite chaleureuse nul désastre. Elle est culturelle. Son verbe est un amour certain. Des chants ! Des berceuses ! Des psalmodies ! Rythment son quotidien kaléidoscopique né; Et nulle âme d'entre ces créatures ranimées, Ne se sentit isolée des soupirs du tambour Pour vibrer. Pour danser, libre sans pourtour. Elle est atmosphère. Elastique joie du paradis. Son pays est sans frontières ni terre. Elle est l'ambassadrice. Toute nation est sienne. Ses amis sont là. Venus d'Afrique et d'Aquitaine. D'Asie, des Amériques, de l'Océanie, de la mer. Elle est sous les tropiques le nouveau rempart. L'invite familière aux palabres salvatrices ! La liesse populaire est sa bonne nourrice ! Son palais est ouvert sans nul are. Elle est dans la nature. Avec un hibou du jour! A son épaule, l'aigle-voyageur porte le bonjour. Tout est pour le lynx un agréable art. Elle est née de la Francophonie ! Mamadou NGOM (SÉNÉGAL)

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LA CHAINE SECULAIRE Une chaîne de vers séculaire De Rutebeuf à Prévert Traîne les réparties de ses échos, Piano, allegro, fortissimo. Et la France soudain se redessine. Sa langue dans l'universel s'enracine. Ses mots épousent les couleurs, Se font voyageurs, chasseurs de cœurs. A Fort-de-France, le grand Aimé Ignore qu'au Panthéon Césaire ira reposer. Résistant, militant de la négritude Sa poésie fut ennemie jurée de servitude. Léopold, loin en son Sénégal natal Traque avec son verbe le racisme infernal. La politique le fit Président de la République. La France offre à ce noir un fauteuil académique. En Haïti , de Coriolan Ardoin à Lyonel Trouillot Une Ronde se forme pour faire chanter les mots. De dictatures en tremblements de terre Sa voix toujours refusera de se taire. Cet hommage à notre langue n'est point anthologie. Il n'a pas vocation à devenir encyclopédie. Mais je convoque Brel, Edith Boissonnas, M Baye D'Erneville , Jean Charlebois. Venez témoigner qu'au grand patrimoine du français Vous avez tous avec talent et brio contribué. Vous êtes les maillons de cette chaîne séculaire, Les enfants légitimes de Rutebeuf et Prévert. Patrick Peronne (FRANCE)

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VETO je veux une terre ! je veux des bras ! Qu'ils soient sans aire ! Qu'ils soient sans face ! Qu'ils soient de tous bras et de toutes les races je veux une lumière dans ma voie ! Eclore les fleurs du printemps ! Disperser les pollen au vent du midi Semer les grains du gros riz Dans l'argile sèche du continent. Je veux des vies ! je veux des rires ! Qu'ils soient noirs ! Qu'ils soient jaunes ! Qu'ils soient rouges et de la faune ! je veux le rythme dans le soupir. Renaitre d'espoir ! Le monde au pas ! Qu'il soit pur! Qu'il sorte de l'ébène ! De couver la palabre et la semaine Dans les coeurs ! Entre les doigts ! A WIND et à sa muse! Céder les cors qui me font mal, Délier ma main. Jouer de la cornemuse. Je veux un avenir ! je veux un chemin ! Qu'ils soient à moi ! Qu'ils soient de tous bords ! Qu'ils soient aux danses des corps Les rayons de tous les lendemains ! De la Francophonie ! Mamadou NGOM (SÉNÉGAL)

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ESPACE DES VIES ! Je ne pourrais me taire, ni revenir. Je suis dans les délices des couleurs ! Mon égo est repu de ces liqueurs, Béantes fontaines sur l'oasis du désir. Je suis parmi ces douces humeurs, Le métis-rassembleur aux cents pas. Je viens danser avec toi. Donne-moi tes pas libres sans heurt. J'ai le blues dans la samba ! Je me saoule du jazz de l'a capela ! Du Tango au rock des notes majeures! Je ne pourrai refuser de servir L'Héroïne du temps des naufrages ! La francophone pirogue, loin des rivages, Au secours des flots de l'avenir. Je ne suis pas un solitaire. Ma demeure est dans la Nature. Resplendissante d'aventures Et de créatures d'atmosphère ! Oiseaux des douces nuits, Dans le sahel aux tiges de mil Je scrute vos vols au chenil, Je vous ouvre les portails de cette nuit. Je ne pourrais me taire, ni revenir. Je dois à la vie des danses frénétiques, A ces battements de mains poétiques Mon salut et mes éternels repentirs ! Femme ! Femme ! Vie de toute vie ! Au grand écart gagnant de noblesse ! Sur les rives de la soif et de la sagesse ! Tu es le monde ! Par Amour, gracie ! Je ne pourrai me taire, ni revenir. Je suis au quai. J'attends le bateau. Aux cris des sirènes et des moineaux Je confierai le secret de tout mon plaisir : La francophonie . Mamadou NGOM (SÉNÉGAL)

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PRISMOPHONIE La femme à l'éventail sourit au fil de l'eau Sur l'onde tricolore au delà des frontières Le vent de son esprit fait surgir un joyau L'énergie brillante d'une ronde légère Mille jets de couleurs posés avec passion Nous montrent le chemin de la diversité Cette lumière des hommes pour les nations Illumine les projets et leur vérité La vision de Prisma semble providentielle Elle rayonne de l'intérieur comme un chat Tous ces êtres réunis offriront le miel En leurs actions vivifiantes pour qui viendra L'oiseau majestueux protégeant la planète Ecarte ses ailes variations chromatiques Nous emmenant avec lui la danseuse est prête Colorons l'univers de son pinceau magique Toi l'arbre de vie dont la force n'est pas tiède Vous les remparts de la paix où que vous soyez Les yeux blancs au milieu de la toile intercèdent Pour éclairer le français dans le monde entier Corinne Bellou (FRANCE)

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DÉRACINEMENT Timidement comme confus de larmes S'infiltre envoûtant de son maléfique charme L'automne effleurant les pavés givrés Des parois des cœurs qui désespéraient Souvent de ses crépuscules enivrant je me perdais Songeur contemplatif et me désaltérais De l'amoncellement incurable des chimères Sur la virtuelle stèle de mes vers austères Arrachés á leurs bourgeons du premier âge Au passage imperceptible du temps et des orages La floraison de mai n'était plus qu'un souvenir Ni le souffle juvénile qu'un éternel soupir Mostafa DHRIF (MAROC)

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LE CIMETIERE DES ELEPHANTS Au crépuscule de ma vie, Des lunes pleureuses en immobile, Accompagneront mon âme Où vont mourir les éléphants. A Dieu plaise qu’il y’ai milles cymbales, Et des hérauts clamant en allant l’amble, Mon ardent désir de renaitre libre de mes antécédents, Quand la lune sur mon dos se dénudera de profil, Et se cachera se léchant l’aine, De l’opprobre de sentir la race inférieure, Comme un sang coagulé Non convaincu sur sa combinaison génétique. Au crépuscule de ma vie s’il vous plait Vous déguiser … Au crépuscule de ma vie Trop d’ail dans ma soupe me donnant Mauvaise haleine, Un fou en haillon me reprochera peut être Mes élans vers moi-même, En cet Afrique ce bordel, Où des peuples bégueules vivent avec frénésie, Leur vie en demi, Aboyant bruyamment, Chaque fois qu’on les vide de leurs phantasmes Par électrolyse, Pour ne point jouir des vers de Rimbaud, Que leur ramène la francophonie. Prendrai-je cette vague de napalm, Que chevaucha mon premier poème, Et dont l’allure m’est restée en travers de la gorge Comme un impôt sur le droit de rire ? Me persiste pourtant cette impression d’inutilité Que je tiens de ma noblesse inversée. Le chant des grillons berce mes morts. Que ne sont-ils des phalènes, Et moi un feu de joie se consumant Pour leur bonheur ? La francophonie un art ? Non Une quête plutôt vers un mieux-être universel. Qu’on me fixe à des feux-follets, Moi la douleur faite chair Pour me crever l’abcès à coups de rire.

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Ma terre mangée saignante, L’est au champagne et sans sel, Puisqu’elle baigne dans six siècles de larmes. Ne vous déplaise ma nausée des vins moussant À la pleine lune. Je vis une orgie constante. Élaguez-moi la bile plutôt, Au lieu de boire dans ma tête Comme dans un bénitier. Ma soif d’aimer déborde vos frontières. La vérité si je mens … je suis francophone cela me suffit. NOJAT GATIEN (REP. DU CONGO)

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LA PLUS BELLE LANGUE ! Parler français ! C'est aimer la paix dans le monde. C'est partager les dons de la vie. Sourire à tous ceux qui cherchent un avis Pour continuer de vivre dans la ronde. Parler français ! C'est partager l'Univers fraternel ! C'est le luxe gratuit qu'offre le coeur De penser libre au fil des heures, De cesser d'étre un homme accidentel. Parler français ! Sortir du noir silence des terres en feu ! Tendre le bras ferme a l'esseulée. Casser les glaces des devinettes accumulées ! Aimer plus que soi les sujets de Dieu. Parlez français ! C'est égaler le froid azur au chaud alizé. C'est chercher dans chaque regard Un toit pour abriter la solitude du soir. Une chanson en duo, les bras liés. Parlez français ! Envie de vies ! Chant des mots ! Par-dessus les hauts et les bas-reliefs, Nul rejet, nulle animosité, nul grief, Mais grand amour et vive amitié des mots. Parlons Français ! Mamadou NGOM (SÉNÉGAL)

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FRANCOPHONIES Oh langue douce et langue folle, Toi qui nous regroupe et nous réjouit ! Il y a tant de mots qui font que l'on s'immole Quand certaines bouches se taisent ou se délient. Oh francophonie, toi qui nous rassemble sur des lettres de Molière Toi, qui fait que l'on se ressemble, que l'on se nomme Jules ou bien Kader ; Il y a tant d'espace, entre les lignes des chemins que tu nous ouvres Et pourtant des carapaces s'élèvent et se défont, même si l'on sait que tu nous couvres. Oh drapeau de la liberté qui rougit de ses trois couleurs Près de toi se sont rassemblés d'autres sons et lettres aux multiples saveurs. Oh territoire lointain, qui ne peut entendre les cris de tous les mots, Laisse ouvrir ton regard et vole, vole bien haut, au-dessus des grands oiseaux. Oh ! Oui, Longe les rivières de l'histoire, qui te mènent sur toutes les langues Vient visiter les racines profondes, qui nous ont fait grandir comme de belles mangues. Fais que tes courbes dansent, parmi les mélanges de toutes nos cultures Viens te bercer sur les vertes étendues, des lettres que dans le calme on te murmure. Oh toi, la nature profonde qui glisse dans les artères de nos apprentissages, Laisse-toi naviguer, jusque toutes les berges des francophones sages, Ouvre le sentier qui nous fait bondir, sur cette langue au chat perché Et transporte-nous vers cette mère, qui nous élève sur la route du bon Français. Grimpons sur les hauteurs de Mallarmé et de Baudelaire, qui nous enchantent Dispersons toutes nos belles phrases, et faisons disparaître celles Violentes. Allons à la rencontre de nos frères et sœurs, qui se trouvent derrière les collines Et dansons tous ensemble, sur des poèmes que nous a concoctés Alphonse de Lamartine.

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Oh, Oui! Bout de terre qui se nourrit de cette langue, qui défriche et ensemence nos paroles Élargit- toi, de tous tes membres, et vient te déposer dans les classes de nos belles écoles. Donne-nous toutes tes couleurs et toutes tes nuances, qui nous font rire et pleurer. Ouvre-nous ton cœur, que l'on puisse l'entendre battre de toute sa belle musicalité. Déploie tes ailes, que l'on survole toute ton espèce que l'on trouve bien chouette. Partageons ensemble tous ces assemblages qui se rejoignent dans nos têtes. Oui ! Toi la francophonie, qui nous permet à toutes et à tous de pouvoir communiquer Inspire tous ceux qui te croisent, car pour eux c'est un plaisir de t'avoir rencontrée. Said Azzaoui (FRANCE)

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REPENTIRS Francophonie ? Amitié, une invite au partage. Plus qu'un rendez-vous: La naissance d'un héritage, La bise sur l'autre joue. La terre se relève ! Elle oublie son cauchemar, Et lui dessine une trêve, Bienheureuse, chaque soir. Francophonie? Culturelle. Hybride couleur! Le nouveau-né des parloirs. Le cri du bonheur, L'émotion de la victoire. Rencontres! Retrouver mon beau paysage. Courir, chanter en ton bras. Ne voir en présage Que l'infini sillon de nos pas. Francophonie? Paix. Une cure de pardons. A genoux dans le massacre. Le retour au silence-escadron Qui mène la paix au sacre. Mes yeux brillent de mille feux. Vous, merveilles, libres, sans bévue Accompagnez-moi vers ce lieu, Vers cette main multicolore Qui ne dit pas non Aux guérisons de mes cors, A l'appel de mon nom: Francophonie ! Mamadou NGOM (SÉNÉGAL)

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PLUS HAUT, PLUS LOIN ! Ce tableau se meut. Il respire Il transpire. Ses traits se heurtent. Sa face est d'argile. Elle soupire. Il est élastique. Féérique. Haute. Son masque est de toutes les ombres. Des visages sans face, Les mains soudées, sans encombre Allongent le chœur qui passe. Ce tableau est vivant. Plus qu'une mer sous la tempête Fort .Entraineur .Vivifiant. Il rugit plus suave qu'une trompette. Sa face scrute les étoiles. Ses sujets épanouis, sommeillent A l'écoute du chant des étoiles. Belles sentinelles qui veillent. Ce tableau est cordial. Il sourit. Il plaisante. Il tend les bras. Il n'est d'aucun parti-pris. Son cœur est sur un plat. Ce tableau est intercontinental. Il est sur la terre et dans l'espace. Spacieux et fin sur ma terre natale. Il domine toute surface. Ce tableau est une horloge. Elle rythme la marche du vent: Compteur fidèle qui loge Les pulsions de notre temps Mamadou NGOM (SÉNÉGAL)

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DE L’INDIGNATION ! Dur, dur de simuler nos craintes Et de faire semblant de vivre Lorsqu’on ne peut plus survivre Inerte la raison, éteinte. Nos rêves humbles sont en latence Devant la folle « Boucherie » Impunie! Connivence haïe Gel puéril de la Conscience. Non, non et non à cette guerre, Au Mal, ne datant pas d’hier! Traînant son cynisme avec rage Ignorant son passé récent Ôtant des bébés innocents Natifs du pays du courage. Abdellatif BHIRI. (MAROC).

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PARTIR Partir, partir, partir pour ne plus me réveiller le ventre creux. Partir pour ne plus sentir le regard sans vie de mes parents. Partir pour ne plus être la risée du quartier. Partir pour assurer la survie de ma famille. Partir pour arrêter la souffrance... Partir pour mettre fin au désespoir. Partir pour que ma sœur ne se prostitue plus. Partir pour sauvegarder ma dignité d’homme. Mille raisons pour partir. Mes prières sont restées vaines, le désespoir m’envahit, la raison me fuit. Mille raisons pour partir. Partir au risque de ma vie. Partir la peur au ventre, L’appel de l’océan du tréfonds de mon âme, les mirages du succès berçant mon sommeil Partir parce qu’il n’y a plus d’espoir. Partir l’amertume au cœur. Abandonnant mes vieux parents au seuil de la mort sans le vouloir. Partir pour ne pas faillir à la drogue. Mille raisons pour partir. Partir parce qu’il n’y a plus d’espoir. Partir pour ne pas souffrir. Partir parce que le pouvoir a failli. Mille raisons pour partir. Amadou Diallo (SÉNÉGAL)

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LANGUE AU CHAT ? Ce n'est pas ma langue maternelle C'est la langue de mon enfance. C'est le sésame de la caverne De l'évasion et l'insouciance : La comtesse et Andersen Astérix et La Fontaine Sébastien avec sa Belle Et la Castafiore qui chante. Ce n'est pas ma première langue C'est le mode d'expression Des devoirs et exercices Et des premières rédactions. C'est l'outil de découverte Des connaissances universelles De la proximité Humaine Et des amitiés livresques. Ce n'est pas une langue rivale C'est la musique familière Du clairon de rassemblement D'une parentèle d'adoption. Ce n'est pas un chant qui gronde C'est une sonorité qui tisse Sur un métier en forme de mappemonde Une farandole en jaune, orange ou vert Bleu, blanc et rouge cerise. Raya Choubani ( TUNISIE)

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LA FRANCOPHONIE A DAKAR Novembre, assurément, le mois de la Téranga. Du Fouta à Thionck Essyl par l'alizé du soir, De Dakar au Boundou sur la rive des arts. L'universel Senghor s'entend dans la rame, Sur le pont, vers Fadiouth, loin du macadam, Les coquillages blancs portent tous les pas. Fils du terroir ! Réjouis-toi ! Tu as les rênes des royaumes du Sine et du Saloum, Terres des grands Burr au passé digne. Ces hommes d'honneur, toujours en ligne, Sous les palabres du salut et de l'amitié. Kor Siga ! M’entends-tu de ma voix faible? Je veux parler comme toi, à mes hôtes. Prêtez-moi cet écho de ton soupir. Cette saison d'éveil et de douceurs Le long des jours de tout mon an, Pour te mériter. Pour te satisfaire. Novembre, assurément, le mois de la Culture. Des peuples premiers aux héritiers du Temps, Les éloges fraternels des contemporains Au fils prodigue! Qui ne lève pas la main. Ni pour être vu, ni pour toucher le ciel, Mais pour montrer le sourire de la Téranga. Au soleil du Levant ! A l'Etoile du Nord ! Au Dalai-Lama ! Au mont Everest ! A Notre-Dame ! A La Sainte Mosquée ! Au désert de Mauritanie un soir cruel ! Aux riches et aux solitaires de tous pays. Et les convier au Rendez-vous du donner et du recevoir. Ni perte, ni gain au pays de l'Egalité. Ni défaite, ni revanche au pays de Mr DIOUF, Mais hospitalité, démocratie et francophonie. Mamadou NGOM (SÉNÉGAL)

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L’AVENIR DE LA FRANCOPHONIE Une œuvre de Christian Wind parcourt les continents A la recherche de sens sur les cimaises du temps Les couleurs chatoyantes laissent à penser aux rimes Amarrées sur les vagues, aux rythmes intimes Les yeux sont volatiles, la langue un trait d’union Poésie du regard, prosodie pour fanion. Par monts et par vaux battre les campagnes en chantant Atteindre tous les sommets, les courants bouillonnants Libérer la parole de toutes les victimes Par de jeunes avocats aux plaidoiries ultimes De Kindia à Lomé, de So Ava à Sion De Montréal à Fez ou jusqu’à Assomption. L’avenir de l’Homme est flou. Il est donc nécessaire Que les Hommes patrouillent sur les textes d’Aimé Césaire Bernard COURAUD (FRANCE)

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FRANCOPHONIE OU LES UNIONS IMPLICITES Je ne parle pas qu’une simple langue Mais un esprit Vent de toutes les libertés Ou patrimoine déferlant Qui tisse outre temps et frontières Des cascades de mots et de liens Aussi impétueux que les clameurs olympiennes Des rapides du Bas-Congo Si nous le voulons Des ponts se bâtiront Traversant l’humus noir de nos forêts vierges Jusqu’aux blanches paluches de l’ancêtre Nil Sentier effiloché de l’Histoire Imbibée parfois des larmes de nos lunes intimes, déchirées La langue est commune Musique à travers les grains du cœur Et je n’en parle pas qu’une Sachez-le Je l’ai choisie Puisqu’elle est poésie Aux moult déclamations chromatiques Perçant le vide de son étincelle La voix d’une myriade de génies dansant Eparpillés entre les os de nos quatre océans Cette langue, c’est tout un peuple Cette langue est une vasque-monde. JOSUE MAKOUNDOU KINVIDI (FRANCE)

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JOUR DE JOIE Pourquoi moins de tumultes Pour un jour si heureux ? Qu’on me réveille ceux qui dorment Qu’on guide les yeux de ceux Appesantis par la vieillesse. Oublions ce vieux monde Trouble et fluctuant ! Créons-nous pour ce jour Un monde nouveau. Célébrons la force d’une union, La force d’un peuple, la force Francophone. Brandissez vos bannières, Entonnez des cantiques Et faites entendre de vigoureuses Rimes pour canoniser ce jour. Vautrez-vous dans le sable S’il le faut, Permettez au roi des pas de danse, Tel un chérubin. Faites pour ces moments une guitoune. Comme le font les pèlerins de ces fleurs qu’ils ont cueillies, Qui bien que fanées chérissent le cœur de souvenirs. Kouamé Koffi Jean Alfred (CÔTE D'IVOIRE)

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A VOUS PÈLERINS !… Rêver, entreprendre Un autre toit, ici un autre chez-moi Mieux se découvrir à travers toi Désapprendre, comprendre et s’éprendre Effrayante différence Source ineffable de créativité Confronter l’inconnue avec déférence Le secret, ce savoir, cette voie, de l’oblativité A nous qui sous ces cieux multicolores proches et lointains Chantons le même refrain Et caressons l’espoir d’un meilleur lendemain. Pèlerins d’un monde en perpétuels changements Dans nos cœurs le plus grand de nos présents Cette langue que nous chérissons tant ! Duclair TIOTSOP LAMBOU (CAMEROUN)

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OUBLIÉS DU MONDE On attend toujours le soleil. On le scrute dans le gris des nuages. Ces ballons noirs qui encore ombragent La raie de tout notre éveil. Pourquoi sommes-nous encore Une terre obscure, sous un ciel muet? Pourquoi on nous mène au fouet, Pourquoi la misère est notre sort ? On attend toujours de rentrer. De revoir nos filles et nos fils, Sur nos terres, rire sans vice Bâtir des cases et servir des mets. Creuser le sol et semer le grain, Suer de chaleur tous les jours. Chanter ensemble le bon jour, Sur les routes de notre chemin. Pourquoi ces guerres tribales? N'entendez-vous pas ces chants, Ces chœurs qui s'élèvent des champs, Qui invitent Mossi et Bengales, Yorouba et Wolofs, Tutsi et Utu, Xosa et Zulu, Bété et Dioula, Touaregs et Bambaras, Diolas et Sérères, Basques et Irlandais, D'ici et d'ailleurs, au Grand festival De la Francophonie ? Mamadou NGOM (SÉNÉGAL)

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FRANÇAIS, FLEUVE DES HOMMES Nous sommes les légions de la paix éternelle ! Que nous vaut l'or du monde enivré de son sang, Ce bijou, sans l'éclat de la joie fraternelle Que le vin de la mort a fait terne et cassant ? Nos cieux ont connu des règnes sanguinaires L'indigne servitude et des tyrans sans cœurs. Et les rouges desseins de révolutionnaires. Oui... Nos cieux, comme vous, ont connu la douleur. Ô nobles étrangers ! Ô frères de la Terre Il n'y a qu'un combat qui soit digne de nous, Jamais ne l'oublions ! Qu'un ennemi : La Guerre ! Contre qui nous lever d'un commun «garde à vous !» De triomphes sanglants en sanglantes défaites Nos aïeux, cependant, ont massé par les âges Au coffre de nos crânes - Trésor de prophète- Mille ans de politique, unis dans un langage. Mais nos blanches cavernes cachent d'autre choses Les émouvants joyaux qu'a forgé le malheur Des poètes maudits, dans les vers et les proses Éclairant nos esprits, ont façonnés nos cœurs. Et la vague hugolienne à ces grottes d'ivoire, A glané la couronne et le sceptre sacré D'un idéal royaume oublié de l'Histoire Terre de tolérance, havre de dignité. Ô frères ! Le Français est un trésor Humain. Qui coule en contrebas de montagnes puissantes En un fleuve de paix. Qu'il coule encore demain ! Qu'il berce l'avenir et sa mère innocente ! A toi, mère prochaine, à ton rêve de paix A la suprême fête où tes enfants s'embrassent A la nature amie, à son noble respect, Nous vouerons notre langue en apprêtant ta trace. Sébastien PELEKOUDAS (FRANCE)

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J’AI VU J’ai vu les couleurs de l’ironie, j’ai connu les degrés de la haine Et j’ai entendu des violons Qui s’accordaient pour la symphonie de la douleur … J’ai vu une géante araignée Répandre sa toile sur une ville longtemps muette Longtemps bâillonnée, longtemps ligotée J’ai vu la ville prisonnière dans une cage d’insouciance … Seul à seul, moi et l’ennui Nous allons à la vente aux enchères De la rage et de la folie …, de la misère aussi J’ai vu un homme assister fièrement au défilé des escargots J’ai vu un homme étouffer sa colère et taire sa plainte J’ai vu un homme ……Saigner à blanc J’ai vu un homme pénétrer dans le silence … Seul à seul, moi et l’ennui Nous frappons à la porte du souvenir mutilé De l’oubli, de l’amnésie J’ai vu une femme pour des complots de sexe Prendre un bain dans l’urine des crapauds J’ai vu une femme essayer de transformer la réalité A la recherche d’une consolation J’ai vu une femme déçue …épuiser ses larmes Seul à seul, moi et l’ennui, nous luttons Mais au fond de moi, des choses se tordent et se déchirent … J’ai vu un enfant maudire un soleil indifférent Qui ne réchauffe plus son corps froid J’ai entendu sa voix qui s’élevait puis se taisait, désespérée J’ai entendu ses cris éclater dans le vide J’ai vu un enfant mourir, plein de songes, plein d’espérances … Seul à seul, moi et l’ennui, nous rêvons de changer la ville En une blague, un rire, Un cri … électrique Noureddine NEGGAZ ( MAROC)

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EXIL O vent ne soufflez pas ! Ondes apaisez vos mouvements Dors mon navire, dors en silence sur l’océan Une fois encore je verrai tes côtes mon pays Là-bas, appuyé sur un roc Couronné de mousse Et chantant gaiement la chanson douce Le pêcheur au sein sans soupir Sèche ses filets au soleil Heureux paysan son travail fini Quitte son petit champ de blé L’amour et l’amitié hôtes de sa chaumière Accueillent sa bienvenue par un sourire sincère Adieu ma patrie adieu et à jamais Ces yeux bannis ne verront plus tes côtes Un sombre présage dit à mon cœur Que jamais mes pas ne fouleraient ton rivage Mon oreille n’entendra plus la chanson Chantée par une fille de la montagne Par un villageois implorant l’amour Par un berger poussant ses notes sans art Noureddine NEGGAZ ( MAROC)

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AU FOND DE TES YEUX Au fond de tes yeux naît la lune Dans les eaux troubles du lac vert Au fond de tes yeux Un troupeau : Des araignées, des couleuvres Des escargots Au fond de tes yeux les images défilent Voix confuses Voix de fantômes Et sons de luth Au fond de tes yeux Derrière la réalité et le rêve Un oiseau blessé essaie de voler Sais-tu ? J’ai perdu Au fond de tes yeux Mon identité Et je vais anonyme Inconnu Sans histoire, sans passé Sans jours anciens Sauf un futur où tu règnes Au fond de tes yeux Ne te fâche pas si je m’en vais Errer devant les murs d’airain Et réclamer une poignée d’orchidées Ne te fâche pas Car un jour ou peut-être jamais Je t’ai aimée Tout au fond de tes yeux Noureddine NEGGAZ ( MAROC)

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CHANT INTERDIT Se succèdent les coups Lourds Sur le corps couvert de plaies De cicatrices ré-ouvertes Et la mémoire chargée de déceptions De douleurs Saigne Saigne aussi le corps Défilent les interdits Et les murs froids Tournent Portant toujours Les empreintes des ex-condamnés Le corps inerte Rassemble ses membres L’œil collé à l’orifice Admire Le vol Libre d’une mouche Et les bras tendus vers L’oubli / absence Cherchent l’étreinte Et tombe le corps Se succèdent les coups Lourds Mais la bouche écumante de rage Murmure Encore Le chant interdit Noureddine NEGGAZ ( MAROC)

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LA RUE C’est une rue où le sang et les pleurs coulent à flots Les mots sont criés en sourdine C’est une rue où l’histoire de mille misérables vies Cette rue, c’est vrai, n’est pas le « Club Méditerranée » C’est une simple rue… Je suis cette rue et je vous invite A partager mes haillons, ma faim, ma misère et mes poubelles… Je suis la rue et je vous invite, ici le spectacle est permanent C’est un homme qui n’a pas fini de creuser Et qui n’en finira jamais C’est un homme qui ne sait plus pourquoi Il s’adonne au « kif » et à l’alcool C’est un homme qui attend toujours en tendant la main A ces cinq centimes qu’il lui faut Pour son quotidien quart de pain… Je suis la rue et je vous invite, ici le spectacle est permanent C’est une femme qui vient d’être battue… C’est une femme qui cherche des poux dans les cheveux de sa fille C’est une femme qui lit les avenirs Dans des cartes et des tasses de café C’est une femme qui fait de la chimie made in chez nous… Je suis la rue et je vous invite, ici le spectacle est permanent C’est un enfant qui n’a jamais connu l’école C’est un enfant qui joue dans les égouts C’est un enfant qui frappe déjà son père et sa mère C’est un enfant qui vend des poules maladives Volées ce matin au marché de la ville C’est un enfant qui a déjà fait connaissance avec la vie Je suis la rue et je vous invite Ici ce n’est pas le « Club Méditerranée » C’est une simple rue, mais le spectacle est permanent… Noureddine NEGGAZ ( MAROC)

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L'UNION FAIT LA FORCE Tricycle d’une magistrale fierté: Liberté – Egalité – Fraternité Circulant à travers les rues principales Comme aux chaires se pouponnent les chorales L’ordre de lancer à l’intérêt commun Un message clé rendant les hommes un Je crie Oh! Je crie, et je crie à grande gorge Comme brûlée par un fer dans une forge Libre! Liberté! Liberté! Liberté! Négligeant, blasphémant deux autres piliers Je crois bien l’entendre satisfaire l’entrain Et bien me larguer les pieds liés d’un pétrin De près l’autre altier vocifère Sans regard, sourire, amitié d’un frère: Egal! Egalité! Egalité ! Egalité! Quelle prétention! Humm! Quelle vanité! Pour ignorer de charité, la grandeur S’exclamer même aux vents fous d’être vainqueurs

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Un gouffre d’égoïsme l’éprit au loin Celui se mirant, s’admirant dans son coin: Frère! Fraternité! Fraternité! Fraternité! Se souillant du mépris d’être, de lâcheté Tâtonnant avec mains, avec cœur, tout le noir Dans l’étroitesse pathétique d’un couloir Suintant de gouttes de pleurs, de pleurs amers En averse, qui font déborder la mer Ce, enchaîner de par sa manière son cœur Les autres à l’oubli et soi-même à l’heure Les autres deviennent ma proie accusée Méconnue, par eux je suis déjà jugée Je sanglote, oh! Je sanglote au sang! Fixe mes pareils aussi fondus, errants L’hélice de la honte nous réunit par des larmes Ah! Aux remords d’effort du moi sans alarmes D’un de cœurs à sauter, du terrestre, l’écorce A la pure apogée d’UNION FAIT LA FORCE! Francion Thimothe Jean-Jacques (HAITI)

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ROI HENRI CHRISTOPHE J’ai porté au matin de l’enfance une croix Bravant le refus sans me demander pourquoi En foulant du pied la honte, l’humiliation Le vécu fielleux d’une génération Le courage m’ignorait, m’abandonnait gré Ma faiblesse me fixait Oh! Conte de fée J’ai aimé pourtant j’ai durci mon beau visage Vieilli de morsures, d’injures d’usage J’ai dû ramasser de mon cœur le peu restant A vaincre la peur, oui! A vaincre le portant De ce vil sous-homme, car je suis l’un des hommes Je me réveille, me secoue de ce dur somme Mon Dieu, Ma Patrie, Mon Epée! Triple racine Fidèle philosophie, cette triple épine M’idéalisant à renaître de mes cendres D’aucun compte à rendre, de rien à méprendre Je me suis taillé dans le roc, me suis fait Roi Je méprisais l’honneur même dans son carquois Pourtant le prestige me talonnait de près En imposant ma volonté à servir: “Paix” Ma vision suscitait l’admiration des dieux Jalousée de l’emportement des co-aïeux Car je travaillais pour ne plus être soumis Mais compté, les négociants du monde, parmi Je n’ai pas peur d’être blessé, d’être trahi Je n’ai pas peur d’être coincé, d’être maudit Puisque ma nature est crin de fer à dompter Ce qui entrave les miens, en Grand, de rêver J’ai opté de placer au sommet le plus haut La citadelle stratégique en duo En chœur de pensée et d’action manifeste De dominer, signe de prédiction céleste J’ai traversé, Oh! Oui, j’ai franchi la frontière De l’autre vie de l’autre monde, ce fut hier

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Vie d’esprit surélevée, vie sacré de cadre Du sceptre saisi aux flancs de visions de s’ardre Oh! Cette génération trouble mon repos Pour un rien, détenir des secrets, oui! Leur lot! A laquelle je ne suis jamais apparu Puisqu’elle se fixe aux voies détournées perdues J’ai laissé après moi mes ambitions, mes rêves Oui! Pour alléger l’épaule de ceux qui crèvent Et aujourd’hui, vit une identité, mon nom Et des marques d’empreinte digne de renom J’ai fait fuir à tout bout de champ creux l’indolence J’ai haï vrai de toutes mes forces la somnolence La paresse, de l’intérieur m’est indigeste De l’extérieur m’est infecte, m’est une peste J’habite une vive gloire extraordinaire D’un dieu vêtu ayant l’art de bien faire Que nul profane classé ne saurait comprendre Si ce n’est un pareil esprit qui peut m’entendre Au milieu de la foudre, de rayon d’éclair Je vis, je demeure enveloppé de saint air Je renaîtrai comme je l’ai brodé à l’étoffe Je suis et je resterai Roi Henri Christophe. Francion Thimothe Jean-Jacques (HAITI)

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VERTIÈRES L’Ode vivante de l’âme victorieuse Je demeure dans l’espace et dans le temps Le lieu sacré et immortel d’un combat Qui inspire du respect, de l’hommage Au sillon encré de sang Dans l’armoire des grands Je respire et je transpire d’honneur Car ma place aspirait hier À être ce qu’elle est aujourd’hui Même si mon plancher actuel Vient de l’autre côté par indolence des miens Ma fierté couronnera le soleil Jusqu’à la fin des temps Je suis Vertières Mon identité, mon nom Référence symbolique de champ de bataille Je demeure Vertières Qui inspire votre majesté Aux redressements de la nuque brisée A saisir le fouet et fouettez au travers Ce qui vous lie et marche dessus Je serai toujours Vertières. Francion Thimothe Jean-Jacques (HAITI)

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COHABITATION… ! De quelle humanité parles-tu Toi là-haut perché sur ton piédestal ? Dopant la cité de dogmes obtus Prêchant le flou, glorifiant le banal De quelle humanité parles-tu ? La Nuit engloutit nos journées morbides Les portes du ciel craquellent en trombe Sous l’emprise d’actes vils et sordides Rasant la cité, semant l’hécatombe La Nuit engloutit nos journées morbides L’Humain a-t-il déclaré sa défaite ? A-t-il omis qu’il n’est qu’un passager ? Et que s’il est une autre vie parfaite C’est dans la paix qu’il faut l’envisager ! L’Humain a-t-il déclaré sa défaite ? De quelle humanité parles-tu ? Oh toi, strict dans tes fausses certitudes ! Toi, aux pseudos principes têtus Tu cries vengeance sans mansuétude ! De quelle humanité parles-tu ? De quelle autre raison fais-tu l’éloge ? Oh toi, érigeant l’esprit en flambeau ! Ne vois-tu pas qu’aux lois le Mal déroge ? Et que l’Innocence est mise en tombeau ? De quelle autre raison fais-tu l’éloge ? Cohabiter est une bonne chose Quand les affreux cynismes et extrémisme Sont enterrés dans des tombes bien closes Quand l’Homme se défait de tous les « ismes » ! Cohabiter est une bonne chose. Abdellatif BHIRI (MAROC)

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LES LARMES DE LA COLOMBE Aux abords d’une fontaine, une colombe s’est posée, Si frêle et si tremblante que la nuit qui régnait Glissa son châle noir sur l’ombre immaculée Marquant le deuil suprême de l’oiseau oppressé. Du cœur même du silence une voix gémissante Fit entendre tout à coup ces paroles si poignantes: « La vie m’a orientée vers l’arche de Noé Pour être la messagère de l’éternelle paix, Et dans mon bec pur un rameau d’olivier Disait le noble but de ma mission sacrée. Ma blancheur, ma douceur ma neigeuse apparence Furent les signes sacrés de la mystique alliance Entre le Dieu suprême et ses humbles créatures Appelées à bannir de leur âme toute pensée impure. Mais les hommes ont choisi de blesser la colombe, Pauvre emblème immolé sur l’autel des tombes. On a pendu l’honneur au gibet de la honte Et frappé sans pitié ceux qui servaient mon nom, Faut-il procéder au sinistre décompte Des victimes ciblées par l’œil sombre des faucons ? Mes yeux ont contemplé les souillures des guerres Et mes plumes ont volé dans l’éther enflammé, Génocides et massacres ont assombri la terre Et transformé les cœurs en des blocs glacés.

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Une douleur lancinante a remplacé la peine Comme un cancer qui ronge un corps martyrisé, Des enfants ont payé le prix fou de la haine Et des femmes ont maudit leurs entrailles menacées. Des noms troublent mon esprit et obscurcissent mon âme, L’Orient et l’Occident n’écoutent plus la raison, Et les geôles de la mort, voisinant les prisons, Eteignent de la vie tout respect et toute flamme. On a pris en otage le salut de la Terre Et traîné dans la boue les esprits de lumière, L’intelligence s’étiole et la sagesse se meurt, Nulle bonté, nul altruisme qu’une indicible peur ! J’ai perdu mon plumage, mes rêves et ma confiance, Mes ailes arborent déjà un brassard de deuil, Le rameau d’olivier a fondu de souffrance Je ne suis qu’un oiseau brisé par les écueils. » Mélika Golcem Ben Redjeb (TUNISIE)

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UN AUTRE MONDE le soleil se découvrait. Il surplombait la terre. Des lustres suspendus s'allumaient, Montraient des douceurs étirées. L'apocalypse rédemptrice unit les frères ! Un autre monde est à portée de mains : La jaune dans la rouge pour la noire. Le brassage des vies tout un soir, L'expression métissée trace le chemin. A l'appel, point d'oublié ! le cor est levé aux faites des montagnes ! Par-dessus les colères sans compagne, Par-dessus les peuples recomposés ! Unissons pélican et hibou au doux lynx Comme WIND, stratège peintre, Montrant le pardon, debout au cintre : Un décor qui ravit le sphinx. Le sésame au nouveau millénaire Sort des terres nouvelles. Il est de bonheur et de décibels. Il ouvre à la Francophonie toute notre ère. Mamadou NGOM (SÉNÉGAL)

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LIBERTE ! Fleurs au corps nu dansant sans visage, Nulle identité dans ces couleurs veloutées; Cardinales mélodies au gré des bleus nuages Tourbillonnants, vifs sous les pas répétés. Cette aura dans la main ! Est-elle à moi ? Elle est mature. Elle est chaude. Vitale ! Compacte. Pleine. Vainqueur. Sans abois. Diva de la forêt sur une partition animale; Prête à bénir, elle sort de ses poitrines L'hymne des étendards multicolores Qui rythme la danse des ballerines. Elle apporte à la symphonie un nouvel accord : La francophonie ! Mamadou NGOM (SÉNÉGAL)

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CANDEURS ! Je me revois dans mon paysage adoré. La verdure éclot de la terre en éveil. Du rouge sacré au jaune chauffé : Panorama des vies et des merveilles. L'instant qui grandit au pied du fromager, Me redresse de ma vieille torpeur. Je suis entré dans une danse forgée La candeur agile dorlote les peurs; Des hommes. Les bras soudés fermement Tournent, dansent et chassent l'ennui. Je touche à la fraicheur du mouvement Qui draine la rosée au seuil de la nuit. Le dialogue, l'amitié, renaissent forts. Ils m'appellent ! Ils m'interpellent ! Sortir. Enlever l'amertume et le tort. N'étre que vie et voie nouvelles. Je me revois de plénitude et d'estime. Riche des autres qui m'honorent. A vos pieds mon trophée et ma prime Votre essence est dans tous les corps. Elle n'est plus pour toi seule ! Toute sa voix est ma seule écoute ! Son enfance est dans mon aïeul Comme ses lumières sur ma route. J'aime cette peau ! Cette tunique du présent; Qui brave tous les maux, Et nous cède un amour omniprésent : La francophonie. Mamadou NGOM (SÉNÉGAL)

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CARREFOUR Je me souviens de cette place. Je l'ai déjà vue quelque part. Je l'ai connue dernier rempart Au sommet d'un mont de glace. Son périmètre se mouvait, Multiforme, net et convivial Au gré remuant des invités Au bras kilométrique et jovial. Je me souviens de cette danse. J'étais en transe dans la foule, Sous les chants venus de Kaboul. Dans cette grande forêt dense. Je me souviens de cette place. Cet arbre éternel patriarche Abritait des hôtes de l'Arche. Leur ouvrant toute sa surface. Mamadou NGOM (SÉNÉGAL)

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MUTATIONS Une fenêtre s’ouvre. Un clin d'œil au musée du Louvre ! Des délices au gout de liberté Me parcourent le corps libéré. Aérienne splendeur ! Le souffle est dans le cœur. Ces images dans mon être Me poussent si fort au spectre. Mille mots sous les honneurs, D'entre ces hommes sans rancœur, Unis et solidaires sans héritage, Mais riches d'un bel âge ! La Francophonie ! Mille sueurs de suivre cette volupté Sans bavure, courir de gaieté, Tels tourbillons en grandes noces Aux jardins d'été du Laos. Une porte s'ouvre. Le hall s'étend aux échos. Lointains chants sous Do! Et la musique des voix retentit Au ténor des nouvelles vies. Je vois se mouvoir Les peuples et les savoirs. Je vois la Francophonie Marcher avec la Démocratie ! Mamadou NGOM (SÉNÉGAL)

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ETRES LIBRES Bel oiseau qui survit d'horizons Qui charme au loin ma raison, Je désire tes ailes d'aventurier, Pour échapper au temps serrurier. Bel oiseau qui souffle les vents Au-delà des mers face au Levant. Dort-il sur la baie inconnue Le soleil qui nous garde méconnus ? Bel oiseau qui nous survole, Tout véridique dans ton vol, Je te murmure mes regrets De n'avoir été que mon gré. Bel oiseau qui habite les cieux Bercés d'éloges de ton chant gracieux. Je désire ton poème Pour taire les blasphèmes. Bel oiseau qui scrute ma nuit Toute noire de son silence qui fuit, Je désire que ton divin courage Me serve d'unique couchage. Mamadou NGOM (SÉNÉGAL)

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DEMOCRATIE En moi, j'ai réuni toutes les terres, Sèches, noires, rouges et blanches. Je suis le nouveau souffle élevé Qui pousse les sables à l'unisson. En moi, les abris aux mille sommets Ou flottent rêves et danses nocturnes. Je suis l'ailleurs, revenu arbitre D'un match sans vainqueur. En moi, les déchus et attristés ! Pas de revanche ni de procès. Je suis la saison des pluies, survoltée De festins au gré des soleils ignorés. En moi, les tam-tams crépitent et cèdent Aux transes des corps pleins d'ardeur. Je suis la saison des vies chantées. Vertes, jaunes des eaux et des prés. Je suis le griot-silence. Le miroir. En moi, le royaume des fées. Je suis là. Patient. En moi, des bras tourneront, Secs, noirs, rouges et jaunes, Dans l'horizon aux mille couleurs. Mamadou NGOM (SÉNÉGAL)

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DONNER ET RECEVOIR De mes pas blanchis du sol des sentiers calcinés je suivais l'horizon et son mirage enchanteur. Le long du chemin déjà nostalgique et rêveur, Grandissaient mon cœur et mon poumon excités. J'ai les mains vides et qui tremblent sans cesse ! Je suis le condensé coloris sur la terre blanche. Mes cinq doigts apportent des couleurs franches Au paysage de mon avenir aux portes de la liesse. Je vous tends la main chaude et bien amicale. Et le salut de mon sourire blanc sans une carie Efface ma solitude dans la nuit qui me ravit Aux tiédeurs des veillées autour du griot natal. De ce pas chaleureux encore, j'exultai ! Mon ignorance des cieux égalait mon trésor : Cette brousse animée aux créatures d'or, Ce petit garçon dans mon cœur qui toujours palpitait. Je portai tous les testaments séculaires Des fils des pères de leurs glorieux aïeux. Hommes ! Seules richesses sous les vastes cieux ! Et moi-même de m'offrir à tous mes frères ! Ma main est dans ta main, si douce, si bonne ! Ouvre-moi ta case et donne-moi à boire ! De cette eau des sources bienfaitrices, De cette eau des puits et des fontaines-nourrices De cette eau de la PAIX que je viens voir. Je veux sous la chaleur et dans la glace de l'hiver Vos bras qui allègent ma route courageuse. Ma savane ensoleillée aux baobabs princiers Te revient. Ses tapis de neige me surprenaient ! Et mes pieds calcinés dans glace bienheureuse ! Partage ! Je m'enrichis dans ton bras planétaire. Ouvrir les portes d'un nouvel avenir; Entrer ensemble. N'en jamais vouloir sortir. La Francophonie ! Ma nouvelle terre ! O ! Léopold Sédar Senghor ! L'Universel poète au Verbe d'Or ! Mamadou NGOM (SÉNÉGAL)

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DEVANT LES PORTES DE BABEL Sais-tu ? J’ai mendié la paix l’amour Devant les portes de Babel J’ai mendié la manne céleste la lumière de la nuit Lorsque les étoiles se révulsent dans la chair des Nues Oui ! J’ai mendié la paix Le salut des bras implorants les cieux Mais Babel n’a plus d’amour Pour les chats de gouttière ! Atteint de cécité Ses immeubles grandiloquents Ne connaissent que les vagis du vent Tant que les portes claquent sur les parois de la haine. O Esprits célestes vigiles de lumière Ne laissez pas mourir l’ultime flamme Dans les veines de la nuit ! Ne laissez pas s’éteindre l’ivresse de ma flamme Dans la grotte des soupirs d’espoir ! Mamadou Lamine Sanokho (SÉNÉGAL)

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DE BRAISE ET DE CENDRE Ruche bourdonnante sur les macadams d’aigreur Babel où tant d’insectes jettent épars leurs mandibules Sur les trottoirs de terreur N’est que vertige et clameur détresse et humiliation ! Salmigondis de lunettes sombres Ses réverbères réfléchissent l’éclat des tours de prestige L’orgueil et la folie des vanités mondaines. Que cesse la poésie des fruits mûrs Que cesse le chant des écumes primevères Les couleurs et les rythmes de Babel Sont de froid et d’amertume De braise et de cendre ! Mamadou Lamine Sanokho (SÉNÉGAL)

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MEPRISE Pas un jour ne s’annonce sans son lot de cris Eclaboussant de sang les roses blanches Partout où la terreur pourchasse des êtres éplorés ! J’ai cru que l’horreur s’arrêterait Là-bas à Hiroshima et Nagasaki Et voilà que volent en éclats des têtes d’innocents Sous la pluie macabre des kalachnikovs ! Massacres d’ethnies au nom de l’ethnie Assassinats politiques et conflits fratricides Ressuscitent Néron et tous les sanguinaires du passé. Le fléau des peuples et des nations Se réveille à l’autel des pleines lunes rouges Noyant dans le sang et dans la fange Tant de vie et d’espoir de vie et de rêves ! Mamadou Lamine Sanokho (SÉNÉGAL)

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L’AVENIR O Papillon bleu souviens-toi de moi A l’heure où s’ouvrent les pollens de la fleur Souviens-toi de moi, Reine des abeilles Quand la soif guide mes pas vers ton nectar. Demain est une vie qui se tisse Dans la douleur et l’épouvante du présent. Le futur ne donne rien de ce qu’on ne lui a pas prêté ! Il n’ ya que les bourreaux du cœur Les prédateurs d’essaims d’abeilles Qui renversent et brisent les calebasses du rêve Et se lancent à bride abattue vers le futur Sans tenir compte de ses rancœurs et de sa vindicte. Mamadou Lamine Sanokho (SÉNÉGAL)

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MON COMBAT Je n’ai que mon esprit et mes mots Pour exprimer ce qui m’est laid ou beau Je ne sais pas quand il fait froid ou chaud Ce qui importe c’est de ne jamais tourner le dos Penser et écrire, seul moyen pour me soulager Danser et rire, des émotions partagées Manger et dormir, des besoins secondaires Mais travailler et réussir, mes obligations premières Je n’ai que mon stylo et mon cahier Ou ma plume et mes papiers Pour faire parler mes sentiments Ou pour enlever mes larmes qui coulent lentement Rédiger et transpirer, petit à petit mes idées germent Méditer et inspirer, j’écris des choses fermes S’exercer et vérifier, j’améliore mes termes Réfuter et rassurer, toutes contradictions se ferment Le jour où je n’aurais pas mes mains pour écrire J’utiliserai mes larmes pour décrire Car l’écriture est mon seul confident Sans elle, je n’aurais pas d’adjudant Là où le soleil se lève Moi qui suis encore élève Un jour mes mots vont montrer leur suprématie Pour que le monde se sente mieux dans la démocratie Jean Pierre DIOMA (SÉNÉGAL)

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PRENDS MA MAIN Prends ma main qui est de couleur Chère nature à la peau incolore Qui s'habille de regards et d'efforts Pour confondre cette attente du cœur. Prends ma main que tu méprises, Elle ignore la ligne qui nous sépare. Mon espoir, d'une rancune ne se pare. Violence et injustice ne sont pas de mises. Prends ma main qui est daba Qui creuse la terre et libère le grain Des terres bitumées de chagrin Qui trainent ces meurtres là-bas. Prends ma main qui cherche la raison Dans ce vide des couleurs séparées, Leur identité menacée. Partout, en toute saison. Prends ma main qui se meurt D'étre encore pour tes songes Captive de gestes étranges, De mensonges qui demeurent. Prends ma main qui est amour. Marchons vers la paix des cœurs ! Construisons une nouvelle demeure A l'aube d'un nouveau jour: La Francophonie. Mamadou NGOM (SÉNÉGAL)

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CHANSON POUR MA LANGUE Elle est belle ma langue Couleur des paysages Des prés et des forêts Des lacs et des nuages Elle se répand partout Comme une musique amie On la retrouve souvent Bien loin de son pays Elle emporte avec elle L’histoire de nos ainés Les amours de nos belles Les cris des nouveaux nés C’est une grande dame Qui sait vivre et aimer Qui partage sa flamme Défend les opprimés Elle est de tous pays Et de toutes couleurs Quand on ne l’entend plus On la sent dans nos cœurs Il faut la préserver Comme on ferait d’une fleur Cultiver le Français Et semer ses valeurs. Peter Roland (FRANCE)

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LA GUERRE Petite goutte dans l’Océan… Est-ce qu’on entend les petites voix qui subissent Est-ce qu’on sent l’odeur de l’attente Est-ce qu’on voit la lumière qui s’assombrit Petit frémissement des oiseaux… Comprennent-ils le bruit frappé Comprennent-ils la fumée suffocante Comprennent-ils les mouvements Petite pensée pour les Hommes… Les hommes, les femmes, les êtres vivants Les gens qui sont là Ceux qui s’abritent Petite idée du chaos… Pourquoi ceci Pourquoi cela Pourquoi tout cela Petit serrement du cœur… Une pensée, toujours Une envie de faire, bien sûr Un désir "d’être là", évidemment! Sylvie Devigne (LIBAN)

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INVOCATION Que faire O Mon dieu pour calmer ces souffrances, Pour que remontent aux cœurs les marées de douceur, Pour que fleurissent les rires chez les êtres de candeur, Pour que se nouent enfin les utopiques alliances ? Car Tu as su créer un univers profond, immuable, Comme une symphonie aux mystérieux accords Et dont les airs célestes ont ceci d’admirable Qu’on ne peut en dévoiler tous les secrets trésors. Mais l’Homme t’a trahi, l’Homme, ta plus belle œuvre, Cette argile modelée sur d’étranges amphores, Cette pensée vibrante, emblème du Maître d’œuvre, Cette étincelle de vie créée en météore, Et ce cœur chaloupé battant à la chamade, Oui, cet être façonné par ta divine main A perverti tes lois et usant de bravade S’est fait Seigneur des ombres et du sombre Destin. Aujourd’hui, L’Histoire singe l’Histoire et la contrefait. Le temps tente de copier ces croisades inhumaines Où l’homme fait mourir l’homme sans aucune pitié Où l’on brandit très haut les bannières de la haine. Mais que faire, ô Mon Dieu contre toutes ces douleurs, Comment désamorcer ces nouvelles terreurs, Comment semer l’Amour dans les perfides cœurs Et donner à la Vie une immense valeur ? Ta créature t’échappe, Mon Dieu, et défigure le Monde Car celle que l’on crut et de sable et de cendre Née pour glorifier une Nature chaleureuse et tendre Vend à présent son âme à des actions immondes. La Terre a vieilli : Le Savoir déserte les esprits visionnaires La Science dispute à l’Art des succès mercenaires Et la bleue Poésie amputée de ses riches métaphores Pleure ces jours nouveaux privés de leurs aurores. Mélika Golcem Ben Redjeb (TUNISIE)

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EDIT Saisir le cours du temps qui passe, Banal, solennel, triste ou gai, S'arrêter un instant devant la glace, Se voir, rire, se taire, pleurer. Je veux apprendre de toi. Royal, populaire, rieur et pauvre. Vivre sous ton ciel et dormir sans toit, T'accueillir. Avec mes bras de pieuvre. Taire le cri des hommes qui renaissent Tristes, éplorés, seuls et meurtris. Donner mon sang à la sagesse, Léguer paix et amour à ma patrie. Je marche. Je passe le temps. Sous les bannières, entre les hommes, Dans les mers, ilots et continents, Etre le produit de toute leur somme. Saisir ta main dans les ténèbres, Froide, fragile, esseulée ou rebelle, Partir au-delà des monts funèbres, Chanter avec toi une si belle Ritournelle, La Francophonie ! Mamadou NGOM (SÉNÉGAL)

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ERRANCE Aux mornes heures creuses de ma vie Quand les nuages gris masquent l’envie Quand les aurores ne sourient plus Je me cantonne dans un coin reclus Alors la muse me vient en courant Aidée par de beaux nectars secourant Hors de moi, l’âme enchantée, rescapée Se nourrit de rêves au vol rattrapés Et de beaux souvenirs forts lancinants Des échos lointains ou d’autres imminents Fuyant de lourds fardeaux terriens, moroses L’assaillant de toutes parts, névrose Délivrée, s’élançant vers l’infini Elle côtoie étoiles et l’indéfini Elixirs exquis et fort enivrant Se jouant de l’esprit et jubilant Elle chante l’amour sans le requiem Ravie d’avoir engendré ce poème Abdellatif BHIRI (MAROC)

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MURMURES Simple amant que je suis À chaque fois Que l'alphabet chante su un rameau de mon cœur Je prie au paradis sacré de l'essence À chaque fois Qu’un poète devient fou Le miel de son âme coule de la cire du sens Simple amant que je suis ............. Toute tempête déchaînée qui sème Le vacarme Je la transforme en innocent sourire Tout Volcan Qui explose en larmes Prépare le printemps du désir Tous les poètes qui se plient devant le charme Enterrent l'impossible du dire Simple amant que je suis ............. Les sons s'émettent d’un nuage de rêve des pensées se bousculent dans l’utérus d'une vague Je soupire dans la finesse Du caprice Je chante aux oiseaux La mélodie éternelle des oisis Je préfère la sérénité dans les gouttelettes de rosée J’écoute le langage des épines aux tiges croisées Sans ailes J’accompagne les papillons dans Leur vol Comme la lumière je monte l'arcade du croissant Loin du sol je pêche l'aube dans l’insomnie des planètes veloutées J’embrasse l’innocence Sur le front de la beauté Simple amant que je suis Dris Chaarani (MAROC)

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LA LANGUE FRANCAISE Aujourd’hui, la fête à Dakar ; Des tams-tams, des drapeaux, des vers… Un oiseau de tous les couleurs, Tendre et plein d’espoir, Sur cette terre, fertile, fleur, Rassemble ; homme, femme, blanc et noir. Sur une table de paix et d’amour, Que du plaisir aucune rancœur, Une organisation de solidarité célèbre ; Une langue d’art et de culture, Qui dans cet univers, Assis sur sa chaire d’ivoire, Sème et récolte que victoire, Pour son rôle, témoigne l’histoire, Dans l’évolution et la paix sur terre. Un langage d’amour et de plaisir ; Sa flamme ; un torrent de joie et de désir, Adoucit le cœur d’une pierre et le chavire. Cette langue Française est notre chère, Main dans la main, sans frontière, Défendant la, sur cette terre, Pour plus de victoire, Encore, et encore. Taam Hayat (MAROC)

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L'UNION Et si le noir et blanc n'existaient plus Vestige d'un passé lugubre, souvenir de l'ignorance Et si l'éloignement n'existait plus Symbole d'une solitude combattue, d'un geste lumineux qui s'élance Cette lumière s'appelle Unité Les murs s'écrasent, les mains se tiennent Cette lumière s'appelle Fraternité Les cœurs s'unissent, les valeurs se tiennent Il n'y a que des couleurs, que des couleurs Tout n'est plus, mais tout est un Tout Il n'y a plus de différences, que de douceurs Le mal n'est plus, mais Dieu est en nous. Voilà ce qui tient un pays C'est quand il est dirigé par plus grand que lui. Rosia KWALUH (FRANCE)

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UN PAS Enfin nous avançons Dans un élan, dans un mélange Enfin nous évoluons Dans un seul élément, quel sentiment étrange… La diversité. Nous n’avons plus à naître d’une religion Plus à naître d’une seule couleur Nous n’avons plus à mettre une séparation Sur des mots qui dérangent ou sur la peur… La diversité. Ensemble nous nous tiendrons la main Trouverons des solutions à l’amour Car c’est ça qui nous maintient Et non dix mille discours. Rosia KWALUH (FRANCE)

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COULEURS Couleurs ! Reflets de tout mon acide breuvage. Je reviens des terres retournées. Calcinées. Iles oubliées. Hécatombes endimanchées. Je souffre du désastre et du carnage. Je suis au sol, dans la boue et le sang. Je gis. Des mirages, des pas passent. Ils me piétinent la voix et toute la face Comme de me vouloir aveugle, muet sans dent. Couleurs ! Forces de toute ma vie qui vacille. Je serre les dents sur mes petites lèvres. Supplice. Espoir. Fortes fièvres ! Déchirures. Cris venins au rouge faucille. Dans l'horreur de l'impasse, le rai-oxygène ! La main fendue, je m'accroche à mon salut: Ces douces couleurs dans ma vue Quand approche, le souffle, sans gêne. Couleurs ! Artères sanctifiées ! Je passai sous les vivas des filaos, Rampant. La fierté au coin des yeux, Qui ne voient sous ces tristes cieux Ni ami, ni chien, ni mégot. Je m'allonge. Mon paradis est ouvert! Les portails dorés s'écartent doucement. Des azurs veloutés défilent longuement. Des êtres ailés escortent mon univers. Couleurs ! Quelle remontée salvatrice ! Aux destinées de mes restes endoloris Des demeures gigantesques d'un coloris Et d'un paysage aux lumières bienfaitrices. Je ne vois ni trophée ni parchemin De mon calvaire et de mon infortune Que des couleurs diurnes Qui frayaient à mon espoir un destin: La Francophonie. Mamadou NGOM (SÉNÉGAL)

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MA DEMEURE Elle est grande ma demeure, ouverte. Sa cour s'étire aux rires des enfants qui jouent. Des fromagers géants abritent les labeurs d'aout: Danses chantées sur l'herbe verte. Elle est heureuse ma demeure du midi. Cocasse, joviale, elle est de toutes les fleurs. Splendide, neuve et pleine de bonheur. J'y cours. J'y saute ! j'y tombe! J'y vis. Elle est de chaque contrée. Monde des peuples soudés et amicaux Qui ne font qu'un dans les mots Francophonie et prospérité. Elle est de tous les fanions: Sur le toit brille une étoile, Si lumineuse et si belle, sans voile! Elle ravit le critique de toute opinion. Elle abrite les oiseaux migrateurs. Elle conte le lendemain au chat; Et son dialecte installe la joie, L'allégresse intime du bonheur. Ma demeure est de toutes les cases. Pointue au chapeau de paille, Douce des rangs sans faille Au fil des temps, au fil des extases. Ma demeure est dans la Francophonie. Mamadou NGOM (SÉNÉGAL)

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LE POÈTE INSOLITE Salut noble poète, paré de verts lauriers, Salut, Géant des mots, Seigneur des fiefs rêveurs, Salut Orphée moderne au chant plein de ferveur, Salut devin étrange aux oracles sacrés ! Seule la terre d’exil peut t’avoir enfanté, Toi qui portes ton don au-delà de ce monde, Toi qui graves ta voix sur les douleurs fécondes, Et offre tes arpèges au luth d’éternité. Car ta force prend sa source aux abysses de l’âme Quand montent des volcans les laves en fusion, Quand roulent les scories des amères déceptions, Quand se mêlent au feu la glace et le rire au drame. Tu crées par tes écrits des saisons insolites Où l’automne impatient convoque le printemps, Sans que l’Hiver trahi n’interroge le temps, Sans que l’été radieux n’ait teinte d’alexandrite. Les roses sous tes doigts sont des fleurs sans pensées, Et les violettes s’effeuillent en de tristes regrets, Tu aimes l’orchidée aux pâleurs somptueuses, Et le mauve lilas aux senteurs vaporeuses. Tes yeux s’enivrent du jour aux aurores nacrées Et ton cœur fier et libre succombe à la beauté, Car pris au sortilège de l’amour sublimé, Tu changes ta propre plume en abeille dorée. Les fleurs qu’elle butine sont les émois des êtres, Et le miel qu’elle engendre a saveur d’hydromel, La douceur de ses vers estompe le mal être Et le charme des mots rend les sons immortels. Mais lorsque gronde l’orage des tempêtes honnies Que les hommes s’insurgent et maudissent le sort Le poète est médium et il tonne les accords De l’ardente, la brûlante et divine symphonie. Mélika Golcem Ben Redjeb (TUNISIE)

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LA LANGUE DE L'AMOUR En y regardant mieux Je devine peut-être Un pays merveilleux Où la langue est fenêtre Sur nos esprits curieux Nous parlerons l'oiseau Et le chat de gouttière Nous parlerons roseau Et le bleu de la mer Nous parlerons français Et les langues altières Par centaines et milliers Nous jouerons, nous rirons Nous construirons des routes Nous construirons des ponts Sans avoir aucun doute Et nous nous parlerons Comme hier et toujours La langue de l'Amour. GANGA Frédéric (FRANCE)

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ALANGUISSEMENT Sur des rives sèches, ensanglantées Échouent tous mes désirs illusoires Agacés des menus vœux dérisoires D’une saga assez mouvementée ! Sur la grève, des mouettes s’affolent De mon désarroi amer, fracassant La vague émousse mes rêves naissants Que l’amertume de mon âme étiole Le soleil timide et fort lamenté Effleure des pétales si flétries Mon regard de ce spectacle est meurtri Dame Nature semble floue, hantée ! Est-ce de moi ou de toi cette langueur Qui me consume à longueur de journée Tellement, j’ai du mal à la contourner ? Je la plie, mais elle tient avec vigueur ! Abdellatif BHIRI (MAROC)

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LA COLLINE OUBLIÉE Mon oisillon s’agite dans sa cage A l’horizon se précipite l’orage J’entends pleurer À la loge de la concierge Les chandelles oscillaient dans leurs cierges Vents Éclairs Le tonnerre faisait rage De ma fenêtre sans vitrage je regardais passer le temps et les images J’ai vu une femme d’un certain âge Furtive elle rasait les murs cribles de balles S arrêtant là où son fils fut exécuté avec rage J’ai vu des camps entourés de barbelés J’ai vu des soldats en tenues désordonnées tirant sur des humains bâillonnés J’ai vu des enfants abandonnés Pleurant leurs mères emprisonnées et à qui on demande d’être sages Crois-tu frère à une paix qui peut perdurer Vois-tu frère que nul n’est à l’abri Que ce soit en Irak, Libye, Mali ou à Gaza l’OUBLIÉE La liberté viendra d’elle même Le jour où les canons cesseront de tonner Rabahi Abdelmalek (ALGÉRIE)

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POÉTESSE DE L'AMOUR ET DE LA TERRE ! Elle est comme l’eau d’une source Et sa source, coule dans les hauts plateaux De son eau, elle irrigue chaque souvenir Lui donne vie et le fait régénérer Elle vole sur les cimes de sa ville Comme une hirondelle qui rentre de l’exil Elle plante ses odes et ses rimes Et retourne triste à son nid Elle est cette âme où l’amour de la terre S’est enraciné et s’est fait sa lumière dans sa vie Elle est de celles qui tiennent ses promesses S’éloigne Et revient avec de belles prouesses Pour faire fi à l’oubli Elle a dans le cœur le beau d’hier Et pleurent ses arbres centenaires Et tient, qu’ils reflètent ses repères Et embellissent sa vie Elle aime son patrimoine L’odeur du blé et de l’avoine Et ses habitants notables Qui font parties de sa vie Elle se sent parfois seule S’en va humer sa terre Sur les ailes de l’hirondelle Qui connait bien sa ville

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Elle a le mal du pays Se noie dans sa nostalgie S’exile sur les lignes de son cahier Écrit pour chatouiller les cœurs Qui l’on oublié Elle est une fille de la terre Avec une âme de bergère Tisse en fils d’or, ses racines et ses repères Sa mémoire, dans son cœur est tatouée Elle te parait là, mais elle est toujours ailleurs Elle dépoussière les beaux tableaux dans son cœur Une berceuse et une douceur De son vécu Elle se cache parfois dans ses songes Fuit le présent et ses mensonges Cherche l’amour dans ses champs Et se balade comme un enfant Dans le creux de son âme L’amour et sa rosée Maissa Boutiche, (ALGÉRIE)

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JE TE CHANTE, MON ALGÉRIE ! Mon orgueil se drape en toi Mes principes, toujours au Mont Je m’achemine, hautaine, vers l’inconnu Mon intégrité, couronne ma tête Et mes jours, tissent mes ans Et Telle une source Je coule sur les vertes landes De notre mémoire, nos martyrs Coquelicots de sang, Trône, de ma noble histoire De braves, aux visages souriants Mon orgueil est mon cheval de Troie Sur mes épaules, grade L’Amour dans mon cœur Marche, m’emboite le pas Et je continuerai à marcher Semant, mes odes simples Je tente et j’ose dire, je suis là Dans ma grande ville, Alger la belle L’emblème mélodie, dans mon cœur Fredonne, dans mes veines avec grâce Et dans mon cœur amoureux, danse, sans vent

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Ses couleurs, richesse et noblesse Résonnent dans ma voix Alger sur ton navire, je danse Dans la centrale de mon cœur Tu es Reine Je t’ai couronnée et c’est mon choix Source de mes rimes, humbles et quand le blé de mes mots, s’incline et se lève Je deviens, épis Sur les hautes plaines, où le soleil se lève Étale ses longs cheveux de soie Quand la pluie, danse ses claquettes La terre s’abreuve, enfante, régénère Je porte en mon cœur, le phare, qui éclaire Et je cherche ces chemins, si loin Qui sont devenus, par le temps cimetières Au loin, des murmures et je me sens renaître De ton patrimoine, qui est mon repère Je préserve tous mes rêves, en toi Et je surpasse, dans mon regard rêveur Toutes les lois ! Maissa Boutiche, (ALGÉRIE)

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LE CŒUR D'UN ENFANT Tempête, calme tes vents Tu me mets au pied du mur Dans ton souffle, mon cri d’enfant Qu’en est-il de cette femme mûre ? Tempête, hurle ton vent Sur mes belles plaines et beaux champs Sois douce sur mon âme errante Brise légère sur mon visage, Sème en mon cœur mes épis d’or Dans ma pensée, mes fleurs sauvages Souffle tempête et hurle le vent Sème de ton souffle mes nobles lettres Ouvre les volets de mes fenêtres Médite la vie d’une femme errante Qui prie les mains jointes Tempête, calme tes vents Épaule mon rêve qui veut être Sois l'hommage pour ceux qui ont appris À mon rêve de lutter, de se faire connaitre Souffle tempête et hurle, le vent Sois ma grammaire, fleurs et moissons Sois, le sourire de ma mère défunte Le pas de mon père absent La sécurité de mes frères Les bras doux de mes sœurettes La chandelle, qui éclaire mon chant Sois, le sillon de mon destin Sois l’amour fidèle Pour la femme au cœur d'’enfant Qui lutte pour être ou ne pas être Maissa Boutiche, (ALGÉRIE)

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DIEU PRÉSERVE NOTRE TERRE ! Dans le puits de nos âmes Un feu allumé Des braises et des flammes Ne s’éteignent jamais L’amour de la terre Toujours vénéré Berceuse de nos âmes Noble identité Dans le creux de notre âme Se trouve, une belle Dame Dans ses bras, toute tendresse On oublie, nos larmes Nos misères, nos drames Au premier appel On laisse tout derrière On fonce en avant On sacrifie notre vie Nos femmes, nos enfants On s’arme de notre foi Et si on n’a pas d’armes Nos cœurs dans nos mains Son amour est stèle On est des amants Pour elle, au premier rang Le riche comme le pauvre Tout est éphémère Son amour est passion Oh Dieu tout puissant ! Préserve notre mère terre L’amour avec le grand A Liberté si chère Qui berce nos cœurs Amour et passion

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Dans le puits de l’âme Soldats de naissance Sans grade, ni galons Le cœur déterre ses armes Sacrifice et abnégation On est tous égaux Farouches sur le front Rien ne vaut la terre C’est notre liberté La source, la sève Grandeur et fierté Et à demi-mot, notre identité & Dieu créa la terre Qu’on couve et qu’on berce Germe dans nos cœurs Grandeur dans le monde Royaume des humains Maissa Boutiche, (ALGÉRIE)

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VERS LA BANNIÈRE DES MILLE ÉTOILES Il fallut un azur pour grande liberté Et puis l’égalité se vit toute opaline Tandis que le rubis vêtit fraternité D’une teinte trop sang pour être sibylline ! Dès lors que fut choisi du bleuet tout le bleu Puis la blancheur du lys ce très royal emblème Et du coquelicot cet incarnat si feu Ne pouvait qu’arriver le temps du chrysanthème ! Puis claquèrent alors nos superbes couleurs Oublieuses parfois de funestes déboires Quand malvenus d’aucuns y mirent des pâleurs Qui s’en vinrent salir l’hier d’antiques gloires ! Ainsi toute nation choisit son étendard Qui se doit d’exprimer plus que la redondance De chacun et de tous afin que le hasard Ne puisse offrir demain quelconque discordance. Espérons que plus tard là-bas sur l’horizon Flottera ce drapeau tout piqueté d’étoiles Sous un tendre zéphyr de nouvelle saison Qui gonflera tout doux de l’arche les grand-voiles ! Guy LE HULUDUT (FRANCE)

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JE ME DEMANDE … JE VOUS DEMANDE… Mais au nom de quel dieu naissent ces flots d’enfants, Si nous ne sommes pas infiniment coupables Sur ce sol africain, quasi agonisants Du soleil trop brûlant et des grands vents de sable, Alors qu’en des ailleurs des berceaux de dentelle Des couverts en vieil or sur les nappes brodées, S’offrent au petit prince et à la jouvencelle ? Des flûtes de cristal pour champagnes ambrés ! Comment ces hommes-là tant chargés de pouvoirs Pardon de n’être pas seulement rien de mieux Sont aussi insoucieux de ces quelques devoirs Qu’un être dit humain trop souvent oublieux Que chacun en naissant doit à l’un et à l’autre De tous ceux de l’Afrique ou d’ici et d’ailleurs Sans qu’il faille avant tout être un quelconque apôtre ? Qui vivent, coutumière, une infinie terreur ! Pourquoi ne voit-on pas ces nouveaux missionnaires Quelle est donc cette image au fond de ce miroir Offrir force et courage en gardant leurs prières De celui qui ne sait donner l’infime espoir Afin que tous ces gens délaissés par le ciel A ces gens de si loin pourtant tellement proches Apprennent que des mots ont la saveur du miel ? Et qui n’ont en leurs yeux pas l’ombre d’un reproche ? Ce qu’ils pensent là-bas, dans leur grande souffrance, De quoi chacun de nous peut-il donc être fier Des hommes bien pansus de la terre de France S’il n’a en l’aujourd’hui pas fait plus qu’en l’hier Qui, sur chaque tartine, ont plus de confiture Et s’il n’a pour demain nul projet pour personne Mais n’y trouvent jamais quelque goût d’imposture ! Si ce n’est d’être roi sous sa propre couronne ? Guy LE HULUDUT (FRANCE)

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LA PRIÈRE Dieu, pardonne-leur, ils ne savent pas qu’ils font En faisant des crimes ils glorifient Ton nom Ils détruisent des maisons au lieu de les construire Ils minent des ponts au lieu de les bâtir Dieu, pardonne-leur ils ne savent pas ce qu'ils font Les esprits inconscients du noir de l'intellect Abolissent les lumières, les remplacent par les ombres Et à la place des écoles ils font de nouvelles fosses Dieu, pardonne-leur car tu es le plus grand Et tu comprends tous les hommes Offre-leur l'amour, taris l’aboiement des chiens Ne laisse pas les maudits leur offrir des mensonges Donne-leur la lumière, ouvre-leur les yeux Que la coupe de vérité verse de la justice pour eux Vasa Radovanovic (SERBIE)

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A MES AMIS AFRICAINS Sous la peau, sur la langue, au bout du pinceau Glissent les accents de vérité de l’Homme La devise autonome descend en rappel Dans sa langueur, sur la hampe des drapeaux Irrigue les racines, tresse des couronnes Aux riches mystères de cultures plurielles Combien de corps, d’esprit de Sédar Senghor ? Combien d’Hampâté Bâ faudra-t-il encore ? Comment faire vivre une langue à cor et à cri ? D’est en ouest du Burundi à Conakry ? Au soir des palabres, l’arbre enflammé de lune Théâtre de paix pour les oiseaux de nuit Messagers du ciel quand les chants des femmes Laissent entrevoir au-delà de la lagune Des échanges fraternels liés à l’usufruit D’une société où priment les chants de l’âme Bernard COURAUD (FRANCE)

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SUR TOUS LES CONTINENTS Bord à bord sur la peau des continents Le langage universel des couleurs Drapé d’un ciel ajouré grelottant De la mer d’Aral à la Mer Noire Les océans vitraux au soleil couchant Crinière poivre et sel deviennent un nichoir Le français à demi-mots se dispute D’un coup de bec dans le sens de l’histoire Les jours d’étincelles, s’échappent en volute Mosaïques sur les tapis de griots Peintures aborigènes, joueurs de flûtes Des acadiens assis sur les chariots Depuis longtemps les mille couleurs de l’Homme S’abreuvent dans les rimes des vers de Rimbaud Trempent leur plume qui devient un royaume Mille couleurs de peau, force du métissage Tout à la voie francophone qui raisonne Pour porter la paix dans tous ses messages Bernard COURAUD (FRANCE)

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FRANCOPHONIE A L’ENVIE Les circonvolutions de toutes les frontières Dans les écoles à l’ombre de tableaux noirs Laissent échapper l’espoir de lumière Pour la jeunesse qui recherche des armoires

Ces traits de liberté seront nécessaires Pour bâtir l’avenir de tous les marmots. Décideurs : définir un chemin de fer Est un fil rouge à poursuivre, un memento. Les nombreuses lignes des différents hémisphères S’illuminent, se rejoignent aux points cardinaux. Je, tu, ils, ne sont plus pour elles un mystère Le nous du multilinguisme rompt les barreaux. Vole, vole, de Kinshasa à Trois-Rivières D’un coup de bec, diversité en écho Il est grand temps dans le ciel de changer d’ère Pour que le français se fredonne de nouveau. Bernard COURAUD (FRANCE)

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LITTÉRATURE Il est un océan plus grand que l’infini, Un domaine plus vaste encore que l’esprit, Un espace où l’âme vagabonde et se perd Dans les mystérieux abysses de l’univers. Il s’agit de ce monde fait d’éternels rêves Où l’on s’évade vite sans aucune trêve, Un monde parallèle où erre la pensée, Charmée de s’exiler vers une terre ignorée. Le cœur est convoqué tout auprès des rivages, Hantés par l’obsédante image du Savoir Gardant jalousement les portes d’un manoir, Peuplé de livres altiers et de très belles pages. Car la littérature est seule châtelaine De cette bâtisse immense aux jardins insolites, Le génie y habite et sa fierté hautaine Succombe, subjuguée, à la splendeur des mythes. D’immortels chefs-d’œuvre marquent en abondance Le triomphe humain sur les outrages du temps, Les siècles sont passés sans ternir la fragrance D'un précieux trésor livré aux yeux ardents. Romans et poésies veillent en sentinelles Autour de vieux récits flamboyants de passion Mais les histoires montent aux créneaux des tourelles Pour transmettre leur lumière aux constellations. Car la nuit qui tombe n’éteindra pas la Science Ni le flambeau brûlant de ces divins écrits, Héritage incessant d’amour, de connaissance, Légué comme un défi aux hommes, ces proscrits. Mélika Golcem Ben Redjeb (TUNISIE)

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LES BATEAUX DU DÉSESPOIR Je vais par la mer, sur un radeau ficelé, Braver les vagues et tous les doutes, Quitter le malaise et les solitaires routes, Affronter le voile des ténèbres élevées, Escalader la tempête et l'ouragan, Vivre un jour, écrire mon testament, Léguer l'espérance à mes descendants, Céder ce passif amer au sincère présent. Je vais par la mer, au mat de mes rêves, Hisser la voile de tous mes pairs, Brasser les eaux qui m'attendent sur la grève, Ouvrir ce livre défunt de mon père, Je vais par la mer, face au silo, Émerger des famines et des disettes, Dormir au rythme des doux flots, Rêver des danses de ma conquête, Mourir d'éternité, Vivre un jour. Mamadou NGOM (SÉNÉGAL)

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L'OISEAU MOQUEUR L'oiseau moqueur n'a plus le cœur A rire des malheurs des hommes devenus fous Il a décidé dorénavant De faire vœux de silence Face a tant de souffrance A quoi bon se moquer ? De ceux qui ne savent plus aimer Occupés a s'entre tuer Pour un non, pour un oui Qui change au gré des jours Et varie au fil des nuits Qu'ont-ils tous à courir Regard hagard et main armée ? A quel moment ont-ils oublié Que la vie est un don sacré Qui vaut la peine d'être vécu ? L'oiseau moqueur n'a plus le cœur A regarder les ruisseaux rouges couler Sur les routes et dans les contrées Par les mains d'aciers Des chevaliers noirs barbus Aux longs dents de carnassiers Décimant les sourires sur les faces Pour en effacer la trace Et faire régner la terreur L'oiseau moqueur a pris son envol Pour déserter ces lieux et partir sous d'autres cieux Ou le rire se cultive encore Arrosé par l'amour Que chacun couve dans son cœur Prions pour son retour Demain ou un de ces jours. Amina AMHARECH (MAROC)

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AMOURS ET ESPÉRANCES Ma main guidera ta main et ton cœur, le mien Nous vibrerons ma douce au murmure de l’été Nous suivrons du regard, dans le ciel bleuté Le vol des hirondelles, en quête d’un butin Après tous les tourments, état de grâce enfin Conjugaison des cœurs, commune longueur d’onde Que jalouserait le spectre, dans l’azur qui abonde De promesses de neige et des pluies sans fin Migrateurs qui s’en vont, d’autres revenants Colonies groupées en files rectilignes Laissant alternance, aux jolies figurines D’étourneaux qui dansent, caprice des goélands Et devant ce spectacle, le regard en transe De la muse qui s’amuse de cet enchantement Etirement en spirale, et puis regroupement Sublimes chorégraphie, inspirée par les anges Crépuscule qui s’annonce, et la lune s’avance Possible inspiration aux amants de ce monde D’une nuit qui féconde, terre fertile qui s’inonde De la belle semence, renouveau d'espérance RACHID GRINE (ALGÉRIE)

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LE BASTION DE NOS LENDEMAINS A toi ma belle mouvance, Toi, ma douce aubaine ; Toi qui nous unis au-delà de la langue, dans la connaissance ; Que J'aime ta gracieuse allure et le pas confiant de ta quarantaine! Une fois dans cet antre chaleureux et gai ; Toi et moi, nous façonnons ce monde rêvé, ce monde vrai ; Toi et moi, nous modelons ce calice du savoir accessible, du savoir partagé ; Que j'aime l'agilité de tes mains de potier! Faire-part clairvoyant, lumière de cette ère ; Tel un maître populaire, populaire et fier ; Tu appaires les contraires et révèles nos rêves. Solidaire, sincère et sans mystère telle une mère, toujours tu espères. Brandis au-devant l’essence de ta prestance chaque jour ravivée. De cette effrayante diversité tu as engendré une merveilleuse beauté. Et par-delà la langue partagée, une quête et la même destinée. Assise face à l’arche de nos destins jadis brisés ; Toi, observatrice d’un écosystème en pleine mutation saccadée ; Toi, l’artisane du fleuron des connaissances toujours renouvelées. O femme-orchestre, Toujours opportun dans tous tes gestes, Sur ton rythme pédestre, dépeint nos futurs rupestres. Duclair TIOTSOP LAMBOU (CAMEROUN)

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CINQ DOIGTS A LA MAIN Cinq doigts à la main ! Ma paume est ouverte à ses extrêmes ! J'y vois des tours et des paillotes, Des rires et des corps qui grelottent, Tout un amas de voies qui m'aiment. Cet index décideur, au vent de l'exil, Déjà au faite du nouvel horizon. Il montre la voie des belles saisons, Le lampadaire des rêves d'exil. Cinq doigts à la main ! L'index encore à la gâchette, Rageur, coupable et tyrannique, Il me chauffe et me rend diabolique. Je serre, au poing, la machette ! Le pouce est dubitatif, seul prieur ! A l'écart de l'épidémique, Cette levée du doigt endémique, Sur la paix des paumes du bonheur. Cinq doigts à la main ! Je m'incline d'une cinquième foi, Le front à terre, contre le sol. Je respire les parfums du tournesol Venu des jardins du céleste Roi. Mes doigts ouverts sur la paume, Je suis sans fatalité, ni haine, J'ai le musc dans la voix-fontaine, Je suis la paix ! Je suis le baume ! Cinq doigts à la main ! Tendus, loyaux repentis

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De ces maux sur ta route étalés, De ces chagrins en ton cœur semés, Une main pour refaire la vie. Le jour nous dévoile ses mystères. Qu'ils soient justes et malheureux, Injustes, pauvres, mérités, cruels et heureux, Et nous ouvre toujours une autre ère. Cinq doigts à la main ! Pour dire toute chose. Pour bénir, vivre en symbiose, Pardonner, Aimer d'overdose Le monde en ces choses, En ces cinq petits doigts, En cette paume, En cette main, De toutes couleurs. En ta main ! Mamadou NGOM (SÉNÉGAL)

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JEUNESSE AFRICAINE Je vais à l'école à travers les champs, Les pieds dans l'herbe mouillée de la rosée, Le refrain écarlate du paysan exténué Me fit une douleur, pire que le pleur du chant. Je passai, frissonnant. Au tableau repeint en vert, l'expérience ! Des tiges de mil et de manioc Sur de belles hauteurs, unies sans troc, Des épis les courbaient de leur naissance. Toute une récréation ! En belle ruée! Court à l'appel du brave chant, Creuse, fouille, passe, repasse, laboure le champ, Remplit les silos efflanqués. Elle gravit les montagnes, Elle sème à la volée sur les vallées. Je la vois en éveil toute mouillée Sous la pluie, la déesse en pagne. Sur le tableau vert de ma classe, Plus que ces mots, un monde de natures Nous invite au retour, une belle aventure Dans les champs de l'Afrique Basse. Mamadou NGOM (SÉNÉGAL)

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HOMMAGE À MA MÈRE Le silence éternel et la nuit ont enfoui Sous une terre cruelle les restes chéris De celle qui fut ma mère et ma seule amie, Dérobant son visage à mes pleurs infinis. Tu es partie, Maman, trop tôt, trop loin, trop vite, Sans formuler l’Adieu que mon cœur repoussait, Sans me laisser te dire ô combien je t’aimais, Sans même un seul regard sur ce monde insolite. Pour que tu sois debout au fond de ma mémoire, Je célèbrerai quand même ta fête, o mère, Non point avec des fleurs, obole dérisoire, Mais avec mes mots puisés dans ta lumière. Je serai si tu veux un pur peintre flamand Ou le divin Raphaël peignant ta blondeur, Et dans tes yeux si sages exempts de tourments Surgira tout l’azur de leur tendre couleur. Mes années ont gardé ton legs inaltérable L’amour puissant des livres et la passion des chats, Le goût pour la beauté et les rêves indomptables Et une grande patience brodée au canevas. Car tu connus les joies en étoiles filantes, Les averses de l’âme éprouvée et meurtrie, Mais tu fus si fière, saluant dans la vie Les bonheurs fugitifs et l’espoir des attentes.

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Ta foi t’a escortée soutenue, consolée Et ton Dieu te savait pure, il t’a enseigné A respecter les êtres, à accepter le Monde A aimer tes enfants, cette lignée féconde, A leur léguer ces biens au nom d’or et d’argent, Ces valeurs qui font l’homme et son cœur triomphant: Intégrité, honneur, justice et compassion, Tout ce qui imprégna tes si nobles actions. Il ne sera pas dit que j’éteindrai en moi La flamme d’un Amour brûlant dans mes pensées, La douceur d’un visage au sourire discret, L’écho tant désiré d’une si chère voix . Car je ne laisserai point partir ta belle âme Vers le cruel pays de l’oubli ravageur, Car toujours pour moi, tu seras la grande Dame Aux bras si caressants et à l’esprit charmeur. Mélika Golcem Ben redjeb (TUNISIE)

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UN NOUVEAU PLUMAGE Je suis à sec comme un oiseau sous la pluie. L'averse m'a trouvé. Elle m'a bien surpris. Dans ce nid clos, sous mon bec plein de fruits, Je croule sous mes plumes, funestes abris ! Le lointain, aux portes de mes ailes, Blanchit de mon désarroi. Ah ! Mon Ciel ! Cet azur ensoleillé, à l'étoile qui me hèle, Que je ne vois dans le flou démentiel. Le tonnerre est dans mon cœur meurtri Comme les arrières du soldat perdu Qui entend encore le cri de la patrie Réveiller son courage et sa vertu. Je suis à sec sous mon digne passé. Dans ce nid en ruines, tout mon héritage. L'Harmattan me vint dans un flux sensé, Et nul doute en ce nouveau plumage: FRANCOPHONIE ! Mamadou NGOM (SÉNÉGAL)

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J'AI VU Uni à cette danse de la francophonie, Le soupir de ma terre affranchie S'installe et s'étire de tout son paradis Dans le partage de l'amical esprit. J'ai vu des mots voler et sauter, Des souffles nés se surpasser. J'ai vu des plumes se sublimer Aux portes des prières psalmodiées. Uni à ces couleurs de toujours, Un franc soleil pointe son jour. J'ai vu l'espoir, dans son pourtour, Nous ouvrir un bienheureux parcours. J'ai vu des montures nouvelles Parcourir nos rèves sans décibel. J'ai vu écrit sur ma peau belle, Sur ma main, qui s'élève au Ciel, Les lettres nobles de mon éveil A la Vie, A l'Amour, La LIBERTÉ. Mamadou NGOM (SÉNÉGAL)

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DANSE AFRICAINE Le rythme lent et sourd d'un tambour Au loin, si loin au fond d'un champ, Bat la cadence de mon cœur lourd Et je m’abîme extasiée dans ce chant. J’aime l’odeur de la terre après la pluie, Les arbres de la savane qui crépitent Quand l’orage gronde et menace la nuit, Les perles d’eau comme de rares pépites Dans une grande farandole bariolée Des peuples dansent autour du feu Célébrant l’amour et surtout l’amitié De cette terre honorée par nos aïeux Tous semblables, réunis en ce soir Mixant leurs différences en culture Chantant un seul poème d’espoir Ils jaillissent d’une même peinture ! Amina Idrissi, (MAROC)

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MESSAGE GUERISSEUR Ce message guérisseur, à l’abri des couleurs, Apaisent les douleurs, éloignent les peurs, Des desseins invisibles aux dessins inaudibles, Ces messages d’amour qui rappellent l’impossible, Je m’apprête à mon tour, d’éveiller cet amour, Caché dans ces nuits au profit de chaque jour, Combien oh si fragile !le lien de la vie, D’autres l’ignorent, certains en oublient, Quand l’amour est si fier, il brise les frontières, Apaise ces peurs, unisse les couleurs, Discret et courageux, sur les flots des étoiles, Sur les vagues de cette vie, cet amour on en parle RAJAONARIVONY Fidimalala (MADAGASCAR)

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POUR TE RETROUVER Pour te retrouver Je m'accroche aux moulins Sondant tous les coins Et les horizons.. Rien que leurs échos Et leur zéphyr en délire Qui divaguent M'affirmant que tu es loin Loin... Si loin... Très loin Tellement loin... Pour te retrouver Je chevauche les vagues Te détectant entre les bris Et les tourbillons Me brimbalant.. Ecoutez leurs brios Rechigner mes huniers M'annonçant sans ambages Que ton marseau Îlien Est loin de mon rameau Loin du rivage Loin... Si loin... Très loin Tellement loin...

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Pour te retrouver Je m'approche de ton arbrisseau Te cherchant dans les nids Des oiseaux Dans leur euphorie Et leurs lamentos.. Des cloches en chaos Peuplent les buissons De palabres Bourdonnant dans mon viscéral Papouillant mon jugal Que tu es loin Loin... Si loin... Très loin Tellement loin... Pour te retrouver Je te cherche dans tous les commencements Sans............................................fin !! SOUAD TOUZANI (MAROC)

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CETTE PROMENADE Cette promenade au bord de la mer Pétille de vagues geignardes et amères ! Rien que pour entendre ta voix magique Se marier à l’azur, Elle s'anhélait de la serte matinale, Ebranlait les cils du soleil Les incitait A cacher leurs moitiés de charme Dans les récifs intimidés D'un crépuscule oblique.. Cette immense grenadine Dans sa coupe de cristal Qui attendait ..attendait NOTRE ARRIVEE Jamais arrivée ! A fini par se vider .. Et les vagues se sont noyées Dans un espoir tout petiot : ( seul bien du pauvre chalutier ) Sans port .. sans radeau Sans gouverne pour river Tout coulait dans un monceau de cagots Abyssaux Et moi , qui rêvait De cette promenade au bord de la mer Je supplie les bonnes eaux De me laver De toutes bulles ..algues ..et écailles Accrochées à ma relique Sans pitié .. Cette promenade au bord De mon rêve ! SOUAD TOUZANI (MAROC)

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MERCI Saisir cet instant surgi dans ma vie, Dire qu'il m'a toujours habité. Dire que ces mots sont tout mon avis, Tout ce qui me relie aux autres cités. Des idées nobles, libres de partage. Elles naissent du coeur apaisé, Elles marchent du pas du repenti, Qui se consacre humble apprenti, Faiseur de paix et de Liberté. Merci ! A ceux qui ouvrent ces portes closes, Qui balisent les chemins de la communion. Ouvrent ces mains unies, seules, bastions Des peuples fiers, de toutes ces proses. A ceux qui croient au Dialogue Du cœur et de l'esprit, suprêmes terreaux Desquels jaillit, intrépide cet ilot: LA FRANCOPHONIE, Havre de notre espoir, qui vogue. Mamadou NGOM (SÉNÉGAL)

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DES ARMES! Que font toutes ces armes qui crépitent Déversant désolation et mort? Que font toutes ces armes entre les mains d'enfants Censés pétris dans l'amour et le bonheur? Ces armes que des adultes méchants, Assoiffés, aveugles, ignares et haineux Leur ont offertes à la place d'un stylo D'un bout de craie ou d'une belle poupée Que font toutes ces armes criminelles Que des croyants manient au nom de Dieu Un Dieu pourtant unique Bon, clément et miséricordieux? Oui, que font et pourquoi toutes ces armes? Achour Boufetta (ALGÉRIE)

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DU BONHEUR Entre elle et moi, C'est une vieille histoire, Entre elle et moi, C'est une révélation, Entre elle et moi, C'est la lune de miel, Entre elle et moi, C'est une complicité, Entre elle et moi, C'est une histoire d'amour, Un amour florissant, Un amour grandissant, Un amour rempart Elle m'a pétri, Façonné, Modelé Pour m'incruster De la beauté, De la lumière, Et m'inoculer, Des valeurs! Je fais très bon ménage, Et évolue bien Dans la langue française. Achour Boufetta (ALGÉRIE)

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L'ÉCOLE D’ANTAN ! Ma plume, ma belle plume ! Qu'elle était belle ma plume, Accrochée à son bâton, Qu'on appelait porte-plume, En effet, il la portait, Et ne se quittaient presque pas, Elle plongeait dans l'encrier, Sa sève Ressortait toute trempée, Elle s'offrait à moi, Et me disait, Prends soin de moi, Je ne me faisais pas prier, Je la serrais, alors entre mes doigts, La posais doucement sur la feuille, Tendrement, intelligemment, Avec beaucoup de précautions, Je dessinais de jolies lettres, Parfois raides, parfois penchées, Grandes, petites Mais toujours bien droites Et bien tracées, Que le Maître, En se penchant au-dessus de mon épaule, Trouva bien belles, Il me disait, Très bien, mon fils, continue ! Je souriais en promettant de dire, Une fois à la maison, Maman, le maître m'a dit que j'écris bien. Achour Boufetta (ALGÉRIE)

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Il A PLEURÉ ! Il a pleuré En le voyant recroquevillé Dans ce coin de rue Sale, obscur, Assis sur des cartons, Habits en haillons, Cheveux ébouriffés Yeux humides, Timides, Fuyants, Mine défaite Bouche sans son! Il a pleuré, Cet homme, Dont l'enfant Qu'il a laissé Bien au chaud A vraiment de la chance! Il a pleuré, En le voyant La main tendue, Pour des miettes Ou quelques sous! Il a bien pleuré, Devant cette innocence, Au regard lointain, L'esprit ailleurs Et au cœur meurtri! Oui, il a bien pleuré, Cet homme Qui a honte A la place De ce dur Qui a fait De ce joli ange Un enfant triste, Le plus malheureux Sur Terre! Achour Boufetta (ALGÉRIE)

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QUE C'EST DUR!!!! En sortant de la poste, Mon salaire empoché, J'ai sorti un petit carnet Sur lequel sont portées Les dettes du mois précédent Et les redevances Alors j'ai fait le tour Déboursé et déboursé Si bien que ma poche Se vida! Je suis rentré Sans satisfaire Les promesses Que j'ai faites Aux enfants De leur acheter Quelque chose! C'est ainsi, Alors, que je devins A leurs yeux Un papa menteur Ou un papa qui les prive! Achour Boufetta (ALGÉRIE)

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QUEL DENOUEMENT ! Oh! Quel soulagement! Voilà qu'elle est partie! Il y a bien longtemps Que j'attends cet avis. C'est le dénouement, Le premier de ma vie, Après près de vingt ans, Je me trouve ravi. J'attendais ce moment, Bientôt le paradis, Retrouver l'engouement, Retrouver mes amis. Je respire amplement, La chance me sourit Et j'ouvre à deux battants Mon cœur aux pacotilles Heureux, décidément, Pense déjà aux filles! Je vogue en chantonnant Des refrains inédits, Et puis nonchalamment Je flirte sans délit, Avec le sentiment D'être enfin impuni! " Chéri, je t'aime tant, Il est presque midi, Tu parlais en dormant, Sais-tu ce que tu dis ? " J'ouvre des yeux béants, Me trouve dans mon lit, C'était évidemment Un rêve inassouvi!!! Fadi A. AZAR (LIBAN)

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LA GOMME ET LE CRAYON Entre eux une idylle était née Ils ont bien fini par s'aimer ! Ils présageaient de vivre ensemble Une décision sage il me semble. Mais un jour qu'ils palabraient Le crayon exprima sa tristesse Devant la gomme sa maitresse De la voir accourir pour corriger Toutes les erreurs qu'il avait fait : " Tu viens effacer mes ratures, Gommes mes fautes de signature, Mais tu y perds de ta santé, Et puis tu diminues à vue d'oeil Tellement je me trompe à écrire !" Son amante alors de lui dire : " Pourquoi avoir l'âme en deuil ? Tu te consumes bien toi aussi, Pour écrire des mots si jolis, Pourtant si tu as des dérapages Et fautes sur certains passages, C'est ma destinée, c'est ma coutume Souris, oublie donc ton amertume, Je donne le meilleur de moi-même Et je le fais parce que je t'aime ! Ainsi le meilleur de toi va rester, Et passera à notre postérité ! " Fadi A. AZAR (LIBAN)

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L'ECHO ... ECO... CO Le papa et son tout petit fiston Avaient décidé d'aller en balade Dans une clairière au fond d'un vallon Où Dame Nature se mettait en parade. Ils s'amusaient si bien que l'enfant joyeux Eclatait de rire, tout haut, tout heureux ! Quand il demande soudain à son père : " Qui c'est qui rit avec nous derrière ? " Le père lui explique que ceci est l'écho Et quand l'enfant insiste, lui tint ce propos : " Tu vois fiston le Bon Dieu a créé ce monde Quand tu es heureux quelqu'un te seconde ! " L'écho c'est ce que tu obtiens en retour Si tu dis un beau mot, il te le répètera Si jamais tu dis une insulte, une injure C'est bien le même mot qu'il te redira ! Dans la vie c'est pareil, écoute le bien Pense que ce que tu feras te retournera Comme tu te comportes avec quelqu'un Lui aussi, avec toi il se comportera ! Le Bon Dieu a dit : tournez l'autre joue Très peu de gens le font je te l'avoue ! Fadi A. AZAR (LIBAN)

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Arlequin Paysage francophone bouquet de fleurs Chorégraphie géographie tout en couleurs Diversité simplicité branches racines Wind sculpte la peinture de nos origines Méandres nuances danses main dans la main Planète matrice d’hier et de demain Mouvements corps fleuves passages bienveillance Grand écart, saut partage idée culture danse De la mer, de l’air il les respire et s’inspire L’être humain se rêve dans le ciel qui l’attire Regards profonds chat colombe traversent nous De jour de nuit de la terre prennent le pouls Feuille glaise saisons horizons arrondis Veine sève transport voyage loin d’ici Drapeaux idéaux identité découverte Altérité solidarité dit la chouette Christophe Pavie (FRANCE)

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A PRESENT Nos vieux pays touchent au reste du monde, Depuis peu, un vent global assèche la terre, Il oriente les besoins, les routes et les ponts Autrefois, des passerelles modestes et fragiles, En pierres et en bois enjambaient le ruisseau Au plus juste, pour ne pas mouiller le pied des mules A présent, en ces temps voulus par l'homme pressé La rivière nonchalante n'a plus prise sur le cours des chemins Le paysage se larde de grands traits larges et rapides Déchirures irrémédiables par où s'échappent des espaces Piquetés de villages riches en promesses désormais perdues Qu'à leur tour, des villes lointaines se chargeront de tenir André Fabre (FRANCE)

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LA TOILE OMNIPRESENTE. Toile tantôt chaude comme de la braise, Tantôt tiédasse comme ma bière. Chaude pour les aoûtiens ! Froide pour les cœurs brisés. Elle n’est ni un mal, ni un bien. Encore moins un remède. C’est un mystère. Qui l’a peint, Ce n’est pas ce qu’elle est. Elle est rebelle. Rebelle contre toute forme d’art, Contre la logique, la raison. Mais elle reste là, A tenir compagnie pour qui veut. Elle est omniprésente. Elle nous épie, Et c’est éternel. ZANOUNE Ismail (ALGÉRIE)

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WIND, JE VEUX L’AVOIR ! Je l’ai contemplé, Et tout a changé. On m’appelle par mon nom, Je ne réponds point. On m’appelle son serviteur, J’exécute ! Je suis son esclave, L’esclave de ces couleurs De ce papier, de ce charme. D’ici je hume son odeur. Je veux la toucher, La tâter à faire corps avec elle. Wind ! Je veux l’avoir! ZANOUNE Ismail (ALGÉRIE)

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L’ETENDARD DISSIMULE ! Il est là, je l’ai vu. C’est le drapeau de la France. Est-il dans ce coin expressément ? Ou simplement par mégarde ! Il est dans ce coin, Avec tous ces couleurs, Toutes ces créatures. Qu’est-ce que tout cela peut-il vouloir bien dire ?! Représente-t-il l’amont et l’avale ? En même temps ? Comment est-ce possible ! Mais la France ! Elle peut, comme par le passé, Tout nous faire faire. C’est une évidence. Rendez-vous l’évidence. ZANOUNE Ismail (ALGÉRIE)

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SANS TITRE Ames du macadam, égaux d'Adam ! Plus de sécheresse ! Ni de détresse ! L'heure du chœur de l'Honneur Au faite des crêtes en fête . Des chemins pour un destin, Une voie pourvoie des pas, Des bras aux ras des voix. Un récital ! Ola natale sans mal. Nations ! Compassion ! Passion ! Nul refus ! Un but sans rebus ni bévue ! France ! Délivrance ! Romance ! Ce regard ! Un foulard sur les dards ! O baume sur les paumes ! Piétinées, calcinées, condamnées. Vies et défis en débris, sans abri. Oubli, repli sur le lit servi, Le repaire, le repère aux pairs : La Francophonie ! Mamadou NGOM (Sénégal)

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CANTIQUE D’UN AMOUR PUR Ce jour Dans un complet costume moite Un blanc sous-corps frappant l'iris Un sourire large à faire scintiller la dent tel le diamant d'un roi Le cœur battant au rythme jovial d'une lyre noire Je te dirai Femme ma princesse Tu es cette Reine dans le royaume de mon cœur Qui as su transformer mes peurs en courage Qui as su faire de moi l'Homme brave Qui as pu chasser loin de moi Les budgétivores qui narguaient m'aimer pourtant Le cœur leur vide d'amour Comme les fauves blessés affamés Tissent fouillent vident le récepteur de billet de banque Toi qui as pu me ranger la vie Faisant de moi un saint prince Qui bouge dans la vie la tête haute Reçois mon cœur sur un plateau d'or Mon amour sur l'autel d'argent Ma sincérité sur une platine d'airain Mon être sur la table diamantée Reçois mon salut fou Donne-moi l'annulaire pour que je l'y passe l'alliance Duchesse, princesse ma reine Déesse, d'amour, tu en foisonnes Sache le à jamais je t'aime Oui, oui, je le veux, je veux t'épouser Ce jour Dans une robe blancheur écarlate Le corsage riche de nature éclatant de mille effets Le cœur pur sourire brisant toute monotonie Sereine maitresse de ce moment de joie Je t'entends dire Mon tout mon prince mon roi

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Dieu d'amour de sincérité Je crois en ton amour et ta vérité Ta bouche proclame la pureté Ton cœur chatouille la vérité Tu as cristallisé mes larmes mes pleurs À faire briller mes yeux en éclat Tel des diamants sous mes paupières Mon papa d'amour, mon cœur Ton sein est tel pur Que mes parents n'ont osé dire non à notre union Tu m'as fait sortir du sentier du mal Tu m'as éloigné du spleen Tu as déraciné en moi la fleur du mal Aujourd'hui heureuse Je veux te dire et encore et encore Encore et encore sans me lasser Sans bégayer sans crainte Mon roi, mon baron d'amour Devant dieu et devant les hommes Que je t'aime Et oui, oui, et oui, je t'aime et ne veux pas t'épouser Mais je veux que toi, tu m'épouses Afin que je te sois soumise comme le déclare la bible Le livre de vie le livre du cœur Toi ma pomme douce Épouse-moi, car le temps passe, Tiens l'annulaire porte moi l'alliance. Beatus Scient (CÔTE D’IVOIRE)

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PEINT SUR TERRE Ce sont les branches d'un seul arbre, Impossibles à rompre, même par des sabres. Ce sont les branches d'un chêne, Liées par de si fortes chaînes. Ce sont les plumes d'un oiseau, Des couleurs différentes mais harmonieuses, Se complétant, comme eau et roseau. Ce sont les convexités d'une chaîne montagneuse, Des monts plutôt des dentelles, Ancrés dans la Terre. Ce sont les nuages d'un ciel, Voyageant ensemble, parcourant les mers, Dansant la même danse, Puis pleurant, dès qu'ils se sentent assez denses. Ce sont des amis, Parlant la même langue, Entre eux pas de tamis, Ils ont la libre langue. Ce sont les pays francophones. Des liens d'art, Tel, autour d'un château, un rempart. Des liens de flore et de faune, Des liens traversant terres et mers, Des liens traversant les ères. Mouad Moutaoukil (MAROC)

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LA RONDE Enfants des pays du monde, Prenons nous tous par la main, Ensemble faisons une ronde, Construisons le meilleur pour demain. Nos mots n'ont pas la même musique, Mais ils nous parlent encore d'amour, Aux couleurs d'une langue unique, Alors, devenons troubadours. Partageons le français de Voltaire, Gravé dans le creux de nos mains, Pour écrire le plus beau des parchemins, Sur une page ensoleillée de vers. Manuèle Lenoir (FRANCE)

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SOUFFRIR D'AIMER Tu sauras ma bien-aimée un jour d'automne Pour qui la brise au printemps fredonne Et pourquoi les printemps subitement s'effacent Des prés verts vers l'hiver et le gel Sans pitié pour leurs feuilles si frêles Et nos pauvres cœurs saignant sur leurs traces... Devrai-je O mortels ! Partir comme ça Supplier ou maudire les cieux pour ça... Mais je ne saurai dans le temps être autre chose Qu'une simple tache que métamorphose L'hiver nous voilant l'existence Même toi bien-aimée tu ne seras qu'oubli et silence... Alors là ma bien-aimée je me révolte ! Aux cieux je jette mon glaive qu'importe ! Il faut que je sache ou que je gagne Pour les pleurer mais sans hargne Nos chers printemps et nos doux présents Et peut-être sourire mais hélas toujours sans raison... Et toute misérable dans tes sanglots si rares Dans cet irréel univers vaste et si épars Qui te protègera O ma belle perle des mers Lorsqu'une ultime tempête éphémère Affaiblira mon souffle et mes prières amères Et que mes bras sans chair encore te serrent... Mostafa DHRIF (MAROC)

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L’ARCHE Inconnus de Babel ils dansent. Ils sont de toutes les couleurs, Une Muse anime leur chœur, C’est leur langue, arche d’alliance. Tel un royaume d’espérance La langue unit tous les lutteurs, Ceux qui refusent l’oppresseur, Et parient qu’elle est une chance. Elle est leur arbre de Jessé, Des oiseaux viennent s’y poser, De frêles animaux accourent. Hésitants, il semble qu’ils quittent La nef de Noé ; ils entourent Ces justes œuvrant sans limite. Florence RICARD (FRANCE)

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LE MONDE RÉVÉLÉ Quand je m’avance sur le rivage Je vois des hommes en panne de manne Des femmes qui pleurent et des enfants Des sans papa, des sans « maman » Des pierres, des armes, du sang, des larmes Inondent la terre de leurs dommages Ne prêtant plus à l’univers Qu’une image par trop amère Hier j’ai reçu un message Limpide et clair, des rêves sages J’ai vu la terre se retourner Et la misère s’envoler Des rires, des fêtes, sans ombrage Des cris de joie, plus de nuages L’amour, enfin recomposé Loin des maux de l’humanité J’ai enfin rétabli l’outrage Des guerres, des crimes et des coupables Les promesses se lient de nouveau Et le monde se relève haut Dans le ciel scintillent les étoiles Des monts d’espace, des bancs de sable Signe du retour de l’espoir Le cœur s’ouvre à une autre histoire Sarah Mostrel (FRANCE)

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PRIERE D'UN PETIT ENFANT NEGRE Je veux tout avoir dans mes bras Aller par delà les frontières, Survoler les larges barrières Pleuvoir sur l'incendie des bois. Je veux arroser les sols asséchés Semer la joie et l'espoir, Planter partout les tiges de l'amitié. Arracher la gangrène du désespoir. Je veux plus te voir pleurer, Gémir, souffrir, dans la tristesse. Ici, à mes pieds, le chantier Du bonheur, balise la délicatesse. Je ne veux plus de carnage. Au loin les eaux rouges Qui entachent le tapis des sages Et noient les alevins qui bougent. Je veux une chorégraphie nouvelle; Des pas nouveaux dansant Autour de moi. Autour de nous. Autour des surfaces et des continents, Des pas si doux....

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Je veux murmurer au vent Cette prière famélique, Lui céder mes chagrins d'enfant Et retrouver le souffle paradisiaque. Je veux vivre avec la brume du matin. Courir avec le vent. Humer le jasmin. Palabrer avec le temps. Rire. Retrouver ma famille. Je veux retrouver le souvenir De mon enfance à fleur de vanille. Je veux entrer dans ce monde Toucher de la main Le lustre de cristal de la ronde Aux lumières du lendemain. Je veux revoir les couleurs. Unies à la toile céleste, Se lier au vœu des chœurs: Et la lumière céleste Dans toute la Francophonie. Mamadou NGOM (SÉNÉGAL)

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FRANCOPHONIE… ! Pour fêter la francophonie, Par des mots, je me suis lancé Bravant bruits et charivari, Créant un rythme…ambiancé. J’en bu à tire larigot Eludant toutes fariboles Esprit clair, pas en écheveau, J’éludais des termes frivoles. Mes rimes déferlent en zigzag, Et en parfait hurluberlu, Sans pour autant que je divague, Sans céder au tohu-bohu Je tends à les unir en touffes Et les offrir pour s’enlivrer Pour qu’enfin je puisse dire ouf ! Et les offrir pour s’enivrer. J’y célèbre multiples timbres Des Antilles au fond du Maroc De la cannelle au gingembre En parfaite amour réciproque ! Abdellatif BHIRI (MAROC)

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CHACUN SA LANGUE Enterre... déterre! Enterre la mort. Parler, se taire... parler encore... Le ciel est clair, Éclairs, tonnerres... La terre... le vert... Les vers s'enterrent. Plus que les lettres, Le mot s'emporte ! Plus que les mots, Les phrases de lettres. Ils s'aiment très fort, L'amour ils sèment... Récoltent l'amour Et tous ses sèmes. S'ouvre une porte, Je vois, j'écoute Des mots, des lettres, Élèves et maîtres. Niveaux de langue, On tourne sa langue ! A livres ouverts, Le cours commence... Premier étage : Remue – ménage... Le peuple parle. Deuxième étage : Journal, tirages... Le peuple lit. Dernier étage : Barricades... rage... Mes vers qui montent Deviennent adage. Mansour Larbi (ALGÉRIE)

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AMOUR ET ADOLESCENCE Quand sur la grève des vagues lentes et brèves Viennent échouer et que monotones s'élèvent Leurs soupirs vers ces cieux de détresse Chatouillés par la lune qu'ils blessent Quant à l'aube des voiles ternes, blêmissant Murmurent doucement leurs regrets au jour naissant Palissant m'obsède la voix d'un adolescent... Oh ! mon malheureux et larmoyant cœur se fait vieux Et se plaint lamentablement Mais l'ultime prière qui s'envolera vers les cieux Atteindra-t-elle son firmament ! La première fois où Muse ton étincelle a terni Dans mon cœur qui se débattait Ton langoureux chant o ! Ma Muse, avait fini Dans l'air d'un tendre amour qui m'exaltait Oh ! ce pauvre cœur qui glisse sur les lames De tes vagues blessantes O mer ! S’engouffre dans l'écume de larmes De tes flots qu'argente la lune blêmissante Pourtant ce berceau qui dans ma belle jeunesse ! Semblait me bercer de ses illusions N'a pas encore atteint dans la détresse Où me plongent mes précoces visions L'image qu'une certaine destinée traîtresse Réserve à l’être dans le flot de ses désillusions Et dans mes pensées un sombre spectre tour à tour clair Entache d'ombres fuyantes et grises Les jours et les nuits amers Qui s'en vont et me brisent Mostafa DHRIF (MAROC)

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L'AMOUR C'EST ... L'amour, c'est quoi? C’est le bleu foncé de la mer agitée. Le rouge d'un coquelicot. Le vert enivrant d'une prairie fleurie L’orange doux d'un coucher de soleil C’est toutes les couleurs par lesquelles on embellit notre vie. C’est toutes les émotions innées en nous. C’est un sourd dont le cri n’est entendu mais ressenti C’est ton âme qui fonce dans mon cœur Un miroir brisé d'où mon reflet se défait jusqu'à ce qu'il te croise. Mais il est aussi fort et fou, Et peut donner des ailes Nous rendre forts et prêts à tout endurer à tout risquer, Même en dépassant les limites de soi-même. Il est le soleil de l'été dans un hiver pluvieux et brumeux Il est l'ardeur de l'été, qui nous enveloppe Pendant les nuits chaudes de nos émotions. C’est la lumière qui comble les jours même les plus sombres, Et les nuits les plus noires. Elma Gkouzi (GRÈCE)

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TA VOIX ... POÈTE Ta voix .. poète Un voyage dans la veine de mes ruisseaux Je la bois .. ton eau Et une fois assouvie de vie Ensorceleuse Ma sève annonce sa remontée A force d'ausculter Ta mélodie Que tu dois me chanter Encore chanter et chanter A l'instar d'une éternité .. A force d'écouter sa solennité Tu me retires de mes affres Tel un rossignol des bois .. Ta voix .. poète Un frisson dans la canicule de mon hystérie Je la respire Avec mes alizés et mes zéphyrs .. Il n'est d'hélésie Qui me défende le nectar de ton absinthe Elle embaume ma cendre desséchée Tel le baiser bénin d'une sainte .. Avant de m'évanouir De frénésie Danserais-je la symphonie de mon émoi ?

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Ta voix .. poète Une pluie satinée Paillette de jets de romance Tous mes déserts Quand tu prononces toutes les roses Dans tes vers et ta prose Les mots rayonnent de lumière Je me regarde dans tes guirlandes Et je mire dans ton aspirail Le chant du sourire .. Ta voix .. poète Une douceur .. Une douceur .. Une douceur Qui tapisse de plumes de roucoulement Les vérandas de mon cœur En extrait les racines d'éperons Et des orties Sans douleur .. Sans douleur .. Sans douleur Et sans gémissement Tel un refrain de prophéties Refrain d’alléluias.. SOUAD TOUZANI (MAROC)

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ŒILLADE Pourquoi mon étoile Qui s'éloigne au-delà de ses sœurs-étoiles Reste toujours la seule suspecte D'être l'indomptable Qui fait le tourment Au sein des significations Pour attribuer perfection A un balise aérien Distingué de sa déraison ? Bien qu'en partance, Ma pauvre étoile dans sa démission A traîné son suaire de nuit Afin de déceler ses points de suture Car il est des déchirures Qui ne permettent les ligatures Inaptes Pour ne risquer des ouvertures Aux fils du jour Pour ne risquer mendier Au soleil Un brin de paille Ou d'osier IL EST DUR .. IL EST DUR .. IL EST DUR Pour l'assemblage de mes vaisseaux Et le cri se méconnait dans son écho Déferlant l'écume de ses fissures IL EST TRES LOIN .. Est-il suspect Car son œillade vous parvient ? C'est la distance des obscurités Qui en prend soin Pour vous paraître ..une simple paillette Volée de votre destin ! SOUAD TOUZANI (MAROC)

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