playsound le mag #11

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MAGAZINE DÉDIÉ À LA CULTURE ROCK JUIN 2013 # 11 BILLY TALENT FAUVE DEAD FORMATS DE LA MONTAGNE IMAGINE DRAGONS THE STORY SO FAR QUEENS OF THE STONE AGE 30 SECONDS TO MARS THE DILLINGER ESCAPE PLAN ET PLUS ENCORE...

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Actu musicale / chroniques / découvertes

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Page 1: Playsound le Mag #11

MAGAZINE DÉDIÉ À LA CULTURE ROCK

JUIN 2013 # 11

BILLY TALENTFAUVE ≠

DEAD FORMATSDE LA MONTAGNE

IMAGINE DRAGONSTHE STORY SO FAR

QUEENS OF THE STONE AGE30 SECONDS TO MARS

THE DILLINGER ESCAPE PLAN ET PLUS ENCORE...

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_JUIN 2013 #11_RÉDACTEUR EN CHEFYannis Mouhoun

_DIRECTEUR DE PUBLICATIONFabien Gallet

_RÉDACTION MAGFabien GalletSami ElfakirMatthias Meunier Marina LayElie DibMathieu RollingerMarie - Audrey EspositoMartin Van BoxsomLéa BerguigMaximilien de Boyer Aline ThomasFanny Schneider

_CONCÉPTION GRAPHIQUEMatthias Meunier

_PHOTOGRAPHEFanny Schneider

[email protected]

_SITE WEBwww.playsound.fr

_UN PROJET DE :www.medias-culture.fr

_PLAYSOUNDLA FRENCH-TOUCH EST ENCORE EN VIE !Le Made-in-France musical s’exporte mieux qu’il n’y parait, en témoigne l’exceptionnel démarrage du nouvel opus de Daft Punk -Random Access Memories- à l’international. Ce succès commercial, relativement rare pour une formation française, vient renforcer la considérable force de frappe du dernier volet de l’épopée créative de Phoenix paru il y a quelques semaines. La France, contrairement à ce que les consciences collectives semblent avoir intériorisé, dispose donc bel et bien d’ambassadeurs de renom. La scène française électro-pop-rock affirme ainsi cette année plus que jamais qu’elle existe, sans que l’on puisse toutefois écarter une quelconque remise en question quant à sa qualité. Que vaut la scène française face aux prolifiques formations anglo-saxones ? Si l’on met de côté les barrières linguistiques, force est de reconnaître que l’hexagone, pourtant porté par de sérieux artistes à l’instar de Woodkid manque globalement de reconnaissance. En effet, il parait difficile d’expliquer le relatif anonymat auquel furent confrontés par exemple les deux opus des français d’Empyr, pourtant taillés pour une audience inter-continentale. La fai-blesse des structures promotionnelles françaises et le manque d'hétérogénéité de notre scène artistique peuvent constituer un début d’explication dont il est difficile de se satisfaire. La médiatisation récente de bon nombre de musiciens français tels que M83 peut et doit toutefois constituer les prémices d’une nouvelle vague hexagonale indispensable au paysage international.

_Yannis Mouhoun

_Playsound est une plateforme créative de découverte, d’actualité et de chroniques couvrant les dif-férentes facettes de la culture rock au sens le plus général du terme. Le projet comprend un site riche de son flux de news multi-genres, d’un espace de critiques complet ainsi qu’un laboratoire numérique via une plateforme dédiée à la pro-motion de jeunes talents.

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_ÉDITO_ILS ONT FAIT L'HISTOIRE DU ROCK : EDDIE COCHRAN_ÇA N'ENGAGE QUE MOI_INTERVIEW : DE LA MONTAGE_NEWS_TALENTS_ZOOM : DELBI × THE STORY SO FAR_LIVE REPORT : THE STORY SO FAR_FOCUS : L'OLYMPIA_ILS L'ONT DIT_LE CARNET_LIVE REPORT : BILLY TALENT_INTERVIEW : BILLY TALENT_RÉTRO : SLAYER × JEFF HANNEMAN_CHRONIQUE : DAFT PUNK × RANDOM ACCESS MEMORIES_SÉLÉCTION PS : FAUVE ≠ × BLIZZARD_CHRONIQUES EN BREF_LIVE REPORT : IMAGINE DRAGONS_FOCUS : BRUCE BOTNICK_INTERVIEW : DEAD FORMATS_LE DÉBAT : POUR OU CONTRE LES ALBUMS POSTHUMES ?_DOSSIER : CANNES, À CHACUN SON BIOPIC

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DOSSIER

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Il n'avait que 21 ans mais il était pétri de talent. Il n'a fait qu'un album mais il a participé à la création du rock'n'roll. Il est peu connu de nos jours, mais il est encore une référence des pontes du rock actuel. Qui ? Eddie Cochran. Retour sur la vie d'un prodige mort trop jeune.

Eddie Cochran avait tout pour lui à 17 ans : le tal-ent, la voix, la technique et le charisme. En 1955, il enregistre plusieurs titres comme membre des « Cochran Brothers ». Il collabore alors avec Hank Cochran, un homonyme au look semblable au sien. Il était alors plus jeune qu'un certain Elvis Presley (1935-1977) dont le premier album sortira « seulement » en 1956. Mais si le « King » est de-venu un des créateurs officiel du rock'n'roll avec Little Richards et Chuck Berry, Eddie Cochran en est seulement un membre officieux. Tout comme Billy Preston était le cinquième Beatles, Cochran est la part d'ombre de la création du rock'n'roll et du rockabilly. Il aurait dû se payer une place au soleil mais l'aventure pris fin tragiquement en 1960, à 21 ans (1938-1960).Désormais, l'éternel jeune homme n'est plus vraiment connu du grand public à cause de sa courte – mais dense – carrière. En seulement 5 ans, il a créé les bases d'un rock ayant influ-encé les grandes stars des années 1960 : The Beatles, The Rolling Stones ou encore Johnny Cash aux États-Unis.

TWENTY FLIGHT ROCK

Tout commence en Californie où le jeune Ed-die et ses parents emménagement en 1953. Passionné de musique, il prend des cours de piano et parfait son apprentissage de la guitare en écoutant des morceaux de country à la ra-dio. Style musical dont il va largement s'inspirer pour ses compositions. Dès 15 ans, Cochran se produit sur une scène locale. Puis à 17 ans, il

forme son pseudo duo familial avec Hank, avant d'entamer une carrière solo.Cochran décroche tout d'abord un petit rôle dans The Girl Can't Help It (La Blonde et moi en vf) grâce à Boris Petroff, le producteur du film. Il y interprète avec grand succès le percutant Twenty Flight Rock (1956). Son style et son talent font mouche auprès des producteurs qui décident alors de sortir le titre en single via le label Liberty. Eddie voit ainsi sa popularité s'étendre au-delà de son pays d'origine pour traverser l'Atlantique.

PAUL & JOHN

Si un tel morceau fait vite autorité, c'est grâce à la qualité de l'interprétation de l'ado de 17 ans qui séduit avec sa voix – déjà – grave, et douce à la fois. L'Américain impressionne aussi par la qualité de son jeu. C'est d'ailleurs une innovation technique particulière qui va lui permettre de s'extraire du lot et influencer toute une généra-tion de rockers.Contrairement aux autres guitaristes, Eddie Cochran choisit de détendre sa troisième corde. « C'est l'un des moments charnières de l'histoire de la guitare » selon le producteur et musicien Binky Philips. En effet, grâce à cette astuce, Ed-die produit un son avec plus de teintes qui inspire les jeunes guitaristes comme Paul McCartney. Âgé de 15 ans, celui qui n'était pas encore Sir, apprit par cœur Twenty pour impressionner le leader des Quarrymen, un petit groupe local. Paul venait alors de faire la connaissance de John Lennon.Sans le savoir, l'Américain, à peine plus vieux que les deux jeunes anglais, a donc contribué à la formation du plus grand groupe du monde. Et le temps d'un unique album et de quelques singles, Cochran a eu l'occasion d'inspirer bon nombre de musiciens dans les décennies suivantes.

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SUMMERTIME

En 5 ans de carrière, Cochran a enregis-tré plusieurs chansons mais n'a sorti qu'un seul LP de son vivant : Singin' To My Baby. L'album de ses 18 ans parvient alors à se hisser à la 18e place des charts en 1957. Il enchaine par la suite de multiples sorties de singles dont Summertime Blues et C'mon Everybody en 1958. Classés respectivement 8e et 35e des ventes, ces deux titres sont une vraie réussite. Pourquoi ? Pour deux rai-sons très simples : la qualité de la musique et des paroles. Qui peut, si ce n'est un jeune homme à peine sorti de l'adolescence, écrire des paroles pouvant toucher une jeunesse en manque de liberté ? Cochran gagne sur les deux fronts en faisant à la fois danser, et

rêver, ceux qui achètent ses disques avant de les jouer eux-mêmes sur scène.Ainsi, Summertime figure dans le presque parfait Live at Leeds des Who en 1970, et plus récemment sur le single 10 A.M. Automatic des Black Keys. Notre Johnny national en fit même une version française, La fille de l'été dernier, en 1975. C'est dire ! L'autre tube de 58, C'mon Everybody, est notamment joué par Led Zeppelin en concert (live au Royal Albert Hall, 1970), Sid Vicious et bien d'autres. Symboles de reconnaissances, ces reprises montrent bel et bien l'in-fluence concrète de Cochran sur ses successeurs, comme Slim Jim Phantom.Le batteur de Stray Cats (un groupe rétro) voit d'ailleurs une influence directe de Cochran sur des groupes modernes comme Motörhead. « Quand ils (les auditeurs) écoutent Ace of Spades, ils écoutent du Eddie Cochran », assène-t-il sûr de lui.Cette tendance des groupes anglais à jouer ces deux tubes prouve le succès de Cochran auprès des jeunes de la Perfide Albion. Un succès qu'il a confirmé en se produisant assez vite de ce coté-ci de l'Atlantique dès 1960, l'année de son décès.

LA LOI DES SÉRIES

Cochran arrive en Angleterre alors que Lennon et McCartney songent déjà à se rendre à Hambourg (août 1960) en tant que Beatles. Mais depuis la mort de ses amis Buddy Holly et Ritchie Valens dans un accident d'avion début 1959, Eddie est préoccupé par une prémonition morbide. Il est persuadé d'être le prochain sur la liste. Hélas, le destin lui donnera raison le 16 avril 1960.Sur la route entre Bristol et l'aéroport de Londres, le taxi transportant Eddie, sa fiancée Sharon Sheeley et son grand ami Gene Vincent, s'écrase contre un réverbère d'une route du Wiltshire (sud-ouest anglais). Selon les enquêteurs, l'excès de vitesse du taxi aurait causé l'éclatement d'un pneu et provoqué la perte totale de contrôle du véhicule. Au moment de l'accident, Cochran, placé au centre de la banquette arrière, aurait protégé, tel un bouclier, sa fiancée avant d'être éjecté de la voiture. Il fut conduit à l'hôpital de Bath où son décès fut prononcé quelques heures plus tard, le 17 avril. L'accident avait provoqué d'importants, et incurables, traumas crâniens.

Plus qu'une source d'inspiration pour les autres, et malgré un sort tragique et injuste, Eddie Cochran restera la premier adolescent à arriver au rang de star. Le premier d'une longue série produite par le système américain, mais certainement le plus talentueux. Que le passé a du bon.

_Maximilien de Boyer

ÇA N'ENGAGE QUE MOI

Cette tribune est une réponse au billet publié par Martin Van Boxsom dans le numéro #10 intitulé C’est vraiment trop injuste.

Cher Martin,Nous sommes des compagnons de route. Ce qui nous unit est fort. Du moment où tu as postulé pour intégrer la rédaction de Playsound au moment où tu as adhéré au projet porté par Médias Culture (ndlr, notre structure-mère), ton envie de créer et d’innover a pris le pas sur le destin sombre auquel on condamne sou-vent -à tord- notre génération. Cette aventure collective à laquelle nous appartenons tous deux repose sur la conviction selon laquelle nous pou-vons impacter durablement la façon de concevoir la culture et les médias en sublimant tant les opinions que les créations artistiques. Parce que je crois qu’il nous appartient d’antici-per le monde de demain, je souhaite que nous soyons les protagonistes plutôt que les sujets d’un processus de changement intrinsèquement in-exorable. Pour toutes ces raisons, je ne peux adhérer ni à la vision anach-

ronique que véhicule ton papier ni au pessimisme qui semble t’habiter. En effet, si les modes de consommation de la musique ont évolué et si la technologie semble avoir favorisé une force de médiocrité populaire quant à la perception de l’art en général, il me semble important de penser la vérité comme une abstrac-tion plurielle. La promotion de la qualité et des artistes atypiques passe avant toute chose par l’éveil musical des néophytes et par l’approfondissement de la passion des amateurs. Lorsque le talent n’est pas reconnu à sa juste valeur, cela signifie que structurellement, la société à manqué d’acteurs susceptibles de le faire grandir et de le mettre en lumière. Je partage, tu le sais, ton analyse quant aux faiblesses de l’industrie du disque : il nous faut apporter notre vision singulière de la façon de concevoir la musique et faire en sorte qu’elle s’impose. Je ne peux que t’encourager à espérer -encore et toujours- et si possible, à croire. A croire que l’art est en perpétuel mouvement et que sa représentation actuelle est amenée à être bouleversée à court-terme. Le principe de la destruction créatrice ouvre la voie à tous les possibles. Demain commence aujourd’hui.

_Yannis Mouhoun

L’OPTIMISME EST DE RIGUEUR

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On les a découverts en avril sur la petite scène de la péniche du Sirius à Lyon lors d’un open-mic organisé par les Inrocks Lab. On était tombé sous le charme de l’électro minimaliste et insouciante du duo formé de Camille Bouvot-Duval à la guitare et aux claviers et d’Alto Clark à la percu électronique. Convaincus que cette formule ferait des émules, nous les avons contactés pour faire plus ample connaissance avec ce groupe qui vise les sommets. Aujourd’hui, éparpillés entre la France et New-York, les Lyonnais répondent sans pudeur aux questions de Playsound.

_Vous formez tous les deux le duo De La Montagne. Racontez-nous comment est né ce projet ?

_Alto : Soundcloud m'a permis de découvrir De La Mon-tagne, un projet dans lequel se trouvait aussi Thomas Berthou et Thomas Baile, producteurs de l’ombre. Le pre-mier contact avec Camille a été intense, on a travaillé sur un morceau et un clip sans s'être rencontré. L'alchimie a fonctionné, la machine était lancée ! Depuis on n'arrête plus !_Camille : Alto m'a contacté sur internet en mode mignon, et j'ai répondu “t'es ki?” s'il passait le test de la méfiance agressive, il pourrait faire des tournées intersidérales avec moi… Ensuite il m'a invité dans son studio à Nevers, en Bourgogne, et j'ai rencontré son chat Clochette. Après ça j'étais trop engagée sentimentalement pour faire machine arrière et il est venu s'installer à Lyon.

_Quelles sont les influences qui vous ont amené à construire De La Montagne et qui permettent d'avoir des pistes pour la gravir pour les néophytes ?

_Camille : La façon dont Grimes joue les touches noires du clavier et cale son micro derrière son oreille, les marim-bas omniprésentes de The Knife, CSS et particulièrement Lovefoxx qui m'a laissé en plan à la fin d'un concert à Paris en me disant attends-moi là et qui n'est jamais revenue... Pour les lectures le Canadien Douglas Coupland et le livre Just Kids de Patti Smith, pour sûr me donnent la foi! Dans certaines de nos chansons on évoque certains plasticiens comme David Hockney ou Tony Cragg (on a fait les Beaux Arts quand même). Alto kiffe bien les New-Yorkais des 90's, non? Genre le type qu'on a vu à Pop Montréal et l'ex d'Har-mony Korine, Chloé Sévigny, oui? _Alto : Oui toute la scène des Beautiful Losers ou Paul Thek, Lewitt…Musicalement Nirvana aura mon respect éternel

absolu. Sinon, des gens comme Dan Deacon, Dat Politics, Lunice, Tepr, Animal Collective, Belle & Sebastian, des au-teurs comme Hunter S. Thompson. On aime les personnal-ités, les univers, c'est ça qui nous inspire plutôt qu'un genre musical défini.

_Votre premier album est déjà sorti, pouvez-vous nous le présenter ?

_Camille : J'étais à Montréal et on a été sélectionné à la Red Bull Music Academy! On avait besoin de mettre à jour nos musiques en ligne. Elles étaient dispercées sur les ordis des uns ou des autres. J'ai écrit un mail tonitruant : “Viiiite rassemblez toutes les tracks, mixez le tout, mettez les au bon format on sort l'EP demain”. J'ai aussi écrit au gra-phiste : “Envoie 5 propositions viiiiiite”._Alto : On a sélectionné des titres qu'on avait composés ces derniers mois et on a souhaité faire un album avant l’été. On est plus dans un album démo qui nous permet de finaliser des tracks pour mieux en composer d’autres. On s’y remet doucement après s’être concentré sur les lives.

_Pourquoi l'avoir nommé de cette façon farfelue ?

_Camille : On a appelé l'album Thighs Burned On Full Sun-light Parked Car Seats. Tu sais quand t'as laissé ta voiture en plein soleil et que tu te brûles les cuisses sur le siège, hardcore quoi. C'est une image qui fédère, tout le monde voit ce que c'est. C'est l'été. C'est nous.

_Des nouvelles du concours Inrocks Lab où on a pu vous découvrir ? Etes-vous sélectionnés ? Qu'est-ce que ça vous a apporté ?

_Alto : On a été sélectionné pour le second tour avec neuf autres groupes de la région sud est. On est loin au niveau des votes mais on a pu bénéficier grâce à cette sélection d’un gros article dans Les Inrocks, d’une présence sur Deezer, iTunes, en homepage du site Brain Magazine, ce qui nous a fait un maximum de pub. Du coup : plus de fans, plus de demandes, de dates, etc… Donc on est ravi.

_Quel est votre plus beau souvenir sur scène?

_Alto : Question compliquée… J’essaye de prendre chaque date comme si c’était la dernière et tout donner, profiter au maximum. J’ai envie de dire que la date qui m’a marqué est une des premières que j’ai faite avec Camille. C’était un con-cert de fin de résidence au Café Charbon à Nevers. La veille, Camille se casse la cheville donc impossible de jouer. Je me retrouve à jouer mon projet Alto Clark et pendant le concert, Camille m’a rejoint sur scène pour chanter quelques chan-sons de De La Montagne et elle a mis tout le monde d’ac-cord, même assise sur son tabouret de bar avec son band-age, sans pouvoir faire un quart de ce qu’elle fait d’habitude sur scène. C’était assez impressionnant et intense ! J’en ai encore des frissons. C’est un exemple parmi d’autres mais tout expliquer prendrait des heures…

_Parallèlement, Alto, tu as également un projet en solo. En quoi consiste-t-il ?

_Alto : J’ai en parallèle mon projet Alto Clark, musique élec-tronique, entre Dan Deacon et Dat Politics, sur lequel je tra-vaille depuis 2007 entre concerts et albums. J’ai sorti début mai d’ailleurs mon nouvel album A Lovely Man With A Devil Inside et joué dans la foulée lors des Nuits Sonores, le festi-val électro lyonnais. Maintenant c’est des concerts prévus et la recherche de nouvelles dates et d’un booker.

_Dans votre progression en duo, quelles sont les pro-chaines étapes ? Et les prochains rendez-vous où on pourrait vous voir en live ?

_Alto : En mai, la Red Bull Music Academy à New-York puis la conquête du Canada ostie ! Des concerts en masse et une tournée sur la côte ouest des Amériques. Gagner le maximum de thunes, ne plus rien payer en étant sponsorisé et faire des nouveaux morceaux. _Camille : Oui ! On cherche un tourneur là ! On veut faire un road trip et des dates entre Vancouver et San Francisco ! Et sinon je suis en train d'écrire un Opéra avec mon meilleur ami, ça va prendre du temps mais je crois qu'on tient une belle histoire.

_Mathieu Rollinger

INTERVIEW

DE LA MONTAGNE

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_Date et nom du nouvel opus de PlaceboLoud Like Love est le nom du prochain effort studio de Placebo, attendu pour le 16 septembre prochain ! Ce nouvel album de dix titres est d’ores et déjà disponi-ble en pré-commande sous différents formats sur le site www.loudlikelove.com. Le groupe aura l’occasion de le présenter à son public français le 10 décembre prochain à Paris-Bercy.

_Franz Ferdinand de retour avec un quatrième albumC’est officiel, Franz Ferdinand est de retour avec un nouvel album ! Right Thoughts, Right Words, Right Action, constitué de dix pistes, sortira le 26 août prochain – soit plus de quatre ans après son prédécesseur. Avant cette date, ne manquez surtout pas les Ecossais au festival Rock En Seine le vendredi 23 août !

_Les Stone Temple Pilots s'offrent le chanteur de Linkin ParkSuite au renvoi de Scott Weiland par les autres membres de Stone Temple Pilots, au début de l’année, beaucoup se demandaient ce que le groupe allait devenir. Sachez qu’un petit aperçu est désormais disponible avec le titre « Out Of Time », avec Chester Bennington au chant. Celui-ci a annoncé avoir encore d’autres projets en tête avec les Pilotes mais n’abandonne pas Linkin Park pour autant, évidemment.

_Bloc Party : du nouveau pour bientôtLe guitariste Russell Lissack a dernièrement annoncé a la presse : « Nous devons encore faire les voix, mais nous avons travaillé sur six nouveaux morceaux. En fonction de la manière dont les choses tournent, nous allons sortir soit un sin-gle, soit un EP. Je pense en juin ou en juillet ». Bloc Party sera au Main Square Festival le 5 juillet à Arras.

_Serj Tankian : deux nouveaux albums au programmeSerj Tankian, le leader de System Of A Down, sortira deux nouveaux albums cet été ! Le premier d’entre eux, une symphonie intitulée Orca, sortira le 24 juin prochain. Le second, un album de jazz collaboratif nommé Jazz-iz Christ, sera quant à lui disponible à partir du 22 juillet. Vous pourrez retrouver les deux albums en version digitale sur les plateformes de téléchargement ainsi qu’en édition lim-itée deluxe sur le site officiel de l’artiste ainsi que celui de sa maison de disque.

NEWS EN BREF

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+ DE NEWS SUR PLAYSOUND.FR/NEWSNEWS EN FIL ROUGE+ DE NEWS SUR PLAYSOUND.FR/NEWS

_Nouveau single des Kids In Glass HousesLes Gallois de Kids In Glass Houses ont dévoilé leur single Drive dont le clip sera publié sur la toile dès ce mois-ci. C’est le premier extrait de leur quatrième album, "Peace", dont la date de sortie a été fixée au 30 septembre 2013.

_Une date pour le nouveau Asking AlexandriaLe 6 août 2013 – c’est la date qui a été fixée pour la sortie du troisième opus d’Asking Alexandria, From Death To Destiny, sur Sumerian Records. Un premier extrait de cet album portant le nom de The Death Of Me avait déjà été publié plusieurs semaines auparavant.

_R.I.P. Ray ManzarekRay Manzarek, claviériste et membre fondateur de The Doors en 1965, est décédé ce lundi 20 mai à l’âge de 74 ans à Rosenheim (Allemagne). Le musicien affrontait depuis quelques temps un cancer des voies biliaires. Il avait eu une importance capitale sur le son des Doors grâce aux tonalités d’orgues qu’il produisait. Le guitariste Robby Krieger a commenté avec « une grande tristesse » le décès de son « ami et compagnon de groupe ».

_Un morceau inédit de Vista Chino (ex-Kyuss)Vista Chino a dévoilé un nouveau morceau sur sa page Face-book qui s’intitule Dargona Dragona. Il s’agit d’une première depuis la récente création du groupe né des cendres de Kyuss, Josh Homme en moins. C’est le retour du stoner qui sent bon le sable chaud !

_Nouvel album de Falling In Reverse ce moisFashionably Late, le nouvel album de Falling In Reverse, est programmé pour le 18 juin prochain. Il comprendra douze morceaux au total dont trois ont déjà été dévoilés : le morceau éponyme, Alone et Born To Lead, relativement différents de ce à quoi nous avions l’habitude d’entendre de la part de Ronnie Radke et ses compères.

_Un album et un livre pour The MaineThe Maine prépare actuellement la sortie de son nouvel album, deux ans après Pioneer, et les fans ont déjà pu en entendre plusieurs extraits : Love And Drugs et Happy. Sortie de Forever Halloween dès le 4 juin tandis qu’un livre Souvenirs, Roads, regroupant des photos du groupe de ces quatre dernières années, est également disponible à la pré-commande.

_Korn de retour en studioKorn est de retour en studio et c'est Brian Head Welch qui le dit ! En effet, après avoir quitté le groupe en 2005, le gui-tariste est aujourd'hui de retour au sein de la formation pour préparer leur onzième album qui succèdera à The Path Of Totality (2011).

_Megadeth partage deux nouveaux titresMegadeth, qui sera sur la scène du Sonisphère Festival le 9 juillet prochain à Amnéville, a dévoilé deux titres tirés de son prochain album Super Collider : le single du même nom ainsi qu'un second extrait intitulé Kingmaker. La galette, elle, sera disponible à compter du 4 juin.

_Brand New repris par We Are The In CrowdLes Américains de We Are The In Crowd ont enregistré une reprise du tube de Brand New, Sic Transit Gloria… Glory Fades. Le deuxième album du combo, dont l’enregistrement est en cours, devrait sortir dans le courant de l’année.

_Black Flag enfin de retour !Les Black Flag, qui avaient annoncé leur reformation ain-si qu’un nouvel album pour cette année, proposent en téléchargement gratuit un nouveau morceau intitulé Down In The Dirt – autant dire leur premier depuis bien longtemps. La nouvelle galette des Californiens sera en effet leur première depuis In My Head (1985) datant déjà de vingt-huit ans !

_ ON EN A PARLÉ _AVENGED SEVENFOLD A ANNONCÉ SON GRAND RETOUR AU ZÉNITH DE PARIS LE 20 NOVEMBRE 2013, EN COMPAGNIE DE FIVE FINGER DEATH PUNCH ET DEVICE.

_ALORS QUE SON CONCERT À LA MAROQUINERIE LE MOIS DERNIER A AFFICHÉ COMPLET, MILES KANE A ANNONCÉ UNE SECONDE DATE PARISIENNE POUR LE 30 OCTOBRE PROCHAIN SUR LA SCÈNE DE L'OLYMPIA. TOUS À VOS AGENDAS !

_Marina Lay

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llll lllllllllllllllllllllllllllllll TALENT #2llllllllllllllllllllllllllllll APPOLINELe rock français fait l'objet d'un regain d'énergie et de qualité ces dernières années. Parmi les nombreux groupes prometteurs, Apolline peut sans con-teste faire figure de leader. Formé en 2011, le groupe est composé de cinq musiciens : Arthur au chant, Elie et Stéphane aux guitares, Thomas à la basse et Alexandre à la batterie. Après avoir sorti en 2011 un premier EP intit-ulé L'Accidentelle, Apolline signe avec le label M&O Music et sort son premier album No Longer Rain en 2013. Onze titres à écouter d'urgence. Onze titres d'une efficacité déconcertante. Onze titres qui vacillent entre un rock brut et massif emprunté aux Foo Fighters ou aux Queens of The Stone Age et une pop énergique ultra mélodique compa-rable à celle de Bloc Party. Si le groupe a choisi l'anglais pour ses textes, il se laisse toutefois tenter par le français et autant dire que ça marche. En avril dernier sort le clip du titre Puck, qui col-le parfaitement à l'univers rock d'Apol-line. On vous recommande de vous y plonger sans tarder.

_GenreRock

_LabelM&O Music

_PaysFrance

_Site Officielapollineofficiel.com

llll lllllllllllllllllllllllllllllll TALENT #1lllllllllll HAUNTED HUNTERS Contrairement à ce que le nom insin-ue, Haunted Hunters est le projet d’une seule et même personne : celui de Max, aussi chanteur du groupe Spark Gap, originaire de la région parisienne. Seule-ment accompagné de sa guitare, de sa voix et de ses équipements techniques, Max nous fait découvrir une nouvel-le facette de son personnage et nous plonge dans un environnement atyp-ique, loin de l’univers punk rock dans lequel il a l’habitude de s’illustrer. Révélé il y a quelques mois, l’artiste a déjà eu l’opportunité de se produire au coté de groupes tel que Hill Valley, The Sticky Boys ou encore Bukowski, l’occasion pour lui de nous faire assister à une véritable expérience folk acoustique en live. Bien que de nombreux titres soient déjà disponibles en écoute sur la toile, Max n’a toujours pas évoqué la réalisa-tion d’un album, ce qui ne devrait pas tarder. On attend avec impatience ce premier opus.

_GenreFolk / Acoustique / Alternatif

_LabelIndépendant

_PaysFrance

_Site Officielhauntedhunters.eu

+ DE TALENTS SUR PLAYSOUND.FR/LABS

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llll lllllllllllllllllllllllllllllll TALENT #3ALEXIS AND THE BRAINBOWTiens ! Ca se triture le coquillard en France et ça paye ! Alexis Delekta et ses Arc-en-Crâne s’aventurent dans la chasse gardée des anglo-saxons, avec un math-rock méticuleux et bien dosé. Une structure musicale bien réfléchie au service d’une voix haut-perchée. De quoi dérider ceux qui sont conva-incus de l’austérité de la pop-music made in France et les convaincre que le pays a les ressources pour relancer la machine ! Avec Alexis and the Brain-bow, on est plongé dans un imaginaire utopiste à la MGMT. On retrouve l’effi-cacité machinale de Foals chez ces Ly-onnais. Il y a la rage contrôlée de Breton dans leurs tripes. Les titres Hair cut et A Young Gun parlent d’eux-mêmes. Repérés par le concours des Inrocks Lab, ils sont encore en lice pour la finale sud-est de la compétition qui aura lieu le 27 juin au Transbordeur. Quand on connait le succès de Cocoon, Granville ou Fauve, précédents lauréats de ce même tremplin, on ne peut que leur prédire un avenir radieux.

_GenrePop alternative

_LabelNon Signés

_PaysFrance

_Site Officielalexisandthebrainbow.com

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TALENT ZOOM

Lille, la « French Manchester ». Tous les clichés sont là : la brique, le gris, la pluie. Mais en lieu et place d’un sombre Smith ou Joy Division, la capitale des Flandres est plus enjouée, à l’image de la convivialité de ses habitants. Parmi les artistes qui l’animent, Delbi écume les scènes depuis déjà plus de 6 ans. L’histoire du groupe est un diptyque.En solo, tout d’abord. Romain D., alias Delbi, est seul aux manettes. Seul dans son studio, seul sur la scène, lui, sa guitare, et ses pédales. En live, il prépare sous les yeux du public un véritable mille-feuille musical. Delbi joue certes de la guitare, mais sa musique se joue avec les pieds : de la pointe des orteils, il sample, il loope ses diverses séquences musicales. Guitare, beat box, maracas, synthé, voix … Les morceaux prennent de l’ampleur de minute en minute. Au final, un étrange mix, « white folk, black groove » comme il l’appelle. Le blues se mêle à l’acoustique, et les mélodies synthétiques saupoudrent le tout d’une bonne dose de pop. Dans la forme, on jurerait presque apercevoir les minimalistes Terry Riley ou Steve Reich entre les lignes de la partition, pour leur obsession de la répétition et de la superposition. Avec un premier album sorti en 2009 (Delbi) qu’il éprouve sur toutes les scènes du Nord et des régions voisines, il aura posé les bases de la formation à venir.En compagnie d’Antoine Pesle, Yoan Bellefont et Max Doussot, Delbi change de peau. Occasionnellement d’abord, sous le nom de Delbi & The Three Fantastics, puis de manière permanente. Sur Little Life Music EP (2010), les morceaux s’il-luminent d’avantage, la pop se fait plus musclée. Confirmation un an plus tard, avec Little Life Music, l’album. On n’est pas loin d’un LCD Soundsystem pour les machines, mais les guitares sentent toujours bon le chaud. « White folk, black groove » toujours. On ne change pas une recette qui gagne. On l’améliore, tout simplement ! Preuve par l’exemple, avec le titre Nothing To Say, relecture du single de Delbi lors de sa phase solo. La mélodie entêtante de la première version est toujours présente, mais plus confiante, plus affirmée, et rehaussée par un synthé cheap pour la garantie d’une pop bien entrainante.Sélection Printemps de Bourges en 2012 avec Marvin Hood, en ouverture de Alt-J au Grand Mix de Tourcoing ou aux côtés d’Absynth Minded au Nouveau Casino de Paris, Delbi creuse son chemin tel le sillon d’un vieux vinyle de Muddy Waters. Entré au Studio Jet de Bruxelles début janvier avec Geoffrey Burton à la production (à la guitare chez Arno, Bashung, Two Many DJ’s …), Delbi nous promet un nouvel album pour l’automne et a déjà balancé un premier titre sur la toile, The Visit, qui montre ce que donnerait The Police en plus énervé.À Lille, ils affichent partout complet. Et on gage qu’avec Colors, le futur maxi, ils dévoilent l’étendue de leur palette à tout l’hexagone.

_ Martin Van Boxsom

_GenrePop / Folk / Blues

_LabelNo Bigoudi

_PaysFrance

_Site Officieldelbimusic.com

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TALENT ZOOMFormé en 2007, The Story So Far est un groupe de pop-punk originaire de Walnut Creek en Californie. Jeune mais déjà une des plus représentatives de la scène pop-punk américaine et internationale, la bande, composée de Parker Cannon au chant, Kevin Geyer et William Levy (qui remplacera Kevin Ambrose en 2010) à la guitare, Kelen Capener à la basse et Ryan Torf à la batterie, débute l'aventure musicale avec un EP intitulé 5 Songs paru fin 2007. Une première production presque inconnue du grand public mais cependant encore disponible sur le site bandcamp du groupe, le talent prometteur de The Story So Far se décèle déjà sur cet EP aux sonorités punk-hardcore/popcore instrumentalement similaires à ce que la formation produit aujourd'hui mais vocalement différentes puisque Parker Cannon semble livrer un chant beaucoup moins poussé jusqu'à la limite du braillement, n'exploitant pas encore le timbre de voix qui contribuera quelques temps plus tard au succès du groupe. Deux années passent et c'est au tour de While You Were Sleeping de confirmer le potentiel de la bande et d'annoncer un futur définitivement ancré dans le pop-punk. En 2010, les Californiens décident de travailler avec le groupe d'indie/punk Maker sur un split, avant de retenter l'expérience en s'associant avec le bassiste live de 2011 à 2012 Morgan Foster sur un nouveau split, cette fois-ci en acoustique. Un timbre de voix à présent bien affirmé ainsi qu'une maturité perceptible dans les paroles et dans la façon de créer des mélodies cohérentes plus tard, c'est le moment pour The Story So Far de rentrer dans la cour des grands. En juin 2011 sort via Pure Noise Records le premier album studio du groupe intitulé Under Soil And Dirt. Présentant 11 tracks alliant un désespoir cathartique à une sonorité brute mais bien enregistrée, une agressivité à des mélodies accrocheuses et gaies, ce disque d'une qualité, d'une énergie et d'une puissance indéniables comportant des chansons telles que Quicksand, Roam ou High Regard qui deviendront des hymnes, reçoit dès sa sortie des critiques positives et permet à la formation de tourner aux quatre coins des USA, notamment aux côtés de groupes prestigieux tels que New Found Glory, Less Than Jake, The Used ou encore Man Overboard. Plus qu'un premier album, beaucoup s'accordent à dire que Under Soil And Dirt est un jalon incontournable de la musique pop-punk. C'est alors en plein succès que le groupe continue à composer et poursuit l'aventure avec la sortie de son deuxième album en mars dernier, intitulé What You Don't See, qui entrera à la 46ème position du classement du Billboard 200 dès sa parution. Avec des pistes comme Empty Space, The Glass ou All Wrong, ce disque peut être défini musicalement parlant comme la continuation de Under Soil And Dirt : des thèmes similaires, des mélodies toujours aussi punchy, des paroles chantées par un jeune homme frustré et en colère... Un album encore plus précis que le précédent et qui dégage autant de passion sincère. En bref, il est déconseillé de s'intéresser à la scène pop-punk sans passer par la case The Story So Far. Un groupe semblant vous dire qu'il sait ce que vous avez vécu, qu'il vous comprend vous et les eaux

troubles de votre vie d'adolescent ou de votre frustration quotidienne et qui ne vous donne qu'une envie : apprendre les lyrics pour les hurler à pleins poumons.

_ Léa Berguig

_GenrePop punk

_LabelPure Noise Records

_PaysUSA

_Site Officielthestorysofarca.com

Se présentant comme un des groupes les plus émergents de la scène pop-punk de par son talent et sa notoriété gagnée dès le premier album, c'est en ce jour de mi-mai que les Américains de The Story So Far nous firent le plaisir de venir tout droit de leur Californie pour poser leur sono dans une salle française et rencontrer leur public de l'hexagone pour la première fois.C'est aux alentours de 20h que les portes des Combustibles ouvrent, laissant place aux quelques dizaines de personnes déjà devant les locaux. Un détour par le stand de merchan-dise dans le hall d'entrée et une bière au bar du fond de la salle plus tard, il est 20h30, et c'est devant un public peu nombreux, arrivant petit à petit, que les Français de Sail To North démarrent leur set. Encore peu connue de la scène pop-punk internationale, la formation commence cependant à se faire une place dans la nouvelle scène française, et c'est après une performance d'une vingtaine de minutes bourrée d'énergie et de bonne volonté que la bande originaire de Nice conclut par My Empty Home, chanson efficacement dynamique qui sera reprise par le public, déjà plus nombreux dans la salle. Une bonne première partie d'un groupe encore trop peu connu mais cependant convaincant et rythmé d'un punch déconcertant.Vient ensuite le tour de The American Scene. Premier fait notable : contrairement au groupe précédent, la bande ven-ue de Californie est composée de membres tenant tous un instrument entre les mains. Jouant sur l'émotion plus que sur l'énergie, le quatuor livre un son vaguant entre le rock alter-natif, le pop-punk et le grunge rappelant le groupe anglais Basement. Une audience un peu surprise au premier abord mais qui appréciera le set au final. Pas de mosh ou autres danses non identifiées, le public observe, reste dans la ré-serve et se contente de remuer la tête en cadence, réservant tout de même quelques pogos vers la fin. Une prestation satisfaisante mais quelque peu lassante, la prestation de The American Scene, bien que maîtrisée, calmant l'audience qui était jusque là bien ambiancée.Une salle à 40°C maintenant remplie et quelques dizaines de minutes plus tard, c'est le moment pour The Decline d'en-clencher leurs guitares et de prendre le micro. Originaires de Perth en Australie, c'est un son skatepunk que nous délivrera le groupe, laissant les fans de hardcore ou de pop-punk d'un côté et ralliant les punks à blousons en cuir de l'autre pour quelques pogos au milieu de la foule, ce qui en dérangera plus d'un... bien que plaisant en version studio, The Decline ne parviendra pas à mettre une ambiance de folie aux Com-bustibles qui n'attend plus que la tête d'affiche. Allez, plus que quelques minutes avant The Story So Far !Après un rapide soundcheck, il est environ 23h quand les Californiens de Walnut Creek démarrent leur set avec le très apprécié Daughters repris en chœur par une audience chauffée à bloc en vue de l'attente qui fut de plus en plus

difficile à supporter. Le groupe donne le meilleur de lui-même, Parker Cannon essayant même de parler français à plu-sieurs reprises. Le show continue, la foule se compresse, se pousse, les stagedives coulent à flot et certains fans seront obligés de s'étaler sur le rebord de la scène ou de monter sur une rambarde de la salle pour pouvoir survivre au désor-dre dans la fosse. Ambiance pop-punk à son maximum. Le groupe a mis en place une setlist reprenant de façon égale des chansons tirées de Under Soil And Dirt telles que Roam, Mt Diablo ou High Regard ainsi que du dernier album What You Don't See avec Right Here, All Wrong ou encore Stifled. Il est 23h50 et l'heure de la dernière chanson, mais non pas des moindres, sonne : les premières notes de Quicksand re-tentissent et c'est clairement l'apothéose dans la salle, les fans venus voir leur groupe préféré pour la première fois sur les terres françaises profitant de ces dernières minutes de concert.C'est un show présentant ses points forts et ses points faibles que la maintenant défunte salle des Combustibles nous a présenté, mais surtout une excellente prestation de The Story So Far qui pour sa première venue en France a laissé des bons souvenirs et un sourire béat sur la majorité des visages de l'audience. Décidément un groupe à connaître.

_Léa Berguig

LIVE REPORT

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THE STORY SO FAR

+ DE PHOTOS DANS LE CARNET ET SUR PLAYSOUND.FR

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_Gojira © Fanny Schneider

_Gojira © Fanny Schneider

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Il est de ces lieux où l’on respire la musique, la scène et la gloire. Il est de ces lieux mythiques qui ont fini par se métamorphoser en endroit risible où les grands artistes côtoient les buzz du moment. Ces deux phrases pourraient résumer la salle dont je vais vous parler aujourd’hui.

Situé en plein centre de la capitale pa-risienne, dans le 9ème arrondissement, l’Olympia avait pourtant tout d’une grande. De par son histoire et son charisme. Il faut remonter en arrière pour connaître les origines de cette scène que beaucoup nous envieraient.

UNE SUCCESSION DE MÉTAMORPHOSES

Tout commence à la fin du XIXè siècle, lorsque Joseph Oller, déjà fondateur du Moulin-Rouge, pose ses montagnes russes sur le futur emplacement du mythe. Oui, car avant même d’être une salle de spectacle, l’Olympia ressemblait plus à un parc d’attraction. Néanmoins, par soucis de sécurité (la structure étant en bois et donc inflammable), le préfet de Paris décide de fermer le parc. Oller, pas avare d’idées, décide alors de démolir son petit bébé et de reconstruire un nou-vel élément, entièrement pensé par lui. Ce sera une salle de spectacle, d’une capacité de presque 2000 places (l’une des plus grandes de l’époque) dont le nom sera : l’Olympia.

L’inauguration, qui a lieu le 12 avril 1893, voit les premiers artistes s’illustrer dans des registres particuliers et bien loin de la musique. Ici, on parle surtout de danseuse de cancan (La Goulue) ou de transformiste (Fregoli). Il faut attendre la fin de la première guerre mondiale et le décès du fondateur pour voir les premiers music-hall avec la prestation de Gina Palerme qui se produit dans un numéro mixte de chant et de cinéma. Mais rapidement, la salle se désemplit et, suite à cet échec, l’Olympia subit sa troisième transformation, cette fois-ci en cinéma sous le nom de « Théâtre Jacques Haïck ». Le règne se pour-suivra jusqu’en 1954 et l’arrivée d’un homme qui va tout chambouler : Bruno Coquatrix.

L’HOMME DU RENOUVEAU

Tombé dans une certaine facilité, Jacques Haïck souhaite donner un nouvel élan à « son » cinéma en recher-chant à redorer le blason de cette salle. Il engage alors un jeune directeur, Bruno Coquatrix, ambitieux, qui se voit financé un équipement de sonorisation flambant neuf par son propriétaire. La légende se met alors en marche.

Le « nouvel » Olympia s’ouvre le 5 février 1954. Le public afflue et suite aux succès d’artistes comme Gilbert Bécaud qui y fit ses premières armes, la renommée de la salle devient grandissante. A tel point que le lieu devient l’endroit où les plus grandes stars de l’époque, qui ont

confirmé leur talent depuis quelques temps, se produisent. Le gratin de la musique française est en représentation. Pour exemple, on y retrouve Barbara, Georges Brassens, Jacques Brel, Léo Ferré et bien évidemment Edith Piaf. Et la programmation s’étend à l’internation-ale : les Beatles, les Rolling Stones entre autres foulent la scène.

L’Olympia n’est plus une salle comme les autres, elle représente l’accomplisse-ment d’une carrière. Malheureusement, la mort du directeur et l’industrialisation de la musique, par les majors en par-ticulier, vont profondément changer la réputation de ce lieu.

LA DÉMOCRATISATION

Racheté en 2001 par Vivendi Univer-sal, l’Olympia connaît malheureusement le même sort que beaucoup d’autres scènes françaises. Car aujourd’hui, n’im-porte qui peut se produire boulevard des Capucines. Que ce soit les artistes du moment sans vraiment de talent (Shy’m, Lana del Rey, Disiz la Peste…), les usur-pateurs (Madonna et son show de 50 min qui a coûté aux spectateurs entre 90 et 216 €, Katy Perry et son manque de voix en live…) ou les comiques ayant rempli quelques salles, l’Olympia a perdu de son prestige, prenant un nouveau virage, bien loin de son prestige d’antan. Un vrai parcours de montagne russe en somme…

_Elie Dib

FOCUS

LE MYTHIQUE OLYMPIA“Nous avons toujours vu 30STM non pas uniquement comme un groupe, mais aussi comme un projet artistique.” MTV

“Ce mec est l’herpes de la musique. Quand tu penses que c’est définitive-ment parti, ça revient.” Instagram

“Personne ne peut prédire l’avenir. Mais pour le moment, il n’y a aucun projet de reformation pour R.E.M. Absolument au-cun. Mais l’avenir est un endroit bizarre.” Rolling Stone

“Nous avons encore quelques riffs et nous allons continuer de jouer, mais ça avance. On est sur quelque chose de vraiment grand et qui verra le jour, je l’espère, l’an prochain.” Billboard

ILS L'ONT DIT

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PHO TOGRAPHIE

En 2010 j’ai commencé à suivre des groupes sur la route. Je voulais rencontrer d’autres personnes comme moi. Des gens pour qui la musique n’était pas qu’un bruit de fond sympa-thique. Pendant plus d’un an j’ai photographié ces personnes et ces groupes qui m’avaient re-donné quelque chose en quoi croire.

C’est à cette époque que j’ai contacté Play-sound. Faute d’avoir une voix pour inspirer les gens, je serai de ces yeux qui représentent et soutiennent la Scène.

LE CARNET

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_Sail To North © Fanny Schneider

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_Sail To North © Fanny Schneider

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_Wounds © Fanny Schneider

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Après l’annulation d’un premier Bataclan pour de funestes raisons le 31 Janvier dernier, les Canadiens de Billy Talent remettent le couvert et se retrouvent accom-pagnés pour l’occasion par les Wounds ainsi que les Donots. Le rendez-vous est pris !

Arrivé au Bataclan sur les coups de 18h30 je n’en demeure pas moins surpris de voir autant de monde le long du boulevard Voltaire. Tant pis pour la bienséance. Un petit coup de fil à Fanny (notre photographe) et Aline (notre responsable des partenariats) et me voilà propulsé directement dans la salle. Merci à Karine de Warner pour l’accréditation. Et voilà. À peine 5 minutes après mon arrivée que je me retrouve déjà à tâter de l’amabilité du service d’ordre présent face à la scène. Décidément, mon dédain pour l’autorité, si l’on peut considérer qu’être vigile tend à représenter une certaine forme d’autorité, est d’autant plus amplifié quand cette dernière est exercée par des imbéciles. Heureusement que tous les vigiles ne sont pas de cette veine-là. Même si tu exerces un métier difficile mon grand, n’oublie jamais l’un des plus important précepte de notre ère : sois poli si t'es pas joli, nananère.

19h, les lumières s’éteignent. Je laisse Fanny rejoindre la troupe de photographes présente ce soir et je m’empresse de jeter mon dévolu sur un siège au balcon. Un rapide coup d’œil sur mon cerveau de secours, a.k.a Google, pour apprendre que les Wounds, premier groupe à monter sur scène, sont irlandais. Cool, on aura peut-être le droit à un bon groupe de punk bien de chez eux. Après tout, la tête d’affiche laisse présumer que la soirée se déroulera sous le signe du punk rock non ? Et bien non. Les 4 membres de Wounds nous délivrent un rock puissant qui aurait presque pu me charmer. Musicalement, c’est énergique. Les lignes de basse, les riffs de guitare et les breaks de batterie s’enchainent à ravir. Pourtant quelque chose cloche, mais je n’arrive pas à mettre le doigt dessus. De quoi n’ai-je pas encore parlé… ? Ha oui, le chant. Wounds nous prouve très rapidement qu’il n’est pas nécessaire de mugir dans son micro pour offrir un son puissant et accompagner le reste des musiciens. C’est dommage, il y a même eu une chan-son sympa. Néanmoins, à l’instar des Billy Talent, les 4 comparses s’en donnent à cœur joie sur la scène du Bataclan. Ça saute, ça court, ça crie, ça discute avec le public. Bref, ça se la donne et ÇA, c’est important. Quand un groupe prend la peine de se poser et de faire le show alors qu’il n’a pas plus de 20 minutes pour convaincre, il faut quand même le souligner !

Mesdames et messieurs 20 minutes d’entracte, pissotières au bas de l’esca-lier à gauche. Ce qui laisse le temps à mon comparse Fabien, arrivé en cours de route, d’y faire un tour et de remonter avec deux bières. Par pitié, ne cherchez pas de causalité entre ces deux évènements,

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merci. C’est au tour des Allemands de Donots de faire leur entrée sur scène. Alors oui, la honte me gagnerait presque rien qu’en songeant aux prochaines lignes de ce live report mais ce qui doit être fait… Doit être fait. Je consulte à nouveau ce cher internet à la recherche de quelques informations concernant nos amis d’outre Rhin pour me rendre compte que je ne suis qu’un pleutre qui n’avait au grand jamais entendu parler de ce groupe formé tout de même en 1993. Les Donots (double référence aux Simpson et au Do Nothing, action de ne rien faire) ont, excusez-nous du peu, partagé la route avec les quelques Bad Religion, Anti Flag, NOFX, Lagwagon, The Offspring, The Hives, Iggy Pop, Blink-182, j’en passe et des meilleurs. C’est donc sans surprise que le groupe nous fait passer un agréable moment oscillant entre des sonorités proche des Hives et de Rancid. N’ayant pas mis les pieds dans notre pays depuis 2002, le groupe se donne à fond (parfois même en français) et transmet à un public (bien mieux renseigné que moi à son sujet) une énergie à faire jumper la fosse du Bataclan. Sept morceaux et une reprise des Twisted Sister plus tard, le groupe quitte la scène. Pause pipi. Bousculade dans la fausse pour les plus hardis vou-lant se coller à la rambarde de sécu-rité. Le Bataclan est prêt, Billy Talent ne devrait plus tarder.

Testify des Rage Against the Machine se fait entendre. Que nous concoctent les Billy Talent alors que le Bataclan est prêt à exploser ? Une entrée sur Lone-ly Road to Absolution, titre introductif de l’album qu’ils sont venus défen-dre Dead Silence. Nous avons connu plus pêchu comme entrée en matière, mais ne nous laissons pas abattre, Viking Death March est là pour réveill-er les vieux aigris dont je fais partie. En somme, ce fut un bon concert. Merci, et à bientôt sur Playsound.

Comment ? Vous trouvez ce live report un peu léger ? Et bien je fais avec ce que l’on me donne, c’est à dire un con-cert d’une heure et vingt minutes. Alors oui. Oui, je vous vois venir. Effectivement la bande à Kowalewicz a joué près de 20 morceaux, tous plus énergiques les uns que les autres. Oui, la justesse du frontman a de quoi faire pâlir un grand nombre de chanteurs rock. Oui Ian D’Sa est précis et incisif dans son jeu. Oui, des titres de tous les albums sont représentés pour ne laisser personne en reste. Bien entendu qu’il est agréable de voir Ben danser, sauter et se donner à 200% sur l’intégralité du show. Mais bon sang de bois, nous ne sommes pas aux pièces ! Pas besoin d’expédier les morceaux en remerciant le public toutes les trois chansons. Si ce n’est peut être pas évident de se produire deux heures sous la chaleur des spots, posez-vous. Respirez. Buvez un coup. Taillez le bout de gras avec le public je ne sais pas, mais pour un groupe se disant très heu-reux d’être enfin de retour à Paris en tant que tête d’affiche nous avions l’im-pression de courir après le couvre-feu… Pas de bol pour eux, je suis un specta-teur très difficile en matière de concert.

Conclusion, d’un point de vue purement professionnel, le concert était excellent. Puissant, énervé, juste et intense. Mais d’un simple regard de passionné, nous aurions aimé un peu plus d’engagement de la part du quatuor Canadien quant à l’aspect humain et fusionnel que peut offrir pareil show. Nous restons donc sur notre faim mais sommes néanmoins prêt à reprendre une petite tranche de punk rock tant la mise en bouche fut agréable.

_Matthias Meunier

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_ La tournée européenne a commencé il y a une dizaine de jours.Comment se passe-t-elle ?

_Ian (guitare) : Très bien ! Nous avons fait plein de bons concerts. Nous avons commencé avec le Groezrock en Belgique, nous avons vu de bons groupes et des amis que nous connaissons depuis des années comme Rocket From The Crypt, Bad Religion ou encore Rise Against.

_ C'est toi qui as produit Dead Silence dans son intégralité. Peux-tu nous parler de cette expérience ?

Je m'occupe d'une partie de la production avec ce groupe depuis 15 voire 20 ans, même quand j'étais au lycée. Avant, on enregistrait sur une cassette audio et j'étais toujours celui qui installait les micros. Donc c'est quelque chose que j'ai vraiment adoré faire. Après avoir co-produit le second album avec Gavin (ndlr : Brown), j'avais envie de le refaire avec le type de son qu'on avait eu sur les deux premiers albums.

_ Et le reste du groupe a-t-il apprécié l'expérience ?

Oui, ce sont eux qui ont voulu que je produise l'album et c'était un véritable hon-neur pour moi. Nous avons travaillé avec les deux mêmes techniciens que sur le second album et nous nous sommes bien entendus. C'était une expérience simple et amusante.

_ Tu écris une partie des paroles. Qu'est-ce qui t'as inspiré pendant l'écriture de Dead Silence ?

Une bonne partie des paroles a été écrite début 2012 et cette année-là, tout le monde disait que c'était la fin du monde. Je pense que c'est vraiment quelque chose qui a renforcé la peur des gens dans notre société et en plus, pas mal de conflits se sont déclenchés au même moment. Il y a eu un vent de révoltes à travers le monde, même en Amérique avec le mouvement « Occupy Wall Street ». Donc cet album reflète en quelque sorte ces révoltes, mais aussi la peur que connaissait la société à ce moment-là.

_Vous avez appelé votre album Dead Silence, rompant ainsi la série de chiffres commencée avec les trois premiers albums. Était-ce pour clore un chapitre dans la vie de Billy Talent ?

Je crois que c'est exactement ce que nous avons essayé de faire. Nous voulions arrêter d'appeler les albums I, II, III... Je crois qu'à l'époque nous l'avions fait car c'était une manière simple de trouver un titre d'album. Mais avec le temps, la maturité et le fait que cet album possédait un certain concept avec un fil conducteur qui relie tous les morceaux, nous avons pris la décision de changer et d'appeler le nouvel album Dead Silence ce qui va très bien avec l'artwork aussi.

_ Justement, l'artwork est assez différent de celui des précédents albums

INTERVIEW

_C'est quelques heures avant le concert de Billy Talent au Bataclan de Paris que Playsound a eu la chance de discuter avec Ian D'Sa. Au cours de cet entretien, le guitariste nous en dit plus sur Dead Silence mais aussi, entre autres, sur les futurs projets du quatuor.

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_Dead Silence _Dernier album en date _Septembre 2012

et plutôt original. Comment l'avez-vous choisi ?

Nous avions presque terminé Dead Silence donc tous les morceaux étaient prêts. Nous écoutions l'album pour essay-er de déterminer exactement ce qu'il représentait et, même s'il est vrai qu'il possède une certaine simplicité, il est aussi très détaillé et je voulais absolument que cela se reflète dans l'artwork. Alors j'ai regardé une bonne dizaine de pages web d'artistes que notre manager nous avait recommandées et je suis tombé sur un gars qui s'appelle Ken Taylor. Il utilise des couleurs très simples, pas plus de trois, et fait des dessins très détaillés. J'ai donc regardé toutes les affiches qu'il avait faites pour des groupes et j'ai été bluffé. Il a travaillé pour Neil Young et les Rolling Stones, mais aussi pour des groupes de punk. Nous l'avons contacté pour savoir s'il voulait bien réalisé l'artwork de notre album. Normalement, il ne réalise pas ce genre de projets, il crée plutôt des affiches de concert, mais il a trouvé que c'était une bonne idée et a accepté de le faire. Alors nous lui avons envoyé tous les morceaux et il les a écoutés pendant deux semaines. Son premier croquis représentait cette scène sous-marine avec un homme dans une cabine téléphonique et j'ai trouvé que c'était assez génial.

_ Quel est ton morceau préféré sur Dead Silence ?

Je pense qu'il s'agit de Running Across The Tracks car j'aime beaucoup son tempo rapide. La partie guitare est vraiment sympa à jouer en live et les gens aiment bien bouger dessus. J'aime également les paroles. Nous sommes sur les routes tous les jours et cette chanson parle du fait de devoir travailler dur pour réaliser ses rêves, réussir dans la vie et vivre sa pas-sion. Quelle que soit ta passion dans la vie, tu dois travailler dur pour en vivre et c'est de ça que parle ce morceau.

_ Comment choisissez-vous les nouveaux titres que vous ajoutez à la setlist ?

C'est assez difficile car nous avons déjà beaucoup de sin-gles extraits de nos précédents albums. Mais vu que nous ne jouons que maintenant en France et avons déjà joué en Aus-tralie, au Royaume-Uni, ou encore en Allemagne ces derniers mois, nous avons pu tester quasiment tous nos nouveaux morceaux et avons vu la réaction du public. Donc maintenant, nous avons six ou sept morceaux dont nous savons qu'ils plairont aux fans.

_ Vous avez déjà sorti trois singles extraits de Dead Si-lence. Est-ce que vous avez prévu d'en sortir un quat-rième ?

Oui, probablement. Je ne sais pas encore lequel ce sera.

_ Tu aimerais que ce soit lequel ?

J'hésite entre Running Across The Tracks et Love Was Still Around.

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_ Le clip vidéo de Surprise Surprise est assez dif-férent de ce que vous avez fait auparavant. Peux-tu nous en dire plus sur ce choix ?

Dans toutes nos vidéos précédentes, on nous voyait inter-préter le morceau avec nos instruments. Sur ce titre, nous voulions vraiment nous amuser car il s'agit d'un morceau plutôt drôle où nous nous attaquons à la publicité et aux gens branchés. Nous ne voulions pas faire quelque chose de sérieux donc nous avons créé ce concept absurde où nous pilotons des avions et notre mission est de repren-dre les commandes de la ville à un maire qui ressemble à un espèce de cochon diabolique. Et pendant que nous combattons son armée, il y a des gens qui n'en ont rien à faire (rires). Nous nous sommes vraiment amusés.

_ La vidéo qui illustre Viking Death March est com-posée d'images live. Avez-vous l'intention de sortir un nouveau DVD ?

Je l'espère. Nous n'avons rien planifié pour l'instant mais nous sortirons peut-être quelque chose entre cet album et le prochain. Le clip de Viking Death March est vraiment sympa, nous l'avons enregistré au Rock Am Ring devant 100 000 personnes. Le public était génial et ce fut une très bonne expérience.

_ Même si Dead Silence n'est sorti que l'année dern-ière, avez-vous déjà commencé à travailler sur de nouveaux morceaux ?

Oui, c'est le cas, j'ai déjà trois ou quatre idées de nou-veaux morceaux que j'ai enregistrés sur mon iPhone. C'est vraiment pratique car avant, je devais tout le temps me déplacer avec mon ordinateur portable et travailler sur Pro Tools, mais maintenant sur mon iPhone, j'ai une ap-plication qui s'appelle Ampli Tube. Tu as juste à brancher ta guitare sur ton portable et c'est comme un studio d'en-registrement virtuel ce qui est plutôt cool.

_Votre premier album en tant que Billy Talent est sor-ti il y a dix ans. Est-ce que vous avez prévu quelque chose de spécial pour fêter ça comme jouer l'album en entier lors d'un concert ?

Oui, nous y avons pensé. C'est vrai que ce serait une bonne idée. Ça fera dix ans au mois de septembre, ça pourrait être sympa.

_ Et cette année, ça fera aussi 20 ans que vous jouez ensemble.

Oui, ce n'est pas une année comme les autres. Nous pen-sons vraiment faire quelque chose de spécial pour fêter

les deux événements. Nous venons d'une petite ville qui s'appelle Mississauga, à côté de Toronto, et nous voulons vraiment faire quelque chose là-bas car c'est là que nous avons commencé le groupe.

_ Est-ce qu'il y a de nouveaux groupes ou albums que tu écoutes en ce moment et que tu aimerais nous conseiller ?

Oui, en ce moment, j'écoute un groupe originaire de Cal-ifornie qui s'appelle Bleached. C'est du bon punk joué par deux sœurs et leur album s'appelle Ride Your Heart. Ensuite, il y a Indian Handcrafts, originaire de New Toronto, qui vient de sortir un nouvel album intitulé Civil Disobe-dience For Loosers. Leur son est un peu comme une rencontre entre Rage Against The Machine et The Melvins.

_ Est-ce qu'il y a un groupe ou un artiste en particu-lier qui t'a donné envie de devenir guitariste ?

Oui, il y a énormément de groupes qui m'ont influencés de Led Zeppelin à The Police, en passant par Soundgarden, At The Drive-In ou Refused. Mes guitaristes préférés ont toujours été Jimmy Page et Andy Summers. Il y avait énormément de bons groupes au début des années 90 mais je crois que le groupe qui a le plus influencé ma technique est Soundgarden.

_Vous avez eu un day off hier à Paris. En avez-vous profité pour faire quelque chose de particulier ?

Il faisait super beau. Les membres du groupe qui assure notre première partie, Wounds, sont originaires d'Irlande et n'étaient jamais venus ici. Alors nous sommes sortis dîner avec eux puis nous sommes allés dans des bars et avons fini dans une sorte de fête d'étudiants sous un pont (rires). Nous avons rencontré des gens dans un bar et ils nous ont dit qu'on devait absolument aller dans cet endroit qui s'appelle Showcase si je me souviens bien et c'était sympa, nous nous sommes bien amusés.

_Pour finir, as-tu un message pour les fans français de Billy Talent ?

Oui, nous sommes vraiment heureux de venir jouer no-tre nouvel album ici car ça fait longtemps que nous ne sommes plus venus en tête d'affiche. Nous adorons jouer dans votre pays et on espère vous revoir nombreux la prochaine fois qu'on vient.

_Marie-Audrey Esposito

Un grand merci à Karine de Warner France.

INTERVIEW

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Morsure d'araignée, fasciite nécrosante et pour couronner le tout, une fatale cirrhose du foie. C'est le cocktail maléfique qui a emporté Jeff Hanneman le 2 mai dernier. Déjà absent des tournées depuis 2 ans après sa morsure d'araignée, le guitariste de Slayer est le troisième membre du Big Four à passer de vie à trépas. Il rejoint Cliff Burton (Metallica, 1962-1986) et Gar Samuelson (Megadeth, 1958-1999) sur cette liste noire. Mais jusqu'au bout, Jeff Hanneman a travaillé en studio lors de l'enregistrement de World Painted Blood en 2009 dont il signe la majorité des titres. Son décès marque la fin d'une époque, et peut-être la fin d'un groupe qu'il a créé de ses mains et de ses riffs.Compositeur principal de Slayer avec Kerry King, Jeff Hanne-man a mené son groupe sur la route du trash en adoptant un style rapide et violent au début des années 80. Et si Metallica est le membre du Big Four (Metallica, Slayer, Megadeth, Anthrax) le plus célèbre, Slayer en est sûrement le meilleur représentant. Techniquement au point, Jeff et Kerry produisent le son le plus violent des quatre groupes, et ce dès Show No Mercy en 1983. Le point d'orgue du genre étant l'ultra rythmé Reign in Blood (1986) dans lequel figure la plus grande composition d'Hanneman, un hymne connu de tous les gars aux longs cheveux gras : Raining Blood. Slayer connait alors ses premières bonnes ventes mais fait également face à une violente critique en raison des textes du guitariste.

POLÉMIQUES

Jeff Hanneman avait une véritable passion pour l'histoire, les guerres, et particulièrement la Seconde Guerre mondiale. Dans Angel of Death (l'ange de la mort), il parle des expé-riences du médecin nazi Josef Mengele sur les juifs dans le

camp d'Auschwitz. S'en suit une vaste polémique à laquelle le groupe, et surtout Jeff, devra faire face tout au long de sa carrière. « Il y a deux ans (2009) en Finlande, quelques néo-nazis m'ont proposé de parler à leur réunion, ou un truc dans le genre » expliquait-t-il en 2011. Une situation étrange dont le guitariste se débarrassait sur le ton de l'hu-mour par un sarcastique « Mec, je crois que ça va pas être possible ». Si cette petite anecdote tempère la polémique, il est vrai qu'Hanneman entretenait une certaine provocation en collectionnant des médailles allemandes par exemple. Mais lorsqu'on lui demande pourquoi il ne condamne pas les actes de Mengele dans ses paroles, le co-fondateur de Slayer répond simplement que « c'est évident que c'est un mauvais homme. Je ne devrais pas avoir à le dire ».Passant outre les reproches, Slayer retourne en studio pour enregistrer le plus calme, mais bien vendu, South of Heaven (1988). En effet, King et Hanneman font alors le choix d'écrire sur un rythme plus lent pour ne pas faire un autre Reign in Blood, mais raté.A la fin des années 1990, Jeff Hanneman introduit une dose de death dans ses compositions avec Diabolus in Musica (1998). S'en suit de nouvelles polémiques sur les Nazis, et sur le satanisme. Un thème autour duquel Slayer a toujours tourné, déjà du temps de Show No Mercy jusqu'à God Hates Us All en 2001 et la chanson Disciple.Jusqu'au bout, le non-sataniste et non-nazi Jeff Hanneman se sera joué des conformismes musicaux et comportementaux. Seule la consommation d'alcool, et la morsure d'une de ses araignées début 2011 auront raison de lui.

_Maximilien de Boyer

RÉTRO

SLAYER – RIP JEFF HANNEMAN

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CHRONIQUE

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DAFT PUNK

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02 _ The Game of Love03 _ Giorgio by Moroder04 _ Within05 _ Instant Crush06 _ Lose Yourself to Dance07 _ Touch08 _ Get Lucky09 _ Beyond10 _ Motherboard11 _ Fragments of Time12 _ Doin' It Right13 _ Contact

Electro

Daft Punk

Columbia Records

_Date de sortie

_Tracklist

_Genre

_Producteur

_Label

Dire que l'on attendait le nouvel album des Daft Punk avec impatience serait un euphémisme. Imaginez, le dernier effort des parisiens (hors compositions pour musiques de film comme Tron) datait de 2005. Il aura fallu huit années pour pouvoir avoir le droit à un nouvel effort des pionniers de la French Touch, quelques semaines après la sortie de l'album plutôt moyen de Phoenix. Daft Punk, c'est un peu cet objet inébranlable, cet ambassadeur de la musique électro française, qui a su s'imposer très rapidement sur la scène internationale à coup d'hymnes dansants (One more time), de rythmiques hypnotisantes (Around the world) ou de clips léchés inspirés du films d'animation Interstella 555 (Digital Love).

Mais rentrons à présent dans le vif du sujet. Et, un peu à l'image des Fall Out Boy, ne vous attendez pas à entendre des hits comme ceux présents sur Discovery. La formation française a évolué, souhaitant mettre en avant des so-norités beaucoup plus funky qu'électro, préférant mixer plusieurs instruments que rester seule derrière ses platines. Et quoi de mieux pour cela que de s'entourer de figures de la scène musicale internationale? Dès l'entame de Give Life Back to Music, on ressent très bien cette envie avec une rythmique de Nile Rodgers et Paul Jackson Jr très funky, aux antipodes de ce que le duo francilien nous avait habitué jusqu'alors. Et il faut avouer que le résultat est plutôt séduisant au premier abord. Et les guests sont légions. Ainsi, on retrouve en intro de Giorgio by Moroder une interview du compositeur italien d’electro-synth suivi d’une boucle interstellaire que n’aurait pas renié le célèbre producteur. L’intégration de cordes sur ce morceau instrumental de grande facture rajoute une touche de douceur à un morceau qui se veut déjà être une des perles de Random Access Memories. Mais il suffit de passer au titre suivant pour changer d’ambiance avec Within et sa mélodie basée sur quelques notes de piano signées Chilly Gonzales et les voix du duo qui, bien que robotisées, apaisent et relaxent. Tout comme Touch, longue ballade qui voit se confronter électro, cordes et même cuivre avec un final époustouflant où les chœurs sont le point d’orgue d’un titre astral.

Néanmoins, bien que loin de ses sonorités d’il y a dix ans, certains titres valent le coup d’être écoutés pour se mettre une bonne pêche dès le matin. Parmi ceux-là, impossible de rester insensible à côté de Lose Yourself to Dance ou le désormais bien connu Get Lucky. Pharell Williams (leader du groupe N.E.R.D) joue de son groove pour captiver l’auditeur et apporter une touche de dance sur des morceaux où le gimmick de Nile Rodgers fait des étincelles. De même avec Beyond et son intro qui aurait largement sa place sur une B.O d’un film. Un hommage à leur époque Interstellar 555 ? L’arrivée de Doin’ it right avec l’in-contournable Panda Bear, nous montre que les ressources artistiques du duo sont infinies. Une touche pop dans un album d’une grande richesse sonore. Mais force est de constater que l’ensemble reste très hétérogène et que certains morceaux n’auraient peut-être pas dû avoir leur place sur cet album (The Game Of Love avec son tempo lent, des vocalises robotiques et surtout un morceau sans vraiment de saveur particulière, Instant Crush avec la présence de Julian Casablancas au chant qui rappelle l’album raté des Strokes).

Difficile donc de juger Random Access Memories comme la continuité du parcours de la formation parisienne. Cet opus reflète la maturité d’un groupe qui évolue et nous invite dans une nouvelle galaxie, où le talent de chaque hôte est mis en valeur par les platines du duo. Tel un reboot, oubliez donc tout ce que vous connaissiez des français et familiarisez vous avec la nouvelle version des Daft Punk. La French Touch 2.0 est née.

_ Orchestrations 4,5/5

_ Créativité 4/5

_ Intérêt 3/4

_ Lyrics 2/3

_ Cohérence 2/2

_ Artwork 0,5/1

_ Note globale 8/10

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_Elie DIb

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SÉLÉCTION PS FAUVE ≠BLIZZARD (EP)

_ProducteurFauve Corp_MusiciensAnonymes_LabelIndépendant_Date de sortie 20_05_13_Tracklist01 _ Blizzard02 _ Cock Music Smart Music / RAG #103 _ Nuits Fauves04 _ Haut les Coeurs / RAG #205 _ Kané06 _ Rub a Dub

Ce que ces animaux rugissent ne se soupèse pas de façon pragmatique. Ca va au-delà. C’est métaphysique. Depuis une base musicale plus banale que bancale, les Parisiens balancent des ogives poétiques, racontant mieux que personne les crises de confiance et de conscience de notre génération. Vous ne verrez jamais le visage de ces vengeurs masqués de la langue française, mais vous adhérerez à leur philosophie insurrectionnelle. Fauve ≠, c’est un collectif ouvert à tous avec un état d’esprit qui consiste à crier sa différence dans le blizzard et se rendre compte qu’on n’y est pas seuls. Les textes bruts et slamés vont en crisper quelques-uns, mais trop tard : leur sincérité thérapeutique nous a déjà soigné.

On aime : Blizzard et Cock Music Smart Music

_Mathieu Rollinger

_ Orchestrations 2/5

_ Créativité 4/5

_ Intérêt 3/4

_ Lyrics 3/3

_ Cohérence 1/2

_ Artwork 1/1

_ Note globale 7/10

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YEAH YEAH YEAHSMOSQUITO

Mosquito n’est sans doute pas le plus réussi des albums de la discographie du combo américain, mais garde l’esprit très garage rock, identité du groupe depuis son commencement. Un ensemble plutôt inégal pour les fanatiques des New-Yorkais, mais une belle porte d’entrée pour les plus novices à ce style si atypique prôné par les Yeah Yeah Yeahs.

_On aime : Mosquito, Sacrilege

QUEENS OF THE STONE AGE…LIKE CLOCKWORK

Cinq ans ont passé depuis la sortie de Era Vulgaris. On attendait donc avec im-patience ...Like Clockwork, le sixième album des QOTSA. Pour l’occasion, Josh Homme a convié quelques potes comme Dave Grohl, Alex Turner, Trent Reznor ou encore Elton John. Mais au delà de ces collaborations de rêve, des quelques chemins aventureux empruntés par le groupe phare du stoner rock, l’album reste moins rentre-dedans que ses prédécesseurs. Loin d’être mauvais, l’album, trop longtemps attendu, nous laisse sur notre faim.

_On aime : The Vampyre Of Time And Memory, I Sat By The Ocean

30 SECONDS TO MARSLOVE, LUST, FAITH + DREAMS

Une fois de plus, Thirty Seconds To Mars sort un album audacieux et efficace. Ce nouvel opus rassemble une partie des éléments qui ont fait le succès de son prédécesseur, This Is War : une introduction, des chœurs, des refrains pêchus, une conclusion. Sans la touche d’électro et quelques originalités sonores, Love, Lust, Faith + Dreams pourrait être assimilé à un jumeau de leur précédent album.

_On aime : Conquistador, Up In The Air, Do or Die

NEW POLITICSA BAD GIRL IN HARLEM

Si le rock à 1000 volts de leur premier album nous avait conquis, A Bad Girl In Harlem nous laissera quant à lui quelque peu perplexe. Dix titres parmi lesquels une seconde version (ratée) de Give Me Hope - dont on ne comprendra d'ail-leurs pas vraiment l'intérêt. Néanmoins, nous découvrons un nouvel aspect des New Politics plus carré qui n'est pas entièrement à jeter, même si leur pointe de folie nous manquera... beaucoup.

_On aime : Harlem, Just Like Me, Stuck On You

THE DILLINGER ESCAPE PLANONE OF US IS THE KILLER

Trois ans après Option Paralysis, DEP est de retour pour nous coller une bonne baffe en ce triste printemps. Comme à l'accoutumé, le guitariste et composi-teur Ben Weinman a concocté un album violent et envoûtant à la fois. Une fois passé l'agressivité de certains titres (Prancer, par exemple), on est très vite conquis par de « paisibles » passages de Paranoia Shields et One Of Us Is The Killer. En un mot : prenant.

_On aime : When I Lost My Belt, Paranoi Shields

JAMIE CULLUMMOMENTUM

Le petit prodige du jazz à la sauce pop est de retour avec un sixième album. Sur Momentum, Jamie Cullum montre une nouvelle fois ses talents de pianiste, de compositeur et d’interprète. L’anglais offre des titres éclectiques aux accents tant modernes que classiques, alliant le jazz à la pop, l'électro ou le R&B. Une prouesse à ne pas rater en live car c’est sur scène que le musicien dévoile tout son talent, sa fougue et sa sensibilité.

_On aime : When I Get Famous, Save Your Soul

_Maximilien de Boyer

_Elie Dib

_Fabien Gallet

_Fabien Gallet

_Cyrielle Leparc _Marina Lay

CHRONIQUES EN BREF

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Cela fait bientôt un an que chez Playsound on vous parle des Californiens d’Im-agine Dragons. Le quatuor faisait déjà partie de notre sélection de talents avant même que son premier album Night Visions ne vienne s’imposer comme un ovni musical sur notre bonne vieille planète. Rien de plus normal que d’aller soutenir le groupe en live, ce que nous avons fait dès sa toute première date française, au Divan du Monde le 8 novembre dernier. Quelques six mois plus tard, on remet ça volontiers et nous voilà cette fois au Bataclan. Imagine Dragons a pris du galon, cela ne fait aucun doute et le public a évidemment répondu présent : le concert de ce soir est complet.

Comme au Divan du Monde c’est la première partie Air Bag One qui ouvre le show. Le trio français (que l’on retrouvera au Nouveau Casino le 12 juin prochain en première partie d’Austra) s’en est à nouveau sorti haut la main. Ce soir, devant le parterre féminin qui s’amasse devant la scène en attendant la tête d’affiche, Air Bag One présente son EP Summer Killed Us accueilli dignement. D’ailleurs, l’hommage à la langue de Shakespeare ne se résume pas seulement au chant, en témoigne la guitare de Jips, aux couleurs de l’Union Jack. Les jeunes parisiens enchaîneront leurs titres parmi lesquels les très bons Whatever You Want et Sweet England. Une demi-heure plus tard, ils délaissent la scène sous les applaudisse-ments et les quelques cris d’un public qui s’impatiente.

Puis vient le moment tant attendu. Si la salle était restée calme jusque là, tout change dès que le noir se fait. Les cris suraiguës de la foule dans la fosse et ceux des gradins viennent nous percer les tympans tandis qu’Imagine Dragons fait son apparition. L’atmosphère s’impose rapidement. Le bruit d’un orage se fait entendre pendant que les musiciens prennent place sur la scène où trône au centre la per-cussion démesurée du chanteur Dan Reynolds. Le concert débute et sans même avoir le temps de reconnaître les premières notes de Round and Round, le public est déjà subjugué et en folie. Le groupe venu de Las Vegas a de quoi se réjouir et témoigne d’une vive émotion, chaque membre paraissant surpris d’un tel accueil. Le show peut démarrer sous de bons auspices. Malgré son bras plâtré (c’est ça quand on frappe trop fort sa grosse caisse), Dan Reynolds fait preuve d’une éner-gie incroyable et réussit sans grand mal à emporter le Bataclan dans l’univers par-ticulier d’Imagine Dragons. Il faut dire que malgré sa coupe de cheveux qui, soit dit en passant, relève du suicide capillaire, le chanteur a plutôt bon sur toute la ligne. C’est vrai qu’il a tout pour plaire et les adolescentes qui croulent sous ses pieds ou

leurs mamans qui attendent sagement dans les gradins ne diront pas le con-traire. Trêve de plai-santeries, les perfor-mances vocales du leader sont quasi ir-réprochables en live.Avec ses quelques EPs et surtout son

LIVE REPORT

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première album, Night Visions, vérita-ble mine de tubes, les américains bal-ancent une setlist qui tient la route et la distance. Chaque titre apparaît comme un tube imparable. Entre Amsterdam, Tiptoe et Hear Me, le début du show monte en puissance. Quand vient l’heu-re du single Radioactive, Reynolds invite le Bataclan à se lâcher totalement, ce qu’il fera en reprenant le refrain et en brandissant des feuilles sur lesquelles on pouvait lire la phrase We Are Ra-dioctive. Le groupe joue la carte d’une pop sautillante ultra fédératrice en jouant ses titres On Top Of The World et Underdog pendant laquelle un lanc-er de ballons viendra amuser la fosse pendant quelques minutes, sûrement un des moments forts de la soirée. Mais Dan, Ben (basse), Wayne (guitare) et Dan (batterie) montrent également une facette plus sensible, tout autant appréciée par le public (son côté fleur bleu certainement) avec Bleeding Out et Demons. Ajoutez à cela une touche d’humour et de bonne humeur. Entre deux morceaux et une tirade destinée à remercier les fans français, les mu-siciens reprennent Hang Me Up To Dry des Cold War Kids. On remarquera sans s’étonner que peu de monde semble (re)connaître l’excellent single des Kids qui d’ailleurs avaient foulé une semaine plus tôt la même scène. Pas-sons. Après avoir fait grimper la tempéra-ture sur It’s Time, Imagine Dragons délaissent leurs instruments pendant quelques minutes avant de revenir à la charge avec une magistrale version de Nothing Left To Say. Un final à la hau-teur pour un concert hélas un peu trop court. Heureusement, le groupe sera de retour en France en octobre prochain : à l’Olympia (Paris) le 29 et à la Laiterie (Strasbourg) le 31.

_Fabien Gallet

+ DE PHOTOS DANS LE CARNET ET SUR

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© Fanny Schneider

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Un de ces groupes qui a fait l'histoire du rock a refait parler de lui ces derniers jours. Il s'agit bien évidemment des Doors, avec la disparition le 20 mai 2013 du claviériste Ray Manzarek, co-fondateur avec Jim Morisson. Or l'un des producteurs qui a profondément aidé et influencé les deux leaders n'est autre que Bruce Botnick.

UN PRODUCTEUR À LA CONQUÊTE DE L'OUEST

Cet américain né au milieu des années 40 à Los Angeles, s'est très tôt plongé dans la musique. Producteur et ingénieur du son, il a fait ses armes dès 1965 en bossant aux côtés du géant de la prod, Brian Wilson, sur Pet Sounds, le mythique album des Beach Boys. Bon début pour Botnick qui inscrit son nom sur un pilier de l'histoire du rock classé second des 500 plus grands albums de tous les temps selon Rolling Stone en 2003. Il fait donc ses premiers pas à l'époque où l'influence musicale de la West Coast est en pleine expansion. Cela lui permet de travailler avec des artistes comme Tim Buckley, The Turtles et même Marvin Gaye. Il acquiert de l'expérience et sa renommée est grandissante.

BRUCE "TOUT PUISSANT"

A 22 ans, sa vie prend un véritable tournant. Nous sommes en 1967. Bruce Botnick rencontre le groupe Love et son leader Arthur Lee, avec lequel il enregistre le magistral Fo-rever Changes. Cet album aux sonorités incroyables pour l'époque reste encore de nos jours une référence. En 1968, c'est au groupe protopunk MC5 qu'il prête ses services pour le cultissime Kick Out The Jams, album enregistré en live

avec l'aide de Jac Holzman, le fondateur du label américain Elektra Records. Créé en 1950 et aujourd'hui affilié à Warner, c'est sur ce label que seront signés, entre autres, Metallica, Mötley Crüe, Queen ou The Stooges. L'année suivante, Bruce assiste Jimmy Miller en tant qu'ingé son sur le Let It Bleed des Rolling Stones. Entre 1970 et 1971, il profite du départ du producteur Paul Anthony Rothchild pour collaborer avec les Doors. Cette collaboration le rend célèbre puisqu'il produit L.A. Woman, le sixième album du groupe, juste avant le dé-cès de Jim Morisson. Grâce à lui, The Doors entreprennent un retour aux sources, retour gagnant d'ailleurs puisque le disque est salué par la critique. Mais au delà du succès de L.A. Woman, Bruce Botnick est avant tout parvenu à mettre en place un esprit d'équipe, un cadre de travail où la relation musiciens/producteur était plus qu'une simple collaboration mais une "rencontre d'idée, une alchimie" selon ses propres termes. Il garde cependant les pieds sur Terre quant à son rôle, déclarant dans une interview : "My name on the cover of the album is not going to sell the album; the artist is going to sell the album". Quoi qu'il en soit, son talent de producteur est désormais reconnu par un grand nombre de professionnels de la musique.

DERRIÈRE LA PORTE, UN AVENIR TOUT TRACÉ

Après avoir travaillé sur Other Vocies premier effort des Doors sans Morisson, Botnick multiplie les rencontres. Durant les années 70, il travaille notamment avec Steve Perry, le chanteur des hard rockeurs de Journey, Eddie Money's ou le groupe The Beat. Mais il n'oublie pour autant pas les ex-Doors et aide Ray Manzarek sur deux de ses albums solo, The Golden Scarab et The Whole Thing Started with Rock and Roll Now It's Out of Control.Après avoir marqué de son empreinte musicale le rock pendant près de vingt ans, Botnick décide de changer de voie et se consacre au cinéma. Ses rencontres avec des compositeurs tels que le regretté Jerry Goldsmith avec lequel il travaillera sur une centaine de films ou la pointure John Williams lui donneront l'occasion de mettre à contribution son talent sur des films comme Star Trek, le film (1979), Gremlins (1984) La Momie (1999), E.T. (1982) ou plus récemment Jack Reacher (2012).

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Le producteur, c'est un peu l'homme de l'ombre, celui dont on néglige trop souvent l'importance et dont on a tendance à oublier le nom. Pourtant son rôle est majeur. Si le rock a connu et connaîtra (tout du moins on l'espère) des groupes my-thiques il en est de même avec leurs producteurs, certes bien moins médiatisés, mais tout aussi influents.

FOCUS

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_Comment le groupe s’est-il formé ?

Le groupe s’est formé il y a environ 5 ans mais nous avons été amis depuis bien plus longtemps. On a été dans des groupes ensemble ou alors on se connaissait par le biais d’autres groupes également. On s’est réunis et on a essayé d’écrire des chansons ensemble pour voir ce dont on était capables. Nous nous sentons bénis d’en être arrivés jusque là !

_Pourquoi votre groupe s’appelle-t-il ‘The Dead For-mats’ ? Est-ce une référence à l’industrie agonisante de la musique ?

Le nom n’a rien à voir avec l’industrie de la musique. Quelqu’un a sorti « dead formats » dans une conversation et nous avons trouvé que ça sonnait bien. Nous aimons aussi les vinyles, les VHS et les anciens jeux vidéo donc cela con-vient d’autant plus..

_Pour ceux qui ne vous connaissent pas encore, com-ment décrirais-tu votre groupe ?

Nous sommes punks dans notre attitude et nous aimons vraiment nous essayer à tous les genres. Nous sommes influencés par beaucoup de musiques différentes. Notre album est comme un jukebox. Un tas de sons différents nous influence. Punk, tubes des années 60, indé, reggae et tellement plus, et nous essayons d’englober tout cela. Mais ce qui nous intéresse, c’est d’écrire des tubes à la fois modernes et dépassés !

_Vous avez sorti un mini-album éponyme en 2009, et désormais, votre premier album « At Sixes And Sevens » vient juste de sortir. Pourquoi vous a-t-il fallu autant de temps pour finalement sortir un album ?

Ça a pris autant de temps car on voulait qu’il soit bon. Nous avons eu le contrôle total sur l’enregistrement, alors nous avons pris notre temps. Nous ne voulions pas le bâcler et regretter ensuite, tu vois. Trois ans c’est peut-être même trop rapide en fait !

_Que peux-tu nous dire au sujet de cet album ? Quel est le thème lyrique et comment en êtes-vous arrivés à écrire ces paroles ?

Les paroles se rapportent à notre vie de tous les jours, à ce

que nous vivons et voyons. Le problème de l’argent et de la femme, le regard des étrangers et les personnes qui luttent. Nous n’avions jamais eu l’intention d’avoir un thème mais c’est juste sorti comme ça. Cependant nous ne sommes pas négatifs et il y a toujours de l’espoir et une voie à suivre.

_Vous avez joué en première partie de groupes tels que Lostprophets, Buzzcocks, Sonic Boom Six et The Computers. Prévoyez-vous bientôt de jouer en tête d’affiche ou bien les fans auront-ils encore à attendre encore un moment avant que cela n’arrive ?

Nous avons déjà joué quelques concerts en tête d’affiche mais nous essayons toujours de nous faire un nom sur la scène. Nous voulons tourner en tant que première partie avec encore quelques groupes, prendre leur place et, je l’es-père, gagner encore quelques fans pour qui nous pourrions jouer en tête d’affiche.

_En parlant de concerts, sais-tu quand il nous sera possible de vous voir en France ?

En fait nous n’avons encore jamais joué en dehors du Royaume-Uni pour l’instant mais nous voulons vraiment mettre le cap sur la France et l’Europe dans le futur. Ca fait partie de nos objectifs.

_Les gens ne vous connaissent pas vraiment en France. Si tu veux leur adresser quelques mots, c’est le moment ?

Ouvrez votre cœur et votre esprit et venez découvrir The Dead Formats. Merci !

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INTERVIEW

DEAD FORMATS

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J’entends par-ci par-là que sortir des albums d’artistes défunts est le fruit de la machine à fric des majors. Le raccourci me semble un peu facile. Il est évident qu’on ne peut nier la démarche, celle de se faire de l’argent en sortant ces supports qui se déclinent de plusieurs façons. Parmi celles-ci on peut compter les best-of (successions de singles qui ont émaillé la carrière de ces artistes), les titres inédits (qui soient des démos ou des morceaux jamais sortis de leur boîte magique), ou des reprises (par des personnes d’univers différents capables de donner une sec-onde vie aux titres sélectionnés). Bien sûr on critiquerait bien ces choix en émettant le fait qu’ils n’apporteraient rien de nouveau de la vision que nous pouvons avoir de tel groupe qui a splitté ou de tel chanteur qui a bercé notre enfance. Oui, mais bien loin des fans de la première heure, je pense à ces jeunes qui, n’ayant pas eu l’occasion d’assister à un concert de Freddie Mercury, de la plume torturée d’un Jeff Buckley ou de tout autre talent ayant marqué sa génération, ne savent pas par où commencer.C’est ici que l’apparition d’albums posthumes prend tout son sens. Oui, car, quoi de mieux pour un jeune que de pouvoir écouter, en une heure, la rétrospective d’un mythe ? Quoi de plus essentiel que de donner une vision représentative de ces hommes (et femmes !) au travers de leurs titres les plus efficaces ?

Les albums posthumes sont ces éléments de transmission entre nouvelle et anci-enne génération, entre fanatiques et novices d’un style particulier. Assortis d’inédits ou de b-sides, ils sont surtout des objets de collections venant rendre hommage à leur mémoire et permettant de garder une trace, indélébile, de leur génie musical.

_Elie Dib

Voyons les choses en face, la mort ça fait vendre. Ce ne sont pas Jimi, Kurt ou Michael qui me contrediraient. Paix à leurs âmes. Alors oui, les albums posthumes déclinés en best-of, compilations d’inédits, reprises ou même les trois à la fois, le tout offert avec un joli package, ça peut être très alléchant, surtout pour les fans. Mais à vouloir se remplir les poches, les maisons de disques ou les familles profi-tent sans scrupule de nos oreilles attristées et surfent sur le succès post-mortem de certaines stars. Les artistes disparus approuveraient-ils ces démarches ? Que dirait Kurt Cobain en voyant les éditions collector et les best-of mis en vente après sa mort, lui qui supportait de moins en moins le succès et le battage médiatique autour de Nirvana ? Jeff Buckley serait-il ravi d’apprendre que des morceaux qu’il ne souhaitait pas diffuser soient finalement utilisés pour sortir de nouveaux disques ? Sûrement pas. La volonté des artistes devrait être respectée. Autre problème : celui de l’authenticité. L’album posthume de Michael Jackson peut servir d’exemple. En plus de semer le doute, ce genre d’album peut laisser un amer goût de déception. Amy Winehouse partagerait probablement mon avis en écoutant le rendu de Lion-ess : Hidden Treasures.Il faut dire que le public fait office de pompe à fric. Les majors voient chaque année l’occasion de fêter la disparition d’artistes en sortant des titres à la fois nouveaux, vieux, remixés, disparus, retrouvés. Manipulation du public et exploitation jusqu’à la moelle de nos défunts artistes. Car oui, lorsqu’il n’y en a plus, il y en a encore. Les fonds de tiroirs semblent à juste titre ne pas avoir de fonds. Hendrix et sa trentaine d’albums posthumes ne dira pas le contraire. Un joli tour de magie ... de marketing pardon. Et comme dirait un certain Pascal Nègre : “Avec (mettre ici le nom de votre choix), c'est une des dernières légendes, artiste et poète, qui disparaît ! Ses plus grands succès sont chez Universal ! RIP”.

_Fabien Gallet

DÉBATPOUR OU CONTRE

LES ALBUMS POSTHUMES ?

POUR

CONTRE

Le premier, Behind the Candelabra, est l’œuvre de Steven Soderbergh qui s’adjoint les services de Michael Douglas pour grimer la vie de Liberace, un exubérant chanteur de variétoche. Vous n’avez jamais entendu parler de ce Frédéric François à la sauce amerloque ? Le pianiste n’a jamais contribué à la grandeur du rock yankee mais peut se targuer d’avoir trempé son biscuit dans le sulfureux bol de la décadence, alors que ce sex-symbol à mémé a caché son histoire d’amour avec le jeune Scott Thorson, joué par Matt Damon. Dans un autre registre autant cinématographique que musical, les frères Coen nous emmènent sur les traces de Llewyn Davis, d’où le titre Inside Llewyn Davis. Un profil qui devrait beaucoup plus nous intéresser, car ce songwriter, campé par le ténébreux Oscar Isaac (Drive, Sucker Punch), a trimé dans les bars sordides clope au bec et six cordes entre les doigts. Bien qu’il soit sur la même ligne artistique que Bob Dylan, ce beatnik new-yorkais représente la version ratée de la rock star. Magnolias califor-niens versus acajou de la guitare, star-system en surrégime contre vie de hobo précaire de Greenwich Village, un thème commun et des interprétations diamétralement opposées. Le jury présidé cette année par Steven Spielberg a choisi de récompenser le film de Joel et Ethan Coen par le Grand Prix du Jury, alors que Soderbergh repart bredouille.

LA TRADITION DES BIOPICS MUSICAUX

Evidemment, même si ces films ont eu des fortunes diverses lors du palmarès, il faut reconnaître le magnétisme évident entre le cinéma et la musique. Si les artistes produisent des clips de plus en plus proches des qualités visuelles du septième art (cf. Woodkid) ou apparaissent régulièrement derrière les caméras, les films consacrés au parcours de personnages de la scène musicale constituent un exercice récurrent. On se souvient de Jamie Foxx derrière les lunettes de Ray Charles (Ray, 2004), de Joaquim Phoenix traînant sa gueule froissée dans les costards de Johnny Cash (Walk the Line, 2005) ou côté français d’Eric Elmosnino réanimant Gainsbourg en 2010, sans parler de Marion Cotillard en Edith Piaf ou de Jérémy Renier en Claude François. Les musiciens par leur carrière généralement atypique et souvent chaotique demeurent un fantasme pour les réalisateurs, qui en peignent un portrait soit réaliste soit fictionnel. Mais dernièrement, c’est le documen-taire sur Sixto Rodriguez, Searching for Sugar Man de Malik Benjelloul, qui a attiré notre attention. Ce gratteux américain des années 60 (décidément !) connaissait peu de succès aux US, mais un de ses titres va devenir un vrai hymne en Afrique du Sud, sans qu’il en soit informé ou qu’il puisse en profiter. L’histoire d’une arnaque musicale et d’un destin raté. Loin des strass et des paillettes cannoises, le cinéma nous amène à découvrir des parcours marqués par la mauvaise fortune ou les déboires de certains artistes maudits.

_Mathieu Rollinger

Il se dit sur la Croisette que le Festival de Cannes est le grand rendez-vous annuel du ciné. Pas faux. D’ailleurs les zikos en sont bien conscients, allant s’encanail-ler dans les soirées hypes de la Riviera et jouant des coudes pour partager les flashs des paparazzis avec les acteurs de renommée internationale. Mais cette année, c’est sur l’écran que l’on pourra retrouver deux biopics consacrés à deux-chanteurs américains, en course pour la Palme d’Or de cette 66e édition. Des artistes des sixties peu connus en Europe, illustrant chacun une part de l’American Dream, avec des trajectoires différentes.

DOSSIER

CANNES : A CHACUN SON BIOPIC

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JUIN 2013 # 11

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