petites lampes, grands effets : les diodes, quel danger ?

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92 // REVUE FRANCOPHONE DES LABORATOIRES - MAI 2011 - N°432 La promotion du don de gamètes étant l’une des missions conférées à l’Agence de la biomédecine, elle s’attache à pallier le défaut d’information du public sur cette activité et son déroulement par des campagnes d’information. Initiative récente : 2088, mais ces campagnes se reprodui- ront périodiquement pour les dons de spermatozoïdes et d’ovocytes. L’Agence édite également des brochures sur le don de gamètes destinées au public et a ouvert un numéro vert la même année : le 0800 541 541, qui reçoit les appels des candidats et candidates au don, et par lequel ils peuvent converser avec des télé-conseillers qui leur expliquent le déroulement du don et les orientent vers le centre de recueil le plus proche de leur domicile. Les CECOS, rappelle la réponse ministérielle, ont pour mis- sion d’assurer le recueil et la cryoconservation des gamètes, embryons et tissus germinaux à des fins de préservation de la fertilité ou d’AMP, mais rien ne les empêche de relayer l’information sur le don de gamètes : mener les campagnes ne relève pas de leur mission. Vaccin anti-HPV : pas mieux que le frottis et des effets controversés ? Si depuis 2006 deux vaccins anti-HPV sont disponibles pour les jeunes filles et les jeunes femmes (Gardasil ® Sanofi Pasteur MSD ; Cervarix ® GSK), et bien que validés à l’échelon national et européen, et reconnus épidémiologiquement efficaces, « ces produits pourraient se révéler dangereux », selon le député Pierre-Christophe Baguet, qui évoque des cas de jeunes filles ayant développé de graves complications et « des décès ont même été rapportés ». Or cette vaccination (3 doses) vient d’entrer au calendrier vaccinal et est remboursée à 65 %. Rappelant que ces vaccins ne protègent « que contre 70 % des cancers du col de l’utérus » (1) , de ce fait le frottis reste indispensable, souligne le parlementaire, méthode qui « apparaît comme la plus efficace dans la prévention du col de l’utérus : en Scandinavie par exemple, où le dépistage par frottis est plus répandu que chez nous, le traitement du cancer du col de l’utérus est très efficace ». Et M. Baguet estime que la mortalité de ce cancer « pourrait encore diminuer si le frottis se généralisait davantage » (sic). Donc : promotion du frottis au lieu d’une vaccination coûteuse pour la Sécu « en cette période de crise ». La prévention de ce cancer repose sur deux mesures : vacci- nation anti-HPV et frottis cervico-utérin, souligne la réponse du ministère. La commercialisation en France de ces deux vaccins s’est accompagnée de mesures de surveillance, notamment pharmacovigilance (Centres de Bordeaux et de Lyon). Un groupe national référent de cliniciens et d’épidémiologistes est chargé de l’analyse de tout événement indésirable post- vaccinal et des études de risque françaises et étrangères. À la suite d’événements indésirables survenus notamment aux États-Unis, en Australie et en Espagne en 2009, l’Agence européenne des médicaments (EMA, Londres), en lien avec les agences nationales, a recommandé la modification du résumé des caractéristiques du produit, en l’occurrence Gardasil ® , pour y inclure le risque de « syncopes parfois accompagnées de mouvements tonicocloniques », l’AFSSAPS ayant de son côté rappelé que toute vaccinée doit être « suivie avec attention » au moins 15 minutes après l’injection. Si la FDA, de son côté, a fait état d’événements thrombo-emboliques, leur association au Gardasil ® ne peut être établie du fait de facteurs de risque circulatoires dans 90 % des cas. En France, rien de semblable n’avait été signalé à la mi-mars de cette année. Ainsi, compte tenu des données disponibles à ce jour, l’AFS- SAPS considère que le rapport bénéfice/risque de la vaccination reste favorable, tout en considérant qu’elle ne remplace pas le frottis triennal de dépistage. Celui-ci a été estimé à 59 % sur la période 2003-2005 pour les femmes de 25 à 65 ans, et on estime que 34 % des femmes n’ont pas eu de remboursement de frottis en 6 ans. Suite à ce constat, la DGS a mis en place des expériences de dépistage dans 13 départements. Deux de ces expériences concernent La Martinique et La Réunion, départements où l’incidence des cancers du col de l’utérus est la plus élevée. Enfin, le dépistage proposé lors du premier examen prénatal a été inclus dans la loi HPST : il permet un rattrapage des femmes non encore dépistées. Un rapport de la HAS (2010) réétudiant la stratégie de dépistage national est actuellement à l’étude. (1) NDLR – En fait les deux vaccins ciblent deux types de HPV à haut risque (HPV-HR) reconnus comme étant à l’origine de 70 % des respon- sables de ces cancers. Petites lampes, grands effets : les diodes, quel danger ? Marie-Line Reynaud et Jean-Pierre Baligand, députés, ont posé la question de la dangerosité des diodes électrolumi- nescentes, ou LED, à la suite d’un avis de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES) sur leurs effets sanitaires (effet toxique de la lumière bleue, éblouissement), évoquant notamment les enfants, les personnes sensibles à la lumière (dégénérescence maculaire liée à l’âge) ou professionnellement surexposées à la lumière. L’expertise collective de l’ANSES (octobre 2010) sur les LED fait apparaître des risques sanitaires potentiels, notamment par effet photochimique sur la rétine, dus à la lumière bleue émise et à l’éblouissement, précise le secrétariat d’État à la Santé. Trois catégories de populations plus sensibles ou plus exposées ont été identifiées : les enfants, en raison de la transparence de leur cristallin, très sensibles à la lumière bleue, et les personnes sans cristallin (aphakes) ou porteuses de cristallin artificiel (après opération de la cataracte) ; les personnes ingérant des substances photosensibilisantes ; certaines catégories de travailleurs exposées au LED de forte intensité ; les personnes atteintes de certaines mala- dies oculaires ou cutanées. Il existe une norme européenne concernant les LED (EN 62471), qui ne prend pas en compte les populations sensibles, sa modification paraît nécessaire, d’autant que la suppression progressive des ampoules clas- siques par les ampoules à basse consommation va renforcer la vente des moins consommatrices d’énergie… dont les LED. La Commission européenne a été avertie de ce fait et a eu communication de l’expertise de l’ANSES. Un avis du Comité scientifique des risques sanitaires émergents et nouveaux a évoqué les risques sanitaires de la lumière artificielle, et notamment la technologie LED. Son avis pourra inspirer les nouvelles mesures que les États membres pourraient prendre face à ce risque sanitaire émergent, en renforçant la sécurité applicables aux LED. Jean-Marie Manus

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92 // REVUE FRANCOPHONE DES LABORATOIRES - MAI 2011 - N°432

La promotion du don de gamètes étant l’une des missions conférées à l’Agence de la biomédecine, elle s’attache à pallier le défaut d’information du public sur cette activité et son déroulement par des campagnes d’information. Initiative récente : 2088, mais ces campagnes se reprodui-ront périodiquement pour les dons de spermatozoïdes et d’ovocytes. L’Agence édite également des brochures sur le don de gamètes destinées au public et a ouvert un numéro vert la même année : le 0800 541 541, qui reçoit les appels des candidats et candidates au don, et par lequel ils peuvent converser avec des télé-conseillers qui leur expliquent le déroulement du don et les orientent vers le centre de recueil le plus proche de leur domicile.

Les CECOS, rappelle la réponse ministérielle, ont pour mis-sion d’assurer le recueil et la cryoconservation des gamètes, embryons et tissus germinaux à des fins de préservation de la fertilité ou d’AMP, mais rien ne les empêche de relayer l’information sur le don de gamètes : mener les campagnes ne relève pas de leur mission.

Vaccin anti-HPV : pas mieux que le frottiset des effets controversés ?

Si depuis 2006 deux vaccins anti-HPV sont disponibles pour les jeunes filles et les jeunes femmes (Gardasil® Sanofi Pasteur MSD ; Cervarix® GSK), et bien que validés à l’échelon national et européen, et reconnus épidémiologiquement efficaces, « ces produits pourraient se révéler dangereux », selon le député Pierre-Christophe Baguet, qui évoque des cas de jeunes filles ayant développé de graves complications et « des décès ont même été rapportés ». Or cette vaccination (3 doses) vient d’entrer au calendrier vaccinal et est remboursée à 65 %. Rappelant que ces vaccins ne protègent « que contre 70 % des cancers du col de l’utérus » (1), de ce fait le frottis reste indispensable, souligne le parlementaire, méthode qui « apparaît comme la plus efficace dans la prévention du col de l’utérus : en Scandinavie par exemple, où le dépistage par frottis est plus répandu que chez nous, le traitement du cancer du col de l’utérus est très efficace ». Et M. Baguet estime que la mortalité de ce cancer « pourrait encore diminuer si le frottis se généralisait davantage » (sic). Donc : promotion du frottis au lieu d’une vaccination coûteuse pour la Sécu « en cette période de crise ».

La prévention de ce cancer repose sur deux mesures : vacci-nation anti-HPV et frottis cervico-utérin, souligne la réponse du ministère. La commercialisation en France de ces deux vaccins s’est accompagnée de mesures de surveillance, notamment pharmacovigilance (Centres de Bordeaux et de Lyon). Un groupe national référent de cliniciens et d’épidémiologistes est chargé de l’analyse de tout événement indésirable post-vaccinal et des études de risque françaises et étrangères. À la suite d’événements indésirables survenus notamment aux États-Unis, en Australie et en Espagne en 2009, l’Agence européenne des médicaments (EMA, Londres), en lien avec les agences nationales, a recommandé la modification du résumé des caractéristiques du produit, en l’occurrence Gardasil®, pour y inclure le risque de « syncopes parfois accompagnées de mouvements tonicocloniques », l’AFSSAPS ayant de son côté rappelé que toute vaccinée doit être « suivie avec attention » au moins 15 minutes après l’injection. Si la FDA, de son côté, a fait état d’événements thrombo-emboliques, leur association au Gardasil® ne peut être établie du fait de facteurs de risque

circulatoires dans 90 % des cas. En France, rien de semblable n’avait été signalé à la mi-mars de cette année.

Ainsi, compte tenu des données disponibles à ce jour, l’AFS-SAPS considère que le rapport bénéfice/risque de la vaccination reste favorable, tout en considérant qu’elle ne remplace pas le frottis triennal de dépistage. Celui-ci a été estimé à 59 % sur la période 2003-2005 pour les femmes de 25 à 65 ans, et on estime que 34 % des femmes n’ont pas eu de remboursement de frottis en 6 ans. Suite à ce constat, la DGS a mis en place des expériences de dépistage dans 13 départements. Deux de ces expériences concernent La Martinique et La Réunion, départements où l’incidence des cancers du col de l’utérus est la plus élevée. Enfin, le dépistage proposé lors du premier examen prénatal a été inclus dans la loi HPST : il permet un rattrapage des femmes non encore dépistées. Un rapport de la HAS (2010) réétudiant la stratégie de dépistage national est actuellement à l’étude.

(1) NDLR – En fait les deux vaccins ciblent deux types de HPV à haut risque (HPV-HR) reconnus comme étant à l’origine de 70 % des respon-sables de ces cancers.

Petites lampes, grands effets :les diodes, quel danger ?

Marie-Line Reynaud et Jean-Pierre Baligand, députés, ont posé la question de la dangerosité des diodes électrolumi-nescentes, ou LED, à la suite d’un avis de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES) sur leurs effets sanitaires (effet toxique de la lumière bleue, éblouissement), évoquant notamment les enfants, les personnes sensibles à la lumière (dégénérescence maculaire liée à l’âge) ou professionnellement surexposées à la lumière.

L’expertise collective de l’ANSES (octobre 2010) sur les LED fait apparaître des risques sanitaires potentiels, notamment par effet photochimique sur la rétine, dus à la lumière bleue émise et à l’éblouissement, précise le secrétariat d’État à la Santé. Trois catégories de populations plus sensibles ou plus exposées ont été identifiées : les enfants, en raison de la transparence de leur cristallin, très sensibles à la lumière bleue, et les personnes sans cristallin (aphakes) ou porteuses de cristallin artificiel (après opération de la cataracte) ; les personnes ingérant des substances photosensibilisantes ; certaines catégories de travailleurs exposées au LED de forte intensité ; les personnes atteintes de certaines mala-dies oculaires ou cutanées. Il existe une norme européenne concernant les LED (EN 62471), qui ne prend pas en compte les populations sensibles, sa modification paraît nécessaire, d’autant que la suppression progressive des ampoules clas-siques par les ampoules à basse consommation va renforcer la vente des moins consommatrices d’énergie… dont les LED.

La Commission européenne a été avertie de ce fait et a eu communication de l’expertise de l’ANSES. Un avis du Comité scientifique des risques sanitaires émergents et nouveaux a évoqué les risques sanitaires de la lumière artificielle, et notamment la technologie LED. Son avis pourra inspirer les nouvelles mesures que les États membres pourraient prendre face à ce risque sanitaire émergent, en renforçant la sécurité applicables aux LED.

Jean-Marie Manus